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e bimensuel ro •• aire , e parti communiste international (programme communiste) CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI : La revendication de la ligne qui va de Marx la lénine, la la Correspondance: Abonnements : 15· ANNEE - N° 274 fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'italie (Livourne, 1921); la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénérescence de l'Internationale, contre la théorie du cc eoelalleme 20, rue Jean-Bouton - 75012 Paris 1 an : 40 F ; 6 mois : 20 F LE NUMERO: 2 FF dans un seul pays " et la contre-révolution' stalinienne; le refus des Fronts populalr.. et du bloes de 1. pli fermé : 60 F et 30 F Résistance; la tâche difficile de restauration de la doctrine et de l'organisation révolutionnaires, en liaison Versements: « programme communiste .. 20 FB - 1 FS avec: fa classe ouvrière, contre la politique personnelle et électoraliste. Chèque bancaire ou 1 an, pli ouvert : 40 F C.C.P. 2.202-22 Marseille 1 an, pli fermé : 60 F 7 au 20 octobre 1978 ... uerre a 'aus éri u alisme! uerre au caDi Cela fait quatre ans que le monde entier s'enfonce lentement mais irrésistiblement dans une crise produc- tive d'où, de l'aveu même des capitalistes, aucun pays ne peut sortir individuellement et d'où toute sortie cel- lective est exclue dans un avenir prévisible. sont contraints d'appuyer sur le frein pour 'lutter contre l'inflation accélérée et pour tenter de contrecarrer la concurrence de ses cc amis » en prenant appui sur la baisse vertigineuse du dollar. Mais ce déphasage, qui laisse l'économie en dessous de la ligne de floHaison, est encore considéré comme un moindre mal. cc Il est certes préférable que le cycle économique ne soit pas en phase des deux côtés de l'Atlantique et du Pacifique, faute de quoi Il risque de prendre une ampleur exces- sive », commentaient Les 'Echos du 29-9-78 après la der- nière assemblée du Fonds Monétaire International. L'année dernière, les cc experts ~~ internationaux atten- daient de la cc reprise américaine » un effet d'entraîne- ment sur l'Europe et le Japon. Cela ne s'est pas produit. Aujourd'hui que ces deux cc moteurs auxiliaires » s'attel- lent à un effort de cc relance », voici que les Etats-Unis Les « experts » craignent encore plus une reprise générale, car elle n'aurait d'au- tre effet que de précipiter l'économie dans une dépression encore plus grave. I1s retrouvent inconsciemment ce que le Manifeste du Parti Communiste expli- quait il y a 140 ans: « Les rapports bour- geois sont devenus trop étroits pour _contenir les richesses qu'ils ont créées. Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle les crises? D'une part, en détruisant par la violence une masse de forces producti- ves, d'autre part en conquérant de nom- breux marchés et en exploitant à fond les anciens. Quels sont les effets? La prépara- tion de crises plus générales et plus puis- santes, ce qui revient à diminuer les moyens de les éviter ». C'est bien ce que nous avons sous les yeux: chaque capitaliste ne peut subsis- ter qu'en vendant moins cher que le voi- sin, ce qui exige de baisser les coûts de production et pousse non seulement à une exploitation plus féroce de la classe ouvrière, mais aussi à la recherche d'un avantage sur le voisin en matière de pro- grès technique. Ceci suppose des équipe- ments non seulement plus modernes, mais aussi généralement plus immenses, et pousse aux concentrations, aux restruc- turations sauvages, à la chasse sans merci aux « canards boiteux». Et puisque tous les capitalistes doivent faire de même, le résultat est que le monde est encore plus (Suite page 2.) DANS CE NUMERO Le socialisme d'hier face à la guerre d'aujourd'hui (un arti- cle de la Gauche - 1914) La magnifique grève des mi- neurs américains Critique de l'eurocommunlsme 'Dans les cinq continents: Iran, Tunisie, Chili et :Pérou Luttes immédiates: Sonacotra, PTT Feu le pape Jean-Paul 1 er l'avait bien dit: on se bat trop et on ne prie pas assez! A Camp David on a beaucoup prié, dans trois langues et trois dieux. De ces prières est né un accord préliminaire de paix ... gros de batailles encore plus féroces. Alors que la cote de popularité de Carter à la bourse présidentielle des States était tombée au plus bas, les deux protagonistes de la rencontre, véritables « grands-élec- teurs », ont crié en chœur au triomphe de Jimmy. Celui-ci se donne des airs faussement modestes : il sait pertinemment que Sadate et Begin, harcelés par des difficultés écono- miques et sociales croissantes et par des besoins pressants en armes et capitaux, ne pouvaient que s'asseoir sagement une fois de plus à la table de négociation, et qu'il faut bien qu'ils en arrivent tant bien que mal à conclure une paix séparée. Il sait aussi que cette paix, si elle se con- clut, ne sera pas marquée par son triomphe à lui, mais par la division du camp arabe, le poids encore plus fort dans ce camp des pays modérés et les abandons toujours plus grands de l'OLP. Il sait que dans le cadre des accords signés tout reste aléatoire, parce qu'exposé à la pression de forces internes et externes hostiles, et que la marge de manœuvre même des USA est limitée par la concurrence (car il est difficile de parler ici d'opposition) de l'URSS. En d'autres termes, malgré les en- thousiasmes du moment et la rhétorique du protocole, il sait bien que la Pax Americana au Moyen-Orient est encore un but éloigné et, à long terme, illusoire même sur le terrain diplomatique. Par-delà ce jeu immonde, nous reconnais- sons dans ces accords le fruit de la trahison de la cause nationale-bourgeoise arabe elle- même, non par un de ses porte-paroles offi- (suite page 4) Après Camp David Pax americana? Nouvelle caution de la Chine aux crimes français en Afrique Quand Hissène Habré fut installé, pour son passé de rebelle, sur le fau- teuil de premier ministre du Tchad, afin d'appâter l'opposition armée, au- cune illusion n'était permise sur sa na- ture de marionnette de l'impérialisme français. Comme l'écrivait Le Monde dans son éditorial du 30 août : « mê- (suite page 4) programme communiste NO 77 L'agression française en Afri- que aura son retour de flamme. Le terrorisme et le difficile che- min de la reprise générale de la lutte de classe. L'Afrique, proie des Impérialis- mes: Il. L'exploitation financière de l'Afrique. La crise de 1926 dans le PC russe et l'Internationale. - Vi. La polémique PréobraJensky- Boukharine. Sur la révolution en Amérique Latine. Nous datons pour notre part la contre- révolution de 1926, c'est-à-dire du triom- phe de la théorie bourgeoise du « socia- lisme dans un seul pays », Non qu'à l'épo- que nous ayons jugé que tout était à cette date irrémédiablement perdu. Mais au- cun des sursauts attendus ne vint donner un terrain d'appui au combat de notre courant et de l'Opposition de gauche pour redresser la barre, et l'infection finit par tout pourrir. C'est donc le moment l'organisme a admis la maladie comme un remède que nous pouvons considérer a posteriori comme celui est inscrite son inéluctable condamnation. Dans la longue série d'oscillations tacti- ques de plus en plus amples de l'Inter- nationale et de ses sections, celle de la mènent les tournants du P.C.F. ? Le demi-tour accompli par le PCF dans ses rapports avec positions prolétariennes. Il ya trop longtemps en effet que la le PS à la veille du ({scrutin historique» de mars 1978 et les révolution ne peut plus prendre appui sur la moindre parcelle invectives monotones qu'il débite comme les grains d'un cha- du patrimoine du PCF et des autres partis néo-staliniens pour pelet contre la « collaboration des classes» ne doivent pas faire y greffer une orientation communiste. illusion. Il ne saurait légitimer aucun espoir de retour à des 1 Du faux tulation tance et tournant du Front de la «à gauche» populaire, de Reconstruction. . capi- Résis- à la la fameuse « troisième période d'erreurs de l'I.C.» comme la baptisa Trotsky, n'était pas un simple tour de balancier: les pré- cédentes ayant affaibli la résistance du parti aux attaques de l'adversaire, cette période y fit entrer le cheval de Troie de l'ennemi, mais sous des allures «de gau- che ». Au point que la faune - peu scrupuleuse en théorie - du trotskysme prétend encore que le stalinisme aurait emprunté la prétendue tactique « classe contre classe» à la Gauche italienne. Mais que pouvait signifier le «front unique par le bas », si on y mettait comme condition préjudicielle qu'il soit dirigé par le parti communiste? Rien d'autre que de rendre impuissante la « lutte pour le pain et le travail ». De même, pou- vait-on tirer de l'idée - juste en elle" même - que la démocratie et la social- démocratie sont les «fourriers du fas- cisme» la conclusion qu'il fallait com- ba ttre les socialistes la main dans la main avec les adversaires du moment, y com- pris les fascistes? Cela n'était pas possi- ble sans jeter aux orties cette règle que la tactique dans la lutte contre nos enne- mis a pour limite absolue la préservation de la clarté du but, la délimitation stricte des organisations prolétariennes - avant tout le parti - ainsi que leur continuité d'action et leur renforcement par une assimilation plus grande des principes de la lutte de classe et du communisme. Que pouvait signifier la déclaration se- lon laquelle la lutte contre la démocratie et le parlementarisme bourgeois était insé- parable de la lutte contre le fascisme pour des partis - parmi lesquels le PCF , constituait si on peut dire un modèle du . genre - essentiellement parlementaires et dont le centre de gravité se situait (Suite page 3~)

fondation de l'Internationale Communiste et du Parti

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Page 1: fondation de l'Internationale Communiste et du Parti

ebimensuel

ro ••aire,e

parti communiste international (programme communiste)CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI : La revendication de la ligne qui va de Marx la lénine, la la Correspondance: Abonnements : 15· ANNEE - N° 274fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'italie (Livourne, 1921); la lutte

de la Gauche Communiste contre la dégénérescence de l'Internationale, contre la théorie du cc eoelalleme 20, rue Jean-Bouton - 75012 Paris 1 an : 40 F ; 6 mois : 20 F LE NUMERO: 2 FFdans un seul pays " et la contre-révolution' stalinienne; le refus des Fronts populalr.. et du bloes de 1. pli fermé : 60 F et 30 FRésistance; la tâche difficile de restauration de la doctrine et de l'organisation révolutionnaires, en liaison Versements: « programme communiste .. 20 FB - 1 FSavec: fa classe ouvrière, contre la politique personnelle et électoraliste. Chèque bancaire ou 1 an, pli ouvert : 40 F

C.C.P. 2.202-22 Marseille 1 an, pli fermé : 60 F 7 au 20 octobre 1978...uerre a 'aus éri u

alisme!uerre au caDiCela fait quatre ans que le monde entier s'enfonce

lentement mais irrésistiblement dans une crise produc-tive d'où, de l'aveu même des capitalistes, aucun paysne peut sortir individuellement et d'où toute sortie cel-lective est exclue dans un avenir prévisible.

sont contraints d'appuyer sur le frein pour 'lutter contrel'inflation accélérée et pour tenter de contrecarrer laconcurrence de ses cc amis » en prenant appui sur labaisse vertigineuse du dollar. Mais ce déphasage, quilaisse l'économie en dessous de la ligne de floHaison,est encore considéré comme un moindre mal. cc Il estcertes préférable que le cycle économique ne soit pasen phase des deux côtés de l'Atlantique et du Pacifique,faute de quoi Il risque de prendre une ampleur exces-sive », commentaient Les 'Echos du 29-9-78 après la der-nière assemblée du Fonds Monétaire International.

L'année dernière, les cc experts ~~internationaux atten-daient de la cc reprise américaine » un effet d'entraîne-ment sur l'Europe et le Japon. Cela ne s'est pas produit.Aujourd'hui que ces deux cc moteurs auxiliaires » s'attel-lent à un effort de cc relance », voici que les Etats-Unis

Les « experts » craignent encore plusune reprise générale, car elle n'aurait d'au-tre effet que de précipiter l'économiedans une dépression encore plus grave.I1s retrouvent inconsciemment ce que leManifeste du Parti Communiste expli-quait il y a 140 ans: « Les rapports bour-geois sont devenus trop étroits pour

_contenir les richesses qu'ils ont créées.Comment la bourgeoisie surmonte-t-elleles crises? D'une part, en détruisant parla violence une masse de forces producti-ves, d'autre part en conquérant de nom-breux marchés et en exploitant à fond lesanciens. Quels sont les effets? La prépara-tion de crises plus générales et plus puis-santes, ce qui revient à diminuer lesmoyens de les éviter ».

C'est bien ce que nous avons sous lesyeux: chaque capitaliste ne peut subsis-ter qu'en vendant moins cher que le voi-sin, ce qui exige de baisser les coûts deproduction et pousse non seulement àune exploitation plus féroce de la classeouvrière, mais aussi à la recherche d'unavantage sur le voisin en matière de pro-grès technique. Ceci suppose des équipe-ments non seulement plus modernes, maisaussi généralement plus immenses, etpousse aux concentrations, aux restruc-turations sauvages, à la chasse sans merciaux « canards boiteux». Et puisque tousles capitalistes doivent faire de même, lerésultat est que le monde est encore plus

(Suite page 2.)

DANS CE NUMERO

• Le socialisme d'hier face à laguerre d'aujourd'hui (un arti-cle de la Gauche - 1914)

• La magnifique grève des mi-neurs américains

• Critique de l'eurocommunlsme• 'Dans les cinq continents:

Iran, Tunisie, Chili et :Pérou• Luttes immédiates: Sonacotra,

PTT

Feu le pape Jean-Paul 1er l'avait bien dit:on se bat trop et on ne prie pas assez! ACamp David on a beaucoup prié, dans troislangues et trois dieux. De ces prières estné un accord préliminaire de paix ... gros debatailles encore plus féroces.

Alors que la cote de popularité de Carterà la bourse présidentielle des States étaittombée au plus bas, les deux protagonistesde la rencontre, véritables « grands-élec-teurs », ont crié en chœur au triomphe deJimmy. Celui-ci se donne des airs faussementmodestes : il sait pertinemment que Sadateet Begin, harcelés par des difficultés écono-miques et sociales croissantes et par desbesoins pressants en armes et capitaux, nepouvaient que s'asseoir sagement une foisde plus à la table de négociation, et qu'il fautbien qu'ils en arrivent tant bien que mal àconclure une paix séparée.

Il sait aussi que cette paix, si elle se con-clut, ne sera pas marquée par son triompheà lui, mais par la division du camp arabe, lepoids encore plus fort dans ce camp des paysmodérés et les abandons toujours plus grandsde l'OLP. Il sait que dans le cadre des accordssignés tout reste aléatoire, parce qu'exposéà la pression de forces internes et externeshostiles, et que la marge de manœuvre mêmedes USA est limitée par la concurrence (caril est difficile de parler ici d'opposition) del'URSS. En d'autres termes, malgré les en-thousiasmes du moment et la rhétorique duprotocole, il sait bien que la Pax Americanaau Moyen-Orient est encore un but éloigné et,à long terme, illusoire même sur le terraindiplomatique.

Par-delà ce jeu immonde, nous reconnais-sons dans ces accords le fruit de la trahisonde la cause nationale-bourgeoise arabe elle-même, non par un de ses porte-paroles offi-

(suite page 4)

Après Camp David

Pax americana?

Nouvelle cautionde la Chine aux crimes

français en AfriqueQuand Hissène Habré fut installé,

pour son passé de rebelle, sur le fau-teuil de premier ministre du Tchad,afin d'appâter l'opposition armée, au-cune illusion n'était permise sur sa na-ture de marionnette de l'impérialismefrançais. Comme l'écrivait Le Mondedans son éditorial du 30 août : « mê-

(suite page 4)

programmecommuniste

NO 77• L'agression française en Afri-

que aura son retour de flamme.• Le terrorisme et le difficile che-

min de la reprise générale de lalutte de classe.

