16
Le Flagrant Délit Novembre 2012 Vol. 6 No 2 Chronique Référendaire: La médiation, une porte de sortie? Gabrielle St-Onge Présidente de l’AEEDCO [email protected] Qu’advient-il du référendum de l’année passée où 86 % des étudiants de la Faculté de droit civil ont répondu à la question suivante : «Êtes-vous en faveur que l’AEEDCO mette fin à son sta- tut en tant que corps fédéré au sein de la FEUO? » Par …OUI? À la demande de plusieurs étu- diants, je perpétue cette chro- nique référendaire. Son but est non seulement d’informer les étudiants de première année, mais surtout de tous vous in- clure le plus possible dans le processus de négociation. Je crois en la transparence, parce nous vous représentons, nous représentons votre volonté. Je commencerai par faire un résumé des faits entourant le référendum, pour ensuite vous décrire le déroulement actuel du processus de médiation avec la FEUO, et finalement vous exposer nos attentes pour le futur. Historique du référendum du 16 novembre 2011 Votre Association étudiante, l’AEEDCO (Association des étudiants et étudiantes en droit civil de l’Outaouais) est affiliée à une plus grande entité qui est la FEUO (Fédération des étu- diants de l’Université d’Ot- tawa). Concrètement, par cette affiliation, les étudiants de droit civil paient automatique- ment 92.50 $ par session à la FEUO, soit un total de 185.00 $ par année. En retour, la FEUO s’engage à fournir des services et une représentation aux étudiants. En contrepartie, votre Association de droit civil reçoit environ 5.5 % des cotisa- tions que vous versez à la FEUO, soit environ 10 $ par étudiant par année. À la lumière de ces informa- tions, l’AEEDCO s’est posé plu- sieurs questions sur la légitimité de ce calcul mathé- matique. En effet, considérant que toutes les activités à carac- tère social (la semaine 101, les « partys », le bal des finissants, etc.) académique (les confé- rences, le guide des carrières, la préparation à la course aux stages, etc.) et politique (les élections, la représentation au- près de l’administration, les ré- férendums, etc.) sont directement organisées et fi- nancées par l’AEEDCO, il est impensable qu’elle reçoive une part si infime du gâteau. De plus, plusieurs questions ont été soulevées par rapport à la légitimité des instances de la FEUO. Des étudiants ayant siégé sur le C.A. ont remis en doute leur caractère réellement démocratique et légitime, puisque les décisions qui y sont prises semblent parfois faire peu de cas de l’opinion et de la volonté réelle des étudiants. Des questions ont également été soulevées du fait que les membres de l’exécutif de la FEUO s’attribuent des salaires de plus de 35 000 $ par année. Finalement, la présidente de l’année dernière, Stéphanie St- Jean, a organisé un référen- dum pour savoir si les étudiants de droit civil vou- laient mettre fin à ce statut de corps fédéré, et ainsi cesser de payer leur cotisation annuelle de 185 $ à la FEUO. Un débat a eu lieu entre le camp du « OUI » et celui du « NON ». Les étudiants se sont finale- ment massivement prononcés en faveur de la défédération le 16 novembre 2011. Par la suite, des efforts ont été faits pour donner suite aux ré- sultats du référendum, sans grand résultat. On nous a op- posé qu’il était impossible de mettre fin à notre statut, alors que c’est explicitement prévu par la constitution de la FEUO à l’article 2.5. Toutefois, en fin d’année, nous avons rencontré l’administration de l’Université pour exposer la situation. Ceux-ci ont suggéré que la FEUO entre d’abord en proces- sus de médiation avec l’AEEDCO pour tenter de ré- gler leurs différends. La médiation Je peux difficilement vous ca- cher que je suis entrée dans mes fonctions en ayant le res- pect des droits démocratiques des étudiants de droit civil comme cheval de bataille. J’ai donc mis beaucoup d’énergie cet été pour m’assurer que des négociations aient bel et bien lieu. J’ai collaboré étroitement avec le Président actuel de la FEUO, Ethan Plato, pour orga- niser la médiation. L’exécutif de l’AEEDCO a voté pour que Bruno Gélinas-Faucher (repré- sentant du camp du « OUI ») et Frédérique Duchesne (VP aux affaires externes de l’AEEDCO) discutent à mes côtés. La médiation en tant que telle aura donc lieu au début du mois de décembre. Alors que la FEUO souhaite rétablir une bonne communication, l’AEEDCO veut faire de son mieux pour faire respecter la volonté des étudiants. Toutes les procédures ont été enta- mées de bonne foi par les deux parties, et la médiation sera chapeautée par une profes- sionnelle dans le domaine. Nous espérons sincèrement que ces échanges seront béné- fiques pour nous tous. Bien que le contenu tangible des discussions demeurera confidentiel, nous pourrons vous en communiquer les ré- sultats, et, dans l’éventualité où il en ressort une proposition, vous pourrez vous prononcer sur cette dernière lors d’une as- semblée générale. Si vous avez des questions, ou si vous souhaitez vous impli- quer dans le processus, n’hési- tez pas à me contacter. VS Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page1

Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Le Flagrant DélitNovembre 2012 Vol. 6 No 2

Chronique Référendaire:

La médiation, une porte de sortie?

Gabrielle St-OngePrésidente de l’[email protected]

Qu’advient-il du référendumde l’année passée où 86 % desétudiants de la Faculté de droitcivil ont répondu à la questionsuivante :«Êtes-vous en faveur quel’AEEDCO mette fin à son sta-tut en tant que corps fédéré ausein de la FEUO? »Par …OUI?

À la demande de plusieurs étu-diants, je perpétue cette chro-nique référendaire. Son but estnon seulement d’informer lesétudiants de première année,mais surtout de tous vous in-clure le plus possible dans leprocessus de négociation. Jecrois en la transparence, parcenous vous représentons, nousreprésentons votre volonté.Je commencerai par faire unrésumé des faits entourant leréférendum, pour ensuite vousdécrire le déroulement actueldu processus de médiationavec la FEUO, et finalementvous exposer nos attentes pourle futur.

Historique du référendumdu 16 novembre 2011Votre Association étudiante,l’AEEDCO (Association desétudiants et étudiantes en droitcivil de l’Outaouais) est affiliéeà une plus grande entité qui estla FEUO (Fédération des étu-diants de l’Université d’Ot-tawa). Concrètement, par cette

affiliation, les étudiants dedroit civil paient automatique-ment 92.50 $ par session à laFEUO, soit un total de185.00 $ par année. En retour,la FEUO s’engage à fournir desservices et une représentationaux étudiants. En contrepartie,votre Association de droit civilreçoit environ 5.5 % des cotisa-tions que vous versez à laFEUO, soit environ 10 $ parétudiant par année.

À la lumière de ces informa-tions, l’AEEDCO s’est posé plu-sieurs questions sur lalégitimité de ce calcul mathé-matique. En effet, considérantque toutes les activités à carac-tère social (la semaine 101, les« partys », le bal des finissants,etc.) académique (les confé-rences, le guide des carrières,la préparation à la course auxstages, etc.) et politique (lesélections, la représentation au-près de l’administration, les ré-férendums, etc.) sontdirectement organisées et fi-nancées par l’AEEDCO, il estimpensable qu’elle reçoive unepart si infime du gâteau. De plus, plusieurs questionsont été soulevées par rapport àla légitimité des instances de laFEUO. Des étudiants ayantsiégé sur le C.A. ont remis endoute leur caractère réellementdémocratique et légitime,puisque les décisions qui y sontprises semblent parfois fairepeu de cas de l’opinion et de lavolonté réelle des étudiants.Des questions ont également

été soulevées du fait que lesmembres de l’exécutif de laFEUO s’attribuent des salairesde plus de 35 000 $ par année.

Finalement, la présidente del’année dernière, Stéphanie St-Jean, a organisé un référen-dum pour savoir si lesétudiants de droit civil vou-laient mettre fin à ce statut decorps fédéré, et ainsi cesser depayer leur cotisation annuellede 185 $ à la FEUO. Un débata eu lieu entre le camp du« OUI » et celui du « NON ».Les étudiants se sont finale-ment massivement prononcésen faveur de la défédération le16 novembre 2011.

Par la suite, des efforts ont étéfaits pour donner suite aux ré-sultats du référendum, sansgrand résultat. On nous a op-posé qu’il était impossible demettre fin à notre statut, alorsque c’est explicitement prévupar la constitution de la FEUOà l’article 2.5. Toutefois, en find’année, nous avons rencontrél’administration de l’Universitépour exposer la situation.Ceux-ci ont suggéré que laFEUO entre d’abord en proces-sus de médiation avecl’AEEDCO pour tenter de ré-gler leurs différends.

La médiationJe peux difficilement vous ca-cher que je suis entrée dansmes fonctions en ayant le res-pect des droits démocratiquesdes étudiants de droit civil

comme cheval de bataille. J’aidonc mis beaucoup d’énergiecet été pour m’assurer que desnégociations aient bel et bienlieu. J’ai collaboré étroitementavec le Président actuel de laFEUO, Ethan Plato, pour orga-niser la médiation. L’exécutifde l’AEEDCO a voté pour queBruno Gélinas-Faucher (repré-sentant du camp du « OUI »)et Frédérique Duchesne (VPaux affaires externes del’AEEDCO) discutent à mescôtés.

La médiation en tant que telleaura donc lieu au début dumois de décembre. Alors que laFEUO souhaite rétablir unebonne communication,l’AEEDCO veut faire de sonmieux pour faire respecter lavolonté des étudiants. Toutesles procédures ont été enta-mées de bonne foi par les deuxparties, et la médiation serachapeautée par une profes-sionnelle dans le domaine.Nous espérons sincèrementque ces échanges seront béné-fiques pour nous tous. Bien que le contenu tangibledes discussions demeureraconfidentiel, nous pourronsvous en communiquer les ré-sultats, et, dans l’éventualité oùil en ressort une proposition,vous pourrez vous prononcersur cette dernière lors d’une as-semblée générale.Si vous avez des questions, ousi vous souhaitez vous impli-quer dans le processus, n’hési-tez pas à me contacter.

