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france-catholique.fr 86 e année - Hebdomadaire n° 3198 - 5 février 2010 3 FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 Prier avec Haïti pages 8-9 Laos, la tyrannie bien installée pages 10 à 16 L’Église et le communisme pages 21-22 Le Curé d’Ars de Jean de Fabrègues pages 24 à 27

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86e année - Hebdomadaire n° 3198 - 5 février 2010 3 €

FRANCECatholiqueIS

SN 0

015-

9506

Prieravec Haïti

pages 8-9

Laos, la tyrannie bien installée pages 10 à 16

L’Église et le communisme pages 21-22

Le Curé d’Ars de Jean de Fabrègues pages 24 à 27

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BRÈVESFRancEÉlEctionS : Georges Frêche, président du conseil régio-nal et patron des socialistes du  Languedoc-Roussillon, avait  avait  dé  claré  à  l'a-dresse  de  Laurent  Fabius qu'il  avait  « une  tronche pas très catholique ». Martine Aubry a estimé qu'il s'agissait d'un  propos  antisémite  et  a demandé à la maire socialiste de  Montpellier  de  conduire une liste alternative.D.  Cohn-Bendit  a  annoncé  le 27  janvier  qu’il  pourrait  sou-tenir le candidat socialiste en 2012  moyennant  un  accord préalable pour  les  législatives qui suivront la présidentielle.DÉFicitS :  Le chef de  l’État a promis  le  28  janvier  que  des décisions seraient prises après les  élections  régionales  pour ramener  les  déficits  sous  la barre des 3% du PIB dès 2013.

SÉcuRitÉ :  Après  le  meurtre d’un  couple  de  retraités  à Pont-Sainte-Maxence  (Oise), le  ministre  de  l’Intérieur  a annoncé  le  30  janvier  plu-sieurs  mesures  pour  amélio-rer  la  sécurité  des  personnes âgées, persévérant ainsi, selon les  syndicats  de  juges  et  de policiers,  et  même  la  garde des Sceaux, dans  la  stratégie de  communication  « un  fait divers, une loi ».alzhEimER :  D’après  les  tra-vaux  préliminaires  présentés le  25  janvier  à  l’Académie américaine  des  sciences  par l’équipe  du  professeur  Beau-lieu,  une  protéine  présente dans le cerveau pourrait per-

mettre  de  lutter  contre  la maladie d’Alzheimer.tRaVail : Licenciés pour avoir refusé  de  travailler  le  di-manche, trois salariés d’Oyon-nax  (Ain)  ont  assigné  leur employeur en justice en invo-quant  leur  droit  à  une  vie familiale normale.Les syndicats de la compagnie irlandaise à bas coût Ryanair ont porté plainte le 26 janvier pour entrave à la représenta-tion syndicale et refus d’appli-quer  le  code  du  travail  à  ses salariés marseillais.ÉcolE :  L’Académie de méde-cine a relancé le débat sur la semaine  de  quatre  jours  en estimant  le  28  janvier  que la  suppression  des  classes le  samedi  est  nocive  pour  le rythme des élèves.BuRqa :  Le  Premier  ministre a  demandé  le  29  janvier  au Conseil d’État de lui soumettre avant  fin  mars  ses  solutions juridiques permettant d’inter-dire le port du voile intégral.GaRDES  à  VuE :  Le  ministre de  l’Intérieur  a  admis  le  27 janvier que 800 000 personnes avaient  été  gardées  à  vue  en 2009, alors que les statistiques de la délinquance annonçaient 600 000 mais ne tenaient pas compte des gardes à vue pour les délits routiers.RoutE :  Afin  d’améliorer  la sécurité,  le  gouvernement envisage  de  déployer  d’ici à  2011  des  « radars  tron-çon »  qui  calculent  la  vitesse moyenne  des  automobiles entre deux points précis.cinÉma : La direction du Fes-tival  de  Cannes  a  annoncé  le 26 janvier que le jury de sa 63e édition  serait  présidé  par  le cinéaste américain Tim Burton.

hippiSmE : Le cheval fran-çais  Oyonnax  a  remporté le  31  janvier  à Vincennes le 89e prix d’Amérique.hanDBall :  L'équipe  de France,  déjà  championne olym pique et championne du  monde,  est  devenue championne  d'Europe  en 

battant  la  Croatie  (25-21)  le 31 janvier à Vienne.

monDE

commÉmoRation : Les si rènes du camp d’Auschwitz ont mar-qué  le 27  janvier  le début des cérémonies du 65e anniversaire de  la  libération  du  camp  où 1,1  million  de  Juifs  d’Europe ont péri entre 1940 et 1945.union  aFRicainE :  Le  14e 

Sommet  de  l’Union  africaine s’est  ouvert  le  31  janvier  à Ad dis-Abeba ;  il  a  choisi  le président malawite, Bingu wa Mutharika,  pour  succéder  au Libyen  Mouammar  Kadhafi comme président de l'U.A.haïti : Examinée le 25 janvier par  la  première  conférence consacrée à la reconstruction qui  s’est  tenue  à  Montréal, l’aide  internationale  devrait s’étendre sur 5 à 10 ans.ESpacE :  Annoncé  en  2004, le  programme  américain Constellation  avait  prévu  de renvoyer des Américains dans l’espace  à  l’horizon  2020 ; s’ex primant  le  1er  février  sur les  objectifs  stratégiques  de la NASA,  le  président Obama a laissé entendre que la crise actuelle  contraignait  l’admi-nistration  à  revoir  ses  ambi-tions à la baisse.SRi  lanka :  Le  pays  a  voté le  26  janvier  pour  la  pre-mière  élection  présidentielle d’après-guerre dans un climat tendu,  les  deux  principaux candidats  s’accusant mutuel-lement  de  fomenter  un  coup d’État ; c’est  le président sor-tant, Mahinda Rajapakse, qui a été élu.

aFGhaniStan : 70 pays réunis le  28  janvier  à  Londres  ont apporté leur soutien (150 mil-lions de dollars) à la politique de « réintégration des talibans repentis » voulue par le prési-dent Karzaï.chinE :  Le  gouvernement  a confirmé le 26 janvier que des représentants  du  dalaï-lama étaient  arrivés  en Chine  pour reprendre  un  dialogue  inter-rompu depuis plus d’un an.La  Chine  a  suspendu  le  30 janvier ses échanges militaires avec  les États-Unis pour pro-tester contre la vente d’armes américaines à Taïwan.ESpaGnE :  Le  gouvernement socialiste  a  approuvé  le  29 janvier  un  projet  de  réforme de  la  Sécurité  sociale  pré-voyant  de  repousser  l’âge  de la  retraite de 65 à 67 ans ;  il a annoncé un plan d’austérité sur  trois  ans  visant  à  écono-miser  50 milliards  d’euros.  Le taux de chômage atteint près de  19%,  l’un  des  plus  éle-vés  de  l’Union  européenne, au  point  que  des  travailleurs immigrés  ont  commencé  à rentrer dans leur pays.iRan : Selon le New York Times du  31  janvier,  les  États-Unis accélèrent  le  déploiement  de systèmes anti-missiles dans le Golfe pour parer à une éven-tuelle attaque iranienne.À  deux  semaines  de  l’anni-versaire  de  la  révolution  de 1979,  les  chefs  de  l’opposi-tion  Mir  Hossein  Moussavi et  Mehdi  Karoubi  ont  appelé leurs  partisans  à  manifester le  11  février  prochain.  Arash Rahmani et Mohammad Reza Ali Zamani, deux jeunes mani-festants monarchistes, arrêtés l'été der nier, ont été pendus le 28 janvier.FootBall :  À  Luanda,  le  31 janvier,  l'équipe  d'Égypte  a remporté, pour la 3e fois consé-cutive, la Coupe d'Afrique des nations  en  battant  le  Gana 1 à 0.

J.L.

2 FRANCECatholique n°3198 5 février 2010

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SOMMAIREACTUALITÉ4 DOMINIQUEDEVILLEPIN Letroisièmehomme Alice Tulle5 EUROPE L'aubergeespagnole Yves La Marck6 ÉCONOMIE Davos:dudiscoursauxactes Gérard Leclerc7 SOCIÉTÉ MusulmansdeFrance G.L.8 hAïTI Unpeupleentierenprière Tugdual Derville9 hAïTI RelancerRadioSoleil! Marc Fromager

DOSSIER10 INDOChINE LeLaosentrerêveetréalité Serge Lahaut

ESPRIT 17 ECCLÉSIA Leprêtresignedecontradiction 18 LECTURES 5edimancheordinaire Père Michel Gitton 20 FIDESCO UnjoyeuxcarnetdeCarême Thérèse Coustenoble

MAGAZINE 21 IDÉES Uneautrequerelledusilence Gérard Leclerc 24 ÉDITION «L'apôtredusiècledésespéré» Frédéric Aimard 25 ÉDITION JeandeFabrèguesmongrand-père Guillaume d'Azémar de Fabrègues 28 LIVRES Sélectionpourenfants Christèle Hubert 29 LIVRES Sélectionspiritualité Sophie Baron, Brigitte Clavel 30 ExPOSITIONS henner Alain Solari 31 B.D. Lesindicespensables Brunor 32 MUSIQUE Lesflûtes François-Xavier Lacroux33CINÉMA "Sherlockholmes", "Laprincesseetlagrenouille", "Protégeretservir","Brothers" M.-C. Renaud d'André, Georges Collar34ThÉâTRE "Psycause(s)","Perthus" Pierre François 35 TÉLÉVISION "VoyageaucentredelaTerre" "Metropolis" "Vivelabombe!","hiroshimaetlabombe" M.-C. R. d'A. 36 TÉLÉVISION Sélectiondébutdesoirée M.-C. R. d'A.38 BLOC-NOTES Vieassociativeetd’Église Brigitte Pondaven

Couverture : Chantal Léonard © Secours Catholique

Le cardinal andré vingt-trois a décidé que, pour le prochain Carême, les conférences données habituellement à Notre-Dame de Paris seront consacrées au Concile, sous le titre « Vatican II, une boussole pour notre temps ». On sait que la forme actuelle des conférences consiste en des

exposés successifs, avec parfois deux conférenciers qui mettent des accents très différents l'un de l'autre sur les questions abor-dées. Ainsi verra-t-on traiter des thèmes les plus divers de l'enseignement conciliaire, y compris les plus discutés par les traditionalistes, comme la liturgie et le dialogue interreligieux.

À un demi-siècle de distance, force est d'ad-mettre que le monde a complètement changé, ce qui n'est pas sans conséquences sur la percep-tion que l'on a de Vatican II. En 1962, l'Europe était divisée par le rideau de fer et la planète entière vivait les effets de la guerre froide entre l'Est communiste et l'Ouest libéral. La décoloni-sation était en état d'achèvement. Dans les pays les plus développés, la société de consommation était en pleine expansion, sans qu'on puisse encore prévoir dans son ampleur la crise qui interviendrait à la fin des années soixante. La consti-tution Gaudium et Spes, qui définissait les relations de l'Église avec le monde contemporain, souffre, a posteriori, du décalage imposé par l'évolution morale et sociale. Cela ne signifie pas que son enseignement doctrinal est frappé d'obsolescence. Bien au contraire ! Les chapitres qui concernent l'anthropologie chrétienne et la mission de l'Église dans un monde sécularisé n'ont fait que gagner en pertinence. Mais il est vrai aussi que les changements radicaux accomplis nécessitent des révisions importantes. Des problèmes radicalement nouveaux sont apparus, les clivages idéo-logiques se sont reformulés. Il est indispensable d'en tenir compte.

Par ailleurs, l’enseignement des principaux textes du Concile doit être repris pour être approfondi, et parfois même décou-vert. Ce qu'on tient trop souvent pour acquis ne l'est guère ou pas du tout. Parfois l'ecclésiologie, si importante pour le Concile, a été ramenée à des slogans, loin de la profondeur de certaines constitutions comme Lumen gentium. Ce n'est pas pour rien que Benoît XVI a beaucoup insisté sur la liturgie, réformée conformé-ment aux principes définis à la première session. Mais c'est l'en-semble du peuple chrétien qui doit se pénétrer du sens de l'eucha-ristie, sommet de la vie sacramentelle. Les conférences de Carême de Notre-Dame vont donc constituer un moment fort de réappro-priation de Vatican II, loin des querelles d'hier et dans les perspec-tives de la mission de l'Église dans ce siècle commençant. n

RetouràVaticanII

ÉDITORIAL

FRANCECatholique n°3198 5 février 2010 3

Du lundi au jeudi,Gérard Leclerc intervient en direct sur

Radio Notre-Dame à 8 h 07

par Gérard LECLERC

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ACTUALITÉpar Alice TULLE

4 FRANCECatholique n°3198 5 février 2010

Le 28 janvier, la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris a prononcé les juge-ments qui étaient

fiévreusement attendus par toute la classe politique et surtout par Nicolas Sarkozy, qui s’était porté partie civile, et Dominique de Villepin contre lequel 18 mois de prison avec sursis et une forte amende avaient été requis.

L’affaire « Clearstream », du nom d'une société luxem-bourgeoise de compensa-tion financière, a commencé quand un informaticien, Imad Lahoud, a recopié en septembre 2003 les comptes de clients de Clearstream. Il les a ensuite remis à Jean-Louis Gergorin, vice-président d’EADS, qui les a communi-qués au général Rondot, alors chargé de la coordination du renseignement au ministère de la Défense. Or ces listes de clients ont été trafiquées afin que Nicolas Sarkozy, identifiable par des pseudo-nymes transparents, puisse être accusé de malversations.

Une plainte pour dénon-ciation calomnieuse est déposée en 2004 par l’une des victimes de la manipu-lation et Nicolas Sarkozy se porte partie civile en 2006. L’enquête aboutit à la mise

en examen de Dominique de Villepin, soupçonné d’avoir favorisé la manœuvre infa-mante. Le juge d’instruction ne trouve aucune preuve permettant d’étayer cette thèse mais Dominique de V i l lep in est cependant ren voyé en correctionnelle le 3 juillet 2008. Malgré le

réquisitoire du procureur de la République, l’ancien Premier ministre est relaxé le 28 jan vier, alors que Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud sont condamnés sévèrement. Le procureur fait immédiate-ment appel et l'affaire devrait être rejugée d'ici un an…

Ce résumé laisse de côté l’essentiel : l’extrême passion

qui anime Nicolas Sarkozy, qui dénonce par exemple à la té lév is ion comme « cou pables » les personnes mises en examen, alors qu'elles bénéficient évidem-ment de la présomption d’in-nocence. L’ancien Premier ministre raconte que Nicolas Sarkozy était au courant dès

le début de la tentative de déstabilisation qui le visait et qu’il a laissé faire pour se poser plus facilement en victime. Et de s’exclamer au Palais de justice devant la presse réunie : « Sar kozy avait promis de me pendre à un croc de boucher, je vois que la promesse a été tenue. »

On comprend pour-

quoi la proclamation de son innocence a provoqué un sentiment de triomphe chez Dominique de Villepin. Bien entendu, tous les commenta-teurs songent à une candida-ture de Dominique de Villepin en 2012, qui est ardemment souhaitée par plusieurs milliers de militants et de sympathisants qui se récla-ment du général de Gaulle.

Une victoire serait cepen-dant difficile, car l’ancien Premier ministre ne dispose pas d’une organisation poli-tique et a peu de soutien parmi les élus. Mais en 1974 Valéry Giscard d’Estaing, appuyé par une structure souple, avait battu les gros bataillons gaullistes, socialistes et communistes et la campagne présidentielle voit souvent apparaître un troisième homme (Jean-Marie Le Pen, Jean-Pierre Chevènement, François Bayrou) qui peut gêner le principal candidat. Dominique de Villepin pour-rait jouer ce rôle car il ne manque pas d’atouts : son prestige d’ancien ministre des Affaires étrangères opposé à la guerre d’Irak et son expé-rience de chef de gouverne-ment pourraient lui rallier une fraction de la droite classique et nombre d’électeurs du centre qui n’apprécient pas le rapprochement entre François Bayrou et la gauche.

Dans ces conditions, le renvoi en appel du jugement de la 11e chambre correc-tionnelle ne saurait intimider celui qui se pose en victime d’un acharnement haineux. n

DOMINIQUE DE VILLEPIN

L'ancien Premier ministre ne dispose pas d'une organisation politique(

Le jugement qui prononce la relaxe de l’ancien Premier ministre rétablit l’affrontement entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy sur le terrain politique.

Le troisième homme

Page 5: france-catholique.fr FRANCE Catholique

ACTUALITÉ

Au début de chaque semestre, il était d'usage de présen-ter l'État-membre de l'Union euro-

péenne qui exercerait pendant six mois la présidence tour-nante du Conseil. Le traité de Lisbonne devait changer cette routine puisqu'il instaure une présidence permanente du Conseil des chefs d'État et de gouvernement. Le Conseil des ministres des Affaires étrangères était, lui aussi, présidé en permanence par la haut-représentante. Les deux personnalités avaient été rapidement désignées : M. Van Rompuy et Mme Ashton.

Mais le traité n'a pas pour autant supprimé la prési-dence tournante s'agissant des autres conseils réunis-sant les ministres techniques (transports, finances, etc.) Sauf qu'il y a entre les deux niveaux un conseil intermé-diaire, le Conseil des Affaires générales, qui prépare les Conseils des Chefs d'État et de gouvernement, et qui, lui, reste présidé par la présidence tournante, en l'occurrence l'Espagne. Il y a là un doublon, puisque Mme Ashton n'était pas à ce conseil présidé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Moratinos, à Ségovie. Ce conseil étant réuni lui aussi au niveau des ministres des Affaires étran-gères et souvent des ministres

chargés des Affaires euro-péennes, la question se pose qu'elle y assiste sans en avoir la présidence, alors qu'elle pourrait y figurer avec sa seconde casquette de vice-présidente de la Commission. Mais au fait où est passé le président de la Commission, M. Barroso ?

La difficulté se corse au niveau du service extérieur de l'Union. Normalement, la présidence tournante conti-nuait de s'y appliquer. Les ambassades d'Espagne se voient donc confier cette tâche. Sauf que, entre-temps, les délégations de la Commission européenne, dont le rôle se limitait à gérer les programmes de

coopération du Fonds euro-péen de développement, ont été rebaptisées ambassades de l'Union et, dans plusieurs pays, ont reçu mandat d'exer-cer la présidence tournante. Or les délégués/ambassa-deurs sont des purs techni-ciens nommés par la seule Commission européenne et ne

disposent pas des conseillers politiques propres à assu-mer ces nouvelles missions. L'idée est de panacher leur recrutement avec des diplo-mates nationaux des États-membres, mais cela mettra du temps. La nomination devrait ensuite être assurée directe-ment par Mme Ashton sous le contrôle du Conseil européen. Le risque est donc que le tech-

nique supplée le politique au prix d'une perte brutale de compétence et d'influence dans les relations extérieures de l'Union.

On aura conclu de ce qui précède que le cafouillage est à son comble à Bruxelles, à Madrid, mais aussi dans la représentation européenne dans tous les pays du monde. Il n'en faut pas plus pour que les grandes diplomaties nationales continuent d'oc-cuper le terrain. Les accords entre Paris, Berlin et Londres mènent le jeu sur le Yémen, l'Afghanistan, mais aussi sur le changement clima-tique ou la sortie de crise. L'Europe n'a pas su réagir à la crise haïtienne, sinon par la routine bureaucratique qui sait débloquer des fonds mais est dépourvue de vision poli-tique.

Comme on le savait depuis longtemps, les critères de distinction entre ce qui est technique et ce qui est poli-tique ne sont pas clairs et ne coïncident pas selon les acteurs. L'Espagne parve-nue à sa présidence cherche, comme tout un chacun, à la valoriser par des initiatives politiques dites majeures. Elle devrait au contraire montrer l'exemple de l'humilité et du jeu collectif. Il n'en est rien. La présidence suivante à compter du 1er juillet 2010 sera belge. On peut espérer que M. Van Rompuy saura la circonvenir. n

EUROPE

Le cafouillage est à son comble à Bruxelles,à Madrid, mais aussi dans tous les pays...

par Yves LA MARCK

)

La présidence tournante de l'Europe revient à l'Espagne, mais le traité de Lisbonne l'a réduite à un niveau technique. Il est difficile de savoir qui fait quoi.

L'auberge espagnole

FRANCECatholique n°3198 5 février 2010 5

Page 6: france-catholique.fr FRANCE Catholique

ACTUALITÉ

Les grands patrons et les financiers du monde entier réunis à Davos n'ont pas été à la fête car on leur

a demandé de changer vrai-ment afin que la crise - dont il faut espérer que nous sommes vraiment en train de sortir - ne se reproduise pas.

