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FRANCE Catholique FRANCE Catholique 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@l@m@a@a; M 01284 - 3120 - F: 2,90 E ISSN 0015-9506 MAI 68 et le Saint-Esprit ? n Mgr de Berranger : Pourquoi j’aime Edith Stein pages 8 à 14 pages 19 à 22 Hommage à Messiaen pages 26-27 Musique Un pèlerinage à Lourdes original... ... avec Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis 84 e année - Hebdomadaire n°3120 - 23 mai 2008 www.france-catholique.fr 2,90 FRANCE Catholique

FRANCE FRANCE Catholique Catholique · 2014-12-02 · porté le 17 mai le championnat de France de Ligue 1. moNDE ChiNE: Un puissant séisme de 7,8 degrés sur l’échelle de Richter

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001

5-95

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MAI 68et le Saint-Esprit ?

n Mgr de Berranger :Pourquoi j’aime Edith Stein pages 8 à 14

pages 19 à 22

Hommageà Messiaen

pages 26-27

MusiqueUn pèlerinage à Lourdesoriginal...

... avec Mgr Olivier de Berranger,

évêque de Saint-Denis

84e année - Hebdomadaire n°3120 - 23 mai 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

FRANCEpolitiquE : L’adoption du projet de loi sur les OGM a été empêchée le 13 mai par le vote d’une motion de procédure communiste adoptée par 136 voix contre 135, un grand nombre de députés de la majorité n’étant pas en séance. La commission mixte paritaire Assemblée –Sénat chargée de proposer une nouvelle version du texte a repris le projet voté par le Sénat avant son rejet par l’Assem-blée. Les socialistes ont décidé de saisir le Conseil constitutionnel.Le porte-parole du PS, Julien Dray, n’a pas exclu un vote hostile à la révision de la constitution.Le Nouveau Centre a tenu son congrès constitutif le 17 mai à Nîmes ; le ministre de la Défense, Hervé Morin, a été élu président.ÉCoNomiE : La ministre de l’Économie a annoncé le 15 mai que le taux de croissance pour 2007 avait été révisé à la hausse : 2,2 au lieu 1,9% ; la dette pu blique a été ramenée de 64,2 à 63,9% du PIB ; ce même PIB a encore progressé de 0,6% au cours du seul 1er trimestre 2008, rythme supérieur aux prévisions.SoCiAl : La grève des fonctionnaires a été bien suivie le 15 mai dans l’Éduca-tion nationale ; enseignants et étudiants occupaient une place importante dans les cortèges. Nicolas Sarkozy a annoncé le même jour que le service minimum d’accueil dans les établissements sco-laires deviendrait obligatoire. Le ministre de l’Éducation souhaite la mise en place dès la rentrée 2009 d’une agence de remplacement des enseignants absents.Huit syndicats de la SNCF ont déposé un préavis de grève pour le 22 mai ; ils pro-testent contre la réforme des retraites.Selon l’Insee, le pouvoir d’achat des mé nages a progressé de 3,3% en 2007 contre 2,6% en 2006 ; c’est la plus forte hausse depuis 2002.JuStiCE : Le Conseil supérieur de la magistrature a abordé le 19 mai l’exa-men de la responsabilité du procureur dans l’affaire d’Outreau.pêChE : Après le blocage des ports de La Rochelle et des Sables-d’Olonne, la pro-testation des pêcheurs contre la hausse du prix du gazole s’est étendue le 17 mai à St-Gilles Croix-de-Vie et au Croisic.SANtÉ : Le plan gouvernemental sur l’autisme, présenté le 16 mai, prévoit la création de 4 100 places d’accueil sur cinq ans.DÉFENSE : Le livre blanc contenant les grandes lignes de la politique de défense au cours des quinze prochaines années

met l’accent sur l’importance du rensei-gnement ; l’effort de dissuasion nucléaire sera maintenu, mais des bases seront fer-mées en Afrique et les effectifs suscep-tibles d’être déployés à l’étranger seront ramenés de 50 à 30 000 hommes.logEmENt : Les locataires de HLM dont les revenus dépassent d’au moins 20% les plafonds de ressources pour accéder à un logement social verront leur loyer majoré à partir du 1er janvier prochain.ViolENCES : Deux adolescents de 11 et 12 ans ont été mis en examen le 16 mai pour viol et diffusion de la scène au moyen d’un téléphone portable.BANquES : Selon un communiqué du 15 mai, la crise boursière qui a divisé par trois le bénéfice du Crédit agricole au 1er trimestre de cette année a contraint la banque à lancer une augmentation de capital et un programme de réduction d’activités et de cession d’actifs.pAtRimoiNE : La Nuit des musées a ac cueilli le 17 mai 1,5 million de visi-teurs. Un buste de Jules César, peut-être exécuté de son vivant, a été découvert en 2007 dans le Rhône à hauteur d’Arles, ainsi qu’un Neptune en marbre et un bronze représentant le satyre Marsyas.pRESSE : Les députés ont adopté le 15 mai en première lecture un projet de loi visant à protéger le secret des sources des journalistes.iNtEmpÉRiES : Des orages ont éclaté le 15 mai dans la région de Toulouse et sur le Nord-Pas-de-Calais ; environ 70 per-sonnes ont dû être évacuées sur les axes routiers menant à Lille, les voitures ayant été bloquées par la montée des eaux.Un séisme de magnitude 4,2 a secoué la région de Tarbes le 18 mai ; c’est le quatrième de cette magnitude enregistré dans cette zone depuis 2002.VoilE : Partis de Concarneau le 20 avril, Laurent Pellecuer et J.P. Mouren ont remporté le 12 mai à St Barthélémy la 9e

édition de la transat à la voile.Foot-BAll : Pour la septième année consécutive, l’Olympique de Lyon a rem-porté le 17 mai le championnat de France de Ligue 1.

moNDEChiNE : Un puissant séisme de 7,8 degrés sur l’échelle de Richter a frappé le 11 mai le sud-ouest de la Chine, faisant des dizaines de milliers de victimes dans la province du Sichuan ; des villes entières auraient été rayées de la carte et les barrages de la région sont menacés. Les répliques du séisme ont perturbé la

course contre la montre des sauveteurs pour retrouver des survivants. La Chine a accepté l’aide étrangère.BiRmANiE : Alors que l’aide étrangère arrive toujours difficilement dans le pays, la crainte d’un détournement de cette aide s’ajoute désormais au risque d’épi-démies et de choléra et à la menace de nouvelles précipitations. Les autorités birmanes n’avaient toujours pas donné le 18 mai leur accord au bâtiment français « Le Mistral » pour le déchargement de 1 500 tonnes de fret humanitaire.liBAN : Le président Bush qui devait rencontrer le Premier ministre Fouad Siniora le 18 mai en Égypte, s’est dit prêt à aider l’armée libanaise à désarmer le Hezbollah. Un accord mettant fin aux affrontements a été obtenu le 15 mai par la Ligue arabe ; les négociations se pour-suivent au Qatar. L’élection présidentielle a été différée pour la 19e fois et reportée au 10 juin.pARAChutES DoRÉS : Les ministres des Finances de la zone euro ont dénoncé le 13 mai les augmentations de salaires de certains chefs d’entreprises.iNDE : Renault-Nissan a annoncé le 12 mai la création d’une entreprise commune avec le spécialiste indien des motos, Bajaj, pour lancer une voiture à bas prix (2 500 dollars ou 1 600 euros) en 2011.Un couvre-feu a été imposé le 14 mai à Jaipur au lendemain d’at tentats qui ont fait 80 morts et 150 blessés ; on craint que des groupes pakistanais ou bangla-dais cherchent à détruire le processus de paix entre l’Inde et le Pakistan.pAkiStAN : Trois mois après les élections, le parti de Nawaz Sharif a fait éclater la coalition au pouvoir en retirant ses neuf ministres du gouvernement.ÉtAtS-uNiS : Sans surprise, Hillary Clinton a remporté le 13 mai la primaire de Virginie avec 67% des voix ; elle a annoncé que la course à l’investiture n’était pas terminée, alors que son rival s’apprête à recevoir très prochainement l’investiture des démocrates.La cour suprême de Californie a jugé le 15 mai que l’interdiction du mariage homo-sexuel était contraire à la Constitution en vertu de l’égalité des droits ; venant du plus grand État américain, cette déci-sion pourrait introduire la question dans la campagne présidentielle.AmÉRiquE lAtiNE : François Fillon a pro-fité de sa présence le 17 mai au 5e Som met Union européenne – Amérique latine de Lima, pour sensibiliser les diri-geants sud-américains au sort d’Ingrid Bétancourt.

J.L.

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SOMMAIRE

ACTUALITé 4 AIRbUS Nouvelle crise Alice Tulle

5 LIbAN Victoire du Hezbollah Yves La Marck

6 fIN dE VIE L'affaire Pierra Tugdual Derville

7 INSTITUTIONS députés frondeurs Alice Tulle

dOSSIER 8 EdITH STEIN Témoin d'une société fraternelle Mgr Olivier de Berranger / Bruno Ben Moubamba

ESPRIT 15 MéMOIRE dES jOURS jusqu'au bout de la foi Robert Masson 16 LECTURES La fête-dieu Père Michel Gitton 17 PRIèRES fête-dieu et Adoration Père Ludovic Lécuru 18 AEd Colombie, la paix à construire Marc Fromager

23 ECCLESIA Message aux actionnaires

MAgAzINE

19 IdéES En relisant Mai 68 Gérard Leclerc / Grégoire Coustenoble

24 LIVRES Ouverture sur l'Espérance Bénédicte Repain

25 bd Sac à dos sans trêve (31/40)

A. de Palmaert / Palmart

26 MUSIqUE Olivier Messiaen Enrique Merello-Guilleminot

28 ExPOSITIONS Victor Laks Alain Solari

30 ExPOSITIONS bernard Piffaretti Ariane Grenon

33 CINEMA "Enfances...", "Cleaner" "Sous les bombes", "Semi-pro", Marie-Christine Renaud d'André / Marie-Lorraine Roussel 34 THéÂTRE "Les zola"

Pierre François

35 TéLéVISION "Le petit lieutenant", "j'veux pas que tu t'en ailles", "El cielito" M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel

36 TéLéVISION Votre début de soiréeM.-Ch. R. d’A.

38 bLOC-NOTES Vie associative et d’église Brigitte Pondaven

Couverture - photo Mgr de Berranger © A. MORETphoto Olivier Messiaen © CENTRE TRINITÉ

édITORIAL

FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 3

Tous ceux qui ont approché à un moment de sa vie, le cardinal Bernardin Gantin, conserveront le souvenir lumineux d'un homme d'exception. La dénomination de prince de l'Église convenait particulièrement à ce serviteur de la papauté dont la fière allure rayonnait encore sur son lit de mort. Paul VI

avait tout de suite compris qu'il lui fallait à ses côtés cet archevêque de Cotonou, qui apporterait à la haute administration romaine le renouveau tant attendu à l'heure de la nécessaire internationalisation de la curie. À Justice et Paix comme à Cor Unum, organismes suscités par la réforme conciliaire, Mgr Gantin révéla d'emblée ses qualités de dispensateur de la charité concrète à l'échelle du monde. Jean-Paul II ne pouvait que promouvoir un pareil collaborateur à une des plus impor-tantes et délicates responsabilités du gouver-nement de l'Église. Le cardinal Gantin, préfet de la Congrégation pour les évêques eut à gérer les affaires internes les plus difficiles. C'est avec peine qu'il sanctionna l'acte de rupture grave de Mgr Marcel Lefebvre. En tant que prêtre et jeune évêque africain, il avait apprécié l'ancien archevêque de Dakar, fondateur des premières conférences épiscopales locales. Tout comme son ami, le cardinal Thiandoum, il vécut l'affaire d'Ecône comme un déchirement.

Quand sonna l'heure de la retraite, Jean-Paul II nomma Bernardin Gantin doyen du collège des cardinaux, mais il ne put lui refuser de retourner sur sa terre natale, pour vivre ses dernières années. Au Bénin, le cardinal avait un statut moral incomparable, comme figure historique à la fois nationale et universelle. Qu'il soit venu mourir à Paris constitue également un signe précieux pour nous. Bernardin Gantin aimait beaucoup la France, où il comptait de nombreux amis, au premier rang desquels le cardinal Jean-Marie Lustiger. Il faut signa-ler aussi ses liens avec Mgr Jean-Louis Riocreux, évêque de Pontoise, qui l'accompagna jusqu'au bout. À l'heure de la repentance et des procès destinés à instruire les fautes du passé, notamment à l'égard de l'Afrique, le cardinal Gantin se signalait comme porte-parole de la gratitude. Un peu à l'image de Léopold-Cedar Senghor, n'ignorant rien des plus cruelles blessures de l'histoire, il ne voulait à aucun prix aviver les ressentiments réciproques. Sa gratitude, il l'exprimait à tout propos aux missionnaires qui avaient apporté à l'Afrique ce cadeau sans prix : la foi au Christ. n

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

Le cardinalgantin

par Gérard LECLERC

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Voici bientôt deux ans, les difficul-tés commer ciales d ’A i r bu s a va i t provoqué surprise

et scandale. Un plan de redres-sement (Power 8) avait été mis en œuvre et les mesures rigoureuses qui avaient été prises (vente de deux usines) laissaient espérer une rapide sortie de crise.

Il n’en est rien. Le 6 mai, l’un des dirigeants d’EADS, Tom Enders, a déclaré que de nouveaux retards dans la livraison de l’Airbus A 380 étaient possibles. Le lende-main, la direction d’EADS annonçait que les usines de Méaulte et Saint Nazaire ne seraient pas vendues au groupe Latécoère.

Ces difficultés ne se situent pas dans le domaine de la simple gestion : elles sont le signe visible du violent conflit qui oppose depuis 2006 les Français et les Allemands au sein du groupe EADS.

Pour en saisir la nature et la gravité, il faut se souvenir des conditions dans lesquelles la société EADS a été créée en 2000. A la suite de négocia-tions complexes, le gouverne-ment Jospin avait cru judicieux de favoriser la création d’un groupe européen voué à l’aé-ronautique, à la défense et à la conquête spatiale. Composé de plusieurs entreprises privées,

EADS fut fondé sur un socle franco-allemand et plusieurs programmes aéronautiques furent effectivement lancés (A 380, nouvelle version de l’A 340, A 350…).

Huit ans plus tard, des Français qui travaillent chez Airbus notent que la parité franco-allemande n’est plus qu’un souvenir. Ils ont rédigé un document qui est diffusé à l’intérieur du groupe et qui commence à circuler à l’exté-rieur. Ce texte établit dans le détail des faits qui montrent l’ampleur de la crise.

Certes, Louis Gallois est pré sident d’EADS et un autre Français, Fabrice Brégier, est le n°2 d’Airbus. Mais ce sont nos partenaires allemands qui détiennent les postes straté-giques : Rüdiger Grube préside le comité des actionnaires ;

Stefan Zoller dirige EADS Défense, Lutz Bertling est à la tête d’Eurocopter, Tom Enders préside aux destinées d’Airbus, Hans Peter Ring contrôle les fi nances d’EADS. Pour ne pas perturber les relations franco-allemandes, le gouvernement français n’intervient pas dans les affaires du groupe.

Aux yeux des ingénieurs et cadres français, cette in fluence allemande prépon-dérante explique la réparti-

tion inégale du poids des sacrifices imposés par le plan Power 8 :

2 000 suppressions d’emplois en France, 850 au Royaume-Uni, 250 en Espagne et aucune en Allemagne sur les 1 850 qui étaient annoncées. Par ailleurs, aucune cession de site industriel n’est prévue en Allemagne.

Pour les rédacteurs du do cument, les ventes de sites industriels sont une mauvaise solution : « Le problème d’Air-bus, c’est son management aléatoire, inefficace, partial, qui a conduit aux retards de livraisons de l’A380, entraî-nant lui-même des pertes abyssales de l’ordre de 5 milliards d’euros. Rappelons que ces retards sont dès l’ori-gine du programme, dus au refus des allemands d’utiliser le logiciel de câblage « Circé », pourtant mis en œuvre avec succès côté français depuis 10 ans. Mais ce logiciel impli-quait des gains de productivité et donc… des pertes d’emplois en Allemagne ! »

Ces reproches, connus depuis longtemps, se sont aggravés et la situation est devenue critique sur les chaî-nes d’assemblages : à Toulouse, les Français qui travaillent à l’assemblage de l’A 380 ac cusent les 2 500 Allemands d’incompétence et « le risque d’affrontements physiques est permanent ». A Hambourg, une équipe de compagnons français venus analyser les méthodes allemandes de câblage « ont été interdits de monter sur l’avion et littéralement jetés de l’atelier de Hambourg par les salariés allemands et leur syndicat ».

Louis Gallois n’est pas épar-gné : il s’est déclaré contraint de délocaliser aux États-Unis à cause de « l’euro fort » sans se poser le coût qualitatif et logistique de l’installation en zone dollar. C’est pour-tant le président d’EADS qui devra peser de tout son poids pour trouver une solution aux conflits qui menacent l’avenir d’Airbus. n

Nouvelle crise

ACTUALITÉAIRBUS

La situation est devenue critique sur les chaînes d'assemblage

4 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

par Alice TULLE

(

L’annonce de nouveaux retards dans la livraison de l’AirbusA 380 est une nouvelle étape dans une crise qui se développe sur fond de conflit entre Français et Allemands.

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Les succès obtenus par le Hez bollah à l'été 2006, face à Israël, lui avaient permis de s'affirmer face au courant Hariri

qui domine le gouvernement libanais depuis les élections de 2005 et de bloquer l'élection du président de la République. Le mouvement chiite libanais a montré sa force en s'oppo-sant aux quelques velléités de ce gouvernement pour contrô-ler ses activités, en l'occurrence sa présence à l'aéroport et son acquisition d'un réseau de communications autonome. Du 7 au 14 mai, il s'est emparé de Beyrouth-Ouest, bastion sunnite, et a assiégé le Chouf, fief du diri-geant druze Walid Joumblatt, principal allié des Hariri. Le cabi-net Siniora a prudemment reculé à la faveur de la médiation de la Ligue Arabe.

Le Hezbollah a ainsi apporté la preuve que rien ne saurait s'opposer à son hégémonie au Liban. Le retrait israélien du Sud-Liban en 2000 suivi de la guerre de 2006 l'a libéré de toute hypothèque militaire tout en lui conférant le brevet de la résistance. Le retrait syrien de 2004 l'a délivré d'un protecteur encombrant. Loin de préfigurer la formation d'un État libanais fort, capable de désarmer les milices du Hezbollah, il a ouvert la voie à l'emprise croissante du mouve-ment dans toutes les institutions du pays. Paradoxalement, la dernière limite au pouvoir chiite est l'équilibre confessionnel qui est pourtant l'antithèse d'un État fort et déconfessionnalisé. C'est cet équilibre qui a présidé à la cantonisation des élections de

2005 qui garantit une égalité de représentation aux Musulmans et aux Chrétiens et, à l'intérieur des Musulmans, aux Sunnites et aux Chiites, au mépris de toute démographie. Au mieux, les Chiites forment à eux seuls le tiers de la population (peut-être 40%) alors qu'ils n'ont droit qu'à environ 20% des sièges. Le

pourcentage des Chrétiens est vraisemblablement tombé sous la barre des 40%. Les Druzes ne seraient plus guère que 5% de la population, mais le courant de W. Joumblatt a autant de sièges que le Hezbollah. Quant à l'ar-mée, il est entendu que la moitié de ses recrues sont chiites, 20% sunnites et pas plus du quart chrétiennes.

Quoi qu’il en soit de ces équilibres démographiques et électoraux, le Hezbollah devait tôt ou tard en tirer la conclu-sion que le système politique classique ne lui permettrait pas de parvenir au pouvoir, même avec l'alliance nouée avec le Courant Patriotique du géné-ral Aoun, majoritaire chez les

Chrétiens. Il lui fallait mater les minorités musulmanes qui ont longtemps occupé le pouvoir à savoir les notables sunnites et les féodaux druzes, alliés aux grandes familles maronites.

C'est désormais le mouve-ment islamique libanais qui va rayonner sur ses voisins et le reste du Moyen Orient. Les liens sont déjà avérés avec

le Hamas à Gaza. Quoique sunnite, le Hamas s'oppose au Djihad islamique autant qu'au Fatah laïque. Hamas comme Hezbollah jouent sur une base populaire, par opposition aux organisations terroristes que l'on rattache à la nébuleuse Al Qaida et dont l'action est menée par des groupuscules et n'est pas motivée par un projet politique national.

Le Hezbollah menace à terme le pouvoir syrien, malgré les gages que celui-ci donne à Téhéran. Les Chiites d'Irak sont aujourd'hui trop divi-sés pour fournir une direction aussi charismatique que celle d'Hassan Nasrallah. Celui-ci, même s'il déclare se soumettre au Guide Suprême iranien et chiite qu'est l'imam Khamenei, possède de meil leures chances de réussir dans son projet poli-tique que l'imam Khomeini dont l'appel à la révolution islami-que s'était brisé sur la haine des Sunnites envers les Chiites, sans parler du choc de cultures entre Arabes et Iraniens. La haine n'est pas moins vive aujourd'hui côté sunnite parmi les idéolo-gues d'Al Qaida qui pourfen-dent l'hé résie chiite autant que l'Occident. (1) Mais Hassan Nas rallah est un chiite arabe, libanais de surcroît c'est-à-dire adossé à une diaspora dissé-minée partout dans le Moyen Orient et plus occidentalisée que quiconque dans la région. Il réunit tous les atouts. n

ACTUALITÉ

par Yves LA MARCK

Victoire du HezbollahLIBAN

FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 5

)C'est désormais le mouvement islamique libanais qui va rayonner sur ses voisins

L'aura acquise par le chef du Hezbollah, Nasrallah, dépasse désormais celle de Ben Laden et d'Al Qaida.