VS

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page1

Page 2: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Le Flagrant délitNovembre 2012 Page 2

Actualité

Le Flagrant DélitJournal étudiant de la Faculté de droit civil

Rédatrice en chefVéronique Laliberté[email protected]

Le Flagrant délit est toujours à la recherche de journalistes,anglophones et francophones, afin d’offrir aux étudiants etau personnel de la Section un journal de qualité.

Si vous avez des questions, commentaires ou pour écrire unarticle, écrivez-nous:

[email protected]

«On est très fiers»La nomination du juge Richard Wagner

Francis [email protected]

C’est avec enthousiasmeque la Section de droitcivil a reçu la nouvelle dela nomination d’un de sesanciens étudiants à laCour Suprême du Canada.

Le juge Richard Wagner aété nommé le 5 octobredernier à la plus hautefonction de la magistra-ture au Canada. Ce der-nier a d’ailleurs prêtéserment devant l’honora-ble juge McLachlin le 11octobre 2012.

Malgré l’engouement decette merveilleuse an-nonce, quelques questionsrestent en suspens. L’ad-ministration de la Sectionde droit civil pose aussi

son regard sur deux desprincipaux enjeux ressor-tissants de cette nomina-tion.

Le déséquilibrehomme femme à laCSCLe fait de remplacer lajuge Marie Deschampspar un homme a créé unecertaine fébrilité chez cer-tains. Par contre, « il fautregarder cela sur unelongue période » tel quel’explique Me Pierre Thi-bault. « L’équilibre estsouhaitable. Mais il nefaut pas oublier que dansla prochaine année, il yaura les juges Lebel etFish qui vont prendre leurretraite et le premier mi-nistre aura un choix àfaire. »

Ce qui était importantpour le comité de sélec-tion ainsi que pour le pre-mier ministre, c’est denommer la meilleure per-sonne pour remplir ceposte. Et dans le cas pré-sent, ce fut le juge Wagnerqui a été choisi de façonunanime.

Un manque d’expé-rience?Âgé de 55 ans, le juge

Wagner a travaillé un bonnombre d’années en pra-tique privée, notammenten litige commercial. Cen’est qu’en février 2011qu’il fut nommé juge à laCour d’appel du Québecaprès avoir été juge à laCour supérieure du Qué-bec depuis 2004.

Plusieurs se posent laquestion à savoir s’il seraà la hauteur d’accomplirles tâches qui lui revien-dront très prochainement.Il faut savoir qu’il n’estpas nécessaire qu’un jugequi est nommé à la CourSuprême ait déjà été jugependant longtemps telque le juge Beetz. Il fautaussi se rappeler que cer-tains n’ont jamais étéjuges avant d’accéder à laCour Suprême du Canadatels que les juges Sopinkaet Binnie qui étaient alorsen pratique privée.

De plus, l’encadrementqui existe lors de la nomi-nation d’un juge assureque la personne qui estnommée sera hautementqualifiée. Dans un pre-mier temps, lorsqu’unjuge quitte la Cour ouprend sa retraite, unconseil est créé de plu-

sieurs parlementaires desdifférents partis politiquesafin d’établir une liste detrois candidats. Deuxiè-mement, cette liste estproposée au premier mi-nistre qui décide ensuitelaquelle de ces personnesdeviendra la ou le pro-chain juge. Finalement,un conseil ad hoc évalueles compétences et les ca-pacités de la personnechoisie.

Félicitations et remer-ciementsC’est la première foisqu’un diplômé qui a reçusa licence à la Section dedroit civil atteint le plushaut degré de la magistra-ture au Canada. Le jugeWagner a gradué de la fa-culté en 1979 avec la men-tion cum laude, un anaprès avoir gradué enscience politique avec lamême mention. Ce der-nier a toujours gardé desliens serrés avec l’admi-nistration. Effectivement,sa fille Catherine fut aussidiplômée de la Section en2006. La faculté perçoitcela comme une grandemarque de reconnais-sance de la part du jugeWagner.

PH

OT

O T

IRÉ

E D

E L

A C

OU

R S

UP

ME

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page2

Page 3: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Ottawa rend les armes devant la décisionde la Cour Supérieure

Stéphanie [email protected]

Victoire du Québecdans sa quête pour lasauvegarde du registredes armes à feu

Le 10 septembre dernier,le Québec pouvait enfincrier victoire. Son long etacharné combat contre laloi sur l’abolition du regis-tre des armes d’épaulesavait enfin porté fruit. Ot-tawa était désormais tenude reculer.

Pour saisir l’ampleur dudébat concernant le regis-tre au Québec, il faut reve-nir 22 ans en arrière, lematin du 6 décembre1986, alors que « la belleprovince » était ébranléeet choquée par le massacrede la Polytechnique. Un ti-reur, armé d’une carabinesemi-automatique acquiselégalement, tuait 14 jeunesfemmes et blessait 13 au-tres personnes. De ce tra-gique événement naquitun mouvement national, àla fois politique et social.Son objectif? Améliorer lecontrôle des armes à feu.

Ce sont ces circonstancesqui amenèrent, en 1995,l'adoption de la Loi sur leregistre des armes à feu,qui rendait obligatoirepour les détenteursd’armes, l’inscription àdeux registres distincts:l’un pour l’obtention deleur permis, l’autre pourl’enregistrement de leursarmes.

Il n’est pas difficile d’ima-giner l’indignation desQuébécois, le 5 avril der-

nier, alors que le projet deloi C-19 visant l’abolitiondu registre des armesd’épaules recevait la sanc-tion royale. Leur efforts etdétermination pour obte-nir un plus grand contrôledes armes à feu, et ainsitenter d’éviter des tragé-dies semblables à celle de1986, allaient être réduitsen cendres.

Au cours des derniersmois, le Procureur Géné-ral du Québec défendit lesintérêts québécois devantla Cour Supérieure. Ilplaida notamment l’in-constitutionnalité de l’ar-ticle 29 de la Loi surl’abolition du registred’armes d’épaule. Ilavança que celui-ci empê-cherait le Québec d’exer-cer ses compétences ausens de l’article 92 de la loiconstitutionnelle de 1867en ce qui a trait à l’admi-nistration de la justice surle territoire provincial.Cette ingérence auraitalors des répercussionssur la sécurité publique.D’un point de vue écono-mique, il avança aussi queles données québécoisesfigurant au registre de-vaient être sauvegardéeset acheminées à la pro-vince, car leur finance-ment provenait des

impôts québécois. Selonlui, ces données étaientpartagées et ne relevaientpas seulement du fédéral.

En réponse aux argumentsdu Québec, Ottawa fit va-loir qu’il n’y avait jamaiseu de registre commundes armes à feu. Il ne pou-vait donc y avoir d’obliga-tions pour le fédéral deconserver les données enfaveur d’une province. Deplus, selon le gouverne-ment fédéral, l’abolitiondu registre est dans l’inté-rêt des Canadiens, car ilest inefficace et dispen-dieux.

Le mois dernier, le jugeBanchard trancha en fa-veur du Québec et déclaral’article 29 inopérable. Ilalla même jusqu’à déclarerque l’article 29 constituaitun « manque de respectenvers les champs de com-pétence du Québec ob-viant au principe dufédéralisme coopératif quivise à satisfaire les besoinstant de l’ensemble du paysque de ses composantes ».

Le Québec peut se réjouir.Cependant, une questiondemeure. Est-ce la fin dudébat? Est-ce qu’Ottawaportera cette cause enappel?

Le Flagrant délitNovembre 2012 Page 3

Actualité

Table des matières

ActualitéLa nomination du juge Ri-chard Wagner p.2

Ottawa rend les armes de-vant la décision de la CourSupérieure p.3

Blocages de transactionscommerciales dans l’air dutemps p.4

La Ligue Nationale deHockey en conflit de travailp.5

Où commence le droit à lavie p.6

La commission Charbon-neau p.7

Opinion PolitiqueMais où est passé ce bonvieux missionnaire p.10

Gauche ou Droite p.10

Dossier Droit Interna-tionalLutte de libération Katchinau nord de la Birmanie p.11

La Syrie en pleine guerrecivile p.12

Un faisceau platonicien au20e sciècle! p.12

Vie CampusChronicle de l’ACDE p.13

Arts et cultureLes belles histoires despays d’en droit p. 14

Le procès de Socrate p.15

Calendrier EndosPH

OT

O L

E D

EV

OIR

.CO

M

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page3

Page 4: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Novembre 2012 Page 4

Actualité

Le Flagrant délit

Blocages de transactions commercialesdans l’air du temps

Simon Lespé[email protected]

18 octobre : Le Conseilde la radiodiffusion etdes télécommunicationscanadiennes (CRTC)bloque l’achat d’Astralpar Bell.

19 octobre : Le minis-tre Christian Paradisbloque la transactiond’achat de la compagnieProgress Energy de Cal-gary par le géant malai-sien pétrolier Petronas.

D’ici le 11 novembre:Le même ministre de-vrait annoncer sa déci-sion concernant l’achatde Nexen par China Na-tional Offshore Oil Cor-poration (CNOOC).

Sommes-nous enprésence de cas iso-lés en si peu detemps?

Distinction importante àfaire : les transactionscommerciales dans lessecteurs des télécommu-nications et de la radio-diffusion, qu’elles soientà l’interne du pays ouémanent d’une propriétéétrangère, sont régiesbien différemment queles autres investisse-ments étrangers, no-tamment par lagouvernance du CRTC,un organisme indépen-dant du gouvernement

fédéral, et du Bureau dela Concurrence.

Vendredi le 18 octobredernier, à minuit moinstrois, le ministre de l’In-dustrie annonçait que lasociété d’État malai-sienne ne pourrait ac-quérir la pétrolière etgazière albertaine. Cettedécision faisait suite aurefus de Petronas d’ac-corder un délai supplé-mentaire à la demandedu gouvernement fédéralafin qu’il modifie ses po-litiques en matière d’in-v e s t i s s e m e n t simpliquant des sociétésd’État. Baisse dans lesmarchés boursiers cana-diens, certains investis-seurs se sont ditspréoccupés de la réputa-tion du Canada à l’étran-ger. « Vos agissementsparlent davantage quevos mots. Vous n'êtes pasouvert à faire des af-faires », a même indiquéun gestionnaire de fondsà New York.

