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87 e année - Hebdomadaire 3253 - 1 er avril 2011 3 france-catholique.fr france-catholique.fr FRANCE Catholique Après le « Parvis des gentils » page 3 ISSN 0015-9506 Hommage à Robert Masson pages 18 à 20 Foi et raison L’enquête de l’inspecteur Brunor pages 22 à 25

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87e année - Hebdomadaire n° 3253 - 1er avril 2011 3 €franc

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Après le « Parvisdes gentils » page 3

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Hommageà Robert Masson pages 18 à 20

Foi et raison L’enquête de

l’inspecteur Brunor pages 22 à 25

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011

FRANCECANTONALES : Le Parti socia-liste a obtenu 36,2% des suffrages exprimés, il devrait contrôler une soixantaine de départements sur 100. L'UMP est créditée de 18,6%. Le Front national, avec 11,73% n'a que deux élus.SANTé : L’Assemblée a voté le 22 mars le projet de loi réformant l’hospitalisation sous contrainte qui concerne 70 000 personnes hospitali-sées à la demande d’un tiers ou pour atteinte à l’ordre public.SOCiAL : Les résultats des élections professionnelles du 24 mars à la SNCF marquent un recul de la CGT qui reste cependant le premier syndicat avec 37% des suffrages.SCOLARiSATiON : Le collectif Autisme a lancé le 25 mars une campagne pour dénoncer le fait que 80% des enfants autistes sont laissés à la porte de l’école.TéLéViSiON : Le PDG de Canal+ a annoncé le 25 mars le lancement en novembre 2011 d’une chaîne généraliste gratuite, Canal 20.

MONdEJApON : à Fukushima, l’aug-mentation de la radioactivité dans l’eau a imposé le 27 mars l’évacuation des tech-niciens chargés de relancer le processus de refroidissement. Plusieurs, qui ont été iradiés, sont hospitalisés depuis le 23 mars.pORTugAL : Après la démis-sion du Premier ministre José Socrates, désavoué par le Parlement sur un nouveau plan de rigueur, les dirigeants européens se sont réunis le

24 mars à Bruxelles en vue de débloquer une aide de 75 mil-liards d'euros pour le Portugal, ce que beaucoup de Portugais interprètent comme une inac-ceptable mise sous tutelle de leur pays dans le but de sauver la monnaie européenne et les intérêts des créanciers plutôt que ceux du peuple.LiByE : Des bombardements ont ciblé le 22 mars la rési-dence de Kadhafi à Tripoli. Une semaine après le début de l’offensive aérienne, les forces de Kadhafi ont été repoussées de la ville de Benghazi, mais les insurgés, en majorité des civils inexpérimentés et mal armés, peinaient à reconquérir

les territoires qu’ils occupaient au début de la rébellion.MAROC : Des milliers de Ma rocains ont manifesté le 20 mars à Rabat et à Casablanca pour réclamer plus de démo-cratie et de justice sociale.égypTE : Les amendements à la Constitution soumis à ré fé rendum le 19 mars ont été approuvés par 77% des votants.SyRiE : Au moins cent per-sonnes ont été tuées le 23 mars à Deraa, dans le sud du pays, où la population pro-testait contre le régime de

Bachar el-Assad ; les organi-sations des droits de l’homme dénoncent également des arrestations massives. Le pré-sident el-Assad a annoncé le 24 mars l'abrogation de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963 et une hausse des salaires pour les fonction-naires.AFghANiSTAN : L’OTAN a com-mencé le 22 mars le trans-fert de la sécurité dans trois provinces et quatre villes à l’armée afghane.CôTE d’iVOiRE : Les habitants des quartiers Nord d’Abidjan, abandonnés à eux-mêmes et bombardés par les forces de L. Gbagbo, ont commencé à

fuir massivement leur résidence le 22 mars pour échapper aux combats ; selon l’ONU, plus de 500 000 personnes auraient quitté leur habitation depuis fin 2010. Le Conseil de sécurité, réuni le 25 mars, a envisagé des sanctions plus contraignantes contre L. Gbagbo.pROChE-ORiENT : Des échanges de tirs entre Israël et la bande de Gaza ont fait plusieurs victimes côté palestinien le 23 mars ; un attentat non revendiqué a fait un mort et une trentaine de blessés à Jérusalem. Cependant, les

groupes Palestiniens se sont réunis le 26 mars à Gaza sous l’égide du Hamas pour envi-sager le rétablissement d’une trêve tacite avec Israël.ALgéRiE : Des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre ont fait une cinquan-taine de blessés le 23 mars à Alger.éTATS-uNiS : L’actrice anglo-américaine Elizabeth Taylor, une des dernières « légendes d’Hollywood », est décédée le 23 mars à l’âge de 79 ans.BiRMANiE : Un séisme de magnitude 6,8 a frappé l’Est du pays le 24 mars, faisant au moins 100 morts et le double de blessés.CANAdA : Le Parlement a voté le 25 mars une motion de cen-sure contre le gouvernement conservateur, provoquant sa chute et l’organisation d’élec-tions législatives anticipées le 2 mai prochain.ALLEMAgNE : Les chrétiens-démocrates de la CDU et les libéraux du FDP ont perdu au profit des Verts, lors des élections régionales du 27 mars, la majorité qu'ils déte-naient en Bade-Wurtemberg depuis 1953.gRANdE-BRETAgNE : Répondant à l’appel des syndicats, des centaines de milliers de Bri-tanniques ont manifesté le 26 mars à Londres pour protester contre l’austérité.SuiSSE : Quatre Français ont trouvé la mort et un autre a été porté disparu le 26 mars dans une avalanche près de Bourg-St-Pierre en Suisse.ROME : Les hôtels de Rome enregistrent une vague d’an-nulations pour la béatification de Jean-Paul II, notamment de Japonais, en raison des consé-quences du séisme, et d’Amé-ricains, à cause du conflit en Méditerranée.

J.L.

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SOMMAIREACTUALITÉ

4 CAnTOnALES Votedecrise Alice Tulle5 CAnTOnALES àpartird'uncanton... Tugdual Derville6 LIbyE Dabellumbreve Yves La Marck7 yÉMEn Arabiafelix YLM

DOSSIER8MADAgASCAR L'hôpitalSainte-Anne Père Jean-Yves Lhomme12hAïTI Reconstruiredesécoles Père Lucien Heitz

ESPRIT14 LECTURES 4edimanchedeCarême

Père Michel Gitton16 DIEUETLASCIEnCE Pourquoilascience…?

Bertrand Souchard18 hOMMAgE RobertMasson

François-Régis Hutin - Marc Jeanson21 CARêME L'eau(2)

Père François de Vorges

MAgAZInE22 b.D. Montrerqu'ilyades raisonsdecroire

Brunor / Brigitte Pondaven26 LIVRES "Lapersonnehumaineenquestion"

Éric de Rus / Anita Sanchez-Bourdin28 LIVRES AliouneDiop,l'inventeurdel'Afrique

Tristan Lieucourt30 ExPOSITIOnS L'ÉcoledeRouen Alain Solari32 MUSIqUE SélectionJ.-S.bach François-Xavier Lacroux33 CInÉMA «Touslessoleils», «Thecompanymen»,«Revenge», «nous,princessesdeClèves», Marie-Christine Renaud d'André, Georges Collar34 SPECTACLES LeCirquedesMirages Pierre François35TÉLÉVISIOn «Lesailesdusoleil», «Faubourg36», «Lavieetriend'autre», «Toietmoi,ons'appelleparnosprénoms» M.-C. Renaud d'André 36 TÉLÉVISIOn Votredébutdesoirée M.-C. R. d'A.38 bLOC-nOTES Vieassociativeetd’Église Brigitte Pondaven

Couverture : Brunor - Photo © Élise Béliard,Son et lumière de © Bruno Seillier sur Notre-Dame de Paris

vendredi 25 mars 2011 (Parvis des Gentils)photo © François Lespès.

une lettre aux actionnaires et amis du journal est "encartée"dans les exemplaires qui leur sont destinés.

Il est trop tôt pour tirer toutes les leçons de cette grande « première » que Paris a vécue avec « le Parvis des gentils ». La beauté du spectacle son et lumière de Brunor Seillier sur la façade de Notre-Dame — dont nous publions une photo sur notre couverture — a été en quelque sorte le symbole

d'un événement culturel brillant et dont on peut être fier pour l'Église. J'attendrai cependant, pour ma part, la publication des différentes interventions faites à l'Unesco, à la Sorbonne, à l'Ins-titut de France et au Collège des Bernardins, pour réagir plus avant sur ce passionnant dialogue commencé entre chrétiens et non-croyants. Quels sont les points sensibles de la discussion, quels sont ceux qui sont susceptibles d'approfondisse-ment dans un avenir proche ? Du message de Benoît XVI retransmis sur le parvis de Notre-Dame, je me concentrerai, aujourd'hui, sur une unique proposition : « Les religions, a dit le Pape, ne peuvent avoir peur d'une juste laïcité, d'une laïcité ouverte, qui permet à chacun et chacune de vivre ce qu'il croit en conformité avec sa conscience. » Plus loin dans ce mes-sage, il est même question de la fraternité que permet une saine laïcité, une fraternité au-delà des convictions, mais qui reconnaît les différences.