• L'Afrique, proie des Impérialis-mes:Il. L'exploitation financière del'Afrique.

• La crise de 1926 dans le PCrusse et l'Internationale. - Vi.La polémique PréobraJensky-Boukharine.

• Sur la révolution en AmériqueLatine.

Nous datons pour notre part la contre-révolution de 1926, c'est-à-dire du triom-phe de la théorie bourgeoise du « socia-lisme dans un seul pays », Non qu'à l'épo-que nous ayons jugé que tout était à cettedate irrémédiablement perdu. Mais au-cun des sursauts attendus ne vint donnerun terrain d'appui au combat de notrecourant et de l'Opposition de gauche pourredresser la barre, et l'infection finit partout pourrir. C'est donc le moment oùl'organisme a admis la maladie commeun remède que nous pouvons considérera posteriori comme celui où est inscriteson inéluctable condamnation.

Dans la longue série d'oscillations tacti-ques de plus en plus amples de l'Inter-nationale et de ses sections, celle de la

Où mènent les tournants du P.C.F. ?Le demi-tour accompli par le PCF dans ses rapports avec positions prolétariennes. Il y a trop longtemps en effet que la

le PS à la veille du ({scrutin historique» de mars 1978 et les révolution ne peut plus prendre appui sur la moindre parcelleinvectives monotones qu'il débite comme les grains d'un cha- du patrimoine du PCF et des autres partis néo-staliniens pourpelet contre la « collaboration des classes» ne doivent pas faire y greffer une orientation communiste.illusion. Il ne saurait légitimer aucun espoir de retour à des

1 Du fauxtulationtance et

tournantdu Front

de la

«à gauche»populaire, de

Reconstruction.

.capi-Résis-

à lala

fameuse « troisième période d'erreurs del'I.C.» comme la baptisa Trotsky, n'étaitpas un simple tour de balancier: les pré-cédentes ayant affaibli la résistance duparti aux attaques de l'adversaire, cettepériode y fit entrer le cheval de Troie del'ennemi, mais sous des allures «de gau-che ». Au point que la faune - peuscrupuleuse en théorie - du trotskysmeprétend encore que le stalinisme auraitemprunté la prétendue tactique « classecontre classe» à la Gauche italienne.

Mais que pouvait signifier le «frontunique par le bas », si on y mettait commecondition préjudicielle qu'il soit dirigépar le parti communiste? Rien d'autreque de rendre impuissante la « lutte pourle pain et le travail ». De même, pou-

vait-on tirer de l'idée - juste en elle"même - que la démocratie et la social-démocratie sont les «fourriers du fas-cisme» la conclusion qu'il fallait com-ba ttre les socialistes la main dans la mainavec les adversaires du moment, y com-pris les fascistes? Cela n'était pas possi-ble sans jeter aux orties cette règle quela tactique dans la lutte contre nos enne-mis a pour limite absolue la préservationde la clarté du but, la délimitation strictedes organisations prolétariennes - avanttout le parti - ainsi que leur continuitéd'action et leur renforcement par uneassimilation plus grande des principes dela lutte de classe et du communisme.

Que pouvait signifier la déclaration se-lon laquelle la lutte contre la démocratieet le parlementarisme bourgeois était insé-parable de la lutte contre le fascismepour des partis - parmi lesquels le PCF ,constituait si on peut dire un modèle du .genre - essentiellement parlementaireset dont le centre de gravité se situait

(Suite page 3~)

Page 2: fondation de l'Internationale Communiste et du Parti

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Le Prolétaire nO 274 - 7 au 20 octobre 1978Fa s,'ln'IIII!!I!!!.II!llIIi '111l:!""i'IIII!!!!!' 111111~~lm Ilm::"III'IIII::IIIIIIIII'IIIII:lIIliilllllllll'lIlllillll::IIIII;'llrliIIClln l:ml"III::IIIIIIII"""IIIIIII"II!~IIlIII'llll!!!!!IjIIII:IIII"lllli:I!!lllll'lllll!!!!!

Guerre à(suite de la page 1)

saturé de capitaux et de marchandises,mais qu'il y a plus de chômage, plus deconcurrence, cette fois entre des multina-tionales encore plus gigantesques; sur-tout, parce que le travail mort étouffeencore plus le travail vivant, le taux deprofit a encore diminué malgré une aug-mentation bestiale du taux d'exploitation,malgré la généralisation du travail posté,malgré la baisse du salaire réel, malgréles horaires souples et à la carte - sur-tout pour le capitaliste bien entendu -,malgré la tension maximum à tout instantde la force de travail.

Giscard n'a donc fait que traduire entermes subjectifs et politiques les loisobjectives du capital lorsqu'il a lancé surles ondes le 20 septembre son cri deguerre, qui ressemble comme deux gout-tes de profit capitaliste à celui de sescollègues de tous les pays : « Il faut ga-gner la compétition internationale pourles Français », appel accompagné d'unclin d'œil à une classe ouvrière meurtriepar la crise et par l'effondrement desillusions : « Je veux dire pour assurerdans l'avenir l'emploi des Français; jepense naturellement aux travailleurs »,etc., etc. Comme tous les bourgeois Gis-card prétend qu'il accumule du profitdans l'intérêt des ouvriers!

En écho lui répondait une semaine plustard le Commissaire général au plan, Mi-chel Albert, dans une conférence depresse qui a comblé d'aise le parterredes « experts économiques et financiers »,Pour qui prendrait à la lettre l'idéologiebourgeoise, véhiculée dans la classe ou-vrière par les larbins réformistes, selonlaquelle les progrès de l'économie bénéfi-cieraient aux ouvriers, ce monsieur aaffirmé que pour gagner des parts de mar-ché à l'exportation - tout le monde nepeut en gagner en même temps - il faut« baisser le coût individuel du salaire ».

Pour qui s'imaginerait que, quaranteans après avoir obtenu la « garantie » des

l'austérité !40 h par l'Etat, et alors que, comme l'arappelé cyniquement notre expert lui-même, « la productivité des ouvriers atriplé » et que « les quarante heuresd'alors équivaudraient à quatorze aujour-d'hui», la classe ouvrière a bien le droit desouffler un peu, le même expert a ex-pliqué que la réduction du temps de tra-vail serait une lourde faute, qu'elle n'estpossible que si elle s'accompagne de dimi-nution de ressources, qu'elle doit être« relative, progressive et négociée », brefqu'elle ne peut que clopiner derrière lesprogrès de l'intensité du travail.

Pour qui ne voudrait pas comprendreque toutes les petites miettes concédéesau fil des années de « prospérité» pourprix de la paix sociale et en contrepartied'une exploitation accrue, doivent êtresacrifiées généreusement par les ouvrierssur l'autel de l'économie nationale en re-construction permanente, notre expert adéclaré que « les vieilles facilités ne sontpas de mise ». Et si le Smic augmente -officiellement du moins - au rythme desprix, c'est uniquement parce que les van-nes de la concurrence doivent être gran-des ouvertes dans les secteurs où les peti-tes entreprises gaspillent la richesse dis-putée aux autres pays et accumulée sur ledos de la classe ouvrière mondiale.

Bref, le vrai résultat de la « politiqueéconomique» est d'écorcher à vif la classeouvrière. La guerre commerciale a pourfondement la guerre généralisée contre laclass eouvrière, ses conditions de vie et detravail.

Et que proposent les tenants d' « uneautre politique»? Pour le PCF, « personnene peut nier qu'une des conditions essen-tielles pour réduire le chômage résidedans la mise en œuvre d'une croissancebien plus importante» (France Nouvelledu 25-9).Et derrière la vision fantaisisted'une croissance alimentée par une aug-mentation des salaires à laquelle il refusetout moyen de se réaliser en la privant dela seule arme possible, celle de la grève,

Guerre au capitalisme !s'élève avec de plus en plus d'insistancela revendication de la «protection de l'ac-tivité nationale» qui ne s'oppose pas àl'attaque de la politique libérale sur lesmarchés extérieurs mais la complète enfait. La « protection » n'est-elle pas unedes armes de la guerre commerciale? Etquand les ouvriers d'ici doivent toutattendre du « Fabriquons français », lesagriculteurs du refus de l'entrée de l'Espa-gne et de la Grèce dans le Marché commun,les nationaux du « contrôle de l'immigra-tion », les travailleurs qualifiés du « re-fus de l'embauche des sans-qualification »,les faux représentants de la classe ou-vrière ne remplacent pas seulement lalutte collective de classe par la quête devaines illusions : ils répondent à la guerrecommerciale par d'autres méthodes de laguerre commerciale. Et à la guerre de labourgeoisie contre la classe ouvrière quecelle-ci suppose, ils répondent par le motd'ordre de la guerre généralisée entre lesouvriers des diverses catégories, des diffé-rentes entreprises, des différentes nationa-lités. Ils jouent ainsi activement leur rôleignoble d'agents de la bourgeoisie dans lesrangs ouvriers.

Le Manifeste montrait une autre alter-native aux crises bourgeoises. C'était quedans la collision entre forces productiveset rapports de production, les premièresgagnent en détruisant les seconds. Et laforce productive par excellence, force his-torique de surcroît, la seule capable d'êtrel'agent de cette révolution, c'est le prolé-tariat : « Les armes dont la bourgeoisies'est servie pour abattre la féodalité seretournent aujourd'hui contre elle. Maisla bourgeoisie n'a pas seulement forgé lesarmes qui la tueront, elle a produit aussiles hommes qui les manieront : les ou-vriers modernes, les prolétaires ».

La crise capitaliste devait ramener laguerre des classes. Cette guerre est menéede façon systématique et consciente ducôté de l'ennemi. Les révoltes ouvrièr.esdans les capitalismes périphériques mon-trent que le prolétariat doit lui aussi ré-

pondre à l'offensive bourgeoise. Dans lescentres du capitalisme mondial, qui fo-mentent la guerre de brigandage pour separtager le butin, la classe ouvrière estencore paralysée par ses défaites passées,et le réseau de liens et d'entraves tissépar le réformisme bourgeois et le réfor-misme « ouvrier » est dense. Mais elledevra, plus vraisemblablement par debrusques tournants que par de lentesprogressions, retourner à la lutte ouverte,projetant de nouveau dans le ciel noir ducapitalisme les formidables étincelles del'espoir.

La lutte ouvrière ne peut redevenirlutte de classe que si est mené sur le ter-rain de la défense résolue de la force detravail, du salaire, de la diminution de ladurée et de l'intensité de la journée detravail, de la défense des chômeurs, uncombat sans merci contre les méthodesde division réformistes et opportunistes,et que si se rassemblent en un véritablefront de classe tous les ouvriers comba-tifs capables de metttre en avant dansla lutte les principes de l'union combat-tante des prolétaires par dessus toutesles frontières de catégorie, d'usine et denationalité, et de forger l'arme de l'asso-ciationnisme ouvrier.

La reprise internationale de la lutte declasse ne peut à son tour mener à uneissue positive que si, parallèlement, unebataille constante est menée pour renfor-cer et étendre le réseau international dela seule force capable de féconder la lutteprolétarienne et d'en faire un levier del'émancipation du capitalisme, le partiindépendant de classe; que si ce dernierlutte pour réintroduire dans ce combatle besoin du communisme et les principesde la révolution prolétarienne, qui permet-tent de regrouper, à travers les duresépreuves qui attendent la classe, les mas-ses prolétariennes autour du parti et defaire de la foule impuissante qu'elles sontencore une unique armée internationale,centralisée, capable de passer à l'offensivevictorieuse contre l'ordre établi mondial.

A propos du non-lieu dans « l'affaire des comités de soldats»Près de trois ans après le grand ci-

néma de l'Etat inculpant des dizaines desyndicalistes et de militants politiquesd' « entreprise de démoralisation del'armée », la Cour de sûreté de l'Etat afinalement constaté après un dur labeurqu'il n'y avait pas l'ombre d'une tenta-tive de subversion, comme hélas nous lesavions déjà à l'époque. Malheureuse-ment, en effet, car cela signifie bienque nous sommes encore dans une si-tuation terrible où aucune force n'estencore capable d'œuvrer consciemment àminer pratiquement la forteresse quibarre le chemin de l'émancipation prolé-tarienne.

Ainsi la groses Berta de la campagnebourgeoise semble n'avoir, du moins enapparence, produit qu'un misérable petitpet. En effet, si les démocrates et phi-lanthropes croient· voir dans cet épisodela preuve qu'il est possible de s'appuyersur la « justice » contre le « pouvoir »et sur l' « opinion publique» pour aiderla « justice » à s'opposer à lui, nouspensons qu'il n'en est rien;

Notre avis est qu'au contraire toutecette histoire démontre, s'il en était be-soin, la domestication totale et irréver-sible de tout l'appareil judiciaire à labourgeoisie et l'inanité des prétentionsdes libéraux philanthropes et de leursamis. d' « extrême gauche » qui tiennentla traîne de la démocratie, à vouloir iso-ler la prétendue justice de l'appareil derépression centralisé de la bourgeoisie.

N'a-t-on pas vu les juges répondreimmédiatement à l'appel du gouverne-ment en inculpant plus de cinquante per-sonnes d'un « crime » que malheureuse-ment personne n'avait commis et dontils savaient pertinemment qu'il n'étaitqu'invention pure et simple?

Et tout ce beau monde a fait sem-blant pendant des mois et des mois defouiller et de farfouiller dans le passé,

le présent et même dans l'avenir desinculpés et des comités de soldats pourtrouver tout matériau susceptible demettre en place un procès, si besoinétait.

Et qu'on ne vienne pas nous dire,qu'avec toute la législation qu'a patiem-ment mise en place la démocratie pourprotéger les privilèges de la bourgeoi-sie, en strates sédimentaires successivesprovenant cycliquement de gouverne-ments conservateurs et libéraux, démo-cratiques et « ouvriers », sans parlerdu pétainisme et du national-commu-nisme, on aurait pu ne pas trouver,si besoin était, une loi ou un petit règle-ment bien caché qu'on aurait exhibé àl'occasion. Non! L'Etat capitaliste mo-derne est ainsi fait qu'il peut entourertous ses actes, même les plus terroris-tes et les plus apparemment arbitraires,de la 'légitimité d'une loi et d'une « dé-mocratie » entièrement prostituées.

Notre sentiment est donc que si « vic-toire » il y a, ce n'est certes pas celle du« triomphe de la vérité », Mais cela nesignifie pas non plus, comme le procla-me Rouge du 30 août 78, que la Courde sûreté de l'Etat « entérine un reculdu pouvoir face au mouvement des sol-dats, à ses revendications et à sa liai-son avec le mouvement ouvrier »,

Si procès il n'y a pas eu et si 'la Courde sûreté de l'Etat est finalement arri-vée en prononçant un non-lieu général, àla même conclusion que les avocats, àsavoir que « les dossiers étaient vides »,c'est que l'Etat n'a pas eu besoin defrapper, pour la bonne raison que lacampagne « anti-antimilitariste » qui adémarré en décembre 1975 a marché. Si« victoire » il y a (selon le titre deRouge), c'est malheureusement une vic-toire de la bourgeoisie, de son intimida-tion : la vue du gros bâton a suffi: eUen'a pas eu besoin de s'en servir. C'est

d'ailleurs ce que nous avons montré dèsle début (voir notamment 'l'éditorial dunuméro 211 du Prolétaire intitulé : « Nepas se laisser intimider »).

