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Ministère de l’Education de Moldova Université d’ Etat « Bogdan Petriceicu Hasdeu » de Cahul Faculté de Philologie et Histoire Chaire de Philologie Française Support de cours Phonétique théorique Auteur : Antohi Lilia Assistant universitaire Cahul, 2010

Fonetica Teoretica Doc

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Phonetique

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Ministère de l’Education de Moldova

Université d’ Etat « Bogdan Petriceicu Hasdeu » de Cahul

Faculté de Philologie et Histoire

Chaire de Philologie Française

Support de cours

Phonétique théorique

Auteur :

Antohi Lilia

Assistant universitaire

Cahul, 2010

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Plan

1. Qu'est-ce que c'est que la phonétique? .............................................. 3

2. Les systèmes phonologiques du français ............................................7

3. Le système vocalique du français ...................................................... 12

4. Les oppositions privative-proportionnelles ...................................... 17

5. Les oppositions vocaliques ................................................................. 21

6. Le système consonantique .................................................................. 23

7. L’analyse acoustique .......................................................................... 28

8. Phonématique et grammaire du français .......................................... 31

9. La liaison .............................................................................................. 35

10.Introduction à la méthode verbotonale ........................................... 40

11.Méthodes de correction phonétique ................................................... 43

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I sujet

Qu'est-ce que c'est que la phonétique?

La phonétique est l'étude scientifique des sons du langage humain. Elle exclut les autressons produits par les êtres humains, mкme s'ils servent parfois а communiquer (les toux, lesraclements de gorge). Elle exclut aussi les sons non-humains.

La phonétique est la science qui étudie la production et la perception des sons d’unpoint de vue purement physique. Au début du XX-e siècle on s’est intéressé au son en tantqu’élément servant à distinguer un mot d’un autre. C’est ce son, ayant une fonction, qui estappelé phonème. La phonétique a pour l’objet l’étude des sons du langage. La possibilité dedégager et de proposer à l’analyse la couche sonore d’une langue tout en suivant ces rapportsavec la signification dérive de la nature même du signe linguistique. La distinction entre lematériau sonore et le sens qu’il recouvre c’est une distinction vieille déjà il y a 2000 ans. Elle aété relancée au début du 20-e s. par F. de Saussure dans le cours de linguistique générale donné àses étudiants de Genève. En faisant appelle à la terminologie Saussurienne nous pouvons direque c’est l’étude du signifiant qui fait l’objet des différents disciplines phonétiques.

Phonétique Phonologie

Étude des sons de la parole appelés phones Étude des sons à valeur linguistique,phonèmes en relation avec un signifié. Lestraits phoniques sont appréhendés par rapportà leur valeur distinctive.

Les disciplines phonétiques

1. La phonétique générale – étudie les possibilités acoustiques de l’homme et de sonappareil phonatoire. La relation entre l’émetteur et le récepteur oriente l’analyse dans une doubledirection : celle de la production des sons qui fait l’objet de la phonétique articulatoire et celle dela réception des sons par l’oreille humaine (aspect physique de la production) qui fait l’objet dela phonétique acoustique. Plus familière aux linguistes la phonétique articulatoire accorde unelarge place aux mouvements des organes qui rendent possible l’émission de la parole au travailmusculaire et mécanique qui y interviennent. Les organes articulatoires sont : l’épiglotte, lepharynx, la luette, le palais mou, le palais dur, les alvéoles, les lèvres, les dents, la langue. Lesrésonateurs sont : laryngale, pharyngal, buccal (linguopalatal), labiale (labiodental), nasal. Laphonétique articulatoire s'occupe de l'activité des cordes vocales, de la bouche, etc. qui rendentpossible la parole. Par exemple, nous savons que pour faire un [p] en français, il faut mettre lesdeux lèvres ensemble, sortir un peu d'air des poumons, et ensuite ouvrir les lèvres. Laphonétique acoustique examine les caractéristiques sonores des sons du langage. Par exemple,nous savons que le son produit par la consonne [s] en français a une fréquence plus élevée que leson produit par une consonne comme [ ]. Comparez sou et chou. La phonétique acoustiqueanalyse les particularités physiques de l’onde vocale. Si les vibrations qui ont donnés naissance àl’onde sont périodiques (se produisent à intervalles de temps égaux) le résultat perçu par notre

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oreille est un ton ou un son musical, c'est-à-dire une voyelle. Si les vibrations sont apériodiquesnous percevons des bruits ou consonnes.

2. La phonétique descriptive étudie les particularités phonétiques d’une langue ou d’undialecte.

3. La phonétique évolutive (historique) étudie en les comparants les sons qui apparaissentdans deux ou plusieurs langues.

4. La phonétique expérimentale (instrumentale) utile des appareilles (oscillographes,spectrographes, ordinateurs) pour compléter et enrichir le témoignage de l’oreille etl’observation directe.

5. La phonétique fonctionnelle (phonologie) a pour objet les caractéristiques du systèmephonologique d’une langue et les différences significatives entre les images acoustico-mautrices,autrement dit leur fonction dans le système. Quand le terme phonologie avait commencé à êtreemployé (vers 1850) il a été confondu avec celui de phonétique. Ce n’est qu’au 20 s qu’il acommencé a être fréquemment utilisé pour designer une novelle discipline linguistique. Lestravaux de N. Troubetzkoy et de R. Jakobson membre de l’équipe de linguistes connu sous lenom d’école de Prague ont conféré à la phonologie son statu de science linguistique à objet biendélimité. N. Troubetzkoy affirme : « Les sons du langage que phonétique doit étudier possède ungrand nombre de particularité acoustiques et articulatoires qui pour les phonéticiens sont toutimportants car c’est seulement en considérant toutes ces particularités qu’il peut répondre d’unemanière précise à la question que pose la prononciation du son dont il s’agit. Mais pour lephonologue la plupart de ces particularités sont tout à fait accessoires car elles ne fonctionnentpas comme marque distinctive des mots. Aussi les sons du phonéticien et les unités duphonologue ne se recouvrent pas. Le phonologue ne doit pas envisager un fait de sons ce quiremplit une fonction déterminé dans la langue ». une meilleure compréhension de cettedifférence peut être assurée par le recours à quelques dichotomies linguistiques définitionnelles :N. Troubetzkoy invoque l’opposition langue-parole. Pour soutenir l’individualité de ces deuxdisciplines Troubetzkoy affirme : « Le signifiant est dans la langue quelque chose de tout autreque dans l’acte de parole ». C’est pourquoi il convient d’instituer non pas une mais deux sciencesdes sons de langage, l’une doit avoir pour l’objet l’acte de parole et l’autre la langue. Nousdonneront à la science des sons de la parole le nom de phonétique et à la science des sons de lalangue le nom de phonologie.

A.Martinet propose une distinction d’un usage moins délicat qui va du général auparticulier. La phonétique étudie les sons du langage sans se soucier de la langue à laquelle ilsappartiennent ; la phonologie les considère une fonction de cette langue.Proche de celle de Saussure la dichotomie compétence-performance proposé par N.Chomskypour servir à placer la phonologie dans le domaine de la compétence alors que la phonétiquerelève de la performance.

La dichotomie plan de l’expression-plan du contenu pratiqué par les glossématiciens dontle linguiste L.Hjelmslev comporte une subdivision qui permet l’affinement des distinctions entreles différents domaines de la linguistique. Chacun des deux plans est analysable du point de vuede la forme et de la substance. L’étude du signifiant relève donc de la substance et de la formed’expression. Selon l’appartenance à la forme où à la substance de nouvelles frontières se retraceau cadre des disciplines phonétiques. La substance de l’expression, autrement dit da réalisationphysique est étudié par la phonétique. La forme de l’expression, c'est-à-dire les possibilitésd’agencement, les aspects relationnels, fait l’objet de la phonologie. La distinction

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forme/substance de l’expression révèle mieux la complémentarité des deux disciplines ; il estévident que « La phonétique a besoin que la phonologie identifie les unités fonctionnelles, laphonologie a besoin que la phonétique lui fournisse la description de ces unités. De cettedescription phonétique la phonologie ne retient que ce qui est fonctionnel. L’autonomie de laphonétique et de la phonologie est plutôt réclamée par des nécessités d’ordre pratique, au fait ils’agit d’une séparation artificiel dû à l’option pour un certain point de vue intégré lui aussi àl’objet de l‘étude poussé au niveau des unités minimales qui font l’objet de la phonétique ou biende la phonologie. Cette séparation concerne les concepts de sons et phonèmes ».

La transcription phonétique

Quand on fait de la phonétique, il faut laisser de côté tout l'aspect graphique de la langue.Ce n'est pas la forme orthographique qui prime sur la prononciation, mais plutôt le contraire. Parconséquent, il vaut mieux agir comme si on ne savait pas écrire quand on fait de la phonétique.Mais il faut quand mкme un mécanisme pour représenter les sons. L'alphabet normal convientassez mal а cette tache, puisqu'une seule lettre peut correspondre а plus d'un son (pensez au t enfrançais) et puisqu'un seul son peut se représenter au moyen de plus d'une lettre (pensez au son[s] en français). Quand on représente les sons d'une langue, on se sert de l'Alphabet PhonétiqueInternational (API), un système partagé par la plupart des linguistes. Dans cet alphabet, il existeun symbole pour chaque son. Quand on se sert de cet alphabet pour représenter lesprononciations, on entoure la représentation par des crochets. Ainsi, pour écrire le mot chatonmettrait [ a]. L'alphabet phonétique international (API) est un alphabet utilisé pour latranscription phonétique des sons du langage parlé. Contrairement aux nombreuses autresméthodes de transcription qui se limitent à des familles de langues, l'API est prévu pour couvrirl'ensemble des langues du monde. Développé par des phonéticiens britanniques et français sousles auspices de l'Association phonétique internationale, il a été publié en 1888. Sa dernièrerévision date de 2005. La transcription phonétique en API consiste à découper la parole ensegments sonores supposés atomiques, et à employer un symbole unique pour chacun de ceux-ci,en évitant les multi grammes (combinaisons de lettres, comme le son ch du français, noté /ʃ/phonologiquement). Le nombre de caractères principaux de l’API est de 118 ce qui permet decouvrir les sons les plus fréquents. Ces caractères sont pour la plupart des lettres grecques oulatines ou des modifications de celles-ci. L'utilisation de l'API est maintenant établie dansl’enseignement, l'apprentissage et l’étude des langues. Notamment, la plupart des dictionnairesbilingues utilisent cet alphabet pour noter la phonologie, ou bien une transcription phonologiquequi en est inspirée.

Les organes d'articulation

La première étape de la phonétique articulatoire consiste а identifier les organesd'articulation qui entrent en ligne de compte dans la production de la parole. L'air nécessairepour la production des sons sort des poumons et passe par la trachée. En haut de la trachée setrouve une boîte en cartilage qu'on appelle le larynx. Suspendues dans le larynx on trouve deuxbandes de tissu élastiques, qu'on appelle les cordes vocales ou la glotte. Si les cordes vocalessont ouvertes, on entend un son non-voisé ou sourd comme [p]. Si elles se rapprochent etvibrent, on a un son voisé comme [v]. Au-dessus de la glotte se trouvent trois cavités: la cavitépharyngale ou pharynx, la cavité buccale et la cavité nasale. Entre le pharynx et la caviténasale se trouve une lame de tissu qu'on appelle le voile du palais. La cavité nasale se terminepar le nez. Quand on respire normalement, l'air sort des poumons, par le voile du palais ouvert et

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sort par le nez. Dans la cavité buccale on trouve la langue, qui se divise en apex et dos, les dentssupérieures et inférieures, les alvéoles derrière les dents supérieures, le palais dur derrière lesalvéoles, et le palais mou derrière le palais dur. Autour de la bouche se trouve la mâchoire.