Spontanément, j'ai rapproché ces propos du Pape de ceux du grand rabbin Gilles Bernheim, publiés il y a quelques jours dans Le Monde : « La laïcité, disait-il, n'est pas une doctrine, moins encore la religion de ceux qui n'ont pas de religion, mais un art de vivre ensemble. » Il me semble percevoir, qu'entre Benoît XVI et Gilles Bernheim, la convergence est totale et que la plupart des hommes et des femmes de bonne volonté peuvent aujourd'hui acquiescer à leur pensée commune. Mais il ne faut pas se cacher qu'une telle conception n'est pas née spontanément. Il a fallu pas mal de temps pour qu'on puisse s'accorder très largement sur une vision du vivre-ensemble, sur une sorte d'espace commun fraternel qui rend possible la coexistence des différences les plus profondes, sans jamais les cacher. La laïcité n'est pas une religion, ni même une philosophie. Elle est un art de vivre, une conception « pruden-tielle » de la vie en commun. à partir d'elle, beaucoup de choses sont possibles, y compris celle de dialoguer le plus loin possible et de rechercher ensemble la vérité de toute son âme. n

AprèsleParvisdesgentils

ÉDITORIAL

FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011 3

par Gérard LECLERC

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,

chaque semaine sur :

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ACTUALITÉ

4 FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011

par Alice TULLE

Le second tour des élections cantonales a confirmé la leçon du premier : c’est un vote de crise et un

non-vote de mécontentement qui exprime une angoisse quant à l’avenir et une nette défiance à l’égard des actuels dirigeants.

L’UMP n’a pas su mobi-liser les abstentionnistes du 20 mars. Les consignes pour le second tour ont été confuses : la ligne officielle était de ne choisir ni le Front national ni le Front républi-cain, mais certaines person-nalités de droite ont appelé à voter à gauche contre le parti de Marine Le Pen. Le dimanche 27 mars au soir, les observateurs en concluaient que le Président ne parvenait plus à se faire obéir par ses partisans — certains choisis-sant des étiquettes « divers droite » pour ne pas faire réfé-rence à lui. De surcroît, il a été désavoué par les électeurs des Hauts-de-Seine qui ont élu Patrick Devedjian et qui ont lâché Isabelle Balkany, proche de Jean Sarkozy. Comme les sondages sur la future prési-dentielle donnent l’actuel président en troisième posi-tion derrière un candidat de gauche et Marine Le Pen, la

situation de l'UMP est déli-cate.

La gauche a eu le triomphe modeste. Martine Aubry a prononcé les paroles habi-tuelles en ce genre de circons-tances sur le redressement du pays et le rassemblement des Français. Mais les socialistes ne semblent pas se rendre compte de l’efficacité du discours du Front national

dans le domaine économique et social — qui explique en partie ses succès (en voix, non en sièges) aux canto-nales. Et ils vont entrer dans une nouvelle période de luttes internes en vue des primaires, ce qui ne confortera pas leur popularité. François Hollande

s’est presque déclaré, Martine Aubry semble tentée par une élection facile face à Marine Le Pen. Dominique Strauss-Kahn peut lui aussi être séduit par une victoire sans efforts.

Dans ces conditions, la formation présidée par Marine Le Pen devrait poursuivre sa progression : les déclara-tions des actuels dirigeants sur l’immigration et sur l’is-

lam ne ramèneront pas les électeurs vers l’UMP car le discours du Front national est plus attrayant que celui de Nicolas Sarkozy qui est aux affaires depuis 2002 et qui a tenu maints propos sur l’immigration. Surtout, le thème du protectionnisme

assorti d’une sortie de l’euro continuera d’attirer les élec-teurs des classes moyennes et populaires qui sont touchées par la désindustrialisation. Comment le gouvernement, qui vient de s’engager dans le pacte européen pour l’euro, pourrait-il faire des promesses crédibles alors que ce pacte implique de nouvelles restric-tions budgétaires et des compressions de salaires ?

La gauche ne peut ex ploiter cette contradiction puisque les socialistes approuvent les mesures prises pour sauver l’euro. Les réponses seront d’autant plus difficiles que la zone euro, exposée aux crises grecque et irlandaise, point résolues, affronte maintenant la crise portugaise et redoute une contagion à l’Espagne qui fragiliserait encore le système bancaire.

Il ne faut donc pas accor-der une trop grande impor-tance aux chiffres publiés au soir du 27 mars. Une grande partie des abstentionnistes se mobilisera pour la présiden-tielle, et la crise financière va mettre dans l’embarras la droite qui régresse et la gauche qui progresse parce que l’électorat populaire des zones périphériques, que Nicolas Sarkozy ne séduit plus et que la gauche a oublié, est en quête de solutions radi-cales dans le domaine écono-mique et social. Des solutions que l’extrême-gauche, fixée sur des expériences qui ont échoué, ne parvient pas à présenter. n

CANTONALES

Une grande partie des abstentionnistesse mobilisera pour la présidentielle(

Les deux principales formations politiques affirment avoir entendu le message des électeurs frontistes et des abstentionnistes.Il leur reste à concrétiser des réponses complètes et crédibles.

Vote de crise

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Le canton de Ver sailles-Nord-Ouest est aty pique. C’est celui d’une ville

ré putée catholique, où la pratique dominicale est exceptionnellement élevée, même si elle reste très mino-ritaire par rapport à l’en-semble de la population. Les élections cantonales s’y sont achevées sur des résultats inédits. Largement en tête au premier tour, Bertrand Devys, le candidat officiel de l’UMP a été battu par Oliver de la Faire qui portait l’étiquette « majorité présidentielle, Parti Chrétien Démocrate ».

Cette victoire d'un divers-droite au détriment du candi-dat officiel (qu’on observe dans un autre canton de Versailles comme à Neuilly) manifeste certes le rejet du président de la République observé dans beaucoup d'autres endroits. Mais la présidente du PCD, Christine Boutin, y voit aussi le signe d’ « un renouveau politique fort » et note que son candidat « a éliminé le Front national au premier tour [N.D.L.R. : il avait eu 14% des voix] et l’UMP au second tour : un exemple qui pourrait faire réfléchir ». Certes, le sortant, Bertrand Devys, comptait parmi ses soutiens des catholiques engagés, dont sa suppléante. Par ailleurs, au premier tour, une autre liste, qui portait l’es-tampille chrétienne, celle du parti Solidarité avait obtenu un score important, avec 11% des suffrages exprimés… à n’en pas douter, les catho-liques ont fait cette élection en s'abstenant moins.

En France, ils ne seraient que six cent mille à commu-nier le dimanche, d’après le chiffre de la consommation des hosties dominicales, selon certaines sources. Une donnée probablement plus sûre que celles des sondages qui estampillent des fidèles

qui ne croient ni au Christ, ni à la vie éternelle, et encore moins à l’Église…

Des croyants sont pous-sés à entrer en résistance poli tique, avec parfois un certain succès. Quand les lois, la culture, l’Éducation natio-nale et les médias professent un catéchisme antichrétien, il n'ont d'autre choix que d'épouser l’esprit du monde ou d'approfondir leur foi…pour s’impliquer dans le monde. Un chrétien qui n’est pas engagé est vite perdu.

Des catho l iques se rassemblent donc et consti-tuent des réseaux… et leur esprit de chapelle s’évapore au fur et à mesure que celui du monde vient les margina-liser. Attaqués, ils renforcent naturellement leur conscience politique. Ceux qui n’ont pas

tout abandonné sont de plus en plus décomplexés, voire audacieux.

Au contraire des minorités chrétiennes des pays totali-taires, dont la voix est étouf-fée par une religion/idéologie dominatrice, les démocraties occidentales ouvrent une opportunité d’expression aux minorités. Paradoxalement, la crise de la société asso-ciée à celle de la Foi semble donner à un « petit reste » de chrétiens un nouveau souffle. Car, désabusées, les majori-

tés silencieuses sont passives, moutonnières et abstention-nistes.

Signe qui ne trompe pas : les catholiques sont courti-sés par les partis politiques et leurs leaders. Avec sa laïcité positive, l’actuel président a multiplié les appels du pied à une communauté qui l’observe avec un zeste d’ironie : visite à Vézelay le 30 septembre 2010 puis au Puy-en-Velay le 3 mars 2011 et bientôt participation à la béatification du pape Jean-Paul II à Rome.

Une minorité chrétienne engagée a le grand mérite d’avoir de solides convictions sur le sens de la vie, la struc-turation de la société et le bien commun. Bref, des convic-tions politiques. D’autant plus précieuses qu’elles sont désintéressées et universelles, elles deviennent un antidote à l’individualisme égocentré des revendications catégorielles. On l’a vu sur les questions bioé thiques où une mino-rité chrétienne constitue un contrepoids face au lobbying de quelques chercheurs ou de quelques couples revendiquant de graves transgressions. Dans un monde en quête de repères, la plupart des responsables politiques paraissent autant perdus que leurs concitoyens. Quand les responsables de l’UMP se laissent séduire par les sirènes libérales-libertaires, la poussée du Front National de Marine Le Pen, quoi qu’on en pense, comme recours ou repoussoir, offre un levier argumentaire aux chrétiens dans la perspective des élec-tions présidentielles. n

ACTUALITÉANALYSE

par Tugdual DERVILLEà partir d'un cantonbien particulier

FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011 5

vErSaillES-nOrD-OUEST

réSUlTaTS DU 2d TOUr - DimanchE 27 marS 2011m-nc-m. OliviEr DE la FairE 52,86 % - 3 124 vOix

UmP-m. BErTranD DEvYS 47,14 % - 2 786 vOix

inScriTS : 19 091 vOTanTS : 6 629 - 34,72 % aBSTEnTiOnS : 12 462 - 65,28 % ExPriméS : 5 910 - 30,96 % DES inScriTS - 89,15 % DES vOTanTS

