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Numéro 49 de FOOT+, journal gratuit. Pour vous abonner : bit.ly/sabonner-footplus
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+ FRANCK RIBÉRY + FRANCE-PORTUGAL + EURO 2016 + COSMIN MOTI + VANNES OC + JAMES RODRIGUEZ + ALBERT ÉBOSSÉ + BIELSA
JEU CONCOURS
Devenez un vrai supporter des Bleus
sJe
numéro 49
août-septembre 2014
Gratuit
/footplus2
@foot_plus
+ FOOT+
Dopage La grande
omerta
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Sommaire 2 Le tacle de… Arthur Massot.
3 ZAP+. L'actualité des deux derniers mois sous un autre angle.
3 Le match des rédacteurs. Giurgiu-Lyon et Saint Étienne-Krabukspor.
4 Questions-réponses. Luzenac, équipe de France et indice UEFA.
4 La question. Ribéry a-t-il eu raison de prendre sa retraite internationale ?
5 Disparition. Il s'appelait Albert Ébossé.
6 Coup de gueule. Vannes OC.
8 Équipe de France. Franck Ribéry prend sa retraite internationale.
10 Lettre ouverte. Cher James Rodriguez…
11 Ligue des Champions. Cosmin Moti dans la légende.
12 Euro 2016. Le point à moins de deux ans du coup d'envoi.
14 Grand thème. Dopage, la grande omerta.
20 Football féminin. ZAP+.
20 Football féminin. Les Bleuettes en bronze.
21 Prolongations. Ces supporters de clubs sous-médiatisés.
22 Fiction. Chapitre 1 : Un nouveau départ.
23 Jeu-concours. Devenez un vrai supporter.
24 Replay. Les derniers France-Portugal.
26 Zoom. La glacière de Marcelo Bielsa.
Le tacle d'Arthur Massot
Nouvelle formule
Une nouvelle formule pour un périodique est
rarement anodine. Elle a souvent une signification
bien précise, communiquée ou non. Elle peut
laisser plus de place à l'image et aux infographies,
être plus dans l'analyse ou dans le décalé. Elle peut
voir le prix de la parution augmenter ou non. Nous,
à FOOT+, nous avons décidé de ne pas modifier
notre choix tarifaire, qui est la gratuité pour toujours
une plus grande qualité. Nous avons en revanche
décidé de vous proposer une plus grande analyse
avec des articles plus poussés, allant au bout des
choses. Ainsi, notre grand thème est là pour le
démontrer. Pour le premier numéro de notre
nouvelle formule, nous voulions frapper fort. Et
nous avons réussi. Un an d'enquête dans une des
faces obscures du football : le dopage. Tabou,
omerta et loi du silence sont trois expressions qui
résument bien la position du monde du ballon rond
sur le sujet. Jamais vous n'avez entendu parler
jusqu'à présent de dopage organisé,
d'arrangements financiers et de docteurs peu
scrupuleux. En tout cas, pas dans le football. Pas
jusqu'à maintenant. Nous vous donnons rendez-
vous en page 14 pour que vous jugiez vous-même
de l'état des choses.
Cette nouvelle formule, c'est un nouvel habillage
laissant plus d'espace entre les articles, un
habillage plus pur qui rend plus agréable la lecture
des articles. Cette nouvelle formule, c'est un format
plus grand afin d'aller au bout de nos idées. Cette
nouvelle formule, ce sont les rubriques qui ont fait
notre succès comme le ZAP+ ̶ d'ailleurs étendu au
football féminin ̶ , replay, le match des rédacteurs
ou coup de gueule qui restent et qui sont même
accompagnées de nouvelles comme le question-
réponse, zoom ou la question. Également au
programme, une fiction qui vous bercera les deux
prochaines années. Vous suivrez durant ce laps de
temps les aventures de Louis, un journaliste sans
emploi qui aura en face de lui l'opportunité de sa
carrière.
Pour inaugurer cette nouvelle formule, nous vous
proposons de participer à un jeu-concours dans
lequel vous pourrez remporter différents lots aux
couleurs de l'équipe de France, afin d'être un parfait
supporter. Dans l'ordre : écharpe, drapeau et
maquillage, pour prouver votre attachement à notre
sélection nationale. La participation à ce jeu-
concours est gratuite et ouverte à chacun de nos
abonnés. Nous vous invitons à sauter sur
l'occasion. Enfin, cette nouvelle formule est le fruit
d'un travail mûri et ressemble parfaitement à
l'image que nous nous faisions d'elle. Comme
Rome, elle ne s'est pas faite en un jour et il nous a
fallu de nombreuses conférences de rédaction pour
nous mettre au point, affiner telle ou telle idée,
jusqu'à arriver à ce résultat final. Nous espérons
que vous nous resterez fidèle et que nous faisons
votre bonheur. Merci à vous pour votre confiance,
vous faîtes notre succès puisque sans vous, nous
ne serions rien.
Footballistiquement vôtre.
FOOT+. Journal bimestriel amateur. 49 numéros. Abonnement gratuit. Envoi par email. Créateur : Arthur Massot. Date de création : avril 2007.
Rédacteur en chef : Arthur Massot. Secrétaire de rédaction : Grégoire Quelain. Relecture : Grégoire Quelain. Mise en page : Arthur Massot.
Rédacteurs ayant collaborés à ce numéro : Gael Simon, Grégoire Quelain, Alexis Fontana, Alexandre Muffon, Arthur Massot, Kérian Portrait, Daniel
Marques, Maxime Hérault (pigiste). Responsable marketing : Thibaud Delabre. Responsable abonnement : Daniel Marques. Maquette : Arthur
Massot. Logo : Jérémy Fachetti. Dessinateur fiction : Joseph Raingeard. Adresse email : [email protected] Abonnements :
bit.ly/sabonner-footplus Courrier des lecteurs : bit.ly/courrier-footplus Diffusion du dernier numéro : 340 envois. Prochain numéro : 1er décembre
2014.
©Autissier-Robinot/Panoramic
©FFF
©Tous Droits Réservés
INSOLITE
Bastia a joué avec des maillots de…
Bordeaux
Scène insolite le 31 août dernier au
stade Chaban-Delmas où le SC Bastia
a affronté les Girondins de Bordeaux
avec… des maillots de Bordeaux. En
effet, l'intendant du club depuis 2011
Manu Vasta s'était tout simplement
trompé sur la couleur des maillots à
apporter, les arbitres ayant indiqué que
seul le blanc serait accepté puisque
Bordeaux avait décidé de jouer avec
son troisième maillot. Pour remédier à
ce problème, le club bordelais a prêté
des tenues d'entraînements
numérotées de 1 à 18. Le SCB a donc
joué avec des maillots bordelais.
NATIONALMANNSCHAFT
Kramer ne se souviendra jamais de
la finale
Victime d'une commotion cérébrale
suite à un coup d'épaule d'Ezequiel
Garay dans sa tempe lors de la finale
de la dernière finale Coupe du Monde,
Christopher Kramer avait dû quitter
ses partenaires prématurément à la
32ème minute. Il avait même demandé
à l'arbitre de la rencontre, Nicola
Rizzoli : "Monsieur l'arbitre, c’est la
finale là ?" Le 1er septembre, il a
déclaré au magazine allemand Focus
qu'il ne se souviendrait jamais de
l'apogée de sa carrière : "Les
médecins sont certains que mes
souvenirs de la finale du Mondial ne
reviendront pas". Espérons pour lui
qu'il remporte l'édition 2018 de la plus
grande compétition mondiale de
football.
BOURDE
Du Linkin Park à la place de l'hymne maltais
Fou rire général à Zilina le 4 septembre lors du match amical
entre la Slovaquie et Malte. En effet, au lieu de lancer l'hymne
des visiteurs, L-Innu Malti, les responsables slovaques ont
diffusé l'espace de trois notes la célèbre chanson Numb de
Linkin Park. Les joueurs maltais ont pris la mésaventure avec
le sourire puisqu'ils ont éclaté de rire, tout comme les
spectateurs présents. Une dizaine de secondes plus tard, le
véritable hymne maltais a été lancé.
LOURDE SUSPENSION
Il n'a plus le droit de jouer pendant… 70 matchs
Ismail Gundüz, banal joueur amateur de CFA2 autrichienne
(5ème division) s'est vu infliger la plus lourde interdiction de
jouer de l'histoire du football. Ayant envoyé suite à un coup de
tête l'arbitre de la rencontre entre SPG Innsbruck West et le
SK Rum, auquel il participait. L'homme en noir voulait lui
infliger un second carton jaune. Suite à ce geste, il a été
renvoyé par son club et il ne foulera pas de sitôt les pelouses.
La fédération autrichienne l'a en effet suspendu l'espace de
70 rencontres. "La suspension de 70 matches est sans
précédent à notre connaissance, mais elle nous apparaît
proportionnée à la gravité des faits" a conclu le porte-parole
de la Fédération, Horst Scherl. La suspension équivaut à
entre deux et trois saisons. À côté, Brandao et ses six mois…
LE DESSIN DE… LEFRED THOURON
Dans L'Équipe Magazine du 6 septembre, le dessinateur
LeFred Thouron est revenu sur les différentes retraites
internationales de Nasri, Ribéry et d'Abidal à travers l'œil d'un
joueur et de son entraîneur.
NOUVEAUTÉ
FOOT+ simplifie son adresse mail
À l'occasion de sa nouvelle formule,
FOOT+ change d'adresse mail. Exit
l'adresse longue de 39 caractères,
place à une adresse beaucoup plus
courte (21 caractères) :
[email protected] Pour
nous contacter pour quelque motif que
ce soit, tant au niveau de l'abonnement
que pour une remarque, vous n'avez
plus qu'à nous envoyer un mail à cette
adresse. C'est aussi par cette-ci que
vous seront envoyé vos différents
numéros.
COUPE DU MONDE 2018
Menace d'un boycott européen
Comme par le passé lors de la guerre
froide (1945-1991) où des Jeux
Olympiques de substitution avaient été
organisés en 1980, l'Europe menace
de boycotter la Coupe du Monde 2018,
prévue en Russie si celle-ci continue
d'encourager la présence illégale de
ses soldats en Ukraine. Selon le
Financial Time, un document de travail
parle d'une "action coordonnée au sein
du G7 et au-delà pour recommander la
suspension de la participation de la
Russie à de grands événements
culturels, économiques ou sportifs"
dont la Coupe du Monde fait partie.
Pour l'instant, tout cela n'est qu'à
l'étude et aucune décision n'a été
prise.
RÉSEAUX SOCIAUX
FOOT+ sur les réseaux sociaux,
c'est…
Facebook : 616 mentions J'aime
Twitter : 518 followers
Google+ : 16 précurseurs
Zap+ L'actualité des deux derniers
mois sous un autre angle
Le match des rédacteurs Daniel Marques – Astra Giurgiu-Olympique Lyonnais, 28 août
C’était surement un des matches les plus importants de l’année pour l’OL.
Défaits chez eux à l’aller (1-2), les joueurs d’Hubert Fournier devaient s’imposer
d’au moins deux buts en Roumanie afin de participer pour la dix-huitième fois
d’affilée à une compétition européenne. Tout commence bien quand Jordan
Ferri trouve la faille dès la 23ème minute. Mais derrière, les Lyonnais ne
parviennent pas à doubler la mise, trouvant même le poteau en fin de match
sur une frappe sublime de Ferri. Le match aller a fini par peser et la fin d’une
série que l’on annonçait depuis des années a fini par arriver. Lyon ne sera pas
européen cette saison.
Maxime Hérault (pigiste) – Saint-Étienne-Krabukspor, 28 août
Alors que l'indice UEFA de la France a encore perdu une place aux dépends de la
Russie, chaque amoureux du ballon rond et chaque passionné du maillot vert aura
vécu une grande soirée de football ce jeudi 28 août 2014. Même si l'adversaire des
Verts n'était pas une équipe monstrueuse européenne, les journalistes qualifient
chaque équipe inconnue à une piteuse équipe, ce qui n'est guère le cas. Après une
défaite logique à l'aller, les Verts ont tout donnés et se sont transcendés pour aller
chercher une qualification en Europa League. Ce n'est certes qu'une qualification,
mais cette ambiance des grands soirs européens montre bien que le football est
encore un sport populaire avec des instants magiques et inoubliables.
©Droits Réservés
Questions-Réponses
Luzenac, équipe de France et indice UEFA Pourquoi la LFP ne veut pas de Luzenac en Ligue 2 ? Suite à la visite de la délégation LFP/FFF dans les locaux du club, celui-ci a été averti que son enceinte ne répond pas aux normes de la Ligue 2. Le LAP part alors à la recherche d’un stade et un compromis est trouvé entre Luzenac et le Stade Toulousain pour que le club ariégeois joue au stade Ernest Wallon mais aussi avec le Stadium du Toulouse FC, puisque celui-ci est de toutes façons homologué pour la Ligue 1. Suite à ces solutions, la LFP laisse entendre que le club doit disposer de son propre stade pour évoluer en tant que professionnel. Le CNOSF et le Tribunal Administratif de Toulouse
approuvent cette décision. Luzenac est donc interdit de montée et remplacé par Châteauroux, 18ème de Ligue 2 lors de la saison 2013/2014. Le LAP finira finalement sa course en DHR, 7ème division nationale. Pourquoi Deschamps a-t-il gardé le même groupe qu'au Mondial pour affronter l'Espagne et la Serbie ? Pour recevoir en match amical l'Espagne (1-0) et la Serbie (1-1), le sélectionneur français a convoqué pas moins de 21 des 23 joueurs ayant fait le déplacement au Brésil. Parmi les mondialistes Seuls Landreau (retraité) et Giroud (blessé) n'ont pas été
appelé. En vérité, Didier Deschamps cherche à construire une équipe stable où les automatismes entre joueurs sont présents. Il cherche aussi à faire jouer la nouvelle génération (9 des 23 joueurs ont moins de 25 ans) qui sera l’Équipe de France de demain. Avec comme ligne de mire, l'Euro 2016. Pourquoi la Russie est passée devant la France à l'indice UEFA ? Suite à l'élimination en barrages de la Ligue des Champions de Lille, la Russie a dépassé la France à l'indice UEFA et lui a pris sa sixième place. Les conséquences sont grandes : si la
France ne repasse pas devant la Russie d'ici à la fin de la saison, elle n'aura que deux représentants en Ligue des Champions, dont un devra passer par le troisième tour préliminaire. L’origine du problème est l’intérêt que portent les clubs tricolores à jouer les matchs européens. La culture française veut que les clubs n’aient pas la même considération pour les matchs européens. Ces derniers se focalisent sur leurs ambitions nationales en négligeant l’aspect européen pourtant si important à leur renommée. Inconsciemment, ils causent donc progressivement leur perte. Pour information, la nation huitième à l'indice UEFA est l'Ukraine, talonnée de près par les Pays-Bas.
La question
Ribéry a-t-il eu raison d'arrêter la sélection ? OUI
Alexandre Muffon
Peut-on aller contre la volonté du joueur même ? Si celui-ci décide
d’arrêter, au sélectionneur et supporters de prendre en considération
cette demande. Ribéry est le plus à même à savoir s’il peut encore
contribuer au bien-être de l’équipe de France. Or, depuis la Coupe du
Monde, l’ailier gauche est presque disparu des radars.
Il n’a pas manqué. Après avoir déclaré forfait à quelques jours du
départ pour le Brésil, alors qu’il était considéré comme l’élément clé de
cette équipe, il a forcément déçu et fâché certains. D’autant que son
forfait s’est fait sur fond de mini-polémique, où le joueur a préféré faire
confiance au médecin du Bayern qu’à celui des Bleus. Ses coéquipiers
s'en sont eux bien remis. Un quart de finale sans son joueur
emblématique : la France a fait fort au Brésil et aurait même pu
prétendre à mieux. Certes, Ribéry a peut-être manqué dans les
moments clés mais Griezmann, Rémy ou encore Cabella se sont
transcendé pour faire oublier son absence.
