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1 info www.insee.fr/centre Insee Centre Le marché du travail a profondément évolué au cours des trois dernières dé- cennies. La tertiarisation de l’économie, la montée du chômage ou le besoin ac- cru de flexibilité des entreprises ont changé la structure de l’emploi. Le mo- dèle où l’emploi était stable et durable, avec une quasi-exclusivité du contrat à durée indéterminée (CDI), a été rempla- cé par un modèle aux formes variées d’emploi, même si le CDI reste domi- nant. Les temps partiels, contrats avec un temps de travail restreint, cohabitent avec les contrats courts, dont la durée est prédéterminée à l’embauche. Cha- cune de ces nouvelles formes d’emploi tente de répondre à des besoins précis. C’est le cas par exemple de l’intérim et des contrats à durée déterminée (CDD) qui remédient à des hausses ponctuel- les d’activité ou à l’absence de salariés ou encore des emplois aidés, qui facili- tent l’insertion sur le marché du travail de personnes en difficulté ou avec peu de qualification. Quant à l’apprentis- sage, il favorise l’intégration des jeunes en leur offrant une véritable formation qualifiante. Selon le statut d’emploi, le secteur d’acti- vité ou les caractéristiques sociales des salariés, ces formes particulières d’em- ploi (FPE) constituent une voie d’accès à l’emploi stable ou au contraire inscri- vent durablement le salarié dans l’instabilité face à l’emploi. Moins de temps partiel et de CDD, plus d’intérim et d’apprentissage En région Centre, au cours de l’année 2007, avant le début de la crise écono- mique, 297 000 personnes ont pour poste principal une forme particulière d’emploi. Ils représentent 32,1 % de l’ensemble Les formes particulières d’emploi moins présentes en région Centre qu’ailleurs photo : www.lefigaro.fr/medias En région Centre, près de 300 000 salariés ont un contrat court ou tra- vaillent à temps partiel. Ils sont proportionnellement moins présents que dans les autres régions. Si l’intérim, grâce au poids de l’industrie dans la région, et l’apprentissage sont surreprésentés, les contrats à durée déterminée et à temps partiel sont moins fréquents. En fort dé- veloppement depuis les années 80, car répondant à des besoins de flexibilité des entreprises, les formes particulières d’emploi se caracté- risent par des salaires faibles, une succession aléatoire de contrats courts et un risque de chômage accru. Pour certains, notamment les jeunes, elles constituent une étape transitoire vers un emploi durable. Intérim Apprentissage CDD à temps complet CDD à temps partiel Contrats aidés CDI à temps partiel CDI à temps complet (*) 2,7 (2,3) 6,2 (5,0) 1,5 (1,6) 5,9 (7,3) 2,7 (3,4) 13,2 (14,7) 67,9 (65,6) % Source : Insee, DADS 2007 (*) cette rubrique comprend aussi les contrats de travail des titulaires des collectivités territoriales et des hôpitaux. Note de lecture : la part des salariés en intérim dans l'emploi total est de 6,2 % pour la région Centre (chiffre en gras) et de 5,0 % pour la France de province (chiffre entre parenthèses). Un salarié sur trois en contrat court ou à temps partiel

Formes particulières d'emploi moins présentes en région Centre qu'ailleurs

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Insee Centre, n° 174, décembre 2011

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InseeCentre

Le marché du travail a profondémentévolué au cours des trois dernières dé-cennies. La tertiarisation de l’économie,la montée du chômage ou le besoin ac-cru de flexibilité des entreprises ontchangé la structure de l’emploi. Le mo-dèle où l’emploi était stable et durable,avec une quasi-exclusivité du contrat àdurée indéterminée (CDI), a été rempla-cé par un modèle aux formes variéesd’emploi, même si le CDI reste domi-nant. Les temps partiels, contrats avecun temps de travail restreint, cohabitentavec les contrats courts, dont la duréeest prédéterminée à l’embauche. Cha-cune de ces nouvelles formes d’emploitente de répondre à des besoins précis.C’est le cas par exemple de l’intérim etdes contrats à durée déterminée (CDD)qui remédient à des hausses ponctuel-les d’activité ou à l’absence de salariésou encore des emplois aidés, qui facili-tent l’insertion sur le marché du travail

de personnes en difficulté ou avec peude qualification. Quant à l’apprentis-sage, il favorise l’intégration des jeunesen leur offrant une véritable formationqualifiante.

