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Fragments d’une guerre inachevée Les entrepreneurs taiwanais et la partition de la Chine Françoise Mengin Recherches internationales

Fragments d’uneguerreinachevée

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Page 1: Fragments d’uneguerreinachevée

Fragments

d’une guerre inachevéeLes entrepreneurs taiwanaiset la partition de la Chine

Françoise Mengin

Recherches internationales

Page 2: Fragments d’uneguerreinachevée

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE

Page 3: Fragments d’uneguerreinachevée

© Éditions KARTHALA, 2013ISBN : 978-2-8111-0852-6

L’ouvrage a été préparé éditorialement par Hélène Arnaud.

KARTHALA sur internet : http://www.karthala.comLe CERI sur internet : http://www.ceri-sciences-po.org

Page 4: Fragments d’uneguerreinachevée

Françoise Mengin

Fragmentsd’une guerre inachevéeLes entrepreneurs taiwanaiset la partition de laChine

Éditions KARTHALA22-24, boulevard Arago

75013 PARIS

Page 5: Fragments d’uneguerreinachevée

« Recherches internationales » est une collection du CERI,

dirigée par Jean-François Bayart.

Elle accueille des essais traitant des mutations du système inter-

national et des sociétés politiques, à l’heure de la globalisation. Elle

met l’accent sur la donnée fondamentale de notre temps :

l’interface entre les relations internationales ou transnationales et

les processus internes des sociétés politiques, que peut symboliser

le fameux ruban de Möbius. Elle propose des analyses inédites et

rigoureuses, intellectuellement exigeantes, écrites dans une

langue claire, indépendantes des modes et des pouvoirs.

Le CERI (Centre d’études et de recherches internationales)

est une unité mixte de la Fondation nationale des sciences poli-

tiques et du CNRS.

Page 6: Fragments d’uneguerreinachevée

NOTES PRÉLIMINAIRES

Romanisation du chinois

Bien qu’il ne se soit pas encore imposé à Taiwan, le systèmede romanisation hanyu pinyin a été retenu dans cet ouvrageexcepté pour certains noms de lieux et de personnes pourlesquels ont été privilégiés soit la transcription courammentutilisée à Taiwan, tels Taipei ou Lee Teng-hui, soit l’usagedialectal, tels Chiang Kai-shek ou Hong Kong, soit l’usage fran-cisé, tels Pékin, Canton ou Nankin.Les noms de personnes ont été transcrits selon la romanisa-

tion adoptée par celles-ci, sur leur carte de visite, dans lesnotices biographiques ou dans la presse en langue anglaise,même lorsque cette romanisation ne répond à aucun système.Ainsi on écrira Chiang Pin-kung pour !" (Jiang Bing-kunen pinyin et Chiang Ping-k’un en Wade-Giles). De même lecaractère sera transcrit « Ying » pour Ma Ying-jeou, mais« Ing » pour Tsai Ing-wen. Pour les prénoms formés de deuxcaractères, l’habitude a été conservée à Taiwan de séparer ceux-ci par un trait d’union alors qu’ils sont liés en Chine (Lee Teng-hui mais Deng Xiaoping). Ce double usage a été suivi dans cetouvrage.

Page 7: Fragments d’uneguerreinachevée

Glossaire

Les mots et expressions en langue étrangère ont été, comme

le veut l’usage, typographiés en italiques. Toutefois, afin de ne

pas alourdir visuellement le texte, cet usage n’a pas été suivi

pour tous les mots et expressions dont l’original en chinois est

donné entre parenthèses ou en note de bas de page lors de leur

première occurrence. Tous les mots et expressions dans leur

romanisation pinyin sont repris dans le lexique en fin de volume

avec leur correspondance en caractères chinois et leur traduc-

tion en français ou en anglais.

Seules quatre expressions en langue chinoise sont couram-

ment utilisées dans ce volume :

– dangwai : hors-parti ; étiquette désignant l’opposition au

Parti nationaliste de 1977 à la fondation du Parti démocrate

progressiste (DPP) en 1986.

– mingong : abréviation de nongmingong : « ouvrier-paysan » ;

expression désignant les travailleurs migrants en Chine venant

des campagnes.

– taishang : commerçants taiwanais, soit, dans le contexte de

ce volume, les hommes d’affaires taiwanais en Chine et plus

largement la population taiwanaise en Chine.

– waishengren : personnes extérieures à la province ; expres-

sion désignant, à Taiwan, les Chinois qui se sont installés sur

l’île entre 1945 et le début des années 1950 ainsi que leurs

descendants ; dans la littérature en français et en anglais, les

membres de cette communauté sont souvent respectivement

dénommés « continentaux » et « mainlanders ».

Enfin, le Yuan (Conseil) est d’usage courant dans la littéra-

ture scientifique. Dans la Constitution de 1947, toujours en

vigueur à Taiwan, les cinq Yuan correspondent aux cinq

pouvoirs distingués par Sun Yat-sen : le Yuan exécutif (soit le

gouvernement), le Yuan législatif (soit le parlement, en l’occur-

rence monocaméral), le Yuan judiciaire, le Yuan de contrôle et

le Yuan des examens. Le Yuan exécutif est composé de minis-

tères (bu) et de commissions (weiyuanhui) : dans le présent

ouvrage, cette distinction ne sera pas retenue ; ainsi, la commis-

sion aux Affaires continentales instituée en 1990 sera désignée

sous l’appellation « ministère des Affaires continentales ».

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE6

Page 8: Fragments d’uneguerreinachevée

Sigles et acronymes1

AID Agency for International Development

APEC Forum de coopération économique Asie-Pacifique

APL Armée populaire de libération

ARATS Association for Relations Across the Taiwan Straits

DPP Democratic Progressive Party (Minjindang)

ECFA accord-cadre de coopération économique

ERSO Electronic Research Service Organization

ITRI Industrial Technology Research Institute

KMT Parti nationaliste de Chine (Zhongguo Guomindang)

PCC Parti communiste chinois

PFP People First Party (Qinmindang)

RPC République populaire de Chine

SEF Straits Exchange Foundation

SMIC Semiconductor Manufacturing International Corporation

TSMC Taiwan Semiconductor Manufacturing Corporation

TSU Taiwan Solidarity Union (Tailian)

UMC United Microelectronics Corporation

ZES zone économique spéciale

Unités monétaires

Sans autre précision, le dollar fait toujours référence audollar américain.A Taiwan l’unité monétaire est le Nouveau dollar de Taiwan

(NT$). 1 US$ valait moins de 10 NT$ dans les années 1950,40 NT$ de 1961 à 1972, puis sa valeur a oscillé entre 35 et 40entre 1978 et 1986, est descendue à 25 en 1992, puis est remontéepour osciller entre 30 et 33 NT$ depuis la fin des années 1990.En République populaire de Chine, l’unité monétaire est le

yuan. 1 US$ valait 1,53 yuan en 1981, puis 8,28 yuans de 1994à 2005, 6,36 yuans à la fin de 2011.

NOTES PRÉLIMINAIRES 7

1. Les plus usuels, tels ONU, OMC, PIB, PME, URSS, etc. ne sont pasrecensés dans cette liste.

Page 9: Fragments d’uneguerreinachevée

Composantes de la population taiwanaise

Sur une population totale de 23 millions d’habitants en 2012,

la population taiwanaise se répartit schématiquement – en

raison de nombreux mariages intercommunautaires – en quatre

groupes principaux.

Les aborigènes d’origine austronésienne, dont le peuplement

de l’île remonte à plus de 15 000 ans et qui sont aujourd’hui

répartis en quatorze tribus, représentent moins de 2% de la

population insulaire.

Le reste de la population est d’origine han. Elle est consti-

tuée à près de 85% des descendants de migrants venus du conti-

nent à partir du XVIIe siècle : il s’agit des Taiwanais dits de

souche ou indigènes (bendiren). Ils se répartissent en deux

groupes. Les Hoklos originaires du Sud de la province du

Fujian et parlant le dialecte hokkien (minnanhua, en mandarin)

sont largement majoritaires et représenteraient 60% à 70% de la

population. Les Hakkas (Kejiaren en mandarin, soit « invités »),

originaires du Nord de la Chine et qui ont progressivement été

repoussés vers les provinces du Sud, représenteraient, à Taiwan,

20% de la population ; cependant, de nombreux Hakkas ont été

élevés à Taiwan dans un environnement minnan : ceux d’entre

eux élevés dans le dialecte hakka ne représenteraient que 12%

de la population.

Enfin, alors que la population insulaire s’élevait en 1945 à

6 millions d’habitants, le nombre de waishengren arrivés du

continent entre 1945 et le début des années 1950 est évalué à

près de deux millions de personnes.

Partenaires diplomatiques de la République de Chine

Après s’être repliée à Taiwan en 1949, la République de

Chine a maintenu ou établi des relations diplomatiques avec

plus d’une cinquantaine d’Etats. A la suite des premiers signes

d’un rapprochement entre Washington et Pékin au début des

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE8

Page 10: Fragments d’uneguerreinachevée

années 1970, puis du remplacement de la République de Chine

par la République populaire de Chine à l’ONU en 1971,

cinquante chancelleries ont rompu avec Taipei, dont le Japon en

1972 et les Etats-Unis en 1979. Au cours des années 1990, le

nombre d’Etats ayant des relations diplomatiques avec la

République de Chine a oscillé autour de 30, pour décroître par

la suite et se stabiliser à 23 depuis 2008, soit : le Belize, le

Burkina Faso, la Gambie, le Guatemala, Haïti, le Honduras, les

Iles Marshall, les Iles Salomon, Kiribati, Nauru, le Nicaragua,

Palau, Panama, le Paraguay, la République dominicaine, Saint-

Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, le Saint-Siège, Saint-Vincent-et-

les Grenadines, le Salvador, São Tomé-et-Principe, le

Swaziland, et Tuvalu.

Remerciements

L’essentiel des enquêtes de terrain à Taiwan et en Chine qui

ont nourri cette recherche a été financé par un projet spécial de

la Fondation nationale des sciences politiques et par un prix de

la Fondation franco-taiwanaise de l’Académie des sciences

morales et politiques (Institut de France), l’enquête effectuée à

Taiwan en novembre 2007 l’ayant été par le ministère de

l’Education nationale de la République de Chine. Certaines

missions ont en outre bénéficié d’un soutien complémentaire du

Fonds d’analyse des sociétés politiques. Et à titre de chercheur

invité à l’Université Waseda à Tokyo au cours de l’été 2007, j’ai

pu mettre à profit le fonds exceptionnel de la bibliothèque de

cet établissement. Que ces cinq institutions reçoivent ici les

remerciements qui leur sont dus pour le concours hautement

apprécié qu’elles ont apporté à cette recherche. Enfin, toute ma

gratitude va à Hélène Arnaud pour son aide précieuse dans la

relecture de mon manuscrit.

NOTES PRÉLIMINAIRES 9

Page 11: Fragments d’uneguerreinachevée
Page 12: Fragments d’uneguerreinachevée

Introduction

Une autre histoire de la partition de la Chine

Bien que la Révolution de 1949 ait été avant tout nationa-

liste, elle n’a pas scellé la réunification nationale. Après la

proclamation de la République populaire de Chine le 1er octobre

1949, le régime communiste n’a pu étendre sa juridiction effec-

tive à l’île de Taiwan sur laquelle s’est réfugié le régime défait

du Parti nationaliste (Guomindang) et ont été déplacées les

institutions de la République de Chine, entraînant par là même

une partition du territoire national chinois et la poursuite de la

guerre civile.

Comme les partitions allemande et coréenne, la partition

chinoise est un legs de la Guerre froide mais diffère des

premières à plus d’un titre. Elle est d’abord très inégalement

distribuée puisque le régime nationaliste n’a pu exercer son

contrôle que sur l’île de Taiwan, moins étendue qu’une

province chinoise, sur le petit archipel des Pescadores, dans le

détroit de Formose, et sur ceux de Kinmen et de Matsu situés à

quelques encablures du continent. Ensuite, la partition de la

Chine ne signale pas, à elle seule, une bifurcation des trajec-

toires historiques des populations situées de part et d’autre du

détroit, dans la mesure où, en 1949, Taiwan venait tout juste de

renouer avec une administration chinoise après l’intermède, de

1895 à 1945, d’un demi-siècle de colonisation japonaise.

Enfin, cette partition n’a pas été ratifiée par le droit internatio-

nal. Après que la majorité des chancelleries occidentales

Page 13: Fragments d’uneguerreinachevée

eurent maintenu des relations diplomatiques avec laRépublique de Chine jusqu’au début des années 1970, celle-cia été dé-reconnue au profit de la République populaire deChine (RPC). Certes, Taipei a conservé une vingtaine d’alliésdiplomatiques, sans poids sur la scène internationale, tandisque les États-Unis se sont engagés à lui livrer des armes àcaractère défensif aux termes d’un acte unilatéral, le Taiwan

Relations Act voté par le Congrès en 1979 au lendemain de lanormalisation sino-américaine. Mais il n’y a jamais eu coexis-tence, tant au niveau bilatéral qu’au niveau multilatéral – auxNations unies en particulier – de deux États, mais substitutionde l’un à l’autre, chacun représentant tour à tour l’ensemble duterritoire chinois.

