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FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 Maroc : L’Église catholique en terre d’islam pages 8 à 15 Culture : Rêve berbère à l’abbaye de Daoulas pages 24 à 27 Débat : Comment parler de notre foi aux musulmans ? pages 30-31 Lisieux et Alençon fêtent les parents de sainte Thérèse pages 20-21 84 e année - Hebdomadaire n°3126 - 4 juillet 2008 www.france-catholique.fr 2,90 FRANCE Catholique

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ISSN

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5-95

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Maroc :L’Église catholique en terre d’islam

pages 8 à 15

Culture :

Rêve berbèreà l’abbaye de Daoulas

pages 24 à 27

Débat :

Comment parler de notre foiaux musulmans ? pages 30-31

Lisieux et Alençon fêtent les parentsde sainte Thérèse pages 20-21

84e année - Hebdomadaire n°3126 - 4 juillet 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

FRANCE

RéFoRmES : Lors d’un déplacement à Limoges le 26 juin, le président de la République a évoqué l’organisation admi-nistrative de la France avec en toile de fond le débat sur la suppression des dépar-tements soulevé par le rapport Attali.Le président a annoncé le 27 juin aux représentants des avocats l’abandon du projet de divorce devant notaire mais a confirmé le projet de création d’une grande profession du Droit.La ministre de la Justice, Rachida Dati, a annoncé le 28 juin la création d’un fichier sur les bandes organisées.SANté puBliquE : Pour réduire de 3 mil-liards le déficit de l’assurance-maladie, son directeur a proposé le 26 juin un plan comportant l’abandon de la prise en charge à 100% des maladies de longue durée ; le projet a été retiré sous la pres-sion d’une opinion quasi-unanime.politiquE : Les contributions se sont multipliées au parti socialiste en vue du Congrès de Reims de novembre avec une ligne de partage entre tenants d’une ligne de gauche affirmée et ceux qui penchent vers la social-démocratie ; mais les positions défi-nitives sont loin d’être tranchées.Les comités pour un « Nouveau parti anti-capitaliste » ont ouvert le 28 juin leur première réunion nationale en vue de constituer, autour notamment de la Ligue communiste révolu-tionnaire, une force face à « une gauche en état de sinistrose ».logEmENt : En raison du ralentissement du marché immobilier, les mises en chan-tier ont diminué de 21% entre mars et mai 2008.FiNANCES : Après la naturalisation moné-gasque du célèbre chef Alain Ducasse, le 25 juin, des députés UMP ont de nouveau réclamé une réforme de l’impôt sur la fortune ; certains demandent depuis des années l’exclusion de la résidence princi-pale de l’assiette de l’impôt.Le président de la Cour des comptes, Philippe Seguin, a profité de la sortie du rapport de son institution le 25 juin pour dénoncer la croissance de la dette et le

dynamisme de la dépense publique dans notre pays.15 000 foyers ont reçu un chèque du fisc au titre du bouclier fiscal ; les trois-quarts d’entre eux ont un revenu impo-sable inférieur à 3 750 euros.téléViSioN : Jean-François Copé a remis le 25 juin son rapport sur la télé publi-que ; il préconise la suppression en deux étapes de la publicité sur les écrans publics avec un bilan à la fin de la première ; le besoin de financement est estimé à 450 millions en 2009. Une taxe de 0,9% sur le chiffre d’affaires des opé-rateurs de téléphonie et des fournisseurs d’accès à Internet devrait être créée, ainsi qu’un prélèvement de 3% sur les recettes publicitaires des chaînes privées. La nomination du président de France Télévisions par le gouvernement est une des mesures les plus contestées.JuStiCE : 800 euros d’amende ont été requis le 25 juin contre le professeur qui avait giflé un élève de 11 ans ; celui-ci l’avait traité de « connard ».

La cour d’appel de Metz a ordonné le 26 juin un supplément d’information à propos du double meurtre de 1986 : deux enfants avaient été retrouvés le crâne fracassé sur une voie ferrée ; après l’acquittement en 2002 de Patrick Dils condamné à tort pour ce crime en 1989, le tueur en série Francis Heaulme avait bénéficié d’un non-lieu en 2007.ARChéologiE : Des archéologues ont découvert sur un chantier du XVe arron-dissement de Paris un site de peuple-ment datant du Mésolithique moyen (8500 – 6000 av. J-C).

tRANSpoRt FluViAl : Le 27 juin a été inaugurée à Paris la navette fluviale « Voguéo » qui relie Maisons-Alfort à la gare d’Austerlitz avec cinq escales.

moNdEpRoChE-oRiENt : Nicolas Sarkozy a ter-miné le 24 juin sa visite d’État par une rencontre avec Mahmoud Abbas à Bethléem.iRAN : Les Européens ont avalisé le 23 juin de nouvelles sanctions contre l’Iran visant en particulier la banque Melli, pre-mière institution financière iranienne.ZimBABwE : Le Conseil de sécurité n’a pas réussi à s’entendre sur un texte déclarant illégitime le résultat de la présidentielle du 29 juin où le dictateur Mugabe, 84 ans, était resté le seul can-didat, après des pressions policières sur les partisans de son principal opposant, Morgan Tsvangirai. Aussitôt élu, Mugabe s'est rendu au 11e sommet de l’Union Africaine à Charm el-Cheikh en Égypte, où sa présence embarrassait les repré-sentants des 53 pays membres.étAtS-uNiS : La Cour suprême a estimé le 25 juin que la peine capitale ne devait pas s’appliquer aux violeurs d’enfants.

Barack Obama et Hillary Clinton ont fait campagne ensemble pour la première fois le 27 juin, mais la liste des contentieux entre les deux démocrates reste longue, à commencer par les problèmes de financement.

RuSSiE : Le premier sommet euro-russe de la présidence Medvedev s’est ouvert le 26 juin dans la région de Sibérie qui produit le plus de pétrole.

gRANdE-BREtAgNE : Le Premier mi nistre Gordon Brown a présenté

le 27 juin un plan de plus de 120 mil-liards d’euros pour faire passer la part de l’énergie renouvelable à 15% de l’énergie totale en 2020 ; le programme comporte le déploiement de 7 000 éoliennes dans le pays.ChiNE : Des milliers de manifestants ont incendié des bâtiments administratifs le 29 juin dans le sud-ouest du pays ; ils dénoncent une enquête truquée sur le meurtre d’une jeune fille.Foot : Le 29 juin, l'Espagne a remporté, à Vienne en Autriche, l'Euro par 1 à 0 contre l'Allemagne.

J.L. (voir aussi en page 7)

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SOMMAIRE

ACTUALITé 4 ARMéE fRAnçAISE Modèle réduit Alice Tulle

5 MédITERRAnéE discours à la Knesset Yves La Marck

6 SOCIéTé Maternité au forceps Tugdual Derville

7 pOLITIqUE Le coup de crayon Emmanuel Chaunu

dOSSIER 8 éGLISE Maroc : l'esprit d'Assise Corinne Lacrampe

ESpRIT 16 MéMOIRE dES jOURS Chine dans l'espérance Robert Masson 17 ECCLESIA Année saint paul 18 AEd pologne

Marc Fromager

19 SéLECTIOn dE LIVRES Spiritualité Sophie Baron

20 LISIEUx Les saints époux MartinPère Hénault-Morel et Laurence de Valbray

22 bd Sac à dos sans trêve (38/40)

A. de Palmaert / Palmart

MAGAzInE 23 MUSIqUE festivals François-Xavier Lacroux

24 ExpOSITIOnS berbères, de rives en rêves

Annie Toussaint-Bensaïd

28 ExpOSITIOnS Céramiques lustrées à Cluny Ariane Grenon 30 débATS proposer la foi aux musulmans... François-Xavier Pons

31 Le risque de l'état entrepreneurJean-Philippe Delsol

32 Lycées - Université, la nécessaire interfaceHyacinthe-Marie Houard

33 CInéMA "des idylles à Londres", "par suite d'un arrêt de travail", "Made in Italy", "Au bout de la nuit" Marie-Christine Renaud d'André / Marie-Lorraine Roussel 34 ThéâTRE "La cagnotte" Pierre François

35 TéLéVISIOn "dialogue avec mon jardinier" "Après lui", "La meilleure façon de marcher" M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel

36 TéLéVISIOn Votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

38 bLOC-nOTES Vie associative et d’église Brigitte Pondaven

Couverture - N-D de l'Atlas à Midelt © F. Aimard

édITORIAL

FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 3

quel heureux événement que cette année saint Paul déci-dée par Benoît XVI et inaugurée lors de la fête des deux cofondateurs de l'Église de Rome, en présence de Bartholomée, patriarche de Constantinople ! La figure de l'apôtre des nations continue à fasciner de nos jours, jusqu'à nos athées les plus résolus... Alain Badiou, dernier

représentant de l'extrémisme révolutionnaire lui consacrait un livre il y a quelques années, où il avouait son admiration. De même un Slavoj Zizek, ce penseur slovène provocateur et parfois extravagant, mais qui a le mérite de poser parfois les bonnes questions, désigne l'apôtre comme un des vrais éclaireurs de notre destin. Cela n'empêche pas évidemment que se perpétuent autour de Paul bien des contresens, des erreurs ou même des légendes fantaisistes. Parfois, de vrais érudits engagent des controverses absurdes, tel celle qui fait de l'auteur de l'épître aux Romains un précurseur de Marcion, cet hérésiarque du IIe siècle qui voulut détacher définitivement le christianisme de ses racines juives… Ne parlons pas de la pseudo-misogynie de Paul, cible de tous les féminismes coalisés.

Mais si Paul est l'objet de tant de mé- prises, c'est qu'il est un auteur absolument inévitable, parce que la vigueur de son témoignage est en rapport direct avec le choix que Dieu fit en sa personne, pour annoncer la bonne nouvelle du Christ mort et ressuscité. Le renversement qui se produit sur le chemin de Damas est radical, bouleversant. En un instant il a transformé le persécuteur des chrétiens en héraut de leur foi. Privilège unique : Paul et le dernier témoin de la Résurrection et entre dans le collège apostolique à l'égal des douze qui ont accompagné Jésus pendant sa vie terrestre. Son prodigieux génie qui associe la culture reli-gieuse juive à l'héritage gréco-latin lui permet de fonder en quelque sorte la théologie chrétienne, avec une profondeur toujours inéga-lée. Célébrer donc le deux millième anniversaire de sa naissance, c'est l'occasion d'une réflexion sur les fondamentaux de notre foi, avec la perception du mystère de Dieu enfin révélé. C'est aussi la chance de mieux comprendre notre humanité dont l'énigme ne se dénoue que par « Celui qui a resplendi dans nos cœurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ ». (II Co 4,6) n

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

L'annéesaint paul

par Gérard LECLERC

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Dès avant la rédaction du Livre blanc sur la Défense, Nico­las Sarkozy avait fait connaître ses

volontés – que l’on retrouve effectivement exprimées dans le texte publié le 17 juin et dans le discours prononcé le même jour par le président de la République, chef des Armées, devant les autorités politi­ques et militaires.

La priorité des prio­rités était et demeure les économies à réaliser dans l’organisation de la Défense nationale et lors de l’accomplissement des missions assignées à l’ar­mée française. C’est l’ob­jectif de moindre dépense qui explique, en grande partie, les deux princi­paux choix politiques : construction d’une Europe de la défense et retour complet dans l’OTAN. C’est bien sûr pour faire des économies que le ministère va procéder à d’importantes réductions d’ef­fectifs.

P réc i sément , N i co la s Sar kozy a annoncé que dans six ou sept ans l’armée comptera 225 000 hommes : 131 000 dans l’armée de terre, 50 000 dans l’armée de l’air et 44 000 dans la marine. Cette « baisse substantielle » va entraîner la suppression de casernes et de bases et le Président s’attend à des mouvements de protesta­

tion des élus locaux. Il a promis que « les territoires les plus fragiles seront accompagnés » mais déclaré qu’il « faut choi­sir » entre « une armée qui fait de l'aménagement du territoire et qui n'est pas opérationnelle » et une armée « qui assure la sécurité des Français ».

Cette sécurité est compro­mise par « une menace immé­

diate » : « celle d’une attaque terroriste » avec des armes ra diologiques, chimiques et bactériologiques. C’est pour y faire face que le renseigne­ment militaire sera développé dans les prochaines années. Par ailleurs, un important effort d’équipement va être fait : toutes les sommes économi­sées seront réinvesties dans l’achat de nouveaux matériels,

dans l’entraînement et dans l’amélioration de la condition des militaires. Mais, quant aux armements, la construc­tion d’un second porte­avion nucléaire a été reportée.

Sans surprise, Nicolas Sar kozy a déclaré que la force de dissuasion nucléaire ne serait pas remise en question. Mais la politique de défense

sera désormais menée sur deux plans : la politique européenne de défense et de sécurité et la réintégration de la France au sein du commandement mili­taire de l’OTAN. Nicolas Sarkozy a défini l’ordre des priorités : « Commençons par relancer la Défense européenne dans les prochains mois. Car dans mon esprit il ne peut y avoir de progrès sur l’intégration de la

France dans l’OTAN que s’il y a préalablement un progrès dans l’Europe de la défense ».

Les nouvelles orientations présentées par le président de la République ont fait l’objet de critiques diverses : celles émanant du Parti socialiste ont été faibles car la rue de Solférino est divisée sur les questions de défense comme sur bien d’autres sujets. Plus surprenante fut la réaction d’Alain Juppé qui a confié son « inquiétude » dès le 18 juin : « En 1995, Jacques Chirac avait dit qu'il était prêt à entrer dans l'OTAN si les Américains parta­geaient le pouvoir et si l'Eu­rope construisait une défense. Aujourd'hui, je crains que le "si" ait disparu. Si on entre dans l'OTAN sans condition, ce sera un marché de dupe".

Le même jour, des offi­ciers généraux et des officiers supérieurs des trois armes ont publié dans Le Figaro sous le nom collectif de « Surcouf » une virulente critique des décla­rations présidentielles et d’un Livre blanc marqué selon eux par l’incohérence et « un certain amateurisme » : la réduction des effectifs n’est pas en cohé­rence avec la guerre moderne, qui exige l’engagement sur le terrain de nombreuses troupes ; la demande de commandement dans l’OTAN n’est pas cohé­rente avec une armée affaiblie et cette faiblesse n’est pas un bon exemple pour nos parte­naires européens qui rechignent aux dépenses nécessaires à une Europe de la défense...

Le chef d’état­major des armées estime que « Surcouf est une piqûre de moustique ». C’est possible. Ce n’est pas certain. n

Modèle réduit

ACTUALITÉARMÉE FRANçAISE

Cette baisse substantielle va entraîner la suppression de casernes et de bases

4 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

par Alice TULLE

(

Comme prévu, les effectifs de l’Armée vont être réduits et la France réintègrera pleinement l’OTAN. Certains officiers sont mécontents et le font savoir.

Au cours d'une journée portes-ouvertes, le 29 juin, du 3e RPIMA à Carcasonne, un soldat a tiré sur le public à balles réelles, au lieu de balles à blanc, faisant 17 blessés dont quatre très graves. Chaunu avait préparé ce dessin pour nous la veille !!!

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On l'attendait depuis un an, ce discours à la Knesset du 23 juin 2008. François Mitterrand avait à

peu près attendu aussi long­temps pour ce rendez­vous. Pour l'un comme pour l'autre, à la différence de leurs prédé­cesseurs, il s'agissait en effet d'un acte existentiel. Tous deux ont, d'une manière certes contrastée, intériorisé la ques­tion d'Israël, voire la question juive tout court. Il fallait donc qu'ils fassent d'abord sur eux­mêmes un travail quasi psycha­nalytique avant d'exprimer leur propre vérité autant que celle de la France.

Nicolas Sarkozy a bien sûr l'avantage sur François Mit terrand d'arriver vingt­six ans plus tard. L'Autorité palesti­nienne est devenue une réalité. L'État palestinien n'est plus ta bou. Même le fait de situer sa capitale à Jérusalem n'a pas fait lever de son banc un seul député israëlien (plusieurs l'avaient fait en 1982). La partie politique du discours ayant fait l'unani­mité parmi les Arabes, Sarkozy a sauvé son sommet méditerra­néen du 13 juillet prochain.

C'est pourquoi il convient de revenir sur la première partie de ce discours à la Knesset consacré à Israël, au judaïsme et au sionisme. Il s'agissait du dernier volet d'une trilogie dédiée aux « religions du Livre » après le discours au Latran le 20 dé cembre dernier et celui devant la Choura d'Arabie saoudite le 14 janvier 2008. La rédaction de ce troisième discours tient compte des critiques adressées

aux deux précédents. Elle paraît plus laborieuse. Sans doute par la faute d'itérations successives, d'une multiplicité d'auteurs ou d'une succession de relectures, mais plus fondamentalement par une forme de construction intellectuelle, quasi­rabbinique (plutôt lituanienne, de l'école qui a formé le nouveau grand rabbin de France, que séfa­rade).

Une phrase pourrait en être la clé de voûte: « En Israël, le judaïsme ne se définit pas par rapport à l'antisémitisme ». Mais cette observation n'est pas aussitôt développée. Car Nicolas Sarkozy ne veut rien laisser de côté. Il veut, dans le cadre de

ce discours – ou de cette moitié de discours –, tout couvrir. Du coup, tout apparaît mêlé au lieu qu'il eût fallu peut­être démêler. L'antisémitisme a donné à Herzl l'idée de l'État des Juifs. Mais le mouvement sioniste, dans son principe, à son origine et jusqu'à aujourd'hui dans sa principale composante, n'est pas religieux. Le judaïsme, Sarkozy, pour autant, en donne plus tard une magnifique définition qui n'est

visiblement pas de lui: « c'est une manière de penser forgée

dans un rapport singulier aux textes bibliques, par des siècles de commentaires, d'interpréta­tion, de dialogue ouvrant l'in­telligence à tous les possibles, l'amenant à comprendre qu'il n'y a pas de vérités définitives

ni de sens absolu ». L'auteur de ce très beau texte est un spécia­liste, une autorité en matière de judaïsme.

On passe ainsi continuelle­ment, d'une phrase à l'autre, de l'un à l'autre: du judaïsme au sionisme, de la Bible (« l'Éternel dit à Moïse ») à l'État d'Israël ?

Le cartésianisme en perd son hébreu. Le propos est fait d'al­lers­retours permanents, afin de tout englober, de manifester l'unité historique, de s'interdire, comme on le reproche souvent, d'opposer voire de distinguer an tisionisme et antisémi­tisme ? Tel qu'il est construit, le discours à la Knesset y réussit certainement. Il n'en reste pas moins que le président français esquive ainsi habilement deux problèmes...

Le premier, c'est, comme il l'a fait au Latran et à Riyad, de s'adresser, là respectivement à tous les catholiques et à tous les musulmans, ici à la Knesset « à travers vous, à tout le peuple juif », aux millions de Juifs dans le monde, sans qu'il emploie jamais le terme de « diaspora ». Ce sont des gens attachés à la patrie où ils vivent, qui gardent Israël au cœur, mais finalement il n'y a pas de message particulier à leur intention: les valeurs qui sont les leurs sont des valeurs universel­les, et donc appartiennent à tous les hommes. Le raccourci sera jugé trop rapide.

Le second, c'est, après s'être fait l'avocat convaincant de la coexistence des deux États, de rattacher l'État palesti­nien, lui aussi, à Abraham et à la Bible. Nous l'avions relevé dans le discours de la Choura (FC n°3103, 25/1/08), la théo­logie de Nicolas Sarkozy est ici en défaut : comment se peut­il que tous les peuples du Moyen­Orient soient « les enfants d'Abra ham » et aient « la Bible en partage » ? Et que vient faire ceci avec le règlement du conflit israélo­arabe ? n

ACTUALITÉ

par Yves LA MARCKDiscours à la Knesset

MÉDITERRANÉE

FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 5

)« En Israël, le judaïsme ne se définit pas par rapport à l'antisémitisme »

Sarkozy en Israël: un ami qui vous veut du bien.

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Pour entraîner le r e v i r e m e n t d u droit en faveur de la « Gestation pour autrui », le sénateur

Henri de Richemont (UMP) rapporteur, se confesse : les voyages d’étude organisés à l’étranger par le groupe de sénateurs l ’auraient convain cu. Leur rapport n’engage pas le Sénat, a tenu à préciser Nicolas About, conscient du forcing législatif opéré par ses collègues.

Ces derniers affirment proposer une voie française où la « maternité pour autrui » serait « encadrée ». Point de marchandisation du corps, rassurent­t­ils en excluant le modèle américain : les verse­ments à la « gestatrice » ne seraient qu’« indemnisation », non pas « rémunération ». Point de confusion généalo­gique non plus : les sénateurs excluent que l’on puisse faire appel à un membre de sa propre famille comme c’est le cas en Grande­Bretagne.

Nadine Morano vient néanmoins de clamer dans le Figaro Madame qu’elle prête­rait son utérus à sa fille, si cette dernière était stérile. Voilà le ministre de la Famille disposé à accoucher d’un de ses petits­enfants ! Dès que l’on avalise certaines dérives, les transgressions deviennent abyssales. Et il peut suffire de peu de temps pour que l’ex­ception devienne la règle.

Les sénateurs disent vouloir limiter les mères porteuses à celles qui seraient déjà mères. Mais quel discours tiendront ces femmes à leurs enfants déjà nés ? Ne les verront­ils pas enceintes, engagées par contrat à abandonner celui ou celle qu’ils seraient en droit de considérer comme un frère ou une sœur ? Ne se senti­ront­ils pas insécurisés si leur mère livre le nouveau­né à un couple en mal d’enfant ?

Interrogée sur RMC, Laure Camborieux, prési­dente de l’association Maïa, répond qu’il faudra « leur expliquer ». Revendiquant sur toutes les ondes, la gestation pour autrui, elle aurait assez étudié, au plan universitaire, le lien entre la mère et l’en­fant pour conclure qu’il est « indépendant de la gros­sesse ». Mais elle admet être « juge et partie ».

C’est l’occasion de mesu­rer la puissance du désir d’enfant : certaines femmes, p r i vées phys io log ique­ment de capacité d’enfan­ter, semblent prêtes à tout pour qu’un tel désir ne soit pas frustré, jusqu’à revendi­quer le saucissonnage de la maternité. à les en tendre, les sénateurs auraient auditionné les témoins de « magni fiques histoires d’amour », des femmes s’étant généreuse­ment offertes pour porter ces bébés de l’impossible.

