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JANETA DRĂGHICESCU EMILIA BONDREA TAMARA CEBAN ANCA DOROBANŢU ÉLÉMENTS DE PHONÉTIQUE FRANÇAISE * NOTIONS DE LEXICOLOGIE FRANÇAISE Universitatea SPIRU HARET

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JANETA DRĂGHICESCU EMILIA BONDREA TAMARA CEBAN ANCA DOROBANŢU

ÉLÉMENTS DE PHONÉTIQUE FRANÇAISE *

NOTIONS DE LEXICOLOGIE FRANÇAISE

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Descrierea CIP a Bibliotecii Naţionale a României DRĂGHICESCU JANETA Éléments de phonétique française. Notions de lexicologie française/ Janeta Drăghicescu, Emilia Bondrea, Tamara Ceban, Anca Dorobanţu.– Bucureşti: Editura Fundaţiei România de Mâine, 2007. Bibliogr.

ISBN 978-973-725-733-8

I. Bondrea, Emilia II. Ceban, Tamara III. Dorobanţu, Anca

811.133.1∪34(075.8)

© Editura Fundaţiei România de Mâine, 2007

Redactor: Cosmin COMĂRNESCU Tehnoredactor: Brînduşa BĂRBAT

Coperta: Marilena BĂLAN Bun de tipar: 23.03.2007; Coli de tipar: 12

Format: 16/61X86 Editura Fundaţiei România de Mâine

Bulevardul Timişoara nr. 58, Bucureşti, sector 6 Tel / Fax: 021/444.20.91; www.spiruharet.ro e-mail: [email protected]

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UNIVERSITATEA SPIRU HARET FACULTATEA DE LIMBI ŞI LITERATURI STRĂINE

JANETA DRĂGHICESCU EMILIA BONDREA TAMARA CEBAN ANCA DOROBANŢU

ÉLÉMENTS DE PHONÉTIQUE FRANÇAISE

* NOTIONS DE LEXICOLOGIE

FRANÇAISE

EDITURA FUNDAŢIEI ROMÂNIA DE MÂINE Bucureşti, 2007

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SOMMAIRE

Avant-propos …………………………………………………………. 7

Première partie ÉLÉMENTS DE PHONÉTIQUE FRANÇAISE

(Emilia Bondrea, Tamara Ceban, Anca Dorobanţu)

1. Introduction. L’objet de la phonétique …………………………….. 9 2. Les unités phonétiques segmentales et suprasegmentales ……….… 19 3. Le système vocalique …………………………………………….... 30 4. Le système consonantique …………………………………………. 46 Notions clés – index ………………………………………………….. 63 Exercices ……………………………………………………………... 65 Bibliographie séléctive ……………………………………………….. 68

Deuxième partie NOTIONS DE LEXICOLOGIE FRANÇAISE

(Janeta Drăghicescu)

I. Introduction. L’objet de la lexicologie …………………………….. 69 II. La formation des mots …………………………………………….. 89 1. La dérivation …………………………………………………. 89 2. La composition ……………………………………………….. 161 Exercices ……………………………………………………………... 187 Bibliographie …………………………………………………………. 191

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AVANT-PROPOS

Se proposant d’initier les étudiants en français langue étrangère

à la phonétique et à la lexicologie, l’ouvrage présente, en synthèse, l’ensemble des aspects impliqués dans la description du système phonétique français et du lexique français.

Dans la première partie, on y trouvera une Introduction, qui présente l’objet de la phonétique, les relations entre la phonétique et la phonologie, les règles d’orthographe et l’API. Les chapitres suivants portent sur les unités segmentales et suprasegmentales et sur les caractéristiques du système vocalique et consonantique.

Dans la deuxième partie on y trouvera les procédés de forma-tion des mots avec des moyens propres et/ou savants, les types et les règles d’affixation caractéristiques, les types et les mécanismes de composition.

Les deux parties sont accompagnées d’exercices de différents types, afin de permettre aux étudiants de fixer les mécanismes essentiels de ces domaines.

Les auteurs

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PREMIÈRE PARTIE

ÉLÉMENTS DE PHONÉTIQUE FRANÇAISE

1. INTRODUCTION. L’OBJET DE LA PHONETIQUE

La phonétique française est une branche de la linguistique qui étudie et décrit la composante sonore de la langue française. L’objet de notre étude est la phonétique articulatoire, qui s’occupe à décrire la réalisation concrète des sons du langage humain. Elle exclut les autres sons produits par les êtres humains, même s’ils servent parfois à communiquer (la toux, les raclements de gorge). Elle exclut les sons non-humains. La chaîne parlée se divise en une ligne segmentale et une ligne suprasegmentale (prosodie: intonation, ton, accent). On distingue plusieurs branches de la phonétique: phonétique acoustique (qui a pour but de classer les sons en fonction de leur perception par le locuteur) et phonétique articulatoire (qui s’intéresse au mode de formation des sons produits par l’appareil phonatoire); phonétique descriptive (qui étudie le système phonétique d’une langue en syn-chronie) et phonétique historique (qui décrit les changements phoné-tiques subis par une langue au cours de son histoire).

Le développement de l’acoustique à l’époque moderne a permis aux phonéticiens d’aborder leur domaine d’une façon scientifique. L’acquis le plus important fut la création de la phonétique expérimentale au début du siècle, avec l’innovation capitale, l’enregistrement des sons sur phonographe; ce fut la première étape conduisant après à l’enregis-trement sur bande magnétique, ce qui est à la portée de tout le monde aujourd’hui.

L’étude physique des sons en laboratoire a conduit à la conclu-sion qu’il existe un nombre illimité de variations. La même personne prononce avec de variations que les appareils saisissent nettement. Ces variations sont plus marquées si l’état physiologique de l’individu change, par exemple, s’il est enrhumé. Ces variations on les appelle des variations des sons.

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Celles-ci peuvent être accidentelles en raison de l’état dans lequel se trouve le locuteur, état de santé, émotionnel etc.

Il existe aussi des variantes permanentes, comme celles régionales. En roumain il y a un e fermé dans la partie méridionale du pays, alors qu’en Transylvanie il lui correspond un e ouvert: verde et vèrde. En France le r parisien est uvulaire, tandis que dans certaines zones de l’Hexagone il est roulé, comme en roumain. Les voyelles nasales du français standard sont moins nasalisées dans le Midi de la France.

Mais les sons ne sont pas prononcés isolément, ils sont articulés à l’intérieur des mots. Dans ce cas, il y a des influences mutuelles entre les sons, ce qui aboutit à des variantes combinatoires. Ainsi, par exemple, t suivi par a est dentale dans ta, tandis que suivi par i, comme dans pitié se déplace au niveau du palais, devenant ainsi un t palatalisé. Dans ma, la consonne m se prononce par les lèvres fermées, dans leur position normale. Mais dans moi, m devient arrondi sous l’influence de la semi-consonne w : [mwΑ]. Et ainsi de suite.

Alors comment se débrouiller dans ce nombre illimité de va-riantes? Il va sans dire qu’on ne peut pas s’occuper de toutes ces variantes. La conclusion c’est qu’il faudra s’arrêter à des types de sons.

Mais comment identifier ces types? La réponse a été donnée dans les années trente, période dans laquelle s’est constituée la phonologie dans le cadre du Cercle linguistique de Prague, comme première manifestation du structuralisme. Celui-ci aborde les faits de la langue dans leurs relations d’opposition. Il existe un masculin puis-qu’il s’oppose au féminin, un singulier en opposition avec le pluriel.

Dès lors, les sons sont abordés du point de vue fonctionnel, c’est-à-dire du point de vue de leur capacité distinctive, celle qui leur permet de créer des oppositions dans le système de la langue. Mais d’abord, il faut isoler ces unités distinctives de la langue. Par divisions successives de la chaîne parlée, on arrive aux plus petites unités de la langue, qui n’ont pas de sens, mais qui sont pertinents, qui permettent donc de distinguer les mots d’une langue, les uns des autres.

Ces unités sont appelés phonèmes, on les identifie par la com-mutation. La commutation consiste dans la substitution d’une unité figurant dans un mot, avec une autre, ce qui engendre la modification du sens. Dans touche, on remplace t par d, ce qui donne douche, avec

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le sens de l’objet qu’on connaît. Comme il y a modification de sens, on déduit que t est un phonème indépendant par rapport à d, les deux se trouvant en relation d’opposition. (Voir André Martinet, Eléments de linguistique générale, Armand Colin, Paris, 1986, p. 52-96).

Au niveau de la réalisation phonétique, on constate que cette opposition est marquée par le trait de sonorité: t est sourd, alors que d est sonore. Il s’ensuit que ce trait a une valeur distinctive. On peut définir le phonème comme un ensemble de traits distinctifs. Ces traits sont identifiés par le mécanisme de la commutation. Si on remplace t de touche avec c de couche, on constate qu’il y a modification de sens, donc c est un phonème distinct de t. La réalisation phonétique consiste dans la modification du point d’articulation: t est dental, alors de c est palatal. On continue ainsi: on remplace t de touche avec le s de souche et on observe encore une modification de sens; on conclut que s est autre phonème par rapport à t. Cette fois le trait qui entre en jeu est le mode d’articulation: t est explosif (occlusif), alors que s est sifflant.

On note le phonème entre barres obliques: /t/, le son entre crochets [t]. Par conséquent, /t/ est un phonème constitué de traits distinctifs suivants: sourd, dental, occlusif.

De la même manière on procède pour les voyelles; on substitue /i/ de mite avec /ε/ de mette et on constate une modification de sens, donc /i/ est un phonème distinct par rapport à /e/, marqué par le fait qu’il est fermé, alors que /ε/ est demi-ouvert. Le trait distinctif est, dans ce cas, le degré d’ouverture. Dans mite ~ motte c’est le point d’articulation: /i/ est antérieur et / / est postérieur. Dans mette ~ meute c’est le trait [- arrondi] de /e/ et le trait [+ arrondi] de /œ/. Dans motte ~ monte se réalise l’opposition d’oralité, / / est une voyelle orale, alors que / )/ est nasale.

Le phonème /ε/ est donc un ensemble de traits distinctifs: demi-ouvert, antérieur, non-arrondi, oral.

Dans la comparaison et implicitement dans l’apprentissage des langues, il faut retenir que ce qui est variante dans l’une peut être un phonème dans l’autre: en roumain les nasales sont des variantes libres ou combinatoires comme dans: dans, mentă, concepe, începe. Mais en français ce sont des phonèmes, puisque /pâte/ (pente) signifie autre chose que /pat/ (patte).

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En même temps, nous avons vu que le degré d’ouverture donne des variantes régionales, comme dans verde ~ vèrde. Mais en français, il existe un /e/ fermé et un /ε/ ouvert, puisque pré signifie autre chose que prêt, transcrits phonologiquement comme /p{e/ ~ /p{ε/.

La phonologie s’occupe aussi de l’organisation d’ensemble des phonèmes. On a déjà vu qu’ils se présentent comme couples tels que /t/ ~ /d/.

Les phonèmes caractérisés par un trait commun forment une série phonologique, par exemple, ceux qui sont marqués par la surdité. Mais on peut facilement observer que les phonèmes correspondants constituent la série marquée par la sonorité. De là on conclut qu’il y a un parallélisme ou une corrélation entre deux séries.

Voici donc les deux séries en question rattachées par la corrélation qui les met en opposition:

/p/ ~ /b/ /t/ ~ /d/ /k/ ~ /g/ /f/ ~ /v/ /s/ ~ /z/ /∫/ ~ /Ζ/

Un autre exemple de corrélation est celle de la nasalité, selon laquelle on a:

/a/ ~ / Α) / /ε/ ~ /ε)/ / / ~ / )/ /œ/ ~ /↵)/

Ce sont des structures strictement organisées. On a aussi des configurations d’ensemble, comme c’est le célèbre triangle des voyelles que nous présentons ici d’une façon sommaire:

/a/ /ə/ /ε/ /œ/ / / /e/ /ø/ /o/ /i/ /y/ /u/

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De même, les nasales: /Α)/ /Ε)/ / )/ /↵)/ /œ/

Il s’ensuit que le français comporte 16 voyelles étant l’une des langues les plus riches à cet égard. Le roumain n’en a que 7, donc moins de la moitié.

Pour conclure, la phonologie est l’étude des différences de sons correspondant à des différences de sens, alors que la phonétique étudie les sons du point de vue de leur forme sonore; un phonème est une unité abstraite, définie par rapport à un système linguistique, alors qu’un son (l’objet d’étude de la phonétique) est une unité concrète, descriptible en soi (par rapport à ses modalités d’articulation).

Code oral/code écrit. La langue naturelle comporte deux faces: sonore et graphique. La forme sonore (code oral) coexiste avec une forme graphique (code écrit). Le code écrit dispose d’un inventaire de signes graphiques (graphèmes) qui se répartissent en lettres et en signes de ponctuation. L’alphabet français compte 26 lettres, dont 6 voyelles et 20 consonnes:

A a N èn B bé O o C cé P pé D dé Q ku E eu R èr F èf S ès G gé T té H ach U u I i V vé J ji W double vé K ka X iks L èl Y i grec M èm Z zed

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À ces lettres s’ajoutent les diacritiques: – les accents: l’accent aigu (́) é, l’accent grave (̀̀) à, è, ù,

l’accent circonflexe (ˆ), â, ê – la cédille sur c: ç – le tréma ¨: ë, ï, ü.

Les deux codes se réalisent différemment d’une langue à l’autre. Il y a des langues à écriture phonétique (le roumain) où la forme graphique est l’image fidèle de la forme sonore. Et des langues à écriture étymologique (le français) où entre la forme graphique et la forme sonore il y a un décalage, dû à l’évolution historique de la langue.

L’ORTHOGRAPHE peut être définie comme l’ensemble des règles et des usages qui régissent la manière d’écrire correctement les mots d’une langue

Voici les principes de l’orthographe : 1. Le principe phonétique, selon lequel un son est transcrit par

une seule lettre, prononcée en tant que telle: bec, or, partir, verdir, avec etc. Ce principe, qui est largement appliqué dans une orthographe, comme celle du roumain, est moins illustré en français.

2. Le principe syllabique, c’est-à-dire on transcrit un son par plus d’une lettre. Ainsi, dans car, la lettre c reproduit la consonne occlusive, sourde et palatale. Combinée avec la lettre h, elle forme un groupe de deux lettres, ch qui transcrit la sifflante [∫] sourde: cheval, champion, chien, chanter, achever, touchant, chez etc. Ce fait a à l’origine un vrai principe syllabique, car c latin suivi par a s’est transformé en /ts/, puis en /∫/: cantare > chanter, caballus > cheval. En roumain, les groupes ci, gi notent les sons affriqués en question. Toute l’écriture des nasales fran-çaises est là: an = /Α)/; bon = /bõ/; in(+ consonne) = /ε)/ dans vin. Il en est de même pour les voyelles; ainsi ai transcrit le pho-nème /ε/, oi le diphtongue /wa/, eu le phonème /Ο/ dans je peux, mais /œ/ dans fleur. Un autre aspect de ce principe se rapporte à la valeur différente d’une lettre en raison de la combinaison où elle se trouve: ainsi, la lettre c suivi de e ou i, reproduit le son s (comme dans sac): cercle, cerise, cire, parcelle, certain, cité, ciseau, civil, celui-ci etc. Parallèlement,

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on a la situation de g: dans garder, gonfler, gourde il a la valeur du /g/, alors que dans gerbe, giboulée, gibier, il reproduit un /Ζ/. C’est le cas du s intervocalique: dans maison, plaisir il note le phonème /z/, tandis que dans sac, soc, c’est un /s/. Pour noter un [s] intervocalique, il faut recourir à un double s ou bien à ç: passer, maçon.

3. Le principe morphologique est très important pour l’ortho-graphe roumain, où l’on doit tenir compte de la reproduction du radical. Ainsi gheaţă s’écrit avec ea, bien que prononcé ghi, pour garder la notation du radical présente dans gheţuş, îngheţ, îngheţa. C’est la même chose pour ci: dans cine l’écriture est normale, mais dans ceapă on écrit avec e pour garder l’unité de la racine se retrouvant dans cepe. En français on a les cas des adjectifs dans la finale desquels on écrit une consonne au masculin bien qu’elle ne se prononce pas, pour marquer l’unité avec le féminin où elle se prononce: grand-grande, petit-petite. C’est la même situation pour les noms rapportés aux verbes, comme dans chant-chante, ou pour le paradigme d’un même verbe: il part-nous partons.

4. Le principe syntactique se retrouve dans l’écriture différente des mots, selon leur fonction dans la phrase; bien fait réunit l’adverbe et le nom écrits séparément en tant que deux mots, alors que bienfait est un nom composé, dont les deux éléments sont soudés. De même, surtout est un adverbe unitaire, tandis que dans sur tout le territoire, sur est une préposition et tout un adjectif indéfini.

5. Le principe historique est très important pour le français. Au cours de son histoire, la prononciation a changé, mais l’écriture n’a pas suivi le pas; par esprit de tradition on a gardé l’orthographe ancienne. C’est le cas des phonèmes /Ο/ et /œ/ qui sont transcrits tous les deux par eu dans heureux, je peux et dans fleur, il meurt. À l’origine, c’est un principe syllabique qui a déterminé le changement des sons latins en raison de la nature de la syllabe où ils se trouvaient. La diphtongue oi était prononcée telle quelle en langue ancienne; sa prononciation a évolué vers /we/, puis /wa/, mais l’écriture n’a pas changé: loi,

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moi etc. Une autre évolution a abouti à ai comme dans les imparfaits des verbes: chantais, [aj] en ancien français, puis la prononciation a été /∫Α)twe/ avec l’écriture chantais, qui note aujourd’hui le /ε/. Là encore ce fut à l’origine un principe syllabique.

6. Finalement, le principe étymologique renvoie à l’écriture qui garde des sons latins, disparus par la suite: on écrit doigt avec g pour marquer son étymon digitus et vingt son étymon – viginti, temps rapporté à tempus. On a aussi des phases intermédiaires, mais l’écriture reste à peu près la même: en latin, le c de celum (caelum) se prononçait /k/, est devenu en ancien français /ts/ comme en roumain, ţară. Entre temps, /ts/ est passé à /s/, mais l’écriture est restée très proche de celle latine: ciel. Mais on a pu se tromper et on a abouti à des fausses étymologies; ainsi, poids provient du latin pensum, de la famille de pensare (> fr. peser); on l’a faussement rattaché à pendo, d’où le d (poids).

Les unités qui servent à noter un phonème son appelées gra-phèmes. Ceux-ci se réalisent par une ou plusieurs lettres qui marquent un seul phonème. Dans bec, ma, par chaque graphème reproduit un phonème. Selon le principe syllabique, on a des graphèmes formés de deux lettres qui notent un seul phonème: ch, eu, ou, au, ph etc.

Pour ce qui est de l’ensemble des critères, en français l’emporte le principe historique. Voici un fragment qui illustre bien cette proportion:

Pierrot fit semblant de regarder, mais il ne voulut pas voir. Il y avait bien une guérite devant laquelle se bousculaient des bonnes gens: il fixa autre chose, ailleurs, au-dessus, oui là-bas, une feuille d’arbre tout à l’extrémité d’une branche, celle-là plutôt qu’une autre…

(Raymond Queneau, Pierrot mon ami, p. 176)

On a donc dans le texte ci-dessus: Principe phonétique: de, il, ne, il, bien, se, il, là, à, extrémité, là =

11 mots. Principe syllabique: guérite, chose, ailleurs, oui, branche = 5 mots. Principe historique: tout le reste = 32 mots.

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Sur un ensemble de 48 mots, on a 22,91% de mots écrits selon le principe phonétique, 10,41% et 66,66% selon le principe historique.

Le code oral de la langue est noté dans un système de notation phonétique: l’Alphabet Phonétique International (API). Le système de règles de transcription phonétique repose sur un double principe: un son ne peut être noté que par un signe/ un signe ne peut représenter qu’un son.

Transcription des sons du français en Alphabet Phonétique International

Voyelles [i] – idée, abîme, maïs [e] – été, effort, quai [ε] – sec, mère, faible [y] – usage, mûr, aiguë [u] – ouvert, où, gout [ø] peu, jeune, vœu [œ] peur, seuil, sœur [ə] le, venir, appartement [o] dos, chose, vos, eau [ ] homme, votre, Paul [a] là, achat, moi [Α] pas, sable, tâche [Α)] dans, ennui, remplir [õ] long, ombre, son [Ε)] fin, impossible [œ)] un, chacun, parfum

Consonnes [p] père, pipe, stop [b] bord, robe, snob [t] tout, été, sept [d] deux, aider, aide [k] car, chaos, kilo [g] gare, aigre, second [f] feu, effort, chef

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[v] veuf, cave, wagon [s] sel, assez, garçon [z] zéro, rose, dix-huit [∫] chef, vache, short [Ζ] jeux, ajouter, cage [l] lion, aller, sol [{] riche, rare, sort [m] moi, aimer, [n] nous, âne [⎠] signe, peigner

Semi-consonnes [j] hier, oeil, liane [⎜] huit, nuage, tuer [w] oui, moitié, moi,

Autres signes utilisés dans la transcription:

[ : ] la durée d’une voyelle ou d’une consonne: pause [po:z], formidable [f :{midabl]

[·] la durée partielle: penser [pã · se]

[o] signe placé au-dessous de la lettre, marque le dévoisement par assimilation: une petite branche [yn p↔tit b{ãΣ]

[*] astérisque, placé à gauche d’un autre signe, en haut, indique un nom propre: France [*f{ã:s]

[∩] signe qui marque la liaison: les amis [lez Αmi] ∪

[∪] signe qui indique l’enchaînement: il a [il a] ∪ ∪

[´] signe placé devant la syllabe qui porte l’accent du groupe: je veux bien [Ζ↔vΟ´bjΕ)]

[//] signe qui indique la pause de longue durée;

[/] signe qui indique une petite durée;

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[ ] crochets qui encadrent les sons et les énoncés transcrits en alphabet phonétique.

L’appareil phonatoire. La production des sons (la phonation) est réalisée grâce à l’appareil phonatoire, celui-ci étant formé de trois sous-ensembles d’organes: l’appareil respiratoire (poumons, source de la colonne d’air expulsé, nécessaire à la phonation), le larynx (organe essentiel de la production des sons, puisqu’il contient les cordes vocales, qui, par vibration de l’air, produisent la voix), les cavités supraglottiques (cavités pharyngale, buccale, nasale et labiale, qui sont des cavités d’articulation et de résonance de l’appareil phonateur). Les principaux résonateurs de l’appareil phonatoire sont la cavité buccale et la cavité nasale. Les sons sont produits par le passage d’une colonne d’air venant des poumons, qui traverse les résonateurs de l’appareil phonatoire. La présence ou l’absence d’obstacles sur le parcours de la colonne d’air modifie la nature du son produit. La nature de ces obs-tacles constitue en même temps un critère de classification des sons.

2. LES UNITÉS PHONÉTIQUES SEGMENTALES

ET SUPRASEGMENTALES

Pendant la phonation, on produit rarement des sons isolés, ceux-ci se combinent entre eux pour former des mots qui, à leur tour, entrent dans des rapports de cohésion particulière, formant des séquences linguistiques de plus en plus longues. La chaîne parlée se laisse analysée à différents niveaux en segments linéaires successifs de plus en plus courts. En partant d’un niveau supérieur vers un niveau inférieur, ces séquences phonétiques dites unités segmentales sont: la phrase, le groupe de souffle, le groupe rythmique, la syllabe, le son. Aux unités segmentales se superposent les unités suprasegmentales l’intonation et l’accent, qui ont une double fonction: démarcative et/ou expressive. Ces unités phonétiques (segmentales et suprasegmentales) n’ont de réalité phonique qu’ensemble.

La phrase phonétique est délimitée par deux grandes pauses (pause absolue / pause de phrase); elle est articulée avec une intonation spécifique (selon le type de phrase: énonciative, interrogative, impérative, exclamative).

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Le groupe de souffle (groupe respiratoire) représente les mots articulés entre deux inspirations. Cette unité a une longueur phonique relative, qui dépend de plusieurs facteurs: capacité respiratoire du sujet parlant, vitesse du débit verbal du sujet parlant, cohérence logico-syntaxique, expressivité et conditions extra-linguistiques (bruits, parasites, facteurs psychologiques). Ce groupe s’accompagne d’un contour mélodique (ton montant ou descendant) en fonction du nombre d’unités phonétiques qui composent chaque groupe. Dans la graphie, la pause de groupe respiratoire est marquée par les signes de ponctuation: [.] , [;] , [:].

Le groupe rythmique est le plus petit groupe de mots pourvu de signification, délimité par une pause brève ou le plus souvent par une rupture tonale caractérisée par une courbe mélodique spécifique (ton montant ou descendant). Autrement dit, «toute suite de mots qui exprime une idée simple et unique et qui n’a d’accent que sur sa dernière syllabe» (M. Grammont, Traité de phonétique, Delagrave, Paris, 1965, p. 105). Dans la graphie, le groupe rythmique est marqué par la virgule. Il peut coïncider avec un groupe de souffle court, mais de façon générale le groupe de souffle contient plusieurs groupes ryth-miques. Dans le groupe rythmique l’accent tombe toujours sur la der-nière syllabe du dernier mot. Le groupe rythmique peut avoir plusieurs structures: 1. prédéterminant + nom:

un étudiant [œ)ne´tydjΑ)] des arbres [deza´{b{] nos amis [n za´mi] ses succès [sesyksε] quelque chose [kεlkəΣo: z] plusieurs fois [plyzϕœ: {fwa]

2. préposition + prédéterminant + nom: sans un sou [sΑ)zœ)su] sous le ciel [suləsjεl] dans un endroit [dΑ)zœ)nΑ)d{wa]

3. prédéterminant + déterminant + nom: les grandes choses [leg{Α)dΣo: z] les petits enfants [leptizΑ)fΑ)]

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4. préposition + prédéterminant + déterminant + nom: pour nos petits soucis [pu{n pətisusi] avec ses propres mains [avεksep{o{mε)]

5. prédéterminant + nom + préposition: un cri d’effroi [œ)k{idεf{wa] les jours d’antan [leΖu: {dΑ)tΑ)]

6. prédéterminant + nom + déterminant: un rire stupide [œ){i{stypid] une chose délicate [ynΣo: zdelikat] une mère douce [ynmΕ: {du: s]

7. prédéterminant + déterminant + nom +déterminant: un gros flocon blanc [↵)g{oflok )blΑ)] un long bec aigu [œ)l )bεkεgy]

Sauf ces structures, il existe des groupes rythmiques ayant un pronom sujet et le verbe accompagné d’un de ses déterminants: 1. pronom sujet + verbe:

tu chantes [tyΣΑ): t] ils écoutaient [ilzekutε]

2. pronom sujet + verbe à la forme négative: nous ne parlons pas [nunəpa{l )pΑ] il ne voit plus [ilnəvwaply]

3. pronom sujet + auxiliaire + participe passé/infinitif: vous avez travaillé [vuzavet{avaje] il veut apprendre [ilvΟtap{Α)d{]

4. pronom sujet + pronom complément + verbe (forme simple ou composée):

il nous parle [ilnupa{l] ils leurs disent [ill↵: {di:z] il nous a dit [ilnuzadi] nous les avons remerciés [nulezav ){əmε{sje]

5. pronom sujet + pronom complément + verbe (+ négation): il ne me parle pas [ilnəməpa{lpΑ] vous ne nous écrivez pas [vunənuzek{ivepΑ]

6. pronom sujet (+ pronom complément) + adverbe + verbe: nous l’avons mal compris [nulav )malk )p{i] il nous parle toujours [ilnuparltuΖu: {]

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La segmentation en groupes rythmiques est très importante pour l’articulation des énoncés français.

Cela est d’autant plus important pour les étudiants roumains qui ont des réflexes articulatoires roumains fondés sur la dynamique de l’accent tonique roumain, qui ne détermine pas toujours des groupements rythmiques évidents.

La syllabe est le plus petit segment de la chaîne parlée que l’on émet au cours d’une phonation. Au point de vue de la structure, la syllabe peut être constituée par une voyelle ou par une voyelle accom-pagnée d’une ou plusieurs consonnes. Le point maximum de l’effort articulatoire syllabique se place sur le noyau (centre) de la syllabe, qui est toujours une voyelle. Toutes les voyelles françaises peuvent remplir la fonction de noyau syllabique. La seule voyelle qui présente un statut particulier est le e muet. Les syllabes servent de composantes à des unités plus grandes, tels les mots, les groupes accentuels, les syntagmes etc. La structure syllabique est l’une des caractéristiques phonétiques de la langue. Il existe en français des syllabes de différents types:

voyelle (V), -à, a consonne-voyelle (CV), -tu, se. consonne-consonne-voyelle (CCV), -cri, ski voyelle-consonne (VC), -il, or consonne-voyelle-consonne (CVC), -car, sec

Suivant leur structure formelle (la nature du son final), il y a deux types de syllabes: syllabe ouverte (se termine par une voyelle prononcée)

parler [pa{-´le] dictée [dik-´te]

et syllabe fermée (se termine par une consonne prononcée): finir [fi-´ni: {] toujours [tu-´Ζu: {]

En tenant compte de l’accentuation, il y a des syllabes accentuées (toniques) et des syllabes non-accentuées (atones). La syllabe accentuée se caractérise par son intensité articulatoire, son niveau tonal (haut ou bas) et par la durée de son noyau vocalique (voyelle allongée).

La division en syllabes se fait d’après certaines règles ou habi-tudes syllabiques. Voici les principales règles de la syllabation française:

1. Une consonne entre deux voyelles passe à la deuxième voyelle:

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sauter [so-te] chapeau [Σa-po] couteau [ku-to] ôter [o-te]

2. Les consonnes doubles appartiennent à la voyelle qui la suit: aller [a-le] donner [d -ne] annoncer [a-nõ-se] errer [e-{e] frapper [f{a-pe]

Remarque: Font exception à cette règle les verbes en – ir – au futur et au conditionnel et les mots du type:

illusion [il-ly-zj )] illuminer [il-ly-mi-ne] imminence [im-mi-nΑ):s] inné [in-ne] irresistible [i{-{e-zis-tibl] je verrai [Ζə-vε{-{e] tu pourrais [ty-pu{-{ε]

3. Deux consonnes différentes placées entre deux voyelles se dissocient dans des syllabes différentes:

tester [tεs-te] parfum [pa{-fœ)] partir [pa{-ti{] balcon [bal-k )]

Remarques: 1. Les groupes consonantiques muta cum liquida ne se dissocient

jamais. Ils passent à la voyelle qui suit: capable [ka-pabl] découvrir [de-ku-v{i: {] spectacle [spεk-takl]

2. Une consonne suivie d’une semi-voyelle ne se dissocie jamais: traduire [t{a-d⎜i{] avouer [a-vwe] assiette [a-sjεt]

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3. Les groupes de trois consonnes écrites se dissocient après la deuxième consonne:

compter [k )-te] transporter [t{Α)s-p {-te] ventral [vΑ)t-{Αl]

4. Les groupes de quatre consonnes écrites se dissocient après la deuxième consonne:

instruit [ε)s-t{⎜i] instrument [ε)s-t{y-mΑ)]

5. Deux semi-voyelles se dissocient en syllabes différentes: nous travaillions [nu-t{a-vaj-j )] vous croyiez [vu-k{waj-je]

Les jonctions syllabiques (enchaînement et liaison). L’enchaî-nement est de deux types: consonantique et vocalique.

L’enchaînement consonantique – définition: lorsqu’un mot se termine par une consonne prononcée et que le mot suivant commence par une voyelle, la consonne finale du premier mot devient initiale du mot suivant. Cet enchaînement se fait essentiellement dans un groupe rythmique:

il accepte [il´aksεpt] avec intérêt [avε´kε)te{ε] quel homme [kε´l m] cette étudiante [sεte´tydiΑ)t]

Le mot qui précède se terminant par le groupe «muta cum liquida» s’enchaîne avec la voyelle initiale du mot qui suit, formant une seule syllabe:

notre enfant [n t{Α)´fΑ)] un spectacle admirable [œ)spεktakla´dmi{abl]

L’enchaînement vocalique – définition: lorsqu’un mot se termine par une voyelle prononcée et que le mot suivant commence par une voyelle, il n’y a pas d’arrêt de la voix entre les deux voyelles: les deux voyelles sont enchaînées:

tu as appris [tyaap´{i] tu as allumé [tyaaly´me] tu as eu aussi [tyayo´si]

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L’enchaînement vocalique est fait entre une voyelle ou le [h] muet et la voyelle du mot qui suit, si ce dernier mot commence par un h aspiré:

le hêtre [ləε´t{] les hêtres [leε´t{] la hardiesse [la´a{diεs]

La voyelle oralo-nasale du mot qui précède s’enchaîne avec la voyelle initiale du mot qui suit, si le mot commence par un h aspiré:

un hêtre [↵)εt{] un héros [œ)e´{o]

L’enchaînement se fait entre l’adverbe quand à la forme interrogative avec le mot qui suit commençant par une voyelle:

quand est-il venu? [ka)εt´il v↔’ny] quand a-t-elle dit cette chose? [kΑ)a´tεldisεt´∫o:z]

La liaison est un cas particulier de l’enchaînement, qui se fait entre la consonne finale d’un mot et la voyelle prononcée du mot suivant, lorsque celui-ci commence par une voyelle ou un h muet. Il y a des liaisons obligatoires, des liaisons interdites et des liaisons facultatives:

fait-il? [fεtil] vient-il? [vjε)til] trop arrogant [t{opa{ogΑ)] les hommes [lez m]

A. Liaisons obligatoires a) Liaison entre les pronoms personnels sujets: on, nous, vous,

ils, elles et le verbe qui suit commençant par une voyelle ou un h muet: on entend [ )nΑ)´tΑ)] nous irons [nuzi´{ )] vous aimez [vuzε´me] ils acceptent [ilza´ksεpt] elles estiment [εlzε´stim]

b) Liaison entre le déterminant ou l’adjectif d’une part, et le nom ou l’adjectif d’autre part:

les hommes [lez´ m] aux armes [oza´{m] les autres garçon [lezo´t{ga{s )] deux enfants [dΟzΑ)´fΑ)] cet ami [sεta´mi] ces événements [sεze´venmΑ)]

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tout acte [tutakt] certains immeubles [sε{tε)zi´m(m)œbl] tes affaires [teza´fε{]

c) Liaison après c’est et il est impersonnel: c’est adorable [sεta´d {abl] il est injuste [ilεt´Ε)Ζyst]

d) Liaison entre les prépositions et les adverbes monosyllabiques: sans espoir [sãzε ´spwa{] sous une étoile [suzyn´etwal] dans un endroit [dãzœ)nd{wa] pas avant [pΑza´vã] tout entier [tutΑ)´tje] moins important [mwε)zε)´p {tΑ)] assez aimable [asezε´mabl]

e) Liaison avec la plupart des mots composés et des locutions: de temps en temps [dətΑ)zΑ)tΑ)] vis-à-vis [viza´vi] les Champs-Élysées [le*SΑ)ze´lize] les Etats-Unis [le*zeta´zyni]

B. Liaisons recommandées a) Liaison entre le verbe et le nom ou l’adjectif attribut:

je suis étudiant [Ζəs⎜ize´tydjΑ)] il est enfant [ilεtΑ)´fΑ)] nous sommes acteurs [nus mza´ktœ{]

b) Liaison entre les verbes auxiliaires à la 3 personne et le par-ticipe passé:

il est entré [ilεtΑ)´t{e] elle avait affirmé [εlavεta´fi{me]

c) Liaison après quand et dont: quand il entre [kΑ)tilΑ)t{] dont elle parle [d )tεlpa{l]

C. Liaisons interdites a) Liaison devant h aspiré:

les héros [lee{o] des Hongrois [de* )g{wa]

b) Liaison après la conjonction et: il arrive et il entre [ila{iveilΑ)t{]

c) Liaison après les prépositions: vers, envers, à travers, selon:

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vers un champ [vε{œ)∫ã] à travers un bois [at{avε{œ)bwa]

d) Liaison après la désinence –es de la 2 personne du singulier de l’indicatif présent et du subjonctif présent et après le verbe avoir à la 2 personne du singulier:

tu entres en salle [tyãt{ãsΑl] que tu chantes encore [kəty∫Α)tΑ)k {] tu as une mère [tyaynmε: {]

e) Liaison après les numéraux: huit, onze, cent et un: les huit amis [le⎜itami] les onze abeilles [le )zabεj] cent une feuilles [sΑ)ynfœj]

D. Liaisons facultatives Les liaisons sont facultatives après les verbes auxiliaires, les

infinitifs, les participes passés, après un prédéterminant: ils font un plan [ilf )tœ)plΑ)] les élèves attentifs [lezelεvzΑtΑ)tif] ils ont ouvert [ilz )tuvε{]

L’accent L’accent consiste dans la force plus grande avec laquelle on

articule une des syllabes du mot. On distingue accent d’intensité (accent tonique) et accent d’insistance. L’accent tonique est l’accent normal du français et qui marque toujours la dernière voyelle prononcée (dernière syllabe du mot). L’accent d’insistance met en relief tel ou tel mot pour des raisons logiques et/ou affectives. L’accent tonique est plutôt un accent de groupe que de mot, il quitte donc le mot, en se déplaçant sur la dernière syllabe du groupe, lorsque le mot entre dans une phrase. Les mots qui peuvent porter l’accent tonique sont de mots dits «lexicaux ou pleins» (noms, adjectifs, verbes, adverbes). En français l’accent a le rôle de mettre en valeur une syllabe du mot:

tomber [t )´be] laisser [lε´se] chapeau [Σa´po] français [f{Α)´sε] calamité [kalami´te]

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La voyelle de la syllabe accentuée devient plus longue, c’est-à-dire, elle est prononcée deux fois plus longue que le reste des voyelles du même mot. Cette différence est marquée par l’intensité, la durée et le ton.