Pour autant, la République de Chine repliée à Taiwan répondà la définition d’un État en droit international : une collectivitése composant d’un territoire et d’une population soumis à unpouvoir politique organisé ainsi qu’une capacité à entrer enrelation avec les autres États1. Peuplé aujourd’hui de 23 millionsd’habitants, Taiwan, qui était en 2011 le 17e exportateurmondial, le 3e pour ce qui concerne les semi-conducteurs, aconnu une croissance de son PIB réel de 4,4% en moyenneentre 2000 et 2011, le PIB par habitant étant cette année-là de20 000 dollars. La levée de la loi martiale en 1987, puis ladémocratisation du régime nationaliste dans les années 1990 ontconsacré l’autonomie du champ politique taiwanais, les institu-tions nationales, régulièrement renouvelées au suffrage univer-sel dans un cadre multipartite, étant représentatives de la seulepopulation insulaire. Et, munis d’un passeport de la Républiquede Chine, ses ressortissants peuvent circuler librement à traversle monde. Ainsi cet État jouit-il d’une indépendance de facto,sinon de jure.

Mais, dans une très grande continuité, les autorités chinoisesn’ont jamais renoncé à réunifier formellement Taiwan à laChine. Au-delà de l’affrontement idéologique, au-delà desconsidérations stratégiques, la justification première de lapolitique de réunification (tongyi) – d’unification selon les

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE12

1. Article 1er de la Convention de Montevideo sur les droits et les devoirsdes États.

Page 14: Fragments d’uneguerreinachevée

dirigeants nationalistes2, d’annexion (bingtun) selon lesindépendantistes taiwanais – relève d’une conception primor-dialiste de la nation et renvoie plus spécifiquement au mouve-ment irrédentiste post-Risorgimento. Comme chez les nationa-listes italiens, la revendication chinoise s’appuie sur la langue etl’ethnicité de la population du territoire réclamé ainsi que sur lerôle joué par des puissances impérialistes étrangères dans cetteperte, en l’occurrence le Japon à la fin du XIXe siècle, les États-Unis après 1949.

Or, depuis la normalisation sino-américaine, outre l’optionmilitaire, la politique irrédentiste chinoise table sur l’intégra-tion économique de Taiwan à la Chine, grâce aux conditionspréférentielles offertes aux compatriotes (tongbao) taiwanais.De fait, dès le milieu des années 1980, ceux que l’on nommecommunément les taishang

3 – soit dans ce contexte leshommes d’affaires taiwanais en Chine – ont saisi cette opportu-nité, opérant un vaste mouvement de délocalisation de l’indus-trie insulaire sur le continent. Au cours des années 2000,Taiwan est devenu le premier investisseur en Chine, y comprisdans les secteurs de pointe de l’électronique et des nouvellestechnologies de l’information : au début de 2008, les IDEtaiwanais s’élevaient officiellement à 51,4 milliards de dollars,mais officieusement à 200 milliards, voire 400 milliards seloncertaines estimations. Et ces délocalisations ont entraîné uneimmigration de un à deux millions de personnes, soit près de10% de la population insulaire. Les entreprises taiwanaises enChine – dont le chiffre d’affaires aurait représenté à cetteépoque 35% du PNB taiwanais – assuraient 20% à 25% dutotal des exportations chinoises et jusqu’à 70% dans le secteurde l’électronique. Parallèlement, le commerce bilatéral a crû demanière spectaculaire : classée au 43e rang des partenairescommerciaux de l’île en 1989, la Chine a accédé au premierrang en 2005, supplantant les États-Unis et le Japon, sa part

INTRODUCTION 13

2. La distinction réunification/unification n’est perceptible que dans lestraductions officielles faites à Pékin et à Taipei, dans la mesure où il n’existequ’une seule expression en chinois : tongyi.

3. Abréviation de Taiwan shangren, shangren étant le terme désignant lemarchand, le négociant, le commerçant.

Page 15: Fragments d’uneguerreinachevée

dans le commerce extérieur taiwanais passant de 0,1% à 16,7%

entre ces deux dates, puis à 20,9% en 2009, tandis que le

déficit qu’elle enregistre dans ces échanges est exceptionnelle-

ment élevé – 58 milliards de dollars en 2005, ramené à près de

50 milliards en 2009.

* * *

L’objet de cette recherche est de revisiter le contentieux

sino-taiwanais afin de compléter, par une lecture en termes

d’économie politique, les analyses diplomatico-stratégiques.

Mais, d’emblée, il convient de prendre la mesure de l’acte trans-

gressif opéré par les taishang, d’une part, du volet coercitif de

la politique irrédentiste de Pékin, d’autre part.

Les délocalisations ont précédé les mesures de libéralisation

adoptées par Taipei, dont les principales étapes se sont donc

ramenées à légaliser ex post les brèches ouvertes par les

taishang. En outre, afin de ne pas avaliser la non-reconnais-

sance de la frontière sino-taiwanaise, le gouvernement taiwanais

n’a pas autorisé avant 2001 les entreprises insulaires à investir

directement en Chine et ce n’est pas avant la fin de l’année

2008 qu’ont été ouvertes des liaisons maritimes et aériennes

reliant les deux rives du détroit. Paradoxalement, loin de décou-

rager le mouvement des délocalisations, l’absence de relations

directes l’a au contraire nourri : l’obligation pour les personnes,

les biens et les capitaux de transiter par un territoire tiers a accru

la latitude laissée aux taishang pour contourner les restrictions

ou prohibitions qui leur étaient imposées pour des raisons

sécuritaires face à la menace chinoise.

De fait, si en 1979 la Chine a mis fin aux tirs d’artillerie

quasi quotidiens sur les archipels de Kinmen et Matsu, la straté-

gie militaire a été replacée au centre de sa politique irrédentiste

dès les années 1990, le rapport de force dans le détroit se

renversant en sa faveur au cours des années 2000. Certes, les

dirigeants chinois continuent d’affirmer qu’il faut « préparer

mais ne pas utiliser » (bei er bu yong) l’outil militaire, celui-ci

devant appuyer les leviers pacifiques de la politique de réunifi-

cation nationale, qu’ils soient économiques ou culturels, voire

psychologiques. Sans entrer dans une analyse approfondie, il

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE14

Page 16: Fragments d’uneguerreinachevée

faut néanmoins rappeler l’ampleur de la pression militaire

exercée par la Chine sur Taiwan4.

Non seulement la loi dite anti-sécession adoptée par

l’Assemblée nationale populaire le 14 mars 2005 légalise le

recours à la force si les possibilités d’une réunification

pacifique sont épuisées mais, depuis, la menace de l’Armée

populaire de libération (APL) ne cesse de s’intensifier. Ainsi,

les experts soulignent la modernisation accrue de l’outil

militaire chinois qui est tout entier conçu autour de la question

de Taiwan – les infrastructures les plus avancées sont position-

nées dans les régions militaires situées le long du détroit –

même si un nombre de plus en plus diversifié d’objectifs sont

assignés à l’APL pour lesquels la politique de réunification peut

d’ailleurs utilement servir de prétexte. Ils soulignent également

sa capacité croissante à déployer une attaque rapide par

surprise, à maintenir un embargo maritime autour de l’île ou à

recourir à des actions militaires très ciblées afin de contraindre

les dirigeants taiwanais à accepter une réunification en bonne et

due forme. En particulier, l’APL serait en mesure d’attaquer

l’aviation taiwanaise au sol, tant les appareils que les bases, les

pistes de décollage, le centre de commandement de l’armée de

l’air ou les stations radars, au moyen de missiles balistiques et

de croisière, de bombardements ou d’opérations de forces

spéciales. Depuis le début des années 2000, l’aspect le plus

médiatisé de cette menace est le nombre sans cesse croissant et

la sophistication de plus en plus poussée, en termes de précision

et de fiabilité, des missiles balistiques à courte portée pointés

sur l’île, estimés entre 1 000 et 1 200 en décembre 2010 par le

Pentagone5. Surtout, si le rapport de force entre les armées

chinoise et américaine reste largement à l’avantage de cette

INTRODUCTION 15

4. Les revendications de Taipei et de Pékin sur les archipels, inhabités, des

Spratly en mer de Chine méridionale et des Diaoyutai (Senkaku, en japonais)

au nord de Taiwan sont des contentieux qui opposent les deux capitales,

chacune et concurremment, aux Philippines, à la Malaisie, à Brunei et au

Vietnam dans un cas, au Japon dans l’autre.

5. Office of the Secretary of Defense, Military and Security Developments

Involving the People’s Republic of China 2011, Annual Report to Congress

(disponible à l’adresse : http://www.defense.gov/pubs/pdfs/2011_cmpr_final.pdf,

consultée le 9 janvier 2012), p. 2.

Page 17: Fragments d’uneguerreinachevée

dernière, l’APL peut désormais adopter une stratégie de dissua-sion dite du faible au fort : elle serait ainsi en mesure sinon debloquer l’accès au détroit ou de dissuader les bâtiments de laVIIe flotte d’intervenir en cas de crise, du moins de retarder leurintervention comme d’imposer aux forces américaines un coûthumain et financier non négligeable6.

Dès lors, la sécurité de Taiwan repose tout à la fois sur uneprofessionnalisation de son armée, entamée dès les années 2000et initialement prévue pour être achevée en 2014, sur la capacitéde celle-ci à mener des opérations conjointes entre ses diffé-rentes forces et à maintenir une supériorité en termes de techno-logies électroniques et de l’information, sur la poursuite del’acquisition de matériel militaire défensif auprès des États-Uniset donc sur la détermination de Washington à affronterd’éventuelles sanctions chinoises7. A cet égard, la croissancedes échanges entre les deux rives du détroit et l’ouvertureprogressive de la frontière sino-taiwanaise depuis 2008 interdi-sent désormais le transfert des technologies militaires de ladernière génération. En dernier ressort, la sécurité de Taiwanrepose donc sur l’engagement de Washington à maintenir lestatu quo dans le détroit de Formose.

Aux États-Unis, si la classe politique, l’administration ou lesmilieux universitaires ne partagent pas une position univoquesur cet engagement comme sur ses modalités, il reste que la

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE16

6. Pour des développements sur ces questions, sur les différents scénarioset sur le rapport de force entre les armées chinoise et taiwanaise, voir ibid.,pp. 1-7, p. 14, pp. 22-27, pp. 47-52 et l’annexe I, pp. 73-78. Voir également :Martin Edmonds, Michael M. Tsai (dir.), Taiwan’s Security and Air Power :

Taiwan’s Defense Against the Air Threat from Mainland China, Londres, NewYork, RoutledgeCurzon, 2004 ; Bernard D. Cole, Taiwan’s Security : History

and Prospects, Londres, New York, Routledge, 2006 ; Mathieu Duchâtel, La

politique de sécurité nationale à Taiwan sous la présidence indépendantiste de

Chen Shui-bian (2000-2008) : Sécurité politique et crise de légitimité, Thèse dedoctorat, Institut d’Etudes Politiques de Paris, 2009, multigr., pp. 354-373 etpp. 437-497 ; Arthur S. Ding, Paul A. Huang, « Le paradoxe de la perceptionde l’APL par Taiwan : plus puissante mais moins menaçante ? », Perspectives

chinoises 2011/4, pp. 47-56, ainsi que le dossier consacré à la modernisation del’Armée populaire de libération dans ce numéro.

7. Ainsi, tant en 2008 qu’en 2010, après l’annonce de ventes américaines,la Chine a suspendu à deux reprises ses relations militaires avec les États-Unis.

Page 18: Fragments d’uneguerreinachevée

politique américaine répond sur le long terme à une stratégie de

double dissuasion – dissuader Taiwan de proclamer son

indépendance et la Chine de recourir à la force –, d’une part, à

la volonté de contenir les ambitions stratégiques croissantes de

Pékin dans la région Asie-Pacifique, d’autre part. En outre, bien

que Tokyo ait refusé de prendre parti sur la question de Taiwan,

l’archipel est tributaire du maintien de la paix dans le détroit de

Formose par lequel transite l’essentiel de son commerce

extérieur, ses approvisionnements en pétrole notamment. Au

même titre que la menace nucléaire nord-coréenne, toute

attaque militaire de l’APL contre Taiwan, voire une réunifica-

tion formelle de Taiwan à la Chine qui consacrerait la supréma-

tie de celle-ci dans le détroit peut être invoquée par le Japon

pour apporter, aux termes des directives pour la mise en œuvre

du traité de sécurité nippo-américain, un soutien logistique aux

forces américaines intervenant dans la zone8.

* * *

Dans cette configuration de conflit armé latent, soutenu par

la militarisation croissante de la Chine populaire, d’aucuns

seraient tentés de voir dans les taishang les acteurs par excel-

lence des relations transnationales, classiquement définies

comme des contacts, des coalitions et des interactions

s’exerçant à travers des frontières étatiques mais sans être

contrôlés par les organismes centraux de politique étrangère des

gouvernements9. En raison du conflit de souveraineté sino-

taiwanais, les délocalisations opérées par les taishang, bien

INTRODUCTION 17

8. Sur les aspects sécuritaires de la question de Taiwan, voir notamment :

Steve Tsang (dir.), Peace and Security Across the Taiwan Strait, Basingstoke,

New York, Palgrave Macmillan, 2004 ; Edward Friedman (dir.), China’s Rise,

Taiwan’s Dilemmas and International Peace, Londres, New York, Routledge,

2006 ; Cal Clark (dir.), The Changing Dynamics of the Relations among

China, Taiwan, and the United States, Newcastle upon Tyne, Cambridge

Scholars Publishing, 2011.