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II sujetLes systèmes phonologiques du français

La phonologie, ou phonématique, est une branche de la linguistique qui étudiel'organisation des sons d'une langue afin de former un énoncé. Il ne faut pas confondrephonologie et phonétique qui, elle, s'intéresse aux sons eux-mêmes, indépendamment de leurfonctionnement les uns avec les autres. La phonétique s'intéresse aux sons en tant qu'unitésphysiologiques, la phonologie aux sons en tant que parties d'une structure. Un francophone peutprononcer le mot « rat » avec un /r/ roulé, grasseyé ou normal (dit « parisien ») ; la phonologien'y verra cependant qu'un seul phonème /r/ car il n'est pas possible, en français, d'opposer troismots qui débuteraient chacun par une de ces sortes de /r/ et seraient suivi de /a/ : cette distinctionn'intéresse que la phonétique. En sorte, [ra] (avec /r/ roulé), [ʀa] (avec /r/ grasseyé comme lesprononçait Édith Piaf) et [ʁa] (avec un /r/ normal), se réduisent tous trois à la suite de phonèmes/ra/ et ces suites de phonèmes désignent tous le même mot. On dira alors que les sons [r], [ʀ] et[ʁ] sont des variantes libres du phonème /r/, c'est-à-dire diverses possibilités de réalisation qui necontrastent pas en français (alors que [r] et [ʀ] s'opposent dans la prononciation de l'arabe etconstituent deux phonèmes distincts). En phonétique on appelle trait distinctif un son quipermet à l'auditeur de distinguer deux phonèmes de prononciation proche; en phonologie, onappelle trait pertinent un trait distinctif qui, dans l'organisation d'une langue particulière, serteffectivement à distinguer deux phonèmes; enfin une unité discrète est la séquence sonoreminimale qu'un auditeur-locuteur peut identifier comme phonème dans une séquence sonore.

Les branches de la phonologie

Phonématique Prosodie

Étude linguistique des unités distinctives dela langue, les phonèmes que l'on peut :

- commuter sur un axe paradigmatique :ex. /ru/ (rue) / /nu/ (nu)(Le phonème a une fonction distintive)- permuter sur un axe syntagmatique :ex. /sale/ (salé) / /lase/ (lacé)(Le phonème a alors une fonctiondémarcative)

Étude de la valeur linguistique des sons selon :

- leur durée,- leur intensité,- et leur variation mélodique.

à partir desquels les phénomènesd'accentuation et d'intonation sont constitués.

Le but de la phonologie est d'établir quelles sont les classes de sons qui sont importantesdans la communication pour une langue donnée et d'expliquer la variation entourant ces classes.Le modèle qu'on construit alors des sons de la langue doit être aussi économique que possible(c'est-à-dire qu'il doit comporter aussi peu de phonèmes et de règles que possible) tout enmaintenant les oppositions de sens réelles de la langue. Il est évident par ailleurs que lesparticularités physiologiques de l'humain déterminent en partie ce modèle, ne serait-ce que dedéterminer que toutes les langues doivent contenir des voyelles et des consonnes. Un des aspectsnotables en linguistique est qu'il y a une très grande variation des structures. Ceci est surtoutremarquable en phonétique. En effet, on remarque par exemple que, si on demandait à quelqu'un

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de prononcer un mot dix fois, chaque occurrence serait prononcée légèrement différemment. Ilexiste simplement une variation autour des unités phonétiques. On peut s'imaginer cette variationcomme étant la variation qui se crée lorsque l'on joue aux dards; il est évident que l'on vararement tirer deux dards exactement au même endroit dans une même partie. Par ailleurs, vouspouvez très bien vous adapter à un changement d'emplacement du jeu, tout comme vouscomprendrez les différents dialectes de votre langue. Ceci est possible parce que nous établissonsdes catégories générales dans lesquelles les sons s'intègrent aussi bien qu'ils le peuvent. Nousappelons ces catégories des phonèmes. Nous mettons les phonèmes entre barres obliques pourles distinguer des allophones puisque les phonèmes impliquent une élimination de la variation. Ily a toujours moins de phonèmes que d'allophones dans une langue. On définit le phonèmecomme étant un son langagier amenant une opposition de sens. On pourrait comparer cephénomène à un filtre, le crible phonologique. On peut prouver que deux sons constituent desphonèmes distincts s'il existe au moins une paire minimale pour cette opposition phonologique.Les mots "bon" et "pont" constituent une paire minimale parce qu'ils ne diffèrent que par un son(/p/ et /b/), parce que ces sons sont comparables (deux occlusives bilabiales, une sourde, l'autresonore) et que les mots ont des sens distincts. Il faut s'assurer que ces trois conditions sontremplies pour parler d'une paire minimale (et donc pour qu'il y ait opposition phonologique).Notons que les mots qui constituent une paire minimale doivent être constitués du même nombrede sons. Mentionnons aussi qu'une paire minimale peut être centrée sur des voyelles ou desconsonnes et que pour être considérés comparables, des sons doivent s'opposer par un seuldescripteur (sonorité, antériorité, etc.). Rappelons-les:

qu'il n'y ait qu'un son de différent entre les mots que ces sons soient comparables (pas plus d'une différence) que les mots aient des sens différents

Le phonème comme classe ou ensemble de sons :

La phonétique donne une description très précise des sons, mais on n'y trouve jamais deuxsons identiques. ex : Le son [i] est différent suivant qu'il est prononcé par un homme ou unefemme, peut être différent aussi chez la même personne suivant les moments (émotion, rhume).Cela pose d'ailleurs des problèmes en reconnaissance automatique de la parole. La variété dessons produits par un locuteur d'une même langue est pratiquement infinie.

Malmberg : "Le nombre des sons physiquement distinct est illimité."

Quand on veut décrire une langue une question se pose : pourquoi se comprend-on quandmême, c'est à dire comment se fait-il que les sons soient perçus correctement malgré lesdifférences de timbre et d'intonation ? La phonologie a tenté d'apporter une réponse (fin XIXèmeBaudouin de Courtenay initie la démarche, la phonologie devient une science à partir de 1920/30avec Troubetskoy puis Bloomfield et Sapir) : Les langues ne retiennent pas toutes les différencesde son, elles retiennent les différences de sons pertinents dans le système linguistique, lesdifférences significatives.

Le son [i] en français remplit la même fonction quel que soit le locuteur. Les différentes façon deprononcer le [i] correspondent à une seule unité abstraite remplissant un certain rôle dans lalangue : le phonème /i/. C'est à partir de sa fonction qu'on postule son existence. De ce point devue, un phonème est un ensemble de sons trouvés dans les mêmes environnements, et quiremplissent la même fonction dans la langue.

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Le phonème comme unité distinctive minimale.

A ce niveau, l'ordre d'apparition est important : "sa" est différent de "as". "le" de "me" : avantune même voyelle, le sens change en changeant une consonne. " ma ", " me " : Cette voyelle "e"constitue-t-elle un phonème? Oui car en changeant cette voyelle, on change le sens. On aprocédé à une commutation : la commutation est une procédure de découverte des phonèmes.

L'opposition (symbolisée par ~) est ce qui distingue un élément phonologique d'un autre.

On utilise la notion d'opposition uniquement entre phonèmes ex : /s/ ~ /z/. On est dans lareprésentation orale des langues quand on a des crochets carrés [s] définissant la prononciation.Il s'agit là de la réalisation effective (ce qu'on entend sortir d'une bouche) du phonème /s/. Làencore, il s'agit de deux niveaux différents. /s/ = Phonologie : Le phonème est une abstraction.[s] = Phonétique : Phénomènes (de production ou de perception) concrets, stade de latranscription. Autrefois, on n'a pas toujours fait la distinction entre représentations écrites etorales, on n'avait pas de convention d'écriture pour l'oral. (ex. "oiseau" : aucun élément del'écriture ne permet de deviner sa prononciation : [wazo]) On a utilisé les mêmes éléments pourtranscrire écrit et oral en utilisant une unité de l'écrit : la lettre. On parlait de la "prononciationd'une lettre" C'est une erreur : une lettre ne se prononce pas, elle s'écrit. Pour eux, le terme delettre pouvait désigner une lettre ou un son. Aujourd'hui, on utilise trois symboles différents pourtrois aspects différents : les guillemets pour spécifier les lettres, crochets pour les réalisations etbarres obliques pour la phonologie.

Le phonème comme ensemble de traits pertinents

Si on considère les oppositions de

voisement, ou de critères auditifs (sonore / sourde), de mode d'articulation de lieu d'articulation

de ce point de vue, le phonème est un ensemble de traits pertinents : /f/ est non voisé, labio-dental, fricatif /Z/ est voisé, palatal, fricatif . Le concret n'est pas suffisant , la phonologie est uneétape abstraite nécessaire pour décrire une langue.

C’est à Baudouin de Courtenay que la linguistique moderne doit la première des notionsessentielles dans l’étude fonctionnel des sons. La notion du phonème il l’a utilisé en 1870 l’ord’une conférence dans laquelle il soutenait la nécessité de la création d’une nouvelle disciplinelinguistique ayant pour objet les rapports entre les représentations acoustico-mautrices et lessignifications lexicales et grammaticales. A F.de Saussure elle doit la deuxième notion : toutaussi importante, celle du système, autrement dit le rapport entre les éléments d’une langue.Le phonème a été longtemps considéré comme segment linguistique minimale. Si l’on tientcompte de la fonction, c'est-à-dire du rapport entre l’unité donnée et l’unité dont elle fait partie lephonème constitue l’unité fonctionnelle minimale, chargée dans la communication de la fonctionsémiotique. La fonction sémiotique couvre plusieurs fonctions du phonème. La première est lafonction distinctive suivie par les fonctions déterminative, délimitative et expressive. De toutesces fonctions celle qui est prise en charge uniquement par la phonologie est la fonctiondistinctive.

Les fonctions délimitative et déterminative débouchent sur la grammaire (la morphologieet la syntaxe) et la fonction expressive sur la phonostylistique. La fonction distinctive du

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phonème peut être envisagée à partir de certains de ses traits caractérisant. Les phonèmes ont unevaleur sociale. Chaque langue dispose d’un système de phonèmes qui lui est propre. Les traitsdistinctifs des phonèmes d’une langue donnée sont perçus de la même manière par tous leslocuteurs. Un étranger on remarque difficilement les traits qui n’ont pas de fonctions distinctivesdans sa langue maternelle.

La différence entre consonnes muées et non muées importante pour les russes n’est passaisie par un français. La valeur sociale confère au phonème une relative autonomie. Ensupposant qu’un français ne connait pas les sens du mot mec il y reconnaitra des phonèmes etune manière d’agencement qui existe en français dans les mots bec, sec. Si l’on décompose lesmots en phonèmes on constate aisément que tout en participant à la réalisation d’unesignification les phonèmes n’ont pas de significations propres, ils sont selon la formule de R.Jakobson vides de toutes significations. Leur rôle est donc de signifier la dissemblance parrapport aux autres phonèmes du même système. Les exceptions sont très rares. En français, parexemple, on peut signaler quelques mots constitués d’un seul phonème, le plus souvent à caused’une évolution phonétique réductrice.Exemple : en, y, on

Ces mots, auxquels on ajoute des interjections et des onomatopées, n’infirme pas lavaleur différentielle des phonèmes connus encore sous la désignation d’altérite. Résultat de lafonction distinctive, la valeur d’altérité n’est pas assurée par le phonème tout entier mais parcertains traits dont il est composé. En continuant la désarticulation des unités de la couche sonoreles phonologues ont constaté que le phonème bien qu’unité minimale de la communication peutêtre décomposé à son tour en plusieurs traits dont le nombre peut varier d’un phonème à l’autre.Le phonème est à vrai dire un cumule de traits distinctifs ou phème. En remplaçant « t » du motthé par « d » du mot dés on garde les traits communs qui forment la base de comparaison et quisont donné par l’appartenance à la même série de consonne, les occlusives, et on commuteuniquement les traits qui sont la marque de la différence – la sonorité, la tension. A partir decette observation R. Jakobson a reformulé se définition du phonème en le représentant commefaisceau de traits distinctifs. Le constituant ultime d’un langage n’est donc pas le phonème, maisle trait distinctif. A la différence du phonème, le trait n’a pas d’indépendance. On ne peut pasprononcer plusieurs phonèmes à la fois. Le phonème est donc une unité successive. En revancheon réunit toujours plusieurs traits ou phèmes à une seule émission vocale. L’ensemble desphonèmes d’une unité phonique constitue un phémème. Au cours de son histoire le systèmephonologique du français a connu des périodes d’enrichissement suivies de périodes deretranchement. Pour affirmer ces qualités distinctives le français contemporain dispose de 16phonèmes vocaliques et de 21 phonèmes consonantiques dont 3 semi-consonnes : iod [j], ué [], oué [w].