Il n’est pas l’avenir des Bleus. À 31 ans, le Français est plus proche de
la fin que du début de sa carrière même si son expérience peut
contribuer au jeu tricolore, et qu’il a été décisif dans la qualification
pour le Mondial. L’EDF souhaite regarder loin devant elle, comptant
sur de jeunes joueurs dotés d’une solide marge de progression. Or,
Ribéry peut régresser dans les prochains mois, alors que certains
progresseront fortement.
Il est l’un des derniers survivants de Knysna. Même si la crise sud-
africaine semble loin, les Français savent se souvenir. Même si ses
performances sportives sont indéniables, l’état d’esprit de Franck
Ribéry n’a pas toujours été du goût de tout le monde. Le départ de
l’ailier est synonyme de renouveau, de renaissance, et aussi de
fraîcheur. Tout ce qu’il faut à cette équipe de France pour progresser
et surprendre.
Si Ribéry a su se montrer précieux par le passé (souvenez-vous de
son but contre l’Espagne lors de la Coupe du Monde 2006), si sa
présence lors de la qualification et des barrages pour le Mondial
brésilien a compté, Franck ne va plus faire partie de cette équipe. Une
formation française jeune, ambitieuse, et tournée vers l’avenir, qui
espère son heure de gloire en 2016.
NON
Kérian Portrait
Premier argument qui vient à l'esprit : l'expérience. Un groupe, qui
plus est jeune, peut-il se passer de l'expérience de deux Coupes du
Monde, un Euro ou bien du très haut niveau régulier depuis 2007
(année de son arrivée au Bayern) ? Assurément non. Les Griezmann,
Lacazette, Remy...auront-ils les épaules assez larges pour remplacer
Franck Ribéry, autant dans le vestiaire que sur le terrain ? Rien n'est
moins sûr.
Même en tant que supersub (super remplaçant), il ne serait pas de trop
pour Didier Deschamps. Encore faut-il qu'il accepte sa condition de
remplaçant. Franck Ribéry a 31 ans (né en 1984), un âge où l'on peut
encore faire monts et merveilles. Ce n'est pas Carlos Tevez (30 ans),
goleador de la Juventus qui dira le contraire. Xavi (34 ans) dans un
autre domaine, a disputé trente-deux matchs internationaux les trois
dernières saisons. Et on peut multiplier les exemples de longévité avec
Eto'o, Di Natale, Giggs...
Parce qu'il doit encore prouver qu'il peut refaire la même chose qu'en
2006. Surprendre son monde, être décisif en phase finale, faire rêver...
La Coupe du Monde 2010 et l’Euro 2012 déjà loin, pourquoi ne pas
décrocher un titre majeur avec l'équipe de France ? Il a déjà remporté
la Ligue des Champions, les championnats allemand et français, il lui
faut finir en apothéose.
Même si on y croit peu, il ne faut pas oublier qu'il est sous le coup d'une
suspension de l'UEFA avec son club, le Bayern Munich. Si Didier
Deschamps décidait de le sélectionner quand même (ce qui a peu de
chance de se produire), Franck Ribéry serait dans l'obligation
d'accepter sa sélection. Ou bien cela serait contre-productif pour le
joueur et son club.
Retrouvez un dossier sur la retraite internationale de Franck Ribéry en
pages 8 et 9.
ÉCHAUFFEMENT QUESTIONS-RÉPONSES, LA QUESTION
Il s'appelait Albert ÉbosséAlbert Ébossé, attaquant de la JS Kabylie est mort sur un terrain fin août de jets de pierres
d'un de ses supporters. L'illustration d'un football algérien malade de sa passion.
Stade du 1er novembre 1954, Tizi-
Ouzou (Algérie). Nous sommes le 23 août et
se joue sur le terrain synthétique la rencontre
du championnat algérien entre les locaux de la
Jeunesse Sportive de Kabylie et les visiteurs
de l'Union Sportive Médina d'Alger, ancien
club d'Hervé Renard, Didier Ollé-Nicolle et
Roland Courbis. 27ème minute de jeu. Le
joueur de l'USM Alger Mokhtar Benmoussa
touche volontairement le ballon de la main
dans la surface adverse. Pour ce geste, il
écope d'un carton jaune ; son second de la
rencontre. Il est exclu sur le champ. Albert
Ébossé se saisit alors du ballon. Il le pose et
recule jusqu'à la ligne des 16.50 mètres. Le
joueur star de la JS Kabylie veut permettre à
son équipe d'égaliser à 1-1. Il fait comme son
habitude trois pas très calmement vers le
ballon avant d'immédiatement passer en mode
sprint et de se mettre en position de frappe. Le
voici qui tire. "Intérieur du pied-sécurité" dirons
certains à propos de sa frappe. Il prend à
contre-pied Mohamed Zemmamouche : but.
Les deux équipes reviennent à égalité.
Albert Ébossé ne le sait pas encore
mais ce but sera le dernier de sa carrière. Mort
sur un terrain, tué sur son terrain par un de ses
supporters. Sa vie lui a été ôtée, sans raison,
à part une misérable frustration liée à une
défaite. Une injustice, un acte odieux qui a
glacé le sang de tous les fans du ballon rond à
travers la planète. À l'issue de la rencontre,
l'ennemi de l'USM Alger s'est imposé 2-1. Un
imprudent, un dangereux, un inconscient
supporter s'empare de deux pierres et les jette
sur le terrain vers l'équipe qu'il supporte. Il est
kabyle. Et le joueur qui reçoit les objets
tranchants n'est autre qu'Albert Ébossé. Le
premier à la nuque, le second au poignet.
Évacué d'urgence, il succombera à ses
blessures. Aucune équipe de la Croix Rouge
n'était sur les lieux. C'en est fini de la carrière
du joueur camerounais, décrit souriant,
attachant, modeste, généreux par ses
partenaires mais atteint d'un meurtre dont il
n'aurait jamais imaginé être la victime. Son
mètre quatre-vingt-neuf ne courra plus sur les
pelouses et son pied droit n'enverra plus de
ballon au fond des filets adverses. Il se
déclarait être "en mission", envoyait
régulièrement de l'argent à sa famille. Celle-ci
ne le reverra plus vivant. Passé par Coton
Sport dans son pays natal où il fut champion
du Cameroun, il avait ensuite rejoint l'Unisport
Bafang puis le Douala AC. Un exil en Malaisie
au Perak FC où il termina meilleur buteur du
championnat avec 16 réalisations et 11
passes décisives et le voilà en Algérie, à la JS
Kabylie. Ce sera son dernier club. Meilleur
buteur du championnat la saison dernière
avec 17 réalisations, il ne le sera pas de
nouveau cette année, contre son gré et son
dernier but, face à l'USM Alger.
Un drame prévisible
C'est certes un décès comme un
autre, comme il y en a des dizaines de milliers
sur Terre par jour. Mais il n'est pas naturel et il
est dû à un match de football. Le football
algérien dans son intégralité est en deuil.
Jamais ce drame n'aurait dû se produire.
Jamais ce stade du 1er novembre 1954 n'aurait
dû être temporairement suspendu. Jamais un
être humain comme Albert Ébossé n'aurait dû
mourir pour avoir rempli sa tâche. Pourtant, la
tragédie était prévisible à en croire certains
observateurs locaux ou joueurs. "Je savais
que ça allait arriver. Comme on dit, ça nous
pendait au nez" déclare à contrecœur à RFI
l'ancien joueur de la JSK Mohamed Chalali.
"J’ai joué deux ans dans ce Championnat
algérien et chaque week-end c’était la même
chose. Il n’y a jamais eu une vraie prise en
considération de la part des autorités. […] On
joue vraiment la peur au ventre. En rigolant, je
disais parfois qu’on jouait notre vie. Mais c’est
vraiment ça !" ajoute-t-il dans l'émission Radio
Foot Internationale. Un constat est saisissant
: les supporters peuvent entrer avec ce qu'ils
veulent dans un stade en Algérie. "La fouille
est quasi inexistante. On peut rentrer ce qu'on
veut. En général, cela rentre par groupe,
parmi eux, certains ont des couteaux ou des
petits sabres au cas où ça dérape avec
l’adversaire" décrit ainsi un supporter du club,
Farid Baya à France Football. "Dans le stade,
des mecs rôdent, beaucoup sont sous
cachetons. Le match ne les intéresse pas. La
haine monte vite. Les jets de cailloux sont
courants. On se les prend dans le dos etc…On
n'en parle pas. Mais les plus visés sont les
joueurs qui jouent à domicile. Les supporters
n'acceptent pas la défaite, quand ça gagne, ils
sont super contents. Si ça tourne mal au score,
ça part en c..." témoigne-t-il. Les
responsabilités de cet acte odieux sont
partagées. Il y a bien sûr le coupable mais
aussi tout un système.
Le reflet d'un système défaillant
Il y a tout d'abord le club lui-même,
chargé de la sécurité des supporters et des 22
acteurs, qui a laissé entrer de tels projectiles
dans son antre. Le club, lui-même symbolisé
par un président décrit comme fou furieux au
nom de Cherif Hannachi, niant presque le
décès de son joueur : "Il faut aussi dire les
quatre vérités. Ebossé a trop forcé ce jour-là.
Il a beaucoup couru." Il y a ensuite les journaux
locaux, qui font monter la pression pour
chaque derby et qui en font une question de
vie ou de mort. Ce fut la deuxième solution
pour Ébossé. "Les titres sont provocants,
choquants. Pour chaque match, on a le droit
à 'c'est la victoire ou la descente', 'c'est le
match de la vie, c'est le match de la mort', tout
cela contribue à créer une atmosphère
épouvantable" s'insurge Azzedine Ait-Joudi à
So Foot, lui qui était la saison dernière encore
l'entraîneur du joueur camerounais. Les
autorités également qui n'ont rien fait alors que
plusieurs joueurs ont reçu des menaces de
mort après des défaites ou que le climat
devenait de plus en plus délétère en tribunes.
Il est maintenant temps d'engager de grandes
réformes pour qu'un tel drame ne se
reproduise pas. Le football algérien ne le
mérite pas. Albert Ébossé non plus. Il était âgé
de 24 ans et venait le jour-même d'assister à
la naissance de sa fille.
©Capture d'écran/Tous Droits Réservés
DISPARITION ALBERT ÉBOSSÉ
Le calvaire du Vannes OC En Ligue 2 en 2011, le Vannes Olympique Club devrait évoluer cette saison en
DSE (7ème division). Un été mouvementé et toujours pas terminé, pour le club
morbihannais sur lequel FOOT+ a souhaité revenir à travers un coup de gueule.
L’histoire entre le Vannes Olympique
Club et la Fédération Française de Football
commence en décembre dernier. Le lundi 9
décembre 2013, le VOC apprend avec joie qu’il
recevra le dauphin du PSG en Ligue 1, Monaco
à l’occasion du 9ème tour de la Coupe de
France. Le lendemain, c’est une terrible
nouvelle qui s’abat sur le club. LA DNCG
(Direction Nationale du Contrôle de Gestion)
sévit le club de Vannes à cause d'un budget
non en adéquation avec les comptes de la
saison 2012-2013, commence à surveiller sa
masse salariale et surtout ôte quatre points à
l’équipe dans le classement du National, ce qui
place Vannes de la 17ème à la dernière place
du championnat (18ème). Le pire est pour le
président du club Stéphane Kerdodé. Ce
dernier est allé le jour même au siège de la
Fédération pour demander une audience, suite
au premier bilan déficitaire après la saison
2011-2012 pour pouvoir ainsi présenter le
nouveau projet du club et prouver un budget
équilibré grâce à la belle performance du club
en Coupe de France. Le soir même en
rentrant, il apprend la sanction sans même
avoir été prévenu dans la journée. Un
scandale.
Des causes multiples
La première cause de ces problèmes
n'est pas due directement au club mais à ses
"partenaires nationaux [qui] n’ont pas honoré
leurs engagement" d'après les dires du
président du club. La deuxième est en
revanche à la charge du club "le licenciement
du coach nous a coûté très cher" explique à
ses supporters Stéphane Kerdodé. Les
résultats n’étaient pas à la hauteur d’un club
qui a de l’ambition pour le président et ce
dernier avait alors dû changer de staff. "C’est
une décision que j’ai prise avec beaucoup
d’émotion [mais] il fallait prendre une décision"
justifie-t-il. La dernière explication de la
mauvaise situation financière du club vient de
la fin du droit à l’image collective (c’est-à-dire
une exonération de 30 % de charges sociales
sur les revenus des joueurs) qui a coûté pas
moins 220 000€. "En passant de Ligue 2 en
National, les salaires ne peuvent être baissés
de plus de 20% alors que le budget a presque
été divisé par trois" détaillait Kerdodé : le club
a ainsi vu son budget passer de 9 millions à 3.8
millions d'euros. Cette règle fixée par la DNCG
provoque le plus souvent des problèmes
financiers voire des faillites pour de petits
clubs. Pour résoudre ces problèmes financiers,
le VOC a de ce fait présenté un projet de
restructuration. Ce projet a pour but d’imiter le
modèle de l’EAG qui s’appuie sur des
partenaires locaux et qui a une économie qui
fonctionne bien pour le club qui évolue en
Ligue 1.Le club vannetais et Stéphane
Kerdodé ont fait appel des décisions de la
DNCG.
©Bruno Perrel
COUP DE GUEULE LES RÉTROGRADATIONS DU VANNES OC
Suite à cet appel, ce dernier a expliqué
que le déficit de 400 000€ était réglé, que "le
trou avait été bouché". En février et après
étude de l'appel, la commission décide de
changer la sanction en réduisant la pénalité de
quatre à trois points. Une décision des plus
étranges car soit le club a effectivement
éponger ses dettes et ne mérite donc plus de
sanction, soit les dettes sont toujours
existantes et cette diminution est alors
inexplicable. La saison 2013-2014 aura été
une saison difficile pour le club morbihannais
sur tous les aspects. Après avoir été
sanctionné, il finit finalement 17ème et avant
dernier de National à six points de Strasbourg
(17ème), soit à une victoire sans compter la
pénalité attribuée. Le premier non reléguable
est lui à 11 points de Vannes. Suite à ce
classement, le VOC jouerait donc en CFA, la
division inférieure, la saison suivante. En juillet
dernier le club est contraint de déposer le bilan
et il est ainsi rétrogradé au niveau de son
équipe réserve c’est-à-dire en DH (Division
d’Honneur, 6ème division). Le 22 juillet, le VOC
est inscrit dans le championnat 2014/2015 de
DH auprès de la Ligue de Bretagne. Une règle
similaire pour l’ensemble des clubs qui ont
déposé le bilan précédemment.
Après le dépôt de bilan, l'acharnement
Alors que tout semble dans l’ordre et
que le VOC a déjà assez souffert comme cela,
la FFF relance l’affaire. Selon son règlement, il
est interdit pour un club de repartir de DH après
une affaire de problèmes financiers. Dans un
communiqué officiel, les présidents Stéphane
Kerdodé et René Tozzo expliquent que "la
saison dernière [l’]équipe B a participé à ce
championnat de DH et y a gagné le droit sportif
de s' y réengager, ce qu’a confirmé la Ligue de
Bretagne qui a intégré [les 3 équipes du VOC]
dans ses championnats, respectivement, en
DH, DSE et DSR lors de sa publication de
groupes." Cette décision est en effet étrange et
il y a donc un nouvel imbroglio dans cette
affaire. Le club vannetais serait interdit de
repartir de DH, là où Rouen et Le Mans avaient
eu eux l’occasion de recommencer à ce stade
national. La sanction est telle que club qui
évoluait en Ligue 2 en 2011, soit le deuxième
échelon national, se retrouve à jouer en DSE
(Division Supérieure Elite, 7eme niveau
national). La DH 2014-2015 évoluerait alors à
13 équipes au lieu de 14 puisqu’aucun club ne
peut être repêché dans ce championnat après
le 15 juillet.