9. Joseph S. Nye Jr, Robert O. Keohane, « Transnational Relations and

World Politics : An Introduction », in Robert O. Keohane, Joseph S. Nye Jr

(dir.), Transnational Relations and World Politics, Cambridge (Mass.),

Harvard University Press, 1972, p. xi.

Page 19: Fragments d’uneguerreinachevée

davantage encore que tout autre flux transnational, attesteraientde l’avènement d’un monde post-national10 et, en l’occurrence,de la primauté de l’ « esprit d’entreprise » propre aux commu-nautés chinoises, à leur culture du réseau et à un particularismeethno-culturel transcendant les frontières nationales. Toutefois,l’hypothèse n’est plus d’actualité tant il a été démontré que lequestionnement ne doit pas porter sur la remise en cause del’État, mais sur l’instrumentalisation par les acteurs transnatio-naux des dispositifs étatiques comme sur leurs transforma-tions11.

S’agissant plus spécifiquement du monde chinois, il importede rappeler les limites des approches en termes culturalistes eten termes de modèles économiques. Les premières renvoient àla présupposée adaptabilité de l’entrepreneur chinois. Les entre-prises taiwanaises s’étant développées de manière autonome àpartir de réseaux de solidarité familiaux, elles ont certes été enmesure de s’affranchir plus aisément de la législation taiwanaiseprohibant les relations avec le continent. Mais toute explicationd’ordre culturaliste se heurte au fait que des normes – telle lafamille – et des valeurs – la frugalité, l’épargne ou l’ardeur autravail – supposées favorables à l’accumulation primitive sontamplement partagées sous toutes les latitudes, alors même que

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE18

10. Les références sont surabondantes, mais les termes du débat ont étéclairement énoncés par James N. Rosenau : « Citizenship in a ChangingGlobal Order », in James N. Rosenau, Ernst-Otto Czempiel (dir.), Governance

Without Government : Order and Change in World Politics, Cambridge,Cambridge University Press, 1992, pp. 272-294, et par Saskia Sassen, Losing

Control ? Sovereignty in an Age of Globalization, New York, ColumbiaUniversity Press, 1996 (en particulier dans le chapitre 2 « On EconomicCitizenship », pp. 31-58). Pour une recherche basée sur des études empiriques,voir Linda Basch, Nina Glick Schiller, Cristina Szanton Blanc, Nations

Unbound : Transnational Projects, Postcolonial Predicaments and

Deterritorialized Nation-States, Amsterdam, Gordon and Breach, 1994 (plusspécialement le chapitre 8, « There’s No Place Like Home », pp. 267-292).

11. Pour l’Asie extrême-orientale, voir l’argumentation de Tak-Wing Ngo,« Business Strategy, State Intervention and Regionalization in East Asia », in

Menno Vellinga (dir.), The Dialectics of Globalization. Regional Responses to

World Economic Processes : Asia, Europe, and Latin America in

Comparative Perspective, Boulder (Col.), Oxford, Westview Press, 2000,pp. 83-99.

Page 20: Fragments d’uneguerreinachevée

le commerce est peu valorisé dans la doctrine confucéenne enraison du déficit de légitimité dont sont frappées les activitésgénérant des profits : il n’y a donc ni esprit chinois du capita-lisme, ni essence capitaliste de l’esprit d’entreprise chinois12.

Un questionnement en termes de rationalité ou de modèleéconomique n’est guère plus heuristique. L’entrepreneuriattaiwanais serait le produit d’un supposé capitalisme asiatiquelibéral mû par la libre concurrence et le goût de l’innovation etdu risque : encore faudrait-il prouver que le pouvoir nationalistepost-1949 était résolu à préserver l’initiative privée pour mieuxs’opposer au communisme. Ou bien, il serait le produit d’unÉtat développementaliste qui a su, par l’attribution de rentes,sélectionner, voire créer ex nihilo, quelques industries gagnantesqui après s’être développées dans un environnement nonconcurrentiel ont réussi à se transformer en groupes performantssur le marché mondial. Mais s’en tenir au paradigme englobantde la théorie économique, c’est donner ex post une rationalitééconomique à des choix politiques qui ne sont pas nécessaire-ment conformes à celle-là. Ranger Taiwan dans la catégorie desÉtats développementalistes, dans celle des Nouveaux paysindustrialisés ou encore dans celle des dragons liés par leurindustrialisation et leur insertion dans l’économie mondiale à lamanière d’une volée d’oies sauvages rejointe aujourd’hui par laChine, c’est subsumer des économies à partir des seuls agrégatsqu’elles partagent.

* * *

Seule l’analyse des modalités concrètes des relations entreTaiwan et la RPC peut permettre d’expliciter des logiqueséminemment concurrentes : la gestion par les autorités taiwa-naises du statu quo dans le détroit de Formose afin de prorogerl’indépendance de fait du pays, l’interdépendance des écono-mies taiwanaise et chinoise engendrée par la délocalisation des

INTRODUCTION 19

12. Voir, en particulier, la démonstration de Bernard Formoso à propos dela communauté sino-thaïe : Identités en regard : Destins chinois en milieu

bouddhiste thaï, Paris, CNRS Editions, Editions de la Maison des sciences del’homme, 2000.

Page 21: Fragments d’uneguerreinachevée

entreprises insulaires sur le continent. Il s’agit donc d’intégrerles logiques sociales aux logiques du conflit de souveraineté, unprojet qui impose de penser l’entrepreneuriat taiwanais, ycompris dans sa stratégie de délocalisation de ses entreprises enChine, dans son historicité.

Il conviendra dès lors de revenir sur la spécificité de la parti-tion de la Chine telle qu’elle a été engendrée par les modalitésdu repli nationaliste à Taiwan. Ces dernières recouvrent unedouble dimension : celle d’une guerre civile inachevée et celled’une configuration coloniale.

A partir de 1949, le régime nationaliste ne s’est pas contentéde soustraire l’île à l’administration communiste, voire de trans-former l’île en bastion de la reconquête du continent, mais aplacé la population insulaire dans une position de dépendanced’ordre colonial. Le pouvoir politique et les ressources écono-miques ont été confisqués par une minorité étrangère, culturelle-ment distincte même si elle était également d’origine han, tandisqu’une politique d’hégémonie culturelle a substitué à l’histoireet à la culture taiwanaises celles de la Chine nationaliste.

Or, cette dimension coloniale était étroitement et doublementarticulée à la poursuite de la guerre civile. Tout d’abord, lasouveraineté revendiquée s’étendait à l’ensemble du territoirechinois, une souveraineté fictive mais qui était reconnue commetelle par toutes les chancelleries soutenant le régime de Taipei etqui justifiait que les institutions politiques antérieures à la parti-tion du pays soient gelées pour assurer la représentation detoutes les provinces chinoises. Ensuite, l’économie colonialenationaliste ne s’est pas résumée à la protection des intérêtsd’une minorité de colons mais a tout entière été placée auservice de la machine de guerre avec, d’une part, l’accapare-ment de pans entiers de ressources par le budget de la défenseet, d’autre part, le chevauchement des secteurs civil et militaire.Plus fondamentalement, cette économie de guerre se situe dansle prolongement du capitalisme d’État lié à la défense13 promu

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE20

13. Military-related state capitalism selon la formule de William C.Kirby : « Continuity and change in modern China : economic planning on theMainland and on Taiwan, 1943-1958 », The Australian Journal of ChineseAffairs 24, juillet 1990, p. 125.

Page 22: Fragments d’uneguerreinachevée

sur le continent dès le début des années 1930 à la faveur despremières attaques japonaises, puis de la reprise de la guerrecivile en 1946. En termes de politique industrielle, l’anticom-munisme des nationalistes se doublant d’une idéologie anticapi-taliste, la lutte contre le rival communiste s’est disputée sur lemême terrain après la proclamation de la République populaire.Sur le plan économique, la rupture ne se situe donc pas en 1949,tant pour le régime nationaliste que pour le régime commu-niste : au début des années 1950, tous deux poursuivent leuraffrontement sans se différencier radicalement, que le premierse réforme, dans certains domaines, à l’image de son rival ouque le second s’appuie sur des politiques et des institutionsléguées par son prédécesseur qui lui-même les a exportées etrenforcées à Taiwan. Mais alors que le régime communiste,avant la vaste opération de nationalisation lancée en 1956,discriminait entre grands et petits patrons, le régime nationalistea articulé son nécessaire soutien au secteur privé pour demeurerune alternative crédible au communisme autour du clivage sub-ethnique inhérent à l’entreprise de domination coloniale.

Au-delà du legs de la colonisation japonaise et de l’aidemassive des États-Unis – largement dévoyée au profit de lacontre-révolution anticapitaliste –, l’entrepreneuriat taiwanais adonc été initialement modelé par la configuration d’un régimecolonial et d’une économie de guerre. Cette combinatoire aengendré une double fragmentation du secteur productif avec,d’une part, une mise en dépendance des entreprises privées parrapport au secteur public et, d’autre part, un second clivageopposant un secteur rentier monopolisant le marché intérieur etun secteur non protégé contraint d’affronter le marché mondial.Le secteur rentier a été réservé à la minorité de colons – lesindustriels continentaux réfugiés à Taiwan – et à quelques colla-borateurs taiwanais cooptés par le pouvoir, tandis que le secteurnon protégé a été investi par des petits patrons insulaires.

Ces petites et moyennes entreprises (PME) allaient devenirles acteurs centraux de la croissance de l’économie taiwanaise,assurant plus de 85% de la production et 70% des exportationsindustrielles en 1980. Mais si les dirigeants nationalistes se sontrésolus à libéraliser le commerce extérieur au début des années1960, ce n’était que pour entretenir la machine de guerre dans la

INTRODUCTION 21

Page 23: Fragments d’uneguerreinachevée

mesure où l’accroissement des réserves d’or et de change

– seule retombée escomptée de la réforme – devait prendre le

relais de l’aide américaine et alimenter le budget militaire.

Produit contingent de la guerre civile chinoise, les PME ont

donc été modelées en fonction de tout ce dont elles ont été

exclues : évincées du marché intérieur, elles se sont spécialisées

dans l’exportation ; ne pouvant prétendre aux crédits bancaires,

elles sont demeurées de taille modeste. Mais, autonomes finan-

cièrement, elles auront les moyens de s’affranchir de la

politique sécuritaire de Taipei pour profiter des mesures préfé-

rentielles offertes par la Chine de Deng Xiaoping.

Appréhender la trajectoire taiwanaise post-1949 en termes de

contre-révolution nationaliste et anticapitaliste portée par un

régime colonial permet dès lors de mieux comprendre l’articula-

tion, en trois temps, entre les mutations successives des régimes

nationaliste et communiste et, corrélativement, l’économie

politique de la partition de la Chine. L’exclusion de la

République de Chine de la scène interétatique dans les années

1970 a définitivement délégitimé l’utopie nationaliste. La

dimension utopique de ce projet était double : en raison de sa

démesure – reconquérir le continent –, en raison de la légitimité

fictive qui lui était intrinsèque – un régime ne contrôlant qu’un

deux centième du territoire qu’il prétendait représenter dans sa

totalité. Délégitimé sur la scène interétatique, le régime entre

alors dans une phase thermidorienne – premier temps –, le

dessein contre-révolutionnaire n’étant pas remis en cause. Les

dirigeants nationalistes vont en effet rechercher alors une légiti-

mité de complément et non de substitution en offrant une

réponse d’ordre exclusivement économique à la crise politique :

légitimer les entrepreneurs en tant que groupe social et encoura-

ger la nécessaire extraversion de l’économie taiwanaise, garante

de la pérennité de l’indépendance de fait, sinon de droit, du pays,

par la constante montée en gamme de l’industrie nationale.

Or, dès 1978, le lancement, en Chine, de la politique dite de

réformes et d’ouverture – deuxième temps – doit s’interpréter

sur trois registres complémentaires. Il marque, tout d’abord et

avant tout, l’abandon de l’utopie mobilisatrice maoïste pour la

raison gestionnaire. Mais il signe, ensuite, la défaite des natio-

nalistes par leur victoire idéologique, puisque la révolution

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE22

Page 24: Fragments d’uneguerreinachevée

chinoise s’hybride à son tour en empruntant, comme sa rivale

nationaliste, la technique du découplage de l’économique et du

politique. Enfin, et pour autant, il s’inscrit dans la grande

révolution chinoise14, c’est-à-dire l’entreprise de restauration de

la Chine dans les frontières de l’Empire à la veille de l’« ouver-

ture » forcée par les Européens au XIXe siècle : la formule clef

de la réunification nationale, « un pays, deux systèmes », sous-

tend tout le lancement de la politique de réformes et d’ouverture

dans la mesure où c’est sur le continent que divers « systèmes »

ont d’abord été déclinés pour tenter de découpler l’économique

du politique et attirer les capitaux des Chines périphériques, des

avantages spécifiques étant réservés aux compatriotes de

Taiwan, Hong Kong et Macao.