Selon le statut d’emploi, le secteur d’acti-vité ou les caractéristiques sociales dessalariés, ces formes particulières d’em-ploi (FPE) constituent une voie d’accèsà l’emploi stable ou au contraire inscri-vent durablement le salarié dansl’instabilité face à l’emploi.

Moins de temps partiel et deCDD, plus d’intérim etd’apprentissage

En région Centre, au cours de l’année2007, avant le début de la crise écono-mique, 297 000 personnes ont pour posteprincipal une forme particulière d’emploi.Ils représentent 32,1 % de l’ensemble

Les formes particulières d’emploimoins présentes en région Centre qu’ailleurs

photo : www.lefigaro.fr/medias

En région Centre, près de 300 000 salariés ont un contrat court ou tra-vaillent à temps partiel. Ils sont proportionnellement moins présentsque dans les autres régions. Si l’intérim, grâce au poids de l’industriedans la région, et l’apprentissage sont surreprésentés, les contrats àdurée déterminée et à temps partiel sont moins fréquents. En fort dé-veloppement depuis les années 80, car répondant à des besoins deflexibilité des entreprises, les formes particulières d’emploi se caracté-risent par des salaires faibles, une succession aléatoire de contratscourts et un risque de chômage accru. Pour certains, notamment lesjeunes, elles constituent une étape transitoire vers un emploi durable.

IntérimApprentissage

CDD à temps complet

CDD à temps partiel

Contrats aidés

CDI à temps partiel

CDI à temps complet (*)

2,7(2,3)

6,2(5,0)

1,5(1,6)

5,9(7,3) 2,7

(3,4)

13,2(14,7)67,9

(65,6)

%

Source : Insee, DADS 2007

(*) cette rubrique comprend aussi les contrats de travaildes titulaires des collectivités territoriales et des hôpitaux.

Note de lecture : la part des salariés en intérimdans l'emploi total est de 6,2 % pour la région Centre(chiffre en gras) et de 5,0 % pour la France deprovince (chiffre entre parenthèses).

Un salarié sur trois en contrat courtou à temps partiel

des salariés hors fonction publiqued’État. La région possède le deuxièmeplus faible taux des régions de province,inférieur de 2 points à la moyenne fran-çaise. Les écarts entre les régions res-tent néanmoins peu élevés : de 31,8 %en Alsace à 37,6 % pour le Langue-doc-Roussillon.Les emplois à temps partiel et les CDDen région Centre sont moins présentsqu’ailleurs : près de 22 % des salariésont ce type de contrat contre plus de25 % pour la moyenne des régions deprovince. Cet écart est en grande partiedû à la structure sectorielle régionale. Lesecteur tertiaire, gros consommateur decontrats à temps partiel et de CDD, y estsous-représenté (6e taux de tertiarisa-tion le plus faible). Si pour certains sala-riés, dont les plus qualifiés ou ceux de lafonction publique, travailler à temps par-tiel peut relever d’un choix personnel,pour un tiers le temps partiel est subi.Les entreprises proposent ce type decontrat, aux durées hebdomadaires ré-duites, pour répondre à des besoins etdes contraintes d’activité. Ils sont pré-sents en majorité dans des secteurs spé-cifiques tels que les services auxparticuliers (dont la restauration), et lecommerce de détai l (exemple denombre de caissières de supermarché).En plus du tertiaire, les contrats à duréedéterminée sont utilisés dans certainesbranches industrielles, comme l’agroali-mentaire, mais aussi dans le commerceet la construction.A contrario, point positif pour la région,les FPE les moins précaires (l’intérim etl’apprentissage) sont plus présentes enrégion Centre. Les contrats d’intérim