(1) voir Gilles Kepel, « Terreur et Martyre », Flammarion, 2008.

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Hervé pierra est mort le 12 novembre 2006 à l’âge de 29 ans, huit ans après une pendaison « ratée ».

Pareille mort pourrait légiti-mer de multiples procès.

1/ Celui du cannabis que le jeune homme avait régulière-ment consommé : on peut se demander s’il n’est pas à l’ori-gine de la schizophrénie pour laquelle on sait qu’il avait déjà dû être hospitalisé six mois, et qui le faisait tant souffrir.

2/ Celui, peut-être, de l’accompagnement social de cette désespérance : la pendai-son du jeune homme était sa troisième tentative de suicide. Selon le témoignage de sa petite amie, ses médicaments avaient provoqué son impuis-sance. Cet effet secondaire aurait achevé de le désespérer, alors qu’il reprenait le dessus dans sa carrière militaire.

3/ Celui, certainement, du dispositif de prise en charge au long cours des personnes en situation de coma végétatif. C’est l’état dans lequel Hervé s’est retrouvé, son père, capi-taine des pompiers de Paris, lui ayant prodigué, avec ses collèges, des gestes intensifs de réanimation : massage cardiaque, bouche à bouche et électrochoc. Cet acharnement l’avait « sauvé ». à en croire ses parents, qui n’ont pas ménagé leurs forces pour le ramener à la conscience, Hervé Pierra

aurait ensuite échoué dans un « mouroir » rempli de person-nes âgées. Ainsi désignent-ils le centre de long séjour où il fut hospitalisé plusieurs années, à Saumur, tandis que son corps se « rabougrissait », conséquence de l’alitement.

4/ Celui de l’affaire Hum bert enfin puisque la mort d’Hervé Pierra peut être considérée comme un dégât collatéral de celle de Vincent, et de la loi fin de vie qui a suivi. Les époux Pier ra s’étaient en effet enga-gés comme militants dans les deux associations épousant la cause de Marie Humbert : Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) et Faut qu’on s’active. à ce titre, ils réclament aux équipes médi-cales du centre de long séjour où vit leur fils qu’elles mettent en œuvre une disposition de la loi Leonetti qu’ils pensent susceptible de mettre fin à ses jours : l’arrêt de son alimenta-tion et de son hydratation.

Cette loi affirme que ce sont des traitements, préci-sant que ces derniers peuvent être interrompus. Une telle assimilation est abusive : au même titre que la toilette ou autres soins de « nursing » ce sont des soins toujours dus aux patients. C’est d’ailleurs la réponse de bon sens opposée par les soignants de Saumur. Car on leur demandait, ni plus ni moins, d’euthanasier le jeune homme. Voilà qu’une

équipe d’éthiciens d’un hôpital parisien cautionne la demande des parents en s’appuyant sur la loi Leonetti. Les soignants résistent encore. Un procu-reur est saisi. Régis Aubry, président du Comité National de Développement des Soins Palliatifs, donne à son tour son aval à l’arrêt d’alimentation et d’hydratation. N’est-ce pas le véritable scandale de l’affaire ? Les soignants locaux doivent se soumettre.

Le résultat est catastro-phique : les parents assistent à six jours d’agonie de leur fils marquée par de vio lentes convulsions. Après s’être battus pour obtenir de la médecine ce qu’elle ne voulait pas prodiguer, les parents re tournent leur colère contre la disposition de la loi dont ils ont imposé l’application. La ficelle est grosse, mais qui oserait s’opposer à leur poignant témoignage ?

Ceux qui ont soutenu la démarche des parents, contre l’avis de l’équipe médicale, se divisent. Pour Régis Aubry, « L’affaire Pierra est l’exemple typique d’une mauvaise appli-cation de la loi Leonetti » : il aurait fallu continuer les autres soins et accompagner les parents en leur expliquant que leur fils ne souffrait pas, plutôt que de les abandonner. Mais eux persistent dans une autre analyse : ils réclament la légali-sation de l’injection létale.

L’avocat de Chantal Sébire, également vice-président de l’ADMD, vient de publier un livre en ce sens : Moi, Hervé Pierra, ayant mis six jours à mourir. On retrouve la tech-nique, utilisée dans l’affaire Humbert, de faire parler une personne incapable de s’expri-mer par elle-même.

Ce qui est devenu l’affaire Pierra a ainsi glissé vers le faux débat « au milieu du gué ». Des « techniciens » des soins pallia-tifs à l’image de Régis Aubry critiquent l’incompétence d’une équipe médicale qui aurait dû, estiment-ils, admi-nistrer au jeune Hervé de quoi stopper ses convulsions. Mais ils ne contestent plus l’arrêt d’alimentation. Grave dérive.

Plus grave encore, c’est la restriction imposée par la loi Leonetti que Maître An thonovitz conteste, la jugeant « hypocrite ». Selon lui, la seule solution pour éviter « la mort de faim et de soif » c’est d’autoriser un geste létal direct.

Comble de mauvaise foi, en obtenant la possibilité de pratiquer l’arrêt d’alimentation et d’hydratation les partisans de l’euthanasie ont franchi l’étape qu’ils prévoyaient. Ils exploitent maintenant le scandale de cette mort, et la détresse de parents endeuillés, en orientant leur colère dans le mauvais sens.

Le fiasco de la mort d’Hervé Pierra montre que l’alimenta-tion et l’hydratation n’auraient jamais dû quitter leur statut de soins.

Voilà les adversaires de l’euthanasie contraints de défendre une loi imparfaite, contre la menace de son ag gravation. n

L'affaire Pierra

ACTUALITéFIN DE VIE

« L'exemple typique d'une mauvaise application de la loi Leonetti »

6 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

par Tugdual DERVILLE

(

Ceux qui veulent faire évoluer la loi Leonetti dans le sens de l’injection létale exploitent sa faille principale : la possibilité de provoquer l’euthanasie par arrêt d’alimentation et d’hydratation.

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Préfacée par le rapport de la Commission Balladur qui avait déjà renoncé à redé-finir les fonctions

présidentielle et gouverne-mentale, la réforme des insti-tutions a mal débuté.

Le 14 mai, la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a rejeté le projet présenté par le gouvernement. Son avis n’était que consulta-tif mais la commission des lois a adopté deux amendements socia-listes au même texte grâce au soutien de députés de l’UMP : le premier amendement supprime le principe d’un nombre maximum de ministres, le second interdit aux membres du gouvernement d'être en même temps maires d'une commune de plus de 20.000 habitants ou président de conseil général ou régional.

Il y a plus sérieux : alors que Nicolas Sarkozy voulait que le Président puisse venir s’exprimer devant les deux assemblées, un amendement voté par la commission des lois prévoit que le chef de l’État ne pourra venir s’exprimer qu’une fois par an devant le Parlement réuni en Congrès, pour une déclaration qui serait suivie d’un débat sans vote. L’atteinte au principe de séparation des pouvoirs demeure, mais elle est limitée.

D’autres amendements

renforcent les pouvoirs du Parlement : droit de veto sur les nominations décidées par le pouvoir exécutif, rôle renforcé dans le domaine de l’évalua-tion des politiques pu bliques, obl igat ion d ’ informer le Parlement dans les trois jours en cas d’intervention militaire sur un théâtre extérieur.

Les socialistes ont globa-

lement rejeté le projet de réforme, ce qui jette le doute sur l’adoption finale du texte par le Congrès qui se réu nira à Versailles le 7 juillet.

Les débats sur la réforme constitutionnelle s’inscrivent dans une situation politique paradoxale : on voit des dépu-tés de la majorité et de l’oppo-sition voter dans le même sens des amendements qui limitent

la portée de la réforme sarko-zienne ; surtout, la restauration des droits du Parlement, que le chef de l’État appelait de ses vœux, ouvre une crise politique entre la majorité parlementaire et Nicolas Sarkozy.

Cette crise est grave, car ce n’est pas seulement la réforme des institutions qui fait problème : déjà le débat

sur les OGM avait créé un trouble à droite. Le président de la République, qui est resté président de l’UMP, avait alors tenté de reprendre le contrôle de « ses » parlementaires en les réunissant à l’Élysée. Mais, le 13 mai, le fameux texte sur les OGM a été rejeté par l’As-semblée nationale votant une motion de procédure présentée par un député de la gauche.

Le Président a pu mesu-rer l’ampleur de la fronde en prenant connaissance des déclarations de personnalités qui sont censées le soutenir. Ainsi le député UMP Hervé de Charette a-t-il souligné que « L'UMP est un parti qui a été organisé de façon autoritaire par Nicolas Sarkozy pour la conquête du pouvoir, mais son fonctionnement de vient inadapté sous la présidence bre jnevienne de Patr ick De vedjian ». On se doute que l’intéressé, tout de même plus

jeune que le presque inu sable chef commu-niste, n’a pas ap précié cette pique. Christian Estrosi, ancien secré-taire d’État et maire de Nice, a déclaré que « l ’UMP n’est pas utile à Nicolas Sarkozy aujourd’hui » parce qu’elle souf-fre d’un « problème d’organisation ». Là encore, les oreilles de Patrick Devedjian ont dû siffler. Enfin, les conseillers du chef de l’État, sont brocar-dés par de nombreux députés de droite qui

les accusent d’irréflexion en termes rudes.

Alors que le Parti socialiste est une « pétaudière », selon un de ses dirigeants, alors que les manifestations de rue se déroulent dans le calme, c’est une fraction de la droite qui entre en opposition. Ce n’est pas le moindre paradoxe de la situation. n

L'atteinte au principe de séparation des pouvoirs demeure, mais elle est limitée )

FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 7

ACTUALITé

Députés frondeurspar Alice TULLEréFormE DEs INsTITUTIoNs

À l’Assemblée nationale, le projet de révision constitutionnelle fait l’objet d’un débat confus, en raison de l’opposition d’une partie de la droite aux intentions présidentielles.

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Mgr de Berranger, vous avez collaboré à plusieurs ■ouvrages sur Édith Stein. Pourquoi ?

Curieusement, c’est en Inde, dans le carmel de Jordighee, où je passais quelques jours, que j’ai eu l’occasion de lire la biographie que lui a consacrée Hilda Graeff. J’ai aussitôt écrit à un ami germano-phone en France pour lui deman-der s’il acceptait de m’accompa-gner sur les traces d’Édith Stein, en Allemagne et en Hollande. Ce qui fut réalisé du 31 juillet au 9 août 1990. Et en août 1992, paraissait dans la Nouvelle revue théologi-que mon article, « Édith Stein ou la chasteté des choses ». Par la suite, je n’ai eu de cesse que sorte

en français son merveilleux ouvrage, Vie d’une famille juive, paru chez Ad Solem en 2001...

Édith Stein est née le 12 octobre 1891 à Breslau. ■Ses Souvenirs, qu’elle a rédigés de 1933 à 1939, sont-ils son œuvre la plus accessible ?

Non, je pense que d’autres œuvres sont par-faitement accessibles. En France, Cécile Rastoin en a déjà traduit plusieurs, dans le domaine poé-tique ou spirituel. D’autres suivront, qui vont étonner. Mais il est vrai que ce recueil est d’une simplicité et d’une originalité telles que, malgré son contexte très spécifique, il atteint tous les hommes, toutes les générations, par une sorte de génie de l’empathie.

DOSSIER

propos recueillis par Bruno BEN-MOUBAMBA

8 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

EntREtIEn avEc MgR OlIvIER DE BERRangER

Édith Steintémoin d'unesociété fraternelle

Édith Stein, cette philosophe juive allemande, convertie au catholicisme, entrée au Carmel, gazée à Auschwitz le 9 août 1942, resta longtemps méconnue. Le 1er mai 1987, le pape Jean-Paul II la béatifiait, et le 11 octobre 1998, il la canonisait, puis, le 1er octobre 1999, il la déclarait, avec Catherine de Sienne, Brigitte de Suède, Benoît de Nursie, Cyrille et Méthode, patronne de l’Europe.Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis et président de la Commission pour la Mission Universelle de l’Église, est un des promoteurs du rayonnement intellectuel et spirituel en France de cette sainte. Il présidera, du mercredi 6 au dimanche 10 août 2008, un pèlerinage à Lourdes, placé sous le signe bien sûr du 150e anniversaire des apparitions, mais aussi des 10 ans de la canonisation de sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, Édith Stein.

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DOSSIER

Édith Stein explique que ses souvenirs ont été ■écrits pour témoigner de l’authentique réalité juive, contre les idées caricaturales véhiculées par la propagande nazie. « Nous qui avons grandi dans le Judaïsme, nous avons le devoir de porter témoi- gnage ». (1) Édith Stein n’est-elle pas une figure contre la Barbarie : violences, racismes, guerres, cri-mes contre l’humanité, communautarisme… etc. ?

C’est, en d’autres mots, ce que déclare Jean-Paul II le 1er octobre 1999. Son témoignage in-signe, dit-il, déploie « sur l’horizon du vieux continent un étendard de respect, de tolérance, d’accueil, qui invite hommes et femmes à se com-prendre et à s’accepter au-delà des diversités de race, de culture et de religion, afin de former une société vraiment fraternelle. »

Son intention était apparemment de noter les ■souvenirs de sa mère, Augusta Stein. C'est la figure de la Mère qui devait être centrale dans sa famille. Mais que représentait l’idée de famille pour Édith Stein qui passa de l’incroyance au christianisme, tout en restant juive ?

Augusta représente le type de la « femme forte » dont parle le Livre des Proverbes. Elle a pris en main la vie économique de sa nombreuse famille après la mort prématurée de son mari, alors qu’Édith est encore toute petite. Elle a élevé sa maisonnée avec une autorité pleine de tact, laissant chaque enfant se développer sans imposer sa manière de voir. Édith a reçu d’elle ce sens de la communauté de personnes, qu’elle développera avant et après son baptême, dans ses articles sur la vie sociale comme dans ses conférences sur la femme.

Édith Stein a-t-elle le sentiment qu’en vertu de ■son Alliance avec Dieu « jamais révoquée » (2), le peuple juif « trinque » souvent avant et pour tous les autres : esclavage, déportation, génocide, pogroms...

Sujet ô combien délicat ! Car s’il est vrai que les sources bibliques de l’histoire juive ont sou-vent été interprétées, dans celle d’autres peuples et civilisations, comme emblématiques de leur drame propre, les Juifs ont raison de souligner le caractère irréductible du pathos et de l’ethos hébraïques avant comme après la rédaction des Livres saints. Je ne sais pas si le peuple juif « trin-que » pour les autres, comme vous dites, mais, pour nous, chrétiens, il est vrai que le Mystère d’Israël joue comme révélateur de sens, il est, di-rions-nous, « prophétique ».

Pour parler de la vocation religieuse de celle qui ■est devenue sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, pouvez-vous la condenser à grands traits, en rappelant quelles réalités s'étaient inscrites à vif dans l’esprit d’Édith Stein quand elle a demandé à être admise au Carmel de Cologne le 14 octobre 1933 ?

D’autres sauraient mieux vous répondre que moi. Je pense encore à Cécile Rastoin, carmélite elle-même, ou à Didier-Marie Golay, prieur des carmes d’Avon. Il me semble que, dès avant son baptême, Édith a eu l’intuition profonde d’une consécration de son existence. on sait combien la lecture de la Vida de thérèse d’Avila fut dé-cisive pour lui faire franchir le grand saut. Pour elle, désormais, le « château de l’âme » était le lieu d’une présence intime à Dieu seul.

Il a fallu toute la force de persuasion de Ri-chard Walzer, son directeur spirituel bénédictin de l’Abbaye de Beuron, pour la convaincre de commencer par une existence chrétienne active durant plus de dix ans encore après son baptême, le 1er janvier 1922, avant d’entrer au Carmel.

Avant même la « Nuit de Cristal » du 9 au 10 ■novembre 1938, prélude à l'Holocauste, 7000 entreprises et magasins saccagés, 190 synagogues incendiées, 30 000 personnes arrêtées, des fem-mes violées, des milliers de blessés, des centaines de morts, elle savait désormais ce qu'il en coûtait d'être juive et professeur (elle fut radiée de l'Uni-versité de Münster) ; d'être juive et de prétendre

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Une figure contre la Barbarie : violences, racismes,guerres...

Édith Stein, peinture à l'huile sur une toile ignifugée (2 m par 2 m) et collage de toile de jute, méditation sur « La science de la Croix »par Virginie von Rakowsky, artiste peintre née en 1964.

Édith Stein

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écrire (ses livres furent interdits) ; d'être juive et allemande : les lois de Nuremberg en 1935, pri-vèrent les Juifs de leur citoyenneté, les condam-nant à l'émigration, première formule d'élimination avant la mise en œuvre de la « Solution finale » qui emporta dans l'horreur, Juifs, Slaves, Tziganes et bien d'autres êtres humains. Vous qui avez lu la « Déclaration de Drancy » (3), que vous inspire cette tragédie ?

Ceux qui le purent et furent assez conscients des dangers quittèrent l'Allemagne, avant d'en être systématiquement expulsés à partir de 1938, soit 400 000 personnes environ : un quart entre 1933 et 1937, les autres en 1938 et 1939. Édith Stein aussi aurait pu partir, comme l’un de ses frères et deux de ses sœurs, un poste lui ayant été offert pour sa sécurité dès 1933 en Améri-que latine ! Édith Stein avait lu Mein Kampf. (4) Elle avait, comme beaucoup d'Allemands, pu mesurer les conséquences économiques du désastre qui suivit la défaite de 1918, elle découvrit alors la doctrine implacable qui avait germé dans l'esprit de Hitler : les Juifs sont une «anti-race», une «ver-mine», ils sont indignes de vivre, responsables de tous les maux. Elle connaissait aussi, pour s’être intéressée durant ses études à la psychologie et aux « sciences de l'esprit », les ressorts fantas-matiques de la haine raciale : c'est quelque chose qui fonctionne à partir de l'inconscient, se ma-

nifeste en réflexes de mépris et de meurtre et a pour source fondamentale la rigidité d'un surmoi collectif pour lequel il est évident qu'existent des races supérieures et des races inférieures. Ce fantasme est surdéterminé dans les situations de crise, d'effondrement des repères éthiques et de débâcle intellectuelle. N’oublions pas le succès des théories racistes, prétendument scientifiques, élaborées pendant le premier tiers du XIXe siè-cle et qui, un peu plus tard, trouveront leur hé-raut allemand en la personne d’Eugène Dühring, auteur en 1880 de « La question juive, question de mœurs, de race et de culture ». (5)

Par un concours de circonstances, les thèses ■de ce « brillant théoricien » s'étaient répandues de bouche à oreille au moment où pullulaient les libelles contre les Juifs et où les pogroms recom-mençaient en Pologne, en Russie et en Allemagne. On peut imaginer qu'à Cologne, puis à Echt, Édith Stein a tenté de com prendre sous la puissance de quels facteurs un gouvernement peut à ce point dégénérer ?

Déjà en 1925, dans son livre sur l'État (6), elle écrivait que là où la loi ne prévoit aucune garan-tie, il n'est possible de riposter à une violation de la loi perpétrée par les gouvernements que par une autre violation de la loi commise par les su-

Elleconnaissaitles ressorts

fantasmatiques de la haine

raciale

DOSSIER

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jets ou par les organes subordonnés, par exemple sous forme d'un refus d'obéir à des ordres illé-gaux. Sans doute une telle réaction ébranle tout autant les assises de l'État que des violations qui la provoquent. Il ne peut donc être question d'un « droit » à la révolution si l'on donne au terme « droit » son sens. Mais le soulèvement contre un ordre établi et la recherche d'un nouvel or-dre peut parfaitement aller dans le sens de l'État, dans la mesure où l'on vise à créer une situation où l'État serait mieux protégé contre les viola-tions du droit. (7) C’est également ce que compri-rent et mirent en pratique les auteurs du complot contre Hitler, dont Dietrich Bonhoeffer.

Nous comprenons bien alors qu’Édith Stein en écri- ■vant Vie d’une famille juive ait voulu réagir !

Elle a voulu se dresser contre « l'horrible ca-ricature qui nous regarde comme un miroir conca-ve ». Elle chercha à défendre les siens : témoigner de leur dignité, de leur humanité. Elle ne nia jamais que certains traits de cette caricature puissent être le reflet de modèles réels, que les Juifs (ils ne sont pas les seuls) peuvent être pervers, voleurs, avides d'argent et de pouvoir, mais elle affirmait surtout que, le plus souvent, c'est le contraire qui est vrai. «Dans toutes les couches du Peuple Alle-mand, il se trouve des hommes, qu’ils aient pénétré

dans des familles juives comme employés, comme voisins, comme camarades d’école et d'étude, pour attester qu'ils y ont trouvé bonté du cœur, intelli-gence, chaude sympathie prête à aider ». (8)

Après ce rappel de l'arrière-plan historique, décou- ■vrons maintenant l'atmosphère dans laquelle elle a vécu son enfance et sa jeunesse jusqu'en août 1916, date à laquelle elle a arrêté son récit.