BlancS OU nUlS : 719 - 3,77 % DES inScriTS - 10,85 % DES vOTanTS

réSUlTaTS DU 1er TOUr - DimanchE 20 marS 2011UmP-m. BErTranD DEvYS 31,79 % - 2 402 vOix

m-nc-m. OliviEr DE la FairE 16,45 % - 1 243 vOix

Fn-mmE DOminiqUE TOUlY 14,02 % - 1 059 vOix

DvD-m. PiErrE-ETiEnnE valaDiEr 11,12 % - 840 vOix

SOc-mmE caThErinE nicOlaS 10,44 % - 789 vOix

vEc-mmE BrigiTTE BOUchET 9,83 % - 743 vOix

mODEm-m. ivan cOrvaiSiEr 4,75 % - 359 vOix

cOm-m. anTOinE caSanOva 1,60 % - 121 vOix

inScriTS : 19 091 vOTanTS : 7 623 - 39,93 % aBSTEnTiOnS : 11 468 - 60,07 % ExPriméS : 7 556 - 39,58 % DES inScriTS - 99,12 % DES vOTanTS

BlancS OU nUlS : 67 - 0,35 % DES inScriTS - 0,88 % DES vOTanTS

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La libye n’est pas l’Irak. Mais on se souviendra de la première guerre du Golfe : Bush père

refuse de monter à Bagdad et de chasser Saddam. C’est le fils qui jugera l’action de son père comme une erreur et n’aura de cesse d' « achever » le travail avant la fin de son mandat. C’est ce qu’il ne faut pas répéter en Libye. Il faut se dissocier radicalement des va-t-en-guerre qui ne seront satisfaits qu’avec le cadavre du Guide. Qu’à Dieu ne plaise, via le peuple libyen, et non les missiles de l’étranger.

Pas question aussi d’armer une rébellion qui doit d’abord retrouver ses origines civiles légitimes. Le mouvement de Benghazi était d’abord un soulèvement démocratique. Il ne doit pas se militariser dès lors que la protection est internationalement assurée aux civils. Autrement nous retomberions dans le précé-dent kosovar. Plutôt que d’ar-mer, en contradiction avec l’embargo sur les armes, le mouvement de contestation libyen doit désarmer.

La guerre selon la réso-lution 1973 du Conseil de sécurité — « la guerre huma-nitaire » — est en effet termi-née. Benghazi a été sauvée in

extremis grâce à la détermi-nation du président Sarkozy. Il faut lui rendre cet hommage, ainsi qu’à notre aviation. La zone d’exclusion aérienne est en place. Cela devrait a priori suffire à ramener la paix. Si la rébellion reprend militairement plus de terrain qu'on ne pouvait l'imaginer

il y a quelques jours, on ne va pas s'en plaindre. Mais il faut faire place maintenant à la politique.

Or en ce domaine, la résolution ne dit rien. Les membres du Conseil de sécurité devraient se mettre au travail sans attendre pour élaborer un projet de règlement. Des médiateurs

de la Ligue arabe, de l’Union africaine, ou indépendants, doivent prendre langue avec les deux parties. La Turquie s'est proposée. Travail qua si impossible, dira-t-on, eu égard à la personnalité trouble du colonel Kadhafi ? Mais il peut aussi lui agréer, ou à tout ou partie de son

entourage, de rester dans la course, de continuer à être un interlocuteur reconnu. Anathème cette fois pour le nouveau conseil représenta-tif de Benghazi. Mais ce n’est pas la première fois que la communauté internationale se trouve face à ce genre de situation où les parties s’ex-cluent mutuellement.

Les Américains, après avoir pris brièvement le commandement de l’opé-ration — après les frappes françaises — se sont dépê-chés de se débarrasser du bébé. Non pas par timidité comme cela est reproché à Obama par ses opposants, mais parce qu’ils connais-sent leurs priorités : Yémen, Bahreïn, ces verrous de l’Arabie Saoudite, du Golfe et de la mer Rouge, passent largement avant la Libye où aucun intérêt international n’est en jeu, ou la Syrie. Le risque aujourd’hui est que les forces occidentales soient distraites en Méditerranée, dans le jardin alors que le cœur de la maison est en train de brûler.

La place est donc libre pour la diplomatie fran-çaise, voire franco-britan-nique, sur un dossier qui aurait pu être européanisé — l’Italie ne se laissera pas exclure d’un processus de négociation ; l’Allemagne s’est disqualifiée — mais qui ne l’est pas, par la faute de Catherine Ashton, en théo-rie « haut représen tant de la politique extérieure et de sécurité commune » mais qui est inexplicablement restée empêtrée à Bruxelles.

Ce n’est évidemment pas la fonction de l’OTAN, ni d’un comité. S’il peut oublier qu’il n’est plus ministre de la Défense, mais des Affaires étrangères, Alain Juppé a donc carte blanche pour bâtir la paix en Libye. n

ACTUALITÉ

6 FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011

par Yves LA MARCK

LIbye

Une rébellion qui doit d'abord retrouver ses origines civiles légitimes(

Guerre-éclair, la guerre en Libye est finie avant de commencer. Mais le plus dur reste à faire politiquement.

Da bellum breve

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Attendue depuis des mois, la chute du président Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis

1978, était la dernière chose que pouvaient souhaiter ses voisins. Et sa succession est le casse-tête dont le président Obama se serait bien passé avant la fin de son mandat.

Certes la gravité de la situation n'est pas entière-ment nouvelle. Le gouverne-ment yéménite, depuis déjà longtemps, était réputé ne contrôler véritablement que le tiers de son territoire. Le Nord, à la frontière de l’Ara-bie saoudite, est en proie à une rébellion dite houtiste, plus ou moins affiliée à l’an-cienne monarchie zaïdite (la chute de celle-ci, en 1962, avait été suivie de cinq ans de guerre civile). Le Sud, autour d’Aden, l’ancienne république du Yémen du Sud, indépen-dante des Britanniques en 1967, s’estime lésée par la fusion avec le Nord en 1990 et réclame l’autonomie. Le pillage d'une usine d'arme-ment le 28 mars, avec une explosion qui aurait fait des centaines de morts, laisse présager le pire. L’Est est une zone d’insécurité tradition-nelle avec fréquentes prises d’otages et refuge privilé-gié pour des cellules de la branche d’Al Qaeda pour la

péninsule arabique, expulsée d’Arabie saoudite. Les côtes occidentales et méridionales de la mer Rouge et du golfe d’Aden sont infestées de pirates et de trafics en tous genres, face à la Somalie, État failli, et à un Djibouti fragi-lisé.

Les États-Unis, qui ont ouvert en 2003 à Djibouti une base militaire qui ne cesse de s’étendre, au détri-ment de la vieille présence militaire française, ont régu-lièrement anticipé au Yémen le prochain Afghanistan. D’abord parce que le relief accidenté s’y prête, de même que le fractionnement tribal où tout homme, depuis la

puberté, est armé. De surcroît, surpeuplé, le Yémen, qui était dit « Arabie heureuse » depuis l’Antiquité, vit dans la pauvreté. Le différentiel de revenu par tête à ses fron-tières y est le plus fort au monde. L’immigration yémé-nite ou à travers le Yémen

déferle sur toute la péninsule arabique.

Pour éviter de tomber dans le scénario-catastrophe, on peut se rassurer à bon compte en voyant que les principaux chefs militaires et les chefs des grandes confédérations tribales qui ont décidé de lâcher le président Saleh ont sans doute conclu un accord grâce à quoi tout continuera

comme par le passé : un chef militaire à poigne au pouvoir et la plus grande autonomie pour les tribus. On peut se demander ce que la démo-cratie y gagnera. Le problème n’est pas là mais, comme en Libye, comment éviter la guerre civile. Le président Saleh — ex-colonel Saleh — comme Kadhafi, a gouverné non avec l’armée mais avec une garde républicaine et des services de sécurité dont la direction est confiée à sa famille proche.

Si la transition se passe bien, Washington pourra renouer avec les nouveaux hommes forts les liens sécu-ritaires qui lui ont permis de maintenir jusqu’à présent en lisière les éléments d’Al Qaeda, dans une guerre qui ne dit pas son nom. Paris doit défendre les intérêts gaziers de Total qui y exploite des champs gigantesques à destination du Japon et des États-Unis. La France, forte de sa présence aérienne à Djibouti, s’était récemment beaucoup investie dans la coopération maritime avec Sanaa. Une zone d’exclusion aérienne au Yémen poursui-vrait l’action de surveillance déjà engagée dans le détroit de Babel Mandeb et les rails de circulation entre océan Indien et mer Rouge. Mais peut-on tenir, sur le moyen terme, deux fronts à la fois, Libye et Yémen ? n

ACTUALITÉyÉMeN

par Yves LA MARCK

L’enjeu yéménite n’a aucune commune mesure avec l’enjeu libyen. Les Américains sont à Sanaa devant un problème majeur dont le président Obama a pleinement conscience.

Arabia felix

FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011 7

Le Yémen, qui était dit « Arabie heureuse » depuis l'Antiquité, vit dans la pauvreté )

Passage à l'heure d'été...

