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Université de Haute Alsace
Faculté des Lettres, Langues et Sciences Humaines
Master Lettres, Langues et Sciences Humaines
Mention Sciences de l’Information et métiers de la Culture
Spécialité Patrimoines et Musées
Figurines caricaturales de l’ennemi
Jouets de la 1ère Guerre Mondiale
Claudia DAPINO
2012 / 2013
1
Remerciements :
Nous tenons à remercier Caroline BUFFET , conservatrice du musée des Trois Pays de
Lörrach de nous avoir permis d’étudier des objets de la collection du musée et de nous avoir
aiguillés dans nos recherches.
Pour l'aide spontanée et les informations précieuses qu’ils nous ont apportées, nous
remercions l’accueil et les membres de la direction des musées suivants : le Fichtelgebirg
Museum à Wunsiedel (Allemagne), le Spielzeug Museum de Nuremberg (Allemagne) ainsi que
le Deutsches Spielzeug Museum de Sonneberg (Allemagne)
Enfin, nous remercions également les membres du forum de collectionneur «La Place
de l’Ours » pour les renseignements qu’ils ont bien voulu nous fournir et Florian HENSEL du
musée de Verdun pour nous avoir permis de consulter les ressources de la documentation du
Musée.
2
Sommaire
Introduction ................................................................................................................................. 3
1. Description Technique ........................................................................................................ 4
1.1. Matière :......................................................................................................................... 4
1.2. Fabrication : ................................................................................................................... 4
2. Comparaisons : Fonction et industrie du Jouet ............................................................... 5
2.1. Données comparatives .................................................................................................. 5
2.1.1. Une même forme : Le Poupard et la Marionnette ................................................. 5
2.1.2. Un thème : des figurines de soldats ...................................................................... 6
2.1.2.1. Les jouets allemands de Thüringen ...................................................................... 6
2.2. Famille du jouet ............................................................................................................. 7
3. Le contexte social : La description symbolique de l’objet .............................................. 8
3.1. L’objet symbolique ......................................................................................................... 8
3.1.1. Description............................................................................................................. 8
3.1.2. Histoire de l’objet ................................................................................................... 9
3.2. Un objet de propagande ? ........................................................................................... 10
3.2.1. Histoire du jouet dans la grande guerre .............................................................. 10
3.2.2. Les figurines : caricatures de l’ennemi. ............................................................... 12
4. Significations et valorisation patrimoniale ..................................................................... 14
4.1. Les figurines : porteuses de thèmes significatifs ........................................................ 14
4.1.1. Les enfants durant la guerre ............................................................................... 14
4.1.2. La Propagande .................................................................................................... 15
4.1.3. La Caricature ....................................................................................................... 16
4.2. Conclusion et Valorisation patrimoniale ...................................................................... 17
Références documentaires ...................................................................................................... 19
Annexes ..................................................................................................................................... 21
3
Introduction
La première Guerre Mondiale est une guerre totale. Une guerre qui a mobilisé toutes
les ressources des pays concernés, leur économie, leur politique comme leur population. Elle
ne concernait pas seulement des objectifs militaires, mais impliquait l’ensemble de la société
dans un conflit social et idéologique entre des nations. Elle a ainsi provoqué des destructions
militaires et civiles, incité au contrôle des populations à l’arrière du front et à la propagande …
Nous allons étudier trois figurines de la collection du Musée des Trois-Pays de Lörrach
en Allemagne. Des petites figurines se trouvant dans une boite à tabac, entourées d’une sorte
de papier de soie, données au Musée par E.Schultz en 1934.
Nous allons voir comment ces figurines s’intègrent dans le contexte de la première
guerre mondiale et quel est leur importance aujourd’hui dans une médiation en lien avec la
culture de mémoire, en vue de la commémoration du centenaire de la Première Guerre
Mondiale en 2014.
4
1. Description Technique
1.1. Matière :
Les trois figurines1 semblent être en plâtre, mais la matière apparente sur certaines fissures
paraît jaune, le plâtre étant à la base de couleur blanche. De plus, la nature même de l’objet
suppose que le plâtre aurait été une matière trop fragile pour des figurines susceptibles d’être
entrechoquées. Il est alors possible que dans la composition, en plus du plâtre, se trouve de la
sciure, de la farine ainsi que de la colle. Cette technique de fabrication est pratique et connue
de l’époque car elle utilise des matériaux faciles à modeler et bon marché.
Les figurines sont composées de 5 parties : le buste, les deux jambes et les deux bras, le
tout articulé à l’aide de fil métallique. Enfin les figurines sont suspendues à un ressort en métal
qui se finit par une boucle. Elles mesurent 10 cm de long, 5 cm de largeur et environ 3 cm de
profondeur. Le ressort mesure 10 cm.
1.2. Fabrication :
Les figurines sont de la même taille. Les bras et jambes sont identiques, seul le buste
diffère selon l’uniforme et le visage représenté.
Les figurines en plâtre ont été pressées dans des moules puis assemblées, la forme des
mains ainsi que la marque de la jonction au milieu des parties l’attestent. Les bras et jambes
sont issus d’un moule identique.
La peinture est grossière et couvre la totalité des figurines.
Ces différents points mettent en avant la fabrication industrielle des figurines avec une
division du travail : la création du moule et de l’aspect de la figurine, le moulage puis la
décoration peinte à la main. Les figurines sont issues d’une production standardisée faite par un
fabricant industriel.
1 Annexe III : Photographies des figurines
5
2. Comparaisons : Fonction et industrie du Jouet
2.1. Données comparatives
Les figurines sont des représentations humaines, mobiles, avec une articulation métallique.
Il s’agit d’objets conçus industriellement afin d’être commercialisés. L’objet est facilement
identifiable, à première vue, les figurines sont des jouets à destination d’enfants. En partant de
cette supposition, Il est possible de les comparer à plusieurs objets connus.