La morphonolgieOn appelle morphonologie la science qui étudie les phonèmes ayant une fonction

morphologique. Elle étudie en particulier : La structure phonématique des mots : en français, la structure la plus féconde est

l’alternance d’un phonème consonantique et d’un phonème vocalique. Si l’on rencontredeux phonèmes consonantiques avant ou après un phonème vocalique, le français,contrairement à d’autres langues comme le tchèque (la place de la vieille ville à Pragues’appelle Staromestska), répugne à la succession de trois phonèmes consonantiques,exception faite du [R] et du [l], consonnes liquides, proches des voyelles.

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La structure phonématique des énoncés : il s’agit principalement de la liaison entre lesmots. Les trois phonèmes les plus utilisés sont [z], [t] et [k]. La liaison peut êtreobligatoire (les arbres) ou facultative. Parmis les liaisons facultatives, les plusintéressantes sont celles qui ont un rendement phonologique, c’est-à-dire celles qui sontporteuses de sens. Comparez un savant Anglais avec un savant anglais. Dans le premierénoncé, il est question d’un Anglais (nom) qui est savant (adjectif signifiant : qui saitbeaucoup de choses). Dans le second cas, il s’agit d’un savant (nom désignant uneprofession) qui est anglais (adjectif). A l’écrit, la majuscule indique cette différencesémantique, à l’oral, c’est la liaison faite entre savant adjectif et Anglais nom – quoiquefacultative – qui l’indique.

Les phonèmes à fonction morphologique : certains phonèmes ont une fonctionmorphologique. Par exemple, on constate que [k] est un phonème spécifique de lasubordination. La plupart des subordonnants possèdent ce phonème : pronoms relatifs(qui, lequel, …), mots interrogatifs (comment, …)et conjonctions de subordination(quand, …). Le [R] est spécifique du futur catégorique (je chanterai) ou hypothétique (jechanterais). L’alternance des phonèmes a souvent un rendement dans le systèmephonique. L’alternence [ ] / [o], neutralisé par exemple dans le Midi de la France, permetde différencier l’adjectif possessif notre (ou votre) du pronom possessif le nôtre (ou levôtre).

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III sujet

Le système vocalique du français

Du point de vue de leur production les voyelles sont des phonèmes produites par les vibrationspériodiques de l’air laryngé (avec vibration des cordes vocales) qui passent librement à travers lechenal buccal.

La réalisation d’une voyelle comporte trois phases :

1. L’établissement ou la catastase

2. La tenue ou la duré

3. La détente ou la métastase

Soumise à l’épreuve de commutation les 16 voyelles du français ont témoignées de leur qualitédistinctive, implicitement de leur identité phonologique. Les paires minimales (mot à structureidentique qui diffère en un seul point) établies pour le phonème [i] en sont un argument :

Ex. dit – du – doux – des – deux

Fille – feuille

Il en résulte que le phonème [i] est commutable par [y], [u], [e], [ ], [ ], [ ], [ ], [ ],[ ];en outre il peut former des oppositions avec la semi-voyelle [j] dans les paires pays [ p i] –paye [ p j]

L’analyse des voyelles du point de vue articulatoire révèle que les divers mouvements desorganes phonateurs sont à la base des 9 traits :

1. L’antériorité ou la palatalité (le point d’articulation se trouve dans la partie avant de labouche), la voyelle est dite antérieure ou palatale

2. La postériorité ou la vélarité (le point d’articulation se trouve dans la partie arrière de labouche), la voyelle est dite postérieure ou vélaire

3. Le degré d’aperture (l’écartement des mâchoires). On distingue plusieurs degrés quidonnent leur nom à la voyelle correspondante : fermé, mi-fermé, mi-ouverte, ouverte.

4. La labialité ou l’arrondissement (la projection des lèvres en avant), la voyelle est ditelabiale ou arrondie.

5. La non-labialité ou l’écartement, la voyelle s’appelle écarté

6. L’oralité (réalisation uniquement à l’aide des résonateurs buccaux et des résonateurspharyngales), la voyelle s’appelle orale.

7. La nasalité (intervention du résonateur nasal), la voyelle s’appelle nasale.

8. La tension ou la force, la voyelle s’appelle tendue.

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9. Le relâchement ou la laxité, la voyelle s’appelle relâché.

La présence ou l’absence de l’un des traits susmentionnés permet plusieurs classements. D’aprèsla nasalité les voyelles françaises sont groupées en deux séries :

- Les voyelles nasales [ ], [ ], [ ], [ ]

- Les voyelles orales [i], [u], [y], [e], [ ], [o], [ ], [ ], [ ], [a], [ ]

Lors de l’articulation des voyelles orales la voile du palais se relève fermant par derrière l’entrédes fosses nasales, de sorte que l’air phonateur passe uniquement par la cavité orale où se produitl’articulation. Par contre pour les voyelles nasales la voile du palais s’abaisse légèrement semaintenant à mi-chemin entre la partie de la langue et le pharynx. L’aire phonatoire passesimultanément par les fosses nasales et par la cavité buccale. Si l’on tient compte du fait que larésonance nasale ne varie point et que seule l’articulation orale change d’une voyelle à l’autre,l’appellation voyelle nasale n’est pas très exacte. Il sera plus indiqué d’appeler les voyellesappartenant à cette classe vocalique, voyelles oralo-nasales. Les premières voyelles nasales ontfait leur apparition au 12e siècle. Il s’agit du [ ] et [ ]. Au 13e est apparue la voyelle [ ]. Leprocessus se termine par l’apparition au 14e s de la voyelle [ ].

D’après le point d’articulation (le lieu où la vibration est plus intense situé dans la partie avant oula partie arrière de la bouche) les voyelles françaises peuvent être groupées en deux séries :

- Les voyelles antérieures (palatales) [i], [y], [e], [ ], [ ], [ ], [a], [ ]

- Les voyelles postérieures [u], [o], [ ], [a], [ ], [ ].

On observe facilement que l’antériorité est l’une des caractéristiques principales du français. Surles 16 voyelles françaises, 10 sont antérieures.

D’après l’aperture (la distance verticale qui sépare la langue du palais au point d’articulation) ondistingue 4 degrés comportant chacun une série vocalique :

- Les voyelles fermées (de petite aperture ou degré 1) : [i], [y], [u].

- Les voyelles mi-fermées (d’aperture moyenne ou degré 2) : [e], [ ], [o].

- Les voyelles mi-ouvertes (d’aperture moyenne ou degré 3) : [ ], [ ], [ ].

- Les voyelles ouvertes (d’aperture grande ou degré 4) : [a], [ ]

Les voyelles nasales correspondent à la variante ouverte de la voyelle orale. Seul le phonème [ ]se rattache à la fois à [o], [ ] ; pour son articulation le résonateur buccal participe de la mêmefaçon que pour le phonème [o] mais le résonateur pharyngal a la forme caractéristique àl’articulation du [ ]. C’est un argument pour l’admission de deux symboles dans la transcriptionde cette voyelle nasale ([ ], [o]). Les voyelles d’aperture moyenne sont encore nomméesvoyelles à deux timbres.

14

D’après la labialité on distingue 3 séries de voyelles :

- Les voyelles arrondies [u], [y], [ ], [o], [ ], [ ], [ ], [ ], [ ].

- Les voyelles légèrement arrondies [a], [ ].

- Les voyelles non-arrondies (écartées) [i], [e], [ ], [a], [ ].

La participation des lèvres et du résonateur labial à l’articulation des voyelles consiste dans lerapprochement des commissures et la projection des lèvres en avant.

La labialité est l’un de trait caractéristique du français. Sur les 16 voyelles, 10 sont labiales. Cesvoyelles sont disposées en 2 séries :

- Avant-labiales

- Arrière-labiales

Les palatales arrondies (labialisée) [y], [ ], [ ] sont encore appelées voyelles simultanées : lalangue articule à peu près [i], [e], [ ] et les lèvres [u], [o], [ ]. En comparant les diversclassements obtenus d’après les traits articulatoires on observe qu’ils se regroupent et parconséquent permettent un nouveau classement en 4 séries :

- Palatales simples [i], [e], [ ], [a].

- Palatales arrondies [y], [ ], [ ], [ ].

- Vélaires arrondies [u], [o], [ ], [a].

- Nasales [ ], [ ], [ ], [ ].

L’analyse de la couche sonore du langage du point de vue de la perception par l’oreille humain,révèle certaines particularités physiques de l’onde vocale. De ce point de vue les voyelles sont :des tons ou sons musicaux produits par les vibrations périodiques de l’onde vocale. L’analyseacoustique révèle au fait le nombre, la fréquence, l’amplitude des vibrations d’un son. Cescaractéristiques sont représentées par les traits acoustiques qui sont classés en traits de sonorité(compact, diffus) et en traits de tonalité (grave, aigu). Les traits de compacité résultent d’uneconcentration d’énergie plus élevé, se caractérise par des formants vocaliques plus proches.

La représentation triangulaire de R. Jakobson permet d’observer les interrelations des traits desonorité et de tonalité : [ ] [a]

[ ] [o] [ ][ ][e] [ ]

[u] [i]

Grave aigu

15

L’opposition phonologique est un rapport entre 2 phonèmes commutables qui ont une base decomparaison et une marque d’opposition. Le système d’opposition vocalique peut être envisagéd’après plusieurs critères :

- Le nombre des termes

- La présence de la même relation

- La persistance du tarit distinctive

- La relation logique entre les termes

A partir de ces critères on identifie dans le système phonologique du français 4 typesd’oppositions :

- Les oppositions privative-proportionnelles

- Les oppositions graduelles

- Les oppositions stables

- Les oppositions instables

Critères articulatoires des voyelles

1. Oralité / nasalité

Les voyelles orales se prononcent avec le voile du palais relevé, ce qui ferme le passage nasal.

Les voyelles nasales se prononcent avec le voile du palais abaissé, ce qui laisse passer de l'airpar la bouche et par le nez.

2. L'arrondissement

Pour les voyelles arrondies les lèvres sont arrondies et

projetées en avant: [y] [u] [ø] [ ] [ ] [o] [ ] [ ]

Pour les voyelles non arrondies les lèvres sonécartées ou dans une position neutre: [i] [e][ ][a]

16

3. Fermée / Ouverte

Les voyelles fermées: la langue s'élève et il y a un rétrécissement de la cavité buccale

[i] [y] [u]

[e] [ø] [o]

Les voyelles ouvertes: La langue est en repos ou peu élevée et il y a une aperture dans la cavitébuccale

[ ] [ ] [ ]

[a] [ ]

4. Antérieure / Postérieure

Les voyelles antérieures (aigües): le bout de la langue se déplace vers l'avant de la bouche

[i] [y] [e] [ø] [ ] [ ] [ ] [a]

Les voyelles postérieures (graves): le dos de la langue se masse dans l'arrière de la bouche

[u] [o] [ ] [ ]

CLASSIFICATION ARTICULATOIRE DES VOYELLES

17

IV sujet

Les oppositions privative-proportionnelles sont formées de plusieurs paires basées surle même rapport qui peuvent être formulées comme les proportions en arithmétique. Ellesforment des corrélations ayant chacune sa propre marque dont l’un des phonèmes de l’oppositionest privé, ce qui explique l’appellation opposition privative-proportionnelle. On distingue dans lesystème oppositionnel du français les 4 corrélations suivantes :

- La corrélation d’aperture qui oppose les phonèmes de la série d’aperture 2 non marquéaux phonèmes de la série d’aperture 3 marqué

[e] / [ ] [ ] / [ ] [o] / [ ]

Elle est révélée par des paires minimales

Les [ le] - lait [ l ]

Jeûne [ n] – jeune [ n]

Paume [pom] - pomme [p m]

- La corrélation de nasalité qui oppose les voyelles orales aux voyelles nasales

[a] / [ ] [ ] / [ ] [ ] / [ ] [ ] / [ ]

La présence de la marque représenté par le trait nasale explique les différences de significationentre les paires comme :

Paix [ p ] – pain [ p ]

Lait [ l ] – lin [ l ]

Beau [bo] – bon [b ]

- La corrélation de bémolisassions oppose les voyelles de la série des voyelles palatalesécartée (buzele se alungesc) à la série des voyelles palatales arrondies.

