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FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 84 e année - Hebdomadaire n°3133 - 26 septembre 2008 www.france-catholique.fr 2,90 L’histoire de saint Benoît en bande dessinée pages 20 à 22 Redécouverte des ex-voto à Lyon pages 28 à 32 Débat sur la doctrine libérale pages 8 à 16 FRANCE Catholique

FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueMariott d’Islamabad a fait au moins 60 morts et plus de 200 blessés le 20 sep-tembre ; l’ambassadeur de la république tchèque est porté disparu

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84e année - Hebdomadaire n°3133 - 26 septembre 2008 www.france-catholique.fr 2,90 €

L’histoire de saint Benoîten bande dessinéepages 20 à 22

Redécouverte des ex-votoà Lyonpages 28 à 32

Débat sur la doctrine libéralepages 8 à 16

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

FRANCEPOLITIQUE: Le tiers du Sénat a été renou-velé le 21 septembre. La gauche a gagné 23 sièges. Si la majorité de droite n’était pas menacée, la bataille pour la prési-dence doit opposer le 1er octobre plusieurs candidats UMP. Le 75e congrès du PS à la mi-novembre devrait mettre aux prises quatre blocs principaux qui déposeront des motions : Benoît Hamon (« Nouveau PS »), Martine Aubry, Bertrand Delanoë allié à François Hollande et Ségolène Royal alliée à « La ligne claire » ; le grand perdant semble être Pierre Moscovici.POLICE : La ministre de l’Intérieur a été chargée le 18 septembre par le Premier ministre d’élaborer un nouveau texte à propos du fichier « Edvige » ; ce texte exclura la possibilité de centraliser des informations relatives aux personnes exerçant un mandat ; les renseigne-ments concernant la santé et l’orientation sexuelle seront également exclues ; celles relatives aux adolescents pourraient être effacées à leur majorité.AgRICULTURE : Le Premier ministre a an non cé l’instauration d’un minimum de retraite pour les agriculteurs justifiant de 17 ans et demi d’activité ; ce régime toucherait 350 000 retraités sur un total de 1,8 million.BONUS-mALUS : Soucieux de préserver le pouvoir d’achat, le chef de l’Etat a exclu le 19 septembre toute nouvelle taxe sur les produits de grande consommation (pneus, détergents, téléviseurs, gobelets en plastique...).ImPÔTS : Le ministre du Budget Eric Woerth a déclaré, le 21 septembre, que toutes les niches fiscales seront plafonnées.SECTES : Les deux principales entités de l’église française de scientologie seront jugées en 2009 en correctionnelle pour « escroquerie en bande organisée et exer-cice illégal de la pharmacie » ; une condamnation pourrait entraîner la disso-lution judiciaire de cette organisation.

mONDECRISE BANCAIRE : Le plus grand installa-teur de particules au monde, le LHC situé à 150 mètres sous terre à la frontière franco-suisse près de Genève, a été mis en service début septembre pour tenter de recréer les conditions qui régnaient lors de la création de l’univers, il y a 13 milliards d’années ; les physiciens espèrent décou-vrir la particule élémentaire appelée « le

boson de Higgs », afin de vérifier les divers scénarios du « big bang » ; toutefois, une fuite d’hélium intervenue le 19 septembre a exigé l’arrêt de l’accélérateur pour une période de deux mois.PéTROLE : Le prix du pétrole est repassé sous la barre des 100 dollars le 9 septem-bre, son prix le plus bas depuis le 2 avril dernier ; mais les prix à la pompe ne bais-sent pas aussi vite en raison de la chute de la valeur de l’euro par rapport au dollar sous l’effet de la récession en Europe : l’euro vaut actuellement environ 1,40 dol-lar contre 1,60 en juillet dernier. éTATS-UNIS : Après le plan de sauve-garde mis en place par le Trésor américain pour sauver les deux grands organismes de financement immobilier, Fannie Mae et Fredee Mac, ce qui a conduit l’Etat fédéral à injecter 100 milliards de dollars dans chacune de ces sociétés, la Réserve fédérale a dû voler le 16 septembre au secours d’AIG, géant des assurances, en lui accordant un prêt de 85 milliards de dol-lars en échange de 80% de son capital ; ces sauvetages n’ont pas suffi à rétablir la confiance sur les marchés financiers car d’autres faillites étaient attendues. En France, la ministre le l’Economie a reconnu le 17 septembre que la situation

américaine allait rendre les banques pru-dentes et provoquer un renchérissement du crédit. Cependant, l’annonce d’un plan de sauvetage du secteur bancaire améri-cain portant sur 700 milliards de dollars a rassuré les milieux financiers et provoqué une forte hausse des bourses ; la bourse de Paris a clôturé le 19 septembre sur une hausse de 9,3%, sa plus forte progression quotidienne depuis 20 ans. Coup de tonnerre dans le monde du cy clisme américain : Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France, a annoncé qu’il revenait à la compétition à l’âge de 37 ans pour tenter de gagner un huitième Tour en 2009.RUSSIE : Le Premier ministre François Fillon a rencontré Vladimir Poutine le 19 septembre à Sotchi sur les bords de la Mer

Noire ; le nucléaire civil, la coopération spatiale, mais aussi la Géorgie étaient à l’ordre du jour.COLOmBIE : Les unités de déminage de la police colombienne devraient dès le mois de novembre utiliser des rats pour la détection des mines antipersonnel ; les rats ont en effet un odorat comparable à celui des chiens, mais leur entraînement est plus rapide et ils peuvent interve-nir dans des endroits difficiles d’accès ; posées par la guérilla, les mines font près de trois victimes par jour en Colombie. SOmALIE : Cinq mois après l’opération lancée contre les ravisseurs du voilier « Le Ponant », les commandos de la Marine ont libéré le 16 septembre le couple dont le bateau avait été arraisonné le 2 septembre au large de la Somalie ; un pirate a été tué et six autres faits prisonniers ; ces derniers devraient être déférés devant la justice française.ISRAëL : Le parti Kadima, majoritaire à la Knesset, a désigné le 18 septembre la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, pour succéder à Ehoud Olmert, empêtré dans des affaires de corruption, à la tête du parti ; c’est à elle que le prési-dent Simon Peres devrait confier le soin de former un nouveau gouvernement.UkRAINE : La rupture entre le président Iouchtchenko et le Premier ministre Ioula Timochenko est désormais consommée ; de nouvelles élections pourraient être organisées pour mettre fin à la crise.ITALIE : La compagnie aérienne Al Italia, en très grande difficulté, a annulé 30 vols le 19 septembre « pour raison technique » ; ses pertes dépassent les 3 millions d’euros par jour.AFghANISTAN : Un rapport attribué à l’OTAN et révélé le 20 septembre par la presse canadienne affirme que les soldats français tombés dans une embuscade le 18 août dernier n’avaient pas suffisamment de munitions et disposaient de moyens de communication insuffisants.PAkISTAN : Un attentat–suicide attribué aux talibans d’Al-Qaida contre l’hôtel Ma riott d’Islamabad a fait au moins 60 morts et plus de 200 blessés le 20 sep-tembre ; l’ambassadeur de la république tchèque est porté disparu.AFRIQUE DU SUD : Le Congrès national africain, le parti au pouvoir, a décidé le 20 septembre de retirer sa fonction au président Mbeki.BELgIQUE : Le Premier ministre Yves Leterne qui a perdu, le 21 septembre, le soutien des nationalistes flamands pour-rait être poussé à la démission. J.L.

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SOMMAIRE

ACTUALITÉ 4 POLITIQUE Quelle révolution ? Alice Tulle

5 SOCIÉTÉ Maternités du 3e âge par Tugdual Derville

6 MOndE L'heure de l'Europe ? Yves La Marck

7 ÉCOnOMIE Placements éthiques Jean-Yves Naudet

dOSSIER 8 dÉbAT Libéraux, sociaux, cathos... Alexandre Da Silva

11 L'utopie marchande selon Ph. Arondel Patrice Le Roué

12 Liberté et complexité selon J.-Ph. delsol Frédéric Aimard

13 Tocqueville, un maître difficile à saisir Lucien Jaume / A. Da Silva

ESPRIT 17 ECCLÉSIA Iran, Inde, Liban, etc.

18 En MÉMOIRE dES JOURS Une leçon de foi Robert Masson

19 LECTURES Parabole des deux enfants Père Mansour Labaky

MAGAZInE 20 b.d. Saint benoît : l'âme de l'Europe Noël Gloser et Monique Amiel, (1, 2 et 3 /44)

23 IdÉES Touche pas à bernanos Gérard Leclerc

26 MUSIQUE Centenaire Messiaen François-Xavier Lacroux

28 ExPOSITIOnS Les ex-voto de Fourvière Bernard Berthod

33 CInÉMA "Faubourg 36","Le royaume interdit", "Entre les murs"

"dans la ville de Sylvia" Marie-Christine Renaud d’André et Marie-Lorraine Roussel

34 ThEâTRE L' «Amphitryon» de Molière Pierre François

35 TÉLÉvISIOn "Je vous trouve très beau","La vie des autres"

"Collision", "Françoise Sagan" Marie-Christine Renaud d’André

36 TÉLÉvISIOn votre début de soirée M.-C. d'A.

38 bLOC-nOTES vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

CouveRTuRe © Noël Gloesner pour le dessin,Ateliers vittorio Leonardo pour la mise en couleurs,

ÉDiTioNS Du TRioMPhe

ÉdITORIAL

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 3

Le succès de la visite de Benoît Xvi à Paris et à Lourdes ne saurait être une parenthèse. Le dynamisme de l'Église de France qui s'est révélé pendant ces quatre jours constitue en lui-même une question. Pourquoi une telle éclosion de vie et de jeunesse, alors même que les constats et les

perspectives les plus pessimistes nous accablent, agrémentés par les gloses qui insistent sur le décalage mortel du message ecclésial avec la culture contemporaine ? une première réponse s'offre à nous à l'écoute du Pape. Ce n'est pas l'adhésion au siècle (selon les Écritures) que demandent nos contemporains mais un éclairage sur le sens de la vie. D'ailleurs la preuve est faite que là où on s'aligne sur les revendications dites modernes, le chris-tianisme se délite et fait fuir ceux-là même qu'il était censé attirer.

Autre réflexion : la dépression dans laquelle le christianisme européen (et français au premier chef) a sombré, ne sera dépassée que lorsqu'il se sera soustrait à sa charge neurasthénique. Les quarante ans de Mai 68 ont permis de com prendre que le clergé de notre pays avait été la victime privilégiée d'une pathologie qui induit un processus où il finissait par ne plus s'aimer, au point de faire payer durement à tous, et aux jeunes en particulier, le ressen-timent d'avoir épousé une vocation si aberrante selon les canons en vigueur. Comment la relève sacerdotale et religieuse aurait-elle pu s'affirmer, alors qu'il y avait si peu d'appels et que la réalité était elle-même si peu appelante ? Bien sûr, grâces soient rendues à tous les prêtres et à toutes les âmes consacrées qui ont su tenir au sein de cet hiver spirituel. Nous leur devons la survie de notre Église dans des conditions parfois héroïques.

il y a lieu de marquer désormais une rupture avec le désen-chantement post-soixante-huitard. Nous n'avons plus à ressasser nos déconvenues, mais à ouvrir sans cesse de nouvelles voies. Cela suppose de l'audace apostolique, un investissement de l'intelligence pour une transmission de la foi selon ses plus hautes définitions, un engagement dans la cité en tournant le dos aux interdits de la laïcité négative, un combat pour la vie à partir d'une espérance qui en révèle la beauté et la grandeur, un dévouement qui transforme les cœurs par la contagion de la charité... L'heure est venue de tourner le dos à nos médiocres querelles pour évangéliser. C'est d'ailleurs désormais le vœu unanime dans notre Église dont l'unité est sans doute le plus beau cadeau de la visite du Saint-Père. n

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

Question àL'Église de France

par Gérard LECLERC

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Le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire peut être considéré de trois manières :

Il y a Olivier, l’enfant de la Ligue, un bon militant nourri au lait du trotskisme. Il a été intelligemment choisi par Alain Krivine et les pères fondateurs du mouvement pour incarner l’organisation née dans les années soixante. Olivier et ses camarades peuvent agir dans la bonne conscience : Trotski fut la victime de Staline et leur communisme, jamais mis à l’épreuve du pou voir, peut paraître exempt des déviations soviétiques et maoïstes.

Il y a Olivier Besan-cenot l’enfant chéri des médias qui apprécient ce t te sympath ique figure de contestataire bien élevé. Il est plus fin qu’Arlette Laguiller, mo ins désue t que Marie-George Buffet, plus généraliste que José Bové et surtout beaucoup plus jeune que les autres figures de la contestation de gauche. Dans la distribution médiatique des rôles, il est d’autant plus parfait qu’il appartient à une formation au recrutememt « bour geois » tout en étant lui-même un « petit employé » de La Poste. Coup double en termes d’impact sur le public – tant pour la Ligue que pour la télévision.

Voilà ce qui explique le succès politique et médiatique de celui qui s’apprête à créer un « parti anticapitaliste » destiné à rassembler toute l’extrême gauche.

Mais avant d’envisager cette unité problématique (il y a à l’extrême-gauche autant de « querelles d’ego » qu’au Parti socialiste) une question préalable doit être posée.

Cette question porte sur la capacité politique d’Oli-vier Besancenot et de ses cama rades. Leur intelligence militante est certaine : ils savent organiser des mouve-ments revendicatifs, leurs slogans sont simples et dans l’en semble la Ligue est plus per cutante que le Parti

communiste, otage de moins en moins intéressant des socialistes. Quant à leur orga-nisation, elle n’est pas aussi sectaire que Lutte ouvrière, qui cultive un léninisme rigide, ni laxiste comme tant de groupes gauchistes. Ce faisant, elle attire ceux qui veulent une organisation révolutionnaire sérieuse et elle inquiète tous ceux qui

craignent (non sans raisons) de se faire « récupérer ».

Quant à l’action, les atouts de la Ligue l’emportent sur ses handicaps. Elle devrait donc dominer le Parti communiste sur le terrain des luttes sociales et conquérir une grande partie de l’électorat contestataire de gauche et d’extrême gauche.

Olivier Besancenot sera alors porté au pinacle par les médias et le Parti socialiste verra sa fraction de gauche se tourner vers le jeune Olivier.

Pour tant , l e succès pos sible d’Olivier Besancenot le placera devant un choix : participer à un gouverne-ment de gauche, ou s’en tenir à la pureté révolution-naire. Les dirigeants de la Ligue sont embarrassés par cette perspective car leur pra tique militante est stric-tement protestataire : jamais ils n’ont envisagé de prendre le pouvoir comme Lénine et Trotski. Olivier Besancenot est lui-même étranger aux pro blèmes généraux qui touchent à l’or ganisation du pouvoir politique, à la conduite des affaires de l’État et aux relations internatio-nales. Il admire certaine-ment Lénine et Trotski mais sa tendance personnelle est « conseilliste » : il croit à une société contrôlée par des comités de base, (comi-tés de quartiers, d’entreprise) composés d’élus révocables, il souhaite que la démocratie représentative soit remplacée par la démocratie directe. Au contraire du Parti commu-niste, Olivier Besancenot et ses camarades sont aller-giques à l’État (même s'ils défendent les services publics) et indifférents à la nation. Ils continueront donc de faire une agitation de base effi-cace – quoi qu’on en pense sur le fond – sans que les sommets de l’État en soient pour autant bouleversés. Avec Olivier Besancenot, la révolu-tion n’est pas, ne sera pas à l’ordre du jour. n

ACTUALITÉexTrême-gAUChe

Il y a à l'extrême-gauche autant de querelles d'ego qu'au Parti socialiste

4 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

par Alice TULLE

(

Enfant chéri des médias, Olivier Besancenot se révèle bon tribun et manifestant efficace. Mais son idéologie le rend étranger aux enjeux essentiels de la vie politique.

Quelle révolution ?

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Affichant un total de 6,7 kg à eux trois, les deux garçons et la fille se portent bien. Enfantés à Paris par

cette Française d’origine asia-tique largement ménopausée, ils ont été conçus in vitro, après un « don d’ovo cytes » qu’elle affirme avoir obtenus au Vietnam. Mis devant ce fait accompli, le généreux système de santé français a tout fait pour maintenir en bonne santé la mère et ses trois enfants. Exercice difficile car, à vouloir devenir mère après l’âge, on risque des compli-cations cardiovas culaires. Au moment de l’annonce de cette première mondiale de naissance de triplés, on apprenait qu’une autre Française, quoique plus jeune (44 ans) avait payé le prix fort après avoir tenté sa chance au marché du tourisme procréatif. Après avoir elle aussi accouché de triplés, conçus in vitro en Grèce, elle se retrouve dans le coma depuis trois mois au CHU d’Angers. Nés à six mois de grossesse, les bébés sont pris en charge par le père et une vaste chaîne de solidarité.

Ces grossesses tardives et multiples sont particulière-ment dangereuses, tant pour la femme que pour les enfants, qui risquent la grande prématu-rité et le handicap. Mais quelle limite peut-on mettre au désir d’enfant quand il se réveille tardivement et que des appren-tis sorciers vendent leur tech-nique pour déjouer l’inexorable

marche du temps ? La gynéco-logue Joëlle Belaïsch-Allart s’ « inquiète clairement » de recevoir « de plus en plus de demandes après 40 ans, voire entre 45 et 50 ans » qu’elle explique par « une meilleure maîtrise de la contraception, le développe-ment des carrières féminines » et les « secondes unions dont on voudrait un enfant ». Même si les records comme celui de l’Indienne qui a accou-ché de jumeaux à 70 ans choquent, le vieillissement des femmes encein-tes est un phéno-mène général.

C’est désor-mais à près de 30 ans en moyenne que les Françaises accouchent, un âge où déjà la fécondité baisse. A 42 ans, elle n’est plus que de 6%, naturelle-ment, soulignent les spécialistes de l’assistance médi-cale à la procréa-tion (AMP). Le « cas Rachida Dati » ne doit pas faire rêver les millions de quadragénaires qui déchan-teront, estimant venu le temps d’être mères une fois leur vie professionnelle bien lancée. « N'attendez pas trop longtemps pour avoir un enfant » vient de

leur écrire, chez Odile Jacob, le professeur François Olivennes, spécialiste de l’AMP. La suppli-que vient agacer un féminisme radical qui mesure l’inégalité entre l’homme et la femme en matière de fécondité. Car tandis qu’un op probre quasi-unanime frappe les mères de l’impossi-ble qui semblent attendre le troisième âge pour enfanter, ce n’est qu’à partir de 65 ans que

les praticiens s’interrogent sur la légitimité d’aider un homme à devenir père. Pour les femmes, s’ap puyant sur la loi bio éthique, ils posent des limites. Du fait de la pénurie d’ovocytes, les centres d’AMP ne retiennent comme

receveuses que celles de moins de 43 ans, et parfois plus jeunes. La Sécurité sociale ne finance plus après cet âge. Il ne reste plus qu’à voyager pour assouvir le désir d'enfant quoi qu’il en coûte ensuite.

Il n’est pas certain que cela puisse durer : porte-pa-role de l'UMP, Chantal Brunel a demandé la création d' « une mission d'information à l'As-semblée nationale afin qu'un cadre légal soit envisagé » pour ces grossesses. « L'enfant n'est pas un cadeau qu'une mère s'offre comme une robe ou une voiture. Il s'agit d'un être humain qui doit avoir autant de chances dans sa vie que les autres. Il

n'est ni dans l'intérêt de l'enfant, ni dans l'intérêt de la mère, de jouer aux apprentis sorciers avec la vie », a-t-elle déclaré. Pour le professeur Fran-çois Thepot, directeur médical de l’Agence de Biomédecine « L'AMP en France est faite pour traiter l'infertilité, on ne veut pas en faire un nouveau mode de procréation pour des gens qui souhaiteraient avoir des enfants en dehors du cadre naturel ». Une telle posture ne manquera pas d’alerter ceux qui entendent, à l’occasion des prochai-

nes lois bioéthiques, s’appuyer sur les dérives de l’AMP pour en faire bénéficier des demandeurs hors du contexte d’un couple stable en âge de procréer, composé d’un homme et d’une femme. n

ACTUALITÉpar Tugdual DERVILLE

maternités du 3e âgePrOCrÉATION

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 5

)Ces grossesses tardives et multiplessont particulièrement dangereuses

Première mondiale, la naissance de triplés chez une française de 59 ans relance le débat autour de ce que le professeur René Frydman, précurseur de la procréation artificielle, nomme ses « déviances ».

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Les hommes politiques ne sont pas au cœur de la crise finan-cière internationale. Dans un premier

temps, ce sont les autorités bancaires , théor iquement in dépendantes, qui opèrent les choix : rachats des dettes, garanties des prêts, indemni-sations des pertes. Mais bien-tôt les problèmes deviennent politiques, par exemple si un chomâge à grande échelle s’ensuit - ce qui n’est pas au to-matique dans la mesure où une certaine économie financière est déconnectée de l’économie réelle. Toujours est-il que les institutions me nacées et les épargnants ne manquent pas de se retourner vers les politi-ques pour qu'ils remettrent de l'ordre. Or la marge budgé-taire est ténue puisque la dette publique est elle-même reconnue comme un facteur aggravant et le retour à l’équi-libre une priorité ; l’arme de la dévaluation monétaire a été quasiment supprimée depuis le passage à l’Euro.

