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© Hatier, Méthodes & Pratiques, Français 2 de / 1 re , 2011 – Photocopies autorisées Français Méthodes & Pratiques Fiches pratiques 1. Les homophones grammaticaux 2. Les natures de mots 3. Les principales impropriétés 4. Les liens logiques 5. Les abréviations courantes 6. Les critères d’évaluation de l’oral 7. Citations et thèmes de réflexion sur la fonction de la poésie 8. Citations et thèmes de réflexion sur le roman et ses personnages

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Français Méthodes & Pratiques

Fiches pratiques

1. Les homophones grammaticaux

2. Les natures de mots

3. Les principales impropriétés

4. Les liens logiques

5. Les abréviations courantes

6. Les critères d’évaluation de l’oral

7. Citations et thèmes de réflexion sur la fonction de la

poésie

8. Citations et thèmes de réflexion sur le roman et ses

personnages

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1. Les homophones grammaticaux

A. Les homophones a / à, est / et, ou / où, ont / on, ce / se

Il faut veiller à ne pas confondre certains mots, de natures différentes, mais qui se prononcent de la même façon. Pour les écrire correctement, il faut s’interroger sur leur nature et leur sens dans la phrase.

Différencier a / à

a = verbe avoir au présent (3e p. du singulier) / à = préposition (invariable)

Il a raison. Il vit à Paris.

Quand le son [a] peut être remplacé par avait, c’est bien le verbe avoir pas d’accent.

En tête de phrase, la préposition à s’écrit bien sûr en majuscule et porte un accent : À.

Différencier est / et est = verbe être au présent (3e p. du singulier) / et = conjonction de coordination (invariable)

Il est en vacances et il se repose.

S’il s’agit du verbe être, on peut alors le remplacer par était on écrit est.

Différencier ou / où

ou = conjonction de coordination qui propose un choix entre deux termes / où = adverbe de

lieu (ou pronom relatif)

Cochez la première ou la seconde case. Il ne sait pas où garer sa voiture.

Si on peut le remplacer par ou bien, il s’agit de la conjonction ou pas d’accent.

Différencier ont / on

ont = verbe avoir au présent (3e p. du pluriel) / on = pronom (personnel, indéfini) toujours sujet d’un verbe

On veut souvent avoir raison. Ils ont raison.

S’il s’agit du pronom, il peut être remplacé par il. S’il s’agit du verbe avoir, il peut être remplacé par une autre forme conjuguée du verbe avoir comme avaient.

Différencier ce / se ce = démonstratif. Devant un nom, il est adjectif ; devant une forme conjuguée du verbe être, il est pronom / se = pronom qui accompagne un verbe pronominal

Ce soir, c’est la fête au village. Il s’est mis à pleuvoir.

On écrit se devant un verbe lorsque ce n’est pas le verbe être. On écrit ce devant un nom ou devant une forme du verbe être (3e p. du singulier).

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B. Les homophones é / -er, leur / leurs, si / s’y, quoique / quoi que, quand / quant à Différencier –é / er -é est la terminaison d’un verbe du 1er groupe au participe passé.

-er est la terminaison d’un verbe du 1er groupe à l’infinitif. Quand on peut remplacer la forme verbale par un infinitif (du 3e groupe, car il permet d’entendre la différence entre infinitif et participe passé) on écrit -er.

Tu dois lui parler. / Tu dois lui dire. -er Différencier leur / leurs Devant un verbe, leur est un pronom, en fonction de complément : il ne prend alors jamais d’s.

Je leur parle.

Devant un nom, leur est un adjectif possessif qui s’accorde en nombre avec le nom qu’il accompagne.

leurs affaires et leur carte d’identité

La leur, le leur sont des pronoms possessifs. Au pluriel, le leur, ou la leur, deviennent logiquement les leurs. Différencier si / s’y Si est une conjonction de subordination (Si tu veux, je viendrai.) ou un adverbe (Si, j’en suis sûr. Il fait si beau.)