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D ans mes missives à nos donateurs, je parle quasiment à chaque fois de cyclones ! Les 7 et 8 avril 2009, c’était Jade. Les 4, 5 et 6 mars 2010, Hubert ! Mais cette fois, je n’ai pas trop envie de « m’étendre » en détail sur les dégâts occasion-

nés, il y en a eu aussi bien sur le site HSA qu’ici à Mananjary où le matériel stocké à l’évêché a souffert de la brusque montée des eaux au point

qu’il a fallu trier, faire sécher et malheureuse-ment jeter. Impressionnant, déroutant… et épui-sant ! Des journées de travail pour le plus urgent avant d’être cloué au lit deux jours par le fameux chikungunya transmis par un moustique (encore un autre celui-là, différent de l’anophèle du pa-ludisme) et si ça fait très mal dans tout le corps, ce sont les articulations qui sont les plus doulou-reuses… pendant un temps certain, en fait des semaines. Si on ne l’attrape qu’une fois, dit-on, le corps ou les articulations à un moment ou l’autre font de nouveau mal pour quelques jours de fa-çon supportable… et puis, au fil des mois, cela s’estompe. Beaucoup de personnes, des milliers, ont été touchées dans notre région mais l’infor-mation n’a sûrement pas franchi les frontières du pays pour que vous en ayez eu connaissance. Le gouvernement de transition et son ministère de la santé s’en sont émus. L’île de La Réunion avait également connu une « épidémie » dans les années 2005-2006. On en avait parlé à ce mo-ment-là en France d’autant plus qu’on retrouvait ce moustique en Italie ou en Provence, je crois, et qu’il y avait donc une crainte… légitime voire fondée (ou non).

Si le seul remède est la prise de paracéta-mol et d’anti-inflammatoires, le premier néan-moins reste la démoustication. Un département français comme La Réunion, petit territoire de 2 500 km², de fait, en avait les moyens ; pas nous à Mananjary et sa région ! Puisque ce mot de « chikungunya » est difficile à prononcer ici, les personnes atteintes ont eu l’humour de l’ap-peler « kilalaka ». C’est une danse traditionnelle, très belle d’ailleurs, de la région de Tuléar dans le Sud-Ouest du pays. On plie les genoux et on remue vivement les jambes. Dans le fond, c’est un peu ça… mais au ralenti… dans la douleur et non point le plaisir !

DOSSIER

En ce temps de carême, nous sommes appelés à un effort de solidarité. Cette semaine voici deux projets qui méritent votre soutien. Le premier est celui de l'hôpital Sainte-Anne de Mananjary, à Madagascar…

8 FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011

L'hôpital Sainte-Anne, bientôt les premiers bâtiments !

Père Jean-Yves Lhomme,missions étrangères de Paris.

Le Père Jean-Yves Lhomme, entouré

d'Évelyne et Jacques,ses amis architectes

bénévoles, pourl'élaboration de

l'hôpital Sainte-Anne.

© J.

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WAK

MADAgAScAR

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Voilà pour ce qui n’a pas été très agréable en 2010 et nous a, de différentes manières, pénalisés dans le travail sur le projet ! Pénalisés dans le sens où j’ai fonctionné « à petite vitesse » près d’un mois alors qu’il fallait réparer ce que les pluies cycloniques (489 mm d’eau en 5 jours et 1 319 pour tout le mois de mars) avaient détérioré. De mémoire humaine, à Mananjary, il fallait remon-ter à 1958 ou 1959 pour trouver une ville sous tant d’eau sans amélioration pendant des jours avec un niveau qui ne cessait de monter et un soleil qui ne paraissait plus. Désespérant ! Avec la confirmation toutefois de la nécessité, en ce qui concerne l’énergie du futur hôpital Sainte-Anne, d’un système hybride qui, incluant le solaire et l’éolien, ne nous dispensera pas de l’économie d’un groupe électrogène suffisamment puissant.

Fort de ce que les éléments nous imposent, des décisions ou des options sont prises pour que le projet HSA « colle » au mieux aux aléas climatiques et à l’environnement. Il n’y a plus de doute possible ! Les décisions prises dès le début, fin 2007, pour rendre viable et constructible ce site magnifique, mais difficile, et les travaux en-gagés à cette fin sont aujourd'hui récompensés. Ce fut, quelque part, un « combat » qu’il m’a fallu mener et parfois seul… mais ce n’est plus vrai au-jourd’hui avec l’arrivée de Tanguy.

Des désagréments en 2010 ! On vient de le voir… mais il y a heureusement tout le reste ! Ainsi la venue fin janvier début février à Mada-gascar et à Mananjary de frère Renaud, religieux prémontré de l’abbaye de Mondaye en Norman-die mais aussi curé de campagne — campagne normande de 40 clochers — que vous connaissez ou non mais avec qui vous avez néanmoins un lien puisque c’est lui qui vous expédiera comme à chaque fois cette lettre. Renaud est un ami d’en-fance de mon pays natal en Touraine. Une ami-tié de 40 ans maintenant ! Ce travail de tirage et d’expédition postale ou via Internet à sa charge est aussi pour lui un moyen de participer à ma mission depuis de longues années ; en fait, depuis le début. Et si ce n’était pas faute de l’inviter, ses généreux paroissiens lui ont permis de venir nous voir à Madagascar.

Fin mars début avril, c’est Évelyne et Jacques, de Touraine aussi, des amis encore de plus de 35 ans, architectes de profession, qui venaient sur le site pour la seconde fois (la première en 2004). Ils sont les amis architectes bénévoles du projet HSA. Ils sont restés avec nous 3 semaines. Les matinées étaient occupées sur le site à procéder à différents relevés qui n’avaient franchement jamais été faits de façon précise mais qui s’avé-raient indispensables pour la poursuite cohérente

L'hôpital Sainte-Anne, bientôt les premiers bâtiments !

Un« combat » qu’il m’a

fallumener etparfoisseul…

FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011 9

Mur indispensableconçu par les architectes

venus en avril 2010.C'était une partie

délicate tantla pente était abrupte.

C'est résolu…

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SA

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du projet dans son ensemble. Et cela d’autant plus que nous ne savions pas, pratiquement jusqu’à leur départ, si nous avions assez de place pour l’hôpital aux endroits réservés. Une inquié-tude jusqu’au dernier moment mais levée après toutes sortes de vérifications. Le terrain est im-mense avec ses 6 collines… mais il ne fait pas 20 ha, comme je l’avais pensé et écrit, mais la moitié affirmaient Évelyne et Jacques. De fait, ce terrain avait été vendu et borné en 2 lots et le nôtre est de : 9 ha, 29 a, 60 ca. Il n’en demeure pas moins qu’il est immense, que le travail accompli est énorme et que le reste à faire demeure considé-rable ! Évelyne et Jacques réservaient leur après-midi à un travail de mise en forme de leurs relevés du matin, à un travail sur planche à dessin avant que l’ordinateur reprenne tout cela à leur retour en France. Nous discutions beaucoup pour faire des choix, in-dispensables avant leur départ. L’en-semble est pensé et terminé et nous avons déjà un certain nombre de do-cuments, les plans en particulier, entre les mains. Quel travail nos amis ont fait ! Formi-dable ! Et surtout un grand merci. Ils reviendront vers la fin de l’année 2011.

J’étais à Paris tout le mois de juillet, non pas en congé, mais pour l’AG (un mois environ tous

les 6 ans) des Missions Étrangères auxquelles j’appartiens. J’avais été élu délégué par mes confrères de l’océan Indien pour les représenter à ce temps fort de notre vie missionnaire. C’était l’occasion de se revoir avec Évelyne et Jacques pour le projet et leur faire rencontrer Tanguy en-

voyé sur ma demande par le service des volontaires des Missions Étrangères pour travailler avec nous sur le projet HSA. Tan-guy est originaire du nord de la France et fait une école d’ingénieur, secteur bâ-timent option architecture en ce qui le concerne. Cette année passée avec nous aura valeur de stage. à son retour, il lui restera une année à terminer avant d’ob-tenir son diplôme d’ingénieur.

Il est arrivé dans les premiers jours d’août et après un mois d’initiation à la langue malgache par un cours relative-ment intensif (il se débrouille plutôt bien aujourd’hui pour parler la langue avec les ouvriers dont il a la charge), il s’est très vite investi dans les responsabilités qui sont les siennes. à deux désormais, les choses vont plus vite et vont nous per-mettre de passer au cours de ce premier

semestre 2011 à l’étape suivante qui est celle de la construction des premiers bâtiments alors même que nous n’avons pas, à ce jour, complète-ment terminé la première. Étape préliminaire qui, vous le savez, est la construction de plusieurs

10 FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011

Un ensemblecomplètement terminé en octobre dernier.Les plantationsmaintiennentla terre arable.

Construction de la case pour entreposer la presse à briques.

Vue de la routeen janvier 2011.

Livraison des fameux moellons de granit.

Avant dernier murde soutènement, pour rendre

constructible l'hôpital.

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murs de soutènement qui, finalement, ceinture-ront l’ensemble des 3 plates formes sur lesquelles sera construit l’hôpital. Un travail gigantesque puisque nous ne serons pas loin des 400 mètres de murs de soutènement. Nous devrions en avoir terminé dans quelques semaines avec ces fameux murs qui, s’ils sont beaux à voir, sont d’abord in-dispensables si nous ne voulons pas hypothéquer l’avenir en construisant des bâtiments et risquer des glissements de terrain.