Au moment où cette finde non-recevoir à l’offrede Petronas laisse présa-ger le même sort àCNOOC pour l’achat deNexen, les inquiétudesne semblent plus prove-nir seulement du milieuéconomique. Le chef parintérim du Parti libéraldu Canada, Bob Rae, adécrié le manque detransparence du gouver-nement Harper. Le mer-

credi 24 octobre, l’ancienpremier ministre pro-gressiste-conservateurBrian Mulroney a émisdes craintes quant au« rejet-surprise » de latransaction par Ottawaen soulignant l’impor-tance des investisse-ments étrangers auCanada, notammentdans l’ouest du pays. Cedernier avait d’ailleurséliminé l'Agence d'exa-men de l'investissementétranger en 1985 pourcréer la Loi sur Investis-sement Canada.

À l’intérieur de cette diteloi, on trouve le fameux« avantage net du Ca-nada » dès l’article 16,une forme de droit deveto sur les investisse-ments étrangers que legouvernement possède siune transaction n’est pasaux bénéfices des Cana-diens. Plus loin,quelques critères serventà guider la réflexion duministre et de la Divisionde l’examen des investis-sements (DEI) d’Indus-

trie Canada, malheureu-sement peu précis. Les« lignes directrices surles investissements auCanada par des entre-prises d'État étran-gères » seraient de bonsoutils si seulement onpouvait y définir queltype de « gouvernance »ou « d'orientation com-merciale » peut repré-senter un avantage netpour le Canada. Pour-tant, il s’agirait de moin-dres maux, car legouvernement actueln’aurait pas suivi les re-commandations d’unrapport d’un grouped’étude chargé d’exami-ner la réglementation ca-nadienne en 2007,évoquant à l’époque lemanque de transparenceet de prévisibilité dans leprocessus décisionnel.Ce dit processus ne seraitégalement pas à l’abrid’influences politiques.

D’après vous, Nexenpourra-t-il être achetépar CNOOC?

PH

OT

O L

ES

AF

FAIR

ES

.CO

M

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page4

Page 5: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Actualité

La Ligue nationale de hockey enconflit de travail

Edline Simé[email protected]

En droit du travail, on a ap-pris que la notion de lock-out, aussi appelée ''grèvepatronale'' « est un instru-ment de négociation desconventions collectives uti-lisée par l'employeur, qui serésume à empêcher les tra-vailleurs de travailler en fer-mant temporairementl'entreprise. La date butoirdu 15 septembre 2012 pourle renouvellement de laconvention collective entrela Ligue nationale dehockey (LNH) et l'Associa-tion des joueurs de hockeyde la ligue nationale(AJLNH) a marqué le lance-ment du lock-out officiel dela LNH.

Réforme conflictuellede la convention collec-tivePartage des revenus relié auhockey entre les joueurs etla Ligue: D'une part, les parties sontincapables de s'entendre surle partage des revenus de3,3 milliards $ US générésla saison dernière. Alors quela Ligue souhaite des réduc-tions de salaire immédiatesd'environ 57 % à 49 %, lesjoueurs, eux, parlent d'envi-ron 57 % à 52 %. Cepen-dant, une nouvelle offre netouchant pas à la conven-tion collective a été déposéepar la LNH, le 16 octobredernier, et prévoit entre au-tres un partage de revenus50 %-50 %. Les revenus liésau hockey y demeureraientinchangés, l'âge minimumpour l'autonomie desjoueurs tomberait à 28 anset de même, l'autonomiecomplète des joueurs se sta-

tuerait après huit ans. Tou-jours selon cette offre, ladurée maximale du premiercontrat serait de quatre ans,pour un maximum de cinqans, et l'arbitrage salarialdemeurerait inchangé. Unecontre-offre de l'AJLNH aété proposée, mais a été re-jetée. Selon les joueurs, enacceptant l’offre de la Liguede 50 % du partage des re-venus au lieu des 57 % de ladernière convention collec-tive, les joueurs abandonne-raient 1,4 milliard de dollarsaméricains au cours des sixans de la durée de l'entente.

Partage des revenus entreles propriétaires deséquipes:D'autre part, en ce quiconcerne le partage des re-venus entre propriétaires,les joueurs proposent unetaxe d'environ 20 % auxéquipes afin de venir enaide aux formations en dif-ficulté financière, commeles Blue Jacket de Colum-bus ou encore les Coyotesde Phoenix. L'Associationdes joueurs de hockey de laligue nationale croit égale-ment que la Ligue doit trou-ver des revenussupplémentaires pour leséquipes dans le besoin afinde cesser de compter surl'aide des riches à longterme.

Lock-out illégal selonl'article 109 du Code dutravail: requête rejetée!Au début de l'automne der-nier, les joueurs du Cana-dien de Montréal ontdéposé une requête d'in-jonction temporaire, soute-nant que le lock-out imposépar la LNH violerait l'article109 du Code du travail du

Québec, qui se lit commesuit : “Le lock-out est inter-dit sauf dans le cas où uneassociation de salariés a ac-quis le droit à la grève.” Larequête se base sur le faitque l'Association desjoueurs de la Ligue natio-nale de hockey n'était pasl'association accréditée. LaCommission des relationsdu travail du Québec acertes refusé leur requêted'injonction temporaire.

Au tour des équipes al-bertaines de s'armer duCode du travail L'AJLNH a avancé que lesOilers d'Edmonton et lesFlames de Calgary sontconsidérés comme des en-treprises albertaines etqu'on se doit donc de res-pecter les normes du travailde la province de l'Alberta.Les avocats des deux forma-tions ont soutenu que lelock-out était illégal au sensdu Code du travail de l'Al-berta. Les procureurs de laLNH ont rétorqué que la lé-gislation provinciale n'estpas applicable puisqu'il estimpossible pour une liguedont les activités s'étendentdans deux pays de fonction-ner selon des lois diffé-rentes pour chaque équipe.

Les conséquencesjusqu'à présent Perte de revenus: Le commissaire adjoint BillDaly a affirmé que le lock-out qui a mené à l’annula-tion des matchspréparatoires a déjà coûtéenviron 100 millions $ US àla Ligue. Ce montant tota-lise les pertes pour les péna-lités des matchs non joués,les pertes de revenus relati-

vement aux billets non ven-dus, les salaires des em-ployés des formations, etc.Les membres du personneldes formations se voientégalement affectés par cetarrêt de travail. À titred'exemple, les Blues ontcongédié près de 20 em-ployés et forcent les em-ployés restants à réduireleurs heures de travail.

Exode vers l'Europe:Aussi, on remarque chez lesjoueurs un exode vers l’Eu-rope. Des joueurs comme legardien Pekka Rinne desPredators s’est joint au Di-namo de Minsk en KHL(ligue nationale russe).D'autres joueurs commeTuuka Rask, Tomas Pleka-nek, Andrei Markov, Mi-khail Grabovski, Alex Steen,Douglas Murray ou encoreAlexander Semin se sonttournés vers les clubs euro-péens.

Somme toute, même si l'his-toire de la LNH en est à sontroisième lock-out en 18 ans(1994-1995, 2004-2005,2012-2013), souhaitons quede la dernière offre de laLNH combinée à la contre-offre de l'AJLNH naisse unaccord adopté dans les plusbrefs délais, pour le plusgrand plaisir des amateursde notre sport national.

Novembre 2012 Page 5Le Flagrant délit

PH

OT

O L

E D

EV

OIR

.CO

M

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page5

Page 6: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Le Flagrant délitNovembre 2012 Page 6

Catherine [email protected]

En 1988, l’arrêt Morgen-taler mettait fin à la cri-minalisation del’avortement en rendantnulle la disposition duCode criminel y faisantréférence pour caused’atteinte au droit de lafemme à la sécurité de sapersonne. L’année sui-vante, dans l’affaireTremblay c. Daigle, laCour suprême du Ca-nada s’est prononcéeune seconde fois sur laquestion en établissantclairement que le droitde la femme de contrôlerson propre corps primesur les droits du foetus,inexistants d'ailleurs.Parallèlement, l’arrêtDobson en 1999 a reniétoute obligation de dili-

gence de la femme en-vers son enfant à naître.Par la suite, d’autres ar-rêts sont venus confir-mer ce que Morgentalera instauré en refusanttoujours de reconnaîtredes droits au fœtus, lais-sant le champ libre auxpolitiques gouverne-mentales à ce sujet,pourvu qu’elles respec-tent la Constitution.

L’année suivante Mor-gentaler, soit en 1989,un projet de loi visant àrestreindre l’avortementa été déposé par le gou-vernement Mulroney,mais il a été bloqué parle Sénat et n'a jamaisreçu la sanction royale.Depuis lors, il n’y a au-cune législation régle-mentant l’avortement auCanada. Dans la mêmeveine, la période de2006 à 2012 a connuquelques initiatives par-lementaires infruc-tueuses, telles que lamotion 312 de Wood-worth. En définitive, lefœtus ne possède tou-jours pas la personnalitéjuridique ainsi que lesdroits qui l’accompa-

gnent, et ce, tant qu'iln'est pas un être né vi-vant et viable.

Comme en témoignentles nombreuses tenta-tives législatives, le débatsur la reconnaissance ju-ridique du fœtus est loind’être terminé. Certainespersonnes voient cestentatives comme ayantpour objet de criminali-ser à nouveau l’avorte-ment. Chacun des deuxcamps, les pro-vie et lespro-choix, tire sur lacouverture. Pourtant, aumilieu de ces deux ques-tions, soit l’accès àl’avortement et les droitsde l’enfant à naitre, setrouvent les droits de lafemme qui constituent levéritable enjeu. En effet,donner des droits aufœtus heurte de pleinfouet le droit desfemmes. Que ce soit leurdroit à la liberté de choi-sir ce qu’elles font avecleur corps ou encorecelui de leur autonomiesexuelle, l’avortementcontribue en ce sens àl’égalité entre leshommes et les femmes.Certains prônent le libre

choix des femmes de dis-poser de leur corps et lagratuité de l’avortement.D’un autre côté, certainssoulèvent le fait que cer-taines femmes ont re-cours l’avortement à lalégère en le substituant àla contraception et sontoutrés du nombred’avortements pratiquéschaque année. Un autrediscours (que l’on pour-rait qualifier de médian)voudrait réglementerl’avortement en posantdes balises quant aunombre de semainesmaximum pour le prati-quer. Dans le mêmeordre d’idées, certainssont pour le droit àl’avortement, mais dési-rent qu’il ne soit pas fi-nancé à même les fondspublics.