[i] / [y] [e] / [ ] [ ] / [ ] [ ] / [ ]

La labialité ou la bémolisassions distingue des unités lexicales comme :

Lit [li] – lu [ly]

Des [de] – deux [d ]

Sel [s l] – seul [s l]

Brin [bR ] – brun [bR ]

18

- La corrélation de tonalité qui oppose la série des voyelles palatales arrondies aux voyellesvélaires arrondies

[y] / [u] [ ] / [o] [ ] / [ ] [ ] / [ ]

Elle est mise en évidence par des paires :

Lu [ly] – loup [lu]

Peu [p ] – pot [po]

Seul [s l] – sol [s l]

Les oppositions graduelles sont dues à un seul et même trait dont la réalisation connait desdegrés différents. Elles peuvent être illustrées par les oppositions graduelles d’aperture quipartent du degré 1 pour aboutir au degré 3 ou 4.

[i] [e] [ ] [a]

[y] [ ] [ ]

[u] [o] [ ] [ ]

La progression de l’aperture est illustrée par des exemples comme :

Lit [li] - Les [le] - Lait [ l ] – La [la]

Pu [py] - Peu [p ] – Peur [p R]

Tout [tu] – Tôt [to] – Tort [t R] – Ta [t ]

Les oppositions stables sont respectées de façon unanime par tous les locuteurs dans tousles contextes. On peut en signales les 4 séries suivantes :

- Les oppositions à l’intérieur du degré d’aperture les plus fermées (1) et les phonèmes [i],[y], [u]

Si [si] - su [sy] - sous [su]

- Les oppositions entre le degré le plus fermé (1) et les degrés moyennes (2 ou 3) du type :

Si [si] – ses [se]

Su [sy] – ceux [s ]

Sous [su] – sot [so]

Les oppositions entre les voyelles fermées du degré 1 et les voyelles mi-ouvertes [ ],[ ],[ ]du degré 3 ne peuvent se manifester que dans la syllabe fermée (c'est-à-dire terminée par uneconsonne prononcée).

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Ex : cire [siR] – serre [s R]

Sur [syR] – sœur [s R]

- Les oppositions entre les degrés moyens ou d’aperture 2 ou 3 et le degré 4 du type :

Peu [p ] – pas [p ]

Peur [p R] – par [paR]

- Les oppositions entre les 3 éléments stables de la série des voyelles nasales

Pain [p ] – Pont [p ] – pan [p ]

Les oppositions instables sont partagées en oppositions instables non-neutralisablesrespectées seulement par une partie des locuteurs et les oppositions instables neutralisablesdiversement respectées et conditionnées par la position. Les oppositions instables non-neutralisables gardent leur pouvoir distinctif dans toutes les positions mais elles ne seréalisent pas chez tous les locuteurs. L’opposition [a] - [ ] n’est pas respectée à tout lesniveaux de la langue et dans toutes les régions de la France. Elle est illustrée par des pairescomme :

La [la] – las [l ]

Bat [ba] – bas [b ]

Mal [mal] – mâle [m l]

Dans les syllabes terminées par consonnes prononcées ou le « a » est allongé on manifeste latendance à se servir uniquement de la durée pour obtenir une signification différente. Onoppose dans ce cas [a] - [a :] de sorte que patte – pâte se différencie uniquement par la duréede la voyelle (allongée dans le mot pâte). En français contemporain on remarque pourtant latendance à la neutralisation en faveur de [a] dans la configuration suivante :

- Après la semi-consonne [w] on doit prononcer [ ] mais on prononce [a]

Trois [tRw ] - [tRwa]

Les oppositions instables neutralisables sont respectées dans certains position et cesse de semanifester dans d’autres. La neutralisation consiste dans l’annulation du pouvoir distinctifdans une position déterminé appelé « position de neutralisation ». La position où le pouvoirdistinctif des phonèmes appariés (împerecheate) fonctionne s’appelle « position depertinence ». La neutralisation est conditionnée par la structure syllabique et par la positionpar rapport à la syllabe accentuée ou bien par rapport à la syllabe accentuable. Seule lasyllabe qui se trouve à la fin d’un mot phonique ou phonologique est frappée par l’accentd’intensité (tonique). La distribution des phonèmes qui figurent dans les oppositionsneutralisables ne tient pas compte de la présence d’un accent d’intensité mais plutôt ducaractère accentogène (susceptible de recevoir un accent) de l’unité lexicale. Leconditionnement syllabique et accentué est rendu par les 4 contextes suivants :

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1. Syllabe fermée finale accentuable ou accentuée. La syllabe est fermée si elle finit par uneconsonne prononcée (C1)

Ex : père, belle, rose.

2. Syllabe libre (ouverte) finale accentuable ou accentuée. La syllabe est libre si elle finitpar voyelle prononcée. (C2)

Ex : thé, beau, tableau.

3. Syllabe fermée non-finale inaccentuable. La syllabe inaccentuable précède d’habitudeune syllabe finale. (C3).

Ex : por-ter, ter-mi-ner

4. Syllabe ouverte (libre) non-finale inaccentuable. (C4).

Ex : jeu-di, mo-no-ton

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V sujet Les oppositions vocaliques

L’opposition [ ] - [e]

La position de pertinence est représentée par le contexte 2. Elle est illustrée par plusieurspaires minimales :

Née [ne] – naît [n ]

Ces [se] – c’est [s ]

Les positions de neutralisation sont habituellement plus nombreuses. On utilise [ ] dans lescontextes :

- Dans la syllabe fermée finale (C1) : bec [b k], avec [av k]

- Dans la syllabe fermée non-finale (C3) : rester [r ste]

- Dans la syllabe ouverte finale ou accentuable (C2) : bouquet [buk ]

On utilise [e] dans les contextes suivants :

- Dans la syllabe ouverte finale ou accentuable (C2) lorsque la voyelle est rendue par lesgraphèmes é, ée, er, ier, ez, ai (dans les désinences verbales et le présent du verbe« avoir ») : beauté [bote], née [ne]

- Dans la syllabe ouverte non-finale ou inaccentuable (c4) lorsque la voyelle est rendue paré, e+consonne double autre que « r », e+sc : descente [des t]

L’opposition [o] - [ ]

La position de pertinence de l’opposition [o] - [ ] est donnée par le contexte syllabe ferméefinale (C1). C’est l’une des oppositions le mieux observé du français contemporain. Elle estillustrée par des paires minimales comme :

Pomme [p m] – paume [pom]

Notre [n tR] – nôtre [notR]

Les positions de neutralisation en faveur de [ ] sont :

- Syllabe finale fermée par consonne autre que « z » : école [ek l]. Devant r, v, z, j lavoyelle « o » est allongée : port [p :R]

- Syllabe fermée non-finale innaccentuable (C3) terminée par consonne autre que « z » :ospice [ spis]

- Syllabe ouverte non-finale (C4) contient un [ ] dans la plupart des cas : monotone[m n t n]

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Les positions de neutralisation en faveur du [o] sont les suivantes :

- La syllabe finale fermée par « z » (C1) : rose [Roz], pause [poz]

- La syllabe finale fermée (C1) dans laquelle la voyelle est rendue graphiquement par« au » : épaule [epol]. On détache de cette série les syllabes fermées par « r » quiprésentent des [ ] : laure [l R]

- La syllabe finale fermée (C1) dans laquelle la voyelle est rendue graphiquement par« ô» : rôle [Rol], côte [kot]

- La syllabe finale fermée par « m » (C1) dans les mots d’origine grecque : idiom [idiom],brom [bRom]

- La syllabe non-finale fermée par « z » (C3) : j’oserai [ o-z -Re]

- La syllabe ouverte finale (C2) : beau [bo], faux [fo]

- La syllabe ouverte non-finale (C4) lorsque la voyelle est rendue par les graphèmes « au »,« ô » : applaudir [aplodiR]

- La syllabe ouverte non-finale (C4) placée devant une syllabe qui commence par « z » :rosée [Roze], causé [koze]

- La syllabe ouverte non-finale (C4) appartenant à des préfixes en « o » : audio-visuel[odiovizy l]

L’opposition [ ] - [ ]

La position de pertinence de l’opposition [ ] - [ ] est offerte par la syllabe fermée finaleou accentuable (C1). Le peu d’exemples qu’on trouve.

Les positions de neutralisation en faveur de [ ] sont :

- La syllabe finale fermée par consonne autre que « z, t, j, tr ». La plupart des exemplesfinissent par « r, f, v, vr, l, bl, gl, pl » : dictateur [diktat R], peur [p R]

- La syllabe non-finale fermée par consonne autre que « z » (C3) : seulement [s lm ]

Les positions de neutralisation en faveur de [ ] sont :

- La syllabe finale fermée par « z » (C1) : vendeuse [v d z]

- La syllabe finale ouverte (C2) : bleu [bl ], feu [f ]

- La syllabe finale fermée par « t, j, tr» : neutre [n tR]

- La syllabe non-finale fermée par « z » et « s » (C3) : affreusement [afR zm ]

- La syllabe ouverte non-finale (C4) devant une syllabe qui commence par « z » : deuxième[d zj m]

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VI sujet

Le système consonantique

A la différence des voyelles qui doivent leur caractère résonant au fait qu’elles sont produitesdans une cavité libre, les consonnes résultent du resserrement ou du contact des organesarticulatoires en un point donné. Leur réalisation comporte 3 phases :

- La tension (catastase)

- La tenue (durée)

- La détente (la métastase)

La première phase présente l’alternative barrage-passage lorsque les organes articulatoiresentrent en contact ils mettent en place le barrage et coupent le flux verbale pendant la tenue. Lesorganes s’écartent pendant la troisième phase et cèdent à la pression de l’air phonatoire. Uneconsonne ainsi réalisée est discontinue, momentanée. Elle s’appelle occlusive. Si les organesarticulatoires se resettent sans se toucher, la colonne d’air se rétrécie seulement et l’on réaliseune consonne continue appelée constrictive ou fricative. Traditionnellement l’inventaire desphonèmes consonantiques du français enregistre 19 phonèmes dont une semi-consonne [j] : [p],[b], [m], [n], [f], [v], [t], [d], [s], [z], [ ], [ ], [k], [g], [R], [l], [ ] (ex. signer), [ ] (ex. parking).D’après l’examen de la nature et du fonctionnement des semi-consonnes [ ] et [w] on aconstaté que leur comportement est similaire à celui du [j]. La seule différence notable entre les 3semi-consonnes est la nature distributionnelle. Au contraire du [j] qui apparait en finale desyllabe, [ ] et [w] n’occupe jamais cette position. La qualité vocalique des phonèmes [j], [ ]et [w] est soutenue par le fait qu’à l’intérieure du mot elles sont interprétées comme desvariantes positionnelles non-syllabiques des voyelles correspondantes. Les traits distinctifs quiopposent le [j] du mot scier (a despica) à [ ] du mot suer et à [w] du mot souhait sont ceux quidistinguent [i] de [y] et du [u]. Les consonnes se réalisent par un cumule de traits déterminéspar le mode d’articulation, le point d’articulation, la position du voile du palais, la régulation descordes vocales, etc. Les principaux traits distinctifs des consonnes sont :

1. L’occlusion (fermeture totale du canal buccale). La consonne s’appelle occlusive ouexplosive

2. La constriction (rétrécissement du canal buccale). La consonne s’appelle constrictive,spirante, fricative.

3. La latéralité (contacte au milieu du canal buccale, l’air sorte par les 2 côtés latéraux defaçon souvent dissymétrique). La consonne s’appelle latérale.