sont nombreux dans l’industrie, secteurimportant dans la région et notammentdans la pharmacie-parfumerie, les équi-pements du foyer et les équipementsélectriques et électroniques.L’apprentissage est quant àlui très développé dans lesservices aux particuliers, no-tamment dans la restaura-tion, les activités de coiffureet de soins de beauté, maisaussi dans la construction,les industries agroalimentai-res, l’agriculture et le com-merce.Les contrats aidés représen-tent 1,5 % de l’emploi salariérégional. Ces contrats, sont is-sus de dispositifs de politi-ques publiques mis en placepour faciliter l’accès ou le re-tour à l’emploi des jeunes etdes personnes confrontées àdes difficultés d’insertion so-ciale et professionnelle. Ilssont essentiellement pré-sents dans l’administration,notamment l’éducation, lasanté, l’action sociale, maisaussi dans les services auxparticuliers.

Des contrats souventorientés vers unpublic spécifique

Les contrats s’adressent sou-vent à des profils de salariésspécifiques en termes d’âge,de sexe ou de qualification.Pour pratiquement deux jeu-

nes de moins de 26 ans sur trois, le pas-sage par une forme particulière d’emploiest une étape quasi obligatoire pour dé-marrer dans la vie active.Plus d’un salarié sur trois en intérim ou

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infoInseeCentre

Le nombre de CDD et de contrats d’apprentissagedouble entre 1982 et 2009. La hausse du nombrede CDD démarre au milieu des années 80, celle del’apprentissage à la fin des années 90. L’intérimcommence à se développer à la fin des années 80puis croît fortement à la fin de la décennie suivante.Les intérimaires sont quatre à cinq fois plus nom-breux aujourd’hui qu’en 1982. L’intérim est le con-trat le plus sensible aux crises économiques (2002,2009). En trente ans, les CDI ont progressé d’envi-ron 15 %, soit beaucoup moins que les autres for-mes de contrat. Leur poids sur l’ensemble desemplois recule ainsi de 94 à 87 %. Parmi ces em-plois en CDI, le poids du temps partiel, de 20 % en2009, ne cesse d’augmenter sur cette période.

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Contrats à durée indéterminéeContrats à durée déterminée et contrats saisonniers (publicet privé)IntérimApprentissage

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base 100 en 1982

Source : Insee, Enquêtes emploi

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IntérimTemps partiel

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25Agriculture, sylviculture, pêche

Industries agricoles et alimentaires

Industries des biens deconsommation

Industrie automobile

Industries des biensd'équipement

Industries des biensintermédiaires

Énergie

ConstructionCommerce

Transports

Activités financières

Activités immobilières

Servicesaux entreprises

Servicesaux particuliers

Éducation, santé,action sociale

Administration

Le temps partiel très présent dans le tertiaireet l'intérim dans l'industrie

0123456789

Agriculture, sylviculture, pêche

Industries agricoles et alimentaires

Industries des biensde consommation

Industrie automobile

Industries des biensd'équipement

Industries des biensintermédiaires

Énergie

ConstructionCommerce

Transports

Activités financières

Activités immobilières

Services auxentreprises

Services auxparticuliers

Éducation, santé,action sociale

Administration

%

ApprentissageCDD à temps plein

Note de lecture : en 2007, en région Centre, le taux de recours aux contrats d’intérim est de 12,9 % dans le secteur de l’industrie automobile. Il est égal à 6,4 % pourl’apprentissage dans la construction.

Sources : Dares ; Insee, DADS 2007

Taux de recours par type de contrat et secteur d'activité

Évolution des différents types de contraten France depuis trente ans

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en CDD a moins de 26 ans alors qu’ils nereprésentent que 14 % de l’ensembledes actifs. Si en principe les CDD doi-vent être utilisés pour remplacer des sa-lariés absents ou pour permettre auxentreprises de faire face aux variationssaisonnières, en pratique ils sont parfoisutilisés comme un moyen de sélectiondes salariés avant une embauche, deve-nant alors une période d’essai pro-longée.La distinction par sexe joue aussi un rôleimportant dans le type d’emploi occupé.L’intérim et l’apprentissage sont plutôtmasculins (deux salariés sur trois) alorsque les autres FPE sont plus féminisées,notamment celles à temps partiel : troissur quatre sont occupées par des fem-mes, quatre sur cinq lorsqu’il s’agit defaible temps partiel (moins de 15 heureshebdomadaires).Plus de 60 % des salariés en FPE occu-pent un poste d’employé ou d’ouvriernon qualifié contre un sur trois pour lesCDI à temps complet.