2.1.1. Une même forme : Le Poupard et la Marionnette
La première comparaison qui semble pertinente est celle de la poupée et plus précisément
du poupard.
Le poupard2 est une poupée populaire. Il se développe le plus souvent dans des milieux
ruraux (plus de 3 quarts de la population à la moitié du 19ème
siècle). Ainsi les poupards, issus
d’un milieu pauvre, sont fragiles, conçus avec des matériaux de faible coût et les décors sont
simples et peints grossièrement. En 1914, ce type de figurine s’étendit à cause du manque de
finance et de matières premières. Par la petite taille des objets, leur matière et les formes
arrondies, nos figurines peuvent faire penser à ces figurines en carton moulé du début du
XXème siècle3.
Une deuxième comparaison possible peut se faire avec les jouets en forme de
marionnettes. Les marionnettes sont des figurines articulées que l’on peut manipuler de deux
manières différentes : soit directement comme avec des marionnettes à gaine, soit à l’aide de
fils ou de tiges que l’on bouge afin de mettre la marionnette en mouvement. Pour avoir une
manipulation plus facile, les marionnettes sont faites de matériaux légers mais fragiles. Les
marionnettes ont souvent des traits de visage exagérés afin de mieux représenter un
personnage. Par leur mobilité et le caractère humoristique des personnages, nos figurines ainsi
que les marionnettes se ressemblent dans leurs représentations et sont tous deux destinés à
être suspendues afin de créer un mouvement de gesticulation semblable4.
2 Annexe IV : Photographie de Poupard
3 BUGAT-PUJOL H., « Poupards d’autrefois », dans Poupendol, [en ligne],
www.poupendol.com/lespoupards.html (page consultée le 15 mars 2013). 4 Annexe V : Photographie de Marionnette
6
2.1.2. Un thème : des figurines de soldats
L’uniforme de nos figurines nous laisse supposer que ce sont des soldats. Il est possible
de trouver une multitude de types de jouets représentant des soldats ou des éléments de
guerre afin de créer une comparaison. Les plus fameux sont les figurines historiques en plomb
ou en étain. Les plats d’étain sont des figurines de collection en relief posées sur un socle puis
peintes. Apparues au 18ème
siècle en Allemagne, ces figurines deviendront une spécialité
allemande. La ville de Nuremberg en 1839 accueillit un atelier de fabrication de plats d’étain
créé par Ernst HEINRICHSEN5. Cet atelier est une référence pour les collectionneurs
d’aujourd’hui car Ernst Heinrichsen introduit la taille standard des plats d’étains (30mn) et reçut
la médaille en argent à l’exposition de Munich un an après l’ouverture de son atelier. Les
figurines historiques par la suite deviendront très populaires en Allemagne. La représentation
des soldats était alors populaire au 19ème
siècle.
Il existe aussi plusieurs types de figurine représentant des soldats dans d’autres matières
telles que le plâtre. Les débuts des jouets en plâtre commencent en 1540 en France, les
poupées étaient fabriquées à partir d’un mélange de terre, de papier et de plâtre.
La célèbre marque DUFOUR en France s’installa 80 rue des Vignoles à Paris en 1900 et
produisit des petites figurines de soldat en plâtre peintes qui ressemblent à nos figurines par
leurs petites tailles, par leurs peintures grossièrement faites à la main ainsi que par la
représentation des visages6.
2.1.2.1. Les jouets allemands de Thüringen
Lors de nos recherches nous avons trouvé des figurines de soldat ressemblant très
fortement à nos figurines dans l’inventaire du Musée des Jouets de Nuremberg, le Spielzeug
Museum 7
. En effet, bien que ces deux figurines ne soient pas de la même matière que les
autres mais en bois, les membres sont articulés de la même manière, par des fils métalliques
pliés et la technique de peinture semble être ressemblante. Un livre évoquant les jouets à
Thüringen appuie cette ressemblance8. En effet la couverture de «Frühes Spielzeug aus
Thüringen und dem Erzgebirge: Early Toys from Thuringia and the Erzgebirge Region » met en
avant deux figurines d’aspect en plâtre, dansant ensemble. Les détails du visage de l’homme et
les détails des costumes sont peut-être de meilleure qualité que nos figurines mais sont
fortement similaires. Il est alors possible d’envisager que nos figurines allemandes aient comme
origine la région de Thüringen, théorie appuyée par le Directeur du musée de Nuremberg, Dr
Helmut Schwarz.
5 Annexe VI : Photographie de plats d’étain de l’atelier Heinrichsen.
6 Annexe VII : Photographie de figurine DUFOUR.
7 Annexe VIII : Photographie de deux figurines originaires de Thüringen provenant de la
collection du Musée de Nuremberg. 8 Annexe IX : BICKERT, S., LEIPOD, D., LEIPOD, M., Frühes Spielzeug aus Thüringen und
dem Erzgebirge: Early Toys from Thuringia and the Erzgebirge Region. Köhler, 2012. 208 p. ISBN : 3981152476, 9783981152470
7
2.2. Famille du jouet
De ce fait, il est possible de placer l’objet, à la suite de différentes comparaisons, dans la
famille du jouet. Le jouet est un objet qui, par son rôle principal, permet le jeu : activité de loisirs
à laquelle on se consacre pour se distraire et se divertir.
Nos objets sont des représentations stylisées de figures humaines qui servent au
divertissement. Les figurines sont des objets du quotidien, créées pour susciter l’amusement et
qui dépendent alors d’un besoin secondaire de loisirs, se différenciant des occupations
habituelles, domestiques et professionnelles.
Les jeux et jouets, et par déduction nos figurines, participent à l’apprentissage des enfants
par rapport au monde qui les entoure. Ils utilisent les jouets pour découvrir leur environnement,
pour grandir, apprendre les causes et effets des actions et leurs rapports, ainsi que les liens
sociaux et le fonctionnement de nos sociétés (relations familiales avec les poupées
représentant des mères, pères, bébés, ou encore les métiers avec les statuettes de soldats)...