Si de mon côté, je travaille davantage ces dernières semaines au transport de matériaux en quantité relativement importantes en vue des constructions : sable de rivière que nous allons chercher nous-mêmes et tous les jours de l’autre côté du fleuve Mananjary (avant que la boue des crues ne vienne le souiller), gravillons et pierres de divers calibres que j’achète dans des carrières artisanales aux alentours du site, livraison après avoir passé contrat des moellons en granit taillé pour les murs de soutènement mais aussi pour la base des futurs bâtiments. Tanguy, quant à lui, travaille en ce moment à la construction du site de fabrication des briques. Il fallait construire avec des matériaux locaux 3 immenses cases : fabrication, séchoir et stockage. Les 2 premières sont terminées ; la troisième le sera sûrement avant la fin du mois de janvier. Avec la machine en place, il a pu déjà commencer tests et essais. Il lui faut encore un peu de temps pour à la fois former une équipe et trouver la meilleure latérite

et obtenir la texture optimale avant de se lancer dans la fabrication en grand nombre.

Très rapidement, Tanguy a su faire sien le pro-jet. Il en suit tous les aspects immédiats ou fu-turs et s’y investit complètement tout en sachant qu’il ne sera là que jusqu’au mois d’août 2011… alors que les choses continueront avec d’autres. Sa formation d’ingénieur, le plaisir qu’il prend à bricoler, à réparer, à chercher (et trouver) des so-lutions dans un pays et sur un chantier où tout est à penser et à faire sont précieux.

C’est ainsi que… l’esprit serein, je vais pouvoir prendre mes congés les mois d’avril, mai et juin prochains et m’éloigner, non pas du projet… mais du chantier pour un temps de repos auquel j’aspire et dont j’ai franchement besoin ! Je rencontrerai probablement de nombreux donateurs à travers une France que j’aime « sillonner » quelle que soit la saison ! Avec les dernières photos que j’appor-terai et à un moment où nous allons franchir une nouvelle étape qui est le commencement de la construction des premiers bâtiments, il me reste encore à remercier notamment les lecteurs de France Catholique pour l’intérêt qu'ils portent à ce beau projet de l’hôpital Sainte de Mananjary. Oui ! Merci de votre amitié et de votre générosité ! n

Un travail gigantesque 

puisque nous ne serons 

pas loin des 400 mètres de murs de 

soutènement

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Si vous souhaitez soutenir ce projet, vous pouvez envoyer vos dons à l’ordre de Atahsam en indiquant « Pour l’hôpital Sainte Anne » (pas de reçu fiscal) à :Association Atahsam, Lucien Geffroy, 3 rue Abraham Courtemanche, 37270 Montlouis-sur-Loire.

Un murde 61 m.terminéces dernièressemaines.

Pour réduire les 20 % de pente de la route, apport de terre prise sur la deuxième plate-forme.

Ajout de deux rangéesde buses et rideaux d'un mur

en béton armé.

La seconde plate-forme est ceinturée à l'Est et au Nord.

Consolidation d'une digue sur « rizière-cyclonée »,dans le bas de la route.

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L e 12 janvier 2010, un tremblement de terre a totalement déstabilisé Haïti en dévastant Port-au-Prince, sa capitale. La carte montre l’épicentre et la zone touchée par le séisme. En 35 secondes, plus de 300 000 personnes perdent la vie, 500 000 sont blessées. 1 300 éta-

blissements éducatifs, 50 hôpitaux et centres de santé, le port de Port-au-Prince, le Palais Natio-nal, le palais législatif, le palais de justice et de nombreux ministères et des dizaines de milliers de maisons sont détruits…

Après le séisme, le cyclone Tomas a inondé les milliers de sinistrés sous leurs tentes. Et depuis novembre 2010, le choléra s'est installé. Le tout dans un climat d’élections législatives et prési-dentielle tendu. Haïti attend encore le résultat des élections présidentielles du 20 mars.

Le pays s’efforce de se remettre. Par la volonté des Haïtiens d’abord. Et par une aide internatio-nale qu’un État inefficace a du mal à organiser.

Le 12 janvier 2011, le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical Cor Unum et en-voyé du pape Benoît XVI, a présenté au peuple d’Haïti la compassion et l’engagement plein d’es-pérance de toute l’Église. Il a aussi lancé un appel aux autorités locales et à la communauté inter-

nationale pour que la reconstruction matérielle et morale du peuple d’Haïti deviennent des objectifs prioritaires.

Les spiritains comme de nombreux acteurs qui ont à cœur de reconstruire Haïti sont à pied d’œuvre. Les Pères spiritains Rénold Arismé et Pierre Cherfily sont plus particulièrement respon-sables du collège Saint-Martial. En accord avec l'Amicale des anciens, ils ont choisi, dès janvier 2010, de relancer au plus vite les activités du col-lège à partir de constructions simples. Premiers logés : les petits de la maternelle.

« En mai 2010, nous avons mis en place en ur-gence des préfabriqués pour redémarrer les cours, explique le P. Pierre. Il nous faut maintenant des

Nous partageons le second projet — qui est double — avec la revue « Pentecôte sur le monde », éditée par les Pères spiritains, et qui vient de publier, dans son n°856, un reportage en Haïti : « Où va Haïti en 2011 ? » En mai, le n°857 présentera ce que réalisent les spiritaines et les spiritains en faveur de ce pays exténué par la nature et l'absence d'hommes politiques responsables. Il s'agit ici de reconstruire des écoles…

12 FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011

Reconstruire des écolespar le Père Lucien heITZ

Congrégation du Saint-espritHAÏTI

Une aideinternationale 

qu'un État inefficace a du mal à organiser

Le collège St-Martial après le tremblement de terre.

La reconstructionen provisoire.

D.R.

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Reconstruire des écolespar le Père Lucien heITZ

Congrégation du Saint-esprit

salles de classe plus appropriées. Un premier module de 3 salles est en construction. Il sera prêt pour la prochaine rentrée sco-laire de 2011. Selon le devis, une salle de classe moyenne revient à 12 000 dollars américains, sans installation électrique ni ventilateur. Prix de ce premier module de 3 salles : 36 000 dol-lars.

Pour l'instant, nous n'avons aucun partenaire sûr. Nous frappons à toutes les portes susceptibles de pouvoir nous aider. Le collège ne reçoit aucune subvention publique. Les parents paient une sco-larité annuelle de 625 $ en maternelle, 750 $ en primaire et 925 $ en secondaire. »

Le collège Saint-Martial a formé des géné-rations de cadres pour ce pays. Il reste l'une des écoles de référence en Haïti. Aujourd'hui encore, il veut continuer cette mission dans des condi-tions très difficiles. Les parents de nos élèves, dont beaucoup ne savent ni lire ni écrire, sont de condition très modeste. Ils veulent que leurs en-fants aient une éducation de qualité pouvant leur garantir un meilleur lendemain.

Les Pères spiritains Michel Serro et Joseph Pérald Remy sont, eux, responsables de l’école de Pont-Sondé qui comporte 9 salles de classe : 3 classes de maternelle et 6 classes de primaire. S’y ajoutent 1 salle pour la direction, 1 bibliothèque et 1 auditorium.

Selon le devis présenté par l’architecte et l’entrepreneur, l’ensemble du projet est estimé à 165 013 $. Mi-mars 2011, 4 salles de classes sont

en cours de construction grâce à une aide finan-cière du journal ouest-France.

L’école tourne par les scolarités demandées aux élèves. Nous faisons appel à des parrains pour régler les scolarités des jeunes les plus démunis : 150 $ pour l’année.

L’ouverture de cette école est importante pour les gens de notre zone rurale. Pour sortir Haïti de son marasme, il faut doter nos jeunes d’une édu-cation de qualité adaptée aux besoins des gens. Dans le passé, les parents désireux de donner une bonne éducation à leurs enfants étaient obligés de les envoyer en ville, à Saint-Marc ou à Port-au-Prince. Ce qui rendait les coûts très élevés pour des familles paysannes à faibles revenus. Conscients de ces problèmes, nous voulons permettre au plus grand nombre d’enfants défavorisés de bénéficier d’une éducation de qualité. Haïti a besoin de ci-toyens responsables pour se relever. Nous voulons former nos jeunes à des métiers qui font défaut au pays et leur apprendre à planter et à soigner des arbres fruitiers et autres pour qu’Haïti reverdisse.

Pour prendre part à la relance du Collège Saint-Martial à Port-au-Prince et de l’école de

Pont-Sondé, pour parrainer un élève de ces écoles, envoyez votre don à la Congrégation du Saint-Esprit. n

Uneéducationde qualitéadaptée 

aux besoins des gens

La reconstructionen provisoire. Les premiers cours

à St-Martial.

à Pont-Sondé, on reconstruit

en définitif.

FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011 13

* Chèque à l'ordre de Procure des Missions,

30 rue Lhomond, 75005 Paris, avec la

mention : « Haïti/ collège Saint-Martial –

École de Pont-Sondé – Scolarité d’un enfant ».

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Le Carême, plus que d’autres temps de l’année, en tout cas d’une façon particulière, nous provoque à la foi. Foi pour avancer dans une réelle aridité,

foi pour croire à la direction prise et à la conduite de Dieu sur nos vies. Cette foi est nécessairement aussi foi en Jésus, venu parmi nous de la part de Dieu comme un homme parmi les hommes et qui un jour exercera sur nous, en toute souveraineté et amour, le jugement. C’est cela qu’il nous laisse entendre par ce titre, un peu mystérieux, de « Fils de l’homme ».