F ina lement , on n ’at-tend du pol it ique qu’un sen t iment sub jec t i f de confiance. Mais c’est capital. Traditionnellement, en Europe, la crise a tendance à jouer au profit de la droite. Aux États-Unis, elle devrait favoriser le parti démocrate. Certes, les candidats à la présente élec-tion présidentielle américaine

sont peu connus pour leur expérience économique. Les débats risquent à cet égard d’être particulièrement atter-rants. Mais le souci de rebondir privilégie le plus apte à incar-ner le changement.

Encore faudrait-il s’en-tendre sur l’intervention du politique dans la crise. La ré duction de ses pouvoirs est inscrite dans le néo-libéralisme des vingt dernières années mais aussi dans la mondia-

lisation : une doctrine et un phénomène. On peut agir sur la doctrine, promouvoir l’anti-capitalisme. C’est un choix, mais qui nous place hors du système. La crise est en soi un mode de correction du capi-talisme. Elle lui est consubs-

tantielle. Si l’on reste dans les limites du système, on doit lui permettre de fonc tionner, et donc de respirer. Il y a un aspect parfaitement salutaire dans la présente crise.

En revanche, le capitalisme a besoin du politique pour agir sur le système international dans lequel il s’inscrit. Le sys tème de change, d'abord, doit être revu puisqu'il est parfaitement bancal depuis la chute du dollar. Celle-ci a

été imprudemment favorisée comme source de financement du crédit aux États-Unis. Tant que ce financement était acquis, l’administration améri-caine n’avait rien dit, alors que personne n’ignorait cette source de vulnérabilité. Le

retrait des fonds de souverai-neté arabes, des fonds chinois et russes dans le financement des Bons du Trésor américain rend urgente une révision du système. Si la présente crise devait produire un résultat logique, ce serait de mettre fin à la poli tique du dollar comme monnaie de réserve internationale, et d’amener au rééquilibrage avec l’Euro et aussi le Yuan. Or ceci ne serait possible que grâce à une volonté poli tique forte, extrê-mement forte.

Le bon élève mondial, l’Euro, devrait retirer les dividendes de sa bonne gestion. Hélas, il n’en va jamais ain si, puisque l’on se porte d’abord au secours des faillis. L’interventionnisme international profite au plus puissant, les États-Unis, qui, parce qu’il est le plus capita-liste, subit toujours la crise plus tôt et plus fort, mais aussi moins longtemps. Ensuite, c’est au tour de l’Europe de la subir, plus tard, mais plus longtemps.

L’Euro devrait pourtant être une ressource pour les dirigeants européens dans l ’épreuve de force d'au-jourd’hui. C’est le moment où jamais de faire la différence, de montrer que l’Euro est un atout pour les Européens. En quelque sorte, c’est l’heure de vérité de Maastricht. L’Europe ne devrait pas craindre de peser de tout son poids finan-cier dans la renégociation des parités qui s’impose. Sa part dans les réserves internatio-nales doit s’affirmer. Géant économique, nain politique, dit-on d’elle. Qu’elle se tienne debout, seule, financièrement, permettrait de résoudre le hiatus. n

ACTUALITÉCRISE FINANCIèRE AMÉRICAINE

L'interventionnisme international profite au plus puissant, les États-Unis

6 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

par Yves LA MARCK

(

La crise financière est celle de la dérégulation. Le retour de balancier, aux frais des contribuables et des épargnants, sonne l'heure des rééquilibrages... qui seront politiques.

L'heure de l'Europe ?

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Lors de la réunion de mars 2008 de la Conférence des évêques de France, a été proposé aux 95

dio cèses de France un FCP (Fonds commun de placement) éthique. Depuis, il semble qu’un tiers des diocèses ait recouru à cette forme de placement. Il est question de 4,6 millions d’euros, pour l’instant. Les diocèses ont des ressources limitées, venant de la généro-sité des fidèles : il est normal qu’elles soient gérées avec rigueur et donc placées en attendant leur affectation, en banque ou en bourse ; un fonds commun de place-ment permet en principe de limiter les risques, en diversifiant le portefeuille de titres.

Mais il est aussi naturel que les diocèses ne veuillent pas gagner de l’argent à n’importe quel prix. Tous les placements ne se valent pas d’un point de vue éthique, même si, bien entendu, le rendement ne doit pas être oublié : il ne faut pas gaspiller l’argent des fidèles par des placements peu judi-cieux ou trop risqués. Mais il ne faut pas perdre son âme.

C’est là que les placements éthiques peuvent être une solution conciliant rendement légitime et préoccupations morales.

Jean-Paul II nous a dit dans Cen tesimus annus (§ 36) que « le choix d’investir en un

lieu plutôt que dans un autre, dans un secteur de produc-tion plutôt qu’en un autre est toujours un choix moral et culturel ».

Les premiers p lace-ments éthiques sont nés aux États-Unis, de la volonté de

cer taines communautés reli-gieuses d’écarter des place-ments jugés immoraux (dans un secteur comme l’alcool, les jeux de hasard ou les ventes d’armes). Depuis, on examine plutôt la situation éthique de chaque entreprise, grâce à des institutions spécialisées dans

leur notation éthique. à partir de ces notations, les institu-tions financières proposent des placements éthiques à leurs clients.

Bien entendu, tout dépend de ce que l’on considère

comme éthique, ce qui n’est

pas simple, dans un monde qui perd ses repères, très éclaté dans sa conception du bien et du mal. L’un considérera que les questions d’environnement sont d’ordre éthique, l’autre que c’est une question écono-mique, liée à une bonne défi-nition des droits de propriété.

Un autre sera plus sensible aux questions sociales, au travail des enfants ou à l’absence de discrimination, etc.

Les évêques, bien sûr, ont voulu que leurs placements soient conformes à la morale chrétienne : pas question, pour prendre un exemple, d’investir dans des laboratoires pharma-ceutiques vendant des pilules abortives. Mais tous les choix ne sont pas aussi évidents et dans une entreprise il arrive que le bon grain et l’ivraie se mélangent : les choix moraux, en matière financière, sont souvent complexes et nul n’est

à l’abri d’une erreur.Au-delà de ces diffi-

cultés, il y a les nécessaires rappels à la prudence (la bourse est indispensable au financement des entreprises,

mais les épargnants doivent s‘y aventurer avec discer-

nement). Mais surtout, au-delà du cas de la conférence épiscopale, l’essentiel est de réaliser que ce sont les hommes

qui sont respon sables de la moralité des choix. Ce n’est pas le marché qui est

immoral, c’est l’homme qui est pécheur. Le marché ne fait que refléter nos

libres choix. D’où l’im-portance d’une éducation à la compréhension des méca-nismes économiques et à la liberté responsable. Si l’on veut une économie plus morale, il faut éduquer les hommes, pour les rendre plus sensibles au bien. n

ACTUALITÉ

par Jean-Yves NAUDET

Placements éthiquesÉCONOMIE

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 7

)Ce n’est pas le marché qui est immoral, c’est l’homme qui est pécheur

La création d’un fonds commun de placement éthique pour les diocèses de France attire l’attention sur la question des fonds éthiques, voulant concilier finance et morale.

Page 8: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueMariott d’Islamabad a fait au moins 60 morts et plus de 200 blessés le 20 sep-tembre ; l’ambassadeur de la république tchèque est porté disparu

Beaucoup de Modernes proclament la radicalité de la rupture qu’ils opèrent entre l’ancien et le nou­veau. Pourtant, tous font référen­ce à des auteurs classiques, qui fondent effectivement les théo­ries et les pratiques de la moder­

nité. Les libéraux de toutes sortes n’échappent pas à la règle commune : tous invoquent de grands auteurs du XVIIe et du XVIIIe siècle. Les

doctrines fonda­trices du libéra­lisme se trouvent en effet chez Thomas Hobbes

(son Léviathan est publié en 1651), chez John Locke (le Traité du gouverne-ment civil paraît

en 1690), chez Montesquieu (De l’esprit des lois, 1748), chez Adam Smith (La Richesse des na-tions, 1776). Les libéraux doivent au premier la théorie du contrat social, au deuxième la phi­losophie des droits de l’individu, au troisième le principe de la séparation des pouvoirs, au quatrième la théorie de la main invisible qui harmonise les intérêts librement exprimés sur le marché.

Ces œuvres immenses ont été redécouvertes après l’effondrement du marxisme en France. Etudiées par nos contemporains (Marcel Gau­

DOSSIER

Entre catholiques, le libéralisme fait l’objet d’un débat de fond. Encore plus sans doute en cette période de crise financière américaine ! Les principales questions agitées portent sur la définition du mot - forcément piégé -, sur les domaines (philosophie, politique, économie) que couvre cette pensée et, comme toujours, sur les relations entre science et croyance. France Catholique invite régulièrement des universitaires à présenter à ses lecteurs leurs travaux sur les grands auteurs libéraux : Pierre Manent - le 6 juin dernier - ou - cette semaine -, Lucien Jaume à propos de Tocqueville. Ce sont des continents entiers de la pensée qui réémergent. Mais force est de constater que, même parmi des amis qui nous sont très proches, les positions peuvent être très tranchées. Ainsi en est-il de Philippe Arondel et de Jean-Philippe Delsol dont nous présentons les derniers livres. Privilège de l'hebdomadaire d'actualité sur la revue mensuelle, nous laisserons le débat plus ouvert - car nous y reviendrons - que chez nos confrères

de la revue "La Nef" dont le très intéressant dossier sur le libéralisme - livraison de juin 2008 - nous servira ici de point de départ. (1) Revue La Nef, n° 194 - juin 2008 – Les textes du dossier de La Nef sontdisponibles aussi sur www.lanef.net

8 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

Libéraux, sociaux, cathos

AdamSmith

JohnLocke

D.R.

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chet, Pierre Rosanvallon, Lucien Jaume), ces pensées sont à nouveau devenues productives de sens : ce sont elles qui inspirent les défen­seurs des droits de l’homme et les économistes libéraux.

Mais tous ceux qui se ré­clament de la philosophie du libéralisme en tirent­ils les mêmes conséquences ? Assu­rément non. Des disciples de Montesquieu, défenseur du régime parlementaire, peuvent l’interpréter à la manière du général de Gaulle et défendre la « monarchie élective » ou au contraire chercher à redon­ner le maximum de pouvoirs à l’Assemblée nationale. Des fer­vents du libéralisme politique peuvent se déclarer partisans de l’intervention de l’État dans l’économie et vouloir la justice sociale sous la forme de « l’État Providence » alors que d’autres sont favorables au libéralisme politique et au libéralisme éco­nomique.

Les catholiques n’échappent pas à ce double débat sur les définitions et sur les implications du libéralisme. Certains récusent en bloc sa phi­losophie, d’autres tentent des synthèses ou au contraire multiplient les précautions.

C’est là une trop brève évocation de doctri­nes complexes et de débats inten­ses. En juin dernier, la revue La Nef

a consacré au libéralisme un solide dossier qu’il importe de conserver car la dispute philosophique et les controverses entre écono mistes, chrétiens ou non, vont se poursuivre dans les mois et les années à venir. On y lira avec profit la « Petite his­toire du libéralisme » (Thibaud Col­

lin) qui expose de façon très claire les doctrines que nous avons brièvement évo quées plus haut. Plus polémique, Claude Polin, professeur de phi­losophie politique, soutient la thèse de l’unité interne du libéralisme sous la forme peu répan­

due et très inégalitaire du « libéralisme d’excep­tion » (l’homme créateur de lui­même) et d’un « libéralisme ordinaire » qui dénonce le despo­

tisme dans tout pouvoir, qui entend affirmer sa pleine liberté et qui croit qu’une régulation spon­tanée permettra d’har­moniser la libre expres­sion des intérêts. D’où la formule lapidaire de Claude Po lin : « la quin­tessence du libéralisme ordinaire, c’est le libéra­lisme économique » qui récuse la religion et la morale, l’État et la na­tion.

Nous voici entrés dans le débat entre

catho liques. Claude Polin, qui publie dans la re­vue Catholica, ré cuse le libéralisme : « Le libéral ordinaire est un homme qui met le feu aux pou­dres, et s’étonne de l’explosion ». Au contraire, Pierre Manent s’affirme « libéral et catholique ». Pour lui, le libéralisme est le régime politique qui s’est émancipé du pouvoir spirituel et qui caractérise aujourd’hui le pouvoir temporel.

Ce nouvel ordre humain a pour « fondement et pivot » l’État souverain – car le libéralisme ainsi défini n’est pas hostile à l’État, encore moins au Politique en tant que tel ­ mais se fonde au contraire sur l’État neu­tre ou laïc qui garantit l’exercice des libertés publiques. Pierre Manent

explique que le libéralisme convient au chré­tien pour une raison rarement invoquée : « un ordre politique en état de marche décourage la recherche d’une "théologie poli tique" chré­tienne » ­ qu’il s’agisse du droit divin des rois de France ou de la théologie de la libération –

DOSSIER

Libéraux, sociaux, cathos

« Lelibéralisme

économiquequi récuse

la religion et la morale,l'État et

la nation »Claude Polin

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 9

ThibaudCollin

PierreManent

JoëlHautebert

par Alexandre DA SILVA

© LA

NEF

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et fait regarder avec scepticisme les théologies sociales – corporatisme des légiti mistes du XIXe siècle ou socialisme chrétien.

Telle n’est pas la conviction de Joël Haute­bert, professeur d’histoire du droit à l’université d’Angers, qui rappelle avec Jean­Paul II que la liberté de conscience ne peut s’affranchir de la vérité et qui affirme que le libéralisme se renie

en pratique dans le scientisme, dans l’étatisme et dans l’affir­mation de droits absolus pour l’individu. Dans la conclusion du dossier de La Nef, le direc­teur de cette re­vue, Christophe

Geoffroy, abonde dans le même sens et invite à « refuser l’hégémonie libérale » pour des raisons philosophiques (le relativisme engendre de nou­veaux dogmatismes, des « morales » aux critères fluctuants) et au vu des conséquences sociales du libéralisme qui, au nom de la liberté, soumet l’être humain à un impitoyable déterminisme économique, à un matérialisme radical. Rap­pelant la phrase de Hayek (l’un des principaux théoriciens libéraux du XXe siècle) affirmant que « L’homme n’est pas le maître de son destin et ne le sera jamais », Christophe Geffroy écrit que la vision libérale de l’homme « balaie l’an­thropologie chrétienne basée sur la dignité de la personne créée à l’image de Dieu, personne néanmoins blessée par le péché originel qui le rend responsable d’une partie du mal qui l’en­toure » et détruit toute justice sociale : « loin de se résorber, les inégalités tendent à augmenter entre pays opulents et miséreux, comme au sein d’une même nation entre riches et pauvres (et aussi à l’intérieur des entreprises) ».

D’où le recours à la doctrine sociale de l’Église, rappelée par Bernard Laurent dans La Nef (1) et qui a fait l’objet de maints articles et dossiers dans France Catholique : de Léon XIII à Jean­Paul II, le libéralisme philosophique, l’éco­nomisme et le marché « dérégulé » sont récusés aussi fermement que le socialisme.

Les économistes libéraux ont à s’expliquer par rapport à la doctrine sociale de l’Église mais, avant tout, il serait de bonne méthode que les économistes catholiques de toutes tendances fassent clairement la distinction entre leur foi et leur travail scientifique. Catholique déclaré, François Perroux aimait répéter qu’il n’était pas un économiste catholique mais un catholique étudiant l’économie dans une intention scien­tifique. Le travail du chercheur et du savant est alors éclairé et fécondé par la conviction

religieuse, sans que l’on puisse en tirer des ar­guments péremptoires quant aux structures économiques. Humilité du croyant, prudence de celui qui étudie une économie toujours inscrite dans un cadre (théologique, anthropologique, historique) infiniment plus large : avant d’être capitaliste, libérale ou socialiste, toute écono­mie est une économie politique.

Cette prudence dans la démarche permet un dialogue fécond. Dans le domaine économi­que, ce dialogue existe en France et produit des effets importants : les débats entre Jean­Luc Gréau et Hakim El Karoui (deux économistes libéraux) d’une part, et Jacques Sapir et Emma­nuel Todd (deux antilibéraux, le premier éco­nomiste, le second démographe) d’autre part, ont abouti à une position commune ­ et peut­être inattendue ­ sur la nécessité de prendre à l’échelle de l’Union européenne des mesures protectionnistes. Telle est également le point de vue défendu par nombres d’économistes keynésiens (partisans de la régulation de l’éco­nomie par l’État) et par Maurice Allais, principal théoricien français du libéralisme et prix Nobel d’économie. Selon la belle formule de François Perroux, les controverses économiques doivent être, comme les conflits sociaux, des « luttes­concours » dans lesquelles chacun apporte au lieu de s’acharner à détruire.

(1) Cf. Bernard Laurent, L’enseignement social de l’Église et l’économie de marché, préface d’Émile Poulat, Parole et Silence, 2007, 368 pages, 28 €.

10 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

DOSSIER

Leséconomistes

libérauxont à

s'expliquerpar rapportà la doctrine

socialede l'Église

ChristopheGeffroy

Doctrine sociale de l'Église et libéralisme

La Doctrine sociale de l'Église s'oppose historiquement à l'idéologie libérale, comme à l'idéologie socialiste. Cependant, Jean-Paul II, qui connaissait bien les travers de la société socialiste, a fait, jusqu'à un certain point, évoluer le sens des mots, notamment en 1991 dans l'encyclique "Centesimus Annus", dont voici trois citations importantes :

« L’économie moderne de l’entreprise comporte des aspects positifs dont la source est la liberté de la personne qui s’exprime dans le domaine éco-nomique comme en beaucoup d’autres » (CA §32).

« Il semble que, à l’intérieur de chaque pays comme dans les rapports internationaux, le marché libre soit l’instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins » (CA §34).

« L’Église reconnaît le rôle pertinent du profit comme indicateur du bon fonctionnement de l’entreprise. Quand une entreprise génère du profit, cela signifie que les facteurs productifs ont été dûment utilisés et les besoins humains correspondants convenablement satisfaits [L"Église sou-haite] « une société du travail libre, de l’entreprise et de la participation. Elle ne s’oppose pas au marché, mais demande qu’il soit dûment contrôlé par les forces sociales et par l’État, de manière à garantir la satisfaction des besoins fondamentaux de toute la société » (CA §35).

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FRANCECatholique n°3129 août 2008 11

Toute économie est capitaliste car les entreprises, publiques ou privées, ont besoin de capital pour se constituer et se développer. Mais toutes les écono­mies capitalistes ne fonctionnent pas

de la même manière car elles peuvent articuler différemment leurs moyens et s’assigner plusieurs types de finalités...

Après la seconde guerre mondiale, nous avons connu, en France notamment, un modèle capi­taliste associant un secteur public et un sec­teur privé sous l’égide d’un État qui organisait le développement économique et qui se souciait d’assurer, vaille que vaille, le bien­être social. Les « Trente glorieuses » correspondent à ce moment de l’Histoire qu’il faut rappeler pour bien mesurer l’ampleur de la révolution néolibérale. Aujourd’hui, c’est un nouveau modèle de capitalisme qui fonc­tionne. Certains économistes voient un formidable progrès qui assure, sur les décombres des sys­tèmes communistes, la dynamique de la mondia­lisation. D’autres dénoncent la tyrannie de l’argent fou et la régression qui s’ensuit dans les rapports sociaux. Ainsi Philippe Arondel, qui travaille pour le bureau d’études de la CFTC et qui a publié une analyse critique du nouveau système, assortie de propositions pour s’en émanciper. (1)

Le nouveau capitalisme, importé, dans son idéo logie et dans sa pratique, des États­Unis, n’est pas complètement installé en France mais sa puis­sance est impressionnante : « les dividendes versés par les entreprises du CAC 40 ont ainsi fait un bond en avant de 71,7% entre 2000 et 2005. Pour la seule année 2005, ils se seront élevés à 31,6 milliards d’euros, en hausse de 43% sur l’année précédente », note Philippe Arondel.

La pression des actionnaires se fait en fonction de leur intérêt immédiat : elle pousse à la distribu­

tion de dividendes de plus en plus élevés, alors que l’argent accumulé pourrait aussi bien servir aux investissements et à l’augmentation des salaires du personnel qui, toutes catégories confondues, permet à l’entreprise de produire.

Mais les salariés ne sont plus considérés comme une richesse mais comme une charge, et même comme un déchet lorsqu’ils ne sont plus efficaces dans le système de concurrence achar­née qui est l’alpha et l’oméga de l’économie de marché. D’où l'acceptation comme inévitable, voire indispensable, d'un fort taux de chômage, la paupérisation d’une partie importante de la popu­lation (7 millions de pauvres en France) et la pré­carité croissante des emplois qui sont « offerts » par les entreprises pour qui la main­d’œuvre est une « variable d’ajustement », c’est­à­dire un stock qu’il faut augmenter ou réduire en fonction de son plan de production. Il y a déshumanisation crois­sante, dans une société qui se fixe des critères strictement matérialistes et qui laisse s’installer la guerre de tous contre tous.