Les jeux font alors partie du domaine du divertissement mais ont aussi des qualités
pédagogiques participant à l’instruction des enfants et à leur développement.
Toutefois, un jouet est, dans sa définition littéraire, un objet qui sert à amuser les enfants.
Par le contexte de la première guerre mondiale, et avec toutes les spécificités de nos objets
dans leurs symbolismes, il est nécessaire d’élargir la typologie des usagers de ces « jouets »
que sont nos figurines, en y intégrant les adultes, comme le public des spectacles de
marionnettes ou les collectionneurs de figurines de soldats.
8
3. Le contexte social : La description symbolique de l’objet
3.1. L’objet symbolique
3.1.1. Description
Les trois figurines représentent trois soldats avec des uniformes différents. Le premier est
un soldat français reconnaissable grâce à son uniforme composé d’un pantalon et d’une
casquette rouge ainsi qu’une veste bleue. Cet uniforme est celui que portaient les français de
1870 à 1914 (Soldat du 27ème
régiment d’Infanterie). Ce style hérité de la guerre franco-
prussienne, ne fut plus adopté par la suite ; en 1915 l’uniforme français change et devient
entièrement bleu.
Cet uniforme est un symbole fort : la guerre de 1870 opposa le Second Empire Français au
royaume de Prusse et ses alliés allemands. Le conflit marque le point culminant de la tension
franco-allemande ainsi que la perte du territoire de l’Alsace-Moselle. L’utilisation de cet
uniforme n’est pas anodine ; elle atteste un souvenir encore présent de cette guerre,
positionnant l’Allemagne en vainqueur, les français sévèrement battus sur plusieurs champs de
bataille. Cette guerre unira tout l’Empire Allemand et laissera un goût de revanche et de
patriotisme dans le cœur de français.
La seconde figurine est un soldat italien. Il semblerait que le soldat porte l’uniforme des
« Besaglieri ». Ce corps de l’armée italienne créé en 1936 servit dans l’armée sarde avant de
devenir l’armée royale italienne. « Bersagliere » signifie tirailleur. Ces soldats sont habillés d’un
chapeau à bords larges et décoré d’une plume de coq de bruyère. Ils portent aussi la
moustache. A l’époque ce n’était qu’un costume de parade, seul le casque plus moderne porte
la plume au combat. Cet uniforme a aussi une valeur symbolique.Les Bersaglieri participèrent
en effet à la prise de Rome par les piémontais à la fin du XIXème
siècle : un combat contre le
pouvoir temporel des Papes à Rome. Ici, l’italien est représenté avec de gros sourcils, une
grosse moustache et serrant les dents.
Le troisième soldat est un japonais, caractérisé par sa couleur de peau jaune et sa
morphologie asiatique. L’uniforme est brun, avec des bottes noires et des boutons jaunes. Le
point jaune sur la casquette représente l’étoile jaune présente sur les uniformes japonais.
Avant 1867, les dirigeants du Japon, appelés les Shoguns Tokugawa, tentent de fermer le
pays aux influences occidentales et européennes qui essaient de s’implanter en Asie,
notamment par le biais des missions catholiques. Il faudra attendre l’ère Meiji de 1867 à 1912
pour que le Japon se modernise. A cette époque, l’empereur Mutsuhito souhaite étudier les
institutions politiques européennes et envoie des Japonais en mission en Europe et aux Etats-
Unis. Le 7 août 1914 le gouvernement anglais demande le soutien du gouvernement japonais
contre la flotte impériale allemande. Le Japon devient alors un des alliés.
9
Seul l’Italien possède une inscription imprimée sur papier, accolée à son dos avec écrit en
allemand : « Geschenkt ? Das Könnte mir noch fehlen ! Ich bin ein Lump, ein Lump will –
stehlen ! ». Il est possible de traduire cette phrase par : « Un cadeau ? Ça pourrait me
manquer. Je suis un vaurien qui veut voler ! »9. L’italien est considéré comme voleur comme le
français est considéré comme sale.
Les figurines sont alors toutes représentatives de soldats faisant partie des alliés durant la
première guerre mondiale. Les principaux alliés étaient les Français, les Italiens, les Russes,
les Anglais puis les Etats-Unis (1917). Il est alors possible d’envisager le fait qu’il y ait eu
d’autres figurines associées au groupe.
3.1.2. Histoire de l’objet
Selon la fabrication industrielle et les caractéristiques de la forme et des peintures, comme
nous l’avons dit précédemment, ces figurines ont été faites en Allemagne, probablement dans
la région de Thüringen. Suite à la description des uniformes et à la comparaison avec d’autres
objets ayant la même fonction, il est possible de dater les figurines dans les alentours de 1914,
dernière date où les français portaient l’uniforme bleu et rouge et date de l’entrée du Japon
dans les alliés. Les figurines furent par la suite données au Musée des Trois Pays de Lörrach
par E.Schultz en 1934. Les figurines se trouvaient dans une boite à cigares et emballées dans
un papier fin portant les couleurs noir, blanc et rouge : couleurs de la confédération de
l’Allemagne du Nord de 1866 à 1871, puis de l’Empire allemand de 1871 à 1918.
9 Annexe X : Photographie du dos de la figurine représentant l’Italien.
10
3.2. Un objet de propagande ?
Ces trois figurines sont des objets issus d’une production industrielle. Elles rentrent dans la
catégorie du jouet pour enfant et représentent des soldats, mais plus précisément des soldats
ennemis de l’Allemagne lors de leur création, durant la Première Guerre Mondiale.
3.2.1. Histoire du jouet dans la grande guerre
La Première Guerre Mondiale est une guerre dite totale qui va dépasser le cadre militaire
du front et envahir l’arrière. Toute la population est mobilisée et ainsi toutes les générations.