L’intensité de la voyelle accentuée en français est considéré négligeable, c’est-à-dire, elle diffère un peu de celles inaccentuées.

La durée de la voyelle accentuée «est deux fois plus longue que les autres» (P. Léon, 1968:66).

En ce qui concerne le ton, le français est caractérisé par l’emploi presque constant des tons montants sur les voyelles finales de groupes. (P. Léon, 1968:66).

L’accent d’insistance se place sur la première syllabe du mot accentué dans un groupe rythmique, pour insister sur ce mot; la consonne respective est marquée par une attaque plus forte:

C’est formidable! C’est un misérable! C’est impossible!

L’accent d’insistance a le rôle de remettre en évidence la voyelle, d’allonger ou même de redoubler la première consonne du mot. Alors, la première syllabe est prononcée sur un ton montant.

L’intonation L’intonation ou la mélodie de la phrase est définie comme la

courbe mélodique du groupe ou des groupes rythmiques qui composent une phrase. Selon les types de phrase, on distingue: l’intonation de la phrase énonciative (assertive), l’intonation de la phrase interrogative, l’intonation de la phrase impérative, l’intonation de la phrase exclamative.

Chaque phrase a son mouvement musical et on représente gra-phiquement la courbe de la mélodie par une flèche. La mélodie ou l’intonation diffère selon le type de phrase.

Pour la phrase énonciative on a d’habitude deux groupes ryth-miques: la première partie se caractérise par une mélodie ou un ton montant et la deuxième se caractérise par un ton descendant.

Le professeur est venu. [l↔p{ fε´sœ{εv↔ny]

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La mère appelle ses deux fils.

[lamε: {´apεlsedΟ‘fis]

Jeanne n’a pas menti.

[*ΖannapΑmΑ)ti]

Pour la phrase interrogative on distingue les tons suivants: a) pour la phrase interrogative avec inversion du sujet on a un

ton montant:

As-tu appris? [atyap{i]

Sont-elles arrivées?

[s )tεla{ive]

b) pour la phrase interrogative avec adverbe interrogatif on a: le ton montant dans la première partie de la phrase et dans la partie finale le ton est descendant:

Où prenez-vous vos repas?

[up{ənevu´vo{↔pa]

Quand venez-vous?

[kΑ)vəne´vu]

Pourquoi pleurez-vous?

[pu{kwaplϫ{evu]

c) les phrases exclamatives et celles impératives se caracté-risent généralement par une mélodie descendante. S’il s’agit d’une surprise, de l’impatience, d’un ordre ou d’un appel, le ton est montant:

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Que c’est joli! [k↔sεΖ li]

Quelle horreur! [kεl {œ{]

Entrez! [Α)t{e]

Comment? [k mΑ)]

C’est vrai?

[sεv{Ε]

Allo! [alo]

3. LE SYSTÈME VOCALIQUE

Les voyelles françaises au nombre de 16 se caractérisent par les traits articulatoires suivants:

– antérieures ou postérieures: Les voyelles sont antérieures ou postérieures selon leur point

d’articulation, c’est-à-dire, la région du palais vers laquelle la langue se soulève.

On appelle aussi les voyelles antérieures – palatales parce que la langue se soulève vers la partie dure du palais, et les voyelles posté-rieures – vélaires parce que la langue se soulève vers la partie molle du palais.

– orales ou nasales:

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Les voyelles orales sont celles pour lesquelles l’air s’échappe seulement par la bouche.

Les voyelles nasales sont celles pour lesquelles le souffle s’échappe à la fois par la bouche et par le nez.

– labiales (arrondies) ou non-labiales (non-arrondies): Les voyelles sont dites labiales quand on les prononce en

arrondissant les lèvres projetées en avant. Les voyelles sont dites non-labiales quand les lèvres ne parti-

cipent pas à leur prononciation. – ouvertes ou fermées/ mi-ouvertes ou mi-fermées : Pour la prononciation de ces voyelles (ouvertes ou fermées), les

mâchoires peuvent être plus ou moins écartées, et la langue plus ou moins éloignée du palais.

Les semi-voyelles sont au nombre de trois: [j] le yod, [⎜] le ué, [w] le oué.

Tableau des voyelles françaises1

ANTÉRIEURES POSTÉRIEURES

Ouvertes Ouvertes

Fermées Orales Nasales

Fermées Orales Nasales

Non labiales

[i] si [e] dé

[ε] mer [a] date

[Ε)] pin

[y] vu [ø] feu

[œ] leur Labiales [ə] gredin

[œ)] un [u] ou [o] ose

[ ] note [Α] bas

[ )] on [Α)] an

1 Le tableau ci-dessus a été emprunté à Maurice Grevisse, Le bon usage, Grammaire française, Ed. Duculot, Paris, 1993, p. 33.

1. Les voyelles orales

Parmi les 16 unités vocaliques du français, 12 voyelles sont orales.

1.1. Voyelle [a] antérieure, non-labiale, très ouverte La voyelle [a] antérieure est rendue par les graphies suivantes: - a : place [plas]

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ma [ma] - à : déjà [deΖa] là [la] - â : dans les désinences des verbes du premier groupe

(au passé simple de l’indicatif, première et deuxième personnes du pluriel et subjonctif imparfait, la troisième personne du singulier).

nous dansâmes [nudΑ)sam] vous dansâtes [vudΑ)sat]

- as : à la fin du mot: bras [b{Α]

tu as [tya] tu iras [tyi{a] tu parlas [typa{la]

- dans la diphtongue – ail, - aille: détail [detaj] taille [taj]

- e : dans le mot femme [fam] et dans les formes adverbiales du type: évidemment [evidamΑ)]; prudemment [p{ydamΑ)].

- dans la diphtongue – oi, - oî, - oy : moi [mwa] employé [Α)plwaje] boîte [bwat], etc.

1.2. Voyelle [Α] postérieure, labiale, très ouverte La voyelle [Α] postérieure est rendue par les graphies suivantes: - â : pâte [pΑt] - as : pas [pΑ] - asse: basse [bΑs] - a devant [z]: phrase [f{Α : z] gazer [gΑze] - dans la diphtongue – aille:

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trouvaille [t{uvΑj] sauf médaille [medΑj] - a devant la terminaison [sj )]: nation [nΑsj )] passion [pΑsj )] - oê, diphtongue [wΑ] dans les mots: poêle [pwΑl] - oi, diphtongue [wΑ]:

étroit [et{wΑ] Du point de vue phonologique, la voyelle [Α] postérieure est en

opposition avec la voyelle [a] antérieure: /a/ ~ /Α/ ta /ta/ ~ tas /tΑ/ patte /pat/ ~ pâte /pΑ : t/

1.3. Voyelle [e] antérieure, non-labiale, fermée

Principales graphies de [e] antérieur: - é : répété [{epete] - er : parler [pa{le] - ez : vous chantez [vuΣΑ)te] nez [ne] - e devant une consonne non prononcée: pied [pje] clef [kle] portier [p {tje] les [le] - ai : j’ai [Ζe] La voyelle [e] antérieure fermée apparaît seulement en syllabe

ouverte.

1.4. Voyelle [ε] antérieure, non-labiale, ouverte Cette voyelle est notée par les graphies suivantes: - e en syllabe fermée:

bec [bεk]

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terre [tε{] - è : père [pε: {] - ê : forêt [f {ε] - ai, aî : aigle [εgl] maître [mε:t{] - ai dans les terminaisons verbales de l’Imparfait: -ais; -ais; -ait; -aient:

je donnais [Ζ↔d nε] j’irais [Ζi{ε] – il en est de même pour le conditionnel

présent -ei : peine [pεn] - ai, aid, ait, ais, aix, aie dans les noms et les adjectifs: raie [{ε]

mai [mε] lait [lε] paix [pε] palais [palε] laid [lε] -et à la fin du mot, sauf la conjonction et: cadet [kadε]

Du point de vue phonologique, les voyelles [e] fermée et [ε] ouverte, en finale absolue sont en opposition phonétiques:

/e/ ~ /ε/ fée /fe/ ~ fait /fε/

les /le/ ~ lait /ε/ chanté /ΣΑ)te/ ~ je chantais / Ζ↔ΣΑ)tε/ allé /ale/ ~j’allais /Ζalε/

1.5. Voyelle [o] postérieure, labiale, fermée

Les graphies dans lesquelles on trouve cette voyelle sont les suivantes:

- o en syllabe ouverte: mot [mo] gros [g{o]

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- o en syllabe fermée devant [z] et [s]: - au: rose [{o:z] clause [klo:z] fosse [fo:s] - o devant la terminaison [sj )]: notion [nosj )] - au: chaud [Σo] - eau: chapeau [Σapo] -ô: rôle [{o: l] - aô: Saône [*so:n]

1.6. Voyelle [ ] postérieure, labiale, ouverte Pour cette voyelle correspondent les graphies suivantes: - o devant consonne [{]; [g]; [Ζ]: sort [s : {] biologue [biol g] besogne [b↔z ⎠] - o en syllabe fermée: offre [ f{] - au devant [{]: aurore [ { {] - au en syllabe ouverte: mauvais [m vε] dans les noms propres:

Maurice [*m {is] Laurent [*l {Α)] Maurois [*m {wa] - au en sylabbe fermée: dans les noms propres: Paul [*p l] - um: album [alb m] sauf parfum [pa{fœ)] Du point de vue phonologique, l’opposition de [o] fermée / [ ]

ouvert sert à distinguer les mots ayant un sens différent: /o/ ~ / / Paule /*pol/ ~ Paul /*p l/ côte /kot/ ~ cote /k t/

1.7. La voyelle [ø] antérieure, labiale, fermée

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Cette voyelle peut être prononcée dans les graphies suivantes: - eu – en syllabe ouverte à la fin du mot:

jeu [Ζø] -eu – dans les mots: feutre [føt{] - eu – devant la consonne[z]:

peureuse [pΟ{ø: z] - oeu – devant les consonnes finales qui ne sont pas prononcées: bœufs [bø] œufs [ø] nœuds [nø] Du point de vue phonologique, la voyelle [ø] fermée est en

opposition phonétique avec les voyelles [e] fermée et [o] fermée: [ø] ~ [e] ~ [o] nœud /n ø / ~ nez /ne/ ~ nos /no/

deux /d ø / ~ des /de/ ~ dos /do/

1.8. La voyelle [œ] antérieure, labiale, ouverte Cette voyelle est rendue par les graphies suivantes: - euil diphtongue: feuille [fœj] - ueil diphtongue après les consonnes [k] et [g]: accueil [akœj] orgueil [ {gœj] - oe dans le mot œil [œj] et ses dérivés: œillet [œjε] ils veulent [ilvœl] - oeu: œuf [œf] bœuf [bœf] cœur [kœ{] Les voyelles ouvertes [ε], [ ], [œ] sont en oppositions phonétiques:

/ε/ ~ / / ~ /œ/ sel /sεl/ ~ sol /s l/ ~ seul /sœl/ père /pε: {/ ~ port /p :{/ ~ peur /pœ: {/

1.9. La voyelle [ə] antérieure, labiale, moyenne

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La voyelle [ə] est notée par les graphies suivantes: – e – en syllabe ouverte:

lever [ləve] – e dans les mots qui commencent par les préfixes de- et re-: devoir [dəvwa: {] recevoir [{əsvwa: {] – e dans les mots qui sont précédés par une ou plusieurs

consonnes et suivis d’une consonne: regard [{əga: {]

demande [dəmΑ)d] regret [{əg{Ε] – e dans les mots: le [lə] me [mə] te [tə] se [sə] – ai – dans certaines formes du verbe faire:

nous faisons [nufəz )] faisant [fəzΑ)] – on – dans le mot Monsieur [məsjø] Du point de vue phonologique, la voyelle [ə] instable ou caduque

réalise les oppositions suivantes: /ə/ ~ /e/ de /də/ ~ des /de/ ce /sə/ ~ ces /se/ /ə/ ~ /ε/ se /sə/ ~ il sait /ilsε/ me /mə/ ~ mais /mε/

/ə/ ~ /ø/ de /də/ ~ deux /dø/

ce /sə/ ~ ceux /sø/ /ə/ ~ /i/

de /də/ ~ dit /di/ se /sə/ ~ si /si/

/ə/ ~ /y/ le /lə/ ~ lu /ly/

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se /sə/ ~ su /sy/ Les particularités de prononciation de la voyelle [ə] instable sont

les suivantes: - au début d’un groupe rythmique elle se prononce: Que sais-tu? - à l’intérieur de groupe rythmique: la voyelle [ə] instable ne se

conserve pas dans une conversation à rythme normal (Janeta Drăghicescu, 1980: 76):

A demain! [admε)] - à la fin du groupe rythmique: en poésie si le groupe rythmique

suivant commence par une consonne: Il nous invite dans le jardin. Dans le style de la conversation courante la voyelle [ə] instable

est supprimée. Mais on la garde dans deux cas: - pour rendre facile l’articulation après les consonnes [p], [t], [k],

[b], [d], [g]: rebord [{əb : {] degré [dəg{e] retour [{ətu: {] Remarque: Pourtant, dans la langue familière on peut dire: [{tu: {] au retour [{ga{d] regarde! - pour rendre facile la compréhension, quand la chute du [ə]

instable risque d’entraîner une consonne double à l’initiale: je juge [ΖəΖyΖ] Du point de vue phonologique, la voyelle [ə] instable finale ne

se prononce pas devant une voyelle ou un h muet: l’autre hiver [lot{ivε: {] - devant un h «aspiré» la voyelle [ə] instable se prononce: le hublot [ləyblo] - devant consonne + yod: nous serions [nusə{j )] vous feriez [vufə{jΕ]

1.10. La voyelle [i] antérieure, non-labiale, fermée La voyelle [i] apparaît dans les graphies suivantes: - i – suivie d’une consonne: tige [ti:Ζ]

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-i – en position médiale: fil [fil] -i – en position finale: midi [midi] -in – suivie d’une voyelle: ordinaire [ {dinε: {] -in – suivie de la consonne n: innombrable [in )b{abl] -im – suivie d’une voyelle: image [ima:Ζ] -im – suivie de la consonne m: immonde [im )d] -ï: maïs [mais] -î: île [il] nous fîmes [nufi:m] vous prîtes [vup{it] -y: gymnastique [Ζimnasti:k] Du point de vue phonologique, la voyelle [i] réalise des oppositions

avec les voyelles suivantes: /i/ ~ /e/ - lit /li/ ~ les /le/ /i/ ~ /ε/ - si /si/ ~ il sait /ilsε/ /i/ ~ /o/ - dis! /di/ ~ dos /do/ /i/ ~ / / - pire /pi: {/ ~ port /p : {/ /i/ ~ /u/ - pis /pi/ ~ poux /pu/

1.11. La voyelle [u] postérieure, labiale, très fermée La voyelle [u] apparaît dans les graphies suivantes: -ou: mouton [mut )] -où: où [u] -oû: croûte [k{ut] -aou: saoul [sul] -aoû: août [u(t)] Du point de vue phonologique, la voyelle [u] réalise des oppositions

avec les voyelles: /u/ ~ /i/ doux /du/ ~ dis!/di/

/u/ ~ /e/ sous /su/ ~ ses /se/ /u/ ~ /ε/ pour /pu: {/ ~ paire /pΕ: {/ /u/ ~ /o/ fou /fu/ ~ faux /fo/ /u/ ~ / / douter /dute/ ~ doter /d te/

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1.12. La voyelle [y] antérieure, labiale, très fermée La voyelle [y] apparaît dans les graphies suivantes: -u: usine [yzin] -û: flûte [flyt] - eu: j’eus [Ζy] -eû: vous eûtes [vuzyt] Remarque: Les graphies –eu-; -eû –; représentent le son [y]

seulement dans les formes verbales du passé simple et du participe passé du verbe avoir: eu – participe passé; j’eus – passé simple.

Les oppositions phonologiques dont la voyelle [y] fait partie sont fort nombreuses:

/y/ ~ /i/ fut /fy/ ~ fit /fi/ lut /ly/ ~ lit /li/ dut /dy/ ~ dit /di/ /y/ ~ /u/ but /by(t)/ ~ bout /bu/ rue /{y/ ~ roue /{u/ mû /my/ ~ mou /mu/ /y/ ~ /e/ lu /ly/ ~ les /le/ nu /ny/ ~ nez /ne/ /y/ ~ /ε/ mur /my: {/ ~ mère /mε: {/ pur /py: {/ ~ père /pε: {/ /y/ ~ /ø/ dû /dy/ ~ deux /dø/ nu /ny/ ~ nœud /nø/ /y/ ~ /œ/ sur /sy: {/ ~ sœur /sœ: {/ /y/ ~ /o/ dû /dy/ ~ dos /do/ /y/ ~ / / mur /my: {/ ~ mort /m :{/

2. Voyelles nasales

Le français possède un nombre important de voyelles nasales: il en a quatre [Ε) - ↵) - ) - Α)].

Les voyelles nasales se produisent quand le souffle s’échappe à la fois par la bouche et par le nez.

On distingue les voyelles oralo-nasales postérieures ouvertes, non labiale [Α)] et fermée labiale [ )], et les voyelles oralo-nasales anté-rieures ouvertes, non labiale [Ε)] et [↵)].

2.1. La voyelle [Α)] nasale, postérieure, non labiale, ouverte

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Pour le [Α)] la langue s’abaisse et se retire plus en arrière que pour le son oral correspondant [Α]. Les lèvres sont légèrement pro-jetées en avant. Le voile du palais est abaissé permettant le passage de la colonne d’air aussi par les fosses nasales.

La voyelle [Α)] nasale est notée par les graphies suivantes: - an – suivie de consonne:

pendant [pΑ)dΑ)nt] panser [pΑ)se] - an – en position finale:

an [Α)] écran [ek{Α)] - am – suivie des consonnes [p] ou [b]: rampe [{Α):p]

ambulance [Α)bylΑ):s] - am – en position finale:

Adam [*adΑ)] dam [dΑ)] - en – suivie de consonne:

entrer [Α)t{e] gendre [ΖΑ):d{] Remarque: La graphie en – à statut de préfixe se prononce

[Α))n] suivie d’une voyelle ou de la consonne [n]: enivrer [Α)niv{e] ennoblir [Α)n bli{] - em – suivie des consonnes [p] ou [b]:

exemple [egzΑ)pl] embellir [Α)bεli: {]

Remarque: La graphie em – à statut de préfixe se prononce [Α)m] suivie de la consonne m: emménager [Α)menaΖe].

- aen: Caen [*kΑ)] - aon: taon [tΑ)] faon [fΑ)] paon [pΑ)] - ean: Jean [*ΖΑ)] Du point de vue phonologique, la voyelle [Α)] se fait sentir dans

l’opposition avec la voyelle orale [a]:

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/Α)/ ~ /a/ panser /pΑ)se/ ~ passer /pase/ pan /pΑ)/ ~ panne /pan/ camp /kΑ)/ ~ canne /kan/ 2.2. La voyelle [Ε)] nasale, antérieure, non labiale, ouverte La voyelle [Ε)] nasale est rendue par les graphies suivantes: - in – suivie de consonne, excepté la consonne [n]: inclure [Ε)kly{] cinq [sΕ):k] pinceau [pΕ)so] - in – en position finale: pin [pΕ)] fin [fΕ)] - în – dans les formes verbales: nous vînmes [nuvΕ):m] nous tînmes [nutΕ):m] - im – suivie de consonne, excepté la consonne [m]: timbre [tΕ):b{] simplement [sΕ)pl↔mΑ)] - ym – suivie de consonne ou en position finale: symphonie [sΕ)f ni] thym [tΕ)] - yn – suivie de consonne ou en position finale: syntaxe [sΕ)taks] Jocelyn [*ΖoslΕ)] - aim – en position finale: faim [fΕ)] essaim [εsΕ)] - ain – suivie de consonne ou en position finale: craindre [k{Ε):d{] certain [se{tΕ)] - eim: Reims [*{Ε):s] - ein – suivie de consonne ou en position finale: ceinture [sΕ)ty: {] plein [plΕ)] - ien: chien [∫jΕ)] je tiendrai [Ζ↔tijΕ)d{e] Exception font les mots: client [klijΑ)] orient [ {jΑ)] récipient [{esipjΑ)]

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- yen: moyen [mwajΕ)] - en: examen [egzamΕ)] européen [Ο{ peΕ)] - oin: soin [swΕ)] coin [kwΕ)] Du point de vue phonologique, la voyelle [Ε)] se fait sentir dans

l’opposition avec la voyelle orale [Ε]: /Ε)/ ~ /Ε/ lin /lΕ)/ ~ lait /lε/ bain /bΕ)/ ~ baie /bε/ hein /Ε)/ ~ haie /ε/

2.3. La voyelle [ )] nasale, postérieure, labiale, fermée

La voyelle [ )] nasale peut apparaître en toute position dans les graphies suivantes:

- om – suivie des consonnes [p] ou [b]: tomber [t )be] aplomb [apl )] - om – en position finale:

nom [n )] prénom [p{en )] - on – suivie de consonne, excepté la consonne [n]: gronder [g{ )de] rond [{ )] longe [l ):Ζ] - on – en position finale: on [ )] ton [t )] son [s )] crayon [k{εj )] Du point de vue phonologique, la voyelle [ )] nasale se fait

sentir dans l’opposition avec les voyelles [o] fermée et [ ] ouverte: / )/ ~ /o/ on / )/ ~ eau /o/

son /s )/ ~ seau /so/ / )/ ~ / / monte! /m )t/ ~ motte /m t/

2.4. La voyelle [↵)] nasale, antérieure, labiale, ouverte La voyelle [↵)] nasale peut apparaître dans les graphies suivantes:

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- un – suivie d’une consonne ou en position finale: lundi [l↵)di] brun [b{↵)] - eun – dans la locution à jeun [aΖ↵)] et dans le nom propre

Meung [*m↵)]

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- um – suivie d’une consonne ou en position finale: humble [↵):bl]

parfum [pa{f↵)] La graphie -um – en position finale se prononce [ m] dans tous

les autres mots: rhum [{ m] maximum [maksim m] minimum [minim m] Du point de vue phonologique, la voyelle [↵)] nasale se fait sentir

dans l’opposition avec les voyelles suivantes: /↵)/ ~ /ã/

commun /k m↵)/ ~ comment /k mã/ /↵)/ ~ /õ/ un /↵)/ ~ on / )/ /↵)/ ~ /Ε)/ brun /b{↵)/ ~ brin /b{Ε)/ En français actuel, la voyelle nasale [↵)] est passée en [Ε)]. Remarque: La tendance actuelle du français est de supprimer

l’opposition /↵)/ ~ /Ε)/. On dit de plus en plus [b{Ε)] pour [b{↵)].

3. Les semi-voyelles Les semi-voyelles sont des sons de passage, essentiellement

instables. Il s’agit des phonèmes vocaliques que l’on entend devant la voyelle dans des mots comme souhaiter, suer, scier, rouer. Ces pho-nèmes, différents et proches de ou, u, i, sont ce que l’on appelle les trois semi-consonnes (ou semi-voyelles) du français. Les semi-voyelles sont au nombre de trois: [j], [⎜], [w]. Quant à leur articulation, elles sont plus proches des voyelles. On peut les considérer comme des variantes combinatoires des voyelles [i], [y], [u] (voir Janeta Drăghicescu, 1980).

3.1. La semi-voyelle [j], antérieure, non labiale La semi-voyelle [j] est rendue par les graphies suivantes: - i – suivie de voyelle: pied [pje] - ï – précédée d’une voyelle: faïence [fajΑ):s] - y – après les voyelles a, e, o et u: ayons! [εj )]

asseyez-vous! [asεjevu] soyez [swaje] essuyer [εsyje]

- il – précédée d’une voyelle: détail [detaj] - ille – précédée d’une voyelle: feuille [fœj]

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Du point de vue phonologique, la semi-voyelle [j] se fait sentir dans les oppositions de /j/ ~ /i/: scier /sje/ ~ scie! /si/ lier /lje/ ~ lie! /li/

3.2. La semi-voyelle [w], postérieure, labiale

La semi-voyelle [w] peut apparaître dans les graphies suivantes: - ou – suivie d’une voyelle et précédée d’une consonne: louer [lwe] - oi: loi [lwa] - oî: cloître [klwat{] - u – précédée de la consonne [k] représentée par q: quartz [kwa{ts] quadrupède [kwad{ypεd]

Du point de vue phonologique, l’opposition semi-voyelle [w] et voyelle [u] se fait sentir dans les formes verbales:

louer /lwe/ ~ loue! /lu/ secouer /s↔kwe/ ~ secoue! /s↔ku/

3.3. La semi-voyelle [⎜], antérieure, labiale

La semi-voyelle [⎜] est rendue par les graphies suivantes: - u – suivie de la voyelle [i]: nuit [n⎜i] Après les consonnes g et q la graphie – ui – est prononcée [⎜i]

dans les mots: aiguille [eg⎜ij] linguiste [lε)g⎜ist] réquiem [{ek⎜iεm]

- u – suivie d’une voyelle autre que [i] précédée d’une seule consonne appartenant à la même syllabe:

muette [m⎜εt] nuance [n⎜Α):s]

Du point de vue phonologique, l’opposition semi-voyelle [⎜] et voyelle [y] se fait sentir dans les formes verbales telles que:

/⎜/ ~ /y/ continuer /k )tin⎜e/ ~ continue! /k )tiny/ diminuer /dimin⎜e/ ~ diminue! /diminy/

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4. LE SYSTÈME CONSONANTIQUE

Le système consonantique du français compte 17 consonnes parmi lesquelles 14 orales et 3 consonnes nasales.

Les consonnes sont dites orales quand le souffle s’échappe par la bouche: [p], [b], [t], [d], [k], [g], [f], [v], [s], [z], [Σ], [Ζ], [{], [l].

Les consonnes sont dites nasales quand le souffle s’échappe par le nez: [n], [m], [⎠].

Selon le mode d’articulation, on distingue parmi les consonnes orales:

a) consonnes occlusives (ou momentanées). Ce sont [p], [b], [t], [d], [k], [g]. Ces consonnes nécessitent une fermeture complète, puis l’ouverture brusque.

b) consonnes fricatives (ou continues). Ce sont: [f], [v], [s], [z], [Σ], [Ζ]. Ces consonnes résultent d’un frottement dû au rétrécissement du canal.

c) consonnes liquides [l] et [{]. On le nomme liquides à cause de l’impression qu’elles produisent sur l’oreille. Les consonnes liquides sont latérales [l], à cause de l’air qui s’échappe par les côtés de la langue et vibrantes [{], à cause des vibrations. Ce sont des consonnes à vibration des cordes vocales, plus marquées que pour les consonnes sonores.

Parmi les consonnes fricatives, il y a des sifflantes: [s], [z] et des chuintantes: [Σ], [Ζ] d’après la nature du bruit qu’elles produisent.

Quand le souffle qui produit les consonnes comporte des vibrations des cordes vocales, il s’agit alors des consonnes sonores (ou voisées): [b], [d], [g], [v], [z], [Ζ], [m], [n], [⎠], [l], [{]. Dans le cas contraire, elles sont sourdes (ou non voisées): [p], [t], [k], [f], [s], [Σ].

L’opposition phonologique la plus importante dans le système consonantique est celle entre les consonnes sourdes et sonores: [p], [t], [k], [s], [Σ] opposées aux [b], [d], [g], [z], [Ζ]. Dans les premières les cordes vocales ne vibrent pas, alors que dans les sonores les cordes vocales participent à l’émission. En français, cette opposition est plus nette qu’en roumain. Les sourdes sont dites aussi tendues, puisque les organes subissent une pression plus forte, alors que les sonores sont appelées aussi douces; elles ont une articulation plus nette qu’en roumain.

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4.1. Les consonnes occlusives (bilabiales, dentales, palatales) 4.1.1. Les occlusives bilabiales 4.1.1.1. La consonne [p] occlusive, bilabiale, sourde La consonne [p] est notée par les graphies suivantes: - p – en position initiale: plan [plΑ)] - pp – à l’intérieur du mot: apprendre [ap{Α):d{] - p – en position finale: beaucoup [boku] Remarques: 1. La consonne [p] finale ne se prononce pas:

drap [d{Α] sirop [si{o] champ [ΣΑ)] 2. Font exception les mots: stop [st p] handicap [Α)dikap] hop [ p] hep [εp] 3. La consonne [p] suivie de la consonne [t] n’est pas prononcée: sept [sεt] sculpture [skylty{] sculpter [skylte] compte [k )t] compter [k )te] baptiser [batize] baptême [batεm] promptitude [p{ )tityd] 4. Suivie des consonnes –s ou –t finales de mot, la consonne [p]

n’est prononcée que dans les mots: biceps [bisεps] forceps [f {sεps]

4.1.1.2. La consonne [b] occlusive, bilabiale, sonore La consonne [b] apparaît dans les graphies suivantes: - b – en position initiale: bras [b{Α] - b – en position médiale: faible [fεbl] - b – en position finale suivie de la voyelle – e: robe [{ b]

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- b – en position finale absolue d’habitude [b] ne se prononce pas: aplomb [apl )]

Remarque: La consonne [b] en position finale absolue est prononcée seulement

dans les mots d’origine étrangère: snob [sn b] nabab [nabab] baobab [ba bab]

- bb – à l’intérieur du mot se prononce comme une seule consonne [b]: abbatre [abat{] - bh – à l’intérieur du mot se prononce [b]: abhorer [ab {e]

4.1.2. Les occlusives dentales

4.1.2.1. La consonne [t] occlusive, dentale, sourde La consonne [t] apparaît dans les graphies suivantes: - t – en position initiale: temps [tΑ)] - th – en position initiale qui se prononce [t]: thème [tε:m] - th – à l’intérieur du mot:

mathématique [matematik] rythme [{itm]

Remarque: La graphie -th-, précédée de la consonne [s] et suivie de la consonne [m], ne se prononce pas:

asthme [asm] - tt – à l’intérieur du mot se prononce comme une seule consonne:

attendre [atΑ)d{] - t – en position finale suivie de la voyelle e muette est toujours prononcée: tête [tεt]

- t – en position finale absolue d’habitude [t] ne se prononce pas: petit [p↔ti]

Remarques: 1. La consonne [t] en position finale absolue se prononce dans

les mots suivants: l’est [lεst] l’ouest [lwεst] sept [sεt] net [nεt] dot [d t]

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correct [k {εkt] strict [st{ikt] déficit [defisit] toast [to:st] Kant [*kã:t] Proust [*p{ust]

2. Dans les mots suivants la consonne [t] finale peut être prononcée: but [by(t)] août [u(t)] exact [egzakt]

4.1.2.2. La consonne [d] occlusive, dentale, sonore La consonne [d] apparaît dans les graphies suivantes: – d – en position initiale: drap [d{Α] – d, -dd – à l’intérieur du mot:

adresse [ad{εs] addition [adisj )]

– dh – à l’intérieur du mot se prononce toujours [d]: adhérer [ade{e]

– d – en position finale suivie de la voyelle e muette se prononce toujours [d]: code [k :d]

– d – en position finale absolue n’est pas prononcée dans la plupart des cas: quand [kΑ)]

Remarque: La graphie [d] en position finale absolue est prononcée dans les mots suivants:

sud [syd] raid [{εd] yod [j d] stand [stΑ):d] oued [wεd]

4.1.3. Les occlusives palatales 4.1.3.1. La consonne [k] occlusive, palatale, sourde La consonne [k] apparaît dans les graphies suivantes: - c – en position initiale, médiale, finale:

car [ka: {] acteur [aktœ: {] bec [bεk]

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Remarques: 1. La consonne [k] finale ne se prononce pas dans les mots

suivants: escroc [εsk{o] tabac [taba] estomac [εst ma] porc [p {] caoutchouc [kautΣu]

2. Dans tous les mots où la consonne [k] est précédée d’une voyelle nasale:

banc [bΑ)] blanc [blΑ)] franc [f{Α)] tronc [t{ )]

- cc – devant les sons [a], [o], [u], [y]: accabler [akable] accord [ak : {] accoucher [akuΣe] occuper [ kype]

- ch – dans les mots étrangers: psychiatre [psikjat{] chœur [k↵: {] archéologue [a{keol g] écho [eko] chaos [ka s] chrome [k{ m] Bach [*bak] Munich [*mynik] orchestre [ {kεst{] technique [tεknik]

Font exception les mots suivants: psychique [psiΣik] architecte [a{Σitεkt] bronchite [b{ )Σit]

- q – en position finale absolue: cinq [sε)k]

- qu(e): qui [ki] - cqu: acquiter [akite]

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- k: ski [ski] - ck: ticket [tikε]

Remarque: La graphie – x – se prononce dans quelques mots [ks]: xénophil [ksen fil] maxime [maksim] texte [tεkst]

4.1.3.2. La consonne [g] occlusive, palatale, sonore

La consonne [g] apparaît dans les graphies suivantes: – g – en position initiale, médiale et finale absolue:

garçon [ga{s )] égal [egal] gang [gΑ):g]

– gg: aggraver [ag{ave] – gu – en position initiale, médiale, finale + e:

guichet [giΣe] enguelade [Α)gœlad] ligue [lig]

Remarques: a) La consonne [g] suivie de voyelles i, e, y se prononce [Ζ]:

gibier [Ζibje] geler [Ζ↔le] gymnastique [Ζimnasti:k]

b) Dans les mots ci-dessous suivis de mêmes voyelles la consonne g se prononce [g]:

girl [gœ{l] gestapo [gεstapo]

Ce sont des mots étrangers c) La consonne [g] ne se prononce pas dans les mots suivants:

doigt [dwa] vingt [vε)] amygdale [amidal] longtemps [l )tΑ)]

d) Dans les mots étrangers la graphie – gn – se prononce [g]: agnat [agna] cognition [k gnisj )] diagnostique [diagn stik]

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magnat [magna] stagner [stagne] stagnant [stagnΑ)], etc.

e) La consonne – x – précédée de la voyelle – e – et suivie toujours de voyelle se prononce [gz]:

exemple [εgzΑ):pl] f) En position finale absolue, la consonne [g] n’est pas prononcée,

lorsqu’elle est précédée d’une voyelle oralo-nasale ou de la consonne [{]: sang [sΑ)] Luxembourg [*lyksΑ)bu: {]

Font exception les mots d’origine étrangère: gang [gΑ):g] grog [g{ g] gag [gag], etc.