Conteste­t­on l’instru­

mentalisation du corps de ces femmes et la chosification des bébés ainsi enfantés ? Sans répondre sur le fond, les demandeuses opposeront l’injustice de leur souffrance. Pour éviter les conséquences désastreuses de la déchirure programmée du lien mère­en­fant et la confusion généalogi­que induite, il suffirait encore selon elles de « bien l’expliquer à l’enfant ». Elles amalgament volontiers la gestation pour autrui à l’adoption. Mais l’adoption pallie un accident de vie tandis que la gestation pour autrui le provoque déli­bérément. Les familles recom­posées sont aussi appelées à la rescousse comme si elles étaient à imiter.

Un tel débat a beau concerner en pratique des situations assez rares (lors­que les femmes sont privées des organes leur permettant d’enfanter) il retentit symbo­liquement. Si, dans Libération, Élisabeth Badinter soutient mordicus la maternité pour autrui, c’est parce qu’elle a toujours nié l’existence de l’instinct maternel. En face, Sylviane Agacinski s’y oppose avec la même fougue, au nom des droits de l’enfant et de la femme.

La science de la vie intra­utérine semble plaider pour la plus grande prudence : on ne cesse de découvrir l’influence des événements vécus par la femme enceinte

sur celui qu’elle attend. Et si le « produit » était insatisfai­sant ? Sera­t­elle tenue pour responsable ? Et si l’une des parties se rétractait ?

Les sénateurs ont prévu de donner à la « gestatrice » le droit d’avorter et celui de se reprendre dans les trois jours après la naissance. à partir du moment où l’enfant naît sous contrat, il est l’enjeu de telles tensions que se profilent des conflits indébrouillables.

Déjà, aux Pays­Bas, un bébé a été vendu aux enchères par sa mère porteuse. Supplanté par un couple mieux­disant, le père biologique n’a pas réussi à l’emporter. Mise devant le fait accompli, la Justice ne l’a pas soutenu. Est­ce par déni de l’existence anténatale que les tenants de la maternité éclatée se permettent d’infli­ger à des êtres humains ces ruptures précoces ?

Il faudra attendre leur majorité pour leur permet­tre de nous en demander des comptes, et entendre la défense des parents qui revendiquent aujourd’hui leur fabrication.

Mais pour le moment l’af­faire provoque une polémi­que intragouvernementale. Christine Boutin (Logement), jugeant « surprenants » les propos de sa collègue Nadine Morano (Famille), a annoncé le lancement par le parti qu’elle préside (Forum des Républicains Sociaux) d’une pétition contre la pratique des mères porteuses. n

Maternité au forceps

Pour le moment l'affaire provoqueune polémique intragouvernementale

par Tugdual DERVILLE

(

Avant le vrai débat législatif bioéthique, un groupe de travail du Sénat s’était emparé, sous la présidence de la socialiste Michèle André, de la question des mères porteuses. Il a rendu des conclusions favorables à cette pratique.

SOCIÉTÉ

6 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

ACTUALITÉ

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Le coup de crayon de Chaunu

SpORTS : La cycliste Jeannie Longo est devenue championne de France pour la 54e fois de sa carrière en remportant la course en ligne le 28 juin à Semur­en­Auxois ; la championne, âgée de 49 ans, avait déjà remporté le contre­la­montre le 26 juin. Le championnat cycliste masculin a été remporté, le 29 juin, par Nicolas Vogondy, déjà vainqueur en 2002.En rugby, le Stade toulousain est devenu Champion de France le 28 juin pour la 17e

fois de son histoire.

pOUvOIR D’AChAT : Le gouvernement a lancé une campagne d’information sur le pouvoir d’achat pour un coût de 4 millions d’euros ; l’opposition dénonce un gaspillage.L’Insee a annoncé le 24 juin que la consommation des ménages français avait progressé de 2% au mois de mai ; et la chasse aux bonnes affaires s’est ouverte le 25 juin avec les soldes d’été.Le gouvernement a proposé le 24 juin de revaloriser les salaires des fonctionnaires d’au moins 0,8% en 2009 et de 0,5% en 2010 et 2011. Les allocations de chômage ont été revalorisées de 2,5% à compter du 1er juillet.

SÉNAT : Les sénateurs ont supprimé le 23 juin l’amendement au projet de réforme de la Constitution rendant obligatoire un référendum avant l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Ils ont refusé le len demain, contre l’avis du gouvernement, la limitation du recours à l’article 49­3. Ils ont également voté l’exclusion des anciens présidents de la République du conseil constitutionnel. Un groupe de travail du Sénat a proposé le 25 juin de légaliser la pratique des mères porteuses pour les couples hétérosexuels dont la femme ne peut mener une grossesse à terme. Le Sénat a adopté en première lecture le projet de loi prévoyant des sanctions en cas de refus de deux « offres raisonnables d’emploi ». Il a commencé le 26 juin l’examen du projet instaurant un droit d’accueil des élèves dans les écoles en cas de grève.

ACTUALITÉ

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L’église du Maroc est d’une grande va-riété. Hispanophone dans le diocèse de Tanger, franco phone dans celui de Ra-bat, touristique à Marrakech et Agadir, franciscaine de Meknès à Errachidia, éparpillée en pe tites communautés de Oujda à Ouarzazate. Cette Église est

même contemplative au monastère trappiste de Notre-Dame de l’Atlas ou au monastère Notre-Dame de Guadeloupe des Clarisses mexicaines de Casablanca ou encore au monastère de rite oriental de Tazerte, près de Mar-rakech. Marquée par un enracinement franciscain et une présence franciscai-ne toujours vive, mais aussi une grande diversité d’autres communautés reli-gieuses, l’Église au Maroc perdure en paix, dans la discrétion, l’humilité et le service.

De la riche Anfa auxvillages ancestraux de l’Atlas

Rien ne distingue les quartiers chics de Casablanca, des autres quartiers chics des grandes villes européennes, asiatiques, américaines ou des émirats arabes… Même luxe, mêmes piétons « griffés » de la tête aux pieds, mêmes magasins dédiés aux plus grandes mar-ques internatio nales, mêmes grosses cylindrées le long des trottoirs, mêmes

immeubles futuristes pour loger les (nouveaux) riches. Les mendiants, chassés à la périphérie des villes, ont déserté ces quartiers réservés aux pri-vilégiés des privilégiés. Les gardiens en livrée sont vigilants pour garantir la tranquillité des riverains. Tout comme dans les lieux touris tiques, de nom-breux policiers en civil s’assurent que les touristes ne sont pas importunés. Et si, dans ce Casablanca des riches, quelques femmes voilées signalent tout de même que nous sommes dans un pays musul-man, la journée n’est pas scandée par d’insistants appels à la prière, comme en Turquie, par exemple. Pour musulman qu’il soit, ce Maroc-là adopte une physionomie mondialisée, modernisée, de richesse aseptisée. Du moins dans un quartier comme Anfa, à Casablanca. Hormis ces îlots banalisés, le Maroc garde ses couleurs. Dans les villages de montagne, les maisons sont de terre, les petits ânes corvéa-bles et les fiers Berbères nomadisent encore avec leur troupeau. Les femmes filent la laine et tissent toujours de beaux tapis. Et toujours les souks ali-gnent leurs collines d’épices, d’olives, d’agrumes et d’amandes. Et l’hospitalité reste vive. Les nouveaux venus partagent le thé à la menthe et le tajine.

Voici l’huile d’argan fraîche et les pots de citrons confits, les oignons roses et les tomates prêts à se marier en salade. Dans ce contexte, des étrangers s’at-tachent au pays au point d’en garder la nostalgie et de choisir d’y demeurer. Ainsi les religieux et les religieuses, de longue date arrivés ou nouvellement venus, s’accordent à dire à quel point ils aiment ce pays et ses habitants. Tous aussi racontent qu’ils sont bien ac-cueillis et respectés en tant que femmes et hommes de prière. Et si, comme dans tout pays musulman, il n’est pas ques-tion (et même hors la loi puisqu’il s’agit d’un délit passible de prison) d’évangé-liser, et pas toujours facile de restaurer un bâtiment religieux, ou encore moins d'en construire, comme on voudrait, la liberté de culte pour les étrangers est une réalité. Les chrétiens pratiquent leur religion sans entrave, ni censure.

DOSSIER

Minuscule en terre musulmane, mais amie de longue date, l’Église catholique au Maroc demeure, originale et vivante. Une présence discrète : 25 000 fidèles, tous étrangers, 45 prêtres et religieux, 120 religieuses... Chrétiens priant aux côtés des musulmansà la manière de saint François d’Assiseet du père de Foucauld, dans le respectde leurs frères croyants musulmans.

Textes et photos : Corine LaCrampe

8 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

Église Saint-François, à Casablanca.

L'Église au Maroc :l’esprit d’Assise

Ce Maroc-là adopte une

physionomie mondialisée

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Et si des liens d’amitié se tissent entre chrétiens et musulmans, ces derniers trouvent « dommage » que leurs amis n’aient pas plutôt adopté l’islam. Et ils se désolent vraiment pour ces religieuses, « femmes si bonnes, si droites et si généreuses », qui ne se marient pas et ne procréent pas. Cela dépasse un peu l’entendement selon eux et même cela offense Allah ! Fonder une famille est un devoir envers Dieu pour un bon musulman. Ceci étant dit, les amitiés avec les Marocains sont sincères et le respect pour les authentiques croyants et priants est bien réel dans ce pays où 99% des habitants sont musul-mans.

Bientôt huit siècles franciscains au Maroc

La première église chrétienne du pays fut construite, à Marrakech, en 1227, sous l'égide des moines franciscains. Les franciscains étaient arri-vés huit ans plus tôt. Ils étaient cinq qui furent exé-cutés pour leur prosélytisme trop zélé. Issus de la noblesse italienne ces premiers martyrs de l'ordre franciscain, Bérard, Othon, Pierre, Adjutus et Ac-curse, avaient quitté Assise pour le Maghreb, avec la bénédiction de saint François qui voulait faire connaître l’Évangile aux musulmans. Les compa-

gnons entreprirent de prêcher au sein même d’une mosquée de Marrakech. Ils furent jetés dehors, ce qui semble tout de même compréhensible... Ils se rendirent alors chez le calife pour lui annon-cer Jésus-Christ. Mis en prison, ils continuèrent à prêcher, refusant de renier le Christ et affirmant que Mahomet était fils du diable. Alors, le sultan les fit décapiter. Leur mort impressionna le peu-ple et le calife s’amadoua. En 1225, le Saint-Siège nommait le dominicain Frère Dominique évêque pour l’ensemble du territoire sous domination al-mohade. L’année suivante, un autre franciscain, le frère Agnelo, devenait évêque de Fès. Finalement, le calife autorisa la construction de l’église Sainte-Marie de Marrakech, mère des églises du Maroc. Et, en 1481, le pape franciscain Sixte IV canonisa les cinq martyrs de Marrakech.

En 1908 le pape Pie X éleva la Préfecture apos-tolique du Maroc au rang de Vicariat siégeant à Tanger et nomma tout naturellement un francis-cain pour premier titulaire, Francisco Maria Cer-vera. Les chrétiens d’Occident affluèrent au Maroc sous le Protectorat français (1912-1956). Alors que les pères blancs officiaient dans l’Algérie voisine, colonie française, le maréchal Lyautey favorisa plu-tôt la présence franciscaine. Après l’Indépendance,

DOSSIER

L'Église au Maroc :l’esprit d’Assise

La première église fut

construite, à Marrakech,

en 1227

Le père Marc Boucrot, avec des fidèles subsahariens,dans l'église d'Errachidia.

Chapelle d'Anfa, à Casablanca.

Sœur Ersilia, de la fraternité franciscaine, à Meknès.

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la communauté chrétienne, dans sa très grande majorité, quitta le Maroc à la suite des « maro-canisations progressives ». Dans certaines villes ou banlieues, des bâtiments d'églises de meurent, ayant perdu ou gardé leur clocher et leur croix, c'est selon, parfois tombant en ruines progressive-ment, plus souvent ayant reçu une affectation ci-vile... Ce sont d'émouvants témoignages d'Histoire manifestement appelés à disparaître et que peu de touristes savent repérer. En revanche, des prêtres et des reli gieuses bien vivants demeurèrent, encore plus discrets, mais accompagnant la communauté chrétienne et se mettant au service des plus dému-nis. Ils suivirent l’évolution de la société marocaine et s’attachèrent à maintenir un dialogue amical avec les Marocains, dans le respect de leurs cou-tumes comme de leur religion. Aujourd’hui, riche d’un patrimoine de sympathie lié à ses aînés, l’Égli-

se poursuit son travail. Franciscains et franciscaines œuvrent dans l’esprit de saint François, tout en tirant inspiration de la vie du père

Charles de Foucauld qui retrouva la foi de son enfance sur les routes du Maroc et voulut vivre au milieu des

musulmans quitte à en mourir, tout comme, plus récemment,

les sept moines de Tibhirine.Aujourd’hui, l’église de

Marrakech, implantée dans le quartier mo-derne de Guéliz, est dédiée aux Saints Mar-

tyrs. Hommage aux cinq compagnons franciscains.

Outre la communauté chré-tienne résidente, elle ac-cueille des touristes. Ceux-ci ne vont pas souvent à la messe en Occident, mais apprécient parfois de se recueillir en vacances et de resserrer les rangs dans ce pays d’une autre confes-sion. La générosité des fidèles de passage lors de la messe dominicale ali-mente d’ailleurs les cais-ses de Caritas Marrakech qui peut ainsi investir dans de petites actions humanitaires, comme récemment dans un

atelier de travail adapté pour les handicapés ou un pro-

gramme éducatif pour les enfants des rues. Face au clocher de l’église des Saints Martyrs s’élève le minaret d’une nouvelle mosquée. Un (bon) voisi-nage somme toute réconfortant.

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Franciscain marocain ?L’improbable histoire de Jean-MohammedFils du Maroc, Mohammed Abdeljalil fit le choix de changer de famille et de religion, quitte à être renié par les siens. Il se fit baptiser et devint franciscain. Lien exemplaire entre chrétiens et musulmans sur les pas de saint François d’Assise. Exception qui confirme la règle.Né à Fès, ville sainte et impériale, en 1904, Mohammed Abdeljalil est originaire d’une famille aisée et très croyante. Il accompagne ses parents en pèlerinage à la Mecque alors qu’il n’a que 10 ans. Il fréquente la prestigieuse école coranique de l’université Al Qarawyine. Étudiant brillant, particulièrement doué pour les langues, il intègre le lycée français de Rabat. Premier marocain musulman à obtenir un baccalauréat option latin et grec ancien, il est remarqué par Hubert Lyautey, maréchal de France en poste au Maroc.

Éduquer une élite marocaineColon respectueux des « indigènes », conscient que le Maroc devra s’affranchir de la France, le maréchal Lyautey souhaite voir se former une élite marocaine capable de diriger le pays et de le conduire vers la modernité. Le Maréchal intervint pour que le jeune Mohammed obtienne une bourse afin de poursuivre ses études à Paris. En fait, il pensait à faire de ce très prometteur étudiant marocain le précepteur du futur prince héritier alors que le Sultan était encore célibataire... Le futur roi Hassan II ne devait d'ailleurs naître qu'en 1929, alors que le Maréchal avait quitté définitivement le Maroc en 1925... Jusqu’à la mort du maréchal, en 1934, une profonde amitié lia Hubert Lyautey et Mohammed Abdeljalil. En France, ce dernier passe une licence de lettres, suit des cours de littérature arabe à la Sorbonne et soutient une thèse sur le mystique musulman Aïn Al Qoudat Al Hamadani. Car une autre rencontre déterminante intervient. Mohammed fait la connaissance de Louis Massignon, professeur au Collège de France, orientaliste érudit et grand admirateur de la culture arabe. Les deux hommes entretinrent une correspondance amicale et régulière durant 36 ans.Si Louis Massignon se passionne pour le monde musulman, Mohammed Abdeljalil s’intéresse au catholicisme. Pour approfondir ses connaissances, il s’inscrit à l’institut catholique de Paris. C’est le premier musulman à suivre les cours d’une faculté canonique. Durant trois ans, il étudie la doctrine avec passion. Sa conversion au catholicisme a lieu durant la nuit de Noël 1927. Assistant à la messe de minuit avec sa famille d’accueil, il reçoit l’illumination. Lorsqu’il se fait baptiser en avril 1928, en la chapelle des franciscains de Fontenay-sous-Bois, Louis Massignon est son parrain. Mohammed devient Jean Mohammed. Ce nom de baptême exprime cette dualité qui fut sa signature, sa richesse et sa croix. Il entra dans l’ordre des franciscains en 1929 et fut ordonné prêtre en 1935.

Entre deux cultures, deux religions, deux famillesEn se convertissant au catholicisme, Mohammed amorce une vie de déchirement et donne du grain à moudre à ceux qui affirment que les colons veulent détourner les Marocains de l’islam. Après son baptême, son père organise à Fès une cérémonie funéraire. Symboliquement, pour lui, ce fils, traître à sa religion donc à sa famille et à son pays, est mort. Un seul de ses frères, Omar Abdeljalil, le leader nationaliste et co-fondateur du Parti de l’Istiqlal, lui conservera publiquement son affection. Incompris des siens, rejeté par son pays, Jean Mohammed, craignant le déclenchement de violences, ne retournera pas au Maroc durant plus de trente ans. Toutefois, en 1961, confiant en la promesse de son frère Omar que nul tracas ne lui serait fait, il se rendit au Maroc. Ces retrouvailles, tant attendues, furent décevantes. La presse locale s’empara de l’événement et présenta le voyage du père Jean Mohammed comme une repentance et un retour à l’islam. Reprise par la presse française, l’information, t

DOSSIER

Statue dans l'église Saint-François, à Casablanca.

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Persistance desfraternités franciscaines

Le quartier d’Anfa, où est implantée la plus importante des communautés de Franciscaines de Marie au Maroc, a bien changé depuis l’arrivée des religieuses. Ce nouveau quartier résidentiel de luxe n’était qu’un terrain vague au début du siècle der-nier. Les Franciscaines, appelées par le clergé et les autorités du Protectorat français, développèrent ici un orphelinat, une école, un atelier, un dispensaire. Puis les Franciscaines s’implantèrent ailleurs dans le pays, toujours autour de leurs activités éducatives et de promotion féminine selon l’orientation donnée, en 1877, par leur fondatrice Marie de la Passion Chappotin de Neuville. Aujourd’hui, la mai-son d’Anfa abrite un centre d’alphabétisation pour les femmes qui accueillent cha-que année 300 apprenantes. Elle accueille aussi une école primaire qui est gérée par l’Église, où sont scolarisés plus de 700 enfants maro-cains autour d’un program-me éducatif construit sur la base d’une concertation en-tre musulmans et chrétiens.

Cette maison d’Anfa avec sa belle chapelle blanche, ses jardins intérieurs et ses coursives évoque les couvents d’autrefois. Ici vivent vingt-trois Francis-caines, dont un certain nombre de religieuses âgées préférant vieillir au Maroc que de retourner dans leur pays d’origine. Le Maroc compte aujourd’hui une douzaine de fraternités franciscaines, à Casa, Rabat, Meknès, Errachidia, Marrakech… Les grands couvents et les grands établissements dirigés avec rigueur, conviction et générosité par les sœurs ont fait place à de pe tites fraternités de trois à une di-zaine de religieuses proches de la population, vivant

comme leurs voisins, partici-pant à la vie d’un quartier ou d’un village. Qu’elles soient retraitées ou toujours dans la vie active, elles tentent d’apporter leur soutien aux personnes démunies ou en souffrance.

À l’entrée de la médina de Mek nès, à Bab Tizmi, l’une des portes fortifiées de la vieille ville, l’ancienne chapel-le des Franciscaines de Marie marque le paysage. L’établis-sement fondé dans les an-nées 1920 était au nombre de leurs grands pensionnats. En 1989, le gouvernement marocain l’a transformé en

Le Maroccompte une douzaine de fraternités

franciscaines

Clocher et nouveau minaret, à Marrakech.

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Eglise orthodoxe russe, à Casablanca.

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Institut spécialisé de technologie appliquée. Non loin de là, l’École Notre-Dame, sous la tutelle de l’Église, continue l’œuvre d’éducation créée par les Francis caines pour de jeunes Marocains qui sortent de cet établissement renommé parfaitement bilin-gues. Désormais, une fraternité de six Franciscai-nes vit dans une maison traditionnelle de la médina et s’implique dans diverses actions humanitaires ou sociales, notamment au sein d’une association marocaine dédiée aux enfants des rues co-fon-dée en 1997 par sœur Marie-Cécile. La médina de Meknès abrite une autre communauté affiliée à saint François d’Assise, masculine celle-ci. Le mo-nastère des franciscains compte cinq frères de cinq nationalités différente : française, italienne, mexi-caine, polonaise et égyptienne. Ceux-ci partagent leurs locaux avec le centre culturel Saint-Antoine, nom de l’ancienne paroisse du quartier au temps du Protectorat. Ce centre abrite une riche biblio thèque ouverte aux étudiants et dispense des cours d’al-phabétisation, des cours de langue et des cours de rattrapage. En marge de l’implication des religieux et des religieuses, il est animé par une vingtaine de bénévoles musulmans.

À Midelt (1 500 m d’altitude) les sœurs voisinent avec le monastère Notre-Dame de l’Atlas, installé depuis 2000 dans les locaux que la congrégation céda, à cette date, aux trappistes d’Aiguebelle. Le monastère accueille les deux moines rescapés du monastère de Tibhirine, en Algérie, et quatre autres moines trappistes qui perpétuent cette présence priante particulièrement importante au cœur du monde de l’islam. La fraternité des franciscaines s’est installée à deux pas du monastère, dans une maison villageoise. Et deux religieuses demeurent dans le village de Tatiouine, à quinze kilomètres de piste de Midelt. Sœur Barbara, infirmière d’origine polonaise, part à dos d’âne, comme, avant elle, ses aînées franciscaines qui vivaient sous la tente, pour aller soigner les malades isolés en altitude. Quant à Marie, l’autre sœur de la fraternité de Tatiouine, elle anime avec une femme du village un jardin d’enfants pour initier une formation avant l’école.