Les enfants, esprits en croissance, voient leur univers inondé par ce qu’on appelle la Culture de
Guerre. C’est un véritable embrigadement de la jeunesse des deux côtés du Rhin.
C’est ainsi que le déclenchement de l’animosité guerrière au début du 20ème siècle va
susciter un important développement des jouets à caractère patriotique. Les jouets sont
associés à des images familières à l’univers enfantin mais combinés à des images issues de la
militarisation quotidienne. Les producteurs industriels voient dans le jouet un support de
propagande ayant un contenu idéologique puissant. Par leurs rôles éducatifs et instructifs, les
jouets deviennent des défenseurs de message patriotique et trouvent une nouvelle utilité autre
que le divertissement: les enfants doivent comprendre que la Patrie doit être défendue et
l’ennemi combattu. Ces thèmes guerriers sont omniprésents.
Tous les types de jeux sont visés : les poupées, les jeux de société, les puzzles, les jeux
de quilles... Ils vont tous participer au discours de guerre. Les poupées féminines deviennent
des infirmières et les garçons deviennent des soldats héros. Les allemands, créateurs du
fameux ours en peluche, vont lui faire porter l’uniforme militaire. Les jeux de plateau par
exemple, avec un fonctionnement assez simple (se déplacer à l’aide de dés d’une case à l’autre
jusqu’à la fin du plateau) vont contenir un message identitaire : le but du jeu sera de gagner la
guerre et de vaincre le terrible ennemi. Ainsi les jouets font revivre des scènes classiques de
guerre et rappellent le courage des soldats. Les jeux vont intégrer ce qu’on appelle une
« géostratégie du conflit »10
, Durant le jeu les enfants auront un aperçu ludique et idéologique
des étapes symboliques de la guerre. On travaille l’image que l’on veut faire de l’ennemi et on
détourne les jeux de leur première fonction de divertissement.
Les figurines revêtent alors un caractère quasiment magique. On les utilise comme relique,
comme objet spirituel lorsqu’elles représentent un soldat de même nationalité, mais aussi
comme réceptacle de haine envers l’ennemi. Il est presque possible de lier les figurines
caricaturales des ennemis que nous étudions aux fameuses poupées vaudou, poupées
représentant l’esprit d’un individu, utilisées dans des cérémonies de sorcellerie afin de nuire à la
personne représentée.
10
HADLEY, Frederick. 2010. Jeux et Jouets de Guerre. In La Guerre 14-18. N°50, p. 70-75
11
Dans les croyances populaires, l’utilisation d’une représentation humaine à combattre est
largement développée. Encore aujourd’hui il existe des poupées de cette sorte dans le
commerce représentant nos personnalités politiques actuelles.
L’utilisation des jouets dans la propagande de guerre est loin d’être une spécificité
allemande. En France, de nombreux jouets reconnus comme représentatifs du domaine des
jeux sont modifiés et adaptés à cette nouvelle culture de guerre tels les jeux de quille ou le jeu
de l’oie. Manon Pignot nous décrit le « Jeux du Pas de l’Oie des Boches » dessiné par Guy
Arnoux :
« La grande spécificité de ce jeu tient au portrait qu’il dresse, sur
le mode humoristique, de l’ennemi allemand. Car sous une apparence
rieuse et colorée (les couleurs pastel et vives utilisées tranchent avec
celles des autres jeux, plus ternes), il s’agit en réalité d’une description
extrêmement violente et raciste. On retrouve déclinés dans chaque case
tous les topoï véhiculés par la culture de guerre française sur le peuple
allemand : voleur, lâche, goinfre, ivrogne, brute, assassin, bestial. […]
C’est tout un peuple dont on dénonce l’infériorité »11
.
La guerre se fait aussi entre producteurs dans le domaine industriel et commercial et ceci
déjà bien avant le début de la 1ère
guerre mondiale. Les entreprises vont mettre en avant leurs
appartenances à un camp et utilisent leurs affirmations politiques comme argument de vente. Ils
veulent montrer aux yeux de tous qu’isl participent à leur manière à la guerre. On va vendre ses
jouets au profit des blessés de guerre et mettre cela en avant dans les affiches publicitaires.
Les pays se battent dans le domaine industriel en tentant de mettre en avant leurs supériorités
techniques. Mais avec la guerre et la pénurie, les matériaux sont de moins en moins faciles à
trouver, les coûts deviennent alors plus importants. C’est ainsi que les 100 fabricants de
poupées françaises de Paris, reconnus comme les plus belles poupées, se font concurrencer
par les producteurs allemands vendant des poupées de moins bonne qualité mais bon
marché12
. L’avantage commercial tourne aux Allemands.
Les jouets de guerre ne sont pas destinés qu’aux enfants, les soldats et officiers
collectionnent les figurines de guerre pour maintenir le souvenir de leurs exploits. De plus c’est
tout l’univers familial qui se voit modifié par ses jouets. En période de fête familiale, les valeurs
traditionnelles et les symboles de Noël sont eux aussi détournés. Le « Fichtelgebirgs Museum »
de Wunsiedel en Allemagne en a fait une exposition en 2011, « Glanz & Gloria, Weihnachten in
der Kaiserzeit ».
11
PIGNOT, Manon. Etudier et jouer, vivre et combattre : objets pour l’histoire de l’enfance en
guerre. In Les enfants dans la Grande Guerre. 5 continents, 2003. P. 11-25. ISBN : 978-
8874390830 12
HADLEY, Frederick. 2011. Les Poupées en guerre.In La Guerre 14-18. N°51, p. 74-77
12
Cette exposition présentait une collection de décors de Noël durant l’Empire Allemand.13
Les boules de Noël représentaient l’empereur Guillaume II ainsi que d’autres soldats et
symboles de l’Empire. Il est possible d’envisager que nos figurines servaient à toute la famille
afin de décorer, comme les objets mis en avant lors de l’exposition du Fichtelgebirgs Museum,
la maison ou de « s’amuser » à se moquer de l’ennemi en famille.