4.2. Les consonnes fricatives (labio-dentales, dentales, palatales)

4.2.1. Les fricatives labio-dentales

4.2.1.1. La consonne [f] fricative, labio-dentale, sourde

La consonne [f] apparaît dans les graphies suivantes: - f – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:

fort [f :{] afin [afε)] café [kafe] bref [b{εf]

Remarque: En finale absolue et finale du premier terme des mots composés la consonne [f] n’est pas prononcée dans les mots suivants:

clef [kle] nerf [nε: {] chef-d’œuvre [Σεdœ:v{] cerf-volant [sε{volΑ)]

et dans les formes du pluriel des mots: œufs [Ο] et bœufs [bΟ]

-ff – à l’intérieure du mot: officier [ fisje] - ph – dans les mots d’origine grecque:

phonétique [f neti:k]

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4.2.1.2. La consonne [v] fricative, labio-dentale, sonore

La consonne [v] est notée par les graphies suivantes: - v – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:

votre [v t{] avancer [avΑ)se] veuve [vœ:v] leitmotiv [lεtm ti:v]

- w – dans les mots étrangers: wagon [vag )]

Remarques: a) Dans les mots d’origine anglaise la consonne – w – se pro-

nonce [w] (semi-voyelle): whisky [wiski] week-end [wikεnd]

b) La consonne – v – peut être prononcée tantôt [v], tantôt [w]: wallon [val )] ~ [wal )] warrant [va{Α)] ~ [wa{Α)]

c) La graphie [w] n’est pas prononcée dans les mots suivants: clown [klun] cow-boy [k b j]

4.2.2. Les fricatives dentales

4.2.2.1. La consonne [s] fricative, dentale, sourde

La consonne [s] apparaît dans les graphies suivantes: - s – en position initiale, médiale et finale absolue:

système [sistε:m] parsemer [pa{s↔me] maïs [mais] sens [sΑ)s]

- ss – à l’intérieur, en finale + e et en finale absolue: cesser [sεse]

- sc – suivie des voyelles e, i, y: descendre [dεsΑ):d{] conscience [k )sjΑ):s] scythe [sit]

- ç: français [f{Α)sε]

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- c – devant les voyelles e, i, y: ceci [s↔si] cygne [si⎠] ciel [sjεl]

- x: dix [dis] soixante [swasΑ):t]

- t – suivie de la voyelle – i – dans les terminaisons: -tial, -tion, -tie, -tiel, -tieux:

martial [ma{sjal] prononciation [p{on )sjasj )] démocratie [dem k{asi] substantiel [sybstΑ)sjεl] prétentieux [p{etãsjΟ]

Remarque: Dans les autres mots la consonne [t] suivie de la voyelle [i] se prononce [t]:

modestie [m dεsti] entretien [Α)t{↔tjΕ)] question [kΕstj )]

Remarques: La consonne [s] précédée de [I] ou de [{] se prononce [z]:

Alsace [*alza:s] balsa [balza] Elsa [*εlza] Jersey [*Ζε{zε]

Dans une série de mots la consonne [s] médiale n’est pas prononcée:

lesquelles [lεkεl] mesdames [medam] Descartes [*dεka{t]

En position finale absolue la consonne [s] n’est pas prononcée: sans [sΑ)] dos [do] pays [pei]

A cette règle font exception les mots suivants: os [ s] albatros [albat{os] as [Α:s] atlas [atlΑ:s]

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bis [bis] bus [bys] cactus [kaktys] gratis [g{atis] hiatus [jatys]

4.2.2.2. La consonne [z] fricative, dentale, sonore

La consonne [z] apparaît dans les graphies suivantes: - z – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:

zézayer [zezeje] bizarre [biza: {] gaz [ga:z] douze [du:z] topaze [t pa:z]

Remarque: La consonne [z] en position finale absolue n’est pas prononcée dans les formes verbales et dans les mots suivants:

vous allez [vuzale] assez [ase] riz [{i] nez [ne]

- s – entre deux voyelles se prononce [z]: maison [mεz )] rose [{o:z]

- x – dans les dérivés de dix et de deux: dixième [diziε:m] deuxième [dΟziε:m]

4.2.3. Les fricatives palatales

4.2.3.1. La consonne [Σ] fricative, palatale, sourde

La consonne [Σ] apparaît dans les graphies suivantes: - ch – devant voyelle, en position finale + e et finale absolue:

chercher [Σε{Σe] chimie [Σimi] bouche [buΣ] Auch [* :Σ] lunch [lœ):Σ]

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Remarque: Dans les mots d’origine anglaise la consonne [Σ] représente l’affriquée [tΣ]:

match [matΣ] tchèque [tΣεk]

-sch: schéma [Σema] - sh: shampooing [ΣΑ)pwε)] shérif [Se{if]

4.2.3.2. La consonne [Ζ] fricative, palatale, sonore

La consonne [Ζ] apparaît dans les graphies suivantes: - j – en position initiale, médiale et finale + e:

jeter [Ζ↔te] déjà [deΖa] je [Ζ↔] cage [ka:Ζ]

- g – devant voyelles -e, -i, -y: geler [Ζ↔le] gilet [Ζilε] gymnaste [Ζimnast]

Remarques: a) Dans les mots étrangers la graphie [g] suivie de voyelles –e,

-i, se prononce [g];[dΖ]: [gεstapo], gin [dΖin], etc. b) La consonne [Ζ] précédée de consonnes [b] et [d] et suivie de

la voyelle [e] se prononce [dΖ]: budget [bydΖΕ] bridge [b{idΖ] Cambodge [*kΑ)b dΖ] Cambridge [*kΕ)b{idΖ]

4.3. Les consonnes nasales On distingue trois consonnes nasales en français:[m], [n], [Ζ].

4.3.1. La consonne [m] nasale, occlusive, bilabiale, sonore La consonne [m] apparaît dans les graphies suivantes: - m – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:

musique [myzik] amère [amε: {]

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thème [tε:m] album [alb m]

Remarques: a) La consonne [m] en position finale absolue se prononce

seulement dans les mots étrangers: macadam [makadam] minimum [minim m] maximum [maksim m] Amsterdam [*amstε{dam] Jérusalem [*Ζe{usalεm] idem [idεm] ibidem [ibidεm]

b) En position finale absolue, la consonne [m] n’est pas prononcée: nom [nõ] faim [fε)] parfum [pa{fœ)]

c) mm – en position médiale et finale + e: immédiat [imedia] somme [s m]

d) mn – se prononce [n]: automne [ t n] condamnation [k )danasj )] condamner [k )dane] damner [dane]

Remarque: La consonne [m] précédée d’une voyelle et suivie de la consonne [n] se prononce [mn]:

automnal [ t mnal] calomnie [kal mni] semnopithèque [sεmnopitεk] limnée [limne]

4.3.2. La consonne [n] nasale, occlusive, dentale, sonore La consonne [n] apparaît dans les graphies suivantes: - n – en position initiale, médiale, finale + e:

neige [nε:Ζ] panier [panje] lune [lyn]

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Remarques: a) La consonne [n] en position finale absolue n’est pas prononcée:

bon [b )] pain [pΕ)]

b) La consonne [n] précédée de la voyelle [e] et suivie toujours d’une voyelle est prononcée voyelle nasale [ã] et consonne nasale [n]:

enivrer [ãniv{e] enamourer [ãnamu{e]

c) La consonne [n] en position finale absolue précédée de la voyelle – e – se prononce [n]: amen [amεn]

abdomen [abd mεn] spécimen [spesimεn] pollen [p lεn]

nn – en position médiale et finale + e: annuel [an⎜εl] bonne [b n] connaître [k nεt{]

Remarques: a) Dans une série de mots, la graphie – nn – se prononce comme

consonne géminée: inné [inne] innombrable [inn )b{abl]

b) La graphie – nn – précédée de la voyelle – e – se prononce [ãn] dans quelques mots:

ennui [ãn⎜i] ennoblir [ãn bli: {]

4.3.3. La consonne [⎠] nasale, occlusive, palatale, sonore La consonne [⎠] apparaît seulement dans la graphie – gn – en

position initiale, médiale et finale + e: gnôle [⎠ol] magnifique [ma⎠ifik] signe [si⎠] ligne [li⎠]

Remarques: 1. La graphie – gn – en position initiale et médiale se prononce

[gn] dans les mots étrangers suivants: gnom [gn )]

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gnosticisme [gn stisism] gnostique [gn stik] gnose [gno:z] diagnostique [diagn stik] cognitif [k gnitif]

2. Dans quelques mots la graphie – ign – se prononce [⎠]: oignon [ ⎠ )] encoignure [Α)k ⎠y: {]

4.4. Les consonnes liquides

Le système consonantique du français compte deux consonnes liquides et sonores. Ce sont la consonne latéral [l] et la consonne vibrante [{].

4.4.1. La consonne [l] liquide, latérale, sonore

La consonne [l] apparaît dans les graphies suivantes: - l – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:

lune [lyn] délimiter [delimite] sale [sal] cheval [Σval]

Remarques: a) En position médiale, la consonne [l] n’est pas prononcée dans

les mots: aulx [o] aulne [o:n] fils [fis] pouls [pu] Arnauld [*a{no] Chaulnes [*Σo:n] Meaulnes [*mo:n] Renault [*{↔no]

b) La consonne [l] suivie de – h – se prononce [l]: malheur [malœ: {] silhouette [silwεt] Alhambra [*alΑ)b{a]

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c) La consonne [l] finale n’est pas prononcée dans les mots suivants:

outil [uti] sourcil [su{si] fournil [fu{ni] fusil [fyzi] gentil [ΖΑ)ti] fenil [f↔ni]

d) La consonne [l] en finale absolue est toujours prononcée: ciel [sjεl] miel [mjεl] col [k l]

- ll – en position médiale et finale + e: allure [aly: {] collègue [k lε:g] ville [vil] mille [mil]

- ll – en position initiale précédée de la voyelle – i – se prononce [l]: illustre [ily:st{] illettré [ilet{e]

4.4.2. La consonne [{] liquide, dorsale, sonore

La consonne [{] apparaît dans les graphies suivantes: - r – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:

règle [{εgl] garçon [ga{s )] centre [sΑ)t{] sentir [sΑ)ti: {]

Remarques: a) La consonne [{] ne se prononce pas dans les mots:

gars [ga] messieurs [mesjΟ]

b) On ne prononce pas la consonne [{] en position finale absolue dans les infinitifs des verbes du premier groupe:

danser [dΑ)se] parler [pa{le]

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et dans les adjectifs et les substantifs terminés par –ier, -er: dernier [dε{nje] plumier [plymje] fruitier [f{⎜itje] léger [leΖe] étranger [et{Α)Ζe]

et dans le mot monsieur au singulier [m↔sjΟ]. Dans les mots monosyllabiques, la consonne [{] en finale absolue

est prononcée: mer [mε{] fer [fε{] air [ε: {] leur [lœ: {]

et dans quelques mots étrangers et savants: reporter [{(↔)p {tε{] revolver [{ev lvε{] gangster [gΑ)gstε{] starter [sta{tε: {] cancer [kΑ)sε: {]

- rr – en position médiale et finale absolue + e: irréel [i{eεl] guerre [gε{]

Les groupes graphiques finals rs, rt et rd représentent [{] dans la majorité des cas:

Ex.: vers tu pars [vΕ{] [typa{] lord il mord [l {] [il m {] Le groupe rs se prononce dans le mot mars [ma{s].

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NOTIONS CLÉS – INDEX

Accent – unité phonétique suprasegmentale superposée à une syllabe Consonne – son produit lorsque l’air expulsé des poumons rencontre

un obstacle; du point de vue acoustique, ce sont des bruits; aucune consonne ne donne une syllabe

Durée vocalique – l’allongement des voyelles en syllabe fermée (syllabe qui finit par une consonne).

Enchaînement – phénomène phonétique (prononciation liée) qui se produit à l’intérieur d’un groupe rythmique

Énonciation et pragmatique – l’étude de l’emploi de la langue dans un contexte donné par des énonciateurs

Groupe de souffle (groupe respiratoire) – séquence sonore délimitée par l’arrêt de la voix nécessaire à la respiration ou à la reprise du souffle

Groupe rythmique – unité phonétique inférieure au groupe respiratoire, comprenant plusieurs mots reliés entre eux par une forte cohésion phonétique et terminée par une syllabe accentuée

Intonation – courbe mélodique du groupe ou des groupes rythmiques qui composent une phrase.

Jonctions syllabiques (enchaînement et liaison) – réduction de l’effort articulatoire syllabique, due aux liens qui unissent, d’une part, les sons dans la syllabe et d’autre part, les syllabes dans le mot et dans la chaîne

Labialité (arrondissement) – participation des lèvres dans la produc-tion des voyelles

Liaison – cas particulier de l’enchaînement, qui se fait entre la con-sonne finale d’un mot et la voyelle prononcée du mot suivant, lorsque celui-ci commence par une voyelle ou un h muet

Lieu d’articulation – le point de rétrécissement maximal dans la production d’une voyelle

Linguistique et l’étude scientifique du langage. On s’accorde à recon-naître que le père de la linguistique moderne est Ferdinand de Saussure, avec son Cours de linguistique générale (CLG), publié

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en 1916. La linguistique structurale étudie la langue comme un système doté d’une structure décomposable. La langue est décou-pée en niveaux (strates), chacun étudié par une discipline qui lui est propre: - La phonétique – l’étude scientifique des unités sonores de base - La phonologie – l’étude du rôle des sons dans le système

linguistique - La lexicologie – l’étude de «l’ensemble des mots» d’une

langue, appelé aussi «lexique» - La morphologie – l’étude de la structure grammaticale des

mots - La syntaxe – l’étude des combinaisons et des relations entre

les formes qui composent la phrase - La sémantique – l’étude de la signification

Mode d’articulation: décrit la configuration générale des organes articulatoires dans la production d’une voyelle donnée; pour les consonnes, celui-ci est déterminé par les trois facteurs suivants: la cavité de résonance, la vibration des cordes vocales, la façon dont l’air passe par le canal expiratoire (oralité/nasalité, sour-dité/sonorité)

Nasalité – trait articulatoire caractérisant la production des voyelles par le passage simultané de l’air par la bouche et par le nez

Phrase phonétique – unité phonétique délimitée par deux grandes pauses (pause absolue / pause de phrase) et articulée avec une intonation spécifique

Point d’articulation – l’endroit où se produit le resserrement ou la fermeture du canal buccal (labial, labio-dental, alvéolaire, palatal, vélaire)

Semi-voyelle (Semi-consonne) – Les semi-voyelles sont des sons intermédiaires entre les voyelles et les consonnes, partageant des traits articulatoires avec les voyelles et des traits fonctionnels avec les consonnes (ils ne peuvent pas former des syllabes)

Syllabe – unité phonétique de courtes dimensions, prononcée sponta-nément d’une seule émission de la voix

Voyelle – son qui se produit par la vibration des cordes vocales laquelle s’amplifie dans les cavités de résonance librement, sans que l’air rencontre d’obstacle; au point de vue fonctionnel, la voyelle forme toujours une syllabe

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EXERCICES

1. L’Objet de la phonétique 1.1.

• Quel est l’objet de la phonétique? • Qu’est-ce que le code oral et le code écrit du français? • Quels sont les principaux signes graphiques? • Quels sont les rapports entre les sons et les lettres du français? • Quel est le principe de base de API? • Quels sont les symboles phonétiques utilisés pour le français? • Qu’est-ce que la phonation? • Quels sont les parties de l’appareil phonateur? • Expliquez comment sont articulés les sons?

1.2.

1. Combien de lettres y a-t-il en français? a. 24; b. 26; c. 28; d. 25; e. 25

2. Combien de voyelles y a-t-il en français? a. 16; b. 12; c. 3; d. 7 3. Combien de semi-voyelles y a-t-il en français? a. 16; b. 12; c. 4;

d. 3 4. Combien de consonnes y a-t-il en français? a. 16; b. 17; c. 3;

d. 20 5. Quel signe utilisé dans la transcription phonétique désigne le e

ouvert: a. [e]; b. [œ]; c. [ε] Solutions: 1. b 4. b 2. a 5. c 3. d

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2. Les unités phonétiques segmentales et suprasegmentales 2.1.

• Donnez les définitions des unités segmentales et des unités suprasegmentales: 1. phrase phonétique 2. groupe de souffle 3. groupe rythmique 4. syllabe 5. accent 6. intonation

• Quels sont les caractéristiques de: 1. l’intonation énonciative 2. l’intonation interrogative 3. l’intonation impérative 4. l’intonation exclamative

2.2.

1. Faites correspondre à chaque groupe rythmique le nombre de syllabes

Merci 3 syllabes Il ne dort pas bien 2 syllabes Le film commence 4 syllabes Ça va 5 syllabes Tout va bien 2 syllabes

2. Vrai ou faux: a) Le groupe rythmique exprime une idée unique. b) Dans le groupe rythmique l’accent tombe toujours sur la dernière

syllabe du premier mot. c) L’accent n’est pas fixé sur un mot, mais sur un groupe de mots

composant un groupe rythmique. Solutions: 1. 2 syllabes: merci, ça va; 3 syllabes: Tout va bien; 4 syllabes: Le film commence; 5 syllabes: Il ne dort pas bien 2. a) vrai; b) faux; c) vrai

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3. Le système vocalique 3.1.

• Quels sont les traits articulatoires des voyelles? • Caractérisez la voyelle a nasal [Α)] au point de vue de ses

traits articulatoires. • Quels sont les traits articulatoires communs et spécifiques des

voyelles E, EU, O 3.2.

A. Les 12 voyelles orales du système vocalique français sont produites par:

a. la cavité buccale b. la cavité nasale c. la cavité buccale et nasale

B. Dans les mots: été, répéter, nez, j’ai, il s’agit : a. de [e] fermé b. de [ε] ouvert c. de [ə] moyen

C. Les semi-voyelles, au nombre de trois, sont proches aux

voyelles rendues par les graphies: a. ei, au, on b. ou, u, i c. ai, oin, yn

Solutions A.a B.a C.b 4. Le système consonantique 4.1.

• Qu’est-ce qu’une consonne? • Quels sont les facteurs qui déterminent le mode d’articulation

consonantique?

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• Définissez les consonnes: 1. occlusives 2. fricatives 3. nasales 4. liquides

4.2.

A. Les consonnes fricatives palatales apparaissent dans les graphies: a. v, w b. s, z, x c. ch, sch, sh, j, ge, gi

B. Les consonnes liquides apparaissent dans les graphies: a. ill, elle, aille b. ll, l, rh, r, rr c. p, pp, ph

C. Dans les mots: comme, bonne, lune, condamner, amère, il s’agit: a. de consonnes occlusives dentales b. de consonnes occlusives palatales c. de consonnes nasales occlusives et sonores

Solutions A.c B.b C.c

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

Abry, Dominique, Chalaron, Marie-Laure, 1994: Phonétique, 350 exercices avec 6 cassettes, Hachette

Drăghicescu, Janeta, 1980: Phonétique française appliquée et exercices, Editura Didactică şi Pedagogică, Bucureşti

Le Nouveau Bescherelle, 2004: L’orthographe pour tous, Hatier Léon, Monique, 1976: Exercices systématiques de prononciation française,

Hachette et Larousse Vişan, Viorel, 2002: Phonétique française et exercices, Universitatea din

Bucureşti

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DEUXIÈME PARTIE

NOTIONS DE LEXICOLOGIE FRANÇAISE

1. INTRODUCTION. L’OBJET DE LA LEXICOLOGIE

1.1. La lexicologie est une discipline essentiellement descriptive qui a pour objet d’étude «l’ensemble des mots» d’une langue, appelé aussi «lexique».

La délimitation de l’objet de la lexicologie de même que la mise en évidence de sa spécificité dans l’ensemble des disciplines linguis-tiques sont des démarches marquées par l’acception que les linguistes ont donnée au concept de «mot».

La lexicologie partage son objet d’étude, les démarches et les outils, avec d’autres disciplines.

La lexicologie1 et la linguistique Le lexique est partie constitutive du système de la langue et toute

entreprise visant à décrire la langue doit prendre en compte la compo-sante lexicale. _______________

1 Dans la tradition européenne, «l’origine épistémologique de la lexi-cologie se situe au XVIII-ème siècle, lorsqu’elle a été insérée dans le programme de la grammaire générale».

Dans l’approche traditionnelle, la lexicologie a comme objet d’étude la description du «mot» (en tant que réalité concrète) dans trois plans: celui de l’expression (la forme phonétique et phonologique), celui du contenu (la sémantique lexicale) et celui de l’étymologie et de ses rapports avec l’évo-lution de la langue.

En approche moderne, le structuralisme s’est proposé de construire l’objet de la lexicologie à partir de relations abstraites et de schémas qui sont en dehors du plan social et de l’histoire, ce qui est plus que difficile vu la nature essentiellement sociale du vocabulaire. (cf. A. Rey, Le lexique: images et modèles. Du dictionnaire à la lexicologie, Armand Colin, Paris, 1977, p. 155-169).

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La lexicologie – comme la phonétique et la morphologie – s’intéresse aux types de phonèmes et à la manière dont ils s’en-chaînent pour former des mots. Ces éléments sont utilisés en lexi-cologie comme repères pour l’adaptation des mots étrangers et pour la création de nouveaux mots.

La lexicologie et la morpho-syntaxe s’intéressent aux règles de formation des unités lexicales, chaque discipline opérant avec des concepts spécifiques et orientant la description vers des aspects rela-tivement différents: vers la structure du mot en tant qu’ensemble d’unités minimales pourvues de sens lexical et / ou grammatical (la lexicologie ou la morphologie lexicale) et vers les variations de forme imposées par le fonctionnement du mot dans le syntagme au niveau de la phrase (la morpho-syntaxe).

La lexicologie et la lexicographie Le dictionnaire propose la description morphosémantique des

mots qu’il enregistre, selon des principes dont certains appartiennent à la linguistique (les règles morphosyntaxiques, reformulées dans un métalangage adapté à la lexicographie) et d’autres qui lui sont spéci-fiques, imposés par la méthodologie lexicographique (la définition, les indications et certains contextes qui en illustrent les emplois).

La lexicologie et la terminologie La terminologie est la discipline qui étudie les termes qui désignent

des réalités et des notions spécifiques de domaines spécialisés et / ou la discipline qui crée des termes nouveaux. Ces termes s’inscrivent dans l’inventaire lexical comme néologismes et deviennent objet d’étude de la lexicologie. Par le biais de ces termes la lexicologie réalise l’in-teraction de la langue avec la réalité qu’elle désigne.

1.2. Le lexique et le vocabulaire

La définition de la lexicologie est liée, d’une part, à la définition du lexique et du /des vocabulaire(s) et, d’autre part, à la définition du mot.

L’ensemble des mots d’une langue est désigné tantôt par le terme de lexique, tantôt par le terme de vocabulaire.

L’emploi de ces deux étiquettes pour désigner les unités lexi-cales s’explique, en principe, par la perspective dont on envisage ces unités, à savoir la perspective de la langue ou la perspective du discours.

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Le lexique a un caractère virtuel. Il est structuré en partie par des lois qui gouvernent le système de la langue, en partie par des lois spécifiques. Il est actualisé par le/les vocabulaire(s) dans le discours.

Le vocabulaire a un caractère actuel. Il est actualisé dans des situations de communications socialisées spécifiques de la vie quotidienne et/ou des divers domaines d’activité. Il est structuré en vertu des même lois qui gouvernent le lexique mais marquées par l’usage que les locu-teurs en font dans des situations de communication données.

Nous situant dans une perspective strictement didactique nous retiendrons les acceptions et les définitions ci-dessous.

Le terme de lexique est utilisé pour désigner les mots de la langue en tant qu’inventaire qui est enregistré par le dictionnaire.

Le lexique est constitué d’unités à référence virtuelle (des lexèmes) qui ne renvoient pas à des réalités concrètes (personnes, objets, caractéristiques ou relations identifiables).

Le terme de vocabulaire désigne des parties du même inven-taire mais envisagé(es) dans l’utilisation que les locuteurs en font dans la communication.

Quand on se rapporte à l’utilisation des mots de la langue par les locuteurs, on peut parler:

♦ du lexique d’un locuteur et du vocabulaire d’un locuteur: • le lexique d’un locuteur représente l’ensemble des lexèmes

qui constituent la compétence individuelle, lexèmes que le locuteur utilise ou qu’il pourrait utiliser dans la communication;

• le vocabulaire du même locuteur ne représente qu’une partie du lexique disponible, un sous-ensemble, un échantillon qu’il actualise en fonction des facteurs concrets de la situation de com-munication.

♦ du lexique et du vocabulaire d’un couple formé de deux interlocuteurs ou d’un groupe d’interlocuteurs.

• le lexique de deux ou d’un groupe d’interlocuteurs représente l’inventaire des lexèmes disponibles dans la compétence de chaque interlocuteur. Ces inventaires ne coïncident pas intégralement. On y distingue un lexique commun, appelé aussi lexique fondamental et des sous-ensembles spécifiques de chaque interlocuteur.

• le vocabulaire de deux ou d’un groupe d’interlocuteurs représente la partie du lexique actualisée dans une situation de

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communication précise. Dans le passage du lexique au vocabulaire, on distingue dans la compétence de chaque interlocuteur: un vocabulaire fondamental et des vocabulaires spécifiques; un vocabulaire actif et un vocabulaire passif 2.

♦ du lexique et du vocabulaire des domaines de spécialité.

1.3. Le mot Défini à l’origine par les typographes comme unité graphique

(suite de lettres délimitée par deux blancs), le terme a été repris par la linguistique qui l’a considéré dans les deux plans: celui de l’expres-sion («bloque graphique») et celui du contenu («unité sémio-culturelle indécise”3).

Dans la linguistique traditionnelle la notion de mot désigne un élément autonome de la phrase, défini comme la plus petite unité linguistique ayant un sens complet ou comme «l’unité résultant de l’association d’un sens donné à un ensemble de sons donnés, suscep-tible d’un emploi grammatical donné» [A. Meillet]4.

Le mot peut être envisagé sur plusieurs plans: • sur le plan graphique, comme élément qu’on peut séparer de

son contexte par des espaces (des blancs) – le mot graphique. Cepen-dant: a) un mot graphique peut correspondre à plusieurs mots gram-maticalement différents: les mots dîner, déjeuner représentent, sans aucune modification de forme, soit le verbe, soit le nom; le mot équipée représente soit le nom, soit le participe passé du verbe équiper accordé au féminin; b) le mot graphique peut correspondre à un seul élément d’une unité lexicale complexe (mot fonctionnel ou linguistique): arc-en-ciel, pomme de terre, haut-parleur.

• sur le plan sonore, le mot pourrait être défini comme suite de sons séparés par deux pauses. Mais les mots phonétiques ne cor-respondent pas toujours aux mots graphiques: a) à un mot phonétique correspondent plusieurs mots graphiques: [fΕt] correspond aux mots graphiques fête et faîte; b) plusieurs mots graphiques sont représentés par un seul mot phonétique lorsqu’ils sont unis par la lIaison ou par l’élision: les élèves [λεζελΕϖ] l’élève [λελΕϖ]; _______________

2 Voir aussi R. Galisson, D. Coste, Dictionnaire de didactique des langues, Hachette, 1976; J. Picoche, Op. cit., p. 46.

3 Voir A. Rey, Op. cit., p. 93. 4 Apud R. Galisson, D. Coste, Op. cit. p. 359.

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• sur le plan syntactico-sémantique le mot a été identifié dans l’élément de la phrase porteur d’une unité de sens aisément définis-sable. Or toutes les unités de sens ne correspondent pas à une unité fonctionnelle (à un mot linguistique). C’est le cas des mots composés et des locutions, dont le sens est donné par la connexion du sens de plusieurs mots linguistiques à valeur sémiotique donnée, respectivement: pomme de terre, arc-en-ciel, qu’en-dira-t-on.

En lexicologie, on applique l’étiquette de mot à la forme libre signifiante5 qui ne peut être décomposée en d’autres formes libres signifiantes plus petites et à la forme libre signifiante dont l’unité se manifeste par une cohésion interne6. La «lexicalité» du mot est donnée par les rapports qui s’établissent entre la forme (forme de l’expression et forme du contenu, en termes hjelmsleviens) et la substance du contenu (les éléments de la réalité extra-linguistique que la forme désigne, nomme ou conceptualise hors contexte7), les rapports entre le signifiant et le signifié, en termes saussuriens.

Le critère du statut d’unité libre indécomposable permet d’ac-corder le statut de mot – unité du lexique – aussi bien à des unités lexicales simples, telles: fleur, livre, soleil, rouge, qu’à des morphèmes grammaticaux libres tels: un, il, le, qui, pour, dans. Ces derniers ne sont pas inscrits, en règle générale, dans l’objet de la lexicologie.

Le critère de la cohésion interne permet d’accorder le statut de mot à des unités lexicales construites d’un lexème et d’un ou plusieurs morphèmes, telles: fleurir, livret, ensoleillé,-e, rougir, rougissant,-e, sérieusement, etc., qu’à des unités construites de plusieurs mots appelées mots composés, du type: chèvre-feuille, coupe-papier, arc-en-ciel.

Il résulte que la lexicologie étudie l’ensemble de mots ou unités lexicales à statut de formes libres signifiantes qui ne peuvent être décomposées en d’autres formes libres signifiantes et dont l’unité _______________

5 On oppose les morphèmes libres aux morphèmes liés qui sont les affixes lexicaux (suffixes et préfixes) et les marques grammaticales de la flexion (les morphèmes de genre, de nombre, de personne, etc.).

6 J. Rey-Debove, Lexique et dictionnaire in Le langage (sous la dir. de B. Pottier), La Bibliothèque du CEPL, 1973, p. 83.

7 Voir, A. Rey, Op. cit., p. 165.

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se manifeste par une cohésion interne. Elle étudie aussi les règles de combinaison des éléments constitutifs de ces unités lexicales. La spécificité de la lexicologie, en tant que discipline linguistique, est donnée par la description des rapports entre le signifiant et le signifié aussi bien en ce qu’ils ont de systématique, que dans leur indépendance relative par rapport au système abstrait de la langue.

La description des mots (du lexique) vise: l’étymologie ou l’origine, le contenu ou la signification, la structure (les éléments qui participent à la formation des mots) et la fréquence.

1.3.1. Au point de vue de l’étymologie, les mots sont étudiés dans les rapports qu’ils entretiennent avec d’autres mots plus anciens qui représentent leur origine. 8

Il est à distinguer deux acceptions pour le terme étymologie: a) l’origine d’une unité linguistique comme appartenant à une

langue mère dans laquelle le mot (connu ou reconstruit) s’est formé et à laquelle il a été emprunté, directement ou par l’intermédiaire d’une autre langue. En ce sens, certains mots français ont été identifiés comme provenant du latin et les mots latins comme provenant du grec ou d’une autre langue. Par exemple:

arabe (1564, du latin arabus, emprunté au grec araps). chiffre (1220 (cifre), «zéro», 1486 (chiffre) «écriture secrète»,

refait sur l’italien cifra, du latin médièval cifra, emprunté à l’arabe sifr, «zéro»).

(N.D.E.) b) l’origine d’une unité linguistique en tant que construction plus

ou moins récente mais rattachée à un terme déjà connu, appartenant à la même langue ou à d’autres langues:

cellulaire (1740, de cellule, du latin cellula). _______________

8 En principe, quand on connaît l’étymologie du mot on peut expliquer son évolution phonétique et sémantique. Il y a cependant des cas où l’étymologie ne suffit pas à expliquer le fonctionnement du mot dans la synchronie. Les mots décamètre et décimètre, par exemple, ont la même étymologie, le mot indo-européen qui a donné le mot grec δεκα et le mot latin decem. Le sens unique des deux étymons ne s’est conservé que partiellement dans les deux mots français (le nombre dix comme multiple) dont la signification est différente. (cf. M.-F., Mortureux , Op. cit., p. 25)

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coloration (1468, de colorer, dérivé ancien de couleur, refait sur le latin colorare).

(P.R.)

On parle aussi d’étymologie populaire ou d’étymologie croisée. C’est le cas des mots dont la forme a été modifiée par le locuteur, par analogie formelle avec des mots qu’il connaissait. Autrement dit le sujet parlant rattache (consciemment ou inconsciemment) la forme d’un mot, qu’il ne connaît pas, à une autre forme qu’il connaît mais qui n’a aucun rapport de parenté avec l’autre mot. Rapprochés formel-lement, les mots arrivent finalement à être rapprochés aussi au point de vue du sens. Par exemple: le mot français choucroute est senti comme formé de chou et de croûte. En réalité il vient d’un mot allemand dia-lectal sûrkrût (Sauerkraut) «aigre chou».

L’étymon est le nom qu’on donne à la forme identifiée ou sup-posée comme origine d’un mot donné. Il peut s’agir:

• de la forme ancienne dont provient la forme récente, forme attestée ou reconstituée d’après les lois du changement phonétique:

– le latin appositio est l’étymon de apposition. – le germanique hanka est l’étymon de hanche. – l’italien compartimento est l’étymon de compartiment. – le latin populaire * cosere, issu du latin classique consúere

de súere est l’étymon de coudre. • du radical (la base) à partir duquel (de laquelle) a été créé le

mot récent (avec un ou plusieurs affixes): – militaire est l’étymon de militairement (1565) – intensifier est l’étymon de intensification (1923) – inter- et action représentent l’étymon de interaction (1876) (P.R.)

D’autres mots sont des onomatopées: ils reproduisent des bruits de la nature. Il s’agit soit de mots créés en français, soit de mots hérités:

clac (onomatopée enregistrée tardivement, exprimant le bruit d’une gifle, d’un applaudissement, d’un objet gonflé qui se crève, etc.). clapper (XVIe s., d’une onomatopée clapp, figurant le clappement de la langue et les bruits similaires). croc (début XVIIe s., interjection, onomatopée, variante de crac, cric).

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dondon (1579, var. domdom, onomatopée exprimant un balancement). glouglou (début XVIIe s., onomatopée). grommeler (XIIe s., formation expressive d’origine germanique (allem. Grummeln)).

(N.D.E.)

1.3.2. Au point de vue du contenu, on distingue: • des unités linguistiques qui désignent des objets, des personnes,

des phénomènes ou des états de la réalité extra-linguistique, des carac-téristiques ou des relations qui se rapportent à ces réalités. Ces mots remplissent une fonction dénotative ou référentielle et sont appelés des mots à contenu dénotatif ou mots pleins (étiquette qui les oppose aux mots grammaticaux). Les mots: homme, enfant, élève, secrétaire, ministre, chien, oiseau, maison, table, chemin, idée, courage, arriver, marcher, partir, travailler, parler, pleuvoir, sauter, bas, haut, petit, grand, blanc, noir, vite, bien sont des mots à contenu dénotatif, des mots pleins.

La relation qui s’établit (indirectement) entre le signifiant d’un mot et l’objet concret ou abstrait, réel ou imaginaire dont le locuteur parle s’appelle référence.

La relation qui s’établit entre la signification des mots pleins (à fonction dénotative) et leur capacité à désigner des éléments de la réalité s’appelle valeur dénominative ou référentielle.

Considéré dans ses rapports avec le / les référent(s) qu’il permet de désigner, le mot, en tant que signe linguistique, est arbitraire. Il n’y a aucune relation logique entre le signe et la réalité qu’il désigne, l’association des deux éléments s’expliquant exclusivement par la convention sociale.

La nature du contenu référentiel des mots, associée au compor-tement du mot dans les unités linguistiques de rang supérieur (le syntagme et la phrase) et aux modifications formelles qui en découlent se constituent en critères qui permettent de classer les mots en parties du discours (classes de mots ou espèces de mots).

Chaque classe de mots actualise le contenu référentiel des unités qui la constituent par des moyens linguistiques et discursifs spécifiques. Pour les substantifs, ce sont les prédéterminants (articles, démons-tratifs, possessifs) et les différentes classes de déterminants (adjectifs,

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compléments du nom et propositions relatives) qui servent à actualiser dans le discours le contenu référentiel. Pour l’adjectif et l’adverbe c’est le substantif et respectivement le verbe qui servent de support pour la qualité ou la caractéristique à laquelle les deux classes de mots réfèrent.

• des unités linguistiques, à statut de mots pleins, qui ne réfèrent pas à la réalité extra-linguistique, mais aux concepts avec lesquels opère la description linguistique et aux mécanismes qui gouvernent leur fonctionnement. Ces mots servent à donner une image de la langue et remplissent une fonction métalinguistique. Ils sont appelés des mots métalinguistiques. Les mots: substantif, verbe, adjectif, adverbe, préposition, accord, concordance, simultanéité, morpho-logie, syntaxe sont des mots métalinguistiques.