Elle est donc née le 12 octobre 1891 à Breslau (l’actuelle Wroclaw polonaise), en Basse-Silésie. Ses parents, originaires de Haute-Silésie et de Posnanie, s'étaient installés à Breslau après leur mariage. Ils ont eu onze enfants : quatre sont morts en bas âge. Siegfried, son père, dirigeait une entreprise de bois. Mais, très rigoureux dans ses exigences de justice, il se refusait à licencier qui que ce fût, et peut-être insuffisamment ingé-nieux en affaires, il laissa son entreprise au bord de la faillite lorsqu'il mourut accidentellement en 1893. En revanche, Augusta, sa mère, née Cou-rant (Édith Stein a parfois voulu voir dans ce nom une origine française) était dotée d'une « extra-ordinaire énergie ». Elle reprit l'entreprise en main et assura à ses enfants une existence simple mais sans contrainte excessive. Certains des enfants firent des études supérieures, comme Paul et Erna qui devinrent médecins, et Édith.

Dès que l'on entre dans ce livre de souvenirs, on ■est impressionné par l’abondance des anecdotes.

La mère travaillait du matin au soir, Else, la première des filles, eut la charge de ses sœurs et particulièrement de la petite Édith, et elle eut bien du souci à se faire. Cette sœur aînée qu’Édith aimait pourtant beaucoup avait beau user de tout son art d'éducatrice, elle n’en venait que rarement à bout. très tôt elle a déconcerté les siens par ses silences, sa farouche indépendance, son re-fus de se confier à quiconque. Depuis sa petite enfance, elle menait « une double vie étrange ». À l'extérieur, une apparente absence d'émotions, à l'intérieur, un indescriptible chaos.

Une telle sensibilité aurait pu faire d’Édith Stein ■une femme fragile.

Il n'en fut rien. Elle est devenue une jeune fille robuste, active, dynamique, sans souci du pa raître, autant de traits caractéristiques de la force de vie, de la résistance et de la puissance de travail. Elle a pratiqué divers sports : le tennis, la luge, le canotage, les grandes randonnées sur les rives de l'oder, près de Breslau et dans les forêts avoisinantes, ou en Forêt Noire quand elle était

Ellechercha à défendreles siens : témoigner

de leur dignité, de leur

humanité

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DOSSIER

« La science de la Croix », tableau de Roger Garin, artiste peintre né en 1954, reprenant le titre du livre d'Édith Stein. Ce panneau de 1 m de haut sur 2 m 10 de large (peinture noire acrylique sur papier) a été réalisé spécialement pour le pèlerinage de Lourdes du 6 au 10 août.

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12 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

à Fribourg. (9) Elle éprouvait une sorte de plaisir sportif à venir à bout de ce qui, a priori, paraissait impossible. Quand elle avait résolu un problème de mathématiques, elle sifflait triomphalement. Après avoir passé le baccalauréat haut la main, elle a rêvé de notoriété.

Cette « conviction » explique l'assurance dont ■elle a fait preuve dans les combats qu’elle devait mener par la suite, combats qui la rendirent effec-tivement célèbre, mais d'une célébrité d'un tout autre ordre !

Devenue adulte elle mit un point d'honneur à ne jamais faire étalage de ses succès ni de ses œuvres. C'est en effet grâce au souci de l'autre que Dieu se glisse en son âme, grâce aussi à des épreuves qui ne la laissent pas indemne. En 1920 par exemple, Erna, « sa sœur préférée » qui avait un an et demi de plus qu’elle, se préparait au ma-riage. or elle pensait aussi au mariage, mais elle venait d'essuyer deux échecs amoureux avec des disciples de Husserl, Romano Ingarden et Hans Lipps. Que ces garçons, au demeurant brillants, aient eu peur de sa personnalité, ou que tout sim-plement ils ne l’aient pas assez aimée, il n'en reste pas moins qu’elle en a beaucoup souffert.

Cette épreuve qui humanise le visage de sainte ■Thérèse-Bénédicte de la croix, ne fut peut-être pas étrangère à sa conversion ?

Lorsque précisément en 1920, Erna se prépare à sa nouvelle vie, Édith, qui avait pourtant déjà rencontré le Christ grâce au témoignage d'Anna Reinach après la mort de son mari (10), résistait toujours. Elle a passé toute l'année à Breslau. Le sol brûlait sous ses pieds. Elle se trouvait dans une crise intime cachée aux siens. Elle allait alors très mal, livrée aux combats intérieurs qu’elle menait seule, cachée et sans l'aide de personne. Le ma-

tin, avant le mariage civil, tandis qu'on montait les derniers meubles dans l'escalier, elle était dans l'une des chambres à coucher, étendue sur une chaise longue, le moindre bruit venu l’ébranlait.

Aussi se tromperait-on en imaginant Édith Stein ■au-dessus de toute faiblesse !

À ce titre, on ne peut évoquer ses souvenirs sans signaler cet épisode particulièrement élo-quent. Nous sommes à Göttingen en 1915. Édith vient de passer l'examen terminal clôturant ses études supérieures, avec la note maximale, et elle s’était attaquée dans une thèse d'État au « Pro-blème de l'Empathie ». or voilà qu’elle se déses-pérait de ne pouvoir sortir du labyrinthe de sa pensée. Elle dit ne plus pouvoir traverser la route sans souhaiter qu'une voiture l'écrasât.

Était-ce le désarroi qu’elle éprouvait alors qui lui ■fit se décider brusquement à abandonner sa thèse pour s'engager à la Croix-Rouge comme aide-soi-gnante ?

Je pense plutôt que cela est dû à son patrio-tisme et à sa volonté d’être sur le front à sa ma-nière, comme ses condisciples masculins. Elle fut envoyée en Moravie auprès de soldats allemands et autrichiens atteints du typhus, du choléra et de dysenterie, où, de fait, elle aurait pu mourir.

Et sa famille dans tout cela ? ■

Son frère Arno, ses sœurs Else, Erna et les leurs émigreront à temps. Mais Frieda, Paul (sa femme et leur fille) seront assassinés au camp de teresienstadt. Rosa, devenue la plus dévouée, s'occupa d’Augusta leur maman jusqu'à la mort de celle-ci en 1936, puis elle demanda le baptême et la rejoignit au Carmel d’Echt.

Quels sont les faits marquant, depuis le départ de ■Cologne pour les Pays-Bas, le 31 décembre 1938 ?

En 1939, le 30 janvier, Hitler annonce l'anéan-tissement de la Race Juive en Europe. À Echt, Édith Stein apprend le néerlandais en trois mois. (Le Carmel d’Echt, rattaché à celui de Cologne, avait été fondé en 1875, après l'expulsion des re-ligieuses de Cologne). La sœur d’Édith Stein, Erna, en partance pour New York écrira : « J'ai été ras-surée à l'idée de la savoir à l'abri dans un cloître, tout comme ma sœur Rosa qui elle aussi avait trouvé refuge à l'Est par l'entremise d’Édith». (11)

Le 9 juin, elle rédige son testament. « Dès maintenant, j'accueille avec joie la mort que Dieu

Livrée aux combatsintérieurs

qu'elle menait seule, cachée et sans l'aide de personne

Pèlerinage ouvert à tousOn peut encore s'inscrire au pèlerinage « Édith Stein » à Lourdes avec Mgr de Berranger et Bruno Ben (du mercredi 6 au dimanche 10 août). Institut Édith Stein, 6 bis avenue Pasteur, 93140 [email protected] - www.edithstein.fr

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DOSSIER

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FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 13

m'a destinée, en parfaite soumission à sa Sainte Volonté. Je prie le Seigneur d'accepter ma vie et ma mort pour sa Gloire et sa Glorification, (…) pour toutes les intentions de la Sainte Église (…) J’offre ma vie en expiation (…) pour le salut de l'Allemagne et la paix du monde ; enfin pour tous les miens vivants et morts, et pour tous ceux que Dieu m'a donné : qu’aucun d'eux ne se perde. »

En mai 1940, c’est l’invasion de la Belgique, des Pays-Bas, du Danemark et de la Norvège. En 1941, partout les Juifs sont astreints à porter l'étoile jaune. Les Allemands mettent en place des « Conseils juifs » avec à leur tête des notables comme agents de renseignement. Le 28 juillet, Frieda, son autre sœur, Paul, son frère ainsi que sa femme et leur fille, sont déportés au Camp de teresienstadt, réservé aux « privilégiés ». Ils y se-ront assassinés.

Le 14 septembre, en la fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix, Édith Stein prononce devant les autres religieuses une allocution. À l'automne, des informations commencent à circuler sur le sort des Juifs. Mais il était facile de les ignorer en dépit des tueries massives. Durant leurs derniers mois aux Pays-Bas, Rosa et Édith ont fréquem-ment été assignées à comparaître à Maastricht par les SS ou à Amsterdam par le Conseiller aux Affaires Juives.

Le 20 juillet 1942, en Hollande, les déporta-tions s'accélèrent. Les évêques et les responsables des Églises réformées adressent un télégramme véhément au Commissaire du Reich. Ce dernier les « rassure » : les Juifs chrétiens ne seront pas inquiétés. La manœuvre consistant à dresser les Juifs les uns contre les autres ne manquait pas d’abjecte habilité. Le 20 juillet dans toute la Hol-lande et à toutes les messes, est pourtant lue une lettre pastorale de l'archevêque d'utrecht deman-dant aux catholiques de ne pas oublier la part de responsabilité qui leur incombe, d’aider les Juifs et de prier pour eux. La riposte ne se fit pas attendre. « Nous devons considérer les Juifs qui sont catho-liques comme nos pires ennemis (…) et pour cette raison, nous devons faire en sorte qu'ils soient déportés vers l'Est le plus rapidement possible » devait ordonner le Commissaire du Reich.

Le 2 août 1942, 245 juifs convertis au catholi-cisme et réfugiés dans les couvents sont appré-hendés dont Édith et sa sœur Rosa. on les parque immédiatement dans les camps de transit d'Amer-sfoort et de Westerbork au nord des Pays-Bas. Sur les 1200 personnes ainsi concentrées, seuls les catholiques et juifs « 100 % » sont gardés. Les « Juifs évangéliques » et les « demi-Juifs » sont relâchés.

7 août 1942 : les 987 malheureux restants sont entassés dans des wagons à bestiaux.

9 août 1942 : Édith et Rosa arrivent à Aus-chwitz-Birkenau en même temps que 766 autres Juifs en provenance de Drancy en France.

Édith Stein aimait pourtant son pays l'Allemagne. ■Elle a écrit « je suis prussienne et juive ». Elle avait milité quelque temps au jeune Parti

Démocratique, espérant qu'avec d'autres forma-tions il serait susceptible d'éclairer les conscien-ces. Les leçons du passé devaient servir à ouvrir les yeux sur le présent. L'amour de l'histoire ne fut pas chez elle un plongeon seulement romantique dans les temps passés ; il s'unissait de la façon la plus étroite à une participation passionnée aux événe-ments politiques du présent, de l’histoire en deve-nir. « L'un et l'autre jaillissaient d'une conscience extraordinairement forte des responsabilités so-ciales, du souci de la solidarité de l'humanité, mais aussi de communautés plus étroites ».(12) C'est cette passion qui la faisait rêver d'une Prusse plus allemande, d'une Alle magne plus européenne, d'instituts internationaux, d'échanges culturels et de réconciliation avec les peuples voisins. Elle a écrit : « J'aime le réel, le réel précis de l'âme humai-ne, celle de chaque homme en particulier, celle des peuples (…) j'aime pareillement les idéaux ». (13)

Comment a-t-elle pris conscience du danger mor- ■tel du nazisme ?

un soir de mars 1933 à Münster où elle en-seignait depuis environ un an à l'Institut de Pé-dagogie Scientifique, elle s’est trouvée dans l'im-possibilité de rentrer au foyer où elle habitait. un couple l’invita donc à passer la nuit chez eux. Elle accepta et la conversation s'engagea sur « les atrocités perpétrées contre les Juifs ». Elle commençait par ne pas pouvoir y croire ; puis une évidence s'imposa. C'étaient des nouvelles non officielles. on avait entendu parler de mesures sévères prises contre les Juifs. une lumière jaillit brusquement en elle : Dieu avait « posé une nou-velle fois lourdement sa main sur son peuple et le destin de ce peuple était aussi le sien ». (14)

à ■ trente ans, elle avait donc demandé le baptême, quatre années après la mort d'Adolf Reinach et la fameuse rencontre avec Anna, sa femme. Le Christ ne la quittait plus, au milieu des aléas de son existence.

Elle fréquentait les églises pour prier et par-ticiper aux offices. À Breslau chez sa mère, au grand désespoir de celle-ci, elle se rendait même chaque jour à la messe… C’est ainsi que le 1er janvier 1922, le doyen de la paroisse de Bergza-bern qui la baptisa, devait consigner sur le regis-tre qu’ici « fut baptisée Édith Stein (…), laquelle passa du judaïsme à la religion Catholique, bien instruite et bien disposée ». Bien disposée, c'était évident ; bien instruite sans doute ; mais passée du Judaïsme à la Religion Catholique, c'était un peu

Dieu avait « posée une nouvelle fois lourdement sa main sur

son peuple »

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14 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

vite dit. Elle est passée de l’incroyance à la foi, sans jamais renier ses ra cines. Dans la Vie d'une Famille Juive, elle raconte comment à 14 ans par volonté d'indépendance, elle s'était déshabituée à prier tout à fait consciemment et volontairement. En rencontrant le Christ, elle adhérait enfin au judaïsme, comme Yann Moix vient de le dire dans un livre paradoxal, qui sonne souvent juste. (15)

Mais que savait-elle de l'Église ? ■

Pas grand-chose de plus que ce que chacun sa-vait : sa grandeur – la sainteté de certains de ses membres, le fait qu’en Allemagne à l’époque, il ne paraissait guère convenable d’y adhérer quand on était de l’intelligentsia. Le protestantisme, à la rigu-eur… Cela dit, le sens de l'Église auquel elle accéda immédiatement fut celui du mystère sacramentel, en premier lieu de l'Eucharistie. Elle ne regardait que le Christ qui l'appelait. Aussi ne désirait-elle qu'une chose : être agrégée à son Corps Mysti-que. Plus tard au Carmel, l'Eglise visible, ce serait d'abord ce petit groupe de religieuses et quelques prêtres confesseurs et conseillers, qui s'attirait le respect par le respect dont il faisait preuve.

Le Père Przywara à Spire, l'incita à se former à la pensée thomiste et le Père Abbé de Beuron, Ra-phaël Walzer, l’initia à la vie contemplative. Ainsi lorsqu’elle allait à Spire, durant les vacances, elle allait souvent prier à l'abbaye bénédictine de Beu-ron sur le Haut Danube. L'un et l'autre furent pour elle d'excellents conseillers. « Vivre selon l'eucha-ristie, signifiait sortir insensiblement de l'étroites-se de sa propre vie pour la remettre à l'immensité de la vie du Christ ». En assumant la condition mortelle, le Christ avait voulu que sa souffrance et sa mort se perpétuent dans son corps mystique et dans chacun de ses membres, afin que la souf-france et la mort de chaque membre tiennent de la divinité du chef une force rédemptrice. (16)

Vous avez parrainé la naissance en 1998 (année de la ■canonisation de sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, Édith Stein), d’une association d’amis de cette sain-te du carmel : l’Institut Édith Stein. Vous présidez leur pèlerinage « Lourdes 2008 avec Édith Stein », du 6 au 10 août. Quel lien entre Édith et Lourdes ?

Lourdes est une terre où l’Évangile se respire à plein nez… malgré les marchands du temple. Ber-nadette Soubirous, à première vue, est une figure fort éloignée d’Édith. Et pourtant, toutes deux se rejoignent par une même loyauté devant la vérité. Sœur thérèse-Bénédicte de la Croix est chez elle dans ce peuple de pauvres, de partout, qui vien-nent prier l’Immaculée Conception. Entrons, nous aussi, dans cette immense cohorte des saints en chemin vers le Royaume ! ■

(1) Avant propos, p. 32(2) Jean-Paul II a présenté cette réalité permanente du Peuple Juif, en écho à St Paul (Rm 11,29), dans son allocution aux représentants de la communauté juive de l’Allemagne Fédérale à Mayence, le 17 novembre 1980: « …le peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance, qui n’a jamais été révoquée… ».(3) La déclaration de repentance des évêques de France à Drancy lue par Mgr Olivier de Berranger le 30 septembre 1997 a suscité beaucoup de réactions dans l'opinion publique. Cette démarche s’enracinait spirituellement dans l'appel du Pape Jean Paul II, à se préparer au Jubilé de l'An 2000.(4) Adolf Hitler, « Mon combat » trad. intégrale de Mein Kampf par J. Gaudefroy-Demonbynes et A. Calmettes aux Nouvelles éditions latines en 1934.(5) Eugen Dührings « Die Judenfrage als Racen », Sitten und Culturfrage,1881.(6) Cf. Édith STEIN, « De l’État », Paris, Cerf, 1989.(7) Cf. Ibid.(8) Édith Stein, « Vie d’une famille juive », Ad Solem-Cerf, 2001, p. 30(9) Fribourg-en-Brisgau est une ville d'Allemagne située dans le land de Bade-Wurtemberg.(10) Édith Stein était liée par des liens d'amitié profonde avec l'assistant de Husserl à Göttingen, Adolf Reinach, et avec son épouse. Adolf Reinach mourut en Flandres en novembre 1917. Édith se rendit à Göttingen. Le couple Reinach s'était converti à la foi évangélique. Édith avait une certaine réticence à l'idée de rencontrer la jeune veuve. Avec beaucoup d'étonnement elle rencontra une femme paisible. « Ce fut ma première rencontre avec la croix et avec la force divine qu'elle transmet à ceux qui la portent [...] Ce fut le moment pendant lequel mon irréligiosité s'écroula et le Christ resplendit ». Plus tard elle écrivit: « Ce qui n'était pas dans mes plans était dans les plans de Dieu. En moi prit vie la profonde conviction que - vu du côté de Dieu - le hasard n'existe pas ; toute ma vie, jusque dans ses moindres détails, est déjà tracée selon les plans de la providence divine et, devant le regard absolument clair de Dieu, elle présente une unité parfaitement accomplie ».(11) Fragment de la lettre citée par Sylvie Courtines dans « Édith Stein, Hannah Arendt, Simone Weil », 1997.(12) Bernard Molter, « Regards sur Édith Stein », éditions Église de Metz.(13) Ibid page 40(14) « Le Secret de la Croix », Cahier de l’École Cathédrale, Paris, 1998.(15) « Mort et vie d’Édith Stein », Bernard Grasset, 2008.(16) « Le Mystère de Noël », Éditions de l’Orante, Paris.

4e station du chemin

de Croix du pèlerinage

à Lourdes de la fraternité Édith Stein,

huile sur toile (92 x 60 cm),

par Isabelle de Hédouville,

artiste née en 1959.

DOSSIER

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En mémoire des jours

Il ne va plus tout à fait de soi d'être chrétien dans le monde où nous

sommes. Et encore moins d'être prêtre sans doute. Nous voilà engagés dans une situation où ce n'est pas à notre nombre qu'on nous jugera, mais à notre foi. Ce n'est pas la première fois que cela nous arrive. Tout a même commencé de la sorte il y a vingt siècles. Ce n'est pas pour rien dans le senti­ment de retour aux sources que nous éprouvons par­fois. Nous ne pouvons plus être croyants par habitude, par héritage ou par fonc­tion. « Les chrétiens, disait Madeleine Delbrel, sont des gens pour qui Dieu c'en est assez dans un monde où Dieu souvent n'est rien. »

Aucun de nous ne peut faire de parts dans sa vie, celle du dimanche et celle de la semaine. C'est en terme de tout ou rien que la foi se présente et s'offre à nous à un moment où elle devient l'exception, et aussi la nécessité absolue de nos vies. « Il n'y a qu'un malheur, disait encore Madeleine Delbrel, c'est de perdre la foi. » Ce malheur quand il se produit ne frappe pas seule­

ment le monde des croyants mais tous les hommes d'une certaine façon. L'humanité en effet, est comme at teinte d'une blessure d'être dont les jeunes générations res­sentent plus que d'autres la profondeur.

Jusqu'à la déme sure, l'homme a fait l'expé­rience de son pouvoir et ne peut s'en suffire. Il s'était cru capable de tout par lui­même et par lui seul. Longtemps l'homme occi­dental eut le culte du pro­grès. A l'épreuve des faits, il a fallu en rabattre. Le nombre des dévôts de cette religion­là a bien baissé lui aussi.