Cette « ouverture » de la Chine est dans son épure en rapport

de symétrie avec celle opérée, au XIXe siècle, par les puissances

impérialistes européennes. Les réformes lancées par Deng

Xiaoping ont misé sur les capitaux des marches coloniales de

l’Empire (Hong Kong, Macao et Taiwan) et sur ceux des

communautés chinoises d’Asie du Sud-Est léguées par les

colonisateurs européens15. L’importation de ces capitaux s’est

faite via le procédé central du système tributaire impérial, c’est-

à-dire un découpage fonctionnaliste du territoire en zones plus

ou moins ouvertes sur l’extérieur, positionnées à l’emplacement

même des anciennes concessions étrangères. Conçu hier pour

cantonner la présence étrangère sur le sol de l’Empire, ce

découpage fonctionnaliste a été réutilisé pour réintégrer une

population d’origine chinoise soustraite à la souveraineté des

INTRODUCTION 23

14. John K. Fairbank, La grande révolution chinoise, 1800-1985, Paris,

Flammarion, 1989 (traduction par Sylvie Dreyfus de The Great Chinese

Revolution, 1800-1985, New York, Harper and Row, 1986).

15. D’une manière générale, en Asie du Sud-Est, les colonisateurs

européens ont tenté d’empêcher les communautés chinoises déjà installées de

concurrencer non seulement les intérêts européens mais également ceux de la

paysannerie et des élites locales : les Chinois n’ont donc eu d’autre choix que

de s’illustrer dans le négoce, du moins dans ceux de ses secteurs qui ne leur

avaient pas été fermés. En outre, la politique industrielle du colonisateur a

contribué à la croissance substantielle de ces communautés, l’exploitation des

mines et des plantations d’hévéas ou la construction des chemins de fer ayant

reposé sur l’importation d’une main-d’œuvre de coolies chinois.

Page 25: Fragments d’uneguerreinachevée

Qing par les puissances impérialistes européennes et japonaise.

Ce faisant, les réformes denguistes ont conduit à une réappro-

priation de l’idéologue du Guomindang (KMT), Sun Yat-sen,

fondateur de la République de Chine en 1912, toujours officiel-

lement « père de la nation » (guofu) à Taiwan. En RPC, l’accent

est désormais mis sur son rôle d’éveilleur de la conscience

nationale à une époque où la Chine vivait sous le joug de la

dynastie mandchoue et de l’impérialisme étranger16 afin de

légitimer le projet modernisateur, tout en l’inscrivant dans la

continuité d’une histoire qui se lit sur le double registre du

national et du révolutionnaire.

Et la démocratisation du régime nationaliste au cours des

années 1990 – troisième temps – n’a pas pleinement émancipé

l’entité Taiwan de cette matrice révolutionnaire. Certes, la

problématique coloniale, en l’occurrence celle de la décolonisa-

tion, doit derechef être convoquée dans la mesure où la démocra-

tisation se ramène à une scission entre territoire métropolitain et

territoire colonial par l’indigénisation de la République de Chine

à Taiwan. Les institutions sont désormais renouvelées régulière-

ment, dans le cadre du multipartisme et d’élections libres, par le

seul électorat sous la juridiction effective de Taipei. Mais la

décolonisation nationaliste ne s’étant pas accompagnée de la

résolution du conflit sino-taiwanais, l’hégémonie irrédentiste

chinoise a pris le relais de la colonisation nationaliste dans la

mesure où elle surdétermine aujourd’hui le politique à Taiwan, le

spectre partisan s’étant fractionné en autant de clivages que la

question statutaire et les rapports avec Pékin peuvent se décliner.

« Fragments » d’une nation déchirée par des imaginaires et

des revendications territoriales contradictoires, les entrepreneurs

taiwanais sont des acteurs transnationaux indisciplinés par une

frontière non reconnue et dont les opérations de délocalisation

sont aujourd’hui le vecteur d’une unité de la Chine imposée par

le PCC, voulue mais différée par le KMT, rejetée par les

indépendantistes17. C’est donc dans un entrelacs de continuités

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE24

16. Marie-Claire Bergère, Sun Yat-sen, Paris, Fayard, 1994, p. 474.

17. Je fais ici référence à Partha Chatterjee, The Nation and its Fragments :

Colonial and Postcolonial Histories, Princeton, Princeton University Press,

1993 ; la thèse centrale de ce tenant des subaltern studies porte sur les

Page 26: Fragments d’uneguerreinachevée

et de ruptures, de réappropriation des modèles et des idéologiesqu’il convient d’analyser le rôle joué par ces entrepreneurs dansl’économie politique de la partition de la Chine.

Seule la segmentation du secteur productif taiwanais dansles années 1960 et 1970, opposant les grandes entreprisesexploitant le marché intérieur aux PME fortement atomisées,permet de comprendre le processus emprunté par le mouvementdes délocalisations sur le continent. De même, la collusion entrele monde de la politique et celui des affaires depuis la démocra-tisation des institutions nationalistes et donc le poids destaishang dans l’affrontement partisan à Taiwan ne peuvent êtremesurés sans prendre en compte la prééminence du clivage sub-ethnique sur tout clivage en termes de classes sociales oul’absence de représentativité des organisations patronales tellesqu’elles ont été établies dans les années 1950. De même encore,en délocalisant leurs entreprises sur le continent, les taishang

ont transposé la culture d’entreprise qui avait prévalu sous la loimartiale à Taiwan, engendrant par là même un malentendufondamental entre les attentes de la main-d’œuvre chinoise etcelles des patrons taiwanais. Il convient également decomprendre comment, loin d’avoir exporté sinon les valeurs dela démocratie du moins celles de l’État de droit, les taishang ontamplement participé au renforcement des nouveaux modes degouvernement de la Chine des réformes qui composent eux-mêmes, en partie, avec l’héritage communiste. Il s’agit notam-ment de la réactivation du schéma central de la gouvernementa-lité chinoise : le chevauchement de la sphère privée et de lasphère officielle – les bureaucraties locales – à partir duquels’ordonne la nouvelle hiérarchie sociale.

Enfin, la délocalisation de l’industrie taiwanaise en Chinepose le problème du degré d’ouverture comme celui des modali-tés de l’ouverture d’une frontière non reconnue, la position deprincipe sur cette question ayant fait l’objet d’un chassé-croiséentre les formations partisanes groupées autour du KMT, d’une

INTRODUCTION 25

multiples résistances fragmentées au projet hégémonique de la modernité natio-naliste postcoloniale (p. 13) ; voir également Horng-luen Wang, « How areTaiwanese shanghaied ? », Positions 17 (2), automne 2009, p. 336 et note 43,p. 345.

Page 27: Fragments d’uneguerreinachevée

part, et celles de l’opposition, d’autre part. Ces dernières ont eneffet repris le combat antérieur des premières non plus tantcontre le communisme mais contre l’hégémonie irrédentistechinoise. En même temps, le KMT et ses alliés, dans une trèsgrande continuité, n’ont pas renoncé au principe de l’unité de laChine, mais n’ont plus subordonné l’ouverture de la frontière àla résolution du conflit de souveraineté.

Or, les modalités retenues ont aussitôt renvoyé au mode degestion des relations extérieures de cet État non reconnu. Outrela préparation militaire, le conflit a été entretenu – en l’occur-rence gelé – par le recours à une technique classique de résolu-tion des antinomies, celle des fictions juridiques : fiction, dansun premier temps, de reconnaître la République de Chinecomme étant souveraine sur l’ensemble de la Chine, une fictionrenversée lorsque la RPC a été reconnue à son tour souveraine àla fois sur le continent et sur Taiwan. Et pour gérer les rapportsbilatéraux avec un État non reconnu, ou dé-reconnu, leschancelleries ont greffé sur la fiction principale des fictionssecondaires en instituant progressivement des relations paradi-plomatiques et paraconsulaires officiellement gérées par desorganismes privés18. De même, lorsque, concomitamment à ladémocratisation, le gouvernement taiwanais procédera à unereconnaissance de facto de la RPC le 30 avril 1991 – sans quecet acte unilatéral soit suivi d’un accord formel avec Pékin decessation des hostilités et sans que les frontières officielles de laRépublique de Chine soient modifiées dans la Constitution – ilprivatisera d’emblée la procédure de négociation bilatérale avecles autorités chinoises, une fiction ratifiant l’absence de recon-naissance mutuelle des deux gouvernements. C’est encore sur labase d’un consensus fictif car inventé a postierori – « uneChine, différentes interprétations » – que seront placées, à partirde 2008, toutes les négociations autour de l’ouverture progres-sive de la frontière sino-taiwanaise.

* * *

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE26

18. Sur cette question, voir Françoise Mengin, « Une privatisation fictive :le cas des relations avec Taiwan », in Béatrice Hibou (dir.), La privatisationdes États, Paris, Karthala, 1999, pp. 197-223.

Page 28: Fragments d’uneguerreinachevée

Dès lors, la poursuite de la guerre, y compris sous la formedu maintien du statu quo, a reposé sur des moyens diplomatico-militaires, mais aussi, et de manière complémentaire, sur undécouplage fictif de l’économique et du politique et plus large-ment sur une dépolitisation du politique. Certes, il ne s’agit pasde postuler une séparation entre sphères publique et privée,entre le politique et l’économique.

« De toute façon l’économique, ce n’est pas un processusmécanique ou naturel, ce n’est pas un processus que l’on puissedétacher, sauf par abstraction a posteriori, par abstractionformalisante. L’économique ne peut être jamais considéré quecomme un ensemble d’activités, et qui dit activités dit forcé-ment activités réglées »19.

Mais il convient, sinon de circonscrire le politique, du moinsde montrer sur quel rivage bute le politique dans la configurationétudiée pour exiger cette opération de dépolitisation du politique.Revenir à l’État théorisé par Max Weber permet de mieux

appréhender la spécificité de l’État à Taiwan20. Depuis 1949,c’est bien au sein d’un territoire géographique déterminé que leconflit est institutionnalisé par une direction qui dispose dumonopole de la violence légitime. Pour autant, les limitesgéographiques de ce territoire n’épuisent pas toutes les limitesgéographiques pensables et effectivement pensées pour conce-voir et redéfinir les institutions, les règlements ou leur champd’application. Et dans cette opération mentale d’extension ou decontraction du territoire, la violence ou la menace de la violenceinterviennent comme l’ultima ratio. La guerre contre le rivalcommuniste a justifié que des institutions représentatives del’ensemble du territoire chinois soient gelées jusqu’à la levée dela loi martiale en 1987. Depuis la démocratisation du régimenationaliste, la menace chinoise de recourir à la force contraint

INTRODUCTION 27

19. Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, Cours au Collège de

France (1978-1979), Paris, Gallimard/Seuil, 2004, p. 169.20. Max Weber, Economie et société 1. Les catégories de la sociologie,

Paris, Pocket, 1995 (traduction par Julien Freund et al. de Wirtschaft und

Gesellschaft, Tübingen, Mohr, 1956), pp. 96-97.

Page 29: Fragments d’uneguerreinachevée

les formations partisanes indépendantistes, lorsqu’elles

cherchent à accéder au pouvoir, à substituer à l’horizon de la

proclamation de l’indépendance de jure de Taiwan le maintien

de son indépendance de facto.

Le rivage ultime sur lequel le politique pensable échoue et se

reconfigure dans son flux et son reflux est le principe d’une

Chine une (yi ge Zhongguo yuanze). Ce principe, comme son

éventuelle remise en cause, est la donnée axiologique régissant

les rapports entre les parties chinoise et taiwanaise mais aussi

les rapports de force au sein de la société politique insulaire. Le

débat autour de ce principe – impossible sous la loi martiale

comme dans le dialogue Pékin-Taipei, mais structurant les

clivages partisans taiwanais –, la tension produite par l’opéra-

tion mentale d’extension ou de contraction des limites du terri-

toire pourraient être conceptualisés dans les termes du conflit

politique tel que l’entend Jacques Rancière.

« Le conflit politique n’oppose pas des groupes ayant des

intérêts différents. Il oppose des logiques qui comptent diffé-

remment les parties et les parts de la communauté »21.

« L’essence de la police est d’être un partage du sensible

caractérisé par l’absence de vide et de supplément : la société y

consiste en groupes voués à des modes de faire spécifiques, en

places où ces occupations s’exercent, en modes d’être correspon-

dant à ces occupations et à ces places. Dans cette adéquation des

fonctions, des places et des manières d’être, il n’y a de place

pour aucun vide. C’est cette exclusion de ce qu’“il n’y a pas” qui

est le principe policier au cœur de la pratique étatique. L’essence

de la politique est de perturber cet arrangement en le supplémen-

tant d’une part des sans-part identifiée au tout même de la

communauté. Le litige politique est celui qui fait exister la

politique en la séparant de la police qui constamment la fait

disparaître, soit en la niant purement et simplement, soit en

identifiant sa logique à la sienne propre. La politique est d’abord

une intervention sur le visible et l’énonçable »22.