Nicolas Sarkozy a prononcé le 27 janvier un discours, qui, semble-t-il, n'a pas obtenu un franc succès auprès de ce public distingué. Moraliser le capitalisme pour le sauver, c'est un beau programme, mais qui appartient plus au langage des politiques qu'à celui des respon-sables directs de l'éco-nomie, en particulier les dirigeants du système bancaire. Certains ont peur que les États ne s'avisent de soumettre les flux financiers à trop de régulation. Et notre président n'est pas très bien entendu à Davos lorsqu'il déclare : « La mondialisation a engendré un monde où tout était donné au capitalisme financier, presque rien au travail, où l'entrepre-neur passait après le spécula-teur. » Ou encore : « Il y a des profits excessifs qui ne seront plus acceptés parce qu'ils sont

sans commune mesure avec la capacité à créer des richesses et des emplois. » Nous avons vu aux jour-naux télévisés que les réac-tions de l'auditoire étaient plutôt partagées, et que s'il y avait des applaudissements

polis, rares étaient ceux qui se levaient pour manifester leur approbation entière aux propos de notre président. C'est sans doute que les diri-geants de l'économie actuelle sont encore loin d'être persua-dés de la nécessité d'une mo ra lisation du capitalisme par une sérieuse reprise en main du système bancaire.

Au même moment, le pré sident Obama, comme dopé par la défaite de son parti dans une importante élection partielle au Massachussets, musclait son discours sur l'état de l'Union, et tenait à vrai dire un langage assez proche de

celui de Nicolas Sarkozy, mais devant un congrès enthou-siaste, lui, et se levant sans cesse pour applaudir. Car c'est l'habitude à cette occasion où l'Amérique aime montrer sa cohésion nationale. Pour compléter le tableau international, il faudrait aussi évo quer le rassemblement des alter-mondialistes à Porto

Alegre, avec le président Lula, qui a encouragé les militants à passer à l'action. Pourtant le même homme, qui s'était promis d'aller à Davos, avant d'y renoncer pour raison de santé, aurait-il été mieux reçu et compris que notre président ? Il aurait été sans doute plus sévère encore. N'a-t-il pas accusé, à Porto Alegre, le monde développé d'être responsable de la misère

d'Haïti : « Ce tremblement de terre va peut-être mettre mal à l'aise les gouver-nants de cette planète et permettre de faire ce qu'il aurait fallu faire il y a 40 ou seulement 10 ans. » Décidément, l'heure est venue d'une grande expli-cation mondiale. Mais débouchera-t-elle sur de vraies dé cisions et un chan-gement réel du monde ? Certains commentateurs ont fait remarquer que si la Grande-Bretagne avait décidé de taxer sérieuse-ment les bonus des traders, si la Hollande a obligé les banques à limiter la part variable des revenus des

mêmes traders pour les inciter à prendre moins de risques, si l'Allemagne semble en pointe dans la lutte contre les paradis fiscaux, sur tous ces points la France est restée encore très en retrait, que ce soit dans sa propre législation ou dans les discussions européennes. On sent bien que la période actuelle est une période de flottement. Or c'est ce que les marchés financiers craignent le plus. n

DAVOS

Les dirigeants de l'économie actuelle sont encore loin d'être persuadés(

par Gérard LECLERC

Du discours aux actesLe 40e Forum économique de Davos a été, du 27 au 31 janvier, la tribune de tous ceux dont on attend qu'ils prennent des décisions, mais qui semblent en retarder le moment…

6 FRANCECatholique n°3198 5 février 2010

Page 7: france-catholique.fr FRANCE Catholique

ACTUALITÉ

Nicolas sarkozy a tenu à se rendre dans l e ca r r é m u s u l m a n d e l'im pressionnant

cimetière militaire de Notre-Dame de Lorette en Artois, pour rendre hommage à ces soldats qui ont donné leur vie pour la patrie, et dont la France tient à garder fidè-lement la mémoire. Cet hom mage était d'autant plus attendu que, par trois fois, en 2007 et 2008, ce carré musul-man a été profané avec des inscriptions abjectes et des croix gammées. Le Président a rendu hom -mage non seulement aux 70 000 musulmans tombés à Verdun, mais aussi à ceux « de 1939-1945, de la guerre d’Indochine et de la guerre d’Al gérie ». Et son discours commençait par un hommage à un musulman tombé récem-ment en Afghanistan : « Il s’appelait Harouna Diop, il avait 40 ans, il était père de 6 enfants. Maréchal des logis chef au 517e régiment du train de Châteauroux, il est tombé au champ d’honneur le 13 janvier dernier. » Les musulmans de notre pays avaient bien droit à cet hommage, d'autant que beaucoup ont eu le senti-ment d'être stigmatisés ces dernières semaines dans le débat sur l'identité nationale et les réactions qui ont suivi

la votation suisse contre la construction des minarets. De l'intervention présidentielle, j'ai particulièrement retenu ce qui a été dit sur la laïcité, qui a donné lieu à une nouvelle

définition, et qui risque de provoquer quelques remous : « Notre pays, a dit Nicolas Sarkozy, pour avoir connu non seulement les guerres de religion, mais aussi les luttes fratricides d'un anti-cléricalisme d'État, ne peut pas laisser stigmatiser les citoyens musulmans. Je ne laisserai personne entraîner notre pays sur la voie de ces régressions. »

Ce simple passage de l'al-locution présidentielle récla-merait un long commentaire. L'allusion aux guerres de religion est intéressante. Le théologien américain William Cavanaugh, a montré qu'il

s'agissait de conflits où le politique et le religieux étaient inextricablement mêlés. Ce qui va contre nos idées reçues. C'est pourtant l'allusion aux « luttes fratricides d'un anti-

cléricalisme d'État » qui risque de faire le plus de vagues. Certains l'admettront diffici-lement. Et pourtant, il s'agit bien d'une réalité historique et d'une tendance qui a toujours confondu ce qu'Émile Poulat appelle « notre laïcité publique » avec une idéologie laïciste, de type rationaliste et à teneur foncièrement anti-religieuse. Il est sûr que nos amis musulmans ne peuvent éprouver que de l'inquiétude à l'égard d'une laïcité qui n'aurait pas rompu avec ce laïcisme. Et Nicolas Sarkozy est fidèle à lui-même en rappelant que la laïcité c'est à la fois l'autonomie de l'État

par rapport au religieux mais aussi la garantie de la liberté de conscience et de la liberté de culte par la puissance publique.

Reste la question de l'is-lam. Je ne peux la traiter en quelques phrases, sauf à rappeler cette idée simple. La France n'a pas attendu la période récente pour s'in-téresser à cette religion. La troisième République s'ho-norait même d'être « une puissance musulmane ». Il semble qu'il y ait eu depuis lors des difficultés d'un type inédit, qui tiennent peut-être parfois à la tonalité que l'on pourrait appeler une certaine « civilisation des mœurs » pour reprendre l'expression de Norbert Élias. Mais il y a aussi, il faut bien le recon-naître, un réel durcissement que l'on a peut-être mis trop en évidence avec l'affaire de la burka. Que ce voile, qui cache entièrement le visage, choque, c'est une évidence. Mais je dirais que cela choque aussi notre conception spiri-tuelle de la personne et du caractère privilégié du visage pour la reconnaissance de l'autre. Il ne faudrait pas qu'à partir de là, d'une pratique ultra-minoritaire, on déve-loppe une phobie du religieux. En tant que chrétiens, nous avons avec les musulmans des valeurs à partager, qui nous situent dans un autre espace. n

SOCIÉTÉ

Les musulmans de notre pays avaient bien droit à cet hommage )

par Gérard LECLERC

Musulmans de France

FRANCECatholique n°3198 5 février 2010 7

Le 26 janvier, le président de la République a rendu hommage à tous les soldats musulmans morts pour la France, dans un discours particulièrement bienvenu.

Nicolas sarkozy dans le carré musulmandu cimetière militaire de Notre-Dame de Lorette.

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ACTUALITÉ

Da n s l ' é m o t i o n col ­lect ive ­ qui­n o u s ­ é t r e i n t­depuis­ le­ trem-blement­de­terre­

du­ 12­ janvier­ 2010,­ une­évidence­émerge­de­tous­ces­décombres­:­la­foi­d’Haïti.­À­entendre­ les­radios­et­télé-visions­ hexagonales­ peu­suspectes­de­bienveillance­pour­ la­pratique­religieuse,­c’est­tout­un­peuple­qui­prie.­À­ chaque­ extraction­ d’un­survivant,­événement­joyeux­qui­se­raréfie­au­fil­des­jours,­les­ reporters­ ne­ sont­ pas­avares­du­mot­ «­miracle­»,­pris­dans­son­sens­plein.

D’ailleurs,­ on­ constate­souvent­que­ces­miraculés­prient­à­la­vue­de­la­lumière­du­ jour­ et­ qu’ils­ ont­ prié­durant­ leur­ ensevelisse-ment.­De­ tout­ leur­peuple,­ils­ sont­ comme­ les­ signes­d’espoir,­ la­promesse­d’un­renouveau.­ Plus­ le­ temps­avance,­et­plus­on­croirait­leurs­silhouettes­amaigries­surgies­du­tombeau.

Naturellement­le­nombre­de­ces­ «­miraculés­»­est­en­proportion­ de­ celui­ des­victimes.­Mais­avouons­que­leur­destin­nous­console­de­notre­peine­ trop­ lointaine­et­ presqu’impuissante.­On­dit­ qu’il­ faut­ des­ images­de­ sauveteurs,­ de­ sauve-

tages­ et­ de­ rescapés­ pour­panser­ le­ traumatisme­que­la­vision­trop­crue­de­catas-trophes­peut­induire­chez­les­enfants.­C’est­donc­que­nos­cœurs­d’enfants­ont­besoin­de­signes­de­vie.

P s y c h i a t r e ­ s p é c i a -lisé­dans­ les­catastrophes,­Christian­Navarre­explique­

carrément­que­la­Foi­aide­les­personnes­privées­d’eau­ou­de­nourriture­à­rester­en­vie,­au-delà­de­ce­qui­semblait­médicalement­possible.

Plus­ de­ la­ moitié­ des­Haïtiens­ sont­ catholiques­et­près­de­30%­protestants.­

Pour­ le­docteur­Navarre­ le­fait­ que­ ce­ peuple­ soit­ si­croyant­ est­ désormais­ un­«­ressort­»­pour­reconstruire­le­pays.

Les ­ journa l i s tes ­ du­monde­entier­et­notamment­français­affichent­ainsi­leur­stupéfaction­ devant­ les­immenses­ rassemblements­

de­ prière­ qui­ continuent­d’animer­Haïti­aux­abords­des­églises­en­ruine.­Alors­que­la­souffrance­ innocente­ est­si­ souvent­avancée­comme­preuve­de­ l’inexistence­de­Dieu,­ou­de­son­absence­de­bonté,­ les­Haïtiens­torturés­

le­louent­pour­avoir­survécu,­lui­confient­leurs­disparus,­et­lui­demandent­son­aide.

B i e n ­ s û r , ­ p a r e i l l e­ca­tastrophe­ humanitaire­provoque­ à­ la­ fois­ de­ la­générosité­ désintéressée,­qu’elle­soit­ou­non­animée­par­la­Foi,­et­des­entreprises­peut-être­moins­honorables.­Les­ sectes­ont­ tendance­à­«­prospérer­ sur­ la­misère­»­selon­l’expression­d’un­prêtre­catholique­œuvrant­dans­un­

bidonville­de­Port-au-Prince.­Les­ médias­ français­ se­montrent­surtout­critiques­depuis­qu’ils­ont­vu­atter-rir­à­Haïti,­dans­son­Boeing­privé,­ le­scientologue­John­Travolta.­ L’acteur­est­venu­épauler­ses­coreligionnaires­en­T-shirt­jaunes­dénommés­«­ministres­volontaires­».­On­les­dit­adeptes­de­procédés­

hAïTI

Le fait que ce peuple soit si croyant est un ressort pour reconstruire(

Un peuple entier en pr ièreQuand un peuple éprouvé donne une magnifique leçon d'espérance à ceux qui sont venus à son secours.

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Parmi les priorités­ de­l’Aide­ à­ l'Église­ en­Détresse­ figurent­ la­

formation­des­séminaristes,­la­ construction­–­et­ ici­ la­reconstruction­–­d’églises,­de­couvents­mais­aussi­ la­présence­ de­ l’Église­ dans­les­ médias,­ notamment­les­ radios­ chrétiennes.­ La­possibilité­ pour­ l’Église­d’être­ présente­ sur­ les­ondes­est­souvent­une­occa-sion­unique­pour­annoncer­l’Évangile­ et­ souder­ des­communautés­parfois­éloi-gnées­et­isolées.­Ces­radios­

ont­souvent­également­un­rôle­ social­ en­ plus­ de­ la­dimension­catéchétique­en­permettant­aux­populations­les­plus­pauvres­d’avoir­des­informations­utiles­qui­ les­aident­au­quotidien.

À­ Port-au-Prince,­ la­radio­ diocésaine,­ Radio­Soleil,­ a­ été­ dévastée­ par­le­séisme.­Une­des­priorités­de­ la­ reconstruction­ pour­l’Église­est­d’avoir­accès­à­nouveau­à­ce­support,­d’au-tant­plus­indispensable­que­la­circulation­des­ informa-tions­est­aujourd’hui­rendue­

quasi­impossible­du­fait­de­la­destruction­générale­qui­a­eu­lieu.­La­relance­de­Radio­Soleil­ est­ d’autant­ plus­urgente­que­les­fidèles­cher-chent­aujourd’hui­ce­soutien­spirituel­que­la­radio­pouvait­leur­apporter.

C’est­ pourquoi,­ avec­Radio­ Notre­ Dame­ (Paris)­et­ le­ Secours­ Catholique,­l’AED­a­décidé­de­lancer­une­opération­de­collecte­pour­permettre­ à­ Radio­ Soleil­d’émettre­à­nouveau­et­au­plus­vite.­Il­faut­reconstruire­les­ locaux,­ rééquiper­ les­studios­et­former­une­partie­du­personnel,­trois­personnes­de­ la­ radio­étant­décédées­lors­du­séisme.­L’objectif­est­de­réunir­50­000­euros­dans­les­plus­brefs­délais.­Vous­pouvez­ envoyer­ vos­ dons­à­:­AED,­29­ rue­du­Louvre,­78750­ Mareil-Marly­ ou­nous­retrouver­sur­notre­site­www.aed-france.org

Marc FROMAGERDirecteur de l'AED - France

Un peuple entier en pr ière

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d’assistance­par­ le­ toucher­qui­choquent­ les­médecins­d’urgence.­Faut-il­alimenter­la­critique­d’une­Amérique­prosélyte­ et­ fondamenta-liste,­ sautant­sur­ le­drame­humanitaire­ avec­ comme­laissez-passer­une­imparable­pluie­ de­ dollars­?­ Difficile­de­mesurer­ la­ part­ que­ le­laïcisme­français­prend­dans­ces­analyses.­ Les­missions­protestantes­ évangéliques­des­États-Unis­sont­flexibles­et­vite­mobilisables­pour­les­actions­d’aide­humanitaire.­Plusieurs­de­ leurs­équipes,­en­arrivant­avant­certains­sauveteurs­commandités­par­les­ États­ auraient­ simple-ment­montré­leur­efficacité.

Quoi­qu’il­en­soit,­ce­n’est­pas­ la­première­ fois­qu’au­milieu­des­épreuves­rayonne­la­foi­populaire­et­jaillissent­des­trésors­de­charité­tandis­que­le­désir­de­vivre­confirme­son­ caractère­ d’impulsion­naturelle.­C’est­plutôt­rassu-rant.

Tugdual­DERVILLE

Témoignage de l’évêque des Cayes, Mgr Guire Poulard

« Notre désolation actuelle n’est pas une malédiction de Dieu, c’est simplement un désastre naturel. L’Esprit-Saint nous vient vraiment en aide dans ces temps difficiles ! Nous faisons face à une épreuve terrible : des gens sont morts, d’autres sont portés disparus, des maisons se sont écroulées, de très nombreux bâti-ments d’Église se sont effondrés. Mais nous sommes là, nous sommes vivants. Le flambeau de l’espoir a été allumé ! Travaillons ensemble pour rebâtir Haïti ! »

Projet haïti : relancer Radio Soleil !

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Le Laos est, selon la plupart des guides touristiques, l’un des pays les mieux pré-servés de l’Asie du Sud-Est. Il possède en effet tout le charme bucolique d’une carte postale, pour ceux qui se contentent des

sentiers balisés pour touristes.Il y a eu, 4 ou 5 ans en arrière, un reportage

d’Envoyé spécial qui avait fait grand bruit. Deux journalistes de France 2 avaient pénétré dans la jungle, se faufilant entre les mines, pour inter-viewer des tribus Hmongs aux abois, cernées par les armées vietnamienne et laotienne, massacrées dans l’indifférence générale. Le gouvernement laotien a dénoncé « un reportage monté de toutes pièces », relayé par l’ambassadeur de France au Laos de l’époque. Ceci résume bien ce qui a lieu dans ce pays, où des choses impensables sont passées sous silence par la communauté interna-tionale par échange de bons procédés.

Le virage politique du pays s’est négocié peu avant 1975. Depuis 1962, le pays est divi-sé entre les forces anticommunistes du roi Savang Vatthana (soutenu par les USA) au sud et celles du Pathet Lao au nord. En dépit d’un accord sti-pulant le retrait bilatéral des troupes du Laos, l’ar-mée Nord-vietnamienne ne se retirera jamais, et la CIA entreprit des actions clandestines, à l’aide notamment de tribus montagnardes : les Hmongs.

Le 2 décembre 1975, le roi Savang Vatthana abdique. Le roi, la reine ainsi que le jeune pré-tendant au trône seront envoyés en « camps de rééducation » où personne n’entendra plus jamais parler d’eux. 400 000 Laotiens fuient le nou-veau régime, soit 10 % de la population. Parmi ceux qui ont choisi de rester en écoutant les promesses de paix des communistes, 100 000 prennent la direction des fameux camps pour subir des séances de « rééducation politique ». Plus de 30 000, fonctionnaires du gouvernement royal, chrétiens, « capitalistes » ou « anticommu-nistes avérés » seront exécutés ou succomberont

aux mauvais traitements et à la torture infligés aux « traîtres ».

Quant aux Hmongs , abandonnés par la CIA, ils subiront la vengeance du Pathet Lao qui décidera de les affamer et de les détruire dans leur jungle. Depuis plus de 40 ans, ils sont traqués sans distinc-tion d’âge ou de sexe.

Après l’ouverture du pays au tourisme, en 1998, les symboles communistes ont disparu de l’emblème national, pour faciliter le passage de marteau entre communisme et socialisme.

Néanmoins, le Parti révolutionnaire populaire lao est toujours le seul parti légal. Les seules élections autorisées sont celles de Miss Lao.

Article 3 de la Constitution du 15 août 1991 : « Le droit du peuple d'être maître de la Patrie pluriethnique est exercé et garanti par le fonc-tionnement du système politique dont le Parti populaire révolutionnaire lao constitue le noyau dirigeant. »

Le monopole du Pathet Lao est en contradic-tion avec les valeurs démocratiques et les conven-tions internationales que le parti au pouvoir a signées, en décembre 2000, sans aller, il est vrai, jusqu'à les faire ratifier.

VOYAGES

Un de nos amis revient d'un voyage au Laos et nous écrit : « La mondialisation, les dépendances économiques qu’elle crée, sont une garantie de survie pour tous les tyrans du monde. Même les grands s’écrasent et se taisent ! Messieurs les complices silencieux, américains, français et représentants d’autres "grands pays", grâce à vous, les tyrans ont encore du bon temps devant eux ! » Nous lui avons demandé de nous raconter ses impressions de voyage qui justifient sa colère...

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Le Laos entre rêve et réalitéINDOCHINE

Faciliter lepassage de marteau entre le

communisme et le socialisme

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ÉconomieDepuis de nombreuses années, le Laos fait du

surplace dans le peloton de queue des pays les plus pauvres du monde. Et si, depuis 1975, les promesses de liberté et d’opulence se sont réali-sées, c’est au profit des seuls apparatchiks.

Pour résoudre le « problème de la pauvre-té », les membres du gouvernement se réunissent régulièrement dans les salles de l’hôtel Don Chan

Palace de Vientiane. Ce haut lieu du blanchiment d’argent et de prostitution accueille des sémi-naires sur plusieurs jours où l'on débat des causes et conséquences de la pauvreté, et des moyens d’y remédier. En novembre dernier lors d’une nouvelle réunion de ce type, l’idée que la popu-lation pauvre des provinces reculées manquait d’informations quant aux moyens de se sortir de la pauvreté a jailli du débat. Une proposition a été finalement avancée, celle d’ « équiper les villages les plus pauvres de hauts-parleurs pour informer

Le Laos entre rêve et réalitépar Serge LAHAUT

La religion officielle du pays est le

bouddhismetheravada

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Procession des moines pour recevoir l'offrande

quotidienne, chaque matin à 6h30, Luang Prabang.