Le savoir de l'homme est expert pour dire le comment des choses, mais il est muet pour expliquer leur pour­quoi. Or les questions se font pressantes sur ce plan. L'homme n'est qu'interroga­tions par rapport à la mort, la vie, la souffrance, le mal. Nous avons tout soumis à la question sans bien voir tou­jours ce qui était en cause. Et nous voilà nous­mêmes remis en question, sans voix pour répondre de notre des­tin. Parmi bien d'autres, une phrase de l'Évangile éclaire assez bien notre condition : « A quoi sert à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à se perdre lui-même ? »

Il est temps de nous res­saisir et de réaliser ce que représente le don de la foi. Ce don de Dieu dont parlait le Christ à la Samaritaine. Ce n'est pas rien de croire en Jésus­Christ et d'en faire notre lot sans partage. En ultime recours, une exis­tence de croyant ne peut s'expliquer que par Dieu. Et pour nous c'est ce Père

de toute tendresse qui, en Jésus­Christ, veut faire de l'homme sa demeure. Le monde, quoi qu'en disent tous les désespoirs de l'épo­que, ne sonne pas le creux. Il est habité. Dieu est parmi nous. « La lumière a brillé dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas étouf-fée » (Jn 1,2).

En Église nous avons à vivre et à porter cette nou­velle qui n'a pas vieilli d'un instant. La foi est comme un feu et elle brûle ou devrait brûler nos vies à tous. L'existence chrétienne n'est rien d'autre que l'exis­tence humaine vécue à sa vraie mesure. Mais c'est la mesure sans mesure de l'Évangile. Nous avons tous à vivre cette exigence de la foi, et c'est l'une des grâces de l'Église de ce temps de l'avoir redécouvert.

Il n'y a plus de chrétiens tout venant et de chrétiens d'exception à une époque où tous les croyants se savent peuple de disciples. Cela n'a peut­être pas été indifférent à ce qu'on a pu appeler « le malaise des prêtres ».

Mais le temps est venu de sortir de nos incerti­tudes. Ce n'est pas parce que les chrétiens ont pris leur place que les prêtres n'ont plus la leur. Ou alors ce serait à désespérer du devenir de l'Église. Le prêtre n'est plus un homme à part, mais il demeure l'homme d'un « ailleurs ». Parmi les hommes, croyants ou non, il est le témoin de ce Dieu de présence qui se tient à nos portes sans jamais les for­cer. « Si quelqu'un m'ouvre, mon Père et moi viendrons en lui et nous y ferons notre demeure » (Ap 3,20). Dans

un monde d'incroyance, le prêtre se doit d'être signe transparent de la tendresse de Jésus­Christ pour tout être.

Le prêtre n'est pas un chrétien au­dessus des autres, ni d'une autre race. Il est ce frère tout proche qui ne cesse d'aller vers le Tout Autre. Celui qui nous rap­pelle à temps et à contre­temps que nous ne sommes pas des justes mais des jus­tifiés, que la foi est aveu au sens le plus fondamental du mot, qu'un chrétien ne naît pas d'un vouloir d'homme mais d'un vouloir de Dieu.

Le prêtre nous est né cessaire parce qu'au nom de l'Église, et avec tous les chrétiens, il donne sens et circonstance à toutes cho­ses en Jésus­Christ, ce Nom au­dessus de tout nom.

Il y avait sans doute de l'outrance à dire que les prêtres étaient « d'autres Christ », puisque tous les chrétiens le sont à leur ma nière et que les pauvres le sont plus que nous tous. Le prêtre n'a pas de privi­lèges par rapport aux autres croyants mais il a un lien particulier avec Jésus­Christ, sa passion, son eucharistie.

Son mystère ne s'enra­cine que dans les relations du Christ à son Père. C'en est assez pour expliquer la difficulté du prêtre dans un monde où tout le contredit et l'appelle en même temps. Alors que tout nous convie à la réussite, à la puissance, à l'argent, le prêtre comme le chrétien se doit de choi­sir le monde des béatitudes. Pari impossible, s'il en est, mais que nous nous devons de risquer ensemble, prêtres et laïcs. n

Jusqu'au bout de la foi

ParRobert Masson

ESPRIT

FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 15

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ESPRIT

Les deux versets de saint Paul qu’on nous lit en ce jour sont extraits d’un passage où l’Apôtre met en garde ses correspondants contre

le danger d’un retour à l’idolâtrie occasionné par la consommation de viandes sacrifiées aux idoles. Comme il n’y avait pas dans l’Antiquité d’abat­toir « profane », presque toutes les viandes disponibles venaient des temples, où l’on avait im­molé les bêtes en l’honneur des divinités. D’où un cas de conscience pour les premiers chrétiens. Paul recommande une solution nuancée à ce problème, distinguant les cas où la provenance est signalée et celle où l’on est en droit de l’ignorer. Mais ce qu’il redoute par dessus tout, c’est que des chrétiens encore faibles dans leur foi nouvelle ne se laissent entraîner à un geste faux, se livrant à un compromis entre deux appartenances. Dans ce cas, il vaudrait mieux s’abstenir carrément de viande !

Cette sévérité nous étonne, mais elle doit nous alerter sur le sérieux de notre communion eucharistique. Communier n’est pas un geste anodin qui exprimerait simplement une adhé sion de pensée au système de valeurs du christianisme, c’est une communion vitale à Quelqu’un. Et cette communion suppose qu’on ait rompu avec tout ce qui réclamerait de nous une adhésion similaire. L’Église nous enseigne que, pour communier, il faut non seulement ne pas avoir sur la conscience un péché mortel non confessé, mais encore avoir rompu avec l’attachement habituel au péché véniel. Car il y a des idolâtries qui nous collent à la peau, des complaisances

tacites que nous n’osons pas rompre, avec la facilité de la parole et du regard, avec la sensualité, avec le mensonge, que sais­je encore... ? Dans ces cas, mieux vaut ne pas communier, tant que nous n’aurons pas pris parti. Il ne s’agit pas de dire que seuls les parfaits communient, mais il faut répudier clairement dans notre cœur les tristes complaisances qui nous attachent.

Il est frappant de voir combien, pour saint Paul, la communion eu­charistique est un acte qui nous engage. Ses sévérités à l’égard de ceux qui ne « discernent pas le Corps (le Corps du Christ qui est l’Église) », ou encore de ceux qui ont livré leur propre corps à la fornication viennent d’un sens très réaliste de notre lien à Jésus dans l’eucharistie. Le corps, notre corps, qui reçoit le Christ, nous engage plus que nos paroles et nos pensées. Nous ouvrir à cette rencontre charnelle avec le Christ suppose que

nous ayons avec lui un accord sans restriction, que notre don soit entier. Toute fausseté, toute dissimulation défigure la beauté de cette offrande nuptiale que nous lui faisons, comme lui la fait pour nous.

Ceci nous renvoie à la nécessité de nous « examiner », comme le dit l’Apôtre, plus généralement de nous préparer. Il est indispensable que les

catholiques redécouvrent la communion comme un choix (aujourd’hui je communie) et non comme un geste rituel que l’on fait, parce que les autres le font. Le grand mal­heur de nos assemblées est cette communion devenue au tomatique, machinale, rou­

tinière, qui ne perçoit plus rien du don incandescent qui nous est fait. Jadis, lorsqu’un fidèle communiait, il s’y était préparé depuis la veille. Le jeûne eucharistique, plus exigeant qu’aujourd’hui, l’aidait à s’apercevoir que ce matin­là ne ressemblait à aucun autre. On lui demandait de rejoindre l’Église sans s’arrêter en route, d’arriver bien en avance, de réciter des prières, ces fameux actes (de foi, de désir, de contrition et d’espérance) qui n’étaient pas si idiots qu’on l’a prétendu. La communion faite, qui aurait eu l’idée de partir dès la fin de la messe ? L’action de grâce, à genoux, devant le tabernacle, aidait au moins à ne pas laisser passer l’instant béni de la rencontre dans la distraction et l’affairement. Il y a là beaucoup à découvrir ! n

Première Lecture : Livre du Deuté-ronome (8, 2-3.14b-16a) - Psaume 147 - Deuxième Lecture : Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corin-thiens (10, 16-17) - Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6, 51-58)

Pas de communionavec les idoles par le Père

Michel GITTON

fêTE DIEu (annéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

www.france-catholique.fr

Retrouvez le Père Gittonchaque semaine sur Radio Espérance

Tél. 04.77.49.59.69

Le corps, notre corps, qui reçoit le Christ, nous engage plus que nos paroles et nos pensées(

16 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

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ESPRITPrière pour le jour de la Fête-Dieu

(et durant l’adoration)« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui » (Jn 6, 57)

Merci Seigneur, d’avoir laissé au monde le mémorial de Ta passion, de Ta mort et de Ta résurrection par le sacrement de l’Eucharistie.Que pouvais-Tu faire de plus pour nous en instituant ce sacrement de la nouvelle alliance ?Nous T’adorons, Toi qui es réellement présent dans le Saint-Sacrement de l’autel.Devant Ta présence réelle, nous nous exposons à Toi qui transformes tout ce que Tu regardes et tout ce que Tu touches.

Viens encore marcher au milieu de nous par Ta présence eucharistique comme Tu as marché au milieu des foules de Galilée.Fais de nous des adorateurs en esprit et en vérité.Apprends-nous à vivre ce cœur à cœur avec Toi dans l’adoration.

Seigneur, Tu nous attends devant le Saint-Sacrement.Apprends-nous à Te donner de notre temps dans l’adoration eucharistique. Si ce temps nous semble perdu, pardonne notre manque de foi.En T’offrant ce temps, fais grandir notre foi et notre ferveur.

Accorde à notre famille la grâce de trouver son unité en Toilorsqu’elle se rassemble d’âme et de corps en Ta présence.Apprends-nous à T’adorer dès ici-bas jusqu’au jour où nous T’adorerons sans voile et sans fin au ciel en présence des anges et de tous les saints.

Amen

À dire par les petits :Merci Jésus, Tu es présent dans l’Hostie.Tu es avec nous jusqu’à la fin du monde.Je T’adore de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces.

Notre Père… La prière ci-contre est extraite du livre100 prières en famille (page 31), du Père Ludovic Lécuru,

aux éditions Salvator, 2007, 126 pages, 12 e.

par Dom Ludovic LÉCURU *

Il est là !, de Patrick ChauvetCe petit ouvrage est né de l’expérience spirituelle de l’auteur qui a exercé durant plusieurs années la charge de recteur à la basilique du Sacré-Cœur à Paris, haut-lieu de l’adoration eucharistique. Devenu vicaire général, Patrick Chauvet, qui est également prédicateur

régulier de la messe retransmise par France Culture, a présidé de nombreuses célébrations eucharistiques, belles et simples, qui ont été de réels temps de ressourcement pour lui et pour les fidèles. En ce sens, l’Eucharistie est bien « la source de toute évangélisation » pour reprendre les mots du Concile. Cette évangélisation conduit à la contemplation et à l’adoration du Christ qui nous précède et nous envoie en mission. L’évangélisation nous conduit à l’Eucharistie pour que nous puissions répondre à notre vocation à la sainteté en devenant à notre tour « une vivante offrande au Père. » À la suite de l’exhortation apostolique sur l’Eucharistie du pape Benoît XVI, ce livre veut aider les chrétiens d’aujourd’hui, conscients du renouveau spirituel de l’Église, à participer plus intensément à l’Eucharistie et à nourrir les temps d’adoration. ■Il est là, Patrick Chauvet, Parole et Silence, 14 e.

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ESPRIT

Alors que le président conser-vateur Alvaro Uribe bénéfi-cie d’une forte légitimité (il a été triomphalement réélu en 2006), la Colombie reste

marquée par une violence endémique. Le conflit colombien, opposant guérillas d'extrême gauche, milices paramilitaires d'extrême droite et mafias à la solde des narcotrafiquants, remonte à 1964 et a fait plus de 200 000 morts et déplacé près de 4 millions de personnes à l’in-térieur du pays. Malgré des résultats indéniables en termes de sécurité - le taux d’homicides a ainsi baissé de 42% en 2004 - et sur le terrain militaire - près

de 20 000 combattants ont rendu les armes depuis 2003 - le pouvoir écono-mique et politique de ces groupes armés est intact.

Au terme de leur 80e Assemblée Plénière, les évêques de Colombie ont publié un message soulignant les aspects qui devraient être prioritaires pour chaque projet politique, comme la valeur de la vie humaine, la diminution

de la pauvreté, le bien-être social et l’engagement pour la paix. La Colombie « a besoin de législateurs et de gouver-nements qui m a nif e s t e nt u n e o p t i o n c l a i r e e n faveur de la vie humaine pour résister à la culture crois-sante de mort ». Ils manifes-t e n t a u s s i leur profonde préoccupation pour le fait que beaucoup de Colombiens n’ont pas encore accès aux services sa nitaires de base, à l’éducation, à un tra vail digne et stable. « La richesse la plus importante d’un pays est sa popu-lation » et, en ce sens, « tout ce qui élève

les niveaux de santé, éducation et travail élèvera aussi les indi-ces généraux du bien-être social du pays ».

E s t- c e e n raison de son engagement sur le front de la récon-ciliation et de la justice sociale au

nom de l’Évangile ? La Colombie vient en tous cas chaque année dans le pelo-ton de tête des pays du martyrologe de l’Église contemporaine. En 2007, deux prêtres auront été assassinés : le père Mario Blanco, des Missionnaires de la Consolation, et don Jose Luis Camacho Cepeda. Mais l’année 2005 aura détenu le record avec cinq morts, quatre prêtres et une religieuse assassinés.

Mgr Luis Enrique Rojas, âgé de 76 ans, curé de la cathédrale de Santa Marta, est mort le 21 juillet 2005 après

trois semaines d'agonie, suite aux blessures reçues lor s d'une agres-sion par des malfaiteurs . L'abbé Vicente Rozo Bayona, 50 ans , et l'abbé Jesus Emilio Mora, 65 ans, curés d e s d e u x seules parois-

ses de Convencion, ont été tués le 15 août au matin, alors qu'ils se rendaient à une célébration. L'abbé Jesus Adrian Sanchez, âgé de 32 ans, curé de El Li mon, a été assassiné le 18 août alors qu'il donnait un cours de religion. Sœur Margarita Vásquez Sandino, âgée de 87 ans, des Sœurs du Bon Pasteur, a été tuée à Medellin alors qu'elle soignait un parent malade, le 11 novembre.

En 2006, un prêtre catholique, le père Yimy Torres Saenz, de la paroisse du Saint Curé d'Ars à Bogota et un sémina-riste ont été assassinés à Bogota au mois de mars 2006. Le 24 avril, la dépouille mortelle du père Javier Francisco Montoya, enlevé et tué par les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (Farc) en novembre 2004, a été décou-verte à l’embouchure d’un fleuve dans le département colombien du Chocó (nord-ouest) près de la frontière avec le Panamá. L’Église est encore en attente de nouvelles du père Cesar Darío Peña, curé de Raudal, enlevé lui aussi par les Farc en mars 2004. L’évêque de Santa Rosa de Osos a lancé plusieurs appels, restés sans réponse.

Pour être prêtre en Colombie au jourd’hui, il faut avoir la foi … et aimer le Christ plus que sa vie ! ■

COLOMBIE

Inlassablement, l’Église travaille à construire la paix dans ce pays, un des plus violents de la planète.

La Colombie vient dans le peloton de tête des pays du martyrologe de l’Église contemporaine

)Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

La paix à construire par Marc FROMAGER

église de Popayan

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Propos recueillis par Grégoire COUSTENOBLE

ENTRETIEN AVEC GéRARD LECLERC

IDéEs

En relisantMai 68

Le quarantième anniversaire des événements de ■mai 68 provoque une effervescence mémorielle. Les livres de témoignage et d'analyse emplissent les librairies. La télévision remet à l'honneur les grandes séquences de ces semaines folles où tout un pays s'interrogea sur son destin. Gérard Leclerc, vous étiez étudiant à l'époque, habitant le Quartier latin et fréquentant cette Sorbonne qui fut le cen-tre mythique de Mai 68. Comment appréciez-vous cette commémoration ?

Avec intérêt et parfois une certaine exaspé-ration. Que l'on s'interroge sur la nature de ces événements qui gardent quelque chose d'énigma-tique, il n'y a là rien que de normal. Par contre, je suis agacé par certaines affirmations « bien pen santes », dignes d'anciens combattants trop satis faits d'eux-mêmes et pré tendant qu'ils ont in-venté un monde nouveau, qui a donné son congé à tous les archaïsmes dont, notamment, le général de Gaulle consti-tuerait l'archétype. Préten-dre qu'on serait passé d'un conservatisme obtus à une modernité ouverte, me pa-raît d'une prétention inouïe, d'autant que les pro blèmes posés par ce que les Anglo-Saxons appellent les sixties sont loin d'avoir été résolus et qu'ils nous ont entraînés dans une logique aux effets pervers.

Par certains côtés, Mai 68 est réactionnaire par rap-port à ce qui l'a précédé. En effet, ce que Jean Fourastié appelait les trente glorieuses a été à l'origine d'un formidable développement économique, dont de Gaulle a été l'agent efficace. Des choix ont été fait aux débuts de la cinquième République dont nous sommes encore tributaires. Mai 68 entend

contester la société de consommation, remet en cause la civilisation urbaine. Mais du coup c'est tout un imaginaire régressif qui se trouve projeté sur la réalité, avec des rêves de retour à la nature, sans compter un mouvement de désintégration sociale (la remise en cause du mariage) qui, sous des aspects libertaires nous renvoie à des stades d'indifférenciation sociale tout à fait archaïques.

Mais n'y a-t-il pas un décalage entre ce que vous ■avez vécu sur le moment et le mythe qui s'est ins-tauré ?

Oui et non. Non tout d'abord, parce que sans mythe il n'y a pas de Mai 68. C'est un en semble d'événements qui a d'abord été vécu dans l'ima-ginaire et dont on ne retient forcément, après

coup, que la dimension culturelle. Qu'importe que nous ayons alors assisté à la plus formidable grève générale de notre histoire, plus importante encore que celle de 1936 au début du Front Populaire. Ce qui compte, c'est moins la pa-ralysie de l'économie que la suspension du temps qui a permis aux Français de vivre dans le rêve d'un monde transformé, où on va tout recommencer à zéro. D'où la méprise de bon nombre de militants d'extrême-gauche qui sont persuadés que la France va vivre l'équivalent de la ré-

volution de 1917 et qui ne verront rien venir. Sur le moment les anarchistes se sont trouvés bien plus à l'aise que les léninistes.

Il y a par ailleurs toute une réalité de Mai 68 qui a été estompée par le mythe. Les accords de

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Grenelle, managés par le premier ministre Geor-ges Pompidou, ont amené des hausses de salaire substantielles, plus tard en partie annulées par l'inflation, mais aussi un progrès pour les syndi-cats dont l'existence est mieux établie dans les entreprises. On rappelle à juste titre que le pou-voir a vacillé, malgré la présence de ce personnage hors du commun qu'était de Gaulle. Mais celui-ci a repris en main magistralement la situation, grâce à un scénario qui dramatisait l'éclipse du pouvoir. C'était pour rebondir et, grâce à la dissolution du Parlement, recueillir l'adhésion massive du pays. Apparemment les agitateurs de Mai sont au ta-pis. Pourtant, quarante ans après, ils apparaissent comme les héros d'un mouvement d'avant-garde qui aurait profondément transformé la société. C'est cela qui mérite d'être analysé sérieusement.

Le candidat Nicolas Sarkozy a anticipé sur la com- ■mémoration de Mai par un discours d'une agressi-vité extrême qui répudiait l'héritage entier de 68, accusé d'avoir perverti l'esprit public.

C'est sans doute Henri Guaino qui avait écrit ce discours qu'interpréta avec brio Sarkozy. Mais on sait que ce dernier pensait sur le moment que c'était "terrifiant de mauvaise foi". En effet, la société li bérale avancée n'a plus peur aujourd'hui de se réclamer de mai 68, dont elle a intégré un cer-tain nombre de "valeurs". On fait justement remar-quer que beaucoup de ses dirigeants sont d'anciens leaders ou militants de la gauche révolutionnaire, qui n'ont pas eu le senti-ment de trahir en passant la barrière et en devenant les gérants du capitalisme. C'est tout le paradoxe du discours de Sarkozy à Bercy. Le rêve soixan-te-huitard s'est depuis longtemps envolé, mais le monde libéral a recueilli tout un style libertaire, illustré par ce qu'on a appelé l'idéologie du désir, et qui s'est trouvé recyclé au service de la consom-mation. Les vrais soixante-huitards se sont, à juste titre, considérés comme trahis. Mais leurs anciens camarades ont établi des compromis à l'enseigne libérale-libertaire. Le destin d'un journal comme Libération est exemplaire de ce point de vue. À l’origine c'était un quotidien extrémiste qui voulait rejoindre le peuple exploité pour le dresser contre ses exploiteurs. Aujourd'hui, c'est un journal par-faitement intégré dans le système, qui affirme l'impossibilité de sortir du libéralisme économique.

De Mai et des sixties, il a toutefois retenu la révo-lution des mœurs. Mais celle-ci, loin d'être incom-patible avec l'ordre libéral, lui est en quelque sorte connaturelle.

Vous pensez donc que Mai 68 a été une sorte d'im- ■mense duperie ?