Après un appel qui avait permis au
club d’écoper de trois au lieu de quatre points
de pénalités au début d’année, le VOC est une
nouvelle fois amené à faire appel après cette
décision surprenante de la part de la
Fédération. Il est important de signaler que la
Ligue de Bretagne a exprimé son soutien quant
à l’appel de Vannes dans ce dossier. Le VOC
décide de s’exprimer devant le CNOSF avant
la FFF. Selon une des règles de la FFF, un club
qui serait en liquidation judiciaire (ce qui est le
cas de Vannes) perd théoriquement "la
déchéance de ses droits sportifs", article 234-
3 du règlement général de la FFF. Une règle
aberrante qui montre le degré d’importance de
la notion de l’argent pour la Fédération
Française de Football aux profits des valeurs
sportives. Avec cette règle, la FFF pourrait
ainsi faire ce qu’elle veut du club a qui des
problèmes d’argent. Vannes n’est pas le seul
club à devoir intégrer le champion inférieur. En
effet, Valence, Cannes et Cherbourg ont dans
le même cas que le club morbihannais. Une
règle qui évolue pour la FFF cette année
puisque l’an passé, Le Mans avait repris au
stade de la DH ayant pourtant des problèmes
financiers bien supérieurs à ceux du VOC (14.4
millions contre 500 000 euros). Le club sarthois
a d'ailleurs accédé la saison dernière à la
CFA2 suite à sa montée sportive.
La FFF attentiste
"La Fédération a voulu durcir la
sanction, mais je ne sais pas sur quel
fondement", s'insurge Philippe Le Yondre,
vice-président de la ligue de Bretagne de
football aux journalistes d'Ouest France. Le
club espérait encore être réintégré au
championnat de DH jusqu’au mois de
septembre sinon le VOC se verrait obligé de
jouer en DSE. Le CNOSF décide finalement
qu’"en conséquence des éléments retenus et à
des fins de conciliation, le conciliateur entend
proposer à la FFF de mettre les équipes
seniors de l'association Vannes OC à
disposition de la ligue de Bretagne de football
en laissant l'entière liberté à celle-ci pour fixer
leur intégration dans les championnats
régionaux et départementaux, sans interdire
l'intégration de l'équipe première senior de ce
club en championnat de DH." La décision est
logique de la part du CNOSF étant donné que
selon l’article 234 du règlement de la FFF,
"lorsque cette rétrogradation [liquidation
judiciaire] a pour conséquence de reléguer un
club dans les championnats organisés par une
Ligue régionale, cette dernière a toute
compétence pour déterminer les conditions
dans lesquelles ce club sera autorisé à
poursuivre ses activités." Or, la Ligue de
Bretagne soutient le club vannetais.
Mais "malgré l'avis positif du CNOSF le
22 août dernier et sa prise de position en
faveur d'une réintégration de [l’]équipe
première en championnat de DH et malgré le
soutien de la ligue de Bretagne [au] club, par le
maintien d'un championnat de DH à 13 équipes
en attendant notre réintégration, la FFF semble
jouer la montre. Pour qui ? Pour quoi ?" ont
alors réagi les deux co-présidents du club en
ajoutant même que "l'attitude irrespectueuse
de cette instance dirigeante du football français
et du football amateur, qui pour mémoire ne
s'est pas présentée à l'audience du CNOSF,
qui adresse [au club] un fax laconique sans
argumenter sa décision, motive [le club] à
continuer [son] combat en déposant une
demande de référé auprès du tribunal
administratif de Rennes". À l'heure où nous
écrivons ces lignes, la décision n'a pas encore
été rendue.
Depuis maintenant des années, les
décisions de la FFF et de son instance la
DNCG se suivent et diffèrent. Des décisions
qui évoluent suivant les clubs ou les années à
l’instar de l’affaire Luzenac. La meilleure façon
de conclure cet article reste, outre qu'espérer
que la FFF accorde à Vannes le droit de jouer
en DH, de citer les propos des deux présidents
Stéphane Kerdodé et René Tozzo suite à la
décision de la FFF : "Nous nous engageons
dans cette procédure […] pour la défense du
football amateur en général. Nous ne
lâcherons pas et ferons valoir nos droits
jusqu'au bout."
©Sylvain Beauval/Ouest France
COUP DE GUEULE LES RÉTROGRADATIONS DU VANNES OC
Ribéry dit stop aux Bleus Franck Ribéry a décidé de prendre sa retraie internationale à 32 ans, préférant
laisser la place aux jeunes. Rétrospective.
"J'arrête. J'ai compris que
le moment était venu. Je souhaite
consacrer plus de temps à ma
famille, me concentrer totalement
sur ma tâche au Bayern Munich et
aussi laisser la place en sélection
aux nombreux jeunes joueurs
talentueux". Ces mots sortent de la
bouche de Franck Ribéry dans le
magazine allemand Kicker du 13
août dernier. L’ailier gauche titulaire
de la sélection française a décidé
de tirer un trait sur sa carrière
internationale. Une carrière sous le
maillot tricolore riche de 81
sélections et de 16 buts. N’ayant
pas pu participer au dernier
Mondial à cause d’une lombalgie
chronique, Ti’Franck comme il était
surnommé à Boulogne sur Mer ne
se voyait pas avoir la force de
continuer sa carrière internationale.
De plus, l’avènement d’une
nouvelle génération symbolisée par
Antoine Griezmann ne l’assurait
pas d’une place de titulaire
indiscutable : "On doit savoir quand
il est temps de s'arrêter. J'ai vécu
tant de choses. Il est désormais
temps pour d'autres d'aller de
l'avant et on a vu lors de la Coupe
du monde qu'il n'y a pas
d'inquiétudes à avoir pour l'avenir
de l'équipe de France. Les Français
ont perdu en quart de finale 1-0
contre le futur champion du monde
allemand". L’Allemagne justement,
Ribéry y reste puisqu’il continue sa
carrière de club sous les couleurs
du Bayern Munich. Mais sans
oublier son passé en bleu… qui a
débuté par une belle performance
en Allemagne.
27 juin 2006, Hanovre. La
France joue son huitième de finale
de Coupe du Monde face à
l’Espagne et elle est menée 0-1
suite à un penalty inscrit David
Villa. 42ème minute de jeu, Iker
Casillas dégage au loin un ballon
donné en retrait par un de ses
défenseurs. Celui-ci est récupéré
par les Français suite à un bon
pressing de Zinedine Zidane.
Franck Ribéry reçoit le ballon et
effectue un une-deux avec Patrick
Vieira en pivot. Dans la profondeur,
Ribéry a le champ libre et se
présente face à Casillas. Plutôt que
de frapper directement, il préfère
déborder le portier espagnol avant
d’envoyer le ballon dans les cages
ibériques malgré le retour de Carles
Puyol. La France revient à 1-1, elle
s’imposera finalement 3-1 et ira
jusqu’en finale de la compétition.
Mais le fait le plus important de ce
match est le premier but
international de Franck Ribéry. Le
joueur qui évoluait alors sous les
couleurs de l’Olympique de
Marseille avait lancé de la plus
belle des manières son compteur
de buts sous le maillot bleu.
Titulaire durant huit ans
Des buts, Ribéry en aura inscrit 16. Et à chaque fois, la France se sera imposée¹. Suite à son beau parcours au Mondial 2006, il devient un cadre du dispositif de Raymond Domenech. Mais malgré tout, il ne peut empêcher la débâcle de l’Euro 2008 où la France fait match nul face à la Roumanie (0-0) avant de s’incliner lourdement face aux Pays-Bas (1-4). Il ne peut même pas terminer le dernier match de poule face à l’Italie, obligé de sortir sur civière dès la 8ème minute de jeu. Suite à cet échec retentissant, Ribéry permet à Raymond Domenech de ne pas perdre son poste en évitant la défaite lors des qualifications du Mondial 2010 en Roumanie en inscrivant un but avant de faire une passe décisive à Yoann Gourcuff. Menée 0-2, la France termine le match sur un score de 2-2. Mais déjà des blessures le gênent et elles se succèdent : tenditine rotulienne, inflammation de la cheville ou de l’orteil… Ribéry passera plus de trois ans sans marquer en équipe de France, du 1er avril 2009 au 27 mai 2012. Durant cette période, le fiasco de Knysna et notamment la grève de l’entraînement du 20 juin 2010. Ribéry est vu comme le meneur de la fronde et est suspendu trois matchs par sa fédération.
Pour son retour, il fait un mea culpa, assume ses erreurs passées et demande pardon. Il prend deux ans avant de retrouver le chemin des filets sous le maillot national. Ce sera en match de préparation de l’Euro 2012, face à l’Islande. Le début d’un renouveau. Cette renaissance durera jusqu’à fin 2013. Performant en Pologne et en Ukraine, il devient ensuite indispensable sous l’ère Dider Deschamps. Il y marquera six fois, permettant de débloquer la situation face au Bélarus par exemple le 10 septembre 2013 où il permet à la France de remporter un match important. Puis au fur et à mesure, il perd de son importance, devient de moins en moins performant au point d’être presque inexistant face à l’Ukraine. Pas au niveau face aux Pays-Bas en mars dernier, il terminera sa carrière internationale par la petite porte, éclipsé par les performances de ses successeurs. Son but face à la Finlande le 15 octobre dernier sera le dernier.
"Il y a eu des hauts et des bas" analyse-t-il à propos de sa carrière en bleu. Celle-ci ne fut en effet pas tout à fait linéaire. Chouchou du public lors du Mondial 2006, il a réalisé de beaux gestes inoubliables. Comme cet hommage à Thierry Gilardi le lendemain de son décès lors de la rencontre France-Angleterre le 26 mars 2008. Suite à son but sur penalty face à l’Angleterre, il soulève son maillot où il rend hommage à l’ancien commentateur. Ribéry laissera aussi l’image d’un homme sulfureux comme lors de l’affaire Zahia, où il est accusé d’avoir eu des relations sexuelles tarifées avec une jeune femme mineure. Il est également soupçonné d’avoir une jalousie envers Yoann Gourcuff, son partenaire en sélection et d’avoir été à l’origine de la fronde de l’entraînement au Mondial 2010. N’ayant pas applaudi lors de la minute d’applaudissement en hommage à Thierry Roland lors de France-Uruguay le 15 août 2012, il aggrave son image. Mais quoiqu’il arrive, Ribéry restera un grand joueur de l’équipe de France. Il a fait vibrer la France durant huit ans et ça, personne ne l’oubliera. "C'est aujourd'hui le moment pour une nouvelle étape de ma vie" déclare-t-il. Nous ne lui souhaitons qu’une chose : bonne continuation Francky !
________________________ ¹ À l’exception de Roumanie-
France en 2008 où le score final fut de 2-2.
©L'Équipe
ÉQUIPE DE FRANCE LA RETRAITE INTERNATIONALE DE FRANCK RIBÉRY
Une annonce en questions
QUESTIONS-RÉPONSES. Franck Ribéry a pris sa retraite internationale. Mais qu’est-ce qui
l’a motivé ? A-t-il une chance de revenir tout de même ? Éclairage.
Pourquoi arrête-t-il maintenant ?
Depuis sa défaite au Ballon d’Or 2013, Franck
Ribéry n’est plus le même. Enchaînant les
blessures au dos notamment et souffrant d’une
grosse concurrence au Bayern Munich, il n'est
plus le joueur virevoltant qu'il était encore en
2013. Malgré sa volonté, il avait dû déclarer
forfait pour le dernier Mondial. Sentant qu’un
nouvel état d’esprit s’était formé dans le groupe
en son absence, il ne sentait plus à sa place. Sa
décision de décliner l’invitation de Noël Le Graët
à venir assister au quart de finale France-
Allemagne était un signe annonciateur.
Didier Deschamps était-t-il au courant ?
Même s’il n’a pas officiellement réagi, le
sélectionneur de l’équipe de France a été mis au
courant après la Coupe du Monde que Franck
Ribéry pourrait stopper sa carrière
internationale. Ce serait l’agent du joueur depuis
2007, Jean-Pierre Bernès qui aurait averti
Deschamps d’un possible communiqué.
Est-ce la fin d’une génération ?
Quatre jours plus tôt, le 10 août, Samir Nasri qui
lui aussi n’avait pas disputé le dernier Mondial
(par choix du sélectionneur) annonçait sa
retraite internationale dans le Guardian.
Quelques heures après l’annonce de Ribéry,
Éric Abidal a lui aussi déclaré prendre sa retraite
internationale. Ce dernier n’avait lui aussi pas
été du voyage au Brésil, pour la même raison
que Nasri. Ribéry et Abidal étaient les derniers
du groupe présents au Mondial 2006. Nasri était
lui plus connu pour ses frasques que pour ses
exploits sous le maillot tricolore. Ce triple départ
laisse plus de place à une génération où figurent
Aréola, Digne, Varane, Pogba ou Griezmann.
Qui pour prendre sa place ?
Antoine Griezmann semble en pôle pour
occuper la place du Munichois. Souvent utilisé
sur le flanc gauche lors du Mondial brésilien, il a
fait ses preuves. Le départ de Ribéry ouvre aussi
de nouvelles possibilités à Deschamps, qui peut
du coup tenter le duo Benzema-Giroud à la
pointe de l’attaque avec Valbuena en retrait et
un milieu à trois. Benzema peut également être
aligné à gauche, comme cela a été le cas contre
la Suisse pendant que Giroud est aligné à la
pointe de l’attaque et que Valbuena joue sur le
côté droit.
Peut-il revenir ?
Le cas de Zinedine Zidane, Lilian Thuram et de
Claude Makelele, qui étaient revenus sur leur
décision pour aider la France à se qualifier pour
le Mondial 2006 est possible, mais il faudrait que
les circonstances s’y prêtent. Ribéry devrait
redevenir incontournable en club, comme il l’a
été en 2012-2013 et que la France peine à
quelques mois de l’Euro. Jean-Pierre Bernès,
agent de Deschamps et de Ribéry pourrait alors
mettre les deux hommes en contact. Mais
l’hypothèse paraît pour le moment improbable.
– A. M.
Les 16 buts de Ribéry en sélection
Numéro du but. Date, stade, ville (pays/département). Compétition. Match score final.
1. 27 juin 2006, AWD-Arena, Hanovre (Allemagne). Huitièmes de finale de Coupe du Monde.
France-Espagne 3-1.
2. 2 juin 2007, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications de l’Euro 2008.
France-Ukraine 2-0.
3. 26 mars 2008, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Match amical. France-
Angleterre 1-0.
4. 3 juin 2008, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Match amical. France-
Colombie 1-0.
5. 11 octobre 2008, Standionul Farul, Constanta (Roumanie). Qualifications de la Coupe du
Monde 2010. Roumanie 2-2 France.
6. 28 mars 2009, Dariaus ir Giréno stadionas, Kaunas (Lituanie). Qualifications de la Coupe du
Monde 2010. Lituanie 0-1 France.
7. 1er avril 2009, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications de la Coupe du
Monde 2010. France 1-0 Lituanie.
8. 27 mai 2012, Stade du Hainaut, Valenciennes (Nord). Match amical. France-Islande 3-2.
9. 31 mai 2012, Stade Auguste-Delaune, Reims (Marne). Match amical. France-Serbie 2-0.
10. 5 juin 2012, MMArena, Le Mans (Sarthe). Match amical. France-Estonie 4-0.
11. 11 septembre 2012, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications pour la
Coupe du Monde 2014. France-Belarus 3-1.
12. 22 mars 2013, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications pour la
Coupe du Monde 2014. France-Géorgie 3-1.
13. 10 septembre 2013, Stade central, Gomel (Belarus). Qualifications pour la Coupe du Monde
2014. Belarus-France 2-4.
14. 10 septembre 2013, Stade central, Gomel (Belarus). Qualifications pour la Coupe du Monde
2014. Belarus-France 2-4.
15. 11 octobre 2013, Parc des Princes, Paris (Paris). Match amical. France-Australie 6-0.