Serions­nous confrontés à une logique impla­cable, qui nous forcerait à accepter les sacrifices nécessaires ? La réponse de Philippe Arondel est négative. Le nouveau capitalisme, qui refuse l’in­tervention de l’État dans l’économie, a été installé par l’État usant de toute sa force et parfois de vio­lence pour imposer l’idéologie néolibérale ; l’utopie d’un régime de pure concurrence masque quant à elle la domination sans partage des oligarchies. à ce processus mortifère, Philippe Arondel oppose « une doctrine personnaliste aspirant de toutes ses forces à une économie au service de la person­ne » qui donnerait au travail « une priorité inalié­nable sur le capital » selon la formule d’Emma­nuel Mounier. Ce qui signifie que les travailleurs doivent prendre toutes leurs responsabilités dans l’organisation des entreprises afin qu’ils puissent retrouver, face aux puissances financières, les voies et moyens de leur émancipation.

Dans sa pensée et dans ses propositions concrètes, dont Philippe Arondel donne maints exemples, le christianisme social est en cours de renouvellement. n

(1) Philippe Arondel, Nouveau capitalisme, « Une révo-lution en devenir », Arguments, Bureau d’études de la CFTC, 112 pages.

NéOcapItaLISmE

L'utopiemarchandeLes actionnaires sont au cœur du nouveau capitalisme, qui vise avant tout la rentabilité financière. L’entreprise et les rapports sociaux se déshumanisent. Philippe Arondel indique les principes d’une résistance à ce processus.

Le nouveaucapitalisme,

importé,dans son idéologie et dans sapratique,

des États-Unis

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 11

par Patrice LE ROUÉ

PhilippeArondel

D.R.

DOSSIER

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12 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

DOSSIER

Les sociétés contemporaines ne sont pas seulement complexes : elles se complexi­fient de plus en plus, à une vitesse qui surprend et souvent inquiète les hommes confrontés aux mille et une épreuves de

ce qu’on appelle la modernité. Le cyclotron en donne une image exacte mais les esprits peu ver­sés dans la science peuvent aisément constater que nous sommes passés en très peu d’années de la lettre manuscrite envoyée par la Poste au cour­rier électronique qui met en œuvre des systèmes complexes et coûteux.

Face à cette complexité croissante, les hom­mes saisis de crainte donnent ou ont parfois donné deux mauvaises réponses.

L’une consiste à opérer une simplification radi­cale afin de retrouver l’unité ou plutôt l’unicité – le règne de l’Un – des paradis perdus et autres « âges d’or » inconnus des historiens. Ces tentati­ves désespérées se théorisent dans les utopies et s’achèvent dans les totalitarismes politiques ou religieux (un Islam dénoncé comme « totalitaire ») qui s’acharnent à détruire la liberté humaine.

L’autre attitude, aujourd’hui très répandue, se réduit à des demandes toujours plus fortes de protection contre les hasards et les risques de la dynamique moderne. Certains, qui brandissent la bannière écologique, voudraient même arrêter le mouvement. Double front du refus, durement dénoncé par Jean­Philippe Delsol : « Au­delà de la prudence légitime, la société adopte désor­mais l’attitude de la couardise organisée » sous la forme, par exemple, du principe de précaution. Et encore : « Notre société se pense suffisamment riche pour pouvoir arrêter le cours de sa marche. Peut­être même est­elle repue au point qu’elle

ne peut plus avancer. Capoue étendue au monde occidental, un monde pourri par ce que les géné­rations précédentes lui ont légué ou par le mau­vais usage qu’elle en fait ».

Au rebours de cette tendance, qui ferait de la France une « société assistée », Jean­Philippe Delsol célèbre les « risques de la liberté » (1) et fondamentalement la liberté elle­même ­ celle de l’homme que les chrétiens savent capable du pire comme du meilleur. Or, « dans la société complexe, le champ des possibles s’ouvre pres­que à l’infini à la liberté de chacun. Et en même temps, c’est par l’exercice de la liberté de chacun que la société complexe trouve son équilibre ou plutôt ajuste ses déséquilibres, c’est par lui qu’elle se justifie en permettant l’épanouissement de chacun par la puissance même de cette liberté ». Le monde actuel est celui des aléas, des dangers mais aussi celui des « heureuses surprises » et de « l’émerveillement » ­ un monde où « les gains sont globalement plus élevés que les pertes ».

Contre le totalitarisme, contre l’assistanat généralisé, la liberté des modernes doit se déve­lopper dans toutes les directions – y compris dans le domaine économique où les préceptes du libé­ralisme doivent s’imposer.

Tel est du moins l’avis de Jean­Philippe Delsol qui célèbre les vertus du Marché : « Dès que les contraintes sont levées sur les individus, ceux­ci retrouvent naturellement le moyen d’améliorer leur sort en imaginant toutes les solutions pra­tiques qui peuvent permettre de produire ou de vendre les biens et les services dont les autres peuvent avoir besoin. Les hommes sont volontiers ingénieux pour autant qu’ils ne soient pas bridés ».

Mais ce libéral ne récuse pas l’existence d’un État garant de la liberté des échanges, respectueux du principe de subsidiarité et capable de faire pré­valoir une morale inspirée par le christianisme.

Aristote et Schumpeter, Saint Thomas et Hayek se trouvent ainsi conciliés ou réconciliés dans une synthèse qui ne manque pas d’audace et qui sera sans doute vivement discutée. n

(1) Jean-Philippe Delsol, Au risque de la liberté, Une alternative libérale et chrétienne aux sociétés dont les lendemains ne chantent jamais, F-X. de Guibert, 208 pages. Préface de Jacques Garello.

aLtERNatIVE

Libertéet complexité

Historien et juriste de métier, Jean-Philippe Delsol estime que la défense de la liberté, y compris sous la forme du libéralisme économique, est notre seule chance de préserver ou de conquérir notre humanité selon la perspective offerte par le christianisme.

Un mondeoù les gains

sontglobalement plus élevés

que les pertes

par Frédéric AIMARD

D.R.

Jean-Philippe Delsol

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FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 13

DOSSIER

n On croit connaître les idées de Tocqueville. Mais qu’en est-il de l’homme ?

Il y a deux Tocqueville. L’un est public, l’autre plus réservé. Il y a l'homme politique : Tocqueville est élu en 1839 à la députation et il siège au centre­gauche. Il est ensuite mi nistre des Affaires étran gères de Louis­Napoléon Bonaparte mais cesse toute activité politi­que après le coup d’État du 2 Décembre. Il y a l’auteur, très connu : Tocqueville est l’homme qui publie De La Démocratie en Amérique en deux volumes (1835 et 1840), écrits pour appuyer sa carrière politique.

Mais il existe aussi un Tocqueville masqué, qu’il est important de connaître si l’on veut com­prendre sa Démocratie en Amérique. Le sens même du livre risque de nous échapper car toute la France de l’époque de Tocqueville est impli­citement évoquée dans son livre : les libéraux, les socialistes, les républicains, les orléanistes... En arrière­fond, on y trouve le XVIIe siècle fran­çais : Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère etc. Tocqueville étudie les États­Unis en s’appuyant sur les philosophes et les moralistes du grand siè­cle. Mais il ne le dit pas ! Cependant, les lecteurs de l’époque pouvaient comprendre ses intentions grâce à certains signaux placés dans le texte.

n Un exemple ?

Tocqueville consacre un développement au « principe générateur des constitutions » et ses contemporains voient qu’il est question de Joseph de Maistre – qui est détruit sans être nommé.

D’après divers indices qui se trouvent dans La Démocratie en Amérique, d’après sa correspon­dance et ses manuscrits, je crois pouvoir indiquer la mission que l’auteur s’est donnée, en dressant le portrait d’un esprit y compris dans ses pro­

ENtREtIEN aVEc LucIEN jaumE

alexisde tocqueville

un maître difficile à saisirLucien Jaume, a écrit « Hobbes et l’État représentatif moderne » (PUF, 1986) et (« Le Discours jacobin et la démocratie », Fayard, 1989), dans la lignée de François Furet. Par la suite, il s’est concentré sur la philosophie et sur l’histoire politique du libéralisme. C’est dans ce domaine que se situe sa biographie intellectuelle de Tocqueville (Fayard, 2008).Dans l’entretien qu’il nous accorde, il souligne quelques-uns des paradoxes de la pensée tocquevillienne, naguère disqualifiée comme « pensée bourgeoise » par l’idéologie dominante et aujourd’hui glorifiée mais aussi caricaturée par des apologistes sans nuances. Apparaît ici un grand écrivain tourmenté, un aristocrate qui veut entraîner sa classe sociale sur les chemins de la démocratie, un moraliste classique au plus haut point soucieux de la question de l’autorité dans le monde moderne. Quant à ce dernier point, la réflexion d’Alexis de Tocqueville est d’une évidente actualité.

LucienJaume

propos recueillis par Alexandre DA SILVA

D.R.

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14 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

DOSSIERfonds tourments psychologiques. J’ai étudié le publiciste sur les institutions, le sociologue, le moraliste, l’auteur qui n’ose pas être écrivain, le critique littéraire – féroce pour le romantisme qu’il ne nomme jamais mais auquel il consacre six cha pitres dans son deuxième tome – et enfin l’historien que je compare à Guizot en montrant que ce dernier est surtout historien alors que Tocqueville est d’abord un moraliste.

n En quel sens ?

Au sens du XVIIe siècle. Tocqueville ne tient pas un discours moralisateur : il étudie les mœurs de l’époque afin que la société ait une meilleure connaissance des valeurs dont elle se réclame.

Il y a une politique de l’écriture chez Toc­que ville : il veut se transformer lui­même, refaire sa propre éducation et convaincre son milieu, aristocratique, de le suivre sur le che­min de la démocratie. N’oublions jamais que La Démocratie en Amérique est aussi un livre sur la France. C’est ce que nous comprenons en lisant la correspondance privée de Tocqueville : « il n’y a pas une page de mon livre où je n’ai pensé à la France », écrit­il. Ce n’est pas seu­lement la France moderne qui est présente ; c’est aussi l’Ancien Régime auquel Tocqueville est lié. Sa famille, c’est à la fois la noblesse d’épée et la noblesse de robe : Malesherbes, son arrière­grand­père, et plus généralement les Lamoignon. Les parents de Tocqueville ont été jetés en prison sous la Terreur et c’est la chute de Robespierre qui leur a sauvé la vie.

n Dans la formation intellectuelle de Tocqueville, quels sont les auteurs qui comptent ?

Les auteurs contre­révolutionnaires sont importants : Louis de Bonald, Joseph de Maistre et surtout le premier Lamennais, l’auteur ultra­royaliste et ultramontain qui publie en 1817 L’Essai sur l’indifférence en matière de religion. Pour Lamennais, ce qui fait autorité dans la société moderne, c’est la majorité. On ne peut pas avoir raison contre le "sens commun", concept qu'il prétend identifier à l'Église.

n Tocqueville se servant des contre-révolutionnaires pour penser l’avenir, c’est paradoxal !

Tocqueville est un immense et merveilleux paradoxe intellectuel... De fait, il arrive aux États­Unis avec les références de son milieu légitimiste dans la tête et découvre dans l’Améri­que du président Jackson et dans la société civile américaine les formes de cette « autorité dans le

monde intellectuel et moral » qui valent, au­delà de l’Amérique, pour la démocratie en général.

Comme les théoriciens de la Contre­Révolu­tion, Tocqueville est préoccupé par la question de l’autorité.

Pour en revenir aux influences, je souligne celle des grands moralistes du XVIIe siècle : Pascal, Pierre Nicole. La théorie augustinienne et janséniste de l’amour­propre inspire la réflexion de Tocqueville sur la société des « jouissances matérielles ».

Par ailleurs, Tocqueville intègre Adam Smith et son « pouvoir du témoin impartial », Hume et son pouvoir de la sympathie, donc toute la théorie de la spontanéité du marché et toute la théorie du moral sense ­ donc l’ensemble de la théorie écossaise.

Somme toute, la vie politique française, les traditions familiales et les lectures de jeunesse de Tocqueville alimentent sa principale réflexion, qui porte sur la question de l’autorité en démo­cratie, c’est­à­dire dans la société moderne qui existe en Amérique et dans laquelle la France, tôt ou tard, entrera pleinement.

n Quelles sont ses orientations politiques ?

Tocqueville est inclassable. Il rompt avec les idées de l’aristocratie, mais il ne se considère pas comme un membre de la classe moyenne. Politiquement, il ne veut pas des légitimistes : il pense que leur cause est perdue. Il récuse les orléanistes : pour lui, Louis­Philippe est un usur­pateur... Il n’a pas rejoint Thiers et son parti, ni Guizot et les Doctrinaires, ni les républicains qui sont pour lui des factieux et qui, en effet, multi­plient les insurrections. Il a horreur du socia lisme : en avril 1848 (mais pas en juin), il a pris les armes contre les ouvriers, ce que les commentateurs de Tocqueville omettent souvent de dire.

Lié aux royalistes « par la communauté de quelques principes et par mille liens de famille », il écrit qu’il est « en quelque sorte enchaîné dans un parti dont la conduite me paraît souvent peu honorable et presque toujours extravagante. » (lettre envoyée d'Amérique).

Tocqueville reste monarchiste, mais il est radicalement hostile à l’absolutisme et il estime que les rois – à l’exception de Louis XVI – n’ont jamais aimé le peuple.

Par ailleurs, il estime que les valeurs de son milieu ­ l’honneur, la hiérarchie, la fidélité ­ sont mortes. Comme Chateaubriand, il pense que l’époque qu’ils vivent marque la fin de l’aristo­cratie et le début de la démocratie.

Dans un manuscrit de 1844, Tocqueville écri­vait ceci : « Après ce carnage de toutes les auto­rités dans le monde social, dans les hiérarchies, dans la famille, dans le monde politique, on ne

Tocquevilleintègre Adam

Smith [...]Hume et toute la

théorie du moral sense -

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de lathéorie

écossaise

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FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 15

DOSSIER

peut subsister sans une autorité dans le monde intellectuel et moral. Que si elle manque là, il faudra la retrouver autre part où je ne la veux pas ou bien dans une nouvelle hiérarchie, ou bien dans un grand pouvoir politique. Il fau­dra des soldats et des prisons si l’on abolit les croyances ». Tel est l’essentiel de la pensée tocquevillienne : en démocratie, l’État, l’Église, les familles et les intellectuels auront très peu d’autorité dans l’avenir mais il faut cependant des autorités intellectuelles et morales. Et ce n’est pas l’Église, ce n’est pas l’État – autorités traditionnelles – qui pourront pourvoir à cela. Selon lui, il y aura une autorité de la société sur elle­même. En d’autres termes, la société civile, qui est l’un des aspects de la démocratie, fabri­que sans cesse des formes d’autorités.

à cet égard, Tocqueville annonce Durk­heim qui définit le fait social comme quelque chose qui s’impose à l’individu de l’extérieur – alors que ce fait social est fabriqué par les individus eux­mêmes.

n Quelle définition de la démocratie trouve-t-on chez Tocqueville ?

Il y a deux conceptions. La démocratie est un régime politique caractérisé par les élections, le parlementarisme, etc. Mais la démocratie

est aussi un "état social" caractérisé par cer­taines mœurs, certaines croyances et certaines relations entre les individus. Ces individus sont libres et ils sont en concurrence. Ce sont aussi des individus qui se représentent comme des citoyens soumis au principe d’égalité.

Concrètement, Tocqueville estime que la société américaine est plus libre que la société civile européenne car la souveraineté du peuple aux États­Unis s’est édifiée à partir des com­munautés de base – ces municipalités de la Nouvelle­Angleterre qu’il admire tant. C’est sur les libertés municipales que le fédéralisme amé­ricain s’est institué.

Telle serait la « décentralisation » américaine qui n’a jamais existé aux États­Unis car, jus­tement, le pouvoir central n’a pas eu à décen­traliser. C’est en France que le problème de la décentralisation se pose car dans notre pays la souveraineté s’est faite « par le haut » et la prépondérance de l’État central s’est affirmée au fil des siècles monarchiques. La Révolution n’a pas inversé le processus. Au contraire, la sou­veraineté du peuple a été récupérée par l’État. La période napoléonienne établit ce lien entre souveraineté du peuple et centralisation avec les préfets et le fait que tout se décide à Paris. S’y ajoutent les progrès de l’égalité qui sont les conséquences de la simplification administrative.

Alexis de Tocqueville

L'État, l'Église, les

familles et les intellectuels

auronttrès peu

d'autorité dans l'avenir

D.R.

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Tocqueville pense qu’il n’y a pas de démo­cratie libre sans décentralisation mais il ne veut pas importer le système américain : il l’admire, mais il souligne ses mécanismes de contrainte – par exemple ceux que le puri­tanisme impose. Tocqueville ne veut pas américaniser la France mais comparer deux systèmes. Ses jugements sont d’autant plus complexes que cet ardent décentralisateur a horreur des notables locaux ! Tocqueville reste un aristocrate qui déteste la bourgeoisie. Mais comment faire la décentralisation sans les notables ? Tocqueville est lui­même un nota­ble, membre du Conseil général de la Manche, qui agit comme les autres notables – le dossier de ses multiples interventions en té moigne. Il est contre la corruption du régime de Juillet, il n’est pas lui­même corrompu, mais il s’y entend pour obtenir des faveurs.

n Mais le peuple, que par ailleurs Michelet célèbre dans ses livres ?

Le peuple ne peut pas gouverner, selon Tocqueville qui est partisan du suffrage à deux degrés. Il a horreur de ceux qui disent du mal des « basses classes », de la « canaille » : il a horreur de Voltaire, premier écrivain pour la langue, mais il ne lui pardonne pas ses propos sur la populace. C’est un aristocrate qui tient la liste de ses charités : il est partisan du patro­nage à la campagne et il croit que c’est de son devoir d’aider les paysans. Il reproche aux bour­geois de n’avoir aucun sentiment pour le peuple alors que la vieille aristocratie préfère le peuple des pauvres aux bourgeois. Mais il n’aime pas le peuple qui se révolte.

D’une manière générale, son jugement politique est nuancé : pour lui, les nouvelles formes d’autorité peuvent nous mener aussi bien vers la liberté que vers le despotisme qui s’est incarné, à son époque, en la personne de Louis­Napoléon Bonaparte. Plus généralement, Tocqueville pense que les vices de "l’état social démocratique" – l’individualisme dépolitisé, la quête des jouissances matérielles ­ engendrent le despotisme. Il écrit que « la recherche du bien­être est une passion de classe moyenne ». Dans la recherche de la consommation, il y a le divertissement de Pascal (la chasse vaut mieux que la prise) et le désir d’égalité : ce désir est tel que, dès qu’on le satisfait, il s’accroît encore. Il faudrait spiritualiser la démocratie car sa pente est le matérialisme au sens philosophique et dans son acception vulgaire. Or les « jouissan­ces matérielles » sont dangereuses car c’est par le confort matériel qu’elles créent que les démo craties risquent de périr.

n Comment envisage-t-il la question de l’opinion pu blique ?

Il voit la puissance qu'elle est en train de prendre. Mais l’intérêt de la réflexion de Tocqueville va au­delà d’une prévision juste. Il montre que l’homme démocratique, qui est l’opi­nion publique et qui vit avec l’opinion publique, se trouve placé dans une situation contradic­toire : le citoyen est libre de son opinion, mais le poids de cette libre opinion est sans cesse comparé au poids de toutes les autres opinions. L’homme démocratique découvre alors que son opinion ne pèse rien face à l’addition de toutes les autres opinions puisque tous les citoyens sont égaux. Dès lors, le citoyen qui bénéficie des principes de liberté et d’égalité éprouve un grand désarroi. Pourtant, il participe comme les autres à l’établissement des normes auxquelles il obéit...

Dernier point de l’analyse : Tocqueville pense que le respect de l’opinion publique est de natu­re religieuse. La société démocratique se glori­fie dans la célébration du spectacle qu’elle se donne. Tocqueville anticipe Durkheim : la socié­té se donne une religion parce que les hom­mes qui célèbrent une religion se sentent unis. Tocqueville et Durkheim ne sont pas les seuls à penser de cette manière le fait religieux. Au XIXe siècle, les socialistes français, quelles que soient leurs tendances, posent l’identité entre société et religion. La religion est une société et la société doit redevenir une religion.

Pour Tocqueville, un peuple ne peut res­ter libre politiquement sans la foi religieuse. C’est ce qu’il affirme dans La Démocratie en Amérique : les hommes qui n’ont plus de croyan­ces se donnent un maître – et c’est là une nou­velle forme de servitude volontaire. Il y a donc une autorité en démocratie, qui est l’autorité de la religion. Tel est le constat fait par Tocqueville aux États­Unis, même si, là­bas, l’autorité est envisagée autrement qu’en Europe.

Somme toute, La Démocratie en Amérique est un ouvrage de persuasion. Tocqueville avertit les Français que la société américaine se généralise­ra dans le monde. Cette société n’est pas celle de la grandeur, car la grandeur est pour Tocqueville une vertu aristocratique. Mais la société démo­cratique a de très bons côtés : le respect de la dignité humaine et les droits de l’homme sont le capital précieux de la démocratie moderne qui, selon lui, réalise la liberté chrétienne. Mais cette société recèle de très grands dangers surtout en France car la Révolution a ébranlé toutes les autorités. Le despotisme est une menace pré­sente, mais Tocqueville croit qu’il est possible de spiritualiser la démocratie et de donner aux peu­ples le "goût de l'avenir", au lieu de s'enfermer dans le consumérisme et le présent immédiat. n

16 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

DOSSIER

Tocquevilleavertit les

Français que la société

américaine se généralisera

dans le monde

Lucien Jaume, Tocqueville. Les sources aristocratiques

de la liberté, Fayard, 473 pages, 28 €.