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les populations » (article d’un numéro du journal Le Rénovateur de novembre 2009).

Le gouvernement du Laos s’est donc fixé comme objectif de sortir de la pauvreté d’ici 2011-2020. Pour cela, il a trouvé un moyen simple : l’État est ouvert à tous les investisse-ments en provenance de l’étranger pour l’aider à exploiter ses ressources naturelles. Le Laos possède le plus grand potentiel hydro-électrique de la région ainsi que de nombreuses autres res-sources forestières ou minières.

La Thaïlande, la Chine et le Vietnam sont les principaux investisseurs. Ce dernier aide aussi à la construction de ponts et de routes, ainsi qu’aux massacres réguliers de populations Hmongs réfugiées dans le nord et dans la zone spéciale de Saysomboune.

La gestion des exploitations et des nom-breux barrages en construction étant totalement dévolue aux investisseurs, le bénéfice final est plutôt mince : récolté par l’État, il est réinves-ti dans l’achat de villas démesurées et de 4X4 flambants neufs pour les bienheureux membres des ministères concernés qui n’hésitent plus à vendre leur pays au plus offrant. Plusieurs familles dans le sud du pays se sont ainsi vu confisquer leurs rizières au profit d’hommes d’affaires vietnamiens, qui se sont empressés de les assécher pour y faire fleurir des planta-tions d’hévéa. Un journaliste du Vientiane Times a recueilli les témoignages des ex-habitants, qui lui ont expliqué que s’ils étaient pauvres auparavant, désormais c’était la misère. La rédaction de cette interview a valu au jour-naliste d’être renvoyé du journal pour « propos antipatriotiques ».

Du 9 au 18 décembre 2009 ont eu lieu les « Sea Games », qui ont monopolisé des semaines durant toutes les attentions des autorités. Ces « jeux olympiques » asiatiques se déroulaient pour la première fois au Laos. Souhaitant faire bonne figure, l’État a frappé fort. Arrestations en masse, démenti du gouvernement suivi du vote d’une loi stipulant que « les jeunes ont interdiction de se réunir en groupe dans l’intention de fomenter des manifestations contre le gouvernement de la RDP lao », police présente à tous les carrefours, l’armée appelée en renfort dans la capitale, mise en place d’un couvre-feu dans tout le pays... La population

en souffre d’autant plus que les fonctionnaires de police arrêtent fréquemment les usagers de la route pour les racketter. La distinction entre gen-darmes et voleurs est difficile au Laos, c’est pour cela que certains portent un uniforme...

De nombreux athlètes ont décidé de loger en Thaïlande, toute proche, pour éviter d’être impor-tunés par les milices des quartiers de Vientiane, armées de kalachnikovs et d’AK 47, parfois pas bien âgés, qui vous intiment férocement l’ordre de rejoindre votre domicile si jamais il vous prenait l’envie de vous promener dehors après extinction des feux.

Le gouvernement craignait que les minorités Hmongs, à qui personne ne porte attention, ne profitent de l’occasion pour faire éclater leur cause aux yeux du monde asiatique qui se pres-sait aux portes de la capitale. D’ailleurs, le nouvel an Hmong qui devait avoir lieu le 17 novembre dernier, avait été repoussé arbitrairement au 17 décembre pour les Hmongs habitant Vien tiane et sa province, « pour ne pas troubler les préparatifs des Jeux ».

À cette occasion, la Chine a généreusement offert son aide pour construire un stade de 20 000 places afin d’accueillir les épreuves notam-ment de football, en échange de la concession d’un terrain de 1640 hectares proche du That Luang, temple symbole du pays, à proxi-mité du centre-ville. Le projet consiste ni plus ni moins dans la construction d’une nouvelle ville, comprenant des zones résiden-tielles, industrielles et commer-ciales, sous contrôle d’une com-pagnie chinoise et réservée à la population chinoise de Vientiane. Un journaliste laotien a récemment interviewé la population locale qui a été expulsée de ce site. Suite à cet article, l’armée a fait une des-cente dans les locaux du Vientiane Times pour une matinée de vérifi-cations et d’interrogatoires.

Le seul problème, c’est que le stade aurait été fabriqué à la « made in China ». Les plus opti-mistes lui donnent 5 ans avant de

s’écrouler. Depuis que tout le monde est au cou-rant de ce problème, le gouvernement cherche une porte de sortie, et pourrait profiter de la mauvaise qualité du stade pour se rétracter.

Somsavat Lengsavat, responsable de l’organi-sation des Jeux, a démenti ces rumeurs, assurant

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L'État sedésengage totalement

de sesresponsabilités

vis-à-visde la

population

VOYAGES

Jeunes montagnardes en costume de fête pour le nouvel an Hmong, tribu rencontrée à Vang Vieng, entre Vientiane et Luang Prabang.

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que « n’importe qui ayant les moyens pourra habiter dans la nouvelle ville et qu’il n’y aura aucune discrimination parmi les acheteurs ». Les Laotiens auront difficilement la possibilité d’acquérir des habitations dignes de ce nom, en dehors de ceux qui ont la chance de travailler dans les arcanes gouvernementales ou à des postes juteux tels que la police, les douanes ou les ministères à grosses rentrées comme l’écono-mie, le commerce ou celui du plan et de l’inves-tissement.

Système éducatifLe budget consacré à l'éducation est très

faible. Les écoles manquent de tout, et quoi qu’il advienne, il ne présente aucun intérêt pour le gouvernement de participer à la construction ou à l’équipement des écoles, puisque pléthore d’ONG s’empressent de sillonner le pays et de se substituer à l’État. Un journaliste laotien m’a dit un jour qu’il avait honte de son pays, parce qu’à chaque nouveau bâtiment, chaque route, école, stade ou nouveau barrage, ce sont toujours les pays étrangers qui sont à l’œuvre, d’abord parce qu’ils refusent désormais de donner de l’argent au gouvernement qui détourne tout, et ensuite parce que l’État se désengage totalement de ses responsabilités vis-à-vis de la population. Où passe donc tout l’argent des Nations Unies, des ONG, de l’aide internationale, les revenus du tou-risme ? Mais ce n’est pas complètement exact. Il

y a, à 30 km de Vientiane, un chantier immense qui a nécessité un effort de plus de 20 millions de dollars de la part du gouvernement, sans aucun sponsor extérieur. Il s’agit d’un gigantesque cime-tière militaire. L’État se désintéresse des popula-tions qui sont en train de mourir faute de soutien, pour honorer ceux qui sont déjà morts.

Si de nombreuses écoles privées fleurissent à Vientiane, dont la présence pourrait paraître contradictoire dans un pays communiste, l’ac-cès à l’école publique pour les ethnies monta-gnardes est souvent difficile, par manque de moyens financiers ou de routes carrossables. De toute façon, les écoles disponibles pour les mino-rités ne dispensent que des enseignements en langue lao, toute tentative de proposer des cours dans une autre langue n’est ni permise ni tolérée. Le recours à d'autres langues peut être perçu comme une provocation ou un abus de pouvoir destiné à « falsifier la politique du Parti et de l’État » (art. 59 de la constitution) ou à « propa-ger de fausses nouvelles […] visant à affaiblir le pouvoir de l'État ».

Dans certaines provinces, on estime que seu-lement 30 % des enfants sont scolarisés.

Au Laos, le système éducatif comprend un enseignement primaire (cycle de cinq ans) et un enseignement secondaire (collèges et lycées) répartis sur deux cycles de respectivement quatre et trois ans chacun. Récemment, le gouvernement a trouvé une solution lumineuse pour augmenter le niveau scolaire particulièrement faible de ses élèves : il a décidé d’ajouter une année au cycle

Lesfonctionnaires

de policearrêtent

fréquemmentles usagers de la route

pour lesracketter

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14 FRANCECatholique n°3198 5 février 2010

du collège, le faisant passer de 3 à 4 ans. Le taux d'abandon scolaire est d'environ

25%, le taux de réussite aux examens d'un tiers, sachant que l’on peut être parfaitement incom-pétent et passer tous ses diplômes en offrant des « cadeaux » aux examinateurs alors que de nom-breux jeunes brillants échouent faute de moyens pour soudoyer le jury.

Hmongs Les forces armées du Laos attaquent réguliè-

rement les villages des Hmongs encla-vés dans les montagnes de la région spéciale de Saysomboune, massacrant hommes, femmes et enfants, avec, cependant, le maximum de discrétion possible. Plusieurs milliers de Hmongs réfugiés en Thaïlande ont été récem-ment rapatriés de force, en violation des engagements internationaux de la Thaïlande. Le Haut Commissariat aux réfugiés a protesté, en vain. Une grande partie d’entre eux est passée par un centre de transit situé à Paksan, dans le centre du pays. Selon la presse gouvernementale, les autorités les ont « rééduquées », en leur enseignant les principes idéologiques du Parti com-muniste. Les autorités se sont oppo-sées à la présence d’observateurs indépendants. Quatre personnes au moins ont été arbitrairement arrêtées à leur retour au Laos. Elles auraient été incarcérées, sans inculpation, dans une prison de la province d’Attapeu. Le nombre réel d’arrestations de rapatriés est inconnu, et on ne compte plus le nombre de

ceux qui ont disparu entre Thaïlande et Laos. La « zone spéciale » de Saysomboune est dévolue à de grands projets hydro-électriques, le massacre des derniers survivants hmongs s’intensifie avec le soutien de l’armée vietnamienne afin de « net-toyer » la zone au plus vite.

MédiasTous les médias laotiens sont sous contrôle du

Parti unique. Souvent les articles de la presse en langue lao se ressemblent d’un journal à l’autre, tandis que les deux quotidiens de « la presse en langue étrangère », le Vientiane Times (en anglais) et Le Rénovateur (en français, cofinancé par la France) se contentent de traduire la presse lao ou de quelques reportages sans grand intérêt. Ces journaux s’autocensurent sévèrement.

Tous les journalistes laotiens sont des employés du ministère de l’Information et de la Culture. Il est interdit de critiquer la politique du Parti, ainsi que les pays amis du Laos, à savoir les gouvernements de Birmanie, de Chine, de Corée du Nord, du Vietnam et de Cuba.

L’article 3 de la Loi sur la presse (2000) sti-pule qu’« il est interdit aux groupes ou aux indivi-duels de se servir de leur droit d’expression pour parler ou écrire en public contre les intérêts de

l’État ». L’article 4 exige de la presse

d'« informer, faire la propagande, défendre la ligne et la politique du Parti, les lois de l’État ».

L’article 13 demande aux associations de journalistes d'« être solidaires dans leurs profes-sions pour servir la politique du Parti ».

L’article 24 interdit aux jour-nalistes de « critiquer et attaquer la RDP lao ».

Depuis le 24 octobre 2000, le Comité national de l’Internet du Laos a décrété : « Il est interdit à tout individu, toute organisa-tion, toute société au Laos de mentir, de décevoir, ou de per-suader les gens à l’intérieur ou à l’extérieur du Laos en vue de pro-tester contre le Parti populaire révolutionnaire lao et contre le gouvernement du Laos […] sous peine d’amende, de rééducation,

d’expulsion ou de condamnation selon la loi de la République démocratique populaire lao ».

Tous les médias sont

sous contrôle du Parti

Un stade construit par les Chinois.

What à Luang Praband, en début de soirée.

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Depuis le mois d'octobre 2000, les communi-cations par Internet sont régulièrement contrôlées par le gouvernement; avec l’aide de la Chine qui a offert au Laos sa forte expérience en la matière.

Un journaliste qui fait une « faute idéolo-gique » ou publie un article contraire à « l’har-monie politique », reçoit, suivant l’importance de l’erreur, un coup de téléphone, un blâme ou il est purement et simplement renvoyé... Un journaliste qui travaille en province et qui fait une faute grave ne recevra pas un blâme mais une balle dans la tête !

Religions

À l’issue d’une réunion sur les droits de l’homme au mois d’octobre dernier, le Laos s’est engagé à « favoriser la liberté religieuse et les religions autres que le bouddhisme tout en veillant à éradiquer les pratiques animistes »… ou quand la politique à deux faces s’écrase sur un seul et même document.

La religion officielle du pays est le boudd-hisme theravada, les chrétiens sont très peu représentés (0,7 %). Les peuples montagnards sont en général animistes, mais pratiquent parfois aussi le bouddhisme. Les bouddhistes sont les plus nombreux (57,8 %) , devant les adeptes des r e l ig ions t r adit ion-nelles (33,6 %). L'islam (0,07 %) a très peu de fidèles.

Le ministère laotien de l’Intérieur, à tra-vers le Front lao pour la construction natio-nale (FLCN) , encadre les moines bouddhistes. Depuis avril 1998, les moines doivent étudier le marxisme-léninisme, envoyer des rapports h e b d o m a d a i r e s a u ministère de l’Intérieur, obéir aux directives du Parti et de l’État et enseignent un « bouddhisme revu et corrigé » par le FLCN.

Les moines ont néanmoins le droit de conti-nuer à porter des robes de couleur orange, le gou-vernement n’étant pas à une nuance près.

Malgré les différentes déclarations officielles des autorités laotiennes, la pratique du christia-

nisme et des autres religions est difficile, voire impossible dans certaines provinces, sauf pour la Lao Evangelical Church et l’église adventiste du Septième-Jour qui ont choisi de faire allé-geance au Parti populaire révolutionnaire lao. L'État interdit de distribuer des documents reli-gieux, autres que les documents bouddhiques approuvés par le gouvernement. Les contreve-nants sont arrêtés et condamnés « pour incita-tion aux troubles sociaux et atteinte à la sécu-rité nationale ».

Il est plus aisé d’être chrétien dans la capi-tale que dans le reste du pays. Les habitants de Vientiane ont la chance d’avoir conservé une église, les 6 autres ayant été confisquées lors de la « libération » en 1975, il en est de même pour les écoles et autres bâtiments qui leur apparte-naient.

Mais si le discours du gouvernement a ten-dance à s’assouplir dans la forme, il en est tout autrement dans les faits, pour une raison toute simple. Le pays lui échappe complètement. Mise à part la province de Vientiane, les trois autres grandes provinces sont contrôlées par les familles d’anciens révolutionnaires et sont, de fait, intouchables. L’État s’est tiré une balle dans le pied en surprotégeant le Parti. Ainsi, lorsque des lois sont promulguées à Vientiane, elles passent dans le reste du pays suivant l’hu-

meur de chaque gou-verneur. Par exemple, l’évêque de Vientiane est libre de ses mou-vements, tandis que c e lu i de L ouang Phabang est inter-dit de séjour dans la province du même nom, et doit, à cha-cune de ses visites, aller se signaler à l’autorité de police et signer un registre, précisant la durée et le but de son séjour. Il n’existe pas d’église dans cette ville, et il est interdit d’y dire la messe. À Vientiane

encore, deux villages se sont convertis au catho-licisme l’an passé, pour un total d’environ 300 personnes. Du côté des provinces du sud, 30 familles de la province de Savannakhet se sont converties au catholicisme en début d’année. Elles ont été jetées en prison pour 3 semaines. Dans cette région, on ne se convertit pas.

Le Laos s'est engagé « à favoriser

la liberté reli-gieuse... tout en veillant à éradiquer les pratiques animistes »

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VOYAGES

Maison flottante sur l'île de Don Thôn au sud Laos.

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Le 8 septembre, la police et les autorités locales ont arrêté un enseignant de la province de Champassak, dans le sud, parce qu’il s’était converti au christianisme. Placé dans un « centre de rééducation », il a été informé qu’il ne serait libéré que s’il abjurait. Finalement relâché au bout d’une semaine à la suite de l’intervention des autorités provinciales, il a pu reprendre son travail d’enseignant, mais a été menacé d’une nouvelle arrestation s’il persistait à pratiquer sa religion.

La représentante des Nations Unies pour la liberté religieuse est venue au Laos trois semaines récemment pour faire un état des lieux de la situation religieuse. Malgré un court séjour, elle s’est quand même rendu compte de plusieurs contradictions, notam-ment lors de sa visite de certaines prisons du Laos. Elle n’a pas été autorisée à s’entretenir en privé avec les pri-sonniers, était toujours accompagnée par des membres du Parti et elle s’est notamment rendu compte que la peur se lisait sur tous les visages des prisonniers qu’elle avait croisés. Ce rapport sera bientôt rendu public.

Mais ce sombre tableau du Laos a, lui aussi, une autre facette. Le gouvernement craint plus que tout de perdre sa principale source de reve-nus, à savoir les soutiens financiers apportés par les ONG et l’aide internationale. Le pays est sous perfusion, ce qui donne de fait un certain droit de regard à la communauté internationale dans les affaires internes du pays. Disons que le gouver-nement a tendance à aller dans le sens des ONG, non par amour de la vertu mais par amour de l’ar-gent. Se sentant surveillé de près, il ne peut pas se permettre de trop grands écarts de conduite, du moins pas dans la province privilégiée de Vientiane.

Si les catholiques souffrent beaucoup de l’amalgame fait par le gouvernement avec les églises évangélistes, les dirigeants des commu-nautés ne perdent pas espoir, même ceux qui ont passé des années dans ces fameux « camps de rééducation ». Au contraire, même seuls et isolés

comme dans la province du nord, même en butte à l’hostilité des autorités provinciales comme dans le sud, ils continuent de garder espoir. Et certes, il y a des avancées. Même si ces avan-cées manquent de sincérité et sont plus faites pour offrir une image avantageuse des autori-tés, elles ont l’avantage d’exister. En août 2008, un membre du politburo a demandé au clergé local de rassembler tous les fidèles dans l’église de Vientiane pour une « réunion politique ». Les

gens n’avaient pas le choix. La peur les forçait à obtempé-rer. Le lendemain dans le Vientiane Times, les gros titres ann o n ç a i en t : « L e p o l i t b u r o répond favorable-ment à l’invitation de l’Église. » Pour l’image, certes. Mais cela signif ie que, peut-être, l’idée que se font les membres du politburo de l’Église du Laos est en train de chan-ger. L’Église devient « fréquentable ». Parce que les catho-l ique s font de s efforts pour vivre leur foi et témoigner

de leur volonté de considérer l’autre comme un frère, malgré tout. Ils ont longtemps souffert des comparaisons avec la CIA ou avec des évangé-listes un peu trop portés sur l’évangélisation à coups de dollars.

Mais peut-être cela est-il en train de changer. De nombreux foyers d’étudiants sont tenus par les « amantes de la croix », organisme religieux fondé en 1670 par les MEP (Missions Étrangères de Paris), qui accueillent sans distinction de religion des jeunes à qui elles proposent une véritable image de ce que c’est que le don de soi, en plus de la chance de faire des études. L’Église lao-tienne manque de prêtres, mais pas d’énergie ni de courage. Un catholique qui a passé 9 ans en camps de rééducation où il a perdu un œil confie le secret de son sourire inaltérable : « Je me suis rendu compte d’une chose importante au cours de ma détention, une chose qui m’aide à espé-rer : si les hommes peuvent parfois en arriver à se comporter comme des animaux, il y a quelque chose de supérieur à la haine, c’est le pardon. » n

Le gouvernement a tendance à aller dans le

sens des ONG

VOYAGES

Vang Vieng, rizière après la récolte. Au fond, montagnes avec de nombreuses grottes.

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B.D.Le prix 2010 de la bande dessinée chrétienne a été décerné aux mangas Le Messie et La Métamorphose, de Kumai Hidenori et Kozumi Shinozawa. Une mention spéciale a été attribuée à Starets Silouane de Gaëtan Evrard. La cérémonie de remise des prix a eu lieu le jeudi 28 janvier à Angoulême.

SERBIE

Le patriarche Irénée, élu le 22 janvier dernier, a évoqué la possibilité d'une visite du Pape à Nis en 2013, lors d'une rencontre œcuménique prévue pour le 1700e anniversaire de l'édit de Milan, promulgué par l'empereur Constantin, natif de Nis (sud-est de la Serbie).

HAïTILe Vatican émet un timbre surtaxé dont il attend 150 000 euros de re cettes pour soutenir Haïti.