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE28

21. Jacques Rancière, Aux bords du politique, Paris, Gallimard, 2004, p. 239.

22. Ibid., p. 241.

Page 30: Fragments d’uneguerreinachevée

L’ordre politique international étant encore régi par la fictionwestphalienne où sont assignées des places qui ne laissent pasde places à des « sans-part », la distinction entre un État depolice et le politique comme intervention dans cet ordre renvoieà l’hégémonie irrédentiste chinoise qui s’exerce en surplomb etsurdétermine la scène partisane taiwanaise. Elle renvoie auconflit durable qui a historiquement structuré la sociétéinsulaire : le conflit entre réunification et indépendance, plusprécisément le conflit entre réunification de jure à terme etindépendance de jure à terme.

Le politique par excellence dans la configuration sino-taiwa-naise est la mise à nu du donné objectif dont les conséquencesjuridiques sont méconnues par le recours à des fictions. Dès lors,par découplage de l’économique du politique pour gérer lemaintien du statu quo, il faut entendre la création de sphères,d’espaces, d’enceintes, d’organismes, de fonctions, de terminolo-gies afin de dépolitiser des questions liées au principe de l’unitéde la Chine ou de sa possible remise en cause. Dépolitiser, dans laconfiguration étudiée, c’est permettre la résolution de problèmessans s’engager de manière irréversible dans une remise en causedu principe de l’unité de la Chine ou sans s’engager dans uneratification de celui-ci, autrement dit sans engager les acteurs decette entreprise de dépolitisation à se prononcer sur le futur statutde Taiwan ou encore à définir le territoire géographique del’entité Taiwan en devenir. Mais dépolitiser, c’est traiter demanière technique des questions éminemment politiquespuisqu’elles sont liées à la souveraineté des États.

Cette entreprise de dépolitisation n’est donc pas l’inversed’une opération de politisation au sens où l’entend JacquesLagroye : l’opération de dépolitisation dans la configurationsino-taiwanaise résulte d’une requalification, certes, mais d’unerequalification fictive dans la mesure où il n’y a pas conversionmais assignation23. En revanche, cette opération emprunte la

INTRODUCTION 29

23. « (…) des rapports sociaux, des styles de relations, des formesd’échange et de communication, des pratiques professionnelles, des engage-ments associatifs et ainsi de suite, deviennent des éléments ou des règles del’espace politique (…). C’est cette conversion qu’on appelle ici politisation ».Jacques Lagroye, « Avant-propos », in Jacques Lagroye (dir.), La politisation,

Page 31: Fragments d’uneguerreinachevée

méthode fonctionnelle prônée par David Mitrany : identifier desbesoins qui permettent une coopération effective et immédiatedétachée de tout enjeu politique, l’intégration politique devantprogressivement découler de l’intégration socio-économique24.Dans la méthode mitranienne le changement des frontières doitdonc être rendu inutile dans la mesure où elles seront progressi-vement dépourvues de sens (meaningless), et où, comme ausein d’un État, ce qui relève de la défense relèvera progressive-ment de la police25. Tel est précisément le dessein ouvertementaffiché des autorités chinoises : cependant, celles-ci, à la diffé-rence de Mitrany, ne raisonnent pas en termes de souverainetésappelées à être dépassées, mais d’une souveraineté de facto ourevendiquée qu’il est impératif d’effacer. Dès lors, l’entreprisede dépolitisation opérée dans les négociations sino-taiwanaisess’écarte de la théorie fonctionnaliste dès l’instant où c’est pourpréserver l’intérêt de chaque État que les questions politiquessont technicisées.Or, ce processus ne se ramène pas à une opération arithmé-

tique de soustraction. La mise en dépolitisation d’espaces,d’arènes, de fonctions transforme plus qu’elle n’ampute lepolitique. Il conviendra donc de repérer dans quelles instanceset dans quels types de pratiques le politique est reconfiguré parl’ouverture de la frontière sino-taiwanaise consécutive auxdélocalisations opérées par les entrepreneurs taiwanais enChine.

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE30

Paris, Belin, 2003, p. 4 (souligné dans l’original) ; ou encore : « (…) la politi-sation est une requalification des activités sociales les plus diverses, requalifi-cation qui résulte d’un accord pratique entre des agents sociaux enclins, pourde multiples raisons, à transgresser ou à remettre en cause la différenciationdes espaces d’activité ». Jacques Lagroye, « Les processus de politisation »(ibid., pp. 360-361).

24. David Mitrany, A Working Peace System, Chicago, QuadrangleBooks, 1966 (réédition augmentée de A Working Peace System : An Argumentfor the Functional Development of International Organization, Londres, TheRoyal Institute of International Affairs, New York, Toronto, Bombay,Melbourne, Cape Town, Oxford University Press, 1943).

25. Ibid., pp. 62-63.

Page 32: Fragments d’uneguerreinachevée

Lexique

Tous les caractères sont donnés dans leur version non simpli-

fiée, même lorsque les mots et expressions se rapportent

à des institutions de la Chine populaire.

ai Taiwan : ! (aimer Taiwan)

anding : ! (stabilité)

ba dian :"! (huit points)

ba Li Denghui sao jin lishi de lajitong :#"#$%$%&&'(' (jeter Lee Teng-hui dans les poubelles de l’histoire)

baihua :() (chinois vernaculaire)

baise kongbu :()*+ (terreur blanche)

baishou qijia :(,-. (self-made-man)

banshanren :/01 (demi-montagnard)

bao er nai :2*3 (entretenir une maîtresse)

Bashi niandai :"45+ (The Eighties)

Page 33: Fragments d’uneguerreinachevée

bei er bu yong : !! (préparer mais ne pas utiliser)

bendiren : "#" (indigène ; soit Taiwanais de souche dans le

contexte de cet ouvrage)

benshengren :"$" (personne de la province)

bentu zhengquan baowei zhan : "%#&'($ (guerre de

protection du pouvoir des locaux)

bianyuanhua :)*% (marginalisation)

bingtun :併 (annexion)

Bo’ao yazhou luntan : &+,-./ (Forum de Boao pour

l’Asie)

bu : (ministère ; mais aussi : département, bureau, etc.)

bu fouding duifang wei zhengzhi shiti : !'(012#34) (ne pas dénier l’existence de l’autre en tant qu’entité

politique)

bu jiechu, bu tanpan, bu tuoxie : !5*!67!+, (non

aux contacts, non aux négociations, non aux compromis)

bu tong, bu du, bu wu :!-!8!. (non à l’unification, non

à l’indépendance, non au recours à la force)

bu wu, bu du :!.!8 (renoncer à l’usage de la force, renon-

cer à l’indépendance)

bu xinren :!/0 (défiance)

Caituan faren dalai lama Xizang zongjiao jijinhui :129":345;<678=> (The Tibet Religious Foundation of

His Holiness the Dalai Lama)

can’an :9: (massacre)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE494

Page 34: Fragments d’uneguerreinachevée

chanye gonghui :產業 會 (syndicat industriel)

chanye kongdonghua :產業!"# (« évidement » industriel ;

« hollowing-out »)

chengren : (reconnaître, admettre)

cishan huodong :!"!# (activité caritative)

cong Taiwan lai :$"%# (venir de Taiwan)

da guo :&' (grande puissance)

dalu :$ (le continent)

dalu diqu :$ %區 (région continentale)

dalu fangmian :$ &' (côté continental)

dalu rebing :&()$ (fièvre continentale)

dalu xinniang :&(*% (épouse continentale)

dalu yu Taiwan jun shi Zhongguo de lingtu : &(&"%+,-''() (le continent et Taiwan font partie sur un pied

d’égalité du territoire chinois)

daluren :&(. (personne du continent)

dang dui dang :/*/ (de parti à parti)

dang dui dang tanpan :/*/+, (négociation de parti à parti)

dangwai :/0 (hors-parti)

Datong :&1 (Grande harmonie ; nom de l’entreprise Tatung)

Datong gongye zhuanke xuexiao :&1-23.45 (Institut

de technologie de Tatung)

LEXIQUE 495

Page 35: Fragments d’uneguerreinachevée

Datong gongzhi : ! ! (Ecole professionnelle de Tatung)

difang paixi : !"# (faction locale)

diqu : (région)

Dongguan taishang zidi xuexiao : $%&!"#$% (Ecole

pour enfants de taishang de Dongguan)

dongyuan kanluan shiqi linshi tiaokuan :&'(')())*+ (Dispositions provisoires pendant la période de mobilisa-

tion pour la suppression de la rébellion)

dui dalu diqu congshi jianjie touzi huo jishu hezuo guanli banfa :

,*+ ,-./-./01012234(Réglementation concernant la gestion des investissements

indirects et la coopération technologique dans la région

continentale)

duideng :,5 (sur un pied d’égalité)

Er er ba shijian chuli weiyuanhui : 663-7824'9(Comité de résolution de l’incident du 28 février)

er nai :65 (seconde épouse ; littéralement second lait, second

sein)

fan fenlie guojia fa ::;<674 (« loi contre la sécession de

la nation » ; loi anti-sécession)

fangweixing gongtou : =>?@- (référendum de défense ;

référendum défensif)

fanlan :8A (panbleu)

fanlü :89 (panvert)

fanzi lianmeng :8:;B (coalition violette)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE496

Page 36: Fragments d’uneguerreinachevée

fazhan guojia ziben, jiezhi siren ziben : ! !""#$%#"" (développer le capital d’Etat et restreindre le capital

privé)

fazhi :&$ (gouvernement par la loi)

fei heping fangshi :'()*$ (moyens non pacifiques)

fei zhuliu pai :'+,- (faction minoritaire)

fuli :./ (bien-être)

fuli guo :./ (Etat-providence)

fuwu :%0 (bureau de service)

gaige kaifang zhengce : &'1()2 (politique de réformes

et d’ouverture)

gaige tizhi :&'*$ (réformer le système)

gao jishu (chanye) kaifa qu : !術"產業#開發區 (zones de

développement (pour les industries) de haute technologie)

gao keji liuxialai :+3,4-5 (conservons les high-tech)

gao Taiwan tongbao shu : .6/071 (déclaration aux

compatriotes de Taiwan)

gen liu Taiwan : !6/ (enraciner à Taiwan)

gezhi zhengyi, qiutong cunyi : 283"904: (laisser de

côté les différends et rechercher les points d’accord)

Gongdang :;5 (Parti des travailleurs)

gongfei :<6 (bandits communistes)

gonghui fa :;=& (loi sur les syndicats)

LEXIQUE 497

Page 37: Fragments d’uneguerreinachevée

gongmin toupiao fa : ! "# (loi sur les référendums)

gongtou zhixian : $% (une nouvelle constitution par voie

référendaire)

Gongyanyuan dianzi suo :&!"'#$ (Electronic Research

Service Organization)

Gongye jishu yanjiuyuan : &%&'!(" (Industrial

Technology Research Institute)

Gongye weiyuanhui :&%()) (Commission du développe-

ment industriel)

guangfu dalu :**+, (recouvrer le continent)

guanliao ziben :-./+ (bureaucrate-capitaliste)

guanxi :,- (relations interpersonnelles)

guanyu guli Taiwan tongbao touzi de guiding : ,./01012 /342 (Dispositions pour encourager les investis-

sements des compatriotes de Taiwan)

guanyu kaizhan dui Taiwan maoyi de zanshixing guiding :,.5671083394:42 (Dispositions provisoires

concernant le développement du commerce avec Taiwan)

guodu yilai :;567 (dépendance démesurée)

Guofang sheji weiyuanhui : 8<=>()) (Commission

pour la planification de la défense nationale)

Guofang zui gao weiyuanhui : 8<?9()) (Conseil

suprême pour la défense nationale)

guofu : 8@ (père de la nation)

Guogong jingmao luntan : 8AB8CD (Forum KMT-PCC

sur les questions économiques et commerciales)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE498

Page 38: Fragments d’uneguerreinachevée

Guogong luntan : !" (Forum KMT-PCC)

Guojia anquan huiyi : !"#$# (Conseil national de

sécurité)

guojia anquan ju : !"#% (bureau de la sécurité nationale)

Guojia fazhan huiyi : !&'$# (Conférence pour le

développement national)

guojia keji baohu fa : !($)%* (loi sur la protection de

la technologie nationale)

guojia rentong wenti : !+&'( (question de l’identité

nationale)

guojia tongyi gangling : !)*,- (Lignes directrices pour

l’unification nationale)

Guojia tongyi weiyuanhui : !)*+,$(Conseil pourl’unification nationale)

guojia yu guojia guanxi : !. !/0 (relations d’Etat à Etat)

Guojia zhengce yanjiu jijinhui : !"#$%-1$(National Policy Foundation)

Guojia zhengce yanjiu zhongxin : !.2/301 (Institute

for National Policy Research)

guojing huowu :4235 (marchandises en transit)

guomin daiyu :國 !" (traitement citoyen)

Guomindang : 64 (Parti nationaliste ; abréviation de

Zhongguo Guomindang : Parti nationaliste de Chine)

Guotaiban : 78 (Bureau des affaires taiwanaises)

LEXIQUE 499

Page 39: Fragments d’uneguerreinachevée

Guotonghui : ! (Conseil pour l’unification nationale ;abréviation de : Guojia tongyi weiyuanhui)

Guowuyuan Taiwan shiwu bangongshi : !""##!$%& (Bureau des affaires taiwanaises du Conseil des affaires

d’Etat)

guoyu : ' (langue nationale)

guwen :($ (conseiller)

haifang jiexian :%)*+ (front de la défense côtière)

haigui : %& (expression désignant, en Chine, les Chinois

diplômés d’universités étrangères revenant au pays)

haigui pai :%&, (faction des haigui)

haixia :%- (détroit)