Une mosaïquede congrégationsreligieuses et de fidèles

L’Église du Maroc est aussi d’une incroyable di-versité : une trentaine de congrégations religieuses y sont représentées et la communauté chrétienne est riche de 90 nationalités ! La famille franciscaine demeure la plus représentée avec une soixantaine de Franciscaines de Marie, une quinzaine de Fran-ciscains. D’autres congrégations religieuses ont su aussi répondre, avec générosité et compétence, aux appels de l’Église, notamment une congréga-tion subsaharienne récemment arrivée. On peut également citer la présence de deux ou trois jé-suites, salésiens, petits frères de Jésus, pères de

pour fausse quelle fut, ne manqua pas de jeter la stupéfaction dans le milieu catholique de l’hexagone où le franciscain d’origine marocaine

jouissait d’un grand rayonnement théologique et scientifique. Ainsi en est-il pour les déracinés et les convertis : Jean Mohammed eut à souffrir de l’incompréhension et du déni des siens mais aussi de la suspicion de sa nouvelle famille. Déjà, dans les années 1940, son engagement affiché pour l’indépendance du Maroc et son soutien aux nationalistes marocains posa problème. La sincérité de sa conversion fut remise en cause. Certains l’accusèrent d’être un espion à la solde des nationalistes. Sincèrement catholique, il n’en aimait pas moins son pays. Son parrain Louis Massignon partageait avec lui son engagement pour l’indépendance du Maroc. Jean Mohammed soutint les prisonniers politiques marocains incarcérés en France. À la manière de Ghandi, il lutta pacifiquement en organisant des journées de jeûne commun entre musulmans et chrétiens. Par ailleurs, lors de la naissance de l’État d’Israël, Massignon et Abdedjalil exprimèrent publiquement leurs craintes de voir la région s’embraser suite à ce que musulmans et Arabes voulurent prendre comme un camouflet humiliant. Quoi qu’il en soit, tout au long de sa vie, Jean Mohammed eut à s’expliquer sur son cheminement spirituel et justifier ses choix politiques.

Le Marocain à la bure qui parlait et perdit la paroleÉlève de Louis Massignon au Collège de France, Jean-Mohammed avait approfondi sa connaissance de l’islam et de la mystique musulmane. Il garda toujours le souci des deux religions et un égal respect pour l’une et l’autre. Novice, il allait au carmel d’Amiens pour demander aux Carmélites de prier pour les musulmans, ses frères bien-aimés. Professeur de langue et de littérature arabe à l’Institut catholique de Paris, Jean Mohammed Abdeljalil y divulgue également des cours d’islamologie. Il rédige de nombreux ouvrages sur l’islam et la culture musulmane dont Aspects intérieurs de l’islam devenu un classique des études sur la spiritualité musulmane. Fin connaisseur du christianisme et de l’islam, le Marocain à la bure met en avant les similitudes et les convergences entre les deux religions. En fait, il passa sa vie à expliquer l’islam aux chrétiens. Grand prédicateur, passeur, dialogueur, il parlait le français, l’arabe, l’allemand, l’espagnol et l’anglais… Rayonnant, il attirait la sympathie et reste comme un magnifique trait d’union entre le christianisme et l’islam. Il participa d’ailleurs activement aux travaux du Vatican pour définir les rapports avec l’islam et les musulmans. Ce fut même pour lui l’occasion d’un entretien privé avec le pape Paul VI. Le père Jean Mohammed, pionnier et défenseur du dialogue interreligieux, donna de nombreuses conférences en Europe et au Proche-Orient. Triste sort, cet homme polyglotte et grand prédicateur fut atteint d’un cancer de la langue. Jean Mohammed Abdeljalil cessa d’enseigner en 1964. Retiré dans son couvent franciscain de la rue Marie-Rose, à Paris, il mourra en 1979, à l’âge de 75 ans. Aujourd’hui encore, le père Jean Mohammed reste une source d’inspiration pour la famille franciscaine enracinée dans le royaume chérifien, dans le respect et au service des musulmans. Car, finalement, pourquoi Jean Mohammed a-t-il choisi de devenir franciscain plutôt que de rejoindre un autre ordre religieux ? Par humilité, avant tout. Sa conversion devait être discrète. Ce n’était pas un règlement de compte ! Adolescent, Mohammed avait eu un premier contact avec la famille franciscaine, grâce à la présence des franciscains à Rabat. Familier de leur bibliothèque, il apprécia leur vie simple et leur respect pour les musulmans. Les franciscains demeurent toujours à Rabat et leur bibliothèque continue à accueillir en toute humilité les étudiants musulmans. n

À LIREMassignon Adl-el-Jalil, parrain et filleul. 1926-1962. Correspondance. Ouvrage paru aux Éditions du Cerf (2007)Dans son édition datée du 5 au 11 avril 2008, la revue marocaine Tel quel a publié un article, intitulé Il s’appelait Jean-Mohammed, que l'on peut lire sur internet.

tDOSSIER

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FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 13

Il reste beaucoup de bâtiments d'églises au Maroc. Celui de gauche est transformé en

PMU et bains publics, la perspective impres-sionnante de celui de droite débouche sur des toits percés. L'église ci-dessous, à Midelt reste

régulièrement affectée au culte catholique.

Cloître du monastère Notre-Dame de l'Atlas.

École catholiqueNotre-Dame de la Paix, à Rabat.

L'Église catholique gère un réseau d'écoles à travers tout le pays.

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© FRÉDÉRIC AIMARD

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la Société des missions africai-nes, un père blanc, un basilien chouéirite et un passioniste. Les congrégations religieuses fémini-nes sont encore plus nombreuses, une quinzaine, dont les sœurs de Mère Térésa qui s’occupent à Ca-sablanca des mères célibataires mises au ban de la société et leur apportent un soutien crucial au moment de la naissance de leur enfant, en lien avec des associa-tions marocaines de solidarité avec les femmes. S’ajoutent les communautés contemplatives déjà évoquées plus haut, qui en-richissent de leurs prières cette terre d’islam : à Midelt, les moi-nes trappistes, à Casablanca, les Clarisses, à Tanger, les Carmélites et à Tazert, les sœurs du monas-tère de la Visitation dédié à la vie contemplative orientale. En-fin, outre un soutien aux œuvres caritatives menées par les reli-gieux et les religieuses, les laïcs de Caritas Maroc mènent un travail remarquable aux côtés des associations humanitaires marocai-nes. Les problèmes sociaux ne manquent pas, la pauvreté, l’analphabétisme, la difficulté d’accéder à l’éducation et aux soins particulièrement dans les montagnes, le chômage, la prostitution liée au tourisme, dont celle, terrible, des enfants, le tra-fic et la consommation de drogue, la maltraitance des femmes... Fondamentalement, Caritas Maroc entend accompagner des associations marocaines

existantes et apporte un regard privilégié sur le phénomène mi-gratoire.

Cette Église franciscanisée de longue date est à l’image de la famille franciscaine, riche d’une mosaïque de nationalités, accueillante et curieuse. Elle af-fiche aussi une nouvelle caracté-ristique : son africanisation. Les trois quarts des pratiquants des communautés chrétiennes au Maroc sont aujourd’hui consti-tués d’étudiants subsahariens. Ainsi à Meknès, la paroisse No-tre-Dame des Oliviers, implantée en dehors des remparts dans la ville moderne, est animée par un curé originaire du Bénin, le chaleureux père Aristide. Cette afri canisation se manifeste par la présence de six prêtres sub-sahariens fidei donum et de plu-sieurs religieuses. Les étudiants subsahariens de Rabat, mais aussi d’une vingtaine d’autres

villes universitaires, dont Errachidia, Marrakech ou Meknès, sont venus renflouer les rangs des fi-dèles voici une quinzaine d’années. Ainsi l’Église a-t-elle pu ouvrir, au cours des dernières années, de nouvelles communautés chrétiennes dans des villes de l’intérieur du pays. Somme toute, l’Église du Maroc est surtout comme la qualifie volontiers le père Vincent Landel, archevêque de Rabat : une église de la Rencontre. Cosmopolite, ouverte et gé-néreuse, elle possède la légitimité de ses racines

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DOSSIER

L'histoire d'Abdelmagid-Jean-MariePour la petite histoire, il y a un pendant à l’aventure spirituelle de Jean-Mohammed... Jean-Marie Duchemin (1908-1988), originaire de la Sarthe, afficha une vocation précoce et un intérêt constant pour l’islam. Enfant, il prélevait sur son argent de poche son obole pour les œuvres missionnaires. À 16 ans, il voulu devenir capucin pour aller en mission en pays musulman. Sa santé fragile ne le lui permettait pas. Néanmoins, il entra au séminaire à l’âge de 20 ans et fut ordonné prêtre en 1933. Confesseur des duchesses de son diocèse, il n’hésita pas, lorsqu’il fallut un jour prendre position, à soutenir les fermiers contre les châtelains. Et toujours garda le respect pour les musulmans pourtant alors considérés en Occident comme des mécréants. L’abbé Jean-Marie fut inspiré par le père Charles de Foucauld. Il rencontra des musulmans en France, refusa de mettre des croix sur les tombes de deux prisonniers algériens fusillés par les Allemands durant la seconde guerre mondiale. Il s’investit pour l’implantation d’une mosquée pour les musulmans dans sa région. Il visita la Mosquée de Paris, étudia le Coran et finalement fit un voyage au Pakistan et en Afghanistan, en 1976. Sa conversion à l’islam, inavouée durant cinq ans, date de 1978. Devenu Abdelmagid-Jean-Marie, il s’installe au Maroc en septembre 1987 et meurt tout juste un an plus tard, à Casablanca. « Dieu est Un. Ce sont les hommes qui multiplient les religions. Je remercie l’Église d’avoir fait de moi ce que je suis devenu », affirmait-il à la veille de sa mort. n

Souk, à Midelt

Une sœur de Mère Térésa, Casablanca

Père Jean-Pierre Schumacher,au monastère Notre-Dame de l'Atlas, de Midelt

Père Amédée,rescapé de Thibhirine

Sœurs Clarisses, Casablanca

Une Églisecosmopolite,

ouverteet généreuse

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et demeure essentielle pour que l’Église universelle soit vraiment catholique. À l’heure des intégrismes et des racismes, et malgré des pressions adminis-tratives parfois désagréables, cette présence chré-tienne relativement bien acceptée en terre d’islam constitue un symbole fort. À chacun son chemin vers Dieu. Ne diaboliser ni le Christ ni Mahomet. Ne pas réduire au silence les hommes et les fem-mes de bonne foi, ni les encombrer de croix qui ne sont pas les leurs. L’Église au Maroc est somme toute paisible et pacifiante. n

LE MAROcCarte d’identitéPays d’Afrique du Nord appartenant donc au Maghreb, comme la Tunisie et l’Algérie, le Maroc est bordé, à l’Est, par l’Algérie et la Mauritanie, baigné, à l’Ouest, par l’océan Atlantique et, au Nord, par la mer Méditerranée avec le stratégique et mythique détroit de Gibraltar. Le pays se caractérise par la diversité et la beauté de ses paysages. Un tiers de son territoire est couvert de montagnes : Moyen Atlas, Haut Atlas, anti-Atlas et Rif. D’immenses plaines fertiles et un désert de pierres et de sable occupent le reste.

Superficie : 446 550 kilomètres carrés (20% de moins que la superficie de la France métropolitaine)Population : 34,3 millions d’habitants, majoritairement d'origine berbère, et arabes. 57% des Marocains vivent en villes : Casablanca (2,9 millions d'habitants), Rabat (1,4 million), Fès (774 000), Marrakech (745 000).Capitale : RabatEspérance de vie : 71,5 ansFécondité : 2,6Taux d'alphabétisation : 52,3 % (65,7 % pour les hommes, 39,6 % pour les femmes), ce taux place le pays au 160e rang mondial.Religions : l’islam est religion officielle, les habitants sont musulmans sunnites à 99 % et, pour les 1 % restant, chrétiens (25 000 fidèles) et juifs (8 000 aujourd'hui contre 300 000 en 1950).Langues : l’arabe est la langue officielle (utilisée par 65 % de la population), le tamazight (berbère, avec ses variantes dont riffin, zaïme, chleuh) est utilisé par 33 % de la population (contre 60 % au début du XXe siècle), le français est courant dans les milieux intellectuels, politiques et administratifs, dans les grandes villes et dans les zones touristiques, et l’espagnol est courant dans le nord du pays.Gouvernement : le Maroc est une monarchie constitutionnelle de droit divin. Le roi, sa majesté Mohammed VI, chef spirituel et temporel, nomme le Premier ministre.Organisation administrative : empruntée à celle de la France conseillère du pays en matière d’administration, le Maroc compte 49 provinces et 22 préfectures.Monnaie : dirham marocain (100 dirhams = 8,74 euros)Ressources principales : les minerais, dont phosphates (5e rang mondial), or (3e), plomb et argent, la culture, essentiellement céréales (blé), olives et agrumes, l’élevage (ovins), pêche, industrie textile, travail du cuir et le tourisme. Les principaux partenaires économiques du Maroc sont la France et l’Espagne.Croissance annuelle : 4,6 %Indicateur du développement humain : 0,64 (indicateur décroissant de 1 à 0), le Maroc se classe à la 123e place sur 177 pays.Taux de chômage : 20 % en zone urbainePauvreté : 15 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvretéProblèmes particuliers : fortes tensions avec l’Algérie au sujet du Sahara occidental, tensions avec l’Espagne à propos des enclaves de Ceuta et Mellila, immigration clandestine massive des ressortissants marocains vers l’Europe et particulièrement la France. S'y ajoute le phénomène de l’afflux de migrants subsahariens clandestins en route vers le nord. Un certain nombre sont catholiques d'ailleurs, qui viennent enrichir les paroisses de leurs particularités et de leurs problèmes... n

DOSSIER

CathédraleSaint-Pierre,à Rabat

Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat

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En mémoire des jours

La chine, ce pays dont on savait si peu, n’a déci-dément pas fini de nous

étonner. On connaissait ses prouesses économiques, ses développements d’un pas de géant, dont un groupe d’experts observait récem-ment que l’ampleur des bouleversements en cours à Pékin était sans équivalence dans l’histoire des hommes. Les taux de croissance à la chinoise donnent le ver-tige au reste du monde. New York, qui était pour-tant le symbole même des capacités humaines, perd par comparaison son sta-tut de ville leader. Shanghai devance toutes les cités du monde, dans cette course frénétique à la puissance. Jusqu’où ira ce pays, qui hier encore confondait l’utopie avec la réalité, quand nous était proposée une version d’un devenir qui s’en tenait aux possibles d’un petit livre rouge dont Mao avait fait le livre de ses commande-ments. Et mieux valait ne pas le contredire. Ce qui n’empêchait pas certains, même chez nous, de se dire maoïstes. On est loin de ces rêves funestes qui tournaient tous au cauche-mar. C’est à bon droit qu’on

s’étonne désormais devant les prouesses d’un pays avec lequel il faut apprendre à parler. Et si possible en véri-té. Le Tibet n’est pas sans nous rappeler les difficul-tés d’un vrai dialogue. Pour ce qui concerne les chré-tiens, on sait que le régime maintient plus ou moins la prétention de nommer les évêques par le biais d'une Église dite populaire, hors de laquelle il n’y eut durant longtemps aucun autre droit reconnu à être catholique. Et parler de droit c’est encore beaucoup dire. Les chrétiens, qui ne s’attendaient pas à tout cela, subirent cette contrainte dans la soumis-sion ou dans l’affirmation silencieuse mais résolue. Avec le temps, la préten-tion totalitaire s’était révé-lée plus pesante encore que prévu. Dans les années 50, le contexte international poussait évidemment en core à des durcissements, au temps de la guerre de Corée, quand le monde un instant put craindre le pire. Non de leur fait, mais par la faute du régime, il se mit en place deux Églises catholiques, l’officielle et l’autre, celle de l’ombre, qui opposa un refus silencieux mais résolu aux demandes de soumission qu’on prétendait lui imposer.

La rigueur du régime, et Dieu sait ce qu’elle pouvait avoir de contraignant, ne parvint pas à réduire, com-plètement du moins, l’at-tachement de cette Église à Rome. Un ami, qui avait eu l’occasion d’un séjour à Shanghai, il y a quelques années, rentrait bouleversé, par toutes les confidences qu’il avait reçues, d’hommes dont certains avaient eu à

connaître 25 ans de prison. Sentence qui avait été sui-vie d’une autre encore, puis-que ce prêtre avait été de nouveau surpris en train de dire la messe pour des chré-tiens. La perversité de tou-tes ces pratiques policières était sans égale. Souvent, les prêtres qui étaient tra-duits devant les tribunaux, avaient à souffrir le témoi-gnage de leur évêque, qui se faisait à charge pour les prêtres en question. Sans doute avaitil eu à connaître lui-même l’horreur de ces prisons totalitaires, où mou-rurent par dizaines de mil-lions leurs victimes.

Pendant ce temps, nous étions nous-mêmes aux abonnés absents, dès lors qu’il fallait réagir. Cet ami, qui avait au la curiosité d’entendre ces témoins, me confiait qu’il y avait comme une prolongation des Actes des Apôtres, à écrire. Encore faudrait-il être assuré que le moment est venu, puisque le propre du régime en place aujourd’hui est de souffler le froid et le chaud. Le chaud c’est pour les tractations économiques, le froid c’est pour tout ce qui enfreint les vérités établies. À tout le moins, il nous faut savoir qu’il y eut, pour répondre de la vérité, des gens qui ne tri-chaient pas avec elle. Le témoin dont mon ami me parlait en était donc, comme d'autres, à 25 ans de prison, dans des condi-tions indicibles. Un seul cas pour illustrer cela : un des prêtres avait eu à subir dans sa cellule des orages épou-vantables, comme il s’en produisait dans ces régions à l’écart de tout. L’eau mon-tait, jusqu’au moment où on

aurait pu craindre la noyade pour tous ces malheureux. Eux, ils étaient établis dans leur foi, et ils chantaient la gloire du Seigneur. Comme ils chantaient en latin, les geôliers n’y pouvaient com-prendre mot. L’Eucharistie, célébrée clandestinement, était vraiment la manne du royaume. Tout s’est passé dans les secrets qui pou-vaient amener ceux qui les ont subis à se croire oubliés des hommes et de leurs frè-res. Avec le temps, les cho-ses allaient quelque peu changer, du côté de ceux qu’on disait « officiels ». Les contacts purent à nouveau s’établir. Et aujourd’hui plus que jamais, se poursui-vent. Il ne peut y avoir deux Églises, rappelait récemment encore Benoît XVI. Ces chré-tiens, qui furent tous fidèles à leur manière, et comme ils purent, sont pour l’Église la prunelle de ses yeux. Il doit en être de même pour nous, car les enjeux de cette immensité humaine qu’on appelle la Chine, sont consi-dérables, et nous regardent tous pleinement. Il serait bon que notre prière se fasse ardente, pour obtenir de l’Esprit Saint la grâce des réconciliations. Ce serait une belle contri-bution à l’avènement d’une Chine vraiment nouvelle, qui ne s’en tiendrait pas uni-quement aux perspectives de la puissance. De grandes choses s’amorcent sur ces terres de l’extrême. Notre avenir à tous en dépend. Le moins qu’on puisse faire, c’est d’être présents. Même à distance, mais pour tou-jours, et dans l’Espérance, bien entendu.n

Toujoursdans l'Espérance

ParRobert Masson

16 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

ESPRIT

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FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 17

Le samedi 28 janvier le patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, était présent aux vêpres marquant l'ouverture de l'année Saint Paul, en la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs, présidées par Benoît XVI, ainsi que des représentants d'autres Églises chrétiennes. Le dimanche 29 juin, fête de saints Pierre et Paul, Benoît XVI a accueilli à 9 h 30 le patriarche de Constantinople sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. Ils sont allés à l'autel ensemble, précédés d'un diacre orthodoxe et d'un diacre latin portant les Évangiles. Au cours de la messe, le Pape et le Patriarche ont récité le Symbole de Nicée en grec, selon l'usage liturgique des Églises by zantines. Le Pape a invité le Patriarche a prononcer l'homélie. Voici la liste, répartie par continents, des archevêques auxquels le Pape a remis le palium au cours de cette messe. Europe : Francisco Pérez González, de Pamplune y Tudela (Espagne) ; Paolo Pezzi, F.S.C.B., de la Mère de Dieu à Moscou (Fédération Russe) ; Tadeusz Kondrusiewicz, de Minsk-Mohilev (Bié-lorussie) ; Giancarlo Maria Bregantini, C.S.S., die Campobasso-Boiano (Ita-lie); Reinhard Marx, de München und Freising (République Fédérale d’Allemagne) ; Willem Jacobus Eijk, d'Utrecht (Pays-Bas) ; José Francisco Sanches Alves, de Évora (Portugal) ; Giovanni Paolo Benotto, de Pise (Italie); Stanislav Zvolenský, de Bratislava (Slovaquie) ; Francesco Montenegro, d’Agrigente (Italie) ; Laurent Ulrich, de Lille (France); Sławoj Leszek Głodz, de Gdansk (Pologne) ; Marin Srakic, de Djakovo-Osijek (Croatie). Afrique : Le cardinal John Njue, Archevêque de Nairobi (Kenya) ; Michel Christian Cartatéguy, S.M.A., de Niamey (Níger); Matthew Man-Oso Ndagoso, de Kaduna (Nigeria) ; Laurent Monsengwo Pasinya, de Kinshasa (République Démocratique du Congo); Richard An thony Burke, S.P.S., de Benin City (Nigeria) ; Thomas Kwaku Mensah, de Kumasi (Ghana); Peter J. Kairo, de Nyeri (Kenya). Asie : Fouad Twal, Patriarche de Jéru-salem des Latins ; John Hung Shan-Chuan, de Taïpeh (Taïwan) ; John Lee Hiong Fun-Yit Yaw, de Kota Kinabalu (Malaisie); Amériques : Edwin Frederick O'Brien, de Baltimore (Etats-Unis d’Amérique); Lorenzo Voltolini Esti, de Portoviejo (Equateur) ; Andrés Stanovnik, O.F.M. Cap., de Corrientes (Argentine) ; Anthony Mancini, de Halifax (Canada) ; Martin William Currie, de Saint John's, New-foundland (Canada) ; Mauro Aparecido

dos Santos, de Cascavel (Brésil) ; Ós car Urbina Ortega, de Villavicencio (Colombie) ; Antonio José López Castillo, de Barquisimeto (Venezuela); Agustín Roberto Radrizzani, S.D.B., de Mercedes-Luján (Argentine) ; Robert Rivas, O.P., de Castries (Sainte-Lucie) ; Louis Kébreau, S.D.B., du Cap Haïtien (Haïtí) ; Joseph Serge Miot, de Port-au-Prínce (Haïtí) ;

Thomas John Rodi, de Mobile (Etats-Unis d’Amérique) ; Donald James Reece, de Kingston in Jamaica (Jamaïque) ; John Clayton Nienstedt, de Saint Paul and Minneapolis (Etats-Unis d’Amérique). Luís Gonzaga Silva Pepeu, O.F.M. Cap., de Vitória da Conquista (Brésil). Océanie : John Ribat, M.S.C., de Port Moresby (Papouasie-Nouvelle-Guinée).