Qu'on reprenne en effet les evene-ments. Au coup de clairon de Chirac, lePCF et la CGT ont claqué les talons,condamné les comités de soldats aveclesquels quelques jeunes de leur sillages'étaient laissés aller à flirter et ontfait feu nourri sur l'antimilitarisme. Deson côté la CFDT s'est lancée dans leménage en grand de la centrale et anettoyé toutes les organisations syndica-les qui, de près ou de loin, ont dansquelque mesure que ce soit contribuémême matériellement, même modeste-ment, sur des bases complètement faus-ses, à aider les comités.

Jusque-là, le mouvement des soldats,né en réaction à la misère terrible desprolétaires sous l'uniforme et à la pres-sion politique due à l'adaptation de l'ar-mée aux conditions modernes de l'impé-rialisme, et préparé par la réaction deslycéens contre la loi Debré, avait tousles aspects d'un mouvement spontané,né en marge du prolétariat, encore confuset qui se cherchait. Parti de besoinspressants, il était animé d'élans contra-dictoires, les uns cherchant d'instinct unappui prolétarien et se liant à la lutteouvrière et à la tradition de l'antimilita-risme de classe, au moins en théorie, lesautres cherchant à marier la réactionsaine des soldats au mirage de réformesdémocratiques en liaison avec l'opportu-nisme et la démocratie en général.

La campagne de Chirac et l'appui in-conditionnel qu'il a trouvé dans l'oppor-tunisme, ainsi que la répression du mou-vement rendaient inéluctable une cris-tallisation des positions. Le résultat,comme nous l'avons déjà montré, a été,par la responsabilité de l'extrême gau-che, et de la LCR au premier chef, le

repli complet du mouvement sur despositions démocratiques et entièrementsuivistes par rapport aux directions syn-dicales, le sabordage de toute organi-sation réelle de soutien à l'extérieur descasernes. C'était le résultat de la démar-che centriste qui passe de l'aventurismeà une volte-face suiviste et timorée ... LaLCR a laissé les soldats confrontés sansaide à une répression grandissante quene peuvent cacher ses accents triompha-listes. Rouge écrit : cc le mouvements'est trop profondément ancré dans lescasernes pour finir sous les coups d'unChirac », Formellement, il se survit carla misère et l'isolement provoquent né-cessairement des réactions, des révoltes,le besoin de l'organisation. Mais, par lejeu du centrisme, il a été vidé aujour-d'hui de ses potentialités classistes, deses ferments antimilitaristes et a étécanalisé sur le terrain exigu autorisé parl'opportunisme politique et syndical, quisacrifie la lutte ouvrière aux besoins ducapital et de son Etat et, quand il s'agitde l'armée, à ceux du despotisme de lahiérarchie militaire, condition indispen-sable du militarisme bourgeois.

Si le « mouvement des soldats » néavec « l'appel des cent » s'est {( lié aumouvement ouvrier » en fait il ne s'estpas lié au mouvement réel des prolétai-res qui cherchent à se porter sur leterrain indépendant de classe : il a étéligoté et livré par le centrisme au {(mou-vement ouvrier officiel » que le {( mou-vement ouvrier réel » doit combattrepour vivre. Le « mouvement des sol-dats » n'a donc pas tant été brisé par larépression qu'étouffé et stérilisé par sesfaux amis.

Il a livré des enseignements qui nedoivent pas être perdus pour la lutte declasse. Il est inévitable qu'il revive et,cette fois, ce sera sous une forme supé-rieure.

Page 3: fondation de l'Internationale Communiste et du Parti

Lé Prolétaire nQ 274 - 7 au 20 octobre 1978

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Où mènent les tournants du P.C.F. ?(suite de la page 1)

réellement au parlement? Outre qu'il nes'agissait que d'une dérisoire arme dechantage électoral, on poussait la classeouvrière, dont on rendait toute lutte dansl'usine et dans la rue impuissante et sté-rile, à ne chercher d'autre issue que surle terrain parlementaire et électoral.

Enfin, que pouvait signifier la dénon-ciation des partis social-démocratescomme social-patriotes quand les partisqui se réclamaient du communismeavaient découvert le « socialisme dans unseul pays» et introduit un principe natio-nal dans la lutte ouvrière, et surtoutquand les champions de cette accusationétaient ceux qui, comme Cachin, avaientbien mérité de la bourgeoisie en envoyantle prolétariat à la première boucheriemondiale, et pour un parti qui avait aufond la tripe social-impérialiste? En réa-lité, en brisant à l'échelle internationalela possibilité de la révolution proléta-rienne qui devait venir de la victoiremilitaire de la Russie, à la diplomatie delaquelle on soumettait déjà la lutte contresa bourgeoisie, on préparait le prolétariatà se mettre à la remorque de sa bour-geoisie, à ne trouver d'autre issue quederrière «son» Etat et on désarmait lesmilitants devant cette tendance catastro-phique.

Cette « troisième période », en essou-flant les militants, en brisant les rapportsféconds entre les principes et l'action declasse - puisqu'on s'inspirait d'une tac-tique caricaturant la gauche pour fairepasser des principes étrangers aumarxisme - exigeait un nouveau tour-

nant où l'action soit cette fois davantageconforme à l'orientation réelle du parti.

C'est la raison pour laquelle le PCFeut à combattre en ce temps-là non tantdes tendances de gauche que les élémentsqui anticipaient sur son évolution, commeDoriot en 1934,attitude qui lui reste au-jourd'hui où les « brillants exclus»comme Garaudy, ou les contestatairescomme Elleinstein ou Althusser ne fontqu'anticiper, chacun à sa manière, uneinéluctable évolution. C'est aussi la rai-son pour laquelle après le tournant de 34où le PCF « découvrit» que la victoire dela démocratie sur le fascisme, appliquéedans les rapports entre les classes commeentre les Etats, était une condition sinequa non, une étape nécessaire du socia-lisme, tout le parti se livra sans retenue àl'orgie patriotique et interclassiste, sacri-fiant avec enthousiasme les luttes ouvriè-res sur l'autel de l'économie nationale,l'arme de la grève sur celui de la démocra-tie, les luttes anticoloniales et l'antimilita-risme sur celui de l'indépendance natio-nale et d'une armée forte. Mais c'était aunom de la révolution russe, du socialisme,de l'avenir avant lequel on prétendait nemettre qu'une simple étape intermédiairedestinée à mieux le préparer.

Si l'aptitude du PCF à répondre auxbesoins de la bourgeoisie fut prouvéepositivement avec le Front populaire dis-persé en 1938 dès lors qu'il avait remplisa fonction d'amortir et de dévoyer laclasse ouvrière et ne servait donc plusà rien, il fallait encore que sa natureprofondément nationale et bourgeoisesoit confirmée par la négative - ce quiadvint en 1939,quand il se brisa en deux

morceaux dès qu'il voulut singer l'inter-nationalisme pour justifier le pacte ger-mano-soviétique - afin qu'il puisse pous-ser à fond la tendance ouvertement ma-nifestée en 1934-38.

L'entrée de la Russie dans la guerrelui fournit le prétexte pour se vautrersans frein dans le chauvinisme exacerbéet la collaboration ouverte, dans laguerre, comme dans les pays où la classeouvrière écrasée et exsangue se voyaitappelée à reconstruire la machine pro-ductive sous une forme plus moderne etplus exploiteuse, la machine de l'Etatsous une forme plus centralisée, plus so-ciale, plus démocratique, et plus oppres-sive, bref à redonner à la bourgeoisie,sous le prétexte des «lendemains quichantent », ses privilèges sur la classeouvrière et les esclaves des colonies. Maisc'était encore pour donner à la révolution,lorsqu'elle viendrait, à la pointe des baïon-nettes du génial Josif Djougashvili, unmagnifique cadeau, une économie forte,permettant de franchir plus vite les éta-pes vers le communisme.

Et voilà qu'encore une fois, l'histoiredonna une chiquenaude sur le balancierdes oscillations des partis «communis-tes », La guerre ,froide les jetait dansl'opposition, hors de la «vie politiquenationale », et il était temps, car la classeouvrière commençait à maugréer contreles énormes sacrifices consentis et lamisère qui en résulta. Aussi les «cama-rades ministres» furent-ils sans ménage-ment jetés à bas de leur strapontin: c'estqu'ils étaient bien davantage 'à leur placedans l'opposition.

(à suivre)

Presse internationaleVOICI LE SOMMAIRE DU N° 18

(23 septembre 1978) DE

il programma comunista• Nuove riforme per demolire le vecchie• La polemica non è sul comunismo, ma

sulla democrazia• Pax americana?• Organizzarsi per respingere ogni limi-

tazione del diritto di sciopero• Praga 1968: 10 stalinismo dal volto

« umano»• Unit à europea e crisi di sovrapprodu-

zione• Spagna: Abbasso la Costituzione!• Una lotta demolita dal collaborazio-

nismo• Rassegna della stampa internazionale• Note varie

*VOICI LE SOMMAIRE DU N° 16

(octobre 1978) DE

El Comunista• Dernocràtico 0 no: [abajo el orden

burgués!• La dura lucha de Asc6n: jO todos 0

ninguno!• A prop6sito del «Frente Democratico»

y el PTE: El «pueblo en general», quées eso?

• El para en marcha• Los partidos «obreros» y el Sahara:

Lucha sin tregua contra el socialimpe-rialismo

• Camboya y Vietnam• La organizaci6n del Partido en las fa-

bricas (1)• [Viva los mineros latinoamericanos!

Le langage clair du P.C. italien Comment laapprécie

Au début de cette année les syndicatsitaliens acceptaient officiellement la po-litique d'austérité. Etant donné la situa-tion de crise économique du pays, lestravailleurs, expliquaient-ils, dans leur lo-gique à 100 % bourgeoise, devaient accep-ter des sacrifices. C'était le prix à payerpour que les investissements reprennentet que le chômage diminue. Les syndicatsont donc prôné la diminution du pouvoird'achat, la diminution du nombre de joursfériés, la fin de l'échelle mobile, la dimi-nution de l'indemnité de départ à la re-traite, etc.

Les résultats de ce tour de vis sont sa-tisfaisants pour la bourgeoisie : l'infla-tion - qui gêne les ventes à l'étranger -a baissé, la balance des paiements s'estredressée et l'Italie a même pu rembour-ser des dettes au FMI plus tôt que prévu.

Pour la classe ouvrière en revanche lasituation a empiré: il y a actuellementquelque 2 millions de chômeurs; ceux quiont un emploi travaillent plus qu'hier etleur pouvoir d'achat a baissé. Face à cettesituation, des réactions, mêmes larvées,se sont manifestées çà et là contre cettepolitique.

L'opportunisme politique et syndicalest donc mobilisé en permanence pourvanter ce pacte social aux travailleurs.

Lors du dernier comité central du PCI,Berlinguer expliquait que les résultatsobtenus n'étaient pas suffisants et qu'ilfallait poursuivre dans la voie de l'austé-rité, dont on sait que grâce à elle laclasse ouvrière fera la preuve de sa capa-cité politique à diriger ... le pays. Maisc'est surtout l'appareil syndical qui estchargé de faire admettre aux travailleursque les sacrifices sont nécessaires.

Lama, le dirigeant de la CGIL, vient defaire à L'Humanité des déclarationsdans ce sens. On ne peut, a déclaré ce

SOUSCRIPTIONINTERNATIONALE

pour les grévistes de l'Ascon(Espagne)

***Les versements sont à envoyer à notre

journal qui transmettra au Comité degrève.

social-traître, «donner dans le mêmetemps une impulsion à la consommationet réaliser une lutte efficace pour obtenirdes investissements et la création de nou-veaux emplois ». Il faut donc, au nomd'une création d'emplois qui ne vient pas- et pour cause l .- restreindre la con-sommation. Aussi Lama préconise-t-il lalimitation des salaires! De même, ce lar-bin du capital propose aux travailleurs« l'autorégulation du droit de grève :.!En effet, « il faut tenir compte du faitque la grève, un droit qui doit être re-connu aux travailleurs, est une arme quidoit être utilisée contre les vrais ennemis.Lorsque, dans certaines branches, de pe-tits syndicats déclenchent des grèves quiont comme cible la collectivité publique(sic), alors ces travailleurs s'isolent parrapport à la société (re-sic) et cet isole-ment affaiblit la cause générale des tra-vailleurs, même si avec ces luttes corpora-tives [on sait que pour ces vendus toutelutte immédiate de défense est nécessaire-ment « corporative ».!] on peut obtenircertains résultats ... ».

Et naturellement ceux qui seraient ten-tés de ne voir dans tout cela que des me-sures de défense du capitalisme italienne sont rien d'autre que des fourriersdu fascisme : « Si ces buts n'étaient pasatteints, il en résulterait une situation decrise économique, politique et sociale deplus en plus grave et dangereuse pour ladémocratie italienne » [et bien sûr pourblinder encore plus la démocratie là-basaussi, l'opportunisme fait campagne pourle renforcement de la police! J.

L'avantage de la démocratie sur le fas-cisme c'est qu'elle réussit - grâce auxagents de la bourgeoisie au sein de laclasse ouvrière - à faire en sorte que lestravailleurs renoncent d'eux-mêmes à lut-ter contre l'oppression bourgeoise. « Iln'y a pas là de «sacrifices» au sens pro-pre du mot, a conclu Lama, mais une li-mitation volontaire des revendicationstraditionnelles ».

Ce qu'explique notre Parti en Italie -comme partout - c'est exactement lecontraire. Si les travailleurs renoncent àleurs « revendications traditionnelles »ils ne pourront jamais lutter pour leurémancipation.

Commission Trilatéralel'« eurocommunisme »

Les organisations bourgeoises de ni-veau international prévoient pour les par-tis « eurocommunistes » un rôle très in-téressant et ce dans un avenir proche. LaCommission Trilatérale, par exemple, -ce « comité exécutif du capital financierinternational» comme l'a défini le journaléconomique espagnol « Cinco dias » (18-8-78) - a rendu publique sa nouvelle stra-tégie. Celle-ci se déroule fondamentale-ment sur deux plans:1) par rapport aux pays du Tiers Monde,

appui aux progressistes, « socialistes »compris, mais non aux communistes;

2) par rapport à l'Europe, alliance avecles eurocommunistes.

Symour Lipset, sociologue, membre dela Trilatérale, écrit dans son livre Poli-tical man. The Social Basis of Politics àpropos des pays arriérés : « Il est néces-saire de reconnaître que nos alliés dansles pays sous-développés doivent être lesradicaux, et même les socialistes, cardans les pays arriérés seuls les partis quipermettent d'améliorer la situation desmasses: au moyen de larges réformés peu-vent concurrencer les communistes ». Enbon sociologue Lipset révèle la recettepour contrôler et enrégimenter les mas-ses plébéiennes, paysannes et nouvelle-ment prolétarisées dans les aires qui n'ontpas encore cessé de troubler le sommeildu capital international : des réformes, etsi possible de larges réformes! Que cesréformes on puisse les réaliser c'est uneautre affaire, et l'expérience montre qu'engénéral il s'agit simplement de mainteniret consolider les positions du capital fi-nancier international, américain en l'oc-currence. Si cet objectif peut être atteint aumoyen des réformistes, tant mieux, étantdonné que les « dictatures militaires» àla Somoza ne sont pas sûres sur le plande la stabilité; et si les réformisteséchouent, il y a toujours un Pinochet enréserve.