Haixia jiaoliu jijinhui : %-./'0 (Fondation pour les

échanges à travers le détroit ; Straits Exchange Foundation)

haixia liang’an : 峽 ! (deux rives du détroit)

Haixia liang’an guanxi xiehui : %-(123) (Association pour les relations entre les deux rives du détroit ;

Association for Relations Across the Taiwan Straits)

Haixia liang’an lüyou jiaoliu xiehui : %-(1*4./) (Association pour les échanges touristiques à travers le

détroit)

heping tongyi :56!+ (réunification pacifique)

heping zhi lü :567* (voyage de la paix)

hexie shehui :8,9 (société harmonieuse)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE500

Page 40: Fragments d’uneguerreinachevée

hezi qiye : !" (joint-venture à capitaux propres)

huan shehui : !" (rendre à la société)

Huaren :#$ (Chinois, au sens ethno-culturel)

hui guo :#$ (revenir au pays)

hukou :戶 (système d’enregistrement de la résidence)

jia :! (mesure de superficie égale à 2,9 hectares)

jiagong chukou qu : "#$%% (zone de transformation pour

l’exportation)

jianchi jiu er, fandui Taidu : &'&'()*+ (maintenir le

consensus de 1992, s’opposer à l’indépendance de Taiwan)

Jiang bang : ,( (clique de Chiang)

Jianguodang :-$) (Parti de la construction nationale)

jianjie :./ (indirect)

jianjie touzi :./* (investissement indirect)

jianli minzhu, ziyou, junfu de Zhongguo : -0123+,45-$ (fonder une Chine démocratique, libre et équitable-

ment prospère)

jianshang :./ (traître marchand)

jie ji yong ren :0162 (pas de précipitation, de la patience)

jiefang Taiwan :73*4 (libérer Taiwan)

jieshi :78 (interprétation)

jiezhi ziben :9: ; (capitalisme limité)

LEXIQUE 501

Page 41: Fragments d’uneguerreinachevée

jiji kaifang, youxiao guanli : !" !"## (ouverture

active, gestion efficace)

Jingji anquan weiyuanhui : $%$&%&' (Bureau pour la

stabilisation économique)

jingji hezuo jiagou xieyi :$%()*+'( (accord-cadre de

coopération économique)

jingji tequ :$%)* (zone économique spéciale)

Jingjibu gongye ju :$%+,,- (Bureau du développement

industriel)

jingwai hangyun zhongxin : !"#$% (centre maritime

extra-territorial)

Jinmen xieyi :./'( (accord de Kinmen)

Jinrong jiandu guanli weiyuanhui : .012##%&'(Commission de supervision financière)

jiu er gongshi :3456 (consensus de 1992)

jungouan tebie yusuan : -./)078 (enveloppe spéciale

pour l’armement)

keji gongye yuan/yuan qu/kaifa qu :91,,2/2*/":*(parcs industriels/parcs/zones de développement pour les

sciences et technologies)

Keji guwen zu : 91;3< (Groupe consultatif sur les

sciences et les technologies)

keji shengji :9145 (montée en gamme technologique)

Kejiaren :&'( (Hakka, littéralement « invités »)

laodong hetong fa :67(8= (loi sur le contrat de travail)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE502

Page 42: Fragments d’uneguerreinachevée

laodong jizhun fa : !" ! (loi fondamentale sur le travail)

Laodongdang : !# (Parti du travail)

laojia : "$ (pays natal)

laozi zhengyi chuli fa : %&'#$! (loi sur la résolution

des conflits du travail)

liang : (tael)

liang guo lun :()% (théorie des deux Etats)

liang tou zai wai :(&'* (les deux bouts à l’extérieur)

liang’an :( (deux rives)

Liang’an gongtong jingji jijinhui : (()+*+",-(Fondation pour un marché commun entre les deux rives)

liang’an heping fazhan gongtong yuanjing :((./01)+2, (une vision commune du développement pacifique

entre les deux rives)

Liang’an jingji hezuo weiyuanhui : ((*+34-.-(Comité de coopération entre les deux rives)

Liang’an jingmao wenhua luntan :((*5/0%6 (Forum

sur les relations économiques, commerciales et culturelles

entre les deux rives)

liang’an kafei :((!" (Café des deux rives)

liang’an renmin guanxi tiaoli : #$%&'() (Statut

relatif aux relations entre les peuples des deux rives ; abrévia-

tion de : Taiwan diqu yu dalu diqu renmin guanxi tiaoli)

liang’an songbang : 鬆綁 (détente entre les deux rives)

liang’an, yi Zhong :((12 (deux rives, une Chine)

LEXIQUE 503

Page 43: Fragments d’uneguerreinachevée

Lianhua dianzi : ! " (United Microelectronics Corporation)

lianyihui : !" (une amicale)

Lüdang :#$ (Parti vert)

lüse xidao :綠 !島 (Green Silicon Island)

Luweihui : %&" (commission aux Affaires continentales ;

abréviation de : Xingzhengyuan dalu weiyuanhui)

meili Kunshan, ping’an Kunshan, lüse Kunshan, dianzi

Kunshan, xiaolü Kunshan :"麗#$%&#$綠 #$電'#$()#$ (une Kunshan belle, paisible, verte,

électronique et efficace)

Meilidao :#'( (Formosa)

Meilidao zhi ye :#'($) (nuits de Formose)

meiyou dangming de dang : %*$&'$ (parti qui n’en a

pas le nom)

minbian :(+ (soulèvement populaire)

mingan keji baohu fa : ,-).*/+ (loi sur la protection

des technologies sensibles)

mingong : (, (abréviation de nongmingong : désigne les

travailleurs migrants venant des campagnes chinoises)

minjian :(- (non governmental)

Minjindang :(.$ (Parti démocrate progressiste)

minnanhua :/01 (dialecte minnan)

minzhu dang :(0$ (partis démocratiques)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE504

Page 44: Fragments d’uneguerreinachevée

Minzhu xingdong lianmeng : !"#$% (Alliance pour

l’action démocratique)

mubiao :&' (objectif, but)

ning wei jitou bu wei niuwei : ()*+,)-. (« mieux

vaut être la tête d’un poulet que la queue d’un bœuf »)

nongmingong : !" (ouvrier-paysan)

nuhua :/0 (asservissement)

po heixiang :123 (briser la boîte noire)

putonghua :456 (langue courante)

qiang :# (fort, puissant)

Qinmindang :7 8 (People First Party)

qu Zhongguo hua : 9:;0 (désinisation)

Quanguo gongye zonghui : <;=>?@ (Fédération de

l’industrie)

Quanguo shangye zonghui : <;A>?@ (Fédération du

commerce)

quanmin zhengdang : < B8 (parti politique représentant

tout le peuple)

quanmin zhengfu :< BC (gouvernement de tout le peuple)

rencai :$% (homme de talent)

renshi :DE (connaître)

Renshi Taiwan jiaokeshu :DEFGHIJ (manuels scolaires

Connaître Taiwan)

LEXIQUE 505

Page 45: Fragments d’uneguerreinachevée

renzhi : ! (gouverné par les gens)

riben nuhua sixiang : !"#$% (empoisonné par la

mentalité d’esclave japonais)

ribenhua : !# (nipponification)

ruchu guoji yimin fa :&'()*+, (loi sur l’immigration)

san bu zhengce : -./0 (politique des trois non)

san ge daibiao :-123 (trois représentativités)

san min zhuyi : -+45 (Trois principes du peuple)

san shi er tiao yaoqiu : -6789: (Trente-deux requêtes

spécifiques pour une réforme)

san tong : -; (trois communications)

Shanghai rebing :<=>? (fièvre de Shanghai)

shangren : ! (marchand, négociant, commerçant)

sheng :@ (province)

shi da jianshe :6ABC (Dix grands projets)

shijian : DE (incident)

shijie shang zhi you yi ge Zhongguo :FG<HIJ1K( (il

n’y a qu’une seule Chine dans le monde)

Shitaihui : FLM (Fédération des associations taiwanaises ;

World Federation of Taiwanese Associations)

shiwuxing :DNO (affaires courantes ou techniques)

shuangfang :PQ (les deux parties)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE506

Page 46: Fragments d’uneguerreinachevée

si liu : ! (quatre échanges)

tai luan :"# (trop chaotique)

Taiban :$% (Bureau des affaires taiwanaises ; abréviation de :

Taiwan shiwu bangongshi)

Taibao zheng : $&' (Permis pour les compatriotes de

Taiwan)

Taidu fenlie shili : $()*+, (forces sécessionnistes

indépendantistes de Taiwan)

taigan : $- (cadre taiwanais)

Taijiaohui :$./ (Association des professeurs d’université de

Taiwan)

Tailian : $0 (Taiwan Solidarity Union ; abréviation de :

Taiwan tuanjie lianmeng)

tailiu :$! (vagabond ou clochard taiwanais)

taima :$1 (maman taiwanaise)

Tainan fangzhi :$234 (Filature de Tainan)

taishang :$5 (homme d’affaires taiwanais)

taishang touzi qu : $5678 (zone d’investissements pour

les entreprises taiwanaises)

Taishang xiehui :$59/ (Association de taishang)

taisheng :$: (étudiant taiwanais)

Taiwan de weitaming : $;<=>? (une vitamine pour

Taiwan)

LEXIQUE 507

Page 47: Fragments d’uneguerreinachevée

Taiwan di yi : !"# (Taiwan First)

Taiwan dianli gongsi : !$%&' (Compagnie d’électricité

de Taiwan)

Taiwan diaocha weiyuanhuei : 灣調!"員會 (Commission

d’enquête sur Taiwan)

Taiwan diqu yu dalu diqu renmin guanxi tiaoli : !()*+,()-./012 (Statut relatif aux relations entre les

peuples de la région de Taiwan et de la région continentale)

Taiwan fangmian : !34 (côté taiwanais)

Taiwan ganbu xunlianban : !56789 (cours de forma-

tion pour cadres de Taiwan)

Taiwan gongchengshi xiehui : !:;<=> (Association

des ingénieurs taiwanais)

Taiwan Guomindang : !?.@ (Parti nationaliste de Taiwan)

Taiwan haixia liang’an guanguang lüyou xiehui : !ABCDEFGH=> (Association du tourisme dans le détroit de

Taiwan)

Taiwan jingji yanjiu yuan : !IJKLM (Taiwan Institute

for Economic Research)

Taiwan jiti dianlu : !NO$P (Taiwan Semiconductor

Manufacturing Corporation)

Taiwan jumin : !Q. (résident de Taiwan)

Taiwan jumin laiwang dalu tongxing zheng : !Q.RS+,TUV (Permis d’aller et venir sur le continent pour les

résidents de Taiwan)

Taiwan nongmin lianmeng : !W.XY (Alliance des

agriculteurs taiwanais)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE508

Page 48: Fragments d’uneguerreinachevée

Taiwan qiantu jueyiwen : !"#$%& (Résolution sur

l’avenir de Taiwan)

Taiwan renmin zijiu xuanyan : !'()*+, (Manifeste

pour le salut du peuple formosan)

Taiwan shiwu bangongshi : !-./01 (Bureau des

affaires taiwanaises)

Taiwan tongbao touzi baohu fa : !2345678 (loi sur

la protection des investissements des compatriotes de Taiwan)

Taiwan tuanjie jianshe jiayuan : !9:;<=> (Taiwan

doit s’unir pour fonder le pays natal)

Taiwan tuanjie lianmeng : !9:?@ (Taiwan Solidarity

Union)

Taiwan Tubo zhi youhui : !"#$%& (Taiwan Friends of

Tibet)

Taiwan yanjiu : !AB (recherches sur Taiwan)

Taiwan zhiku : !CD (Taiwan Thinktank)

taiwanhua : !E (taiwanisation)

Taiwanren gonggong shiwu xiehui : !'0F-.GH(Formosan Association for Public Affairs)

Taiwansheng jingbei : !IJK (garnison de la province de

Taiwan)

Taiwansheng jingbei zongbu : ! I J K L M(Commandement de la garnison de la province de Taiwan)

taiyimin : N( (immigrant taiwanais)

taiyu : O (le taiwanais, la langue taiwanaise)

LEXIQUE 509

Page 49: Fragments d’uneguerreinachevée

tanxing waijiao : !"# (diplomatie flexible)

tebie hangxian : !"# (routes aériennes spéciales)

teshu de guo yu guo guanxi : $%&'(')* (relations

spéciales d’Etat à Etat)

tizhi nei gaige : 體 內!" (une réforme de l’intérieur du

système)

tong du wenti : +,-. (question de l’unification et de

l’indépendance)

tongbao :/0 (compatriote)

tongyi :+1 (unification, réunification)

tongyi zhanxian : +123 (Front uni)

tongzhiquan :+45 (juridiction)

tuanti xieyue fa :6789: (loi sur les conventions collectives)

Tubo : $% (Tibet, selon la transcription phonétique de la

langue tibétaine)

tusu :;< (local, trivial, vulgaire, de clocher)

wai lai zhengquan :"=>5 (pouvoir d’origine étrangère)

waijiao xiubing :"#?@ (trêve diplomatique)