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FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 17

STRASBOURG Le 19 septembre, le Saint-Père a nommé l'abbé Vincent Jordy, au xiliaire de l'archevêque de Stras bourg (France). L'évêque élu, né en 1961 à Perpignan et ordonné prêtre en 1992, était recteur du grand séminaire de Strasbourg.

ŒCUMÉNISME

Le XVIe colloque œcuménique international de spiritualité orthodoxe a été accueilli par la communauté monastique œcuménique de Bose (Piémont), du jeudi 18 au dimanche 21 septembre 2008, sur le thème de la paternité spirituelle. On a par ailleurs appris, qu'Enzo Bianchi, fondateur de la Com munauté œcuménique, a été nommé par le Pape expert pour la XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques qui se tiendra à Rome du 5 au 26 octobre sur le thème de la Parole de Dieu.

IRAN

L'association protestante de défense des droits de l'homme «La Porte Ou verte», indique, dans une dépêche du 17 septembre, que Mahmood Matin Azad, 52 ans et Arash Basirat, 44 ans sont en prison depuis le 15 mai dernier. Ils ont été arrêtés à Shiraz et sont accusés d’apostasie, c'est-à-dire de s'être conver tis au christianisme.

Le 21 août, Ramtin Soodmand, 52 ans, a été arrêté à Téhéran. Il est le fils de Hossein Soodmand, pasteur d’une Assemblée de Dieu, der nier chrétien d’origine musulmane exé cuté en Iran pour apostasie (en 1990).

À la mi-août, un autre chrétien,

Iman Rashidi était arrêté à Mash-had (est du pays). Le 9 août, Sha hin Zanboori, membre de la commu nauté kurde d’Iran a aussi été inter pellé à Arak (ouest du pays) alors qu’il parlait de sa foi en Jésus. Il a fina lement été libéré un mois plus tard, après avoir été torturé. Il risque d’être accusé d’espionnage pour le compte d’une puissance étrangère.

Le 8 août, un couple de chrétiens, Darioush et Shirin, ont également été arrêtés à Kerman (sud-est de l’Iran).

VIETNAM

Dans l'ancienne délégation apos-tolique de Hanoï, dont les catholiques du Viet nam demandent la restitution à l'Église au cours de rassemblements publics de prière depuis décembre 2007, la police a fait pénétrer, le 19 septembre, des engins de travaux publics malgré les protestations de la foule rapidement rassemblée. L’archevêque de Hanoi, Mgr Ngô Qiang Kiet, a fait savoir qu'il avait refusé de se rendre, la veille, à une convocation des auto rités qui entendaient lui signifier une décision définitive concernant ces bâti ments qu'elles entendent transformer en une bibliothèque et un parc public.

ÉVOLUTIONNISME

Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, a déclaré, le 16 septembre, que les théories de Charles Darwin (1809-1882) n’ont jamais été condamnées par l’Église. Il présentait à la presse le programme de la rencontre "l’évolu tion biologique : faits et théories, une éva-luation critique 150 ans après L’origine des espèces", qui se tiendra du 3 au 7 mars 2009 à l'Université Grégorienne.

INDE

Le 14 septembre, une organisation paramilitaire hindoue a attaqué des églises catholiques, des temples des groupes protestants "Nouvelle Vie", et

des bâtiments appartenant aux témoins de Jéovah, à Mangalore (État du Karnataka, Sud-Est de l'Inde) et dans plusieurs villes du Tamil Nadu (extrême Sud-Est de l'Inde).

À la demande de l'Italie, les per-sécutions antichrétiennes en Orissa (Nord-Est de l'Inde) du mois d'août dernier ont été inscrites à l’ordre du jour du sommet entre l’Union eu ropéenne et l’Inde, qui se tiendra à Paris les 29 et 30 septembre.

CHINE

Mgr Jia Zhiguo, 73 ans, qui avait été arrêté le 24 août, jour de clôture des jeux Olympiques de Pékin, a re -joint son domicile à Zhengding, dans le Hebei, le 18 septembre. Il est assigné à résidence et privé de visites. On ne sait pas le motif de son arrestation.

GRÉGORIEN

Les moines de l'abbaye de Heili-genkreuz, en Autriche, qui ont vendu cette année 440.000 exemplaires d'un CD titré "Music for Paradise" enregistré à la demande du label Universal Music, sortent un nouveau coffret le 3 octobre.

LIBAN

À l'issue d'une messe organisée par le parti des Forces Libanaises dans un stade de Jounieh, le 21 septembre, Samir Geagea a publiquement de -mandé pardon aux victimes des Forces Libanaises pendant la guerre civile. On se souvient que Samir Gea gea a notamment été impliqué, en 1978, dans le massacre du chef de la milice chrétienne Marada, Tony Frangié, et de presque toute la famille de celui-ci.

Le 17 septembre 2008, un affron-tement à Bsarma, au nord de Tripoli, entre des membres du parti des Forces Liba naises et des membres du parti Marada (mené par Soleimane Frangié Jr, fils de Tony) a causé la mort de deux militants (un de chaque camp), ravivant de terribles souvenirs.

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En mémoire des jours

Avec cette grâce qui lui est propre, Benoît XVI vient de vivre parmi

nous des jours qui ne seront pas sans lendemain. à l'avance, on avait beaucoup spéculé sur les résultats d'une démarche qu'on disait improbable. Car le tempéra-ment de ce pape ne le porte pas à s'exposer comme il se doit nécessairement dans un monde médiatique. On l'attendait non sans un brin de soupçon.

On avait Jean-Paul II en tête et c'était Benoît XVI qui nous arrivait. L'homme, on le savait, ne manquait pas d'envergure. Le pro-gramme de son séjour parmi nous était révéla-teur à cet égard. à l’évi-dence, le Pape n'entendait pas s'en laisser imposer par des convenances d'opinions dont il sait par expérien-ces les limites et les insuf-fisances. Les conseillers ne manquaient pas mais ils en furent pour leurs investiga-tions. Ce pape théologien n'oubliait pas les atten-tes d'un monde qui cher-che sa route et n'est pas assuré de la trouver. Le

niveau des interventions de Benoît XVI n'était pas sans rapport avec les difficultés du temps présent.

Au collège des Ber-nardins, ce joyau oublié que le cardinal Lustiger sauva des convoitises immobilières de son quartier, fut l'un des lieux de cette rencontre. C'était le monde de la pen-sée que visait Benoît XVI. Et c'était tout le sens de ce rendez-vous. Le sujet n'est pas nouveau, il n'est pas seulement de l'ordre des croyants. L'actualité le rejoint souvent. à Genève par exemple dans le même moment, se produisait la mise en route d'une machine savante dont le propos est de tirer au clair les ori gines de notre terre. Certains n'ont pas manqué de faire un rapport entre la visite et cet événement scientifique. Et c'était bien sûr au détriment du conte-nu de la foi. Vieille habitude qui ne prouve rien mais n'en relève pas moins de cette prétention de tout réduire au pouvoir de l'homme et à lui seul. Ce n'était évidem-ment pas le niveau ou se situait Benoît XVI.

Ce pape qui n'a pas le verbe haut n'en a pas moins à dire sur la situation des croyants, qui ont appris de l'histoire la modestie du savoir qui ne peut répondre de tout, mais n'en est pas moins habité de certitudes essentielles qui font de la création un projet divin qui mérite un peu de considé-ration. Le Pape tout au long de son séjour a honoré ceux qui l'écoutaient d'un propos de haut niveau.

Claude Vigée, notre ami,

figurait parmi les invités à ce colloque. Ce qu'il enten-dait lui rappelait ces exer-cices de rabbins dont on dit qu'ils sont des leçons. Preuve s'il en était besoin de cette fécondité de la parole qui n'en finit pas de relire effectivement ce qu'il en est de la foi. C'est d'autant plus important à l'heure où le savoir de l'homme réserve bien des surprises. Les inter-rogations sur la personna-lité du Pape et sa capacité à parler le langage de tous oubliaient ce qui surpasse les mots. Ce qui relève par exemple du regard, de ce fond de bonté que les foules ont su comprendre à toutes les étapes de ce voyage. Ce n'était pas pour surprendre à Lourdes où la Vierge est chez elle, tout comme le sont les malades depuis 150 ans maintenant et fidèles au rendez-vous que leur donne Marie.

Paris est un cas de fi-gure tout autre. Comme toutes les métropoles contemporaines , cet te cité est à l'image de tous les contraires. Elle le fut quelques heures durant, le temps d'une messe qui fut signe de ferveur et d'at-tention de la part d'une multitude qui était image et forte d'une présence. Le nombre de ceux-là avait étonné ceux qui avaient mandat de prévoir et de chiffrer le nombre des par-ticipants. Leurs conclu-sions furent toutes dépas-sées sur cette esplanade des Invalides qui avait fait, et au-delà, son plein de monde. De cette multitude montait inlassablement la voix d'une humanité qui

était tellement heureuse de voir s'exprimer là ce bon-heur de croire. Bien sûr ce n'était que pour l'espace d'un moment. Il n'effaçait pas les innombrables sou-cis qui sont les nôtres et ceux de tous les croyants : la crise des vocations res-tait présente dans tous les esprits et les ébranlements de toutes sor tes dont témoignent nos désarrois. Le pape n'oubliait rien de tout cela. Il n'était que de l'entendre parler des idoles de notre monde qui obs-curcissent si souvent nos approches. Là où le chris-tianisme semblait implan-té pour toujours et qui se voit aujourd'hui contesté. « France, qu'as-tu fait de ton baptême ? » demandait déjà il y a 25 ans Jean-Paul II. La question demeu-re et combien essentielle.

L e s f ou le s qu i s e te naient là ne venaient pas de nulle part, ni pour quelques heures seulement. Benoît XVI se révélait parmi nous. La joie qui fut celle de tous, souvent dans un impressionnant silence, retrouvait quelque chose de l'allé gresse qui fut celui des disciples aux premiers jours. C'est au pas de la foi venu de loin et qui ne sem-blait pas promise au déclin que Benoît XVI est venu nous redire la fidélité et ses conditions.

Les frères de Taizé disent volontiers de leur nouveau prieur qu'il est l'ultime cadeau de frère Roger à sa communauté. Pourquoi n'en dirait-on pas autant de Benoît XVI qui s'inscrit tel-lement dans les constantes du pape d'hier ? n

Une leçonde foi

18 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

ESPRIT

ParRobert Masson

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Seigneur ! Nous avons toujours le choix de te suivre ou de te tourner le dos. Tu nous appelles et tu attends notre réponse. Elle peut venir spon­

ta nément parce que nous vivons dans un milieu pratiquant, favorable à un engagement chrétien, puis s'affadir au fond de notre cœur jusqu'à perdre toute résonance dans la conduite de notre vie. Elle peut, au contraire, tarder à venir jusqu'au jour où, tel un saint Augustin, monte en nous cette profonde aspiration : « Notre cœur est sans repos jusqu'à tant qu'il repose en toi » (dans ses Confessions). Quel que soit notre passé, quelles que soient nos fautes, avec toi il est toujours temps de commencer. Ce qui compte, c'est qu'ayant découvert notre vrai trésor, nous mettions tout en œuvre pour ne plus le perdre. Rappelons­nous celui qui vend tous ses biens pour acquérir la perle rare !

Dans le contexte De cette page D'évan gile, tu continues à t'adresser aux Pharisiens c'est­à­dire à ceux qui refusent de reconnaître en toi le Messie parce que tu les déranges dans leurs manières de se croire en règle avec Dieu. « Un homme avait deux enfants » : un fils représente le peuple élu qui a d'abord dit « oui » et qui va dire « non ». L'autre, les païens qui vivaient dans l'ignorance et dans le péché mais qui, te rencontrant, ont découvert Celui qui seul pouvait étancher leur soif de

vérité et de pureté. Tous les convertis qui, ayant dit « oui », ont transformé leur vie au service de ce « oui ».

Le bon sens veut que le premier fils soit unanimement reconnu comme le plus fidèle à la volonté de son père. Et pourtant ! tu as pour les deux fils une égale affection. Tu ne condamneras pas tes bourreaux. Au calvaire, tu prieras même : « Père, pardonne­leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ». Tu as été crucifié sur une barrière pour briser les barrières. Tu portais dans le cœur toutes les nations que tu appelles à devenir tes disciples.

les publicains et les courtisanes, D'aborD éloignés De Dieu, ont fait péni­tence et sont entrés dans le Royaume. Les Pharisiens, quant à eux, ont toujours manifesté leur désir de suivre la Loi et de faire la volonté divine. Mais, quand tu as révélé le dessein divin, ils ont objecté que tu prêchais une justice supérieure à la justice légale. Pourtant ton prophète Jean­Baptiste, lui, était dans la stricte voie de la justice et de la tradition. Ils l'ont dédaigné. Ils se croyaient invulnérables, protégés par les rituels d'observance de la Loi. Ils n'ont pas vu l'état de leur cœur rem pli de fierté et que l'amour avait déserté. Ils n'ont pas voulu croire qu'ils avaient besoin de faire pénitence, de se convertir.

MêMe Devant les signes que tu leur donnes, ils restent inflexibles. Alors, tu n'as pas peur de les offusquer en leur

déclarant que publicains et prostituées les précèdent dans le Royaume. Non que tu excuses les péchés de l'argent et de la chair mais ce sont là faiblesses humaines. Tandis que l'orgueil est péché de l'esprit sous l'emprise de Satan.

tu ne fais pas la Morale, tu te ré­vèles. Tu révèles ton immense amour pour ceux qui te suivent, même s'ils sont pécheurs. Tu es venu pour les pé cheurs et non pour ceux qui se croient justes parce qu'ils appliquent méticuleusement les commandements, obligations et rites. Ce que tu veux c'est un cœur ouvert, donné, obéissant à ta loi d'amour qui nous commande de nous aimer les uns les autres comme tu nous as aimés. En raison de la liberté dont nous a fait don le Créateur, le juste peut tomber et le pécheur se convertir. Ton amour pour nous est à ce prix.

Tu n'es pas venu pour les bien portants. Ceux­là n'ont pas besoin de médecin. Tu es venu pour les malades. Tu sais combien nous le sommes, toi qui pénètres nos pensées les plus profondes. Tu sais aussi combien il est difficile de sortir de cet état. De même qu'à Pierre qui t'avait renié, tu as posé par trois fois la question : « M'aimes­tu ? », tu nous demandes de te reconnaître comme le seul Sauveur et de te crier notre amour. Notre réponse sera la manière dont nous orienterons notre vie : « Que votre oui soit oui ». Sachons que les chutes sont toujours possibles et qu'elles peuvent nous surprendre même au lendemain d'une confession ou d'une retraite.

Tomber n'est pas grave. Un enfant à qui son père apprend à marcher n'a pas peur de tomber puisqu'il lui suffit de tendre les bras pour que son père le relève, le soutienne, l'encourage. N'ayons pas peur ! Quand nous faisons le pas, que nous décidons de vivre selon ton cœur, que nous mettons notre vie entre tes mains, plus rien de grave ne peut nous arriver tant que nous sommes fidèles. n

* Père Mansour Labaky, L'Évangile en prière, éditions du Jubilé - Le Sarment, 920 p., 29 e.

Lectures du dimanche 28 septembre : Première Lecture : Ézéquiel 18.25-28Psaume : Psaume 25.4-9Deuxième Lecture : Philippiens 2.1-11Évangile : Matthieu 21.28-32

Paraboledes deux enfants

LECTURES26e dimanChE oRdinaiRE (annéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

www.france-catholique.fr

28 Mais donnez-moi plutôt votre avis : un homme avait deux fils. Il s'adresse au premier pour lui dire : Mon garçon, va travailler aujourd'hui à ma vigne. 29 Et lui répond : « Je n'en ai pas envie ». Mais ensuite il se reprend et il y va. 30 Le père s'adresse également à l'autre et lui dit la même chose ; il répond : « Bien sûr que oui, seigneur ! » Mais il n'y va pas. 31 Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils répondent : « Le premier ». Alors Jésus leur dit : « En vérité, je vous le dis, les collecteurs de l'impôt et les prostituées vous devancent sur le chemin du Royaume de Dieu. 32 Car Jean est venu vous montrer le chemin de la justice, mais vous n'avez pas cru en lui, alors que les collecteurs de l'impôt et les prostituées croyaient en lui. Et malgré leur exemple, vous ne vous êtes pas repris : même après coup vous n'avez pas cru en lui. »

par le Père Mansour Labaky*

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FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 23

IDÉESLE JOURNAL DE GERARD LECLERC

2 SEPTEMBRE

Vincent Peillon veut rendre son mor dant à la gauche socialiste en la re plongeant dans la Révolution fran­çaise (La Révolution française n'est pas terminée, Seuil). Il s'en prend donc à François Furet, coupable d'avoir inter­rompu une historiographie de combat et d'avoir voulu mettre ainsi fin à l'ex­ception française.

Le Nouvel Observateur, soucieux de défendre celui qui fut une de ses plumes les plus prestigieuses, a demandé à Phi­lippe Raynaud d'ouvrir une discussion avec le dirigeant socialiste (par ailleurs ségoléniste). Toujours courtois, Ray­naud n'élève jamais la voix et apporte une réplique bienvenue, mais j'aurais aimé que, sur certains points, il s'enga­ge un peu plus. Notamment à propos de la pensée singulière d'Edgar Quinet.

Si je n'ai pas lu encore le livre de Peillon, j'ai lu en revanche Quinet aux alentours du bicentenaire de 89 et suis quelque peu ahuri qu'on puisse se ré­clamer de ses phobies et de ses lubies. Sait­on ce que notre historien reproche à Robespierre ? Non pas la Terreur et ses charettes vers la guillotine, mais d'avoir stopé le mouvement de déprê­trisation et de décatholicisation. à vrai dire, il s'agissait bien de déchristianisa­tion, mais Quinet est attaché à la Ré­forme et ne se console pas que le pro­testantisme n'ait pas conquis la France. Ses vœux vont donc spontanément vers un arrachement violent du pays à sa tradition religieuse. Celui qu'a entre­pris la Terreur en sa phase de révolution culturelle (qui ressemble étrangement à celle qui s'est déroulée en Chine sous Mao Tsé Toung).

Donc Vincent Peillon a le front de reprendre Edgar Quinet et n'hésite pas à réclamer pour la République une am­bition spirituelle... En d'autres termes, si je comprends bien, c'est une véri­table religion, appuyée sur un sens de la transcendance, qui correspond le mieux à l'idéal révolutionnaire et républicain.

Grands dieux ! Que vont penser de cela les farouches défenseurs de la laï­cité, accrochés à l'idée d'une Mariane a­religieuse, sinon anti­religieuse ? Il est vrai qu'au beau milieu de la bataille de l'école (des années 1981 à 1984) Michel Bouchareissas, secrétaire géné­ral du Comité national d'action laïque, s'était réclamé du même Edgar Quinet pour prôner une sorte d'humanisme qui aurait pu englober l'ensemble de la Nation à l'encontre de la fragmen­tation des religions. Et je n'ai jamais douté, pour ma part, que la laïcité à la française, lorsqu'elle n'est pas encadrée par de solides balises juridiques et ins­titutionnelles, s'identifie à une religion séculière. Vincent Peillon renoue donc avec cette tradition. Nicolas Weill, qui rend compte de son livre dans Le Mon­de, n'a pas l'air du tout convaincu.

Bien mieux, Weill ne craint pas de se récla mer in fine d'un « socialisme scientifique » qui « n'aurait peut­être pas dit son dernier mot en 1989 ». Dé­cidément, les vieilles lunes sont de re­tour. Marx, Engels ? Pourquoi pas aussi Lénine, Staline, Mao ? Je galège, mais à peine. De quelle religion peut­il s'agir ? De la religion civile selon Jean­Jacques Rousseau ? Il semble qu'il y ait quelque chose de cela, et même d'un peu toc­quevillien, si l'on veut bien se souvenir que Tocqueville, chrétien mal assuré, considérait qu'il fallait que du religieux vînt conforter le régime nouveau.

Mais, en adoptant une telle ligne de combat, notre brillant dirigeant so­cialiste s'oppose carrément, sinon au socia lisme scientifique plutôt mal en point, du moins à un certain scien­tisme républicain bien mis en valeur par Claude Nicolet dans ses études fort intéres santes, parues dans les années 80. Nicolet, toutefois, ne marquait pas à quel point les idéologues, leurs pré­décesseurs et leurs successeurs s'enga­

geaient dans une redoutable entreprise biocratique de régénération de l'espèce, ainsi que je l'ai noté ici même, à propos des livres de Xavier Martin.