• des unités linguistiques qui n’ont pas de contenu repérable dans la réalité mais qui servent à préciser les différentes relations qui s’établissent entres les mots au niveau de la phrase ou au niveau du discours. Ces mots, appelés mots outils, ont un sens grammatical. Les mots: à, de, pour, sur, sous, ne, le, les, des, car, mais, donc, parce que, je, tu, jamais sont des mots outils, dont le contenu / le sens est donné par le code syntactique ou par la situation de communication, des mots à contenu grammatical et sont étudiés principalement par la morphosyntaxe, la syntaxe ou la pragmatique Ils s’opposent aux mots pleins (mots à valeur dénotative ou connotative) qu’ils relient dans la phrase et / ou qu’ils inscrivent dans le discours.

Les mots pleins constituent l’objet d’étude de la lexicologie, tandis que l’étude des mots outils relève principalement de la morpho-syntaxe.

1.3.3. Au point de vue de la structure, la description vise les éléments minimaux pourvus de sens (lexical et grammatical – les morphèmes) du point de vue des règles qui dominent leur combinaison dans la formation des mots.

L’analyse repose sur la segmentation et la commutation, opérations obligatoires pour la mise en évidence des unités significatives mini-males. Le mot fleurir peut être segmenté en fleur et -ir. Les deux morphèmes commutent de la manière suivante: la base fleur commute avec gros, jaun-, roug- (fleurir, grossir, jaunir, rougir) et le suffixe -ir commute avec -i, -issant, -age, -ette (fleurir, fleuri, fleurissant,

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fleurage, fleurette). Le mot fleur ne peut pas être segmenté car les éléments fl- et -eur, qu’on pourrait considérer comme constitutifs, n’ont pas le caractère de morphèmes, ce qui bloque la commutation.

Considérées, au point de vue de la structure, les unités lexicales se laissent regrouper en plusieurs classes:

• des mots formés d’un seul élément, des mots graphiquement et morphologiquement simples:

– livre, crayon, arbre, fleur, homme, femme, ministre – sont des mots simples, formés d’un seul élément, appelé morphème lexical ou lexème, quant au statut lexical, et morphème libre ou forme libre signifiante, quant au comportement dans la chaîne (c’est une forme qui ne peut pas être décomposée en d’autres formes libres signifiantes (pourvues de sens) plus petites);

– à, de, pour, avec, sur – sont des mots simples, formés d’un seul morphème à valeur grammaticale – des morphèmes libres ou des formes libres signifiantes à valeur grammaticale, appelés aussi mots outils (qui servent à particulariser les relations grammaticales de nature syntaxique que les mots à valeur lexicale contractent au niveau de la phrase): offrir un bouquet de fleurs; se promener avec ses amis;

• des mots construits ou dérivés, formés de plusieurs éléments, des mots graphiquement simples mais morphologiquement com-plexes:

– former, formation, antigouvernemental – sont des mots construits de plusieurs morphèmes: un morphème à valeur lexicale (mot base ou lexème) et un morphème à valeur lexicale (affixe) et un ou plusieurs morphèmes à valeur grammaticale (désinence). Ces mots peuvent être appelés aussi des unités linguistiques minimales cons-truites, pourvues de sens lexical et grammatical.

Les fonctions distinctives et combinatoires de ces mots sont conditionnées par leurs éléments constitutifs et tout spécialement par les affixes qui prêtent au lexème base le statut de partie du discours:

former des cadres la formation de cadres des formations tertiaires des manifestations antigouvernementales L’affixe -er prête à la base lexicale le statut de verbe, ce qui

explique la présence d’un nominal objet direct (former des cadres).

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L’affixe -ation prête à la même base lexicale le statut de nom qui se laisse déterminer par un groupe prépositionnel ou par un adjectif (la formation de cadre, des formations tertiaires).

Les affixes anti-, -ement et -al(e) prêtent à la base lexicale gouvern- le statut d’adjectif ce qui lui permet d’entrer en relation de détermination avec le nom manifestation (manifestations gouverne-mentales).

• des mots composés, des mots graphiquement et morpholo-giquement complexes:

– bonhomme, gentilhomme, gentilshommes, grand-mère, grand-mères, grand-père, arc-en-ciel, haut-parleur – sont des

mots composés, formés de plusieurs lexèmes et de un ou plusieurs morphèmes grammaticaux:

gentil (lexème1) + homme (lexème2) → gentilhomme (mot composé)

gentil (lexème) + s (morphème grammatical – désinence de pluriel) + homme (lexème) + s (morphème grammatical – désinence de pluriel) → gentilshommes

(mot composé) Au point de vue de la morphologie lexicale, les deux éléments

qui entrent dans la structure des mots construits assument des fonc-tions distinctes:

– le lexème désigne des notions relatives à la réalité extralin-guistique;

– les morphèmes lexicaux (ou affixes) indiquent des catégories générales de pensée (procès, nom du procès, résultat du procès, qualité, caractéristique, opposition, etc.). Les morphèmes grammaticaux (ou désinences) qui s’ajoutent aux affixes marquent les catégories gram-maticales qui affectent les différentes parties de discours dans des contextes syntagmatiques donnés. Les morphèmes lexicaux (les affixes) sont de type dérivatif – des préfixes et des suffixes –, les morphèmes grammaticaux (les morphèmes désinences) sont de type flexionnel.

Considérés du point de vue de la dynamique à l’intérieur de la langue, les lexèmes et les morphèmes présentent des caractéristiques différentes:

– les lexèmes se constituent en classes relativement ouvertes: la langue crée ou emprunte constamment des mots nouveaux pour désigner des réalités nouvelles;

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– les morphèmes (affixes ou désinences) se constituent en classe fermée et limitée: on ne crée pas de nouveaux morphèmes grammaticaux. La grammaire d’une langue est stable et l’évolution de la langue entraîne, le plus souvent, des simplifications dans les règles de fonctionnement de la langue.

Tous ces mots, qu’ils soient formés d’un seul élément ou de plusieurs éléments, représentent au point de vue du contenu, une unité de sens. Les éléments qui entrent dans la structure du mot présentent un haut degré de cohésion interne.

1.3.4. La fréquence est le critère qui indique le nombre d’occur-rences (d’apparitions) d’un mot dans un discours déterminé (texte écrit, texte enregistré). On parle de fréquence absolue lorsqu’on se rapporte au nombre d’occurrences d’un mot dans un corpus donné (texte ou groupe de textes). On parle de fréquence relative lorsque la fréquence absolue d’un mot ou d’une unité linguistique est rapportée à l’ensemble des mots du corpus (cf. Le Français Fondamental 9). _______________

9 Le concept de Français Fondamental désigne l’inventaire qui réunit les vocables isolés, en fonction de critères quantitatifs (la fréquence, la dis-persion, l’usage) et de critères fonctionnels (la disponibilité et la valence). Voir G. Gougenheim, R. Michéa, A. Sauvageot, L’élaboration du français fondamental, Didier, Paris, 1964.

Cet inventaire se retrouve dans des dictionnaires structurés selon les mêmes critères de base, auxquels s’ajoutent des critères spécifiques en fonction de l’objectif et du public visés:

• Le Dictionnaire fondamental élaboré par G. Gougenheim (Didier, Paris, 1958) retient comme principe directeur le niveau de langue et regroupe les mots appartenant au français courant parlé et écrit;

• Le Dictionnaire du Vocabulaire Essentiel élaboré par G. Matoré (Larousse, Paris, 1963) fait la sélection des mots sur le Petit Larousse et a pour objectif d’illustrer par des exemples (empruntés aux registres familier et relativement soigné de la langue parlée et écrite) le rôle du contexte dans l’actualisation du sens;

• Le Dictionnaire du Français Langue Etrangère – niveau 1, – niveau 2 élaboré par J. Dubois et al. (Larousse, Paris, 1978, 1980) est guidé par un objectif didactique: regrouper les termes nécessaires à l’acquisition du lexique et de la syntaxe de base du français, tels qu’ils apparaissent dans les textes parlés et écrits. Pour la présentation détaillée voir T. Cristea, Linguistique et Techniques d’Enseignement, Bucureşti, 1984, p. 44-50.

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Considérée, du point de vue lexicologique, au niveau de l’usage que les membres d’une communauté linguistique font d’une unité linguistique (mot), la fréquence se traduit en termes d’actualité et de non actualité.

Les étiquettes qu’on utilise pour indiquer les caractéristiques d’un mot ou d’un des sens d’un mot sont:

• courant (cour.) lorsque le mot est d’un usage général; dans le cas des mots d’apparence savante ou des mots spécialisés, cette étiquette indique le fait que le sens ou l’emploi mentionnés sont connus de tous les locuteurs:

Chose n.f. (XIIe; du lat. causa)[…]♦ Cour. Objet concret indéterminé. Offrir quelques petites choses10.

(Petit Robert)

• rare, vieux, littéraire, spécialisé lorsque le mot est d’un emploi limité.

Dans ce cas, il s’agit soit de mots relativement anciens qui ont été doublés par d’autres mots, de formation plus récente, qui sont préférés par les locuteurs, soit de mots qui sont employés seulement dans certains types de discours (didactique ou spécialisé). Dans le cas des mots qui ont développé plusieurs sens, il arrive que l’emploi qui actualise un certain sens soit devenu plus rare puisque le sens en question est soit vieilli, soit limité à des domaines plus ou moins spécialisés. Parfois le mot sorti d’usage dans tous ses emplois ou dans certains de ses emplois est maintenu dans certaines expressions.

Obsession n.f. (1590; «siège» XVe; lat. obsessio). ♦ 1. ♦ Vx.. Etat de celui qu’un démon obsède. On distinguait obsession et possession. ♦ (1960) Action d’importuner, d’obséder; son résultat. Il insistait, se lardait d’une obsession de litanies (COURTELINE). ♦ 2. (1857). Cour. Idée, image, mot qui s’impose à l’esprit de façon répétée et incoercible. Les obsessions de la mélancolie et de l’idée fixe. (Baudel.).

_______________ 10 Pour tous les exemples cf. Le Petit Robert – Dictionnaire alpha-

bétique et analogique de la langue française, Société du Nouveau Littré / Le Robert, Paris, 1968.

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Abaisser v.tr. (XIIe; de a-1 et baisser) ♦1. Faire descendre à un niveau plus bas. Abaisser une vitre. […]♦2. Rare. Diminuer la hauteur. Abaisser la pâte au rouleau à pâtisserie.

(Petit Robert) • vx. (vieux) – désigne un mot, un sens ou un emploi de l’ancienne

langue, incompréhensible ou peu compréhensible de nos jours et jamais employé, sauf par effet de style: archaïsme.

• vieilli – désigne un mot, un sens ou une expression encore compréhensible de nos jours, mais qui ne s’emploie plus de manière naturelle dans la langue parlée courante.

Lucrativement adv.(1829; de lucratif). Vx. D’une manière lucrative; en étant payé.

Choir (1080; du lat. cadere) ♦ 1. Vx ou littér. Être entraîné de haut en bas. V. Tomber; écrouler (s’). ♦ Fam. Laisser choir. V. Abandonner, plaquer. Après de belles promesses il nous a laissé choir.

Platitude n.f. (1694; de plat) ♦ 2. Vieilli. Caractère de celui qui est sans élévation morale, qui s’abaisse avec servilité; Acte qui témoigne la servilité. […] ♦ 4. (XXe). Rare. Etat de ce qui est plat, plan. La platitude du sol.

(Petit Robert) • littér.(littéraire) – désigne un mot qui n’est pas d’usage

familier, qui s’emploie surtout dans la langue écrite, élégante. Fleurissant, ante adj. (1539; de fleurir) Litter. Qui se couvre, est couvert de fleurs. La forêt est toute proche, chantante et fleurissante. (Mauriac). Flamme n.f. (flamma, Xe; lat. flamma). ♦ 1. Mélange gazeux en combustion, lumineux quand il contient des particules solides en suspension. […] ♦ 2. Eclat, brillant […] ♦ 3. Fig. Ardeur, feu. Orateur plein de flamme, qui parle avec flamme. La flamme de l’enthousiasme, de l’idéal, de la jeunesse. ◊ Littér. Passion amoureuse, désir amoureux. Déclarer sa flamme, faire l’aveu de sa flamme. V. Feu. Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs (Racine).

(Petit Robert)

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• spécialt. (spécialement) – indique que le mot est employé dans un sens plus étroit, moins étendu; cet emploi s’oppose à par ext. (par extension).

• spécialis. (spécialisation) – désigne la spécialisation de sens et d’emploi par domaines d’activité. (sc.; bot.; dr.; math.;…).

Etincelle n.f. (Estencele, XIIe, lat. pop. stincilla, class. Scintilla) ♦ 1. Parcelle incandescente qui se détache d’un corps en ignition ou qui jaillit au contact sous le choc de deux corps. Petite étin-celle. Jeter des étincelles, [..] Spécialt. Etincelle électrique, pro-voquée par le rapprochement de corps chargés d’électricité con-traire.

(Petit Robert)

2. LA STRUCTURE DU LEXIQUE AU POINT DE VUE DE L’ORIGINE

On distingue, dans le fonds lexical du français, des mots qui représentent le fond primitif, les emprunts et les formations françaises.

2.1. Le fonds primitif

On appelle fonds primitif les mots qui constituent l’inventaire de base du français et qui marquent la naissance du français. Ces mots sont pour la plupart d’origine latine.

Les mots d’origine étrangère (autres que le latin) entrés dans le fonds primitif du lexique français sont en nombre réduit. Ils figurent dans l’inventaire essentiel parce que leur emploi est marqué par le plus haut degré de fréquence. Ce sont:

– des mots qui désignent les réalités fondamentales de la vie, des mots comme: naître, vivre, mourir, aimer, aller, coucher, manger, dormir, boire, être, faucher, écrire, amitié, arbre, bouteille, branche, maison, excès, beau, beauté, dur, égal, grand, gros, etc.;

– tous les pronoms: je, me, moi, tu, te, toi, il / elle, le / la, les, lui, lui / elle, eux / elles, on, nous, vous, qui, que, dont, etc.;

– presque tous les mots-outils (prépositions et conjonctions); à, de, sur, pour, par, en, dans, que, car, mais, quand, etc.

La plupart de ces mots ont à l’origine le latin vulgaire qui a été introduit en Gaule (le nom du territoire occupé actuellement par la

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France) après la conquête romaine (en 58-51 av. J.C.). Ces mots ont été imposés par les relations directes des commerçants, des fonction-naires et des soldats romains avec les habitants autochtones.

Dans le fonds primitif, il y a aussi: – des mots d’origine gauloise (des survivances du gaulois) que

la population autochtone a gardés et que les occupants romains ont utilisés en les intégrant au fonds latin. C’est le cas des mots appartenant au vocabulaire rural, à la vie quotidienne: alouette, balai, bec, bassin, bouc, briser, changer, char, charrue, pot ou des mots qui désignent des noms de lieux: Auxerre, Lyon, Rennes.

– des mots d’origine francique, introduits par les Mérovingiens lors de la conquête de la Gaule (entre 418 – 508). Ce sont des mots qui désignent des titres, des objets ou des activités spécifiques des occupants franciques: baron, blé, banc, blesser, canif, danser, gant, haie, haïr, laid, guerre, robe.

2.2. Les emprunts

2.2.1. Les emprunts représentent des mots que le français a pris au cours de son histoire à d’autres langues.

On distingue plusieurs types d’emprunts, suivant qu’on prend comme critère la voie par laquelle s’effectue l’emprunt (emprunt savant et emprunt populaire) ou le type du contact (emprunt direct ou emprunt indirect):

• Les emprunts savants représentent les mots pris par voie écrite (surtout par la traduction). La plupart des emprunts savants du français ont été faits au latin et au grec.

• Les emprunts populaires représentent les mots empruntés, par voie orale, dans les différentes situations de contacts directs entre les deux populations.

2.2.2. Langues auxquelles le français a fait des emprunts

• Des emprunts directs • • Le latin

Les emprunts que le français a faits au latin classique sont des mots qui désignent des réalités théoriques et savantes.

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Ces emprunts ont été faits au début de la formation du français et ont été favorisés par la ressemblance entre le français et le latin et par les traductions du latin.

En ancien français ou en moyen français, les emprunts faits par voie écrite s’expliquent:

– par le besoin qu’on ressentait de combler les lacunes du français, surtout dans le domaine des termes abstraits;

– par le souci de donner au français les mêmes qualités qu’on attribuait au latin, autrement dit par le mouvement de «relatinisation» qui a commencé au Moyen Age et a continué jusqu’au XVIème siècle11:

abdiquer admiration abject accepter élection absurde condamner facilité civil éliminer justice détestable opprimer médiocrité distinct persuader vérité docte

Ces mots conservent le sens et la forme phonétique du mot latin qui n’est modifié, le plus souvent, qu’au niveau de la terminaison, parfois seulement par l’accent. Ces ressemblances sont évidentes dans le cas des emprunts qui sont doublés par des mots hérités par voie populaire (phénomène qui apparaît à partir du XIVe siècle):

latin français populaire

français savant

advocatum avoué avocat captivum chetif captif fabricam orgé fabriqué hospitalem hôtel hôpital auscultare écouter ausculter implicare employer impliquer

Le même phénomène explique l’existence de suffixes et de préfixes doubles, intégrés dans le système du français:

-el (suffixe populaire) / -al (suffixe savant): structurel / structural

_______________ 11 M.Grevisse, Le bon usage, 1988, Duculot, Gembloux, p.207; H.-D.

Béchade, Phonétique et morphologie du français, PUF, Paris, 1994, p. 159.

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-aison (suffixe populaire) / -ation (suffixe savant): inclinaison / inclination

• • Le grec Les emprunts faits directement au grec sont datés à partir du

XVIe siècle. Il s’agit, en général, de mots-base, dont la plupart ap-partiennent au vocabulaire scientifique: amnésie, anagramme, ankylose, archéologie, athée, botanique, enthousiasme, dynamique, graphique, hippique, météorologie, pathologie, sclérose, thérapeute.

• • L’italien Les mots empruntés à l’italien sont attestés à partir des XIVe-XVe

siècles jusqu’à l’époque moderne. Ce sont des mots qui désignent des réalités de tous les domaines de la vie moderne:

– la vie de tous les jours: appartement, parasol, caleçon, carna-val, moustache;

– le commerce: trafic – les finances: banque, million; – l’armée: alarme, alerte, arsenal, canon, cartouche, embuscade,

fantassin, soldat;

• • L’espagnol Les mots empruntés à l’espagnol sont relativement nombreux et

appartiennent à des domaines divers: – le domaine militaire: adjudant, bandoulière, camarade, casque,

escouade, guérilla; – le domaine musical: castagnettes, guitare, romance, sarabande,

sérénade; – la vie courante et les produits exotiques: abricot, anchois,

caramel, cigare, chocolat, embarrasser, disparate, fanfaron, sièste, tabac, tomate.

• • L’anglais Les mots d’origine anglaise ont été empruntés à plusieurs mo-

ments de l’évolution du français et ils illustrent la nature des relations entre les deux populations.

À l’époque très ancienne et au XVII-e ont été empruntés des mots désignant des réalités de l’activité maritime ou autres: bateau, mouette et respectivement: paquebot, tonnage, importer, flanelle.

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A partir du XVIIIe siècle, les emprunts sont devenus de plus en plus riches et couvrent la plupart des domaines:

– le domaine maritime: brick, cabine, dock, paquebot; – le domaine politique: comité, congrès, leader, meeting, session,

vote; – le domaine sportif: boxe, golf, jockey, match, record, sport, surf; – le domaine industriel: express, rail, tender, tramway, tunnel,

wagon.

• • L’allemand Vu le voisinage géographique et les nombreux contacts écono-

miques et militaires entre les deux populations, les emprunts faits à l’allemand sont marqués par une certaine continuité et illustrent le domaine militaire et la vie courante:

– au XIIe siècle: rosse; – au XIIIe siècle: guide; – au XIVème-XVe siècles: blafard, bourgmestre, butin, cible,

haillon, hallebarde; – du XVIe siècle jusqu’au XIXe siècle les emprunts sont plus

importants: – le domaine militaire: bivouac, blinder, halte, obus, sabre,

vaguemestre;

• Des emprunts indirects Dans les différentes étapes de constitution du lexique français,

beaucoup de mots empruntés au latin, à l’italien ou à l’espagnol avaient déjà, dans ces langues, le statut d’emprunts. Ils avaient été pris au grec, à l’arabe et à l’hébreu. Ces mots ont le statut d’emprunts indirects.

• • Le grec Les mots d’origine grecque, attestés en français avant le XVIe

siècle, sont entrés par la voie des traductions du latin et par le contact direct avec les colons romains dans la pratique sociale. La plupart de ces termes appartiennent à des domaines spécialisés:

– le domaine religieux: ange, apôtre, baptiser, blasphémer, diable, église, prophète;

– le domaine scientifique: arithmétique, arthrite, géographie, géométrie, hypnotique, logistique, symptôme;

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– le domaine littéraire: bibliothèque, dialecte, dialogue, épithète, grammaire, période, poème, synonyme.

• • L’arabe Les mots d’origine arabe ont été empruntés par l’intermédiaire

de l’espagnol, de l’italien, du provençal ou même par l’intermédiaire du latin (au moyen âge). Ces mots désignent des éléments de civili-sation, se répartissant entre différents domaines:

– les sciences: alchimie, algèbre, camphre, chiffre, zénith, zéro; – le commerce : ambre, café, coton, douane, sucre; – la vie quotidienne: carafe, gaze, satin, tasse.

• • L’hébreu Les mots d’origine hébraïque ont été empruntés, indirectement

par l’intermédiaire du grec et du latin, à l’occasion de la traduction de la Bible. Ce sont des mots qui se rapportent au domaine religieux: abbé, alléluia, pâque(s), chérubin, jubilé, samedi12.

2.3. Les formations françaises

Les mots qui ont été formés sur le territoire français sont des innovations qui appartiennent aux locuteurs français et ont à la base des mots qui préexistaient et qui appartiennent soit au fond primitif soit aux emprunts faits aux différentes langues .

Ces formations sont obtenues par plusieurs procédés : • par l’addition d’un élément non autonome (un affixe: suffixe

ou préfixe) à un mot ou à une base préexistants – procédé appelé dérivation;

• par le changement du statut morphosyntaxique de l’unité lexi-cale – procédé appelé conversion;

• par la combinaison de mots préexistants – procédé appelé composition;

• par la suppression de certaines parties des éléments qui cons-tituent les unités lexicales – procédé appelé abréviation.

_______________

12 M. Grevisse, Op. cit., p. 203-213.

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II. LA FORMATION DES MOTS

1. LA DÉRIVATION 1.1. Définition

La dérivation est le procédé qui permet de former des mots nouveaux par l’addition, par la suppression (dérivation regressive13) ou par le remplacement d’un élément – morphème lexical non-auto-nome – dans la structure d’un mot:

nation ⇒ national ⇒ nationaliser ⇒ nationalisation ⇒ dénationaliser ⇒ dénationalisation

avouer ⇒ aveu accueillir ⇒ accueil conserver ⇒ conserve

Les mots qui comportent dans leur structure au moins un élé-ment qui n’a pas d’existence autonome (un préfixe ou un suffixe) et qui peut commuter avec d’autres éléments non autonomes sont appelés des mots affixées ou des mots dérivés14.

Dans le mécanisme de dérivation il est à distinguer: – l’unité lexicale de départ susceptible de fonctionner comme

base (un mot plein simple, indécomposable) ou la base isolée dans une unité lexicale15; _______________

13 La dérivation régressive, appelée par certains linguistes, dérivation impropre, permet de dériver des noms en supprimant le morphème désinence de la forme verbale d’infinitif: oublier → oubli, regretter → regret, soupirer → soupir. Les noms ainsi obtenus sont appelés des déverbaux ou des post-verbaux.

14 R. Galisson et D. Coste, Dictionnaire de didactique des langues, Hachette, Paris, 1986, p. 145.

15 L’identification des éléments – unités significatives minimales à valeur lexicale susceptibles d’entrer dans la structure d’un mot construit – repose sur la substitution paradigmatique. La segmentation du mot portière se fait par les substitutions suivantes:

– portière / frontière donne port et front – portière / portillon donne -ière et -illon

ce qui permet d’identifier les lexèmes-base port- et front et les suffixes -ière et -illon.

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– la classe de départ à laquelle appartient l’unité de départ; – le ou les affixes (suffixes et préfixes) susceptibles de se com-

biner avec la base; – la classe grammaticale dans laquelle s’inscrit le mot qui résulte

de la dérivation; – la valeur sémantique du suffixe ou du préfixe; – le sens du mot dérivé. Les bases et les affixes sont des morphèmes lexicaux qui se

combinent pour former d’autres mots. Les bases servent de noyau et donnent la valeur dénominative aux mots formés sur elles.

Les affixes ajoutent des valeurs sémantiques qui modifient la valeur de la base, les suffixes en modifiant, en règle générale, le statut grammatical.

La dérivation est, par conséquent, l’opération par laquelle on crée une nouvelle unité lexicale. C’est une transformation qui entraîne la modification de la structure de l’unité lexicale (du mot) et, en règle générale, le changement de la classe grammaticale dans laquelle s’inscrit le morphème lexical de base:

Nom Adj. Vb. nation + suff. -al ⇒ national + suff. -iser ⇒ nationaliser

1.2. Opérateurs de dérivation

1.2.1. La base La base (base lexicale ou radical) est un mot préexistant, en

règle générale, un mot français. Le mot-base peut être un mot simple autonome (a) ou la base

d’un mot plein (b): (a) fruit → fruitier froid → froideur plan → planifier solide → solidement (b) dans la plupart des cas, les dérivés sont formés sur le radical

ou sur un des radicaux (et non sur le mot), s’il s’agit d’un mot à radical variable:

jaune → jaunir sec – sèche → sécheresse plonger → plongeur veuf – veuve → veuvage boire – (nous) buvons→ buveur

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Parfois, deux radicaux du même mot se constituent en base de dérivation, les deux dérivés spécialisant leur sens:

blanchir→ blanchiment (l’action de blanchir, de décolorer pour rendre blanc);

(blanchir) – nous blanchissons → blanchissement (le fait de blanchir, de devenir blanc).

Dans certains cas, la base de dérivation ne correspond pas au radical (parfois même à aucun radical) du mot simple actuel, qui a évolué phonétiquement, mais au radical du mot ancien:

boeuf → bouvier (boverz, fin XI-e) fête → festoyer (festeer, XII-e) poil → pelage (peil, pail, 1080) Il arrive aussi que la base de dérivation prenne la forme de

l’étymon latin: nu → nudisme (v. 1925; d’apr. lat. nudus) sel → saler (v. 1165; lat. sal) titre → titulaire (1505; lat. titulus) Certaines bases n’ont qu’une existence virtuelle au niveau du

lexique. Repérables dans les modèles de dérivation, elles ne sont pas observables dans les vocabulaires. C’est le cas des adjectifs résistible, battable, contournable, déniable, usable, qui ne sont pas utilisés, dans le discours et, par conséquent, ne sont pas enregistrés par le diction-naire. Ils servent cependant de base pour la dérivation des adjectifs de sens négatif préfixés irrésistible, imbattable, incontournable, indéniable, inusable.

À comparer les relations qui s’établissent entre les séries suivantes: partager → partageable → impartageable pardonner → pardonnable → impardonnable battre → * battable → imbattable contourner → * contournable → incontournable

Il en est de même des noms comme encablure, encolure formés, selon le modèle des noms embouchure, envergure, par une double opération de dérivation: la préfixation d’une base verbale à existence

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virtuelle * encabler, * encoler et la suffixation de cette base verbale encablure, encolure16.

Le mot base peut être un mot composé, une locution ou un syntagme. Plusieurs cas peuvent se présenter:

a) le mot composé forme une seule unité formelle (il est agglutiné) et il se comporte dans la dérivation comme un mot simple: le suffixe s’ajoute à droite du mot:

gendarme → gendarmerie bonhomme → bonhommie

b) les éléments du mot composé sont rattachés par un trait d’union. La dérivation se fait sur un seul des termes constitutifs (l’autre terme est maintenu ou supprimé). Le plus souvent c’est le dernier terme qui se combine avec le suffixe conformément aux règles générales:

court-circuit → court-circuité tire-bouchon → tire-bouchonner auto-stop → auto-stoppeur moyen âge → moyenâgeux

c) l’ordre des deux termes qui constituent le syntagme est inversé: Afrique du Nord → Nord-Africain Amérique latine → Latino-Américain Europe de l’Est → ( les pays) est-européens

1.2.2. Le suffixe

Le suffixe est un morphème lexical qui n’a pas d’existence autonome et qui s’ajoute à la fin du mot pour former un mot nouveau. L’adjonction d’un suffixe détermine, le plus souvent, le changement du statut grammatical (de partie de discours) de la base. La dérivation est appelée dérivation paradigmatique.

Vb. → Nom Vb. → Adj. éclater→ éclatement porter→ portable éclairer → éclairage éclairer → éclairant

_______________ 16 Cf. Alise Lehmann, Françoise Martin-Berthet, Introduction à la

lexicologie. Sémantique et morphologie, Nathan, 1998.

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Nom → Vb. Nom → Adj. numéro → numéroter nation → national marchand → marchander sport → sportif Adj. → Adv. Adj. → Nom sensible → sensiblement bête → bêtise fort → fortement grand→ grandeur

Il se peut aussi que le suffixe maintienne le mot nouvellement créé dans la même classe grammaticale, la dérivation étant de type syntagmatique.

Vb. → Vb. Nom → Nom Adj. → Adj. criller → criailler livre → livret noir → noiraud17

tâter → tâtonner patron → patronage noir → noirâtre18

Il existe des suffixes qui sont en relation de synonymie: ils ont la même valeur (quant au statut qu’ils appliquent au mot dérivé et / ou quant à la valeur lexicale). Les suffixes -age, -ation et -ment (sonder → sondage, réparer → réparation, laver → lavage, laver → lavement) dérivent tous les trois des noms qui évoquent soit le nom d’ action, soit le résultat de l’action. Ils sont en concurrence et leur distribution est marquée par certaines contraintes sémantiques. Ils ne sont substi-tuables auprès d’une même base que de manière exceptionnelle. La synonymie des suffixes est étiquetée aussi comme ambiguïté sémantique.

Il existe des suffixes en relation d’homonymie. Des suffixes de même forme dérivent des mots de sens différent. C’est, par exemple, le cas des suffixes -eur1 qui dérive des noms d’agent à partir d’une base verbale (patiner→ patineur; courir → coureur, danser → danseur) et -eur2 qui dérive des noms de qualité à partir d’une base adjectivale (grand → grandeur; large → largeur; haut → hauteur).

D’autres suffixes sont interprétés comme polysémiques. C’est le cas du suffixe -isme qui dérive des noms masculins à partir de bases nominales ou adjectivales, distinguant plusieurs acceptions différentes: «le fait d’être» ou «la chose qui est» (géant → gigantisme, snobe → snobisme), «l’état résultatif» (néologisme, barbarisme, idiotisme), «un ensemble de choses» désigné par la base nominale (mécanisme, _______________

17 Qui est noir de teint. 18 Qui tire sur le noir.

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organisme), «un ensemble de phénomènes ou de traits» relatifs à la notion (alcoolisme, analphabétisme, catholicisme, romantisme19).

La description et la classification des suffixes doivent tenir compte des mécanismes qui dictent leur fonctionnement, c’est-à-dire de la nature des mots qu’ils dérivent et de la nature de la base avec laquelle ils se combinent, y compris les contraintes qui marquent leur combinaison.

La description des suffixes doit porter : • sur le statut grammatical qu’ils prêtent au dérivé – statut consi-

déré comme marque de telle ou telle classe de mots / partie du discours; • sur les changements sémantiques qui accompagnent aussi bien

la dérivation paradigmatique (éclairer → éclairage; porter → portable) que la dérivation syntagmatique (patron → patronage → patronat);

• sur leur productivité, c’est-à-dire sur l’aptitude des suffixes à se combiner avec les différentes bases lexicales.

1.2.3. Le préfixe Le préfixe est un morphème lexical non autonome qui s’ajoute

devant un mot pour former un mot nouveau. Les préfixes n’entraînent pas le changement du statut de partie du discours de la base lexicale avec laquelle ils se combinent. Ils y ajoutent des significations nouvelles:

Vb. → Vb. Nom → Nom Adj. → Adj. faire → refaire charge → décharge moral → amoral faire → défaire parité → disparité moral → immoral

Exceptionnellement le préfixe entraîne le changement de la caté-gorie grammaticale de la base. C’est le cas du préfixe anti- qui peut former un adjectif à partir d’un nom: tabac → antitabac (traitement antitabac); ride→ antiride(s) (crème antiride(s)); rouille→ antirouille (produit antirouille). Cette formation est en concurrence avec la for-mation dérivée par le même préfixe de l’adjectif formé sur le nom: constitutionnel,elle → anticonstitutionnel,elle; alcoolique → antialco-olique. Le premier type d’adjectifs obtenus par la préfixation des noms semble aussi productif que le second. Les termes antibrouillard (1950),

_______________ 19 Pour des détails voir Marie-Françoise Mortureux, La lexicologie

entre langue et discours, Editions SEDES, 1997, p. 39-42.

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antibruit (1972), antidouleur (1970), antipersonnel (1950), antivol (1948) sont des créations relativement récentes20.

Certains préfixes se rapprochent sémantiquement et peuvent être considérés comme synonymes: les préfixes dé(s)- et in- ont soit une valeur privative soit une valeur négative (obéir → désobéir; agréable → désagréable; plaisir → déplaisir; confort → inconfort; supportable → insupportable).

1.3. Types de dérivation

La dérivation lexicale se réalise sous quatre formes distinctes appelées:

• la dérivation suffixale / la suffixation – l’opérateur de dérivation est un suffixe;

• la dérivation régressive – le suffixe ou, rarement, le préfixe est supprimé;

• la dérivation préfixale / la préfixation – l’opérateur de déri-vation est un préfixe;

• la dérivation parasynthétique – les deux opérateurs le suffixe et le préfixe interviennent simultanément dans la dérivation du nou-veau mot.

1.3.1. La dérivation suffixale

La dérivation suffixale consiste à former, à partir d’une base lexicale donnée et à l’aide de suffixes, des mots nouveaux qui s’inscrivent dans une autre classe de mots / partie de discours ou qui se maintiennent dans la même classe de mots.

Du point de vue du statut de partie de discours du mot base et du mot dérivé par des opérateurs suffixaux, on distingue deux types de dérivation suffixale:

• la dérivation paradigmatique qui entraîne l’inscription du mot base dans un autre paradigme (le mot dérivé se combine avec des morphèmes spécifiques d’une autre classe de mots) ce qui lui permet d’assumer des fonctions syntaxiques différentes de celles assumées par le mot de départ. _______________

20 Les formations anti + Nom sont considérées par certains linguistes comme des composés, la forme à fonction adjectivale étant invariable.

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• la dérivation syntagmatique n’entraîne pas le changement de la catégorie syntaxique du mot base. Le suffixe modifie sémantiquement le mot base:

Verbe → Verbe Nom → Nom Adjectif → Adjectif boiter → boitiller moulin → moulinet haut → hautain chanter→ chantonner moulinet → moulinette rouge → rougeâtre tousser→ toussoter pompe → pompiste grand → grandelet

Le nouveau mot, obtenu par la dérivation, varie selon les mêmes règles que le mot base. Il s’inscrit dans le même paradigme et assume les mêmes fonctions syntaxiques que le mot-base de dérivation.

Dans les exemples suivants: faire→ refaire; patron→ patronage → patronat on peut constater que les deux dérivés ont le même com-portement morphologique que le mot base:

1.3.1.1. La dérivation paradigmatique A. LA DÉRIVATION À BASE VERBALE Les unités lexicales à statut de verbe se caractérisent par une

grande disponibilité combinatoire et permettent de dériver des unités lexicales qui s’inscrivent dans les deux classes fondamentales, le nom et l’adjectif.