On l’écrit s’il – et jamais *si il, pour éviter l’hiatus (la juxtaposition des deux voyelles). S’y = se (pronom) + y (adverbe ou pronom).

Il se rend à Paris. Il s’y rend. Quand on peut le remplacer par m’y (je m’y rends), le y représente là ou ici. (Il se rend là). Différencier quoique / quoi que Quoique en un seul mot est une conjonction de subordination, qui équivaut à « bien que ».

Quoiqu’il pleuve / bien qu’il pleuve, je dois sortir.

Quoi que, en deux mots, est un pronom relatif indéfini qui équivaut à « quelle que soit la chose que ».

Quoi qu’il dise, on le croit. / Quelle que soit la chose qu’il dise, on le croit. Différencier quand / quant à Quand, conjonction de subordination ou adverbe, exprime le temps. On peut ainsi souvent le remplacer par « lorsque ».

Il s’en ira quand il le pourra. / Il s’en ira lorsqu’il le pourra. Quand viendra-t-il ?

Quant à, préposition, signifie « en ce qui concerne », et permet de mettre en relief un élément.

Quant aux résultats (= en ce qui concerne les résultats), ils sont excellents !

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2. Les natures de mots

CLASSE GRAMMATICALE EXEMPLE

Nom (ou substantif) Caillou, facilité…

Verbe Peindre, dire…

Adjectif qualificatif Possible, grand…

Pronoms

Pron. personnel Je, me, moi, tu, te, toi, il, elle, le, la, lui, on, se, soi, nous, vous, ils, elles, les, leur, en, y…

Pron. possessif Le mien, le tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le leur…

Pron. démonstratif Ce (devant le verbe être), celui-ci / là, celle-ci /là, ceux-ci /là, celles-ci/ là…

Pron. relatif Que, qui, dont, où…

Pron. interrogatif Qui, que, quoi...

Pron. indéfini On, les autres, rien

Déterminants

Articles

Art. défini Le, l’, la, du (de + le), les

Art. indéfini Un, une, des

Art. partitif Du, de la (+ indénombrable)

Adj. possessif Mon, ton, son, notre, votre, leur…

Adj. démonstratif Ce, cet, cette, ces

Adj. indéfini Aucun..., tous les...

Adj. exclamatif /interrog. Quel... ? Quelle... ! Quels… ? Quelles… !

Adj. numéral Vingt, trois…

Adverbe Hier, certainement, couramment…

Conjonctions

Conj. de coordination Mais, ou, et, donc, or, ni, car

Conj. de subordination Que, lorsque, parce que, si…

Préposition À, dans, par, pour, en, vers, près de, avec, sans, sous…

Interjection Ouf ! Ah !...

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3. Les principales impropriétés

Des mots à ne pas confondre

Adhérence (état de deux choses unies ou collées)

Adhésion (approbation)

Affliger (attrister) Infliger (faire subir)

Allocution (discours) Élocution (manière de parler)

Anoblir (donner un titre de noblesse) Ennoblir (rendre plus noble, moralement)

Collision (choc) Collusion (entente secrète)

Compréhensible (de quelque chose - qui peut être compris)

Compréhensif, -ive (de quelqu’un - capable de comprendre)

Conjecture (hypothèse) Conjoncture (concours de circonstances)

Dédier (destiner dans le but de rendre un honneur)

Consacrer (destiner)

(Un) différend (un désaccord) Différent, différente (non semblable)

Éluder (éviter) Élucider (rendre plus clair)

Éminent (haut placé) Imminent (sur le point d’arriver)

Être sensé (avoir du bon sens) Être censé (être supposé faire quelque chose)

Évoquer (faire allusion, faire référence à quelque chose)

Invoquer (appeler par une prière)

Exode (masc., émigration massive) Exorde (masc., 1re partie d’un discours rhétorique)

Importun (gênant) Opportun (qui tombe bien)

Inclinaison (pente) Inclination (penchant, tendance)

Induire (en erreur : qui conduit à l’erreur) Enduire (badigeonner)

Original (peu banal) Originel (initial)