Et puis, que devient dans cette af­faire le principe cardinal de la sépara­tion de l'Église et de l'État, pourtant sans cesse célébré comme la merveille des merveilles. La loi de 1905 pourrait­elle résister à pareille surenchère de re­ligiosité ? Dans Le Nouvel Observateur, Vincent Peillon prétend que cette loi serait issue directement des luttes an­ticatholiques de la République. Il fau­drait s'entendre ! Ou la laïcité ­ il est vrai que le mot n'est pas prononcé dans le texte de 1905 ­ signifie la radicale indépendance de l'État par rapport aux religions, et conséquemment admet son incompétence en matière méta­physique et religieuse, et à ce moment on voit mal comment la religiosité ré­publicaine de M. Peillon s'y accorde. Ou cette religiosité est considérée comme constitutive de la République et la loi de 1905 s'en trouve entièrement caduque. Décidément, les efforts pour rendre sa pugnacité idéologique et programma­tique à la gauche nous réservent bien des surprises...

3 SEPTEMBRE

Bernanos, défendu, et avec quel ta­lent, par Philippe Lançon, dans Libéra­tion d'hier. C'est que l'auteur de La Grande peur des bien pensants s'est trouvé pris à parti par Alexandre Adler (dans Le Figaro du 25 juillet), et par Jean­Paul Enthoven (dans Libération, le 23 août), à la suite du feuilleton de l'été, celui de l'affaire Siné. On s'in digne de l'antisémitisme redécouvert de Ber­nanos. N'a­t­il pas prétendu, à la fin de la guerre, qu'Hitler avait déshonoré l'antisémitisme ? On conçoit l'incom­préhension de beaucoup, notamment

Réclamer pour la Républiqueune ambition spirituelle

Touche pas à Bernanos !

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des nouvelles générations habituées à réprouver uniment l'antisémitisme comme une horreur. Toute distinction, tout distinguo entre les formes diver­ses de pareille pathologie, paraissent coupables ou perverses. Ferait­on re­marquer que, pourtant, certains antisé­mites patentés, ont éprouvé devant la Shoah des sentiments de révolte et de tristesse indicible qu'on provoquerait plus que de la surprise, de l'indignation, comme si c'était de la duplicité et de l'hypocrisie. C'est pourtant bien le cas. Il est même arrivé, comme le montre dans ses livres l'historien israélien Si­mon Epstein, que ce furent souvent des antiracistes d'avant­guerre qui se précipitèrent dans la collaboration et des antisémites, leurs ennemis, qui se retrouvèrent dans les rangs de la Ré­sistance (cf. Un paradoxe français, Al­bin Michel, 2008). Là, c'est vraiment la stu peur, l'ordre du monde qui se disloque. Le même Simon Epstein avait fait précédemment la révélation que la quasi totalité des militants dreyfusards survivant en 1940 étaient devenus col­laborationnistes ! Par pacifisme ! (Les drey fusards sous l'occupation, Albin Michel, 2001). Ces vérités­là sont dures à entendre, si l'on a toujours été baigné dans un climat idéologique manichéen, où les bons et les mauvais sont fixés ad aeternam, dans leur détermination pro­fonde. Je crois que Péguy n'aurait pas été surpris d'une telle dérive, si l'on se souvient de la sévérité avec laquelle il traite nombre de ses anciens alliés du moment de l'Affaire.

Pour en revenir à Bernanos, c'est vrai qu'il a reconnu en Drumont un de ses maîtres, et que cela provoque, avec la distance, un malaise, et plus encore une incompréhension radicale. J'ai ten­té une seule fois de lire La France juive. Je ne devais pas avoir beaucoup plus de vingt ans. Le livre m'est tombé des mains, au bout de quelques dizaines de pages. Je n'ai pas eu le cœur de pour­suivre. C'était décidémment trop bas, pour ne pas dire trop bête, de la haine pure, des procédés infâmants : des ra­gots de caniveau... Comment avait­on pu se laisser prendre à ce type de lit­térature ?

J'ai mesuré, à cet instant, mon éloi gnement de ces générations qui s'étaient identifiées à pareil person­nage. Pourtant, il y avait eu parmi les lecteurs du directeur de La Libre Parole des gens que j'estimais, que j'aimais, au premier rang desquels Bernanos ! Je ne m'attarderai pas ici sur les motifs de leur cruelle méprise. Les préjugés du temps ? Bernanos donne crédit aux fondements ethniques d'une typologie juive. Mais dans la bouche et sous la plume de l'auteur de Mouchette, ce se­rait presque de la naïveté, une sorte de sens populaire élémentaire. Attention, cela ne conduit nullement à expulser de l'humanité ceux que l'on stigmatise ainsi. Là­dessus, je rends hommage au papier de Lançon pour sa merveilleuse probité. Il ne cache rien, cite les textes les moins faciles à avaler, reconnaît que certaines phrases sont idiotes, et que leur lourdeur est iningérable. Pourtant, et là est l'argument capital : « Rien n'est donc plus aisé ­ ni plus vain ­ que de le condamner 64 ans plus tard, il suffit d'oublier l'essentiel : la masse des autres articles, de ses essais, le sens général de son combat anti­vichissois et anti­totalitaire, de réduire, en somme, la vie d'un écrivain mort en 1948 à quelques phrases, sans chercher à expliquer d'où elles viennent ­ non pour les justifier, mais pour le comprendre lui. »

Il faut lire tout l'article. Je suis fier de ma profession journalistique, lors­que je puis constater un tel goût de la vérité, le mépris des idées toute faites, le raffinement même du langage pour épouser les cahots d'une existence. L'expérience m'a appris combien il est difficile de ne pas sacrifier aux stéréo­types, aux amalgames. Ils sont de tous les camps. Je dis bien tous. Je me suis toujours méfié de l'hyper­moralisme accusateur. Il est souvent le masque qui cache les pires défaillances. Enfin, merci à Philippe Lançon. Il est venu soi­gner une blessure reçue inopinément au coin d'une colonne de journal. Lui a su, a voulu répondre. L'essentiel est qu'il ait offert à ses lecteurs l'image de l'inou­bliable figure de proue, dressée contre les tempêtes. Celle qui nous donnera toujours le courage d'affronter le futur,

ne serait­ce qu'en luttant contre nos propres faiblesses.

5 SEPTEMBRE

Les deux auteurs que Lançon égra­tigne, je les connais et ne les mé sestime point. Égratigne ? C'est un peu plus que cela. Il a du style, le confrère. Et en quelques mots il fait mouche et il fait mal. Jean­Paul Enthoven et Alexandre Adler ont simplement eu le malheur de tomber dans le collimateur au moment où il ne fallait pas. Toucher à Bernanos, c'est une chose qu'un certain nombre d'entre nous n'acceptons pas. Non qu'il soit dépourvu de faiblesses, l'homme de la Grande Pitié. Bien sûr que non. Mais il est des façons de dire des vérités pour mieux cacher la Vérité. Dire l'antisémite qu'il fut, pour cacher le formidable anti­totalitaire qu'il demeure. Le réduire à un pauvre petit canton de lui­même pour mieux cacher la substance de l'œuvre. Le maudire à cause de quelques scories sans voir quelle lumière jaillit de celui que Malraux considérait comme le plus grand romancier de son temps.

6 SEPTEMBRE

J'ai retardé presque à la limite ex­trême mon retour aux affrontements de la scène parisienne, réfugié dans mon hameau et mes forêts. Non que j'ai abandonné un seul jour les sollici­tations de l'actualité. Mais, sans télé­vision et avec le seul usage minimum de la radio, c'est avec la presse écrite que je prenais contact avec la violence du monde et les péripéties parisien­nes. à peine revenu dans la capitale, je suis à nouveau saisi par les provo­cations du métier. Il me faut revêtir la tenue de combat, si j'ose dire, bien que le style qui est le mien et celui de ma fonction répugne à la violence. France Culture me demande en effet depuis plusieurs jours de débattre avec Caro­line Fourest. Je n'ai pas l'habitude de me dérober, même face aux situations que je pressens délicates. Le problème, c'est que je n'ai pas reçu le dernier ouvrage de ma future interlocutrice, écrit en collaboration avec Fiammetta Venner (Les nouveaux soldats du Pape, Légion du Christ, Opus Dei, tradition­

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Imputer au Pape une stratégie de reconquête avec des troupes de choc

IDÉES

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IDÉESnalistes, éditions du Panama). Il s'agit, si je comprends bien, d'imputer au Pape une stratégie de reconquête avec des troupes de choc d'une nature plutôt « hard ».

Avant même d'avoir consulté le dos­sier, ­ à savoir l'enquête à charge ­ que je n'aurai guère le temps de contrôler par une contre­enquête ­ je subodore un montage qui se heurte à l'obstacle majeur qui s'appelle Benoît XVI. Il faut tout ignorer de l'homme, du penseur, du spirituel, pour imaginer qu'il puisse s'engager dans une Reconquista de style brutal même pour la cause de l'évangélisation. C'est proprement im­pensable. Mais nous sommes souvent en présence d'interlocuteurs sourds les uns aux autres. Je ne m'exclus pas a priori de cette surdité. Il y a toujours un effort sérieux à faire pour écouter l'autre. Mais pour le coup, j'ai quand même l'impression que l'agressivité à l'égard du Pape se déploie dans une lo­gique fermée, indifférente à ce qu'il est, à ce qu'il dit.

8 SEPTEMBRE

La venue de Benoît XVI provoque une intéressante moisson de livres que je commence à recevoir. C'est par exemple une bonne idée qu'ont eue mes amis de Communio de rassembler tous les textes de Joseph Ratzinger publiés par la revue depuis ses origines (Joseph Ratzinger La communion de foi, croire et célébrer, Communio ­ Parole et Si­lence). Il faudra d'ailleurs un deuxième volume pour achever le recueil de tou­tes les contributions de celui qui, au moment de la fondation de Communio en 1975, était encore l'abbé Ratzinger, professeur d'université. C'est lui qui, avec Balthasar, Lubac, Bouyer, Danié­lou, Le Guillou en esquissa le projet dès 1969.

Tout est prodigieusement inté­ressant dans ce premier tome. Ainsi on prend conscience que le goût du théologien pour la liturgie n'est pas récent. Dès les débuts de la revue, il intervient sur le sujet ­ et avec quelle pertinence ! On s'aperçoit que ses dé­cisions actuelles pour la célébration de la messe correspondent à des convic­tions profondément ancrées en lui, mais surtout mûrement pensées dans

le cours d'une réflexion incessante sur ce que Louis Bouyer appelait la vie de la liturgie. C'est un domaine où on n'im­provise pas. Même en musique ! Car la musique liturgique répond à des cri­tères déterminants, anthropologiques et théologiques : « La querelle à pro­pos de la musique sacrée a une valeur symptomatique : plus profondément, la question est de savoir ce qu'est le culte divin ».

Quitte à revenir sur cette question que les célébrations de Paris et de Lour­des vont sûrement ranimer, je passe à d'autres chapitres, tous théologiques, notamment un sur Marie, que l'on mé­dite avec attention, à la veille de son pèlerinage à Lourdes. Si je m'attarde ici un instant sur le chapitre réservé au li­vre de Hans Küng intitulé Être chrétien, ce n'est pas passion de la polémique quoi qu'elle soit bien là comme savaient s'en servir les Pères de l'Église, ne se­rait­ce qu'avec ce titre qui fait choc : Le christianisme sans peine. Si le doux Joseph Ratzinger élève la voix, fustige les courbettes de son ancien collègue, ce n'est sûrement pas pour régler on ne sait quelle querelle personnelle. C'est en vertu d'un désaccord profond qui touche à la foi. Oui je suis intéressé par le face à face Ratzinger­Küng, car il est emblématique d'un débat qui dure de­puis Vatican II.

Le premier livre que j'ai lu de Küng concernait le début du Concile, et je ne l'ai jamais oublié. Depuis, le destin de cet universitaire en délicatesse avec ce qu'il appelle, avec quelque mépris, l'Ins­titution, m'a forcément retenu, car à lui seul, il portait le devenir de ce qu'on appelait le progressisme avec ses pen­chants modernistes (au sens technique du mot). Ses Mémoires ont été pour moi le point d'achèvement d'une trajectoire qui ne m'a pas surpris et que je défi­nirais comme absolument décevante. L'auteur d'Être chrétien ne manquait ni de perspicacité ni de culture. Pourquoi nous a­t­il donné, en fin de compte, une œuvre fade, qui ne tient pas le coup en comparaison de celle de Ratzinger, Lu­bac, Balthasar, Congar, etc ?

Par œuvre faible, je n'entends pas quelque chose où il n'y aurait rien à

retenir. J'entends quelque chose qui n'atteint pas les sommets, souvent faute d'avoir voulu les approcher. Il y a chez cet homme une sorte de peur non avouée à lui­même, qui est le pen­dant de ce qu'il croit être son audace progresso­moderniste. Espérant être d'avant­garde, il n'est que conformiste. C'est ce qu'expliquait Joseph Ratzinger en 1978 : « prendre pour norme ce qui, dans le christianisme, peut être admis et approuvé sans difficulté, voilà le principe qui guide Küng ».

Je retrouve ainsi ce que m'inspirait le travail d'un essayiste contemporain sur Jésus, que je définissais comme plausiblement correct. La personne du fils de Dieu en devient terne. « Le centre de cette personne semble creux, sans réelle profondeur » et même quand l'in­téressé tente d'affirmer quelque radi­calité, il sombre dans les formules les plus vaines. On trouve, expliquait en­core Joseph Ratzinger, chez Küng, une obsession constante du « moderne ». Incroyable en effet ce que cette impos­sibilité de se heurter à la conscience moderne aura provoqué de lâchetés, de pensée nulle, de dérives qui se pre­naient pour des audaces et qui n'étaient que de piètres esquives.

Ratzinger ne fait grâce de rien à ce collègue dont il ne méconnaît, encore une fois, ni les talents, ni les qualités objectives. Mais il est d'autant plus enclin à mettre en cause ses faiblesses sans complaisance qu'il reconnaît le risque de la dévitalisation du christia­nisme.

Voilà qui me rappelle qu'il y a quel­ques mois j'ai lu un mauvais roman d'un certain Pietro de Paoli, mettant en scène la rencontre Benoît XVI ­ Hans Küng à Castelgandolfo en sep­tembre 2005 (La confession de Castel Gandolfo, Plon). J'avais même trouvé ridicule le dialogue inventé entre les deux hommes qui ne cessait de donner l'avantage au second sur le Pape. Dom­mage, d'une certaine façon, car le sujet n'était nullement négligeable. Le face à face de deux théologiens c'était une bonne part du drame vécu dans l'Église depuis cinquante ans. J'aurai l'occasion d'y revenir. n

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Espérant être d'avant-garde, Hans Küng n'est que conformiste (

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Organiste pendant plus d’un demi-siècle, de l’église de la Trinité à Paris, Olivier Messiaen a marqué son temps par la place qu’il accordait aussi bien

aux contraintes du service sacré qu’à une certaine forme de liberté, puisée dans l’ob-servation de la nature, notamment dans le chant des oiseaux. Fasciné par les traditions musicales de toutes contrées, il n’en demeu-rait pas moins indéfectiblement attaché au grégorien pour la liturgie. Il n’avait pas beaucoup d’estime pour les expériences musicales liturgiques issues de la chanson, tant pour les textes que musicalement.

Messiaen est donc nourri de toute la tradition de l’Église et si, au premier abord, son écriture peut étonner, choquer parfois, elle en est en fait pétrie. Bach lui-même n’a-t-il pas eu à essuyer de vives critiques sur son art novateur ? Olivier Messiaen, qui fut si souvent en butte aux sarcasmes, insulté à l’époque des « Petites Liturgies de la Présence Divine », sifflé et moqué après la création de « Saint-François », si peu dans la norme du répertoire lyrique traditionnel, est désormais célébré à travers le monde, et écouté avec passion par de très larges auditoires. Pourtant, il est encore bien mal connu des catholiques, et, même,

rarement apprécié. Pour lui, qui puisait son inspiration et la force de vivre dans la prière, il suffisait d’espérer au Ciel une glorieuse résurrection.

« Je suis né croyant » disait-il, accé-dant à une réelle prise de conscience de tout ce que cela suppose, au-delà des rites, des habitudes familiales. Cette croyance n’était pas simplement attrait de l’au-delà, mais vraiment une adhésion profonde à la Foi de l’Église. Elle était aussi nourrie par les Évangiles, la lecture de saint Thomas d’Aquin et par la théologie plus contem-poraine. Tout son art est une prolongation

de ses certitudes. Il faut donc replacer toute réflexion sur sa musique dans cette perspective, que ce soit sa musique vocale sacrée, destinée à la liturgie, comme un complément du grégorien, ou sa musique d’orgue, parachèvement, pour lui, de l’expression sacrée. Son travail sur les sonorités, les jeux, lui permettait d’offrir à l’auditeur des espaces transfigurés. Non pas la nouveauté pour elle-même, mais parce que Messiaen trouvait ainsi le moyen d’exprimer ce qui l’habitait, comme un visionnaire éclairé. On pourrait rapprocher sa spiritualité de celle de saint François d’Assise, son modèle spirituel. C’est une certaine vision du monde, alliance entre l’homme et la nature, qui transfigure toute relation au réel et au divin. Et qui demande

MUSIQUEOLIVIER MESSIAEN

Encore bien mal connu des catholiques et même rarement apprécié

26 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

par François-Xavier LACROUX

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En 2008, nous fêtons le centenaire de la naissance d’Olivier Messiaen, grand musicien du XXesiècle, catholique affirmé. C’est l’occasion de s’interroger sur son héritage, et peut-être la place que sa musique peut avoir dans la Liturgie aujourd’hui.*

La musique au service de la foi

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MUSIQUE

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 27

La musique au service de la foiparfois un recul important pour qu’elle soit comprise.

Messiaen se place dans le contexte musical de son époque, dit « moderne ». Les codes d’écoute sont donc liés à cette ambiance propre qui caractérise le XXe

siècle : polytonalité ou a-tonalité, poly-rythmie, expressionnisme musical, la mélodie n’est pas première… Pourtant Messiaen se distingue par une ambiance musicale relativement descriptive, et surtout l’attraction continue pour la moda-lité, retrouvant en cela l’inspiration perma-nente du plain-chant. Pour autant, cela en fait-il une musique liturgique ?

Dans un sens strict, la seule musique liturgique qui soit dans l’Église latine est celle consacrée par les siècles et prenant sa part dans le déroulement ritualisé du Sacrifice Eucharistique et de toutes les actions sacrées qui prolongent le Salut, à savoir le plain-chant (ou grégorien). Les autres formes de musique sacrées ne sont liturgiques que par dérivation. Elles se fixent comme règle première d’être au service des textes qu’elles il lustrent, comme un but et non comme un pré texte. Elles ne sont pas pourtant des actes liturgiques en tant que tels. Mais ces autres formes viennent compléter la Liturgie, l’enrichir, de façon secondaire. Et si les papes ont toujours insisté pour que les musiciens de tout temps la commentent eux aussi par leur art, c’est pour donner de l’envergure aux rites, comme des moyens supplémentaires pour parler aux âmes, dans le principe même de l’Incarnation. Pourtant, toute musique sacrée n’est pas liturgique. Si la préémi-nence revient sans conteste aux auteurs de la contre-réforme (Palestrina, Vittoria, Allegri…) grâce aux vertus de simplicité et de beauté harmonique qu’ils dégagent, il semblerait bien que ces deux qualités soient encore présentes dans différentes œuvres au long des siècles. Nul n’irait contester l’apport musical dans la Liturgie d’un Monteverdi, d’un Jean-Sébastien Bach, d’un Mozart, d’un Fauré, d’un Poulenc même. Et parfois au-delà de leurs propres

vertus personnelles… Pourquoi refuser à Messiaen la place qui lui revient ?

La création contemporaine, au sens de contemporanéité de l’œuvre à sa récep-tion, est toujours un témoignage de la vie même de Dieu dans les âmes. Ce n’est certes pas suffisant pour sanctifier cette création. Mais dans la mesure où les règles spirituelles et liturgiques, parfois les plus contemplatives, sont respectées, la ques-tion mérite d’être posée.

Par-delà des réticences liées à une éducation, à des habitudes musicales, à des schémas et des concepts parfois cloi-sonnés, refusant la nouveauté puisque considérée elle-même comme suspicieuse, l’insertion de la création contemporaine dans les actes liturgiques peut être un bon moyen pour retrouver le sens de la « marche « de l’Église. La tradition n’est-elle pas justement cette transmission vivante, qui s’enrichit à travers les siècles et qui façonne ainsi notre progrès dans la Foi ? C’est à cette source que s’abreuve Olivier Messiaen… il n’y a qu’à écouter le petit motet « O Sacrum convivium » pour se rendre à l’évidence de cette riche tradition. C’est un acte d’adoration tout en retenue… Hautement contemplatif.