16. 15 octobre 2013, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications pour la
Coupe du Monde 2014. France-Finlande 3-0.
Abidal et Nasri arrêtent aussi. Non sélectionnés
pour le Mondial, le défenseur Éric Abidal et le
défenseur Samir Nasri ont tout comme Ribéry
annoncé leur retraite internationale. Tous deux ne
se reconnaissaient plus dans la génération actuelle
de la sélection tricolore.
Deschamps veut terminer premier du groupe de
qualification. Bien que qualifiée d'office en qualité
d'organisatrice, l'équipe de France participera bien
à un groupe de qualifications pour son Euro. Placé
dans le groupe I avec le Portugal, la Serbie, le
Danemark, l'Albanie et l'Arménie. Elle y visera la
première place, dixit son sélectionneur Didier
Deschamps dans les colonnes de L'Équipe : "Nous
sommes dans un groupe. L'objectif sera de le
gagner" s'est-il ainsi exclamé.
Match amical en vue contre le Maroc ? Les Bleus
pourraient bien rencontrer leurs homologues
marocains en mars prochain, dans le cadre d'un
match amical. En effet, la FFF a envoyé à la
fédération marocaine une demande officielle de
match amical. Cette dernière est en phase de
réflexion mais la réponse devrait être positive. Lors
du dernier affrontement entre les deux équipes,
celles-ci s'étaient quittées sur un score nul de 2-2.
Les Espoirs en barrages de l'Euro 2015. Suite à
leur victoire le 4 août dernier à Astana (Kazakhstan),
l'équipe de France Espoirs s'est assurée une place
de barragiste lors des qualifications pour l'Euro
2015, qui se déroulera en République Tchèque.
Ceux-ci se joueront sur le format aller-retour, les 8
et 14 octobre prochain. L'équipe qui se qualifiera ira
donc dans le pays de Sigmund Freud disputer la
phase finale de la compétition. Rappelons que celle-
ci est qualificative pour les Jeux Olympiques de
2016, qui se dérouleront à Rio.
Le programme des Bleus. 11 octobre, France-
Portugal ; 14 octobre, Arménie-France ; 14
novembre, France-Albanie ; 29 mars 2015, France-
Danemark. Tous ces matchs sont amicaux.
BLEUS EXPRESS
ÉQUIPE DE FRANCE LA RETRAITE INTERNATIONALE DE FRANCK RIBÉRY
Cher James… Il a quitté la Ligue 1 cet été, pour s'envoler vers l'Espagne et le club roi de sa capitale. James Rodriguez restera quoiqu'il arrive dans l'histoire de la Ligue 1 grâce à son aisance technique et son indispensabilité. Lettre ouverte à un joueur qui manquera à notre championnat.
Cher James…
Tu n’es parti que depuis juillet mais dans notre cœur, nous avons l’impression que cela fait une éternité. Sache que chaque semaine, ton absence sur les terrains de Ligue 1 se fait ressentir. Sans toi, regarder un match de l’AS Monaco n’a plus la même saveur. Alors parce qu’en une saison, tu as fait bien plus que ce que certains feront en 10 ans, nous t'écrivons cette lettre ouverte, qui à défaut de te faire revenir, te fera comprendre à quel point tu nous manques.
Cher James…
La trace que tu as laissée en France restera à jamais indélébile. Rien ni personne ne pourra effacer ce que tu as apporté à notre championnat. Tu n’as pas seulement guidé Monaco à la deuxième place, tu n’as pas seulement marqué ou fait marquer, tu as prouvé qu’il était possible d’être performant en Ligue 1 avec pour seul argument la technique. Dans notre football qui se perd, tu es venu démontrer que l’aisance balle au pied reste la seule, la plus puissante des armes. Tu as valorisé le spectacle, dès ton premier grand match contre Saint-Etienne. Tu as régalé nos yeux, mais tu as également démontré qu’un joueur pouvait être à la fois élégant et efficace. Tu n’as pas été qu’un joueur spectaculaire, tu as été notre bouffée d’air frais dans notre championnat trop morose. Tu as vengé ceux qui avaient tué Lucho Gonzalez, Miralem Pjanic ou ceux qui veulent tuer Javier Pastore. Ceux qui imposent leur dictat du physique, de l’athlétique et du puissant. Ceux-là même qui guident notre football à l’échec. Tu as envoyé un message fort. Tu leur as répondu. Tu leur as montré qu’ils avaient tort. Les défenseurs dont on se fait des montagnes sont devenus ridicules face à tes dribbles. Les milieux qu’on croyait géniaux sont devenus médiocres à côté de ta vision du jeu. C’est une nouvelle façon de juger les joueurs et de voir le football qui est arrivée avec ton éclosion. Tu as mis la technique en avant, tu as toujours valorisé le jeu, tu as fait tant de choses en si peu de temps. Alors vraiment, comment pourrions-nous t’oublier ? Tu as ouvert la voie à un nouveau football. Tu
as démontré qu’une nouvelle façon de jouer été possible. Jouer, voilà ce que tu as fait, jouer. Dans une Ligue 1 repliée sur elle-même. Dans une Ligue 1 qui se contente du strict minimum, toi tu as joué. Comme un gamin de 10 ans le fait sur un terrain ou dans la cours de récréation, tu as joué sans te soustraire à la morosité de notre championnat. Cher James, c’est pour cela qu’on ne pourra jamais oublier tout ce que tu as apporté.
Cher James…
Tu fais désormais parti des grands parmi les grands de l’histoire de notre
championnat. Et pourtant tu n’es resté qu’un an. Et pourtant tu t’es montré
impatient en partant peut-être trop vite au Real. Peut-être parce
que c’était devenu trop facile pour toi de joueur face à nos pauvres équipes. Peut-être que c’était le moment de voir
plus grand. Peut-être que la Ligue 1 ne te faisait pas rêver. Mais saches que toi, tu as fait rêver la Ligue 1. Tu as été le successeur de Ronaldinho. Comme lui tu es arrivé jeune, comme lui tu es reparti star. Tu resteras dans les mémoires comme le sont restés Josip Skoblar, Roger Magnusson, Safet Susic, Marco Simone, Ali Benarbia ou Chris Waddle. Comme eux tu incarneras désormais une époque, une ère, une
période réjouissante de notre championnat. Comme eux, tu as marqué une génération de supporters de ton empreinte. Ce sont désormais des dizaines, des centaines, des milliers de jeunes fans de football qui garderont en tête ton souvenir. Ta place dans le temple des légendes de la Ligue 1 est assurée.
Certains jeunes étaient orphelins de grandes stars, avec toi et Zlatan, ils ont désormais leurs
idoles. Ne l’oublie jamais. Même si tu es maintenant loin de tout ça, n’oublies pas le bonheur que tu as apporté en Ligue 1. Ton passage en France n’était qu’une parenthèse, mais une
parenthèse de pur bonheur, de joie totale comme rarement nous en avons eu. N’oublies pas que tu es désormais une légende de notre championnat. Ton destin a fait en sorte que tu partes après seulement une saison, mais il a agi de manière à ce que tu restes présent dans nos cœurs, à tout jamais.
Cher James…
Tu es parti mais ton souvenir est toujours là, puissant et indéfectible. Nous ne te reverrons probablement jamais sur nos pelouses. Peu
importe, tu as laissé une trace suffisamment grande pour que nous ne t’oublions pas. Nous nous consolerons en regardant les images de tes buts, de tes coup-francs, de tes dribbles ou de tes passes décisives, en
nous rappelant qu’un jour, tu es passé par chez nous…
©Tous Droits Réservés
LIGUE 1 LETTRE OUVERTE À JAMES RODRIGUEZ
Le conte de fée de Moti En barrages retour de la Ligue des Champions, l'habituel défenseur roumain du
club bulgare du Ludogorets Razgrad s'est mué en gardien le temps d'une séance
de tirs aux buts. Et ça lui a plutôt réussi…
Au matin du 27 août
dernier, personne ne connaissait
Cosmin Moti à part quelques
Bulgares et Roumains. Quelques
heures plus tard, son nom sonnait
dans l'Europe entière. Pourquoi ?
Ce que l'on appelle un instant de
grâce, sûrement. Un événement
qui ne se reproduira a priori jamais
dans sa carrière, qui l'a fait passer
de l'ombre à la lumière. Jusqu'à
devenir deuxième tendance
mondiale sur le réseau social
Twitter. Tout est parti d'un match de
barrage de Ligue des Champions
qui paraissait tout à fait banal.
Cosmin Moti est défenseur depuis
2012 au club du Ludogorets
Razgrad, champion de Bulgarie la
saison dernière. À ce titre, le club
avait le droit de participer à la Ligue
des Champions, à condition de
passer par les tours préliminaires.
Entrant au second tour, il se défait
facilement de Dudelange, un club
luxembourgeois (4-0 à l'aller, 1-1 au
retour) avant de récidiver face au
Partizan Belgrade (0-0 à l'aller, 2-2
au retour). Le voilà en barrages de
la compétition au même titre que
Naples, Arsenal ou Porto. Le tirage
au sort désigne le Steaua Bucarest
comme adversaire. Une motivation
pour Cosmin Moti. En effet,
l'international roumain (quatre
sélections dont l'Euro 2008) a joué
entre 2005 et 2012 au… Dinamo
Bucarest, l'ennemi juré du Steaua.
Et il ne compte pas faire de cadeau
à ce club.
Ambiance électrique en tribunes
Le match aller est assez
bien géré par Ludogorets, qui ne
concède qu'un but (0-1). Au retour,
toute la Bulgarie est derrière son
équipe car l'exploit est possible.
Enfin presque toute. Les supporters
du TSKA Sofia, rival de Razgrad et
ayant des amitiés avec ceux du
Steaua Bucarest se décident d'aller
au stade encourager l'adversaire
de leurs ennemis. L'ambiance est
électrique et partagée dans le stade
entre pro et anti-Ludogorets. La
rencontre se déroule normalement,
sans incident majeur. Sur le terrain,
les deux équipes n'arrivent pas à se
départager et à l'aube du temps
additionnel, il est nul et vierge. S'il
en reste-là, le Steaua Bucarest est
qualifié. Mais ce match serait alors
resté banal. Pour devenir épique, il
doit y avoir des péripéties
inattendues. Le but de Wanderson
d'une superbe volée de l'extérieur
suite à un corner à l'entrée du
temps additionnel y participe. Mais
pas seulement. La rencontre se
poursuit en prolongations. Rien
d'anormal à signaler jusqu'à cette
119ème minute et l'exclusion du
gardien du Ludogorets Vladislav
Stoyanov suite à un second carton
jaune. Le portier quitte le terrain et
l'entraîneur de Razgrad, Georgi
Dermendzhiev a déjà réalisé ses
trois changements. Un joueur de
champ doit alors le remplacer. Ce
sera le défenseur Cosmin Moti,
novice à ce poste et ce, même à
l'entraînement. Les supporters du
TSKA Sofia en tribune et du Steaua
Bucarest en Roumanie exultent.
Voici la fatidique séance de tirs aux
buts qui se présente alors.
L'homme du match
Ludogorets commence à
tirer en premier par l'intermédiaire
de… son défenseur, éphémère
gardien Cosmin Moti. Et ce dernier
réalise son tir au but. Quoiqu'il
arrive, il n'aura rien à se reprocher.
Cependant, il fait mieux que de la
figuration et plonge du bon côté sur
chacune des frappes roumaines.
La dimension épique n'est pas
encore là. Elle arrive après le
deuxième tir-au-but bulgare non
transformé. En cas de but,
Bucarest prend l'avantage. Dans
les cages, Cosmin Moti veut jouer
un mauvais tour à ses
compatriotes. Et il réussit. Il
détourne le tir pleine lucarne de
Paul Pirvulescu et permet à son
équipe de rester dans la course à la
qualification. Les tirs-au-but
transformés s'enchaînent : neuf de
suite finissent au fond des filets.
Les 21 joueurs sont dans un
système de "mort subite" : la
première équipe à ne pas marquer
est éliminée.
Place à Cornel Rapa qui se
présente face à son compatriote
Cosmin Moti. Ce dernier bouge sur
la ligne pour déstabiliser le tireur.
Rapa frappe à mi-hauteur, sur la
droite de Moti… qui bloque le ballon
! Incroyable scénario, Moti permet à
son équipe d'être la première
formation bulgare à jouer la phase
de poules de la Ligue des
Champions ! L'Europe est ébahie
par ce scénario et retient le nom de
cet illustre inconnu qui rentre en
une séance dans l'histoire de la
compétition et plus généralement
du football. Dès le lendemain, le
propriétaire du club Kiril
Domoustchiev indique qu'une des
tribunes du stade en construction
portera son nom. "Ce n'est pas
seulement un héros pour
Ludogorets, mais pour toute la
Bulgarie" a-t-il indiqué. Le Daily
Mirror, célèbre quotidien
britannique est tout aussi
enthousiaste : "Pour tout ce que tu
as fait, nous ici, au Mirror Football,
on te salue Sir". Tout est dit…
©MaxPPP
LIGUE DES CHAMPIONS LE JOUR DE GRÂCE DE COSMIN MOTI
L'Euro 2016 en France, c'est dans moins de 2 ans...
Le 10 juin 2016 sera donné le coup d'envoi de l'Euro 2016 en France. A moins de deux ans de l'évènement, petit tour d'horizon sur son organisation.
La Coupe du Monde passée, la prochaine grande compétition pour les équipes de notre continent est bien évidemment l’Euro 2016, qui se déroulera en France. Ce championnat d’Europe accueillera à l’inverse de son habitude, 24 équipes dont la France, qualifiée d’office en tant que pays organisateur. Les qualifications en cours depuis début septembre, il est temps de faire un point sur les infrastructures et l’évolution des stades de ce championnat d’Europe.
10 stades et 10 villes accueilleront l’évènement : Lille, Lens, Paris, Saint-Denis,
Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nice, St-Etienne, Lyon. Parmi eux, quatre nouveaux stades : le stade Pierre-Mauroy à Lille, le Grand Stade de Nice, le Stade des Lumières de Lyon et le Nouveau Stade de Bordeaux. Deux d’entre eux sont déjà terminés, à savoir ceux de Lille et Nice. Aux abords de chaque stade seront également placés des "Fan Zone" où les matchs seront diffusés sur écrans géants, comme lors de la précédente Coupe du Monde. Les constructions du stade de Bordeaux sont en cours et dans les temps, celles du Stade des Lumières de Lyon ont mis plus de temps que prévu à débuter à cause de mouvements politiques s’opposant à la construction du stade, mais ce dernier devrait tout de même être terminé dans les temps.
Des travaux à l'heure
Au niveau des autres stades, le Stade de France qui accueillera le match d'ouverture (au même titre que le stade Vélodrome et le
stade Pierre-Mauroy), ne bénéficie d’aucun travaux nécessaire. Le Stade Vélodrome de Marseille a lui finit ses travaux nécessaires et a été inauguré le 6 septembre dernier face à Montpellier. Saint-Etienne et son mythique stade de Geoffroy-Guichard a aussi souffert de la rénovation de son stade d’un point de vue économique (places en moins dans une bonne période sportive), mais les travaux sont en cours de finition et devraient être terminés entre fin novembre et début décembre. Le club ligérien espère inaugurer le stade pour la réception de Lyon lors du derby le 30 novembre. Lens subit aussi les conséquences de la rénovation de son stade Félix-Bollaert, le club de Gervais Martel doit ainsi jouer toute la saison à Amiens au stade de la Licorne. L’évolution des travaux est satisfaisante, pour une augmentation de seulement 3 500 places. De son côté, le Stadium de Toulouse devrait être livré en 2015, alors que les travaux sont toujours en cours. Pour information, c’est le seul stade où la capacité sera réduite, de 35 000 à 33 000 places. Dans la capitale, le Parc des Princes (qui ne sera pas rasé au souhait du président parisien Nasser Al-Khalaïfi), a vu ses quelques travaux commencer cet été (rénovation des tribunes présidentielles et des vestiaires) et les quelques aménagement restants qui sont en cours de rénovations devraient être terminés à la fin de la saison.