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Cet encouragement reste néces-saire en effet pour cette Église, victorieuse de cinquante ans de persécution, mais blessée par la chute de

certains de ses membres.Le 9 mars 2006, l'Église polo-

naise a reconnu la collaboration de certains prêtres avec la police secrète communiste et demandé pardon pour tout le mal qu'ils ont infligé. L'Église polonaise avait décidé en effet d'enquêter sur des prêtres espions et « collabos » infiltrés en son sein pendant la période communiste. « Il faut tout simplement enquêter sur cette affaire, nous ne devrions pas craindre la vérité », avait déclaré le père Robert Necek, porte-parole de l'archidiocèse de Cracovie.

Les évêques polonais avaient alors relevé que « dans le terrible système (communiste) qui brisait les consciences humaines, certains hommes d'Église ont eux aussi failli aux attentes ». « Nous le regret-tons et demandons pardon, surtout auprès de tous ceux qui ont souffert à cause d'eux », pouvait-on lire dans un texte publié par les évêques.

Dans leur déclaration, les prélats assurent que « l'Église ne fuit pas les questions qui portent sur les problèmes les plus pénibles de son histoire », mais « elle s'oppose à la simplification du problème ».

Selon des estimations de l'Institut de la mémoire nationale (IPN), une institu-tion chargée d'enquêter sur les crimes

nazis et communistes et qui dispose des archives de l'ancienne police secrète communiste, plus de 10 % des prêtres polonais ont collaboré avec les ser vices secrets communistes. Encore faut-il s’en-tendre sur la pertinence de toutes les archives, où la présence de noms peut recouvrir plusieurs réalités.

Mgr Dziwisz, l'archevêque de Cracovie, avait ordonné la création d'une commis-

sion. Pour lui, la période communiste a été « un temps de persécution pour l'Église, souvent sanglante et brutale ». Il s'agit par cette étude, notamment, de mettre en valeur « l'attitude héroïque » des prêtres sous le régime communiste,

avait-il argumenté en expliquant sa décision. Des historiens de l'Église ont également examiné les dossiers de la police politique.

Et on ne peut contester le très lourd tribut payé par l’Église sous la double occupation nazie et communiste. Ainsi, selon une historienne du musée d’Aus-chwitz, près de 500 religieux, prêtres et moines y ont été déportés, ainsi qu’une

trentaine de religieuses ; près de 40 % d’entre eux y sont morts. Un rescapé du camp de concentration d’Auschwitz a témoigné qu’à leur arrivée au camp, les prêtres savaient qu’ils avaient très peu de chances de survie.

Les prêtres étaient perçus comme les représentants les plus patrio- tiques de la société polonaise et ils ont été particulièrement visés par le plan d’extermination de l’intelligent-sia polonaise.

Le père Zdzislaw Gardocki, 89 ans, qui vit aujourd’hui au monastère des Capucins de Rywalt Krolewski, a été détenu d’abord neuf mois à Auschwitz puis quatre ans à Dachau. Il ne veut pas en parler : « C’est trop difficile. Il a vécu l’enfer. Quand il est sorti de Dachau, il pesait à peine quarante kilos ; il faut le laisser tranquille », explique son supérieur. Environ 2 800 prêtres de différents pays d’Europe ont péri à Dachau. 60 % étaient polonais. Malgré le

risque d’être envoyés de suite à la mort, les prisonniers se confectionnaient des chapelets avec de la mie de pain, bien que le pain manquât. Malgré l’interdic-tion, les prêtres célébraient des messes en cachette, confessaient ou donnaient l’extrême-onction aux mourants . Comment ne pas évoquer ici la figure de St Maximilien Kolbe ?

De ces innombrables sacrifices sont issues de très nombreuses vocations sacerdotales et religieuses, au service de l'Église aujourd’hui en Pologne, mais aussi dans le monde entier. ■

ESPRITPOLOGNE

Tel était le thème du pèlerinage de Benoît XVIen 2006, mais l’appelreste d’actualité.

Les prêtres étaient perçus comme les représentants les plus patriotiques de la société polonaise

Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

« Restez forts dans la foi »par Marc FROMAGER

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LIVRES

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■ APPELéS à LA VIEdu père Jacques Philippe,Éditions des Béatitudes, 160 pages, 13 .

Ce récent ouvrage du P. Jacques Philippe, issu de la Communauté des Béatitudes, prédicateur apprécié de retraites, nous entraîne dans un parcours tonifiant, pour redonner sens à notre vie. Il s’agit de partir non de nous, mais de l’appel de Dieu sur chacune de nos existences. Nous avons tous une vocation et si nous répondons à cet appel, nous trouvons le chemin du bonheur. Sur cette route, nous rencontrons Dieu qui nous parle à travers l’Écriture et les événements de nos vies, nous avons à découvrir jour après jour l’obéissance qui nous permet de répondre et nous ouvre à l’espérance. La conclusion nous fait contem­pler la beauté de l’appel personnel qui nous est adres­sé. Quelques conseils pratiques sur la Lectio divina terminent l’ouvrage qui se veut de bout en bout accessible à un large public.

■ LA VIE, COMBAT OU CADEAUd’Yves Boulvin,Éditions des Béatitudes, 312 pages, 18,70 .

Tout homme aspire au bonheur et à la paix pro­fonde, et pour cela, à comprendre ses propres réac­tions, à mieux les gérer. Cette connaissance de soi est un véritable travail qui s’avère parfois difficile à vivre ! Aussi, Yves Boulvin nous propose, dans son dernier livre, un chemin qui part de la découverte de soi (avec un travail personnel à faire pour progresser) à la trans­formation de notre relation aux autres. Sept thèmes vont jalonner ce parcours : notre identité, reconnaître ses blessures, apprendre à mieux communiquer, res­pecter l’autre et se respecter, comprendre et pardonner, changer et se transformer, vers une vie nouvelle. à la fin de chaque partie, des résolutions concrètes nous sont proposées afin de nous aider à progresser, à avan­cer, à être réalistes vis à vis de nous­mêmes avec séré­nité et humour. Ainsi, nous découvrirons combien nous sommes responsables de la façon dont nous réagissons aux événements, du sens que nous leur donnons, de ce qu’ils changent en nous. Dieu nous y aide et son Amour fidèle nous transforme peu à peu, rendant notre vie féconde et heureuse. Un livre riche de conseils.

■VIVRE EN HOMME SAUVédu père Bernard Bastian,Éditions des Béatitudes, 90 pages, 7,50 .

Éprouvé dans sa chair par la maladie, l’auteur nous livre ici ce qu’il a expérimenté en lui­même. Ainsi passé au creuset d’une expérience douloureuse, il peut nous délivrer une certitude vitale : vivre dans une chair sauvée est la condition normale du chrétien.

Le chrétien est celui qui vit du pardon, depuis qu’il a été plongé dans la mort et la Résurrection du Sauveur, et ce pardon rejaillit en guérison. Depuis l’Incarnation, il y a un salut possible pour la chair. Épaulé sur cette certitude de foi, le baptisé peut faire dès maintenant une expérience de la vie éternelle, et voir la gloire de Dieu, quelles que soient les circons­tances de sa vie.

L’auteur nous aide à répondre aux questions que nous nous posons face à la souffrance physique et morale, qui paraît désarticuler nos vies : comment surmonter l’échec et le péché ? Comment voir la gloire de Dieu se refléter dans notre quotidien ?

■LA VIE DE SAINT FRANÇOIS D’ASSISEde sœur LaureÉditions des Béatitudes, 7 le CD

Ce CD nous présente la vie de François transformé par sa rencontre avec le Christ sous les traits d’un lépreux. Le joyeux jeune homme riche qui, saisi par l’amour de Jésus, va devenir le « petit pauvre » d’As­sise. Peu à peu, ce récit extrêmement vivant, illustré de musique, de bruitages, de dialogues nous plonge dans l’univers de François et nous fait marcher à sa suite, dans une quête du Christ. Cette « petite vie » nous invite à la conversion, aussi ce CD s’adresse à tous de 6 ans à… 99 ans.

Sœur Laure nous propose 27 vies de saints, toutes aussi passionnantes, qui feront le bonheur des enfants comme des parents. Ces vies nous entraînent dans l’univers même de la vie du saint qui nous devient ainsi familier. Ce sont de beaux et grands exemples de vie chrétienne vécue dans une recherche assidue de la connaissance du Christ. N’est­ce pas ce qui fait gran­dir notre amour pour Jésus ? à écouter sur la route des vacances ou seul dans sa chambre…

Liste des vies de saints : Vincent de Paul, Jean­Marie Vianney, Jeanne de Chantal, Bernard, Bernadette, Thérèse d’Avila, Jean Bosco et Dominique Savio, Maximilien Kolbe, Jeanne d’Arc, François de Sales, Louis­Marie Grignon de Montfort, Thomas d’Aquin, Charles de Foucauld, Catherine Labouré, Maria Goretti et Germaine de Pibrac, Benoît Labre et Louis, Philippe Neri, Dominique, Maryam, Martin de Tours et Antoine de Padoue, Faustine, Thérèse de l’En­fant Jésus.

■SAINTE BERNADETTE DE LOURDES,L’humilité et la joiede Christine Baud,Éditions des Béatitudes, 12 .

Ce CD nous raconte la vie de Bernadette à Lourdes : son enfance, les rencontres avec l’Immacu­lée et ses conséquences pour elle, pour sa famille, pour son village, son entrée au couvent de Nevers et la fin de sa vie. Bernadette nous fait entrer dans sa famille très pauvre mais très aimante où la prière quotidienne unit les époux et les enfants. Ainsi son entourage nous devient familier et nous comprenons pourquoi la Vierge Marie s’est adressée à elle, petite bergère de 14 ans. C’est un véritable chemin de foi que Bernadette nous partage, à son contact et dans ses rencontres avec la Vierge Marie, nous désirons à notre tour vivre de la même humilité et de la même joie, celle de Jésus lui­même.

Ce récit est particulièrement soigné par le narra­teur principal : Étienne Dahler (metteur en scène et animateur de radio) et par différents comédiens. La musique, les anecdotes, les bruitages et les dialogues enrichissent cette « petite vie ». On appréciera le livret qui accompagne ce CD où l’on retrouve les dates importantes de la vie de Bernadette, les différentes apparitions avec leur message, des questions d’en­fants et des paroles de Bernadette ainsi qu’un lexique. Un bonus nous raconte la guérison miraculeuse de Caroline.

Ce CD s’adresse en particulier aux enfants à partir de 5 ans, mais il ravira les plus grands jusqu’aux adultes… Les catéchistes pourront l’utiliser pour illus­trer leur enseignement. n

SELECTION

SpiritualitéSophie Baron

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Second enfant d’Isidore Guérin et de Louise-Jeanne Macé, Zélie Guérin est née le 23 décem-bre 1831 dans une maison de Gandelain, rattaché depuis à

la commune de Saint-Denis sur Sarthon dans l’Orne, où son père, ancien soldat de l’Empire, était gendarme.

Une sœur, Marie-Louise la précédait de deux ans. Elle deviendra Sœur Marie-

Dosithée à la Visitation du Mans. Un frère, Isidore, verra le jour près de dix ans plus tard et sera l’enfant gâté de la famille.

Elle qualifie elle-même, dans une lettre à son frère, son enfance, sa jeu-nesse : « tristes comme un linceul, car si ma mère te gâtait, pour moi, tu le sais, elle était trop sévère ; elle pourtant si bonne ne savait pas me prendre, aussi j’ai beaucoup souffert du cœur. »

Cette éducation marquera son ca-ractère, sa manière très (trop ?) scrupu-leuse de vivre et sa spiritualité.

Après des études au couvent de l’Ado ration Perpétuelle, rue de Lancrel à Alençon, elle se sentit appelée à la vie religieuse mais, devant le refus de la Su-périeure, elle s’orienta vers une forma-tion professionnelle et s’initia à la fabri-cation du célèbre point d’Alençon. Vers la fin de 1853, elle s’installe, comme « fabricante de point d’Alençon », au 36 rue St-Blaise et procure du travail à des ouvrières à domicile. Les relations qu’elle entretient avec son personnel, dont elle dit qu’il faut l’aimer comme les membres de sa propre famille, comme ses voisins et connaissances, nous la montrent tou-jours prête à combattre les injustices, à soutenir ceux qui en ont besoin. L’Évan-gile mène tous ses actes.

Au mois d’avril 1858, Zélie Guérin, 27 ans, croise, sur le pont Saint-Léo-nard (sur la Sarthe), un jeune homme dont l’allure l’impres sionne… C’est Louis Martin, 35 ans, horloger. Trois mois plus tard, le 12 juillet 1858 à 22h00 eut lieu leur mariage civil et deux heures plus tard, à minuit, le 13 juillet, dans l’intimi-té, ils échangent leur consentement en l’église Notre-Dame devant l’abbé Hurel, doyen de Saint-Léonard.

L’amour qu’elle porte à son mari se dit dans ses lettres : « Ta femme qui t’aime plus que sa vie », « Je t’embrasse comme je t’aime ». Ce ne sont pas que des mots : leur joie est d’être ensemble et de par-

ESPRIT

Le 12 juillet 1858, à 22h, eut lieu le mariage civil et, deux heures plus tard, à minuit, le 13 juillet, le mariage religieux, en l’église Notre-Dame d’Alençon, de Zélie Guérin et Louis Martin. Cet anniversaire de mariage sera marqué avec une solennité particulière, à Alençon et Lisieux, en présence du cardinal Martins, préfet de la Congrégation romaine pour la cause des saints.

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ANNIVERSAIRE

Zélie croise sur le pont un jeune homme dont l'allure l'impressionne(

par le Père Hénault-Morel, curé d'alençonet laurence de Valbray, de l'association des amis de Ste thérèse

Les saints époux MartinLa maison des Martin

à Alençon

D.R.

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tager tout ce qui fait la vie quotidienne sous le regard de Dieu.

De 1860 à 1873, neuf enfants naî-tront au foyer des Martin dont quatre mourront en bas âge.

Zélie éprouvera joies et souffrances au rythme de ces naissances et de ces décès : Ainsi on peut lire dans sa cor-respondance : « J’aime les enfants à la folie, j’étais née pour en avoir… ». Puis, après la naissance de Thérèse, sa der-nière fille ; « J’ai déjà beaucoup souffert dans ma vie ». L’éducation de ses filles mobilise toute l’énergie de son cœur. La confiance était l’âme de cette éduca-tion. Pour ses enfants, elle souhaite le meilleur… devenir des saints ! Cela ne l’empêche pas d’organiser des fêtes, des jeux… on s’amuse dans cette famille !

Dès 1865, une glande au sein droit, qui dégénèrera en cancer, fait beaucoup souffrir Zélie. « Si le Bon Dieu veut me guérir, je serai très contente, car au fond, je désire vivre ; il m’en coûte de quitter mon mari et mes enfants. Mais d’autre part, je me dis : si je ne guéris pas, c’est qu’il leur sera peut-être plus utile que je m’en aille ».

Le 28 août 1877, à minuit trente, Zélie meurt entourée de son mari et de son frère. Laissons à Thérèse les derniers mots : « De Maman, j’aimais le sou-rire, son regard profond semblait dire : « L’éternité me ravit et m’attire, je vais aller dans le ciel bleu voir Dieu ! »

Quant à Louis Martin, il naît à Bor-deaux en 1823. Fils de militaire, ses pre-mières années sont sous le signe de la mobilité. Puis la famille s’installe à Alen-çon où Louis suit sa scolarité.

Il apprend l’horlogerie à Rennes, Stras bourg et Paris. Années détermi-nantes au cours desquelles naît le dé-sir de se consacrer à Dieu, au monas-tère du Grand St-Bernard. Sa difficulté à maîtriser le latin l’oblige à renoncer à ce projet. Il ouvre alors une horlogerie-bijouterie, en 1850, rue du Pont-Neuf, à Alençon.

Jusqu’à son mariage en 1858, il par-tage son temps entre son travail, des loi-sirs (la pêche en particulier), la méditation et la rencontre des autres. Il participe au Cercle Vital Romet qui réunit une dou-zaine de jeunes adultes chrétiens autour de l’abbé Hurel. Il y découvre une forme d’engagement social dans le cadre de la conférence St-Vincent de Paul.

Sa mère, qui ne se résout pas à le voir célibataire, lui parle de Zélie Guérin, avec laquelle elle apprend l’art de la dentelle. Leur première rencontre, sur le pont de Sarthe, sera déterminante. Ils se marient le 12 juillet 1858. Leur vie conjugale du-rera 19 ans.

Elle sera marquée par un projet de vivre la continence dans le mariage, puis par l’accueil de neuf enfants dont cinq survivront.

La correspondance de Madame Martin révèle la profonde affection qui unit ce couple. Elle décrit aussi sa vie quoti dienne la participation de Louis à l’éducation des enfants… son choix professionnel de re-noncer à son activité pour seconder sa femme dans la direction de la fabrique

de dentelle qu’elle a fondée, la foi pro-fonde qui anime cette famille et la rend attentive à ceux qui les en tourent, les ré-percussions de la vie sociale et religieuse de l’époque (c’est la fin du Second Empire et la naissance de la III° République…) et enfin la longue épreuve du cancer qui emporte Madame Martin à 46 ans, le 28 août 1877.

S’ouvre alors pour Louis le temps du veuvage qu’il décide de vivre à Lisieux auprès des Guérin, sa belle-famille.

Quelques lettres de cette époque nous le révèlent père attentif à chacune de ses filles et prêt à consentir à leur projet de vie religieuse.

Après l’entrée de Thérèse au Carmel, commence pour lui, en 1888, l’épreuve d’une maladie qui le conduit à être interné au Bon Sauveur de Caen. Pendant les pé-riodes de rémissions, on le voit s’occuper des malades qui l’entourent. Paralysé, il est rendu à sa famille au sein de laquelle il meurt le 29 juillet 1894, à 71 ans.

Le procès de béatification de Louis et de Zélie Martin est en cours d’achè-vement. n

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Les saints époux Martin

L'église Notre-Dame à Alençon

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La vie de Jacques Sevinsac au dos sans trêve...

38/40Texte de A. de PalmaertDessins de Palmar

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© Editions Viltis - Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris - tél. 06 62 22 37 75

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MUSIQUE

Quatuor Atrium – Beethoven (quatuor N°10) & Chostakovitch (quatuor N°5) – Zig Zag Territoires – ZZT080702 – Distr. Harmonia Mundi –

Le Concours International de Quatuor

à cordes de Bor­deaux permet à ses lauréats de réaliser un disque. Le quatuor Atrium, fondé en 2000 à Saint­Pétersbourg, a ainsi remporté le premier grand prix du concours de Bordeaux en 2007. Le programme présenté ici s’articule autour de Beethoven et Chostakovitch. Si le parallèle entre les deux compositeurs ne paraît pas a priori évident, on retrouve chez le dernier une forte influence du premier, tant au niveau du nombre de partitions que dans les climats musicaux qui y sont développés : écriture toute en relief et rapidement contrastée, passant sans transition des plus profondes méditations recueillies aux plus intenses violences, parfois avec exaltation.

Chacun s’est imposé comme un maître dans l’art du quatuor. Et chacun a su en faire un espace de liberté, car étant de tout temps considéré comme un genre mineur, il permet d’y livrer des visions personnelles, loin de certains académismes, qu’ils soient viennois ou soviétiques… Le Quatuor Atrium investit pleinement la partition de Chostakovitch.

Les élans slaves y sont présents, une grande force se dégage de cet ensemble, une grande cohérence du phrasé. Beethoven est interprété avec moins de conviction, dans un son parfois presque rachitique. C’est tout à fait regrettable dans cet enregistrement d’excellent niveau. Mais qui ne réussit pourtant que partiellement à faire vivre des émotions de concerts ou même de concours.

Duetti amorosi – Kammerorchester Basel Festival Aix-en-Provence – Les premières années – inédits (Mozart, Gounod, Moussorgski, Poulenc, Messiaen) – Ina Mémoire vive – IMV078 – 6 CD -

à l ’o c c as ion du 60e anni­versaire du

festival d’Aix­en­Provence, l’Ina pro­duit un album mé­moire des débuts comprenant 6 disques. On y retrouve bien sûr Mozart, véritable fil d’Ariane du festival, mais aussi cette alternance de concerts et d’opéras, de sérieux et de plus léger, du « Cosi fan tutte » de Mozart au « Mireille » de Gounod. Mais aussi des moments plus incroyables, comme la création européenne de « Turangalîla­Symphonie » de Messiaen, avec Yvonne Loriod au piano ou Ginette Martenot aux ondes Martenot et celle du concerto pour piano de Poulenc avec le compositeur en soliste…

Et on y ressent l’atmosphère particulière de ce festival en plein air : bruits du public, souffle du vent, bruissements divers, qualité incertaine des prises de son, voire des interprétations musicales, sujettes aux aléas du direct… Cette imperfection est renforcée par la médiocre qualité des enregistrements de l’époque. Cela en fait­il un mauvais disque ? L’appréciation globale dépasse en fait les éléments rationnels de l’auditeur. Il y a vraiment dans cette transmission discographique,

qui n’est autre qu’une retransmission radiophonique, une ambiance propre à faire toucher sensiblement les conditions réelles du concert. Cet ensemble de disques rapproche l’auditeur d’atmosphères bien différentes d’enregistrements parfois lisses, dont l’absence de souffle est aussi absence d’âme. Ces disques, au contraire, n’en manquent jamais !

Festival de Sablé – Antonio Vivaldi – Les 4 saisons et autres concertos - Gli Incogniti – Amandine Beyer – Zig Zag Territoires – ZZT080803 -

Depuis 30 ans, le festival de Sablé sur Sarthe offre aux jeunes talents de s’exprimer sur scène et par le disque.