Percepteur (agent qui perçoit des impôts) Précepteur (professeur, maître particulier)

Perpétrer (un crime : commettre un crime) Perpétuer (rendre perpétuel, permanent)

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4. Les liens logiques,

entre les mots et les idées

IDÉES MOTS

Pour ajouter une idée

Et / de plus / par ailleurs / en outre / on peut ajouter que / dans le même ordre d'idée / de même / dans cette perspective / il en va de même / aussi / également

Pour énumérer x, y et z / x, y ou z / x, comme y ou (même) z / aussi bien x qu'y ou z / d'une part… d'autre part… / à la fois… et … / qu'il s'agisse d'x, d'y ou de z / d'abord…, ensuite…, enfin / que ce soit x ou y / d'un côté… de l'autre

Pour renchérir

D’ailleurs / qui plus est / d'autant que / surtout / et même / en fait / en réalité / mieux encore / loin de… plutôt / a fortiori / bien plus / aussi / en plus / non seulement… mais [encore / aussi / en plus] / au-delà de / de surcroît / justement / à ce titre / sur ce point / précisément

Pour exprimer

une cause, une origine,

une raison

Car / en effet / puisque / quitte à / parce que / étant donné que / comme / en raison de / à cause de / grâce à / eu égard à / en vertu de / pour la raison suivante / pour le motif suivant / trouver son origine…, sa source dans / non que… mais que, parce que… / pour avoir [+ participe passé] / cela vient du fait que / provenir de

Pour exprimer

une conséquence,

un résultat

Dès lors / de ce fait / donc / ainsi / par conséquent / à partir de là / de sorte que / de telle manière que / de manière à ce que / à tel point que / si, tant, tellement… que / en tout état de cause / alors / il en résulte que / du (même) coup / déboucher sur les conséquences…

Pour exprimer

une certitude,

une affirmation

Incontestablement / sans aucun, sans nul doute / sans conteste / sans contredit / indubitablement / certes / cela va de soi / il va de soi que

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Pour exprimer

une hypothèse,

une éventualité

Pour peu que / même si / à supposer que / si / si jamais / au cas où / quand bien même / si tant est que / dans l'éventualité, l'hypothèse où / si l'on admet que / bien que / quoique / quoi que / quel que soit Il se peut / il se pourrait (bien) que / il semblerait que / il serait (tout à fait) possible, (fort) probable que / il n'est pas impossible que / sans doute / peut-être / probablement / voire / à la rigueur

Pour exprimer une

ressemblance

Sembler / comme / paraître / ressembler à / refléter / être le miroir de / se faire l'écho de / à l'image de / à l'instar de / aussi... que

Pour exprimer une

opposition, une réserve

En revanche / pourtant / cependant / néanmoins / toutefois / or / mais / à l'inverse / au contraire / a contrario (jamais d'accent sur les mots latins)

Pour conclure

Pour finir / pour conclure / enfin / en guise de conclusion / à l’issue de ce développement / au terme de cette réflexion / les conclusions que l'on peut tirer, que l'on est en droit, qu'il convient de tirer, qui s'imposent / on ne peut que conclure à / en tout cas

Pour insérer un exemple

Ainsi… / comme en témoigne, le suggère, l'illustre… / à savoir / ce qui se traduit par / on peut citer l'exemple, le cas de… / si l'on considère, l'on envisage le cas, l'exemple de… / en ce qui concerne / quant à / au sujet de / à propos de

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5. Les abréviations courantes Il est très utile d’employer des abréviations lors de la prise de notes de cours ou de lecture. La liste des abréviations et symboles courants peut être, comme ici, enrichie par des créations personnelles.