4. La vibration (suite de l’occlusion produite par la pointe de la langue ou la luette). Laconsonne s’appelle vibrante.

5. La nasalité (le passage de l’air par les fausses nasales). La consonne s’appelle nasale.

6. La labialité (la participation des lèvres). La consonne s’appelle labiale.

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7. La dentalité (articulation avec la pointe de la langue contre les alveoles). La consonnes’appelle dentale.

8. La palatalité (articulation contre la partie antérieure du palais). La consonne s’appellepalatale.

9. La vélarité (articulation contre le palais mou ou le voile du palais). La consonne s’appellevélaire.

10. L’apicalité (articulation avec la pointe de la langue contre les alvéoles). La consonnes’appelle apicale.

11. La dorsalité (articulation avec le dos de la langue). La consonne s’appelle dorsale.

12. L’uvularité (articulation contre la luette avec vibration contre la luette). La consonnes’appelle uvulaire.

13. La sonorité (vibration des cordes vocales).la consonne s’appelle sonore.

14. La sourdité (absence des vibrations des cordes vocales). La consonne s’appelle sourde.

15. La force (résistance au courant d’air au point d’articulation). La consonne s’appelle forte.

16. La douceur (articulation plus faible). La consonne s’appelle douce.

D’après le mode d’articulation les consonnes sont partagées en 2 séries :

- Les consonnes occlusives : [p], [b], [m], [n], [t], [d], [k], [g], [ ], [ ].

- Les consonnes constrictives : [f], [v], [s], [z], [ ], [ ], [R], [l], [j], [ ], [w].

D’après le lieu d’articulation les occlusives et les constrictives forment plusieurs sériesqu’une coupe sagittale de la cavité buccale nous permet d’identifier à différents endroits deslèvres jusqu’aux pharynxes. L’action conjuguée des zones de la partie supérieure et inférieure dela cavité buccale permet de dégager les traits qui groupent les phonèmes consonantiques de lamanière suivante :

1. Les labiales :

- Les occlusives articulées par le contacte des lèvres : [p], [b], [m],

- La constrictive bilabiale médio palatale [ ]

- La constrictive vélaire [w] articulée par l’arrondissement des lèvres

2. Les labiodentales (articulées en rapprochant les lèvres des incisives).

- Les constrictives [f], [v]

3. Les apico-alvéolaires (articulées avec le bout de la langue)

- Les occlusives [t], [d], [n]

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- Les constrictives sifflantes [s], [z]

- Les constrictives liquides dont la latéral [l]

4. Les dorsaux ou pré palatales (articulées avec le dos de la langue contre la zone prépalatale) :

- Les constrictives chuintantes : [ ], [ ]

5. Les dorsaux palataux (articulées en relevant le dos de la langue vers le milieu du palais) :

- Les occlusives [k], [g] + voyelle palatale : gare, guère, …

- L’occlusive nasale medio-palatale [ ]

- La constrictive [j] de la série des semi-voyelles

6. Les dorsaux vélaires (articulées en relevant le dos de la langue vers la zone voisine duvoile du palais) :

- Les occlusives [k], [g] + voyelle vélaire (u, o) : cou, goût, cor, gomme.

7. Les radicaux-uvulaires (articulées en rapprochant la racine de la langue au voile dupalais) pour [R].

En français le phonème [R] connait trois variantes libres : r, R, [ʁ]

« r » apicale ou roulé de latin, du grec et du français jusqu’au 18e s est rencontré actuellementdans certaines régions uniquement : les Périnées Orientales, la Bourgogne, la Wallonie et leQuébec.

« R » variante graciée, pharyngale vibré, plus rependu.

[ʁ] toujours pharyngale mais dévibré appelé encore « r » parisien.

D’après l’alternative force-douceur réalisé par la pression du contact dans le cas desconstrictives on distingue trois séries consonantiques :

- Les consonnes fortes : [p] [t] [f] [s] [ ] [k]

- Les consonnes douces : [b] [d] [v] [z] [ ] [g]

- Les consonnes faibles : [m], [n], [ ],[ ], [l], [j], [ ], [w], [R], [r], [ʁ]

D’après l’alternative sonorité-surdité les consonnes sont partagées en :

- Consonnes sonores (voisées) : [b] [d] [g] [v] [z] [ ] [l] [m] [n] [R], [r], [ʁ]

- Consonnes sourdes (non-voisées) : [p] [t] [k] [f] [s] [ ]

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La sonorité résulte du fait que la colonne d’air devient vibrante après avoir dépassé les cordesvocales qui se referment sur elles selon un rythme qui constitue la fréquence fondamentale ou lahauteur musical.

Critères articulatoires des consonnesMode d’articulation

Le mode d'articulation est défini par un certain nombre de facteurs qui modifient la nature ducourant d'air expiré :

- intervention des cordes vocales ou mise en vibration: articulation sonore

- fermeture momentanée du passage de l'air suivie d'une ouverture brusque (explosion):articulation occlusive

- rétrécissement du passage de l'air qui produit un bruit de friction ou de frôlement : articulationfricative

- position abaissée du voile du palais: articulation nasale

- contact de la langue au milieu du canal buccal; l'air sort des deux côtés: articulation latérale

- une série d' occlusions brèves et séparées de la luette: articulation vibrante

Point d' articulation

Le point d'articulation est l'endroit où se trouve, dans la cavité buccale, un obstacle au passagede l'air. De manière générale, on peut dire que le point d'articulation est l'endroit où vient seplacer la langue pour obstruer le passage du canal d'air.

Le point d'articulation peut se situer aux endroits suivants :

les lèvres (articulations labiales ou bilabiales)

les dents (articulations dentales)

les lèvres et les dents (articulations labio-dentales)

les alvéoles (articulations alvéolaires)

le palais (articulations palatales)

le voile du palais (articulations vélaires)

la luette (articulations uvulaires)

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Organeanatomique

Nomenclaturephonétiquecorrespondante

1 lèvres labiales2 dents dentales3 alvéoles alvéolaires4 pré-palatales5 médio-palatales6

palais durpost-palatales

7 pré-vélaires8

voile du palaispost-vélaires

9 luette (uvula) uvulaires10 pharynx pharyngales11 larynx laryngales12 glotte glottales

13 apex apicales(pré-dorsales)

14 dos médio-dorsales15 racine

de la langue

radicales (post-dorsales)

dorsales

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VII sujet

L’analyse acoustique

L’analyse acoustique est un trait de tonalité et de sonorité qui nous permet de rapprocher lesphonèmes vocaliques et les phonèmes consonantiques en vertu de traits qui leur sont communs.Dans la classe des constrictives les nasales diffuses [m] et [n] s’opposent aux nasales compactes[ ] et [ ]. Les constrictives compactes [ ] et [ ] s’opposent aux constrictives diffuses [v] et [f].Sur l’axe des tonalités les diffuses à la différence des compactes se divisent en :

- Graves : les occlusives labiales [p], [b] ; les constrictives labiodentales [f], [v] ; la nasalelabiale [m].

- Aigues : les occlusives dentales [t], [d] ; les constrictives dentales [s], [z], la nasaledentale [n].

Le caractère compact est propre aux consonnes articulées dans les parties médianes et arrièrede la bouche appelée par R. Jakobson consonnes centrifuges. Alors que le caractère diffus estpropre aux consonnes articulées dans la partie avant de la cavité buccale appelé par R. Jakobsoncentripètes. Les traits graves et aigues qui partagent les diffuses en 2 séries concernent eux aussile point d’articulation. Les bilabiales [p], [b], [m] et les labiodentales [f], [v] sont graves. Alorsque les apico-alvéolaires [t], [d], [n], [s], [z] sont aigues. La phonétique combinatoire a pourobjet les modifications subites par certain phonème à cause des phonèmes voisins. AndréMartinet remarque que chaque phonème contribue à déterminer la nature de ses voisins et voit lasienne déterminée par eux.

Les variantes combinatoires ou allophones appelées encore variantes contextuelles sont endistribution complémentaire. Le phonème [k] qui précède [i] est différent du phonème [k] quiprécède [y]. Le phonème et l’allophone ont des traits communs mais à la différence du phonèmequi ne retient que les traits à valeur distinctif propre, l’allophone contient aussi un traitsupplémentaire pris au contexte, plus précisément au phonème voisin. Les traits supplémentairesinclus dans les allophones sont encore appelés correlations secondaires. Les plus importantes deces correlations sont :

- La vélarisation

- La labialisation

- La labio-vélarisation

- La labio-palatalisation

- La palatalisation

La palatalisation se produit par le recule du point d’articulation à la suite du contacte avec unevoyelle vélaire.

Ex : « l » du mot loup est plus reculé que « l » du mot lit

La labialisation est la conséquence du contacte avec une voyelle labiale.

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Ex : l’allongement du canal buccale au moment où l’on passe du [ ] à [u] dans le mot chou

La labio-vélarisation se produit au contacte avec les phonèmes [o], [ ], [u] à la suite du reculedu point d’articulation et de l’arrondissement des lèvres survenu simultanément.

La labio-palatalisation consiste à la fois dans l’arrondissement des lèvres et l’élargissement dela surface du contacte de la langue sur le palais dur.

La palatalisation est la plus importante des variantes combinatoires du français au temps parl’étendue du phonème – toutes les consonnes peuvent se palataliser par son importance dans laformation du système phonologique du français. Par exemple le phonème [n] alveo-dentaledevient [ ] à la suite d’une palatalisation. La tendance à la diversification phonématiqueillustrée par les variantes combinatoires mentionnées a une tendance à l’uniformisation desphonèmes consonantiques comme effet de l’assimilation. Elle peut se produire entre 2 phonèmesen contact immédiat ou bien à la distance. D’habitude les assimilations consonantiques semanifestent dans les séries de la corrélation de la sonorité. Le voisement (sonorité) serra l’effetdu voisinage d’une consonne sonore (voisée) et le dévoisement (surdité) résultera de l’actiond’un phonème sourd (dévoisé). L’assimilation peut être régressive (anticipant) lorsqu’on assimilele phonème qui précède. C’est ainsi que le phonème [k] peut être prononcé « g » dans des motscomme anecdote, eczéma. Le phonème [s] peut être prononcé « z » dans des motscomme svelte, Lisbonne. Par l’assimilation progressive on assimile le phonème qui suit. C’estainsi que dans les mots comme cheval ou cheveu le phonème [v] peut s’entendre « f ». Parfois lemême mot connait les 2 types d’assimilations en fonction de différents facteurs.

Les oppositions consonantiques

On distingue plusieurs types d’oppositions :

1. Les oppositions privatives proportionnelles. On en dégage les corrélations suivantes :

- La corrélation de sonorité qui comporte 6 membres :

[p] / [b] [t] / [d] [k] / [g] [f] / [v] [s] / [z] [ ] / [ ]

Les consonnes de la série supérieure (p,t,k, …) oppose le trait dévoisé (sourd) au trait voisé(sonore) de la série inférieure. L’identité de chacun des ordres de ces corrélations rendentfacilement décelable la présence ou l’absence de la voix qui est la seul à distinguer les 2 séries.

- La corrélation de nasalité qui oppose les consonnes occlusives nasales aux occlusivesorales qui ont le même point d’articulation

[b] / [m] [d] / [n] [g] / [ ]

De nombreuses paires minimales illustrent cette opposition surtout si l’on tient compte du faitqu’à côté de la consonne sonore on introduit dans cette corrélation la variante sourdecorrespondante.

Ex : On oppose habit [a b i] à ami [a m i] ; thé [t e] à nez [n e]

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- La corrélation de gémination oppose la consonne simple à une consonne géminée etcomporte les ordres :

R / RR m / mm d / dd s / ss t / tt l / ll j / jj

La corrélation peut être primaire ou secondaire, accidentelle. Le premier cas (primaire) estillustré par la corrélation r/rr et j/jj. Caractéristique au paradigme verbale : courir, croire,voire, employer, …

Ex : l’imparfait du verbe courir je courais s’oppose au conditionnel présent je courrais

La gémination secondaire peut être le résultat de l’enchaînement de 2 signifiants dans laséquence qui crée des contextes favorables à la suppression du [ ] à l’intérieure du motphonique.