Pour fêter cet anniversaire, il apporte notamment une énième interprétation des 4 saisons de Vivaldi avec le violon de la jeune Amandine Beyer et de son excellent ensemble. Est­ce opportun de relire aujourd’hui cette partition ? La virtuose défend son programme par le travail sur les sources, par des expérimentations visant à restituer des atmosphères souhaitées par Vivaldi.

Si certaines harmoniques, certaines couleurs, certains effets même, sont assez inhabituels, ils ne transcendent pas la partition qui, en dépit de son aspect programmatique incontournable, reste un vrai chef­d’œuvre visionnaire.

La comparaison avec les 2 autres concertos de Vivaldi choisis est ce­pendant très intéressante, car on entend à quel point ce cycle de 4 concertos est unique. Les interprètes du jour sont assez extraordinaires dans leur jeu, ne cherchant pas à tout prix l’esbroufe, ne sombrant pas non plus dans un lyrisme déplacé. Cette version est suffisamment simple dans son rendu pour être qualifiée d'évidente, ce qui est le plus grand compli ment qu'on puisse faire ! n

SéLEctIon DE DISQUES

par François-Xavier LACROUX

Certains festivals se lancent dans la réalisation discographique, soit pour transmettre une mémoire, soit pour assurer un certain écho aux manifestations. Ces disques sont-ils assurés d’en faire partager l'émotion ?

Musiques de festivals

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On désigne du nom de Berbères des populations réparties en Afrique du Nord - des rivages atlantiques au Nil, de la Méditerranée au sud du Niger – et parlant des dialectes rattachés à

une langue mère : le tamazight, ou berbère. Les berbérophones sont répartis sur une dizaine de pays de l’ensemble Maghreb-Sahara-Sahel :- Au Maroc, les Berbères représentent au moins 40% de la population. Ils sont répartis dans les régions montagneuses en trois zones dialec-tales : celle du dialecte tarifit, au nord (Rif), du dialecte tamazight, au centre (Moyen-Atlas, Haut-Atlas, Sous), du dialecte tachelhit, au sud

et sud-ouest (Haut-Atlas, Anti-Atlas, Sous, formant le domaine chleuh).- 20 à 30% de la population algé-rienne est berbérophone : plus des

deux tiers sont ka byles ; les Au rès (dialecte chaouïa) et le Mzab abritent d’autres groupes significatifs.- Un troisième groupe est constitué par les Touaregs répartis sur le Niger, le Mali, l’Al gérie, la Libye, le Burkina-Fasso, le Nigéria.

D’autres groupes sont dis-séminés en Tunisie, dans le sud

de la Mauritanie (dialecte zena-ga), en Égypte (oasis de Siwa) et en Libye.

Depuis la décolonisation, l’exode rural et l’émigration ont donné naissance à d’impor-tantes communautés ber bères dans les prin-cipales villes d’Afrique du Nord et d’Europe,

notamment Alger, Casablanca, Paris… La langue berbère serait parlée par 25 à 30 millions de personnes…

Autochtone en Afrique du Nord, la culture berbère couvrait autrefois tout le Maghreb et se répartissait en une multitude de tribus. Elles subirent les dominations romaine, vandale (Ve siècle ap. J.-C.), arabe (à partir du VIIe siècle ap. J.-C.), ottomane, française (XIXe et XXe siècles). Non sans résistance.

Une partie des populations autochtones a ainsi conservé sa langue, malgré la lente ara-bisation que le Maghreb a connue depuis le Moyen Âge. Au XIXe siècle, l’Afrique du Nord présentait encore cette étonnante inversion de peuplement : les montagnes et col lines au sol pauvre étaient occupées par des agriculteurs berbérophones avec une densité de population plus grande que les plaines et grandes vallées au sol riche parcourues de petits groupes d’éle-veurs semi-nomades arabes ou arabisés.

Quant au monde des nomades Touareg, organisé sur un mode aristocratique, il est fondé sur une conscience identitaire forte qui a contribué au maintien de la langue.

Ces facteurs de résistance disparaissent peu à peu sous la pression de l’exode rural, de la scolarisation en langue arabe, de la radio, de la télévision, de la disparition des modes de pro-duction traditionnels…

Mais comment reconnaît-on l'art berbère ? Sédentarisé dans des aires montagneuses, il s’est traditionnellement exprimé dans l’orne-mentation des objets usuels et de l’architecture : peintures des murs, décors des poteries, sculp-tures des portes, linteaux et coffres en bois, gravures et incrustations sur le métal des bijoux et des armes, tissages, tentures, tapis, brode-

ries de vêtement, tatouages corporels. Les motifs en sont presque constamment géo-métriques, plutôt à base de droites que de courbes, et semblent composer des décors abstraits. Mais un motif à lignes superpo-sées peut évoquer la tente, la montagne, la porte du village ; le triangle et le cercle faire

référence à la fibule, à la ceinture. Ces motifs renvoient plus certainement encore à la véné-ration des forces de la nature et à la protection

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L'ancienne abbaye de Daoulas, propriété du département du Finistère, est un précieux témoin de l'architecture religieuse en Bretagne depuis le Xe siècle. Elle accueille depuis une vingtaine d'années des expositions sur des thèmes historiques ou ethnographiques et fait actuellement découvrir la civilisation berbère.

« Les Berbères sont forméspar despeuples et des tribus sans nombre… »

Ibh Khaldun,XIVe siècle.

AbbAye de dAOulAs

expOsitiOns

berbères, de rives en rêvesdossier mis en forme par Annie ToussAinT-BensAïd

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Le cèdre de l’AtlasAbbaye de Daoulas

magique des personnes. Les combinaisons de croix, chevrons, triangles, losanges, hexagones, lignes droites, brisées, ondulées, peuvent ainsi représenter la main, le poisson, l’œil, le ser-pent, les astres et autres symboles protecteurs, comme être des héritages de symboles issus des temps protohistoriques ou chrétiens.

L'exposition de l'abbaye de Daoulas com-mence d'ailleurs par un hommage à saint Augustin (Romano-Berbère né à Thagaste - actuelle Souk-Ahras, Algérie - en 354, mort en 430 à Hippone - actuelle Annaba, Algérie) qui est en quelque sorte le maître des lieux puisque l'abbaye a été pendant des siècles régie par les chanoines réguliers de l’ordre de Saint-

Augustin… Sa statue (datant du XVIe siècle) se dresse

dans la cour de l’abbaye, tout près d’un grand cèdre de l’Atlas, chaîne de montagnes qui tra-verse le Maghreb. Dans l’exposition, la figure de saint Augustin est également évoquée par plu-sieurs tableaux, ouvrages et reliquaires anciens.

La pièce d’introduction à l’exposition plonge le visiteur dans la mosaïque géographique, his-torique et humaine des « mondes berbères ». Symbole de la communauté berbère en exil, le passeport de Kateb Yacine, écrivain algérien (1929-1989), accompagne la présentation d’un de ses textes publié en 1962, « L’Arbre des ori-gines », manifeste pour l’unité berbère.

Une œuvre du plasticien marocain Farid Belkeria (« La main » 1980) sur base de cuir tra-vaillé au henné témoigne d’une pratique artis-tique contemporaine nourrie des techniques et

symboles ancestraux.L’histoire de la langue berbère est abor-dée par la présentation de documents

de diverses époques : écrit

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expOsitiOns

berbères, de rives en rêves

Saint AugustinAbbaye de Daoulas

Luth à long mancheMarocBois, peau de chèvre, fer-blanc

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prophy lactique (la rareté et le mystère des écrits pouvaient en faire des objets magiques), contrat commercial, premier dictionnaire français-ka-byle, publications récentes de l’Institut Royal de la culture amazighe dont un conte et une bande dessinée en berbère.

Sur deux écrans suspen-dus défilent des paysages montagneux et désertiques ou des oasis, et des hommes et des femmes qui les habitent. Une bande-son donne voix à cette

mosaïque humaine et fait entendre les multiples dia-lectes issus d’une souche commune disparue.

À cette approche de l ’espace géographique et linguistique berbère répond l’évocation, en quel-ques objets, de la continuité humaine et culturelle sur ce territoire. Des silex taillés

et d’exceptionnels colliers néolithiques en coquille d’œuf d’autruche prouvent l’ancienneté d’une population proto-

méditerranéenne en Afrique du Nord. Des stèles des époques phénicienne et ro maine, gravées en libyque ou en tifi-nagh portent les traces d’une spécifi-cité linguistique. Des bijoux (Ve siècle av. J.-C.) montrent l’ancienneté de l’intro-duction des techniques d’orfèvrerie si présentes dans le patrimoine berbère.

on ne peut précisément parler d’architecture en ce qui concerne le mode de vie no made. L’environnement matériel se résume à des objets peu nombreux, parfois volumineux, tou-jours très utiles. L’exposition présente une tente emballée, accompagnée d’autres éléments : piquet faî-tière de tente, bas de tente orné, natte de repos. Des amulettes, colliers, bracelets, font référence aux pratiques destinées à protéger les noma-

des des aléas et dangers des déplacements. Une monumen-tale croix chrétienne enrichie de perles, plumes, chiffons, témoigne

d’un syncrétisme religieux nourri d’un même souci de protection magi- q u e , protection tout de même très secondée par l’usage de sabres et poignards exposés un peu plus loin.

Des bottes ornées, des coussins de selle, des pièces de harnachement de cheval rappellent l’excellence des cavaliers touaregs.

Sacs à thé et sacs à tabac rappellent l’impor-tance des moments de partage.

Une robe touarègue, un berceau natté et de nombreux bijoux, boîtes à bijoux, à khôl, cou-

teaux de chevelure (pour séparer les cheveux à natter) illustrent l’univers féminin nomade.

Siwa marque la limite orientale du vaste espace berbérophone. Des bijoux,

bidon à eau décoré de pom-pons et paillettes, plats en van-nerie, tentures d’intérieur, tapis, petits pièges à oiseaux, à souris, témoignent de la vie quotidienne dans l’oasis.

Dans les villages ruraux, les familles pouvaient entreposer leurs réserves dans une lo gette

réservée du grenier collectif, généralement fortifié. Deux portes de grenier

rappellent cette organisation sociale commu-nautaire.

Souvent seul mobilier de la maison kabyle, le grand cof-

fre aux dimensions très imposantes, richement

scu lpté de mot i fs décoratifs géométri-ques - hexagrammes, rosaces, chevrons, denticules, damiers,

dents de loup, bâtons brisés - servait à ran-ger les réserves les plus

pré cieuses, bijoux, tissus, vêtements, fusils, armes

blanches… Ce coffre fait lien avec l’espace domestique tout proche.

De nombreux objets témoignent de l’ha-bilité des Berbères à tirer parti des ressources d’un environnement plutôt aride. Si les activités extérieures, culture des céréales, élevage de

moutons, sont du ressort des hommes, car sources potentielles de danger (les hommes partaient aux champs armés d’un fusil), les femmes sont maîtresses

de l’espace domestique. Les travaux quo-tidiens sont accompagnés de pratiques

propitiatoires, et les ustensiles et outils souvent décorés de signes prophylactiques.

Les tis sages, vanneries et poteries sont fabriquées par les femmes, et richement déco-

rées. Le couscous, plat berbère par excel lence, est réservé aux jours de fête, aux hôtes à honorer. La multitude de ses grains et leur gonflement à la vapeur en font un symbole d’abondance et de fécondité.

Trois documentaires du Muséum

expOsitiOns

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Coffret (Tabla)pour le service à thé

Maroc, Anti-Atlas centralBois, pigments

Plateaude vannerieÉgypte,oasis d’Amun-Siwa20e siècle - Fibres végétales

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d’Histoire Naturelle d’Aix-en-Provence, tournés en 2007 dans un village de Tunisie, permettent au visiteur d’apprécier les techniques féminines toujours en usage autour de la fabrication du pain, du travail de la laine et des poteries.

Dans le monde berbère, les trois religions monothéistes côtoient les croyances tradition-nelles liées aux sources, aux arbres, à la pré-sence de génies bénéfiques ou maléfiques.

Des amulettes, textes et talismans té -moignent de pratiques magiques qui peuvent être confortées chez les femmes par le port de bijoux prophylactiques. Le corail, l’ambre, la cal-cédoine, des formes particulières (pour percer le mauvais œil, par exemple), des pendeloques, sont censés repousser les mauvais esprits.

La religion musulmane est très largement dominante dans le monde berbère. Pourtant des communautés juives ont existé au Maghreb dès l’Antiquité, renforcées après le XVe siècle par l’arrivée des Séfarades. Perruque, bonnet, bagues et acte de mariage proviennent des rites de mariage observés par l’orthodoxie séfarade. De nombreuses lampes soulignent la place cen-trale accordée à la lumière dans cette liturgie.

Autre thème de l'exposition : la musique. Elle a toujours accompagné les danses et festivités qui rythmaient les grands et petits événements de la vie quotidienne. Le tambour est le plus commun des instruments de musique tradition-nels berbères. Très commune également, la flûte était utilisée par les bergers qui se retrouvaient seuls, dans la montagne ou le désert. Avec le développement de la chanson dans les années 30 ont été introduits plusieurs instruments de musique moderne tels que le violon, le piano, la contrebasse, la batterie, etc.

Un documentaire est dédié à Taos Amrouche, première femme algérienne romancière (fran-cophone), chanteuse berbérophone d’origine ka byle (1913-1976), fille de Fadhma Aït Mansour Amrouche qui lui a légué de nombreuses chan-sons, contes et éléments du patrimoine oral.

Dans un autre petit film, Jean-Marie Lejude, metteur en scène en 2005 du livre « Entendez-vous dans les montagnes » de Maissa Bey, pré-sente cette écrivain algérienne, son histoire familiale et son engagement auprès des femmes en Algérie.

Le monde masculin, notam-ment celui des bergers et culti-vateurs, est évoqué par des vêtements de laine (cape, pantalon, guêtres…), des amulettes, des instruments agricoles (araire, faucilles…).

Le pouvoir dans les villages était concentré entre les mains d’une assemblée communau-taire où siégeaient les hommes. Dans cette société bien structu-rée, c’est la famille qui déci-dait qui partirait en immigration g a g n e r l ’ a r g e n t qui servi-rait à tous. En France, l’exilé se retrouvait auprès de gens de son propre village qui organisaient son accueil. L’immigration des années 20 a évolué après la seconde guerre mondiale puis la guerre d’Algérie vers une plus grande tendance au regroupement familial.

Slimane Azem, chanteur kabyle (1918-1983), est considéré comme le premier poète de l’exil, chantant dans sa langue maternelle dans les cafés de l’immigration. Kateb Yacine (1929-1989) écrit en 1971 la pièce de théâtre « Mohammed prends ta valise », comédie acide sur l’histoire d’un jeune homme dont la vie est partagée entre la France où il travaille et l’Al-gérie où vit sa femme. Disques et affiches évo-quent ces deux auteurs.

on pourra se reposer de ce voyage éblouis-sant dans la diversité des mondes berbères par une halte dans des jardins temporaires qui sym-bolisent le désert, l'oued, la cuisine, en Afrique du Nord. ■

« Berbères, de rives en rêves », jusqu'au 4 janvier 2009 à l'abbaye de Daoulas, 21 rue de l'église, 29460 Daoulas, tél. 02.98.25.84.39, site : www.abbaye-daoulas.com

FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 27

expOsitiOns

Boucles d’oreillesMaroc, Anti-AtlasIda ou nadifArgent niellé et émaillé,carrés de verre rouge

CollierAlgérie, AoulefNéolithiqueCoquille d’œuf d’autruche

CollierMaroc, sud-ouest

Argent, émail,ambre, cuir

Bottine - Sahara - XXe siècleCuir, soie

Flûte à bec doubleChaouia ou Ouled Abdi

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La musique a toujours accompagné les danses et festivités qui rythmaientles grandset petitsévénements de la viequotidienne

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La céramique à décor de lustres métalliques est une technique apparue après l’inven-tion du verre. Il naît en Orient et revêt une grande variété de formes. À la fin du VIIIe siècle, à ses débuts, il se propage

dans l’Espagne, au départ musulmane, puis chré-tienne et y trouve son apogée au XVe siècle. Plus d’une centaine de pièces – plats, vases, carreaux de revêtement, mobilier ou mural…- occupent les salles du musée de Cluny.

Voici donc une technique céramique où l’on applique, sur une terre préalablement cuite et glaçurée, un décor au pinceau où sont mélangés des oxydes métalliques, de cuivre et d’argent principalement. À la cuisson, les reflets métal-liques brillent de tous leurs feux avec une cha-toyante palette de couleurs.

Aux origines, les lustres céramiques se sont développés à Samarcande au IXe et Xe siècle. La

technique se répand dans tout l’Orient avec de nouveaux sites de production de ces lustres polychromes. Les verriers de l’Égypte copte furent les premiers à utiliser les oxydes pour colorer le verre dans la masse. L’islam héritera de ce savoir-faire qui se développera jusqu’en Syrie.

La production abbasside se joue d’une technique polychrome maîtri-sée qui orne des pièces de forme et des carreaux de revêtement mobilier ou architectural. On compte comme centres de production Bagdad, Suze

etc. d’où proviennent les fameux décors de la mosquée de Kairouan, en Tunisie. Les premières céramiques à glaçures proviennent sans doute de l’Irak, vers la fin du VIIIe siècle. La maîtrise tech-nique est impressionnante !

On admire ici un très grand plat rond, avec un décor assez massif de lustres monochromes.

L’Égypte fatimide produit aussi, localement, une céramique lustrée, multipliant les styles et décors souvent narratifs.

Le répertoire des glaçures colorées s’accroît et le décor de lustre est repris avec des gravures à la pointe et une organisation moulurée. L’emploi du décor végétal se fait avec des lustres aux tonali-tés brunes et sombres qui se marient au cobalt et

28 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

Au Musée de Cluny, une superbe présentation de « Reflets d’or » d'Orient en Occident, en céramique lustrée, IXe au XVe, siècle est proposée jusqu'au 1er septembre.

musée de cLuny

expositions

Une technique céramique où l'on applique un décorau pinceau

d’or et d’argentdes reflets glacéspar Ariane Grenon

Coupe à l’arbre peuplé d’oiseauxDécouverte en Sicile, XIIe siècle.Pâte argileuse, décor de lustre

métallique sur glaçure opacifiée.

Plat creux : armes des Ricci de FlorenceManisès, 3e quart du XVe siècle.

Bleu de cobalt et lustre métalliquemonochrome sur glaçure blanche.

Carreau de revêtementépigraphié - Iran, fin du XIIIe – premier quart du XIVe siècle. Pâte siliceuse, décor moulé, peint sous glaçure et de lustremétallique sur glaçure.

Plat à ombilic : armes des MédicisManisès, 1er quart du XVIe siècle.

Bleu de cobalt et lustre métalliquemonochrome sur glaçure blanche.

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au turquoise éclatants , caractéristiques des pro-ductions abbassides et fatimides. Pas de fleurs, ou peu, un feuillage abondant, des graines… et nous voyons apparaître un lotus… comme au Japon.

Les carreaux de la grande mosquée de Kairouan forment deux séries, l’une polychrome et l’autre, monochrome. Plusieurs ateliers de lustres sont connus depuis le XIe siècle au maghreb : Almérie et murcie sont des centres majeurs, jusqu’à l’occupation chaldéenne.

La céramique lustrée islamique brillera de ses derniers feux à grenade, au XIIe siècle. On pense aux vases de « l’Alhambra », dont « le vase aux gazelles », admiré et copié au XIXe siècle.

On voit aussi des pièces de forme iraniennes avec des carreaux de revêtement, le tout illus-trant des poèmes persans.

… Voici une bouteille à double renflement, le grand fragment d’un plat décoré d’oiseaux ; un vase en forme de joueur de tambourin lui, est bichrome sur la glaçure blanche. On voit aussi des croix et des étoiles, les décors végétaux mais aussi des décors épigraphiés, ornés d’un cavalier, d’un guerrier, d’un dragon ou de l’empreinte d’un cheval…

Les pièces venues d’Algérie - XIe et XIIe siècle - sont souvent fragmentaires… Le lustre apparaît en Espagne au XIVe et XVe siècle. Les débouchés s’ouvriront jusqu’en Italie.

Assiettes, carreaux et plats sont désor-mais troués sur leur périphérie, afin que l’on puisse les disposer au mur, en tant qu’objets d’apparat. À partir du XVIIe siècle, les pièces se feront plus clinquantes… En fait, tous les décors - de Téhéran jusqu’à l’Espagne - se sont influencés réciproquement. On voit même, à la fin du XIVe siècle, début XVe, une albarelle au décor géométrique ! ■

FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 29

« Reflets d’or », jusqu’au 1er septembre, tous les jours, sauf le mardi (9h15-17h45), au Musée de Cluny, musée national du Moyen Âge, 6 place Paul Painlevé 75005 Paris. Rens. tél. 01.53.73.78.00 et au 01.53.73.78.16 / [email protected]

Tous les décors,de Téhéran jusqu'à l'Espagne, se sont influencés réciproquement

d’or et d’argentdes reflets glacés

Plat au porte-étendardIraq, Xe siècle.

Pâte argileuse, décor de lustremétallique monochrome sur glaçure.

Bassin creux à bélièresManisès, fin du XIVe – début du XVe siècle

Bleu de cobalt et lustre métalliquemonochrome sur glaçure blanche

Plat à décor d’orangesManisès, milieu du XVe siècle.

Bleu de cobalt et lustre métalliquemonochrome sur glaçure blanche.

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Vase à ailes : armes des Salvi de Sienne,des Nori ou des Gentili de Florence ?

Manisès, entre 1465 et 1469Bleu de cobalt et lustre métalliquemonochrome sur glaçure blanche.

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Albarelle à décor géométriqueManisès, fin du XIVe – début du XVe siècle

Bleu de cobalt et lustre métalliquemonochrome sur glaçure blanche.

Page 30: FRANCE FRANCE Catholique Catholique · BRÈVES 2 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 FRANCE RéFoRmES: Lors d’un déplacement à Limoges le 26 juin, le président de la République

Proposer la Foi à nos frères Musulmans…Mais comment ?

J’étais l’autre jour encore en grande discussion avec deux amis chrétiens pratiquants et convaincus : et leurs

questions à tous deux portaient sur la position à adopter vis-à-vis de l’Islam, cette croyance qui continue à nous fasci-ner autant qu’à nous heurter.