Des emplois peu rémunérés,parfois entrecoupés depériodes de chômage

Même si le CDI à temps complet n’estpas systématiquement synonyme de sé-curité de l’emploi, occuper une FPE peutlargement augmenter les risques pourles salariés de se trouver en situation deprécarité. En effet, des revenus plus fai-bles et la succession aléatoire de con-trats courts sont autant d’élémentsdéfavorables.

En région Centre, comme en moyenne enFrance métropolitaine, 48 % des salariésen FPE perçoivent une rémunération infé-rieure au seuil de « bas salaire », c’est-à-dire qu’ils gagnent moins de 9 526 eurossur l’année. C’est le cas pour seulement4,3 % des salariés dont la forme princi-pale d’emploi est le CDI à temps com-plet. La part des bas salaires resteélevée quelle que soit la FPE mais estd’ampleur variable. Si 40 % des salariésen CDD à temps complet ou en intérimperçoivent un bas salaire dans l’année,ils sont 70 % pour les CDD à temps par-tiel. Cette faible rémunération annuelledes FPE s’explique à la fois par des salai-res horaires inférieurs et par un volumehoraire annuel beaucoup moins élevé,lié à l’enchaînement souvent discontinude contrats courts ou à temps partiel. Siles titulaires de contrats précaires ou àtemps partiel représentent un tiers dessalariés, ils ne totalisent qu’un quart duvolume total d’heures travaillées au

cours de l’année. Les salaires horairesmoyens varient de 9 euros pour les intéri-maires, 9,50 euros pour les CDD, à 12 eu-ros pour les CDI. Le fait que les contratsd’intérim ou en CDD soient des emploismoins qualifiés que ceux en CDI, et pré-sents dans des secteurs où les salairessont plus faibles, explique une partie deces écarts de salaire.Contrairement aux salariés en FPE chan-geant régulièrement d’emploi et d’entre-prise, les salariés en CDI peuventvaloriser leur ancienneté en bénéficiantd’augmentations de salaire.

La forte part de bas salaires parmi les ap-prentis et les emplois aidés s’explique

par la nature même de ces emplois, quiont pour objectifs de former et de réinsé-rer des jeunes peu qualifiés. Le salairedes apprentis est par ailleurs fixé enpourcentage du SMIC, selon l’âge, ladurée du contrat et le type d’employeur.

Avoir un contrat à durée indéterminéeest un atout indéniable pour se prémunirdu chômage. En effet, seulement 4,3 %des salariés en CDI à temps completconnaissent au moins une période dechômage au cours de l’année 2007.Cette part monte à 7,7 % quand le CDIest à temps partiel. Pour les salariés encontrat court, la situation est beaucoupplus précaire. Leur difficulté à enchaîner

0 20 40 60 80 100

CDI temps complet

CDD à temps complet

Intérim

CDI à temps partiel

Emplois aidés

CDD à temps partiel

Apprentissage

%

Note de lecture : en 2007, en région Centre, 40 % des salariés dont la forme d’emploi principale est l’intérimperçoivent un bas salaire.