Reste à entrer dans l’œuvre du compo -siteur, peut-être en adoptant ce même regard qu’il a su adopter tout au long de sa vie, celui de l’enfant en émerveillement permanent devant la Création. Et qui, devant la nouveauté, cherche à comprendre, pour mieux contempler l’œuvre du Créateur. Messiaen mêle désormais sa musique aux chœurs angéliques. La terre est plus longue

à se laisser enchanter… et convaincre…Afin de mieux entrer dans la dé marche

et la musique du compositeur, de nombreux concerts se déroulent tout au long de l’année 2008. On notera quelques dates marquantes à venir : les œuvres pour orgue seront données tout au long du dernier trimestre à Strasbourg par d’éminents interprètes (Foccroulle, Latry, B. Mernier…) notamment à l’Église du Temple Neuf ; un cycle de concerts et conférences, doublés d’une exposition sur les rapports entre Messiaen et saint François d’Assise à l’Église de la Trinité à Paris, à partir du 2 octobre ; la superbe « Turangalîla Symphonie » sera dirigée par Myung-Whun Chung à Pleyel le 3 octobre ; le 18 octobre, les œuvres d’orgue à la basilique St-Sernin de Toulouse (par Michel Bouvard) ; le 19 octobre en la basilique Saint-Remi de Reims, un hommage à Messiaen avec notamment les « Trois Petites Liturgies de la Présence Divine », programme que l’on retrouve le 21 octobre à Notre-Dame de Paris ; et le 31 octobre, l'opéra « Saint-François d’Assise » à la salle Pleyel. Il y aura ensuite d'autres dates importantes, dont un concert de rentrée aux Bouffes du Nord à Paris, le 7 janvier 2009. n

* Cf l'article d'Enrique Merello-Guilleminot, France Catholique n°3120 du 23 mai 2008.Pour découvrir Messiaen par le disque, quelques références : La Nativité : Louis Thiry à l’orgue de la cathédrale de Genève. CD Calliope CAL 4928 - Quatuor pour la fin du temps : CD Calliope CAL 9898 - Visions de l’Amen : avec Katia et Marielle Labèque et l’orchestre de l’ORTF, dir. Marius Constant : CD Erato – 4509-91707-2 - Inédits de Messiaen : contenant notamment l’Offrande au Saint-Sacrement – CD Jade - 198 098-220 regards sur l’Enfant Jésus : Momo Kodama au piano : CD Codaex - OVCT-00031 - La Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ : pour orchestre, chœurs, ondes martenot et piano. Yvonne Loriod au piano – CD Naïve - MO782170Trois Petites Liturgies de la Présence Divine & Motet « O Sacrum Convivium » : London Sinfonietta Choir, dir. Edwards Terry – CD Virgin Classics - VC 791472-2 - Saint François d’Assise : opéra en 3 actes – avec notamment Dietrich Fischer-Dieskau - Radio-Symphonieorchester Wien – CD Orfeo - C 485982 1

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L’ambassadeur Jean GuéGuinou, président des Amis du Musée, écrit dans la pré- face de l’ouvrage qui accompagne l’ex-position : « Les ex-voto sont la Gazette de l’espoir pour les abandonnés de la

science, ceux pour qui, hier, la médecine ne pou-vait rien et ceux d’aujourd’hui à qui la méde-cine ne peut promettre l’impossible. Les ex-voto sont la voix des sans voix. Qui connaîtrait Pierre Guérin sans l’accident hivernal qui l’a préci-pité dans les eaux glacées de la Saône ? Oui, les journaux ont relaté un sauvetage exceptionnel, mais sans le recours à Notre-Dame de Fourvière, qui connaîtrait aujourd’hui la silhouette d’un si modeste batelier ? Les ex-voto sont les caphar-naüms d’une humanité en dérive. Ils marquent le passage des désespérés ou des naïfs soucieux de maintenir leur place dans un lieu consacré, ou des miraculés dont tous ne sont pas des ingrats. Il existe des votants qui font mentir le proverbe, « passé le danger, adieu le saint » et dont le sau-vetage marque une césure spirituelle importante de leur existence.

La pratique de l’ex-voto fait intervenir le donnant donnant, le do ut des qui fâchait les Réformés. On peut préférer l’abandon à un

amour gratuit, moins avare de ses sauvetages qu’il n’y paraît, mais pourquoi l’homme n’utili-serait-il pas une transaction envers un créateur qui semble l’abandonner dans une situation d’urgence ? ».

La démarche votive est diversement nom-mée depuis l’antiquité où elle était très déve-loppée. Les paléochrétiens emploient munera, oblationes, oscillum ; les langues romanes, le latin imago. L’expression ex-voto devient cou-rante au XVIIe siècle dans le Dictionnaire de l’Académie et sous la plume de madame de Sévigné. Les sources manuscrites concernent les Livres des miracles, tenus par les religieux propriétaires de pèlerinages ; ils relatent les prodiges et les dons votifs qui s’ensuivent. Seuls les vœux exaucés sont donc connus. En Europe, on trouve d’autres renseignements dans les ser-mons, les vies de saints et les récits populaires, puis les mandats épiscopaux et les conciles. Les plus grands miracles sont diffusés par des gra-vures. Face à d’évidents abus, dénoncés par les Réformés, le Concile de Trente contrôle la pro-clamation des miracles, sans trop décourager la tenue des recueils locaux. Les dons votifs sont décrits, mentionnant, hélas sans explication, des objets très divers : couteau, ceinture, couronne, fruits, poissons, veau, taurillon, poule, vache.

Le Musée de Fourvière présente au public, depuis le 20 septembre jusqu’à la fin de l’année, la collection d’ex-voto peints qui ornait jadis les murs de la chapelle de la Vierge.

IconographieLa Vierge Marie est régulièrement présente sur les ex-voto lyonnais. On distingue trois types de représentation. L’une très classique, empruntée au XVIIe siècle, représente Marie, debout, vêtue d’une robe blanche et d’un manteau bleu avec ou sans l’Enfant Jésus (46). Le second type est la représentation de la Vierge sans enfant qui caractérise le XIXe siècle (26) ; enfin la représentation de Notre-Dame de Fourvière, statue vénérée dans l’antique chapelle, représentée avec son manteau caractéristique englobant toute sa personne ainsi que l’enfant qu’elle tient sur le bras droit (61). On rencontre deux représentations de la Vierge dorée, réalisée par Joseph Fabich en 1852, pour couronner le clocher de la chapelle.

expositions

Les ex-voto de Fourvière, démarches votives lyonnaises

28 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

Le Concile de Trente contrôle la proclamation des miracles

Ex-voto : Pierre GuérinAquarelle sur papier, 1820Vœu rendu par Pierre Guérin, jeune marinier tombé dans les eauxglacées de la Saône.

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acteurs et épisodes de la démarche votive

Le schéma de l’acte votif se déroule entre deux personnages, A (l’interlocuteur sacré) et b (le requérant ou votant) au cours de la circons-tance C (accident, naufrage, maladie, malheur) qui sera narrée par un moyen D (proclama-tio) : récit racontant le miracle et/ou une image peinte ou sculptée suivie d’un épisode appelé E (promulgatio) qui est la proclamation publi-que du miracle visant à démontrer la puis-sance de l’interlocuteur sacré par un récit vécu, at testé et signé. Le scénario commence par C, par exemple un naufrage. Le marin b s’adresse à l’interlocuteur sacré A. Il s’engage par vœu à apporter au sanctuaire un objet et/ou simple-ment le témoignage D, récit écrit ou dessiné, s’il est sauvé. Ce schéma est souvent compliqué par des va riantes : b n’est pas toujours le bénéfi-ciaire direct de la grâce, demandée pour la gué-rison d’un proche ou de sa vache ; A est toujours le saint (ou la Vierge) vénéré dans un pèlerinage connu sans lequel le message du récit D (pro-clamatio) n’aurait pas de public et ne serait pas diffusé ; C, le drame, est le plus souvent un accident ou une grave maladie. Les ex-voto figuratifs qui réalisent le vœu de b (requé-rant) sont des combinaisons de A+b+C+D (et même + E) ; D seul serait une inscription votive ou une suite gravée ou une bande dessinée racontant le miracle. Les petits ex-voto peints, très souvent, cumulent les quatre éléments AbCD : Vierge apparue (en haut, zone céleste), requérant agenouillé à ses pieds ou pris dans la tempête, mais émettant son vœu, inscription précisant souvent l’identité de b. La chronologie n’est pas respectée, c’est une sorte de compac-tage atemporel des faits. D’autres combinaisons de ces éléments ont servi de schéma directeur à d’illustres peintures exécutées dès le XVe siècle, par des artistes célèbres comme l’Ex-voto de Philippe de Champaigne pour la guérison de sa fille ou le Vœu de Louis XIII peint par Ingres pour la cathédrale de Montauban en 1820.

expositions

Les ex-voto de Fourvière, démarches votives lyonnaises

par Bernard BErthoD,conservateur du patrimoine,

directeur du Musée de Fourvière.

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 29

Prêtre en prière.Huile sur toile,

54 x 42 cm, 1841.

Hommage renduà la Vierge.Lyon, le 24 août 1854. M.C.Huile sur toile,37 x 44 cm. ©

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Bombardement de l’hôtel-Dieu.Huile sur toile marouflée sur panneau,

67,5 x 87 cm - 1805.

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un but essentiel, la promulgatio

L’emploi de la durée est essentiel dans la démarche votive. Le vœu est un chèque tiré sur l’avenir, à l’occasion d’un drame souvent ins-tantané qui marque une rupture brutale avec le passé, qui lie le requérant b au personnage sacré A et donc fonde ou devrait fonder une ère nouvelle dans la vie de b. La promulgatio E, outrepasse le simple récit, proclamatio D, pour porter la merveille à la connaissance d’une communauté. Les autorités du pèlerinage exa-minent la validité du miracle. L’élément reconnu est divulgué auprès du groupe social concerné, mais élargi : les catholiques, les Français ou, plus modestement, les pèlerins du sanctuaire où se trouve l’ex-voto, support matériel de la pro-mulgatio ; d’individuel ou personnel, le miracle devient collectif. La personnalité du miraculé compte dans l’efficacité de son témoignage, d’autant plus, selon Alphonse Dupront, que la proclamatio provient d’un membre extérieur à la hiérarchie ecclésiastique. L’apport d’un groupe social cohérent, bien implanté dans la région, est certes plus apprécié, et plus encore si le votant est illustre. De nombreux pèlerinages ont été lancés par une visite royale, immorta-lisée par un don, l’image en cire du souverain, une inscription, ou un souvenir de ce passage. L’enjeu de la promulgatio est donc important : une guérison attire la foule des pèlerins qui font la renommée d’un sanctuaire et l’enri-chissent : tous les ans, on fabrique et vend par milliers les enseignes. Les miracles répétés dont témoignent les ex-voto permettent à la statue vénérée d’avoir la réputation de statue miracu-leuse. L’ex-voto est à la fois le produit d’appel d’un sanctuaire (pour l’avenir) et sa gazette (son passé), narrant une foule d’accidents divers qui distraient, instruisent, voire amusent les illet-trés, maintiennent les pèlerins à l’intérieur du sanctuaire, avivent leur espoir, bref, peuplent, animent et rentabilisent un sanctuaire très sou-vent en grande rivalité avec d’autres. Ainsi, loin d’être un naïf décor, les ex-voto, en particu-lier les peintures, dépassent de beaucoup les individus, (sans juger de leur sincérité et sans doute de leur naïveté et leur ignorance). Les tableautins ajoutent leur pierre, certes modeste et répétitive, au système économique, religieux et politique en vigueur. On pourrait être tenté de donner une suite, un peu ludique, à la for-mule de Chatellier : « sans vœu pas de miracle », en ajoutant : « sans miracle pas d’ex-voto, sans ex-voto pas de pèlerinage, sans pèlerinage, pas d’offrandes, etc. ».

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Sainte PhilomèneQuelques ex-voto mettent en scène sainte Philomène. Cette sainte, qu’aucun témoignage archéologique n’atteste, est particulièrement vénérée au XIXe siècle. Or il semble établi, depuis les années 1850, que ce nom n’est qu’un pseudonyme donné aux restes d’une femme exhumée à Rome le 25 mai 1802, au cimetière de Priscille, à qui on décerna le titre de martyre. Les trois tuiles qui recouvraient le luculus portaient l’inscription : LUMENA PAX TECUM FI, l’ordre fut rétabli de manière arbitraire : FI LUMENA PAX TECUM, Philomène, la paix soit avec toi. Un prêtre de Nole, Francesco De Lucia, prend possession de ces restes et les fait transporter dans l’église de Mugnano dont il est le curé, le 10 août 1805 ; c’est alors que de nombreux faits merveilleux se manifestent auprès du corps et sont portés à la connaissance de Léon XII. Le culte prend des proportions importantes, dépassant le royaume de Naples pour s’étendre à toute l’Europe.Dans le même temps, les archéologues Marchi et Jean-Baptiste de Rossi réta-blissent la vérité historique en prouvant le réemploi des tuiles. Finalement, en 1961, la Sacrée Congrégation des Rites retire du calendrier « sainte Philomène », tandis que le bollandiste Delehaye, de Bruxelles, tranche la diffi-culté théologique et spirituelle provoquée par la discordance entre les bienfaits obtenus et « la piètre qualité du moyen » de l’intercession. Le savant jésuite rappelle que « la confiance dans l’intercession des saints n’est qu’une forme de la confiance en Dieu ; l’on conçoit que Dieu exauce des prières qui, l’intermé-diaire faisant défaut, vont directement à lui ».

La dévotion à la « sainte » s’est trouvée relayée à Lyon par Pauline Jaricot, gué-rie de rhumatismes douloureux en visitant le sanctuaire de Mugnano (10 août 1835). Elle rapporte des reliques et fait construire une chapelle dans sa pro-priété lyonnaise. Jean-Marie Vianney, effrayé par ses propres capacités de thau-maturge, a souvent fait passer le résultat de ses prodiges sous l’autorité morale de la sainte, donnant à son culte une ampleur démesurée. Cependant, bien que le cardinal de Bonald n’ait jamais encouragé cette dévotion ni jamais voulu reconnaître les miracles qui l’accompagnaient, de nombreux ex-voto représen-tant la pseudomartyre sont déposés à Fourvière. La sainte est représentée de manière arbitraire avec une longue robe drapée à l’antique, un manteau rouge et une palme, symbolisant le martyre. Elle est coiffée d’une couronne de roses blanches indiquant sa virginité et tient une ancre. n

La Maison Brunet - Gouache sur carton, 68 x 89 cm, 1834.

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ex-voto en trois dimensions

La matière des ex-voto est essentielle, cha-cune étant dotée de vertus surnaturelles ou cura-tives spécifiques. L’ambre et l’or sont des place-ments économiques, rapidement volés dans les pèlerinages. Les ex-voto en bois sont rares avant 1200, sauf en Suisse, aucune peinture n’est anté-rieure au XIIIe siècle. La cire est essentielle, le fer est l’attribut de saint Léonard, patron du bétail, d’où les nombreuses figures zoomorphiques en fer de son sanctuaire. Chaque région offre des spécimens de son industrie : les fixés-sous-verre en bavière, les cuivres martelés dans les zones d’influence grecque et italienne. Les matériaux traditionnels, rares et magiques, fi-gurent dans les chapelets suspendus aux mains des Vierges vénérées, le corail, les météorites, des pointes de flèches préhistoriques, la nacre. Les vêtements sont d’interprétation diffi-cile, plus encore aujourd’hui ; s’agit-il de cérémonies propitiatoires ou ma- giques, ou les deux ? Les produits industriels, lunettes et stylographes, posent autant de problèmes que les épingles de pèlerinage.

Les fragments anatomiques, inter-dits par le Concile d’Auxerre (573), sont déposés dès le XIIe siècle à la

suite de guérisons, des textes en témoignent, mais aussi à cause d’une pratique magique et médicale qui tente de fixer le mal sur la repré-sentation du membre atteint. Certaines pièces sont très réalistes, on identifie des phimosis et des verrues plantaires. La plus célèbre des figures en pied est celle du duc de Pologne Ladislas Hermann, (1085, sanctuaire de Saint-Gilles). En Espagne, des équivalences linguistiques rem-placent les pièces anatomiques, une noix peinte représente une pomme d’Adam. Canyo, (roseau, Catalogne) désigne la gorge. Des ex-voto zoo-morphiques sont de simples silhouettes plates forgées dans les villages, à partir d’un qua-drilatère, ou sur un fer de section courbe. Le

plus célèbre est le scorpion offert par Fernando Cortès (XVIe siècle) guéri de sa piqûre. On cite l’oiseau d’argent de Rocamadour, le faucon de Cantorbéry et l’abondant bétail des pays d’éle-vage, dont la plus grande collec-tion se trouve à la Virgen de Acebo (Espagne) où l’on continue à fabriquer des animaux de fer pour touristes. Les crapauds en fer alsaciens (Grotte de Saint-Vit, 1849, près de Saverne) représenteraient l’utérus et la matrice, offerts en guérison des maladies féminines en dépit de l’interdiction du cardinal de Rohan-Guéméné (1758).

Les fragmentsanatomiques sont déposés dès leXIIe siècleà la suitede guérisons

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Intérêt topographiqueCertains ex-voto donnent une belle vision de la colline de Fourvière. L’un depuis la rive gauche du Rhône, d’autres depuis les fe nêtres de l’hôpital de la Charité, d’autres enfin, comme celui de Pierre Guérin, donnent une vision très réaliste de l’ensemble de la colline et du quartier entourant la primatiale avant la création des quais de Saône. Le specta-teur identifie sans peine la masse imposante de l’hôpital de l’Antiquaille, la maison de Lorette où vécut Pauline Jaricot, le coteau de Fourvière avec la chapelle et son enceinte. n

Remerciement.Gouache sur papier, 30 x 23,5 cm, milieu du XIXe siècle.

Mariage à Saint-Nizier.Huile sur toile, 45 x 35 cm, vers 1860.

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apport documentaire et culturel

L’apport documentaire des petits ex-voto peints est très variable selon les époques et sur-tout les lieux : certains pèlerinages sont envahis de peintures stéréotypées par des barbouilleurs qui ne charment ni n’instruisent, alors que les sites tyroliens abritent des artistes autodi- dactes d’un grand talent : grâce à de nom- breuses enquêtes locales, certains peintres spécia- listes sont désormais identifiés et étudiés. Parmi les premiers inventoriés en France, les ex-voto marins comportent des maquettes votives, pro-cessionnelles sur brancard ou en boîte, « demi-coques » ou en bouteille. Les maquettes, « sur membrures », fabriquées pour la construction du navire miraculé, proviennent parfois de l’atelier de construction ; elles complètent souvent les collections des musées et sont d’un immense intérêt. Des objets maritimes usuels sont offerts en ex-voto : l’ancre, essentielle pour sauver le navire, dès l’antiquité dédiée à un dieu, ou encore le baril auquel le marin Osmin Laborde put se raccrocher six heures durant. Les pein-tures représentant des naufrages, souvent sté-réotypées, incluent, en bas, un récit exact, tiré du rapport de navigation ou d’autres archives.

les ex-voto de fourvière

Comme dans un grand nombre de sanc- tuaires, Fourvière abrite plusieurs types d’ex-voto. Les plus visibles sont les ex-voto peints suspendus aux murs de la chapelle de Notre-Dame et de celle de Saint-Thomas de Canterbury qui la jouxtait. Ils se distinguent par la qualité de leur conception picturale. On ne peut parler

de peinture naïve. On retrouve les peintres de fleurs de nombreuses fois. Les peintres ont le sens de la perspective et les personnages figurés sont des portraits.

Après la démolition de la nef de Saint-Thomas en 1930, un certain nombre d’ex-voto sont rassemblés dans la chapelle de la Vierge tandis que d’autres sont détruits. Jusqu’à la fin des années 1960 on pouvait en compter environ 400. Leur nombre s’est réduit depuis, certains ont été détruits, d’autres, retirés de la chapelle et conservés sans soins se sont dégradés. La collection actuelle en recense 241. Le 8 dé- cembre 2007, plus de 80 ont été réinstallés dans la chapelle à l’occasion de sa restauration. Les autres sont conservés, avec toutes les précau-tions nécessaires, dans les magasins du Musée de Fourvière. À ceux-là, s’ajoutent quelques tapisseries au point de croix ou au petit point, encadrées. Des plaques ont été mises en place au cours du XIXe siècle, pour rappeler quelques événements d’importance : création d’instituts missionnaires, souvenir d’un saint ou d’une per-sonnalité venus prier à Fourvière : on y retrouve la plaque de Mgr Melchior de Marion brésilliac venant fonder la Société des Missions africaines de Lyon ; celle des Frères Maristes, de Marcellin Champagnat ; des Pères du Saint-Sacrement de Julien Eymard. Cependant la pratique s’est étendue aux simples fidèles avant la fin du siè-cle. On compte enfin quelques ex-voto plus pro-saïques : défenses d’éléphante, corset de handi-capé, insignes militaires et, plus proche de nous, un galet peint offert par une délégation maorie en souvenir de Suzanne Aubert qui partit un printemps de 1860 pour Auckland, rejoignant Mgr Jean-baptiste Pompallier et y fondant une communauté de religieuses aujourd’hui très vivante. ■

Le livre :Les Ex-voto de Fourvière, Do ut Des, démarches votives lyonnaises, par Bernard Berthod et Élisabeth Hardouin-Fugier avec le concours de Manuelle-Anne Renault, édi-tions La Taillanderie, Châtillon-sur-Chalaronne, 25 e.