Bref, le droit à la vie estindubitablement impor-tant, mais à quellesconditions? La questionest toujours controver-sée au Canada et de-meure véritablementune lutte politique et so-ciale toujours d'actualité,dans un camp commedans l’autre.

Où commence le droit à la vie?Actualité

PH

OT

O b

IO.M

2OS

w.C

OM

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page6

Page 7: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Le Flagrant délitNovembre 2012 Page 7

Actualité

Notre prochaine rencontre aura lieu Jeudi le 1er novembre à 16h

au FTX 202Soyez-y!

Le stratagème derrière la corruption et la collusion dans l’octroides contrats publics: La commission Charbonneau

Edline Simé[email protected]

Le 19 octobre 2011, la Com-mission d'enquête sur l'octroiet la gestion des contrats pu-blics dans l'industrie de laconstruction, ou plus familiè-rement Commission Charbon-neau voyait le jour sous legouvernement libéral de JeanCharest. La commission apour but de mettre sur pied dela preuve et de faire la lumièresur le stratagème de la corrup-tion et de la collusion. Lemandat de deux ans est pré-sidé par la juge France Char-bonneau.

Les pouvoirs de la Com-mission d'enquête La commission Charbonneauest régie par la Loi sur lescommissions d'enquête. Parconséquent, elle peut procé-der à des perquisitions et à dessaisies de documents. Ellepeut également contraindredes témoins à comparaître ;ceux-ci bénéficient d'une im-munité relative à leur témoi-gnage. Les commissairesjouissent également d'une im-munité. Les différentes auto-rités qui détiennent desrenseignements pertinentsont l'obligation de livrer cesinformations à la CommissionCharbonneau.

Le standard de preuve dela CommissionEn principe, les commissionsont deux chapeaux : celuid'enquêter sur un milieu spé-cifique et celui de tirer desconclusions sur le comporte-ment des gens du milieu étu-

dié. Le standard de preuve re-quis pour un rôle peut varier.

D'une part, quand vient letemps de faire des recomman-dations globales, tout reposesur une évaluation des risques; il suffit de soulever un risquesuffisant de problème. D'autrepart, quand vient le temps detirer des conclusions sur desindividus qui ont été nommésdans la preuve recueillie, lestandard de preuve est un peuplus élevé que la prépondé-rance des probabilités en rai-son du haut risque destigmatisation. Effectivement,le commissaire, par le biais de« motions de blâme », peutcondamner le comportementdes certaines personnes,comme le commissaire Go-mery l'avait fait pour le com-portement de Malroney avecKarlheinz Schreiber.

Le stratagème expliquéC'est le témoin vedette decette commission d'enquête etl'ex-propriétaire de la compa-gnie Infrabec, Lino Zambito,qui explique le stratagèmeglobal. En effet, le complotprend naissance au momentoù un groupe d'entrepreneursrestreint s'organisent entreeux, car à tour de rôle, un pro-jet en appel d'offres est dis-cerné à un entrepreneurprécis du club sélect. Ensuite,il y a des incitations enversl'entrepreneur choisi afin derecourir à des prête-nomsdans le cadre d'une activité definancement pour certainspartis politiques (les prête-noms étant des employés defirmes de génie ou d'entrepre-

neurs en construction, desemployés et des sous-trai-tants, des membres de la fa-mille ou encore même desconnaissances). Ceux-ci sefont ensuite rembourser par lebiais de fausses réclamationssur des contrats publics, dontsouvent les montants se trou-vaient à être gonflés. En fin decompte, cette même factureest refilée aux contribuables.Ainsi, 2,5 % de la valeur ducontrat devait être donnée àun tiers, qui récoltait l'argentpour le remettre à des têtes di-rigeantes de la mafia.

Pour faire partie de la«clique» d’entrepreneurs àMontréal, il y avait un prix àpayer. M. Zambito affirmequ’il devait payer 1 % de la va-leur de ses contrats obtenus àde la Ville en "TPS" commu-nément appelée dans le milieude la construction la « Taxepour Surprenant ». Surpre-nant figurant pour Gilles Sur-prenant, ingénieur à la Villede Montréal. Les « taxes »payées par Zambito corres-pondaient dans l'ensemble à2,5 % pour faire partie de la «clique » autorisée à soumis-sionner à Montréal, 3 % pourle parti du maire de Montréal,1 % à Gilles Surprenant, fonc-tionnaire de la Ville, 25 % dumontant reçu pour les dépas-sements de coût à Luc Leclerc,fonctionnaire de la Ville et àd'autres montants occasion-nels pour des surveillants dechantiers (entre 10 et 15 % surles extras). Le hic, c'est quepour payer tous ces fonction-naires, il fallait hausser lesprix, et c'est pour cette raison

que les employés de la villegonflaient préalablement lavaleur des contrats.

L'effet pervers du strata-gème envers les contri-buablesSelon le témoignage de l’ex-agent du FBI, Joseph Pistone,pour payer les nombreuxfonctionnaires, les entrepre-neurs n'ont d'autres choix quede hausser les prix des maté-riaux, travaux, main d'œuvre,etc. Ainsi, pour un édifice quiloue des locaux commerciaux,le locateur devra charger5000 $ par mois plutôt que4000 $, car le 1000 $ addi-tionnel sert à récupérer la partqui a été payée à la mafia, aumoment où la bâtisse a étéconstruite. En outre, le contri-buable, citoyen ordinaire, estcelui qui paie l'argent extor-qué par la mafia.

Le 19 octobre 2013, la Com-mission Charbonneau devradéterminer si les systèmes decorruption et de collusion per-vertissent effectivement leprocessus d’octroi descontrats publics au Québec.Parions que le rapport Char-bonneau sera des plus atten-dus.

PH

OT

O L

E D

EV

OIR

.CO

M

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page7

Page 8: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

www.stikeman.com

STIKEMAN ELLIOTT S.E.N.C.R.L., s.r.l.STIKEMAN ELLIOTT LLP

PUBLI-REPORTAGE

La session progresse à un rythme effréné et déjà, nous sommes en novembre. À cette période de l’année, les activités de réseautage qui se multiplient sont autant d’opportunités qui vous permettent d’établir un premier contact avec les personnes-ressources des cabinets. Pro� tez de l’atmosphère moins formelle de ces événements, en comparaison avec ceux qui seront organisés cet hiver, pour briser la glace et aller discuter avec les avocats. Cette première série d’activités constitue un prélude à l’étape de la course où vous devrez sélectionner les cabinets où vous soumettrez votre candidature. Les conférences ou cocktails, tant par leur contenu que leur atmosphère, vous permettront justement de mieux cerner les bureaux qui correspondent à vos aspirations et votre personnalité.

Dans le cas de Stikeman, une conférence animée par deux avocats et un stagiaire du bureau de Montréal aura lieu le 6 novembre dans la salle FTX 202. Jean Lamothe, chef des groupes de droit bancaire et de droit immobilier, Caroline Plante, avocate au sein du groupe de litige et Jeremy Sculnick, stagiaire et ancien étudiant de l’université d’Ottawa, vous parleront de leur parcours respectif, de leurs expériences et de leur pratique au sein du cabinet. Un cocktail suivra vers 17h à l’Atrium Tsampalieros; vous pourrez faire la connaissance de Nadine Boileau, directrice de recrutement, qui y sera présente en compagnie des conférenciers.

Bien qu’il ne soit pas nécessaire de vous « préparer » en vue de cette activité (la conférence de Stikeman visant justement à vous fournir le plus d’information possible sur le cabinet et ses membres), il est avantageux de commencer à vous familiariser avec les sites web des bureaux-hôtes en prévision de ce type d’événement. Dans la dernière chronique, je vous suggérais de ré� échir aux domaines du droit qui vous intéressent – c’est ici que ce cheminement prend toute son importance! Les activités de l’automne vous donnent la chance de valider vos intérêts en discutant librement avec les avocats qui œuvrent dans les groupes de pratique que vous envisagez. Ceux qui seront présents pourront également vous référer à certains de leurs collègues qui seraient mieux à même de répondre à vos interrogations.

Par ailleurs, vous trouverez ci-après les impressions de Jeremy Sculnick sur la course aux stages en général et ce qui l’a séduit chez Stikeman Elliott en particulier. Le contenu de son témoignage vous inspirera probablement à poser des questions lors du cocktail!

D’ici là, il me fera plaisir de répondre à vos questions, quelles qu’elles soient. Par courriel, par facebook ou encore en personne (n’hésitez pas à m’interpeler dans les corridors de la faculté!), je suis disponible pour vous en tout temps et le serai jusqu’au dénouement de la course en mars prochain. Ne vous gênez pas, et surtout, ne doutez jamais de vos chances : l’équipe de Stikeman a déjà hâte de vous rencontrer.

While the “Course au stage” process can certainly seem somewhat intimidating and overwhelming, I encourage you all to see it more as an opportunity: an opportunity to educate yourself about the different possible careers that await you in law; an opportunity to learn more about private practice and the various law � rms operating within Québec; an opportunity to determine your own personal professional objectives; and an opportunity to meet many interesting people. Perhaps most importantly, the “Course au stage” provides you with the opportunity to take that signi� cant � rst step forward in your professional career.

Pour ce qui est de mon expérience personnelle, j’avais déjà le sentiment que Stikeman Elliott était le cabinet idéal pour moi et cette idée s’est con� rmée à la suite de mon premier été en tant que membre de l’équipe Stikeman. Étant un cabinet considéré comme l’un des chefs de � le en droits des affaires et un cabinet reconnu à l’échelle nationale et internationale pour l’excellence de ses services, Stikeman m’a donné l’occasion de travailler sur des mandats extrêmement intéressants et complexes dans un environnement stimulant et professionnel. Le fait d’œuvrer

au sein d’une équipe diversi� ée d’avocats talentueux et expérimentés fut extrêmement enrichissant et m’a stimulé à atteindre mon plein potentiel à titre d’étudiant et éventuellement, en tant que jeune avocat.