NIGERIA

Au Nigeria des incidents entre mu -sulmans et chrétiens, sur fond de différend foncier, ont fait plusieurs centaines de morts dans les jours qui ont suivi le dimanche 17 janvier, à Jos, capitale de l'État du Plateau. Des millier s de musulmans de l'ethnie haoussa ont fui la ville et sa banlieue mais ont parfois été victimes d'embuscades dans les villages chré-tiens environ nants. Le secrétaire général du Conseil suprême des af faires islamiques du Nigeria, Lateef Adegbite, a appelé au calme en expliquant que ces troubles étaient moins religieux qu'ethniques et so ciaux. On craint des représailles contre les chrétiens dans les villes du nord à grande majorité musulmane et où s'exerce même la charia. Selon Human Rights Watch (HRW), plus de 13.500 personnes ont été tuées dans des affrontements inter-religieux ou inter-ethniques au Nigeria depuis 1999. L'absence du président Yar'Adua qui est hospitalisé en Arabie

Saoudite pour une maladie cardiaque, et dont on est sans nouvelles, ne facilite pas les choses.

CANADAÀ la veille de l'ouverture des jeux olympiques d'hiver à Vancouver (du 12 au 28 février), la Conférence des évêques du Canada a protesté, dans un texte daté du 27 janvier, contre le peu de mesures prises contre le développement de la prostitution lors de ce genre de rencontres sportives.

ALGÉRIELes 4 évêques catholiques d'Algérie ont publié le 25 janvier un com muniqué où ils expriment leur soli darité avec la communauté protes tante Tafat dont un temple a été brûlé à Tizi-Ouzou.

DAVOS

Les représentants des dif férentes religions, qui sont invités au Forum mondial de l'économie de Davos, en Suisse, ont pu, cette année, être écoutés d'une manière beaucoup plus attentive. Le discours de clôture du 31 janvier a été confié au docteur Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry. Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin, estime « qu’on est passé de la dénonciation de l’égoïsme et de la soif d’argent suite à la crise financière, à la recherche, cette année, de valeurs plus positives. [Mais] de là à les traduire en de nouvelles règles, c’est encore une autre histoire ». Le moine bouddhiste français Matthieu Ricard, également présent, partage ce sentiment en ajoutant : « On ne fera pas de Davos un forum social. »

S'il est une figure mise au devant de la scène aujourd’hui, qui intrigue et qui agace, c’est bien celle du prêtre. Objet d’admiration et d’estime pour les uns, symbole des rigidités ou des faiblesses de l’Église pour d’autres, motif de curiosité pour beau-

coup... Tous s’accordent pour reconnaître qu’il y a en lui quelque chose de singulier. Certains le déplorent, mais voilà : les prêtres assument cette singularité, et savent qu’ils ne gagnent rien à l’effacer. Comme le petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur, ils n’entendent pas y renoncer. Il est vrai que par de nombreux aspects, ils ont de quoi irriter. Pourquoi garder le célibat ? Pourquoi leur parole au cours de la messe aurait plus de poids que celle d’un autre ? Pourquoi ne se démettent-ils pas d’une charge qu’ils pourraient assumer provisoirement, laissant humblement la place à d’autres chrétiens – dont plusieurs donnent d’ailleurs un meilleur exemple aux plans moral ou spirituel ?

En prenant l’initiative de lancer une année sacerdotale, le pape Benoît XVI a l’air d’enfoncer le clou. D’autant plus que la figure qu’il met en avant est celle du saint curé d’Ars, lié jusqu’au bout à son confessionnal et à son autel.

Le prêtre, un empêcheur de tourner en rond ? Le poil à gratter d’un monde qui prétend se suffire à lui-même ? C’est ce sur quoi nous nous proposons de réfléchir à l’occasion du pèlerinage de Vézelay : « Le prêtre, signe de contradiction ». La clé de ce « décalage » ne serait-elle pas dans cette référence au Christ ? Celui que Siméon a ainsi qualifié au Temple de Jérusalem a assumé cette contradiction, offrant quelque chose que le monde n’était pas prêt à recevoir. Et les prêtres demeurent les témoins de cette irrup-tion de la grâce au milieu de nous.

Rendez-vous sur les routes de Vézelay pour méditer, marcher, prier, et aussi pour dis-cuter, échanger sur ce sujet qui, il faut bien le reconnaître, est d’actualité.

Pèlerinage à Vézelay les 29 et 30 mai 2010 ; messe de clôture célébrée par Mgr Patrick Le Gal. Un vrai pèlerinage qu’on ait 7 ou 77 ans : 6 routes par tranches d’âges. Pour les familles, hébergement en VVF et prise en charge des enfants. Renseignements : http://www.mouvement-resurrection.org

Le prêtre signe de contradiction

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Curieuse, cette réaction de Pierre, quand il comprend que Jésus a fait un miracle considérable en remplissant de poissons ses filets ! La joie qu’il

devrait éprouver se mue en contrition et en sentiment d’indignité ! Et l’Église va plus loin en nous faisant entendre ce même jour le récit de la vocation d’Isaïe, qui, découvrant d’un coup la présence étincelante de Dieu dans le sanctuaire et entendant les séraphins chanter « Saint ! Saint ! Saint ! », se récrie : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures ; et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! » Lui aussi devrait se réjouir d’une telle grâce et le voilà qui prend peur. Est-ce normal ?

Une certaine crainte est liée à toutes les manifestations du surnaturel.

Elle n’est pas contradictoire avec la joie. Même Marie, toute prête qu’elle soit à recevoir le message divin, est d’abord troublée par l’annonce de l’ange et celui-ci doit lui dire : « Sois sans crainte, Marie ! » Le Christ ressuscité doit souvent rassurer ses interlocuteurs : « N’ayez pas peur, c’est moi ! », comme il avait déjà dit au moment où il rejoignait ses apôtres sur la mer (Matthieu 14,27).

C’est probablement un mauvais signe, quand nous fait complètement défaut cette crainte respectueuse de-vant la présence de Dieu. Le sentiment d’être tout de suite de plain-pied devant les réalités de l’Au-delà ferait douter qu’il y a bien là quelque chose de réel, échappant à nos prises. L’ambiance décontractée autour du culte et de la prière est un trait nouveau des catholiques, à qui on a expliqué qu’il ne fallait pas faire de manières avec le Bon

Dieu, puisqu’il nous aime. Pauvre amour en vérité que celui qui rabaisse la qualité du don jusqu’à en faire quelque chose d’admis, presque d’ordinaire ! Beaucoup de discours dépensés depuis quarante ans ont consisté à dédramatiser la confession ou la communion (qui parle encore de communion sacrilège ?), comme si le grand danger était au fond la crainte. Il a pu exister dans le passé un discours terroriste qui troublait les âmes délicates, mais on n’en est vraiment plus là aujourd’hui, et depuis longtemps. Et le danger serait plutôt inverse. Ce dehors qui se veut rassurant, convivial, gentil fait plus de mal à l’être en quête de Dieu que la sévérité des prédicateurs de jadis qui tonnaient en chaire.

La crainte, la vraie, celle qui est un don de l’Esprit au même titre que la Sagesse, est une attitude du cœur qui découvre combien Dieu nous dépasse, combien il est saint, merveilleux, unique… et combien nous, nous lui correspondons peu. C’est le révélateur d’une différence qui soudain nous saute aux yeux : jusque-là nous avions le sentiment d’être seuls au monde, d’en être un peu le centre, de ne rien faire de vraiment mal et puis voilà qu’un autre nous advient, un Autre avec un grand A, inouï, imprévisible, d’une telle qualité que nous n’avons qu’une chose à faire : nous prosterner devant lui, lui rendre les armes, reconnaître notre misère et attendre sa sentence sur nous.

Cette crainte, disions-nous en commençant, n’exclut pas la joie. Et comment ! Car, au moment même où le cœur chavire, sentant son indignité après tant de bontés, nous ne pouvons pas douter un instant que ceci même est une grâce et que, à supposer que Dieu décidait de nous écarter ou de nous faire payer notre mauvais goût, nous serions encore immensément honorés de cette visite, gratifiés de cette sévérité. La crainte dit le sérieux de l’amour. Elle empêche de profaner le don et de le banaliser. Elle seule nous ouvre le cœur de Dieu. n

Dimanche 7 févrierPremière Lecture : Isaïe 6.1-8Psaume 138.1-5, 7-8Deuxième Lecture : 1 Corinthiens 15.1-11Évangile : Luc 5.1-11

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La pêche miraculeuse5. 1 Un jour la foule s’écrasait autour de lui pour mieux entendre la parole de Dieu, et lui se tenait au bord du lac de Génésaret. 2 À ce moment il vit deux barques amarrées sur le bord du lac : les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. 3 Il monta dans l’une des barques, qui était à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu de la rive. Puis, de la barque où il était assis, il continua d’enseigner les foules.4 Quand il eut fini de parler il dit à Simon : « Avance vers le large et jetez vos filets pour la pêche. » 5 Simon répondit : « Maître, nous avons eu beau faire, nous n’avons rien pris de toute la nuit. Mais si tu le dis, je vais jeter les filets. »6 C’est ce qu’ils firent, et ils ramassèrent une telle quantité de poissons que leurs filets étaient près de se déchirer ! 7 Alors ils firent signe à leurs associés qui étaient dans l’autre barque pour qu’ils viennent les aider. Ils arrivèrent et remplirent les deux barques presque à les faire couler.8 Voyant cela, Simon-Pierre se jeta aux pieds de Jésus et lui dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » 9 Lui et ses aides étaient en effet sous le coup de la stupeur à cause de cette pêche qu’ils venaient de faire ; 10 de même Jacques et Jean, les fils de Zébédée, qui étaient des compagnons de Simon.Jésus dit alors à Simon : « Ne crains pas ! À partir de maintenant ce sont les personnes que tu pêcheras ! »11 Ils ramenèrent les barques à terre, puis ils laissèrent tout et le suivirent.

Je suis un hommepécheur !par le Père Michel Gitton

5e dimanche ordinaire (année c)

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FRANCECatholique n°3198 5 février 2010 19

Ve semaine ordinaire (année c)

Cinquième Dimanche (C)1. Jésus qui vient nous révéler sa gloire et son exigence brûlante (lecture d’Isaïe).➤ Adorons le Dieu trois fois saint qui flamboie dans le Saint des saints.Point spi : Répondons nous aussi « pré-sent ! » avec isaïe.2. Jésus qui s’est acquis un droit sur notre humanité en traversant notre mort et en ressuscitant avec notre chair (lecture de la lettre de saint Paul).➤ Adorons le Sauveur qui a visité de l’intérieur notre condition humaine.Point spi : Faisons un bel acte de foi.3. Jésus qui nous engage pour la mission, complètement (lecture de l’évangile de saint Luc).➤ Adorons le Maître plein de force et de lumière qui nous prend à son service.Point spi : Mettons-nous humblement à sa disposition.

Lundi : « Pouvoir toucher au moins la frange… » (Marc 6, 53-56)1. Jésus ne pouvant plus passer inaperçu, Jésus devancé par sa réputation ambiguë de guérisseur, Jésus qu’on s’arrache.➤ Adorons le Sauveur encore plus caché par sa réputation qu’il ne l’était par le silence de sa vie cachée, Jésus méconnu dans sa gloire même.Point spi : Attachons-nous à Lui pour Lui et pas seulement pour ses bienfaits.2. Jésus visitant bourgs et villages, grâces innombrables de ces visites dont on n’a gardé aucune trace, humbles rencontres au coin des rues ou des chemins.➤ Adorons le Sauveur venant rejoindre chaque vie, chaque intersection de nos vies.Point spi : n’estimons pas que certains moments ne sont pas propices.3. Jésus qu’on touche, en s’attachant à son châle de prière (les franges), Jésus dont on peut rejoindre la prière, s’y glisser presque incognito.➤ Adorons le Sauveur dans son intercession incessante pour les besoins des hommes.Point spi : Faisons appel encore et toujours à sa bonté, ne craignons pas de le lasser.

Mardi : Les mains pures(Marc 7, 1-13)1. Jésus accusé dans le cadre des débats sans fin sur les règles de pureté, Jésus tout pur, qu’on veut prendre au piège des subtilités infinies sur la loi orale.

➤ Adorons le Maître si ferme et si libre, pureté de Dieu au milieu de ce monde barbouillé et ses maximes toutes humaines.Point spi : ne jugeons pas à partir de nos habitudes, de nos goûts et dégoûts.2. Jésus observateur si perspicace des fai-blesses humaines, seul témoin des recoins du cœur.➤ Adorons le Dieu qui sonde les reins et les cœurs.Point spi : Laissons-nous juger par le regard du Seigneur plein de miséricorde.3. Jésus défenseur de la Loi divine bafouée par les observances tordues, plein du zèle jaloux pour la sainteté de son Père.➤ Adorons le Dieu saint qui ne supporte aucun alliage entre sa parole et nos préceptes.Point spi : informons-nous du véritable enseignement de l’Église, ne nous conten-tons pas d’à-peu-près, de souvenirs vagues.

Mercredi : ce qui entre / ce qui sort (Marc 7, 14-23)1. Jésus ressaisissant toute la Loi jusque dans ses préceptes juridiques autour du choix moral (« ce qui sort »), de la pureté et de la droiture du cœur.➤ Adorons le Divin Législateur qui seul sait l’intention profonde de tout ce qu’il nous a demandé.Point spi : Même dans les petites choses, retrouvons l’intention du Seigneur qui est amour.2. Jésus enseignant ses disciples en particulier, voulant partager avec eux le fond de son enseignement.➤ Adorons le Maître qui nous instruit en particulier.Point spi : Posons-Lui directement nos questions.3. Jésus ignorant le mal, qui voit avec stupeur la méchanceté du cœur de l’homme.➤ Adorons le Dieu dont « les yeux sont trop purs pour voir le mal ».Point spi : ne soyons pas complaisants pour le mal. ne nous y habituons pas.

Jeudi : La syro-phénicienne (Marc 7, 24-30)1. Jésus qui ne répond pas tout de suite à l’attente, qui respecte un ordre de priorité, qui frustre le désir humain pour mieux le combler.➤ Adorons l’Ami si ferme et si fort, qui sait les temps et les moments.Point spi : n’ayons pas peur de nous laisser rabrouer.

2. Jésus qui respecte jusqu’au bout le privilège d’Israël, qui est lié par la promesse faite à Abraham et à sa descendance.➤ Adorons le Dieu fidèle dont les promesses sont sans repentance.Point spi : Ayons beaucoup d’estime pour le premier peuple de l’Alliance.3. Jésus qui salue dans la foi et l’humilité le ressort secret de la victoire contre le démon.➤ Adorons le Combattant, l’homme fort, qui nous entraîne dans son combat.Point spi : Croyons que notre humilité met l’Ennemi en fuite.

Vendredi : Le sourd-muetde la Décapole (Marc 7, 31-37)1.Jésus qui emmène à l’écart, qui fait de la cure de ce pauvre homme l’occasion d’un contact personnel, d’une retraite.➤ Adorons le Dieu bon pour lequel chacun de nous est unique.Point spi : Cherchons le silence et le recueillement.2. Jésus qui met ses doigts dans les oreilles et met de la salive sur la langue, qui guérit dans ce contact charnel avec le malade.➤ Adorons le Créateur qui nous a façonnés, chacun, avec beaucoup de soin, de ses mains.Point spi : Recourons avec joie aux sacrements du salut.3. Jésus qui parle au malade - « ouvre-toi », qui le traite comme un sujet, malgré son impuissance.➤ Adorons le Créateur qui nous a créés par sa Parole toute-puissante.Point spi : ne nous contentons pas de faire du bien aux autres, rejoignons-les personnellement.

Samedi : Les préparatifs de la multiplication des pains(Mc 8, 1-10)1. Jésus qui a pitié, qui sait les efforts faits, les souffrances endurées pour Lui.➤ Adorons le Miséricordieux, qui essuie toute larme de nos yeux.Point spi : Soyons sensibles aux épreuves des autres.2. Jésus qui s’informe des ressources hu-maines, qui inventorie nos faibles moyens.➤ Adorons le Maître qui démultiplie nos efforts et nos tentatives.Point spi : Prêtons notre concours, même si nous savons que ce n’est pas suffisant.3. Jésus qui agit avec une maîtrise souveraine, qui met en jeu sa puissance de Fils, tranquillement.➤ Adorons le Fils qui dispose des biens de la maison paternelle.Point spi : Collaborons à son œuvre sans nous poser de questions. n

Semaine de la « constante bienveillance » (cf. Collecte du Ve Dimanche)+ Semaine de la « Sexagésime » par le Père Michel Gitton

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n Commentestnéel’idéedelarédactiondececarnetdeCarême?

Céline Tastevin - L’idée est née du constat qu’il existe peu de supports chrétiens pour les enfants permettant de vivre le Carême. Il y a de nombreuses propositions qui sont faites pour le temps de Noël, mais très peu de choses propo-sées pour le Carême.

J’ai aussi été interpellée par la difficulté des éducateurs chrétiens à trouver de nouvelles idées pour le Carême qui changent du « bol de riz », ou qui ne soient pas austères !

n Pouvez-vousnousprésentercetoutil?

C. T. - Profondément chrétien, ce livret offre à tous les éducateurs (parents, catéchistes, professeurs des écoles) des éléments pour animer un temps d’éveil à la Foi avec les enfants ou vivre un moment privilégié en famille. Il a été conçu en lien avec des prêtres, des ensei-gnants et des catéchistes.

On y découvrira un feu d’artifice d’idées qui prend à contre-pied les images précon-çues que nous avons souvent du Carême. Non, le Carême n’est pas un temps de punition, non le Carême n’est pas un temps triste, avec ce carnet il sera une c ou r s e j o y eu s e v e r s l a Résurrection !

n Quetrouve-t-ondanscecarnet?

C. T. - Le rythme de ce livret est principale-ment hebdomadaire. Chaque semaine, on y trouve une réflexion spirituelle sur l’un des thèmes sui-vants : le jeûne, la prière, le pardon, l’aumône, la louange ; la découverte d’une mission Fidesco, des idées de bricolages à réaliser. On trouvera aussi un grand jeu à lancer en début de Carême avec des médailles à remettre chaque semaine aux enfants, un chemin de Carême façon « jeu de l’oie », une tirelire à construire… mais aussi des prières et exhortations quotidiennes.

n Deplus, ceCarnet est venduauprofit de Fidesco,quelleestl'actiondecetteONG?

C. T. - Fidesco est une organisation catho-lique de solidarité internationale créée il y a bientôt 30 ans par la Communauté de l’Emma-nuel. Elle envoie des volontaires essentiellement

dans les pays du Sud pour mettre leurs compétences professionnelles au service de projets de développement. 170 volon-taires sont actuellement présents dans 35 pays. Fidesco pilote et gère par ailleurs une dizaine de projets, c’est le cas d’un

centre d’enfants des rues au Rwanda, d’un dispensaire en Guinée, d’un centre de forma-

tion professionnelle au Brésil… Fidesco va aussi s’engager dans des projets de reconstruction en

Haïti où des volontaires étaient présents depuis 10 ans.

nCommentseprocurercecarnet?

C. T. - Il est vendu au prix de 5 e en ligne sur le site www.fidesco.fr ou dans toutes les librairies catholiques ou encore par correspondance à : Maison de l’Emmanuel, BP 49, 71601 Paray-le-Monial (Chèque à l’ordre d’AVM) + 1,5 e de frais de port de 1 à 7 carnets com-mandés et gratuit au-delà. n

ESPRIT

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Céline Tastevin, est l’auteur d’un carnet de Carême pour Fidesco, organisation catholique de solidarité internationale. Une boîte à outils qui sera précieuse pour les parents, professeurs des écoles et catéchistes.

CaRnET dE CaRêmE PouR FIdESCoCette année, les enfants

trouveront le carêmetrop court !propos recueillis

par Thérèse CousTenoble

CélineTastevin

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JOURNAL

IDÉES

Une autre querelledu silence

par Gérard LECLERC

Lors du Concile Vatican II, un mouvement se dessina au sein des évêques pour une condamnation explicite du communisme par l'assem-

blée. Une pétition réunit même plu-sieurs centaines de signatures, sans entraîner l'assentiment du Concile, de ses instances de direction et de sa majorité. Alain Besançon fut, par la suite, un des rares historiens à s'émouvoir de cette abstention. Il en dénonça même le scandale, déclenchant la réprobation indi-gnée d'Étienne Borne. La question était-elle illégitime ? Il est vrai que cette période des années 60 ne cor-respond pas aux persécutions les plus sanglantes à l'égard des chré-tiens. Staline est mort et il n'aura pas de successeurs aussi féroces. N'empêche que l'entreprise d'éradi-cation du christianisme s'est poursui-vie, notamment avec Khrouchtchev. Comment apprécier le mouvement de rapprochement opéré par beaucoup de chrétiens avec un communisme qui, d'évidence, fait rêver ? J'aurais énormément à dire là dessus, si je rassemblais mes souvenirs les plus anciens et tous ceux qui ont concer-né les périodes qui se sont succédées jusqu'à la chute du mur de Berlin.