Pour Jean-Marc, l’important dans notre dialogue avec l’Islam est le témoignage de vie ; échanges et compréhension cultu-relle réciproque et charité vécue étant le gage d’une relation pacifique avec des croyants, qui comme nous sont issus de la souche abrahamique. Pour Jean-Marc, il faut évangéliser les musulmans, oui, mais seulement par l’exemple. En cela, il s’op-posait à mon autre amie, Christine, qui ne pouvait se satisfaire d’une relation privée de tout témoignage de la foi chrétienne, objectant avec raison à Jean-Marc que la Foi vient de la prédication entendue (Rom 10,17). Mais elle le constatait : ses différents essais d’apologétique avec des Musulmans ont toujours abouti à une impasse et une fermeture quasi immé-diate de la part de ses interlocuteurs… Tous deux, l’un dans son désir de ne pas heurter, et l’autre dans son incapacité à convaincre, en arrivaient à tomber d’ac-cord sur l'idée suivante : on ne discute pas avec un musulman sur le terrain de la théologie, car les discussions doctrinales ont pour seule conséquence de raviver des blessures anciennes ; ne provoquons pas de nouvelles croisades !

Je ne me suis jamais satisfait de telles conclusions. L’impression qu’elles donnent, c’est qu’en fin de compte, elles sont dominées avant tout par la peur de déplaire soit à nos amis musulmans, soit à nos frères catholiques, qui, en fin de compte, eux-mêmes, n’ont jamais pris la résolution de trouver des moyens pour

résoudre le dilemme. Où trouver la sortie sans tomber ni dans le fossé de l’invective arrogante ni dans la résignation de la passivité, fût-elle « exemplaire » ?

Pour beaucoup de nos contempo-rains chrétiens, y compris ceux qui sont fortement impliqués dans l’apostolat, l’Islam apparaît ainsi comme une sorte de forteresse inexpugnable, sans aucune faille. D’ailleurs, cette impuissance intel-lectuelle est souvent accompagnée d’une sorte de fatalisme : si le musulman était « convertissable », il y a longtemps que ça aurait été fait, et cette « hérésie », comme d'autres, aurait été réduite. Or il n’en est rien, on le voit bien aujourd’hui. De là à penser que l’Islam, est en réalité non une métastase non réductible et résistante, mais un organe nécessaire à un certain « équilibre interreligieux » et conforme au plan divin, il n’y a qu’un pas… Souvent franchi.

Pour d’autres chrétiens, cette fasci-nation maladive envers l’islam prend un autre visage : hypnotisés par l’actualité

terroriste, les guerres « religieuses » du Proche/ Moyen Orient et de l’Afrique et, et probablement aussi par un passé pas si lointain où la France fut aux prises avec les moujahidines lors des guerres coloniales, l’islam est le mal absolu : préfigurateur de l’antéchrist, il porterait en lui-même les prémisses d’une fin du monde apocalyp-tique. Non réductible par la prédication, il serait donc du devoir du christianisme de lui répondre avec son propre langage : celui des armes.

Bien pauvres perspectives, si peu convaincantes face à la puissance de la Révélation chrétienne…. Il nous faut rendre grâce au Saint-Père d’avoir, à Ratisbonne, repositionné le débat et l’avoir placé au bon niveau : celui de la mise en cohérence de la Foi et de la Raison, en particulier pour nos frères les musulmans. Depuis au moins le XIXe siècle, les chrétiens, sous le feu de la critique rationaliste, ont accepté de faire un travail de fond sur leurs sour-ces, en particulier sur leurs textes sacrés, pour être capables d’en avoir une lecture intelligente et pas moins croyante. Il s’agissait d’y faire transparaître le Logos, le Verbe de Dieu, qui porte en lui une intelligence supérieure, une « logique » qui dépasse notre rationalité, tout en l’in-cluant. Les chrétiens n’ont pas eu peur de la mise en lumière des médiations histo-riques présentes dans la Parole de Dieu. Sans doute il a fallu bagarrer ferme contre une lecture rationaliste et réductrice qui n’avait de scientifique que la prétention, mais le combat s’est livré sur le terrain de la raison. L’islam est aujourd’hui confronté aux mêmes interrogations. Saura-t-il y répondre ?

À l’heure actuelle, plusieurs penseurs et philosophes en appellent à la relecture, par les élites musulmanes, de leur propre doctrine. C’est une incitation à la réouver-ture de l’Ijtihad et à l’exégèse critique du Coran. Mais cette ouverture de l’islam en tant que doctrine à la critique peut aller plus loin : elle doit être un mouvement intellectuel et sociologique qui porte les musulmans à sonder leur propre héritage. Et là nous pouvons les aider. Car si les musulmans sont des victimes, ils ne le sont pas des croisades ou de la coloni-sation : mais de notre incapacité en tant que chrétiens à un dialogue de vérité, les aidant à renouer le fil de leur histoire. La réconciliation du croyant musulman avec son propre héritage, qui est en réalité judéo-chrétien, passe nécessairement par la mise en perspective de la doctrine isla-mique avec la Révélation chrétienne.

Je n’ai pas peur de l’écrire : la présence sur notre sol de France d’une minorité musulmane importante est une chance : jamais aucune période historique depuis

DÉBATS

30 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

Nourrir le débat

Depuis quelques numéros, les pages Débats de France Catholique sont un peu plus remplies. Il s'agit de répondre aux besoins de s'exprimer d'amis de longue date du journal. Mais aussi aux attentes de lecteurs de nos pages imprimées ou de

celles que nous publions sur notre site internet. France Catholique assume ainsi un de ses héritages qui est d'être un lieu de liberté d'expression pour les chrétiens. Les prochaines semaines seront notamment ouvertes au débat économique. C'est là un sujet contingent qui n'est pas affaire de foi, même s'il est de bon aloi, voire de bonne guerre, que la Doctrine sociale de l'Église y soit invoquée. Nous espérons que nos abonnés se laisseront prendre au jeu du débat sans trop se laisser heurter par certaines convictions ou formulations éventuellement contradictoires... Si vous estimez que la mesure est pleine, pas de désabonnements (!) mais des lettres de réponse argumentées, que nous publierons avec fierté. La rédaction

Page 31: FRANCE FRANCE Catholique Catholique · BRÈVES 2 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 FRANCE RéFoRmES: Lors d’un déplacement à Limoges le 26 juin, le président de la République

le début de l’islam n’a comporté autant d’opportunités pour des chrétiens de témoigner pacifiquement (et pas forcé-ment passivement) auprès des musulmans - ici potentiellement dégagés d'une pres-sion communautaire - de la Révélation du Christ. Nous ne sommes pas « détenteurs » de la Vérité, nous avons cependant le commandement explicite de la répandre, par une prédication exigeante, y compris intellectuellement. Avec un musulman, il faut être capable de parler de théolo-gie, de la création d’un monde juste par Dieu, de l’évidence du péché originel, de la nécessité du salut, du rôle de Jésus-Christ dans l’Histoire, du Jugement dernier, et du renouvellement de notre univers déchu. Et pourquoi pas, mais en dernier ressort, de la Trinité. C’est possible. Nous l’avons expérimenté sur le terrain. Et ça fonc-tionne… Très bien, même !

Il importait pour la revue Résurrection de dépasser la simple polarisation « témoi-gnage de vie » contre « diatribe stérile », et de proposer à tout baptisé des instru-ments pour élaborer concrètement une pensée chrétienne sur l’islam, question trop difficile et trop importante pour être gâchée par la mauvaise conscience occi-dentale. Il nous fallait sortir des discours tous faits, et pour cela nous avons cherché un fil directeur : la mise en question de l’histoire officielle musulmane.

Les articles de ce numéro double spécial ont ainsi tous cherché à repar-tir des données historiques en acceptant de ne pas tenir compte de la légende et des mythes fondateurs de ce qui est plus qu’une croyance : une civilisation, un système idéologique. La difficulté avec une idéologie, c’est qu’elle détient en son propre sein toutes les réponses aux objec-tions, auxquelles elle répond d’avance. Elle est un système de pensée fait en réaction vis-à-vis d’un environnement culturel et religieux supposé l’agresser.

Ce numéro sur l’islam, qui fait suite à celui paru il y a 20 ans dans la même revue, a pour ambition de fonder une école de pensée et les bases d’une forma-tion ouverte à tous ceux qui seront inté-ressés concrètement à la mise en œuvre, pour nos amis musulmans, d’un véritable « Dialogue de Salut ».

François Xavier PONS

Ndlr : F-X Pons, marié et père de trois enfants, participe au groupe d'apostolat "Saint Jean de Damas" au sein du mouvement Résurrection. Il a participé à un récent numéro très remar quable de la revue Résurrection, dirigée par notre ami le Père Michel Gitton, sur le thème « L'Islam au risque de l'histoire », éditions Parole et Silence, 208 pages, 13 €. Voir bon de commande page 40 de ce n° de France Catholique.

Le risque de l‘État entrepreneur

Par surprise, le gouvernement a an noncé que l’État français pren-drait une participation de 9 % dans

le chantier de l’Atlantique, aujourd’hui dénommé Aker Yards.

Le vieux réflexe colbertiste a joué encore une fois sous le drapeau d’un soi-disant « patriotisme économique » au nom duquel l’argent des contribuables devrait servir à protéger la production et l’emploi français. C’est déjà en invoquant ce faux principe que le Président de la République a déclaré vouloir utiliser la Caisse des Dépôts et Consignation, - CDC -, pour « en faire un instrument de la politique de défense et de promotion des intérêts économiques primordiaux de la Nation ».

Pourtant ce saupoudrage d’argent public ressemble plus à un gaspillage. La C.D.C. a investi une trentaine de milliards en actions de sociétés françaises ce qui représente à peine 3% de la valeur totale des quarante plus fortes capitalisations de la Bourse de Paris. À quoi servent ces participations à 2 % dans Alcatel-Lucent, à 8,6 % dans Accor, à 3 % dans PSA Peugeot Citroën, à 2,5 % dans EADS, à 4,4 % dans Schneider Electric, 3,6 % dans Danone, 8,9 % dans Dexia, 2,8 % dans Michelin, Suez (groupe), 3,6 % dans Areva, 3 % dans Saint-Gobain, 6,5 % dans Valéo, 2 % dans Société Générale, 19,4 % dans Eiffage ? En aucun cas à peser sur la direction de ces sociétés, ou si peu, et encore moins sur l’économie française. Au total, ce sont 30 milliards investis sans raison majeure.

Le rôle de l’État n’est pas d’être entre-preneur. Quand il veut se faire patron d’entreprise, il y excelle rarement. Les déficits accumulés de Renault ou d’Air France quand ils étaient entièrement à sa main en témoignent. Il n’a pas plus vocation à être financier des entrepri-ses et l’acquisition en avril 2006 par la C.D.C. pour 600 millions d’euros d’une partie des titres EADS cédée par le Groupe Lagardère juste avant la chute du cours en est une belle et triste illustration. Au demeurant, ses essais d’intervention dans le dossier ARCELOR l’an dernier n’ont pas été couronnés de succès. Sa parti-cipation de 28 % au capital du groupe Transmontagne, placé en liquidation judi-ciaire en 2007, a servi, à nos frais, de garantie trompeuse aux nombreux clients de ce groupe immobilier.

Certes, l’État français se préoccupe légitimement que notre pays conserve une industrie dynamique et plus parti-culièrement qu’elle continue de disposer des entreprises les plus indispensables à

la fabrication de ses armes de défense. C’est d’ailleurs le motif qu’évoque Nicolas Sarkozy : « Aker Yards est une entreprise dont les compétences et les équipements sont critiques pour la marine nationale ». Mais les 9% de l’État n’empêcheront pas grand-chose. D’ailleurs, le Coréen STX, propriétaire de plus de 40% de la société norvégienne Aker Yards, va lancer une offre globale d’acquisition (OPA) sur le capital de celle-ci. Mais le groupe STX est lui-même sous le contrôle d’un homme d’affaires norvégien, John Frederiksen, qui pour des raisons fiscales a opté pour la nationalité chypriote !

Aucun État ne peut méconnaître que l’économie est désormais internationale et que le choix des acteurs de l’entre-prise est guidé, au niveau mondial, par la recherche du meilleur rapport coût/productivité. Le choix est d’ailleurs en général dans l’intérêt du consommateur qui peut ainsi profiter de biens à plus bas prix et répondre mieux à ses besoins.

Mais dès lors, le moyen de disposer d’entreprises fortes n’est plus, - s’il l’a jamais été -, pour l’État, d’intervenir dans leur capital, mais plutôt de leur offrir un environnement favorable. L’État français garderait sans doute plus d’entreprises, des entreprises plus fortes et génératrices de plus d’emplois, s’il n’était pas le cham-pion européen en matière de taux de coti-sation sociale à la charge des employeurs comme le dénonce Alain Mathieu dans son récent ouvrage sur « le modèle anti-social français ». (1)

Et l’État n’aurait sans doute pas à dépenser l’argent des contribuables pour soutenir sans véritable contrôle ni fonde-ment des entreprises si un système de retraite par capitalisation était progres-sivement généralisé. Les cotisations de retraites alimenteraient alors des fonds susceptibles de contribuer efficacement au renforcement des fonds propres des entreprises françaises en même temps que cet effort d’investissement des Français les protégerait contre une érosion inéluctable et dramatique de leur retraite dans le système de répartition actuel. À cet égard, les participations de l’État dans diver-ses entreprises, qu’Alain Mathieu évalue à 283 milliards d’euros, pourraient être utilement affectées à un premier fonds de capitalisation pour amorcer le passage, au demeurant difficile, du système actuel de répartition, où des actifs de moins en moins nombreux payent pour des retraités de plus en plus nombreux, à un système de capitalisation dans lequel chacun cotiserait pour lui-même et ce qui au surplus encouragerait la responsabilité personnelle.

Il est toujours préférable que chacun

FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 31

DÉBATS

Page 32: FRANCE FRANCE Catholique Catholique · BRÈVES 2 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 FRANCE RéFoRmES: Lors d’un déplacement à Limoges le 26 juin, le président de la République

32 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

DÉBATSreste dans son ordre. Ce sont aux parti-culiers d’être entrepreneurs, « parce que, comme le notait déjà fort justement saint Thomas d’Aquin, les affaires humaines sont conduites d’une façon plus ordonnée si chaque homme est chargé de prendre soin lui-même d’une chose en particulier, alors qu’il y aurait confusion si chacun devait veiller sur n’importe quelle chose de façon indéterminée ».

Jean-Philippe DELSOL

(1) Alain Mathieu, polytechnicien, est prési-dent de l'association « Contribuables asso-ciés » qui reven dique 142.000 membres. Il vient de publier Le modèle anti-social fran-çais, ceux qui paient, ceux qui touchent, éd. du Cri, 176 pages, 9,50 €.

Lycées - Université :nécessaire interface

Réforme des lycées : il était temps. Autonomie des universités : il faudra combien de temps ? Et en attendant ?

Voici quelques pistes pour agir dès main-tenant.

Le constat est unanime : donné à tous (ou presque tous) le baccalauréat ne veut plus dire grand chose. La mention n’y change rien : « N’en tenez aucun compte, elle n’a pas de signification », recom-mandait naguère un recteur d’Académie, d’ailleurs toujours en place aujourd’hui. On se préoccupait alors de chercher un remède pour éviter l’échec du bachelier à l’université. À l’issue de la première année, en effet, l’échec était aussi massif que le succès l’était douze mois plus tôt.

Comment expliquer le désastre ? De venu étudiant, le bachelier semblait perdu dans le monde universitaire, comme un enfant sans boussole et sans équipe-ment dans une forêt qui n’en finit pas.

Fondateur et dirigeant d’un Institut de communication (IRCOM), je fus moi-même intrigué par le problème. Comment faciliter la communication entre le lycée et l’université ? Faute de pouvoir rien changer au profil du bachelier, peut-être pouvait-on du moins essayer de donner à celui-ci quelques moyens pour s’en tirer sans trop de dommage et ne pas perdre son temps ? Ainsi naquit l’idée des « Sessions Préparatoires à l’Ensei-gnement Supérieur » (SPES : le sigle était un programme !). Tentative modeste, étalée sur une semaine, pour découvrir le monde universitaire, s’exercer à pren-dre des notes et à les gérer, rappeler les secrets de la dissertation, de la synthèse ou du commentaire de texte, se préparer à l’indépendance. L’IRCOM n’est pas resté

seul et des Facultés ont aussi approché le problème, si bien que les différents points de vue ont pu être confrontés au cours d’un colloque à Jussieu.

Mais après trois ans, faute de pouvoir mener tout de front, l’IRCOM a pris un autre parti, la fondation de l’Institut Albert-le-Grand. Un projet plus ambitieux intégrant les préoccupations précédentes. Il a été construit avec l’aide précieuse du regretté Recteur Yves Durand. Le but ? Prendre les bacheliers, tels qu’ils étaient, pour les conduire à une licence de lettres en trois ans, incluant une année dans une université d’un autre pays d’Europe. On comptait beaucoup alors sur les pers-pectives d’ouverture que promettait la Communauté. C’est peu de dire que ce fut alors une déception pour les promoteurs. Comme souvent, la France s’est crispée sur le principe désuet et insolite du diplôme prétendument national.

Néanmoins, certains obstacles fran-chis par l’obstination des responsables, l’expérience se poursuit et s’est même élargie depuis aux sciences politiques. Mais elle n’est pas facilitée…

Revenons plutôt aux bacheliers. Leur état ne s’est pas amélioré et, en atten-dant que la réforme des lycées heureuse-ment initiée par Xavier Darcos ait porté ses fruits, le problème demeure : il faut assurer l’interface entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. Et c’est à ce dernier qu’en incombe la responsabilité. Le pourra-t-il ? C’est à lui de répondre. Tout juste peut-on, modes-tement, faire part des constats et des remèdes élaborés dans le cadre d’initiati-ves privées, qui sans forfanterie peuvent afficher quelques réussites. Après 50 ans d’activité dans le cadre de l’enseignement supérieur, je pense pouvoir suggérer quel-ques pistes d’action.

Sans doute faut-il d’abord tester la motivation des candidat(e)s qui se présentent : veulent-ils travailler ? C’est leur détermination qui les distingue. Car, quel que soit leur niveau scolaire, attesté par les notes des trois dernières années, les carences sont les mêmes. L’inventaire serait long et peut-être injuste. Que remarque-t-on toutefois toujours et partout ?

D’abord un déficit dans l’expression, qui part de la difficulté à écrire lisible-ment à la main, passe par l’orthographe (méprisée et aggravée par les SMS !), par la pauvreté du vocabulaire, par l’igno-rance des principes de la grammaire élémentaire et le manque de pratique de la composition.

Ensuite un déficit de culture et donc un déficit d’enracinement. « Du passé faisons table rase », mises à part bien sûr,

les repentances à la mode, arrachées à leur contexte.

Enfin déficit de rigueur, « zapping-manie » conjuguée au nomadisme des parents et des enseignants eux-mêmes, style de vie difficilement compatible avec les exigences d’un authentique apprentis-sage de l’effort intellectuel, et peut-être même de l’effort tout court.

Les facultés sont-elles en mesure de se réformer pour proposer les remises en ordre nécessaires ? On peut en douter. Ce qui devrait faire la part belle à de nouveaux établissements privés. Encore faudrait-il que l’administration ne les paralyse pas dans le piège de conven-tions avec ses propres établissements. Ne devrait-elle pas les favoriser au contraire, voire les copier ?

Sur quels principes ces nouvelles facultés s’appuient-elles ?

Le premier sans doute, qu’il n’y a pas de discipline de travail sans discipline de vie. Ou si l’on préfère que l’une est liée à l’autre. L’étudiant doit comprendre que la réussite dépend de l’effort personnel. Or, puisqu’il n’en a pas pris l’habitude, s’impose une période transitoire pendant laquelle ces efforts sont programmés et contrôlés.

Deuxième principe : l ’ informa-tion chasse la formation. On ne résout rien en multipliant les heures de cours. L’alimentation est inutile sans digestion. De même, toute connaissance nouvelle doit entraîner une re-naissance, comme on prend appui sur un tremplin pour mieux sauter.

Troisième principe : fit fabricando faber, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. On n’apprend jamais si bien qu’en faisant soi-même.

Quatrième principe : mettre de l’or-dre dans ses connaissances en situant chacune d’elle par la chronologie, l’éty-mologie ou l’histoire des idées.

Enfin multiplier les occasions d’ex-primer sa pensée, par écrit, par oral, en français et dans une ou deux langues étrangères.

Tout cela constitue évidemment un gros investissement de la part de l’enca-drement, un investissement qui devrait être reconnu, non pour une charge nou velle mais pour une économie qui évite les dépenses de redoublement et le traumatisme de l’échec. Au contraire, la jeunesse y retrouvera confiance en l’ave-nir et goût d’entreprendre.

Hyacinthe-Marie HOUARDPrêtre fondateur de l’IRCOM et de

l’Institut Albert-le-Grand,ancien Secrétaire général de l’Univer-

sité Catholique de l’Ouest.

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CINéMA

Marc Lévy est actuellement l'un des écrivains français les plus populaires. Chacun de ses

ro mans est un succès, notamment au près du public féminin. Ses histoires ro manesques qui finissent bien, ses per s onnages attachants, sa prose lim-pide sont autant d'éléments qui pré-disposent ses romans à des adaptations cinématographiques. « Mes amis mes amours » est mis en scè ne par la sœur du romancier, Lor raine Lévy.

Mathias se sent seul à Paris, loin de sa fille, Émilie, qui vit à Londres a vec son ancienne épouse, Valentine, tout comme son meilleur ami, An toine. Qui plus est, plus rien ne le retient à la capitale, car il vient de perdre son emploi. Antoine lui propose alors de s'installer à Londres et de reprendre la place d'un libraire à la retraite.