There are many exciting advantages to working at Stikeman Elliot. Notable amongst these is the secondment program, which allows a student to spend a summer working at one of the � rm’s foreign of� ces, such as London or New York. There are also the various fun social activities that are planned for all of the students throughout the summer and which foster a strong bond amongst us all. Finally, Stikeman is the only Montreal � rm with a guaranteed hire-back policy for articling students. This undoubtedly re� ects the � rm’s commitment of investing in the professional development of its students and also contributes to a healthy work environment free of any insecurity or competition.

I am incredibly happy and fortunate to have been successful in � nding the right � t with Stikeman Elliot. I wish you all the same success for the upcoming “Course au stage”.

[email protected]

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page8

Page 9: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page9

Page 10: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Novembre 2012

Opinion PolitiquePage 10Le Flagrant délit

Derrek [email protected]

Tout d’abord, la droite et lagauche au Québec pourraienttrès bien être le sujet d’un livre.L’article se veut un questionne-ment rapide sur ce sujet. De-puis quelques années, nousentendons beaucoup plus par-ler de « la Droite » ou de « laGauche » au Québec. Ce sujets’est même infiltré dans cer-tains discours politiques lors dela dernière élection. Maisqu'est-ce que cette gauche oudroite?

À la suite d’une recherche etd’entretiens avec des profes-seurs, on peut en venir à uneconclusion. Il n’y a pas de défi-nition moderne de la gauche etde la droite. Il semble avoir unconsensus en ce qui a trait à ladéfinition traditionnelle. M. Chiasson (Professeur àl’UQO et diplômé d’un doctoraten science politique de l’Uni-versité d’Ottawa) explique quetraditionnellement, la gaucheest une pensée politique qui

tend à faire confiance à l’État.Tandis que la droite est le cou-rant contraire qui tend à faireconfiance au privé. Me Pelletier(ex-ministre libéral) donne unedéfinition qui se rapproche decelle-ci. Il explique que ladroite sur le plan économiquemet l’accent sur la prospéritééconomique, tandis que lagauche met l’accent sur la jus-tice sociale et le partage de larichesse. Il opte pour une ap-proche plus capitaliste versussocialiste. Ces deux professeursm’ont aussi fait part de la diffé-rence entre une gauche et unedroite morale et économique.Sur le plan moral, la gauche se-rait plus progressiste et ladroite plus conservatrice.

En revanche, M. Chiasson ex-plique que de nos jours, il fautapporter beaucoup de nuancesà ces courants politiques. Ils semélangent beaucoup. La droiteet la gauche s’échangent beau-coup de leurs concepts. M.Chiasson m'a donné l’exempleaméricain sous l’administra-tion Bush. Ce président favori-

sait un État très peu présentsur le plan économique, maisun État très intrusif en ce qui atrait à la sécurité publique.

Au Québec, M. Chiasson ex-plique que depuis la Révolutiontranquille, il semble y avoir unconsensus entre les partis poli-tiques. Tant les gouvernementslibéraux que péquistes ont fa-vorisé l’érosion d’un État pré-sent pour aider la population(Hydro-Québec, CPE, régimegénéral d’assurance maladie,etc.). En contrepartie, ils onttous favorisé le développementéconomique du secteur privé.Ainsi, on pourrait dire que leQuébec n’est pas défavorable àun équilibre entre la droite et lagauche.

Par contre, une nouvelle formede débat droite-gauche se pré-sente de plus en plus dans nosmédias québécois. Ce nouveaudébat se présente soit pour oucontre le modèle québécoispost Révolution tranquillemené du côté de la droite, entreautres, par les Martineau, Du-

haime et Dumont de la scènepolitique. Elle n’est pas tendrevis-à-vis son ennemie jurée; lagauche. Passant souvent desopinions très tranchées et descommentaires amers, elle sem-ble être en mission pour réveil-ler la population contre cemodèle envahisseur.

La gauche, souvent menée parles mouvements populaires,n’est pas tendre non plus en-vers les représentants de ladroite. Nous n'avons qu’à nousrappeler les dérapages de cer-tains sur les médias sociaux leprintemps dernier. Par consé-quent, on retrouve souvent desdébats qui ne se font plus sur lefond d’une question, mais plu-tôt sur la condamnation d’unevision globale. (« on sait bienvous autres les gauchistes… »)En somme, ce débat n’est pasun débat du bien contre le malet l’espace public gagneraitbeaucoup à retrouver un cer-tain respect pour l’opinioncontraire.

Gauche ou Droite?

Mais où est passé ce bon vieux missionnaire?Gabriel [email protected]

Mais quelle époque, vraiment.Le monde aujourd’hui tournetrop vite. On essaie de prendreune pause de notre vie de per-formance, de mauvaises nou-velles en Syrie, en Palestine ouà la Commission Charbon-neau, de publicités; on arriveau pieu, et ça n’arrête pas.Trudeau a dit (le papa de Jus-tin) : «L’État n’a rien à fairedans les chambres à coucherde la Nation». Mais où nousmène cette dérèglementation?Même chez les couples les plusconservateurs, les plus paisi-bles, on entend désormais :«C’était très bon, mais j’ai cruque mon dos allait casser endeux.» S’enligner pour unpetit missionnaire bien pépèreest en voie de devenir le com-ble de l’inacceptable. Mais eh!Mangez-vous deux œufs bacontous les matins? Bien sûr quenon! La semaine, on mange envitesse deux toasts avec une

tranche de Single Kraft dessus,et le brunch, c’est le samedi oule dimanche matin. Les jour-naux aussi sont plus volumi-neux la fin de semaine car on aplus de temps pour les lire.Pourquoi n’est-ce plus lamême chose avec le sexe? Unhomme n’a-t-il plus le droit àson petit nanane? Peut-êtreque le missionnaire n’est pas laposition la plus stimulante. Etaprès? La vie se doit-elle tou-jours d’être au summum de lastimulation? Et surtout, n’y a-t-il pas de meilleure positionpost-coïtale que de baver légè-rement, somnolent, la facedans l’oreiller? Des fois, jecrois que l’Homme s’est perduen chemin. Mais où est passéce bon vieux missionnaire?

Vous savez, j’aspire à une viepaisible. Je n’ai pas de Ipod, etquand je veux écouter de lamusique, je fais une ballade envoiture. Mais il devient de plusen plus difficile de retrouver lapaix d’esprit du bon vieux mis-sionnaire. Nous sommes satu-

rés de nouvelles internatio-nales et de publicités. Encoretout récemment, ils viennentde sortir un Iphone5, qui seraitun demi-centimètre plusmince que le Iphone 4 mes-dames et messieurs! Je voussouhaite simplement que votreconjointe ne vous remplacepas pour un demi-centimètrede différence.

P.E.T. et les jeunes libé-rauxTrudeau disait (le papa de Jus-tin) : « Si vous n’êtes pas révo-lutionnaire à vingt ans, vousavez raté votre jeunesse; sivous l’êtes encore à quaranteans, c’est que vous êtes fou.»La dernière édition du Fla-grant délit contenait cinq arti-cles sur le Parti libéral duQuébec, tous positifs. Sans de-venir communiste le temps devotre jeunesse, ça ne vous di-rait pas de rêver un peu, magang de jeunes messieurs? Ouà défaut, de faire un examen deconscience? Une décennie degouvernance libérale à se faire

fourrer, et c’était même pasbon!

La Commission Charbon-neauParlant de se faire fourrer entant que contribuables, je trou-vais ça moins pire quand lesnoms qui sortaient étaient àconsonance italienne (Zam-bito, Borsellino, Arcuri, Conte,Rizzuto, Catania, etc.); aumoins, on pouvait se faire ac-croire que c’était uniquementla faute de la mafia sicilienne.Mais depuis que ce sont desbons noms canadiens-françaisqui sortent (Surprenant, Val-lée, Leclerc, Marcil, Thériault,Paquette, Vaillancourt, etc.),on se rend compte que desgens crapuleux, il y en a dansnotre gang aussi. Des bons pe-tits yes-man qui bradent lebien public pour quelquespiasses ou une place au soleil.Comme quoi, il faut se méfierdes corrompus et des traîtres,surtout chez les nôtres.

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page10

Page 11: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Le Flagrant délitNovembre 2012 Page 11

Dossier Droit International

Lutte de libération Kachin au nord de la Birmanie; la limite dudroit international humanitaire

Pierre-Alexandre [email protected]

Malgré l’ouverture démo-cratique et les réformes mo-dérées faites par l’Étatbirman dans les dernièresannées, notamment avec lerelâchement de la main defer sur l’opposition poli-tique, menée par la célèbreAung San Suu Kyi, le Myan-mar est toujours aux prisesavec des guerres civilesmeurtrières dans plusieursprovinces. Au nord du pays,près de la frontière chinoise,la minorité Kachin, deconfession chrétienne, luttedepuis plus d’un demi-sièclepour son indépendancesous le front uni du KachinIndependence Army (KIA).

Le droit international hu-manitaire (DIH), ayant à sabase les 4 conventions deGenève de 1949 et les proto-coles additionnels subsé-quents, s’applique à toutconflit armé « internatio-

nal ». Toutefois, dans le casde la guerre civile birmane,il s’agit d’un conflit interneopposant le gouvernement àun groupe rebelle, le KIA.Qu’en est-il des normes deDIH applicable alors? Laseule base juridique appli-cable se résume à l’article 3,commun aux quatreconventions, et le secondprotocole traitant du statutdes civils touchés par lesconflits armés non-interna-tionaux. Ces documentsvont imposer un standardminimum de traitementpour les civils et les mili-taires hors de combat.