Source : Insee, DADS 2007

Part des salariés ayant un bas salaire selon la forme d’emploi

infoInseeCentre

Les conséquences de la crise

Cette étude est réalisée à partir de données 2007, afin d’étudier la structure des ty-pes d’emplois dans une période économique stable. La crise démarrée en 2008 aeu un impact non négligeable sur les différentes formes d’emploi. Entre début 2008et fin 2009, 28 600 emplois salariés sont détruits en région Centre. L’intérim est par-ticulièrement touché, avec 9 600 emplois de moins, soit une baisse de 28 %. Lescontrats aidés subissent également une diminution sur la période, de 15 %. Lespouvoirs publics réduisent la pratique de ces contrats en 2008, mais la perspectived’une récession les incite à relancer ces mesures, d’où une augmentation en 2009,mais qui ne suffit pas à rattraper le niveau d’avant crise. Quant aux CDD et CDI àtemps complet, ils enregistrent également des pertes : licenciements et non-renou-vellements de contrat. L’apprentissage et le temps partiel sont les seuls à n’avoirpas pâti de la crise. La part des contrats courts, hors intérim, dans les embauchess’est accrue durant la crise, elle avoisine 80 % fin 2009, soit une hausse de 10points en deux ans.Depuis le deuxième trimestre 2010, l’emploi salarié régional est reparti légèrementà la hausse. L’intérim reste sensible aux retournements conjoncturels, avec uneaugmentation dès mi-2009, retrouvant pratiquement en 2011 le niveau d’avantcrise. Le nombre de contrats aidés reste stable en 2010 pendant que l’apprentis-sage continue de légèrement diminuer (- 2 %). Les autres formes d’emploi évo-luent peu. Aujourd’hui, la répartition des formes d’emploi est revenue à celled’avant crise, même si les formes particulières d’emploi tendent sur longue périodeà progresser plus rapidement que les CDI à temps complet.

des contrats courts (CDD, intérim...)sans interruption ou à trouver un CDI estbien réelle. Ainsi, un salarié sur deux enintérim a connu au moins une période dechômage dans l’année contre un salariésur trois en CDD. Au final, même si la ré-gion Centre est globalement moinstouchée par le chômage, les salariésdes FPE sur une année le sont autantqu’au niveau national (23 %).

Le faible niveau de revenus et les élé-ments d’incertitude sur l’avenir profes-sionnel font que de nombreux salariésen forme particulière d’emploi peuventêtre considérés comme étant dans unesituation de précarité. Pour beaucoup,ce type de contrat découle d’une situa-tion subie ou d’une période transitoire enattendant de pouvoir accéder à un em-ploi en CDI qui offre a priori plus de ga-ranties. Mais pour d’autres, cela répondà un besoin bien précis.

Les FPE : une porte d’entréedans le monde du travail

Si les formes particulières d’emploi ne re-présentent encore qu’une part minoritairede l’emploi total, elles sont devenuespour beaucoup un passage obligé pourl’entrée dans la vie active. Près de 60 %des jeunes actifs de moins de 25 ans oc-cupent une forme particulière d’emploi.En France, le taux de chômage de cettetranche d’âge est important (environ24 %), bien supérieur à celui d’autrespays européens comme l’Allemagne(11 %). Face aux difficultés d’intégrationdans la vie active, les jeunes occupentces emplois précaires afin d’accéder aumarché du travail, se former et acquérirde l’expérience avant d’obtenir un emploiplus stable et mieux rémunéré par lasuite. La période de précarité d’emploipeut durer entre cinq et dix ans avantd’obtenir un CDI et mener à des condi-tions sociales difficiles (attribution deprêts, constitution d’une famille...).Même s’il est souvent subi, le temps par-tiel peut être un véritable choix pour certai-nes personnes. Pour les étudiants parexemple, travailler quelques heures parsemaine est une solution pour financerleurs études. Pour d’autres, c’est l’occa-sion, tout en étant actif, de consacrer unpeu plus de temps aux loisirs ou à la viefamiliale. Enfin, pour les plus âgés, letemps partiel peut résulter d’une cessa-tion progressive d’activité.Selon une enquête menée en 2004 parl’Insee et la Dares, un titulaire de contrat

court (intérim ou CDD) sur cinq reste atta-ché à son type de contrat, de préférenceà un éventuel CDI.

L’intérim peut en effet être un mode devie adopté volontairement. Au premierrang de ses avantages figure le salaire.À poste équivalent, une différence de20 % est observée, qui correspond à laprime de précarité (10 % du salaire) et àl’indemnité de congés payés. Sa sou-plesse est aussi un avantage largementrevendiqué par les intérimaires. L’em-ployé navigue d’entreprise en entre-pr ise, change de cadre et decollaborateurs. Cette multiplicité de mis-sions explique en partie l’intérêt des jeu-nes pour l’intérim : elle leur permet dedécouvrir des entreprises différentes,avec leur manière de fonctionner, leursexigences, leurs spécificités. Toutefois,si passer de poste en poste permet dese construire un profil professionnel pluscomplet, cela ne facilite pas l’accès àdes postes plus qualifiés, ni de menerdes projets à long terme comme l’achatd’un logement.