(a) La dérivation des noms (la nominalisation) C’est un mécanisme relativement complexe qui met en jeu un

microsystème d’opérateurs suffixaux qui prêtent à la forme dérivée différentes valeurs. Ils évoquent:

– l’action verbale envisagée dans son déroulement où à son achèvement en tant que résultat ou effet:

désorganiser → désorganisation (action de désorganiser; son résultat)

– l’agent de l’action: couper → coupeur, euse

(personne dont la profession est de couper des étoffes). – l’instrument dont l’agent se sert pour réaliser l’action: couper → couperet

(couteau à large lame pour trancher la viande; Tech. outil d’acier pour couper les filets d’émail.).

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– le lieu où s’exerce l’activité désignée par le verbe – patiner → patinoire .

♦ La nominalisation de l’action / du résultat Dans la plupart des cas, ces deux valeurs sont actualisées par le

même suffixe et elles ne sont que rarement repérables dans le nom pris isolément. En règle générale, le dictionnaire de langue précise, dans la définition proposée, si le nom (dérivé d’une base verbale) désigne l’action ou le résultat de l’action ou bien les deux:

alcoolisation n.f. (1706; de alcooliser). 1. Transformation en alcool. 2. Action de mêler de l’alcool à une boisson.

affichage n.m. (1792; de afficher). Action d’afficher, de poser des affiches.

désorganisation n.f. (1764 de désorganiser). Action de désorganiser; son résultat. désorientation n.f. (1876; de désorienter). Action de désorienter; son résultat. ensablement n.m. (1673; de ensabler). Amas, dépôt de sable

formé par l’eau ou par le vent; état d’une terre, d’un port recouvert ou engorgé par ces amas.

ennoblissement n.m. (XIVe de ennoblir). Fait d’être ennobli. (Petit Robert)

C’est au contexte, plus ou moins large, qu’il revient de donner des indications permettant de décoder la valeur explicitée.

Le sémantisme du verbe pivot de la phrase (la présence des traits [± dynamique], [± activité] et / ou la valeur aspectuelle [± accompli] de la forme verbale) sert d’indice pour la valeur de nom d’action:

On s’intéresse à la composition du menu. → valeur de nom d’action.

Il se chargea de la composition du cocktail. (Bordas). → valeur de nom d’action.

La présence de certains déterminants nominaux (adjectifs marqués ou non par des degrés d’intensité) et / ou la marque de pluriel dans le nom dérivé orientent l’interprétation du dérivé vers le résultat / l’effet de l’action:

La consolidation complète/ incomplète d’une fracture. La désarticulation partielle / totale d’un membre.

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Les compositions trimestrielles. Corriger des compositions. (Petit Robert).

L’aviation a repéré des concentrations de troupes. (Bordas).

Parfois, malgré le contexte, la forme nominale permet la double lecture:

La composition de ce menu laisse à désirer. (Bordas). (= la manière dont il est composé, agencé)

→ double valeur: a/ nom de l’action en déroulement b/ résultat de l’action

L’entreprise a réussi grâce à la concentration des efforts. (Bordas) → double valeur: a/ le nom de l’action en déroulement

b/ le résultat de l’action.

Principaux suffixes • - tion/ -ation Ce suffixe se combine avec des verbes du premier groupe (ter-

minés en -er): clarifier→ clarification consolider → consolidation composer → composition éliminer → élimination concentrer → concentration purifier → purification

Il prête aux noms dérivés les deux valeurs de nom de l’action ou de résultat de l’action.

Cette valeur double est réalisée par des verbes du type: opérer→ opération consolider → consolidation harmoniser → harmonisation politiser → politisation modifier → modification interpeller → interpellation

• - age et la variante - issage Les noms dérivés à l’aide de ces deux suffixes désignent soit le

nom d’action, soit le résultat. affichage n.m.(de afficher)

Action d’afficher, de poser des affiches. cambriolage n.m. (de cambrioler)

Action de cambrioler; résultat de cette action.

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décantage n.m. (de décanter) Action de décanter; son résultat.

(Le Petit Robert)

Le suffixe -age se combine avec la base des verbes du 1-er groupe et le suffixe -issage avec la base des verbe du 2-e groupe:

afficher → affichage atterrir → aterrissage cambrioler → cambriolage dégrossir → dégrossissage décanter → décantage finir → finissage

Le suffixe -age est très productif en français contemporain. Il sert à la dérivation des noms qui désignent des opérations techniques ou des processus de fabrication:

bloquer → blocage monter → montage calibrer → calibrage régler → réglage dépanner → dépannage mouiller → mouillage finir → finissage polir → polissage

• -ment et les variantes - ement, -issement Ces suffixes se combinent avec des bases verbales appartenant à

toutes les classes de verbes:

abaisser → abaissement avilir → avilissement dénigrer → dénigrement bondir → bondissement abattre → abattement consentir → consentement

Tout comme les suffixes présentés précédemment, le suffixe -ment et ses variantes prêtent aux noms qu’ils dérivent les deux valeurs de nom d’action ou de résultat de l’action. Précisée directement ou indi-rectement par la définition donnée par le dictionnaire, la valeur que le suffixe applique au nom dérivé est décelable dans le contexte:

battre → Le battement du fer sur l’enclume. Écouter le battement du cœur.

blanchir → Le blanchiment d’un mur au lait de chaux. Le blanchiment n’est pas réussi. Un blanchiment parfait. Le blanchissement des cheveux.

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Les suffixes -tion, -ation, -age et -ment sont les plus productifs. Ils sont en concurrence, c’est-à-dire certaines bases lexicales admettent de se combiner avec deux, parfois même avec les trois suffixes, l’emploi des termes dérivés étant soit spécialisés par domaine, soit spécialisés par signification (en principe, les formes en -ation ou en -age désignent le nom de l’action et la forme en -ment désigne le nom de l’action et le résultat de l’action):

abattre→ (1) abattage – action d’abattre, de faire tomber. L’abattage d’un sapin à la scie. (2) abattement – action d’abattre; – Fig. action et

résultat: retranchement, rabais sur une somme à payer.

décoller → (1) décollage – action de décoller (transp.) Le décollage d’un avion. Ne pas fumer pendant le décollage. (2) décollement – action de décoller (méd.) Le décollement de la rétine. (3) décollation – action de couper la tête de qqn. La décollation de saint Jean Baptiste. (Petit Robert) • - ure Les noms dérivés par le suffixe -ure désignent, dans la plupart

des cas, le résultat de l’action. Rarement, ce suffixe peut prêter au dérivé la valeur de nom d’action, valeur identifiable en fonction du contexte:

blesser → blessure fermer → fermeture couper → coupure fouler → foulure égratiner → égratinure scier → sciure

Se faire des coupures aux mains en taillant son crayon. [+ nom de l’action] et [+ résultat de l’action]

Les piqûres des moustiques sont dangereuses. [+ résultat de l’action]

Jeter les épluchures de pommes de terre. [+ résultat de l’action] Traiter l’enflure de la cheville. [+ résultat de l’action]

La reliure des livres de classe. [+ résultat de l’action] Procéder à la fermeture d’un établissement. [+ nom de l’action]

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Avec certaines bases, le suffixe -ure est en variation avec le suffixe -age.

éplucher → (1) épluchure [+ résultat de l’action (coji)] Jeter les épluchures de pommes de terre. (2) épluchage [+ nom de l’action] Commencer l’épluchage des pommes de terre.

scier → (1) sciure [+ résultat de l’action (talaj)] Balayer la sciure dans l’atelier de menuiserie. (2) sciage [+ nom de l’action (tăiere cu fierăstrăul)] Le sciage mécanique du bois. (Petit Robert) • -at est un suffixe qui exprime le résultat de l’action. Il est très

peu productif: acheter → achat Faire des achats. agglomérer → agglomérat Examiner des agglomérats volcaniques. • -aison est un suffixe qui désigne le plus souvent le résultat de

l’action et très rarement le nom de l’action. Il n’est pas très productif mais les formations déjà dérivées sont relativement fréquentes:

combiner → combinaison livrer → livraison comparer → comparaison terminer → terminaison • -ade est un suffixe qui sert à la formation des noms d’action.

Exceptionnellement, il peut dériver aussi des noms qui désignent le résultat de l’action. Il n’est pas très productif.

glisser → glissade Faire des glissades sur la glace.

rigoler → rigolade Faire une partie de rigolade.

se baigner → baignade. Aller à la baignade.

Certains des noms obtenus par la dérivation avec le suffixe -ade coexistent avec d’autres noms dérivés de la même base lexicale à l’aide des suffixes -age ou -ment:

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glisser → (1) glissade a/ le mouvement que l’on fait en glissant

Faire des glissades sur la glace. b/ «pas de danse»

c/ manœuvre acrobatique faite par l’avion Amorcer une glissade. Faire une glissade sur l’aile, sur la queue.

(2) glissage – opération qui consiste à faire descendre, le long des pentes, le bois abattu.

(3) glissement – action de glisser; mouvement de ce qui glisse.

Le glissement d’un traîneau sur la neige. Le glissement d’une auto qui passe. Glissement vertical, glissement de terrain (géol.) (Petit Robert) • -ance et la variante - issance

C’est un suffixe peu productif, qui sert à dériver des noms qui désignent le résultat de l’action ou l’état affectif d’une personne:

allier → alliance espérer → espérance assurer → assurance souffrir → souffrance dévier → déviance se réjouir → réjouisance

(Petit Robert)

♦ La nominalisation de l’agent et de l’instrument Les noms qui désignent l’agent, renvoient soit à des personnes

qui exercent une activité quelconque, soit à des machines impliquées dans la réalisation d’une activité et qui ont une certaine autonomie, soit même à des instruments21. Par instrument on comprend un objet fabriqué dont une personne se sert pour exécuter quelque chose, pour faire une opération. L’instrument est désigné aussi par les termes d’appareil, engin, machine, outil ou ustensile. L’instrument se confond _______________

21 En termes de lexicologie le concept d’agent s’applique aussi bien à l’agent humain qu’à l’agent machine et à l’agent instrument, identifiables en fonction des rapports spécifiques qu’ils entretiennent avec le procès.

Voir. L. Guilbert, La créativité lexicale, Larousse, Paris, 1975, p. 181.

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parfois avec l’agent [-personne], la machine. Le seul critère d’identifi-cation reste le degré d’autonomie dans l’exécution de la tâche.

•• Suffixes qui dérivent des noms d’agent désignant des personnes

• - eur, - euse 22; - ateur, - atrice: décorer → décorateur, trice

1. Personne qui fait des travaux de décoration. Décorateur d’intérieurs, d’appartements.

2. Personne qui execute ou dirige l’execution des décors, pour un spectacle.

Décorateur de théâtre, de cinéma. débiter → débiteur, euse

Ouvrier qui débite (du bois, etc.) Débiteurs d’une ardoiserie.

étirer → étireur, euse Ouvrier, ouvrière qui procède à l’étirage.

filer → fileur, euse 1. Personne qui file une matière textile, à la main.

Fileuse à son rouet. 2. Techn.Conducteur (trice) d’un métier à filer. (dans une filature). (Petit Robert)

placer → placeur, euse. vendre → vendeur, euse. présenter → présentateur, trice. • -ant / ante débuter → débutant, débutante combattre → combattant, combattante

Certains des noms dérivés par ce suffixe n’ont que la forme de masculin qui désigne globalement l’ensemble des agents personnes:

arriver → (les) arrivants partir → (les) partants participer → (le) participant, (les) participants

_______________ 22 Le même suffixe dérive aussi des noms d’instrument. Voir plus loin.

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•• Suffixes qui dérivent des noms d’agent désignant des machines, des instruments • -eur – est un suffixe disponible dans les domaines de spécialité: transformer → transformateur n.m.(1842).

Electr. Appareil servant à modifier la tension, l’intensité ou la forme d’un courant électrique.

Transformateur de tension. Transformateur d’un chemin de fer électrique.

élever → élévateur (de tension) déclencher → déclencheur n.m.(1921).

Techn. Pièce destinée à séparer des pièces enclenchées ou à déclencher un mécanisme. Déclencheur mécanique, électrique.

(Petit Robert) Certains dérivés se situent à la limite entre l’agent (machine) et

l’instrument: compter → compteur n.m. (1752 ).

Appareil servant à compter, à mesurer en unités un temps, une vitesse, un volume.

Compteur enregistreur. Compteur de vitesse d’automobile. Compteur à gaz, à eau.

(Petit Robert) D’autres noms dérivés désignent uniquement l’instrument: atomiser → atomiseur n.m. (1933).

Petit flacon, petit bidon qui atomise un liquide qu’il contient, lorsqu’on presse sur le bouton.

Atomiseur à parfum, à laque, à lotion. (Petit Robert) • -euse verser → (n.m. verseur; 1567). n.f. verseuse (1877).

Cafetière en métal à poignée droite. emboutisser → emboutisseuse n. f. (1900).

Machine-outil qui sert à emboutir. (Petit Robert)

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• - oir gratter → grattoir n.m.(1611).

Instrument qui sert à gratter. Spécialt. Sorte de canif à lame ovale servant à gratter l’écriture. ◊ Techn. Nom donné à divers instruments de forme variée servant à gratter,

ciseler, graver, inciser, racler. raser → rasoir (1240).

Instrument à tranchant très fin servant à raser les poils du visage.

Rasoir à main. Rasoir mécanique, électrique. (Petit Robert) • - oire passer → passoire n.f. (1611).

Récipient percé de trous et utilisé pour écraser ou égoutter des aliments, pour filtrer sommairement des liquides.

rôtir → rôtissoire n.f.(1390). Ustensile de cuisine qui sert à faire rôtir la viande. Rôtissoire électrique, à rayons infrarouges.

(Petit Robert) Dans le cas de certaines bases, les deux formes dérivées par les

suffixes -eur, -euse (la forme de masculin et celle de féminin) se dis-tribuent de manière restrictive en fonction du référent: la forme de masculin (en -eur) désigne la personne et la forme de féminin (en -euse) désigne la machine:

fraiser → fraiseur Ouvrier qui exécute des travaux de fraisage.

→ fraiseuse Machine-outil qui sert à fraiser les métaux.

décaper → décapeur Ouvrier qui décape des métaux. → décapeuse Machine-outil de terrassement qui racle les surfaces.

fondre → fondeur Ouvrier qui travaille dans une fonderie.

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→ fondeuse Machine employée en fonderie.

Il y a aussi des cas où: – les deux formes de masculin et de féminin désignent l’agent

personne: arroser → un arroseur/ une arroseuse (1559, repris 1838).

Personnes qui arrosent (en particulier les voies publiques)

– la forme de masculin désigne l’instrument: → un arroseur (1907). Appareil d’arrosage.

– la forme de féminin désigne la machine: → une arroseuse n.f. Véhicule muni d’un réservoir d’eau et destiné à

l’arrosage des voies publiques. Une arroseuse automobile. (Petit Robert)

Le suffixe -euse désignant la machine est, dans certains cas, en variation avec le suffixe -oir:

→ une arroseuse (cf. ci-dessus) → un arrosoir (1365). Ustensile destiné à l’arrosage.

emboutir → une emboutisseuse n.f. (1900) → un emboutissoir n.m. (1690) Machine-outil, outil qui sert à emboutir. ♦ La nominalisation du lieu Ces noms désignent le lieu où se passe l’action exprimée par le

verbe-base de dérivation . • -oir et -oire fumer → fumoir n.m. (1842).

Pièce où l’on se tient pour fumer. Le fumoir d’un théâtre.

patiner → patinoire n.f. (1921). Piste de patinage. Patinoire naturelle, artificielle, couverte.

(Petit Robert)

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(b) La dérivation des adjectifs La dérivation des adjectifs à partir d’une base verbale est réalisée

par des suffixes dont certains sont spécialisés et d’autres communs aux formes adjectivales et aux formes nominales. Les formes verbales de participe présent et de participe passé, enregistrées par le diction-naire comme formes adjectivales, sont soit héritées du latin soit inscrites dans la classe des adjectifs par la conversion.

Principaux suffixes d’adjectivisation de base verbale

• -ateur , -atrice23 Ce suffixe implique un certain dynamisme qui se retrouve, sous

la forme de la valeur aspectuelle de [-accompli], dans la caractéris-tique / qualité désignée. Ce trait rapproche les adjectifs en -ateur, -atrice des adjectifs en -ant, -ante. Certaines bases verbales ont généré les deux formes qui ont spécialisé leurs emplois24.

exporter → exportateur, -atrice Qui exporte des marchandises. Pays exportateur de blé.

importer→ importateur, -atrice. Qui fait le commerce d’importation.

Pays importateur. coordonner → coordonnateur, -atrice

Qui coordonne. transformer → transformateur, -atrice

Qui transforme. Action transformatrice.

(Petit Robert) • -eur, -euse Ce suffixe prête à l’adjectif la même valeur active «qui fait l’action»: mentir → menteur , -euse.

Enfant menteur. Des éloges menteurs. _______________

23 A côté des adjectifs dérivés, il existe aussi des formes en -teur, -trice héritées du latin constructeur, -trice adj. et nom (XIVe) du bas latin constructor de construere.

24 Cf. Alexandra Cuniţă, La formation des mots. La dérivation en français contemporain, EDP, Bucureşti, 1980, p. 63-64.

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batailler → batailleur , -euse. Esprit, tempérament batailleur.

• - atif, -ative25

Les adjectifs dérivés par ce suffixe ont la valeur aspectuelle de [-accompli], ce qui les rapprochent des adjectifs en -ant, -ante. Les formes doubles, dérivées de la même base verbale, ont spécialisé leurs emplois:

– déterminant, -ante Qui détermine; qui permet de déterminer.

Motif déterminant. Cause déterminante.

– déterminatif, -ive Qui détermine, précise le sens d’un mot. Adjectif déterminatif. Complément déterminatif.

L’emploi des deux formes dans la même phrase confirme claire-ment leur spécialisation:

Les adjectifs déterminatifs, les adverbes sont des déterminants. (Petit Robert)

Les adjectifs en -if, -ive n’ont pas dans tous les contextes la même valeur. Leur sens diffère en fonction des relations actantielles établies par la base verbale:

limiter → limitatif, -ive. Qui limite, fixe. (sens actif)

Disposition limitative. Énumération limitative.

consulter→ consultatif, -ive. Que l’on consulte. (sens passif) Comité consultatif. Assemblée consultative.

décorer → décoratif, -ive. Qui sert à décorer. (sens actif)

Peinture, sculpture décorative. _______________

25 Les formations françaises s’ajoutent aux adjectifs hérités du latin qui sont relativement nombreux: distributif, -ive (bas. lat. distributivus); dubitatif, -ive (bas. lat. dubitativus); effectif, -ive (lat. médiev. effectivus); imaginatif, -ive (bas. lat. imaginativus); imitatif, -ive (bas. lat. imitativus).

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commémorer → commémoratif, -ive. Qui rappelle le souvenir. (sens actif)

Monument commémoratif. (Petit Robert)

• able, avec la variante -ible L’interprétation sémantique des adjectifs dérivés par ce suffixe

repose sur une structure qui comporte le verbe pouvoir. Le verbe pivot de la phrase qui est à la base de la transformation dérivative est à la diathèse passive:

aborder→ abordable. Qui peut être abordée. Sujet abordable. Personne abordable.

accepter→ acceptable. Qui peut être accepté. Sujet acceptable. Proposition acceptable.

gouverner→ gouvernable. Qui peut être gouverné. Pays gouvernable. Communauté gouvernable.

admettre → admissible. Candidat admissible. Personne admissible.

B. LA DERIVATION À BASE NOMINALE

Les noms servent de base de dérivation pour les adjectifs et pour les verbes. La nature sémantique du nom favorise plutôt la dérivation des adjectifs que celle des verbes. Parfois, l’adjectif dérivé sert de transformation intermédiaire à la dérivation du verbe26:

bosse → bossu, ue (1138) courage → courageux, euse ( XIIe) accident → accidenté (1662, repris 1824)

accidenté → accidenter (1837)27 _______________

26 Voir L. Guilbert, Op. cit., p. 184. 27 Forme non attestée par le dictionnaire Petit Robert édition 1968, mais

enregistrée par les dictionnaires DFC, 1966, et Lexis 1979.

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Les latitudes combinatoires des bases nominales avec les opérateurs suffixaux sont influencées par les traits inhérents du nom-base:

– la présence des traits [- animé], [± concret] favorise la dérivation suffixale:

constitution → constitutionnel,elle livre → livresque forme → formel, elle route → routier, ière – la présence du trait [+ humain] favorise la conversion (le chan-

gement de la catégorie syntaxique par la simple distribution en position d’adjectif – dérivation à suffixe zéro):

mère → mère Maison mère. Cellule mère.

Langue mère. L’idée mère de cet ouvrage. pilote → pilote

Classe pilote. Usine pilote. Projet pilote. (Petit Robert).

Le nom-base de dérivation, est susceptible de générer des para-digmes à plusieurs termes lorsque l’adjectif dérivé se constitue, à son tour, en base de dérivation pour un autre nom ou pour un verbe à partir duquel se déclanche un autre cycle de dérivation à base verbale:

nom adjectif verbe nom forme→ formel, elle → formaliser→ formalisation prolétaire→ prolétarien, ienne - - prolétaire→ - prolétariser→ prolétarisation

(a) La dérivation des adjectifs Les suffixes qui permettent de dériver des adjectifs de bases

nominales sont relativement nombreux. Ils se laissent classer d’après le sens qu’ils prêtent à l’adjectif dérivé mais aussi d’après la nature des noms -base de dérivation.

Principaux suffixes • -é ; • -u Les adjectifs dérivés à l’aide de ces suffixes expriment l’état du

nom déterminé: bois → boisé, ée (1690).

Qui est boisé / couvert de bois. Côteau boisé. Colline boisée.

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accident → accidenté, ée (1824) . Qui a subi un accident Piéton accidenté. Route accidentée.

touffe → touffu, ue (1438). Qui est épais et dense.

Poil touffu. Livre touffu. Grappe de glycine touffue.

(Petit Robert) • -eux, -euse Le plus souvent, ce suffixe prête à l’adjectif dérivé l’idée de qualité: courage → courageux, euse (XIIe).

Homme courageux. Personne courageuse. fièvre → fievreux, euse (1190).

Un madade fièvreux. Pouls fièvreux. souci → soucieux,euse(1530; souciex, 1280).

Père soucieux. Mère soucieuse. (Petit Robert) • -al, -ale et la variante populaire • -el, -elle Ce suffixe prête à l’adjectif dérivé le trait [+appartenance] à un

domaine donné ou le trait [+ relation] («relatif à»): architecture → architectural, ale (1819).

Groupe architectural. Formes architecturales.

nation → national, ale (1534). Parti national.

Réunion nationale. patron → patronal, ale (1611; de patron).

Intérêt patronal. Réunion patronale.

exception → exceptionnel, elle (1739) Résultat exceptionnel.

Participation exceptionnelle. (Petit Robert)

institution → institutionnel, elle obsession → obsessionnel, elle opération → opérationnel, elle profession → professionnel, elle

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• -if, -ive – suffixe qui prête au sémantisme de l’adjectif le trait [+ qualité]:

instinct → instinctif, ive (1803). Comportement instinctif.

Réaction instinctive. émotion → émotif, ive (1877). sport → sportif, ive (1862).

Résultat sportif. Vie sportive. (Petit Robert)

• -ique Ce suffixe est très productif aussi bien dans la langue commune

que dans le langage scientifique: catastrophe → catastrophique atome → atomique nostalgie → nostalgique chimie → chimique photographie→ photographique algèbre → algébrique • -aire et la variante populaire • -ier, -ière Ce suffixe prète à l’adjectif le trait [+appartenance] à un domaine,

«relatif à»: aliment → alimentaire école → écolier, ière dent → dentaire coutume → coutumier, ière tarif → tarifaire police → policier, ière université → universitaire route → routier, ière révolution → révolutionnaire finance → financier, ière • -iste C’est un suffixe qui dérive des noms et des adjectifs qui ont

connu une évolution parallèle, en couple, avec les adjectifs dérivés par le suffixe -isme (qui ne dérive que des noms). Cette évolution est justi-fiée par les relations qui existent au niveau référentiel, entre les réalités désignées: -isme désigne la doctrine (le système d’idées) et -iste le nom de l’adepte (du partisan):

centre → centriste (adj. et n. 1946). Les candidats centristes.

fascisme → fasciste (n. et adj. 1921-22). Dictature fasciste.

de Gaulle → gaulliste (adj. et n.1941). La résistence gaulliste. (Petit Robert)

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• -ais, -aise; • -ain, -aine; • -ien, -ienne Ces suffixes, auxquels s’ajoutent d’autres, dérivent des adjectifs

qui désignent la nationalité ou l’appartenance à un pays, à une région ou à une ville, ou même à la doctrine d’une personnalité culturelle:

France→ Français, Française Angleterre → Anglais, Anglaise Roumanie → Roumain, Roumaine Rome → Romain, Romaine Italie → Italien, Italienne Paris → Parisien, Parisienne

(b) La dérivation des verbes (la verbalisation) La dérivation des verbes à partir de bases nominales suppose

l’existence d’une étape intermédiaire de factivisation, transformation définitoire pour la nature du verbe. Cette étape est représentée par l’emploi de la forme de participe passé à valeur adjectivale, forme rattachée à un nominal par le verbe être. La phrase:

Le menuisier cloue la planche. se rattache à la phrase qui explicite la relation de factivisation:

Le menuisier fait (ceci) que la planche est clouée. (Apud Al. Cuniţă)

Cette construction sert de base à la dérivation du verbe28. Et bien que le dictionnaire donne le participe passé adjectif comme dérivé du verbe, du point de vue des mécanismes transformationnels et des relations qui soustendent ces mécanismes, on peut considérer que les verbes dérivés des noms se rattachent à une forme virtuelle d’adjectif:

bois → ( boisé →) boiser clou → (clouté →) clouter

Les suffixes qui dérivent les verbes entraînent assez souvent la modification de la base nominale: la modification de la voyelle ou de la consonne finale ou l’adjonction d’un appui consonnantique.

Les verbes dérivés sont marqués par le trait inhérent [+causatif], trait explicité même dans la définition que propose le dictionnaire. _______________

28 Pour des détails voir Al. Cuniţă, Op. cit., p. 75-80.

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Principaux suffixes • -er Ce suffixe est très productif. Il prête à la forme verbale dérivée

des valeurs supplémentaires d’aspectivité (le procès est présenté soit en accomplissement soit comme accompli).

bois → boiser (1680) Garnir avec du bois de menuiserie. Faire boiser sa maison. Planter d’arbres un terrain pour former un bois. Boiser une contrée.

oxyde → oxyder (1787) Transformer plus ou moins complètement en oxyde. L’air oxyde la plupart des métaux. Le fer s’oxyde rapidement. (Petit Robert) • -iser Ce suffixe ajoute à la valeur causative des verbes dérivés la valeur

aspectuelle d’accompli (changement d’état, envisagé comme accompli): alcool → alcooliser (1620)

Convertir en alcool. Additionner d’alcool. Alcooliser un vin.

schéma → schématiser (1803); (XX-e) Considérer les objets comme des schémes. Mettre en schème. Formule qui permet de schématiser les relations

entre les atomes. Rendre schématique, réduire à l’essentiel. Schématiser le réel. (Petit Robert) • - ifier Le suffixe -ifier dérive, tout comme le suffixe -iser,des verbes

causatifs qui, au point de vue de l’aspect, désignent des procès saisis en accomplissement. Le suffixe connaît un emploi préférentiel dans les domaines spécialisés:

code → codifier (1835)

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Réunir des dispositions légales dans un code. Codifier la législation du travail. Rendre rationnel; ériger en système organiser.

os → ossifier (1697) Convertir en tissu osseux.

Endurcir, rendre insensible. Se transformer en tissu osseux. Cartillage qui s’ossifie.

solide → solidifier (1785) Donner une consistance solide. Solidifier une substance par le froid. Devenir solide. Ciment qui se solidifie. (Petit Robert)

Certains des verbes dérivés par les suffixes -er, et -iser et la plupart des verbes dérivés par le suffixe -ifier s’inscrivent dans le cycle dérivationnel, se constituant en base de dérivation pour des substantifs désignant le nom de l’action ou le résultat:

oxyde → oxyder → oxydation carbone → carboniser → carbonisation exemple → exemplifier → exemplification. personne → personnifier → personnification

C. LA DERIVATION À BASE ADJECTIVALE

Les adjectifs sont moins disponibles que les verbes et les noms à se combiner avec des suffixes pour dériver de nouveaux mots.

Dans la plupart des cas, la base de dérivation est constituée par des adjectifs primaires, adjectifs simples, appelés aussi «morphèmes-souches»,29 qui expriment les valeurs de base de la caractérisation, respectivement les dimensions, les formes, les couleurs, les différentes unités de grandeur: haut, bas, grand, petit, rond, blanc, jeune, etc.

D’autres types d’adjectifs se constituent en base de dérivation lorsqu’ils se détachent du noyau sémantique constitué par le groupe _______________

29 Al. Cuniţă, Op. cit., p. 80.

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nominal qui les définit syntaxiquement. Formes dérivées à l’origine, ces adjectifs s’autonomisent sémantiquement et deviennent disponibles à la dérivation de type paradigmatique:

banal (banale) (adj. 1286; de banal) → banalité n.f. (mil. XIVe s.; de banal) → banaliser v.tr. (1842; de banal) → banalement adv. (1846; de banal)

(Petit Robert) Beaucoup de ces adjectifs sont hérités du latin, mais l’étymologie

ne compte plus pour les locuteurs français. Ils ont été inscrits dans des paradigmes dérivationnels en fonction de leur compatibilité avec les différentes classes de suffixes et en fonction de la productivité de ceux-ci:

moral (morale) (adj. et n.m. déb. XIIIe s., lat. moralis de mores «mœurs»)

→ moralement adv. (1225; de moral) → moraliser v. (1375; de moral) → moralisation n.f. (1834) → moralisateur, trice adj. et n. (1846)

(Petit Robert) Les paradigmes générés comportent deux ou trois termes suivant

que le verbe ou le nom dérivés se constituent à leur tour en base de dérivation. adjectif verbe nom adjectif nasal, ale→ nasaliser → nasalisation - labial, ale→ labialiser → labialisation - officiel, elle→ officialiser → - - égal, ale→ égaliser → égalisation égalisateur, trice lourd, -e→ - lourdeur -

(a) La dérivation des noms Principaux suffixes • -eur C’est un suffixe qui se combine avec des adjectifs primaires. À

l’étape contemporaine il n’est plus très productif. La dérivation des noms de bases adjectivales ne représente que partiellement un

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changement de statut morphosyntaxique, en ce sens que les noms dérivés restent toujours dans la classe des nominaux et se combinent avec les mêmes catégories grammaticales (le genre et le nombre). Ils acquièrent un statut syntaxique différent de celui de la base. Ils deviennent des noyau de syntagme nominal (à comparer: un mur haut / la hauteur du mur):

blanc (blanche) → blancheur (n.f. XIIe s.) La blancheur de la lumière.

épais (épaisse) → épaisseur (n.f. 1377) L’épaisseur du papier.

grand (grande) → grandeur (n.f. XIIe s.) La grandeur d’un éléphant.

(Petit Robert) Le suffixe -eur entre en relation d’homonymie avec le suffixe

-eur qui dérive des noms qui désignent l’agent personne ou machine et l’instrument à partir d’une base verbale: débiteur (de débiter), convertisseur (de convertir), verseur (de verser).

• -esse Ce suffixe applique au nom dérivé le trait [+qualité/ caractéris-

tique]. Il n’est pas très productif mais les noms dérivés ont développé beaucoup de sens contextuels, ce qui explique leur fréquence d’emploi relativement élevée:

bas (basse) → bassesse (n.f. 1120) . Manque d’élévation dans les sentiments, les pensées. La bassesse d’un flatteur. Caractère de ce qui est contraire à l’honneur. La bassesse de certains désirs. Action basse qui fait honte. Faire des bassesses. Rougir d’une bassesse.

fin (fine) → finesse (n.f. 1330). Chose difficile à comprendre et à manier.

Connaître toutes les finesses d’une langue. Caractère de ce qui est fin. Finesse d’un ouvrage.

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Acuité des sens. Les sens deviennent d’une finesse extraordinaire. Aptitude à discerner les plus délicats rapports des pensées et des sentiments. Finesse d’esprit, de jugement, de goût. Extrème délicatesse de forme ou de matière. Finesse d’un fil, d’une aiguille. Finesse des traits, de la taille. (Petit Robert)

• -ise Très productif au cours de l’histoire du français, ce suffixe ne

l’est plus à l’étape actuelle. Il applique aux noms dérivés le trait [+qualité], trait interprétable en termes mélioratifs ou péjoratifs. Dans certains cas, le trait qui caractérise le nom dérivé est une caractéris-tique définitoire.

Tout comme pour le suffixe précédent, la richesse des sens développés par les noms dérivés s’explique par le fait qu’ils ont été dérivés à une époque ancienne et qu’ils ont connu un emploi très fréquent:

bête → bêtise (n.f. XVe s.). Défaut d’intelligence et de jugement. Faire preuve de bêtise. Action ou parole sotte ou maladroite. Faire des bêtises. Action, parole, chose sans valeur ou sans importance. S’amuser, passer son temps à des bêtises. Action déraisonable, imprudente. Empêcher quelqu’un de faire des bêtises.

franc (franche) → franchise (n.f. déb. XIIe s.).

Droit (privilège, immunité, etc.) limitant l’autorité souveraine au profit d’une ville, d’un corps, d’un

individu. Charte, lettre de franchise. Se dit de certaines exemptions ou exonérations. Franchise douanière. Franchise postale. Qualité de celui qui est franc.

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Dire quelque chose dans un accès de franchise. Qualité de ce qui est net dans l’exécution, bien tranché. Un tapis de fleurs, d’une franchise de couleurs… (Petit Robert)

• -(e)té, -ité Ce suffixe est relativement productif. Il dérive des noms em-

ployés aussi bien dans la langue commune que dans certains domaines spécialisés. Il désigne des qualités et des relations abstraites.

banal→ banalité (n.f. mil. XVIe s.). Catactère de ce qui est banal. La banalité de la vie. Idée, propos, écrit banal. Débiter des banalité. Livre tissu de banalités.

final → finalité (n.f. 1865). Caractère de ce qui tend à un but; le fait de tendre à ce but, par l’adaptation de moyens à des fins. Principe de finalité. (Biol.) Adaptation des êtres vivants, des organes à une fin. La finalité conçue comme «principe interne de Direction» et «l’élan vital», chez Bergson.

soluble → solubilité (n.f. 1753). Caractère, propriété de ce qui peut se dissoudre. La solubilité du calcaire. Proportion de substance qui peut être dissoute dans le solvant. Coefficient de solubilité.

• -isme Ce suffixe manifeste une haute disponibilité de combinaison

avec tous les types de bases: verbales, nominales et adjectivales. Il dérive des noms masculins qui s’individualisent sémantiquement en fonction de la relation qui s’établit entre le suffixe et la base. Combiné avec des bases adjectivales il renvoie à la caractéristique / catégorie exprimée par la base. Il a aussi une valeur collective évoquant l’ensemble de choses, de phénomènes qui présentent la caractéristique désignée par la base:

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classique → classicisme (n.m.1825). Doctrine des partisans des classiques. Ensemble de caractères propres aux grandes œuvres littéraires et artistiques de l’antiquité et du XVIIe siècle. L’art dans le classicisme. Caractère de ce qui est classique (dans tous les sens).

romantique → romantisme (n.m.1816). Genre littéraire et artistique […] Le romantisme français, anglais, allemand. Le romantisme dans la littérature, la peinture, la musique. Attitude, caractère, esprit romantique.

(Petit Robert) (b) La dérivation des verbes Suffixes de verbalisation Ce type de dérivation est favorisé par les adjectifs primaires et

par les formations savantes héritées du latin ou du grec. • -ir Ce suffixe est très productif. Il s’ajoute directement à la base

adjectivale ou après la modification de la consonne finale de celle-ci. Le verbe dérivé comporte le trait [+causatif] ou [+inchoatif], traits marqués aussi dans la définition: blanc (blanche) → blanchir (v. XII-e)

Rendre blanc. Une crème qui blanchit le teint. Blanchir des légumes. Couvrir d’une couche blanche, enduire de blanc. Devenir blanc. Blanchir de rage, de peur. Ses cheveux blanchissent.

grand (grande) → grandir (v.1260) Devenir plus grand. Il a grandi de cinq centimètres. Devenir plus intense.