AF à faire evt événement mtd. Méthode pvr pouvoir

♥ aimer fme forme mvt mouvement Qo Question

∈ appartient gd grand nb. Nombre qq quelques

av./ ap.

avant/après GT groupement de textes

NPC ne pas confondre

qqc Quelque chose

bcp beaucoup id. idée NPO ne pas oublier

qqn quelqu’un

ĉ comme ∃ il existe (il n’existe pas = picto barré

ns / vs nous / vous Ro révolution

c.-à-d.

c’est-à-dire implique, engendre

nv. /nlle nouveau / nouvelle

réf. référence

cb. combien imp. impossible orgo organisation rép. réponse

ccl. conclusion impt important pal principal rég. régime

ch. chose ∞ infini § paragraphe sito situation

chap. chapitre l. ligne pb. problème sté société

Chgt changement lgtps longtemps pcq. parce que svt souvent

chq. chaque lib. liberté pdt pendant théâ théâtre

cpt cependant lim. limite pê peut-être tjs / jms toujours / jamais

csq. conséquence litt. littérature, littéraire

pers. personnage tlj. tous les jours

ct comment m même pfs parfois tps temps

≠ différent M. Â. Moyen Âge ϕ philosophe, -ie

tt / ts tout / tous

doc. document mnt maintenant pls plusieurs txt texte

dt dont monde π politique w travail

ê être moy. moyen, -ne pq. pourquoi °

Ro

Suffixe -ion

Révolution

€ Europe † mort pr pour ' (apostrophe)

de, du, de la

Note : si la consonne finale du mot est gardée, ne pas mettre de point à la fin de l’abréviation.

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EXPOSÉ TB B AB Moyen Insuff.

Introduction [durée : ..........]

Mise en contexte (époque, auteur, œuvre…)

Situation dans l’œuvre (éventuellement, dans l’action…)

De quoi « parle » le texte ? (en termes clairs)

Lecture [durée : ..........]

Compréhensible, fl uide

Expressive, indique une bonne compréhension du texte

Rappel de la question et annonce des axes [durée : ..........]

Reformulation de la question

Présentation claire des axes

Pertinence des axes par rapport à la question posée

Explication [durée : ..........]

Reprise claire des axes / Construction de l’explication

Recours précis au texte (citations précises)

Commentaire de ces citations (identifi cation ou explication

du procédé d’écriture)

Précision du vocabulaire d’analyse littéraire

Conclusion [durée : ..........]

Synthèse claire

Ou verture sur l’objet d’étude, l’œuvre ou l’histoire littéraire,

les arts…

ENTRETIEN TB B AB Moyen Insuff.

Écoute et compréhension des questions

Capacité d’adaptation au dialogue

Connaissances liées à l’objet d’étude

Capacité de réfl exion personnelle

Correction de l’expression et richesse du vocabulaire

Vivacité, assurance et force de conviction

6. Les critères d’évaluation de l’oral

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7. Citations et thèmes de réflexion sur la fonction de la poésie

► Ronsard définit ici la « fureur poétique ».

Quand l’homme en est touché, il devient un prophète, Il prédit toute chose avant qu’elle ne soit faite, Il connaît la nature, et le secret des cieux, Et d’un esprit bouillant s’élève entre les Dieux.

Pierre de Ronsard, « Hymne de l’automne » (orthographe modernisée), Nouvelles Poésies (1564)

On a coutume de présenter la poésie comme une dame voilée, langoureuse, étendue sur un nuage. Cette dame a une voix musicale et ne dit que des mensonges.

Maintenant, connaissez-vous la surprise qui consiste à se trouver soudain en face de son propre nom comme s’il appartenait à un autre, à voir, pour ainsi dire, sa forme et à entendre le bruit de ses syllabes sans l’habitude aveugle et sourde que donne une longue intimité ? [...]

Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistrent machinalement. [...]

Mettez un lieu commun en place, nettoyez-le, frottez-le, éclairez-le de telle sorte qu’il frappe avec sa jeunesse et avec la même fraîcheur, le même jet qu’il avait à sa source, vous ferez œuvre de poète.

Jean Cocteau, Le Rappel à l’ordre, © Comité Jean Cocteau (1926)

Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir

Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.

Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,

Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

Charles Baudelaire, Appendices, ébauche d’un épilogue pour la 2e édition des Fleurs du mal (1861)

Le poète d’aujourd'hui ne méprise aucun mouvement de la nature, et son esprit poursuit la découverte aussi bien dans les synthèses les plus vastes et les plus insaisissables : foules, nébuleuses, océans, nations, que dans les faits en apparence les plus simples : une main qui fouille une poche, une allumette qui s’allume par le frottement, des cris d'animaux, l’odeur du jardin après la pluie, une

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flamme qui naît dans un foyer. Les poètes ne sont pas seulement les hommes du beau. Ils sont encore et surtout les hommes du vrai, en tant qu’il permet de pénétrer dans l’inconnu, si bien que la surprise, l’inattendu, est un des principaux ressorts de la poésie d'aujourd'hui.

Guillaume Apollinaire, Conférence sur « l’esprit nouveau » (1917) ►

L’inertie seule est menaçante. Poète est celui-là qui rompt pour nous l’accoutumance.

Saint-John Perse, « Allocution au banquet Nobel », 10 novembre 1960, Œuvres complètes, © Éditions Gallimard, « La Pléiade » (1972)

Les mots que j’emploie, Ce sont les mots de tous les jours, et ce ne sont point les mêmes ! Vous ne trouverez point de rimes dans mes vers ni aucun sortilège. Ce sont vos phrases mêmes.

Paul Claudel, « Quatrième Ode », Cinq grandes odes (1910), © Éditions Gallimard

Rien de ce qui est beau n’est indispensable à la vie. On supprimerait les fleurs, le monde n’en souffrirait pas matériellement ; qui voudrait cependant qu'il n'y eût plus de fleurs ? Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu'aux roses, et je crois qu'il n'y a qu’un utilitaire au monde capable d'arracher une plate-bande de tulipes pour y planter des choux.

À quoi sert la beauté des femmes ? Pourvu qu'une femme soit médicalement bien conformée, en état de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes.

À quoi bon la musique ? à quoi bon la peinture ? Qui aurait la folie de préférer Mozart à M. Carrel, et Michel-Ange à l’inventeur de la moutarde blanche ? Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature.

Théophile Gautier, Préface de Mademoiselle de Maupin (1880)

Une foule de gens se figurent que le but de la poésie est un enseignement quelconque, qu’elle doit tantôt fortifier la conscience, tantôt perfectionner les mœurs, tantôt enfin démontrer quoi que ce soit d’utile... La Poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’Elle-même, elle ne peut pas en avoir d’autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème.

Charles Baudelaire, L’Art romantique (1857)

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► Ce n'est pas avec des idées que l'on fait des vers : c'est avec des mots.

Mallarmé

Tout autre [que la prose] est la fonction de la poésie. Tandis que le fond unique est exigible de la prose, c’est ici la forme unique qui ordonne et survit. C’est le son, c’est le rythme, ce sont des rapprochements physiques des mots, leurs effets d’induction ou leurs influences mutuelles qui dominent, aux dépens de leur propriété de se consommer en un sens défini et certain. Il faut donc que dans un poème le sens ne puisse l’emporter sur la forme et la détruise sans retour ; c’est au contraire le retour, la forme conservée, ou plus exactement reproduite comme unique et nécessaire expression de l’état ou de la pensée qu’elle vient d’engendrer au lecteur, qui est le ressort de la puissance poétique. Un beau vers renaît indéfiniment de ses cendres, il redevient, – comme l’effet de son effet, – cause harmonique de soi-même.

Paul Valéry, Commentaires de Charmes, © Éditions Gallimard, « La Pléiade » (1936)

La poésie ne se sert pas des mots, « elle les sert ». [...] Comme [le poète] est déjà dehors, au lieu que les mots lui soient des indicateurs qui le jettent hors de lui, au milieu des choses, il les considère comme un piège pour attraper une réalité fuyante ; bref, le langage tout entier est pour lui le Miroir du monde. Du coup, d’importants changements s’opèrent dans l’économie interne du mot. Sa sonorité, sa longueur, ses désinences masculines ou féminines, son aspect visuel lui composent un visage de chair qui représente la signification plutôt qu’il ne l’exprime.