La foi chrétienne, c’est bien sûr de croire au Dieu unique et souverain, mais c’est aussi, indissociablement, de croire un certain nombre de choses sur Jésus, sa mission et son identité profonde. Pas possible, même sous prétexte de former un front commun avec les religions dites « monothéistes » (et que d’ambiguïtés dans cette formule !), de traiter ce point comme une option parmi d’autres, une fois admis le principal : Dieu existe et il nous a créés. Comme le dit l’épître de saint Jacques (2,19) : les démons aussi croient en Dieu… mais ils tremblent ! Nous ne serons nullement sauvés par la foi en Dieu, si nous ne sommes pas prêts à reconnaître par quel chemin il est passé pour nous atteindre. C’est en acceptant qu’il soit allé jusque-là : jusqu’à nous donner son Fils, son Unique, que nous pouvons commencer à voir à quel Dieu nous avons affaire, pas seulement un grand Manitou, ou un grand Législateur, ou un Papa-gâteau, mais le Dieu-Amour, le Dieu-Trinité. Parlant des juifs, Jésus va jusqu’à dire qu’ils n’ont connu ni le Père ni lui (Jean 16,3). Quand on manque la figure du Fils, comment pourrait-on encore accueillir Dieu dans son mystère ultime ?

Il y a une idolâtrie du Dieu Unique, guère moins grave que celle qui divinise les forces de la nature. Ce Dieu qui surplombe de toute sa taille l’expérience des hommes ne peut être conçu que sur le modèle politique d’un chef d’État, nécessairement unique qui dépasse toutes les autres instances, et impose sa loi sans partage à l’ensemble. Toute dualité, ou toute forme de diversité, à ce niveau est vue comme une limite, une menace pour le pouvoir de l’Unique. Comme disent nos amis musulmans : si Dieu était trinité, il y aurait du grabuge dans la divinité… ! C’est que cette unité n’est encore conçue que sur le modèle des nôtres. Faute d’accepter Celui qui peut nous dire : « le Père et moi nous sommes Un », on projette sur Dieu la triste image de nos unités compactes : ein Volk, ein Reich, ein Führer ! Et on sait combien cette conception est oppressive, comme elle laisse planer sur notre monde la dictature d’une pensée unique, d’une loi sans âme, et comme elle sert à couvrir la volonté de puissance des uns et des autres. Toutes les critiques émises depuis deux siècles sur le monothéisme judéo-chrétien, qu’on dit ignorant des richesses de la vie et coupable d’avoir voulu embrigader les hommes, s’adressent en fait à cette caricature de monothéisme, ce qui reste de la référence au Dieu unique, quand on a mis Jésus Christ dehors.

La foi d’Israël n’était pas sans deviner qu’un mystère se cachait derrière le Dieu unique, qui ne pouvait dépendre seulement de l’arithmétique. Ce Dieu qui débat avec lui-même, qui déclare au moment de créer l’homme (l’homme justement) : « faisons l’homme », ce Dieu qui cohabite avec la Sagesse éternelle, ce Dieu qui accepte d’entrer en Alliance avec l’homme dans une authentique

réciprocité (soyez saints comme Je suis saint), ce Dieu-là n’est décidément pas un solitaire, la relation ne lui fait pas peur, il ne se protège pas, parce que, éternellement, il est don, jaillissement, face-à-face. La foi trinitaire que Jésus nous a rendue possible nous délivre de toutes nos idoles, dont la pire est celle de l’homme omnipotent et autosuffisant. Et par le fait même, elle nous ouvre à la liberté, car ce Dieu qui se donne dans le jaillissement de son éternelle joie a autre chose à faire que de nous réduire à sa merci.

Depuis le début du Carême, nous sommes invités à progresser dans la « connaissance de Jésus-Christ » (cf. collecte du premier dimanche). C’est le moment, allons-y ! n

Dimanche 3 avril4e dimanche de CarêmePremière Lecture : 1·Samuel 16.1, 6-7, 10-13Psaume 23Deuxième Lecture : Éphésiens 5.8-14Évangile : Jean 9.1-41.

Lectures

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4e semaine de carême

Jésus guérit un aveugle de naissance9. 1 Comme Jésus passait, il vit un homme qui était aveugle de naissance. 2 Ses disciples lui demandèrent : « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit ainsi aveugle ? Est-ce lui ou ses parents ? » [...]

4e dimanche de carême (année a)

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crois-tu au Filsde l’homme ?par le Père

Michel Gitton

C’est le dimanche de Lætare (dimanche de la joie, petite pause sur la route austère de Pâques - le désert aussi a parfois des fleurs), il est temps de nous « hâter avec amour au-devant des fêtes pascales » (cf. collecte) : nous hâter ! En route, donc !Avec ce lundi, commence la lecture (semi) continue de l’Évangile selon Saint Jean ; nous avons pendant le carême (pour ce qu’il en reste) les textes durs, témoins des affrontements de Jésus avec les « juifs » hostiles, laissant pour le Temps Pascal les textes plus sereins, à saveur sacramentelle.

Cette semaine, trois ensembles :- Lundi : la guérison du fils de l’Intendant royal- Mardi, mercredi, jeudi : ch. 5 - l’épisode de la guérison du Paralysé à Béthesda et la violente discussion qui s’ensuit.- Vendredi et samedi : ch. 7 - la présence tardive de Jésus à la fête des Tentes et l’affrontement qui s’y déroule.

par le Père Michel Gitton

Quatrième Dimanche de Carême1. Jésus qui ne tient pas compte de l’ap-parence extérieure, qui recherche la beauté des cœurs (lecture du premier livre de Samuel).➤ Adorons le Seigneur qui passe incognito dans ce monde pour y semer ses dons.Point spi : n’ayons pas peur de nous offrir pour la mission.

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4e semaine de carême2. Jésus qui nous a tirés des ténèbres où nous croupissions (lecture de la lettre de saint Paul aux Éphésiens).➤ Adorons le Libérateur qui nous guide vers la lumière.Point spi : Rejetons les attachements mau–vais qui nous ont trop longtemps retenus.3. Jésus qui a pris parti pour nous, qui s’est compromis avec nous pour nous attirer hors de notre aveuglement (lecture de l’Évangile selon saint Jean).➤ Adorons l’Ami qui nous a pris par la main.Point spi : Prenons les moyens de notre guérison.

Lundi de l’Intendant Royal (Jean 4, 43-54)1. Résistance de Jésus à la volonté de « voir des signes » — son refus de se laisser entraîner à une surenchère de miracles — son regard sur le cœur de l’homme à convertir.➤ Adorons la Sagesse de Celui qui sait ce qui est bon pour l’homme, respectons son rythme, saluons ses initiatives.Point spi : Accueillir jour après jour la volonté de Dieu avec amour et patience.2. Résistance de Jésus à la démarche qu’on lui demande : alors que d’autres fois, il suit ceux qui veulent l’amener au chevet d’un malade (cf. la fille de Jaïre), là il refuse et laisse repartir le père avec seulement une promesse.➤ Saluons celui qui a créé d’une seule pa-role — fiat lux —, adorons sa liberté face à nos demandes, contemplons sa maîtrise des événements.Point spi : nous attacher à ses promesses.3. Résistance de Jésus à toute publicité et à toute explication : il laisse l’intendant faire lui-même le rapprochement et passer d’une première forme de confiance (« il crut à la parole de Jésus ») à une foi profonde dans le mystère du Christ (« il crut, lui, et toute sa maison »).➤ Acceptons de déchiffrer nous-mêmes les signes, vénérons sa divine discrétion, retrouvons avec bonheur les traces de son intervention.Point spi : Relire notre histoire personnelle dans Sa lumière.

Mardi de la source du Temple (Jean 5, 1-16)1. Jésus, vraie source qui jaillit du côté droit du Temple, par sa seule présence, par ses paroles, par ses gestes, un flot s’élance qui lave peu à peu le monde.➤ Contemplons le côté ouvert de Jésus sur la Croix, vénérons cette source cachée, plongeons-y nos yeux et notre cœur.Point spi : « Espérer pour tous ».2. Jésus, vraie source qui réveille le désir oublié de guérison, qui ravive la soif.

➤ Adorons celui qui nous rend le désir des vrais biens, lui, notre Souverain Bien.Point spi : oser demander l’impossible.3. Jésus, vraie source qui ressurgit plus loin dans notre vie, qui rattrape l’ex-paralytique un peu par surprise et lui dessine un avenir.➤ Vénérons cette source pleine de résur-gences, qui n’en a pas fini de soulever nos vies, adorons « celui qui vient ».Point spi : La conversion est devant nous, pas derrière.

Mercredi des œuvres de Dieu (Jean 5, 17-30)1. Jésus qui n’a pas fini de travailler à notre sanctification, qui ne se donne aucun répit.➤ Contemplons l’Apprenti divin dans l’ate-lier du Père, regardons Jésus travailler avec son Père, sans relâche.Point spi : ne pas laisser à d’autres le souci de nos frères en difficulté.2. Jésus qui donne et redonne la vie, qui ressuscite les morts à l’école d’un Père qui n’a pas fait la mort.➤ Adorons Celui qui est la Résurrection et la Vie, considérons sa hâte de redonner vie à nos corps mortels, voyons son soin à couvrir de peau, à remettre le souffle vital dans cette pauvre chair abîmée.Point spi : Devant la mort, continuer d’af­firmer la résurrection de la chair.3. Jésus qui nous délivre par un « juge-ment », qui nous montre une issue hors des ambiguïtés du présent.➤ Contemplons notre Juge, plein de misé-ricorde, accueillons avec joie sa sentence qui est lumière et vie.Point spi : ne pas cacher nos misères, les exposer au feu de la pénitence.