Toutefois, dans le cas bir-man, ni l’article 3, ni le se-cond protocole ne sontrespectés. Les sources inter-nationales et locales s’accor-dent; les civils sont prispour cibles, des enfants sontassassinés à bout portant, letravail forcé des prisonnierset civils est chose commune,ainsi que toutes sortes d’au-tres traitements dégradants

et mettant en danger la viedes civils et des combat-tants hors combat, tous pro-tégés par le DIH. De plus, lazone est en sa presque tota-lité fermée au support hu-manitaire international,imposé par le DIH. Il n’estpas question non plus d’ac-corder le support nécessaireaux déplacés à l’interne(75 000) qui fuient devantles hostilités.

Des spécialistes internatio-naux, questionnés par lachaine internationale Al Ja-zeera avancent des raisonssur la brutalité et la haussedes hostilités; l’ouverture dela Birmanie au commerceinternational, et les pres-sions du géant voisin, laChine. En effet, commedans plusieurs situations si-milaires dans le monde, lesKachins sont assis directe-ment sur un réservoir deressources naturelles im-portantes (bois d’œuvre, gi-sements d’or), de plus, l’étatKachin sera bientôt traversé

par un pipeline joignant laChine à l’océan indien, et leprojet hydroélectrique deMyitsone, qui exportera90 % de sa production versla Chine.

L’État birman met l’accentsur la nécessité de ces pro-jets pour son développe-ment. Toutefois, il semble yavoir un lien causal entre lasignature de ces traités etl’intensification des hostili-tés en territoire Kachin.Ainsi, les violations du DIHsembleraient être ici en lienavec les aspirations écono-miques d’un pays. Après 50ans de vie, et l’apparitiond’une nouvelle réalité dansles conflits, les conventionsde 1949 devraient être re-mises à la planche et réexa-minées de fond en comble

Sources factuelles : Al Ja-zeera, Organisation Inter-nationale du Travail,Human Rights Watch..

PH

OT

O J

AS

On

MO

TLA

gH

PO

UR

AL

JAz

EE

RA

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page11

Page 12: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Novembre 2012 Le Flagrant délit Page 12

Dossier Droit International

Le droit international – Un faisceau platonicien du 20e siècle!

La Syrie en pleine guerre civileLila [email protected]

Le Moyen-Orient est le théâtred’une révolution sans précé-dent depuis les manifestationsdes citoyens exprimant leurdésaccord envers les régimesdictatoriaux en place. La Syrieest encore loin d’établir une dé-mocratie et de connaître unsuccès comparable à celui del’Égypte, de la Tunisie et de laLybie suite à leurs révolutionsrespectives. Le régime de Bas-har Al Hassad massacre la po-pulation sans aucune impunité,comptant environ 30 000morts, sans réelle interventionde la communauté internatio-nale qui se trouve rongée pardes intérêts opposés. Une in-tervention militaire ne peutêtre envisagée puisque la Rus-sie et la Chine, fidèles au ré-gime Hassad, ont imposé leur

véto lors de l’assemblée duConseil de sécurité, passantleurs intérêts avant ceux de lapopulation syrienne. Les États-Unis et l’Europe, quant à eux,se trouvent au cœur d’un tour-billon de problèmes internes etéconomiques. L’Iran aide le ré-gime de Hassad, le Liban et laTurquie supportent les re-belles; la tension monte suite àun bombardement syrien enterritoire turc et la présenteguerre civile risque de débor-der bien au-delà du territoiresyrien. La ligue arabe ainsi quela communauté internationale,par le biais de l’ONU, ont im-posé à la Syrie des sanctionséconomiques sévères, maissans succès. Après l’échec de lamission de Kofi Annan, la coo-pération entre le régime deHassad et les forces rebellesainsi que le gouvernement pro-visoire, est plus qu’incertaine.

Amnistie Internationalecondamne l’utilisation de laviolence par le régime Hassad,ainsi que l’inaction de la com-munauté internationale face àune situation de plus en plushors de contrôle. De surcroit,Amnistie demande l’accéléra-tion du processus concernantla situation en Syrie au Procu-reur de la Cour Pénale Interna-tionale afin de s’assurer que lesauteurs de ces crimes de guerreet autres crimes relevant dudroit international soient tra-duits en justice. Amnistie pro-clame « [qu’]une saisine de laCPI enverrait un message fort àceux qui sont responsables decrimes relevant du droit inter-national que le temps de l'im-punité est révolu et feraitréfléchir toutes les parties im-pliquées dans le conflit —forces gouvernementales ainsique les forces d'opposition —

deux fois avant de commettrede telles violations ». La com-munauté internationale doitprendre des responsabilités etcontinuer de supporter le prin-temps arabe pour lequel elle atant fait d’éloges en le présen-tant comme étant un pas cer-tain vers un monde meilleur,qui ne sera construit qu’avec laparticipation de tous les États.

Ne manquez pas la 2e Assem-blée générale d’Amnistie Inter-nationale UOttawa, mercredile 7 Novembre au FTX 202 àmidi.

Sabrina [email protected]

Selon les critiques générale-ment faites au système interna-tional, on en convient que ledroit international se retrouveà la croisée des chemins entrele droit et les sciences des so-ciétés humaines. D’un côté, lesjuristes lui reprochent son rap-prochement des sciences so-ciales et de la politique (ouplutôt la realpolitik), tandis queles académiques lui reprochentd’être bloqué par le formalismejuridique. Critiques valables,bien entendu…

Toutefois, c’est du préchauffétout ça! Rome ne s’est pasconstruite en un jour, maisRome ne s’est pas non plusconstruite en se faisant direqu’elle ne serait pas construiteen un jour! Je vous proposedonc une approche légèrementdifférente traitant des fonde-ments de cette sphère presquehonnie du droit, centrant monanalyse sur les Nations-Unies,plus particulièrement.

Les Nations-Unies ainsi qu'unebonne partie du système inter-

national sont établis par laCharte des Nations-Unies, mo-nument du droit internationaldans lequel sont professés debeaux principes. Toutefois, leproblème réside dans l’autosuf-fisance de l’organisation; c’estle Conseil de sécurité qui de-vient, dans un sens, la Bouchede la Charte, mais aussi, lecréateur de celle-ci étant donnéque le conseil institue lui-même la portée des valeurs,des principes et des conceptsqui y sont enchâssés. On pour-rait me renvoyer à l’existencede la CIJ, question aisément ré-soluble par la simple référenceà des cas comme ceux du Nica-ragua ou bien des sanctionscontre l’Iran dans lesquels leConseil de sécurité et ses mem-bres dévoilent leur toute-puis-sance, appuyée ou non par desréférences plus ou moins boi-teuses à des « normes ».

En fait, ce que je cherche àprouver par cela est que la ca-pacité d’adaptation que l’on at-tribue au Conseil de sécuritéest basée, selon moi, dans unefaille majeure; le Conseil de sé-curité ne défend pas desnormes de droit acceptées par

les États, mais bien plutôt desnormes qui devront être accep-tées par les États; il n’y a qu’àregarder un principe majeur telque le droit à l’autodétermina-tion, expliqué dans les mono-lithes que sont lesrésolutions 1514, 1541 et 2625.Ainsi, on voit dans le droit in-ternational des Nations-Uniesla projection du platonisme an-tique, en ce que les institutionsinternationales établissent desprincipes qu’elles croient pré-férables à l’état des choses, vé-hiculés par la pratique réelle.Ainsi, le problème est que cetteacceptation ne peut fonction-ner que si l’on est disposé, voirecapable, à accepter un autremonde que la réalité même,tels les platoniciens.

Afin de diriger vos réflexions, jepropose d’autres pistes. En bonplatonisme, la question estainsi de se positionner quant àla nature des acteurs pouvantavoir voix à l’expérience (ondistingue par exemple le refusconstant d’accorder sa place àla société civile, à la per-sonne)… Ainsi le point fonda-mental est plus profond – il y alieu d’analyser la nature même

des acteurs en cause. De plus, iln’y a pas que le platonisme quipose le « bon » principe à l’en-vers du reste – les théologiensjudéo-chrétiens, les penseursdu Moyen-Âge, les idéalistes al-lemands – tous proposent dessystèmes de valeur similairesaxés sur l’esthétique, sur lestermes à utiliser, et qui basentleur vision dans une réalité ex-terne, peu importe que l’appel-lation soit le « bon », le« beau », « Dieu », la « raison »ou l’ « esprit ».

La critique a donc sa place danstoutes les sphères, même dansl’idéalisme avéré du cosmopo-litisme onusien. Il n’est pasquestion de dire tout simple-ment « non » à ces valeurs, rè-gles ou normes, qui portentparfois une logique claire etcertaine, mais bien de les com-prendre, de savoir d’où ellesviennent afin de ne pas les réi-fier et de ne pas les prendrepour acquis. Peut-être que sic’était le cas, le fameux principe« Responsability to Protect »(R2P), pourrait être utilisé rai-sonnablement en Syrie ou enCôte d’Ivoire, par exemple.

PH

OT

O C

SM

On

ITO

R.C

OM

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page12

Page 13: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Page 13Le Flagrant délitNovembre 2012

Vie campusChronique de l’Association civiliste

de défense environnementale (ACDE)Simon Lespé[email protected]

Steven Guilbeaut : Del’anonymat à l’emblé-matique

Voilà une petite allusion autitre de la conférence pu-blique qu’il a offerte lemardi 2 octobre dernier àl’UQO, Développement du-rable : de la théorie à l’ac-tion. Environ 60 minutes,qui en ont paru 5, de purcontenu scientifique, vulga-risé pour les plus analpha-bètes du domaineenvironnemental. Ce leaderécolo a même su créer unclimat de consternation au-près des quelque 500 ci-toyens présents avec desfaits et statistiques percu-tants et visuellement trèsbien présentés. En voici decourts extraits.Important à noter : StevenGuilbeaut ne croit pas àl’équilibre entre l’économieet l’écologie ; théorie qui sa-tisfait certains politiciens« adeptes du développe-ment durable ». M. Guil-beaut adhère à cettedéfinition qui soutient quela préservation de l’environ-nement est une condition àla survie de notre espèce, ànotre développement indi-

viduel et social, mais quel’efficacité économique n’estqu’un moyen pour y arriver.Bon joueur et rassembleur,il a précisé au début de laconférence qu’en tant quecitoyens, nous devons « ac-cepter de changer », en sou-lignant pour notre défense,que notre prise deconscience collective est ré-cente. Il a cru bon de rappe-ler qu’il est un « optimisteréaliste ».