Les figurines s’inscrivent alors dans ce domaine de jouet de guerre et peuvent avoir été
conçues afin de toucher les enfants comme le reste de la famille.
3.2.2. Les figurines : caricatures de l’ennemi.
Les traits de visage ainsi que la phrase apposée sur le soldat italien confirment que ces
figurines caricaturent les ennemis de l’Allemagne. L’articulation des figurines et le ressort en
métal montrent que les figurines étaient utilisées comme des pantins gesticulant afin de
ridiculiser les soldats. Ces figurines s’inscrivent alors dans une démarche de propagande visant
à propager une image négative et critique des ennemis.
A travers les jouets, supports parfaits pour la caricature, l’ennemi est représenté sous
toutes ses formes. On dénonce les valeurs guerrières et négatives de l’ennemi au combat, en le
montrant comme lâche, voleur comme notre italien ou encore barbare comme les Allemands
comparés aux peuplades barbares des Huns. On met la faute de la guerre sur le dos de la
bêtise de l’ennemi afin de faire accepter les violences que cela engendre.
Il est possible de faire le lien entre cette vision ethnologique de l’ennemi attribuant des
caractères généraux à une même nationalité, l’esprit colonial de l’expansion européenne et le
développement du darwinisme social du XIXème siècle14
.
En effet, cette doctrine développée par Herbert Spencer, savant contemporain de Darwin,
légitimise la domination de certaines nations et donc les conflits et la guerre, en utilisant des
arguments scientifiques concernant l’évolution des espèces.
« Il faut reconnaître que, sans ces horreurs, le monde ne serait encore
habité que par des hommes de type faible, cherchant un abri dans les
cavernes et vivant d’une nourriture grossière. La lutte inter sociale pour
l’existence a été une condition indispensable de l’évolution des sociétés.
Nous reconnaissons que nous sommes redevables à la guerre de la
formation des grandes sociétés et du développement de leurs appareils »15
.
13
Annexe XI : Affiche de l’exposition « Glanz & Gloria, Weihnachten in der Kaiserzeit » au musée de Wunsiedel. 14
CRDP de l’Académie d’Amiens, « L’ennemi expliqué aux enfants », Les enfants dans la Grande Guerre, [en ligne], http://crdp.ac-amiens.fr/historial/expo2003_1/ (page consultée le 20 février 2003) 15
SPENCER, Herbert. In NOVICOW, Jacques. La critique du darwinisme social. F.Alcan (Paris) 1910.1 vol.
13
Même si il est nécessaire de nuancer la portée du darwinisme social dans la naissance de
la Première Guerre Mondiale, cette approche a favorisé la montée des idéologies racistes et
des représentations critiques de l’ennemi. Nos figurines sont alors porteuses d’un message
identitaire : en ridiculisant l’italien, le français et le japonais, les enfants développent un autre
sentiment que la haine, celui de la supériorité nationale. Les ennemis sont alors considérés
comme des bouffons gesticulants.
14
4. Significations et valorisation patrimoniale
4.1. Les figurines : porteuses de thèmes significatifs
Nous avons vu que nos trois figurines correspondent à un type précis d’objet de la première
guerre mondiale. Ce sont par leurs formes des jouets et par leurs messages elles représentent
les ennemis caricaturés de l’Allemagne au début du XXème siècle. Par leur caractère
politiquement orienté, elles évoquent plusieurs thèmes caractéristiques de la Grande Guerre : la
vie des enfants durant le conflit, la propagande ainsi que l’importance de la caricature.
4.1.1. Les enfants durant la guerre
Ces trois figurines font apparaître la place des enfants durant le conflit. A l’arrière du front,
les familles sont bouleversées par l’absence de l’homme de famille, par la violence des
attaques et par la souffrance du deuil. Les enfants sont alors victimes, acteurs mais aussi
témoins de cette Grande Guerre. Ils ont subi de nombreux traumatismes : absence du père,
omniprésence des gendarmes, absence de la mère utilisée pour des travaux…Certains d’entre
eux vont devoir eux aussi porter le « brassard rouge » et participer aux travaux forcés.
Comme nous l’avons vu précédemment, les enfants ont subi une propagande très forte qui
leur a été attribuée à travers leur jouet d’enfant. Leurs premières années ont alors été
marquées par un matraquage symbolique et patriotique visant à les inciter à participer à cette
haine entre pays. On les transforme eux aussi en acteur de la guerre les mettant au centre du
conflit.
L’implication forte des enfants pendant la guerre est un thème universel, qui ne vise pas
seulement l’Allemagne. Dans tous les pays la guerre a envahi l’univers enfantin, y intégrant des
images moqueuses de l’ennemi mais aussi des obligations et restrictions à suivre. Esprits
encore facilement manipulables, les enfants étaient influencés par les magazines et les livres,
et avec l’école les loisirs deviennent un vecteur de ce discours de propagande.
La littérature enfantine est touchée par la militarisation avec les périodiques dès 1914. A
l’école on exige un enseignement orienté vers l’esprit guerrier. On y apprend l’histoire nationale,
la morale calquée sur des impressions de soldats ainsi que des histoires héroïques et
l’instruction civique. Tous les exercices prennent comme thème la guerre ; on apprend aux
garçons à se battre comme leurs pères considérés comme des héros nationaux et aux fillettes
les travaux manuels et domestiques. L’école inculque un code moral qui permet d’enrôler
l’enfant et de lui donner ainsi une exposition orientée de l’histoire.
15
« L’enfant-héros » devient un modèle pour les petits allemands. Bérénice Zunino décrit
l’enfant-héros comme un produit de l’imagination des adultes, permettant de mettre en scène la
volonté de l’enfance de prendre part activement au conflit. Elle explique que sur les supports
allemands, l’enfant-héros se distingue par ses valeurs de fraternité et alimente le mythe de la
guerre défensive ainsi que « la rhétorique d’une exemplarité morale et d’une bonté
allemandes »16
.