Pour l'Europe en revanche il faut uneautre tactique. Celle que définit MichelCrozier, conseiller du gouvernement fran-çais pour la planification économique etmembre de la Trilatérale, dans le chapitreconsacré au vieux continent dans l'œu-vre « maîtresse » de la Commission Tri-

latérale The Crisis of Democracy. Crozierécrit que l'Europe est l'anneau le plusfaible de la chaîne du capitalisme, lazone « la plus inquiète et la plus vulné-rable de la Trilatérale ». Aucune nationeuropéenne, explique Crozier, n'a devantelle le temps et les ressources des Etats-Unis ou la « capacité d'action collective :.du Japon. Comment renforcer cet an-neau? Ecoutons Crozier : < Les partiscommunistes apparaissent de plus en pluscomme des partis d'ordre, dont les diri-geants sont seuls capables de faire travail-ler les gens [ ...J. Leur idéologie n'a plusl'aspect qu'elle avait habituellement ». Etplus loin : « Leur supériorité particulièrec'est l'organisation. Ce sont les seules ins-titutions qui restent en Europe avec uneautorité indiscutable, avec une organisa-tion de commandement primitive maistrès efficace qui peut manipuler une forcede travail docile, capable de prendre desdécisions difficiles et de s'adapter rapi-dement aux circonstances [ ...J. Il n'y a pasd'autre institution en Europe, même pasles bureaucraties' d'Etat, qui puisse égalersur ce plan la capacité des partis. commu-nistes ». Il en résulte que « si une criseéconomique devait entraîner un désordreassez long, ils peuvent être la seule solu-tion ». Ordre, travail, discipline, comman-dement, e1'ficacité, modération, démocra-tie : voilà les grandes qualités des « euro-communistes », leur carte de visite pourl'avenir proche.

Notre dénonciation du rôle et de la na-ture des partis « communistes » des Ber-linguer, des Marchais, des Carrillo ne datepas d'hier. Les représentants de la grandebourgeoisie qui domine le monde parlentclair quand ils les définissent comme d'in-dispensables renforts pour la conserva-tion de l'ordre capitaliste. C'est là uneleçon que les prolétaires aussi doiventapprendre, précisément parce que ce quipréoccupe la bourgeoisie c'est l'explosiondes conflits sociaux et que, pour les pré-venir et les réprimer, elle utilise et utili-sera tous les moyens dont elle dispose.Les « partis ouvriers » ne figurent pasau dernier rang parmi ces moyens.

L'avenir prolétarien ne pourra signifierque la fin de l'avenir bourgeois, eurocom-munisme compris.

Page 4: fondation de l'Internationale Communiste et du Parti

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Le Prolétaire nO 274 - 7 au 20 octobre 1978Il::IIIIII:IIII::IIIIIIIIIIIII!II,II!!IIII IIIIIIIIIII!I!!':I!!IIII;,11111

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Vivent les nouveauxpériodiques du Parti !

El PROlET ARIO(Bulletin pour l'Amérique latine)

N° 1 - octobre 78

• Un instrumento para la organizacionde la vanguardia deI proletariado

• Dictadura deI proletariado 0 dictadurade la burguesia

• Nicaragua• Revuel tas en Iran• Un abismo de cIase esta cavan dose en

la resistencia palestina• Magnifiee auge de las luchas en Amé-

rica Latina• Estados Unidos: La huelga de los mi-

neros del carbon• Argentina: PCA, edécan de la Junta

Militar; LCR, por la «normalizacionsindical »,

• A los cinco anos deI «pinochetazo»:[Romper con la democracia!

*el-oumami

(l'internationaliste)N° 1 - octobre 78

• L'univers capitaliste tout entier est unvolcan en éruption.

• Pour le parti ouvrier indépendant:1 - Les bases constitutives du particommuniste sont les mêmes dans tousles pays.

• Algérie: Misère de l'anti-impérialisme.bourgeois - L'Etat bourgeois n'est pasà démocratiser mais à détruire! - Surla Charte nationale.

• Luttes ouvrières: grèves au Maghreb,lutte des foyers Sonacotra en France.

Malgré la répression, les élans de lutte ouvrièreRhodésie

Le 13 août, pendant la grève de la minede cuivre de Mangula en Rhodésie, qua-tre travailleurs noirs ont été tués et cinqblessés par la police.

La grève avait été déclarée pour pro-tester contre les augmentations de salairedérisoires récemment décidées. 1.700 ou-vriers avaient manifesté armés de bâtons,barres de fer et haches, devant les bu-reaux de la direction. La police a ouvertle feu sur les manifestants qui refusaientde se disperser: en Rhodésie aussi larépression an ti-ouvrière bat son plein.

Tunisie

Tandis que le tribunal de Sousse enTunisie s'est déclaré incompétent pourjuger la centaine de syndicalistes et tra-vailleurs accusés de participation activeà la grande révolte de janvier, à Sfax lasection criminelle de la cour d'appel acondamné 21 ouvriers, accusés de rassem-blement et manifestations « qui ont dé-généré ensuite en violences contre desbiens privés» (sacrés, bien sûr 1), dans lecentre minier de Gafsa le 12 novembredernier, à des peines allant de quatremois à deux ans et demi de prison. Ceuxqui attendent les arrêts de la « justice»de Bourguiba sont parqués dans descellules étroites et soumis à la torturesystématique. Certains comme Hocine ElKouki ont déjà succombé aux mauvaistraitements.

Mais les grèves continuent, non seule-ment sur des revendications de salaire,mais aussi contre les remaniements auto-ritaires du syndicat et l'installation devigiles dans les entreprises. Le premierministre tunisien Nouira est si peu ras-suré sur les chances de la paix sociale

malgré les sanglants nettoyages de jan-vier qu'il a déclaré devant les cadres duparti social-démocrate : « En 1979, toutle pays va devenir comme une marmitebouillante d'odeurs, de rumeurs et d'ai-greurs, dont vous devez contrôler conti-nuellement la température pour éviterqu'elle n'explose » (Afrique-Asie, n° 161du 15 mai 78).

Pérou et Chili :la grève des mineurs

Au Pérou, la grève des 45.000 mineursdu cuivre, fer, plomb et zinc dure depuisles premiers jours d'août. Ils ont cessé letravail non seulement pour demander uneaugmentation de salaire de 25 % (un mi-nimum, dans un pays où l'inflation atteintdes taux vertigineux), mais aussi pourimposer la réintégration de 302 camara-des licenciés après la lutte de juillet 77,et l'abrogation des décrets antigrève pré-parés par le gouvernement. Ils n'ont pashésité à affronter directement les forcesde police et les détachements de l'arméemobilisés en vain pour leur faire repren-dre le travail.

La vie du pays est restée paralysée :« Cette grève nous a déjà coûté 60 mil-lions de dollars », gémit le gouvernement.Insensibles à ce désastre, les mineurs res-tent sur leurs positions. Le 29 août, l'étatd'urgence a été proclamé dans cinq autresprovinces minières. Depuis le 5 septembre,les entreprises sont autorisées à licencierquiconque n'a pas repris le travail. Toutesles zones minières sont ainsi soumises àun contrôle militaire, comme le prévoientles « plans de défense interne du terri-toire » et comme l'exigent, bien sûr, les« intérêts supérieurs de la nation ». Maisles mineurs restent sur leurs positions ...

A la frontière sud, côté Chili, la junte

Tract diffusé par nos sections parisiennes à un meeting maoïste le 28-9-78

Ce n'est pas de pleurnicheries démocratiques qu'ont besoinles masses iraniennes en révolte, mais de solidarité de classe!Les émeutes qui se succèdent en Iran marquent la fin de

la période de stabilité relative que l'impérialisme et lesclasses dominantes ont imposée aux masses exploitées àcoups de mitraille et de pétrodollars. Ces émeutes s'inscri-vent dans la longue chaîne des soulèvements qui se produi-sent à la périphérie du mode de production capitaliste. Del'Egypte à 'la Tunisie et de l'Iran au Nicaragua,les révoltesqui secouent les trois continents portent un coup formidableà l'équilibre instable construit par l'impérialisme et les classesdominantes locales sur la base d'une expansion économiqueque la crise internationale a brutalement interrompue.

L'explosion sociale qui a affecté nombre de ces pays apris une ampleur formidable du fait que le processus d'in-dustrialisation s'y greffe généralement sur des structuresarchaïques, ce qui rend l'équilibre social d'autant plus fragileet donne un caractère massivement « populaire» aux révoltescontre la misère et l'oppression.

Les soulèvements qui secouent les capitalismes jeunes etpériphériques ANNONCENT LES BOULEVERSEMENTS GI-GANTESQUES QUI ATTENDENT LES GRANDS CENTRESIMPERIALISTES. C'est la raison pour laquelle l'alignementdes forces est partout le même, comme le montrent les évé-

'nements d'Iran ou du Nicaragua:

- d'une part les masses pauvres et prolétarisées qui sesont soulevées contre la misère croissante, contre le chômageendémique, contre l'étau étouffant de l'oppression impéria-liste, et qui se sont placées d'instinct sur le terrain de la forcepour essayer d'obtenir satisfaction;

- d'autre part l'ordre établi international, la chaîne de tousles Etats bourgeois et de leurs représentants.

Ainsi, pour l'Iran, cela va de Carter qui parle d'inébranlable,amitié entre l'Iran et les Etats-Unis, à la Russie qui aimeraitbien voir l'Iran changer de camp mais qui préfère encore que

. le chah ait brisé la révolte populaire, en passant par la Chinedont le président Hua Kuo-jeng vient apporter son soutienau chah, présenté comme le fer de lance de la lutte contre

'le « social-impérialisme» au MOMENT MEME OU LA RE-PRESSION FAISAIT RAGE. Sans parler de l'impérialismefrançais dont le soutien était acquis d'avance.

Entre les deux, les démocrates et même l'orthodoxie isla-mique fixent comme tâche au mouvement populaire la chutede la dynastie Pahlavi et, en l'absence du parti prolétarienindépendant, ils parviennent à diriger le mouvement. Maisque pourraient-ils faire d'autre, si la dynastie tombait, quede donner un masque libéral et populaire à un Etat totalitaireet centralisé qui s'est déjà révélé être un instrument de

l'accumulation capitaliste? Ce dont les prolétaires, les semi-prolétaires et les paysans pauvres dont le sang coule aujour-d'hui ont besoin, ce n'est pas seulement de chasser une dynas-tie mais DE DETRUIRE L'ETAT, tant pour briser les struc-tures sociales archaïques et les restes du passé que pour aller,la main dans la main avec la classe ouvrière du monde entier,vers le socialisme.

Mensonge donc, mensonge criminel que de mettre en avant- comme le font dans leur tract d'appel les organisateurs dece meeting, la CISNU d'un côté, les organisations maoïstes(HR, PCR, oCF, UCF) de l'autre - la « démocratie» et «l'in-dépendance nationale », le «combat révolutionnaire, inspirépar des leaders progressistes chiites dirigés par l'AyatollahKhomeini qui préconise la lutte conséquente jusqu'à l'anéan-tissement de la monarchie» comme but de la lutte.

Hypocrisie honteuse, ignoble hypocrisie que celle des orga-nisations qui feignent de voir dans cette lutte un combatcontre «l'hégémonisme des deux super-puissances» sans direun mot de la position de la Chine, dont le représentant donnaitl'accolade au boucher de Téhéran, alors que crépitaient lesmitrailleuses, en déclarant qu' «aujourd'hui, sous la conduitede Sa Majesté impériale le Chah, le peuple iranien œuvre poursauvegarder l'indépendance nationale et la souveraineté d'Etat,préserver les ressources nationales et édifier le pays» (allo-cution de Hua Kuo-ieng au banquet du 29-8, Pékin Informa-tion du 11-9-78,p. 8).

Le sens de la révolte des masses exploitées d'Iran, d'Egypte,de Tunisie, et du Nicaragua, demain des grandes métropolesimpérialistes elles-mêmes, c'est le drapeau levé de la révoltecontre tous les Etats bourgeois et l'ordre impérialiste mondial.Cette révolte n'a d'issue que dans la victoire de la révolutioncommuniste à l'échelle mondiale ; elle ne pourra vaincre qu'ense donnant l'instrument de sa victoire, le Parti Communistemondial reconstitué sur le programme et les principes deMarx, d'Engels et de Lénine! .

VIVE LA LUTTE DES PROLETAIRES, DES MASSES PRO-LETARISEES ET DES PAYSANS PAUVRES D'IRAN ET DUMONDE ENTIER!

LUTTE A MORT CONTRE L'ORDRE IMPERIALISTE MON-DIAL, CE QUI IMPLIQUE POUR LA CLASSE OUVRIERE DECHAQUE PAYS DE LUTTER SANS LA MOINDRE EXCEP-TION CONTRE « SON» PROPRE IMPERIALISME!

VIVE LA GUERRE DE CLASSE ET LA REVOLUTION COM-MUNISTE MONDIALE!

PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS!

militaire a proclamé de son côté l'étatd'urgence dans les régions minières, enréponse au « conflit du travail» qui, de-puis un mois, fait rage à Chuquicamata.Les mineurs y ont adopté une nouvelleforme de pression pour défendre leursrevendications : le refus de prendre leursrepas - repas empoisonnés! - dans lescantines de la société minière d'Etat.

Il y a dans ces deux gigantesques sur-sauts de la classe ouvrière latino-améri-caine un puissant mouvement de solida-rité élémentaire et instinctive. Saluonsles mineurs du continent américain unefois de plus à l'avant-garde de la lutte!

la Chineet les crimes français(suite de la page 1)me si la rébellion très divisée ne s'estpas maniiestée depuis deux mois etsemble actuellement « bloquée » parl'intervention de l'armée française, ilest évident que la « charte fondamen-tale » ne règle aucun problème defond »,

Qu'importe! Pour les realpolitiker dePékin, la politique de l'impérialismefrançais au Tchad, comme au Zaïre estune « politique sérieuse », C'est dumoins ce qu'a déclaré Hua Kuo-feng àChirac qui passait par là-bas, selonLe Monde du 23 septembre.

Au moment de l'intervention au Zaï-re, les maoïstes du PCMLF, trouvant« positive » l'agression tricolore auShaba, criaient encore pour se dédoua-ner : « troupes françaises hors duTchad! », Où en sont-ils maintenant?

Pax americana?(suite de la page 1)ciels, mais par tous. Par dessus leurs divi-sions passagères, ils sont en effet unis parla terreur panique devant les masses pro-létariennes et paysannes projetées par lesévénements historiques sur le devant dela scène, et dont l'élan d'émancipation vis-à-vis de toute oppression devient de plus enplus difficile à contrôler. Après les massa-cres perpétrés par les cc Etats-frères ,., cesont les organisations bourgeoises et petites-bourgeoises de la « résistance .. elles-mêmesqui ont tourné contre ces masses les armessoi-disant destinées à mater l'ennemi hérédi-taire. Mais ce faisant, la « cause arabe ,. asigné elle-même sa défaite.

Aujourd'hui, ils protestent tous, de la Syrieà l'Irak, de la Libye à l'Algérie. l'OlP pro-teste, l'Arabie Saoudite prend la mouche etla Jordanie du Septembre Noir se donne desairs radicaux ... ! En réalité ils ont tous pré-paré la voie aux manœuvres ouvertes deSadate. Celui qui est entré dans la «voiedes négociations Il ne peut qu'en subir lesconséquences. S'imagine-t-on que Genève au-rait pu ou pourrait donner de li mellleurs » ré-sultats que Camp David?

Devant la nouvelle menace de « paix sé-parée » entre l'Egypte et Israël le campbourgeois et petit-bourgeois arabe appelle àla reconstitution de l' « unité ». Ce n'est paselle, cependant, qui pourra mettre fin à l'ho-locauste du Moyen-Orient, c'est au contrairele fossé de classe qui s'est ouvert ces der-nières années dans la fausse unité arabe.C'est des masses prolétariennes et paysan-nes, mitraillées par leurs .. frères de sang ,.autant que par leurs ennemis li d'autresang ", que doit venir enfin, à travers laguerre de classe étendue à tout le monde« civilisé ", la Paix.

le prolétaireSupplément Suisse

SOMMAIRE DU N° 12• A propos du référendum sur le Jura:

Principes bourgeois contre internatio-nalisme prolétarien.