Le cofondateur d’Équiterrea dressé une brève liste desproblèmes auxquels nousfaisons face tels les change-ments climatiques mesurés,mesurables et non contestésinternationalement. LeGroupe des Nations Uniesspécialisé dans ce dossier amême laissé entendre der-nièrement que leur propreprévision était plus encou-rageante que la réalité. Plusprès de nous, même dans uncontexte de pénurie pétro-lière, les sables bitumineuxn’ont rien à faire envier à lacommunauté internatio-nale. En fait, la productionde ce pétrole retire autantd’eau que ce qu’en consom-ment 800 000 résidents deCalgary durant une annéeentière. Et ce n’est pas tout :un projet de construction de

pipeline entre Montréal etQuébec est en cours pourtransporter cet « or noir » ;une compagnie reconnuepour un accident/semainechez ses pipelines serait lemaître d’oeuvre.

Sur une note plus positive,le public présent a pu dé-couvrir de belles initiativesécoresponsables à l’échellemondiale. Il a notammentété question de l’investisse-ment dans l’économie vertepar la Corée du Sud et laChine, cette dernière recon-nue pour l’installation d’uneéolienne par jour et de saposition comme plus grandeproductrice de panneauxsolaires au monde. Dans lestransports, j’ai été étonnéd’apprendre que le Texasferme des espaces de sta-tionnement pour faire de laplace au transport en com-mun. Comme dirait l’autre,si le Texas est capable,pourquoi pas nous?

Tout au long de la confé-rence, Steven Guilbeaut estallé de pointes peu subtilesenvers le premier ministrefédéral Harper à propos deses politiques en matièreenvironnementale. Ceci m’ainspiré pour ma questiondevant public : croyez-vousen la démarche de DanielTurp et ses sympathisantsqui souhaitent rendre sanseffet la décision du gouver-nement de se retirer du Pro-tocole de Kyoto? Sa réponsedétacha un peu de son habi-tuel « optimiste réaliste »…

Plus d’informations sur Ste-ven Guilbeaut :equiterre.org

Pour s’impliquer en Ou-taouais : Rendez vous sur legroupe Facebook : Grouped'action d'Équiterre en Ou-taouais.

Vous venez d'emménager dans votre premier appartement? Vous cherchez une solution de rechangeaux produits d'entretien toxiques et onéreux? Vous voulez faire des économies pour boucler vos finsde mois et en même temps faire des choix responsables vis-à-vis la planète?

L'ACDE vous offrira désormais des trucs écolos et économiques que vous retrouverezchaque mois dans votre Flagrant Délit!

Les temps froids recommencent et vous aimez profiter d'une bonne douchechaude? Pour nettoyer l'émail de votre baignoire après usage, utilisez uneéponge imbibée d'un mélange de jus de citron et de vinaigre blanc! Votresalle de bain n'aura jamais été si éclatante!

-ACDE-Association civiliste de défense environnementale

PH

OT

O U

nIV

ER

SIT

É D

UQ

Eb

C E

n O

UTA

OU

AIS

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page13

Page 14: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Page 14Le Flagrant délitNovembre 2012

Arts et culture

Les belles histoires des pays d’en droitVéronique Laliberté[email protected]

Une grande histoired’amour faisait jaser lespays d’en droit. Au bureaude poste, tout le monde par-lait de la lettre que le No-taire Le Potiron avait reçue.

-Des nouvelles d’Iphigénie?Demandèrent les plus cu-rieux.

Le Notaire rouge de fierté etde bonheur acquiesça etsortit d’un pas heureux,pressé de lire cette fameuselettre. Un an déjà s’étaitécoulé depuis que sa filleIphigénie avait quitté lespays d’en droit au bras deson amour Florent Cheve-ron, fils du forgeron du vil-lage.

Ces deux tourtereaux, pour-tant issus de rangs sociauxdifférents, s’étaient entêtésà défier les conventions so-ciales en se mariant.N’ayant pas obtenu la béné-diction de leurs parents, ilsavaient décidé de s’exiler.Ils partirent dans les vieuxpays, plus précisément enFrance, où ils se marièrentet achetèrent une jolie mai-son. Ce scandale, qui avaittant fait jaser, semblaitmaintenant chose du passé.Aujourd’hui, les conven-tions ne semblaient plusavoir la même importance,le Notaire était tellementheureux d’avoir des nou-velles de sa fille. Il ne l’avaitjamais renié, il l’aimait tel-lement. Chaque semaine, leNotaire lui écrivait, dans lebut d’obtenir des nouvelles,lui répétant à quel point ilregrattait de s’être montréaussi têtu.

Aujourd'hui, il tenait dansses mains une enveloppetrès épaisse! Une longue let-

tre écrite par la belle Iphigé-nie! Oh, comme elle luimanquait. Enfermé dansson bureau, il ouvrit l’enve-loppe. Bonne ou mauvaisenouvelle?

Iphigénie était enceinte! LeNotaire en eut le soufflecoupé. Sa fille allait faire delui un grand-père! Il était siheureux. Puis, en poursui-vant sa lecture, il appritqu’elle planifiait un voyagedans les pays d’en droit. Ellevoulait absolument donnernaissance à son enfant dansson village natal.

Le Notaire n’en revenaittout simplement pas! Nepouvant contenir sa joied’avantage, il sortit, lettreen main et se précipita chezle forgeron pour lui appren-dre la bonne nouvelle. Ilentra dans la forge, prit leforgeron dans ses bras ets’exclama :

-Elle est enceinte!

Les deux hommes étaientau 7e ciel. Ils s’assirent, leNotaire reprit depuis ledébut la lecture de la lettre,cette fois à voix haute. Mal-heureusement, la longuelettre ne contenait pas quede bonnes nouvelles. Éphi-génie confiait aussi les nom-breuses querelles et lesdifficultés de la vie à deux.Elle raconta comment sonbeau Florent avait changé,maintenant impatient etmême violent. Elle parlaitd’incompatibilité irréversi-ble et fit l’aveu de la décou-verte de sa maîtresse.

Le Notaire releva les yeux,regarda le forgeron devenupâle. Inconfortable, le No-taire offrit ses politesses etquitta la forge. Embêté, ilchoisit de terminer sa lec-ture chez son ami, l’avocat

Léon Dalbran. C’est en sacompagnie qu’il apprit lesmotivations secrètesd’Éphigénie. Après avoirdonné naissance à son en-fant, elle voulait s’habiterdans la maison de son pèreet ensuite demander le di-vorce.

Me Dalbran tendit unscotch à son vieil ami. Il segratta la tête, puis sortit soncarnet de notes afin de dres-ser un portrait juridique dela situation.

Claude Emanuelli ré-pond...

Les faits combinés aux dis-positions de l'article 77C.c.Q. tel qu'interprété parla jurisprudence et la doc-trine québécoises indiquentqu'Iphigénie et Florent ontperdu leur résidence québé-

coise au profit d'une rési-dence en France. Or, selonl'article 3(1) de la Loi sur ledivorce, la Cour supérieuredu Québec est compétentepour connaître d'un actionen divorce si l'une des par-ties a résidée habituelle-ment au Québec pendantl'année précédant l'intro-duction de l'action.

Iphigénie devra donc établirsa résidence au Québec et lamaintenir pendant aumoins un an avant de pou-voir saisir la Cour supé-rieure de son action endivorce. Celle-ci sera régiepar la Loi sure le divorce quiretient l'adultère commecause d'échec du mariage(art. 8(2)b))[email protected]

Pho

to P

hilip

pe C

ordi

sco

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page14

Page 15: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Page 15Le Flagrant délitNovembre 2012

Arts et culture

Le procès de SocrateSabrina Lavoie [email protected]

« je ne sais qu'une chose,c’est que je ne sais rien »

En l’an 399 av J.C. , un jurycomposé de cinq cent un Athé-niens condamna Socrate à mortpour impiété, perversion desmorales traditionnelles, corrup-tion de la jeunesse et mise endanger de l’ordre social. Ses ac-cusateurs : le poète Mélétos,l’orateur Lycon et le politiciendémocrate Anytos. Socrate futreconnu coupable et condamnéà boire de la cigüe, poison utiliséspécifiquement pour l’exécutiondes criminels d’état.

Ayant vécu à une époque oùfleurissaient la démocratie et lelibéralisme à Athènes, commentce vieux philosophe âgé de 70ans méritait-il d’être condamnéà mort sous de tels chefs d’accu-sation qui, en réalité, dégui-saient le véritable objet de lamenace que Socrate représentaitpour ses accusateurs: dissidencepolitique et lutte de pouvoir.

ContexteEffectivement, c’est à la lumièrede la turbulence et de l’instabi-lité politique de l’époque que leprocès de Socrate doit être ana-lysé. Le contexte : début de l’âged’or d’Athènes, montée au pou-voir de Périclès, bâtisseur duPanthéon et probablement undes premiers politiciens libérauxde l’Histoire à croire que la li-berté démocratique s’appliquaitaussi bien aux aristocrates pro-priétaires de terres qu’au peu-ple. Suite à la chute dugouvernement oligarchique desTrente, les fréquentations so-ciales de Socrate avec des ci-toyens déchus tels que Critias, leplus célèbre des trente tyrans,Alcibiade (exilé et assassiné) etCharmide, oncle de Platon etprotégé de Critias, lui coûtèrentla vie.

Le ProcèsLe procès débuta le matin, dansl’Agora, avec la lecture officielledes accusations contre Socrateet dura en totalité environ unedizaine d’heures. Dans la pre-mière phase du procès, qui ser-vait à déterminer la culpabilitéde l’accusé, les plaignants furentles premiers à parler et chacund’eux se prononça pour faire va-

loir ses arguments contre So-crate, sur une période totale detrois heures, mesurée avec uneclepsydre (horloge à eau).

À l’époque, il y avait peu sinonpas de procédure ou de règlesformelles en ce qui a trait à laprésentation de la preuve. Lastratégie, à la fois pour les plai-gnants et pour la défense, étaitd’en mettre plein les yeux aujury : en faisant appel à leurs ta-lents d’orateur, les partiess’adressaient au jury en faisantappel à leurs émotions plutôtqu’à leur raison pour tenter d’in-fluencer le vote.