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L’obscurité grandit. Rendre plus grand. Microscope qui grandit les objets.

(Petit Robert) Beaucoup des adjectifs de couleur se constituent en bases de

dérivation qui se combinent avec le suffixe verbal -ir: rouge → rougir noir → noircir jaune → jaunir vert → verdir • -iser Ce suffixe est aussi très productif. Dans certains cas il entraîne

la modification de la voyelle finale de l’adjectif -base de dérivation. Les verbes dérivés ont une valeur causative ou inchoative:

banal → banaliser (v.1842). Rendre banal, ordinaire. Cette coiffure le banalise.

mondial → mondialiser (v.1960). Rendre mondial.

politique → politiser (v.1949). Donner un caractère, un rôle politique à. Politiser des élections syndicales.

(Petit Robert) La plupart des verbes dérivés par le suffixe -iser permettent la

dérivation de noms: politiser → politisation nasaliser → nasalisation moraliser → moralisation

• -ifier Ce suffixe dérive des verbes causatifs. Il est peu productif, les

verbes dérivés de bases adjectivales s’ajoutent aux verbes hérités du latin du type: amplifier (au III-e du lat. amplificare), raréfier (1370 du lat. rarefacere):

plastique → plastifier (XXe). Traiter avec un plastifiant.

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solide → solidifier (1785). Donner une consistance solide. Solidifier une substance par le froid. Ciment qui se solidifie.

(c) La dérivation des adverbes

Suffixes d’adverbialisation La dérivation des adverbes à partir de bases adjectivales repré-

sente un des procédés les plus productifs. Il s’applique aussi bien aux adjectifs primaires qu’aux adjectifs dérivés.

fortement adv. (XIIIe; de fort adj.) solidement adv. (1592; de solide adj.) forcément adv. (XIVe; de forcé adj.) minutieusement adv. (1812; de minutieux adj.)

Il s’agit d’un seul suffixe, le suffixe • -ment qui s’ajoute à la forme de féminin de l’adjectif ou à la forme unique terminée en -e. Parfois l’adjonction du suffixe entraîne des modifications d’ordre graphique dans la base de dérivation.

adjectif adverbe fort, forte → fortement long, longue → longuement ouvert, ouverte→ ouvertement nouveau, nouvelle → nouvellement sensible → sensiblement triste → tristement

Certains adjectifs reçoivent un accent aigu sur le -e final de la forme unique pour les deux genres ou de la forme de féminin:

commode → commodément conforme → conformément énorme → énormément immense → immensément intense → intensément commun, commune → communément

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Les adjectifs terminés au masculin en -ai, -é, -i, -u, se combinent directement avec le morphème -ment:

vrai → vraiment poli → poliment aisé → aisément éperdu → éperdument joli → joliment résolu → résolument Certains adjectifs terminés en - i et en -u reçoivent un accent

circonflexe sur le - i ou sur le -u lorsque la base de l’adjectif se combine avec le morphème -ment:

gai → gaîment 30 continu → continûment assidu → assidûment cru → crûment

Les adjectifs terminés en -ant, -ent connaissent des modifications plus importantes dans le processus de dérivation: la consonne finale -t s’efface et la consonne -n est substituée par la consonne -m:

constant → constamment violent → violemment élégant → élégamment conséquent→ conséquemment puissant → puissamment prudent → prudemment Cependant les adjectifs lent, présent et véhément dérivent la

forme d’adverbe de la forme de féminin de l’adjectif: lent, lente → lentement présent, présente → présentement D’autres adverbes sont dérivés de formes d’adjectifs qui ne sont

plus en usage actuellement: brief (XIe) → brièvement (adv. 1539). grief (XIIe) → grièvement (adv. XIVe) journel (var. de journal) (XIIe) → journellement (adv.1450). traîtreux (XIIIe) → traîtreusement (adv. déb. XIVe).

D. CONCLUSION

La dérivation suffixale apparaît comme un mécanisme très productif dans l’enrichissement du lexique. Elle suppose l’adjonction d’un suffixe à la base de dérivation. En règle générale, la dérivation _______________

30 L’adverbe gaîment présente aussi la graphie gaiement.

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suffixale inscrit le mot dérivé dans une autre classe que celle à laquelle appartient le mot base. C’est la dérivation paradigmatique qui se définit dans les deux plans morphosyntaxique et sémantique.

Les paradigmes dérivationnels peuvent avoir comme base les trois classes principales de mots: les verbes, les noms et les adjectifs.

Les verbes sont les bases les plus disponibles. Ils se constituent en base de dérivation pour les noms et pour les adjectifs. À l’intérieur de chaque classe les mots résultant de la dérivation se regroupent sémantiquement.

Le nom se trouve en deuxième position, après le verbe, quant à la disponibilité dérivationnelle. Il est suivi par l’adjectif.

Certains des mots obtenus par les mécanismes présentés ci-dessus se constituent, à leur tour, en base de dérivation et le cycle est repris:

égal → égaliser → égalisation → égalisateur

La dérivation se laisse étiqueter, en fonction du statut accordé au mot dérivé, comme une transformation de nominalisation, d’adjectivi-sation, de verbalisation ou d’adverbialisation.

Dans les limites de la même transformation, la même base de dérivation peut se combiner avec plusieurs suffixes et générer des formes différentes qui coexistent. Parfois, la même forme peut exprimer plusieurs nuances de sens. Chaque forme s’individualise sémantiquement dans les limites mêmes de l’unité dérivée et dans le contexte:

ajuster → ajustage Opération destinée à donner à une pièce la dimension exacte que requiert son ajustement à une autre.

→ ajustement Action d’ajuster; fait d’être ajusté, degré de serrage ou de jeu entre deux pièces assemblées.

→ ajusteur (ouvrier capable de tracer et de façonner des métaux d’après un plan, de réaliser des pièces méca-niques).

(Petit Robert)

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Le même suffixe peut dériver des mots qui s’inscrivent dans des classes différentes (nom ou adjectif):

• -eur / -euse → (nom) patineur / patineuse (de patiner); → (nom et adj.) broyeur / broyeuse (de broyer)

• -teur /-trice → (nom et adj.) programmateur / programmatrice de programmer.)

Le processus de dérivation entraîne, dans certains cas, la modifi-cation de la base de dérivation. Ces modifications s’expliquent par des raisons phonétiques ou morphologiques.

1.3.1.2. La dérivation suffixale syntagmatique

La dérivation suffixale intervient aussi à l’intérieur de la même classe de mots (dérivation de type syntagmatique). Il s’agit des dériva-tions du type: verbe → verbe, nom → nom, adjectif → adjectif. Certains opérateurs suffixaux sont les mêmes que ceux qui réalisent la dérivation paradigmatique, d’autres sont spécifiques. Le rôle du suffixe dans la nouvelle structure dérivée est double: dans le plan de la relation grammaticale, il maintient le dérivé dans la même classe de compor-tement morphosyntaxique que le mot base de dérivation et, dans le plan sémantique, il ajoute diverses valeurs et nuances de sens (de type aspectuel ou évaluatif) et se constitue en critère de classification à l’intérieur de la classe syntaxique.

(a) La dérivation des verbes

Principaux suffixes Les suffixes qui opèrent dans la classe des verbes prêtent à l’unité

dérivée des valeurs principalement aspectuelles et évaluatives: le trait [+ fréquentatif] est doublé du trait [+ péjoratif]:

• - ailler

crier → criailler v.intr. (1564). Crier sans cesse, se plaindre fréquemment et d’une façon désagréable.

disputer → disputailler v. intr. (1596). Disputer longuement et inutilement.

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tirer → tirailler v. tr. (1542). Tirer à plusieurs reprises, en diverses directions.

(Petit Robert) Certains de ces verbes dérivés se constituent, à leur tour, en base

de dérivation pour des noms: criailler → criaillerie tirailler → tiraillement. • -asser bavarder → bavasser v.intr. (1584).

Pejor. et fam. Parler beaucoup. rêver → rêvasser v.intr. (1490).

Se laisser aller à la rêverie. traîner → traînasser v.tr. (fin XVe s.).

Pejor. Traîner en longueur. Traînasser une affaire

→ traînasser v. intr.(1845). Fam.Agir avec trop de lenteur. Errer à l’aventure.

(Lexis) • - iller mordre → mordiller v. tr. et intr.(XVIe s.).

Mordre légèrement et à plusieurs reprises. sauter → sautiller v. intr. (1564).

Faire de petits sauts successifs. (Petit Robert) • - oter cligner → clignoter v.intr. (XVe s.).

Cligner coup sur coup rapidement et involontairement.

siffler → siffloter v.intr. (1845). Siffler négligemment en modulant un air.

tousser → toussoter (1845). Tousser d’une petite toux peu bruyante. (Petit Robert)

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• -onner chanter → chantonner v. intr.(1538).

Chanter à mi-voix. griffer → griffoner v. tr. (1555).

Écrire (qqch.) d’une manière confuse, peu lisible. tâter → tâtonner v. intr. (XVIe s.).

Tâter plusieurs fois le sol, les objets autour de soi, pour se diriger ou trouver qqch. dans l’obscurité.

(Petit Robert) (b) La dérivation des noms

Les suffixes qui dérivent des noms sont relativement nombreux et spécifiques pour la plupart. Il y a cependant quelques suffixes qui opèrent aussi la dérivation à partir de bases verbales. Ces suffixes sont considérés comme polysémiques ou homonymes, la forme unique représentant «des formes sémantiquement et fonctionnellement diffé-renciées dans l’évolution diachronique»31.

Au point de vue du sens certains suffixes appliquent aux noms dérivés des valeurs qui s’inscrivent dans le paradigme des dérivés à base verbale:

• -ise; -ation – le nom d’action et du résultat de l’action: expert → expertise tarif → tarification

• -ier, -ière; -eau – le nom de l’agent ou de l’instrument de l’action:

crème → crémier, ière crêpe → crêpier, ière plume → plumeau

prune → pruneau • -erie – le nom du lieu où se passe l’activité à laquelle renvoie

le nom base: charcutier → charcuterie crêpe → crêperie

_______________ 31 L. Guilbert, Op. cit., p. 168.

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fromage → fromagerie mutin → mutinerie

Principaux suffixes

Aux suffixes mentionnés s’ajoutent d’autres qui expriment des valeurs supplémentaires dominées par les diminutifs et les évaluatifs. Regroupés selon la nuance de sens qu’ils prêtent au nom-base ces suf-fixes sont:

• - et; - ette; -on; - otte → [+diminutif] cochon → cochonnet (fin XIII-e).

Petit cochon, cochon de lait. moulin → moulinet (1389).

Petit moulin. tarte → tartelette (1349 ).

Petite tarte individuelle. voiture → voiturette (1903).

Petite voiture. cruche → cruchon (XIIIe).

Petite cruche. (Petit Robert)

• -ade; - erie → [+ dépréciatif] Tartarin → tartarinade (1928, surtout au pl.).

Vantardises, fanfaronades. canaille → canaillerie (1846).

Caractère d’une canaille ou action de canaille. fripon → friponnerie (1530).

Caractère ou acte de fripon (malhonnête) → fripouille (1797).

Homme sans scrupules qui se livre à l’escroquerie et à toutes sortes de trafics.

fripouille → fripoullerie (1897). Caractère ou acte de fripouille.

(Petit Robert)

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• -age; -aie; - as; - ée; -ure → [+ collectivité] branche → branchage (1458).

Ensemble des branches d’un arbre. compagnon → compagnonnage (1719).

Association de solidarité entre ouvriers. fût → futaie (1354).

Forêt dont on exploite les arbres quand ils sont parvenus à une grande dimension.

plâtre → plâtras (1371). Débris de plâtrage; Mauvais matériel de construction.

table → tablée (XIII-e) . Ensemble des personnes assises à une même table, qui prennent ensemble leur repas.

os → ossature (1801). Ensemble des os dans le corps de l’homme et de l’animal.

(Petit Robert) • - age; -ie; -ise; - erie → comportent le trait [+ état] veuf (veuve) → veuvage (1374, d’abord des femmes).

Situation, état d’une personne veuve ou non mariée. malade → maladie (1150).

Etat des organismes malades. bâtard→ bâtardise (1550).

Etat de bâtard. poltron → poltronnerie (1566).

Vice du poltron. (Petit Robert)

• - isme; -iste → [+ doctrine] et [+ adepte/partisant] Bonaparte→ bonapartisme (1816).

Toute forme de gouvernement dont les principes rappellent ceux du gouvernement des Bonaparte.

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capitaliste → capitalisme (1842). Régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenu n’appartiennent pas, en règle générale, à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail.

gauche → gauchisme (déb. XXe s.). Attitude des gauchistes.

→ gauchiste (déb. XXe s.). Partisan extrême de solution de gauche.

(Petit Robert) • -at → [+ institution], [+ statut (de la personne qui s’y trouve)] auxiliaire n. et adj. → auxiliariat (1960).

Dans l’enseignement, fonction des maîtres auxiliaires. externe n. et adj. → externat (1829).

Etablissement d’enseignement qui ne reçoit que des externes.

interne n. et adj. → internat (1830). Etablissement où sont reçus des élèves internes. (Lexis)

Plusieurs suffixes, qui sont d’un emploi relativement fréquent, dérivent des noms d’habitants à partir de noms géographiques:

• -ain, -aine Afrique → Africain, aine Armorique→ Armoricain, aine • -ais, -aise Albanie → Albanais, aise Lyon → Lyonnais, aise France → Français, aise • -al, -ale Provence → Provençal, ale • -and, -ande Allemangne → Allemand, ande Normandie → Normand, ande

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• -en, -enne

Europe → Européen, eénne Algérie → Algérien, enne

• -ien, -ienne

Calais → Calaisien, ienne Paris → Parisien, ienne

• -ois, -oise

Alger → Algérois, oise Reims → Rémois, oise

• -ol, -ole

Cévennes→ Cévennol, le Espagne → Espagnol, ole

• -on, -onne

Bretagne → Breton, onne

(c) La dérivation des adjectifs

Principaux suffixes

Les suffixes qui dérivent des adjectifs se regroupent dans des sous-classes selon le trait sémantique qu’ils ajoutent à la base de déri-vation, à savoir [+ diminutif] ou [+ dépréciatif]:

• -et, -ette prête à l’adjectif dérivé une valeur diminutive:

jeune → jeunet, ette pauvre → pauvret, ette maigre → maigrelet rond → rondelet, ette mignon → mignonet, ette seul → seulet, ette

• -ard, -arde; -asse; - aud, -aude prêtent aux adjectifs une valeur dépréciative:

faible → faiblard, arde bêta → bêtassse rond → rondouillard, arde blond → blondasse lourd → lourdaud, aude mol → molasse

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• -âtre est spécialisé dans la dérivation des adjectifs de couleur auxquels il applique une valeur d’approximation, parfois doublée d’une valeur dépréciative:

blanc → blanchâtre rouge → rougeâtre bleu → bleuâtre noir → noirâtre jaune → jaunâtre vert → verdâtre.

1.3.2. La dérivation régressive

Le changement de statut de catégorie grammaticale d’une unité verbale par la simple suppression du suffixe s’appelle dérivation regressive. Les transformations qui soustendent le mécanisme dériva-tionnel sont les mêmes que pour la dérivation suffixale32:

voler → vol n.m. (XIIe). Action de voler; ensemble des mouvements coordonnés, faits par les animaux capables de se maintenir en l’air pour s’y mouvoir. Le vol des oiseaux, des insectes. Suivre, regarder le vol des mouettes.

heurter → heurt n.m.(XIIe). Action de heurter; résultat de cette action. Entendre le heurt d’une porte qui se ferme. Eviter le heurt d’un objet fragile.

pousser → pousse n.f. (XVe).

Action de pousser; développement de ce qui pousse. La pousse des feuilles. La pousse des dents.

(Petit Robert) _______________

32 Les phases de la transformation de la forme verbale en nom sont les suivantes:

Le gardien de la paix porte une arme. Cela est autorisé. → Le fait qu’une arme soit portée par le gardien de la paix est autorisé. → Le port d’une arme par le gardien de la paix est autorisé. Voir

L. Guilbert, Op. cit., p. 164.

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éclairer → éclair transporter → transport tricoter → tricot trotter → trot

Dans certains cas, le e instable s’ajoute à la fin des noms derivés pour permettre la prononciation de certaines consonnes non pronon-cées en finale absolue:

claquer → claque couper → coupe commander → commande Certains de ces dérivés entrent en variation avec des dérivés

suffixés. Ils s’individualisent par le sens: couper → coupe n.f. ( 1375).

Action de couper, de tailler. Coupe dans une forêt communale. Suivre des cours de coupe. Coupe des cheveux.

→ coupage – n.m. (1302). Action de mélanger des liquides différents. Coupage de l’alcool. Vins de coupage.

commander → commande n.f. (1625). Acte par lequel un client commande une marchandise. Faire passer une commande. Marchandise payable à la commande.

→ commandement – n.m. (1080). Vieilli. Action de commander. Commandement, verbal, écrit. Obéir à un commandement. Mod. Avoir un ton, une attitude de commandement. (Dans l’armée) Ordre bref donné à voix haute pour faire executer certains mouvements . À mon commandement. Commandement au sifflet.

(Petit Robert)

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éclairer → éclair → éclairage → éclairement

claquer → claque → claquage

→ claquement

La dérivation régressive apparaît comme un procédé relativement productif. Il marque toutes les étapes de l’évolution de la langue et les dérivés qu’il génèrent s’inscrivent, dans la plupart des cas, dans des paradigmes dont les termes s’individualisent sémantiquement. La spécialisation des emplois semble s’être réalisée au fur et à mesure que le besoin de nommer d’autres réalités s’est imposé.

1.3.3. La conversion

Le changement du statut grammatical des unités lexicales par le simple transfert d’une classe dans une autre (sans l’intervention d’aucune modification formelle) s’appelle conversion. Cette transformation est de nature syntaxique et affecte les classes du verbe et de l’adjectif: les formes de l’infinitif et des participes (passé et présent) peuvent acquérir le statut de nom; les adjectifs peuvent acquérir le statut d’adverbe ou de nom.

La nominalisation des formes d’infinitif ou de participe s’opère, pour certains verbes, par l’inscription dans le syntagme nominal, le contexte de l’article défini, du démonstratif, du possessif ou d’un indéfini prêtant à la forme verbale le statut de nom. Il en est de même de l’adjectif qui se laisse distribuer dans le contexte spécifique du substantif, respectivement précédé par un prédéterminant et suivi ou même précédé par un adjectif:

dîner → le dîner, ce dîner pouvoir → le pouvoir, leur pouvoir pincer → pincé (part. ps.) → une pincée désinfecter→ désinfectant (part. pr.) un désinfectant curieux, -euse (être curieux, -euse, des gens curieux) → un curieux (un / des curieux, de vrais curieux, des curieux insatiables; le curieux de la situation)

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La conversion33 réalisée dans le plan syntaxique est confirmée dans le plan lexical, les deux mots étant enregistrés par le dictionnaire sous des rubriques différentes. Et dans le cas des formes verbales ou adjectivales susceptibles de changer de statut, la conversion affecte:

(a) le comportement morpho-syntaxique des unités qui se laissent marquer par les catégories du genre et du nombre (dans le cas de la nominalisation des formes verbales):

le dîner / les dîners le pouvoir / les pouvoirs une plongée / plusieurs plongées un prétendant / plusieurs prétendants (b) le comportement syntaxique, les formes verbales ayant acquis

le statut de nom ou d’adjectif manifestent, dans les structures fonctio-nelles (syntagme ou phrase), des latitudes combinatoires différentes de leur nature verbale. À comparer:

infinitif → On veut dîner à 20 h nom → Le dîner (officiel / de gala) est fixé à 20 h participe → Paule a plongé les doigts dans l’eau. nom → Paule pratique la plongée sous-marine. participe → On l’a vu protester / protestant contre … nom → Les protestants et les catholiques se sont reconciliés. adjectif → Les églises protestantes sont fermées. (c) le sens des unités linguistiques: – en tant que verbe pouvoir signifie «avoir la possibilité, le

droit, la permission de faire quelque chose»: Paul peut partir seul. – en tant que nom il signifie «le fait de pouvoir, de disposer des

moyens naturels ou occasionnels qui permettent de réaliser une action; la capacité légale de faire quelque chose, etc»:

le pouvoir de parler (= la faculté, la possibilité). _______________

33 Selon L. Guilbert (Op. cit. p. 165), le procédé n’opère que sur la transformation des verbes en noms et des adjectifs en adverbes (Un homme beau et fort / Parler fort). Mais comme beaucoup d’adjectifs sont employés comme noms, ce changement de statut sera inscrit dans la conversion.

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le pouvoir d’un tuteur, d’un mandataire (= la capacité légale, le droit de faire une chose).

le pouvoir des sens, de l’esprit (= la domination). le pouvoir central. (= les organes, les hommes dans lesquels s’incarne le pouvoir). les pouvoirs publics (= l’ensemble des autorités pouvant imposer des règles aux citoyens).

(Petit Robert) A. La conversion des formes d’infinitif en noms La conversion des verbes en noms a eu lieu assez tôt dans l’histoire

du français. Ces noms ont développé beaucoup de sens et même des dérivés syntagmatiques (dîner → dînette):

devoir (n.m. fin XII-e; de devoir). L’obligation morale considérée en elle-même, et indépendamment de son application particulière. Le sentiment du devoir. Agir par devoir. Ce que l’on doit faire. Accomplir, faire son devoir. Devoir pénible. Exercice scolaire qu’un professeur fait faire à ses élèves. Corriger des devoirs.

dire (n.m. XV-e; de dire). Ce qu’une personne, dit, déclare, rapporte. Le dire des témoins. Au dire de l’expert. Dr. Mémoire remis par une partie à des experts.

dîner (n.m. XI-e; de dîner). Vx. Repas de midi. Repas du soir. Dîner de famille, de fiançailles, d’affaires. Les plats, les mets du dîner. Dîner fin, copieux.

aller (n.m. XII-e; de aller). Fait d’aller, trajet fait en allant à un endroit déterminé.

L’aller a été plus facile que le retour. Billet de chemin de fer valable pour l’aller. Un aller, un aller simple pour Marseille. (Petit Robert)

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Certains de ces noms sont des éléments constitutifs des mots composés:

un faire-part , un faire-valoir le savoir-être, le savoir-faire, le savoir-vivre

Par le même procédé de conversion, les formes verbales de par-ticipe passé et de participe présent acquièrent le statut d’adjectifs.

B. La conversion des formes verbales de participe en adjectifs34

(a) Le participe passé adjectivé Par sa nature, le participe passé présente le procès complètement

détensionné et il exprime l’effet, le résultat de l’action35:

suivre → suivi, e Raisonnement bien suivi (où il y a de la liaison). Théâtre suivi (fréquenté). (Petit Robert)

Détaché de l’auxiliaire, le participe passé se détache de tout repère temporel et n’exprime plus qu’une caractéristique ou une qualité se manifestant dans le référent d’un nom concret ou abstrait. Il s’inscrit dans la classe des adjectifs aussi bien au point de vue sémantique _______________

34 Certaines des formes de participe (passé ou présent) assument à côté du statut d’adjectif le statut de nom et, parfois même, uniquement ce statut: (participe) disparu (adjectif) marin disparu en mer, (nom) notre cher disparu (mort, défunt); (participe) courant (adjectif) eau courante,(nom) le courant de l’eau; (participe) coulé (nom) la coulée, (participe) venu (nom) la venue.

35 Dans la structure des formes verbales composées, le participe passé rattache l’effet de procès achevé (accompli) au moment de l’énonciation ou à un autre moment – repère temporel du discours: il présente l’action comme accomplie par rapport au moment de référence – présent, passé ou futur.

Vendre vendu, vendue Il a vendu toutes les cartes. Il n’en a plus. Il ira en apporter d’autres.

action passée, envisagée comme accomplie par rapport au présent. Quand je l’ai rencontré, il avait vendu toutes les cartes. Il n’en avait plus.

action passée, envisagée comme accomplie par rapport à un moment du passé, individualisé par le passé composé (Quand je l’ai rencontré).

Quand nous arriverons il aura vendu toutes les cartes. action passée envisagée comme accomplie par rapport à un moment

du futur, individualisé par la forme de futur (Quand nous arriverons).

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qu’au point de vue du comportement syntaxique. Il ne forme plus une unité fonctionnelle avec l’auxiliaire et le sujet (nom ou pronom) mais avec un substantif qu’il détermine comme un véritable adjectif.

Le roman publié en 19… l’a rendu célèbre. Les romans publiés l’ont rendu célèbre. Les idiomes parlés en Roumanie sont très divers. Les langues parlées en Roumanie sont nombreuses. Les participes passés à statut d’adjectifs (consacrés par l’usage

dans l’emploi adjectival) sont enregistrés par le dictionnaire en tant qu’entrées autonomes, indépendantes de la forme verbale qui est à leur origine. Les formes adjectivales ont évolués parfois, au point de vue sémantique, indépendamment du verbe dont elles sont issues.

Dans le discours, les adjectifs issus des participes passés se com-portent comme les adjectifs de nature:

– ils sont distribués en fonctions d’épithète et d’attribut, positions exclues pour les participes passés à statut de formes verbales:

Une oeuvre réussie. Cette oeuvre est réussie. – ils s’accordent en nombre et en genre avec le nom qu’ils

déterminent: Ne pas dépasser la dose prescrite. Les siècles, les temps les plus reculés. Montagnes, vallées reculées d’une région. – ils se laissent modifier par des adverbes de degré (plus, moins,

très): Des repas mal réussis. Photo tout à fait réussie. – ils entrent en relation de paraphrase avec une proposition

relative centrée sur le verbe être: Une personne très connue. → Une personne qui est très connue. Cette transformation permet aussi de distinguer les adjectifs issus

des formes participes du verbe des adjectifs terminés en -é et en -u

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mais dérivés des formes nominales et qui sont paraphrasables par une relative centrée sur les verbes avoir ou contenir.

À comparer: Un livre vendu. ← Un livre qui est vendu. Un homme blessé. ← Un homme qui est blessé. Une femme trop poilue. ← Une femme qui a trop de poils. Du sucre vanillé. ← Du sucre qui contient de la vanille.

Les adjectifs à base nominale se laissent segmenter en radical et suffixe:

éthère → éthér + -é(e) barbu → barb(e) + -u(e) touffu → touff(e) + -u(e)

Dans les adjectifs à base verbale, les éléments -é, -u, -i ont le double statut de suffixes adjectivaux et de morphèmes qui marquent une certaine valeur grammaticale, spécifiquement verbale.

En tant que suffixes adjectivaux ils sont en variation avec d’autres suffixes qui dérivent des adjectifs de bases verbales:

exploité, -ée exploitant, -ante exploitable Le participe passé adjectif se laisse préfixer comme tout adjectif: vendu, -ue vendable invendu, -ue invendable revendu, -ue Relativement nombreux, les adjectifs résultant de la conversion

de la forme de participe passé expriment des qualités / des caractéristiques envisagées comme acquises, représentant le résultat d’un processus accompli:

blessé, blessée bras blessé , jambe blessée homme blessé , femme blessée

quitté, quittée appartement quitté , maison quittée

village quitté , ville quittée

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fini, finie spectacle fini, représentation finie programme fini, séance finie

arrondi, arrondie compte arrondi , somme arrondie, visage arrondi, forme arrondie

(b) Le participe présent adjectivé Le participe présent exprime une action ou un état en déroulement.

Suivant les relations syntaxiques qu’il contracte avec les termes de la construction dans laquelle il s’insère il est étiqueté comme forme verbale ou comme adjectif.

Le participe présent-verbe admet des compléments d’objet direct (lorsque le verbe et transitif) ou des compléments prépositionnels (lorsque le verbe est intransitif):

Il refusait le dialogue fumant tranquillement sa cigarette. Une jeune fille s’approcha tremblant de peur. Le participe présent-verbe présente des formes doubles (simple

et composée) ce qui lui permet de réaliser l’opposition aspectuelle [-accompli] / [+accompli]: fumant (sa cigarette) / ayant fumé (sa

cigarette). Le participe présent-adjectif varie en genre et en nombre avec le

nom qu’il accompagne, occupe la position d’attribut dans des phrases copulatives et se laisse modifier par des adverbes qui marquent des degrés d’intensité:

Des bûches, des cendres encore fumantes. Les corvées et les soins ménagers les plus rebutants. Des bruits particulièrement allarmants. Des conversations très rassurantes. Employé comme adjectif, le participe présent se laisse mettre en

relation de paraphrase avec une proposition relative et même avec un adjectif:

Sa voix discordant avec l’ensemble a créé l’effet d’un spectacle d’amateurs Sa voix qui discordait avec l’ensemble a créé l’effet d’un spectacle d’amateurs.

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Sa voix fausse / dissonnante a créé l’effet d’un spectacle d’amateurs. Les participes adjectifs se laissent aussi préfixer: prévoyant, -ante imprévoyant, -ante Les adjectifs issus des participes présents sont enregistrés par le

dictionnaire, le participe présent étant parfois mentionné comme forme d’origine:

bruyant, ante adj. (XII-e; anc. p. prés. de bruire). Qui fait beaucoup de bruit. «Le va-et-vient bruyant de la rue» (DAUD). Où il y a beaucoup de bruit. Une rue bruyante. La réunion a été bruyante.

enveloppant, ante adj. (1771; p. prés. de envelopper). Qui enveloppe. La cornée, membrane enveloppante de l’œil. Géom. Ligne enveloppante.

marquant, ante adj. (1721; adj. part. de marquer). Qui permet de marquer des points. Carte marquante.

(1762) Qui marque, laisse une trace, un souvenir. Particularités marquantes. Evénement marquant, mémorable.

discordant, ante adj. (XII-e; a. fr. descordant, de descorder, refait d’après le lat. discordare) .

Qui manque d’harmonie, qui ne s’accorde pas. Caractères discordants. Couleurs discordantes.

Stratifications discordantes. désolant, ante adj. (1718; de désoler).

Littér.Qui désole, qui cause une grande affliction. Nouvelle désolante. Cour. Qui contrarie. Il fait bien mauvais temps. C’est désolant.

(Petit Robert)

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Certaines formes d’adjectif diffèrent graphiquement des formes correspondantes de participe présent. Ces différences se situent soit au niveau de la désinence (-ent pour l’adjectif et -ant pour le participe présent), soit au niveau de la consonne sur laquelle finit le radical. Cette consonne change de graphie (-cant, dans la forme de l’adjectif et -quant, dans la forme du verbe) ou d’environnement (-g, dans la forme de l’adjectif et -gu, dans la forme du verbe):

participe adjectif coïncidant coïncident, -ente communiquant communicant, -ante convainquant convaincant, -ante provoquant provocant, -ante fatiguant fatigant, -ante intriguant intrigant, -ante Aux formes de participes présent adjectivées en français s’ajoutent

de nombreuses formes d’adjectifs hérités du latin: adhérant adhérent, -ente affluant affluent, -ante confluant confluent, -ente convergeant convergent, -ente36

(C) La conversion des adjectifs en nom et en adverbes

Des adjectifs hérités du latin, et dont l’emploi a été marqué par un haut degré de fréquence, ont acquis, dans certains de leurs emplois, le statut de noms ou d’adverbes.

Dans le cas des emplois nominaux, la qualité ou la caractéristique appliquées par l’adjectif à la réalité désignée par le nom soit s’est sub-stituée à cette réalité, la désignant soit s’est constituée en entité concrète ou abstraite, l’adjectif acquérant ainsi le statut de nom. Il s’agit, dans la plupart des cas, de certains contextes qui ont favorisé la transformation. Par exemple: aliment / boisson / temps / atmosphère chaud(e):

Ne pas supporter boire le thé chaud → Ne pas supporter le chaud.

_______________ 36 Voir la liste complète dans M. Grevisse, Le bon usage, 1988, Duculot,

Gembloux, p. 1342.

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Les noms résultant de la conversion sont relativement nombreux et représentent plusieurs clases sémantiques.

doux 1. Ce qui est doux. Préférer le doux. Prendre du sec (du vin sec) plutôt que du doux.

2. (Personnes) C’est un doux. Fam. Terme d’affection. Ma douce. Il va voir sa douce.

fort 1. (XIVe) Le côté fort, l’aspect sous lequel une personne, une chose révèle le plus de puissance, de valeur, d’efficacité.

Le fort et le faible d’une chose, d’une personne. 2. (1611) Partie forte, résistante d’une chose.

(Archit.) Le fort d’une voûte, d’une poutre. La plus grande largeur d’un navire. Largeur au fort.

3. (XIVe s.) d’un ancien sens de l’adjectif’ Le fort de la fôret (le coeur). Fig. Au fort de l’été, de l’hiver.

(Petit Robert) Il en est de même de certains adjectifs résultant de la conversion

des formes de participes passé ou de participe présent qui sont employés aussi comme substantifs:

(adj.) correspondant, -ante: les éléments correspondants de deux systèmes; des angles correspondants

(nom) un / le correspondant: correspondant diplomatique, de guerre; avoir des correspondants fidèles. Un prospectus touristique dépliant. → Un dépliant touristique.

La conversion a spécialisé la plupart des formes adjectivales pri-maires dans des emplois adverbiaux. Ces formes sont enregistrées par le dictionnaire comme entrées distinctes sous la catégorie d’adverbes:

fort adv. (XVe s.). 1. Adverbe de manière.

Avec de la force physique en fourissant un gros effort. Frapper fort. Serrer très fort.

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2. Adverbe de quantité. (avec un verbe. Rare dans la langue parlée). Cet homme me déplaît fort.

Vous m’obligeriez fort. J’en doute fort.

(Petit Robert) Beaucoup d’adjectifs ont développé les deux emplois de nom et

d’adverbe: bon 1. (adj.) → Une bonne solution.

2. (nom)→ Cette solution a aussi du bon. → Les bons et les méchants. 3. (adv.)→ Sentir bon. Tenir bon. → Il fait bon vivre à la campagne.

mauvais 1. (adj.) → Une très mauvaise situation. 2. (nom)→ Les bons et les mauvais. 3. (adv.)→ Sentir mauvais. → Il fait mauvais.

D. CONCLUSION Bien qu’opérant principalement le passage des verbes dans la

classe des noms et dans celle des adjectifs, la conversion transfère aussi des adjectifs dans la classe des noms ou dans celle des adverbes. C’est le cas des qualités qui désignent aussi les objets qui les mani-festent, ce qui fait que beaucoup d’unités lexicales aient le double statut d’adjectifs et de noms (statut mentionné par le dictionnaire de langue): beau, belle (adj.) et le beau (n.m.), flou (adj.) et le flou (n.). Certaines unités adjectivales primaires assument le triple statut d’adjectif, de nom et d’adverbe: doux, douce (adj.) et doux (adv. et n.), haut, haute (adj.) et haut (n.m. et adv.).

La conversion s’avère un procédé limité d’une part à certains types de conversion et d’autre part à la disponibilité des lexèmes verbaux de changer de statut. Un sondage sur le corpus offert par le dictionnaire Le Petit Robert a permis de constater:

– que la conversion des formes d’infinitif en noms est réalisée par une série très restreinte de verbe et représente une série fermée;

– que la plupart des formes de participe passé assument le statut d’adjectifs;

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– que certaines des formes qui assument le statut d’adjectif assument en même temps le statut de nom et d’autres formes, très peu nombreuses n’assument que le statut de nom.

1.3.4. La dérivation parasynthétique

C’est le procédé qui permet de créer de nouvelles unités lexicales par l’adjonction simultanée d’un préfixe et d’un suffixe. La suppression du préfixe seul ou du suffixe seul ont pour résultat des formes non attestées. Par exemple, le verbe affermir résulte de l’adjonction simul-tanée du préfixe a- et du suffixe -ir (a- + ferme + -ir → affermir). La suppression de l’un ou de l’autre des deux affixes entraîne l’annulation du caractère attesté du mot qui résulte: *fermir ou *afferm.

Dans le processus de dérivation, les deux affixes se partagent les fonctions: le suffixe entraîne le changement de la classe grammaticale à laquelle appartient la base de dérivation et le préfixe ajoute, à la même base, une nouvelle valeur sémantique:

préfixe + base + suffixe → nouvelle unité lexicale en + caiss + er → encaisser

caisse = grande boîte ou coffre utilisée pour l’emballage, le transport des marchandises; coffre dans lequel on dépose l’argent.

encaisser = (rare) mettre dans une caisse, emballer; (mod.) recevoir, toucher de l’argent, le montant d’une facture.