Il y a un phénomène d'amnésie à ce propos, plutôt troublant. Qui se souvient encore du contenu de la polémique de Maurice Clavel dans son essai virulent intitulé Dieu est

Dieu, nom de Dieu ? Certains se sou-viennent du titre, mais tout se passe comme si le sujet avait été complè-tement oublié, du fait d'un proces-sus qu'il serait intéressant d'identi-fier. L'essai date de 1976, deux ans avant l'avènement de Jean-Paul II, et il nous évoque, à 34 ans de dis-tance, un curieux climat intellectuel. Je reprends mon exemplaire, et j'y retrouve des passages d'extrême sévérité qui réveillent un univers aujour d'hui presque enfoui.

Moi qui ai pourtant vécu com-plètement, et même à pleines dents cette époque, j'en suis presque aba-sourdi. Quelle charge contre l'Église de France d'alors ! « Tout ce que je puis dire aujourd'hui de mon Église avec certitude, c'est qu'après tant d'années de dissipation et de déban-dades, elle a le plus grand besoin d'une immense retraite spirituelle. Oui, d'un silence plein après tant de bruits insanes, d'un désert prophé-tique après tant de propos déser-tiques. Il lui faut, dût-elle dispa-raître quelques années de tous nos tréteaux, ce qui ne serait une perte intellectuelle pour personne. Il lui faut découvrir ou redécouvrir, entre autres - ou bien plutôt se faire à nou-veau révéler - qui elle est, ce qu'elle est, où elle est : non pas sa place dans la société, mais dans l'Être. Car son

plus grand malheur est sans doute aujourd'hui qu'ayant pris au monde, à notre culture athée, ses idées - ou plutôt des lambeaux et des bribes, sans cesse recousues, ravaudées, rapiécées, pour les besoins perpétuel-lement variables de sa contenance ou de son image, comme un nuage prend de la vapeur d'eau qui le charge au hasard des rivières et des flaques où il se reflète, elle n'a plus de quoi se penser elle-même. Et c'est la catas-trophe de loin la plus concrète : tous les prêtres perdus, c'est qu'ils ne pouvaient plus penser leur état. Tous les fidèles en allés de nos églises de pierre, c'est qu'ils ne pouvaient plus savoir ce qu'ils faisaient là… »

Oui, c'est terrible, mais parce que c'est juste. Quelques années plus tard, Jean-Marie Lustiger me dirait, en d'autres termes, la même chose. C'est que l'on est sur le point de passer à une autre époque : l'arrivée de Jean-Paul II, la nomination de Lustiger à Paris. Le climat va changer, parce que ces deux-là savent qui est l'Église, sans avoir le moins du monde besoin de se raccrocher à l'esprit du temps, en s'excusant d'être soi-même pour peu qu'on ait encore envie de l'être. Ces années 70 sont étranges, elles correspondent à une véritable apostasie, et en même temps à l'ob-solescence de ce pourquoi on a

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Ces années 70 sont étranges, elles correspondent à une véritable apostasie )

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apostasié. Une certaine avant-garde va se révéler d'extrême arrière-garde, sa contestation souvent haineuse de l'Église-baraque débouchera sur le néant des idéologies qui s'effondrent. Quelle catastrophe spirituelle !

Justement, sur cette question précise du communisme et de l'Église vient de paraître une étude impor-tante de l'historien Philippe Chenaux, professeur à l'université du Latran à Rome. Je m'en suis saisi avec quelque avidité, y retrouvant d'em-blée l'époque, les hommes, les évé-nements, les discussions passionnées qui participèrent à ma formation, mon insertion dans l'actualité et le combat des idées. Chenaux a beau-coup travaillé et il nous offre une synthèse extrêmement intéressante. Il y a quelques oublis, mais c'est iné-vitable. Rien, par exemple, justement, sur Clavel et, antérieurement, sur un personnage aussi typique de l'enga-gement progressiste, au Mouvement de la paix, à France-URSS, à l'heb-domadaire Action, au procès Krav-chenko : Pierre Debray, peut-être le compagnon de route du Parti le plus engagé parmi les jeunes intellectuels catholiques de gauche. C'est vrai que son ami l'abbé Boulier est cité, avec le rappel de sa suspension a divinis en 1950 et sa réduction à l'état laïc en 1953.

On replonge dans ces années d'après-guerre avec la fascination qu'exerce le communisme sur les chrétiens. C'est une affaire qui va durer jusque dans les années 70. Et je pourrais en témoigner ! Les rela-tions qui se sont établies après la Libération entre certains intellectuels catholiques et les instances com-munistes vont se prolonger sur une trentaine d'années.

C'est le choc Soljenitsyne qui va produire la rupture définitive. Les intellectuels anciennement pro-

gressistes et leurs successeurs vont adhérer sans réserves, et même avec entière conviction, au combat des « dissidents ». Cela aura même des conséquences financières, le parti abandonnant les nombreux abonne-ments par lesquels il soutenait telle revue de ma connaissance.

J'ai rencontre l'abbé Boulier à ce moment-là. J'ai déjà expliqué, par ailleurs, qu'il était traditionaliste sur le terrain religieux et progressiste sur le terrain politique. Il continue-rait donc à travailler avec ses amis communistes, à la veille du moment où le système, intellectuellement et politiquement s'effondrerait.

Je retrouve aussi dans le livre de Philippe Chenaux le récit circons-tancié de l'avènement de l'Ostpolitik sous Paul VI, a l'instigation de Mgr Agostino Casaroli. L'historien restitue très exactement l'esprit et les pro-cédures de cette « ouverture à l'est » qui ne fut pas de tout repos. Objet de critiques sévères de la part de ceux qui y discernaient une complaisance coupable pour les soviétiques et les régimes satellites. Elle se heurtait dans les faits à un pouvoir totalitaire qui ne cherchait que la soumission des églises locales. C'était une sorte de real politik, qui avait toutefois ses exigences spirituelles et des finali-tés supérieures. Elle obtint quelques résultats, notamment à la conférence d'Helsinki (1973-1975) en imposant aux soviétiques de souscrire au « res-pect des droits de l'homme et des droits fondamentaux », y compris « la liberté de penser, de conscience reli-gieuse et de conviction ».

Philippe Chenaux met l'accent, en fin de parcours, sur les contra-dictions entre l'approche de l'Ostpo-litik et la montée de la dissidence. Les cathos de gauche qui ne pen-saient qu'à la politique de la main tendue avec les communistes vont

se trouver marginalisés. Et ils vont même se trouver très mal. Un retour-nement s'est produit dans les esprits. Au Vatican même, ce ne fut pas sans problèmes. Lubac et Fessard étaient très sévères pour certaines dérives à l'intérieur du Secrétariat pour les non-croyants. Et puis avec ce nou-veau pape venu de Cracovie, toutes les désillusions tombèrent. « Si le car-dinal Wojtyla avait toujours affiché sa solidarité avec les choix du primat Wyszynski et soutenu la "politique du dialogue" mise en œuvre par le Saint-Siège, il se voulait porteur, en tant qu'enfant de la nation polonaise et fils spirituel du concile Vatican II, d'un dessein stratégique révolution-naire que les circonstances allaient lui permettre de réaliser contre toute attente : la libération des peuples de l'autre Europe de l'oppression totali-taire et leur intégration à part entière dans la maison des peuples euro-péens. »

Jean-Paul II sut mener son en tre-prise à terme, sans rompre avec Casaroli, dont il fit même son secré-taire d'État. J'ai gardé, pourtant, l'impression qu'il y avait eu quelques grippages en ce début des années 80. Avec Joseph Vandrisse, nous avions alors rencontré Paul Grossrieder, un dominicain de grande valeur à la secrétairerie d'État. Il était directe-ment associé aux relations avec l'Est. Il devait quitter le Saint-Siège pour désaccord, m'a-t-on dit, avec ce qui subsistait d'Ostpolitik chez Casaroli. Il allait d'ailleurs quitter le sacerdoce pour poursuivre une brillante carrière à la Croix Rouge, en Suisse son pays d'origine. n

(

IDÉES

Philippe Chenaux : L'Église catholique et le communisme en Europe (1917-1989) de Lénine à Jean-Paul II. éd. du Cerf histoire, 383 pages, 30 e.

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C'est le choc Soljenitsynequi va produire la rupture définitive

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Lecuréd'ArsselonFabrègues

Tout devait mener Jean de Fabrègues à écrire sur le curé d'Ars. Le fait d'avoir habité Lyon, son admiration pour Georges Bernanos, l'auteur de

Sous le soleil de Satan, dont le person-nage de l'abbé Donissan est inspiré du Saint Curé, sa fréquentation, en tant que journaliste catholique, de tant de prêtres si dif férents les uns des autres et de leur saint patron… Mais aussi l'ampleur de sa réflexion historique sur la France du XIXe siècle, sa connaissance des enjeux de la Révolution, de la contre-révolution, des ambiguïtés de la Restauration et du Second Empire durant lesquels Jean-Marie Vianney exerça son sacerdoce.

Fabrègues laisse à d'autres les mi nutes notariales, la plupart des anec-dotes. L'originalité de la première partie de son essai est de nous faire partager son ample interrogation : comment ce XIXe siècle de révolution industrielle, avec son culte de l'efficacité et de l'ar-gent a-t-il pu susciter un tel héros ? Celui-ci a-t-il été un signe pour son temps ou pour le nôtre ? A-t-il donné un message éternellement actuel ou éter-nellement incompris ?

On admire la finesse de l'analyse psychologique du directeur de La France Catholique, prompt à déceler et résoudre

les contradictions. Par exemple : le curé d'Ars savait tout, dès le départ, sur les âmes qui viendraient à lui par milliers, mais ne saura jamais rien sur lui-même, doutera toujours de ses propres forces, se croira toujours indigne, s'abritant derrière cet autre lui-même : sainte Philomène… Fabrègues érige d'ailleurs, en moraliste, la règle générale qu'on est toujours aveuglé par ce qui nous semble le plus important dans notre vie. C'est vrai pour les cra-pules comme pour les saints. Et parfois c'est heureux. Parlant des prêtres, Jean-Marie Vianney ne disait-il pas de manière un peu énigmatique : « S'ils se compre-naient, ils mourraient » ?

Comment le curé d'Ars réussit-il à convertir un village où l'ignorance des notions religieuses les plus élémentaires régnait ? Par un combat inflexible contre les bals (ce qui nous fait peut-être sou-rire ou nous choque), les cabarets et, plus encore, le travail du dimanche ? Le curé d'Ars tenait à protéger par de solides barrières le jardin qu'il savait

devoir fleurir ici. Mais plus que les homélies enflammées, ou les cinglantes réparties, c'est la force du témoignage - et de la prière ! - qui fit tout, transfor-mant ce village spirituellement inerte en une « ruche de prière ».

Puis le catholique social qu'est Fabrègues commente l'œuvre d'édifi-cation non seulement morale, mais intellectuelle de ses concitoyens, pas seulement par ses homélies ou son caté-chisme pour adultes, soigneusement préparés, mais aussi par la fondation d'écoles gratuites pour les orphelins.

Bref, la première partie de ce petit livre répond à la question : « Qu'est-ce qu'un prêtre ? » En montrant en pleine action celui qui n'a pas été érigé patron des prêtres du monde entier pour rien.

La deuxième partie du livre nous montre un curé d'Ars plus inaccessible, au faîte du « succès » avec 400 pèlerins nouveaux par jour, qui doivent attendre huit jours chacun pour espérer entrevoir le saint qui lit les âmes à livre ouvert, fait des miracles, discerne l'avenir… Cela donne un texte plus sensible et édifiant sur le péché et le combat spirituel. Et viennent les deux chapitres centraux placés « sous le soleil de Satan » où Fabrègues remet sur le métier la contra-diction de ce petit homme sans moyens qui sauve les autres de leur désespoir, et qui semble si peu apaisé lui-même, qui a demandé à Dieu de faire venir à lui les pénitents, et qui n'aspire qu'à les fuir…

On ne peut conclure sur un tel mys-tère sinon en rappelant le paradoxe des brassées d'âmes sauvées par celui qui n'est au final qu' « un prêtre, rien qu'un prêtre ». Ce texte méritait vraiment d'être relu en cette année, et c'est la raison pour laquelle nous le rééditerons dans les prochaines semaines. n

«L'APÔTREDUSIÈCLEDÉSESPÉRÉ»

Jean de Fabrègues, L'apôtre du siècle désespéré…, éd. France Catholique,230 p., 14,90 € + port 5 €.

LIVRES

(

par Frédéric AIMARD

En 1956, Jean de Fabrègues, directeur de LaFranceCatholique, publiait un essai sur le curé d'Ars qui fut un grand succès et qui mérite amplement, en cette « année sacerdotale », une prochaine réédition.

Le curé d'Ars savait tout, dès le départ, sur les âmes qui viendraient à lui

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JeandeFabrèguesmongrand-père

«Pe t i t- f i l s d e J e an de Fabrègues, ami de mon père, je vous présente tous mes vœux. » Celui qui m’appelle tous les

ans au début du mois de janvier ne se présente pas, il sait que je vais le reconnaître, que je vais associer sa voix, par ailleurs particulière, au séjour lyonnais de Grand-Père, séjour qui le conduira sur le chemin d’Ars, dix ans après, quand il écrira L'apôtre du siècle désespéré… Soixante ans plus tard, le hasard d’une rencontre sur Internet me conduit, avec Frédéric Aimard, actuel directeur de France Catholique, à rééditer ce beau texte. Certains ont connu Jean de Fa-brègues, figure de la pensée de droite d’avant-guerre, lanceur d’idées et de re vues. D’autres ont connu l’homme sorti d’un camp de prisonniers, revenu les cheveux devenus blancs. D’autres ont connu Fabrègues, directeur de La France Catholique de 1947 à 1969. Cinq ont connu Papa, leur père. J’ai juste connu Grand-Père. Quelques souvenirs remontent, par mi tant d’autres. Je me souviens de La France Catholique, rue Edmond-Valentin, de son bureau, de l’odeur de pipe, mais aussi de l’imprimerie qui tournait, du bruit, de l’odeur de l’encre. Je me souviens de la rue des Saints-Pères, de son bureau, immense et encombré de livres, imprégné de l’odeur de pipe. Je me souviens, étudiant, d’une discussion au coin de la seule lampe

allumée, sur la pilule, et l’usage qu’il pensait qu’il en aurait fait si à son époque… Je me souviens avoir parcouru avec lui Paris à la découverte d’im-meubles, appuyant sur les son-nettes… nous franchissions les portes qui s’ouvraient… et reprenions notre chemin, insoupçonnables pour les autres, celles qui étaient restées closes. Petit-fils de Fabrègues, en 2010, qu’est-ce que c’est ? Peut-être trois mots… trois mots entremêlés et imbriqués… réflexion, liberté, fidélité, trois mots synonymes de choix. Le mot réflexion, d’abord, ré-

flexion sans quoi l’action n’est que réaction instinctive, réflexion qui fait de nous des hommes conscients de leur existence et de leur avenir. Liberté, ensuite, liberté de choisir que promeut celui que nous, chrétiens, appelons Christ, liberté qui nécessite pour s’exercer pleinement de se contraindre à examiner les différentes voies, à entendre les différentes voix, à sauver ce qui peut l’être de la position de chacune. Liberté qu’une Église parfois monocorde met en exergue, mais que d’aucuns voudraient nous préserver d’exercer, en nous recommandant de n’entendre qu’un

PROJETDERÉÉDITION

par Guillaume d'AZÉMAR de FABRÈGUES

Réflexion, liberté, fidélité,trois mots synonymes de choix

D.R.

Jean de Fabrègues dans les années 1980.

)FRANCECatholique n°3198 5 février 2010 25

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seul message, de n’écouter qu’une seule voix, de ne suivre qu’une seule voie. Liberté qui est essentiellement contrainte, et dont la contrainte est le seul moyen de nous priver. Fidélité, enfin, fidélité à ses idées, à ses choix. Fidélité qui ne se confond pas avec constance et qui est la répétition renouvelée d’un même choix. Fidélité qui ne se confond pas avec persistance, quand la réflexion montre que le choix n’est pas le bon. Mais fidélité qui sait se confondre avec sérénité, quand la voie est la bonne. Fidélité qui sait être l’oreille qui écoute, l’épaule qui soutient, le bras qui relève quand la réalité se rappelle à l’ordre. Fidélité qui se renouvelle par la réflexion, et le cycle est bouclé.

Jean de Fabrègues était un homme de réflexion, un homme posé. C’était un homme libre, qui a su faire le choix de tant d’aventures avant la guerre, puis d’une unique aventure, La France Catholique, à laquelle il sera fidèle jus qu’à sa mort en 1983. Dans son introduction, Fabrègues nous raconte comment, amené à habiter Lyon par les hasards de la vie de l’immédiat après-guerre, il ne se rendra pas à Ars, malgré les instances de sa femme, qu’il ne viendra à considérer le curé Vianney que malgré moi, à travers Bernanos à qui il rendra hommage en 1963 dans son Bernanos tel qu’il était. On sent, dans ce malgré

moi, la réticence de l’intellectuel vibrionnant, fondateur de revues élitistes aussi bien qu’éphémères, compagnon de route des penseurs de l’avant-guerre, on vit sa réticence devant le fait d’aller respirer l’odeur rance de la poussière d’une sacristie perdue au fond de la campagne. On sent que pour Fabrègues qui refuse de prendre la route, la foi réfléchie du penseur est supérieure à la foi du charbonnier, qui croit sans raisonner, qui agit sans s’interroger. La réflexion reprend le dessus. Avec la réflexion vient l’admiration devant la puissance de la vie de Jean-Marie Vianney, puissance qui vit venir à lui ce fleuve d’âmes, jusqu’à 400 par jour. Réflexion devant l’impuissance

de l’écrivain. L’en vie, peut-être, devant cet homme qui gagnera chaque âme une à une, qui connaîtra l’intérieur de chacune. Peut-être cette rencontre avec Ars est-elle part de la décision de Fabrègues de se consacrer au message de la foi, de consacrer les presque 40 ans qui lui restent à vivre à La France Catholique ? Monsieur Vianney, comme le nomme Fabrègues, était-il un homme libre ? Cet homme tourmenté, qui se remet perpétuellement en question, qui est en proie au doute, n’a pas d’angoisses. Cet homme qui a peur de ne pas réussir ne panique pas

devant l’ampleur de la tâche. Dans la geste familiale, L’apôtre du siècle désespéré est un des meilleurs livres de Jean de Fabrègues. C’est celui dont les universitaires de nan-terre, 30 ans après, regrettaient qu’il fût épuisé. C’est celui qui, quand La France Catholique peinait à nourrir une famille nombreuse, a permis de mettre du beurre dans les épinards. Un jour, sur Facebook, Frédéric Aimard m’a demandé si, en l’Année du Sacerdoce, la famille avait l’intention de redonner l’occasion de lire ce livre… ce fut le déclic, l’occasion de rassembler les souvenirs de l’un, les photos de l’autre dans un projet commun, un projet de mémoire. Comment aurait réagi Monsieur Vianney devant Facebook ? Y aurait-il vu un nouveau moyen de l’Autre pour dissiper les âmes ? Un outil pour lui-même de prêcher son catéchisme à de plus nombreuses gens ? Aurait-il refusé la communion pour cause de dissipation à la jeune fille qui aurait consulté son profil sur son mobile sur le chemin de l’église ? Ou se serait-il adressé, par ce même outil, à l’âme de cette même jeune fille pour lui rappeler le chemin ? Aurait-il été simplement audible au milieu du brouhaha ? Qui peut le dire et qui pourrait être présomptueux au point d’affirmer le savoir ? Au détour de l’apôtre du siècle désespéré, vous croiserez un Fa-brègues analytique qui conte et ra-conte Monsieur Vianney, en ces petits moments qui firent la vie du curé d’Ars ; vous croiserez un Fabrègues analyste, qui cherche les intentions et les motivations de Jean-Marie Vianney, le futur saint ; vous croiserez enfin Fabrègues prédicateur, qui s’adresse par-delà l’espace et le temps au petit curé présomptueux, qui lui rappelle qu’il doit aller, malgré ses doutes, au bout de la mission qu’il a réclamée et pour laquelle il a été choisi. Réflexion, liberté, fidélité… choix.

G.A.F.

LIVRES

26 FRANCECatholique n°3198 5 février 2010

Les quatre premiers fils de Jean de Fabrègues.

Guillaume d'Azémar de Fabrègues, né en 1962, est le fils de Jean-Melchior, fils aîné de Jean de Fabrègues. Il est ingénieur de l'École Centrale.