• L'OCI ou I'éternelle hypocrisie du cen-trisme.

• OCDR: Misère du maoïsme.• L'unique voie de l'émancipation du

prolétariat.• Politique conventionnelle.• Manifestation du 26 août.

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Le Prolétaire nO 274 - 7 au 20 octobre 1978

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Le socialisme d'hier face à la guerre d'aujourd'huiLa guerre que le socialisme« devra it admettre »

Contre le refus de la guerre, de nom-breux socialistes affirment : 1) que lessocialistes doivent participer à touteguerre de défense nationale contre uneagression étrangère; 2) que les socialistesne peuvent pas se désintéresser des guer-res de nationalité, puisque la constitutionde toutes les nationalités en Etats dansleurs frontières naturelles serait une con-dition nécessaire de l'avènement du so-cialisme; 3) que dans une guerre de na-tions ayant une structure plus démocra-tique contre des nations socialementmoins évoluées, les socialistes devraientprendre partie pour les premières con-tre les secondes. Dans les deux dernierscas la thèse favorable à la guerre peutaller de la simple sympathie à l'interven-tion personnelle, et aussi jusqu'à fairepression sur son propre Etat pour lefaire intervenir militairement dans leconflit dans le sens désiré.

Eh bien, ces trois brèches ouvertesdans l'antimilitarisme se basent sur desdégénérescences sentimentales qui sont lanégation absolue du socialisme. Avanttout, elles se contredisent l'une l'autre defaçon évidente. Si la France (nous prenonsdes exemples) avait agressé l'Allemagnepour reprendre l'Alsace-Lorraine, les so-cialistes allemands auraient-ils dû. défen-dre la patrie ou... la combattre au nom duprincipe des nationalités et de la démo-cratie? Et dans les guerres coloniales,qui sont des guerres d'agression et d'op-pression, mais aussi... d'extension de lacivilisation démocratique, que doiventfaire les socialistes? Ces sophismes déri-vent d'une erreur fondamentale qui estde vouloir départager les torts et les rai-sons dans des conflits qui ne sont pas ré-gis par des critères de justice, mais parla force brutale. D'ailleurs, ces distinguossubtils n'auraient de sens que si on dispo-sait de la force de trancher effectivementle conflit; ils sont absurdes dans la bou-che de ceux dont l'intervention peut toutjuste déplacer les probabilités d'issue dela guerre, mais augmente certainementson ampleur ainsi que la haine et l'espritde revanche qu'elle entraîne.

La guerre de défenseNous ne rappellerons pas longuement

les concepts montrant que le prolétariatn'a aucun intérêt à défendre dans la pa-trie et dans ses frontières nationales.Nous dirons seulement que dans toutesles guerres l'attaque et la défense sontréciproques et souvent simultanées.L'agression est un mot élastique. Faut-ilcomprendre la violation des frontières?Mais - du point de vue militaire - ilpeut être imprudent d'attendre que l'au-tre commence; il est nécessaire de le pré-venir et de briser ses tentatives par unecontre-invasion. S'agit-il de la rupture desrelations diplomatiques? Aucun gouverne-ment n'est -à court d'arguments pour re-jeter la responsabilité sur l'autre, commeon peut le voir dans les livres d'histoiredes différents bords. Faut-il alors com-prendre par agression la préparation de laguerre? Alors tous les Etats modernessont des agresseurs, ils fabriquent sansarrêt bateaux de guerre et canons, et aug-mentent sans cesse les effectifs de leursarmées. Sans développer davantage, il estclair _Quel'adhésion à une 'éventuelle dé-fense nationale est un chèque en blancsigné par les socialistes aux gouverne--ments bourgeois, qui pourront en fairel'usage qu'ils voudront. Pour justifier l'in-vasion de la Libye (1) on a raconté queles Turcs avaient déshonoré une jeuneItalienne. C'est la vieille histoire du loupet de l'agneau.

Les guerres de nationalitéet d'indépendance

Venons-en au problème des nationalités.Est-il vrai qu'il faut résoudre tous les

cas d'irrédentisme et donner à tous lespeuples une organisation politique corres-pondant aux nationalités, avant de pou-

Nous publions ici une partie du long article publié sous ce titre par notre courant dansles numéros 359, 360 et 362 de L'Avanguardia, l'organe des jeunesses socialistes italiennesen octobre-novembre 1914.

La première partie de cet article combattait la thèse tenace qui présente la démocra-tisation du capitalisme comme le moyen de mettre fin aux guerres. Elle montrait au contraireque, loin de rendre la guerre impossible, l'évolution du capitalisme la rend toujours plus iné-vitable, et que davantage de démocratie ne signifie pas davantage de pacifisme mais davan-tage de militarisme,

La seconde partie, que nous reprodulsom presqu'en entier, combat les « justifications ,.de la participation des socialistes à la guerre impérialiste. On verra que dès ce moment-lànotre courant a rétabli les positions marxistes valables tout aussi bien pour la deuxièmeguerre impérialiste et, évidemment, pour celle que le capitalisme nous prépare.

La troisième partie qui suit les passages reproduits ici s'en prenait plus particulièrementaux velléités interventionnistes des socialistes italiens. Ceux-ci semblaient s'opposer à l'en-trée en guerre, mais c'est parce que, d'après les traités, l'Italie aurait dû se ranger dans lecamp des Empires centraux, et la bourgeoisie italienne elle-même n'y tenait pas. Mais der-rière ce refus apparent de la guerre on voyait déjà se dessiner un social-patriotisme anti-autrichien et pro-français; c'est lui, et ses justiflcatlons, que l'article démolissait.

voir parler d'une action socialiste inter-nationale?

La chose mérite d'être regardée deplus près. Quand le régime féodal a laisséla place à la bourgeoisie moderne, celle-cia inscrit en grand dans son programmeidéaliste de classe révolutionnaire le pos-tulat des revendications nationales. Larévolution bourgeoise semblait être faitedans l'intérêt des peuples, et non danscelui d'une nouvelle oligarchie, précisé-ment parce qu'elle mettait en avant soncaractère politique et son aspect économi-que. Suivant les philosophes bourgeois,on croyait que tout esclavage disparaîtraitavec la suppression de la dominationd'un peuple sur l'autre et avec l'égalitéjuridique des citoyens devant la loi. Parla suite, le socialisme a démontré qu'il ya une autre cause, plus profonde, auxsouffrances des masses, à savoir l'oppres-sion de classe à l'intérieur même desgroupes nationaux. Sans vouloir enleverau problème de la nationalité son énor-me importance historique, remarquonsqu'il a déjà reçu une solution partielle (2),mais assez large, et qu'il l'a reçue aumoyen de guerres-révolutions à l'époquehéroïque de la bourgeoisie, à une épo-que où le militarisme n'était pas développécomme aujourd'hui et où, en rassemblantquelques milliers d'hommes, on renver-sait les bastilles comme on libérait lesnations. Cette époque historique s'estachevée par la formation et l'organisationdes grands Etats modernes, dans le cadredesquels la bourgeoisie, moins idéalistequ'autrefois, exploite à fond le prolétariatet fait œuvre de conservatisme.

Aujourd'hui, ce sont les Etats qui fontles guerres, et non les « nations s. Cesguerres se résolvent par la prédominancede l'une ou de l'autre puissance qui,sans s'inquiéter de préjugés romantiques,étend son influence économique et po-litique sur des peuples de toutes les raceset de toutes les couleurs. Bref, l'organisa-tion de toutes les nationalités en Etatsindépendants est désormais devenue ir-réalisable. Les mobiles des guerres sontbien différents. Leurs résultats dépendentde facteurs économico-militaires, et puis-qué la richesse et la force armée sontdans les mains des Etats les plus soli-dement établis, les solutions des problè-mes de la guerre sont étatiques et nonnationaux. Le fameux principe des natio-nalités est d'ailleurs quelque chose d'in-saisissable. A part quelques cas classi-ques, les questions d'indépendance natio-nale sont controversées. Les raisons histo-riques, géographiques, ethnographiquesautorisent les solutions les plus contra-dictoires. Même en supposant la concor-de et la bonne volonté de tous les Etatseuropéens, la fameuse constitution enEtats nationaux, qui nous permettrait en-suite de travailler à renverser la bourgeoi-sie, est irréalisable. Et c'est un problèmeaussi difficile à résoudre pacifiquement,qu'on veut confier aux aléas de la guerre,au sort incertain des armes! En fait,toute guerre créera ou ressuscitera aumoins autant de problèmes d'irrédentismequ'elle en aura supprimés. Et les rrva-lités, les alliances, s'entrecroiseront defaçon toujours plus absurde et compli-quée Le prolétariat socialiste devrait-iladhérer à ce jeu sanglant au lieu de seconsacrer dès à présent et sans condition

préalable de ce genre à préparer soneffort révolutionnaire?

Après la fameuse guerre nationale desBalkans contre la Turquie, les nationalitéslibérées se sont massacrées entre elles.Le Japon est aujourd'hui allié à la Rus-sie. Les Boers se battent sous le dra-peau anglais. Toutes les guerres des der-nières années refusent d'entrer dans levieux schéma de la nationalité. Et lenationaliste, qui se pose le problème dutriomphe et de l'hégémonie d'une nationa-lité, est encore plus logique que le soi-disant socialiste qui prétend les sauver etles concilier toutes, et ceci à travers unesérie de guerres sanglantes qui, pourconduire à ce but, devraient être extraor-dinairement maîtrisées.

Les guerres démocratiquesReste l'autre prétendue raison de la

participation socialiste à la guerre : lanécessité de favoriser la victoire des na-tions plus civilisées, plus évoluées, plusdémocratiques, sur celles qui sont arrié-riées du point de vue du processus histo-rique et social. Pour cela on invoque tra-ditionnellement la nécessité d'accélérerl'achèvement de l'évolution bourgeoise,c'est-à-dire l'argument-clé des abandonsde toute sorte; cela conduirait à approu-ver sans réserves les guerres coloniales entant que guerres civilisatrices, contrel'opinion unanime de tous les socialisteset en opposition à l'autre principe, celuide l'opposition générale aux guerresd'agression. Nous, socialistes italiens,n'aurions pas dû nous opposer à la guerreitalo-turque, puisque l'Italie plus ou moinsdémocratique se battait contre la Tur-quie à peine féodale.

L'erreur fondamentale de cette concep-tion c'est de croire que les tendances po-litico-sociales des divers Etats l'emportentles unes sur les autres à travers les guer-res et se répandent dans le monde sui-vant la fortune des armes. Ces tendancesdépendent de conditions économiques etsociales d'ordre interne et des rapportsdes classes dans chaque Etat, et elles semodifient selon le déroulement de la luttedes classes et des partis, et leurs momentscruciaux sont les révolutions, les guerresciviles.

Dans les guerres qu'ils se livrent, lesEtats ne se battent nullement pour faireprévaloir dans le monde un principe plusou moins académique ou philosophiquede démocratie ou d'absolutisme ... Les rap-ports internationaux des Etats se situentdans un cadre tout à fait amoral, et ins-piré uniquement par l'égoïsme. Les Etats,qui imposent à leurs sujets de se con-former à certaines normes pour rendrepossible la cohabitation sociale, ne re-connaissent aucune loi dans les relationsinternationales et utilisent même entemps de paix les armes du mensonge, dela tromperie, de la corruption, de l'es-pionnage, avant de recourir en temps deguerre à l'ultima ratio, à la violence quine connaît pas de loi. Ce qu'on appelledroit international ne reste en vigueurque tant qu'il ne convient pas à une na-tion de le violer; c'est une utopie de vou-loir l'appliquer aux grands Etats moder-nes, car il ne peut y avoir de droit sansune autorité ayant la force de la faire res-

. pecter. Chaque gouvernement ne voit et

ne peut voir que les intérêts cyniquesde son propre Etat (c'est à bon escientque nous parlons toujours d'Etat et nonde « nation ») et tend à les protéger et àles défendre contre les ennemis du de-dans et du dehors. A quelque parti ouécole philosophique qu'il appartienne,l'homme de gouvernement agit toujoursen féroce conservateur. La liberté qu'ilconcède à ses sujets est conditionnée parla nécessité de conserver l'équilibre in-terne entre les forces économiques et poli-tiques des classes et des partis.

Il existe différentes conceptions de gou-vernement, mais ce sont simplement desméthodes différentes pour assurer la puis-sance maximale de l'Etat et, en dernièreanalyse, de l'oligarchie économique qu'ilreprésente. Par conséquent, les gouverne-ments ne tendent pas à faire triompherun principe à l'intérieur de la nation -et encore moins à le diffuser à l'extérieurpar les armes - mais seulement à ren-forcer l'Etat, à veiller de la façon la plusefficace à ses intérêts. Bien entendu, oncache cette tendance par de belles phra-ses sur la civilisation, la démocratie, leprogrès - ou encore l'ordre, la religion,la fidélité au souverain, etc. Le but esttouj ours le même. Les croisades, les guer-res napoléoniennes, celles de la restaura-tion, toutes les Saintes Alliances avaientbien d'autres mobiles que la propagandeuniverselle d'idées mystiques ou philoso-phiques ...

Les nations démocratiques modernesoppriment et tyrannisent dans les colo-nies proportionnellement à la force moinsgrande de leurs sujets. L'Angleterre, l'Alle-magne, la France, l'Italie, ont toutes unehonteuse histoire coloniale. C'est pour-quoi on ne peut pas attendre la diffusionde certains principes modernes du triom-phe militaire des pays dans lesquels ilssont déjà diffusés, surtout à l'époqueactuelle qui n'est plus une époque héroï-que, comme celle où la bourgeoisie s'estformée et pouvait encore avoir certainesgénérosités.

D'autre part, le triomphe d'un régimedémocratique est-il toujours un pas versle socialisme? Si nous refusons d'aiderla démocratie bourgeoise tant dans sesconflits internes avec les classes féoda-les (3) et les partis cléricaux que dansle domaine de son développement nor-mal ultérieur - sur la base de nos rai-sons d'être intransigeants - pourquoi de-vrions-nous donc favoriser ses succèsmilitaires, qui sont un moyen très discu-table de faire une propagande de princi-pes et assez peu susceptible de donnerdes facteurs de progrès?

Ainsi, premièrement la « démocratie »ne se répand pas dans le monde sur lapointe des baïonnettes, et deuxièmementelle ne mérite plus, depuis longtemps, ninotre sympathie, ni notre soutien.

En vérité, il se produit exactement l'in-verse de ce qu'on nous rabâche ces jours-ci comme vérité incontestable. Les victoi-res militaires sont un facteur de reculpolitique. Après l'épopée napoléonienne,la France a subi la Restauration. AprèSSedan, par contre, il y a eu la Républiqueet une tentative socialiste: la Commune.Quelle que soit sa cause et son issue,toute guerre - qui produit la célèbreunanimité nationale des partis et des clas-ses, qui rehausse le prestige des institu-tions et de l'armée - n'est-elle pas unpas en arrière dans nos aspirations ré-volutionnaires, dont le moyen naturel estla lutte de classe?

(1) Il s'agit de l'expédition de 1911.(2) Il est évident, cela est dit explicitement

plus loin, qu'il s'agit dans toute cette partiede l'aire européenne, c'est là que la révolu-tion bourgeoise est accomplie depuis long-temps, et que la formation des grands Etatsbourgeois, qui ne recouvrent, ne peuvent re-couvrir et ne recouvriront jamais exactementles nationalités, a achevé son cycle historique(NDR).

(3) Si ce terme était d'usage pour qualifierles classes archaïques, il est bien évi-dent qu'elles étaient embourgeoisées depuislongtemps comme l'a montré la Gauche main-tes fois et qu'elles n'avaient donc rien de« féodal» au sens historique du terme (NDR).