Les bases de dérivation appartiennent aux classes du nom, de l’adjectif et du verbe et se caractérisent par une certaine spécialisation:

• les noms permettent de dériver: – des noms:

en + bouteill(e) + age → embouteillage – des adjectifs:

é + dent + é, ée → édenté, ée – des verbes:

en + boît(e) + er → emboîter • les adjectifs permettent de dériver des verbes:

a + ferm(e) + ir → affermir

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• les verbes permettent de dériver des adjectifs: in + batt(re) + able → imbattable

Les prefixes présentent des affinités combinatoires avec les différentes bases:

– é- et dé- se combinent avec une seule base, les noms: effronté,ée; dérouter;

– in- se combine uniquement avec des bases verbales: inaccordable, intouchable;

– a- et en-, em- se partagent l’emploi entre deux bases, les noms et les adjectifs:

acouder; encaisser; allonger; enlaidir.

(a) La dérivation des noms Les suffixes qui dérivent des noms sont: - -age, -ment, -ure, -ée. Les préfixes: en- ,em-. La base: des noms.

préfixe base suffixe nom en-/em- bouteill(e) -age → embouteillage pièce -ment → enpiècement table → entablement col -ure → encolure

fourche → enfourchure jamb(e) -ée → enjambée

(b) La dérivation des adjectifs Les suffixes qui dérivent des adjectifs sont: -é, ée ; -able. Les préfixes: é- et in-, im-. La base: des noms et des verbes.

préfixe base suffixe adjectif é- dent -é,-ée → édenté, ée

front → éffronté, ée flanc → éfflanqué, ée fil → éffilé, ée hont(e) → éhonté, ée

in- battr(e) -able → inbattable accord(er) → inaccordable appais(er) → inapaisable

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constat(er) → inconstatable décoll(er) → indécollable dépass(er) → indépassable touch(er) → intouchable

im- manquer → immanquable mett(re) → immettable

(c) La dérivation des verbes Les suffixes qui dérivent des verbes sont: -er, -ir. Les préfixes: a- , e-, dé-, en- / em-. La base: des noms et des adjectifs.

préfixe base suffixe verbe a- coud(e) - er, -ir accouder

lun(e) alunir terr(e) atterrir long allonger fol affoler ferm(e) affermir grav(e) agraver mol amollir soupl(e) assouplir

é- germe égermer grain égrainer/ égrener pur épurer

rein éreinter en-, em- barqu(e) embarquer

boît(e) emboîter poch(e) empocher beau embellir laid enlaidir noble ennoblir

dé- barqu(e) débarquer froc défroquer four défourner paquet dépaqueter rout(e) dérouter terr(e) déterrer

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CONCLUSION

La dérivation parasynthétique se montre particulièrement pro-ductive pour la classe des verbes. Les verbes issus de cette double dérivation expriment diverses valeurs dont les plus fréquentes sont les valeurs d’inchoatif (le changement d’état dans le sujet du verbe) ou de causatif (le changement d’état dans l’objet sur lequel est orientée l’action exprimée par le verbe).

Les structures qui sont à la base de ce type de dérivation sont des phrases dont l’adjectif attribut (devenir + adj.; rendre + adj.) ou le nom circonstant (se mettre à + nom; s’engager dans + nom) se transforment en verbes:

devenir mou, moins ferme → s’amollir Son courage s’amollit.

– valeur d’inchoatif, le changement affecte l’état du sujet - le courage.

rendre mou, moins ferme → amollir qqch. L’émotion amollit les jambes.

– valeur de causatif, le changement affecte l’état de l’objet direct du verbe – les jambes.

s’engager, s’enfoncer dans la bourbe, dans un bourbier → s’embourber

La voiture s’était embourbée. mettre en prison qqn., enfermer comme dans une prison → emprisonner qqn.

Emprisonner un malfaiteur. Elle se plaignait d’être emprisonnée dans ce couvent.

Les verbes dérivés peuvent avoir des sens propres (voir les exemples ci-dessus) et des sens figurés: s’embourber dans la sottise; une cravatte qui emprisonne le cou; se sentir emprisonné dans ses rêves.

Pour l’ensemble des dérivés parasynthétiques, il est important de les distinguer des créations formées par la préfixation ou par la suf-fixation d’une base modifiée antérieurement par un des deux procédés. L’adjectif enragé, ée, par exemple, est dérivé par la suffixation (-é,ée) du verbe enrager. Le verbe enlacer est dérivé par la préfixation (en-) du verbe lacer et le nom enterrement est dérivé par la suffixation

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(-ment) du verbe enterrer. Ce sont des unités qui comportent dans leur structure un suffixe et un préfixe, qui sont entrés dans un deuxième cycle de dérivation, mais qui ne sont pas formées par la dérivation parasynthétique puisque les deux mécanismes ne sont pas intervenus simultanément.

1.3.5. La derivation préfixale 1.3.5.1. Définition et origine des préfixes La dérivation préfixale consiste en l’adjonction d’un affixe (pourvu

ou non d’existence autonome) à la gauche d’un mot susceptible d’au-tonomie dans la phrase.

Dérivation de type syntagmatique, la dérivation préfixale se rap-proche de la composition par les relations (des relations syntaxiques de type phrastique) sur lesquelles reposent les transformations qui génèrent les nouvelles unités lexicales. La différence entre les deux types de transformations est donnée par le niveau auquel se situe la relation réalisée par l’unité visée dans la phrase de départ:

– dans le cas de la préfixation, la relation se situe au niveau du prédicat, étant centrée sur un modificateur réalisé par une préposition ou par un adverbe: l’unité préfixée présalaire résulte des transfor-mations suivantes: le salaire est avant le salaire → le salaire qui est avant le salaire → le présalaire;

– dans le cas de la composition, les deux termes qui entrent dans la structure du mot composé sont des éléments constitutifs de la relation prédicative (du sujet ou du prédicat, respectivement des noms, des adjectifs et des verbes): la chaise est longue → la chaise qui est longue → la chaise longue37

Le préfixe peut former une seule unité graphique avec le mot -base de dérivation ou garder une indépendance relative (antéposer, réaction, malentendu, après-ski).

L’identification et le dénombrement des préfixes sont des aspects délicats de la créativité lexicale. Les solutions en ont été relativement différentes suivant le modèle linguistique adopté. La difficulté de tran-cher quant à la nature et au statut des préfixes vient du fait que, à côté des formes du type ad-, ac- anté-, anti-, co-, en-, qui n’ont pas d’autonomie dans la phrase et n’apparaissent que soudées au mot base, _______________

37 L. Guilbert, Op. cit., p. 217.

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il y a les formes après-, arrière-, avant-, bien-, contre-, mal-, pour-, sans-, sous- qui connaissent un emploi autonome en dehors de l’unité lexicale préfixée. Ces formes, lorsqu’elles ont le statut de préfixes, peuvent apparaître soudées au mot base ou rattachées à celui-ci par un trait d’union. Elles peuvent apparaître aussi complètement libres, séparées du mot qu’elles accompagnent, lorsqu’elles sont prépositions ou adverbes. L. Guilbert explique le statut de préfixes de ces unités semi-autonomes par des mécanismes transformationnels appliqués, dans le plan synchronique, à la phrase comme base de la création lexi-cale38. Ces unités semi-autonomes peuvent être considérées comme des prefixes pour deux raisons:

(1) elles répondent aux critères de définition du préfixe: se placent à gauche du mot – base de dérivation – et n’amènent pas de modifi-cation dans le statut morphosyntaxique de celui -ci;

(2) elles entrent en relation de commutation avec d’autres préfixes: surcharger, décharger, recharger; outrepasser, dépasser, repasser. Ce sont des préfixes qui ont en commun l’identité de forme39 avec les préposition et les adverbes.

La dérivation préfixale n’entraîne pas de changement dans le statut morphosyntaxique du mot base. Le mot obtenu par la préfixation se maintient dans la même classe:

Nom → Nom avis → préavis

charge → décharge ski → après-ski Adj. → Adj. raisonnable → déraisonnable abondant → surabondant dernier → avant-dernier Verbe → Verbe voler → survoler prendre → reprendre balancer→ contrebalancer

_______________ 38 L. Guilbert, Op. cit., p. 205-219. 39 Hervé-D. Béchade, Phonétique et morphologie du français moderne

et contemporain, P.U.F., Paris, 1992, p. 96.

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Seule la signification du mot base est modifiée par le prefixe. Sauf quelques exceptions (rebord, recoin, regarder), le préfixe ajoute au mot base une valeur prépositionnelle (l’orientation, l’origine) ou adverbiale (le lieu, le temps, l’opposition, la négation) et, dans le cas de certaines bases verbales, des valeurs aspectuelles:

terrestre (adj.) Du monde où vit l’homme, d’ici bas (opposé à céleste) → extraterrestre / extra-terrestre Extérieur à la terre ou à l’atmosphère terrestre.

tomber (v.) Être entraîné à terre en perdant son équilibre.

→ retomber Tomber de nouveau, faire une seconde chute.

voir (v.) Percevoir par les yeux.

→ prévoir Voir, comprendre, deviner à l’avance qqch.

(Petit Robert) En fonction du sémantisme du mot base, le même préfixe peut

actualiser des valeurs différentes: a- [+ privatif] → apesanteur

[+ orientation] → abaisser ante- / anti- [+opposition] → antéchrist , antichar

[+antériorité] → antéposer, antidater Le même préfixe peut se combiner avec des bases appartenant à

des classes grammaticales différentes: préfixe + nom / adjectif / verbe / adverbe avant- avant-guerre avant-dernier - avant-hier contre- contre-mesure - contrebalancer - extra- extra-courant extra-fin - - inter- interconnexion interethnique interposer - mé- mésalliance mécontent méconnaître - rétro- rétroviseur rétroactif rétropédaler -

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Origine des préfixes

La plupart des préfixes sont d’origine latine. Quelques uns ont été empruntés au grec et la forme me-/ mé- semble être d’origine francique.

Certaines formes qui viennent du latin ont été empruntées par les deux voies: populaire et savante, ce qui explique l’existence de deux ou trois variantes:

Latin Forme populaire Forme savante ante, pop. *abante avant - anté-, anti-

avant-guerre antéposer, antidater bis bé- bis-, bi-

- biscuit, bilatéral dis dé-, dés- dis-

délocaliser, désamorcer disharmonie in en- , em- in-

encadrer, embrigader indiscipliné pro pour- pro-

pourchasser proconsulaire sub, bas-lat.subtus sous-, sou- sub-

sous-préfet, soutitre sublingual super sur- super

surdévelopper superchampion

Dans le cas des emprunts faits par voie populaire les variantes s’expliquent par l’altération de la consonne finale en contact avec la consonne initiale du mot base (sous l’effet de l’assimilation régressive partielle ou totale):

• dé - devant consonne: déconsidérer, démonter, découler, détourner.

• dés - devant voyelle: désaccorder, désadapter, désaltérer, désarmer.

• en - devant voyelle ou consonne autre que b, m et p: enivrer, encercler, engueuler, enlacer.

• em- devant les consonnes b, m et p: embarquer, emmener, emporter.

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• ad -préfixe emprunté uniquement par voie populaire. Ce préfixe connaît plusieurs formes graphiques et plusieurs prononciations:

ab - (abattre); al- (allonger); ar- (arranger); ac- (accoupler); ap- (apposer); at- (attendrir).

1.3.5.2. Classification des préfixes Les préfixes se laissent classer: • suivant la nature du mot base avec lequel ils se combinent,

donc en fonction des latitudes combinatoires avec les différentes classes de mots (parties de discours). On distingue des préfixes nominaux, des préfixes adjectivaux et des préfixes verbaux:

– préf. + nom → préfixe nominal: préavis, sous-préfet.

– préf. + adjectif → préfixe adjectival: préélectoral, sous-préfectoral.

– préf. + verbe → préfixes verbal: copartager, sous-traiter.

• suivant le sens qu’ils ajoutent au mot dérivé, les préfixes se regroupent dans trois grandes zones sémantiques: les relations d’ordre dans l’espace et dans le temps, la quantité et la négation:

– préf. + nom / adj./ verbe [+ relation d’ordre dans le temps: antériorité] → préhistoire, préhistorique, préexister. – préf. + nom / adj. / verbe

[+ idée de quantité] → hyperacidité, hypercorrect, hypertrophier. – préf. + nom / adj. / verbe

[+ idée de négation] → mécontentement, mécontent, mécontenter. Aucun des deux critères ne permet un classement rigoureux et

cohérent parce que, d’une part, beaucoup de préfixes ne se combinent que rarement avec une seule classe de mots, et d’autre part, il y a de nombreux glissements entre les zones de signification mentionnées. En plus, beaucoup d’autres nuances sont le résultat de l’influence du contexte.

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1.3.5.3. Principaux préfixes • anté- / anti-, avant- Hérités du latin (ante, *abante), ces préfixes expriment l’anté-

riorité dans le temps et dans l’espace. Ils sont peu productifs et ont donné quelques dérivés à base nominale, adjectivale et verbale. Le préfixe avant- se combine aussi avec une base adverbiale:

nom adjectif antépénultième antépénultième antidate antédiluvien, -ienne avant-guerre avant-dernier verbe adverbe antéposer - antidater - - avant-hier • pré- Préfixe d’origine latine (de prae), pré- se combine avec des noms,

des adjectifs et des verbes. Il exprime l’antériorité dans le temps. Il est relativement productif et manifeste une certaine disponibilité pour les bases nominales et adjectivales:

nom adjectif verbe préavis préclassique prédisposer préhistoire préhistorique préétablir pré-orientation préélectoral, ale prédominer préfloraison prémilitaire préformer préfabrication préfabriqué, -ée préformation préglaciaire préexistance prénuptial, ale

Beaucoup des formes nominales et adjectivales comportant le préfixe pré- sont des formes dérivées de bases verbale ou adjectivale préfixées antérieurement:

– prédominant, ante v. 1370; de prédominer. – prédominance XVIe s.; de prédominant. – préexistant, ante XVe s.; de préexister (1482; lat. scolast. præxistere); préhistorien 1874. – de préhistoire; préromantisme 1923; de préromantique).

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• arrière- , après- , post- D’origine latine (de *adretro, adpressum et post), ces préfixes

expriment la postériorité dans l’espace ou dans le temps et se com-binent de manière préférentielle avec les différentes classes de mots: nom adjectif verbe adverbe arrière-plan - - - arrière-salle - - - après-ski - - après-demain postcombustion postclassique postdater - postcommunisme postscolaire postposer - postcommunion postnatal postsynchroniser -

• anti- / ant- D’origine grecque (anti), ce préfixe exprime l’opposition. Il est

productif surtout parce qu’il manifeste une grande disponibilité à se combiner avec des noms et des adjectifs dérivés par des suffixes qui marquent la doctrine:

nom adjectif antéchrist antialcoolique anticléricalisme anticlérical anticolonialisme antiatomique anticommunisme anticommuniste

• inter- / entre- D’origine latine (inter), ce préfixe à double forme (savante et

populaire) exprime plusieurs valeurs relativement différentes: l’intervalle entre deux choses (interclasse, entracte), la répartition sur un espace (entreposer), la relation de réciprocité (s’entrechoquer) ou une action qui ne se fait qu’à demi (entrebâiller). Les deux formes se combinent de manière préférentielle avec les trois classes de mots.

La forme savante inter - ne présente pas de restrictions et semble favoriser les adjectifs:

nom adjectif verbe interaction interallié, ée interclasser intercommunication interastral, ale interjeter interconnexion intercellulaire interpénétrer interdépendance intercostal, ale interposer

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interligne interchangeable intercommunal, ale intercontinental, ale interdépendant, ante

La forme populaire entre- semble refuser la combinaison avec les bases adjectivales:

nom verbe entracte (s’)entraider entraide (s’)entrechoquer entrecôte (s’)entre-déchirer entre-ligne (s’)entre-frapper entremets (s’)entremettre entrepont (s’)entremêler entre-rail (s’)entreposer • hyper- , super- , sur- , supra-, sus- Ces préfixes forment un micro-système de formes synonymes

qui génèrent des unités lexicales préfixées de manière différente, mais qui renferment les mêmes valeurs: l’idée de supériorité (en sens local et temporel), de haut degré, d’excès ou de renforcement. Ces préfixes présentent des disponibilités combinatoires différentes.

L’élément hyper- d’origine grecque se combine avec des noms et des adjectifs et forme des termes spécialisés pour certains domaines scientifiques:

nom adjectif hyperacidité hypercorrect, ecte hyperchlorhydrie hyperfocal, ale hypercritique hypernerveux, euse hyperémotivité hypersensible hyperespace hypersonique

Les préfixes super- variante savante et sur- variante populaire du latin super expriment, dans la langue commune, les mêmes valeurs. Ils se combinent avec les trois classes de mots:

nom adjectif verbe supercarburant superfin superposer superciment superfluide - superfinition supersonique -

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superréaction - - superstructure - - surabondance surabondant, ante surabonder

suralimentation - suralimenter Le préfixe sus- ne dérive que quelques formes d’un emploi rare

qui sont réservées à des domaines spécialisés: susdit, dite (dr. Dit, mentionné ci-dessus) sus-dominante (mus. Sixième degré de la gamme diatonique)

sus-hépatique (anat. Qui est au-dessus du foie) sus-maxilaire (anat. De la mâchoire supérieure)

susmentionné , ée (adm. Mentionné plus haut) susnommé, ée (adm. Nommé plus haut) sus-tonique (mus. Deuxième degré de la gamme diatonique) • hypo-, sub- , sous- D’origine grecque (hypo) et latine (sub, subtus), ces préfixes se

partagent plusieurs zones de signification rapprochées: l’insuffisance, le degré d’infériorité, la position en dessous et l’approximation. Ils sont relativement productifs et dérivent des mots qui appartiennent aussi bien à la langue commune qu’au langage scientifique:

nom adjectif verbe hypocentre hypochloreux - hypoderme hypophosphoreux, euse - hypoglycémie hyposulphureux, euse - hypotension hypotendu, ue - subconscient subconscient, -ente subdéléguer subdélégation subalpin subdiviser - subaigu, -uë submerger - sublingual, -ale subodorer sous-aide sous-admissible sous-évaluer sous-alimentation sous-alimenté, ée sous-exposer sous-ingénieur sous-prolétaire sous-louer

• mé- / més- Ce préfixe, qui présente des variantes positionnelles, exprime

l’idée de négation (le contraire) et ajoute, dans certains cas, une valeur péjorative. Il se combine avec les trois classes de mots et semble assez

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productif. À l’origine, ce suffixe s’est combiné avec le verbe (rarement avec l’adjectif) qui se constitue en base dérivationnelle pour les autres classes de mots (qui sont des suffixés à partir d’une base préfixée):

nom adjectif verbe méconnaissable ← méconnaître méconnu, ue ← mécontentement ← mécontent, ante → mécontenter médisance ← médisant, -ante ← médire méfiance ← méfiant, -ante ← se méfier méprise ← méprisant,-ante ← mépriser ← méprisable • dé(s)- , dis- Ce préfixe, qui présente deux variantes pour la forme populaire

et une seule pour la forme savante, indique l’éloignement, la séparation ou la privation. Il apparaît comme relativement productif parce qu’il dérive des adjectifs et des verbes. Ces derniers se constituent, dans certains cas, en base de dérivation suffixale pour les noms:

nom verbe adjectif déballage ← déballer déloyal, -e débarbouillage ← débarbouiller déraisonnable déblocage ← débloquer désagréable déboisement ← déboiser démontable débarquement ← débarquer disparité dissimuler dissymétrie disparaître disjoindre • en- , em- Ce préfixe, à variante positionnelle, dérive principalement des

verbes et il a différents sens qui se rattachent à l’idée d’intériorité: nom verbe enjeu enchausser (couvrir de paille, de fumier)

endurcir (rendre plus dur au mal, plus résistant) enfermer (mettre en un lieu d’où il est impossible de sortir) enfumer (remplir ou environner de fumée)

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enlacer (entourer plusieurs fois en serrant; serrer dans ses bras) enlever (porter vers le haut; ravir, transporter) entraîner (emmener de force avec soi; conduire, mener avec soi) (s’)envoler (prendre son vol, partir en volant) emmener (mener (qqn.)avec soi, d’un lieu dans un autre) emporter (prendre avec soin (qqch.) et porter hors d’un lieu) • re- , ré- , r- La forme de ce préfixe se modifie en fonction de la nature con-

sonantique ou vocalique de l’initiale du mot avec lequel il se combine: re - devant un mot à initiale consonantique:

refermer, regrouper, replonger. res - devant les mots à initiale s -:

ressaissir, ressaisissement, ressauter, ressembler. ré - devant un mot à initiale vocalique:

rééducation, réintégrer. r -ou ré devant les mots à initiale a-:

ramener, rassurer,rattraper, réabonner, réagir, réarmer. Certaines bases se combinent avec les deux formes du préfixe: rajuster / réajuster ranimation / réanimation ranimer / réanimer rapprovisionner / réapprovisionner Ce préfixe, qui à l’origine exprime l’idée de ramener en arrière,

a acquis en français d’autres valeurs plus ou moins apparentées à celle-ci. Il ajoute à la base les nuances de sens suivantes:

– ramener en arrière: rabattre (ramener par force dans une cer-taine direction); recourber (courber à une extrémité, rendre courbe);

– revenir à un état antérieur: refermer (fermer ce qu’on avait ouvert ou ce qui s’était ouvert); retracer (tracer, dessiner à nouveau ce qui était effacé);

– l’idée de répétition: redire (dire de nouveau), réadmettre (admettre de nouveau);

– l’idée de renforcement: réunir (mettre ensemble pour former un tout); redoubler (renouveler en augmentant considérablement);

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– valeur zéro: rebord (bordure, pièce en sailli qui forme le bord). recoin (coin caché, retiré); réchapper (échapper à un péril pressant; guérir, s’en sortir vivant); regarder (faire en sorte de voir, s’appliquer à voir).

La valeur dominante du préfixe re- est l’itération (l’idée de répé-tition, de reprise d’une action), ce qui en fait un moyen de base du système des marques aspectives du verbe:

verbe verbe verbe verbe abonner → réabonner apparaître → éapparître absorber → réabsorber armer → réarmer adapter → réadapter assigner → réassigner admettre → réadmettre agir → réagir applatir → raplatir appliquer → rappliquer

Le statut de marque aspective du préfixe est confirmé aussi par la valeur du nom dérivé ultérieurement de verbe préfixé:

nom verbe réabonnement ← réabonner réabsorbtion ← réabsorber réadaptation ← réadapter réadmission ← réadmettre réanimation/ ranimation ← réanimer / ranimer réapparition ← réapparaître

CONCLUSION

La préfixation est un procédé productif qui intervient dans la dérivation de trois classes de mots: les noms, les adjectifs et les verbes.

Les opérateurs de préfixation sont soit des affixes non auto-nomes en dehors de la base préfixée, soit des unités autonomes (des préposition ou des adverbes). Les préfixes sont relativement nombreux et certains d’entre eux se combinent avec des bases appartenant aux trois classes de mots.

Dans certains cas, où la dérivation préfixale se surajoute à la dérivation suffixale, la préfixation se rapproche de la dérivation para-synthétique.

Les préfixes, tout comme les suffixes, ont le double statut d’élé-ment constitutif de la forme nouvellement créée et de modificateur de sens (lexical).

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2. LA COMPOSITION

2.1. Définition et procédés

La composition est le procédé par lequel on forme une nouvelle unité lexicale en unissant deux ou plusieurs mots qui existent déja dans la langue et qui fonctionnent comme unités autonomes: arc-en-ciel, timbre-poste, passe-partout, portemanteau.

La tradition reconnaît deux types de composition, distiguées par l’origine des mots base: la composition savante (les mots agencés sont d’origine grecque ou latine) et la compostion française ou popu-laire (les mots agencés sont d’origine française).

La langue contemporaine a développé de nouveaux modes de composition:

– à partir de bases françaises ont été crées des unités syntag-matiques, appelées synapsies;

– à partir des procédés spécifiques de la composition savante ont été développés des formations marquées par l’abréviation et par la troncation;

– beaucoup d’unités syntagmatiques ont été réduites aux lettres initiales des termes constitutifs, formant ainsi des sigles, un autre type de mots composés.

Le mot composé s’inscrit dans le lexique de la langue comme unité lexicale à valeur dénominative. Il designe une réalité unique.

Les mots-base qui forment le mot composé entretiennent des relations syntaxiques de type déterminé – déterminant, relations explicitées par la proposition – base de la transformation. Les mots-base apparaissent dans la phrase avec le statut de syntagme nominal, syn-tagme verbal ou élément de syntagme. Ils sont distribués dans les différentes fonctions syntaxiques de sujet, attribut ou complément. La transformation suppose la réduction de la proposition de base à une relative qui comporte l’élément auquel sera assigné le statut de déter-minant dans le mot composé. Cette lampe ne s’éteint pas par grand vent (tempête).

→ Cette lampe est une lampe qui ne s’éteint pas par grand vent (tempête)

→ C’est une lampe-tempête. → (une) lampe-tempête

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Cette boule est faite de neige. → Cette boule est une boule qui est faite de neige. → C’est une boule de neige. → (une) boule de neige Dans cette boule on peut mettre du riz / du thé. → Cette boule est une boule dans laquelle on peut mettre du riz / du thé.

→ C’est une boule à riz / à thé. → (une) boule à riz / à thé Ce dispositif (accessoire d’un véhicule) est destiné à recevoir (porter) des bagages. → Ce dispositif est un dispositif qui est destiné à porter des

bagages. → C’est un porte-bagages. → (un) porte-bagages

La cohésion de la nouvelle formation est assurée, au niveau formel, par la suppression de certains éléments spécifiques de la syntaxe de la proposition: prédéterminants, pronom relatif et verbe. La préposition qui marque la relation syntaxique entre le nominal et le terme régissant se maintient dans le nom composé: arme à feu, ligne d’horizon, arc-en-ciel.

Reposant sur la relativisation, la seule transformation de nomi-nalisation, la composition produit des substantifs et des adjectifs. La formation des verbes est exclue parce qu’il est impossible d’avoir deux verbes dans la même phrase noyau – la base de la transfor-mation. Les verbes qui semblent être le résultat de la composition (maintenir, saupoudrer, colporter, culbuter, bouleverser) sont des for-mations anciennes et «ont la valeur d’un moyen aggloméré au verbe dans un ordre emprunté au latin et maintenu dans la syntaxe primitive du français sans qu’intervienne une transformation par verbalisation à partir d’une phrase de base»40. En français contemporain il existe des locutions verbales qui comportent un seul noyau verbal, la cohésion de l’ensemble n’étant pas le résultat d’une véritable transformation mais d’un agencement syntagmatique confirmé par l’usage41. Cependant, certains linguistes classent parmi les mots composés aussi bien des verbes que des adverbes, des préposition et des conjonctions42. _______________

40 L. Guilbert, Op. cit., p. 222. 41 L. Guilbert, Op. cit., p. 261. 42 M. Riegel, J.-C. Pellat, R. Rioul, Op. cit., p. 548-549; Hervé -D. Béchade,

Op. cit., p. 143-147.

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L’ordre des termes qui constituent le mot composé peut être soit progressif déterminé – déterminant (qui correspond à l’ordre normal de la syntaxe du français): député-maire, bateau-pilote, sang-froid, pare-choc, porte-drapeau, laissez-passer, soit régressif déterminant – déterminé (qui correspond au modèle latin ou qui est calqué sur le modèle anglais): bas-fond, haut-fond, rond point, sauf-conduit, haut-parleur, libre-service.

Les éléments réunis dans le mot composé se présentent : – soudés, lorsqu’il s’agit de formations de date ancienne: bon-

homme, gentilhomme, lieutenant,maintenir, portemanteau; – réunis par un trait d’union: abat-jour, porte-clés, rouge-gorge,

sauf-conduit; – en groupement libre, séparés par des blancs typographiques:

billet doux, salle à manger, dents de laits, poids lourd. La tendance de la langue est à l’agglutination, tendance confirmée

par les mots créés de longue date et d’usage général. Le dictionnaire enregistre des mots composés agglutinés graphiquement, attestés de date ancienne: passeport (1520), plafond (1559), vinaigre (1200), marchepied (1330).

Dans les rectifications de l’orthographe française approuvées par l’Académie Française et publiées le 6 décembre 1990, il est proposé, entre autres, de supprimer le trait d’union dans certains noms composés qui connaissent un emploi généralisé et qui sont relativement fréquents. Cette décision se justifie par le besoin de simplifier la graphie de la langue française et s’appuie sur le fait que le procédé de la composition avec trait d’union coexiste et est en concurrence avec la composition par agglutination ou par soudure (portemanteau, betterave) mais aussi avec la composition par le figement d’expressions dont les termes sont autonomes dans la graphie (pomme de terre, compte rendu). Les éditions récentes du dictionnaire le Petit Robert enregistrent les modifications approuvées par l’Académie. Pour le moment, pour certains mots, les deux graphies coéxistent:

porte-feuille / portefeuille porte-crayon / portecrayon porte-clé(s) / porteclé(s) basse-cour / bassecour mille-feuille / millefeuille sage-femme / sagefemme

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Dans certains composés (formés par téléscopage), appelés aussi mots-valises ou mots-portemanteaux, les mots qui entrent dans leur structure sont tronqués et on retrouve, comme termes constitutifs, la tête d’un mot et la queue d’un autre:

français + anglais → franglais automobile + omnibus → autobus transfer + resistor → transistor biologie + électronique → bionique

Dans tous les types de composition, l’ensemble se comporte comme un mot simple et forme une unité de sens nouvelle dont la signification est différente de celle de chaque élément constitutif pris séparément. La signification du mot composé est donnée par le statut morphosyntaxique de celui-ci et par la nature sémantique des termes constitutifs, étant marquée aussi par l’ordre des termes.

Les mots composés sont identifiés et distingués des combinai-sons libres (groupes de mots réunis selon les règles du discours), dans plusieurs plans.

Dans le plan référentiel, le mot composé, tout comme le mot simple, renvoie à une réalité unique (objet matériel ou abstraction). Les images évoqueés par les éléments constitutifs, pris séparément, s’effacent en faveur d’une seule réalité. Les mots chou-fleur, frein à air comprimé, relation d’équivalence, par exemple, évoquent un seul élément de la réalité, respectivement un certain légume, un certain dispositif et un certain type de relation.

Dans le plan sémantique, le mot composé présente plusieurs particularités données par le rapport qui s’établit entre le sens des composants et le sens du mot qu’ils forment.

Dans certains cas, on retrouve le sens des éléments constitutifs mais modifié par des éléments particuliers qui s’ajoutent de manière arbitraire. Par exemple, un grand magasin n’est pas uniquement «un magasin de grandes dimensions» mais aussi et surtout «un magasin où est vendue une riche variété de produits».

Dans d’autres cas, il n’y a aucun rapport avec le sens habituel des mots pris séparément. Le chou-fleur, n’est ni chou ni fleur, mais «une variété de chou dont les inflorescences forment une masse blanche, charnue et comestible».

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En règle générale, le sémantisme du mot composé est donné par les relations qui s’établissent entre ses termes, le déterminé dictant la structuration du sens:

• dans un mot formé de deux substantifs (N1 + N2 ) ou d’un substantif et d’un adjectif (N + Adj.), le plus souvent, le déterminé – premier terme dans la structure à ordre progressif et second terme dans la structure à ordre inversif, inscrit la réalité désignée dans une classe plus générale qui est spécifiée par le deuxième terme – le déter-minant, attribut ou complément:

– papier-calque (papier transparent permettant de décalquer) – papier filtre (papier filtre destiné à la filtration des liquides) – papier-linge (papier cellulosique servant à fabriquer des

mouchoirs, des couches) – salle de séjour (pièce où l’on se tient habituellement) – salle à manger (pièce disposée pour y prendre les repas) – aide-comptable (personne qui aide un comptable et travaille sous ses ordres)

– expert-comptable (personne qui est chargée d’organiser, vérifier, apprécier ou redresser les comptabilités).

• dans les mots formés d’un verbe et d’un nom, le sémantisme du nom et la nature de la relation qu’il entretient avec le verbe oriente le sens de l’ensemble vers l’agent ou vers l’instrument de l’action, rarement vers l’action elle-même:

– porte-croix (personne qui porte la croix – devant le pape, devant une procession)

– porte-drapeau (officier qui porte le drapeau d’un régiment) – porte-parole (personne qui prend la parole au nom de quelqu’un d’autre) – chauffe-eau (appareil producteur d’eau chaude) – coupe-papier (instrument servant à couper le papier) – portemanteau (dispositif pour suspendre les vêtements) – casse-tête (travail qui demande un effort soutenu, qui

fatigue) – lèche-vitrines (action de «lécher les vitrines», de flâner en

regardant les étalages).

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Dans le plan syntaxique, les mots composés s’individualisent par leur comportement face à certaines manipulations, dont on doit mentionner:

– la résistance de l’ensemble à l’insertion de déterminants incidents seulement à l’un des éléments constitutifs; seules les déterminations globales sont acceptées:

bonhomme → *un très bonhomme / un bonhomme sympathique, un petit bonhomme.

pomme de terre → *des pommes précoces de terre / des pommes de terre précoces.

boîte de nuit → * une boîte fréquentée de nuit / une boîte de nuit fréquentée.

– la résistance de l’adjectif, élément constitutif du mot composé, à la variation en degré de signification:

bonhomme → *un assez bonhomme. bons mots → *de très bons mots. petit salé → * un assez / très petit salé.

– la résistance à la substitution par des synonymes ou des antonymes: petit salé / *petit sucré.

des bons mots / *d’agréables mots, *de justes mots.

– la résistance de l’adjectif en position d’attribut: *ce salé est petit. *ces mots sont bons.

– la résistance à la suppression de l’adjectif (procédure possible dans les constructions libres):

Les gros-becs sont dévastateurs de cerisiers. *Les becs sont dévastateurs de cerisiers.

– la traduction par un mot simple (losque cela est possible) dans une autre langue:

chou-fleur = conopida pomme de terre = cartof

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Les unités formées par la composition se laissent regrouper, suivant l’origine des termes qui entrent dans leur structure, en com-posés savants et composés français ou populaires. Suivant les méca-nismes qui sous-tendent l’agencement des termes constitutifs, ils se laissent grouper en mots composés (proprement-dits), synapsies, mots-valises et sigles. La classe syntaxique à laquelle appartient l’unité lexicale nouvellement créée se constitue elle aussi en critère de classification opérant pour la description de ces unités linguistiques.

2.2. La composition savante

La composition savante désigne l’ensemble des mots formés de bases empruntées directement au grec et au latin et agencés selon les mêmes règles qui régissent la composition dans ces langues. L’absence d’autonomie des éléments formatifs rapproche ce procédé de la déri-vation affixale. Ils jouent un rôle pareil à celui des suffixes et des préfixes. Dans la plupart des mots on peut facilement identifier les deux éléments constitutifs du mot composé: leucocyte ← leuc(o) + cyt(e) [leuc(o)- = blanc; - cyt(e) = cellule] misanthrope ← my + anthrop(e) [my- = haïr; - anthrop(e) = homme]

Parfois le même élément, marqué phonétiquement, peut occuper les deux positions:

[algos = douleur] algo- -algie algophobie [= crainte de la douleur] nostalgie [= douleur en songeant au retour]

[kardia = cœur] cardio- -carde cardiopathie [= maladie du cœur] myocarde [= muscle du cœur]

[thermos = chaud] thermo- -therme thérmomètre [= qui mesure la chaleur] isothèrme [+ à chaleur

constante] Le procédé de formation par voie savante se retrouve tout le

long de l’évolution du français. Il est très productif parce qu’il est à la base de la création du vocabulaire scientifique dans tous les domaines.