Par ailleurs, plusieurs stades comme ceux de Marseille et de Saint-Etienne ont profité de l’été dernier pour s’équiper d’une pelouse hybride (c’est-à-dire semi-synthétique et semi-naturelle), pour une meilleure qualité de jeu, surtout dans des régions à fortes altitudes. Au niveau de la capacité, la seule ville qui verra la capacité de son enceinte gonfler sera Lyon qui l'augmentera de plus de 15 000 places. Tout ceci nous promet un bel Euro 2016… sur le terrain !
©AFP
EURO 2016 LE POINT À DEUX ANS DE LA COMPÉTITION
Le calendrier de la compétition dévoilé Six groupes de quatre équipes, 23 jours de compétitions, trois horaires différents… le
calendrier de la compétition a été dévoilé. Un calendrier réfléchi et malin.
Quatre groupes de six ou
six groupes de quatre ? Avec le
passage de 16 à 24 équipes, la
question se posait. Après de
longues réflexions, les
organisateurs ont finalement
décidé d'opter pour la seconde
option. Chaque équipe ne jouera
donc que trois matchs en phase
de poule. Les deux premières
nations étant qualifiées pour les
huitièmes de finale – nouveauté
de cette version à 24 équipes –, il
fallait également trouver un
système pour repêcher quatre
équipes. Ce seront les quatre
meilleurs troisièmes qui iront
finalement en phase à élimination
directe. Ce qui fait que les deux
tiers des équipes se retrouveront
au second tour. La phase de
poule sera du coup bien moins
intéressante qu'actuellement au
contraire de la phase à
élimination directe qui, plus
longue, sera plus palpitante.
Une répartition des rencontres
sagement pensée
Chaque stade
accueillera au minimum quatre
matchs et au moins un match de
la phase à élimination directe. Le
comité d'organisation a
également bien réparti sur le
territoire les différentes
rencontres. Ainsi, des matchs ne
se joueront pas le même jour à
Lille et à Lens, à Lyon et à Saint-
Étienne, à Paris et à Saint-Denis,
à Toulouse et à Bordeaux ou à
Marseille et à Nice. Pour sa part,
l'équipe de France débutera au
Stade de France avant d'enchaîner
sur le Stade Vélodrome et le Stade
Pierre-Mauroy. Si elle venait à
terminer première de son groupe,
elle se déplacerait ensuite à Lyon
(huitièmes de finale) puis à
Bordeaux (quarts) et à Marseille
(demis). La finale se jouera elle à
Saint-Denis.
Il y aura au total 23 jours de
compétition pour huit jours de
repos. Les matchs seront espacés
comme lors de la dernière Coupe
du Monde de trois heures chacun et
se joueront à 15h, 18h et 21h.
Aucun match à 15h ne se disputera
à Marseille et à Nice, afin de
préserver l'intégrité physique des
joueurs. À partir du 27 juillet, toutes
les rencontres se disputeront à
l'horaire de 21h, plus télévisuelle. À
noter par ailleurs qu'à l'instar des
dernières éditions, il n'y aura pas de
finale pour la troisième place,
comme c'est de coutume en Coupe
du Monde.
EURO 2016 LE CALENDRIER DE LA COMPÉTITION
Dopage, la grande omerta Les cas de dopage dans le football sont assez rares et peu médiatisés. Pourtant, la réalité est toute autre. Le dopage est bien plus présent qu'on ne le pense dans le football. Durant un an, nous avons mené notre enquête sur un sujet plus que tabou dans le monde du ballon rond. Et les conclusions sont accablantes. Investigation, preuves à l'appui.
Dopage. Un mot que l'opinion publique renvoie au cyclisme et à l'athlétisme principalement. Six lettres qui ne sont jamais associées au football. Du dopage dans le football ? Jamais ! Supporters, institutions et journalistes se cachent les yeux. Il ne peut y avoir de dopage dans le football selon eux. Mais nous avons décidé de voir les choses en face, d’ouvrir nos yeux à la réalité. Durant un an, nous avons mené une enquête, interrogé différentes personnes de différents milieux : journalistes, supporters, entraîneurs… La plupart du temps, le sujet a été évacué. "Je n'ai rien à dire sur le dopage" commente ainsi un ancien arbitre. Beaucoup de ceux qui nous répondent nient l’évidence quand ils ne coupent pas court à la conversation ou changent de sujet. Quelques-uns ont expliqué pourquoi ils ne souhaitaient pas répondre : "Je crains de ne pouvoir vous être d’aucun secours. Le dopage est un domaine extrêmement complexe,
technique et je n’ai vraiment pas assez de connaissances pour risquer de m’y aventurer." Cependant, certains ont acceptés de nous répondre, anonymement ou non. Nous les en remercions. Beaucoup n'ont pas voulus dévoiler leur identité mais nous ont cependant répondu. Même si un d'entre eux nous a mis en garde : "le milieu du foot est opaque. Avoir des témoignages et des preuves est redoutablement difficile".
Nous avons cependant eu des périodes de doutes quant à l'intérêt de notre démarche. Nous arrivions facilement à trouver des éléments concordants mais pas des preuves. Car les contrôles sont rares, trop rares. Un footballeur professionnel sur 2000 fait l'objet d'un contrôle. Une goutte d'eau dans un océan. Puis, nous avons finalement réussis à mettre bout à bout tous ces éléments qui prouvent notre pensée. Pour ceci, nous avons lus les quelques articles sur le sujet, écouté des émissions de radio, lu un rapport sénatorial de plus de 200 pages, avons fouillés dans le passé pour rassembler les cas avérés ou presque afin d'être bien certains de ce que nous allions démontrer. Car oui, le dopage existe dans le football. Et il est bien plus présent qu’on ne le pense. Il est l’heure de briser l’omerta. Autissier Robinot Panoramic
En 1958, déjà…
"Le dopage est omniprésent dans le football. Gerardo Ottani, un footballeur professionnel de Bologne devenu médecin puis président de la société médico-sportive italienne, mène en 1958 une étude qui révèle
que 27 % des footballeurs de la première division prenaient des amphétamines, 62 % des stimulants du coeur et de la respiration, 68 % des stéroïdes anabolisants. Il y a alors un match et deux entraînements par semaine et beaucoup moins d'argent qu'aujourd'hui : le vrai moteur du dopage n'a jamais été l'argent ; c'est l'égo, la compétition. Tant que l'on n'a pas compris cela, on parle en amateur. " Ces propos de Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport lors du commission sénatoriale sur le dopage le 14 mars 2013 sont clairs : pourquoi tous les autres sports et pas le football ? Pourquoi le dopage n'impliquerait-il pas le football ? Les faits sont pourtant là.
Novembre 2010. Jean-Michel Aulas s'emporte en suspectant ses adversaires de Schalke 04 d'être dopés mais sans jamais utiliser le terme. Le président de l'Olympique Lyonnais vient de perdre 3-0 à domicile face au club allemand. Il sous-entend alors sur OLTV, la chaîne du club : "Les joueurs n'étaient pas comme au match aller, ils couraient beaucoup plus vite et beaucoup plus longtemps. Je ne sais pas quelle préparation ils avaient suivi, mais leur dimension physique était impressionnante. Nous avons été tellement battus physiquement que c'était un peu trop gros... On voit que les joueurs ne sont pas toujours à armes égales." S'en était alors suivi un grand débat. Ces mots spontanés : "c'était un peu trop gros" insinuent beaucoup trop de choses. L'OL s'en sortira avec un communiqué appuyant les propos de son président mais en niant toute interprétation. "Aulas aurait dû dire plus de choses. Pourquoi insinuer des choses et ne pas aller au bout ?" s'insurge Sébastien
Bézard.
©Autissier Robinot/Panoramic
GRAND THÈME
LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL
Jean-Michel Aulas avait alors soulevé un vaste débat vite étouffé. Si le président lyonnais avait élevé la voix, ce n'est en revanche pas le cas de la FIFA. L'institution dirigée par Sepp Blatter nie en bloc. Le médecin en chef, Jiri Dvorak a démenti l'été dernier tout système de dopage : "Je suis convaincu qu'il n'existe pas de culture du dopage systématique dans le football." Selon lui, sur 30 000 contrôles par an, "débouchent sur 70 à 90 résultats positifs." C'est peu, beaucoup trop peu. Jean-Pierre de Mondenard détaillait d’ailleurs en septembre dernier à Sport 24 : "Il faut 10% de sportifs contrôlés pour dissuader les tricheurs. Or, dans le football et avec des résultats qui sont en plus sous-évalués, on constate en France que l’on a 548 contrôles sur 2 225 000 licenciés, soit 0,002 %". "Quand on ne cherche rien, on ne trouve rien ! " enchaîne devant la commission sénatoriale le 3 avril 2013 Stéphane Mandard, spécialiste des questions sur le dopage.
Juventus, Puerto… la face immergée de l'iceberg
Les preuves sont claires. Bernd Schuster a récemment avoué dans un entretien au quotidien espagnol Marca que "certains joueurs prennent plus de pilules et de comprimés qu'ils ne mettent du parfum ou du déodorant. On buvait tous des produits. Ce n'était pas forcément des stimulants mais à l'époque les médecins et les physiothérapeutes nous en donnaient en permanence." Il n'est pas le seul. L'idole allemande Franz Beckenbauer a lui aussi reconnu s'être dopé "Bien sûr que nous avions des injections de vitamines. Comment pourrais-je le savoir... Le docteur nous disait : ce sont des injections de vitamines." Son compatriote Dieter Schatschneider, meilleur buteur de deuxième division allemande des années 1980 enfonce le clou : " Le dopage était présent. Les produits circulaient dans le bus ou étaient cachés dans les toilettes. Les joueurs ont pris leurs responsabilités en pensant qu’ils seraient plus performants, qu’ils pourraient courir plus longtemps. J’ai décidé que cela ne valait pas le coup. Et que l’on ne me dise pas qu’on ne savait rien du Captagon" faisant référence à un stimulant. Trois ex-joueurs professionnels Allemands affirment donc que le dopage existe, et qu'il est bien plus présent qu'on ne le pense. Et ce ne sont pas les seuls.
En 1998 éclate l'affaire Festina, impliquant uniquement des cyclistes. Mais l'évènement s'est déroulé à deux semaines seulement après la fin de la Coupe du Monde. En 2004, le procès de Turin, resté célèbre car le seul cas avéré de dopage de masse dans le football aboutit sur des non-lieux. Aucun joueur n'est inquiété pénalement et le club garde l'intégralité de ses titres. En mai 2006 commence le grand déballage de l'affaire Puerto. Les médias s'emparent de l'affaire et les cyclistes sont pointés du doigt. De grands noms ou de futurs grands noms de la discipline sont impliqués : Ivan Basso, Marco Pantani, Michele Scarponi, Jan Ulrich, Alberto Contador ou Alejandro Valverde. Ils s'en sortiront avec des sanctions diverses, entre le blanchiment total, une peine allégée pour collaboration ou une peine plus lourde. Ce que l'opinion publique n'a en revanche pas su, c'est que les deux clubs les plus riches du monde étaient impliqués : le Real Madrid et le FC Barcelone. Avec le Bétis Sévis et le FC Valence, ils auraient fait appel aux services du médecin Eufemiano Fuentes (voir photo ci-contre) pour avoir accès à un programme de dopage. Stéphane Mandard, journaliste au Monde a réussi à convaincre le docteur espagnol de lui faire visiter ses locaux. Dans un article paru le 7 décembre 2006 sur le site internet du journal, il détaillait sa visite. D'après ses dires, Fuentes aurait écrit sur une simple feuille A4 au stylo tout le programme de préparation du club et des joueurs avec différents pics de forme. Jusque-là, le travail d'un préparateur physique classique. Sauf qu'il n'était pas question ici de doses de travail mais bien de doses de piqûres. Des sigles ("IG", flèches, "e" entouré) permettait au docteur et aux équipes de savoir quel produit serait injecté et à quelle dose. De l'organisation réfléchie. Fuentes niera par la suite ces informations qui lui "paraissent trop graves et [qu'il] démen[t]". Suite à cette rencontre, Mandard sera poursuivi en justice par le FC Barcelone et le Real Madrid. Chacun des deux clubs réclame 300 000€ au Monde, son employeur qui a diffusé l'article, pour droit à la dignité, équivalent des dommages et intérêts en France. La justice espagnole a tranché et le montant total est de 350 000€. Bien trop pour le journal en difficulté financière. Au micro d'Emmanuel Leclère pour France Culture, le journaliste – toujours en procès – détaillait la stratégie des deux mastodontes, qui ne sont pas à cette somme-ci près : "leur objectif est de dire 'si vous enquêtez sur le dopage dans le football, voilà ce qui vous arrivera'". Depuis, le Français se refuse de dire les noms des sportifs incriminés mais ne
regrette pas la publication de cet article. Il continue d'ailleurs d'écrire presque exclusivement sur le dopage dans le sport et a témoigné devant la commission sénatoriale sur le dopage.
La FIFA se bande les yeux
"La Coupe du monde 1998 a été celle de l'EPO." Cette phrase n'a pas été prononcé par un passant ayant une haine pour le ballon rond mais bien par Michel d'Hooghe, membre exécutif de la FIFA depuis 1988. Pas anodine, elle a vite été étouffée par un démenti forcé. Mais ces mots voulaient dire quelque chose. Rien que pour l'équipe de France, nous pouvons affirmer avec une presque certitude que les joueurs, ou à défaut une partie d'entre eux étaient dopés. Par exemple, Didier Deschamps et Zinedine Zidane "présentaient un taux d'hématocrite anormal" selon Jean-Pierre Paclet, médecin des équipes de France Espoirs puis A entre 1992 et 2008 dans son livre L'Implosion (éditions Michel Lafon, 2010). L'hématocrite est le pourcentage de globules rouges circulant dans le sang par rapport au volume total du sang. Le taux moyen pour un homme se situe entre 40% et 52%. Celui de Deschamps était de 51,9%... un taux anormalement haut et qui aurait par exemple entraîné son exclusion du Tour de France. Cette pratique était courante en Italie selon Jean-Marcel Ferret, médecin des Bleus de 1993 à 2004 : "Il s'agissait souvent des produits utilisés pour leurs effets secondaires ou parce qu'ils contenaient un certain nombre d'éléments intéressants pour l'organisme - mais jamais interdits". Le dopage n'est pas encore là, l'esprit
oui.
©AFP
GRAND THÈME
LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL
Pour le Mondial 1998, les équipes étaient amenées à déclarer leur bagage médicamenteux. Parmi eux, de l'Actovegin… utilisé pour faire baisser le taux d'hématocrite. Le taux déjà anormalement élevé de Didier Deschamps pourrait alors être en réalité encore plus fort ? Rien ne nous l'indique mais rien non plus ne nous prouve le contraire. Encore plus surprenant, de la nandrolone aurait été déclaré. Cette substance, interdite par la FIFA et par toutes les associations anti-dopage comme l'AMA (Agence Mondiale Antidopage) permet de gagner rapidement du muscle, améliore la confiance en soi, exacerbe l’agressivité et atténue les douleurs articulaires liées à un entraînement intensif. L'idéal pour une bonne préparation d'une équipe. Pour contrer ce phénomène, les autorités françaises souhaitent procéder à des contrôles policiers dans les hôtels des équipes, comme cela est fréquemment le cas lors du Tour de France. La FIFA applique aussitôt son veto. "La magie de la FIFA" selon une de nos personnes interviewées. Elle indique qu'elle se charge seule du contrôle anti-dopage. Cette même FIFA qui a demandé à détruire à la fin de l'édition du Mondial français les échantillons des contrôles antidopage. Ceux de Ronaldo en faisaient partie. L'attaquant Brésilien a eu un malaise avant la finale officiellement en ayant trop joué aux jeux vidéo. Pour faire un malaise, le numéro 9 aurait dû jouer plus de 5 heures dans la même journée. Une version difficile à croire tant l'on sait la préparation de match importante. Jean-Pierre de Mondenard, spécialiste du dopage détaille ainsi que le joueur de l'Inter Milan à l'époque "souffrait des genoux depuis le début du Mondial et le staff médical lui faisait des infiltrations pour qu’il puisse jouer malgré son handicap. De plus, ce genre de produit contient un anesthésique qui peut, s'il est injecté en partie dans un vaisseau sanguin, provoquer un choc avec perte de connaissance pouvant passer pour une crise d’épilepsie."