Waimao xiehui : "A8B (China External Trade Development

Council ; abréviation de : Zhonghua minguo duiwai maoyi

fazhan xiehui)

waishengren :"CD (personne extérieure à la province)

Wang bao :EF (Want Daily)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE510

Page 50: Fragments d’uneguerreinachevée

wei guo fuwu : !! (servir le pays)

wei taishang fuwu : " !! (servir les taishang)

weiyuanhui :"## (commission, conseil, comité)

wenhua taidu :$%"$ (indépendantisme culturel taiwanais)

wenyan :$% (chinois classique)

wu bu : && (cinq non)

wu ge ziwo fuze :&'('() (les cinq responsabilités propres)

wudang wupai : *+*) (sans affiliation partisane et sans

faction)

wunai : !" (pas moyen de faire autrement, on n’y peut rien,

irrémédiable)

wurensuo dashi :*,-./ (ambassadeur itinérant)

wushi waijiao :!*0+ (diplomatie pragmatique)

xian :, (district)

xianbing :-. (police militaire)

xiandaihua :/0% (modernisation)

xianghu piping, ziwo piping : 1122('22 (critique

mutuelle et autocritique)

xiangnan zhengce :3453 (Go South Policy)

xiao guo :6 (petite puissance)

xiao san tong :645 (trois mini-liaisons)

LEXIQUE 511

Page 51: Fragments d’uneguerreinachevée

Xiejinhui : ! (Association de la République de Chine de

l’industrie et du commerce pour la coopération et le progrès ;

abréviation de : Zhonghua minguo gongshang xiejinhui)

xin chaoliu :!"# (nouvelle vague)

xin jishu chanye yuan qu/kaifa qu : !術產業園區"開發區 (parcs/zones de développement pour les industries utili-

sant des technologies nouvelles)

xin zhongjian luxian : !"$#% (la nouvelle troisième voie)

Xindang :!$ (Nouveau parti)

xingzheng tequ :&% & (région administrative spéciale)

Xingzhengyuan dalu weiyuanhui : &%'()*+! (commis-

sion aux Affaires continentales)

Xingzhengyuan laogong weiyuanhui : &%','*+!(commission pour les Affaires du travail)

Xinhai geming : (-./ (Révolution Xinhai, c’est-à-dire la

Révolution de 1911)

Xinzhu kexue gongye yuanqu : !)*0'12& (Hsinchu

Science-based Park)

Xizang : !" (Tibet, en mandarin)

Ya-Tai yingyun zhongxin : +3,-"4 (Centre régional de

gestion Asie-Pacifique ; Asia-Pacific Regional Operation

Center)

ye baihe xueyun : ./00- (mouvement estudiantin des lys

sauvages)

ye caomei xueyun : .120- (mouvement estudiantin des

fraises sauvages)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE512

Page 52: Fragments d’uneguerreinachevée

yi bian, yi guo : ! (un pays de chaque côté)

yi ge Zhongguo yuanze : !"!#$ (le principe d’une

Chine une)

yi ge Zhongguo yuanze yu Taiwan wenti baipishu : !"!#$"#%&'$%( (Livre blanc sur le principe d’une

Chine et la question de Taiwan)

yi ge Zhongguo, gezi biaoshu : !"!)&*+ (une

Chine, différentes interprétations)

yi guo, liang fu : !,' (un pays, deux gouvernements)

yi guo, liang ge zhengzhi shiti : !,!-(). (un pays,

deux entités politiques)

yi guo, liang qu : !,/ (une Chine, deux régions)

yi guo, liang zhi : !,* (un pays, deux systèmes)

yi shang cu tong : +0,1 (hâter la réunification par les

affaires)

yi shang cu zheng : +0,- (influencer la politique par le

commerce)

Yiju Shanghai :2-34 (Emigrate to Shanghai)

yinsi gongsi : !"# (entreprise secrète)

yinying gonsi : $"# (entreprise de l’ombre)

youdai :.5 (traitement préférentiel)

youhui :.6 (faveur)

Yuan : 7 (Conseil)

LEXIQUE 513

Page 53: Fragments d’uneguerreinachevée

yuanze : ! (principe)

zaoshou qingdan :"# $ (liste de récolte précoce)

zengxiu tiaowen :%&!' (articles additionnels)

zheng ming yundong : ("#) (mouvement de rectification

des noms)

zhengdang fangwen Zhongguo jueyiwen : *+,-./$0' (résolution relative aux visites des partis politiques en

Chine)

zhengquan touzi :1%23 (investissement de portefeuille)

zhengshang goujie : *456 (collusion entre le monde de la

politique et celui des affaires)

zhengyi lianjie : (&'6 (Alliance pour la justice)

zhengzhi shiti :*()7 (entité politique)

Zhengzhi xingdong weiyuanhui : *(*)89+ (Comité

d’action politique)

zhijie : ,- (direct)

zhijie touzi :,-23 (investissement direct)

zhishi jingji :./01 (économie de la connaissance)

zhiye gonghui :2:3+ (syndicat professionnel)

zhonggong dangju : .456 (autorités communistes

chinoises)

Zhonggong Taiwansheng gongzuo weiyuanhui :.47;83989+ (Comité de travail du Parti communiste chinois

dans la province de Taiwan)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE514

Page 54: Fragments d’uneguerreinachevée

Zhonggong zhongyang dui Taiwan gongzuo lingdao xiaozu : !"#!$%&"#' (Groupe dirigeant de travail

sur Taiwan du comité central du Parti communiste chinois)

Zhongguo Guomindang : $$(% (Parti nationaliste de

Chine)

zhongguo lingtu : $&) (le territoire chinois)

Zhongguo minyong hangkong ju : !"#$%& (adminis-

tration de l’aviation civile chinoise)

Zhongguo minzhu shehuidang : $(*+,% (Parti démocra-

tique socialiste de Chine)

Zhongguo minzhudang : $(*% (Parti démocratique de

Chine)

Zhongguo qingniandang : $-&% (Parti de la Jeune Chine)

Zhongguo renmin zhengzhi xieshang huiyi : $'((.)*,+ (Conférence consultative politique du peuple chinois)

zhongguohua : $, (sinisation)

Zhongguoren : $' (Chinois)

Zhonghua minguo duiwai maoyi fazhan xiehui : -($".//01), (China External Trade Development Council)

Zhonghua minguo gongshang xiejinhui : -($$*)2,(Association de la République de Chine de l’industrie et du

commerce pour la coopération et le progrès ; Chinese

National Association of Industry and Commerce)

zhongjie :30 (intermédiaire)

zhongyang : ! (central, par opposition à provincial)

Zhongyang gaizao weiyuanhui : !1423, (Commission

centrale de réorganisation)

LEXIQUE 515

Page 55: Fragments d’uneguerreinachevée

Zhongyang minyi daibiao xuanju dangwai houxuanren lianyihui :

!!""#$#$%#&'%& (Alliance des candi-

dats hors-parti aux élections parlementaires centrales)

Zhongyang sheji ju : '() (Bureau central pour la plani-

fication)

Zhongyang xintuo ju : !"#$ (Central Trust of China)

Zhongyang xunliantuan : *+( (Institut central de

formation)

zhongzhi :,- (terminer, mettre fin à)

zhuankou : ./ (réexportation)

zhuanyun :.0 (transbordement)

zhuliu pai :123 (faction majoritaire)

zi gongsi :)45 (filiale)

zili gengsheng : %&'( (opérer une renaissance par ses

propres moyens, ne dépendre que de soi)

zisha zhengce :67*8 (une politique suicidaire)

ziyou diqu :6+9, (région libre)

Ziyou Zhongguo :6+ - (La Chine libre)

Ziyuan weiyuanhui : .:/0& (Commission des ressources

naturelles)

zongcai :;< (directeur général)

zuguo :=- (Etat ancestral, patrie)

zui gao cengji huiwu : >123&4 (entrevue au plus haut

niveau)

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE516

Page 56: Fragments d’uneguerreinachevée

Table des matières

Notes préliminaires ............................................................... 5

Introduction

Une autre histoire de la partition de la Chine ....................... 11

1. Genèse d’un entrepreneuriat insulaire, produit

contingent de la guerre civile chinoise .......................... 31

Les mutations de la légitimité coloniale ......................... 32

Acte I – Les conférences interalliées (1943-1945) :

permutation des colonisateurs nippon et chinois .......... 33

Acte II – Le massacre de 1947 : création ex nihilo

d’un problème communiste .............................................. 39

Acte III – Le déclenchement de la guerre de Corée (1950) :

perpétuation d’une configuration coloniale .................... 45

Une économie de guerre ................................................. 55

Une idéologie anticapitaliste .......................................... 55

Le chevauchement du civil et du militaire ...................... 63

Le dévoiement des réformes ............................................ 66

Accaparements et prébendes ........................................... 74

Les interstices du régime colonial .................................. 81

La figure du collaborateur et de l’intermédiaire ............ 81

La double fragmentation du secteur productif ................ 92

Les sites d’enrichissement : petit entrepreneuriat atomisé

et factions locales prédatrices ........................................ 98

Page 57: Fragments d’uneguerreinachevée

2 Une logique thermidorienne :

la défaite nationaliste par sa victoire idéologique ..... 103

Le moment thermidorien nationaliste : l’économique

pour relégitimer le politique (esquiver le politique I) .... 104

La délégitimation de la République de Chine ............... 104

Vers un Etat développementaliste ? ............................... 118

Petit et grand capital familial : l’impasse sur la question

sociale ............................................................................ 131

Le moment thermidorien chinois : le découplage de

l’économique et du politique (esquiver le politique II) ...... 142

Le retour du capitalisme d’Etat ..................................... 142

La colonisation intérieure de régimes dérogatoires au

droit commun ................................................................. 149

La démocratisation taiwanaise visitée par la contre-

révolution nationaliste ................................................... 164

La décolonisation nationaliste ....................................... 165

La collusion entre la politique et les affaires ................. 184

La dialectique partisane ................................................ 195

3. Les entrepreneurs taiwanais en Chine, taishang

(in)disciplinés par une frontière non reconnue ......... 207

L’affranchissement de l’industrie taiwanaise ................. 209

Des PME aux industries de pointe : un legs de l’économie

coloniale nationaliste ..................................................... 209

Le contournement d’une frontière non reconnue :

esquiver le politique (III) ............................................... 225

Investir les modes de gouvernement propres à la Chine

des réformes ................................................................... 238

Exploiter la frontière ...................................................... 239

Entre vide juridique et mesures préférentielles ............. 255

Collusion entre taishang et bureaucrates locaux ........... 265

Esquiver le politique (IV) ............................................... 274

FRAGMENTS D’UNE GUERRE INACHEVÉE518

Page 58: Fragments d’uneguerreinachevée

Une population liminale ................................................ 282

Etrangers ou chinois ? La production de différentiations

socio-économiques ......................................................... 288

Les modes d’assujettissement au principe de l’unité

de la Chine ..................................................................... 306

4. Du capital économique au capital hégémonique :

un colonialisme de longue distance ............................ 319

La tension indépassable entre deux ordres normatifs .... 320

Le débat autour de l’ouverture de la frontière :

une politisation de l’économique ................................... 321

Une dépolitisation du politique ..................................... 342

Les acteurs de l’ouverture : dégouvernementalisation

et politisation ................................................................. 358

L’impossible médiation des taishang (2000-2002) ........ 359

De la privatisation fictive à la privatisation formelle

des négociations bilatérales .......................................... 365

La percée de la politique de Front uni ........................... 378

L’ouverture de la frontière : hégémonie et démocratie .. 392

De la politisation à la regouvernementalisation sans

reconnaissance (esquiver le politique V) ....................... 393

Retour au politique : remise en cause de la souveraineté

populaire et de l’Etat de droit ........................................ 416

Conclusion

Du conflit de souveraineté au dissensus sur le politique

en Chine .............................................................................. 449

Références bibliographiques ............................................... 463

Lexique ............................................................................... 493

TABLE DES MATIÈRES 519

Page 59: Fragments d’uneguerreinachevée

ÉDITIONS KARTHALA

Collection Recherches internationales

Adieu aux armes ? (L�), Nathalie DuclosA la recherche de la démocratie, Javier Santiso (dir.)Ambedkar !, Guy PoitevinAprès la crise... Les économies asiatiques face aux défis de la

mondialisation, J.-M. Bouissou, D. Hochraich et Ch. Milelli (dir.)Architecture, pouvoir et dissidence au Cameroun, D. MalaquaisAux origines du nationalisme albanais, Nathalie ClayerChine vers l�économie de marché (La), Antoine KernenClubs politiques et perestroïka en Russie, Carole SigmanContenus et limites de la gouvernance, Guy Hermet (dir.)Démocratie à pas de caméléon (La), Richard BanégasDémocratie et fédéralisme au Mexique (1989-2000),Magali ModouxDémocratie mexicaine en terres indiennes (La), David RecondoÉtat colonial, noblesse et nationalisme à Java, Romain BertrandFaire parti. Trajectoires de la gauche au Mexique, Hélène CombesGouvernance (La), Guy HermetGuerres et sociétés. États et violence après la Guerre froide,

Pierre Hassner et Roland Marchal (éd.)