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On distingue plusieurs types de substantifs étiquetés comme composés savants:

• des mots empruntés tels quels au grec et au latin: aqueduc philosophie amphibie philologie • des mots formés en français d’éléments grecs ou latins: anthropologie photographie hydrogène sociologie topographie juxtaposition démocratie thalassothérapie parataxe • des mots formés d’un mot français combiné avec un élément

savant: anglomanie ← anglo (du mot français anglais) + -manie (mot grec) agriculture gazoduc bioesthéticienne hydroavion bureaucratie multinational cancérigène minéralogie

2.3. La composition française (populaire) 2.3.1. La composition des noms Ce procédé regroupe les mots dont les éléments constitutifs sont

d’origine française. Ils sont agencés conformément aux règles de la syntaxe française.

Les noms formés par la composition ont une structure peu homogène: ils comportent des mots appartenant aux trois classes principales (substantifs, adjectifs et verbes) agencés en combinaisons diverses, directement ou par l’intermédiaire d’une préposition:

N + N N + prép. N année-lumière arme à feu

bateau-pilote panier à salade bracelet-montre lampe à arc cheval-vapeur agent de liaison porte-fenêtre cheval de bois wagon-lit chemin de fer

arc-en-ciel bout-en-train

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N + Adj. Adj. + N coffre fort bonhomme colle-forte bonheur

main-forte court-circuit papier-fort rand-avenue sang-froid petit- pain

V + N: V + pronom coupe-circuit brise-tout (brisetout)

coupe-cigare fait-tout (faitout) couvre-feu fourre-tout (fourretout) couvre-lit garde-barrière

Il existe aussi quelques noms composés formés de deux verbes, les deux formes étant à l’infinitif ou à des formes conjuguées:

V + V savoir-être cache-cache

savoir-faire pousse-pousse faire-valoir laissez-passer

laisser-aller savoir-vivre

Le nom composé emprunte le genre du nom centre (le terme qui a le statut de déterminé dans la phrase – base de la transformation) s’il s’agit d’un nom formé de nominaux (deux noms ou un nom et un adjectif):

masculin féminin bateau-mouche année-lumière bracelet-montre langue-mère

wagon-lit montre-bracelet agent de liaison arme à feu coup de feu ligne d’horizon pot de vin salle à manger court-circuit grand-avenue petit-pain nouvelle-vague

Si le nom est formé sur un verbe, il est, à quelques exceptions près, du masculin, choix qui s’explique par le sens global d’agent ou d’instrument:

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masculin féminin garde-malade (occupation et homme) garde-malade (femme) garde barrière passe-rose (plante) lance-bombes perce-muraille (plante) porte-bagages presse-fruits

La variation en nombre est dictée par plusieurs facteurs dont le sens global de l’ensemble (tel qu’il est perçu par les locuteurs et fixé par l’usage) est déterminant. Seuls les éléments nominaux sont sus-ceptibles de prendre la marque du pluriel. Beaucoup de mots sont invariables (qu’ils portent la marque du singulier ou du pluriel). Il y a aussi des noms composés dont la variation en nombre est flottante.

On distigue, par conséquent, les types suivants: • des noms composés dans lesquels les deux termes varient en

nombre: un bateau-phare / des bateaux-phares une porte-fenêtre / des portes-fenêtres

un bonhomme / des bonshommes un gentilhomme / des gentilshommes • des noms composés dans lesquels un seul terme varie:

une année-lumière / des années-lumière un cheval-vapeur / des chevaux-vapeur un chef-d’oeuvre / des chefs-d’oeuvre

une salle à manger / des salles à manger • des noms composés invariables:

un abat-jour / des abat-jour un abat-son / des abat-son un brise-fer / des brise-fer un lance-fusées / des lance-fusées un garde-corps / des garde-corps un porte-bagages / des porte-bagages • des noms composés à forme flottante:

un arrache-racine(s) / des arrache-racines un brise-glace(s) / des brise-glaces un coupe-cigare(s) / des coupe-cigares un lance-pierre(s) / des lance-pierres

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Sauf quelques exceptions (grande-duchesse et grands-parents), dans les substantifs formés sur l’adjectif grand le substantif est le seul qui varie. L’adjectif reste invariable aussi bien au point de vue du genre qu’au point de vue du nombre:

singulier pluriel une grand-mère / des grand-mères

un grand -père / des grand-pères une grand-tante / des grand-tantes un grand-oncle / des grand-oncles

Certains mots formés sur l’adjectif grand n’ont que la forme de singulier:

grand-chose → ce n’est pas grand-chose → il n’en sortira pas grand-chose la grand-rue (la rue principale) la grand-route (la route principale) avoir grand-faim / grand-soif / grand-peur.

2.3.2. La composition des adjectifs

La transformation impliquée dans la formation des adjectifs repose sur le mécanisme de relativisation appliquée à deux phrases en relation de coordination:

Cette personne est sourde et cette personne est muette. → Cette personne est [une personne qui est] sourde et [une

personne qui est] muette. → Cette personne est sourde et muette . → Cette personne est sourde-muette. → sourd-muet, sourde-muette

Les adjectifs composés sont des formations réalisées par un adjectif et un autre adjectif (aigre-doux, aigre-douce), un adjectif et un participe (premier-né) ou un adjectif et un substantif (rouge cerise; vert amande). Les éléments formatifs sont soit rattachés par un trait d’union soit en combinaison libre. Dans quelques unités seulement les deux éléments constitutifs sont soudés graphiquement (clairsemé, ée; clairvoyant, ante).

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Dans la composition des adjectifs se retrouvent (a) des éléments français et (b) des éléments savants refaits en français ou pris directe-ment au grec et au latin, et combinés entre eux ou avec un mot français: (a) clairsemé, ée ← (1175; de clair + semé)

clairvoyant , ante ← (1265; de clair + voyant) (b) démocrate-chrétien, ienne ← ( 1960; de démocrate + chrétien)

démocrate ← (1361; de démocratie < gr. dêmokratia chrétien, ienne ← (XIIe s.; de chrestien, 842; christian

< lat. ecclés. christianus < gr. khristianos). coxalgique ← (1863 de coxalgie (de lat. coxa [cuisse] +

gr. algos [douleur]). Dans l’ensemble, le procédé de formation des adjectifs composés

n’est pas productif. Certaines sous-classes présentent cependant plus de disponibilités que d’autres.

•• Formes composées de deux adjectifs: Adj. + Adj. Cette sous-classe regroupe des formations résultant de la juxta-

position d’adjectifs primaires ou dérivés. Les séries les plus riches sont celles des adjectifs qui associent des éléments savants (le vocabulaire scientifique) ou des adjectifs qui désignent la nationalité ou la prove-nance (derivés de substantifs – noms propres géographiques):

aigre-doux, aigre-douce sud-africain, aine sourd-muet,sourde-muette sud-américain, aine social-démocrate sud-coréen, enne démocrate-chrétien,enne centrafricain, aine bleu-vert gris foncé gris clair gris moyen

L’agencement des éléments savants et de certains adjectifs dérivés des noms propres géographiques entraîne parfois des modifications phonétiques à la finale du premier terme:

cérébro-spinal, ale latino-américain, aine logico-déductif anglo-américain, aine physico-chimique franco-allemand, ande physico-mathématiques franco-roumain, aine

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demi-circulaire semi-précieuse semi-circulair semi-public •• Formes composées d’un adjectif et d’un participe: Adj. + Participe clairsemé, ée clairvoyant, ante

nouveau-né, nouveau-née premier-né, première-née dernier-né, dernière-née demi-mort, demi-morte

Certains des adjectifs de cette classe ont aussi le statut de subs-tantifs. Il revient au contexte syntaxique de les distinguer:

Adjectifs Noms Enfant dernier-né. / Le dernier-né. Une gloire nouveau-née. / Les cris du nouveau-né. Enfant premier-né. / Les premiers-nés. Verbes semi-auxiliaires. / Les semi-auxiliaires modaux. Propriétés semi-conductrices. / Utilisation des semi-

conducteurs dans les transistors. Populations semi-nomades./ Les semi-nomades et les

sédentaires. (Petit Robert)

•• Formes composées d’un adjectif et d’un nom:

Adj. + N. La plupart des formations de cette classe se situent dans la zone

sémantique des couleurs. Les adjectifs de couleur se combinent avec des substantifs pour désigner des couleurs intermédiaires.

gris ardoise noir anthracite rouge rubis gris anthracite noir ébène rouge framboise gris fer noir jais rouge lie-de-vin gris souris rouge cerise rouge bordeaux gris perle rouge coquelicot rouge brique En conclusion, la composition savante ou populaire est un

procédé qui s’individualise principalement par le fait qu’il génère des noms et des adjectifs.

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Les composés formés d’un verbe et d’un nom sont les plus nombreux et sont enregistrés dans toutes les étapes de l’évolution du français. En règle générale, le verbe à statut de noyau de la forme composée est à la forme la plus simple (3-e personne du présent de l’indicatif). Les verbes faire et savoir se maintiennent à la forme de l’infinitif dans les composés qu’ils génèrent: un faire-part, un faire-valoir, le savoir-être, le savoir-faire, le savoir-vivre.

Cohésifs au niveau du contenu, les termes qui entrent dans la structure du mot composé gardent, au niveau de la forme, une indé-pendance relative, marquée parfois par la variation en nombre du mot composé: dans les noms qui sont formés sur un adjectif et un nom les deux termes varient en nombre: un petit-fils / des petits-fils; un gentil-homme / des gentilshommes.

Répondant au besoin de désignation, la composition, qu’il s’agisse de formation à éléments français ou à éléments savants, est très pro-ductive dans les domaines spécialisés43.

2.4. La composition des unités syntagmatiques

On désigne par le terme de composition syntagmatique (ou synapsie), le procédé par lequel plusieurs lexèmes sont reliés par des éléments différents pour former une structure (un «syntagme») spécifique à valeur de désignation constante44ce qui lui permet de s’inscrire dans l’inventaire lexical de la langue. Il s’agit du transfert d’un syntagme du plan syntaxique dans le plan lexical, transfert réalisable lorsque _______________

43 En voilà quelques exemples: a/ dans le domaine de l’architecture et des constructions: arc angulaire, arc brisé, arc droit, monte-béton, monte-charge, monte-sacs; b/ dans le domaine de l’environnement: écologie, écosystème, écotype, écométrie; c/ dans le domaine de l’informatique – l’internet: cyberavocat, cyberespace, cyberpolice, cybertémoin.

44 Ces syntagmes désignent des concepts et des objets qui présentent une certaine complexité qui n’est pas couverte par un seul mot ou par un mot composé. Par exemple, l’unité syntagmatique (ou la synapsie) machine à écrire désigne un objet fabriqué, relativement complexe, qui sert à transformer un travail (l’action de taper sur un clavier) en un autre (la mise en texte des informations); prise de position – désigne une déclaration qui précise une opinion, une ligne de conduite; prendre position – renvoie à la signification «prendre partie dans une discussion» (Bordas).

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l’ensemble des éléments renvoient à un référent unique. Pour la distiguer, d’une part, de la composition classique et, d’autre part, du syntagme qui se défini comme tout groupement de mots par des moyens syntaxiques, la nouvelle structure a été appelée «synapsie»45.

La formation de ces unités repose sur le mécanisme de réduction d’une phrase centrée sur le verbe «être» à un groupe nominal complexe.

Pour les unités à statut de noms, le syntagme nominal sujet se constitue en base (déterminé) et le syntagme verbal en adjoint (déter-minant). La transformation s’opère par la relativisation:

La pompe est à jet. → La pompe [qui est] à jet. → pompe à jet

Les cartes sont pour jouer. → Les cartes [qui sont] pour jouer. → cartes à jouer

Le pont est pour le décollage. → Le pont [qui est]pour le décollage. → pont de décollage

Les unités synaptiques diffèrent des mots composés dans le plan du comportement synaxique. Elles présentent un degré de cohésion moins fort entre les éléments constitutifs. En ce sens, on peut faire les remarques suivantes:

– les unités synaptiques se forment autour d’un noyau qui permet l’expansion (à la suite d’une transformation du même type)46 :

travail mécanique travail mécanique de freinage

pompe à jet pompe à jet de vapeur pompe à jet de vapeur et d’eau

maçonnerie au mortier maçonnerie au mortier de ciment

_______________ 45 E. Benvéniste, Problèmes de linguistique générale, Gallimard, t. II,

p. 174. 46 Pour la présentation en détail des mécanismes qui soustendent la

formation des unités syntagmatiques complexes voir Al. Cuniţă, Op. cit., p. 214-220.

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– les éléments qui constituent l’ensemble ont une autonomie relative qui permet l’insertion à l’intérieur de l’unité synaptique de déterminants incidents au noyau:

frein à sabot four à gaz frein à air comprimé à sabot four céramique à gaz

Pour les unités verbales, la transformation a pour base le syntagme verbal de la phrase et suppose la suppression de la relation syntaxique qui détache le nom (complément d’objet direct) du verbe qu’il détermine (noyau du syntagme). Le nom se transforme en base de la verbalisation47, la forme verbale assumant le rôle d’opérateur de ver-balisation: avoir / prendre soin (de qqn.); donner raison; donner tort (à qqn.); donner l’air; donner la mort (à qqn.); avoir envie (de faire qqch.).

Dans les constructions ci-dessus, les noms soin, raison, tort, air, mort, envie ont le statut de complément d’objet direct (avoir la préoc-cupation / le souci de faire qqch., considérer que X a raison, ….). Cette relation syntaxique s’efface et les noms deviennent siège du procès impliqué par «la préoccupation de fournir ce dont qqn. a besoin», «l’opinion / la conviction»… Le support du procès est réalisé par les verbes avoir, prendre, donner qui sont des opérateurs de verbalisation au même titre que les suffixes -er , -ir qui opèrent la dérivation verbale à partir d’une base nominale (soin → soigner, soif → assoiffer, terre → atterrir). Le verbe support conserve ses caracté-ristiques de verbe (il se combine avec les marques de temps, de mode et de personne) et maintient sa position devant le nom (position qu’il a normalement dans le groupe verbal où le nom est complément d’objet: avoir soin, avoir soif).

Les principaux verbes opérateurs de la verbalisation syntagmatique sont: avoir, être, donner, faire, prendre, rendre.

Les noms qui assument le statut de siège du procès appartiennent à plusieurs classes sémantiques: les phénomènes de la nature: jour, nuit, soleil; les sensations: faim, soif, peur, plaisir, envie, mal; les _______________

47 Les noms se constituent, en principe, en base de dérivation pour les verbes (dans la dérivation suffixale ou parasynthétique): coup → couper, soif → assoiffer (voir les chapitres La dérivation à base nominale et La dérivation parasynthétique).

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procès (concrets et abstraits) nominalisés: avis, connaissance, intérêt, opinion, chasse, lecture, vol 48.

Les nouvelles formations se distinguent des locutions verbales49 (qui présentent un plus haut degré de cohésion et de fixité) et des syn-tagmes verbaux (qui sont des constituants de phrase) par le compor-tement face à certaines manipulations. Il s’agit de:

– l’absence, dans la plupart des cas, du prédéterminant devant le nom (les constructions où apparaît l’article défini ou l’article partitif, ils ont une valeur générique). Exceptionnellement, dans d’autres cons-tructions, on trouve aussi le prédéterminant possessif ou la préposition:

avoir soin (de qqn.) avoir de la fièvre faire ses comptes faire peur (à qqn.) avoir du plaisir prendre son essor donner raison (à qqn.) avoir du courage prendre son vol donner tort (à qqn.) donner l’air être en marche prendre soin (de qqn.) prendre l’air mettre en cause

– la possibilité de substituer à la forme complexe une forme simple équivalente sémantiquement:

faire peur (à qqn.) / apeurer (qqn.) faire connaissance (avec qqn.) / connaître (qqn.) donner l’air / aérer prendre l’air / se promener prendre son vol / s’envoler

– la possibilté de nominaliser la construction verbale (là où le support verbal le permet):

prendre position (prendre parti dans une discussion) / prise de position (déclaration qui précise une opinion, une ligne de conduite).

mettre en cause (impliquer, mêler qqn. à une affaire au sujet de laquelle il aura à s’expliquer) /

mise en cause (implication de qqn. dans une affaire….) _______________

48 Pour la description des mécanismes et pour les listes complètes, voir L. Guilbert, Op. cit., p. 261-268 et Al. Cuniţă, Op. cit., p. 218-220.

49 Voir L. Guilbert, Op. cit. p. 161 , Al. Cuniţă, Op. cit., p. 219.

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La composition d’unités syntagmatiques est un procédé rela-tivement productif, surtout pour les unités nominales. Dans les différents domaines de la vie sociale (surtout dans les domaines spécialisés de la sphère technique et politique-administrative), les usagers créent des termes au fur et à mesure qu’ils sont en situation de désigner des réalités nouvelles (objets et concepts) de plus en plus complexes:

– dans le domaine de la fiscalité: impôt direct impôt sur les successions impôt indirect impôt sur la consommation impôts locaux directs impôt sur le revenu impôst locaux indirects impôt assurance-vie declaration d’impôt impôt assurance-vie à terme taxes fiscales taxe d’habitation taxes parafiscales taxe foncière50

– dans le domaine de la sécurité aérienne: inspection de sécurité licence d’exploitation inspection de routine visite d’entretien plaquette d’instruction panne d’ordinateur51

– dans le domaine politique (la migration internationnale) flux migratoires courants migratoires flux d’immigration mouvements migratoires Haut Commissariat pour Réfugiés Organisation Internationale pour les Migrations (OMI) Agence nationale pour l’emploi (ANPE) Programme codéveloppement/migrations (PCDM)52

2.5. L’abréviation et la troncation La forme écrite ou sonore des mots d’une langue peut subir des

modifications qui s’expliquent par les conditions concrètes dans lesquelles les usagers se servent de la langue, notamment par le niveau _______________

50 L’expansion no 570 /1998. 51 L’expansion no 570 /1998. 52 Mouvements. Magazine trimestriel des migrations internationales

no 23/ 2000.

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de langue (soutenu ou familier), par le niveau d’instruction (soutenu, standard ou populaire) ou par les intentions qui marquent la com-munication (langue commune ou argotique). Ces modifications consistent en la réduction de la forme du mot par la suppression de syllabes ou de lettres finales ou initiales. Les mots ainsi modifiés deviennent soit des lexèmes autonomes et peuvent s’inscrire dans d’autres mécanismes de composition (dans le cas de l’abréviation), soit de simples éléments formatifs de mots composés (dans le cas de la troncation).

2.5.1. L’abréviation L’abréviation se définit comme le mécanisme linguistique qui

fait qu’une unité lexicale, parfois même une suite d’unités lexicales soient représentées seulement par une partie du mot ou de la suite de mots en question. On distingue, par conséquent:

– l’abréviation d’un mot; – l’abréviation d’un syntagme (unité syntagmatique / synapsie). L’abréviation du mot (dérivé ou composé), est le procédé par

lequel les mots de plus de trois syllabes sont raccourcis par retran-chement d’une ou de plusieurs syllabes finales :

bac ← baccalauréat impec ← impeccable fac ← faculté extra ← extraordinaire manif ← manifestation météo← météorologie Il arrive aussi que le retranchement porte sur les syllabes initiales: car ← autocar bus ← autobus stop ← autostop Beaucoup de mots abrégés se terminent par la voyelle -o: colo ← colonie photo ← photographie expo ← exposition vélo ← vélocipède Sentie comme un suffixe, la voyelle -o se substitue à d’autres

finales de mots tronqués, ayant parfois une valeur péjorative: apéro ← apéritif mécano ← mécanicien dico ← dictionnaire prolo ← prolétaire directo ← directement proprio ← propriétaire intello ← intellectuel romano ← ronamichel

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L’abréviation apparaît comme un procédé qui accompagne l’évolution des composés savants. Les mots auto, télé, kiné repré-sentent l’abréviation des composés savants automobile, télévision, kinésithérapie. Les bases abrégées sont devenues des lexèmes auto-nomes. Elles peuvent se combiner avec d’autres mots (savants ou fran-çais) pour former de nouveaux mots composés selon le même modèle:

auto + biographie → autobiographie auto + rail → autorail télé + spectateur → téléspectateur télé + film → téléfilm kiné + thérapeute → kinésithérapeute. L’abréviation est un procédé très fréquent dans la langue familière

et populaire. Les formes abrégées sont utilisées dans le langage de tous les jours et par toutes les catégories de locuteurs. Beaucoup de ces formes sont enregistrées par les dictionnaires. C’est le cas des mots:

auto de automobile, dont l’abréviation est attestée au début du XX-ème siècle; la forme abréviée a été empruntée aussi par les do-maines de spécialité: (mécanique) Autos électriques des foires. Les autos tamponneuses.

bus de autobus, est attesté en 1907. cinéma de cinématographe, est attesté vers 1900. Ce mot a

connu un emploi tellement fréquent qu’il a pratiquement remplacé le mot dont il a été obtenu. Le mot cinématographe ne s’emploie plus que pour désigner «l’appareil capable de reproduire le mouvement par une suite de photographies, inventé par Lumière». On dit encore «Le cinématographe des frères Lumière.» (Petit Robert). Dans le sens de art, de projection ou de réalisation de spectacle par la technique inventée par les frères Lumière, le terme d’origine est remplacé unani-mement par le terme cinéma.

ciné (de cinéma), attesté vers 1900, est employé dans le langage populaire: «Aller au ciné. Qu’est-ce qu’on donne au ciné?»

télé (de télévision), attesté en 1952, est réservé au langage familier et manifeste la tendance de généralisation dans le langage standard et même soutenu. Le terme fonctionne aussi comme abréviation

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du mot téléviseur: regarder la télé (les programme diffusés par les canaux de télévision), acheter une télé (un poste de télévision, un téléviseur).

(Petit Robert)

L’abréviation de l’unité syntagmatique consiste à supprimer, dans certains contextes, les déterminants. Ce procédé est utilisé pour la désignation de certaines réalités, notions ou institutions, par les gens qui s’y rapportent et / ou les représentent dans des conditions de communication où tous les participants savent de quoi il est question. Les locuteurs raccourcissent ainsi la dénomination qu’ils doivent employer fréquemment. On dit ainsi:

payer les impôts, alléger les impôts, prélever les impôts pour payer, alléger, prélever les impôts sur le revenu.

le recteur pour le recteur de l’Université de …

le doyen pour le doyen de la Faculté de….

le concierge pour le concierge de l’immeuble.

le Parti pour le Parti Socialiste, le Parti Communiste, le Parti Libéral.

le Mouvement pour le Mouvement Écologiste, le Mouvement de Libération.

2.5.2. La troncation

La troncation est le procédé d’abréviation qui produit des formes tronquées qui ne sont pas lexicalisées sous la forme réduite, mais se combinent avec des mots savants ou des mots français pour former d’autres mots composés.

Des mots comme: antibiogramme, photocopillage, sont formés des bases tronquées antibio- et photoco- (des mots antibiotique et photocopie) agencés avec les mots gramme et copillage.

La troncation permet de former un type spécial de mots, appelées mots-valises, caractéristiques pour certains vocabulaires spécialisés. Le procédé de formation repose sur le télescopage de deux bases tronquées (la première ayant la partie finale retranchée et la deuxième

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la partie initiale) et le maintien dans le mot nouvellement créé d’un élément commun aux deux bases:

informa(tion) + (auto)matique → informatique ima(gination) + machination → imachination fiction + (dicti)onnaire→ fictionnaire53 Au point de vue sémantique, ces formations se caractérisent par

le fait qu’elles expriment deux relations de prédications en une seule unité lexicale: «X est à la fois A et B»54, autrement dit l’imachination est en même temps imagination et machination.

À côté des formations qui respectent les règles de réduction de syllabes et de télescopage, il y a des formations étiquetées comme mots-valises qui ne respectent pas intégralement ces règles, mais qui satisfont à la condition d’exprimer deux prédications:

éléphant + fantôme → éléphantôme connect(ion) + (automa)tique → connectique document(ation) + (automa)tique→ documentique

Le procédé s’avère productif aussi bien pour la langue commune que pour certains domaines spécialisés et se constitue en source de création de néologismes.

2.6. La siglaison La siglaison est le procédé par lequel une unité syntagmatique

(synapsie) – est réduite aux lettres initiales des mots qui la composent. Ces lettres sont, en principe, séparées par des points mais il se peut qu’elles ne le soient pas:

O.N.U. (Organisation des Nations Unies). P.S. (Parti Socialiste). C.G.T./ CGT (Confédération Générale du Travail). OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

_______________ 53 Mot créé par Alain Finkielkraut pour désigner son dictionnaire de

mots-valises, Le Petit Fictionnaire illustré, Editions du Seuil, collection «Points», 1981.

54 Cf. Marie-Françoise Mortureux, La lexicologie entre langue et discours, Editions SEDES, 1997, p. 52-53.

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La formation qui en résulte est appelée sigle55. Les sigles ont le statut d’un nom et empruntent le genre au nom

principal sur lequel est formée l’unité synaptique : T.G.V. (Train à Grande Vitesse): le train → le T.G.V. C.G.T. (Confédération Générale du Travail): la confédération → la C.G.T.

A l’époque contemporaine, le procédé est très productif. Il répond au principe général d’économie qui agit aussi bien dans l’expression orale que dans l’expression écrite.

La siglaison s’applique aux synapsies qui désignent des structures, des organismes et tout autre institution ou même objet ou notion nommés par un groupe de mots:

– pour les partis et les organismes politiques les initiales les plus fréquentes sont:

P. (Parti), M. (Mouvement), O. (Organisation), F. (Front), U. (Union), A. (Alliance), R. (Rassemblement),

initiales auxquelles s’ajoutent d’autres qui représentent les noms ou les adjectifs déterminant le nom centre:

S. (Socialiste), C. (Communiste), (Démocrate), E. (Ecologiste), N. (National), L. (Libéral), R. (Républicain): P.S.F. – (le) Parti Socialiste Français P.C.F. – (le) Parti Communiste Français – pour les organismes internationaux: O. (Organisation), C. (Convention): O.N.U. – (l’) Organisation des Nations Unies O.M.C. – (l’) Organisation Mondiale du Commerce

_______________ 55 Le Dictionnaire Petit Robert (P.R.) définit le sigle comme «initiale

ou suite d’initiales servant d’abréviation» et le Nouveau Petit Larousse Illustré (N.P.L.I.) comme le «groupe de lettres initiales constituant l’abréviation de mots fréquemment employés» et logotype ou logo le «groupe de lettres, abré-viations, etc. fondues en un seul bloc pour accélérer la composition typo-graphique».

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O.I.T. – (l’) Organisation Internationale du Travail C.I.D.E. – (la) Convention Internationale des Droits de l’Enfant – pour les organismes financiers et économiques: B. (Banque), F. (Fond), C. (Compagnie), S. (Société), R. (Régie): B.N.P. – (la) Banque Nationale Populaire F.M.I. – (le) Fond Monétaire International S.N.C.F. – (la) Société Nationale des Chemins de Fer C.F.P. – (la) Compagnie Française du Pétrole R.A.T.P. – (la) Régie Autonome des Transports Parisiens – pour les structures et organismes administratifs: M. (Ministère), D. (Direction), DG (Direction Générale), S. (Service), O. (Office): M.E.N. – (le) Ministère de l’Education Nationale D.G.S.E. – (la)Direction Générale de Sécurité Extérieure D.G.T. – (la) Direction Générale de Télécommunications O.R.T.F. – (l’) Office de Radio-télévision Française – pour les structures universitaires et les maisons d’édition: E. (Ecole;Enseignement), I. (Institut), D. (Diplôme), C. (Centre), R. (Recherche), U. (Unité), S. (Section): U.E.R. – (l’) Unité d’Enseignement et de Recherche H.E.C. – (les) Hautes Etudes Commerciales I.U.T. – (l’) Institut Universitaire de Technologie I.U.F.M. – (l’) Institut Universitaire de Formation des Maîtres D.U. – (le)Diplôme universitaire D.E.U.G. – (le) Diplôme d’Études Universitaires Générales S.T.S. – (la) Section de Techniciens Supérieurs La prononciation des sigles se fait, dans la plupart des cas, par

l’épellation successive des lettres qui les composent: H.L.M. (hachélemme) [aΣεlΕ] C.G.T. (cégété) [seΖete] S.N.C.F. (essencéeffe) [εsεnseεf] O.R.T.F. (oertéeffe) [oε{teεf] I.U.F.M. (iueffemme) [iyεfεm]

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Lorsque l’agencement des lettres le permet, les sigles sont pro-noncés comme les mots ordinaires:

E.N.A [ena], O.V.N.I. [ovni]

Certains sigles sont formés sur la première syllabe des mots qu’ils réduisent56:

DIREP – [di{εp] Direction du Personnel DIREN – [di{εn] Direction Regionale de l’Environnement USINOR – [yzin {] Union Sidérurgique du Nord SOFRES – [s f{Εs] Société Française d’Etudes et de Sondages LIBER – [libΕ{] Ligue des Bibliothèques Européennes de

Recherche Les sigles intégrés complètement au système de la langue peuvent,

au point de vue lexical, se constituer en base de dérivation suffixale (ils permettent de dériver des adjectifs) et, au point de vue syntaxique, se constituer en déterminant à valeur adjectivale:

CGT → cégétiste (membre du syndicat «la Confédération Générale du Travail») CAPES → capétien, enne (titulaire du Certificat d’Aptitudes à l’Enseignement Second degré) ENA→ énarque (étudiant/ étudiante à l’Ecole Nationale d’Administration) un député cégétiste un maire cégétiste (membre de la Confédération Française

Démocratique du Travail)

La siglaison apparaît actuellement comme un procédé très productif. Elle s’applique à toutes sortes de structures dénominatives en vertu du seul principe de l’économie. On dit couramment: la RTT _______________

56 Les mots formés des syllabes initiales de plusieurs mots sont appelés des acronymes (>gr. acros «extrême»). C’est le terme dont on désigne aussi certains mots composés de l’élément initial d’un mot et de l’élément final d’un autre ou d’un autre mot utilisé dans sa totalité: camescope (caméra + magnétoscope), restoroute (restaurant + route), alcootest (alcool + test). Les mots formés sur ce dernier modèle sont appelés aussi des mots-valise.

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(la Réduction du temps de travail), les CPGE (les Cours préparatoires pour les grandes écoles). Diffusés par les médias et surtout par la presse, les sigles connaissent une très large diffusion. Ils sont entrés dans le vocabulaire de tous les jours, de toutes les catégories de locuteurs .

Les deux types de formation de mots nouveaux par l’abré-viation, sous forme de sigles ou par la réduction des syllabes finales, représentent une des caractéristiques du français de longue date et de grande ampleur et l’individualise par rapport aux autres langues.

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EXERCICES

1. Introduction A. • Donnez la définition du mot. • Dites en quoi consiste la différence entre le lexique et le voca-

bulaire. • Quels sont les plans sur lesquels les mots peuvent être identifiés ? • Quelles sont les classes de mots qu’on peut distinguer du point de

vue de la structure ? • Quelles sont les perspectives dont on peut décrire le lexique ? • Quelles sont les classes de mots du point de vue du contenu ? B.

1. Précisez la nature des mots ci-dessous: 1.1. maison (a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-

outil. 1.2. mais (a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-

outil. 1.3. syntagme (a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-

outil. 1.4. pourquoi (a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-

outil. 1.5. fête(a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-outil. 2. Précisez le statut des mots ci-dessous: (a) mot graphiquement et morphologiquement simple (b) mot graphiquement simple et morphologiquement complexe (c) mot graphiquement et morphologiquement complexes. 2.1. arbre 2.2. reposer 2.3. repas 2.4. fonctionnement 2.5. bon marché

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2.6. crayon 2.7. grands-parents

Solutions 1.1. (a) ; 1.2. (c) ; 1.3. (b) ; 1.4 (c) ; 1.5. (a) 2.1.(a) ; 2.2. (b) ; 2.3. (a) ; 2.4. (b) ; 2.5. (c) ; 2.6. (a) ; 2.7. (c) 2. Dérivation

A. • Quels sont les opérateurs de dérivation ? • Quels sont les éléments qu’on doit prendre en compte dans le

mécanisme de dérivation ? • Quels sont les types de dérivation ? B.

1. Les mots dérivés ci-dessous résultent de la dérivation para-digmatique. Dites si c’est Vrai ou Faux

1.1. livre → livresque 1.2. calme → calmement 1.3. maison → maisonnette 1.4. porte → portière 1.5. rouge → rougir 1.6. parfait → imparfait 2. Précisez la nature des éléments qui s’ajoutent aux bases des

mots ci-dessous: 2.1. courageux (a) suffixe; (b) préfixe; (c) suffixe et préfixe 2.2. recommandation(a) suffixe; (b) préfixe; (c) suffixe et préfixe 2.3. encouragement (a) suffixe; (b) préfixe; (c) suffixe et préfixe 2.4. refaire (a) suffixe; (b) préfixe; (c) suffixe et préfixe 2.5. formation (a) suffixe; (b) préfixe; (c) suffixe et préfixe

3. Précisez le statut des formes soulignés dans les contextes ci-

dessous: 3.1. On veut dîner à 20 heures. (a) verbe, (b) nom, (c) adjectif 3.2. Le dîner est servi à 20 heures. (a) verbe, (b) nom, (c) adjectif

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3.3. Il y a beaucoup de gens curieux. (a) verbe, (b) nom, (c) adjectif

3.4. Les curieux se sont déjà rassemblés. (a) verbe, (b) nom, (c) adjectif

3.5. Je l’ai vu embêtant les gens. (a) verbe, (b) nom, (c) adjectif 3.6. Il est embêtant d’attendre tant. (a) verbe, (b) nom, (c) adjectif 3.7. On a voté la loi de l’environnement. (a) verbe, (b) nom,

(c) adjectif 3.8. La loi votée sera publiée dans le Journal Officiel. (a) verbe,

(b) nom, (c) adjectif

4. Dans les mots suivants identifiez la base de dérivation: 4.1. embouteillage (a) embouteiller; (b) bouteille; (c) bouteillage 4.2. effronté (a) front; (b) effronter; (c) effront 4.3. indépassable (a) passable; (b) passer; (c) dépasser 4.4. allonger (a) long; (b) longer; (c) allong 4.5. dérouter (a) déroute; (b) route; (c) router

5. Ajoutez aux bases données le préfixe correspondant. 5.1. blocage (a) dé(s); (b) en /em; (c) sur 5.2. mener (a) dé(s); (b) en /em; (c) sur 5.3. traîner (a) dé(s); (b) en /em; (c) sur 5.4. abondance (a) dé(s); (b) en /em; (c) sur 5.5. armement (a) dé(s); (b) en /em; (c) sur 5.6. abonder (a) dé(s); (b) en /em; (c) sur

Solutions

1.1. Vrai 2.1. (a) 1.2. Vrai 2.2. (c) 1.3. Faux 2.3. (c) 1.4. Faux 2.4. (b) 1.5. Vrai 2.5. (a) 1.6. Faux

3.1 (a); 3.2. (b); 3.3. (c); 3.4. (b); 3.5. (a); 3.6. (c) : 3.7. (a); 3.8. (c). 4.1. (b); 4.2. (a); 4.3. (c); 4.4. (a) ; 4.5. (b) 5.1. (a); 5.2. (b); 5.3. (c) (b); 5.4. (c); 5.5. (a); 5.6. (c)

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1. La composition A.

• Donnez la définition de la composition en tant que mécanisme de formation de nouveaux mots.

• Combien de types de composition y a-t-il en français suivant l’origine des éléments constitutifs ?

• Quelles sont les classes de mots dans lesquelles il y a des mots composés ?

B. 1. Précisez la nature des termes qui entrent dans la structure des

mots composés suivants: 1.1. porte-drapeau (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N 1.2. pont-route (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N 1.3. coffre-fort (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N 1.4. mainmorte (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N 1.5. chef-d’œuvre (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N 1.6. garde-malade (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N

2. Précisez dans quel type de composition s’inscrivent les mots

ci-dessous: 2.1. multilinguisme (a) composition française; (b) composition

savante. 2.2. bonhomie (a) composition française; (b) composition savante. 2.3. bon marché (a) composition française; (b) composition

savante. 2.4. philologie (a) composition française; (b) composition savante. 2.5. gentilhomme (a) composition française; (b) composition

savante. 2.6. sociologie (a) composition française; (b) composition savante.

Solutions

1.1. (c); 1.2. (a); 1.3. (b); 1.4. (b); 1.5. (a); 1.6. (c) 1.2. (b); 2.2. (a); 2.3.(a); 2.4. (b); 2.5. (a); 2.6. (c)

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