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Le chômageaugmenteen Europe

Fin juin (et depuis, les choses se sontaggravées), il y avait dans la Commu-nauté économique européenne 5,6 mil-lions de chômeurs inscrits contre moinsde 5,4 millions l'année précédente -chiffres incomplets, comme le précisait,s'il en était besoin, la Frankfurter AUge-meine du 16-8-78. Le pourcentage de chô-mage atteignait donc 5,3 % de la popu-lation active, contre 5,1 % en 1977 et2,9 % en 1974.

Le pourcentage le plus élevé est celuide l'Irlande (8,6 %), suivie par la Belgi-que (7,6 %), l'Italie (7,5 %, chiffre sansdoute très inexact), le Danemark (6), laGrande-Bretagne(5,6) et la France (*). LaHollande (3,9), l'Allemagne fédérale (3,4)et le Luxembourg(0,7) ont les pourcenta-ges les plus bas,

Comme il est à peine nécessaire dele préciser, les femmes sont les plus tou-chées. En 1974, la proportion était à peuprès identique pour la population mascu-line et féminine. Aujourd'hui, le pourcen-tage est de 4,7 % pour la populationmas-culine et de 6,3 % pour les femmes (etjusqu'à 13,1 % en Belgique). Quant auxjeunes, en Italie, par exemple, 78 % deschômeurs aujourd'hui ont entre 14 et29 ans. Mais on a remarqué aussi quela part des travailleurs qualifiés allaitcroissant dans les toutes dernières statis-tiques pour la France. Par dessus les di-visions de catégorie, ce sont tous les tra-vailleurs qui doivent lutter pour défendreleurs conditions de vie!

(*) Il est, aujourd'hui,voisin de 7 % ! (1) « Idole de la compétitivité, religiondu taux de profit », nv 73, avril 1977.

Sur la nationalisation de la sidérurgieVoici donc la sidérurgie française « pri-

se en mains» par l'Etat, sinon nationali-sée. Une hécatombe pour les ouvriers, unenécessité plus profitable que douloureusepour le capital.

Inadmissible liquidation d'une industrieessentielle à l'essor national, gémit lePCF! Comme le PS, il oppose à l'actuelcontrôle temporaire aux 3/4 par l'Etat lasolution d'une « vraie » nationalisation.Et G. Séguy a parlé lui aussi d'abandonnational, de concession à l'Allemagne hon-nie - toutes choses qui intéressent im-médiatement beaucoup plus la grande cen-trale tricolore que la défense des 15 à20.000 travailleurs - au moins - menacésde licenciement. •Il y a un an et demi, analysant la ten-

dance du capital à fuir la baisse du tauxde profit en se déplaçant de branches enbranches, nous écrivions dans notre re-vue Programme communiste (1) : « S'ilest une caractéristique d'une branchecomme la sidérurgie, c'est bien son « im-mobilité ». Investissements très lourds,composition organique élevée (c'est-à-direpart importante du capital constant parrapport au capital variable dans l'ensem-ble du capital avancé), et donc tendancedu taux de profit de la branche à piquerdu nez plus vite que les confrères. Quefaire? Désinvestir, c'est-à-dire quitter labranche? Dans la théorie de la concur-rence parfaite, c'est possible; mais dansla réalité c'est une autre paire de man-ches : le capital est, c'est le cas de le dire,fixe, il est matérialisé dans les hautsfourneaux, les fonderies, les laminoirs ... Ilest pratiquement impossible de quitter latranche en récupérant le capital investi:qui donc voudrait racheter? La seule solu-tion serait la perte sèche ou la faillite.A moins ... à moins de faire appel à l'Etat,qui n'a rien à refuser au capital en généralet au grand capital en particulier : etc'est ainsi que des centaines et des cen-taines de millions de fonds d'Etat servent

régulièrement à soutenir le taux de profitdéfaillant de la sidérurgie. Devant un pa-reil spectacle, le réformisme, indigné quedes fonds « publics » aillent à des intérêts« privés » (mais qu'ont-ils jamais faitd'autre?), se met à pousser des crisd'indignation vertueuse : si c'est ainsi,nationalisons! Mais pour le capital piégédans la branche peu rentable, la nationali-sation (c'est-à-dire, pour être clair, le ra-chat aux actionnaires) est la seule issue,le seul moyen d'en sortir sans y laisser sachemise et en récupérant au contraire lecapital-argent investi! Pourquoi alors ses- molles - protestations? C'est que tantque l'Etat passe régulièrement à la caisse,il n'y a pas à se plaindre, la situation estconfortable; et puis les sommes énormesrécupérées par l'indemnisation qui sui-vrait une nationalisation, qui peut garan-tir de leur trouver, à notre époque decrises à répétition, un placement renta-ble et plus sûr que celui qui consiste àavoir des dividendes garantis par l'Etat?Entre deux manières de profiter de l'ar-gent de l'Etat, le capital préfère toutsimplement la plus sûre et la plus confor-table. Mais qu'au lieu de nationaliser lasidérurgie (ce qui, comme disait Engels,ne change rien à « la qualité de capital desforces productives », ni par conséquent àla situation de la classe ouvrière), on luisupprime irrévocablement toutes les sub-ventions, déclarées ou occultes: il ne fau-dra pas attendre longtemps pour voir sesdirigeants venir supplier qu'on les natio-nalise! »

Il n'était pas sorcier de lire dans leslois du capital la nécessité de la nationa-lisation de la sidérurgie. Elle était telle-ment inévitable qu'elle a été réalisée parceux-là mêmes qui se prétendent opposésà l'interventionnisme étatique, les tenantsdu « libéralisme ». La différence avec les« dirigistes » étant que ces derniers ré-clament les nationalisations dans leurprogramme tout en revendiquant la « li-

cc Révolution Internationale », « Le Bolchevik )) et la grève des foyers de travailleurs immigrés

berté de gestion » et en exigeant qu'ellesne soient pas confondues avec une «étati-sation » - horreur! -, tandis que lespremiers nationalisent en s'en défendant.Tous les bourgeois et leurs larbins ontcertes des idées différentes - et commenten serait-il autrement dans un monde deconcurrence? - mais ils se réconcilienttous sur l'obéissance aux lois du capital -ce qui est naturel dans un monde demonopole!

Avant la France, la Grande-Bretagne avécu ce chapitre à peu près inéluctabledans l'histoire des industries à forte pro-portion de capital fixe, lorsque vient lacrise (donc la baisse de la consomma-tion), surtout pour des capitalismes àéquipements anciens, en concurrence avecdes appareils de production neufs ou re-nouvelés (comme l'Allemagne qui, rap-pelle le Monde du 22-9-78, avait réduitses effectifs dès 1950). En 1975, la natio-nalisation - dont la solution françaiseactuelle n'est qu'une variante - n'avaitpas évité aux travailleurs britanniquesdes dizaines de milliers de licenciements.

Si les chantres opportunistes de l'indus-trie nationale veulent aller jusqu'au boutde leur logique, et tenter - vainement -de marquer des points contre l'Allemagneennemie, ils ne pourront se contenter deproposer des lois protectionnistes, ou desplans d'utilisation intérieure de l'acierparfaitement irréalistes, à moins de doterd'une tour Eiffel chaque commune fran-çaise ... Il faudra qu'ils réclament une pro-ductivité accrue, des frais de productionallégés... donc encore plus de licencie-ments. Quant aux ouvriers, s'ils veulentdéfendre leur peau, et non le capitalfrançais, il leur faudra rejeter le miragedes «solutions industrielles '>, et se battreunis contre toute division chauvine, surle seul terrain de la lutte de classe.

Deux torpilles «de gauche» contre la lutte ouvrièreLa question de la nature des organismes

que se donne la lutte de défense proléta-rienne est une question vitale, car la classeouvrière ne peut résister à l'ennemi et,à plus forte raison, préparer l'attaquesans de vastes organisations ouvertes àtous les travailleurs. Or la renaissance deces organismes, aujourd'hui encore éphé-mères, souvent locaux et fragiles, est miseen danger par les attaques que lancentcontre elles des forces en apparence oppo-sées mais qui convergent en réalité pourleur nier tout droit à l'existence.

Il y a d'une part l'opportunisme, politi-que et syndical, et notamment les bureau-craties syndicales qui s'acharnent à tuerdans l'œuf tout germe de vie de classeaussi bien dans les sections syndicalesqu'à l'extérieur des syndicats, et à mettreles ouvriers devant la fausse alternative:ou se soumettre aux directives capitular-des ou renoncer à se défendre. Et der-rière eux, il y a des groupes spontanéis-tes tombés dans le suivisme de principe,comme la LCR, l'OCT, LO qui non seule-ment refusent de voir tout ce quinaît hors des syndicats et le combattentcomme « anti-syndical ». mais qui surtoutcombattent à l'intérieur des syndicatstoute action qui serait dirigée contre l'op-portunisme, même quand la masse destravailleurs adhère profondément à cettelutte et à ses leçons anti-opportunistes.Pour eux, l'affrontement avec les bonzes,même sur des points surgis de la lutteimmédiate et ressentis par les travail-leurs, ne serait possible que lorsque l'en-semble de la classe ouvrière aurait partoutrejeté l'opportunisme. Autant dire ja-mais, puisque cela n'est pas possible sansla révolution (1).

Mais de l'autre côté, il y a un courantqui se prétend anti-réformiste et anti-opportuniste, mais qui prétend en mêmetemps que toute lutte immédiate, touteaction est condamnable et opportunistesi elle ne prononce pas d'emblée unecondamnation complète, non seulementdes, méthodes et des mots d'ordre imrné-

diats de l'opportunisme, mais de son pro-gramme général. Ce courant met lui aussila classe ouvrière devant une autre faussealternative: ou accepter le programmede la révolution - le leur! - ou renon-cer à se défendre.

Un échantillon de cette position catas-trophique est fourni par Révolution Inter-nationale qui découvre, dans son numérode septembre 78, la lutte des foyers So-nacotra et publie un tract d'appel auxrésidents des foyers daté du 30 juillet 78.La condamnation directe de l'opportu-nisme par la Coordination a naturelle-ment éveillé la curiosité de ce journal,qui n'en fait pas moins la moue surl'insuffisance de la condamnation: «Sil'adresse du Comité de Coordination dé-nonce clairement les manœuvres des syn-dicats et partis de gauche, notamment duPC, elle n'en tire pas véritablement lesleçons parce qu'elle fonde sa dénonciationuniquement sur l'expérience immédiatedes foyers des travailleurs immigrés -parmi lesquels comme parmi d'autres sub-sistent encore nombre d'illusions sur lagauche et les syndicats - sans relier vé-ritablement cette expérience aux nom-breuses expériences que la classe ouvrièrea déjà vécues par r~ passé dans sa con-frontation avec les syndicats, et sans larelier véritablement à toutes les autresexpériences actuelles où, chaque fois quela lutte sc développe, elle le fait contreet en dehors des syndicats ».

En réalité, pour ce journal ce n'est pastant - et cette position est déjà fausse -la «nature même des syndicats» qui esten cause, pour la bonne raison que lesComités de Soutien à la lutte des foyers,même avec leurs limites, sont stigmati-sés comme une simple « émanation» desdiverses « sectes gauchisto-maoisto-popu-listes de l'extrême gauche du capital ». Cequi est en cause, au fond, c'est le rapportentre lutte immédiate et lutte politique,entre organisations immédiates et orga-nisation de parti. C'est l'organisation ou-verte à tous les travailleurs sur la base

de la lutte immédiate qui est niée enmême temps que le rôle du parti poli-tique - qui est de féconder cette lutte.C'est la raison pour laquelle R.I. reprocheau Comité de Coordination de ne pas rap-peler tous les méfaits de l'opportunisme.Ces gens exigent en fait de la lutte immé-diate ce qu'elle ne peut donner, parcequ'ils nient le rôle et la fonction du parti,qui seul peut d'emblée « relier véritable-ment» chaque « expérience aux nombreu-ses expériences de la classe» dans letemps et dans l'espace, et relier l'attitudepratique de l'opportunisme à son pro-gramme politique bourgeois.

Sans doute, s'il existait des organisa-tions de classe puissantes, comme c'étaitle cas au début du siècle, ces organisa-tions pourraient remplir ce rôle au moinsdans une certaine mesure. Seulement au-jourd'hui que tout a été détruit depuistrop longtemps, la classe n'a pas d'autremémoire collective que son parti et, detoute façon, seul le parti peut être unemémoire complète: c'est la raison pourlaquelle vouloir obliger l'organisation

immédiate à tirer plus de leçons valablespour ses membres qu'elle ne peut en tirerde l'expérience immédiate des prolétairesrevient à briser l'acquis commun qui estl'union sur des bases de lutte. C'est parceque cette base est classiste que la cons-cience de la lutte doit grandir dans lerapport dialectique entre J'expérience dela masse des travailleurs, le besoin deséléments avancés de se placer sur le ter-rain de la lutte générale et d'en fairebénéficier leurs camarades, et enfin letravail du parti dans leur direction pourles guider dans la compréhension des be-soins généraux et historiques de la lutteprolétarienne. Mais, pour les métaphysi-ciens de Révolution Internationale, touteorganisation immédiate est au fond mau-vaise en soi, du seul fait qu'elle ne peut,même sur son. propre terrain, arriver àla conscience théorique du parti (2).

Ce véritable torpillage de la lutte immé-diate provoqué par l'incompréhension desrapports entre la classe et le parti et de

(suite page 8)

(1) C'est pour ces raisons que L'Etincelledu 7-9-78 se croit autorisée à écrire, en nousmettant, dans son aveuglement suiviste, enparallèle avec HR.' « Certaines forces, trèsactives dans le soutien, comme l'HumanitéRouge ou le groupe Parti Communiste Inter-national, mais sectaires et antisynâicaux, ontcontribué, par la ligne qu'ils défendent etleur pratique, à entretenir [la] coupure [avecles ouvriers français] », A cette dernière accu-sation farfelue, nous répondons entre autresdans le nO 272 de ce journal.

(2) Selon une méthode désormais habituellequi démontre son incapacité à comprendrela lutte ouvrière, cette organisation chercheà la sermonner plutôt qu'à l'aider à vaincreles obstacles qui se présentent à elle. Ainsi,de la même manière que les postiers de Cré-teil (voir notre brochure Postiers en lutte)étaient accusés de s'enfermer dans leur Cen-tre alors qu'ils cherchaient par tous lesmoyens à en sortir malgré l'opportunisme, leComité de Coordination et les Comités de

Soutien sont accusés de créer autour de lalutte un « rempart aveugle» et un « encadre-ment stérile »,

Une des raisons en est l'interdiction de lavente de la presse politique à la fête de Chel-les, interdiction qui n'est nullement à théo-riser mais qui s'explique aisément non parle caractère de fête qui était donné au ras-semblement et que le Comité de Coordina-tion a essayé de dépasser, mais par la vo-lonté de maintenir à cette rencontre un carac-tère de lutte immédiate. En y voyant un refusde liens avec l'extérieur et en dénonçantpour cela la Coordination, plutôt que d'aiderla lutte à trouver l'appui qu'elle chercheanxieusement parmi les travailleurs des entre-prises, en particulier français, RévolutionInternationale ne tombe pas seulement àcôté de la plaque mais cherche aussi unejustification à son dédain de la lutte immé-diate.' « Qu'on ne s'étonne pas ensuite du« désintérêt» des travailleurs et des résidentspour la lutte» (??!!), conclut en effet l'arti-cle ...