Les contrats à durée déterminée peu-vent aussi être préférés pour des raisonsanalogues : expériences plus variées,temps libre supplémentaire entre deuxcontrats, moins d’engagement dans l’en-treprise et un salaire plus élevé.

Les contrats aidés et l’apprentissage s’a-dressent aussi à des publics bien spécifi-ques. L’apprent issage faci l i te latransition école - emploi en permettantde se former à la fois à l’école et en entre-prise. Cette formation semble faciliterl’accès à l’emploi durable. En effet, d’a-près une enquête réalisée en 2005 en ré-gion Centre auprès des jeunes sortis de

formation professionnelle, il apparaîtque quatre ans après leur sortie, 84 %des jeunes issus de l’apprentissage sonten situation d’emploi, soit 9 points deplus que ceux issus d’une autre filière.De plus, trois anciens apprentis surquatre sont titulaires d’un CDI contre sixsur dix pour les autres.Quant aux emplois aidés, ils visent à fa-voriser l’insertion professionnelle de per-sonnes éprouvant des difficultés à êtreembauchées (jeunes, chômeurs delongue durée, seniors...). Certains con-trats prévoient des actions de formation,de validation des acquis de l’expérience(VAE) ou des mesures d’accompagne-ment professionnel de nature à faciliterla réalisation du projet professionnel dusalarié.

Des perspectivesd’obtention d’un CDI plusimportantes dans la région

Dans le Centre, 16 % des salariés qui oc-cupent une forme particulière d’emploien mars 2007 et ayant changé de typede contrat de travail ont obtenu un CDI àtemps complet six à sept mois après.C’est la région de province où ce tauxest le plus important. Ce bon classementest dû en particulier à l’apprentissage,aux emplois aidés et aux CDI à tempspartiel pour lesquels le taux de reconver-sion en CDI à temps complet est notable-ment élevé par rapport à celui des autresrégions.

Les perspectives d’obtenir un CDI à par-tir des différentes FPE sont très inéga-les. L’intérim est celle qui offre le plus dechance d’accéder à un CDI à temps com-plet. En effet, parmi les intérimaires

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infoInseeCentre

Un éclairage nécessaire des différentes formes d'emploidans le cadre des actions menées par l'État

Une vision d’ensemble des contrats d’emploi n’était, jusqu’à une période récente, dis-ponible que par l’exploitation des enquêtes emploi réalisées par l’Insee, mais ne four-nissait pas de données régionales.La présente étude remédie à cette situation et fait un premier bilan sur les formesparticulières d’emploi observées dans la région Centre à la fin de l’année 2007. Elleoffre une meilleure connaissance des réalités de l’emploi régional, nécessaire à laconduite des actions de la DIRECCTE. Elle distingue, en dehors du contrat de travailà temps complet et à durée indéterminée, les autres formes d’emploi que sont letemps partiel ou les contrats à durée déterminée.L’étude donne également des éléments chiffrés relatifs à l’apprentissage et à l’inté-rim, fortement représentés dans la région, ainsi que sur l’ensemble des contrats déro-gatoires au droit commun. Jusqu’à présent, les DIRECCTE les appréhendaient par leseul biais des entrées dans les différents dispositifs de la politique de l’emploi.S’appuyant sur des sources statistiques pérennes, elle offre l’avantage d’un suivi del’évolution de l’ensemble de ces formes particulières d’emploi.