Identité en jeux (L�), Denis-Constant Martin (dir.)Indonésie : la démocratie invisible, Romain BertrandInternet et politique en Chine, Séverine ArsèneMafia, justice et politique en Italie, Jean-Louis BriquetMatière à politique, Jean-François BayartMilieux criminels et pouvoir politique, Jean-Louis Briquet

et Gilles Favarel-Garrigues (dir.)

Penser avec Michel Foucault,Marie-Christine GranjonPolitique de Babel (La), Denis Lacorne et Tony Judt (éd.)Régner au Cameroun, Jean-Pierre WarnierSécurité privée en Argentine (La), Federico Lorenc ValcarceSur la piste des OPNI, Denis-Constant Martin (dir.)Trajectoires chinoises. Taiwan, Hong Kong et Pékin, F. MenginUne mairie dans la France coloniale, Benoît TrépiedVie quotidienne et pouvoir sous le communisme, Nadège Ragaru

et Antonela Capelle-Pogăcean (dir.)

Voyages du développement, Jean-François Bayart (dir.)

Page 60: Fragments d’uneguerreinachevée

Collection Les Afriques

Afrique est-elle protectionniste ? (L�), Hibou B.Afrique et le monde des esprits (L�),Haar G. terAjustement structurel en Afrique (L�), Duruflé G.Algérie par ses islamistes (L�), Al-Ahnaf M., Botiveau B. et Fregosi F.Angola postcolonial (2 tomes),Messiant Ch.Assassinat de Lumumba (L�),DeWitte L.Cause des armes au Mozambique (La),Geffray C.Chemins de la guerre et de la paix (Les),Marchal R. et Messiant C.Commerce frontalier en Afrique centrale (Le), Benafla K.Côte d�Ivoire, l�année terrible, Vidal C.Démocraties ambiguës en Afrique centrale, Bernault F.Économie camerounaise (L�), Aerts J.J., Cogneau D.Économie sud-africaine au sortir de l�apartheid (L�), Cling J.-P.Effervescence religieuse (L�), Seraphin GillesÉnergie sociale à Abidjan (L�), Le Pape M.Esprit d�entreprise au Cameroun (L�),Warnier J.-P.Faire fortune en Afrique, Rubbers B.Impossible retour (L�),Walker Clarence E.Improvisation économique en Afrique de l�Ouest (L�), Nubukpo K.Isolément global. La modernité du village au Togo, Piot Ch.Longue marche de la modernité africaine (La), Copans J.Mort de Diallo Telli (La),Diallo A.Odyssée Kabila (L�). Trajectoire pour un Congo nouveau ?,Willame J.-C.Patrice Lumumba. La crise congolaise revisitée,Willame J.-C.Pauvreté au Sahel (La), Bonnecase V.Peuple du fleuve (Le), Bureau R.Police morale de l�anticorruption (La), Vallée O.Politique par le bas (Le), Bayart J.-F., Mbembé A. et Toulabor C.Prophète de la lagune (Le). Les harristes de Côte-d�Ivoire, Bureau R.Religion de la vie quot. chez des Marocains musulmans, Ferrié J.-N.Sahel au XXIe siècle (Le),Giri J.Sénégal sous Abdou Diouf (Le),Diop M.-C. et Diouf M.Sociologie des passions (Côte-d�Ivoire et Rwanda), Vidal C.Sorcellerie et politique,Geschiere PeterTogo sous Eyadéma (Le), Toulabor C. M.

Page 61: Fragments d’uneguerreinachevée

Collection Les terrains du siècle

Au Cameroun de Paul Biya, Pigeaud F.Biodiversité et développement durable, Guillaud Y.Chemin faisant dans le siècle chinois, Leclerc J.Chrétiens dans la mouvance altermondialiste (Les), Grannec Ch.Coupeurs de route (Les), Issa SaïbouCybercafés de Bamako, Steiner B.Défi des territoires (Le). Comment dépasser les disparités spatiales

en Afrique de l�Ouest et du Centre, Alvergne C.Élections générales de 2007 au Kenya (Les), Lafargue J. (dir.)Enjeux urbains et développement territorial en Afrique contemporaine,

Diop A.Entre délocalisations et relocalisations,Mercier-Suissa C.Implanter le capitalisme en Afrique, Godong S.Islam et démocratie dans l�enseignement en Jordanie, Nasr M.Islam, nouvel espace public en Afrique (L�), Holder G. (éd.)Laurent Nkunda et la rébellion du Kivu. Au c�ur de la guerre

congolaise, Scott S. A.Leçons de la crise ivoirienne, Dozon J.-P.Le Hamas et l�édification de l�État palestinien, Danino O.Luttes autochtones, trajectoires postcoloniales (Amériques, Pacifique),

Bosa B. et Wittersheim É. (dir.)Métamorphoses du Hezbollah (Les), Samaan J.-L.Niger 2005. Une catastrophe si naturelle,Crombé X. et Jézéquel J.-H. (dir.)Paradoxes de l�économie informelle (Les), Fontaine L. et Weber F.Retour de l�esclavage au XXIe siècle (Le), Deveau J.-M.Réveils amérindiens. Du Mexique à la Patagonie, Rudel C.Soins de santé et pratiques culturelles, Bellas Cabane C. (dir.)Un autre monde à Nairobi. Le Forum social mondial 2007 entre extra-

versions et causes africaines, Pommerolle M.-E. et Siméant J. (dir.)Violences sexuelles et l�État au Cameroun (Les), Abega S. C.

Page 62: Fragments d’uneguerreinachevée

Collection Terres et gens d�islam

Coédition IISMM�Karthala

Collège d�Azrou (Le). La formation d�une élite berbère civile etmilitaire au Maroc, Benhlal Mohamed

Coptes d�Égypte (Les), Guirguis Laure

Figures d�Islam après le 11 septembre, Mohammad-Arif Aminahet Schmitz Jean (dir.)

Figures du compromis dans les sociétés islamiques (Les), NachiMohamed (dir.)

Indonésie, entre démocratie musulmane et Islam intégral (L�).Histoire du parti Masjumi XVIe-XXe siècles, Madinier Rémy

Islam de Chine (L�), Allès Élisabeth

Islam des marges (L�). Mission chrétienne et espaces périphériquesdu monde musulman XVIe-XXe siècles, Heyberger Bernardet Madinier Rémy (dir.)

Léon l�Africain, Pouillon François (dir.)

Palestiniens entre État et diaspora (Les). Le temps des incertitudes,Al Husseini Jalal et Signoles Aude (dir.)

Retours en Palestine. Trajectoires, rôle et expériences des returneesdans la société palestinienne après Oslo, Picaudou Nadineet Rivoal Isabelle (dir.)

Société irakienne (La). Communautés, pouvoirs et violences,Dawod Hosham et Bozarslan Hamit (dir.)

Une génération d�intellectuels arabes. Syrie et Liban, Dakhli Leyla

Villes du delta du Nil. Tantâ, Mahalla, Mansûra. Cités de la densité,Pagès-El Karoui Delphine

Ville et patrimoine en Palestine, Bontemps Véronique

Page 63: Fragments d’uneguerreinachevée

Villes et métropoles du monde*

Brazzaville, une ville à reconstruire, Ziavoula Robert Edmond (éd.)Cap après l�apartheid (Le), Dubresson A. et Jaglin S.Casablanca, figures et scènes métropolitaines, Peraldi M. et Tozy M.Cayenne, ville créole et polyethnique, Cherubini BernardDe Bamako à Accra, Bertrand Monique

De Dar es-Salaam à Bongoland � Mutations urbaines en Tanzanie,Calas B. (coord.)

De Lomé à Harare : le fait citadin en Afrique, Gervais-Lambony P.Durban � Les Indiens, leurs territoires, leur identité,Mainet-Valleix H.Énergie sociale à Abidjan (L�), Le Pape MarcExclusion et politique à São Paulo, Dabene OlivierJohannesburg � Géographies de l�exclusion, Guillaume PhilippeLomé � Dynamiques d�une ville africaine, Gervais-Lambony et aliiNairobi contemporain, Charton-Bigot H. et Rodriguez-Torres D.Nouakchott � Au carrefour de la Mauritanie et du monde, Choplin A.Nouméa, ville océanienne ? Dussy DorothéeNouvelle scène urbaine (Maghreb, France USA), Baduel PierrePetites et moyennes villes d�Afrique noire, Bertrand MoniqueSaint-Louis du Sénégal, Dozon Jean-PierreTouba � La capitale des mourides, Guèye CheikhVille de Bobo-Dioulasso, Werthmann KathiaVilles afghanes, Boyer BéatriceVilles du Delta du Nil, Pagès Delphine.Villes précoloniales d�Afrique, Igué JohnVivre à Tananarive, Fournet-Guérin CatherineVivre et survivre à Mexico, Pérez López RuthWindhoek, capitale de la Namibie, Peyroux Elisabeth

* Vous pouvez nous demander aussi notre liste thématique «La ville et sesenjeux » (plus de soixante titres).

Page 64: Fragments d’uneguerreinachevée

Fonds Amérique latine

Argentine (L�), Sturzenegger-Benoist O.Bolivie (La), Rudel Ch.Brésil, Mexique. Deux trajectoires, Lautier B.Chili (Le), Rudel Ch.Chroniques d�une mission dans les Andes, Soto R. De los ReyesCommunautés noires dans le Pacifique colombien, Hoffmann O.Conversion des Églises latino-américaines,Martinez L.

Costa Rica (Le), Rudel Ch.Cultures noires d�Amérique centrale (Les), Demazière E.Des Monts d�Aubrac au c�ur des Andes, Fr. d�AlterocheÉconomie informelle au Mexique (L�), Ronbaud Fr.

Équateur (L�), Rudel Ch.Exclusion et politique à São Paulo, Dabène O.Forces politiques en Amérique centrale (Les), Rouquié A. (dir.)Formation des grands domaines au Mexique (La), Chevalier F.Frontières du politique en Amérique latine (Les), Corten A.Honduras après l�ouragan Mitch (Le), d�Ans A.Imaginaires politiques et pentecôtismes, Corten A.

Interpellation plébéienne en Amérique latine, Corten A.Littérature orale quechua de la région de Cuzco � Pérou (La), Itier C.Mauvais �il de la lune (Le), Sturzenegger O.Mouvements indiens en Équateur (Les), Massal J.

Oscar Romero. Esquisses pour un portrait, López Vigil M.

Panama (Le), Trotet F.Paraguay (Le), Rudel Ch.Penser le politique en Amérique latine, Lautier B.Quatre siècles d�esclavage au Brésil, Hébrard J.

Réveils amérindiens, Rudel Ch.Société des Andes, Malengreau J.

Transformation de l�État en Amérique latine (La), Van Eeuwen D. (dir.)Un prêtre français au Chili, Dubois P.Vie et luttes des Sans terre au Brésil, Bleil S.Violence dans l�imaginaire latino-américain, Corten A.Yanoman, l�ire et le désir, Alès C.

Page 65: Fragments d’uneguerreinachevée

L a République de Chine, repliée à Taiwan en 1949, a conservé une indé-

pendance de fait. Mais les autorités communistes n’ont pas renoncé à

réunifier formellement l’île à la Chine populaire. Outre une pression mili-

taire croissante, la politique irrédentiste de Pékin a tablé sur l’intégration

économique entre les deux rives du détroit de Formose. Répondant aussitôt

aux mesures préférentielles qui leur ont été offertes, les industriels insulaires

ont opéré un vaste mouvement de délocalisation de leurs activités sur le

continent. Fragments d’une nation déchirée par des revendications contradic-

toires, ces entrepreneurs sont les vecteurs d’une unité de la Chine imposée

par le Parti communiste, voulue mais différée par le Parti nationaliste, rejetée

par les partis indépendantistes taiwanais.

Dans cette guerre civile inachevée, les logiques sociales s’imbriquent au

conflit de souveraineté. Les acteurs transnationaux ont pu s’affranchir d’une

législation sécuritaire ou tirer parti des modes de gouvernement de la Chine

des réformes pour reconfigurer, à terme, la scène démocratique taiwanaise

et, par là même, les rapports entre Pékin et Taipei.

Dans son irréductible spécificité, la question de Taiwan éclaire le rapport de

l’économique au politique : une opération fictive de dépolitisation a présidé

à l’ouverture de la frontière sino-taiwanaise afin d’ajourner toute résolution

du conflit de souveraineté. Renouvelant la sociologie et l’économie poli-

tique des relations internationales, l’auteur apporte un éclairage aigu sur l’un

des différends territoriaux qui font de l’Asie orientale une zone de risques

majeurs.

FrançoiseMengin, directrice de recherche à Sciences Po (CERI), a consacrél’essentiel de ses travaux à la question de Taiwan dans son rapport à la for-mation de l’État dans le monde chinois. Elle a notamment publié Trajectoireschinoises : Taiwan, Hong Kong et Pékin (Karthala, 1998), et a dirigé CyberChina : Reshaping National Identities in the Age of Information (PalgraveMacmillan, 2004) et – en collaboration avec Jean-Louis Rocca – Politics inChina : Moving Frontiers (Palgrave, 2002).

ISBN : 978-2-8111-0852-6

Couverture:LaetitiaCAMMAS

Une collection du

dirigée par Jean-François Bayart

Recherches internationales