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Le Prolétaire nO 274 - 7 au 20 octobre 1978

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IIIIIIIII:III(;IIIIII"IIIIII!II",,111111111!!I:I!!IIII;

La magnifique grève des mineurs américainsNous publions avec de longs mois de

retard sur les événements un article debilan de la puissante grève des mineursqui a secoué la paix sociale aux Etats-Unisde décembre 1977 à mars 1978. Mais iln'est pas difficile de comprendre la signi-fication que peut avoir pour la renais-sance de la lutte de classe prolétarienneinternationale une lutte aussi formidablequi frappe au cœur de l'impérialismemondial, en réponse à l'approfondisse-ment de la crise économique internatio-nale.

VOTRE CHARBON,C'EST NOTRE SANG!

La grève s'est déclenchée en réponse àl'offensive bourgeoise contre les condi-tions de vie et de travail des ouvriers,seule solution que le capitalisme connaissepour sortir de ses crises. Il suffit dejeter un coup d'œil sur les années pen-dant lesquelles commence la crise dupétrole pour que cela saute clairementaux yeux.

L'augmentation du coût du pétrole arendu, au moins partiellement, au char-bon la compétitivité que celui-ci avaitperdue du fait du coût supérieur de sonextraction. Ainsi, alors que dans les an-nées 60, 'les mines des Appalaches nefonctionnait qu'à 55 % de leur capacitéproductive, en 1975 ce pourcentage étaitmonté à 93 %. L'exploitation des mineursaussi s'est accrue considérablement, à telpoint qu'ils travaillent aujourd'hui 50 heu-res par semaine sous la terre. Cette aug-mentation de la production s'est accom-pagnée également d'une augmentation dutribut du sang prolétarien: depuis 1970,plus de 1.000 morts dans les galeries, desmilliers et des milliers de mineurs ren-dus « inaptes» ou tués par la silicose. Lecri des mineurs durant la grève n'estdonc pas une métaphore poétique: « Vo-tre charbon, c'est notre sang! »,

A cette exploitation croissante ont ré-pondu des grèves spontanées, locales etgénérales, et principalement les grèvesau moment du renouvellement des con-trats collectifs (grève de 7 semaines en

1971 et de presque 5 semaines en 1974).Cette lutte de résistance opiniâtre a eupour résultat d'empêcher les capitalistesd'obtenir l' « énorme accroissement de laproduction et des profits nécessaire à lasatisfaction des besoins énergétiques dela nation », comme disait hypocritementle New York Times du 12-3-78.

C'est ainsi qu'en juillet 1977 les compa-gnies ont supprimé l'assistance médicalegratuite, obligeant les travailleurs atteintsde silicose à payer une partie de cetteassistance (700 dollars par an). 80.000 mi-neurs inscrits à l'UMWA (syndicat desmineurs qui compte, au total, 160.000 mem-bres) ont déclaré spontanément la grève,qui durera jusqu'au début septembrequand elle sera brisée par une manœu-vre des dirigeants syndicaux, qui déci-dèrent de la suspendre avec la promessede la reprendre deux mois plus tard(c'est-à-dire, un mois avant la fin ducontrat). En réalité, ils réussirent à don-ner au patronat trois mois de répit, du-rant lesquels les compagnies ont nonseulement récupéré les pertes occasion-nées par la grève mais ont pu accumulerd'énormes stocks pour faire face à lagrève au moment des contrats. En mêmetemps, le patronat avec l'aide empresséede Arnold Miller, président de l'UMWA,préparait une réglementation du droit degrève, afin d' «empêcher de vastes grè-ves illégales à l'avenir » (New York Timesdu 25-1-78).

LE « CHIEN JAUNE»

Le jour même où expirait le contratcollectif, le 6-12, la grève a commencé,compacte, sans caisse de grève ni assis-·tance médicale, avec des fonds pour deuxmois seulement. Les mineurs répondrontà l'offensive de la bourgeoisie et de sesagents au sein de la classe ouvrière, lesbureaucrates grassement payés (MonsieurMiller gagne le modeste salaire de 45.000dollars par an!), en plaçant leur luttedès le départ sur le terrain de la luttede classe, et en empoignant à nouveaules méthodes classistes et violentes quisont celles que le mouvement ouvrier a

toujours employées traditionnellementavant d'être domestiqué par le collabora-tionnisme démocratique des chefs syndi-caux vendus à la bourgeoisie. Que cetexemple exaltant de lutte classiste restegravé dans la mémoire de classe ou-vrière des deux Amériques et du mondeentier!

Le 6 décembre, donc, la grève démarre.Toutes les mines qui emploient des mi-neurs de l'UMWA sont fermées, et lafermeture est assurée quoditiennementpar des piquets de grève ouvriers. Lagrève discipline spontanément (les Milleret Cie, inuti1e de le dire, ne firent rienpour l'organiser, tout au contraire!)160.000 mineurs (100 %) et 85.000 retraitésqui s'organisent en groupes armés. Al'arrière de cette armée, presque 600.000personnes (femmes, enfants, parents)concentrées dans une zone relativementlimitée (Virginie, Kentucky, Pennsylvanie,Ohio, Indiana et Illinois) qui forment lecœur du bassin houiller de l'Est desEtats-Unis. Tandis que les patronsattendent tranquillement, persuadés queles ouvriers s'épuiseront, poussés par lafaim, avant leurs stocks, les mineursessaient d'étendre la grève aux mines« indépendantes » (c'est-à-dire où ce n'estpas l'UMWA qui embauche les mineurs).Quand ils n'arrivent pas à le faire en ga-gnant à eux les mineurs locaux, les gré-vistes le font par la force en mettant unpiquet pour fermer la mine. Mais ilsdoivent affronter alors les vigiles etles briseurs de grève. Dans les fusilladesqui marquèrent ces affrontements, lesgrévistes ont laissé deux morts: l'unassassiné par un vigile, l'autre tombéau cours d'un échange de coups de feuavec les briseurs de grève.

Mais les grévistes n'opposent pas laviolence de classe (piquets et intimida-tion à main armée) seulement contre lesbriseurs de grève, ils essaient aussi d'em-pêcher le chargement et le déchargementdu charbon « briseur de grève», et pourcela ils n'hésitent pas à se servir de dyna-mite. Ainsi, ils font sauter un pont flu-vial par lequel passait le charbon, à

(suite page 8)

Rentrée socialefreins bloqués

Les confédérations se prononcent bienofficiellement «contre l'austérité », maiselles ne font bien entendu rien pour orga-niser la lutte pratique contre l'offensivede la bourgeoisie. Sous prétexte de «dé-saccords» entre les deux centrales - bienqu'elles soient à l'unisson pour la chasseaux gauchistes et aux « basistes » -, elless'y entendent pour ne rien faire. Maisgageons qu'elles sauront vite oublier leursquerelles dès que ce sera nécessaire pou]"museler la lutte.

En attendant, les travailleurs sont licen-ciés par milliers, dans le textile, les chan-tiers navals, la sidérurgie, et les réac-tions parviennent à être canalisées dansla revendication du protectionnisme et du« Fabriquons français »,

La rentrée scolaire est catastrophique:à l'heure de la crise, il faut réduire àtout prix les faux frais de la productioncapitaliste sur la santé de l'immensemasse des enfants des ouvriers et desclasses moyennes et sur les personnelsde l'éléphantesque administration scolaire.Il y a de nombreuses grèves, mais aucunmouvement d'ensemble. Les personnelsont été tellement divisés qu'ils peuventaujourd'hui s'épuiser chacun dans sa ca-tégorie ou son établissement sans qu'onsans soucie.

A la SNCF, la pression collective aatteint un degré plus élevé. Aussi a-t-ondécidé des mouvements d'ensemble,' maissous forme de journées d'action sans len-demain et par catégories ...

Dans les PTT, de nombreux centressont en ébullition, pour une multitudede revendications. Et toute cette comba-tivité, les bonzes essayent de la noyer enfaisant une campagne sur la « sécuritédes postiers» qui vise rien de moins qu'àdemander des flics partout! Qui peutfaire accepter la police aux travailleurssinon ceux qui ont un influence sur eux?

Pour arriver à rompre avec cette im-puissance organisée par les bureaucra-ties syndicales, il faut que les travailleurscombatifs se lient par-dessus les barrièresde catégories et d'entreprise pour imposerla lutte résolue pour la défense des condi-tions de vie et de travail.

Brochures«Le Prolétaire»

• Solidarité de classe avecles prolétaires immigrés(4 F)

• La grève des nettoyeursdu métro (4 F) (*)

• Postiers en lutte (5 F)Commandes au « Prolétaire »

(*) Disponible en français et en arabe,

A PARIS, PERMANENCEdu groupe syndical PTT

un mercredi sur deux, de 15 h à 17 h, 27, ave-nue de iChoisy (métro Iporte de Choisy). 75013Paris, soit le 18 octobre, puis les 8 et 22 novem-bre, etc.

Souscription permanenteLISTE N° 4

Avignon, 542; Paris, 1.501; Grenoble,114; Bordeaux, 169,60; Daniel et José,100; Angers, 1.676; Thierry, 200 ; F., 11;Toulouse, 21; Rouen, 270; Strasbourg,600,70; Cechino, 160; Barbiere, 20; Lille,210,40; J.-P., 10; Lyon, 51,50; Guy, 20;Pour Sartaco, 8,55; Pour El Proletario,7,00; Bruxelles, 10; Paris permanence,66,80; des Sympathisants parisiens, 98,50 ;Réunion publique Paris, 400; Fête Lü, 28 ;X., 80; Canada, 400; Canada, 267 ; Winter-thur, 100; des Sympathisants, 60; Vitry,30; Béziers, 43; Belfort, 120; Autun, 5;L'Hay-Ies~Roses, 80.

Totallfste nO 4 7.491,05

Total précédent 10.518,40Total général 18.009,45

Dans les PTT, Créteil-CT A : six mois après la grèveNotre journal a donné début 78 de

larges échos de la grève de 15 jours despostiers de Créteil C.T.A. (voir Le Prolé-taire, nO 260).

Cette grève, on s'en souvient, avaitcouronné les mois de travail acharnéqu'un groupe de militants et de travail-leurs, syndiqués ou non, avait mené au-près du personnel pour défendre un vaca-taire licencié et, par là, exiger la titula-risation de tous les auxiliaires et vacatai-res.

Nous avons vu aussi comment les res-ponsables des fédérations syndicalesavaient laissé progressivement pourrir lagrève, s'effriter le rapport de force, enalliant un sabotage délibéré de la centra-lisation des énergies en lutte à un savanttravail de «soutien démagogique» et pu-rement verbal.

Nous avions à l'époque montré l'exi-gence qu'il y avait de tirer sans tarderun bilan critique du déroulement de cettegrève, en particulier pour rendre mani-feste le jeu des directions syndicales ré-formistes.

C'est cette tâche que nos camarades,en liaison avec les militants et les tra-vailleurs combatifs du C.T.A., ont entre-prise dans les derniers mois. Ce travailde clarification a essentiellement eu pourcadre la section C.G.T.

Ils dénoncèrent entre autres le sabo-tage systématique du travail de liaisonà la base entre les travailleurs des dif-férents centres. De même la tactiquecatastrophique des directions syndicalesqui essoufflent et émiettent les forces pro-létariennes dans d'épuisantes et ineffica-ces «journées d'action », dans des «grè-ves» de 24 heures à répétition. Et bienentendu l'attitude des fédérations syndi-cales durant la grève.

Ces militants présentèrent ensuite unplan d'action et d'organisation pour la

section, insistant notamment sur la néces-sité d'une répartition plus collective dutravail militant et dégageant des perspec-tives claires de travail pour œuvrer àune réelle coordination à la base avecles autres centres et bureaux.

Enfin, ils dénoncèrent l'attitude hai-neuse et calomniatrice adoptée par lesbonzes au fur et à mesure que ces criti-ques et propositions furent formulées.Attitude d'autant plus haineuse que lorsdu vote pour l'élection des nouveaux res-ponsables de la section, ce sont précisé-ment ces militants hostiles à l'orientationofficielle du syndicat qui ont été majori-taires, et donc élus, sur une orientationtout à fait explicite en opposition totaleaux objectifs et aux méthodes des offi-ciels.

Le nouveau bureau de section a immé-diatement publié un bulletin interne des-tiné à tous les syndiqués pour les infor-mer du déroulement de l'élection et desdifférentes orientations qui se sont com-battues.

Cette initiative suscita une réponse dedénonciation à la sauce stalinienne clas-sique, émanant du syndicat départemen-tal. Si cette victoire du courant classistea pu avoir lieu dans la section CGT, c'estaussi dü à la grève de février qui a enquelque sorte fait «mùrir » des couchesplus larges de travailleurs dans le CTA.Et l'administration ne s'y est pas trom-pée. Après la grève, elle n'a pas essayéde relancer les hostilités, face à un per-sonnel aguerri. Sa réponse a été beau-coup plus feutrée. Depuis la fin de lagrève, 40 à 50 % du personnel a été mutéen province, remplacé par de nouveauxagents, étrangers au passé de lutte duCTA!

Ne pouvant attaquer de front les élé-ments les plus combattifs du centre, ellea préféré les priver du soutien de la massedes travailleurs qu'ils avaient gagné en

deux années de travail régulier et acharné.Cependant pour l'instant, le jeu des mu-tations n'a pas réussi à désorganiser du-rablement la frange militante et comba-tive des travailleurs. La clarificationopérée dans la section CGT et l'existenced'un noyau de travailleurs dévoués autravail de mobilisation et d'organisationde leurs camarades doit permettre derelancer l'action revendicative.

Après quelques mois mis à profit parces travailleurs pour clarifier l'orienta-tion de leur travail, de nouvelles luttessont en préparation, par exemple sur lesfoyers PTT, ce qui devrait permettre derenouer des liens basés sur la confianceavec la masse des travailleurs.

La situation dans le CTA, du point devue des luttes à venir mais surtout dupoint de vue de l'affrontement avec l'op-portunisme, mérite en tout état de causeque tous les prolétaires et militants quirevendiquent clairement les méthodes dela lutte de classe manifestent leur sym-pathie active à ces travailleurs et s'infor-ment régulièrement de son évolution.Ceci est d'autant plus important que leconflit avec la bureaucratie syndicale estinéluctable et que les tentatives de bri-ser cette section sont inévitables. Si lesbonzes n'ont pas encore attaqué l'exis-tence même de la section, c'est qu'ilsn'en ont pas encore la force. Au momentde l'élection du bureau, seulement troispersonnes se sont présentées pour cons-tituer une liste opposée. Quand l'appareilsyndical- et même le peF - ont cherchédes bras pour lutter contre la diffusiondes bulletins de liaison, ils ont même sus-ci té une levée de bouclier parmi leurssympathisants. Mais ils attendent leurheure pour frapper.

De leur côté, tous les travailleurs cons-cients du besoin de mener la bataille dessyndicats, là où elle est encore possible,doivent se tenir prêts.

Page 8: fondation de l'Internationale Communiste et du Parti

---8 Le Prolétaire n· 274 - 7 au 20 octobre 1978

La magnifique grève des mineurs américains(suite de la page 7)

Rockport, dans l'Indiana; la police arriveà encercler et à prendre en bloc 194 gré-vistes (on enregistre des heurts analo-gues dans 12 autres Etats).

En janvier, les fonds sur lesquels lesmineurs comptaient s'épuisent, et lesquelques mines en grève dans l'Ouestsignent des contrats séparés (mais leurimpact est insignifiant, car elles sont troploin pour que le charbon puisse être trans-porté convenablement jusqu'aux centresindustriels du Nord-Est). Malgré cela lagrève continue, inébranlable. Le patronatcommence à être préoccupé, car il nedispose de stocks que pour 40 jours etsurtout, parce qu' « une grève qui conti-nuerait en février, commencerait à deve-nir une «cause sociale ». au lieu d'unesimple lutte économique» (New YorkTimes du 9-1). On rouvre donc rapide-ment les négociations, et Miller arrivealors à un accord avec les patrons, qu'ildéfinit comme étant « de loin le meilleurcontrat obtenu dans les deux dernièresannées dans les grandes industries ». Voicice que prévoyait ce merveilleux accord:augmentation de salaire de 31 % en troisans; élimination de l'échelle mobile obte-nue en 1974; fin de l'assistance médicalegratuite; système de stimulants; amen-des de 20 dollars par jour de grève pourdix jours de grève maximum (autrementdit 200 dollars d'amende par grève...);prime de 200 dollars (c'est-à-dire annula-tion de l'amende, ..). Voilà une formidableconquête en effet, et qui donne bien lamesure de Miller et de ses acolytes!