D.R.

Page 27: france-catholique.fr FRANCE Catholique

BOn DE SOUSCRIPTIOn À RETOURnER À SPFC60, rue de Fontenay, 92350 LE PLESSIS-ROBInSOn

nom/Prénom et adresse du souscripteur :

Si vous offrez ce livre à d'autres personnes, merci de nous en donner la liste sur un papier séparé avec leur adresse précise.

Je commande la réédition, à paraître en mars, du livre de Jean de Fabrègues "L'apôtre du XIXe siècle, Jean-Marie Vianney, curé d'Ars"

/__/ 1 exemplaire = 14,90 euros /__/ 2 exemplaires = 26,00 euros/__/ 3 exemplaires = 36,00 euros/__/ 4 exemplaires = 44,00 euros/__/ 5 exemplaires = 50,00 euros/__/10 exemplaires = 95,00 euros

J'ajoute 5 euros pour la participation aux frais de port et je fais un chèque à SPFC. (ne pas mélanger avec un abonnement ou une autre commande). Paiement par carte de crédit en téléphonant au 01 46 30 37 38.Le livre sera disponible et expédié début mars. Merci de passer commande dès maintenant.

Jean de Fabrègues, né en 1906, mort en 1983, renversé par une voiture alors qu'il sortait d'un conseil de rédaction de France Catholique.Tout jeune, Jean de Fabrègues fut un de ceux que l'his-torien des idées politiques Jean-Louis Loubet del Bayle caractérisera comme « les non-conformistes des années trente », toujours à créer de nouvelles revues aussi élitistes qu’éphémères. Mais, dans les années cinquante et soixante, devenu très prudent, il fut un grand directeur de journal et, par sa capacité d’affronter le débat intellectuel, déve-loppa La France Catholique et en fit un hebdomadaire d’in-fluence, caractérisé par la justesse de ses prises de position ecclésiales, politiques ou culturelles. Sur cette photo, il a cinquante ans, c'est l'époque de la parution de L'apôtre du siècle désespéré…nos amis internautes trouveront quelques éléments bio-graphiques dans l'histoire de La France Catholique par René Pucheu, texte inachevé que nous parviendrons peut-être à publier un jour.La biographie du curé d’Ars que publie Fabrègues en 1956 le révèle dans sa profondeur spirituelle et le confirme dans sa ca-pacité d’analyse très personnelle. On y discerne aussi quelques qualités du romancier qu’il n'aura fait que rêver d'être. Justi-fiée par l’Année du Sacerdoce décrétée par le Pape, la réédition de ce grand texte sera une découverte pour beaucoup.

Jean de Fabrègues, L'apôtre du siècle désespéré, Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, édition France Catholique, mars 2010, 224 pages, 14,90 € + 5 € de participation aux frais de port.

D.R.

Page 28: france-catholique.fr FRANCE Catholique

LIVRES■ Un train passeDonald Crews,Il était deux fois, 29 pages, 13 €.

Un livre très coloré pour les tout petits avec tous les types de wagons de marchandises. Très Drôle.

À partir de 4 ans

■ Mercredi à la librairieSylvie Neeman,Sarbacane, 26 pages, 14,90 €.

Un délicieux album sur les échanges entre une petite fille et un vieux monsieur qui profitent d'un bon fauteuil pour lire à la librairie. Les illustrations sont modernes et soignées. Un livre à lire sur les genoux de son grand père et un bon prétexte pour parler de la solitude des personnes âgées et de la délicatesse des sentiments. À partir de 7 ans

■ Orphée et la MOrsUre dU serpentYvan Pommaux,École des loisirs, 53 pages, 18,50 €.

Un récit de la mythologie grecque repris, adapté et surtout magnifiquement illustré. C'est l'histoire d'Orphée : fils de la muse Calliope et du roi de Thrace, il avait un don pour l'éloquence et la poésie. Le charme qui se dégageait de son chant était tel que tous ses auditeurs étaient subjugués. Le jour de son mariage, sa femme Eurydice est mordue par une vipère. Elle meurt et Orphée, désespéré, part la chercher aux enfers. Une façon originale de mettre en scène ce conte, avec une "happy end".

À partir de 12 ans

■ strange piratesPaul Thiès,Flammarion, 61 pages, 9,90 €.

Une fois n'est pas coutume, voici un livre extrait d'une petite collection de livres… en anglais. Une histoire facile à comprendre, illustrée, très bien adaptée aux jeunes lecteurs qui commencent l'an-glais. Un cd dans lequel est lu l'intégralité du texte complète l'ensemble. À partir de 12 ans

■ ceUx qUi rêvaient de la lUnePhilippe Nessmann,Flammarion, 231 pages, 10 €.

Dans les années 60, les États-Unis et les sovié-tiques sont en compétition pour la conquête de l'espace. Pour montrer leur supériorité, les États- Unis veulent à tout prix atteindre la lune avant les Russes. Ce livre raconte cette course du côté des astronautes, et en particulier de Jim Lovell. Pilote, il a participé à la mission Apollo 8 et découvert la face cachée de la lune. Il est commandant de l'in-croyable mission Apollo 13. Un roman passionnant.

À partir de 13 ans

■ Kaspar, le chat dU grand hôtelMichael Morpurgo,Gallimard-Jeunesse, 206 pages, 12,50 €.

Johnny Trott est groom à l'hôtel Savoy de Londres, au début du XXe siècle. Orphelin, il raconte sa rencontre avec une cantatrice, cliente de l'hôtel qui lui demande de prendre soin de son chat. Lorsque celle-ci est renversée par un omnibus, Johnny prend en charge Kaspar et cela va l'entraîner dans une aventure incroyable, jusqu'au naufrage du Titanic. Le récit est captivant, les illustrations très vivantes. À partir de 13 ans

■ seUl sUr la Mer iMMenseMichael Morpurgo,Gallimard-Jeunesse, 294 pages, 14,90 €.

Roman à deux voix à partir d'un fait divers véri-dique : un petit Anglais est adopté par des fermiers en Australie. Il s'échappe en compagnie de son meilleur ami. Tous deux vont découvrir la chaleur humaine auprès d'une femme originale mais pleine de bon sens. Tout au long de ce roman, Arthur sait qu'il va un jour partir à la recherche de sa sœur. Elle lui a donné, avant son départ, une petite clé... Terminé par la fille de l'auteur, après la mort de celui-ci, ce roman un peu dur nous montre la civili-sation australienne, et nous fait découvrir le milieu des armateurs et de la course en solitaire.

À partir de 14 ans

■ 84, charing crOss rOadHelene Hanff,Autrement, 113 pages, 12,20 €.

L'auteur est américaine, fauchée et férue de lit-térature anglaise. Elle demande à une librairie anglaise de la fournir en livres introuvables à l'époque aux États-Unis. Commence alors une déli-cieuse correspondance entre le libraire et elle, où peu à peu le professionnel laisse place aux senti-ments. Drôle et plein de charme. À partir de 16 ans

■ le vénitien et le MaUreIsabelle Giafaglione,Éditions du Jasmin, 189 pages, 12 €.

Giacomino, jeune Vénitien, est inquiet parce que sa mère est malade. Il sent que les médecins véni-tiens sont impuissants à la guérir. Avec la fougue de sa jeunesse, il se lance à la recherche d'un médecin maure qui, il l'espère, saura la guérir. Dans cette intrigue bien menée, nous découvrons le mode de fonctionnement des galères vénitiennes, l'organisa-tion des croisés au départ de la croisade et la vie des mendiants à Messine. Le langage est presque trop soutenu pour de jeunes lecteurs, mais un glossaire donne les définitions des mots les moins courants.

À partir de 13 ans

selectiOn

Livrespour enfants

Christèle Hubert

28 FRANCECatholique n°3198 5 février 2010

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LIVRES■ Petit éloge du catholicisme

de Patrick Kéchichianéd. Gallimard 2009, 124 p., coll. Folio à 2 e.alors que règnent le politiquement correct et la

frilosité catholique, Patrick Kéchichian, journaliste et critique littéraire au Monde nous révèle en toute simplicité sa récente conversion au catholicisme. il ne s’agit pas d’une conquête racontée avec un style triomphant, mais du souci de partager son bonheur, la foi n’étant pas une affaire privée. ce désir de faire un « petit éloge de catholicisme », il le doit à un esprit d’ouverture et d’amour, car les liens entre les hommes ne se résument pas à une simple civilité. imbu de li-berté, Patrick Kéchichian a l’audace de révéler les bienfaits des dogmes catholiques qui ne font pas plier la raison mais lui délimitent ses frontières en lui of-frant une ouverture infinie. Bien peu aujourd’hui osent comme lui proclamer qu’il faut « réapprendre à nous agenouiller », à ne pas hésiter à « entrer dans l’immen-sité du diamètre des sacrifices ». mais cette pratique est comme l’art baroque : elle est « un héroïsme de la foi », menée par un élan du cœur, « vertu de bonne humeur », qui seule sait aimer les hommes et sans la-quelle ne peuvent être fondées les bases de l’église.

Brigitte Clavel

■ ÊtRe la Joie de dieuPère Marie-Joseph,un apôtre franciscain du XXe siècle.Florilège de textes préparés par Didier Rance.éditions Parole et Silence, 430 p., 25 e.en cette fin d’année franciscaine, voici des pages

pleines de fraîcheur franciscaine pour notre temps. ce livre retrace la vie et la spiritualité du père marie-Joseph (1907-1993), capucin.

la préface du cardinal schönborn nous révèle la paternité du père marie-Joseph puisque le cardinal sait nous faire entrer dans cette filiation et nous invite à méditer les paroles si souvent entendues : « si j’ai un conseil à vous donner : priez ; un deuxième conseil : priez ; un troisième conseil : priez. Je crois vraiment que cette invitation doit être au cœur de notre vie, de ma vie aussi. et je peux vous parler d’expérience : c’est une lutte quotidienne. »

la vie de ce franciscain s’est presque déroulée sur tout le XXe siècle avec tous les événements dramatiques de cette période (deux guerres mondiales, le commu-nisme et le nazisme), mais aussi avec toutes ces figures de sainteté que nous découvrons aujourd’hui. Benoît XVi dira que c’est « le siècle d’une explosion d’amour » où la lumière a été plus forte que les ténèbres.

il est entré en 1932 au couvent de Bitch où il res-tera 60 ans comme animateur de la Fraternité sécu-lière de saint-François. Prédicateur, conférencier, père spirituel, musicien, il a soin de conduire les âmes dans la durée ; ainsi, il verra grandir des générations de jeunes, qui fondent des familles qu’il accompagnera, ou entrent dans des communautés où il les soutien-

dra. il aura toujours souci d’entraîner les âmes à la suite du christ avec pour exemple le « petit pauvre » que fut saint François.

« Être la joie de dieu » est un programme de vie qu’il aura soin de vivre lui-même et de susciter autour de lui. tout son itinéraire reflète cette quête du seigneur : il nous ouvre à l’intimité qu’il vit et qui le comble. ain-si, on devine que, dans une grande proximité avec lui, les jeunes, les familles, toutes les âmes retrouvent le chemin vers dieu. son enseignement, particulièrement ses retraites et ses lettres, sont un trésor pour ceux qui l’ont connu mais aussi pour nous aujourd’hui qui voulons marcher sur le chemin de la « vie parfaite ». il fait partie de ces témoins du christ et de l’évangile. ce livre nous donne sa voix, exprimée par ses lettres, ses circulaires, ses articles de revue, les enregistrements de ses homé-lies et de ses conférences. c’est un florilège d’écrits qui nous disent un peu de ce qu’a été le père marie-Joseph, son rayonnement sur toute une génération. on remar-quera que ses écrits sont toujours adressés à quelqu’un, qu’il parle de dieu, du christ, de la Vierge marie, de saint François, de la prière, de la vie de l’âme, de la famille, pour rester face à des personnes concrètes. et ceci est une force, car à travers le ou les personnes à qui il s’adresse, c’est nous qu’il rejoint nous demandant une réponse. entendrons-nous l’appel ? France Catholique reviendra bientôt sur ce livre. Sophie Baron

■ moRt ou saint Carnet spirituel d’un jeune charpentier

D’Olivier M.éditions du Jubilé, 300 p., 16 e.« mort ou saint » ce titre est provoquant ! de quoi

s’agit-il ? d’un drame ? d’une nouvelle vie de jeune té-moin ? non ! derrière ce titre se cache le chemin dou-loureux d’olivier, jeune de notre temps, qui, converti au christianisme, a désiré suivre le christ d’une ma-nière radicale. il nous présente son carnet spirituel, à la demande du prêtre qui l’accompagne, non son témoi-gnage (résumé en 9 pages), mais ce qu’il a retenu de ce chemin houleux et escarpé, ce que le christ, l’église, les pauvres, lui ont montré jour après jour. il le fait à partir de réflexions qu’il a regroupées autour des points impor-tants de son histoire. Par exemple, il va traiter du sujet de l’affectivité et du corps en partant de son expérience douloureuse et pénible pour aboutir à la vision belle et pure de la chasteté pour le Royaume.

ce livre s’adresse particulièrement aux jeunes (et à ceux qui le sont restés !) qui retrouveront, dans son vo-cabulaire - parfois un peu dur et noir - et ses exemples, ce qu’ils peuvent vivre et expérimenter au quotidien. ce chemin très personnel et unique du jeune olivier leur semblera peut-être original mais au fil des pages, ils découvriront eux aussi cette « perle d’un grand prix » que le créateur a mise en chacun de nous et à laquelle nous devons consentir plus que de la chercher : « en de-hors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15,5).

S.B.

SÉleCTIon

Spiritualité

FRANCECatholique n°3198 5 février 2010 29

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Au terme d’une rénovation qui a duré quatre ans, le musée Henner a rouvert ses portes au public en novembre 2009. Il occupe, dans le 17e arron-

dissement de Paris, un hôtel particulier construit en 1878 pour un autre peintre : Guillaume Dubuffe. Entièrement consa-cré à l’œuvre de Jean-Jacques Henner (1829–1905), le lieu fut acquis en 1921 par Marie Henner, épouse du neveu de l’artiste. Transmis à l’état en 1923, le musée fut inauguré l’année suivante. À la fois hôtel particulier au décor éclectique et atelier d’artiste, le musée demeure l'un des rares témoignages, accessible au public, de l’architecture privée de la IIIe République. Sa collection comporte plus de 500 peintures de Jean-Jacques Henner qui font, elles aussi, l’objet d’une campagne de restauration. Elle s’enri-chit d’importants dépôts du Louvre et du Musée d’Orsay. Seuls 20 % des tableaux figurent dans le nouvel accrochage.

Jean-Jacques Henner est né en 1829, à Bernwil-ler, dans le sud d e l ’ A l s a c e . Glo-balement chro-nologique, le parcours retrace la carrière d’un artiste, prix de Rome en 1858, consi-déré comme l’un des plus importants de son époque.

Le peintre ne s’est jamais départi d’un cer-tain réalisme qui demeura une constante de son œuvre, même lorsque les Impressionnistes bouleverseront l’histoire de l’art. À son retour

de la Villa Médicis et de ses voyages en Italie, Henner réalise de nombreux paysages dans la lignée de Corot. Fidèle à ses racines, il peint pour Gambetta, au lendemain de la défaite de 1870, « L’Alsace. Elle attend ». Le tableau lui apporte le succès et fait de lui un portraitiste recherché. Des toi les comme « la Femme au parapluie », « Nicolas Le Roux » ou « la Comtesse Kessler » en témoignent. Inspirées d’une Antiquité « revisitée », de grands et chastes nus féminins à la chevelure rousse (« la Source », « la Fontaine ») se détachent sur un fond crépusculaire dont l’académisme apparent est tempéré par un « sfumato » inspiré des maîtres italiens. Il s’en dégage un subtil accord entre l’attitude et la tonalité. Henner envoie régulièrement au Salon et aux Expositions Universelles des toiles his-toriques ou religieuses qui relèvent du « grand genre ». Mais son « Saint Sébastien », ou l’impressionnant « Christ aux donateurs » peuvent aussi se lire comme une méditation sur la mort. Le public retrouvera, dans un cadre restauré, les œuvres majeures de Henner exposées il y a un an au musée de la Vie roman-

tique. Il accédera également au fonds d’art graphique, présenté par roulement dans une salle du deuxième étage. Pour sa réouverture, le musée expose une série d’eaux-fortes de Goya sur la tauromachie qui fut offerte au peintre. ■

EXpoSitionSMuSéE nAtionAl JEAn-JAcquES HEnnEr

par Alain SolAri

Un portraitiste recherché

La réouverture du musée Henner, entièrement restauré, permet de redécouvrir un peintre plus subtil qu’académique.

30 FRANCECatholique n°3198 5 fevrier 2010

© RM

N

Musée national Jean-Jacques Henner, 43 av. de Villiers, 75017 Paris, ouvert tous les jours sauf le mardi et certains jours fériés (11h-18h), nocturne (jusqu’à 21h) le premier jeudi du mois. Tél. : 01.47.63.42.73. www.musee-henner.fr

Henner :le temps retrouvé

Jean-Jacques Henner, la Source, vers 1881.

Jean-Jacques Henner, l’Alsace. Elle attend,

1871.

© RMN

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Extrait de la bande dessinée de Brunor éditée aux éditions du Jubilé : 13 euros dans toutes les bonnes librairies.

Brunor sera sur KTO le lundi 8 février à 19h30 dans l’émission de Régis Burnet.

Brunor est invité à la Fnac de Parly 2 (Yvelines) le samedi 13 mars à partir de 15h pour dédicacer Le Mystère du soleil froid. Des agrandissements de planches de la BD seront exposés sur place pendant plusieurs jours.

Par ailleurs un CD de chansons de Brunor, en collaboration avec le groupe de pop-louange Ararat, est annoncé ce mois-ci aux Ateliers du Fresne. Nous y reviendrons.

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Flûte csakan – Viennoiseries Musicales (1806 – 1826) – La Simphonie du Marais – Hugo Reyne – éd. Musiques à la Chabotterie – 605007 – Nouveauté -

Le csakan, flûte douce qui revêt d’ailleurs plusieurs formes et recouvre plusieurs tessitures, qui

connut son heure de gloire en plein XIXe siècle viennois. Mais tombé rapidement en désuétude, l’instrument ne fut plus joué et les quelques exemplaires qui restaient servaient plus à la décoration qu’à la musique.

Pourtant, de nombreuses partitions en portaient mention. Et c’était sans compter sur la sagacité et le talent du flûtiste Hugo Reyne pour qu’il revoie enfin le jour. La sonorité, à mi-chemin entre la flûte à bec et le traverso baroque, allie la douceur de l’une à la clarté de l’autre. Hugo Reyne s’est donc penché avec ses musiciens sur le répertoire viennois. Les partitions qui alternent les sonates avec pianoforte et les œuvres avec quatuor à cordes sont une succession de traits brillants qui, s’ils ne laissent pas une impression de chef-d’œuvre, suscitent au moins l’intérêt pour le côté enjoué et le brio de l’interprète. Les musiciens ont su tirer le meilleur de ces pages souvent convenues, les abordant avec un phrasé baroque opportun.

L’équilibre entre les instruments est particulièrement réussi et la prise de son agréable, restituant l’ambiance d’un salon viennois. C’est donc un très agréable enregistrement qui fait découvrir avec force persuasion cette jolie flûte.

Traverso baroque - Christoph Schaffrath (1709 – 1763) – Œuvres – Händelfestspielorchester des Opernhauses Halle – Howard Arman, direction – NCA – 60187 – Sortie 2009 -

Claveciniste, Schaffrath a été re-

com mandé par le maître du tra-ver so, Johann Joa chim Quantz, pour rejoindre la musique de la cour de Frédéric II. L’écriture de pages pour Frédéric témoigne de la volonté de ses musiciens de trouver un nouveau langage, qui débouchera sur le classicisme, et qui, tout en héritant de formes baroques, donnera naissance à l’école de Berlin.

Frédéric II est alors lui-même un excellent flûtiste et les plus grands lui écrivent de célèbres pages, Carl Philipp Emanuel Bach notamment. Schaffrath ne dérogera donc pas à la règle. Les quelques œuvres rassemblées sur cet enregistrement, dont le concerto pour flûte (traverso) en mi mineur, ont été retrouvées plus de 250 ans après leur écriture. C’est l’époque où la flûte s’impose réellement comme un instrument de concert et celle à laquelle sa technique de jeu s’améliore considérablement.