Jean-Paul Sartre, Qu’est-ce que la littérature, © Éditions Gallimard (1948)

► Selon moi la fonction de la poésie, c’est nourrir l’esprit de l’homme en l’abouchant au cosmos. Il suffit d’abaisser notre prétention à dominer la nature et d’élever notre prétention à en faire physiquement partie, pour que la réconciliation ait lieu.

Francis Ponge, Le Grand Recueil, I, « Méthodes » (1961), © Éditions Gallimard

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8. Citations et thèmes de réflexion sur le roman et ses personnages

► L’histoire, l’aventure d’un roman, ça m’est bien égal. […] Les personnages, l’intrigue, c’est un détail.

Gustave Flaubert, cité par Edmond et Jules GONCOURT dans leur Journal (1887) ► On appelle roman l’ouvrage fabuleux composé des plus singulières aventures de la vie des hommes.

Sade, « Une idée sur les romans », in Les Crimes de l’amour (1800) ► Le roman est devenu une enquête générale sur l’homme et sur le monde.

Émile Zola, Le Roman expérimental (1880) ► Le roman est une méditation sur l’existence vue à travers des personnages imaginaires.

Milan Kundera, L’Art du roman (1995), © Éditions Gallimard ► Le but suprême du romancier est de nous rendre sensible l’âme humaine, de nous la faire connaître et aimer dans sa grandeur comme dans sa misère, dans ses victoires comme dans ses défaites. Admiration et pitié, telle est la devise du roman.

Georges Duhamel, L’Essai sur le roman, © Éditions Marcelle Lesage (1925) ► Plusieurs citations sur les personnages de roman :

[…] Ils ont toujours une signification, leur destinée comporte une leçon, une morale s’en dégage qui ne se retrouve jamais dans une destinée réelle toujours contradictoire et confuse. […] Ces personnages fictifs et irréels nous aident à nous mieux connaître et à prendre conscience de nous-mêmes. […] Les héros de roman naissent du mariage que le romancier contracte avec la réalité. […] En un mot, dans l’individu, le romancier isole et immobilise une passion, et dans le groupe, il isole et immobilise un individu. Et, ce faisant, on peut dire que ce peintre de la vie exprime le contraire de ce qu’est la vie : l’art du romancier est une faillite. […] Au romancier conscient d’avoir échoué dans son ambition de peindre la vie, il reste donc ce mobile, cette raison d’être : quels que soient ses personnages, ils

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agissent, ils ont une action sur les hommes. S’ils échouent à les représenter, ils réussissent à troubler leur quiétude, ils les réveillent et ce n’est déjà pas si mal. […] Le héros des grands romanciers, même quand l’auteur ne prétend rien prouver ni rien démontrer, détient une vérité qui n’est peut-être pas la même pour chacun de nous, mais qu’il appartient à chacun de nous de découvrir et de s’appliquer.

François Mauriac, Le Romancier et ses personnages, © Éditions R.-A. Corréa (1933) ► Les romanciers, par la description trop exacte de leurs personnages, gênent plutôt l’imagination qu’ils ne la servent et ils devraient laisser chaque lecteur se représenter chacun de ceux-ci comme il lui plaît.

André Gide, Les Faux-Monnayeurs (1925), © Éditions Gallimard ► Le roman, c’est la clef des chambres interdites de notre maison.

Louis Aragon, Les Cloches de Bâle (1934), © Éditions Denoël ► Un personnage de roman, c’est n’importe qui dans la rue qui ira jusqu’au maximum de lui-même, et mon rôle à moi, romancier, est de le mettre dans une situation telle qu’il y soit forcé. Georges Simenon ► Le monde romanesque n’est que la correction de ce monde-ci suivant le désir profond de l’homme. Car il s’agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l’amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n’est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu’au bout de leur destin et il n’est même jamais de si bouleversant héros que ceux qui vont jusqu’à l’extrémité de leur passion.

Albert Camus, L’Homme révolté, © Éditions Gallimard (1951)