D'un certain point de vue, oui ! D'ailleurs il existe un certain nombre de militants qui n'ont jamais accepté « la trahison » et qui dénoncent de façon véhémente le retournement qui s'est produit. Prenons l'exemple du philosophe, aujourd'hui dis-paru, Cornelius Castoriadis. Il fut l'avocat de l'es-prit de Mai, d'une façon qui apparaît aujourd'hui incompréhensible à la plupart. Pourtant c'était un homme d'une haute culture, et qui récusait même certaines folies dans l'ordre des mœurs. La récupé-ration de cet aspect des choses par le libéralisme ne le surprenait pas, parce qu'il savait qu'il y avait un piège redoutable dans la démagogie qui désor-ganisait les liens sociaux profonds. Castoriadis est mort, sans doute désespéré, lui qui était athée, ne cessant de dénoncer ce qu'il appelait "la montée de l'insignifiance". Cette formule visait l'anomie du monde libéral et la dissolution de la culture sous l'effet d'un système médiatique aux mains des

puissances financières. Castoriadis avait large-ment raison, et lui, qui avait particulièrement étudié l'importance de l'imaginaire social, avait pleinement mesuré le dévoiement de la civi-lisation par la manipu-lation des représenta-tions.

Il y a un autre as-pect de Mai 68 dont on parle peu, mais qui est essentiel. Seul Le Monde a abordé le sujet avec cinq articles de Jean Birnbaum à l'enseigne d'une « divine surprise ».

Il y eut chez les militants les plus incandescents de Mai comme une démesure qui débordait le discours idéologique et les objectifs politiques. L'exemple emblématique de Benny Lévy, qui était à ce moment dirigeant de la Gauche prolétarienne et se réclamait de la pensée de Mao Tse Toung, do-mine cette évocation. Du petit livre rouge à la Bi-ble, la conséquence n'est pas forcément évidente, mais dans ce cas précis elle s'impose. C'est la re-cherche de l'absolu qui inspirait ces militants, qui auraient pu sombrer dans le terrorisme, à l'exem-ple de leurs homologues italiens et allemands. Ce ne fut heureusement pas le cas. Ils furent retenus

IDéEs

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Le mondelibéral a recueilli

tout un style libertaire

Grégoire Coustenoble interrogeant

Gérard Leclerc

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FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 21

IDéEspar le sens moral que leur avait infusé la culture dont ils étaient les héritiers. Si tous ne se sont pas retrouvés à Jérusalem dans la plus stricte obser-vance de la Torah, la plupart des « meilleurs » ont suivi des voies proches de la mystique, tels Guy Lardreau et Christian Jambet, auteurs d'un curieux livre intitulé L'Ange et qui voulait retrouver l'ar-deur des anachorètes du désert aux origines du christianisme.

Maurice Clavel fut le principal interprète de Mai 68 ■en termes de réveil de l'Esprit. Pouvez-vous évo-quer sa personnalité et son témoignage ?

J'ai connu Maurice Clavel plusieurs années après Mai 68. Mais j'étais son lecteur depuis long-temps, lisant avec passion sa chronique au Nouvel Observateur. Dès le départ, son analyse de Mai 68 me frappa par sa pertinence. Certains l'ont pris, sur le moment, pour un fou... Ce ne fut jamais mon cas, bien au contraire. Si les événements avaient vraiment un sens, ce n'est pas le marxisme, pourtant très en vogue à l'époque, qui pouvait nous éclairer. Et s'il s'agissait - mais on ne le percevait pas encore - d'une transition vers la victoire intégrale du libéralisme économique, pourquoi cette déme-sure, cette volonté de s'émanciper de la consommation et de la médiocrité ambiante ? Clavel faisait le pari qu'il s'agissait d'une sorte de révolution de l'âme, où l'Occident dans son en semble - s'il vous plaît - réglait ses comptes avec Dieu. Mais pour s'aventurer sur ce terrain, il faut prendre au sérieux la culture profonde, et s'interroger sur l'histoire qui, au cours des derniers siècles, nous a orientés vers une certaine idée de l'homme. Les Lumières avaient voulu l'émancipation de l'homme par le culte du progrès et de la science, mais cet homme, qui apparaissait comme le but de l'entre-prise, était-il l'image inversée du Dieu qu'on avait rejeté ? Et puis tenait-il simplement debout avec sa prétention à la toute puissance ? Clavel pensait que non, et que nous étions très loin d'avoir réglé nos comptes avec ce Dieu auquel l'athéisme avait déclaré la guerre, mais dont on n'arrivait pas à se débarrasser.

C'est le combat de l'ange, cet incessant corps à corps de Jacob avec Dieu, qui constitue l'enjeu toujours renaissant de notre inconscient occiden-tal, depuis que nous avons eu la Révélation du Dieu vivant et vrai. Dans le monde de l'incroyance et de la laïcité satisfaite, l'appel de l'absolu retentit d'une façon incongrue, peut-être incompré hensible, mais que peut déchiffrer celui qui s'aperçoit que l'âme la plus fermée fait éclater son enfermement pour

reconnaître l'Autre dont l'hypothèse n'était même pas admise. Clavel a connu cette expérience, plu-sieurs années avant 68, à travers une dépression nerveuse carabinée dont il n'est sorti que par une conversion radicale au Christ. Ce ne fut pas une sorte d'effusion mystique, mais un radical récura-ge, celui qui fait tomber tous les faux-semblants, qui abolit toutes les idoles pour ne reconnaître que l'Unique, Celui déjà découvert par Augustin comme l'interlocuteur qui attendait depuis toujours.

Si Clavel a raison, Mai 68 doit être décrypté à l'inverse de toutes les interprétations, comme le réveil tumultueux de l'absolu en nous. Et ce ne peut être que le début d'une vraie révolution cultu-relle celle-là, qui permettra à chacun mais aussi à toute la société de redécouvrir le sens de la vie et de l'histoire. C'est une tâche démesurée, à laquelle il se consacrera dans la dernière décennie de son existence, et dont nous sommes quelques-uns - Jean-Luc Marion entre autres - à nous souvenir de façon précise. Non seulement le marxisme, qui semblait être le langage naturel de Mai 68, de-vait être balayé, mais c'est la culture dans son en-semble qui devait être bouleversée. Le secret de tout, au fond, c'était la redécouverte que l'homme n'existe que par le Christ et que toute fondation sur lui-même était une trahison, un oubli ou un rejet de l'appel qui le constituait à l'image et à la ressemblance de Dieu.

Mais ce message proprement évangélique fut-il ■compris par les chrétiens et l'Église de France sur le moment ?

Hélas non. Clavel était une sorte de franc-ti-reur, qui bien que disposant de tribunes impor-tantes, était assez loin de la militance chrétienne de l'époque. On pourrait d'ailleurs le qualifier de marginal. Il s'était converti peu de temps après le Concile, mais en ignorait le déroulement et le contenu. Quand il se décida à l'étudier, il s'inter-rogea sur le bien fondé des objections traditiona-listes, car l'hypothèse d'un ralliement au monde qu'il fustigeait dans son pamphlet Dieu est Dieu nom de Dieu le troublait beaucoup. Il lui paraissait invraisemblable que des militants chrétiens soient polarisés sur un compromis avec le Parti commu-niste, à l'heure où le marxisme s'effritait avant de s'effondrer. Certes, il pouvait y avoir confusion lorsqu'on voyait Clavel aux côtés de ce qu'il y avait de plus extrémiste du côté gauchiste. Mais pré-cisément, il avait pressenti que ces jeunes aspi-raient à autre chose qui ferait éclater les cadres idéologiques classiques. Et il était déjà dans l'étape ultérieure où les vraies questions seraient posées, loin des confusions, des médiocres arrangements débouchant sur l'abandon et l'apostasie.

Nous touchons là l'aspect le plus douloureux

Ce n'est pas le marxisme, pourtant très en vogue à

l'époque, qui pouvait

nous éclairer

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IDéEs

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de l'affaire. Clavel n'est pas du côté de 68 pour casser la baraque Église comme veulent le faire les clercs en révolte contre l'institution, ceux qui ne rêvent que de répudier leur état sacerdotal pour mieux coller à ce monde extérieur qui les fascine. Clavel n'est pas du tout fasciné par un monde dont il appelle sinon la disparition du moins la trans-formation radicale. Il ne veut surtout pas que l'Église s'aligne sur une position de ralliement à une société dont il refuse les fondements. Il est à la fois traditionaliste et révolutionnaire et le mot d'ordre d'ouverture au monde qui caractérise le monde catholique d'alors lui paraît profondé-ment équivoque, voire insupportable. Il est donc en décalage total par rapport à toute cette mili-tance chrétienne qui participe à 68 pour rattraper les trains qui sont partis sans elle. Clavel estime que le christianisme est bien en avant de tout cela et il se moque de ces prétendus avant-gardistes que Bernanos définissait déjà comme membres de l'extrême arrière-garde.

Cela est aujourd'hui encore complètement incompris. Là où beaucoup méditaient la fin du christianisme, ou du moins la disparition de l'Église institution, Clavel pensait que l'heure était venue pour une Pentecôte où l'Église pourrait remplir sa mission de conversion.

Qu'en est-il d'un Jean-Marie Lustiger qui se trouve ■alors au plein cœur du quartier Latin et observe les événements avec sa sagacité bien connue ?

Le cardinal Lustiger s'est expliqué sur 68 dans son livre Le choix de Dieu, interrogé par Jean-Louis Missika et Dominique Wolton. Il avait anticipé les événements parce qu'il avait senti que l'Université était radicalement inadaptée pour l'accueil et la formation des centaines de milliers de jeunes qui l'avaient rejointe. Il avait sonné l'alarme, saisi les autorités sans être compris. Quand l'explo-sion a eu lieu il l'a observée avec un mé-lange d'inquiétude, parfois d'angoisse, mais aussi de vive interrogation. Ce n'est pas un homme auquel on raconte des histoires. Cer-tains aspects totalitaires lui répugnaient et il était vivement indisposé par les provoca-tions surréalistes qui frisaient parfois le blas-phématoire. Rétif à toute démagogie, il a refusé obstinément que les étudiants du centre Richelieu installent leur stand dans le souk de la Sorbonne. Il paraît donc loin de Maurice Clavel, et à certains égards il redoute que cette contestation gau-chiste ne débouche sur un vrai fascisme. Pourtant, malgré leurs différences d'appréciation, les deux hommes se retrouvent sur une analyse de fond de la société. Clavel savait aussi les risques terribles d'une destructuration violente qui n'était pas seu-lement sociale mais pouvait atteindre la psyché. S'il n'y avait pas la conversion radicale, il pouvait

y avoir les effets inverses, ceux qui ont conduit beaucoup de jeunes à la dérive et ont produit des failles dont ils ne se sont jamais guéris. Surtout, Clavel et Lustiger sont bien d'accord que l'Église n'a pas à se rendre au monde et à se livrer à un processus d'auto-destruction.

Avec le recul, nous pouvons nous dire que l'évolu- ■tion n'a pas été dans le sens de Clavel et que la récupération de Mai nous a valu tous les problèmes dans lesquels nous nous débattons aujourd'hui.

La « révolution selon l'être », espérée par Cla-vel, n'a pas eu lieu et les transformations qui se sont produites ont abouti à un système extrême-ment instable dont la prospérité économique n'est même plus désormais l'alibi. Certes, le monde s'est considérablement transformé avec l'émergence de nouvelles puissances, mais l'Occident a vu graduel-lement son rôle faiblir, d'autant que ses faiblesses structurelles, voire ontologiques sont patentes. La baisse vertigineuse de la démographie est la ré-sultante de la mentalité contraceptive à laquelle seule l'Église catholique s'est opposée - aux vifs regrets encore exprimés de toute une mouvance. Seul Maurice Clavel, dans la grande presse, avait osé soutenir Paul VI au moment d'Humanae Vitae. Si nous mettons les choses en perspective, nous constatons que ce qui s'est produit, c'est l'avène-ment dans nos pays développés de ce que l'uni-versitaire québécois François Ricard appelle la gé-nération lyrique, celle du baby-boom, celle qui a fait 68, s'est identifiée à toutes les mutations des sixties et se trouve présentement glorifiée dans la commémoration que nous vivons.

Cette génération a rompu avec les valeurs sacrificielles des parents et des grands-parents. Elle a cru qu'avec les droits de l'homme un monde nouveau allait surgir. Elle s'est cru libérée de l'ins-

titution familiale. Apparemment, elle semble avoir réussi. Pourtant Ricard pensait qu'elle aurait une vieillesse amère et que le mythe du jeunisme qu'elle avait cultivé lui rendrait in-supportable la dernière étape de la vie.

Il me semble que cette génération a consommé toutes les chances qui lui étaient données, si bien que l'héritage qu'elle transmet

à son tour est hautement probléma tique. Le vingt-et-unième siècle pose d'ores et déjà des problèmes terribles. Les générations présentes et futures de-vront s'émanciper de toute idéologie lyrique pour rendre la réalité vivable. Songeons aux émeutes actuelles de la faim qui sont un cinglant démenti à l'optimisme mondialiste. Mai 68, loin de nous figer dans les mythes, devrait nous imposer une radicale révision de nos idées toutes faites. Sans compter que l'Esprit à l'œuvre au cœur de notre histoire devrait produire d'autres bouleversements spirituels. ■

La « révolution selon l'être », espérée par

Clavel, n'a pas eu lieu

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FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 23

Message aux actionnaires dela Société de Presse France Catholique

Un certain nombre de nos action-naires nous interrogent pour remplir leur déclaration 2008 concernant l'im pôt sur la fortune (Notice Cerfa 50589). Vu l'urgence et la surcharge de travail de notre secrétariat, ils trouveront ci-dessous les principales ré ponses que nous pouvons donner. Nos excuses à toutes les personnes que ces considérations ne concernent aucunement...

Dans la limite globale annuelle de 50 000 €, vous pouvez déduire du montant de votre impôt 75% du montant des versements effectués au titre des souscriptions directes aux augmentations de capital de PME (ligne MT). La société bénéficiaire des versements doit remplir certaines condi tions.

Cette réduction s’applique aux versements réalisés entre le 20 juin 2007 et le 15 juin 2008, sauf cas par-ticuliers (résidents à Monaco et à l’étran ger). Elle ne peut pas se cumu-ler, au titre de la même année, avec celle prévue à l’impôt sur le revenu.

Lors du dépôt de la déclaration, l’état individuel fourni par la société doit être joint (l'administration fiscale a fait savoir que, cette année, un dé-lai était ouvert jusqu'au 30 septembre pour fournir ce justificatif).

Durant les cinq années suivantes, le redevable bénéficiaire doit tenir à la disposition de l’administration fiscale les justificatifs attestant de la conservation des titres ou des parts.

Il serait par ailleurs utile à notre secrétariat que vous lui fournissiez une photocopie d'une pièce d'identi-té récente. L'augmentation de capital en cours sera close dès que le mon-tant fixé aura été atteint, c'est-à-dire dans les prochains jours (et non fin no vembre comme il avait été indiqué lors de notre dernière assemblée gé-nérale).

Pour le Conseil d'administration dela Société de Presse France Catholique

IRèNE SENDLER Irène Sendler, « l'ange du Ghetto de Varsovie » dont on a dit qu'elle avait sauvé 2.500 enfants juifs de l'holocauste, est décédée le 12 mai à Varsovie à l'âge de 98 ans.

CARDINAL GANTIN Le cardinal Bernardin Gantin, né en 1922 au Bénin (alors Dahomey), archevêque de Cotonou en 1960, président à Rome de la Congrégation de la propagande en 1971, cardinal en 1977, est mort le 13 mai à Paris où il avait été hospitalisé. En 1978, à la mort du pape Jean-Paul Ier, il avait été considéré comme papabile. Il aurait été le premier pape noir... Jean-Paul II le nommera préfet de la Congrégation des évêques en 1984. Il était rentré dans son pays en 2002.

TEXAS Le pasteur télévangéliste texan John Hagee, encombrant soutien du sénateur McCain à l'élection pré sidentielle, a publié le 13 mai une lettre de trois pages où il s'excuse d'a voir, dans ses prêches, dé noncé « l'antisémitisme de l'Église catholique » qu'il appelait jusque-là « la grande putain ».

IRAN Six dirigeants de la communauté Baha'ie ont été arrêtés le 14 mai, et seraient détenus à la sinistre prison d'Evin à Téhéran.

ITALIE Quelques centaines de militants anticléricaux ont défilé samedi 17 mai dans un quartier périphérique de Gênes alors que Benoît XVI arrivait en avion pour un voyage pastoral de deux jours en Ligurie à Savone et à Gêne.

QUÉBEC Une procession eucharistique sur 5 km aura lieu le 19 juin dans les rues de la ville de Québec, dans le cadre du 49e congrès eucharistique international (15-22 juin).

INDULGENCES La Pénitencerie apostolique a publié le 10 mai un décret par lequel le Pape accorde des « indulgences spéciales », à l'occasion des deux mille ans de la naissance de l'Apôtre Paul, notamment aux pè lerins de St-Paul-hors-les-murs.

ENCHèRES Une lettre d'Albert Einstein dans laquelle le scientifique jugeait la bible "très puérile" et considérait Dieu comme le produit de la faiblesse humaine a été vendue 207 600 £ aux enchères le 15 mai à Londres.

CHINE Les tremblements de terre du Sichuan - qui ont fait au moins 30.000 morts et rayé de la carte plusieurs villes - ont fait disparaître les bâtiments centenaires du sé minaire des Missions étrangères de Hebachang. Ces bâtiments avaient été restitués au diocèse de Chengdu en 2005, mais n'avaient pas encore pu être remis en fonctionnement... Lors de l'audience générale du 14 mai, le Pape a déclaré : « En ce moment, ma pensée va aux populations du Sichuan et des provinces limitrophes en Chine durement frappées par le tremblement de terre qui a causé de graves pertes en vies humaines, de nombreux disparus et des dégâts incalculables [...] Le Saint-Père a rédigé une prière spéciale pour la journée de prière pour l'Église catholique en Chine le 24 mai.

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LIVRES

Cht'i né à Lille en 1960, Jean-Christophe Thibaut connaît des débuts dans la vie plutôt mouvementés… Bercé depuis son enfance dans les idées

marxistes-léninistes de ses parents, il s'adonnera cependant, durant son adolescence, au spiritisme et à la magie, avant de rejoindre la Ligue communiste révolutionnaire... Là ses excès de zèle militant dérangent... On lui confie pour-tant une curieuse mission : infiltrer une aumônerie catholique étudiante. Le pari est de faire perdre la foi, par une habile dia lectique matérialiste, à un respon-sable scout nommé Christophe. Mais c’est sans compter sans le principal inté-ressé. Notre Dieu a plus d’un tour dans son S.A.C (Service d’Amour et de Charité) et il sait choisir ses instruments.

La grâce opère et notre parieur tombe dans les bras du seul oiseleur au monde dont les filets donnent la liberté à ses « victimes ». Il découvre un Père, signifie leur congé aux démons dont il était encore esclave et s’attache à Jésus-Christ pour toujours dans la voie du sacerdoce.

Les jeunes seront au cœur de sa mis sion de prêtre : dans la prison des mineurs à Rome, dans les camps de Gitans - toujours dans la Ville éternelle -, au service d’un collège en Moselle, dans le Service des Vocations et maintenant au sein de la Fraternité des Missionnaires de l’Amour de Jésus, dont il est le fonda-

teur et le modérateur dans le diocèse de Metz, avec une spiritualité inspirée de Marcel Van.

C’est dans ce cadre qu’il décide un jour de se lancer dans l’écriture roma-nesque. Les jeunes sont passionnés de fantastique et dé vorent les livres qui leur sont proposés dans ce genre. C’est

là qu’il faut les rejoindre. Ainsi s'ouvre La Porte des Anges, un jour de novembre 2006 où Jean-Christophe prend le pseu-donyme littéraire de Michael Dor…

« Tout a commencé sous un ceri-sier »... Jean-Baptiste a 15 ans lorsque sa vie banale de collégien de Tournon-sur-Vise bascule dans une autre dimension. Témoin d’une étrange lutte entre deux person nages insolites qui se disputent

un garçon venu d’un autre âge dans son propre jar din, il se trouve malgré lui embarqué dans le gigantesque combat de la lumière contre les ténèbres.

Cette épopée va l’emmener, aux côtés de son amie Lucie et d’autres person-nages hauts en couleur, dans une série d’aventures réunies dans une quadrilogie

dont trois tomes sont déjà sortis. (1)

Une « promenade » dans le monde des anges et des démons, la recherche d’un père pour Jean-Baptiste, une réflexion offerte au lecteur sur l’orgueil et l’humilité, la vérité et le mensonge, les apparences et la réalité, le mal, la souf-france, la mort.

Ici, pas de magie si ce n’est celle de l’Amour, pas de désespoir mais l’ouver-ture à travers le monde des anges à l’Espérance qu’offre le Très-Haut, pas de mépris pour notre vie de « moldus » - pour faire référence à Harry Potter - mais une belle leçon d’hu-manité, une découverte profonde du sens de la vie…

Dans La Porte des Anges , fantastique et théologie, culture biblique et psychologie font bon

ménage dans un style enlevé et plein d’humour. Ainsi, le fantastique pour-rait-il être un chemin vers Dieu ? C’est le nouveau pari de J.-C. Thibaut/Michael Dor et ce lui-là, il a toutes les chances de le gagner ! ■

Un prêtre, professeur de phénoménologie religieuse, modérateur de la Fraternité des Missionnaires de l’Amour de Jésus, écrit des romans fantastiques à haute vertu catéchétique...