4.1.2. La Propagande
Ensuite les figurines sont des objets de propagande. La propagande désigne les actions
qui influencent la perception publique des personnes afin d’endoctriner une population et la
faire penser d’une manière voulue. Ainsi ces figurines intègrent le thème de la propagande par
le bas et représentent un domaine qui dépasse le milieu enfantin. Par la représentation
caricaturale de l’ennemi, l’ensemble de la population et non simplement l’enfant est visée.
Durant la période du conflit, les familles sont sans cesse envahies par des illustrations : ces
représentations permettent d’augmenter la haine contre l’opposant17
.
Les figurines sont des témoins d’une production de support idéologique supposé répondre
à des questionnements du peuple durant la guerre. Il fallait en effet tenter de donner du sens à
cette guerre et essayer de la justifier aux yeux du peuple. Comme nous l’avons vu
précédemment, caricaturer l’ennemi, l’animaliser, permet de légitimiser la guerre. L’attente du
public est de retrouver une preuve permettant d’affirmer qu’il est nécessaire de combattre les
autres nations. Cette culture de guerre, soumise à la loi du marché, fut créée par les
producteurs mais aussi par l’attente des « demandeurs ». L’Etat n’intervient que très peu dans
la production et la commercialisation de ces jouets18
.
Ainsi les illustrations, figurines, affiches portent plusieurs messages : il est nécessaire de
combattre l’ennemi car il est l’essence même de la brutalité et qu’il possède tous les vices ,et la
guerre est meurtrière seulement pour l’ennemi, car l’armée nationale est forte et supérieure. On
rassure ainsi les familles qui comprennent par un bourrage de crâne, qu’il est nécessaire et
légitime de laisser leurs hommes partir en guerre.
Le thème principal de la propagande en Allemagne fut l’invincibilité du peuple allemand,
des soldats du Reich. Le peuple allemand, grand, combattant et fier, est mis en comparaison
aux peuples français et anglais, petits, cruels et criminels.
16
ZUNINO, Bérénice. 2012. L’enfant-héros dans la Grande Guerre : un modèle pour les petits
Allemands ? In Matériaux pour l’histoire de notre temps. N°106, p.53-59.
17 Annexe XII : Deux illustrations : « Demi-tour, - marche ! Tonerre de Dieu, comme ces gars
peuvent courir vite. » D’après un dessin de Zahl. « Chère patrie, tu aimes être au calme ! », carte postale anonyme. 18
HADLEY, Frederick, Op. Cit., p. 9.
16
Le conflit prend même un caractère religieux comparé à des croisades avec la devise
militaire « Gott mit uns ! ». C’est la Kultur Allemande qu’il faut défendre. Entre les deux guerres,
la propagande allemande continua à adopter la même démarche. La Région de la Ruhr et de la
Rhénanie sont occupées par les Français jusqu’en 1925, on représente toujours les français
comme des soldats barbares, violents et coloniaux. On utilise les figures symboliques de la
Marianne française que l’on diabolise, la représentant telle une prostituée19
. Pour chaque camp,
faire la guerre c’est combattre le barbare et l’inhumain.
4.1.3. La Caricature
Les techniques évoluent, on reproduit de mieux en mieux en série, la presse se diffuse et
l’image devient omniprésente (en France, la loi sur la liberté de la presse est adoptée le 29
juillet 1881). Les portraits des personnalités aimées et populaires sont nombreuses mais la
représentation de l’ennemi fut aussi une composante importante de la culture de guerre et les
stéréotypes se développent. On trouve une animalisation et une diabolisation de l’ennemi dans
les illustrations de loisirs. Stigmatiser l’ennemi permet d’imposer l’image généralisée d’une
nationalité. La représentation de l’ennemi est d’une grande violence et se reproduit sur tous les
supports : cartes postales, quotidiens, affiches, jeux, objets quotidiens (vaisselle, aliments…).
Mode d’expression privilégié, les dessinateurs, illustrateurs et caricaturistes s’en donnent à
cœur joie pour représenter leurs ennemis. Certes limité par la censure, ils mettent leur capacité
au service de la nation. Ils expriment ainsi la vision de la société comprenant les angoisses et
les espoirs par un humour, parfois étranges ou effleurant le domaine de la vulgarité, participant
à la banalisation de la guerre et à la mobilisation des masses. Les caricatures sont utilisées
comme défouloir permettant de supporter l’horreur de la guerre. Par la réduction excessive qui
définit la caricature, elle fait régulièrement preuve de mauvaise foi et agit pour faire circuler le
message : interpeller la masse, jouant sur l’humour et l’émotion 20
.
On utilise la personnalité Ferdinand de Bulgarie que l’on représente dans des figurines, sa
tête sortant du derrière d’un cochon. On dénonce le colonialisme des Français en parlant de
leur complicité avec les « sauvages ».
Pour l’Italie, c’est le petit souverain Victor-Emmanuel que l’on attaque, tenu responsable
pour la bataille de Caporetto en 1917. La presse ridiculise l’hypocrisie et la lâcheté des italiens.
Dans une illustration du « Kriegs Nummer » n°49 de la collection du Mémorial de Verdun, il est
possible d’apercevoir la caricature de chaque allié dont notre Bersaglieri italien avec la plume
verte21
.
19
« Le droit est mort, vive la brutalité ! », Kladderadatsch, 1923, illustration de Hahmann Werner (1883-1951), Collection privée. Archives Charmet/The Bridgeman Art Library. 20
ASLANGUL-RALLO, C. TILLARD M. De l’icône à la Caricature : La représentation des personnalités pendant le premier conflit mondial. Editions le Fantascope. 2011. 11p. ISB : 978-2357240209. 21
Annexe XIII : Caricature allemande mettant en scène les personnalités alliées. Kriegs Nummer 49 – Collection du Mémorial de Verdun.