« Élisabeth Hardouin-Fugier et Bernard Berthod se sont penchés depuis longtemps sur l’expression artis-tique de la dévotion privée, consignant leurs travaux dans l’impressionnant Dictionnaire des objets de dévo-tion (Paris, 2006) ; leurs travaux continuent ici, en présentant au public l’important corpus d’ex-voto de Fourvière, voué dans les années 1960 à une destruc-tion certaine, tiré de l’oubli et restauré grâce à l’action du conservateur attentif qu’est Bernard Berthod. Le professeur Hardouin-Fugier, à la suite des précurseurs allemands comme Rudolf Kriss, explique le mécanisme de la démarche votive qui s’inscrit dans le comporte-ment dévotionnel des chrétiens. Chercher à compren-dre puis à faire comprendre les ex-voto dans leur juste éclairage est incontestablement une démarche qui méritait d’être entreprise à Fourvière. »

J. GuÉGuINou

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Intérêt historique et sociologiquePlusieurs ex-voto sont d’un grand intérêt historique. Le plus ancien est celui représentant le bombardement de l’Hôtel-Dieu pendant le siège de Lyon par les troupes de la Convention, le 24 août 1793. Deux font état de l’épopée mission-naire : le naufrage de Mgr Douarre au large de Sydney et la tentative d'assassinat de Mgr Colomb en Nouvelle-Calédonie. Plusieurs permettent d’évaluer l’impact de la guerre franco-prussienne (1870-1871) sur la population. Cette guerre rapide mais meurtrière et la cuisante défaite ont beaucoup impressionné les Français qui n’avaient pas connu d’invasion territoriale depuis 1814. La toile qui montre le Prince impérial rendant grâce après avoir passé en revue les troupes au camp de Châlons sous la direction du général Bourbaki est un souvenir bonapartiste trans-formé en ex-voto.Grâce à la qualité de leur peinture, ils donnent un aperçu très réaliste de la vie quotidienne des Lyonnais avec une bonne description du mobilier et du décor. Le spectateur pénètre dans les beaux appartements de la bourgeoisie, dans les intérieurs bien modestes de la classe ouvrière et les galetas des domestiques. Sont évoqués également les moyens de locomotion ainsi que les costumes laïcs et religieux. Les premières robes blanches de mariées sont à signaler. À cet intérêt sociologique, il faut associer l’expression liturgique et dévotionnelle : vouage d’un enfant à la Vierge, célébration du mariage, administration de l’extrême-onction. n

Grâce à de nombreuses enquêtes locales,certains peintresspécialistes sontdésormais identifiéset étudiés

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CINéMA

Il n'est jamais aisé de réaliser un second long-métrage lorsqu'on a rencontré un immense succès avec

son premier film, comme ce fut le cas de Christophe Barratier avec « Les cho-ristes » (plus de 8 millions de specta-teurs !). Mais le cinéaste n'a pas à rougir de son second opus qui n'est pas sans points communs avec le premier : film d'époque, trame sentimentale, portrait de blessures enfantines, héros attachants et pleins d'humanité, ro -mance pudique...

Le 31 décembre 1935, le Faubourg, quartier populaire de Paris, s'apprête à fêter la nouvelle année. Pigoil, Milou et Jacky sont, tous les trois, techni-ciens dans un music-hall. Le directeur, criblé de dettes, se suicide. Le repre-neur de l’entreprise, Monsieur Gala-piat, est un fasciste, un sans cœur,

entouré d'hommes de main sans foi ni loi. Qui plus est, Pigoil découvre que sa femme le trompe. Bénéficiant d’un budget important, Christophe Barratier a réussi un film à la fois populaire et humaniste, véritable hommage au cinéma français des années 30/40. Le récit, mené à un rythme soutenu, nous entraîne dans une belle et émouvante aventure, avec des chants, des danses, de l’émotion et beaucoup d’humour. Gérard Jugnot est épatant dans son

rôle d’homme frappé par la fatalité et qui refuse de baisser les bras. Mais la révélation de ce très beau film, c’est la jeune et lumineuse Nora Arnezeder. Cette histoire montre que l'entraide, la solidarité, l'espoir et la persévérance peuvent faire des merveilles. Le film est destiné à un large public, mais notons tout de même une tentative de viol (filmée très discrètement et brièvement) et une tentative de suicide. ■

Faubourg 36. Comédie dramatique française (2008) de Christophe Barratier, avec Gérard Jugnot (Pigoil), Clovis Cornillac (Milou), Kad Merad (Jacky), Nora Arnezeder (Douce), Pierre Richard (Monsieur TSF), Bernard-Pierre Donnadieu (Galapiat), Maxence Perrin (Jojo), François Morel (Célestin) (2h). (Adolescents.) Sortie le 24 septembre 2008.

Le royaume interditPassionné de kung-fu, Jason, 17 ans, rêve souvent de la légende du Roi Singe. Un jour, il trouve une canne ornée d’un singe en bronze qui ressemble au personnage de ses rêves. Son ami, le vieux Hop, la lui confie avant de mourir, avec la mission de la faire parvenir à son propriétaire légitime. Et voilà que Jason se réveille, avec cette canne, au cœur de la Chine ancienne. Cette histoire classique de voyage à travers le temps met en scène la non moins classique opposition entre les bons et les méchants, ce qui donne lieu à quelques bagarres homériques et parfaitement chorégraphiées. Les décors et costumes sont magnifiques, et l’humour très présent. Ce film sans surprises est un très agréable divertissement. Cette œuvre qui voit le bien triompher et les vertus exaltées s’adresseà un public d’adolescents. M.-L. R.

Aventures américaines (2008) de Rob Minkoff, avec Jackie Chan (le moine T'sa-Ho), Michael Angarano (Jason Williams), Jet Li (le moine silencieux et le Roi Singe), Yifei Liu, Bingbing Li (1h37). (Adolescents.) Sortie le 24 septembre 2008.

Dans la ville de SylviaUn homme jeune à l’air romantique arrive à Strasbourg. Il s’assied dans un bar en face du conservatoire d’art dramatique de la ville et espionne les personnes qui sont aux alentours, surtout les femmes. Ce superbe exercice de style se développe comme une galerie de portraits féminins d’une grande beauté que le héros regarde tout au long du film et qui constituent un hommage à la beauté de la femme, en restant dans un domaine purement esthétique. Nous ne saurons rien de plus précis sur les personnages. Le seul intérêt vient de la recherche en elle-même et de la simple beauté des images. M.-L. R.

Drame espagnol (2007) de José Luis Guérin, avec Xavier Laffite (El), Pilar Lopez de Ayala (Ella), Michaël Balerdi (1h24). (Grands adolescents.) Sortie le 10 septembre 2008.

Entre les mursProfesseur de français dans un collège situé dans un quartier difficile, François a fort à faire avec ses élèves. Palme d’or surprise au dernier Festival de Cannes, ce film de Laurent Cantet («L’emploi du temps») oscille entre fiction et documentaire. François Bégaudeau, auteur du roman et du scénario et interprète principal, raconte ce

que fut son histoire d’enseignant. L’interprétation très naturelle, la justesse des dialogues, l’intensité dramatique de certaines scènes et l’émotion qui étreint parfois les spectateurs sont des qualités remarquables. Ni pessimiste ni angélique, ce constat lucide des dysfonctionnements de notre société ne peut que conduire à une saine réflexion. Le personnage du professeur est magnifique.

Marie-Lorraine ROUSSELComédie dramatique française (2008) de Laurent Cantet, avec François Bégaudeau (François), Vincent Caire (Vincent), Olivier Dupeyron (Olivier), Patrick Dureuil (Patrick), Dorothée Guilbot (Rachel), Wei Huang (Wei), Rachel Régulier (Khoumba) (2h08). (Adolescents.) Sortie le 24 septembre 2008.

Après «Les choristes», Christophe Barratier réussit un coup de maître, avec cette charmante comédie musicale.

Un cinéma populairefAUboUrg 36 par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Cette œuvre est un bel hommage au music-hall des années 30 / 40(

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C'est dans le contexte convivial du théâtre du Ranelagh (foyer compor-tant une belle cheminée, garni d'un piano et dans lequel une collation avec les comédiens peut être prise)

que se donne actuellement « Amphitryon »(1), de Molière.

La pièce reprend le sujet connu de la mytholo-gie grecque : Jupiter prend les traits d'Amphitryon pour séduire sa femme après avoir demandé à Mercure, qui a pris ceux de son serviteur Sosie, de s'assurer que la Nuit ralentirait son cours tandis qu'il serait en compagnie de la belle...

On imagine aisément les quiproquos lors-que les épouses des deux hom-mes sont successivement face à leurs imitateurs puis aux vrais conjoints.

La troupe qui interprète cette pièce joue à fond cette carte. Elle y ajoute des cos- tumes burlesques dans un décor

très sobre, qui fait la part belle aux jeux d'éclai-rage. Il y a notamment des séquences d'ombres chinoises désopilantes, qui ne sont concurren-cées que par les scènes de lutte à distance, vrais sketchs de mime clownesque. En cela, la troupe a gagné son pari : on a vraiment l'impression que les personnages de la pièce sortent directe-ment d'une bande dessinée.

On regrette seulement, mais c'est fatal dans une pièce dont le ressort principal est l'identité des personnages jusqu'à la confusion, qu'il n'y ait qu'un seul personnage dont la psychologie soit un peu développée, celui de la servante qui se trouve être justement celui qui ne se trouve en aucune façon dans une position symétrique par rapport aux autres. On savoure avec plaisir le style déluré et libre dont elle fait montre. Bref, cette pièce, si elle est plus élaborée que les farces du début de la carrière de Molière n'atteint pas non plus la finesse de ses grande comédies. C'est là sa limite, et à laquelle les comédiens eux-mêmes se heurtent. n

théâtre

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(1) « Amphitryon », de Molière. Avec Alexandre Tourneur, Cedric Miele, Auguste Bruneau, Vincent Caire, Mathilde Puget, Tiphaine Vaur, Damien Coden. Mise en scène : Tiphaine Vaur, Alexandre Tourneur. Du mercredi au samedi (15h), le dimanche (19h) au théâtre du Ranelagh, 5, rue des vignes, 75016 Paris. Places à 30 et 24 e, T.R. à 24 et 10 e. Tél. 01.42.88.64.44. www.theatre-ranelagh.com

Malgré une limite incontournable due au texteet à l'unicité du ressort comique, les comédiensqui donnent « Amphitryon »ont su faire surgir decet écrin un universburlesque et contemporain.

« Amphitryon »

Clownesqueet réussi

Des costumes burlesques dans un décor très sobre, qui fait la part belle aux jeux d'éclairage

D.R.

par Pierre François

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Il est des films qui font immédiatement l'unanimité, que ce soit dans la presse ou dans le grand public. Immense

succès en Allemagne, ce film a conquis le public français, obtenant le César du meilleur film étranger, avant de remporter l'Oscar à Hollywood.

Officier de la Stasi, la police secrète de l'ex-Allemagne de l'Est, Gerd Wiesler est chargé de la surveillance des intellectuels, ceux qui se permettent de critiquer le régime en place d'Erich Honecker. C'est le cas d'un auteur dramatique, Georg Drey-man, chez lequel Gerd va installer des mi cros. L'actrice Christa-Maria Sieland, maî tresse de Dreyman, est également courtisée par le ministre de la Culture. Mais, à force d'écouter les conversations

du couple, Gerd tombe sous le charme de la jeune femme. Les Allemands n'en finissent pas d'explorer leur passé communiste. Pour la première fois, un cinéaste s'attache à décrire les méthodes de la Stasi, la police secrète de la RDA. S'étant longuement documenté sur le sujet, Florian Henckel von Donnersmarck a su rendre son his-toire captivante, car il l'a mêlée à une intrigue amoureuse très émouvante. Ulrich Mühe, décédé il y a peu, incarne avec

beaucoup de sensibilité cet officier saisi par l'amour. En prime, la seconde partie est un suspens très prenant. Cette œuvre profondément humaine montre bien que l'idéal politique, surtout s'il n'est plus aussi fort qu'avant, ne tient pas bien longtemps devant l'amour. C'est cet amour qui permettra au héros de prendre conscience de l'horreur de sa mission. Dommage qu'il y ait des scènes très suggestives. ■

La vie des autres. Drame politique allemand (2006) de Florian Henckel von Donnersmarck, avec Ulrich Mühe (Gerd Wiesler), Sebastien Koch (Georg Dreyman), Martina Gedeck (Christa-Maria Sieland), Ulrich Tukur (2h17). Diffusion lundi 29 septembre, sur Arte, à 21h00.

Je vous trouve très beau

Depuis la mort de sa femme, Aymé Pigrenet, un agriculteur, est harassé de travail. Il se demande s'il ne lui faudrait pas une autre femme pour l'aider à la ferme. Timide et introverti, il se dit que seule une agence matrimoniale pourra lui trouver une femme courageuse et solide. Pour son premier film comme réali-satrice, la scénariste-comédienne Isabelle Mergault n'a pas choisi la facilité, avec cette histoire douce-amère qui parle d'un sujet grave et bien réel : la solitude des paysans dans nos campagnes et la misère des gens de l'Est. Grâce à un scénario plein de trou-vailles, à une mise en scène sobre et fluide et, surtout, à deux comédiens magnifiques, Isabelle Mergault nous fait passer du rire aux larmes, en trouvant toujours le ton juste. La jeune Medeea Marinescu révèle un beau tempérament d'actrice. Il y a beaucoup de délicatesse et de pudeur dans les relations entre ces deux personnages. Quant à l'émotion, elle est à fleur de peau.Comédie dramatique française (2005) d'Isabelle Mergault, avec Michel Blanc (Aymé Pigrenet), Medeea Marinescu (Elena), Wladimir Yordanoff (Roland), Benoît Turjman, Éva Darlan (1h37). Diffusion le dimanche 28 septembre, sur France 2, à 20h55.

CollisionÀ Los Angeles, plusieurs personnages se croisent. Ce film dresse le portrait d'une Amérique fragilisée au lendemain des attentats du 11 septembre. Le cinéaste mêle avec brio différentes intrigues et parvient à donner du relief à toute une galerie de personnages. Paul Haggis ne juge pas ses person-nages, mais tente de comprendre leurs comportements. Quelques brèves images sensuelles.Comédie dramatique américaine (2005) de Paul Haggis, avec Sandra Bullock (Jean), Don Cheadle (Graham), Matt Dillon, Jennifer Esposito (1h50). Diffusion le dimanche 28 septembre, sur France 2, à 22h40.

TÉLÉVISION

Françoise SaganC’est en 1954 que la très jeune Françoise Sagan fait sensation avec «Bonjour tristesse», son premier roman qui se vendra dans le monde entier. Il fallait tout le talent (et le physique étonnant de ressemblance) de Sylvie Testud pour donner l’impression que c’est la véritable Sagan qui interprète son rôle dans ce téléfilm prenant. Car elle a réussi à reproduire sa démarche et son

phrasé si particulier. Diane Kurys, qui a coécrit le scénario, a mêlé astucieusement quelques images d’archives à celles de son téléfilm. Elle reconstitue la vie chaotique de l’écrivain, avec, en voix off, quelques citations bien choisies de ses œuvres. C’est très bien fait, même si l’on peut regretter que l’intrigue se concentre essentiellement sur sa vie privée. Françoise Sagan, malgré ses abus en tous genres (vie très libre, amours saphiques, drogue, jeu, alcool, etc.) et son athéisme proclamé, est un personnage très attachant. La fin est poignante.Téléfilm français de Diane Kurys, avec Sylvie Testud (Françoise Sagan), Pierre Palmade (Jacques Chazot), Lionel Abelanski (Bernard Franck), Jeanne Balibar (Peggy Roche), Arielle Dombasle, Denis Podalydès (3h10). Diffusion les mardi 30 septembre et mercredi 1er octobre, sur France 2, à 20h50.

Plébiscitée par la critique et le public, cette œuvre magistrale fait revivre l'ambiance de l'ancienne RDA des années 80.

La vie des autrespar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Malgré des scènes crues, cette œuvre est d'une belle humanité(

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TF120.50 Les enfants de la télé. Divertissement présenté par Arthur et Virginie de Clausade, avec Dany Boon, Kad Merad, Gérard Jugnot, Nathalie Baye, Josiane Balasko, Pierre Palmade, François-Xavier Demaison, Antoine Duléry, Dominique Besnehard, Max Boublil.23.15 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloniy 2.France 220.50 Les années-bonheur. Divertissement présenté par Patrick Sébastien, avec Zouk Machine, Annie Cordy, Georges Chelon, Gilbert Montagné, Pascal Danel, le Grand Orchestre du Splendid, Gérard Palaprat, Garou, Héléna Noguerra, Chico et les Gypsies, etc.23.15 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.50 Famille d’accueil : «Une vie rêvée», «Qui sème le vent» GA. Série avec Virgine Lemoine, Christian Charmetant. Cette sympathique série adopte un format plus court avec ces épisodes réussis, mais un peu outranciers.23.20 Affaires classées «L’af-fai re Annie Monneron, à Mont-pellier (34)». Documentaire 2.Arte

21.00 L’aventure humaine «Les enfants perdus de Bouddha» J. Beau et intéressant.22.35 Music planet «Manu Katché : One shot not».M6La trilogie du samedi20.50 Smallville : «Gemini», «Le contrat rempli». Série avec Tom Welling.22.20 Jericho. Série 2.00.05 Hex «La malédiction». Série avec Cassie Hughes 2.Canal +20.50 Prémonitions GA. Drame (2006) de Mennan Yapo, avec Sandra Bullock (1h33) 2. Un film original et bien fait qui vire au film fantastique.KTO20.40 VIP «Jean-Pierre Elkabbach». Rencontre avec un homme de médias.21.40 Concert «Messe de sainte Cécile de Haydn».23.10 Mer élémentaire.00.30 Parabole du père Bro.

télévision

36 FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008

TF120.50 Les experts : «À la carte», «Carpe diem», «Meurtres modè-les». Série avec Marg Helgenberger, W. Petersen 3.23.20 Gothika GA. Fantastique (2004) de Mathieu Kassovitz, avec Halle Berry (1h35) 2. Pas mal, mais violent.France 2

20.55 Je vous trouve très beau GA. Comédie dramatique (2006) de Isabelle Mergault, avec Mi chel Blanc, Medeea Marinescu, Wladimir Yordanoff (1h36). (Voir notre analyse page 35)22.40 Collision A. Drame Drame (2005) de Paul Haggis, avec Sandra Bullock, Don Cheadle, Matt Dillon (1h48) 2. (Voir notre analyse page 35)France 320.50 Inspecteur Barnaby «Macabres découvertes». Téléfilm avec John Nettles 2.23.10 Haute tension (5 et 6/6) GA 2. Émouvant.01.00 L’homme perdu GA. Dra-me en NB et VO (1951) de et avec Peter Lorre (1h30). Un superbe film impressionniste. Mais c’est morbide.ArteBelle époque : Montmartre des plaisirs et du crime20.45 French cancan GA. Comédie musicale (1954) de Jean Renoir, avec Françoise Arnoul, Jean Gabin (1h37). Un chef-d’œuvre.22.25 Fantômas mène le bal GA. Très intéressant.23.25 La lucarne «No pasaran, album souvenir» J. Documen-taire (2003) de Henri-François Imbert (1h10). Très moyen.M620.50 Zone interdite «Des enquêteurs d’élite : Six mois au cœur de la Crim». Magazine présenté par Mélissa Theuriau.22.50 Enquête exclusive «Dans l’enfer de Johannesburg». Magazine.Canal +20.50 Football «Championnat de France».KTO20.40 La foi prise au mot «Les racines juives de notre foi».21.40 Vu de Rome. 22.00 Thierry Escaich au miroir de J. S. Bach. 23.00 Sept églises à Paris (2/2) «Demeurer».

TF1

20.50 Joséphine, ange gardien «Le festin d’Alain» GA. Téléfilm avec Mimie Mathy, Jérémie

Covillault, Marie Fugain (1h34). Charmant, mais pas toujours crédible.22.40 Grey’s anatomy : «Sur la corde raide», «Le bonheur était presque parfait». Série avec Ellen Pompeo.

France 220.50 Cold case : «Coup dou-ble», «Le tueur d’Halloween», «La couleur du mensonge». Série avec Kathryn Morris 2.23.10 Compléments d’enquête «Vagabonds, squatters, gitans : Pourquoi les marginaux nous dérangent». Magazine.France 320.55 Vie privée, vie publique «Rencontre exceptionnelle avec Serge Lama, Josiane Balasko et Michel Sardou». Magazine pré-senté par Mireille Dumas.23.25 Ce soir (ou jamais !). 00.45 NYPD blues. Série.Arte21.00 La vie des autres A/Ø. Drame (2006) de F. Henckel von Donnersmarck, avec Ulrich Mühe, Sebastien Koch (2h08). (Voir notre analyse page 35)23.10 Nous étions de la Stasi. Documentaire.00.40 Making of «La vie des autres».01.00 Ulrich Mühe, la vie d’un autre. Documentaire.M620.50 Super Nanny. Magazine.23.15 Soleil levant A/Ø. Policier (1993) de Philip Kaufman, avec Sean Connery (2h04) 2. Un excellent suspense, filmé avec brio, mais une scène érotique très crue.01.30 Sans peur et sans reproche A/Ø. Comédie (1988) de et avec Gérard Jugnot (1h32) 2. Amusant, mais lourd et avec des fausses notes gênantes.Canal +20.50 9/3, mémoire d’un terri-toire. Documentaire.KTO20.40 Les aumôniers du ciel. Enquête sur la présence de l’Église à Roissy.21.45 Témoignage «L’Eucharistie, vie du Christ dans nos vies».22.20 Sept églises à Paris (2/2) «Demeurer».