Ex : la dent [la d ] – la dedans [la d d ]

2. Les oppositions privatives isolées visent le fait que le français n’offre pas la possibilitéd’arranger les oppositions privatives (un phonème marqué opposé à un phonème non marqué) enproportion où on peut identifier quelques oppositions de ce genre qui fonctionnent isolémentsans pouvoir former une corrélation. Il s’agit des oppositions suivantes :

m/n – marine – narine

n / - anneau – agneau

j / – nier – nuer

/ w – nuer - nouer

3. Les oppositions neutralisables - le système consonantique du français se caractérise parune remarquable stabilité. La seule opposition qui manifeste la tendance à la neutralisation estl’opposition privative proportionnelle de sonorité. La marque de sonorité est une constante àcause des assimilations. Dans le mot absolu le phonème [b] devient [p] ; dans svelte [s] devient[z]. Le grand nombre d’oppositions de type privatif et les corrélations qu’elles forment, la raretédu phénomène de neutralisation témoigné du pouvoir distinctive totale des oppositionsconsonantiques et de leur remarquable rendement fonctionnel.

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VIII sujet

Phonématique et grammaire du français

Pour mieux saisir les particularités des combinaisons résultés du voisinage des phonèmes ilfaut recourir à la notion corrélative d’objet composé et d’objet composant. La phrase en tempsqu’unité phonologique supérieure se décompose en plusieurs constituants ou mot phonique (motphonologique ou groupe rythmique). A leur tour les dernières se décomposent en syllabe quiconstitue les plus petites des unités supérieures au phonème. L’emploi de la segmentation et dela jonction intra et inter syllabique comme principe d’analyse assure l’unité du cadre où l’onréunit des aspects ordinairement dispersés. Ici entre : les implications morphologiques, lasyllabe et les phénomènes syntaxiques (l’élision – prima vocale cade, l’enchaînement, la liaison,l’instabilité du muet). Les plus petites unités de sens désignées par différents termes – ils sontnommées monèmes et morphèmes par A. Martinet ou minima formels par R. Jakobson – ontune structure phonologique qui présente souvent des modifications combinatoires ou desmutations phoniques à fonction morphologique. La désarticulation en monèmes ne coïncidegénéralement avec le découpage syllabique. Les moyens phoniques à fonction délimitative sontplutôt rares en français bien que les relations entre la grammaire et entre la phonologie ont étéconstantes au long de l’histoire. Dans la perception de la parole les traits distinctifs ont la doublecapacité de différencier le sens et le déterminé. R. Jakobson souligne que dans l’acquisition de laparole par l’enfant la détermination du sens n’apparait qu’en second lieu. Troubetzkoyaffirmait « La morphophonologie est une partie de la grammaire qui joue un rôle important danspresque toutes les langues mais qui n’a encore été étudié dans presque aucune langue. Lamorphophonologie qui est un terme de liaison entre la phonologie et la morphologie est déjà parcette position centrale dans le système grammaticale appelé la plupart du temps à fournir unecaractéristique large du type propre à chaque langue. La formation d’une unité lexicale résulted’un compromis entre des nécessités morphémiques et phonétiques. La morphémique imposeune forme de base et la phonétique a la possibilité de l’adopter aux lexèmes choisis. G.Gomenheim souligne l’importance de rôle des alternances vocaliques dans la constitution desdésinences verbales où elles marquent la catégorie du nombre et de la personne. Le présent del’indicatif comporte un minima sémantique formé de zéro phonique dans les formes : je chante[ t], tu chantes, il chante, ils chantent.

Les alternances consonantiques sont plutôt appelées à marquer les catégories grammaticalessu genre et du nombre. Zéro phonique s’oppose à une consonne pour marquer le féminin decertain substantif ou adjectif.

Ex : loup – louve ; grand – grande

Cette alternance peut entrainer la modification de la voyelle finale du masculin : voisin –voisine.

L’enchaînement et la liaison sont deux phénomènes qu'on observe dans la langue parlée.Leur fonction essentielle est de faciliter la prononciation des mots lorsque ceux-ci sontprononcés les uns à la suite des autres dans des phrases ou des expressions qui comprennent plusd'un mot. L’enchaînement et la liaison réorganisent la structure syllabique des mots qui fontdésormais partie d'une phrase ou d'une expression. Cette réorganisation de la structure syllabiquea une influence sur le rythme de la phrase, son accentuation; bref, sur sa prosodie, comme nous

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le verrons au prochain tutoriel. En attendant, notre objectif principal est d'examiner en quoiconsiste l'enchaînement et la liaison.

La syllabe

L’unité phonologique supérieure au phonème qui offre le cadre le plus propice à lamanifestation des phénomènes combinatoires et rythmiques est la syllabe. Du point de vuephysiologique elle est définie comme portion de la chaîne parlée comprise entre 2 minima (pose)de tension musculaire. Le français se caractérise par le fait que l’élément vocalique peut former àlui seule des syllabes.

Ex : on, eux, eau.

En français le découpage des syllabes présente les caractéristiques suivantes :

- Les groupes de deux consonnes (diphonèmes) dont la deuxième est une liquide (l ou r) nese décompose pas : a-dresse, ou-blier, é-glise

- Les groupes formés de consonnes + semi-consonne ne se décompose pas : mi-nuit, moi-tié, a-voir

- Les diphonèmes qui ne comporte ni liquide ni semi-consonne se sépare après le premierélément : ac-tif, am-né-sie, bal-con. Les diphonèmes peuvent souvent apparaître à la suitede la suppression de [ ] précède d’une seule consonne prononcé : développement [dev-l p-m ].

- Les diphonèmes formées de consonnes géminées peuvent être découpées soit après lapremière consonne : grammaire [gRam- R] soit en considérant la consonne géminéecomme simple : grammaire [gRa-m R].

- Les triphonèmes (groupes de trois consonnes) formés de consonnes constrictives oucontinues + consonne occlusive (momentané) + consonne constrictive (continuée) sesépare après la première consonne : es-clave, fil-trer.

- Les triphonèmes formés de consonnes occlusives + consonne constrictive sifflante +consonne occlusive se sépare après la sifflante : ex-ter-mi-ner.

- Les triphonèmes formés de ps ou ks se sépare après p ou k. la sifflante se retache à lasyllabe suivante où elle précède le [j] : exception [ek-s p-sj ], section [s k-sj ].

L’enchaînement vocalique et consonantique, la liaison, l’élision et la caducité de [ ] muetrésulte de l’agencement des éléments de la forme du contenu en unités correspondantes de laforme de l’expression. La syntaxe et la phonologie se rejoigne donc au plan de la forme.

La syllabe est une composante importante de la phonologie. Son étude consiste àdéterminer comment les allophones sont prononcés en groupes divisibles à l'intérieur du mot. Letype de groupement varie de langue en langue, d'où l'importance pour l'apprenant-e de langueseconde d'en connaître la structure. De plus, la syllabe fait partie de la phonologie puisquepersonne n'a réussi à isoler l'aspect phonétique qui permettrait de diviser les suites de sons en

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syllabes, malgré que presque tous aient une idée de ce qu'est une syllabe. La syllabe estcomposée en théorie de trois parties: l'attaque, le noyau et la coda. L'attaque est la premièrepartie de la syllabe; elle est composée de consonnes. Le noyau est la partie centrale et essentiellede la syllabe; il est composé de voyelles. La coda est la partie finale de la syllabe et elle estcomposée de consonnes. L'attaque et la coda ne sont pas essentielles à la syllabe (une syllabepeut n'avoir qu'un noyau, comme pour le mot "eau").

Prenons le mot "parler". La première syllabe du mot est /paR/ où on retrouve uneconsonne en attaque (/p/, "p"), une voyelle au noyau (/a/, "a") et une consonne dans la coda (/R/,"r"). Cette syllabe est dite fermée parce qu'elle a une coda. La seconde syllabe est /le/ qui estcomposée d'une attaque (/l/, "l") et d'un noyau (/e/, "er"). Cette syllabe est dite ouverte parcequ'elle n'a pas de coda. En résumé, une syllabe doit obligatoirement comporter un noyau, et ellepeut aussi avoir une attaque et/ou une coda; en revanche, une attaque ou une coda peutcomporter deux ou trois éléments (on parle dans ces cas d'attaques et de codas branchantes). Parexemple, le mot français "strict" contient une syllabe: /stRikt/. L'attaque est constituée de troisconsonnes (attaque complexe: /stR/) et la coda comporte deux consonnes (coda complexe: /kt/).Pour revenir sur les glides, nous pouvons voir ici qu'elles ne peuvent pas faire partie du noyau.Le français a une syllabe habituellement ouverte. Quatre-vingt pour cent des syllabes en françaissont ouvertes. Du vingt pour cent qui reste, près de la moitié sont des syllabes qui se terminentpar /R/. On peut donc affirmer sans trop avoir peur de se tromper que si l'on trouve une consonneentre deux voyelles comme dans le mot "ami", la consonne fera partie de la seconde syllabe. Eneffet, la syllabe tentera de trouver une attaque et éviter d'avoir une coda. On trouvera même dessyllabes dont l'attaque se complexifie pour éviter la coda dans la syllabe précédente (e.g."Australie" qui peut se diviser soit comme "Au-stra-lie" soit comme "Aus-tra-lie" ou "pesticide"qui peut faire "pe-sti-cide" ou "pes-ti-cide'). Cela n'est possible que si la consonne qui constituela première consonne d'un groupe de trois en attaque est un /s/.

L’enchaînement

L’enchaînement consiste en une jonction intra syllabique ou une jonction inter syllabiquequi assure la cohésion du syntagme. L’enchaînement consonantique se réalise par une jonctionintra syllabique. La dernière consonne d’un signifiant passe dans la première syllabe dusignifiant suivant qui commence par voyelle ou h muet. Dans la phrase « Il arrive » on détacheles syllabes [i-la-Riv]. L’enchaînement consonantique est le fait de lier la consonne finalenormalement prononcée d’un mot à la voyelle qui débute le mot suivant.

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L'enchaînement à pour effet de modifier la structure syllabique des deux mots qui se suivent,lesquels sont désormais prononcés en un seul groupe de souffle, c'est-à-dire sans qu’il y ait decoupure de voix entre eux deux.

L’enchaînement vocalique se réalise par une jonction inter syllabique. Il consiste dans lepassage sans arrêt de la dernière voyelle prononcée d’un signifiant à la première voyelle dusignifiant suivant. L’enchaînement vocalique est le fait de lier la voyelle finale prononcée d’unmot à la voyelle qui débute le mot suivant. Les mots sont enchaînés en un seul groupe de souffle,sans qu’il y ait de coupure de voix entre eux. L'enchaînement vocalique se fait naturellement etla structure syllabique reste intacte, comme le suggère l'exemple suivant: « J'ai eu un billet. »Dans cette séquence, "ai" est enchaîné à "eu", lui-même enchaîné à "un" dans un même groupede souffle (il n'y a pas d'arrêt de la voix entre les mots). Notez que l’enchaînement vocaliquediffère du phénomène de transition articulatoire que l’on remarque lors du passage entre la semi-voyelle et la voyelle qui suit. En effet, l’enchaînement vocalique conserve la netteté articulatoireet la valeur de syllabe des deux voyelles enchaînées tout en produisant l’impression d’un soncontinu. La transition articulatoire, quant à elle, fait en sorte que le contact entre la semi-voyelleet la voyelle qui suit ne produise qu’une seule et même syllabe. Dans la phrase « Il va authéâtre » découpée en 5 syllabes [il-va-o-te-atR] les voyelles a et o sont prononcées sans coupurebrusque sans former pourtant un diphtongue. D’ailleurs elles ne se prononcent pas sur le mêmeton.