17
4.2. Conclusion et Valorisation patrimoniale
Ainsi nos figurines ont une grande importance. Elles représentent dans un premier temps
une petite production industrielle du début du XXème siècle. La fragilité de la matière utilisée
met en avant une période où les matières premières étaient plus chères et difficiles à se
procurer et où les familles ne pouvaient se permettre de s’acheter des jouets de meilleure
qualité. Les figurines évoquent la compétition des pays dans le domaine des industries ainsi
qu’une spécificité allemande et plus précisément de la région de Thüringen.
Elles font apparaître un domaine sensible : l’enfance. Une enfance qui a été perturbée par
une grande violence aussi bien physique qu’émotionnelle, touchant des jeunes enfants qui ont
été poussés à devenir acteurs de cette guerre. Une violence morale qui, par la caricature, se
transformait en propagande : tout pour que l’ennemi soit considéré par tous comme un peuple
diabolique à combattre, tout pour que la guerre soit justifiée et excusée… Il est possible de
synthétiser ce que représentent ces figurines par une phrase du chercheur Jean-Jacques
GODFROID :
« Finalement la guerre, c’est un jeu de démolition »22
.
Il est alors essentiel de préserver cet objet et de l’exposer afin de faire apparaître ce
thème, porteur de véritables émotions, faisant apparaître la vie à l’arrière du front, une vie
touchée par une guerre mondiale totale.
Il est possible de mettre en avant ces figurines de deux façons, selon le thème que l’on
veut présenter au public. D’un côté les figurines représentent un univers enfantin détourné de
sa principale fonction : le divertissement, et de l’autre nous avons la caricature de l’ennemi,
thème qui évoque la propagande en général durant la première guerre mondiale.
Du premier point de vue il est possible de présenter l’objet comme un jouet d’enfant.
L’important est de faire apparaître la différence entre un jouet d’enfant « normal » et ces jouets
modifiés. Pour apporter un réel choc chez les visiteurs, il est possible de présenter les figurines
en les mettant en comparaison avec d’autres jouets.
Il serait intéressant de recréer deux univers de chambre d’enfant, l'une d’un enfant
durant la première guerre mondiale (en alliant les figurines à d’autres objets porteurs de
propagande tels que des dessins, des livres), l’autre d’un enfant d’aujourd’hui.
22
GODFROID J.J. 1914-1918, les oubliés du champ d’honneur la vie des civils autour du front.
Chapitre Douze Eds, 2009.
18
Ensuite, il est possible de présenter les figurines en mettant en avant ce qu’elles
représentent : des soldats caricaturés de l’ennemi de l’Allemagne. Il serait intéressant de
recréer une vitrine avec chaque nationalité caricaturée, pour présenter les défauts que l’on
attribuait à chaque pays durant la guerre avec la reprise humoristique de leurs symboles
nationaux : les Barbares allemands, la Marianne prostituée, les voleurs italiens, les cochons
d’anglais…
19
Références documentaires
Bibliographie :
AUDOIN-ROUZEAU Stéphane. La guerre des enfants, 1914-1918, Armand Colin, 1993.
AUDOIN-ROUZEAU Stéphane. Quand les enfants font la guerre. in L’Histoire n° 169,
septembre 1993. P 6-12.
ASLANGUL-RALLO, C. TILLARD M. De l’icône à la Caricature : La représentation des
personnalités pendant le premier conflit mondial. Editions le Fantascope. 2011. 11p. ISB : 978-
2357240209.
BICKERT, S., LEIPOD, D., LEIPOD, M. Frühes Spielzeug aus Thüringen und dem Erzgebirge:
Early Toys from Thuringia and the Erzgebirge Region. Köhler, 2012. 208 p. ISBN : 3981152476,
9783981152470
GODFROID J.J. 1914-1918, les oubliés du champ d’honneur la vie des civils autour du front.
Chapitre Douze Eds, 2009.
HADLEY, Frederick. 2010. Jeux et Jouets de Guerre. In La Guerre 14-18. N°50, p. 70-75
HADLEY, Frederick. 2011. Les Poupées en guerre. In La Guerre 14-18. N°51, p. 74-77
HISTORIAL DE LA GRANDE GUERRE. Les enfants dans la Grande Guerre : exposition du 20
juin au 26 octobre 2003. 5 continent, 2003. P. 11-25. ISBN : 88-7439-083-1
LAGIER R. Noëls de guerre, l’album d’images des soldats et de leurs familles. Nuée Bleue.
2008.
PIGNOT, Manon. Etudier et jouer, vivre et combattre : objets pour l’histoire de l’enfance en
guerre. In Les enfants dans la Grande Guerre. 5 continents, 2003. P. 11-25. ISBN : 88-7439-
083-1
SPENCER, Herbert. In NOVICOW, Jacques. La critique du darwinisme social. F.Alcan (Paris)
1910.1 vol.
ZUNINO, Bérénice. 2012. L’enfant-héros dans la Grande Guerre : un modèle pour les petits
Allemands ? In Matériaux pour l’histoire de notre temps. N°106, p.53-59.
20
Illustrations :
WERNER Hahmann (1883-1951). Le droit est mort, vive la brutalité ! , Kladderadatsch, 1923,,
Collection privée.© Archives Charmet/The Bridgeman Art Library.
Sitographie :
BUGAT-PUJOL H., « Poupards d’autrefois », dans Poupendol, [en ligne], www.poupendol.com/lespoupards.html (page consultée le 15 mars 2013).
CRDP de l’Académie d’Amiens, « L’ennemi expliqué aux enfants », Les enfants dans la Grande
Guerre, [en ligne], http://crdp.ac-amiens.fr/historial/expo2003_1/ (page consultée le 20 février
2003)
21
Annexes
22
Annexe I : Tableau de R.Eliot.