Un engagement dans la lutte anti-dopage bien discret
Cette volonté de se cacher les yeux de la FIFA n'est pas nouvelle. En effet, le contrôle anti-dopage lors de cette édition du Mondial n'était qu'optionnelle. En soi, ses effets n'étaient alors quasi-nuls. Comment imaginer qu'un joueur qui sait s'être dopé soit assez honnête pour réaliser ces contrôles et risquer alors une sanction alors qu'il peut éviter tous ces problèmes légalement ? Alors que, comme le défend le docteur Jean-Pierre de Mondenard, spécialiste du dopage et auteur du livre "Dopage dans le football, la loi du silence" (éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2010) en 2013 à Sport 24 : "C’est une imbécillité ! Dans le football moderne, ce sont les qualités physiques qui priment d’abord. Il faut avoir un gros moteur pour être performant dans le dernier quart d’heure. Si vous courez plus vite et sautez plus haut, vous allez voir la différence. Avec de l’EPO ou de la testostérone, un joueur peut gagner en puissance et en endurance".
La FIFA a été la dernière fédération à adopter le code mondial antidopage de l'AMA en juin 2006 alors que toutes les autres l'avaient ratifié avant les Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. La fédération a même dû être menacée d’être exclu des disciplines olympiques pour obtempérer. Lancé en janvier 2004, celui-ci avait été adopté en sept mois par les autres et en… 29 mois pour la FIFA. Comme par hasard, l'instance internationale n'avait pas fait de communication dessus. En général de toutes manières, la FIFA ne fait pas de communication sur le dopage. Sur la page d'accueil du site internet de l'institution, pas de lien direct vers ses mesures antidopage. Pour trouver une trace sur ce sujet, il faut naviguer sur le site, cliquer tour à tour sur "développement", sur "médical" puis enfin sur "anti-dopage". En étudiant de près cette page peu exhaustive, l'on peut lire en bas de page une phrase surprenante : "le système de tests individuels n'est pas efficace". En somme, la fédération internationale avoue directement ne pas arriver à réaliser des contrôles efficaces et admet son impuissance.
Son impuissance, elle l'a aussi avoué en 2006 quand Jiri Dvorak, le médecin en chef de l'institution expliquait au Monde l'absence de contrôles à la Coupe du Monde parce que "Nous considérons la probabilité de cette pratique dans le football tellement faible que ce serait une perte de temps, d'argent et d'énergie de faire des contrôles sanguins". Il a fallu attendre cette Coupe du Monde 2014 pour que des contrôles soient mis en place. Et encore, la FIFA se vante d'user d'une "approche complètement nouvelle, avec la mise en place du profil biologique". Une approche nouvelle mise en place dans le cyclisme depuis 2008. Problème, seuls deux joueurs par équipe sont contrôlés, bien peu. Mais ce n'est rien par rapport à l'efficacité des contrôles en eux-mêmes. Michel Rieu, ancien conseiller scientifique de l'AFLD (Agence française de lutte contre le dopage) explique le procédé typique à nos confrères du Monde : "La fenêtre de détection de l'EPO administrée en microdoses, comme c'est la règle aujourd'hui, est seulement de 12 heures". Le laboratoire antidopage de Rio de Janeiro étant à proximité des lieux de compétition, il n'y avait pas de problèmes apparents. Jusqu'à ce qu'en 2013, l'AMA décide de retirer l'accréditation au laboratoire. La FIFA peut alors espérer se rabattre sur Montréal ou Los Angeles, eux aussi agréés. Mais elle préfère rapatrier en Suisse, à Lausanne plus exactement ces échantillons. Obstacle : avec le trajet en avion, les échantillons ont pris plus d'une journée pour arriver dans le laboratoire. Bien trop tard pour détecter la moindre trace d'EPO. "Pour des temps de transport de 24 à 48 heures, cela devient très aléatoire avec des paramètres comme l'hémoglobine ou l'hématocrite" s'insurge Michel Rieu. Pour comparer, les échantillons d'une étape du Tour de France arrivent sous trois heures au laboratoire.
©AP/Sipa
©FIFA
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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL
Solutions : réduire le nombre de matchs
"Le mot dopage n'est pas dans le vocabulaire des dirigeants du football." En une phrase, Sébastien Bézard résume la situation. "Comment cela se fait-il qu'un joueur comme Lionel Messi n'ai jamais été contrôlé positif alors que ses résultats sont plus que douteux ? Si un cyclisme français arrivait 3ème d'un Tour de France [l’interview a été réalisée à l’été 2013], il serait accusé de dopage mais Messi qui inscrit plus de 90 buts dans une même année, tout le monde trouve cela normal…" Le 20 mars 2013, Marc Sanson, ancien président du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage proposait l’idée suivante lors de son audition devant la commission sénatoriale : "Il faut établir un plafond de pratiques pour les sportifs professionnels, afin d'éviter le dopage ou rendre possible la pratique sportive sans assistance médicamenteuse. Il faudrait, autrement dit, limiter le nombre de matchs ou de jours de compétition dans l'année. Pour un footballeur, 60 matchs dans l'année représentent un nombre de prestations important... [...] Je pense donc qu'il faut restreindre le calendrier des épreuves : un trop grand nombre de coupes d'Europe avec tours préliminaires, poules avec matchs aller-retour - là où l'on procédait par élimination directe - est nuisible à la santé des sportifs et à l'intérêt des compétitions." en craignant toutefois "que la sagesse des organisateurs ne vienne que lorsque le public sera lassé émotionnellement ou financièrement de la répétition des compétitions et qu'il ne vienne plus au stade ou ne regarde plus la télévision !"
Jean-Marcel Ferret, médecin de l'équipe de France de football de 1993 à 2004 était du même avis le 5 juin 2013 devant la même commission : "Actuellement, un joueur court un grand risque de se blesser après trois à quatre saisons pleines. En 1998, la moyenne des matchs était de 41. En 2002, on est passé à 52, avec des extrêmes à plus de 70 matchs par saison. On insiste beaucoup sur la récupération des joueurs, mais plus on les fait récupérer, plus on leur fait faire de matchs. Il faut donc légiférer à propos de la charge de travail. Cela existe en médecine du travail ! Or, les cyclistes ou les footballeurs professionnels sont des salariés qui relèvent de la médecine du travail" propose-t-il. Ce trop grand nombre de matchs a déjà fait des victimes. Les cas d'arrêts cardiaques sur le terrain sont fréquents sans que cela alerte plus que ça les autorités : Marc Vivien Foé en 2003, Antonio Puerta en 2007 ou Piermario Morosini en sont des exemples parfaits. "C'est étonnant qu'on nie encore les cas de dopage alors que nombre de joueurs de foot ont fait des arrêts cardiaques pendant un match. Cela a été trop fréquent pour être le hasard" dénonce Sébastien Bézard. Même si tous les arrêts cardiaques ne sont pas liés au dopage.
Des risques pour la santé
Si réduire le nombre de matchs et de compétitions est une solution quasiment obligatoire, c’est aussi car la vie des joueurs est
mise en danger. Ainsi, le président de SOS Dopage David Dehaemers expliquait sur France Inter fin août 2012 : "J'ai reçu un appel d'un jeune joueur qui allait signer un contrat professionnel dans un club de Ligue 1. Une des conditions de la signature était qu'il prenne des anabolisants durant l'été, ce qui va permettre de développer l'aspect musculaire." La pression du haut niveau est aussi due au dopage apparemment chez certains clubs. Marc Sanson, ancien président du CPLD (Conseil de prévention et de lutte contre le dopage) déclarait ainsi le 20 mars 2013 devant la commission sénatoriale de lutte contre le dopage : "Selon une enquête réalisée à l'époque où j'étais au CPLD, un nombre significatif de jeunes des sections ‘sport et études’ se déclaraient prêts à se doper. Le mot pouvait naturellement recouvrir des pratiques inefficaces ou nocives destinées à être plus performant, avoir de meilleurs résultats que ses camarades ou augmenter ses chances de devenir professionnel pour un footballeur. Cela témoignait d'un état d'esprit inquiétant."
Le dopage a déjà fait de grandes victimes à l’image de Tom Simpson sur le Mont Ventoux en 1967 ou du grand Émile Zatopek à l’arrivée de certains de ses marathons. Ainsi, le dopage a des effets indésirables comme le montrent des études scientifiques. Ainsi, le rapport Spitzer de 2006 concernant les conséquences du dopage d'État tel qu'il était organisé dès le plus jeune âge en République Démocratique Allemande était basé sur une étude portant sur 10 000 sportifs dopés. Elle a identifié 1 000 troubles mineurs et 500 troubles graves (changement de sexe, stérilité, cancer...). Les produits incriminés étaient essentiellement des anabolisants stéroïdiens et des neuro-stimulants. Sur le football uniquement, une étude a montré que les anciens footballeurs professionnels italiens sont sept à huit fois plus touchés que le reste de la population par la sclérose latérale amyotrophique (également appelée maladie de Charcot). Autre exemple, sept des joueurs de la sélection algérienne qui avaient participé aux Mondial de 1982 ou de 1986 et qui avaient été dopés à leur insu par un médecin soviétique peu scrupuleux ont vu leurs enfants naître avec des malformations. Ces joueurs sont Djamel Menad, Kaci Said, Tej Bensaloua, Mehdi Cerbah, Mohamed Chaïb, Abdelkader
Tlemçani et Salah Larbès. Le problème n’est plus de préserver l’intérêt du sport mais bien de préserver l’intégrité physique des êtres humains.
Cependant, quels que soient les risques, la FIFA ne semble pas pressée. Responsable de la section tennis sur le site VAVEL, Jérémy Triffault sent bien que ce n’est pas la priorité de l’institution : "Pour le moment, les sujets principaux sont la vidéo et le Mondial au Qatar... On n’est pas près de voir du changement d'ici peu." Ce suiveur assidu du football français est lui plus critique en parlant de la FIFA : "C'est un petit monde merveilleux où tout le monde peut s'arranger avec tout le monde dans la discrétion la plus totale. C'est un système limite mafieux qui ne fait pas du bien à l'image du foot mais cela n'est pas prêt de changer." Gérard Dine est à l’origine du passeport biologique. Selon ses dires sur France Culture en février dernier, le problème pourrait être réglé à l’image de cas dans d’autres sports : "Dans le cyclisme, on a laissé Armstrong gagner sept Tour de France alors qu'on avait les moyens de l'arrêter dès 1999. Si l'UCI [Union Cycliste Internationale, équivalent cycliste de la FIFA] avait décidé d'utiliser l'outil créé par le ministère des Sports français, Armstrong aurait été hors des clous tout de suite au Tour 1999." Jean-Pierre Paclet, médecin de l'équipe de France de 2004 à 2008 pensait lui le 16 mai 2013 lors de la commission sénatoriale à une sanction différente et bien plus embêtante dans les sports collectifs : "Il faudrait réfléchir à la portée des sanctions personnelles. Dans les sports collectifs, les sanctions devraient être collectives. Cela inciterait l'ensemble les dirigeants, les entraineurs, les accompagnateurs à s'engager davantage. J'ai expliqué à un responsable de la FIFA qu'avec les sanctions existantes il était possible d'amener en finale une équipe intégralement dopée. Cela l'a paniqué... Si l'on dit ‘un joueur positif, toute l'équipe sera sanctionnée’, il y aura des ruptures de contrat - il n'y en a pas actuellement - et la situation changera."
©FIFA
©AFP/Getty Images
GRAND THÈME
LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL
Des actions, vite !
Une idée est cependant adoptée par l’immense majorité des spécialistes du dopage : "Il faut que l’organisme chargé des contrôles soit extérieur à l’organisme qui organise l’évènement. Pour des sanctions plus adaptées et des contrôles mieux réalisés." Jérémy Triffault est de cet avis-là : "Il faut que cette sorte de tribunal du dopage ne soit pas lié à la fédération du joueur et soit donc indépendant." Devant la commission sénatoriale le 3 avril 2013, Stéphane Mandard comprend presque la position de la FIFA : "On l’imagine mal effectuer de vrais contrôles, elle scierait la branche sur laquelle elle est assise !" Cette situation ne peut plus durer ainsi. Il est encore temps de réagir. La FIFA doit rapidement créer ou désigner un organisme chargé des contrôles, lui donner un budget conséquent (10 millions d’euros par an) même si cela n’est rien pour l’institution et lui donner les pleins pouvoirs au niveau des sanctions. Elle ne doit pas avoir son mot à dire, ne doit pas pouvoir opposer de véto, ni alléger des sanctions. Un énorme scandale apparaîtra alors et avec ses conclusions, le football pourra repartir sur des bases saines. Quand la peur du contrôle sera là, le dopage disparaitra peu à peu même s’il ne disparaîtra pas totalement : "Il y aura toujours du dopage tant que des produis permettront d'augmenter l'endurance et la puissance des sportifs" nous prédit ainsi ce suiveur du championnat allemand. Le football doit retomber les pieds sur terre, comme l’ont fait le cyclisme ou l’athlétisme. Il est l’heure de retrouver de la crédibilité. Mais le chemin sera long et tortueux. Cet échange en fin de séance de la commission sénatoriale le 11 avril 2013 est là pour en témoigner. Antoine Vayer, ancien entraîneur d'équipe cycliste professionnelle et professeur d'éducation physique et sportive glisse comme dernière phrase avant de s’éclipser : "J'aimerais simplement que tout cela [l’audition] serve à quelque chose." Le président lui répond alors comme découragé : "Nous avons la naïveté de le penser"…
Arthur Massot (@Massobry)
20 affaires de dopage Nous avons sélectionné vingt affaires qui ressemblent plus ou
moins au dopage : soupçons, dopage avéré, déclaration ou
constat accablant. Cette liste est non-exhaustive, bien sûr…
1955-1957. Le Budapest Honved, où évolue Ferenc Puskas enchaîne les tournées en Europe et joue
pratiquement quotidiennement. L’équipe aurait usé de nombreuses amphétamines, ce qui leur aurait permis
de tenir la cadence.
1958. Le footballeur de Bologne Gerardo Ottani fait une enquête dans le Calcio italien et en tire le rapport
suivant : 27% des footballeurs prennent des amphétamines, 62% prennent des stimulants du cœur et de la
respiration et 68% prennent des stéroïdes anabolisants.
1970. Van Rompu, docteur à l’AZ Alkmaar déclare dans le journal L’Équipe que "le dopage est largement
répandu parmi les footballeurs hollandais".
1976. Capitaine de la sélection allemande championne du monde en 1974, Franz Beckenbauer explique au
magazine Stern avoir : "une méthode particulière pour demeurer au top niveau : l'injection de [son] propre
sang".
1982 et 1986. Les joueurs de la sélection algérienne qui dispute le Mondial sont dopés à leur insu par leur
médecin peu scrupuleux. Sept joueurs voient leurs enfants naître quelques années plus tard avec des
malformations.
1987. Harald Schumacher décrit dans son livre "Coup de sifflet" en 1987 les penchants de l'équipe
d'Allemagne pour l'éphédrine, produit qui développe entre autre l'agressivité.