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IX sujet

La liaison

La liaison, le mot le dit, consiste à lier à l'oral deux mots qui se suivent de manière àrecréer un contexte favorable à l'enchaînement consonantique. Elle se fait, cette liaison, eninsérant une consonne entre les deux mots à lier. La consonne qui apparaît lors dans la liaison estune consonne orale. Elle provient de la forme écrite du mot à lier et plus particulièrement de laconsonne finale de ce mot. Cette consonne finale écrite reste normalement muette lorsque le motest prononcé seul ou qu'il termine une phrase. On dit de la consonne orale de liaison qu’elle estlatente car elle ne se réalise que sous certaines conditions, soit lorsqu'elle est suivie d'un motcommençant par une voyelle ou un "h" muet (l'humain, l'homme, l'harmonie, etc.). Il existe plusd'une consonne de liaison. En français, on compte sept consonnes de liaison, ou plus précisémentsept sons consonantiques de liaison puisqu'il s'agit, nous l'avons dit, de consonnes orales: [z], [t],[n], [r], [p], [g], [v]. La liaison est basée sur des principes grammaticaux desquels découlent desrègles de liaison bien précises. La liaison apparaît entre deux mots dans la phrase dans descontextes bien particuliers qui dépendent de la grammaire de cette phrase. On sait que la phrasecontient un ensemble de mots structurés qui entretiennent entre eux des relations particulières,ces relations étant plus ou moins étroites. Les mots qui la composent sont regroupés en ce quel'on appelle des groupes syntagmatiques. On verra que la liaison s’effectue principalement àl'intérieur de ces groupes syntagmatiques et plus précisément qu'elle s'effectue entre les mots deces groupes qui entretiennent entre eux des liens étroits. Un groupe syntagmatique (groupe duverbe: GV, du nom: GN, de l'adjectif: GA, etc.) se compose obligatoirement d'un élémentprincipal -le noyau syntagmatique (le verbe dans le GV, le nom dans le GN, etc.)- etfacultativement d'éléments qui le précèdent -ses spécifieurs (les déterminants et adjectifs dans leGN, pronoms dans le GV, etc.)- et qui le suivent -ses compléments (objet direct: COD, objetindirect: COI, circonstanciel: CC, etc.). La liaison, en plus de faciliter la prononciation des mots,occupe un rôle important au niveau du discours oral. Un rôle grammatical : La liaison permet, àl’oral, de distinguer par exemple le singulier du pluriel. Quand la terminaison d'un verbe, parexemple, ne nous fournit pas d'indice audible (que l'on peut entendre), seule la consonne deliaison entre le pronom sujet et son verbe nous permet de distinguer, par exemple, la troisièmepersonne du singulier de celle du pluriel. Comparez en effet les deux phrases suivantes: "Il aimedanser." et "Ils aiment danser." Un rôle sémantique : La liaison permet aussi de distinguerquelques paires minimales du lexique français telles que: "les hauteurs" et "les auteurs". Un rôlepragmatique : Dans le discours, la liaison possède une fonction d'identification: elle permet dedistinguer l'appartenance à des groupes sociaux différents ou encore de distinguer des situationsd'énonciation différentes. On remarque, par exemple, plus de liaisons chez les aînés que chezjeunes et plus de liaisons à la lecture (en langue soutenue) qu'en situation de conversation (enlangue familière).

La liaison est un enchaînement consonantique ce qui la distingue pourtant del’enchaînement et la variation zéro consonne. L’enchaînement consonantique se réalise par uneconsonne ou groupe de consonnes toujours prononcées. Si nous comparons les exemples « ilarrive » et « il parle » nous constatons que le phonème l a toujours été prononcé. En revanche sinous comparons les phrases « ils partent » et « ils arrivent » nous constatons que le deuxièmeexemple actualise une consonne qui dans le 1-er exemple était latente bien que marquégraphiquement. L’actualisation de la consonne rendue par un graphème qui correspondgénéralement à sa réalisation en ancien français se fait au cadre de la corrélation de sonorité : legraphème [s] devient [z] : les amis, [d] devient [t] : un grand amis. L’opposition zéro phonétiquesert à la distinction de quelques paires minimales du lexique.

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Ex : les hauteurs [le o t : R] – les auteurs [le zo t : R]

Le syntagme « un grand homme » se prononce de la même façon que le syntagme « un grandtome ». Le remède consiste dans le renoncement à la liaison si celle-ci est facultative. Unephrase comme « il est ailleurs » peut se prononcer avec liaison ou sans liaison. La dernière façonde prononcer évite la confusion avec la phrase « il est tailleurs ». Du point de vue de la norme lefrançais dispose de 3 types de liaison :

- Obligatoire

- Facultative

- Interdite

Les unités lexicales du français intégrés dans le syntagme peuvent avoir des frontières faibles(voyelles ou h muet) qui permettent la liaison et des frontières fortes (semi-voyelles, consonnes,h aspiré) qui ne l’accepte pas.

Les liaisons obligatoires

Ces liaisons sont réalisées pour marquer une cohérence forte au niveau du groupe. Elles peuventêtre identifiées à plusieurs niveaux. Au niveau des constitutions immédiat lorsque les groupesfonctionnels correspondent à des unités prosodiques bien déterminés et au niveau de la phraselorsqu’elle est formée d’un seule groupe rythmique où la présence d’un substitut (le pronompersonnel sujet, pronom indéfini) rend possible et nécessaire la liaison avec le verbe qui setrouve forcement dans le même groupe. Dans de groupes nominaux on relie :

- Le déterminant antéposé et le substitut centre à initiale vocalique : un ami, des amis

- Deux déterminants épithètes (adj) réunis par les conjonctions et ou ou : grands et petit,blonds ou bruns.

- Deux substantifs à article zéro réunis par les conjonctions et ou ou : arts et métiers, jeunsou vieux.

Dans les groupes prédicatifs on relie :

- Les pronoms à fonction de déterminant des verbes (CD) et le verbe à initiale vocalique :je vous ai vu, je les admire, il nous a aperçu.

- Les prépositions en, dans, sous des syntagmes prépositionnelles intégrés au groupeverbal : dans un jardin, sous une table.

- On relie en et le participé présent, on forme le gérondif : en écoutant, en attendant.

- On relie le verbe à l’impératif et les pronoms adverbiaux en et y : mangez en !, vas-y !.

Au niveau de la phrase on relie :

- Le pronom personnel ou indéfini en inversion : sont-elles arrivées

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- Les verbes qui ne possèdent pas une consonne susceptible de faire la liaison reçoivent un« t » devant le pronom en inversion : A-t-il entendu la nouvelle

- La consonne « t » du groupe « rt » final est aussi utilisée comme consonne de liaison. Onprononce sort il [s Rtil] mais nord est [n R st].

- Les conjonctions quand et comment et le pronom qui suit : il avait l’air fatigué quand ilétait rentré.

Les liaisons obligatoires

(A) Les liaisons obligatoires à l’intérieur du groupe du nom:

entre le déterminant et le nom entre le déterminant et l’adjectif entre l’adjectif et le nom

(B) Les liaisons obligatoires à l’intérieur du groupe du verbe:

entre le verbe et le pronom complément entre le pronom complément et le verbe

(C) Les liaisons obligatoires entre le GN sujet et le GV:

entre le pronom sujet et le verbe entre le verbe et le pronom sujet inversé entre le pronom sujet et les pronoms «en» et «y»

(D) Les liaisons obligatoires dans d’autres contextes:

entre l’adverbe et le mot suivant entre la préposition et le mot suivant entre «quant» ou «dont» et le mot suivant dans les mots composés et les locutions

NB : Outre les cas sus mentionnés le français possède des groupes figés indécomposables dupoint de vue morphologique qui per conséquent présentent toujours une liaison :

- De temps en temps

- De temps à autre

- Les Etats Unis

- Les Nations Unies

- Nuits et jours

- Avant-hier

- Les Champs Elysée

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- Tout à coup

- Tout à fait

- C’est-à-dire

- Mot à mot

- Petit à petit

- De haut en bas

Les liaisons interdites

(A) La liaison interdite à l’intérieur du groupe du nom:

entre le nom au singulier et le mot suivant

(B) Les liaisons interdites à l’intérieur du groupe verbe:

entre le verbe et le verbe à l’infinitif qui suit après le « s » de la 2ème personne du singulier entre le participe passé et son complément

(C) Les liaisons interdites entre le groupe du nom sujet et le groupe du verbe

(D) Les liaisons interdites dans d’autres contextes:

entre «et» et le mot suivant entre la préposition et le nom propre devant un «h» aspiré à l’intérieur de certains groupes figés devant «un», «huit» et «onze»

Les liaisons facultatives

Les liaisons facultatives sont des liaisons qui ne sont ni obligatoires, ni interdites: elles sontconseillées. La seule véritable règle qui régit les liaisons facultatives est celle des niveaux delangue en fonction de la situation de communication dans laquelle on se trouve. Ainsi, onremarque que plus le registre est soutenu, plus les liaisons facultatives sont nombreuses etinversement que plus il est familier, plus les liaisons facultatives sont rarifiées. L’usage conseilledonc de faire davantage de liaisons facultatives dans un contexte formel de communication (à lalecture par exemple).

Voici quelques règles de liaisons facultatives recommandées.

entre le verbe et le nom ou l’adjectif attribut après «quand» et «dont» entre l'auxiliaire «être» à la 3ème personne et le participe passé ou l'adjectif attribut entre le nom pluriel et l’adjectif qui suit entre les semi-auxiliaires et le mot qui suit

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Ces liaisons apparaissent dans des syntagmes dont le degré de cohérence est variable. Lechoix de l’une ou de l’autre variante du signifiant dépend de plusieurs facteurs identificateursrepérés par la phonostylistique. Au niveau des syntagmes nominales la liaison est facultative sil’on emploi la déterminante épithète poste posé dans le syntagme du pluriel. Ex : on peutprononcer le syntagme « des femmes intelligentes » de deux façons : avec ou sans liaison. Dansle groupe verbal la cohérence est faible entre deux formes verbales.

La liaison peut être faite ou supprimée dans les cas suivants :

- Entre l’auxiliaire et le participe passé : je suis allé

- Entre le semi-auxiliaire et le verbe suivant : je vais écouter

- Entre une forme verbale plaine et le mot suivant : je mangeais une soupe

- Dans les groupes adverbiaux et les groupes prépositionnelles surtout si les adverbes oules prépositions sont pluri syllabiques : devant une porte.

- Si les formes mono syllabiques sont susceptibles de recevoir un accent d’insistance laliaison n’est plus faite : le groupe « trop indulgent » se prononce soit avec soit sansliaison.

Les liaisons facultatives ont un rôle phonostylistique très marqué. Les conversationssoignées, le style oratoire, la lecture expressive tendent à réaliser toutes les liaisons facultatives.

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X Sujet

Introduction à la méthode verbotonale

Nous distinguerons, dans le système verbotonale, les principes généraux et les procédésparticuliers.

1. Les principes généraux

1.1. Motivation maximale :

Intégration de l’apprentissage phonétique pour les débutants autant que possible dans l’étudeglobale de la langue.

Rechercher les simulations les plus favorables du point de vue de la perception auditive,simulation psychologique et situations affectives, emploi du geste et de la mimique.

1.2. Eviter l’intellectualisation

Il ne s’agit pas d’enseigner la phonétique de l’extérieur, mais plutôt d’aider les apprenants à latravailler de l’intérieur et d’une et d’une manière inconsciente.

1.3. Respect de la structure. Priorité aux éléments prosodiques :

La correction phonétique doit être intégrée à l’étude globale de la langue. Tous les faitslinguistiques doivent être placées en situation. Le respect de la structure implique que soitrespéctée la prosodie : le schéma mélodique, les pauses, l’accentuation et le rythme.

1.4. Point de départ : la « faute de l’apprenant » :

il faut toujours partir de l’erreur, comparer l’émission fautive au « modèle ». Arriver à uneappréciation objective de la différence entre les deux états phoniques qui sont confondus parl’élève.