Mathias franchit le pas et s'installe dans une grande mai son avec sa fille, mais aussi avec Antoine et son fils. La cohabitation ne va pas toujours être simple. Cette comédie romantique ne che rche pas à être réaliste, mais joue au contraire pleinement la carte de la féerie, avec son cadre pittoresque et séduisant, ses co mé diens pleins de charme, ses éc lai rages, sa musique et ses mou vements de caméra au service des émotions des perso nnages. Le

thème de la co ha bitation, qui vient malmener une so lide amitié, apporte un peu de piquant aux classiques intrigues sen timentales. Tout cela manque certes de finesse, mais se suit sans dé plaisir. Les parcours sentimentaux des personnages sont un peu mouve mentés avant que le dénouement laisse entrevoir une certaine stabilité. Une brève scène érotique. ■

Mes amis, mes amours. Comédie romantique française (2007) de Lorraine Lévy, avec Vincent Lindon (Mathias), Pascal Elbé (Antoine), Virginie Ledoyen (Audrey), Florence Foresti (Sophie), Bernadette Lafont (Yvonne), Mathias Mlekuz (Mac Enzie) (1h30). (Adultes). Sortie le 2 juillet 2008.

Made in ItalyLuca Morandini est un écrivain français d'origine italienne, en panne d'inspiration. Un jour, il apprend la mort de son père, un grand flambeur et un éternel séducteur, qui a eu de nombreuses épouses. Luca se rend à Turin pour ses obsèques, accompagné de sa sœur, Isabella. Il se retrouve au cœur d'une étonnante cacophonie familiale où les anciennes épouses se liguent contre la dernière femme du défunt. À l'instar de son héros, Stéphane Guisti est lui aussi un Français d'origine italienne et il s'est beaucoup nourri de cette double culture pour écrire cette comédie piquante et savoureuse. Malgré quelques maladresses (on n'évite pas toujours la caricature), celle-ci séduit par son rythme enjoué, son portrait cocasse de l'Italie, sa réjouissante interprétation et sa tonalité burlesque. Le film dépeint parfois avec gravité, mais souvent avec légèreté, les ressentiments nés au sein de cette famille éclatée, malgré tout unie par une certaine tendresse.

M.-L. R.Comédie française (2008) de Stéphane Giusti, avec Gilbert Melki (Luca/Antonio), Amira Casar (Isabella), Françoise Fabian (Rosa), Caterina Murino (Monica) (1h26). (Grands adolescents). Sortie le 2 juillet 2008.

Au bout de la nuitUn policier de Los Angeles est accusé du meurtre d’un ancien coéquipier. Ce polar urbain, adaptation d'un roman de James Ellroy, se distingue par son souci de réalisme et sa brillante exploitation des décors. Si l'interprétation est remarquable et le récit habilement mené, l'ensemble est très éprouvant. Le film offre de pistes de réflexion intéressantes sur la police, mais certaines scènes sont d'une grande violence.

M.-L. R.Thriller américain (2008) de David Ayer, avec Keanu Reeves (le détective Tom Ludlow), Forest Whitaker (le capitaine Jack Wander), Hugh Laurie (James Biggs) (1h49). (Adultes) Sortie le 25 juin 2008.

Par suite d’un arrêt de travail…Un jour de grève de transports, Marc Roux, un cadre supérieur, décide de se rendre à Rome en voiture et propose à un inconnu devant aussi se rendre en Italie, de faire route avec lui. Sur fond de conflit social, ce road movie ne manque pas d'intérêt, sans pour autant complètement convaincre. Les joutes oratoires se révèlent parfois savoureuses, mais, le plus

souvent, assez convenues. Le film séduit lorsqu'il arrive à prendre plus de distance avec son sujet. Cette œuvre esquisse des questions intéressantes sur la liberté humaine et le sens à donner à notre vie. Une brève scène érotique. Marie-Lorraine ROUSSEL

Comédie dramatique française (2008) de Frédéric Andréi, avec Patrick Timisit (Marc Roux), Charles Berling (Vincent Disse), Dominique Blanc (Fabienne), Sophie Quinton, Bibi Naceri (le chauffeur routier), Philippe Duquesne, Virginia Anderson (Jeanne), Chik Ortega (1h25). (Adultes). Sortie le 2 juillet 2008.

Lorraine Lévy nous avaitséduits avec son premierlong métrage, « La premièrefois que j'ai eu 20 ans ».

Des idylles à LondresMes AMIs, Mes AMours par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Cette œuvre trèsfleur bleue est avant tout réservée aux amateurs du genre

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Page 34: FRANCE FRANCE Catholique Catholique · BRÈVES 2 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 FRANCE RéFoRmES: Lors d’un déplacement à Limoges le 26 juin, le président de la République

Après une pièce « sérieuse » l’an der-nier (« Mesure pour mesure », de Shakespeare), revoilà Adel Hakim au commandes pour les fêtes nocturnes du château de Grignan avec… « La

Cagnotte »(1), de Labiche. Ce serait une erreur d’imaginer qu’il s’est soudain converti au spec-tacle de pur divertissement. S’il a choisi cette pièce de préférence au « Chapeau de paille d’Ita-lie » ou au « Voyage de Monsieur Perrichon », c’est que « La Cagnotte » contient une critique sociale évidente. Le thème en est en effet la ruine d’un groupe de provinciaux venus dépenser 400 francs, économisés en plusieurs années à rai-son de quelques sous par partie de cartes. Mais ils ignorent les codes sociaux parisiens, et leur bêtise en fait des proies faciles…

Car, explique Adel Hakim, les personnages de Labiche, bien plus que ceux de Feydeau par exemple, sont bêtes. Labiche est féroce avec eux. En la décrivant bourrée de clichés, il montre la bêtise d’une classe moyenne indifférente au monde qui l’entoure, il en dénonce la conduite et lègue un

message à l’intention du spectateur.Adel Hakim renforce l’effet en paro-

diant le style boulevardier et, comme l’auteur, l’égoïsme. Certains comédiens ont le visage passé au blanc, tels des clowns, d’autres essaient de loger un profil ventripotent dans un gilet étriqué tandis que des résignés ont abandon-né tout combat contre leur silhouette empesée. Tous adoptent un jeu outran-

cier, surjoué et, passé l’effet de surprise des pre-miers instants, on entre complètement dans la démarche. Décor et mise en scène accentuent cet aspect de caricature joyeuse. Dans leur salon de province, les hommes jouent aux cartes à l’avant scène avec force gestes tandis que les femmes font du crochet au fond. Lorsqu’ils arrivent à Paris, ils bâfrent dans un restaurant dont les abat-jour ont la forme de seins tandis que la plus prude du groupe s’appuie involontairement sur le sexe d’une statue bien dotée. Tout cela fait partie d’un ensemble qui enveloppe le spectateur dans un rythme effréné.

Dire de ce spectacle que c’est une pièce de théâtre est exact, mais insuffisant. Il contient en effet une grande part de chorégraphie sans compter quelques pastiches (encore) d’airs d’opé-rette. On est à la fois dans une dérision onirique, un comique burlesque, un roman d’aventure.

Pour autant, l’émotion n’est pas absente, spé-cialement en ce qui concerne le personnage de Léonida, qui essaie de réduire ses fractures affec-tives dans un environnement bien peu favorable. Et la pièce tient autant de la mise en évidence de fragilités que de la condamnation d’une conduite, ce qui l’humanise beaucoup. n

théâtre

34 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

(1) « La Cagnotte », d’Eugène Labiche. Avec Maryse Aubert, Thierry Barèges... du 8 juillet au 23 août aux fêtes nocturnes du château de Grignan, Château de Grignan, BP 21, 26230 Grignan, réserv. tél. 04.75.91.83.65.

La rencontre unique« Brassens, Brel, Ferré ou l’interview »(1) revient cette année dans le « off ». Pièce ou reconstitution ? La question peut être posée dans la mesure où le texte est la reprise de l’enregistrement d’un entretien radiophonique. Pas intégralement (il y avait beau-coup de bouteilles sur la table du studio…) certes, mais nulle part le texte n’a été changé, il a seulement été coupé.Ce spectacle a fait déjà son bonhomme de chemin dans les petites salles, et on sou-haite qu’elle connaisse un succès grandissant : l’ambiance est parfaitement rendue, on assiste à un véritable mimétisme entre les comédiens et leurs modèles. Certes, ceux qui le désirent peuvent se faire une première idée de ce que fut cette ren-contre unique entre Brel, Brassens, et Ferré en allant sur Internet(2), mais il y a réel-lement quelque chose de plus dans cette pièce, quelque chose qui tient de la vie plus que de l’imitation ou de la reconstitution (qui sont déjà fort réussies).L’ambiance est vive et poétique, chaleureuse et réaliste. On parle de Dieu, de l’anarchie, des femmes (Ferré venait de vivre une séparation difficile, d’où ses propos, notamment au sujet des cruautés faites aux chats), du statut d’artiste, de l’aptitude à la paternité. Mais aussi d’un chanteur qui monte alors - Gainsbourg - ou des mélodies des Beatles - qui « ont ajouté une pédale de Charleston sur les harmonies de Gabriel Fauré », selon Brel.On s’instruit, certes, mais plus encore on est replongé dans une époque et son contexte. ■

(1) « Brassens, Brel, Ferré ou l’interview », avec Erwan Courtioux, Alain Lagneau... Au festival « off » d’Avignon, à l’Espace Roseau (16h).(2) http://brassensbrelferre.free.fr/index.php, l’histoire ne dit pas si ces enregistrements sont tout à fait intégraux ou non.

Avec Adel Hakim, il ne faut pas s’imaginer qu’un Labiche puisse être traité d’une façon purement boulevardière, et c’est tant mieux !

« la cagnotte »

légeret burlesque

Une dérision onirique

D.R.

par Pierre François

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Il est des films touchés par la grâce, qui tiennent à très peu de chose : des retrouvailles prenant peu à peu le

visage de l'amitié. Cette grâce repose sur une alchimie particulière : la discré-tion et la sobriété de la mise en scène, la limpidité du récit, la justesse des dialogues, l'interprétation habitée des comédiens. Elle continue à vivre en nous-mêmes après la vision du film.

Un peintre parisien décide de quitter la capitale pour s'installer dans sa maison natale, en pleine campagne. Le jardin étant en friche, il souhaite le transformer en potager et engage un jardinier. Or, celui-ci se révèle être un copain d'enfance avec lequel il a fait les quatre cents coups. Ils ont ensuite suivi deux voies très diffé-rentes. Le peintre s'est voué à son art,

tandis que le jardinier a travaillé comme cheminot, avant de prendre sa retraite. Adaptant un roman d'Henri Cueco, Jean Becker ne pouvait que s'at-tacher à ces deux personnalités oppo-sées à plus d'un titre et qui découvrent le bonheur d'être ensemble et de parta-ger les mystères de leur existence. Le récit évite toute dispersion et se concen-tre sur la richesse de ces échanges. Des dialogues très bien écrits tiennent natu-rellement une place privilégiée dans l'intrigue et en constituent son ressort.

Il y a bien une ou deux maladresses, mais il s'agit d'une réserve mineure, tant l'attention du spectateur reste figée sur la beauté de cette amitié. À l'instar de ses autres films, Jean Becker illustre les vertus de l'ami-tié, de l'attention à l'autre, de la beauté des sentiments les plus simples et du caractère apaisant de la nature. ■

Dialogue avec mon jardinier. Comédie dramatique française (2007) de Jean Becker, avec Daniel Auteuil (le peintre surnommé « Monsieur Dupinceau »), Jean-Pierre Darroussin (le jardinier, surnommé « Monsieur Dujardin »), Fanny Cottençon (Hélène), Alexia Barlier (Magda) (1h44). Diffusion le mercredi 9 juillet, sur Canal +, à 20h50.

La meilleure façonde marcher (1 et 2/4)

Depuis l'époque du service militaire obli-gatoire, l'armée a bien changé. Depuis 1996, en effet, elle est devenue profes-sionnelle et, comme toute entreprise, elle se doit de recruter régulièrement du personnel. D'autant qu'elle est aujourd'hui le premier recruteur de France, et le restera malgré les restrictions annoncées. L'armée, en effet, embauche chaque année quelque 30 000 jeunes de 18 à 23 ans, qu'elle va former à différents métiers. Mais qui sont ces jeunes qui signent un contrat avec l'armée française ? Quelles sont leurs motivations ? Pourquoi accep-tent-ils, dans certains cas, des périodes de formation très dures. C'est à ces questions que Gaël Leiblang (« Douaniers : Au cœur de tous les trafics », « Ma vie après le tsunami ») a tenté de répondre avec ce documentaire en quatre parties. En suivant quatre jeunes qui veulent devenir parachutistes, Marie-Charlotte, Corinne, Christopher et Jérémy, le réalisa-teur décrit le quotidien et la formation de futurs paras. Entre le fils de militaire, la jeune mère qui cherche un emploi stable, le gosse de la Ddass qui est en manque de père et d'encadrement pour se construire et la jeune catholique issue d'une famille nombreuse, il n'y a pas beaucoup de points communs. Pourtant, les difficultés de leur formation (en particulier les longues et épuisantes marches) vont souder ces jeunes qui vont se révéler, jour après jour. C'est très bien fait, avec quel-ques touches d'humour, des réflexions intéressantes et de beaux portraits de jeunes, en particulier la jeune catholique.

Documentaire français (2006) en quatre parties de Gaël Leiblang (4 x 0h52). Diffusion mardi 8 juillet, sur France 3,à 20h50 (les deux autres parties seront diffusées le mardi15 juillet, sur France 3, à 20h55).

TÉLÉVISION

Après luiLa vie de Camille bascule le jour où elle apprend la mort de Mathieu, son fils, dans un accident de voiture. Gaël Morel signe un drame parfois maladroit et pas toujours convaincant, mais qui offre une analyse psychologique intéressante sur la façon dont la mort d'un proche nous éclaire sur le rapport que nous entretenions avec lui et avec son

entourage. Si le lien très fort et presque fusionnel qui liait Camille et son fils est illustré lors de la scène d'exposition, il ne cessera de prendre, au fil du récit, une forme plus précise à travers les réactions de la mère. Paradoxalement le film offre à la fois des scènes justes et émouvantes et d'autres qui pèchent par le manque de sobriété et de précision. La vive douleur que ressent Camille explique son comportement trouble et parfois injuste envers sa fille. Il est dommage que cette œuvre sur le deuil ne comporte pas une dimension spirituelle qui apporterait une note d'espérance à ce drame.Drame français (2007) de Gaël Morel, avec Catherine Deneuve (Camille), Thomas Dumerchez (Frank), Élodie Bouchez (Laure), Guy Marchand (François Lachenay), Eli Medeiros (Pauline), Luis Rego (le père de Frank), Amina Medjoubi (la mère de Frank), Adrien Jolivet (Mathieu) (1h28). Diffusion le mardi 8 juillet, sur Canal +, à 20h50.

La force du film tient beaucoup aux nuances que Daniel Auteuil et Jean-Pierre Darroussin insufflent à leur personnage.

Dialogue avec monjardinierpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

L'apparente simplicité de l'œuvre de Jean Becker cache une grande profondeur

(

FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 35

Page 36: FRANCE FRANCE Catholique Catholique · BRÈVES 2 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 FRANCE RéFoRmES: Lors d’un déplacement à Limoges le 26 juin, le président de la République

TF120.50 Les experts Miami : «Cible coupable», «Le prix de la beauté». Série avec David Caruso, Rory Cochrane 2.22.30 Lost, les disparus : «Le début de la fin», «Enfin les se cours ?». Série avec Matthew Fox, Evangeline Lilly.France 220.50 Fort Boyard. Divertisse ment présenté par Olivier Minne et A.-G. Riccio, avec Karine Ruby, Julie Pomagalski, J. Richard-son, Daniel Narcisse, Haron Tangit, Rémy Vercoutre.22.40 On n’est pas couché «Best of». Magazine présen-té par Laurent Ruquier.France 320.55 SOS 18 : «Saletés de gos-ses», «La chute» GA. Série avec Arnaud Bédouet, France Zobda. Très moyen et trop centré sur les problèmes personnels.23.05 Strip-tease «Le berger de Kabylie». Magazine.00.00 La case de l’oncle Doc «Bernard Hinault, la vie est un sport de combat». Documentaire.00.55 Le mystère Malraux GA. Passionnant.ArteL’aventure humaine

21.00 Aratta, à l’aube des civilisations J. Splendide.21.50 Vole avec les condors T. Remarquable.22.45 Rencontre au sommet GA. Téléfilm avec Bill Nighy, Kelly MacDonald (1h29). Une histoire originale, cocasse et un peu naïve, mais réconfor-tante. Des longueurs.M620.50 Numb3rs : «La liste de Janus», «Haute trahison», Toujours plus haut». Série avec Rod Morrow 3.23.25 Supernatural. Série 3.Canal +20.50 Sunshine GA. Science-fiction (2007) de Danny Boyle, avec Cillian Murphy, Chris Evans (1h43) 3. Efficace et intéressant, mais assez éprou-vant.KTO20.30 VIP «Patrick Poivre d’Arvor».21.50 Faim de vie.23.20 Paraboles de père Bro.

télévision

36 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008

TF120.50 Inspecteur La Bavure A. Comédie (1980) de Claude Zidi, avec Coluche, Gérard Depardieu (1h40). Une joyeuse comédie mineure. Mais il y a des scènes déplaisantes.22.40 Preuve à l’appui. Série avec Miguel Ferrer 2.France 2

20.55 Cold case, affaires clas-sées : «Le revers de la mé -daille», «Daniela 2», «De sang-froid 4». Série avec K. Morris.23.20 [MI-5] : «Tu ne tueras point 2», «Infiltrations 4». Sé rie avec Matthew MacFadyen 2.France 320.55 Famille d’accueil «Le secret de Lulu» GA. Téléfilm avec Virginie Lemoine. Prenant et émouvant.23.05 Une vie de palace. Documentaire.01.05 Chercheuses d’or de 1933. Comédie musicale (1933) de Mervyn Le Roy, avec Warren William, Joan Blondell (1h36).ArteSydney Pollack et Robert Redford : Deux amis à Hollywood

20.50 Jeremiah Johnson GA. Aventures (1971) de Sydney Pollack, avec Robert Redford (1h44). Superbe, mais cruel.22.35 Something about Sydney Pollack «Confessions d’un cinéaste» J. Très inté-ressant.M620.50 Capital «Un été en forme : Comment rester jeune et bien portant à tous prix ?». 22.50 Secrets d’actualité «Meurtre en famille». Magazine.Canal +20.50 My boy Jack. Téléfilm avec David Haig (1h35).KTO20.50 La foi prise au mot «Conférence épiscopale». 21.45 La vie des diocèses.22.15 Padre Pio de Pietrelcina, le crucifié sans croix.

TF120.50 Une famille formidable «L’enfer au paradis» GA. Téléfilm avec Annie Duperey. Outrancier et peu crédible.22.40 Grey’s anatomy : «Code noir», «Brume rose», «Les amants délaissés» A. Série avec Ellen Pompeo 2. Les meilleurs épisodes de la série, mais c'est terrible et il y a des

scènes sensuelles.01.55 Atomik circus GA. Fantastique (2004) de Didier et Thierry Poiraud, avec Vanessa Paradis (1h31) 3. Loufoque, mais mal maîtrisé. Des scènes pénibles.France 2

20.50 Rendez-vous en terre inconnue «Avec Adriana Karem beu chez les Amharas» Documentaire. (Voir notre ana-lyse ci-contre)22.35 La Crim’ : «Camarade P 38», «Le jour des morts» GA. Série avec Didier Cauchy 2. Très prenant.00.45 Au clair de la lune, les étés de la danse «Don Qui-chot te». Ballet de Marius Petipa et A. Gorsky, avec Viengsay Valdès (1h55).France 320.55 Intervilles «Tarbes/Pau». Divertissement présenté par Na- thalie Simon, Julien Lepers, Tex.00.20 L’heure de l’opéra «Carmen». Magazine.01.25 Invitation à quitter la France. Documentaire.Arte

21.00 Rocco et ses frères GA. Drame en NB (1960) de L. Vis-con ti, avec Alain Delon, Renato Salvatori (2h50). Magistral, mais trop long.22.50 Musica «Heitor Villa-Lobos, l’âme de Rio». M620.50 L’amour est dans le pré. Divertissement.22.20 Recherche appartement ou maison.Canal +20.50 Hard. Série avec Natacha Lindinger 3. KTO20.55 Les portes du monde. Enquête sur le grand séminaire de Strasbourg.21.45 Chemins de vie.22.20 KTO magazine «Bienheureuses clarisses !».

TF120.50 Le pari GA. Comédie (1997) de et avec Didier Bourdon et Bernard Campan (1h40). Une amusante pochade sur le sevrage du tabac. C'est gros, parfois gras, mais efficace.22.35 L’île de la tentation. Divertissement 2.00.15 Heroes. Série 2.France 220.50 Quelques jours avec moi GA. Comédie dramatique (1988) de Claude Sautet, avec Daniel Auteuil, Sandrine Bonnaire (2h03). Original et très bien interprété, mais pas toujours crédible. Un mari très complaisant.23.00 Trois jeunes filles nues. Opérette de Yves Mirande, G. Quinson et A. Willemetz, avec Marie-Ange Nardi.France 3

20.55 La meilleure façon de marcher (1 et 2/4) : «Engagez-vous», «Marche ou crève» J. (Voir notre analyse ci-contre)23.15 Rêves de stars. Magazine présenté par Mireille Dumas, avec André Rieu, Lau-rent Gerra, Carole Bouquet, etc.ArteSummer of the 70s : Soirée «Love»21.00 Love story J. Drame de Arthur Hiller, avec Ryan O’Neal, Ali McGraw (1h40). Émouvant, mais très mélo.22.40 Keppel road «The life and music of the Bee Gees». 00.10 Slogan A. Comédie dra-matique (1969) de P. Grimblat, avec Serge Gainsbourg (1h27). Pas mal, mais très sensuel.M620.50 Kaamelott. Série avec Alexandre Astier, Lionnel Astier.22.55 T’empêches tout le monde de dormir «Best of». Magazine de M.-O. Fogiel.Canal +20.50 Après lui GA. Drame (2006) de Gaël Morel, avec Catherine Deneuve (1h28). (Voir notre analyse page 35)KTO20.55 Zom Koom, Emmaüs au Burkina Faso «L’histoire d’un par-tenariat».21.50 Églises du monde. 22.20 La foi prise au mot «Conférence épiscopale».

samedi 5 juillet Dimanche 6 juillet lundi 7 juillet Mardi 8 juillet

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émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaica», «Ortho-doxie», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Jean Vanier, la prophétie de l'Arche» - 11h00 Messe en direct de Rouen, à l'occasion de l'Armada 2008.