Été 1994. En conflit avec la FIFA, Diego Maradona est exclu du Mondial suite à un contrôle positif à
l’éphédrine. Trois ans plus tôt, il avait déjà été contrôlé positif. À la cocaïne cette fois-ci.
26 octobre 1994. Dans son autobiographie "Prolongations d'enfer", l'ancien international français José Touré
indique avoir reçu lors de son passage au FC Nantes d'étranges "piqûres de vitamines".
26 décembre 1997. Le ministère des Sports procède à un contrôle inopiné à Tignes où l’équipe de France
procède à un stage de préparation. Les enquêteurs doivent patienter cinq heures pour pouvoir procéder à des
prélèvements.
30 avril 1999. Christophe Dugarry est contrôlé positif à la nandrolone à l’issue du match Marseille-Lyon. Il
s’en sortira sur un vice de forme.
2001. Franck De Boer, Josep Guardiola, Fernando Couto et Edgar Davis sont tous quatre contrôlés positifs à
la nandrolone.
Février 2002. Deux cadres dirigeants du club de la Juventus de Turin se retrouvent devant les tribunaux,
accusés d'avoir administré des médicaments dangereux pour la santé. Le procureur fait défiler à la barre près
de 150 témoins. Il est révélé que la pharmacie du club italien abritait 281 types de médicaments, une quantité
jugée "incompatible avec une structure non sanitaire". Les deux accusés seront finalement acquittés.
2004. Un rapport commandé par le procureur italien Raffaele Guariniello dresse un tableau pour le moins
alarmant. Cancer du côlon, du foie, de la thyroïde, leucémie, sclérose… les anciens footballeurs
professionnels italiens sont deux à dix fois plus fréquemment malades que le reste de la population.
2005. La chaîne de télévision italienne Rai 2 diffuse une vidéo dans laquelle on voit le défenseur Fabio
Cannavaro en train de s'injecter un produit par intraveineuse, la veille de la finale de la Coupe UEFA entre
Parme et l'Olympique de Marseille.
28 janvier 2006. Dans un entretien accordé à L'Équipe Magazine, l'ancien défenseur de l'Olympique de
Marseille Jean-Jacques Eydelie évoque avoir été en contact avec le dopage : "Je l'ai vu dans tous les clubs
où je suis passé, sauf à Bastia. Dans les années 1980-90, beaucoup de choses traînaient. On nous donnait
des cachetons. C'était de la folie, en particulier autour du Captagon".
Mai 2006. Début de l’affaire Puerto. Stéphane Mandard publie sur le site internet du Monde un article où il
indique que quatre clubs espagnols, dont le Real Madrid et le FC Barcelone sont impliqués. Il est attaqué en
justice par les deux clubs.
Novembre 2010. Jean-Michel Aulas s’insurge après un match de Ligue des Champions face à Schalke 04 :
"Les joueurs n'étaient pas comme au match aller, ils couraient beaucoup plus vite et beaucoup plus longtemps.
[…] Nous avons été tellement battus physiquement que c'était un peu trop gros... "
18 octobre 2011. Suite à la positivité au clenbutérol de 109 des 208 échantillons prélevés sur le Mondial U17,
la FIFA conclue le problème en indiquant qu’il ne s’agissait pas de dopage mais d’un "problème de santé
publique".
14 mars-13 juin 2013. Le Sénat français réalise 86 auditions dans le cadre d’une commission sur le dopage
dans le sport. Le rapport est publié en juillet. Jean-Marcel Ferret, médecin de l'équipe de France de football de 1993 à 2004 fait partie des personnes interrogées tout comme son successeur Jean-Pierre Paclet, médecin de l'équipe de France de 2004 à 2008. 19 juin 2014. Le Costa Rica voit sept de ses joueurs contrôlés après sa victoire en Coupe du Monde contre
l’Italie. Surpris de l’initiative, le chef de délégation s’insurgera : "On a demandé des explications à la FIFA, ils ne nous ont pas répondu", ne connaissant sûrement pas les contrôles antidopage.
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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL
10 propositions pour en finir Le dopage ne disparaîtra pas totalement sans la volonté collective des joueurs et des instances,
il est possible d'éradiquer le dopage du football ou au moins de diminuer conséquemment son
emprise. Nous vous proposons justement 10 idées pour en finir.
1. Faire signer une charte antidopage lors de l’achat de la licence.
Le joueur, quel que soit son âge s’engagerait à ne pas utiliser de produits dopants
ni à s’en procurer. Toute personne refusant de la signer ne se verrait pas accorder
de licence.
2. Donner un document sur les dangers du dopage avec la licence.
Ainsi, dès leur plus jeune âge, les joueurs seraient avertis du danger du dopage.
Le numéro vert gratuit et anonyme d’Écoute Dopage (0 800 15 2000) serait
également inscrit.
3. Obliger les footballeurs
professionnels à suivre tous les
deux ans un stage de prévention
sur le dopage.
Chaque joueur jouant en National,
Ligue 2, Ligue 1 ou Division 1 féminine
devrait suivre un stage de
sensibilisation aux risques du dopage
à un intervalle régulier. Le numéro vert
d’Écoute Dopage (0 800 15 2000)
serait rappelé.
4. Créer une commission indépendante chargée de la lutte anti-dopage.
La FIFA doit créer une commission indépendante qui se chargerait de la lutte anti-
dopage. Celle-ci aurait les pleins pouvoirs au niveau de la détection et des
sanctions. Le budget alloué par la FIFA à cette commission doit être d’au minimum
10 millions d’euros par an.
5. Attribuer à cette commission indépendante le produit des amendes
financières.
Cette commission recevrait les sommes versées par les personnes condamnées
financièrement par cette même commission.
6. Effectuer des contrôles sanguins.
Plus efficaces, les contrôles sanguins permettent de détecter plus de produits. Ils
ne sont actuellement pas utilisés par la FIFA.
7. Augmenter le nombre de contrôles inopinés.
Plus efficaces, ceux-ci prennent de cours les tricheurs et leurs adressent un
message clair : où et quand que vous vous dopiez, vous pouvez être pris. Ceux-
ci inspirent la peur chez les tricheurs. La FIFA est actuellement la seule fédération
internationale à interdire cette pratique à l’AMA (Agence Mondiale Antidopage).
8. Mettre en place des sanctions collectives.
"Cela inciterait l'ensemble les dirigeants, les entraineurs, les accompagnateurs à
s'engager davantage. […] Si l'on dit ‘un joueur positif, toute l'équipe sera
sanctionnée’, il y aura des ruptures de contrat et la situation changera." Jean-
Pierre Paclet, médecin de l'équipe de France de 2004 à 2008, le 16 mai 2013
devant la Commission sénatoriale d’enquête sur l’efficacité de la lutte contre le
dopage.
9. Mettre en place une obligation individuelle de localisation pour les
joueurs.
À l’image des athlètes ou des lutteurs, les footballeurs devraient se soumettre le
temps de leur carrière à une obligation de localisation. Dans ce système, ils
indiqueraient leur position actuelle et future afin d’être sujet à des contrôles
inopinés. Au bout de trois manquements de localisations, ils seraient suspendu un
an et demi comme cela a été le cas pour Teddy Tamgho (triple-sauteur) ou Steve
Guénot (lutteur) en 2014.
10. Réduire les cadences infernales.
À coup sûr la décision la plus urgente et la plus importante à prendre. Les
compétitions subsidiaires n’ayant pas un intérêt sportif certain doivent être
supprimées afin de respecter le temps de récupération du sportif. Sont visés au
plan national : la Coupe de la Ligue et le Trophée des Champions. Au plan
continental : l’Europa Leagu et, la Supercoupe d’Europe. Au plan international : la
Coupe des Confédérations. "A force de tirer sur le physique des joueurs, il y a
forcément de la casse. Le décès de Marc Vivien Foé lors de cette compétition en
est le triste exemple…" expliquait Dorian Martinez, le responsable d’Écoute
Dopage en 2006 à Doctissimo. Le nombre de clubs par championnat doit
également être réduit à 18 au maximum. L'adoption par la FIFA du code de
l'Agence mondiale antidopage devait appliquer cette idée lors de la saison 2007-
2008 en France, en Espagne, en Italie et en Angleterre. Cela n’a depuis pas été
le cas. A. M.
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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL
LA STATISTIQUE
Nouveau record pour l’OL
L’Olympique Lyonnais a signé le nouveau record du club en s’imposant
le dimanche 7 septembre 15 buts à 0 sur la pelouse du FC Metz-
Algrange. Les buts sont signés Lotta Schelin (triplé), Louisa Necib, Lara
Dickenmann, Amel Majri, Wendie Renard, Ada Hegerberg (triplé),
Eugénie Le Sommer (doublé), Camille Abily, Amandine Henry et Elodie
Thomis.
LA COMPÉTITION
La Valais Women’s Cup
La deuxième édition de la Valais Women’s Cup
(tournoi à quatre clubs en Suisse) a été remporté
par l’Olympique Lyonnais. Les championnes de
France ont dominé le PSG en finale 3-2 grâce
notamment au doublé d’Ada Hegerberg. En
demi-finales, Lyon avait battu Anderlecht 7-1
avec un but de la Française Pauine Crammer
pour le club belge alors que Paris s’était imposé
aux penaltys 3-1 (1-1 au terme de la prolongation)
face au FC Barcelone.
LA PERFORMANCE
Les Bleues au Mondial
L’équipe de France féminine a validé sa participation pour la Coupe du
Monde 2015 (au Canada) après neuf victoires en autant de rencontres
face à la Bulgarie, l’Autriche, le Kazakhstan, la Hongrie et enfin la
Finlande. Elles ont inscrit 51 buts pour seulement deux encaissé. Elles
enchaîneront d'ici à leur voyage en Amérique les matchs et les tournois
amicaux.
LES PREMIÈRES FOIS
Diacre et Frappart au milieu des hommes
Corinne Diacre est devenue la première entraineuse de Ligue 2 le 4 août
dernier avec le Clermont Foot. Elle a signé sa première victoire en
championnat le 12 septembre dernier (1-0 face au Havre) et Clermont a
remporté ses deux premiers matchs de la Coupe de la Ligue. Prochaine
rencontre dans cette compétition le 28 octobre prochain à l’extérieur face
au SM Caen. De son côté Stéphanie Frappart est elle aussi un symbole
fort du développement du football féminin. En effet, elle est devenue le 8
août la première femme à arbitrer des hommes dans un championnat
professionnel français. Il s’agit de la rencontre entre Niort et Brest (0-0)
où Frappart distribué deux cartons jaunes.
COUPE DU MONDE U20
Les Bleuettes en bronze L'équipe de France U20 a décroché le bronze lors de la Coupe du Monde de la catégorie grâce
à une victoire lors de la petite finale 3-2 face à la Corée du Nord. Une nouvelle médaille pour
une génération dorée, championne du monde U17 en 2012 et d'Europe U17 en 2013.
Alors que les Bleues A se
rendront au Canada en juin 2015,
cette année le pays francophone
accueillait la Coupe du Monde des
-20 ans. Les Bleuettes,
championnes d’Europe U19 en
2013 et surtout championnes du
monde U17 en 2012 partaient avec
de belles intentions et ramènent
finalement une très belle médaille
de bronze. Si les Tricolores avaient
été remarquable en phase de poule
en étant l’unique nation à remporter
l’ensemble de ses matchs, les
Bleuettes ont douté en quart de
finale face à la Corée du Sud mais
se sont servies de leur expérience
pour finalement s’imposer (0-0,
t.a.b. 4-3). En demi-finales, elles
retrouvèrent l’Allemagne, meilleure
attaque de ce Mondial et ayant
dominé auparavant les USA mais
aussi le pays hôte, le Canada.
Cette finale avant l’heure tourne
finalement à l’avantage de la
Nationalmannschaft 2 buts à 1
grâce – ou à cause, c'est selon – à
une réalisation de Petermann en fin
de match.
Deux Françaises sur le podium
des meilleures joueuses
Une petite déception
pour la France mais Gilles
Eyquem, le sélectionneur
de cette génération,
remotive ses joueuses en
vue de la petite finale. Une
finale pour la médaille de
bronze remportée 3 buts à 2
par les Bleuettes face à la
Corée du Nord, équipe sacrée
championne de la compétition
en 2006, grâce aux nouvelles
belles performances de la
Montpelliéraine Claire
Lavogez sur le plan offensif et
de la capitaine Griedge
Mbock-Bathy, patronne de la
défense tricolore. Les deux
joueuses ont été récompensées à
juste titre de leur très bon Mondial
en finissant respectivement ballon
de bronze et ballon d’argent de la
compétition.
Si c'est l’Allemagne qui est
finalement sacrée championne du
Monde U20 2014, la Nigériane
Asisat Oshoala pourra se consoler
de sa défaite 1-0 dans cette finale
en
étant récompensée du titre de
ballon d’or de la compétition. Un
Mondial qui montre que la relève
est présente pour l’équipe de
France mais aussi le potentiel de
l’équipe allemande tandis que les
Américaines, championnes en titre
qui ont été éliminées dès les quarts
de finale ont montré leurs limites.
Zap+ foot féminin L'actualité des deux derniers
mois sous un autre angle
©Getty Images
À l'ombre des grands Niort, Laval, Tours, Angers, Châteauroux, Clermont… ces clubs sous-médiatisés
ont pourtant une réelle histoire avec le football professionnel mais peinent à trouver
des atouts pour séduire de nouveaux supporters. Les anciens restent eux fidèles,
quelque soient les résultats sur le terrain. Focus.
La crainte des nombreux clubs du
ventre mou de Ligue 2 : les supporters. Vont-
ils permettre de remplir les caisses à la fin du
match ? Seront-ils accrocheur pendant la
rencontre ? Entonneront-ils les chants propres
à leur localisation ? Tant de questions qui
restent en suspens lorsqu’on s'appelle Laval
ou Châteauroux. Là est le risque des clubs peu
médiatisés qui doivent ruser pour attirer
chaque week-end de nouveaux supporters
hors des performances sportives.
Lens, un modèle pour tous
L'aura et le classement d'un club ne
font pourtant pas tout. Prenons l’exemple de
l'AS Monaco. Chaque week-end à domicile, le
club peine à remplir de moitié son stade. Un
comble quand on sait que Monaco veut titiller
le Paris Saint-Germain. Une horreur quand on
sait aussi que les joueurs sur la pelouse sont
très friands de chants de motivation des
troupes, de plus à domicile. L’heure est grave
quand, derrière son téléviseur, nous percevons
même les consignes du coach au bord de la
pelouse. Sur le plan économique, le club
monégasque compte sur son investisseur qui
injecte à l’heure actuelle les capitaux
nécessaires aux ambitions du club mais ne
peux pas prendre en compte les retombées du
week-end puisqu’elles sont quasi-vierges.
Pour contredire nos propos, intéressons-nous
au RC Lens, club promu en Ligue 1 cette
saison. Le club nordiste, qui joue à guichets
fermés chaque week-end doit faire face à une
demande impressionnante des supporters
souhaitant se rendre au match. La ferveur est
telle que le club ne peut pas répondre à
l’affluence record !
Il ne s’agit donc pas uniquement d’une
question de médiatisation puisque les chiffres
qui sont donnés sur l’affluence du week-end
sont stables depuis quelques années, en Ligue
2 comme en Ligue 1. La raison est bien plus
ancienne que l'on ne le croit. La gloire passée
du club lensois en D1 parle à chacun d'entre
nous. À ce moment-là, le stade est comble.
Ces supporters présents chaque week-end ont
suscité l’intérêt et la curiosité d’autres
supporters. Ces derniers ne se sont pas
nécessairement retirés lorsque le club a connu
des années plus difficiles. Au contraire, l’intérêt
est resté le même et la patience n’est pas resté
vaine puisqu’avec le travail du club, le RC Lens
remonte sur les marches de la Ligue 1 en 2014.
Personne ne saura dire si les supporters ont eu
un rôle dans l’accession en Ligue 1 mais nous
pouvons être sûrs qu’ils y ont contribué.