1.5. Correction en classe :

Le travail phonétique se fera en classe et d’une manière individuelle. Pas de répétitionscollectives

1.6. Patience :

Il ne faut pas vouloir obtenir la perfection phonétique dès les premiers essais. La maturation del’acte de parole se fait de manière lente, à force d’approximations successives.

2. Procédés particuliers

Exploiter un certain nombre de procédés qui ne sont pas propres à la méthodes verbotonale.Ces procédés sont examinés cidessous un à un.

2.1. L’intonation et le rythme

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Respect des éléments prosodiques. Cette aptitude est en effet de nature à aider les apprenants àmieux percevoir et produire les sons étrangers, et à restructurer leur audition.

2.1.1. Les fondements acoustiques et perceptifs qui justifient le recours à l’intonation et aurythme : travailler et corriger à partir des caractéristiques acoustiques des sons pris intégrés dansdes groupes intonatifs et rythmique favorables.

a) L’intonation

La hauteur tonale modifie l’équilibre des fréquences à l’intérieur d’un timbre donné. Exemple : ily a plus de chance de valoriser l’élément clair d’une voyelle avec un son aigu qu’avec un songrave. Le timbre d’une voyelle sera donc clarifié en intonation montante et assombri enintonation descendante.

b) Accent et rythme

En ce qui concerne le français, l’accent se réalise par une variation de durée, d’intensité et/ou dehauteur. La position atone (non accentué) assombrit les antérieures et éclaircit les postérieures,l’accentuation éclaircit les antérieures et assombrit les postérieures. Pour les consonnes, unallongement de la durée (de la dernière syllabe accentuée en français) favorise le relâchement.

2.1.2 Application pédagogique par quelques exemples

Supposons qu’un élève hispanophone prononce le i français de manière trop relâchée, et qu’ilproduit un son proche de e. L’élève sousestime l’élément clair de i. Le son sera mieux saisis’il est placé au sommet d’une intonation (Lucie est ici ?).

Lorsque la faute consiste en une prononciation trop tendue comme c’est souvent le cas chez lesfrancophones qui apprennent l’anglais, le choix d’un son placé dans un creux intonantif s’avérerale plus efficace. La langue anglaise étant plus relâchée que le français.

Jouer sur le rythme : en veillant à placer le son mal défini (le cas de [ ]) dans une structuredifférente : « la fôret en feu » au lieu de « le feu dans la fôret ».

2.2 La tension

C’est l’énergie neuromusculaire dépensée pour produire la parole. Une voyelle est normalementplus tendue sous l’accent, une consonne l’est d’avantage à l’initiale qu’en finale.

2.2.1. Principes méthodologiques :

La tension joue un rôle régulateur dans la production des phonèmes, certaines erreurs deprononciation peuvent lui être imputées : pour rendre sensible à l’élève une différence qui n’estpas suffisante pour être perçue, il y a lieu de l’exagérer en modifiant le modèle de telle sortequ’on s’éloigne de la faute.

2.2.2. Application à la correction phonétique

Trois moyens sont recommandés :

a) recours à la prosodie

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b) recours à la phonétique combinatoire

c) recours à la prononciation nuancée

2.3 Phonétique combinatoire

Les sons s’influencent les uns les autres : on mettra plus facilement en relief le caractère sombreou clair du timbre d’une voyelle en l’associant à une consonne relativement garve ou aiguë. Lechoix de ce procédé dans la correction phonétique impliquera la substitution d’un modèlenouveau au modèle originale imparfaitement reproduit pat l’élève. Ainsi pour :

Un Anglais vélarisant l ;

Pour un Espagnol qui prononce y comme i ;

Pour un élève qui prononce d uR ;

Por faire saisir le voisement des consonnes perçues comme des sourdes (cas du z entenducomme s.

2.4 La prononciation nuancée :

Les procédés proposés ont consisté à substituer une structure nouvelle au modèle initiale.

2.4.1. Diriger l’audition de l’élève en conservant la structure originelle.

La prononciation nuancée consiste à diriger l’audition de l’élève en conservant la structureoriginelle mais en nuançant la prononciation du son difficile, dans le but de sensibiliser l’oreilleaux différences pertinentes.

2.4.2. Se référer aux données phonétiques et acoustiques vers :

Exemples relatifs au procédé de la prononciation nuancée :

a) Timbres des voyelles : si un Anglais prononce y comme u comme vwatuR,on trouvera intérêt à nuancer le timbre du modèle et à tendre y vers i (presquevwatiR

b) Tension des consonnes

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XI sujet

Méthodes de correction phonétique

La méthode articulatoire

En tenant compte de la position et de la forme de tous les organes articulatoires, on propose àl’élève d´émettre des sons à partir du fonctionnement correct de l'appareil phonatoire. Parexemple, on propose l’arrondissement des lèvres pour la prononciation de certaines voyelles; oude faire vibrer les cordes vocales pour certaines consonnes.

La méthode comparatiste

En tenant compte des similitudes entre deux systèmes phonologiques (le français et l' espagnol)on se servira des sons communs ou prochains pour favoriser ou corriger certaines articulations.Par exemple le [z] du français, à partir des mots espagnols comme "mismo" "rasgo", etc.

La méthode des oppositions phonologiques

On propose des exercices d’opposition entre deux ou plusieurs phonèmes. Les élèves écoutent etrépètent des listes de mots où le changement d' un seul son apporte un changement de sens. Parexemple: le / les; basse/ base; bon/ vont, etc

La correction basée sur l'audition de modèles: utilisation du magnétophone ou du laboratoirede langues

Les élèves écoutent et répètent des sons (phonèmes, mots ou textes) enregistrés ou bien ilstravaillent certaines oppositions phonologiques.

La méthode verbo-tonale

En soulignant l'importance de la langue comme instrument de communication, cette méthodeconsidère que la perception est un élément essentiel. Les recherches de Petar Guberina sur lemonde des sourds relèvent que notre cerveau structure une séquence complexe, une unitésignificative à partir d'un nombre réduit de phonèmes. Cette structuration des sons pertinents enphonèmes se réalise de manière privilégiée dans chaque langue selon les fréquences optimales decette langue. Entre la pathologie de l'audition et l'apprentissage d'une langue étrangère il n'existepas de différences de nature, mais de degré: dans le premier cas nous observonsune surdité pathologique, dans le deuxième une surdité phonologique.

Les principes de base du système verbo-tonale (P. Guberina):

a) Chaque son et chaque mot ont leur octave d’intelligibilité optimale

b) Si les sons des mots sont transmis par les octaves qui ne sont pas optimales, ils se déformentpour l'oreille, qui les entend comme des sons différents des sons émis.

c) Les fautes sont causées par l'existence de différents types de champs d'audition

d) La forme de l'émission est beaucoup plus importante que la largeur de la bande d'audition

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e) L'audition n'est pas un phénomène continu, mais discontinu

La perception auditive est un phénomène global. Notre perception d'une langueétrangàre est défectueuse (notion de crible phonologique). Il existe un système de fautes pourchaque langue. On procède à un conditionnement de l'audition non à partir de la phonation(méthode articulatoire) mais à partir de l’émission, afin d'arriver à une prononciationinconsciente, non analytique de l'élève.

La phonétique doit être intégré dans l'étude de la langue. Phonétique en situationde communication (comme l'enfant qui apprend sa langue maternelle)

Pas d'intellectualisation: l'assimilation du système phonologique se fait inconsciemment, par desapproximations successives.

Priorité aux éléments prosodiques

Point de départ: la faute de l'étudiant

Procédés de correction:

RECOURS A LA PROSODIE (Intonation et rythme)

- La courbe mélodique "montante": plus de TENSION à la fin:

Elle est ici? Il est sorti?

- Le début d'une intonation descendante: plus de TENSION:

Qui est venu? Que vois-tu?

- A l'intérieur d'un mot, les sons qui se trouvent en position initiale: plus de tension. Pour relâcher: les sons en position intervocalique ou finale

Si l'élève prononce [u] à la place de [y] - Stratégie Renforcer la tension

C’est sûr? / Supermarché / surréalisme

RECOURS À LA PRONONCIATION NUANCÉE

Il faut choisir l'allophone modèle en fonction des habitudes de l' élève. S'il a tendance à relâcherun son, il faudra proposer un modèle avec un maximum de tension.

Système vocalique du français

Ouverture: Plus on descend sur l'axe vertical plus la cavité buccale augmente, plus la voyelle estouverte

Gravité: Plus on recule sur l'axe horizontal plus la cavité buccale augmente, plus la gravitéaugmente

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Correction des voyelles

Pour obtenir une voyelle plus grave: (si l'élève prononce [i] au lieu de [y] )

- intonation descendante- consonnes graves: [b], [r], [m], [v], [p], [w] -- chuchotement

Pour obtenir une voyelle plus aiguë: ( si l'élève prononce [u] au lieu de [y] )

- intonation montante- consonnes aiguës: [s], [z], [t], [d]

Pour ouvrir une voyelle: (si l'élève prononce [e] au lieu de [ ] )

- intonation descendante- occlusives: [p], [t], [k] et [l], [r]- position initiale

Pour fermer une voyelle: (si l'élève prononce [ ] au lieu de [e] )

- intonation montante- constrictives: [f], [ ], [v], [s], [z]- position finale

Pour arrondir les voyelles [u], [0], [œ]

- consonnes: [ ], [ ]- voix chuchotée

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Correction des consonnes

Pour obtenir une consonne plus grave: (si l'élève prononce [s] au lieu de [z]):

- intonation descendante- voyelles graves: [u], [o]- position finale ou intervocalique

Pour obtenir une consonne plus aiguë: (si l'élève prononce [b] au lieu de [p])- intonation montante- voyelles aiguës: [i], [e], [y]- position initiale

Pour relâcher une consonne: (si l'élève prononce [p] au lieu de [b] )

- intonation descendante- voyelle ouverte: [a]- position intervocalique ou finale

Pour tendre une consonne: ( si l'élève prononce [z] au lieu de [s])

- intonation montante- voyelles fermées: [i], [y], [e]- position initiale

Pour arrondir les consonnes: (si l'élève prononce [s] au lieu de [ ])

- voyelles [u], [y], [o]- voix chuchotée

La perception des phonèmes d’une langue étrangère

TROUBETZKOY.

La notion de crible phonologique ou système d’écoute contrôlé par le système phonologique dela langue maternelle, qui perturbe l’identification et l’articulation des sons d’une langueétrangère. "Le système phonologique d' un langue est semblable à un crible à travers lequel passetout ce qui est dit. Seulent restent dans le crible les marques phoniques pertinentes pourindividualiser les phonèmes. Tout le reste tombe dans un autre crible où restent les marquesphoniques ayant une valeur d’appel; plus bas se trouve encore un crible où sont triés les traitsphoniques caractérisant l' expréssion du sujet parlant. Chaque homme s’habitue dès l’enfance àanalyser ainsi ce qui est dit et cette analyse se fait d’une façon tout à fait automatique etinconsciente. Mais en outre le système des cribles, qui rend cette analyse possible, est construitdifféremment dans chaque langue. L’homme s'approprie le système de sa langue maternelle.Mais s’ils entent parler une autre langue, il emploie involontairement pour l’analyse de ce qu'ilentend le "crible phonologique" de sa langue maternelle qui lui est familier. Et comme ce criblene convient pas pour la langue étrangère entendue, il se produit de nombreuses erreurs etincompréhensions. Les sons de la langue étrangère reçoivent une interprétationphonologiquement inexacte, puisqu' on les fait passer par le "crible phonologique" de sa proprelangue"

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Sources bibliographiques :

1. A. Landercy et R. Renard, Eléments de phonétique, DidierBruxelles, 1979

2. P.R.Leon, Phonétisme et prononciation du français, Nathan Université, 1992.

3. R. Renard, La méthode verbotonale de correction phonétique, DidierBruxelles, 1979

4. E. Guimbretière, Apprendre, Enseigner, Acquérir: la prosodie au coeur du débat,

Collection Dialangpublication de l’université de Rouen, C.N.R.S., 2000

5. E. Guimbretière et Massia KenemanPougatch, Plaisir des sons, enseignement des sons

du français, Hatier Paris, 1989