23
Annexe II : Fiche Inventaire
Fiche objet simplifiée
Désignation Figurines Caricaturales de la première guerre mondiale
Numéro d'inventaire SpZ 00661
Nom courant Figurines en plâtre
Auteur(s) - Fabricant(s) ?
Provenance, date de production Provenance, date d'utilisation
Allemagne, région de Thüringen (?) ≈1914
Musée des Trois Pays de Lörrach 2013
Description morphologique
Les figurines sont composées de 5 parties : le buste, les deux jambes et les deux bras, le tout articulé à l’aide de fil métallique. Enfin les figurines sont suspendues à un ressort en métal qui se finit par une boucle. Elles mesurent 10 cm de long, 5 cm de largeur et environ 3 cm de profondeur. Le ressort mesure 10 cm.
Matière et technique Les trois figurines sont faites d’un mélange de plâtre, de sciure, de farine ainsi que de colle. Les bras et jambes sont identiques, seul le buste diffère selon l’uniforme et le visage représenté. Les figurines en plâtre ont été pressées dans des moules puis assemblé. Les bras et jambes sont issus d’un moule identique.La peinture est grossière et couvre la totalité des figurines.
C’est une fabrication industrielle avec une division du travail : la création du moule et de l’aspect de la figurine, le moulage puis la décoration peinte à la main. Les figurines sont issues d’une production standardisée.
Dimensions (en cm) Décor
10 cm de long, 5cm de largeur, 3cm de profondeur. Le ressort mesure 10cm.
Les figurines sont peintes à la main pour représenter trois soldats de nationalités différentes. Un soldat avec l’uniforme français (1870-1914), un soldat japonais en uniforme militaire brun et jaune, et un soldat italien avec l’uniforme des Bersagliers.
Inscriptions (signature, marques…) Une inscription imprimée sur un papier collé sur le dos du soldat italien : « Geschenkt ? Das Könnte mir noch fehlen ! Ich bin ein Lump, ein Lump will – stehlen ! »
Histoire de l'objet
Les figurines furent données au Musée des Trois Pays de Lörrach par E.Schultz en 1934. Les figurines se trouvent dans une boite à cigare et sont emballées dans un papier fin portant les couleurs noir, blanc et rouge : couleurs de la confédération de l’Allemagne du Nord de 1866 à 1871, puis de l’Empire allemand de 1871 à 1918.
Acquisition, méthode (achat, don…) Acquisition, personne (vendeur, donateur…)
Don en 1934. Donateur : E.Schultz
Localisation Photo – Dessin
Musée des Trois Pays de Lörrach - Allemagne
Etat de conservation L’objet étant fragile, l’état de la peinture et du plâtre est dégradé.
Dapino Claudia – 15/04/2013
24
Annexe III : Photographies des figurines.
25
26
27
Annexe IV : Photographie de Poupard
http://www.ivoire-france.com/
28
Annexe V : Photographie de Marionnette provenant de la collection du Musée
du Jouet de Nuremberg
29
Annexe VI : Photographie de plats d’étain de l’atelier Heinrichsen provenant de
la collection du Musée du Jouet de Nuremberg.
Autorisation d’utilisation des photographies de l’inventaire de Nuremberg :
Dear Ms Dapino,
If you find suitable photographs on our database you are welcome to
use them for your work. I would be grateful, however, if you could let
us know which pictures you are using.
Best regards,
Dr. Helmut Schwarz
------------------------
Spielzeugmuseum Nürnberg
(Museum Lydia Bayer)
Karlstr. 13-15, 90403 Nürnberg
30
Annexe VII : Photographies et Carte Postale des figurines DUFOUR.
Carte Postale, coll. J.P. Robert
31
Annexe VIII : Photographie de deux figurines originaires de Thüringen
provenant de la collection du Musée du Jouet de Nuremberg.
32
Annexe IX: Couverture du livre de BICKERT, S., LEIPOD, D., LEIPOD, M.,
“Frühes Spielzeug aus Thüringen und dem Erzgebirge: Early Toys from
Thuringia and the Erzgebirge Region”
33
Annexe X : Photographie du dos de la figurine représentant l’Italien.
34
Annexe XI : Affiche de l’Exposition « Glanz & Gloria – Weihnachten in der
Kaiserzeit ».
35
Annexe XII : Deux illustrations de propagande allemande :
« Demi-tour, - marche ! Tonnerre de Dieu, comme ces gars peuvent courir vite. » D’après un dessin de Zahl.
« Chère patrie, tu aimes être au calme ! », carte postale anonyme.
36
Annexe XIII : Caricature allemande mettant en scène les personnalités alliées. Kriegs Nummer 49 Collection du Mémorial de Verdun
37
Notice descriptive
Auteur : Dapino Claudia
Titre : Figurines caricaturales de l’ennemi - Jouets de la 1ère
Guerre Mondiale
Date : 14/04/2013
Langue : Français
UFR : Faculté des Lettres, Langues et Sciences Humaines
Département : Sciences de l’Information et Métiers de la Culture
Diplôme : MASTER Lettres, Langues et Sciences Humaines ; Mention Sciences de
l’Information et Métiers de la Culture ; Spécialité Patrimoine et Musées
Résumé : Ce dossier présente une étude de trois figurines en plâtre de 10 cm de hauteur
représentant des soldats ennemis de l’Allemagne durant la Première Guerre Mondiale : un
japonais, un français et un italien. Elles proviennent de la collection du Musée des Trois-Pays
de Lörrach en Allemagne et datent de 1914. Elles évoquent des thèmes majeurs de la Première
Guerre Mondiale tels que la mobilisation des enfants durant le conflit ou la propagande par le
biais de la caricature.
Descripteurs libres : Industrie du Jouet – Caricature – Première Guerre Mondiale -
Propagande