Avant d'être voté par les travailleurs,ce magnifique contrat est présenté auConseil de l'UMWA. Mais les mineursn'attendent pas: ils envoient une délé-gation au siège du syndicat à Washington,qui assiège littéralement le Conseil enréunion et l'oblige à refuser le contrat.Averti à temps de la présence des mi-neurs, Miller n'assiste pas au Conseil:«il nous a laissé tomber au milieu detous ces types en furie ». s'est lamentéun membre du Conseil. Le contrat estfinalement rejeté le 11-2 pour « vice deforme»: le Conseil prend pour prétextequ'il n'a pas reçu le texte complet. Lesbureaucrates prennent la tangente sansrepousser l'offensive patronale, mais lesmineurs, eux, l'ont repoussée!

La date du 11-2est doublement signifi-cative.: d'une part, la grève rompt avecses représentants officiels et, d'autre part,le gouvernement américain passe à l'of-fensive (est-ce une coïncidence?). Carterdécrete l'état d'urgence dans l'Ohio, deuxjours après dans l'Indiana et en Virginie,ensuite dans d'autres Etats. La consom-mation d'électricité est réduite de 25 %et on organise pour briser la grève un

plan national, accompagné comme il sedoit d'un énorme renforcement de l'appa-reil répressif (le gouverneur de l'Indianava jusqu'à envoyer un détachement spé-cial an tiguérilla).

Malgré tout, les mineurs ne reculentpas. Le 15 février ils font une manifesta-tion dans la capitale de la Virginie contreMiller; ils attaquent le siège du syndicatpatronal; ils envahissent les salles dutribunal fédéral où se déroule le procèscontre les mineurs impliqués dans lesheurts de juillet-septembre 1977. En dé-pit des menaces réitérées de Carter d'ap-pliquer la tristement célèbre loi Taft-Hartley (loi antigrève ), les grévistes vontplus loin encore, transformant les piquetsen véritables patrouilles mobiles qui ontpour objectif d'arrêter les convois prévuspar le plan pour briser la grève, et quisont bien entendu escortés par la GardeNationale. La patrouille la plus grandecomprend 300 grévistes et 100 véhiculeset elle circule le long de la frontière entrel'Ohio et le Kentucky, suivie par lesavions de la police. Un exemple de plusde la détermination et de la violence clas-siste des mineurs: ils jettent des camionsen feu sur les voies ou arrachent lesrails.

Carter contre-attaque: il appelle leConseil de l'UMWA au ministère du Tra-vail et le tient sous la garde de marinesarmés pendant qu'on met au point unnouveau contrat. Le 25 février Miller pré-sente, toujours avec des airs de victoire,le nouveau contrat qui, tout en lâchantquelques miettes misérables aux retrai-tés, maintient la suppression de la gra-tuité de l'assistance médicale et le sys-tème d'amendes (mais en l'appliquantseulement aux «leaders» et aux «fau-teurs» de troubles). En même temps laprime passe de 200 à 100dollars. En dépitde la gigantesque campagne publicitairemenée à la télévision en faveur du Contrat(coût: 40.000 dollars) et de la menacerenouvelée par Carter d'appliquer la loiTaft-Hart ley, le nouveau contrat, appelépar les mineurs le « chien jaune », estrefusé dans la proportion de 2 contre 1(dans les districts les plus combatifs lerapport est de 4 contre 1).

CONTRE LA LOI TAFT-HARTLEY

Le 6 mars, Carter met en application laloi Taft-Hartley, définie comme une «loipour le travail obligatoire », Mais Carterlui-même n'espérait pas que son appli-cation brise la grève. La loi devait servirà trois choses: 1) arriver à rouvrir quel-ques mines dans les Etats périphériques;2) permettre une plus grande circulationdes convois de charbon «briseur degrève» (pour cela l'état-major de l'arméelui-même entre en scène, employant à

Torpilles «de gauche» contre la lutte ouvrière(suite de la page 6)

la nature tant du parti que des organisa-nons intermédiaires répond au sabotageréformiste des partis de gauche et desbonzes syndicaux - sabotage conscientet ouvertement contre-révolutionnaire -.Il est porté à son paroxysme par le jour-nal Le Bolchevik qui appelle à Lyon lesrésidents des foyers à la grève sur une

.plate-forme qui reprend tous les pointsde la Coordination, sauf un - et non lemoindre - à savoir la reconnaissance duComité de Coordination comme seul diri-geant de la lutte.

La raison avancée par ce journal estque: «le Comité freine les tendances ré-volutionnaires du mouvement qu'il limite,qu'il enferme dans le seul cadre de laseule plate-forme revendicative », Il luireproche de « ne pas entraîner les ou-vriers à la révolution, de les borner à descombats partiels, à des objectifs partiels ».Pourtant, si la classe pouvait au moinsmener davantage de « combats partiels »,quel progrès ce serait aujourd'hui!

Ce journal prend prétexte de la formuleselon laquelle le Comité se veut «indé-pendant de toute organisation politiqueet de toute organisation syndicale» (for-mule bien compréhensible même si elleest inadéquate et dont nous pensonsau'elle pourra être dépassée à .conditionque la lutte parvienne. à préserver la di-rection qu'elle s'est donnée), pour l'accu-

ser de « refuser de faire de la politique»et, pour cette raison, de « chercher à s'en-tendre avec l'opportunisme », Il se sertde cette accusation honteuse pour pro-poser aux résidents, comme base d'orga-nisation pour la lutte des foyers, rienmoins qu'une organisation politique, etpas n'importe laquelle: «spontanément,les ouvriers sentent que pour vaincre ilfaut un parti, une organisation - pas seu-lement une organisation pour diriger lalutte contre l'augmentation mais pourdiriger la lutte contre le capital, pour sonrenversement. Ils commencent tout juste,mais ils commencent - à reconnaîtredans l'organisation communiste bolché-vik - leur organisation qui mène la luttepour le renversement des gouvernementsbourgeois de tous les pays et en premierlieu le gouvernement français »,

Sous prétexte de radicalisme ces ter-ribles révolutionnaires opposent des obs-tacles à l'entrée des foyers de la régionlyonnaise dans le mouvement; ils divi-sent ses rangs - et mieux que ne peutle faire l'opportunisme qui a du mal àse trouver une base solide dans ce sec-teur.

Que valent les grands mots de « révolu-tion communiste immédiate» et d'offen-sive révolutionnaire quand, dans les faits,on torpille, en même temps que le réfor-misme que l'on prétend combattre, latentative de la classe ouvrière de se dé-fendre contre les attaques du capital?

nouveau les plans antiguérilla - plan« Garden Plot» - déjà utilisés en 71 con-tre les manifestations pour le Vietnam) ;3) briser le réseau de délégués de mine- l'âme de la grève - en emprisonnantprès de 1.000 délégués, libérés ensuitecontre des cautions qui devaient viderles caisses déjà à moitié vides du syndi-cat.

La loi entre en vigueur le 11 mars. Ré-sultat: elle ne fait que renforcer encoreplus la grève, qui atteint son point maxi-mum de combativité. 5 % seulement desmineurs vont travailler; en Virginie où lagrève a été dès le début la plus dure,aucune mine ne travaille. Les quelquesbriseurs de grève sont reçus à coups defeu, et il y a un mort. Les piquets sontarmés (ils utilisent aussi bien les pierresque la dynamite et les armes à feu). Dis-créditée, la loi Taft-Hartley est suspenduele 18mars, une semaine à peine après sonapplication! C'est déjà une grande vic-toire des mineurs.

La bourgeoisie a obtenu le résultatinverse de celui qu'elle recherchait. Aulieu de la solidarité nationale contre lesgrévistes apparaît le germe d'une soli-darité de classe qui se traduit par l'envoide contributions en argent (près de4,5 millions de dollars) et en nature (lesouvriers agricoles en grève du Missourienvoient un convoi de produits alimen-taires), et par la tenue d'assemblées desolidarité dans différents centres ouvriers(Detroit, Baltimore, Martinsburg et mêmeen Californie).

CE N'EST QU'UNE TREVEDANS LA LUTTE

La grève ne se termine complètementque le 3 avril, après l'acceptation d'unnouveau contrat élaboré sous l'app1ica-tion de la loi Taft-Hartley et présentéle 14. Comme on sait, ce contrat est ac-cepté le 24 par une majorité de 57 %.Mais, outre que ce jour-là un groupe demineurs dynamite les machines d'unemine de Virginie, jusqu'au 2 mai il y aencore 30.000 grévistes. La reprise dutravail n'a pas été une défaite, ni unesoumission obligée par la faim. Et celapour deux raisons.

D'une part, l'analyse des votes mon-tre que la majorité en faveur de la reprisedu travail a été obtenue grâce à la parti-cipation de travailleurs arriérés quin'avaient pas participé aux votes anté-rieurs (20.000, alors que la majorité deceux qui étaient contre la poursuite dela grève n'était que de 14.000). De plus,selon le New York Times du 26-3, des«centaines de sections locales du syndi-cat et un certain nombre de districtsont réitéré la majorité de 2/3 de non»(non à la reprise). C'est-à-dire que lenoyau combatif de la grève a maintenusa combativité initiale.

D'autre part, le contrat lui-même n'estpas une défaite, étant donné que lesamendes et les sanctions disparaissent,l'augmentation des sa1aires est égale àl'augmentation prévue du coût de la vie(32 %), et les frais médicaux sont réduitsà 200 dollars par an.

Mais la principale signification de cettegrève enthousiasmante réside dans le cou-rage, l'abnégation et la détermination desmineurs, et dans les méthodes utiliséespour la mener: organisation de piquetsarmés; répression des briseurs de grève;sabotage des tentatives d'envoi de char-bon; extension de la grève aux autrescentres productifs de la branche; et sur-tout, organisation en dehors de (et contre)la bureaucratie syndicale au inépris totaldes impératifs de la léga1ité démocrati-que. Grâce à l'emploi des méthodes dela lutte de classe, bien que leurs reven-dications n'aient pas été satisfaites à100 %, les mineurs ont gagné. Parce qu'ilsont brisé la paix sociale, la solidariténationale, le collaborationnisme syndicalet même la force militaire de l'Etat etl'offensive patronale. Ils ont démontréqu'on peut faire reculer la force appa-remment toute puissante et invincible dela bourgeoisie américaine, à condition des'appuyer sur la force organisée du pro-létariat et sur la lutte de classe incondi-tionnelle.

Avec les mineurs, la lutte de classe estrevenue avec force sur la scène de l'Amé-rique du Nord. C'est une grande victoire.Vive la magnifique grève des mineurs!

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Revues théoriquesdu Parti

KOMMUNISTISCHESPROGRAMMNR. 19 - AOUT 1978

• Die «Steigerung der Massenkaufkraft »oder das Wunderwasserchen der refor-mistischen Scharlatane

• Die Entwicklung der imperialistischenGegensâtze seit dem 2. Weltkrieg- Die Nachkriegsperspektiven im Lichte

der Parteiplattform (1946)- Weltfrieden oder wachsende imperia-

listische Gegensâtze ? (1973)- Rückblick und weitere Entwicklung

• Lenins Schrift«Der « Linke Radikalismus », die Kin-derkrankheit im Komrnunismus s : dieVerurteilung der künftigen Renegaten

• Zum prager Frühling 1968: der Stali-nismus mit menschlichem Antlitz (überein Buch von Jiri Pelikan)

• Trotzkistische Perlen im Rosenkranzder bügerlichen Moral und des parla-mentarischen Kretinismus.

VOICI LE SOMMAIRE DU N° 27-28(juin-novembre1978) de

ELPROGRAMACllllNSTA• La evoluci6n de las relaciones interim-

perialistas desde la ültlma guerra.• Cuesti6n femenina y lucha de clase.• Las proezas dei marxismo universita-

rio : a prop6sito de las obras de Barany Sweezy.

• El « pensamiento de Mao»: expresi6nde la revoluci6n democr8ticoburguesaen China y de la contrarrevoluci6n antl-proletaria mundial (1).

• Acerca de la revoluci6n en AméricaLatina.

• El programa dei Partido.

Permanences du PartiEN BELGIQUE• A Brux.llea : le 2 jeudi de chaque mole,soit le 12 octobre et le 9 novembre, de 19 h 30

.è 21 h 30, local de J'ASBl-Club, 51, avenue dela Couronne, ,1050 Bruxelles.

• A Bruxelles : le 2e jeudi de chaque mois,12 h tous les quinze jours, soit les 7 et 21 octobre.11 h 30, soit le 29 octobre et le 26 novembre.Gambetta, soit le 3 novembre et ,le 1er décembre.

EN FRANCE• A AIx-en-Provence : vente au marché d. ,.place du Palais de Justice le samedi de 11 h la12 h tous les quinze jours, soit le 23 septembreet le 7 octobre.

• A Amiens : le 1'e!" samedi de chaque mols,de 10 à 12 h, place du Marché.

• A Anger.: vente tous le. samedis d. 11 h à12 h, au Grand marché, plac. Leolerc.

• A Arles: vente sur 1. marché du Boulevarddes Lices, le '[er et le :Je samedi de chaquemois, de 11 à 12 h, soit les 7 et 21 octobre.

• A Avignon: vente aux Halles, place Pi.,tous les samedis de 11 à 12 h.

• A Grenoble: le dernier dimanche de chaquemois au marché Saint-Bruno, de 10 h 30 à11 h 30, soit le 24 septembre et le 29 octobre.

• A Lille: vente et permanence au marché deWazemmes de 11 à 12 h (derrière l'Eglise) le1Jer dimanche de chaque mois ainsi que tous'es mercredis de 17 h 30 è 19 h 30, 27, rueAdolphe.• A Lyon: le 1er vendredi de chaque mois, de19 h à 20 h, Brasserie de l'Etoi,Je, 1, coursGambetta, soit le 6 octobre et le 3 novembre.

• A Paris: 20, rue Jean-Bouton, 75012. le sa-medi, de 16 h à 19 h, et le dimanche, de10 h à 12 h (escalier métallique au fond dela cour à gauche), métro Gare d. Lyon.• A Rouen: vente tous les dimanches de 10 h 30à 12 h au marché du Clos~saint~arc.

• A Roubaix: vente et permanence au marchéde 11 à 12 h (face à la poste), le 3e dImanchede chaque mois, soit ,le 15 octobre et ,le 19 no-vembre.• A Strasbourg: tous les samedis de 14 à 16 h,3, rue Sainte-Catherine (au fond de la cour •droite), près de la place de Zurich.

• A Toulouse: vente tous les dimanches de 11 hà 12 h au marché Saint-Sernin.

EN SUISSE• A Lausanne: tous les samedis de 10 à 12 h,32, rue Pré-du-Marché (1u étage à droite, .. Ate-lier »).

CORRESPONDANCEPOUR LA SUISSE :Editions 'Programme,

32, rue du PrHu-March61004 Lausanne

directeur-gérantF. GAMBINt

Imprimerie «E.P ...232, rue de Charenton - 75012 Paris

distribué par les NM·PP

N° d'Inscrtptlon à la commissionpéH"itairede preue : 52926