Ouverture sur l'Espérance

Fantastique et théologie, culture biblique et psychologie font bon ménage

)par Bénédicte RePAin

ROMANS POUR LA JEUNESSE

(1) Michael Dor, La Porte des Anges, éditions Médiaspaul - Tome 1 : Le complot d'Éphèse, 305 p., 16,50 e - Tome 2 : La quatrième clé, 411 p., 17,30 e - Tome 3 : Les cavaliers du chaos, 416 p., 17,30 e

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ELa vie de Jacques Sevin

sac au dos sans trêve...31/40

© Editions Viltis, Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris, tél. 01.42.41.37.75

Texte de A. de PalmaertDessins de Palmar

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l l était juste qu’un hommage solennel soit rendu à ce créateur majeur qui a marqué à jamais le langage de la musique par des œuvres fortes et superbes. Mais il y a plus. Messiaen

était un chrétien convaincu, dont la foi a été la raison même de la puissance expressive de ses œuvres, le fil unificateur de son inspiration, la fenêtre enfin par laquelle est entrée la lumineuse couleur de la Création, Création qu’il chantait avec admiration, tel un rossignol dirigeant ses mélodies vers le ciel dans la certitude de l’éternité.

Son père (Pierre Messiaen) enseignait l’anglais, et sa mère (Cécile Sauvage) cultivait la poésie. Olivier Messiaen dira qu’il reçut de ses parents une « éduca-tion féérique ». Dès l’entrée en guerre en août 1914, son père fut mobilisé. Sa mère quitta Avignon avec Olivier et son petit frère Alain, pour s’installer à Grenoble chez leur oncle. Entre temps, l’enfant avait commencé l’étude du piano, en s’atta-chant aux œuvres de Debussy et Ravel, mais aussi à celles de Gluck, Mozart, Berlioz, Wagner. Il a 8 ans lorsqu’il écrit ses premières compositions !

Après la guerre, la famille Messiaen passa une année à Nantes, puis s’installa définitivement à Paris, où Pierre Messiaen devint professeur au lycée Charlemagne. Ainsi, à 11 ans, Olivier put-il suivre les cours donnés au Conservatoire par Maurice Emmanuel, Jean Gallon, Marcel Dupré et Paul Dukas…

En 1930, lorsqu’il quitta le Conser-vatoire muni de cinq premiers prix, sa per sonnalité musicale était déjà affirmée. Il voulut alors approfondir la rythmique hindoue, la métrique grecque, le chant grégorien et le chant des oiseaux, en qui il reconnaissait ses plus grands maîtres. « Leur virtuosité sans égale, disait-il, m’a imposé la recherche de doigtés extra-ordinaires. » Les œuvres de Messiaen connaissaient déjà une large diffusion, surtout depuis la création, en 1931, d’une pièce pour orchestre : « Les Offrandes oubliées ».

La même année mourut Charles Quef, l’organiste de l’église parisienne de la Trinité. Sur la recommandation de Marcel Dupré, Messiaen fut nommé pour lui

succéder dans une charge qu’il assumera 61 ans, selon la meilleure tradition orga-nistique française. « Le Banquet cé leste », « L’Ascension », « La Nativité du Seigneur » seront les œuvres les plus importantes, à l'époque, écrites pour l’instrument-roi par le compositeur qui désirait développer une musique sincère, et rendre ainsi à l’art « ses valeurs humanistes », face à la frivolité de ce temps-là. C’était l’esprit de la « Jeune France », un groupe dont firent partie André Jolivet, Jean-Yves Daniel-Lesur et Yves Baudrier, et auquel il restera toujours fidèle.

En 1940, l’artiste devient soldat. Fait prisonnier à Verdun, il subit une longue captivité en Allemagne, au Stalag VIII-A. Il y fit la connaissance d’un violoniste, d’un clarinettiste et d’un violoncelliste. C’est pour eux qu’il composa le « Quatuor pour la fin du Temps », exécuté pour la première fois (lui-même étant au piano) dans le froid intense de l’hiver de 1941, devant ses compagnons de Stalag et leurs gardiens !

Le titre de ce chef-d’œuvre était le reflet de l’état d’esprit du compositeur durant sa captivité, mais il renvoyait aussi à son langage musical, à son esthétique, à sa conception du rythme. Il utilise en effet des « modes à transpositions limitées » et des rythmes spéciaux. Plus tard, dans les « Quatre études de rythme » (1950), il proposera une structuration du discours musical avec ses modes de valeurs et d'in-tensités, proches du sérialisme et avec des « neumes rythmiques » qui ramènent d’une certaine manière à la musique amesurée des Grecs ou au chant grégorien qu’il appréciait tant. « Très franchement, disait-il, je pense qu’il n’y a qu’une seule musique liturgique valable : le plain-chant. On n’a jamais fait mieux, et on ne fera jamais mieux ! » Il ajoutait : « C'est le plus beau trésor que nous possédions en France. » Ce n’est donc pas un hasard si, en 1974, des étudiants passionnés de grégorien ont fondé – avec les encou-ragements des moines de Solesmes - le

MUSIQUEannéE OlIvIEr MESSIaEn

La foi chrétienne qui donne à sa musique un trait absolument personnel

26 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

par Enrique MERELLO-GUILLEMINOT*

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Le monde musical célèbre le centenaire de la naissance de l'organiste et compositeur Olivier Messian, né à Avignon le 10 décembre 1908.

le rossignol de DieuD

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par Enrique MERELLO-GUILLEMINOT*

FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 27

Chœur Grégorien de Paris dont la réputa-tion devait s’imposer.

Ses recherches et ses importantes publications techniques ont été entrete-nues par une intense activité d’enseignant : depuis 1936 à l’école Normale de Musique de Paris et à la Schola Cantorum, de 1942 et jusqu’en 1978 au Conservatoire de Paris. Il eut comme élèves Pierre Bou lez, Karlheinz Stockhausen, Iannis Xénakis, George Ben jamin, Pierre-Laurent Aimard, etc.

Il est presque impossible de définir la musique d’Olivier Messiaen. Néanmoins, on peut s’arrêter à quelques caractéris-tiques de sa vaste production. Ainsi, le rythme et le chant des oiseaux mentionnés ci-dessus, la couleur, l’organisation des sons et surtout la foi chrétienne qui donne à sa musique un trait absolument personnel.

La couleur, c’est-à-dire le timbre des instruments, était pour lui le cœur de la musique. À cet égard, les œuvres les plus représentatives sont « Couleurs de la Cité céleste » (1963), « Chronochromie » (1960) et « Des canyons aux étoiles » (1974) composé à la suite d’une visite au Bryce Canyon de l’Utah (états-Unis). Ainsi Messiaen aime la couleur, la couleur qui traverse les vitraux. Les « sons-couleurs » structurent sa musique et lui donnent une dimension visuelle. Mais on ne soulignera jamais assez le caractère spirituel de la musique de Messiaen, qui fut si attaché à la foi authentique et aux choses du Ciel. Il écrivait « des œuvres religieuses qui sont des actes de foi » et conçues « pour chanter les mystères de la foi ». Tels sont le « spectacle » « Saint François d’Assise », commandé par l’Opéra de Paris et créé en 1983, ou bien la somptueuse cathédrale qu’est « La Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ » (1969), pour sept solistes, un chœur de 100 voix, un orchestre de 109 musiciens.

épris de toutes les civilisations, qu’elles soient de l’Inde, du Japon ou de Java, il les intégra sans effort à ses créations.

épris du chant des oiseaux qu’il enregis-trait et transcrivait avec soin, il en fit le « Catalogue des Oiseaux » (1958). épris des étoiles et des mystères divins, il voulut susciter comme un « arc-en-ciel théolo-gique », où il tendait à exprimer la vérité et la beauté de la foi. On ne peut nier que « L’Ascension » (1933), notamment la quatrième de ces « Méditations sympho-niques », fait, pour ainsi dire, contempler le Christ alors qu’il monte vers son Père, entouré d’éclat.

En 1989, à l’occasion de la remise du Prix international Paul VI, le Cardinal

Lustiger lui disait : « Vous, musicien d’église, vous êtes le seul parmi les musi-ciens contemporains dont l’œuvre est jouée de dimanche à dimanche. » Ce prix exprimait la reconnaissance de l’église. Sa mort survint peu après, en 1992, lais-sant à l’oreille et au cœur de bien des gens une chose rare pour un compositeur contemporain : la présence d’un trésor d’une portée universelle. n

* membre du Chœur grégorien de Paris et fon-dateur d'une schola grégorienne à Montevideo

[email protected]

le rossignol de Dieu

De nombreux concerts et conférences en hommage à Olivier Messiaen ont lieu en l'église de la Trinité à Paris :Tél. : 01 48 74 85 27 [email protected]

www.latriniteparis.comPar exemple, le 29 mai, concert pour la fête du Saint-

Sacrement avec Loïk Mallié à 12 h 45, « Le Banquet céleste » et « Offrande au Saint Sacrement ». - Conférence du Père Jean-Rodolphe Kars à 14 h sur « Messiaen et l'année liturgique ». - Les élèves du conservatoire se produiront à 18 h 30 sous la direction de Rachid Safir. - Loïk Mallié jouera « Le Livre du Saint Sacrement à 20 h.

Extrait de « Harawi » (1945)

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Ce n’est pas la première fois que la Maison des Arts de Châtillon expose les œuvres de Victor Laks*. à deux reprises déjà, en 1999 et 2003, le lieu s’est ouvert à un artiste qui, s’il ne

défraie pas la chronique culturelle de façon tapageuse, expose depuis 1948 dans le monde entier, de New York à Paris, en passant par l’Ita-lie. Le peintre est par ailleurs présent dans une douzaine de collections publiques. L’actuelle exposition a été judicieusement nommée « Panoramas ». Dans ce que l’on pourrait définir comme les paysages abstraits de Victor Laks, on sent la présence mêlée de la nature, du minéral

et du végétal ; l’opposition entre la densité et la légèreté. Ses œuvres sont le langage d’un jardin secret. « La peinture dit quelque chose, mais pas avec des mots », affirme l’artiste. Les espaces qu’il décrit ont une profondeur dans laquelle on entre immédiatement.

à « la tour de guet – Belle-Île » (1945), seul tableau figuratif de l’exposition, répond le « Grand ovale blond » (1974) qui ferme la perspective de l’enfilade des salles en enser-rant un fourmillement de signes dans une sorte

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L’exposition de la Maisondes Arts de Châtillon, judicieusement intitulée "Panoramas", est consacréeaux profonds paysagesabstraits de Victor Laks

PANORAMAS

exPOSitiONS

Sables IX,2007

Panorama, 2005

On sentla présence mêléede la nature, du minéralet du végétal

Victor Laks

D.R.

D.R.

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de tondo. Mais auparavant, « Chemin III » ou « Chemin IX » (2000) nous font pénétrer dans de multiples labyrinthes aux tons bistre. Tandis que « Paris – Avril 2003 » évoque paradoxale-ment la végétation luxuriante des tropiques. On se dit alors que le peintre est plus particulière-ment heureux dans les formats modestes ; pour être immédiatement démenti par son « Réseau espace » (1981) où une infinité de fossiles, ou de plumes, semble avoir laissé son empreinte. Plus minérale et plus dense, la série intitulée « à l’orée rouge » (1979), parmi les œuvres les plus fortes de l’exposition, suggère un horizon qui serait à la fois obstacle et infini. Avec « Autre part » (1999), on aborde des fonds plus clairs et, si le maillage est moins serré, la matière se fait plus épaisse. On aime les « Passage roux » et « Passage bleu » de 2007 qui font penser à des batiks. Le visiteur achève ce parcours avec une vingtaine de petits formats assemblés à touche-touche : des « Sables » qui déclinent des tons mats.

De Victor Laks, Gérard Xuriguera* écrit : « il cultive… le goût charnel des textures et celui de

poser les couleurs en couches minces finement modulées. Il aime le combat solitaire avec la toile, les tensions salutaires qui en découlent, l’instinct qui soudain porte le geste là où on ne l’attend pas. Il recherche, à travers la densifi-cation des signes, la simplification du discours, usant pour ce faire d’une technique sobre, toute de subtilité. L’exubérance ne lui sied point… Si l’art s’est rationalisé, il ne nous est jamais aussi proche que lorsqu’il nous montre son aptitude à l’imaginaire ». L’inconnu fascine visiblement Victor Laks, mais l’inconnu est aussi en soi. « Je est un autre », et le peintre cherche son « autre » dans ses œuvres, dont il dit qu’elles sont des « jeux de miroir où l’on ne se reconnaît pas ». Il faut aller se perdre dans l’imaginaire et dans les « Panoramas » de Victor Laks. ■

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exPOSitiONSMise au jour,

1999

« Victor Laks aimele combat solitaireavec la toile »

* Victor Laks est né en 1924 à Châtillon.* Gérard Xuriguera est critique et historien d’art.

« Panoramas », jusqu'au 1er juin, à la Maison des Arts, 11 rue de Bagneux, 92320 Châtillon. Exposition ouverte tous les jours, sauf le lundi, (14h-18h), tél. 01.40.84.97.11http://maisondesarts.ville-chatillon.fr

Victor Lakspar Alain SolAri

Passage bleu/rouge, 2007

Passage bleu, 2007

D.R.

D.R.

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Il parle d’images, plus souvent que de tableaux. Et pourtant ce sont des toiles qu’il peint… mais libres, sans châssis ni formats déterminés à l’avance. Souvent jumelles, adornées de leur semblable, libre-

ment réinterprétées.Une démarche volontariste, puissante,

mo numentale… qui se réfère à Matisse. Au Matisse des grands murs à la fin de sa vie et de sa découverte de l’abstraction colorée.

Abstraction constructive et souvent géomé-trique chez Piffaretti qu’il sous-titre avec des citations en écho, tirées des écrits du grand maître.

Ce dialogue verbal se produit dans la salle noire, ouverture de l’exposition, avec la pro-jection d’un film dont il a maîtrisé toutes les phases et qui explique de façon didactique le déroulement de son propre itinéraire.

Démarche savante, méditée, organisée, vivi-fiante certes puisque l’ex-position est riche en cou-leurs, diapasons, résonan-ces, vibrations, rythmes et écarts.

Des teintes franches, les trois primaires avec parfois l’introduction d’un vert franc ! La toile blan-che et le noir de la nuit.

Son travail se fait par tâches franches, lignes redoublées comme des part it ions musicales , blocs et dédoublements. Car ces toiles, toujours au format vertical, se ré pètent souvent, comme des ju melles.

Dans son parti de réitérer un deuxième tableau auprès du premier, l’artiste s’inspire, là encore, de Matisse qui lui-même affirmait : « Je ne peins pas les choses, je ne peins que les dif-férences entre les choses. »

C’est un système ouvert, mais décalé, sans redoublement. Dans l’excellent catalogue, Piffaretti s’explique : « J’ai un grand amour pour la couleur pure, claire, éclatante… Son côté expressif s’impose à moi de façon purement instinctive ».

Et il adhère bien sûr au propos du grand prédécesseur : « Une œuvre doit porter en elle-même toute sa signification », écrivait Matisse.

Les références à la pensée de Matisse ne sont en rien une appropriation des maximes du vieux maître ; mais plutôt un appel à questions, une façon d’ouvrir une réflexion sur la création, l’acte de peindre.

Un dialogue… Ni hommage, ni appropriation. Mais la vie qui court comme une eau vive, un torrent entre des œuvres picturales apparen-tées… Contrastes, aplats, lignes, traits, points, grilles, arabesques… Les interstices du temps de la création.

Une belle phrase de Dubuffet éclaircit un peu sa démarche : « L’artiste voit les choses. »

Et Bernard Piffaretti confirme : « Je revois l’étape de la création ». Voici un lien avec ce f a m e u x d e u x i è m e temps du tableau.

Un jour, Matisse a écrit : « J’ai commencé d’utiliser le noir comme couleur de lumière et non comme une cou-leur d’obscurité. »

D é m a r c h e p l u s complexe qu’ i l n ’y paraît. Et riche visuel-l ement . L e t empo im pose un rythme, un mouvement, un départ.

Et l’auteur conclut avec une simplicité

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Le Musée Matisse, dans le Nord, nous offre une très belle exposition de Bernard Piffaretti,jusqu’au 15 juin.

Bernard PIffarettI

exPosItIons

Bernard Piffaretti.Sans titre, 1999.

Acrylique sur toile,260 x 310 cmHenri Matisse :

« C’est ainsi quepour l’artiste, la création

commence à la vision.Voir c’est déjà

une opération créativequi exige un effort. »

AtELiEr DE L’ArtiStE, PAriS - © ADAGP, PAriS 2008 - Photo BErtrAND hUEt/tUtti

Des tâches franches,des lignesredoublées commedes partitionsmusicales

La peinturetoujours recommencée...

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convaincante : « La duplication prend tout en charge. Elle me permet de travailler ».

Nul ne sera déçu, je le crois, de flâner à l’improviste dans ce joyeux dédale, cherchant les ressemblances, les différences, les accrocs, accompagné par un guide... ■

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Soyons naturels…Les représentations de la nature sont-elles conformes à l’original ? Quelles sont les notions que véhicule l’idée de nature ? C’est tout cela qu’explore l’exposition « D’après nature » du musée des Beaux-Arts de Dunkerque.

Si Dunkerque compte le fameux LAAC dédié à l’art contemporain, avec la volonté de le rendre accessible au plus grand nombre, quitte à aller vers le public en créant des installations en ville même, le musée des Beaux-Arts n’est pas en reste.Après avoir exposé des photos très expressives, et prises dans la région, sur le contraste entre nature et danger industriel, il dédie quelques salles à une installation qui prend pour thème « D’après nature ». L’idée est de confronter les différentes représentations de la nature à travers quatre thèmes : « Sublimer la na ture », « Au paradis sur terre », « Histoires (sur)naturelles » et « Morte ? La nature ».Pour une part la démarche est parfaitement accessible ; lorsqu’il s’agit de ressortir des réserves les minéraux et animaux empaillés, qui furent à l’origine du musée et de les confronter à leurs représentations par les artistes.Mais le travail va plus loin. Ainsi, pour illustrer le thème de l’élément naturel qui représente le plus la notion de paradis terrestre, Christine Deknuydt est-elle allée chercher des tableaux dans lesquels figurent des vaches, animal qui symbolise à travers les âges le bien-être, la paix et l’assurance d’être nourri.En contraste avec cet aspect rassurant, la salle suivante montre la nature en ce qu’elle a d’inquiétant à travers ses changements, qu’il s’agisse de catastrophes naturelles dans toute leur brusquerie ou bien des monstres dont l’imagination humaine peuple la terre. C’est

l’objet de la troisième salle que d’explorer ce domaine cauchemar-desque, et voilà mises en relation une situation bien concrète (un chas-seur attaqué par des chiens ou des loups) avec les fantasmagories que sont les onis, créatures fabuleuses japonaises sur ivoire.Enfin sont rapprochées les différentes façons de figurer la vie et la mort chez les animaux, entre ces chiens auxquels l’artiste donne un regard humain et ces carcasses dépecées.Quelle est la vision la plus vraie ? Y en a-t-il seulement une ? Voilà enco-re un mystère que la nature garde pour elle…

Pierre FrAnçoiS

(1) Musée des Beaux-Arts, Place du Général de Gaulle, 59140 Dunkerque, jusqu’au 31 août, ouvert tous les jours, sauf le mardi (10h-12h15 et 14h-18h). Entrée : 4,5 e, T.R. 3 e, de 18 à 25 ans : 1,50 e, gratuit en dessous de 18 ans.

exPosItIons

Bernard Piffaretti, Sans titre, 1998. Acrylique sur toile, 180 x 200 cm

D.r.

D.r.

Bernard Piffaretti, V.O (version originale sous-titrée), au Musée Matisse, 59360 Le Cateau Cambrésis. Tél. 03.27.84.64.50, jusqu’au 15 juin. Catalogue et DVD. Site : www.cg59.fr/matisse

La peinturetoujours recommencée...

par Ariane Grenon

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CINéMA

Bouleversé de voir son pays plongé dans une énième guerre, le réali-sateur Philippe A ractingi a res-

senti le besoin urgent de tourner, à la fois pour exorciser sa souf france et témoigner des blessures de son peuple. Il n'a pas cherché à faire un film poli-tique, mais à donner un visage à toutes ces victimes : «Ce n'est pas un film qui prend parti pour un camp ou un autre. Mais pour dire la souf france des inno-cents…» a-t-il confié. En juillet 2006, la guerre éclate au Li ban. Le sud du pays est bombardé pendant 33 jours par l 'armée is raélienne, avant que n'intervienne un ces sez-le-feu. Auparavant, Zeina, une libanaise chiite, vivant dans les Emirats Arabes Unis, avait confié son jeune fils à sa sœur, habitant dans le sud du Liban. Après le cessez-le-feu, elle

débarque, folle d'inquiétude, à Bey-routh, à la recherche de sa sœur et de son fils. Tony, un chauffeur de taxi chrétien, accepte de la conduire dans le Sud. Dans cette région détruite, elle déploie toute son énergie pour re-trouver ceux qu'elle aime. Ce drame se présente comme un road movie déchirant au cours duquel se tisse une relation très parti-culière en tre l'héroïne et le chauffeur de taxi. Leurs sentiments sont dépeints avec délicatesse. À travers de nom-breux travellings captant la beau té souvent désespérée des paysages, le cinéaste témoigne de toute sa ten-dresse pour son pays. Malgré quelques baisses de rythme, il trouve l'émotion juste.