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télévision

FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 37

sur France 2Lundi 7 juillet, à 20h50Rendez-vous en terre incon-nue «Avec Adriana Karembeu chez les Amharas» GASans connaître sa destination, Adriana Karembeu part à la ren-contre des Amharas, les premiers chrétiens d’Afrique. Sur fond de paysages splendides, Adriana Karembeu fait la connaissance de Sissay, qui, en apprenant à lire à plus de quarante ans, a découvert que marier sa fille à l’âge de douze ans était un crime. Une rencontre aussi émou-vante qu’étonnante avec des gens profondément bons et généreux.

TF120.50 Combien ça coûte ? «Les dix chiffres de l’été». Magazine présenté par J.-P. Pernaut.22.50 New York unité spé -ciale : «Un monde si parfait», «La femme aux bottes rouges», «Un crime dans la nuit». Série avec Christopher Meloni 3.France 220.50 Trois jours en juin GA. Téléfilm avec Patrick Catalifo, Elsa Lunghini (1h36) 2. Un regard intéressant sur la débâcle de juin 40. Mais c’est parfois caricatural.22.35 Un jour, un destin «Mais qui êtes vous, Mister Clooney?». Magazine.00.30 Neg’ maron GA. Drame (2005) de J.-C. Flamand Barny, avec Admiral T (1h35) 2. Sensible et bien fait.France 320.55 La carte aux trésors «Les Bouches-du-Rhône». Divertissement.

23.40 Mr Klein GA. Drame (1976) de J. Losey, avec Alain Delon, Jeanne Moreau (1h46). Un film très brillant sur le drame de l'identité juive. Alain Delon est sensationnel.Arte21.00 La reine et moi J. Documentaire. Très moyen.22.25 L’enfant de la guerre. Comédie dramatique en VO (2004) de Christian Wagner, avec Labina Mitevska (1h38).M620.50 Zone interdite, les iné-dits de l’été «Concierges privés, majordomes, décorateurs : Ils sont au service des riches». Magazine.22.35 Desperate housewives : «Capable du meilleur… comme du pire», «Le retour du fils pro-digue» GA. Série. C'est toujours aussi drôle, mais on déplore un personnage curieux de religieuse (mais drôle !).Canal +20.50 Dialogue avec mon jar-dinier J. Comédie dramatique (2007) de Jean Becker, avec Daniel Auteuil (1h44). (Voir notre analyse page 35)KTO20.55 Là où les saints passent. La vie du curé d’Ars.21.50 La famille en questions.22.15 VIP «Patrick Poivre d’Arvor».

TF120.50 Koh-Lanta. Divertissement présenté par Denis Brogniart.22.15 Secret story. Divertissement présenté par Benjamin Castaldi.23.50 Les dossiers de Sans aucun doute. Magazine pré-senté par Julien Courbet.France 220.55 Le plus grand cabaret du monde «Best of». Divertissement présenté par Patrick Sébastien.23.15 La boite à musique «Musique et cinéma». Magazine présenté par Jean-François Zygel.00.50 L’homme qui danse «Dans la chambre : Le Palais des Papes». Théâtre de et avec Philippe Caubère (0h30).France 3

20.50 Faut pas rêver «Mille et une vies : La Nouvelle-Zélande». Magazine présenté par Laurent Bignolas.23.20 The closer : «Dossiers confidentiels», «Petites annon-ces» A. Série avec Kyra Sedgwick, J. K. Simmons, Corey Reynolds 2. C’est assez réussi, mais le second épisode est plutôt sordide.Arte21.00 Un nuage sur mon passé GA. Téléfilm avec Ina Weisse, Tobias Schenke, Sylvester Groth (1h26). Cette histoire lente à démarrer ne devient émouvante que dans la dernière partie.22.25 Malick Sidibé «Dolce Vita Africana». Documentaire.23.25 Tracks. Magazine.M620.50 NCIS : «L’esprit de famille», «Le troisième homme», «Le témoin». Série avec Mark Harmon 2.23.15 Sex and the City. Série avec Sarah Jessica Parker, Kim Catrall 2.Canal +21.00 Athlétisme, en direct de Rome.KTO20.50 KTO magazine «Vatican II, 45 ans après»21.45 La vie des diocèses.22.15 L’école de Monsieur Jo. Documentaire.

TF120.50 RIS police scientifique : «Une vie brisée», «Père en détresse», «Un nid de vipères» GA. Série avec Laurent Olmedo. Une série très prenante sur la police scientifique.

23.30 Incassable GA. Fantas-tique (2000) de M. Night Shyamalan, avec Bruce Willis (1h43). La réalisation est brillante, mais l'histoire est décevante.France 220.50 Envoyé spécial : «Hôtel : Que valent les étoiles ?», «Sri Lanka, thé vert, thé amer», «Des vacances pas comme les autres». Magazine.23.00 Faites entrer l’accusé «Alfredo Stranieri, voleur de vies» GA 2. Passionnant.France 320.55 James Bond contre Dr No GA. Aventures (1962) de Terence Young, avec Sean Connery, Ursula Andress (1h45). Excellent.23.20 Terminator A/Ø. Fantas-tique (1984) de James Cameron, avec A. Schwarzenegger (1h43) 2. Spectaculaire, mais illustré de violences ter-ribles et d'une scène érotique.Arte21.00 Le dernier témoin (11 et 12/26) : «Le diamant vert», «Le trésor du lac» GA. Série. De plus en plus prenant.À qui appartient la mer ?22.30 Malacca, le détroit de tous les dangers J. Intéressant.23.25 Un détroit surgi des glaces J. Très bien fait.M620.50 Alice et Charlie «Témoin à domicile» . Téléfilm avec Anne Marivin, Édouard Montoute (1h27) 2.22.30 Le grand bleu GA. Comédie dramatique (1988) de Luc Besson, avec Jean-Marc Barr (2h41). Des images superbes, mais un scénario fai-ble et une scène suggestive.Canal +20.50 [MI-5]. Série avec Peter Firth 2.KTO20.55 Grands entretiens «André Gouzes, maître de chapelle».21.50 Vent d’Orient sur la Dalmatie.

Mercredi 9 juillet Jeudi 10 juillet vendredi 11 juillet

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRCFSamedi 5 juillet21h De concert avec vous "Ludwig van Beethoven : sym-phonie n°3 dite 'Héroïque'"Lundi 7 juillet14h30 Halte spirituelle "Naître à soi-même", avec Daniel Dui-gou (prêtre, psychanalyste, journa-liste à France 5) (1/5, tous les jours à 14h30 ou 20h45)Mardi 8 juillet21h Grand Témoin "Le Cardinal Roger Etchegaray"Mercredi 9 juillet10h30 L’été des Festivals "Heures musicales de la cathé-drale de Rouen"11h30 Ça vaut le détour "En remontant la Seine du Havre à Rouen" 13h Couleur nature "Sur les chemins de Saint Jacques"19h30 L'été des Festivals "Heures musicales de la cathé-drale de Rouen"Vendredi 11 juillet10h30 L’été des festivals "Festival de musique médiévale du Tho-ronet"11h30 Ça vaut le détour "Les villégiatures, du XIXe siècle et du XXe siècle, sur la côte varoise"22h Perspectives "La foi et les jeunes", avec le Père Jean de Montalembert, aumônier de la Communauté francophone en Argentine.

France CultureDimanche 6 juillet10h Messe, depuis la cathédrale Notre-Dame d'Amiens, Place Saint-Michel, 80000 Amiens, commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père David Nomanyat.

Marie Bizien

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Aisne✔ La communauté de la Sainte Trinité propose une session de guérison intérieure du 13 (10h) au 16 août (17h), animée par Frére Ephrem Yon, sur le thème "Remettte les principales étapes de notre vie à l'amour guérissant du Sauveur afin d'assainir notre mémoire négative du passé et nous libérer de ce qui nous entrave". Accompagnement individuel. Fête et procession de l'Assomption. Inscription : Frère Ephrem Yon, Prieuré Saint Pierre et Saint Paul, 02210 La Croix-sur-Ourcq, ✆ 03.23.55.26.57/[email protected]✔ A l'occasion du 150e anni-versaire de mariage de Louis et Zélie Martin (parents de Sainte Thérèse) , une "Journée des familles" aura lieu le 13 juillet (à partir de 9h45), à Lisieux, sous la présidence du Cardinal Saraiva Martins (préfet de la congrégation pour les causes des saints [Vatican]). Rens. ✆ 02.31.31.27.02.Des festivités sont prévues à Alençon (Orne), lieu du mariage de Louis et Zélie Martin le 12 juillet. Rens. ✆ 02.33.26.20.89.www.therese-de-lisieux.com

✔ La communauté des Béati- tudes, Le Château, 14100 Hermi-val-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44, organise une session d’été, du 4 au 8 août, avec le Père Marie Angel, le Père A. Daigneault, Doudou Callens et le Père J. M. Crespin, sur le thème «Sa Parole peut te sauver», avec temps litur-giques, temps de louanges, ado-ration, veillées de prières, ensei-gnements, temps fraternels.Corrèze✔ Dans le cadre de l’estival Ven- tadour 2008, un séminaire sur la "Découverte de Ventadour par l'archéologie et l'histoire" est prévu. Le 31 juillet (16h30) : accueil par Michel Paillassou (Communauté de Communes de Ventadour)... Présentation du programme par Luc de Gous- tine. Exposés par des archéo- logues... ; le 1er août (16h30) : l'histoire du château et de la famille... ; le 2 août (16h30) : l'archéologie, les résultats des fouilles, suivie d'une visite gui-dée du site. Rens. Carrefour Ventadour, 19300 Moustier Ventadour, ✆ 05.55.93.04.84/[email protected]ôtes-d'Armor✔ Comme chaque année, le par-

don islamo-chrétien "La légende des Sept saints dormants d'Ephè-se" aura lieu à Vieux-Marché, les 26 et 27 juillet, sur le thème "La conversion dans un monde pluriculturel". Les intervenants seront Christophe Roucou (secré-taire national du service catholique pour les relations avec l'islam) et Ghaleb Bencheikh (présentateur de l'émission "Islam" sur France 2). Rens. ✆ 02.96.38.96.46, ou 06.21. 89.77.14 / http://vieux-marche.netIndre-et-Loire✔ Le Sanctuaire de l’Ile-Bouchard propose, à la maison de Ché-zelles (37220), une session de ré- flexion et de prière "Connaître et aimer son pays", du 26 (18h) au 29 juillet (14h), avec le Père Ber- nard Peyrous (prêtre de la Commu-nauté de l'Emmanuel et postulateur de la cause de béatification de Marthe Robin, agrégé d'histoire et spécialiste de l'histoire de la spiritualité). Oser reparler de la France, de la théo-logie des nations, de la manière dont la France a reçu peu à peu son visage de manière juste et purifiée par l'Espérance. Rens. : ✆ 02.47.58.52.01/amisdechezelles @wanadoo.fr✔ Le Sanctuaire de l’Ile-Bouchard propose, en famille, une Grande

Journée pour l’Assomption de la Vierge Marie le 15 août «Je donnerai du bonheur dans les familles». (Dès 9h) dans le parc de Marigny [sur la rive gauche de la Vienne]. (10h15) présentation du message de l’Ile-Bouchard. (10h30) Enseignement, témoi-gnage par François et Elisabeth Content (mariés depuis 35 ans, 7 enfants et 6 petits-enfants. membres de la communauté de l’Emmanuel, ils ont été responsables d’Amour et Vérité. François est directeur de la Fondation d’Auteuil. Elisabeth est conseillère conjugale et familiale, co-fondatrice du Cabinet de conseil conjugal «mots croisés»). (11h15) Messe solennelle présidée par le Père Pierre Afonso (curé de l’Ile-Bouchard) [en plein air apporter son pliant], suivie d’un grand pique-nique [apporter son repas]. L’après-midi, démarche de consécration à Notre-Dame de la Prière, à l’église Saint-Gilles. (16h30) Vêpres solennelles et bénédiction du St-Sacrement. Rens. Maison de Chézelles 37220 Chézelles. ✆ 02.47.58.52.01, [email protected]✔ Différentes propositions sur le thème "Faites escale", par le diocèse de Rouen auront lieu du

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Histoire de la CHapelle du rosaire à VenCe

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Page 39: FRANCE FRANCE Catholique Catholique · BRÈVES 2 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 FRANCE RéFoRmES: Lors d’un déplacement à Limoges le 26 juin, le président de la République

5 au 14 juillet, à l'occasion de l'Armada 2008. Notamment, le 6 juillet (11h), à l'esplanade Pasteur "messe des Marins" télévisée, en direct, par le Jour du Seigneur sur France 2, présidée par Mgr Jean-Charles Descubes, le 13 juillet (12h30) au ponton d'honneur "prière œcuménique" suivie de la bénédiction des équipages et des navires. Cinq églises impli-quées : cathédrale Notre-Dame, églises Sainte-Jeanne d'Arc, Sainte-Madeleine, Saint-Maclou et Saint-Sever (accueil, animations et expositions, concerts, temps de prière et messes). Rens. paroisse Notre-Dame de Rouen Centre, 3 rue Saint-Romain, ✆ 02.35.71.85. 65 ou 02.35.71.51.23/[email protected] / http://www.cathedrale-rouen.netVaucluse✔ Une veillée de chansons et de prières avec Jean-Claude Gianadda est prévue le 11 juillet (20h15) à l’église basse, 84480 Bonnieux.Yvelines✔ Mère Geneviève Gallois, moniale bénédictine et artiste, a réalisé une œuvre atypique et méconnue. Une exposition, à l'Abbaye de Port-Royal-des-Champs, 78114 Magny-les-Hameaux,nous fait découvrir ce regard porté sur le quotidien d'une communauté religieuse où le prosaïque se mêle au divin. Jusqu'au 7 juillet, entrée de 5 à 6,50 e, (10h30-18h30), le samedi et dimanche et (10h30-12h30 et 14h-18h) le lundi.Marches au désert : Les Goums✔ 8 jours de désert avec les gOUMs, une expérience unique

en son genre… Les gOUMs commencent à être connus, du moins par ce qu'on en dit mais rien ne vaut d'en connaître la réalité par l'expérience. Il y a bien des manières de traverser le désert, même en 4x4, mais, avant la curiosité des paysages, la vérité du désert se trouve en soi. Nous vivons une époque où, malgré la montée en puissance de la science, l'individu vit de plus en plus dans l'incertitude. Au milieu des villes à millions d'habitants, on ne sait plus qui l'on est… soi. On se demande même parfois si la vie a un Sens. Le désert "vécu à la ma nière gOUM" vous donne au moins une chance de trouver un commencement de réponse à cette question. Nos marches au long cours, nos bivouacs à la belle étoile, nos petites équipes fraternelles de 15 à 20, nos Eucharisties quotidiennes avec des Prêtres qui marchent avec nous, donnent à notre expérience gOUM une captivante originalité. Les gOUMs lancent cet été 25 Raids du 4 juillet au 11 septembre : Les Causses (Méjean, Sauveterre, Larzac, Quercy, Aubrac), Auvergne, Maroc (Haut-Atlas), Italie. âge des participants : 20-35 ans. (90-140 e la semaine). Informations et calendrier, site : www.goums.org. ou auprès de Jean Gillard, 12 rue de la Carague, 87700 Aixe-sur-Vienne, ✆ 06.88.75.06.01/[email protected], ou Jean Cauvin, 21 bd de Paris, 13002 Marseille, ✆/fax/rép. 04.91.91.26.08.

Pour passer un communiqué, contactez :[email protected]

fax : 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :www.france-catholique.fr

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FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆-06. 08.77.55.08) - Conseiller-de la direction : Robert Masson - Editorialiste- : gérard Le clerc - Rédaction : Anne Kurian - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven

Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

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PETITEs ANNONCEsTarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ La troupe duC in altum recrute, pour une mission d'évangélisation par le théâtre dans la période du 1er au 24 août. La représentation est "briser la statue", pièce de Gilbert Cesbron sur la vie et la mort de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus de la Sainte Face, dans des paroisses, des sanctuaires et dans des communautés religieuses. L'objectif : évangélisation "Thérésienne" de nos cœurs et du cœur de ceux qui verront le spectacle. Conditions : désirer vivre le temps de mission comme un service, dans la joie, avoir le désir de progresser dans sa vie spi-rituelle, avoir au moins 17 ans. Déroulement : s'inscrire pour la totalité de la mission, ou pour un temps donné (une semaine au moins) ; vous recevrez un script de la pièce avec un rôle à apprendre. Lorsque vous rejoignez Duc in Altum, la mise en scène est réglée ensemble. Rens. : 06.76.74.61.87, [email protected] www.duc-in-altum.fr

➥ Sur Paris ou région parisienne, jeune femme cherche à s'occuper de personnes âgées (couple ou per-sonne seule), ou d'enfants (garde partagée ou seule toute la journée), course, repassage, ménage, tél. 06. 19.97.12.24.

➥ Loue à étudiant (e), au centre ville de Grenoble, chambre indépendante 19 m2, 4e étage, ascenseur, douche, coin cuisine. Contact. M. Lestien tél. 04.76. 43.01.68 / juillet-août tél. 04.50.44.90.47.

sERVICE ABONNEMENTsPour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement,

pour un changement d'adresse ou pour toute autre question relativeà votre abonnement en cours, il vous faut joindre :

Téléphone : 01.40.94.22.22[lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h]Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : [email protected]

En revanche, pour un abonnement par carte bleue,le téléphone reste : 01.46.30.37.38.

nouVeaux points de Vente de FranCe CatHoliqueEn Loire-Atlantique ➧ Kiosque, 8 rue de Nantes, 44130 Blain - Kiosque, 18 rue des halles, 44190 Clisson - Kiosque, 5 pl. Saint-Martin, 44120 Nantes - Presse, 1 pl. de l’Ecluse, 44000 Nantes - Presse, 27, bd Georges Pompidou, 44200 Nantes - Kiosque, 67 av. de la ferriere, 44700 Orvault - Kiosque, 3 rue Jean Moulin, 44980 Ste-Luce-sur-Loire - Kiosque, 15 pl. de l’Europe, 44450 Saint-Julien-de-Concelles - Presse, 71 rue Jean Jaurès, 44600 Saint-Nazaire - Kiosque, 11 pl. de retz, 44680 Sainte-Pazanne - Kiosque, 6 rue d’Anjou, 44330 Vallet - Presse, 27 rte d’Ancenis, C. Cial Superval, 44330 Vallet - Kiosque, 173 rte de St Joseph, C.Cial de l’éraudie-re, 44300 Nantes - Presse, C.Cial, zAc de la Bérangerais, 44240 Chapelle-sur-Erdre - Dans le Loiret ➧ Presse, 48 rue de la Liberté, 45250 Briare - Presse, 2 av. du Capitaine Jean, 45800 Saint-Jean-de-Braye - En Lozère ➧ Kiosque, 6 esplanade Marceau Farelle, 48400 Florac - Dans le Maine-et-Loire ➧ Presse, 23 pl. Travot, 49300 Cholet - Kiosque, 131 rue Nationale, 49300 Cholet - Kiosque, 8 place de Bilange, 49400 Saumur - Kiosque, 6 rue Lazare Carnot, 49500 Segre - Kiosque, 6 rue Chaperonniere, 49052 Angers - Dans la Manche ➧ Kiosque, 26 rue du Dr Letourneur, 50400 Granville - Kiosque, 1 pl. des Chevaliers de Malte, 50800 Villedieu-les-Poëles - Dans la Marne ➧ Kiosque, 77 pl. Drouet d'Erlon, 51100 Reims - En Haute-Marne ➧ Kiosque, 34 rue Gambetta, 52100 Saint-Dizier.

Pour savoir où France Catholique est vendu, près de chez vous,consultez le site : www.trouverlapresse.com

si vous voulez faire venir le journal chez un marchand de journauxde votre ville, contactez Eric, à Pagure-Presse : tél. 01.45.22.12.51.

Page 40: FRANCE FRANCE Catholique Catholique · BRÈVES 2 FRANCECatholique n°3126 4 juillet 2008 FRANCE RéFoRmES: Lors d’un déplacement à Limoges le 26 juin, le président de la République

Apprendre à dialoguer avec l’IslamLes amis de la Communauté Aïn Karem et de la revue Résurrection se proposent de lancer un par-

cours de formation intégrée sur le dialogue avec l’Islam. L’objectif pour le stagiaire est d’être capable de proposer une approche évangélisatrice de l’Islam à toutes les personnes confrontées à des musul-mans ou des ex-musulmans demandant le baptême. A l’issue de la formation, le stagiaire est capable de prendre la parole en public (conférences) sur les thèmes difficiles afférents à l’Islam dans des conférences, d’apporter aux groupes d’apostolat existants des instruments pour présenter la Révélation chrétienne à des Musulmans. L’enseignement fourni est essentiellement à contenu doctrinal et théologi-que, et s’appuie sur les enseignements des Pères et le Magistère de l’Église. D’une durée d’une année, à raison d’une séance mensuelle entre octobre et juin, il est accompagné de travaux dirigés avec mise en situation. Les enseignements sont assurés par des personnalités reconnues dans le milieu de l’apostolat en milieu difficile (groupe d’apostolat « Saint Jean de Damas ») et / ou expertes de ces questions sur l’Islam (P. Edouard-Marie Gallez, P. Michel Gitton…).

- Introduction générale : l’art de mener la discussion théologique et dogmatique avec un musulman. Ce que pense un musulman du christianisme.

- Approche historique : information sur le monde méditerranéen à l’époque de la naissance de l’Islam. Les premiers manuscrits du Coran. La formation des communautés musulmanes.

- Le discours musulman classique sur le Coran ; strates rédactionnelles. Déformations autour de la Trinité.

- Prophétisme et histoire ; la question de l’historicité du prophète Muhammad.

- Exégèse coranique : l’épaisseur humaine du texte du Coran.

- Liberté et mal : l’existence du mal, la question du péché originel. Vision musulmane contre vision chrétienne.

- Communauté et Église : l’effectuation dans l’histoire de la volonté divine. La Umma est-elle le moyen que Dieu se donne de mettre sa justice sur terre ? La question de la violence. Vision chrétienne / vision musulmane.

- Témoignages de musulmans convertis au catholicisme ; retour sur des expériences personnelles et enseignements.

Contact : « Formation & Dialogue », Revue Résurrection, 68 avenue Denfert-Rochereau, 75014 PARIS

Bulletin de commande et d'abonnement de la revue RésuRRection, dirigée par le Père Michel Gitton

à retourner aux éditions Parole et silence, 60, rue de Rome, 75008 Paris

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