Jeudi du témoignage de Dieu (Jean 5, 31-47)1. « J’ai un témoignage meilleur que celui de Jean » : Jésus qui a été annoncé par Jean Baptiste, mais qui se fie surtout au témoignage du Père, seul décisif.➤ Adorons Jésus qui entend la voix du Père : « celui-ci est mon Fils bien-aimé ! », communions à sa joie, laissons-nous bai-gner de sa lumière.Point spi : ne pas nous fier aux compliments humains.2. « Ceux sont elles (les Écritures) qui me rendent témoignage » : Lecture amoureuse et intelligente que fait Jésus de la Loi, il y voit l’annonce en creux de sa mission.➤ Adorons Celui qui se sait précédé, annoncé, qui n’a pas à imposer sa lecture des événements — Reconnaissons sa force, sûre et pacifique.Point spi : Relire l’Ancien testament avec Jésus.3. « Les œuvres que je fais me rendent témoignage » : Jésus qui est sûr d’agir par le doigt de Dieu, qui ne fait rien de lui-même.

➤ Considérons Celui dont les gestes sont ceux mêmes de Dieu, contemplons la jus-tesse de ses interventions, la profondeur de son action.Point spi : Relire le nouveau testament comme notre histoire personnelle avec Jésus.

Vendredi de la fête des Tentes(Jean 7, 2. 10. 14. 25 - 30)1. Jésus qui arrive incognito, à son heure, qui échappe aux rendez-vous qu’on a pris pour lui sans le consulter.➤ Adorons la liberté de Celui qui vient à son heure, saluons sa fidélité qui se manifeste après coup, reconnaissons sa libéralité.Point spi : ne pas parler à sa place, attendre son bon plaisir.2. Jésus qui, même reconnu, reste mysté-rieux, on croit savoir d’où il vient (Nazareth, fils de Joseph), alors que… ➤ Contemplons notre visiteur imprévisible, acceptons de ne pas encore tout savoir sur lui, acceptons qu’il nous surprenne.Point spi : Réviser nos connaissances théolo­giques périodiquement.3. Jésus sur qui on n’arrive pas à mettre la main, Jésus humainement insaisissable, même s’il est bien là, parmi nous.➤ Vénérons le Dieu insaisissable dans la présence de l’Emmanuel, adorons la nou-veauté de ses manières de faire.Point spi : ne pas extrapoler les expériences passées, chaque rencontre est nouvelle.

Samedi des cœurs fermés (Jean 7, 40-53)1. Jésus dont on parle sans l’écouter, Jésus qui n’a rien à dire à ceux qui croient le connaître à partir de choses extérieures.➤ Contemplons son silence, ouvrons-nous à sa plénitude cachée.Point spi : Briser les idoles, les images fausses que les hommes se font du Christ et de son église.2. Jésus identifié à la « racaille », Jésus solidaire des « pauvres types », qu’il est venu évangéliser, qui ne sont pas des « pro » de la Loi, mais qui l’ont souvent mieux comprise que les doctes.➤ Adorons le Verbe mis au rang des «sans-loi », saluons son abaissement, lui qui est toute justice.Point spi : ne pas mépriser un seul de ces petits.3. Jésus qui lasse les esprits superficiels : après s’être posé des questions sur lui, on « rentre chez soi », on va se coucher, alors que la Sagesse est là.➤ Contemplons Jésus mal reçu, caricaturé, Jésus dont on croit avoir fait le tour alors qu’il est inépuisable, posons-nous devant lui plein de confiance et d’amour, goûtons ses paroles.Point spi : ne pas nous en tenir aux expli­cations toutes faites et aux slogans. n

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C’est un fait indéniable que la science s’est développée et a explosé dans un milieu culturel

précis. Galilée, Newton, Darwin, Pasteur, Einstein appartiennent à l’Europe, dont les racines sont judéo-chrétiennes. Environ 40% des prix Nobel scientifiques sont juifs, et la grande majorité des autres sont des baptisés. Tous appartiennent à la sphère occidentale. Dans ce lien éventuel entre l’origine de la science et le christianisme (et le judaïsme), nous pouvons trouver deux raisons de fondements théologiques (la création et l’incarnation) et deux raisons plus pratiques qui en découlent (la liberté et l’histoire).

Tout d’abord, la théologie de la création désacralise la nature et pose sa rationalité. La matière est bonne. Elle n’est pas mauvaise, lieu d’une chute, comme dans le pessimisme gnostique. « Dieu vit que cela était bon ». Cette positivité originaire par la bonté sera alors proche d’une positivité originaire par la rationalité. Chez les grecs la nature est implicitement rationnelle. Mais, ce que porte en germe la Grèce, le christianisme va l’accomplir. Dieu, créateur, est au-delà de la création. Pour tous les grecs nous avons une divinisation de la nature, que ce soient pour les platoniciens, les pythagoriciens, les stoïciens, les physiciens présocratiques. Même pour Aristote les étoiles restent divines. Et pour les épicuriens les dieux sont composés de matière subtile. La nature est habitée par des démons capricieux. En revanche, dans le récit de la création, les étoiles sont des créatures et elles ne sont pas divines.

Pour avoir une science de la nature qui ne soit pas une théologie de la nature, il faut que le divin soit au-delà de la nature. Les premiers chrétiens vont se battre contre les tendances gnostiques, qui veulent voir des forces occultes dans la nature. Il faut un Dieu un, à l’origine du monde, pour que toute la nature soit rationnelle et pas divine.

D e u x i è m e m e n t , A l e x a n d r e Kojève et Remi Brague voient dans l’incarnation, dans l’idée que Dieu soit aussi homme par Jésus, un changement de paradigme. Pour le premier, l’incarnation unit le ciel et la terre. Si la chair de l’homme Jésus

est habitée par Dieu, par le Verbe, le logos, ce monde ici-bas, ce monde sublunaire n’est pas une imitation du monde supra-lunaire, celui des étoiles, où se trouverait la seule rationalité, mais il est lui aussi habité par le logos, la raison. La physico-mathé-matique est possible, non seulement pour le ciel, mais aussi pour la terre, lorsque la terre rejoint le ciel. Pour le second, le christianisme s’approprie l’étranger, l’autre, à savoir le judaïsme et la culture grecque, non pas en les dissolvant, mais en les maintenant dans leur altérité, de même que Dieu se fait homme, non pas en dissolvant l’humanité, mais par le Christ, vrai Dieu et vrai homme, en respectant l’humanité. Un signe en est que le centre culturel de l’Europe est géographiquement en dehors — Athènes et Jérusalem — et non Rome ou Bruxelles. Cette capacité à intégrer

l’autre, non en le diluant à son profit, mais en le respectant gratuitement, va être source de fécondité. Si je veux absorber l’autre dans mon intérêt, finalement j’implose, je me rétrécis. En revanche, l’accueil de l’autre comme autre est source de renouvellement. « Le phénomène de renaissance, comme retour et recours à l’antique n’avait en fait jamais cessé.(1)» Nous avons eu la renaissance carolingienne, la renaissance du XIIe, bien avant la renaissance du XVIe. « Être un nain sur des épaules de géants », c’est se reconnaître débiteur, vouloir s’élever, non pas en supprimant l’autre, mais en s’appuyant sur la grandeur de

l’autre que je reconnais.T r o i s i è m e m e n t , l e

christianisme porte en lui une certaine liberté : liberté du

créateur, liberté de l’incarnation faite par amour impliquant une liberté du croyant et non soumission passive. Cette liberté s’exprime par une foi dans le changement. « Bienheureux les pauvres de cœur. » Quand j’ai confiance en Dieu, je n’ai peur de rien, même pas d’aller au bout du monde pour être missionnaire. La vision de l’histoire implique une audace par rapport à l’avenir, non une vision cyclique de l’histoire selon un destin (Grèce) ou immobilisme anhistorique (Islam). Par l’incarnation, le christianisme est aussi ouverture au monde, désir de transformer le monde et non fuite d’un monde qui ne serait vu dans son extériorité que comme potentiellement mauvais.

Enfin, si le christianisme c’est « la transcendance et l’histoire », il est possible de lire les 2000 ans de christianisme comme un long

DIEU ET LA SCIENCE - 22

La science est bien un enfant du christianisme

16 FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011

Pourquoi la science émerge-t-elle dans l'Occident judéo-chrétien ?

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mûrissement. Les trois premiers s iècles sont marqués par les persécutions et les martyrs : vivre, et parfois mourir parce que l’on est chrétien, est la première perspective. à partir de Constantin, la reconnaissance de l’église sera aussi le temps des Pères de l’église et des conciles œcuméniques. Le christianisme s’est d’abord préoc cupé par l'assimilation du message du Christ en le formulant c o r r e c t e m e n t . R e n a i s s a n c e carolingienne, renais sance du XIIe, le temps des cathédrales va être aussi celui des écoles monastiques et cathédrales, puis des premières universités. En 1500, nous avons plus de 50 universités en Europe. C’est de cet environnement studieux que pourra éclore la science. Pierre Duhem voit dans la condamnation d’Aristote par étienne Tempier en 1277, la possibilité pour le savoir de sortir d’une pensée qui a tendance à se scléroser. Dès lors, si l’on veut comprendre ce surgissement de la science moderne au XVIIe comme le fruit du christianisme, il est possible de prendre l’image des parents vis-à-vis de leur enfant. Les parents doivent d’abord naître, grandir, mûrir avant d’être eux-mêmes parents. Et puis, si l’enfant est annoncé, la gestation prend du temps, l’enfance

aussi . Avant que l ’enfant soit lui-même adulte, il faut finalement deux générations. Certes , cet enfant du christianisme, que serait la science, semble revendiquer une autonomie légitime. L’affaire Galilée peut être vue comme une crise d’adolescence entre un enfant (la science) et sa mère (le christianisme). L’enfant un peu turbulent et la mère refusant de voir son enfant quitter son giron, se sont un peu opposés. Mais, si l’enfant doit se détacher de ses parents, il est toujours leur enfant. Voir uniquement l’opposition entre la science et le christianisme par le prisme de l’affaire Galilée, c’est n’être fidèle, ni à l’histoire, ni à la vérité des idées. Il ne s’agit pas ici de légitimer les fautes de l’église.