On ne peut rester insensible à cet te histoire bouleversante qui nous rappelle que, derrière la guerre, se cachent des destins brisés. Une scène érotique. ■

Sous les bombes. Drame franco-libanais (2007) de Philippe Aractingi, avec Zeina Nada Abou Farhat (Zeina), Georges Khabbaz (Tony, le chauffeur de taxi), Rawya El Chab (la réceptionniste), Bshara Atallah (le journaliste) (1h38). (Adultes). Sortie le 14 mai 2008.

EnfancesEn 1900, dans une Autriche de plus en plus antisémite, Fritz Lang apprend que sa mère est juive. Orson Welles croit si fort en la force du regard qu'il est persuadé que s'il ne quitte pas des yeux sa mère gravement malade, celle-ci ne peut pas mourir. Jacques Tati est un enfant si grand que sa tête dépasse de la photo de classe... C'est une excellente idée qu'a eue Yann Le Gal de raconter ainsi une anecdote sur l'enfance de six grands cinéastes qui marquèrent le septième art. Chaque anecdote a été confiée à des réalisateurs différents, et l'ensemble se révèle cohérent et passionnant. L’épisode consacré à Jacques Tati, riche en trouvailles visuelles, est très réussi, mais tous parviennent à évoquer des thèmes chers aux cinéastes tout en jouant avec le style qui définira leur œuvre. L'enfance est une période privilégiée dans l'existence de chaque artiste. L'épisode d'Hitchcock sur le désir et la culpabilité peut, tout de même, nécessiter quelques précisions.

M.-L. R.Comédie drama- tique française (2007) de Yann Le Gal, Isild Le Besco, Joana Hadjithomas, Khalil Joreige, Ismaël Ferroukhi, Corinne Garfin et Safy Nebbou (1h20). (Grands adolescents). Sortie le 14 mai 2008.

Semi-proUn entraîneur de basket-ball pour le moins farfelu va tout faire pour que son équipe intègre la célèbre NBA... Il ne faut pas attendre grand-chose de cette comédie sans prétention qui cherche avant tout à distraire. Quelques gags font mouche, mais l'ensemble est tout de même assez lourd. L'humour est assez grivois et ne se distingue pas par sa finesse. On n'échappe pas à certaines vulgarités et à un langage cru.

M.-L. R.Comédie américaine (2008) de Kent Alterman, avec Will Ferrell (Jackie Moon), Woody Harrelson (Monix), André Benjamin (Clarence), Maura Tierney (Lynn), Andy Richter (1h30). Grands adolescents) Sortie le 14 mai 2008.

CleanerAprès le meurtre de son épouse, un policier décide de se reconvertir dans le nettoyage des scènes de crimes afin d'avoir plus de temps à consacrer à sa fille.... Renny Harlin («Cliffhanger») n'est est pas à son premier film d'action et a déjà prouvé son savoir-faire en la matière. Son dernier opus est plutôt bien ficelé, même si le

dénouement nous laisse un peu sur notre faim, car trop hollywoodien dans sa construction. C'est toujours un plaisir de retrouver des acteurs chevronnés comme Samuel L. Jackson et Ed Harris. La relation entre le héros et sa fille est touchante. Certaines scènes sont un peu macabres.

Marie-Lorraine RousseL

Thriller américain (2007) de Renny Harlin, avec Samuel L. Jackson (Tom Cutler), Ed Harris (Eddie Lorenzo), Eva Mendes (Ann Norcut), Keke Palmer (Rose Cutler, la fille de Tom), Jose Pablo Cantillo (Miguel), Luis Guzman (le détective Vargas), Robert Forster (Arlo) (1h25). (Grands adolescents). Sortie le 14 mai 2008.

Les images filmées par Philippe Aractingi possèdent une authenticité et un réalisme très émouvants.

Drame bouleversantSouS lES BoMBES par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

La performance de Nada Abou Farhat se révèle exceptionnelle et inoubliable

(

FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 33

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«Les Zola » fait partie de ces pièces qui font oublier toutes les autres, même bonnes, qu’on a vues récemment. On y retrouve l’unité de lieu – le bureau d’Émile Zola – l’unité de temps – une

nuit particulière – et l’unité d’action, toute cen-trée sur l’aveu de sa liaison.

On assiste à une vraie discussion de couple, avec toute la gravité, l’affection et les maladres-ses que cela suppose. L’auteur a su mettre dans la bouche des personnages un vocabulaire littéraire qui ne fasse pas affecté ni écrit, et beaucoup de spontanéité. L’acheminement vers la crise se fait par des paliers successifs et bien dosés. Son dénouement comporte un rebond qui rend la seconde chute encore plus émouvante que la première.

Les propos tenus sont très bien vus du point de vue des psychologies masculine et féminine, artistiques et rationnelles. On est pris par l’émotion de ce face à face dès la première minute. La finesse de la femme et l’embarras de l’homme sont d’une justesse ahurissante.

Le parti pris illustratif et réaliste du décor, des accessoires et des costumes rend compte de la banalité de la situation d’aveu forcé en même temps que la façon dont il est provoqué puis pro-noncé dit tout l’amour qui anime ces deux êtres.

On remarque particulièrement la spontanéité calculée de la femme dans la façon dont elle tend des perches à son mari, tout en utilisant une discussion à bâtons rompus sur ses activités de la journée pour lui redire son admiration. On com-prend alors comment le dossier de presse a pu prendre comme sous-titre : « Derrière un grand homme se cache souvent une grande femme ».

Paradoxalement, on rit régulièrement tant la situation est à la fois absurde et vraie.

Comment en effet réagir autrement quand on voit un mari infidèle s’attendrir à ce point devant les photos de ses enfants adultérins en présence de sa femme légitime, et conclure en disant : « Tu verras, avec le temps, tu les aimeras beaucoup » ?

Mais, parce que leur harmonie est très pro-fonde, on assiste dans cette pièce à des aveux d’amour, presque fusionnel, à travers une situa-tion qui normalement signe la mort d’un couple.

On a là un grand moment de théâtre, ce qu’on comprend aisément quand on se pen-che sur la carrière des protagonistes. Tous deux comédiens de l’ombre, ils ont en effet prêté le nuancier de leur voix à des acteurs étrangers connus. Robin William, Richard Dreyfuss ou Kevin Costner ont été dit par Michel Papineschi, un habitué du Théâtre du Nord-Ouest et des mises en scène de J.-L. Jeener. Julia Roberts, Dory ou la Schtroumpfette ont eu la voix de Céline Monsarrat, auteur de plusieurs pièces assez soli-des pour subir l’épreuve de la comparaison au festival d’Avignon : « Portraits de femmes en bleu », « Rue du dessous des berges », « Adieu Monsieur Tchekov ». Quant aux « Zola », œuvre de Joëlle Fossier, ils ont passé l’épreuve d’Avi-gnon en 2006. n

théâtre

34 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

(1) « Les Zola », avec Céline Monsarrat et Michel Papineschi, au théâtre du Nord-Ouest, 13 rue du fbg Montmartre, 75009 Paris, tél. 01.47.70.32.75. En alternance jusqu’au 14 juin.

Conte philosophique« Pantagleize »(1) est une pièce philosophique qui rappelle par certains côtés « Candide ». Et si elle a la malchance d’être surclas-sée par « Les Zola », ce n’est pas faute d’être également très bonne. Elle fait même partie de ces spectacles dont on désire avoir le texte afin de se remémorer les saillies et slogans dont il est émaillé. Citons au hasard : « - Tu m’aimais… - J’aime d’abord l’humanité » ou « organisons ma paix, on se disputera après ». On admire la mise en scène millimétrée qui recourt à des panneaux mobiles pour renouveler les décors. Si la caricature des militaires est somme toute convenue, celle du procès est plus caustique que burlesque et le filigrane concernant Israël est original. Le propos est celui d’une immense méprise, des partisans de la révolution prenant pour signal du soulèvement une phrase dite au hasard par un philosophe lucide sur sa médiocrité. Le suspens est entretenu jusqu’à la fin, alors même qu’elle est exposée dès le début. ■

(1) « Pantagleize », au théâtre des Quartiers D’Ivry Antoine Vitez, 1 rue Simon Dereure, 94200 Ivry, les mardi, mercredi, vendredi et samedi (20h), jeudi (19h), dimanche (16h) jusqu’au 1er juin. Places de 9 à 19 e, tél. 01.43.90.11.11. www.theatre-quartier-ivry.com2.

Il y a un siècle étaient transférées les cendres de Zola au Panthéon. Dans le cadre de sa saison sur le thème de l’engagement, le théâtre du Nord-Ouest lui offre un magnifique hommage.

« Les ZoLa »par Pierre Françoiséclat

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Les propos tenus sont très bien vus du pointde vue des psychologies masculineet féminine

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La figure policière est l'une des plus représentées au cinéma et pour-tant, elle n'échappe que rarement

au sté réotype. Entre le héros sans peur et sans reproche et le flic ripou cynique et désa busé, sa représentation a manqué de nuances. Le film de Xavier Beauvois s'inscrit dans une approche la plus réa liste possible d’une profession pas vraiment comme les autres.

Antoine, jeune père de famille, vient d'obtenir son diplôme de l'école de police. Il est affecté à la deuxième division de la police judiciaire de Paris. Il est débordant d'énergie et impatient de pratiquer enfin son métier sur le terrain. Son chef est le commandant Caroline Vaudieu, de retour au commissariat après une éclipse de trois ans en vue de tenter de régler un

problème d'alcoolisme. Elle a perdu un fils et ne s'est jamais vraiment remise de sa disparition. Il aurait eu l'âge d'Antoine, et Caroline éprouve rapidement une cer taine affection pour cette jeune recrue. Xavier Beauvois signe un beau film, intéressant à plus d'un titre. Le réalisme et la rigueur avec lesquels il dépeint cet uni vers policier donne à celui-ci un aspect documen taire passion-nant. Le cinéaste a vécu pen dant deux ans aux côtés de la police et a dé couvert son travail au quotidien. L'in trigue, si

elle est classique, offre une plongée saisissante dans l'univers des sans-abri. Les personnages principaux sont d'une belle complexité. L'interpré ta tion est magistrale. Nathalie Baye est ma gni-fique dans son rôle de femme meurtrie. Les policiers sont représentés dans toute leur humanité, en particulier avec les sans-abris. Des violences inévitables. ■

Le petit lieutenant. Drame français (2005) de Xavier Beauvois, avec Nathalie Baye (Caroline Vaudieu), Jalil Lespert (Antoine Derouère), Roschdy Zem (Solo), Antoine Chappey (Louis Mallet), Xavier Beauvois (Nicolas Morbé), Jacques Perrin (Clermont) (1h50). Diffusion le dimanche 25 mai, sur France 2, à 20h55.

J’veux pas que tu t’en ailles

Il existe souvent deux types de comédies romantiques : celles qui mettent en scène la naissance d'une histoire d'amour et celles narrant la reconstruction d'un amour ébranlé. Si le premier film de Bernard Jeanjean renvoie au premier cas de figure, sa nouvelle comédie repose sur un savoureux quiproquo qui constitue le point de départ d'une reconquête amoureuse.Paul est psychologue et consacre la majeure partie de son temps à ses patients. Sa femme, Carla, se sentant quelque peu délaissée et constatant le flétrissement de leur amour, finit par prendre un jeune amant du nom de Raphaël. Or, il se trouve que celui-ci est un patient de Paul, qui ne tarde pas à découvrir que la femme qui semble rendre l'autre si heureux n'est autre que son épouse ! Paul pousse Raphaël à la confidence et tente de le dissuader de prolonger cette relation. Si l'idée n'est pas neuve (la récente comédie « Petites confidences à ma psy » abordait un sujet assez similaire de façon particulièrement réjouissante), elle est habilement exploitée par Bernard Jeanjean grâce à une narration joliment maîtrisée, des dialogues qui font mouche et un sens du rythme appréciable. Le récit repose sur des schémas bien connus (le classique triangle amoureux, la femme délaissée...), mais le cinéaste donne à ses personnages un certain relief. Quant à l'interprétation, elle est excellente. Le récit met en scène un adultère, mais Carla, malgré son écart, semble aspirer à reconstruire son couple. Tous les person- nages connaîtront une prise de conscience salutaire. Quelques scènes légères.Comédie romantique française (2006) de Bernard Jeanjean, avec Richard Berry (Paul), Judith Godrèche (Carla), Julien Boisselier (Raphaël), Martine Fontaine (Emma), Éric Laugerias (Marc), Céline Samie (Florence), Morgan Rouchy (Lukas), Dany Benedito (Betty) (1h24). Diffusion le samedi 24 mai, sur Canal+, à 20h50.

TÉLÉVISION

El cielitoSans famille, Felix a sauté du train en marche pour échapper au contrôleur. Il rencontre Roberto, un ouvrier au chômage, qui lui propose de venir travailler sur son lopin de terre, en échange du gîte et du couvert. Felix fait la connaissance de Mercedes, la femme de Roberto, et de Chango, leur bébé de neuf mois. Felix se prend d’affection pour

ce dernier, d’autant plus qu’il ne tarde pas à réaliser que Roberto est un homme violent. Sur fond de crise économique, cette œuvre délicate et poétique met en scène une étonnante relation entre un jeune marginal et un bébé, dont il finit par se sentir responsable. Des dialogues rares, une très belle photographie et une interprétation très naturelle permettent de brosser le tableau de ce « petit ciel », dont la violence n’est jamais loin. Il y a beaucoup de délicatesse dans les sentiments qui unissent le jeune héros aux personnages de cette histoire. Surtout, on assiste à la naissance du sentiment paternel d’un très jeune homme envers un bébé de neuf mois. Bouleversant.Drame argentin (2004) en VO de Maria Victoria Menis, avec Leonardo Ramirez (Felix), Dario Levy (Rodrigo), Mónica Lairana (Mercedes), Rodrigo Silva (Chango) (1h30). Diffusion le mercredi 28 mai, sur Arte, à 22h30.

La rencontre d'une jeune recruepleine d'enthousiasmeet de son commandant,une femme blessée par la vie.

Le petit lieutenantpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Au-delà de l'intriguepolicière, des thèmescomme le deuil et la solitude sont abordés

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TF120.50 Les 30 histoires les plus spectaculaires. Divertissement présenté par Jacques Legros et Carole Rousseau.23.25 New York, police judi­ciaire. Série 3.01.05 New York, cour de jus­tice. Série avec B. Neuwirth 2.France 220.55 Football «Coupe de France : Lyon/PSG (finale)», en direct du Stade de France.23.10 On n’est pas couché. Magazine présenté par Laurent Ruquier.France 3

21.00 53e Concours Eurovision de la chanson. Divertissement présenté par Julien Lepers et Jean-Paul Gaultier, en direct de Belgrade.00.35 La case de l’oncle Doc «L’odyssée de l’OM : Le jour où Marseille a basculé». Documentaire.Arte

21.00 L’aventure humaine «Tara : Voyage au cœur de la machine climatique» J. Un documentaire fascinant.22.30 Concours Reine Élisabeth.M620.50 Kyle XY : «Rébellion», «Le temps des regrets». Série avec Matt Dallas, Marguerite Macintyre.22.30 Supernatural. Série avec Jensen Ackles, J. Padalecki 3.Canal +20.50 J’veux pas que tu t’en ailles GA. Comédie (2007) de Bernard Jeanjean, avec Richard Berry, Judith Godrèche, Julien Boisselier, Martine Fontaine (1h24). (Voir notre analyse page 35)KTO20.55 Cérémonie «Veillée du pèle-rinage militaire international», à Lourdes.22.25 Antoine d’Ormesson «L’amour de Madeleine».23.45 KTO magazine «Sous les pavés, la foi».

télévision

36 FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008

TF120.50 7 ans de mariage Ø. Comédie (2003) de et avec Didier Bourdon, et avec Catherine Frot (1h33) 2. Une farce ratée et très vulgaire.France 2

20.55 Le petit lieutenant GA. Policier (2005) de Xavier Beauvois, avec Nathalie Baye, Jalil Lespert (1h50) 2. (Voir notre analyse page 35)23.15 La neuvième porte A/Ø. Fantastique (1999) de Roman Polanski, avec Johnny Depp, Emmanuelle Seigner (2h08) 3. Brillant, mais souvent ridicule et érotique.France 320.55 Inspecteur Barnaby «Le téléscope de la mort» GA. Téléfilm avec John Nettles 2. Un excellent suspense.23.10 Passé sous silence «L’arbre de mai : Ces 20 jours qui ont fait trembler la France» GA. Documentaire-fiction de Claude Ardid, avec Cyrille Eldin, Marc Samuels. Une bonne adaptation du livre de Balladur.00.45 Salvatore Giuliano GA. Drame (1961) en VO et NB, de Francesco Rosi, avec Frank Wolff (2h05). Excellent.ArtePlayboy world, ou une petite his­toire du magazine de charme20.45 Larry Flynt Ø. Biographie (1996) de Milos Forman, avec Woody Harrelson (2h04). Un film scandaleux.22.55 Let’s play, boy.M620.50 Capital «Quand la vie de famille devient trop chère : Comment réduire les dépen-ses ?». Magazine de G. Lagache.22.50 Enquête exclusive «Côte d’Azur : Le week-end le plus chaud de l’année». Magazine.Canal +20.50 Le scaphandre et le papillon GA. Drame (2007) de Julian Schnabel, avec Mathieu Amalric (1h48). Une émou-vante adaptation du livre.KTO20.50 La foi prise au mot «Méditation sur l’Église», avec Mgr Claude Dagens. 21.45 Journal sur le Vatican.22.00 Chrétiens d’Orient, musul­mans d’Europe.

TF120.50 La main blanche (1/4) GA. Téléfilm avec Ingrid Chauvin, Bruno Madinier. Un téléfilm policier inégal et peu crédible.22.40 Grey’s anatomy : «Troublantes révélations», «Chacun ses secrets»,

«Surveillance rapprochée» GA. Série avec Ellen Pompeo. Passionnant et avec un émouvant refus de l'avor-tement.France 220.50 FBI portés disparus :

«Rejets», «Strip-tease», «Appels d’urgence». Série avec Anthony LaPaglia, Marianne Jean-Baptiste 2.23.10 Complément d’enquête «Prise d’otages, contrebande : Le temps des pirates». Magazine présenté par Benoît Duquesne.France 3

20.55 Obésité, le poids de la souffrance, un an après : «L’angoisse des lendemains», «Le bout du chemin» GA 2. Un documentaire encourageant pour les malades.23.25 Ce soir (ou jamais !). 00.45 NYPD blue. Série.Arte21.00 Le lien du secret A/Ø. Comédie dramatique (1997) de W. Nicholson, avec Sophie Mar-ceau (1h39). Un mélo assez décevant, ambigu et illus-tré de scènes sensuelles.22.45 Musica «Isadora Duncan». 23.35 Les mystères d’une âme. Drame muet et en NB (1926) de Georg Wilhem Pabst, avec Werner Krauss (1h20).M620.50 Maison à vendre. Magazine présenté par Stéphane Plaza.22.15 C’est du propre !23.10 Rocky V GA. Aventures (1990) de John G. Avildsen, avec Sylvester Stallone (1h39). Pas mal, mais lassant et violent.Canal +20.50 Engrenages (5 et 6/8) GA. Série avec Grégory Fitoussi, Caroline Proust 3. Très prenant, mais pénible.KTO20.50 Chrétiens d’Orient, musul­mans d’Europe. 21.55 Un jour, une foi «Chemins de vie».

TF120.50 Football «Match amical : France/Équateur», en direct du Stade des Alpes (Grenoble).23.00 Confessions intimes. Magazine présenté par Isabelle Brès.France 220.50 Le bal des célibataires A/Ø. Téléfilm avec Cristiana Reali, Sophie Aubry, Frédéric Pierrot (3h32). Caricatural, d'un anticlérica-lisme virulent et avec desscènes complaisantes.France 320.55 4 mariages et un enter­rement A. Comédie (1994) de Mike Newell, avec Hugh Grant, Kristin Scott Thomas, Andie McDowell (1h53). Bourré d'humour, mais agré-menté d'une forme de dérision envers la religion et de situa-tions très suggestives.23.25 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.00.45 NYPD blue. Série avec Dennis Franz 2.Arte

21.00 ’Ndrangheta, une mafia d’affaires et de sang J. Documentaire de Corradino Durruti. (Voir ci-contre)Génération porno22.25 À l’école du X. Documentaire.23.15 À quoi rêvent les filles de l’Est ? Documentaire.M620.50 66 minutes. Magazine présenté par Aïda Touihri.21.45 66 minutes, l’enquête «Suisse : Le tourisme de la mort». Magazine.22.30 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine présenté par Marc-Olivier Fogiel.Canal +20.50 Les chansons d’amour A/Ø. Comédie musicale (2007) de Christophe Honoré, avec Louis Garrel, Ludivine Sagnier (1h32) 2. Bien filmé, mais très scabreux.KTO20.50 La gare des enfants per­dus. À Calcutta, des enfants ten-tent de survivre dans la gare.21.45 Un jour, une foi «Église du monde».22.15 La foi prise au mot «Méditation sur l’Église».

samedi 24 mai Dimanche 25 mai lundi 26 mai Mardi 27 mai

émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «Judaïca», «Chrétiens orientaux», «Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Questions d'actualité» - 11h00 Messe en l'église du Sacré-Cœur, à Lille (59).