Prix bas en tribunes
Néanmoins, supporter un club
professionnel peu médiatisé n’est pas une
mince affaire. Nîmes, Tours, Châteauroux,
Clermont, Angers, Laval (photo du stade
Francis Le Basser en août 2012 ci-contre),
Niort… La liste est longue de ces clubs que l'on
observe seulement de loin à l'exception des
passionnés de Ligue 2. Supporter un club est
un investissement de chaque instant.
Économiquement, se rendre chaque week-end
aux bords des terrains a un coût avec un prix
des places moyen qui a tendance à
augmenter. Pour contrer ce phénomène, ces
clubs utilisent la technique des très bas prix.
Entre 3€ pour un tarif réduit en virage sud à
Tours (4€ en tarif plein) à une vingtaine d'euros
en tribune principale à Clermont ou à
Châteauroux, les prix restent abordables. Ce
qui pousse les supporters à revenir le week-
end suivant pour revivre la même émotion.
Grâce à ceci, la moyenne d'affluence ces clubs
reste tout de même honorable : 5000
spectateurs environ.
Socialement, aller au stade permet de
partager son émotion avec des amoureux de
son équipe. Des liens se créent et c’est ce qui
fait le mérite de ce sport. L'objectif n'est plus
forcément de supporter une équipe mais bien
de tisser des liens humains, de sortir du cadre
du football en lui-même. Au niveau sportif, le
maintien est bien souvent l'objectif, à quelques
rares exceptions près. Alors, pour se changer
les idées, les supporters adhèrent aux coupes
nationales et la Coupe de la Ligue devient
même un objectif. Comme quoi, celle-ci a bien
une utilité…
(Avec A. M.)
©Stade Lavallois MFC
PROLONGATIONS
LES SUPPORTERS DES CLUBS SOUS-MÉDIATISÉS
Un nouveau départ Louis est un jeune journaliste,
renvoyé de sa première véritable
expérience journalistique à cause
de son franc-parler. À partir de ce
numéro 49, retrouvez tous les
bimestres la suite de ses péripéties
hautes en couleur.
Certains s’attachent à faire
d’ultimes adieux avant que les
portes du train ne se referment. Je
ne suis pas de ceux-là. Déjà
tranquillement installé contre une
fenêtre, en seconde classe, je quitte
provisoirement une routine et une
ville dont je suis las, pour prendre le
large et me changer les idées. Cette
année n’a pas commencé sous les
meilleurs auspices, les mauvaises
nouvelles semblent s’enchaîner
alors que le mois de mai vient à
peine de débuter. A ce rythme, je ne
tiendrai pas le coup très longtemps.
Il y a une semaine, je me suis fait
renvoyer par le journal pour lequel
je bossais. Un canard local qui
suivait le club du coin en Ligue 2. Je
traitais le football comme je
l’entendais et ça me suffisait. Après
un stage de 3 mois, j’avais profité
d’un arrêt maladie de mon
superviseur pour le remplacer
temporairement. Qu’ils ont été
nombreux ces stages sans grande
rémunération, où l’on te vante
l’expérience que tu vas acquérir et
la chance de pouvoir être publié.
Ces rédacteurs en chef qui ne font
que te louer mais te remercient à
peine une fois l’échéance arrivée.
Les stages ont été nombreux, mais
rares sont ceux qui ont débouché.
Personne n’a voulu me faire
confiance. Triste réalité, mais voilà
enfin que la chance tournait et me
souriait. Cet arrêt maladie dans le
secteur que je convoitais le plus, et
me voilà accrédité et assis en
tribune de presse. Le patron me
faisait confiance, n’y connaissant
pas grand-chose au football. Après
une série de cinq défaites
consécutives, je commençais à me
pencher sur les raisons de cette
série noire, et relevait quelques
incompréhensions. Le choix de
l’entraîneur de se passer de
certains joueurs de qualité, de se
contenter de défendre. Le ton des
articles avait dû changer par rapport
à mon prédécesseur puisque
l’attaché de presse du club s’est en
informé auprès de mes supérieurs.
Il n’a pas dû seulement s’en
informer puisque ceux-ci se sont
mis à relire plus
consciencieusement mes papiers.
― Tu comprends Louis, nous les
suivons depuis longtemps. Ils nous
fournissent certaines informations
en priorité ». Et de part ce prétexte
on doit taire aux lecteurs la
mauvaise forme d’un club ? Les
empêcher de s’interroger, de
débattre ? C’est donc avec plein de
rancœur que je me rends à la
conférence de presse d’avant-
match suivante. Les journalistes ne
se bousculent pas, comme souvent,
la salle est à moitié vide. Après des
banales questions autour du match
précédent, je prends la parole :
— Pourquoi continuez-vous de vous
passer de certains éléments
offensifs au vue du manque de
créativité de ces derniers matches ?
» Les sourcils froncés de l’attaché
de presse ont précédé la réponse
de l’intéressé :
— Je pense que je suis le plus à
même de faire des choix, même s’ils
ne vous conviennent pas ».
L’atmosphère semble électrique,
mais loin de moi l’idée de baisser les
yeux et de ne plus broncher :
— La stérilité de votre équipe
depuis déjà cinq matchs ne vous fait
pas remettre en cause ces choix ? »
Le technicien prend quelques
secondes avant de dégainer :
— Je vous invite à passer vos
diplômes et poster votre
candidature si vous pensez pouvoir
mieux faire ». Je souris
intérieurement, satisfait d’avoir
remporté cette joute verbale que le
coach a évitée. Je savais que mes
questions n’avaient pas plu, et
qu’elles remonteraient rapidement.
Tant pis. Mon franc-parler m’avait
parfois fait défaut par le passé, en
centre de formation. Je n’étais
jamais vulgaire ni colérique mais
j’accusai, j’invectivai toujours de
manière argumentée et précise,
sans hausser la voix. Certains de
mes camarades n’aimaient pas, les
arbitres non plus. La vérité peut
fâcher, mais il ne faut pas la cacher,
il faut la révéler. Voilà pourquoi
j’avais fait des études de
journalisme après une blessure qui
m’avait fait oublier le monde
professionnel, voilà pourquoi je
demandais des comptes à cet
entraîneur qui continuait de se voiler
la face sur la déroute de son équipe.
Il s’en mordra les doigts quelques
mois plus tard quand son équipe
sera reléguée et qu’il sera le
premier à être écarté. Le journal
sera aussi bien embêté de perdre
un club professionnel parti rejoindre
le monde amateur. Pour ma part, je
m’attendais à ne plus suivre le
football, être relégué à écrire
temporairement les chiens écrasés,
comme un stagiaire. Même pas ; à
mon retour au bureau, on m’a
annoncé que l’article sur cette
conférence serait le dernier. Je
n’avais pas de regret, ni de
remords. J’étais plutôt navré de voir
un média se plier aux exigences
d’un club de football, de camoufler
la vérité. Mes affaires avaient été
vite expédiées, et je me retrouvais à
la porte des locaux. La fin d’une
courte et plaisante aventure, qui
aura rapidement dégénéré. Il fallait
que je rebondisse, et vite.
À suivre…
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FICTION
LA CROISIÈRE DE LA DERNIÈRE CHANCE, CHAPITRE 1
JEU-CONCOURS
DEVENEZ UN VRAI SUPPORTER Répondez à la question ci-dessous et tentez de remporter un des trois
lots mis en jeu en participant au tirage au sort.
1er prix : Une écharpe aux couleurs de la France. Taille : 140x22 cm
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COMBIEN D'ARTICLES ONT ÉTÉ CONSACRÉ À L'ÉQUIPE DE FRANCE DANS FOOT+ DEPUIS LE NUMÉRO 42 ?
Répondez sur bit.ly/jeuconcours-footplus en marquant le mot de passe F+JC14.
Règlement : Participation possible du mercredi 1er octobre 2014 (01/11/2014) au vendredi 31 octobre 2014 (31/11/2014) inclus. Jeu ouvert à toute personne ayant entre 10 et 100 ans, abonnée à FOOT+, résidant en France Métropolitaine et limité
à une participation par personne. Les gagnants seront désignés parmi les bonnes réponses ou à défaut parmi les réponses les plus proches et recevront chez eux leur lot. Ils seront avertis par mail et aurons sept jours pour se déclarer. Si dans les
sept jours suivant réception du mail, un de ceux-ci ne s'est pas déclaré, un autre participant sera tiré au sort. Aucune réclamation n'est possible. Article signifie pour nous un papier d'au moins 1000 caractères, avec titre et chapô, paru dans notre
publication, entre le numéro 42 inclus et le numéro 49 inclus, suppléments inclus. Les brèves ne sont donc pas comptées tout comme la partie "Bleus Express". Les lots peuvent être achetés séparément et valent respectivement 6.15€ (écharpe),
3.59€ (drapeau) et 5.95€ (maquillant). L'écharpe est en acrylique et mesure 140 cm de large sur 22 cm de haut. Le drapeau est en polyester et mesure 150 cm de large sur 95 cm de haut. Le maquillant ne contient pas de paraben et il est prévu
pour plus de 100 applications. La livraison qui coûte respectivement 4.79€ (écharpe), 1€ (drapeau) et 3€ (maquillant) est gracieusement offerte par FOOT+. En participant au jeu-concours, la personne accepte ce règlement.
France-Portugal :
comme on se retrouve L'équipe de France recevra le 11 octobre prochain le Portugal au Stade de France.
Deux équipes qui se sont affrontées trois fois en compétition officielle. Et à chaque
fois, ce fut en demi-finales. Et à chaque fois, c'est la France qui gagne. Replay.
Un France-Portugal a toujours un
goût particulier quand on sait que les
Portugais sont les étrangers les plus
nombreux en France, notamment depuis la
forte immigration des années 60 à 80. Le
dilemme entre soutenir son pays d'origine ou
son pays d'accueil est toujours compliqué.
D'autant que la France et le Portugal sont
deux grands pays du football, l'un détenant un Euro et une Coupe du
Monde et l'autre étant arrivé en finale de l'Euro chez lui et ayant déjà été
plusieurs fois en demis en Coupe du Monde. Trois rencontres, trois demi-
finales sortent du lot et furent plus que chargées en émotions.
France-Portugal 1984 : La surprise portugaise
Le premier match nous emmène en France, à Marseille plus
précisément, pour l'Euro 1984. La France, guidée par Platini, voit en cet
Euro à la maison sa première belle occasion de remporter un trophée
continental. Sortie en tête de sa poule devant la Belgique et le Danemark
avec trois victoires en autant de matches, elle s’avance en ultra favori. Le
Portugal de son côté surprend. Pour la deuxième compétition
internationale de son histoire après le Mondial 1966, il parvient à sortir
deuxième de son groupe, à égalité de points avec l'Espagne mais devant
la RFA, championne d'Europe en titre. Arriver en demie de l'Euro est donc
un exploit déjà en soi pour des Portugais que l’on n’attendait pas à ce
niveau de la compétition.
Et à la surprise générale, les Ibériques résistent bien aux Français.
Les Bleus dominent le match et ouvre le score par Domergue (24ème
minute). Mais les Portugais, procédant beaucoup en contre, parviennent à
égaliser en seconde période par l'un des hommes du match, Rui Jordao
(74ème). En prolongations, ce dernier jettera un froid dans les tribunes du
Vélodrome en donnant l'avantage au Portugal (94ème). Derrière, les
Portugais font le dos rond et tiennent comme ils peuvent. Mais les
Français, déterminés à l'emporter chez eux, poussent et finissent par faire
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FRANCE-PORTUGAL 1984, 2000 ET 20006
craquer la défense adverse, avec un doublé de Platini (114ème, 119ème).
Cruel et logique scénario pour le Portugal qui débute là une série noire
encore en cours aujourd’hui. La France atteint elle la finale de son Euro,
rencontre qu’elle remportera 2 à 0 face à l’Espagne devant le public du
Parc des Princes.
France-Portugal 2000 : Le but en or fatidique
Rendez-vous en capitale belge pour ce deuxième match, cette fois
ci pour l’Euro 2000. Auréolée de son titre de championne du monde, la
France a pour seul objectif de réaliser le doublé Mondial-Euro. Deuxième
de son groupe derrière les Pays-Bas, contre lesquels ils se sont inclinés
(3-2), elle dispose ensuite de l’Espagne en quart de finale (2-1). Le
Portugal voit lui le début de l’explosion de sa génération dorée, vainqueur
de la Coupe du Monde U20 1989 et 1991. Son groupe est une véritable
surprise. Il finit premier avec trois victoires devant la Roumanie,
l’Allemagne et l’Angleterre étant donc éliminés dès le premier tour. Il se
débarrassera de la Turquie en quarts sans trop de problèmes (2-0).
En demi-finales, les deux nations nous offrent une des plus belles
oppositions du tournoi. Nuno Gomes ouvre le score (19ème minute) avant
que Thierry Henry n’égalise dès le début de seconde période (52ème). Les
deux équipes ne parviennent pas à se départager jusqu’au bout des
prolongations. À la 117ème minute, Abel Xavier commet une faute de main
dans la surface. Zidane se charge de transformer la sentence, décisive
étant donné que la règle du but en or est en vigueur. Ce France-Portugal
a sans doute été l’un des plus équilibrés et un des plus serrés de l’histoire.
La France est parvenue à s’en sortir et à continuer sa série face aux
Portugais grâce à ce coup du sort, avant de remporter la finale du tournoi
face à l’Italie (2-1). Les Lusitaniens ont réalisé eux un parcours honorable,
à un niveau auquel on ne les attendait pas.
France-Portugal 2006 : Le réalisme français
Pour finir ce voyage, allons en Allemagne à Munich. Finaliste du
dernier Euro chez lui et guidé par une génération dorée de feu, le Portugal
n’est jamais apparu aussi fort depuis bien longtemps. Sortis premiers de
leur poule sans encombre, les hommes de Scolari ont battu les Pays-Bas
(1-0) et l’Angleterre (0-0, 3-1 t.a.b) au terme de deux matchs très tendus.
La France quant à elle a perdu de sa superbe avec des parcours assez
moyens en 2002 et 2004. Elle s’extirpe de justesse de son groupe en
deuxième position, derrière la Suisse et un point devant la Corée du Sud.
Les Bleus sortent ensuite l’Espagne (3-1) et le Brésil (1-0) pour arriver en
demis.
Pour ce France-Portugal, il n’y aura pas besoin de prolongations.
Dans un match globalement dominé par le Portugal, notamment à la
possession de balle, les joueurs de Raymond Domenech ont su l’emporter,
grâce à un penalty concédé sur une faute de Carvalho et transformé
encore une fois par Zidane (33ème minute). Les Portugais ont pourtant
poussé pour égaliser, mais sans succès. La France allonge donc encore
sa série face au Portugal, alors que le rapport de force semblait pour une
fois un peu inversé. Elle tombera en finale face à l’Italie aux tirs aux buts
(1-1, 5-3 t.a.b). Le Portugal n’égalera pas sa meilleure performance en
Coupe du Monde en s’inclinant face à l’Allemagne dans la petite finale (3-
1).
Chaque France-Portugal en compétition officielle a donc eu son lot
de surprise, de démonstration et d’émotion. Celui à venir au Stade de
France sera encore dans un tout autre contexte : une France jeune et
prometteuse face à un Portugal en totale reconstruction. Reste à voir qui
parviendra à s’imposer cette fois-ci.
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FRANCE-PORTUGAL 1984, 2000 ET 20006
ZOOM
MARCELO BIELSA PAR L'ÉQUIPE
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Avant d'arriver à Marseille, il était déjà surnommé "El Loco" par sa rigueur tactique
et la charge physique de ses entraînements. Atypique, il passe la majorité de ses rencontres
assis sur sa glacière, à donner des conseils à ses joueurs comme ici face à Reims.
Et pour l'instant, cela porte ses fruits car l'OM caracole en tête de la Ligue 1.