DIRECCTE Centre

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ayant changé de forme d’emploi entremars et octobre 2007, 23 % ont obte-nu un CDI à temps complet. Ainsi, enpermettant d’acquérir une expérienceprofessionnelle ou en maintenant uneemployabilité, l’intérim peut être uneétape vers l’insertion professionnelledurable. En revanche, les CDD àtemps partiel et les contrats aidés nesemblent pas favoriser l’obtentiond’un CDI à temps plein : seuls 7 % dessalariés occupant ces formes d’em-plois signent un CDI à temps completsept mois après.Pour l’apprentissage, l’examen de lasituation à plus long terme donneraittrès probablement de meilleurs résul-tats. En effet, les apprentis enchaî-nent souvent plusieurs contratsd’apprentissage ou passent par desCDD « d’intégration » avant d’obtenirun CDI.�

IGN

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BourgesLoches

ChâteaurouxIssoudun

Saint-Amand-Montrond

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Loches

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Vierzon

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Chartres

Châteaudun

Tours Amboise

Chinon

Blois

Vendôme

Romorantin

OrléansMontargis

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8,56,53,3

Moyenne régionale : 6,2 %

Saint-Amand-Montrond

Loches

Vierzon

Bourges

ChâteaurouxIssoudun

Nogent-le-Rotrou

Argenton-sur-Creuse La Châtre

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Châteauroux

Dreux

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Moyenne régionale : 4,2 %

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Romorantin

OrléansMontargis

Pithiviers

Gien

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Moyenne régionale : 32,1%

33,536

Source : Insee, DADS 2007

des formes particulières d'emploi

Le poids des FPE est particulièrement important au sud de la région. Ceci est en grande partie dû au temps partiel plus développéau sud qu’au nord (entre 40 et 60 % des FPE selon les zones) du fait du profil plus tertiaire des territoires du sud.

La part des contrats aidés et de l’apprentissage est aussi plus importante dans les zones économiquement défavorisées du sud dela région (Vierzon, Saint-Amand-Montrond, Loches, Argenton-sur-Creuse et La Châtre).

L’intérim représente une part importante dans l’emploi des zones de Gien (12 %), Nogent-le-Rotrou (10 %), Pithiviers (9 %) et Vier-zon (9 %), qui sont par ailleurs des territoires plus industriels.

* Il s’agit du total des salariés sur le champ DADS, c’est-à-dire hors fonction publique d’État.

de l'intérimdes contrats d'apprentissage

et emplois aidés

Des différences marquées selon les territoires

0 5 10 15 20 25

Intérim

Total FPE

CDD à temps complet

Apprentissage

CDI à temps partiel

Emplois aidés

CDD à temps partiel

%

Note de lecture : en région Centre, 7,3 % des salariés en emplois aidés (ayant changé de forme d'emploientre mars et octobre 2007) trouvent un CDI à temps complet.

Part des salariés évoluant vers un CDI à temps complet,selon la forme d’emploi

Source : Insee, DADS 2007

infoInseeCentre

Part dans l'emploi salarié * en région Centre

6 6

infoInseeCentre

Cette étude s’appuie essentiellement surl’exploitation des déclarations annuellesde données sociales (DADS) de 2007.C’est une formalité déclarative exhaus-tive que doit accomplir toute entrepriseemployant des salariés. Elle permet l’a-nalyse des salaires et des emplois dansl’ensemble des secteurs privé et semi-pu-blic, y compris des services de l’État à ca-ractère industriel et commercial (EDF,

Institut national de la statistique et des études économiquesDirection régionale du Centre131 rue du faubourg Bannier

45034 Orléans Cedex 1Tél : 02 38 69 52 52 - Fax : 02 38 69 52 00

Directeur de la publicationDominique Perrin

Coordination des étudesOlivier Aguer

Équipe de projetChrystel ScribeBenjamin Méreau

Rédaction en chefPhilippe CalatayudDanielle Malody

Maquettiste / WebmestreChristian Leguay / Yves Dupuis

Relations médiasMartine BlouinHortense Robert

Taux de recours : il rapporte le volume an-nuel d’heures de chaque forme d’emploiau volume annuel total d’heures de l’en-semble des salariés du champ de l’étude.

Bas salaires : le seuil de bas salaire cor-respond à 60 % de la médiane des salai-res nets totaux observés au niveaunational. En 2007, il s’établit à 9 526 eurospar unité de consommation et par an.