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télévision

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sur ArteMardi 27 mai, à 21h00‘Ndrangheta, une mafia d’affaires et de sang JEn Calabre, la mafia locale, appe-lée ‘Ndrangheta, sème la terreur dans la petite ville de Rizziconi. L’inspecteur Morrone se lance dans une longue enquête. Pendant sept années, le plus souvent en caméra cachée, le réa lisateur Corradino Durruti a suivi l’inspecteur Morrone. Il nous fait ainsi partager le quotidien d’une ville sous l’emprise terrible de la mafia. Loin de tout sensa-tionnalisme, ce document excep-tionnel montre le courage de ceux qui n’acceptent pas la fatalité.

TF120.35 Dr. House «Un témoin encombrant», «Symptômes XXL», «Double discours» GA. Série avec Hugh Laurie 2. En plus d'être passionnant et sou-vent drôle, c'est émouvant.23.20 New York unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.France 220.55 Faites entrer l’accusé «Patrick Tissier, le récidiviste» GA. Magazine présenté par Christophe Hondelatte 3. Très intéressant, mais certaines descriptions sont atro-ces.22.35 Faites entrer l’accusé «Que faire des multiréci-divistes ?». Débat présenté par Christophe Hondelatte.France 320.50 Questions pour un champion «Spéciale grandes écoles». Divertissement présenté par Julien Lepers.23.25 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéi.00.45 NYPD blue. Série avec Dennis Franz.Arte

21.00 Les mercredis de l’his­toire «Maradona, un gamin en or» GA. Documentaire de Jean-Christophe Rosé. Intéressant.22.30 El cielito J. Drame en VO (2004) de Maria Victoria Menis, avec Leonardo Ramirez, Dario Levy, Mónica Lairana, Rodrigo Silva (1h30). (Voir page 35)M620.50 Nouvelle star «Neuvième prime time en direct du Pavillon Baltard». Divertissement présen-té par Virginie Efira, avec Lio, Sinclair, Philippe Manœuvre et André Manoukian.Canal +20.50 Reservation road GA. Drame (2007)de Terry George, avec Joaquin Phoenix, Mark Ruffalo (1h38) 2. Un film poignant, mais un peu trop larmoyant et long.KTO20.50 Et la ville bouge. Enquête sur les métiers de policier, concierge et artiste.21.45 Un jour, une foi «La famille en questions».22.15 VIP.

TF120.50 Nord/Sud : Le grand match «Les Français ne sont pas tous à l’ouest !». Divertissement présenté par Christophe Dechavanne, avec Jean-Pierre Pernaut et Jean-Pierre Foucault.23.30 Sans aucun doute. Magazine.France 2

20.55 Sur le fil : «Le pianiste», «William» GA. Série de Bruno Garcia, avec François Levantal 2. C’est toujours aussi nerveux et prenant, avec de l’humour et un excellent sus-pense.22.55 Taratata. Divertissement présenté par Nagui.France 320.55 Thalassa «Les Robinsons de la mer d’Iroise». Magazine.23.25 Le goût des vacances. Documentaire.Arte21.00 Vœux et sacrifices GA. Téléfilm avec Misel Maticevic, Tanja Schieff, Arver Birnbaum (1h30). On a du mal à cerner les intentions du réalisa-teur avec cette œuvre brillante, mais confuse, mettant en scène la mystique Anne-Catherine Emmerick et le poète Clemens Brentano. C’est très bien filmé, mais ambigu, et la fin émet des doutes sur la réalité des stig-maties de la bienheureuse.22.30 Tracks. Magazine.M620.50 Bones : «Passé composé», «Le choc des titans», «Roméo et Juliette». Série avec Emily Deschanel, David Boréanaz 2.23.20 Sex and the city. Série avec Sarah Jessica Parker 2.Canal +20.50 Hellphone GA. Comédie (2006) de James Huth, avec Jean-Baptiste Maunier, Jennifer Decker (1h36) 3. Pas mal, mais ça devient lourd et répéti-tif, sans parler de la violence et des images peu discrètes.KTO20.50 KTO magazine «Les nou-veaux défis de la Mission ou vrière».21.45 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.15 L’inséparable.23.10 La foi prise au mot «La Trinité».

TF1

20.50 Alice Nevers, le juge est une femme : «Une vie dans l’ombre», «Princesse» GA. Série avec Marine Delterme, Jean-Michel Tinivelli, Manuel Gélin, Véronique Baylaucq. Deux épisodes assez prenants, mais la fin du premier est tirée par les cheveux.22.50 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet.France 220.55 Envoyé spécial : «La retraite à mi-temps», «Les petits fantômes de Bulgarie». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.23.05 Infrarouge : «La polyga-mie en France», La vie sans la vue». Documentaires.France 320.55 L’ex de ma fille A. Téléfilm avec Sabine Haudepin, Jean-Michel Noirey, Alexis Michalik. Amusant, mais souvent gros et avec des images peu discrètes.22.35 Ce soir (ou jamais !) (et 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéi.00.45 NYPD Blue. Série avec Dennis Franz.Arte21.00 Ouvre les yeux A/Ø. Policier (1998) de Alejandro Amenabar, avec Eduardo Noriega, Fele Marfinez, Penélope Cruz (1h57). Le scénario est peu solide, malgré un bon suspense, et il y a plu-sieurs scènes érotiques.22.50 Le business des musées. Documentaire.M620.50 Prison Break : «Contre-pouvoir», «Régner ou mourir», «30 secondes». Série avec Wentworth Miller, Dominic Purcel 3.Canal +20.50 Cold case : «Nos années hippies», «Un rayon de soleil». Série avec Kathryn Morris, John Finn 2.KTO20.50 L’esprit des lettres. Magazine littéraire présenté par Pierre-Luc Séguillon.22.25 Art et culture.22.50 Antoine d’Ormesson «L’amour de Madeleine».

Mercredi 28 mai Jeudi 29 mai vendredi 30 mai

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Élément positif : Élément négatif

Repères

RaDiosRCFSamedi 24 mai19h30 Cogito, la soirée philo. "L'inconscient est-il notre destin ?", avec Jean-Noël Dumont (agrégé de philosophie)Lundi 26 mai14h Musiphonie "Un piano chez la Reine Pomaré ou la musique dans l'œuvre de Pierre Loti" (1/5, tous les jours de la semaine à 14h) 14h30 Halte spirituelle "Vivre le temps ordinaire de la liturgie", avec le Père Jean-Luc Ragonneau, (jésuite). (1/5, tous les jours de la semaine à 14h30 ou 20h45)Mardi 27 mai13h30 Dialogue "Le rôle des moines dans la construction de l'Europe occidentale", avec Guy Lobichon (professeur à l'université d'Avignon).21h Grand Témoin "Marie-Hélène Matthieu, fondatrice de L'OCH"Mercredi 28 mai10h C'est classe ! "Rendez-vous avec l'Enseignement catholique. être attentif à la dimension spiri-tuelle de l'éducation" (Vos appels au 04.72.38.20.23)Jeudi 29 mai10h à votre service "Découvrir le tir à l'arc", avec Mme Cuillon, (prési-dente du comité Rhône du tir à l'arc) (Vos appels au 04.72.38.20.23)Vendredi 30 mai9h Grand angle "Les congrégations religieuses et le logement social" (une émission en partenariat avec Habitat et Humanisme)13h30 Il était une foi "La place de Marie dans la tradition catho- lique", avec Hendro Munsterman, (Directeur du centre théologique de Meylan-Grenoble)France CultureDimanche 25 mai10h Messe, depuis la chapelle de la Médaille Miraculeuse, 140 rue du Bac, 75007 Paris, commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Ponsard. Chorale des reli-gieuses. Marie BIzIen

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Paris✔ Une "Messe pour le cente-naire de la naissance de Mgr Maxime Charles" est prévue ce dimanche 25 mai (20h30), à Notre-Dame de l'Assomption des Buttes Chaumont, 80 rue de Meaux, 75019 Paris.✔ à l'espace Georges Bernanos, 4 rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, fax 01.45.26. 65.25, dans le cadre du "Lundi de la Foi", une conférence est prévue le 26 mai (12h45), sur le thème "Mai 68 et la crise de l’Église", par Gérard Leclerc. Et le 27 mai (18h), à l'occasion de l'Année Bernanos, une ren-contre est proposée : "Ecrits de Combat, des «Enfants humiliés» à «Français si vous saviez…»", avec Claire Daudin et Gérard Leclerc.✔ Avec la Fondation pour l'in-novation polit ique , dans le cadre du cycle des conférences "L'héritage de mai 68", autour de Dominique Lecourt (philosophe), les prochaines auront lieu au 137 rue de l'Université, 75007 Paris (18h30-20h) : le 28 mai "Mai 68, l'Art et la Culture", avec Jean-Jacques Aillagon (ancien ministre de la Culture et la Communication...)

et Olivier Poivre d'Arvor (directeur de Cultures France...). Le 4 juin "Mai 68 et l'humanitaire", avec Rony Brauman (ancien président de Médecins sans Frontières...) et François Ewald (professeur au Conservatoire national des arts et métiers...). Les trois dernières tables rondes du cycle auront lieu les 11, 18 et 25 juin (précisions sur www.fondapol.org). Entrée libre sur réservation, ✆ 01.47.53.67.00/[email protected]✔ à l'abbaye Saint-Martin de Mondaye, 14250 Juaye-Mondaye, une session pour étudier l'orgue est prévue du 30 juin au 5 juil-let. De la Renaissance à Jean-Sébastien Bach, une semaine où se mêlent, ateliers, cours d'accompagnement liturgique, conférences, mise en situation au cours des offices de la commu- nauté, et temps de travail per-sonnel sur différents orgues. Rens./insc. ✆ 02.31.92.53.51/[email protected]✔ Les Pères Samuel Rouvillois et Thibault de Pompignan ani-meront la session d'été donnée dans le cadre de la maison de Noviciat des frères de Saint-Jean,

à Saint Jodard, "Quelle éthique pour aujourd'hui ? Bonheur ou justice ?" Devant l'inégalité des chances devant le bonheur, com-ment développer une véritable éthique ? Peut-on rendre le bon-heur plus accessible ?, du 29 juin (19h) au 4 juillet (17h). Rens./insc. auprès du Père Hôtelier, Com munauté Saint-Jean, 42590 Saint Jodard, ✆ 04.77.63.44.47, [email protected]✔ Un spectacle de théâtre et de chant "La visite de l'ange" sera interprété par des acteurs du Secours Catholique : le 23 mai (21h) à la salle Bellegrave de Pessac, le 4 juin (21h) au Théâtre Jean Villar d'Eysines, le 8 juin (18h) au Théâtre Olympia d'Arcachon. Billetterie sur place. Rens. ✆ 06.81.83.63.11.✔ Lourdes 2008 - 150e anniver-saire des apparitions. 24e retraite itinérante de Bordeaux (abbaye Notre-Dame du Rivet, du 1er au 15 août) ou de Mugron (abbaye Notre-Dame de Maylis, du 6 au 15 août) sur le thème "Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant 15 jours ?" (parole de Marie Immaculée à Sainte

Bernadette le 18 février 1858).Marche (25km/jour), silence, prière (offices, Eucharistie et adoration) enseignements (par des frères dominicains, carmes). Vous avez plus de 18 ans, soif de prendre un temps avec le Seigneur par Marie Immaculée, dans l'Esprit des Pèlerins d'Em-maüs, contactez : Association des Pèlerins de l'Immaculée, 19 av. Toulouse-Lautrec, 33740 Ares. Bordeaux : ✆ 05.57.70. 46.16, Toulouse : ✆ 05.61.20.19. 90, Maylis : ✆ 05.58.79.40.30.Saône-et-Loire✔ à l'aube des JO de Pékin et des JMJ 2008 de Sydney, la Communauté de l'Emmanuel interpelle tout un chacun : "Vous faites quoi cet été ?", sous-enten-du "pour être dans la course". Les sessions internationales de Paray-le-Monial auront lieu du 6 juillet au 18 août "Courir pour le Christ", grand Prix : la vie éter-nelle, pour être dans la course. Du 6 au 9 juillet, re traite pour tous, "Un cœur à cœur avec le Christ", avec Mgr Benoît Rivière, le Père Jean Rodolphe Kars. Du 10 au 14 juillet "session 25-35 ans pour célibataires, jeunes cou-ples, jeunes familles". Du 15 au

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

Avec un premier abonnement, en cadeau,1 DVD de "Un modèle pour Matisse"

Histoire de la CHapelle du rosaire à VenCe

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hebdomadaire

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20 juillet "Forum international des jeunes", Spécial JMJ et 25e anni-versaire !, avec Mgr Dominique Rey... Du 21 au 25 juillet "3e Congrès pour l'adoration «À l'école des saints»". Du 26 au 31 juillet "Session pour les familles", pour tous, avec Mgr André Léo-nard (Belgique)... Du 2 au 7 août "Session pour les familles", pour tous, avec le cardinal André Vingt-Trois... Du 9 au 14 août "Session pour les familles", pour tous, avec le cardinal Philippe Barbarin... Le 13 août "Journée de prière exceptionnelle", pour les malades et les personnes dans l'épreuve. Du 14 au 18 août "1er Festival marial international", Ras semblement des communau-tés nouvelles du monde entier : Jeunesse Lumière, Marie Reine Immaculée, Totus Tuus... Rens./insc. ✆ 03.85.81.56.00www.paray.orgCommunauté des Béatitudes✔ Un rassemblement interna-tional, avec la participation du Père Daniel Ange, est prévu du 7 au 11 juillet, à Lourdes, sur le thème "Je suis chargée de vous le dire". Inscriptions auprès de la Communauté des Béatitudes, 19 av. Antoine Béguère, 65100 Lourdes, ✆ 05.62.42.35.20/ [email protected] http://lourdes.sessions.beatitudes.orgAmis de Sœur Isabelet✔ L'association "Les Amis de Sœur Isabelet" (Carmel d'Arles, 13 rue Frédéric Chevillon, 13200 Arles) informe qu'une messe sera célébrée le 22 juin en l'église Saint-Césaire d'Arles en faveur de la béatification de Sœur Thérèse Elisabeth du Saint Cœur de Marie "Carmélite".Camps chantier✔ Les frères de la Communauté Saint-Jean, 42590 Saint Jodard, ✆ 04.77.63.44.47, proposent un camps chantier du 6 au 27 juillet, ouvert aux 16/30 ans. "Venez restaurer avec les frères, le monastère (salle de chapitre, murs, oratoires). Moments fra-ternels, travail, don de soi et joie garantis, rencontres".Guide bénévole✔ Cet été… guide bénévole, à La Chaise-Dieu. Haut-lieu religieux depuis le XIe siècle, La Chaise-Dieu (43) attire chaque été de nombreux touristes. Si vous avez entre 18 et 30 ans, les frères de Saint-Jean vous invitent à faire découvrir le patrimoine artistique et religieux très riche de l'abba-tiale au sein d'une équipe de gui-des bénévoles, sur une période de 15 jours entre le 29 juin et le 17 août. Rens. auprès des pères Nicolas ou Michel-Marie, ✆ 04.71.

00.05.55, [email protected] (inscription en ligne possible)Chants marials araméens✔ En ce mois de mai, dédié à Marie, écoutez de magnifiques chants marials araméens, chan-tés par Milkiya Etoile, Edmond Mansour, Jean Mansour (chœurs vocals), les musiciens Hanny Sako (violon, piano), Mickael Mansour (claviers), Rémi Sak (Sas / gui-tare orientale). Le nouveau CD "Voix d'Orient" sera dis ponible prochainement, après les mes-ses domini cales chal déennes, à la paroisse St-Thomas Apôtre, 7-11 rue du Champs-Gallois, 95200 Sarcelles, ✆ 01.39.33.31.64, fax 01.46.07.93.23. Les bénéfices seront versés intégralement en aide aux chrétiens d'Irak. Le prix du CD est de 10 €. Compagnie Nez à Nez✔ Philippe Rousseaux de la com-pagnie Nez à Nez, 46 bis rue des épinettes, 88000 Epinal, ✆ 06.87. 85.02.74 / [email protected] propose un stage du 21 (15h) au 26 juillet (15h) à Bonvillet (Vosges), sur les fon-damentaux du théâtre, avec jeu, travail du personnage, situa-tion, mise en scène, voix... âge minimun : 16 ans, tarifs : 220 € (150 € pour les lycéens, étudiants et demandeurs d’emploi). http://pagesperso-orange.fr/nezanezAssociation Saint Jean Révélateur✔ L’association St Jean Révélateur organise plusieurs activités pour les jeunes cet été 2008 : "Mission Arménie" pour des étudiants, du 7 au 28 juillet ; Camp 15-20 ans "Comédie Musicale", du 4 au 28 juillet sur le thème de la vie du Pr Jérôme Lejeune : Richemont, Royan, Murat ; Camp 15-20 ans Louanges "Hosanna" du 6 au 27 août : Île de Ré, Festival St-Jean et Campus Révélateur ; Camp 15-20 ans Cinéma "Saint & Teaser" du 9 au 27 août : Festival St-Jean et Campus Révélateur ; Camp 15-20 ans Sport "Canoë & Escalade" du 12 au 27 août : Campus Révélateur à Murat ; Ras semblement de jeunes "Campus Révélateur d’été" les lundi 25, mardi 26, mercredi 27 août, à Murat (Cantal). Enfin découvrez la nouvelle webtv pour les jeunes cathos francophones sur www.revelaTeur.tv Rens. : Père Jean Marie Luc, Prieuré Claire de Castelbajac, 16370 Riche- mont, ✆ 05.45.36.45.30 / info@ revelateur.org / www.revelateur.org

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FRANCECatholique n°3120 23 mai 2008 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ Produits naturels du Cantal. Du producteur au consommateur : foie gras, pâtés, confits sans produits chimiques. Tél. 04.71.47.46.99 ou GAEC Malroux, tél. 04.71.46.75.29, code "D.C".

➥ La Fondation Jérôme Lejeune recherche son web-mestre : Sous la responsabilité du Directeur administra-tif et en collaboration étroite avec la Direction générale et les services Communication, vous assurez l’admi-nistration et le développement informatique des sites Internet de la Fondation. Vous avez également un rôle d’interface avec l’en-semble des prestataires informatiques. Compétences techniques : - Environnement de développement : ASP, .NET ; - Langage de programmation : HTML, MySQL, Linux ; - Application web : Frontpage, dreamweawer, Joomla ; Postuler sur www.ecclesiajob.com, réf : FJL12.

➥ A vendre : Peugeot 1007 - Dolce Pack 16V - 2 tronic - couleur noire - 10 600 km. Prix 12 600 e. Tél. 01.39.73.02.98, ou 06.08.56.60.40.

➥ Recherche statues, objets et tableaux religieux, icônes, statues de Jeanne d'Arc. Tél. 04.93.81.22.27, ou 06.34.47.67.03.

SERVICE ABONNEMENTSDésormais, pour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement,

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Dans trois mois, le Saint-Père visitera la France. Benoit XVI se rendra à Paris et Lourdes, du 12 au 15 septembre. C'est pour nous tous une grande joie que nous ne pouvons garder pour nous, mais communiquer. De nos familles, nos paroisses, universités, aumôneries, mouvements, groupes de prière un extraordinaire élan d'amour envers l'Eglise et le Saint-Père est appelé à se manifester. Une joie qui doit gagner les coeurs des chercheurs du Christ ! Autant de lieux où le poster peut se trouver, mais aussi les gares, magasins, chambres d'étudiants, cafés, CDI, etc...France Catholique, Discours du Pape et l'Evangile de la Vie proposent un poster-souvenir, un poster-d'évangélisation pour susciter cet élan et répondre ainsi à l'appel prophétique de Jean-Paul II annonçant un nouveau "printemps spirituel pour l'Eglise en France" (cf 7.10.1986). Ensemble, pour entrer dans cette nouvelle saison spirituelle avec Benoit XVI, visitant la France, Fille aînée de l'Eglise !Accueillons le Pape. "Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur".

De 1 à 9 posters envoi des posters pliés en 4, sous enveloppe (à moins de faire une demande spécifique pour tube cartonné)

1 poster : 3,50 e, port inclus (France métropolitaine) - 5 posters : 13.50 e, port inclus (France métropolitaine)A partir de 10 posters, 1,60 e le poster + 9.70 e de frais de port (envoi colissimo sous tube cartonné),

soit 25,70 e pour 10 posters (port inclus)Pour un envoi autre que France Métropolitaine, ou pour des quantités supérieures à 20, merci de nous consulter.

En vente chez Téqui : 8 rue Mézières, 75006 Paris (vente directe ou par correspondance)www.editionstequi.com

Un poster pour la venue du Pape en France

Format 40 x 60 cm