Les escapades capricieuses et alertes témoignent de cette évolution. On y découvre une profusion d’idées musicales dans chaque mouvement ou la forme trio qui s’insère dans la

section centrale. Les autres œuvres pour orchestre ou le concerto pour clavecin illustrent l’esprit galant de la cour de Frédéric II. L’enregistrement a eu lieu il y a plus de 10 ans et ne nous est offert qu’aujourd’hui au disque mais l’ensemble reste tout à fait d’actualité et convaincant dans l’approche.

Concertos pour flûte à bec – Telemann, Graupner, Schultze – Dorothée Oberlinger, flûte – Ensemble 1700 – Reinhard Goebel – Sony – Deutsche Harmonia Mundi – 88697509662 – Nouveauté -

Le Xviiie siècle marque le chant du cygne de la flûte à bec. Jusque-là au firmament de l’orchestre, de la

musique d’Église et de la musique de chambre, sa tessiture, son ambitus et son timbre s’avèrent inappropriés pour l’orchestre baroque tardif qui ne fait que grandir. L’unisson avec les violons la rend inaudible ou trop éclatante à l’aigu. L’école berlinoise sera la dernière à l’utiliser, remplacée rapidement par le traverso.

Les œuvres enregistrées sur ce disque sont donc les dernières pages qui lui sont consacrées… avant un long sommeil de deux siècles ! Cela n’empêche en rien un génie d’écriture, notamment chez Telemann, avec un goût pour la virtuosité encore davantage marqué que dans l’école italienne.

Dorothée Oberlinger manie sa flûte à bec alto avec une extrême précision, un son brillant sur toute l’étendue de ses possibilités et une vraie force. Cet enregistrement est une démonstration flagrante de son talent exceptionnel, appuyée par un orchestre saisissant, qui met en valeur les immenses qualités de l’instrument. n

par François-Xavier LACROUX

C'est l'époque où la flûte s'imposecomme un instrument de concert

S’il est bien un instrument qui constitue une très large famille, et dont l’histoire remonte à celle où débute la musique, c’est bien de la flûte dont il s’agit. En voici quelques illustrations…

(

MUSIQUEAUtoUr d’Un InStrUMEnt

Les flûtes

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CINéMA

Il est des héros de roman qui inspirent régulièrement les cinéastes. Sherlock Holmes est de ceux-là, même si cela

faisait longtemps que ses aventures n’avaient pas été portées à l’écran.

Après avoir terrorisé les habitants de Londres, le terrible tueur en série, auteur de nombreux crimes rituels, Lord Blackwood, a été arrêté par Sherlock Holmes, con damné et pendu à la Tour de Londres. N’ayant plus rien à faire, Sher-lock Holmes plonge dans une sévère dépression que l’annonce du futur mariage de son cher ami le docteur Wat-son ne peut distraire. Mais voilà que l’on apprend que Lord Blackwood est revenu du séjour des morts et menace d’exercer une terrible vengeance. On n’a pas l’habitude de voir, au cinéma, un Sherlock Holmes bondis-sant, adepte de la boxe et des arts mar-tiaux, et n’hésitant pas à donner de sa per-

sonne. C’est ainsi, pourtant, qu’il apparaît dans certaines nouvelles de sir Arthur Conan Doyle. Et c’est tant mieux, car cela permet à Guy Ritchie de mettre en scène des aventures parfaitement rythmées, avec de multiples retournements de situa-tion et coups de théâtre, le tout se dérou-lant dans le Lon dres populaire de la fin du XIXe siècle (les décors sont magni-fiques !). Robert Downey Jr. est un Sherlock Holmes plein de vie et de malice, et son cher ami Watson possède le charisme de

Jude Law (et non la silhouette ventripo-tente de la plupart de ses précédents interprètes au théâtre ou au cinéma). Les dialogues sont brillants et mettent en valeur l’esprit de déduction du héros, qui est la caractéristique de ce personnage haut en couleur. Autant dire que l’on s’amuse beaucoup avec ces aventures tré-pidantes qui ne laissent pas une minute de répit au spectateur. Comme il se doit, les héros sont courageux et intègres, et ils se battent pour traquer les criminels. Mais les combats sont assez violents. ■

Sherlock Holmes. Aventures britannico-australiennes (2009) de Guy Ritchie, d'après sir Arthur Conan Doyle, avec Robert Downey Jr. (Sherlock Holmes), Jude Law (le docteur John Watson), Rachel McAdams (Irene Adler), Mark Strong (Lord Blackwood), Eddie Marsan (l'inspecteur Lestrade), Robert Maillet, Kelly Reilly (2h07). (Grands adolescents.) Sortie le 3 février 2010.

La princesse et la grenouilleDeux petites filles - l'une blanche, Charlotte, l'autre noire, Tiana - écoutent un conte de fées, avec prince charmant et noces heu-reuses. La Blanche est riche, la Noire est pauvre, et c'est sa mère couturière qui lit le conte. Les années passent et les deux petites filles, devenues adultes, conservent leurs rêves. Cela semble s'inspirer d'un conte de Grimm, mais si l'on regarde le film avec atten-tion on réalise qu'il retourne à l'animation tra-ditionnelle en 2D, qui a fait la gloire des stu-dios Disney et a été abandonnée depuis. L'autre nouveauté, qui a fait couler beaucoup d'encre : Tiana est la première afro-améri-caine de la maison Disney, et l'on croit y retrouver des traits de la famille Obama ! Les réalisateurs assurent que, quand ils ont commencé à dessiner les personnages, Obama n'était qu'un jeune sénateur de l'Illinois. Ce film mélange avec art aventure magique, histoire d'amour, personnages lou-foques, méchant patenté et musique. Celle-ci est omniprésente (nous sommes à la Nouvelle-Orléans) et souvent l'action se transforme en numéro de music-hall. Ce film amusant sera apprécié aussi bien par les enfants que par les grandes per-sonnes. Georges Collar

Dessin animé américain (2009) de John Musker et Ron Clemens, avec les voix d'Ania Noni Rose/China Moses (Tiana), Bruno Campos/Alexis Tomas-sian (le prince Naveen), Jim Cum-mings/Antony Cavanagh (Ray)...

(1h40). (Tous.) Sortie le 27 janvier 2010.

Protéger & servirKim et Michel se sont connus à l’orphelinat et sont tous deux devenus flics. Autant dire qu’ils sont des amis inséparables. On a du mal à rire avec cette comédie lourde, souvent bête et mal filmée. Les comé-diens en font des tonnes et ne peuvent sauver cette histoire idiote du désastre. Car, en prime, les dialogues sont nuls. Avis aux amateurs ! L’un des policiers est un catholique pra-tiquant, mais cela donne lieu à des scènes ridi-cules, et même son amour du prochain est tour-né en dérision. Quelques gags de mauvais goût.

Comédie française (2009) de Éric Lavaine, avec Kad Merad (Michel), Clovis Cornillac (Kim Houang), Carole Bouquet (Aude)... (1h30). (Adoles-cents.) Sortie le 3 février 2010.

BrothersTout oppose les frères Cahill : le premier, Tommy, sort de prison, tan-dis que le second, Sam, est heureux en ménage et réussit une brillante carrière de militaire. Mais, un jour, il disparaît en Afghanistan. C’est inhabituel de faire un remake d’un film («Brothers», de Susanne Bier), sorti il y a à peine trois ans. Mais Jim Sheridan, qui s’attache à décrire les liens familiaux avec beaucoup de finesse,

ne pouvait pas passer à côté d’un tel sujet. En filmant au plus près de ses personnages, il décrit la lente descente aux enfers d’un homme marqué par les horreurs de la guerre, tandis que son frère poursuit se lente rédemption, à travers son amitié avec sa belle-sœur. C’est d’une grande puis-sance dramatique, et l’interprétation, très sobre, est sensationnelle. Il y a beaucoup d’amour entre ces deux frères, et c’est cet amour, ainsi que celui du héros pour sa femme, qui permettra à cet homme blessé de surmonter son traumatisme. À cet égard, la fin est magnifique. Drame américain (2009) de Jim Sheridan, avec Tobey Maguire (Sam Cahill), Jake Gyllenhaal (Tommy Cahill), Natalie Portman (Grace Cahill), Sam Shepard (Hank Cahill), Bailee Madison (Isabelle Cahill), Mare Winningham (1h45). (Grands adolescents.) Sortie le 3 février 2010.

Ces nouvelles aventures du célèbre héros de sir arthur Conan Doyle sont plus conformes à l’image que l’écrivain donnait de son héros dans ses premiers ouvrages.

Un héros bondissantSherLoCk hoLMeS par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

On s'amuse beaucoup avec ces aventurestrépidantes

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«Psycause(s) » est un spectacle hila-rant dès la première seconde. Sur un sol noir entouré de murs noirs, l'ombre d'un store. Derrière, un large fauteuil moderne en cuir.

Dedans, toujours la même comédienne, jouant tantôt la psychiatre, tantôt sa patiente.

Les propos sont déjà très bien trou-vés, qui correspondent exactement à l'image qu'on se fait de ce qui se dit dans le cabinet d'un psy. Les attitudes - et même les silences - renforcent encore plus les effets comiques qui en découlent.

Le public, surtout féminin, ne passe pas une minute sans rire. Car il y en a pour tous les goûts : la patiente bcbg qui se voudrait fantai-siste, l'enfant qui raconte son dessin, celle qui cache sa débilité derrière des rires à répétition, l'obsédée

de la propreté, celle qui idéalise sa mère, celle qui a additionné les épreuves... Il y a les régu-lières, qui reviennent sans se lasser, celles qui disparaissent et les nouvelles. Mais il y a aussi la psychiatre, avec ses doutes, ses fractures, sa faiblesse pour l'unique patient masculin qui est venu jusqu'à elle, ses démêlés avec ses enfants, son psy (car elle aussi devient patiente)...

Tout cela est vu avec une dérision au moins aussi importante que la compassion qui l'ac-compagne, à moins que ce ne soit l'inverse. Bref, on rit, mais jamais méchamment, et on s'instruit autant sur autrui que sur soi-même. n

théâtre

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« Psycause(s) », de et avec Josiane Pinson, mis en scène par Daniel Berlioux. Du jeudi au samedi (19h) au Théâtre du Marais, 37 rue Volta, 75003 Paris. Tél. : 01.45.35.75.87.

Sans aucune méchanceté et avec beaucoup de lucidité, l'auteur et interprète de « Psycause(s) » fait rire sur les fantasmes des consultantes, comme de leur consultante.

Filiation« Perthus » est une pièce surprenante et réellement bien inter-prétée sur un sujet rarement traité : la possessivité des mères. Les rôles de ces dernières sont-ils interprétés par des hommes pour mieux faire ressortir les désirs homosexuels de leurs fils ? Mystère. D'autant plus que cette pièce semble moins traiter d'orientation sexuelle que de transgres-sion et de l'emprise d'une génération sur l'autre, via la présentation du monde telle qu'elle est faite par les génitrices.En parallèle on assiste, dans un décor évoquant une salle de classe (dans laquelle on ne se trouve jamais) aux dialogues entre mère et fils, de femme à femme et d'enfant à enfant, au fur et à mesure que ces derniers se rapprochent.La liberté donnée à la femme par son travail est le pivot de cette pièce : l'une a un métier et est de plus en plus ouverte aux aspirations de son fils, l'autre vit au foyer et reste mariée malgré son déshonneur pour des raisons d'argent et d'image sociale, ces dernières l'amenant à inviter son fils à reproduire le modèle de son couple plutôt que de s'écouter.Quoique la forme rende difficile, chez les mères, l'identification des person-nages, le fond du débat ne peut pas laisser indifférent : les dialogues sont criants de vérité jusque dans l'exagération des propos.

La dernière question à poser est de savoir si une mère ne devient pas abusive dans la proportion même où elle est délaissée par le père, complète-ment absent ici. n

« Perthus », de Jean-Marie Besset. Avec Alain Marcel, Laurent Spielvogel, Sylvain Dieuaide, Brice Hillairet. Mise en scène de Gilbert Désveaux. Du mercredi au samedi (21h30), dimanche (17h30) jusqu'au 28 février au Vingtième théâtre, 7 rue des Plâtrières, 75020 Paris. Tél. : 01.43.66.01.13.

« Psycause(s) »

La psypsychanalysée

par Pierre François

D.R.

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Après la révolution des images de synthèse, de nouvelles technologies sont élaborées pour la projection des

films en 3D. Cette adap tation du fameux roman éponyme de Jules Verne a constitué l'un des pre miers longs métrages bénéfi-ciant de nouvelles manières de filmer (sur fond vert...) pour obtenir un effet de relief plus efficace. Il a donc été révolutionnaire à sa façon, ses prouesses techniques venant compenser la faiblesse du scénario. En salle, ou avec le DVD en version 3D, on regarde ce film avec des lunettes munies d'un verre rouge et d'un verre vert. Ce soir Canal + ne diffuse que la version HD mais, dès cette année, arrivent sur le marché des téléviseurs 3 D pour lesquels Canal + prépare des programmes spéciaux.

Max, un géologue, a disparu en Islande. Mais il a laissé une vieille édition de Voyage au centre de la Terre, annotée de sa main, que son frère Trévor, également professeur de géologie, va utiliser pour partir à sa recherche. Sean, le jeune fils de Max est de l'aventure, ainsi qu'une jeune fille rencontrée en cours de route. Pour mettre en scène cette œu vre techniquement ambitieuse, il n'est guère surprenant de trouver derrière la caméra Eric Bervig, qui a supervisé les effets spé ciaux de nombreux films d'action. On

pourrait faire la fine bouche devant un scénario bien prévisible et des person-nages manquant de fi nesse. Mais le film tient son cahier des charges : di vertir le spectateur et le tenir en ha leine. Pari réussi, grâce à quelques touches d’hu-mour. ■

Voyage au centre de la terre. Film d'aventures américain (2008) de Eric Brevig, avec Brendan Fraser (Trevor Anderson), Josh Hutcherson (Sean), Anita Briem (Hannah), Giacarno Caltabiano (Leonard), Garth Gilker (Haraldur Olfasson) (1h29). Diffusion le mercredi 10 février, sur Canal +, à 20h50. Diffusion de la version H.D.

Metropolis

L'orgueilleuse «Metropolis» du XXIe siècle est une cité de rêve pour le gouverneur et son fils, mais elle cache, dans ses entrailles, tout un peuple ouvrier misérable, accablé par la cadence d'un travail inhumain. Cette allégorie prophétique des temps futurs, réalisée en 1927, est d'une ampleur prodigieuse. Fritz Lang a utilisé de manière magistrale la masse «architectu-rale» des 40 000 figurants pour construire une vision d'un monde futur déshumanisé, dominé par quelques privilégiés. On a pu y voir une anticipation du national-socialisme naissant. En tout état de cause, ce film demeure un des plus grands chefs-d'œuvre du cinéma mondial. Il est diffusé dans une version restaurée et augmentée de scènes que l’on croyait perdues. Ce film d'une belle épaisseur humaine offre la vision terrifiante d'une humanité déshumanisée. Le beau person-nage de femme apporte une note religieuse et prêche la foi en un sauveur. Quant à la fin, elle est très positive.Science-fiction allemande en NB et muet (1927) de Fritz Lang, avec Alfred Abel (Joh Fredersen), Gustav Frohlich (Freder Fredersen) (2h26). Diffusion le vendredi 12 février, sur Arte, à 20h40.

Vive la bombe !En 1962, après la fin de la guerre d'Algérie, la France poursuit ses essais atomiques dans le désert du Sahara. S'appuyant sur des faits authen-tiques, Jean-Pierre Sinapi retrace cet épisode tragique. Le récit est très bien rythmé et met en lumière l'irresponsabilité et le cynisme des autorités qui n'ont pas su protéger ces militaires. L'interprétation est de très bonne facture. L'armée, fautive dans cette terrible affaire, est représentée avec un souci de la nuance. Le téléfilm ausculte un mensonge d'État et ses conséquences.Téléfilm français (2006) de Jean-Pierre Sinapi, avec Cyril Descours (Philippe), Olivier Barthélemy (Fred), Matthieu Boujenah (Javiez), Da mien Jouillerot (Jojo), Bernard Le Coq (Antoine), Nadine Marcovici, Lionel Abelanski (1h30). Diffusion le mercredi 10 février, sur Arte, à 20h35.

TéLéVISION

Soirée thématique «Hiroshima et la bombe»C’est en août 1945 que la première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, permettant la reddition du Japon et la fin du sanglant conflit mondial, mais provoquant une onde d’effroi dans le monde. «Hiroshima». Ce documentaire-fiction en deux parties reconstitue l'enchaînement d'événements qui conduisit les Américains à larguer cet engin terrible

sur le Japon. En faisant alterner les images d’archives et celles de reconstitutions colo-riées en sépia, les auteurs de ce passionnant documentaire fiction nous font revivre ces heures qui ont changé la face du monde. Certaines images sont impressionnantes, tout comme les terribles témoignages des survivants, et l’on frémit en voyant la joie des Américains en apprenant la nouvelle. Cette œuvre est passionnante de bout en bout. «Le secret englouti de Hitler» retrace la bataille de l’eau lourde, en Norvège et l’ex-pédition actuelle qui tente de retrouver les bidons d’eau lourde immergés au fond d’un lac. Intéressant.Documentaire fiction canado-japonnais (1995) de Roger Spottiswoode et Koreyoshi Kurahara, avec Tatsuo Matsumura (Kantaro Suzuki), Kenneth Welsh (Harry Truman), Naohiko Umewaka (Hirohito) (2h32), suivi d’un documentaire de Duncan Copp et Sawall Andreas. Diffusion le dimanche 7 février, sur Arte, à 20h40.

Cette relecture du roman de Jules Verne constitue un joyeux divertissement familial.

Voyage au centrede la Terre

par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Divertir le spectateur et le tenir en haleine(

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TF120.45 Les enfants de la télé «Spéciale fous rire». Divertissement présenté par Arthur et V. de Clau­sade, avec José Garcia, Michaël Youn, Amanda Lear, Michel Cymes, Édouard Baer, Cristiana Reali...23.10 New York, unité spéciale. Série 2.France 220.35 Le plus grand cabaret du monde. Divertissement présenté par P. Sébastien, avec Malika Ménard, Grégoire, Corneille, Robert Hossein, Nathalie Marquay...22.50 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.35 Qui va à la chasse… GA. Téléfilm avec Bernard Le Coq, Françoise Lépine. Le début est très amusant, mais le téléfilm verse rapidement dans l'outrance.22.30 Vol au-dessus d’un nid de coucous GA. Drame (1975) de Milos Forman, avec Jack Nichol­son (1h30) 3. Ce film, d’une grande puissance drama­tique, porte un regard sévère sur l’institution psychiatrique. L’inter­prétation est sensationnelle.Arte

20.40 L’aventure humaine «Terres indiennes : (1/5) Au temps du May­flower» J. Très intéressant.22.00 Mystères d’archives «1910. Buffalo Bill» J. Original.22.25 Les aventures de Sally Lockhart «Le mystère de l’étoile polaire» GA. Téléfilm avec Billie Piper (1h35). Prenant et bien fait, mais un peu sensuel.00.00 Metropolis.M620.40 Nos années télé. Divertisse­ment présenté par L. Boyer, avec Dorothée, Thierry Ardisson, Antoine de Caunes, Philippe Gildas...23.00 Laurent Gerra flingue la télé. Spectacle.Canal +20.50 Diamant 13. Policier (2008) de Gilles Béhat, avec Gérard De pardieu... (1h38) 3.KTO20.50 VIP «Catherine Trautmann». Rencontre avec une femme politique.21.45 Mille questions à la foi.22.15 Concert «Messe du Freischütz», de Carl­Maria von Weber.

télévision

36 FRANCECatholique n°3198 5 février 2010

TF120.45 Le corniaud T. Comédie (1965) de Gérard Oury, avec Bour­vil, Louis de Funès (1h50). Une comédie réjouissante.22.45 Les experts. Série avec Marg Helgenberger 2.France 2

20.35 Mauvaise foi GA. Comédie (2006) de et avec Roschdy Zem, et avec Cécile de France... (1h24). Une comédie un peu uto­pique, mais intéressante.22.00 Non élucidé «L’affaire Marine Boisseranc». Magazine présenté par Arnaud Poivre d’Ar­vor, avec Jean­Marc Bloch.France 320.35 Inspecteur Barnaby «La randonnée de la mort» GA. Série avec John Nettles. Prenant, mais banalisant l'euthanasie.22.35 7 à voir. Magazine présenté par Samuel Étienne.00.00 La viaccia GA. Drame en NB et VO (1960) de Mauro Bolognini, avec Jean­Paul Belmondo, Claudia Cardinale (1h41) 3. Cette œuvre d'une belle facture plas­tique révélait le talent de Bologni­ni. Mais l'histoire date un peu trop et elle est d'un pessimisme pénible.ArteHiroshima et la bombe(Voir notre analyse page 35)20.40 Hiroshima J. Documentaire fiction de Roger Spottiswoode et de Koreyoshi Kurahara, avec Tat­suo Matsumura... (2h32). 23.40 Le secret englouti de Hitler J. Documentaire.M620.40 Zone interdite «Vols d’identité, disparitions volon­taires, morts suspectes : Et sou­dain, on n’existe plus !». Magazine présenté par Mélissa Theuriau.22.45 Enquête exclusive «Égypte : La face cachée d’un voyage de rêve». Magazine.Canal +21.00 Football «Marseille/Valen­ciennes».KTO20.40 La foi prise au mot «Confes­sion», avec le père C. Lancrey­Javal.21.45 De la drogue à la vie. Docu­mentaire.23.10 Les mardis des Bernardins «Édith Stein, un chemin vers la joie».