Sous le terme formes particulièresd’emploi (FPE), sont regroupés les sta-tuts d’emploi qui ne sont pas des contratsà durée indéterminée à temps plein. Cesont :�les apprentis : l’apprentissage a pourbut de donner à des jeunes de 16 à25 ans, ayant satisfait à la scolarité obli-gatoire, une formation générale théo-rique et pratique en vue de l’obtentiond’une qualification professionnelle.Celle-ci est sanctionnée par un diplômede l’enseignement professionnel ou tech-

Exemplaire non destiné à la vente - ISSN n° 0986-976X - © Insee 2011

Définitions

Champ de l’étude

SNCF, RATP, La Poste, France Tele-com), des collectivités territoriales et deshôpitaux publics. Sont donc exclus lesagents des ministères, titulaires ou non,des services domestiques et des activi-tés extra-territoriales. Ainsi, le champdes DADS représente près de 80 % desemplois salariés.Les données utilisées sont relatives àl’année 2007 avec un décompte des ef-

fectifs salariés sur le lieu de travail en ter-mes de poste principal sur l’année et dunombre d’heures affectées à chaqueforme d’emploi. Le poste principal corres-pond à celui ayant le salaire net le plusélevé. En cas d’équivalence entre deuxpostes, celui comportant le plus grand vo-lume d’heures de travail est sélectionné.

Pour en savoir plus« Le Centre parmi les régions industrielles les moins éprouvées par la crise », Insee Centre Infon° 162, mai 2010.« 50 ans de mutation de l’emploi », Insee Première, n° 1312 septembre 2010.« Les contrats courts vus par les salariés », Premières Synthèses, Dares, n° 12.3 mars 2007.« Les formes particulières d’emploi en France, un état des lieux », Document de Travail du Centred’Économie de la Sorbonne, 2010.« Formes particulières d’emploi : développement et diversification », Direccte Bourgogne et InseeBourgogne, hors série à Informations Travail Emploi, février 2011.« Intérim et CDD : tremplin vers un emploi stable ou forme de précarité ? », le Flash d’Octant, InseeBretagne, n° 154, octobre 2009.« Un salarié sur quatre en contrat court ou à temps partiel », Chiffres, Insee Alsace, n° 11, no-vembre 2010.« L’empreinte des contrats courts ou à temps partiel dans l’emploi des Pays de la Loire », Études,Insee Pays de la Loire, n° 82, décembre 2009.

nologique du second degré ou du supé-rieur.

�l’intérim : le travail intérimaire consisteà mettre à disposition provisoire d’entre-prises clientes, des salariés qui, en fonc-tion d’une rémunération convenue, sontembauchés et rémunérés à cet effet parl’entreprise de travail temporaire.

�les contrats aidés sont des contratsde travail dérogatoires au droit commun,pour lequel l’employeur bénéficie d’ai-des, qui peuvent prendre la forme de sub-ventions à l’embauche, d’exonérationsde certaines cotisations sociales ou d’ai-des à la formation. Dans cette étude sontpris en compte, pour le secteur mar-chand, les contrats initiative emploi(CIE), contrats d’insertion - revenu mini-mum d’activité (CI-RMA), contrats de pro-fessionnalisation et contrats jeune enentreprise. Pour le secteur non mar-chand, sont comptabilisés les contrats

d’accompagnement dans l’emploi (CAE)et contrats d’avenir (CA).

�le contrat à durée déterminée (CDD)à temps complet est un contrat de tra-vail par lequel un employeur recrute unsalarié pour une durée limitée. Le tempscomplet correspond à une durée du tra-vail équivalente à la durée fixée par la loiou fixée par la convention collective sielle est inférieure.

�le contrat à durée déterminée (CDD)à temps partiel : le salarié à temps par-tiel est celui dont la durée du travail, obli-gatoirement mentionnée dans soncontrat de travail, est inférieure à duréelégale (35 heures par semaine) ou auxdurées conventionnelles ou pratiquéesdans l’entreprise.

�le contrat à durée indéterminée àtemps partiel : le CDI est la forme nor-male du contrat de travail, passé entrel’employeur et le salarié, sans limitationde durée.