Aucune documentation officiellerapportant le discours des plai-gnants ne survécut à l’épreuvedu temps. Pour ce qui est de ladéfense, les seuls écrits qui noussont parvenus sont ceux de Pla-ton et de Xénophon, deux disci-ples de Socrate, qui sont donc àprendre avec un bémol dû à leurpartialité. Socrate rendit son fa-meux discours de trois heuresen sa défense, connu sous le titreApologia, transcrit par Platon,dans lequel il leur rappela soninnocence, la vie vertueuse qu’ilavait menée et les services ren-dus à la cité.

À la fin des présentations dechacune des parties, il n’y avaitpas de délibération du jury, levote se basait sur l’opinion indi-viduelle de chacun d’entre eux,en fonction de leur propre inter-prétation de la loi. Dès la fin dela présentation, le vote se faisaiten laissant tomber une pièce debronze dans l’urne correspon-dante à la culpabilité ou l’inno-cence de l’accusé. Il suffisaitd’ailleurs d’une simple majoritépour déterminer le sort de l’ac-cusé. En ce qui concerne So-crate, le résultat de cettepremière ronde se conclut parun vote de 281-220 voix en fa-veur de sa culpabilité.Dans la deuxième phase du pro-cès, qui servait à déterminer sasentence, Socrate demanda au-dacieusement d’être entretenujusqu’à la fin de sa vie. L’histoireraconte que ce discours était ex-trêmement arrogant aux yeuxdes jurys, car Socrate ne pria passes condamnateurs d’être clé-ments, comme il était coutumede le faire. Bien au contraire,selon ce que rapporte Platon,Socrate était d’avis que de sup-

plier pour obtenir la clémencedu jury était une pratique pathé-tique et déshonorante qui dis-graciait le système de justice dela cité d’Athènes dans son en-semble. Le résultat de cette se-conde ronde, 341-160 voix,établit la sentence suivante :mort par cigüe.Trente jours s’écoulèrent entrela condamnation de Socrate etson exécution. Trente jours du-rant lesquels il resta enchaînédans sa cellule. Durant son pro-cès, on raconte qu’il adoptait uncomportement désagréable etcolérique. On rapporte qu’il pré-férait mourir plutôt que decontinuer à vivre dans une so-ciété où la critique et le savoirétaient des crimes et faisaientl’objet de répressions de la partde ses dirigeants. En consé-quence, les fréquentations deSocrate (disciples et amis) s’exi-lèrent de peur de se voir réserverle même sort par associationavec ce dernier, au grand plaisirdes condamnateurs de Socrate.Même qu’à son retour, Platonprit la précaution d’officialiserson retrait de la vie politique enspécifiant que son champd’études philosophiques se limi-terait au domaine théorique. Lesintentions des accusateurs fu-rent comblées. Cependant, leprocès fut très impopulaire et lesaccusateurs de Socrate furentchassés d’Athènes par la foule.

La menace des idées de So-crate Socrate ne croyait pas en la dé-mocratie ni en l’égalité. Sa visionde la vertu en était une basée surl’atteinte de la connaissance etl’entretien de l’intellect en ac-cord avec sa vision dualiste ducorps et de l’esprit. Selon cetteprémisse, n’ayant pas le privi-lège de recevoir une éducationde base, les gens du peuple nerépondaient pas à ce standardde vertu et n’avaient pas, pourainsi dire, la capacité intellec-tuelle ni la formation nécessairepour être source de légitimitépolitique. L’idée d’un gouverne-ment pour et par le peuple s’avé-rait donc une aberration auxyeux de Socrate : il s’opposait encela au caractère démagogiquede la démocratie athénienne.Ironiquement, d’après Platon,Socrate aurait vécu dans unegrande pauvreté, et cette affir-mation est confirmée par Xéno-phon. Ce point est également

confirmé par les surnoms dontl’affublent les comiques (telqu’Eupolis ou Aristophane) : «legueux », «le mendiant », « le va-nu-pieds ».

La philosophie de Socrate estl’école du doute. Celui que l’onconsidère l'un des inventeurs dela philosophie morale et poli-tique, comptait des femmesparmi ses maîtres, rareté pourl’époque. Il devint le symbole dela pensée libre et critique, car,selon lui, la tâche du philosopheétait de douter et faire douter. Ilcherchait à remettre en cause lesidées reçues. D’où le fameux: «jene sais qu'une chose, c’est que jene sais rien».

Outre les allégations d’impiétéet de corruption de la jeunessefaites contre lui, il est fort possi-ble qu’en réalité, Socrate fût misà mort pour avoir fréquenté ets’être associé directement ou in-directement à certains membresdu gouvernement oligarchiquedes Trente. C’est d’ailleurs l’avisdu très célèbre journaliste indé-pendant américain Isidor Fein-stein Stone, qui suggère dansson livre The Trial of Socratesque Socrate fut mis à mort pourses idées, ses fréquentations etson influence. En plus de consi-dérer les références les plus fré-quemment utilisées sur la vie deSocrate, telle que celles de Pla-ton et Xenophon, IF Stone basasa recherche sur des indices pro-venant d’auteurs de la mêmeépoque, mais qui n’étaient passes disciples. Par exemple, à tra-vers sa recherche, il trouva quele fameux orateur Aeschines fitréférence au procès de Socratealors qu’il s’adressait à un jury,en 345 av JC (donc 46 ans aprèsla mort de Socrate), en disant lachose suivante: « Citoyensd’Athènes, vous avez exécuté lesophiste Socrate parce qu’il étaitresponsable de l’éducation deCritias, un des Trente tyrans. »

Socrate semble donc avoir mani-festement été mis à mort pouravoir exprimé des idées antidé-mocratiques, symptôme d’unejeune démocratie défectueusedont l’éradication des dissidentscontredit l’essence même de lapluralité d’opinions qui la sous-tend.

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page15

Page 16: Flagrant Delit- Edition Novembre 2012

Novembre 2012Mardi Mercredi Jeudi Vendredi

1 2Le Centre de DéveloppementProfessionnel11h-14h à la demi-lune - Kiosquemidi-carrière Mme Sophie Marchil-don, Juge administratif au TribunalCanadien des Droits de la Personne& Avocats des Forces Canadiennes(JAG)ET11h30-12h30 au FTX133 - Pré-sentation sur le processus de laCourse aux stages avec Me Cathe-rine Bleau (Osler) et Me CarolineBeaudry (CDP)

AEEDCOParty d'Halloween au Liquor Store

6ADAUODiner conférence Norton Rose : Les4 grands domaines de droit

Le Centre de DéveloppementProfessionnel11h30-13h au FTX202 - Déjeunercauserie de la Chambre des Notaires

AEEDCO11h30 Devant Tabaret Match de soccer Prof c. Étudiants ET4 à 7 Stikeman Elliott

7Amnistie InternationalMidi au FTX 202- Assemblée gé-nérale

8Le Centre de DéveloppementProfessionnel17-19h à l'Atrium TsampalierosCocktail réseautage avec l'Associa-tion du Jeune Barreau de Montréal,le Jeune Barreau de l'Outaouais. Lesétudiants de 2e, 3e année ainsi queles étudiants de l'école du barreausont invités.

9Le Centre de DéveloppementProfessionnel11h-14h à la demi-lune - Kiosquemidi-carrière Cour municipale deGatineau

13Amnistie InternationalConférence sur l'Afghanistan (lieu etheure à déterminer)

Centre de recherche et d’ensei-gnement sur les droits de lapersonne ET le Centre d’étudesen gouvernance19h au DMS 12102- Vous êtes in-vité à une conférence/discussion in-titulée Obama, Race and AmericanDemocracy avec les professeurs Je-remy I. Levitt, Matthew C. Whita-ker, Chaire Gordon F. Henderson etLucie Lamarche

14Le Centre de DéveloppementProfessionnelFTX235 - Session d'informationsur la Cour d'Appel du Québec - MePascal Pommier nous rend visiteavec une auxiliaire juridique *Prièrede réserver votre place en envoyantun courriel à [email protected]

AEEDCO14 à 18h30- Conférence suivie d'uncocktail sur la diversité dans la pro-fession juridique aux bureaux deMcCarthy à Montréal - (RSVP à[email protected] le 7 novembre 2012)

15ADAUOVisite des bureaux Gowlings àMontréal (autobus aller-retourfourni)

Le Centre de DéveloppementProfessionnel11h30-13h au FTX202- Sessiond'information sur le programmed'auxiliaires juridiques à la Cour Fé-dérale d'Appel par le juge en chef,l'honorable Pierre Blais et le pro-gramme d'auxiliaires juridiquesà la Cour fédérale *Prière de réser-ver votre place en envoyant un cour-riel à [email protected]

AEEDCOPrise de photo de finissant

16AdministrationDernier jour pour abandonner uncour sans crédit financier

Le Centre de DéveloppementProfessionnel11h-14h à la demi-lune - Kiosquemidi-carrière ET11h30-13h Centre des Appels Étu-diants

AEEDCOPrise de photo de finissant

20 21Le Centre de DéveloppementProfessionnel13h00-16h: Portes ouvertes au mi-nistère de la justice, bureau régionald'Ottawa. Vous devrez vous y rendrepar vos propres moyens. N.B. Veuil-lez réserver votre place en envoyantun courriel à [email protected]

AEEDCOÉvènement Blakes au Brother's BeerBistro en soirée

22 23Le Centre de DéveloppementProfessionnel11h-14h à la demi-lune Kiosquemidi-carrière

27AEEDCO11h30 au FTX 147 - Réunion pourles étudiants intéressés par le pro-gramme national

28Amnistie InternationalÀ la demi-lune Signature des cartesde voeux pour des prisonniers dedétentions arbitraires et bake sale

29Amnistie InternationalÀ la demi-lune - Signature descartes de voeux pour des prisonniersde détentions arbitraires et bakesale

30Le Centre de DéveloppementProfessionnel11h-14h à la demi-lune - Kiosquemidi-carrière

Flagrant Délit novembre 2012_Flagrant Décembre 2010 12-10-29 19:26 Page16