TF120.45 Joséphine, ange gardien «Joséphine fait de la résistance» J. Téléfilm avec Mimie Mathy, Samuel Theis. Cet épisode raté met en scène des résistants de pacotille.22.45 Esprits criminels. Série 3.01.00 Au Field de la nuit. Maga­

zine de Michel Field.France 220.35 FBI, portés disparus : «Le bout du tunnel», «De l’autre côté». Série avec A. LaPaglia 2.22.05 Mots croisés. Magazine présenté par Yves Calvi.France 3

20.35 Les 17es Victoires de la musique classique. Soirée spé­ciale présentée par Marie Drucker et F. Lodéon, en direct de l’Opéra Berlioz Le Corum, à Montpellier.23.30 La maison Russie GA. Espionnage (1990) de Fred Schepi­si, avec Sean Connery... (2h02). Cette adaptation de John Le Carré, tournée dans des décors natu­rels magnifiques, est captivante, même si c’est parfois un peu confus.Arte

20.35 Alphaville GA. Fantastique en NB (1965) de J.­L. Godard, avec Eddie Constantine... (1h35). (Voir notre analyse ci­contre)22.10 Sylvie Guillem, sur le fil. 23.40 Horizons lointains «Lis­bonne». Documentaire.M620.40 Star wars, épisode 3 «La revanche des Sith» J. Science­fic­tion (2005) de George Lucas, avec Ewan McGregor (2h14). Réussi et très spectaculaire.23.05 Alien 3 GA. Science­fiction (1992) de David Fincher, avec Sigourney Weaver (1h50) 3. Un excellent suspense et des images superbes. Mais les violences sont bien présentes, ainsi qu’un salmigondis religieux.Canal +20.45 Le pas Petit Poucet. Diver­tissement avec Omar Sy, Fred Tes­tot, Jonathan Lambert, J. Ferrier.KTO20.40 Sous peine d’innocence. Un documentaire sur le père Pierre Raphaël qui s’occupe de la réhabili­tation des prisonniers new­yorkais.21.45 Un cœur qui écoute.22.20 Grands entretiens «Marie de Hennezel».

TF120.45 Dr. House : «Flou artis­tique», «L’origine du mal», «Une aiguille dans une botte de foin» GA. Série avec Hugh Laurie 2. 23.15 Appels d’urgence : «Bérets rouges : Dans le secret des com­mandos d’élite». Magazine 2.France 2

20.35 Fais danser la poussière GA. Téléfilm avec Tatiana Seguin, Nastasia Caruge... Cette his­toire d’enfant qui souffre de sa différence, mais parvient à la sur ­mon ter, est assez prenante et met en scène un bel amour maternel.22.05 Débat «La revanche des mal­aimés». Débat présenté par Christophe Hondelatte, avec Boris Cyrulnik, Marie Dô.23.15 Dance with me GA. Comé­die dramatique (2006) de Liz Frie­dlander, avec Antonio Banderas (1h55). Cette histoire assez prévisible est prenante.France 320.35 Boudu A/Ø. Comédie (2005) de et avec Gérard Jugnot... (1h41) 2. Lourd, vulgaire et érotique.22.20 Ce soir (ou jamais !). ArteMain basse sur l’info20.35 Les effroyables impos-teurs J. Intéressant, mais donnant trop d’importance à ces impostures.21.20 Huit journalistes en colère J. Quelques solides vérités sont affirmées.22.30 Les flingueuses (9 et 10/ 14). Série avec Amelia Bullmore.22.55 Berlin brigade criminelle (5/8) A. Série. Prenant, mais avec une scène suggestive.M620.40 Bones : «Chair de poule», «L’enfer est pavé de bonnes inten­tions», «Mon père, le criminel», «Illuminati». Série 2.Canal +20.50 Et après… GA. Drame (2007) de G. Bourdos, avec Romain Duris... (1h44) 2. Cette réflexion sur la vie et la mort est bien menée, mais sans ouverture spirituelle.KTO20.40 Les mardis des Bernardins «L’avenir de l’environnement après Copenhague».21.45 Églises du monde «Canada».22.20 VIP «Catherine Trautmann».

samedi 6 février Dimanche 7 février lundi 8 février Mardi 9 février

émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Source de vie», «Présence protestante» ­ 10h30 Le jour du Seigneur «Perles d’Évangile : La parabole des talents» ­ 11h00 Messe, en l'église Saint­Georges, à Paris.

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télévision

FRANCECatholique n°3198 5 février 2010 37

sur ArteLundi 8 février à 20h35Alphaville GALemmy Caution part en mission dans une cité futuriste, Alphaville, où tout sentiment a été aboli. À partir d'un sujet inté­ressant, mais un peu déroutant, Godard a su poser le problème de l'affrontement entre deux forces : la technique, d'une part, et l'homme libre, d'autre part, fort de l'incroyable richesse de son âme libre. Et cette liberté inat­tendue en arrive à détraquer la machine et aboutit à briser les chaînes de l'homme. Magistrale et prophétique ! Cette leçon d'optimisme prône la liberté de l'homme et le refus de son asservissement à la machine.

TF120.45 Mentalist : «Petit cercle entre amies», «Séminaire rouge sang», «Meurtre sous hypnose» GA. Série avec Simon Baker 2. Assez bien fait et bourré d’humour, mais pas toujours très crédible.23.10 New York section crimi-nelle. Série avec V. D’Onofrio 3.France 220.35 Obsessions GA. Téléfilm avec Émilie Dequenne, Samuel Le Bihan... Ce policier, origi­nal et nerveux, est bien interpré­té. Une scène sensuelle.22.15 Panique dans l’oreillette «Cristiana Reali et Stéphane Guil­lon». Magazine de Frédéric Lopez.France 320.35 Coupe de France «Bor­deaux/Monaco (8e de finale)».23.10 L’accident. Documentaire.Arte

20.35 Vive la bombe ! J. Téléfilm avec Cyril Descours, Olivier Bar­thélemy... (1h30). (Voir notre ana­lyse page 35)22.00 Les mercredis de l’his-toire «Mystères d’archives : 1946, essais atomiques à Bikini» J. Original mais d’un intérêt un peu limité.22.30 Si les pieds avaient des ailes… J. Un bon survol de l’histoire du patinage artistique.23.30 Le dessous des cartes «Le nucléaire civil». Magazine.23.40 Les contes de Canterbury Ø. Contes en VO (1972) de Pier Paolo Pasolini, avec Hugh Griffith... (1h47) 4. Très beau, mais vulgaire, grossier et scatologique.M620.40 D & Co, une semaine pour tout changer. Divertissement avec Valérie Damidot.22.30 Coûte que coûte. Canal +20.50 Voyage au centre de la Terre T. Aventures (2006) de Eric Brevig, d’après Jules Verne. (1h29). (Voir notre analyse page 35)KTO20.40 Le porteur d’eau. Docu­mentaire.21.45 La famille en questions «Développement personnel ?».22.20 La foi prise au mot «Confession».23.15 Audience générale, à Rome.

TF120.45 La ferme célébrités en Afrique. Divertissement présenté par Benjamin Castaldi et Jean­Pierre Foucault.23.15 Link, la vie en face. Maga­zine présenté par Sandrine Quétier.France 220.35 N’oubliez pas les paroles «Spéciale Saint­Valentin». Diver­tissement présenté par Nagui, avec Nolwenn Leroy, Laurent Baf­fie, Amandine Bourgeois...23.00 Vous aurez le dernier mot ! Magazine présenté par Franz­Olivier Giesbert.

02.45 Vancouver 2010 «Cérémo­nie d’ouverture», en direct.France 320.35 Thalassa «L’expédition : Aux portes du Yémen». Magazine présenté par Georges Pernoud.22.55 Vie privée, vie publique, l’hebdo «Anny Duperey et Sara Giraudeau». Magazine présenté par Mireille Dumas.Arte20.35 Metropolis GA. Science­fic­tion en NB et muet (1927) de Fritz Lang, avec Alfred Abel... (2h26). (Voir notre analyse page 35)23.10 Grand format «Voyage à Metropolis». Documentaire.M620.40 NCIS, enquêtes spéciales : «Légende (2/2)», «Héros d’un jour…», «L’esprit de famille». Série avec Mark Harmon, Michael Weatherly 2.23.10 Californication. Série avec David Duchovny 3.Canal +20.50 Braquage à l’anglaise A/Ø. Thriller (2008) de Roger Donaldson, avec Jason Statham... (1h48) 2. Cette histoire authentique est parfaitement mise en images, avec du rythme et une bonne reconstitution de l’époque. Mais les images ne sont guère discrètes, et les violences sont parfois pénibles.KTO20.40 Une autre chance. Docu­mentaire.21.45 La vie des diocèses «Gre­noble».22.20 Les mardis des Bernar-dins «L’avenir de l’environnement après Copenhague».

TF120.45 Diane, femme flic : «Étoiles filantes», «Ascendant gémeaux» GA. Série avec Isabel Otero, Has­san Koubba. Depuis la mort du mari de l’héroïne, la série a perdu beaucoup de son charme. Ces épi­sodes sont assez moyens.22.30 Alice Nevers, le juge est une femme «L’homme en blanc» GA. Série avec Marine Delterme, Jean­Michel Tinivelli. C’est assez prenant et plein d’humour, mais fort peu vraisemblable.23.30 Les experts, Miami. Série avec David Caruso 2.France 220.35 À vous de juger. Magazine présenté par Arlette Chabot.22.45 Infrarouge «Nelson Man­dela : Au nom de la liberté». Documentaire.France 3

20.35 Louis la brocante «Louis et le cordon bleu» GA. Téléfilm avec Victor Lanoux, Évelyne Buyle... Un épisode émouvant sur la recherche de ses origines.22.15 Ce soir (ou jamais !). Maga­zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.45 Magnolia A/Ø. Drame (2000) de Paul Thomas Anderson, avec Tom Cruise, Julianne Moore... (3h01). Ce film monumental est fort et plein d'inventions, mais aussi maladroit et excessif dans les images comme dans les dialogues.23.40 One shot not. Divertisse­ment avec Manu Katché.M620.40 Medium : «Ma femme, cette inconnue», «Dent pour dent», «Tuer ensemble», «Le tour­billon de la vie». Série avec Patri­cia Arquette, Jake Weber 2.Canal +20.50 Dirty sexy money (11 et 12 et 13/13) GA. Série avec Peter Krause, Donald Sutherland. Ainsi se termine cette excellente série, dont c’est la dernière saison.KTO10.30 Journée mondiale des ma-lades «Messe, en direct de Rome».20.40 Hors les murs «Festival de la BD chrétienne à Angoulême».21.45 Questions ouvertes.22.20 Concert «Messe du Freis­chütz», de Carl­Maria von Weber.

Mercredi 10 février Jeudi 11 février vendredi 12 février

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive : Elémentpositif: Elémentnégatif

Repères

RaDiosRadio Notre-DameLundi 8 au jeudi 11 février8h Les matinales, "L'éditorial", avec Gérard Leclerc (à 8h15).Mardi 9 février22h écoute dans la nuit "La confiance fait des miracles", avec le Père Tanguy-Marie Pouliquen (Communauté des Béatitudes, Responsable de la formation des séminaristes et des consacrés)16h Parole et Musique "La collec-tion d’instruments du Musée de la Musique".Vendredi 12 février22h écoute dans la nuit "Com-ment faire la paix en soi, Pour vivre en Dieu", avec le Père Pierre Milcent (Carme) et Annick Chereau (enseignante).

RCFSamedi 6 février16h30 équateur "La mort des abeilles met-elle la planète en danger ?" «2010 : année mon-diale de la Biodiversité pour les abeilles», avec Pierre Testu (Réseau Biodiversité pour les abeilles)Lundi 8 février14h30 Halte spirituelle "Santé, guérison et salut", avec le Père Bruno-Marie Duffé (à l'occasion de la journée mondiale des malades, le 11 février) (Tous les jours, à 14h30 et 20h45)Vendredi 12 février13h30 Témoin "Sœur Sarah, égyptienne, qui a succédé à Sœur Emmanuelle"

Marie BIZIEN

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Paris✔ L’Œuvre d’Orient, les chré-tiens de France au service des chrétiens d'Orient présente "Le mystère copte : voyage aux sources égyptiennes du christia-nisme", une exposition à l’église St Germain-des-Prés, 1 place St-Germain-des-Prés, 75006 Paris, jusqu'au 14 février. Entrée libre aux horaires d’ouverture de l’église. www.oeuvre-orient.fr✔ Les Semeurs d'Espérance or-ganisent une Veillée d'Adoration, "Le dirigeant chrétien a-t-il une spécificité ?", avec Augustin de Romanet (Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, président du conseil d'administration du Fonds Stratégique d'Investisse-ment...). Rendez-vous le 12 février (20h15) à l'église St Gervais, 75004 Paris (entrée par le 13 rue des Barres), avec sac de couchage et tapis de sol. Au programme : enseignement… messe présidée par Mgr Jérôme Beau… ado-ration guidée… relais devant Jésus… sacrement de réconcilia-

tion. Rens. ✆ 06.13.16.29.08 / www.semeurs.org✔ Glorius, le 1er groupe de pop-louange, en concert, le 6 février (20h30) à l'église Saint Honoré d'Eylau, 66 bis av. Raymond Poincaré, 75116 Paris. Entrée 10 e. Rens. ✆ 06.87.10.15.16.✔ L’Institut de la Famille [à l’in-tention des couples, des respon-sables paroissiaux de la prépa-ration au mariage] propose deux rencontres sur les Méthodes Naturelles de Régulation des Naissances : "Qu’est-ce exacte-ment ? Comment ça fonctionne en couple ? Est-ce fiable ?", questions/réponses, avec les Docteurs Jean-Paul et Hélène Perez, les 11 et 18 février (20h45 -22h), entrée libre, au Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy 75005 Paris. Rens. ✆ 01.55.79.95.52.www.collegedesbernardins.frpfamiliale@diocèse-paris.net✔ Pierre de Riedmatten (président de l’association Montre Nous Ton Visage), vous invite au "Forum

sur le Saint Suaire de Turin", à Notre-Dame de Grâce de Passy, le 6 février (9h-18h). La messe de clôture sera présidée par Mgr Thomas (évêque émérite de Versailles). Sur le site de Radio Notre Dame, dans la cadre de l’émission écoute dans la nuit (du 6 janvier), l’interview que Béatrice Guespereau et Pierre de Riedmatten ont donnée sur ce sujet est disponible.✔ Le 4e Cours tout public, orga-nisé par l'IPC, 70 av. Denfert-Rochereau, 75014 Paris, sur le thème "L'art de l'argumen-tation II : la raison «dans tous ses états»" par Bruno Couillaud, (Docteur en philosophie et professeur titulaire à l'IPC), est prévu en 5 séances le samedi (10h-12h30), les 13 février, 6, 20 et 27 mars, 10 avril. Rens./insc. ✆ 01.43.35. 38.50 – [email protected] - www.ipc-paris.frHauts-de-Seine✔ Une exposition aura lieu sur "Les origines égyptiennes du Christianisme", du 8 (20h)

au 20 mars (20h) à la Paroisse St-Romain et Paroisse Notre-Dame des Bruyères, 92310 Sèvres.Maine-et-Loire✔ Le Centre Spirituel Diocésain, 40 rue de la Loire, 49620 La Pommeraye, ✆ 02.41.22.35.36, propose une journée de forma-tion le 2 mars (9h30-17h) "Les Pères de l’église des premiers siècles : Irénée de Lyon, Saint Justin et Saint Clément d’Alexan-drie les Cappadociens, Augustin d’Hippone".Seine-Maritime✔ Une session œcuménique "Petits pas dans la vie dans l'Es-prit" aura lieu les 20 et 21 mars, animée par le Père Joël Guibert (foyer de charité de Tressaint, Côte-d'Armor), organisée par les groupes

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entre-prises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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[Le livre peut être commandé seul, par courrier, au prix de 12 euros franco,chèque à l’ordre de France Catholique, 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis Robinson.]

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de prières du Renouveau charis-matique, au lycée professionnel de la Providence-Miséricorde, 42 rue le Nostre, à Rouen, avec louange et prière, enseigne-ment, adoration, eucharistie [le 20 (18h30) à l'église Sainte-Madeleine]. Rens./insc. auprès de Marie-France Engelhard, immeuble Jacques Prévert, Cité Boildieu, 76350 Oissel. Frais 40 e. ✆ 02.32.44.72.85 ou 06. 09.38.43.14 (Solange Lambert).Retraite "Icône" de Pâques✔ Une retraite "Icône" de Pâques, pour débutants et ini-tiés, est organisée sur le thème "La Divine Miséricorde", un cheminement spirituel en pei-gnant l'icône du Bon Larron, au Carmel de Roche for t (Belgique), du 11 (16h) au 17 avril (fin d'après-midi), animée par Astride Hild. Rens./insc. ✆ 00.32 (0)2.731.47.36/[email protected] Site : http://users.telenet.be/astridCongrès de la Miséricorde✔ Le 2e Congrès national de la Miséricorde est prévu du 19 au 21 février, à Lisieux, sur le thème "Miséricorde... Osons la confiance". Trois jours pour se ressourcer, expérimenter la Joie de la Miséricorde et grandir dans la confiance. Avec notamment

une conférence "Miséricorde... osons la confiance : en vivre ?", avec le Cardinal Phi l ippe Barbarin (archevêque de Lyon)... le groupe Glorious... Animations prévues pour les enfants et les jeunes. Rens. Congrès Miséricorde France, 7 rue Notre Dame, 77334 Meaux cedex, ✆ 01.64.33.90.94 / [email protected]://congresmisericordefrance.catholique.frVoyage d'étude✔ Un voyage d’étude est prévu du 20 au 26 février 2010, sur édith Stein (Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix), conduit par Mgr Renauld de Dinechin, conçu e t accompagné par Sophie Binggeli (professeur de phi-losophie au Collège des Bernardins). Parcours en Pologne et en Alle-magne sur les pas d’édith Stein (Wroclaw, Auschwitz, Beuron, Fribourg, Spire, Bad Bergzabern). Rencontres avec des spécia-listes. Inscriptions : Direction Diocésaine des Pèlerinages, ✆ 01. 55.79.96.03, et http://catholique-paris.cef.fr/105-Voyage-Peleri-nage-sur-les-pas.html

Pour passer un communiqué, contactez : [email protected]

fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur : www.france-catholique.fr

AbONNEmENTS à FRaNCe CathOLIqueFrance, 6 mois : 58 / 1 an (47 numéros) : 110 / étranger, 1 an : 122 . Abon nement sou tien : 250 . Pour la Bel gique, virements à l'ordre de E. Ker khove, chaus sée de Dottignies 50 7730 Es taimpuis, tél. 056. 330585, compte ban caire : 275.0512. 029.11.Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien par mandats in ternationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et pa yables en France ou par chèques ban-caires domiciliés à l'étranger mo yen nant une surtaxe de 18 , ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rem bourse pas les abonne-ments interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août.PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20 ➥ Association de paroissiens désirant soutenir une présence Religieuse locale dans beau village (1000 hab. - 110 km Nord Est Paris, vallée de l'Aisne) pro-pose à prêtre(s) (max 2), en situation compatible pour accepter, mise à disposition pour habitat permanent d'une agréable maison, près de l'église, modernisée et installée à cet effet. Un statut particulier d'auxi-liariat pourrait éventuellement être examiné pour le(s) bénéficiaire(s) par l'évêque diocésain. Courriel : [email protected], ou écrire au journal qui transmettra, avec la référence 102/10.

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Le but du jeu est de remplir la grille avec une série de chiffres

tous différents, qui ne sont jamais plus d'une fois sur une

même ligne, une même colonne ou une même sous-grille.

Réponses

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson

Téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X

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Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert masson - éditorialiste : Gérard Le clerc - Rédaction : Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : brigitte Pondaven

Imprimé par IPPaC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

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