TF120.35 Football «Ligue des Cham-pions : Bayern Munich/Lyon».22.50 Confessions intimes. Magazine.France 220.50 Françoise Sagan (1/2) «Un charmant petit monstre» A. Téléfilm avec Sylvie Testud, Pierre Palmade (1h33). (Voir notre analyse page 35)22.35 Faites entrer l’accusé «Nadine et Jérôme, meurtre en famille». Magazine 2.

00.20 Cria cuervos GA. Drame (1976) de Carlos Saura, avec Ana Torrent, Geraldine Chaplin (1h45). Une œuvre poignante et parfaitement maî-trisée, mais dure et morbide.France 320.50 Le Saint GA. Aventures (1997) de Philip Noyce, avec Val Kilmer, Elisabeth Sue (1h50). Une bonne adaptation de Leslie Charteris, mais une caricature déplaisante d'un pen-sionnat religieux.22.50 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine.00.45 NYPD blues. Série 2.Arte20.05 La Traviata à la gare de Munich. Opéra de Giuseppe Verdi, avec l’Orchestre de l’Opé-ra de Zurich, sous la direction de Paolo Carignani, et avec Eva Mei, Vittorio Grigolo (2h52). En direct de la gare de Zurich.23.15 Grand format «Amérique, notre histoire» GA. Intéressant, mais peu objectif.00.50 Die Nacht/La nuit.M620.50 Desperate housewives : «Des hommes dangereux», «Le temps des miracles» GA. Série. 22.30 Nip/Tuck. Série 3.Canal +20.50 L’âge des ténèbres A. Comédie dramatique (2007) de Denys Arcand, avec Marc Labrèche, Diane Kruger, Sylvie Léonard (1H40) 2. Intéressant, mais trop répétitif et avec des scènes vulgaires.KTO20.40 Les mardis des Bernardins «Le bonheur des enfants», avec J.-M. Petitclerc, Nicole Fabre, J.-F. Aucante.21.45 Églises du monde.22.20 VIP «Jean-Pierre Elkabbach». 23.20 Témoignage «L’Eucharistie, don de Dieu par excellence».

samedi 27 septembre Dimanche 28 septembre lundi 29 septembre Mardi 30 septembre

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TF1

- F.

Piau

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émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaica», «Orthodoxie», «Présence protestante» - 11h00 Messe en di rect de l’église Saint-Urbain à Strasbourg (67).

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télévision

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 37

sur France 3Mercredi 1er octobre à 15h00L'île de Black Mor GALe Kid, 15 ans, s'enfuit de l'or-phelinat dans lequel il a été élevé. N'ayant aucun indice sur ses origines, il ne possède qu'une carte indiquant l'em-placement d'un trésor. Jean-François Laguionie a réussi un film aussi charmant qu'esthétiquement réussi. Des dessins très fins, de jolies cou-leurs et une histoire pleine de rebondissements, telles sont les qualités de cette œuvre stylisée. Dans ce film visible en famille, certaines scènes peuvent heurter les petits.

TF120.50 Grey’s anatomy : «Le vent du changement», «Tous accros», «Paroles, paroles» GA. Série avec Ellen Pompeo, Patrick Dempsey 2. Cette nou-velle saison débute avec des épisodes un peu décevants.23.15 Les experts, Manhattan. Série avec Gary Sinise 3.France 220.55 Françoise Sagan (2/2) «Des bleus à l‘âme» A. Té lé film avec Sylvie Testud, Pierre Palmade, Lionel Abelanski (1h37). (Voir notre analyse page 35)22.40 Ça se discute «Epouses modèles, mères parfaites : Le tableau est-il vraiment idylli que ?» Maga zine de Jean-Luc Delarue.France 315.00 L’île de Black Mor GA. Animation (2003) de Jean-François Laguionie (1h25. (Voir notre analyse ci-contre)20.50 Des racines et des ailes «Trafic d’art : Les nouvelles filières». Documentaire.22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine.00.55 NYPD blues. Série 2.Arte

21.00 Les mercredis de l’his-toire «Vietnam, la trahison des médias» GA. Passionnant et très bien fait, mais le début manque de nerf.22.30 Motus et bouche cou-sue ! A/Ø. Comédie dramatique en VO (2004) de M. Mittermeier, avec Jan Henrik Stahlberg (1h30). Le début est original et inconoclaste, mais le film dérape. Des images pénibles ou très suggestives.M620.50 66 minutes «Manger pas cher : Le nouveau régime des Français». Magazine.22.15 66 minutes, l’enquête. 22.50 Recherche appartement ou maison.Canal +20.45 La grande soirée de Champions League «Atletico Madrid/Marseille».KTO20.40 Sur les pas de saint François. À la découverte de la tournée des Fioretti.21.45 La famille en questions «Quand l’enfant s’en va, quelle vie ?».22.20 La foi prise au mot «Les racines juives de notre foi».

TF120.50 Star Academy. Divertissement présenté par Nikos Aliagas.23.35 C’est quoi, l’amour ? Magazine présenté par Carole Rousseau.France 220.50 Tandem. Divertissement présenté par Christophe Hondelatte, avec Pierre Arditi, Bénabar et l’Orchestre Philharmonique de Radio France, sous la direction de Myung-Whun Chung.23.20 Café littéraire. Magazine présenté par Daniel Picouly.France 320.55 Thalassa «Sur le sentier du littoral : De Saint-Tropez à Toulon», en direct de Saint-Tropez. Magazine présenté par Georges Pernoud.23.25 Comme un vendredi. Magazine de Samuel Étienne.Arte

21.00 Sous haute protection GA. Téléfilm avec Joanne Frogatt, Bill Paterson, Lindsay Coulson, Jamie Foreman (1h39). Une adapatation pre-nante d'un fait authentique, mais une scène pénible.22.40 Danielle Mitterrand, l’in-soumise GA. C’est inté-ressant, mais le personnage est bien sectaire.23.40 Tracks. Magazine.M620.45 NCIS : «La chimère», «La taupe», «Coup monté». Série avec Mark Harmon 2.23.15 Journal intime d’une call-girl. Série avec B. Piper 4.23.45 Sex and the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2.Canal +20.50 L’ennemi intime GA. Drame (2006) de Florent-Emilio Siri, avec Benoît Magimel, Albert Dupontel (1h46) 3. Le film décrit les rouages de la guerre et les rai-sons qui peuvent conduire les hommes à la violence et à la cruauté envers leurs semblables. Quelques scènes très dures.KTO20.40 Mag assoc’ «Les petits frères des pauvres»., avec Jean-François Serres21.45 La vie des diocèses «Arras».22.20 Les mardis des Bernardins «Le bonheur des enfants».

TF120.50 Julie Lescaut «Prédateurs» GA. Téléfilm avec Véronique Genest, Jennifer Lauret, Marie Fugain, Patricia Malvoisin. L’histoire est prenante et bien rythmée, mais la fin est assezdécevante.22.30 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet.France 220.55 Envoyé spécial : «Demaison : C’est l’histoire d’un mec…», «GI’s violées : L’ennemi de l’intérieur». Magazine pré-senté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.23.05 Infrarouge : «Les bébés de l’amour et de la science», «Les apprenties de la vie». Documentaires.France 3

20.55 La femme coquelicot GA. Téléfilm avec Françoise Fabian, Jean-Pierre Cassel, Andréa Ferréol. Une jolie histoire d'amour entre des seniors, mais des longueurs.22.35 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.00.45 NYPD blues. Série avec Dennis Franz.Arte21.00 Head-on A/Ø. Drame (2003) de Fatih Akin, avec Birol Ünel (2h). Bien fait, mais atroce.22.50 Ebay, rêves de mar-chands. Documentaire.M620.50 Incroyable talent. Divertissement présenté par Alessandra Sublet, avec Sophie Edelstein, Gilbert Rozon et Patrick Dupond.22.40 Shark. Série avec James Woods 2.Canal +20.50 Desperate housewives (12 et 13/17) GA. Série avec Teri Hatcher 2. Deux excellents épisodes qui traitent du pardon.KTO20.40 Regards de philosophes «Edgar Morin et Bertrand Vergely».21.45 Questions ouvertes.22.15 Concert «Messe de sainte Cécile de Haydn».23.30 Témoignage «L’Eucharistie, vie du Christ dans nos vies».

Mercredi 1er octobre Jeudi 2 octobre vendredi 3 octobre

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRadio Notre DameSamedi 27 septembre18h15 Repères "Vie psychique et vie spirituelle, quelle alliance possible ?" avec Gérard Dorsaz, (psychothérapeute)21h De concert avec vous "Jean-Sébastien Bach : Concerto italien ; Ouverture à la Française et Extraits de la Sonate en la mineur" Dimanche 28 septembre16h La voix du petit chanteur "Une veillée de jazz avec le Cor Vivaldi de Barcelone, en Catalogne"17h Dialogue "Traces du sacré dans l'art profane au 20e siècle", avec Angela Lampe (Centre Pompidou)19h30 Visages "Jean-Claude Guille-baud" (écrivain essayiste, auteur de "Commencement d'un monde", Ed. du seuil)22h Témoin "Mgr Patenôtre" (ar-chevêque de Sens-Auxerre)23h Maitres spirituels "Charles de Foucauld : ses plus beaux textes spirituels"Lundi 29 septembre14h Musiphonie "Autour de Saint François d'Assise" (Tous les jours à 14h)14h30 Halte spirituelle "Célébra-tion de la gratitude", avec Domi-nique Ponnau (conservateur général du patrimoine, directeur honoraire de l'École du Louvre, écrivain). (1/5, tous les jours à 14h30 ou 20h45).16h émission spéciale, en direct de Lyon, à l'occasion des entretiens de Valpré (journée de réflexion sur l'éthique et le monde de l'entre-prise) "Les chiffres ont-ils toujours le dernier mot ?", avec Jean-Paul Fitoussi (économiste), Jean-Paul Varichon (directeur de clinique et des chefs d'entreprises). France CultureDimanche 28 septembre10h Messe, depuis la chapelle de L'Ecole Militaire, 75007 Paris, commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Théron (aumô-nier de l'Ecole Militaire).

Marie BizieN

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Paris✔ Vénération des reliques de sainte Thérèse à la chapelle Sainte-Thérèse, 40 rue Jean de la Fontaine, 75016 Paris, ✆ 01.44. 14.75.75. Semaine thérésienne du 27 septembre au 1er octobre : vénération des reliques, célébra- tions, procession, Soirée T*, confé rences, concerts… Programme sur : www.semainetheresienne.org✔ Jusqu'au 10 décembre, l'église de la Trinité (3 rue de la Trinité, 75009 Paris, ✆ 01.48.74.85.27 [email protected], www.latriniteparis.com) continue de commémorer Olivier Messiaen. Durant plus de 60 ans, il en a été titulaire du grand-orgue qui fut un lieu majeur de son inspiration. Parmi les événements importants : le 2 octobre, (17h30) ouver-ture et vernissage d'une exposi-tion permanente, "L’église de la Trinité, Messiaen et Saint-François d’Assise". (18h) conférence de Harry Halbreich "Messiaen et saint François d'Assise", (20h30) concert d'orgue. Le 23 octobre (20h30) concert d'improvisation sur le thème de la Toussaint. Le 6 novembre (20h30) Apparition de l’Église éternelle. Le 16 novembre (16h30) Quatuor pour la Fin du

Temps. Le 4 décembre (11h) conférence "Messiaen, com-positeur, pédagogue et Maître", (12h45) concert d'improvisation sur le thème de l’Avent, (14h-22h) le "livre d'heures" des élèves orga-nistes des conservatoires. Le 10 décembre journée de clôture de l'événement Trinité Messiaen 2008 avec la pose d'une plaque commé-morative réalisée par Joseph Pirsz, sous le buffet d'orgue. Entrée libre.✔ Le Cercle de Réflexion et d'Ac-tion du Vieux Colombier [Réveiller la conscience chrétienne des jeu-nes en politique] (5 rue Linné, 75005 Paris, ✆ 06.89.09.82.84) fête sa 10e rentrée depuis sa consti tution en association, au tour d’un cocktail, le 28 sep-tembre (16h-18h), au 171 rue du Faubourg St-Antoine, 75011 Paris. [email protected] www.vieuxcolombier.org Bas-Rhin✔ Des catéchèses pour jeunes et adultes sont proposées à Strasbourg, pour permettre à des personnes proches ou éloi-gnées de l'Eglise de revivre ou de dé couvrir les richesses de la foi et du baptême. Elles sont portées par le Chemin néocaté-chuménal, au sein de la parois-

se Saint-Antoine de Padoue. Rencontres les lundis et jeudis (20h15) à partir du 6 octobre, à l'église, Place Saint-Antoine, Strasbourg-Cronenbourg. Rens. ✆ 03.88.27.86.77.✔ Une session spirituelle est organisée du 24 (18h) au 26 octobre (14h) «Avançons vers le Christ Sauveur avec Marie qui libère les nœuds de notre vie», au Couvent d’Oberbronn, Maison-Mère des Sœurs du Très Saint Sauveur, 2 rue Principale, 67110 Oberbronn, ✆ 03.88.80.84.50, fax 03.88.80.84.60 / accueil@sœurs-stsauveur.fr / http://soeurs-stsauveur.cef.fr✔ Au Centre Communautaire «La Rencontre», Sœurs de la Croix, 20 rue de la Charité, 67100 Strasbourg-Neudorf, un forum est organisé du 14 (9h30) au 16 octobre. 1er jour «Tant que tu peux, ose», avec le père Jean-Claude Lavigne, (op, Paris) ; 2e jour «L’accueil de nos différences», avec Claire Ly, (Cambodgienne-Alès, professeur de philosophie) ; 3e jour «Le charisme», avec le père Michel Deneken (doyen de la faculté de théologie catholique de Strasbourg). Rens. ✆ 03.88.15.44.60/generalat @srdelacroix.fr

Côte-d'Or✔ Dans le prolongement du cours d'Histoire de l'Église donné à la paroisse Saint-Bernard de Dijon depuis 4 ans, Mgr Maurice Gaidon, ancien supérieur du grand séminaire de Dijon, évêque émérite de Cahors, parle-ra de "50 ans de vie en Eglise (de Pie XII à Benoît XVI)", d'après les textes du Magistère et du Concile Vatican II. 12 lundis (20h30-22h), à la salle paroissiale de Saint-Bernard, 12 bld Alexandre 1er de Yougoslavie, à Dijon (parking). Premières dates : 6 octobre, 20 octobre, 10 novembre.Doubs✔ Le 28 septembre (15h), au Centre diocésain, 20 rue Mége-vand, 25000 Besançon, une confé-rence, pour tous, sera animée par le général Henri Marescaux sur un thème qui pose souvent ques-tion : Peut-on être à la fois chré-tien et militaire, "La foi - les armes à la main". Alors que la ville de Besançon vient d'être confirmée comme Base de Défense dans le nouveau paysage des armées françaises cette question est plus que jamais d'actualité. Entrée libre. Rens. Daniel Lagneaux, ✆ 03.81.51.61.71.

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ Dans le cadre du développement des activités de sa librairie, l’Abbaye Notre-Dame d’Ourscamp recherche une personne, pour le poste d’assistant(e) commercial(e) à mi-temps. La librairie étant le point de réception de l’abbaye, vous devez posséder une maîtrise de l'accueil pour les visiteurs et la clientèle, connaître la gestion commerciale, exercer une bonne pratique de la bureautique. Vous serez amené(e) à travailler une fin de semaine sur deux. Les débutants

ou seniors sont acceptés. Contact : père Elie Ferrandon, Supérieur Général, Abbaye Notre-Dame, 1 place Saint Eloi, 60136 Chiry-Ourscamp. Tél. 03. 44.75.72.01.➥ Paris-proche banlieue : professeur de philosophie, français, latin, grec, donne cours particulier, toutes classes, tous niveaux : expérience, efficacité, réussite, tél. 09.75.24.22.93.➥ à Nancy, association Provie cherche per-sonne disponible, 10h à 20h par semaine pour assurer bénévolement le secrétariat et la communication au sein d'une équipe moti-vée par la défense de la vie des enfants à naître. Tél. 03.83.57.99.38 le soir (présidente)➥ Couvent de frères bénédictins en Corse,

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Téléphone : 01.40.94.22.22[lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h]Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : [email protected]

En revanche, pour un abonnement par carte bleue,le téléphone reste : 01.46.30.37.38.

Haute-Loire✔ L'association Saint Jean des Quatre Couronnés à La Chaise-Dieu (43160) propose à de jeu-nes hommes majeurs une école de vie catholique centrée sur le travail manuel : formation ini-tiale à la taille de pierre, dans un contexte communautaire familial soutenu par la présence de laïcs et de frères de St-Jean. Contacter le Père Jean-Théophane, ✆ 04. 71.00.05.55.Isère✔ Au sanctuaire de la Salette, 38970 La Salette, ✆ 04.76.30. 00.11, une session «Science et foi : Croire ou subir ?» est orga-nisée les 18 et 19 octobre, avec le père Maurice Tochon.Moselle✔ Au centre «Les Amis de la Providence», 57930 Saint-Jean-de-Bassel, ✆ 03.87.03.00.50, fax 03.87.03.00.51, une retraite spirituelle est prévue du 2 au 9 novembre «Se laisser entraîner par le cantique des cantiques», animée par le Père Lavigne o.p.Oise✔ A l'Abbaye Notre-Dame, 1 place Saint Eloi, 60130 Chiry-Ourscamp, ✆ 03.44.75.72.00, une conférence est prévue le 27 septembre (15h), "Quelle situation pour les Chrétiens d’Orient ?", avec Mgr Brizard (Directeur Général de L’Œuvre d’Orient)Pas-de-Calais✔ La Commission Diocésaine d'Art Sacré et l'Association "Le Joyel", vous invitent à assister à la Journée d'études, proposée dans le cadre de l'exposition sur le "Patrimoine monastique dans le Pas-de-Calais, des origines à aujourd'hui" (toujours visible à la Cathédrale d'Arras, jusqu'au 15 octobre prochain) et intitu-lée "Des abbayes au cœur de...", le 11 octobre (10h-17h30), à la Maison diocésaine d'Arras, 103 rue Amiens, 62000 Arras, ✆ 03. 21.21.40.40. Entrée libre.Saône-et-Loire✔ Une retraite biblique est prévue du 24 au 26 octobre, à la Maison du Sacré-Cœur, Sanctuaires, Place du Cardinal Pe r raud , 71600 Pa ray - l e -Monial, ✆ 03.85.81.62.22, fax 03.85.81.51.67, "Le Cœur de Jésus : «Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé»" (Za 12, 10), avec le père Jean-Rodolphe Kars (Chapelain aux Sanctuaires de Paray-le-Monial, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel, ancien pianiste concertiste, spécialiste de l’œuvre d’Olivier Messiaen). Pour tous ceux qui désirent découvrir la Bible comme chemin spirituel vers le

Christ. Aucune connaissance préalable n’est requise. Il sera plus spécifiquement question du message de Paray-le-Monial, de sainte Marguerite-Marie et de saint Claude La Colombière. Il est indispensable que chaque retraitant vienne avec sa Bible (Ancien et Nouveau Testament). [email protected] /www.sanctuaires-paray.comEnfance et sainteté✔ 4e colloque organisé par l'As-sociation enfance et Sainteté à Paray-le-Monial du 26 au 30 octobre, destiné aux parents, grands-parents, éducateurs, reli-gieux, prêtres et enfants (session spirituelle par tranches d'âge). Le thème portera sur l'Adoration et le sens du sacré. De nombreux intervenants dont Mgr Cattenoz, Mgr Labaky, le Père Daniel-Ange, Thibault Collin (professeur de philosophie), Lucienne Sallé

(psychologue), Père Racine, Père Colomb (Mep), Père de la Divine Enfance (carme), Père Guilmard (osb), Père de Langalerie, Anne Alméras. Animé par Marie-Joelle Guillaume. Dépliants disponibles sur le site www.enfanceetsaintete. org / Insc. ✆ 01.42.67.07.11 / [email protected] - Un pont pour les enfants✔ L'Abbé Matthieu Dauchez, de passage en France donnera une conférence le 22 octobre, (20h30) au théâtre de Neuilly, 167 av. Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-Sur-Seine "Le Pardon à l'école des enfants des rues", organisée par l'association "anak-un pont pour les enfants" qui a pour objectif d'aider financièrement et maté-riellement les actions menées par la fondation mère aux Philippines, qui vient en aide aux enfants les plus pauvres de la capitale phi-lippine. Rens. ✆ 06.85.62.30.12, www.associationanak.orgPour passer un communiqué, contactez :

[email protected] : 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :

www.france-catholique.fr

BLOC-NOTES

FRANCECatholique n°3133 26 septembre 2008 39

Martin DamaySculpteur

Statues de saints patrons

et Vierges à l’enfanttoutes tailles à partir de 40 cm

Tél. 04.66.29.75.14

333 chemin de la Baracine30000 Nîmes

Page 40: FRANCE FRANCE Catholique CatholiqueMariott d’Islamabad a fait au moins 60 morts et plus de 200 blessés le 20 sep-tembre ; l’ambassadeur de la république tchèque est porté disparu