Mais il s’agit de reconnaître ce que le christianisme comme création, c’est-à-dire transcendance du divin par rapport à une nature rationnelle, comme incarnation, c’est-à-dire raison faite chair, et comme liberté, a apporté de fait à toute l’humanité. La science est bien un enfant du christianisme. L’écart temporel, entre la naissance du christianisme et la révolution scientifique, n’annule pas leur filiation. n

Pourquoi la science émerge-t-elle dans l'Occident judéo-chrétien ?

par Bertrand SOUCHARD

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(1) Rémi Brague, Europe, la voie romaine, Folios essais, 1992, 2005, p. 148.

à lireAlexandre Kojève, « L’origine chrétienne de la science moderne » in Mélanges Alexandre Koyré, II L’aventure de l’Esprit, pp. 295-306, 1964 ; Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, Une histoire politique de la religion, Gallimard, 1985, « La distance de Dieu et l’intelligence du monde » pp. 53-64, « Les grecs : la religion et la raison » pp. 202-214 ; Rémi Brague, Europe, la voie romaine, Folios essais, 1992, 2005 ; Xavier Le pichon, « Science et christianisme », in Les grandes inventions du christianisme, Bayard, pp. 133-146.

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Robert masson était d’abord un homme de foi, authentique témoin, un homme dans la simplicité et la vérité laissant parler son cœur pour sou-

tenir et défendre au besoin les plus petits, les plus faibles comme ces enfants handicapés de l’Association Montjoie, de Jean et Lucette Alingrin.

Il laissait parler son cœur, mais il demeurait lucide et clairvoyant, dis-cernant, lui le journaliste, ce qui est significatif et essentiel dans le cours des événements.

Robert Masson était un homme de foi. Il voyait dans ces événements la trace de l’action de Dieu parmi les hommes, dans notre monde si souvent tourmenté, où la paix est bafouée, où il faut parfois devenir fort pour empêcher le pire.

Il avait été un observateur attentif et enthousiaste du Concile Vatican II, dont il voyait les décisions et les orien-tations répondre aux attentes du dyna-mique militant qu’il fut et qu’il n’a cessé d’être. Présent à la rencontre d’ Assise, il fut enthousiasmé par cette journée au cours de laquelle le pape Jean-Paul II accueillit en 1986 les représentants de toutes les religions.

Robert Masson était un auda-cieux qui osait. Ainsi, à sa libération, il accueillit Jorge Valls, combattant de la

révolution cubaine, ancien compagnon de Fidel Castro qui le fit condamner, parce que devenu pacifiste, à vingt ans de prison. Libéré, jeté dans un avion pour Paris où il ne connaissait per-sonne, c’est Robert Masson qui le prit sous son aile et entreprit de le faire recevoir par Jean-Paul II en personne.

Il partit alors avec quelques amis pour Rome, mais Jorge Valls n’avait même pas de passeport. Il fut refoulé à l’aéroport de Rome. Nous attendîmes ensemble toute la nuit sous la sur-veillance des carabiniers qui, ébahis, au petit matin, virent arriver une voiture du Vatican avec le passeport délivré pour Jorge Valls par la Cité du pape…

Quand Jean-Paul II entra dans la salle où nous l’attendions, Jorge Valls, en pleurant d’émotion, se jeta dans les bras du pape et lui donna dans un linge un peu de la terre du tertre où l’on fusillait ses amis prisonniers.

Voilà quelles rencontres était capable d’obtenir Robert Masson. Il en fut de même avec ses amis russes libé-rés du goulag.

Ancien militant de la JAC, il devint directeur du magazine Panorama Au jour d’hui puis de l’hebdomadaire France Catholique.

À Madame Masson, à ses enfants, Ouest-France adresse ses condoléances et les assure de l’admiration que nous portions à notre collaborateur, à notre ami. n

par François-Régis HUTINPDG du quotidien « Ouest-France »

Robert Masson, journaliste et homme de foi

HOMMAGE

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( Voilà quelles rencontres était capable d’obtenir Robert Masson

François-Régis Hutin, arendu hommage* à son ami de toujours, qui avait notamment su se porter à la rencontre des dissidents russes ou cubains…

* « Ouest-France » du 22 mars 2011.

ARTU

RO M

ARI

Robert et Lucienne Masson et Jorge Valls reçus par le pape Jean-Paul II.

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par Marc JEANSON

FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011 19

Robert, c’était d’abord une présence, puis une voix pro-fonde, un regard attentif, enfin un sourire bienveillant qui irradiait souvent son visage d’enfance... Et c’était Lucienne son épouse attentive, dont le regard admira-tif et aimant l’enveloppait et le protégeait.

Nous l’avions rencontré un certain mois de mai à Paris. Le poète Jorge Valls venait d’être libéré après 20 an nées passées dans le terrible univers concentrationnaire cubain au terme d’une campagne de presse en Occident à laquelle Robert avait participé activement. Nous avions filmé et enregistré une après-midi au Parc Monceau son témoignage hallucinant. Jorge était très amaigri, avait le regard intense, le verbe enflammé, le cœur plein d’espérance pour son pays meurtri. Robert l’accom-pagnait, lui ouvrait les portes de ses amis, des rédactions, du Vatican où Jorge put offrir au Pape Jean-Paul II une poignée de la terre de Cuba, “la terre des martyrs” lui avait-il dit…

C’est peu de temps après que Robert nous dévoila au vrai sens du terme l’Oeuvre de Montjoie, cachée à proximité d’An-gers, au bout d’un chemin de forêt dans une petite maison toute simple. Un lieu d’accueil et de miséricorde infinie où Jean et Lucette Alingrin accueillent et proposent à l’adoption des enfants handicapés abandonnés par leurs parents, en prove-nance de tous les pays du monde. Pour nombre d’entre nous, il y eut un avant et un après Montjoie, plus rien ne pouvait jamais être pareil après avoir rencontré et vécu aux côtés de ces enfants blessés une telle grâce de Dieu…

Comment oublier ce témoignage de parents d’une famille déjà nombreuse qui venaient tout juste d’adopter deux petites jumelles trisomiques, portées dans les bras de leurs enfants… qui avaient réussi à faire fléchir l’hésitation de leurs parents ? Et ces paroles de Jorge Valls qui avait écrit dans France Catholique qu’il avait rencontré en ce lieu « le mani-feste révolutionnaire le plus important des temps modernes ? »

Puis Robert nous fit connaitre Pierre et Raymond Jaccard, les deux frères prêtres à l’optimisme et à la joie de vivre inoxydables qui toute leur vie avaient parcouru le monde au service des lèpreux et des plus démunis. Ce furent les fameux Festivals de l’Espérance de Besançon que Robert présidait : deux journées hors du temps autour des deux frères, sorte de cour des miracles extraordinaire où se pressaient quelques

Le découvreurdes grandstémoinsde la foi

ARTU

RO M

ARI

Je suis de tout coeur avec vous dans ce deuil. J’avais beaucoup d’estime et d’amitié pour Robert Masson. C’est le père André Gouzes qui m’avait mis en contact avec lui, et je suppose qu’il en est aussi triste que nous tous. Je n’oublierai pas les contacts que j’ai eus avec lui, ses visites en Belgique en vue de nos projets de page belge avec le père Dieudonné Dufrasne, André Pierrad et le chanoine André Rose, les articles d’Olivier Clément, de France Quéré, de Claude Vigée… Je ne peux pas dire « C’était le bon temps » car tous les temps sont bons quand on est branché sur les projets du Seigneur, mais ce sont des souvenirs inoubliables. Je dirai, comme les chrétiens d’Orient Mémoire éter-nelle ! Roland Dumont

Robert Masson est un être rare et cher, imprégné au plus près de l’amitié évangélique — petitesse, rigueur et prudence, grande attention à chacun en peu de mots — il déposait chaque chose dans le souffle de l’Esprit, avec un sourire naturel ; tout devenait écoute. Il savait faire partager et recevoir en plénitude la foi, avec lenteur et un grand réalisme de la pensée et du cœur. La souffrance était un viatique, un chemin où il traçait avec des mots brûlants le sens de chaque vie. Merci à Robert Masson pour avoir nourri son magazine d’amitiés, d’authenticité et de gravité chrétienne, qui respirait le bon goût et la justesse. Saint Joseph a accueilli son frère… Sabine d’AubArède

La mort de Robert Masson est un immense chagrin et les mots manquent pour le traduire. Je ne peux que joindre mes prières à celles de ses proches. Pour ma part, je n’oublierai jamais son regard, sa voix, son audacieuse espérance et la confiance qu’il me fît en me tendant la plume. Je veux croire qu’il ne nous a pas vraiment quittés, il s’est seulement rendu invisible... En nos âmes la lumière, celle qui le guidait en tout chemin, continue de briller. elise FiScher

Nous avons été profondément émus d’apprendre que c’est à saint Joseph qu’il est revenu d’accueillir Robert Masson, cet homme qui a tant compté pour nous. Lecteurs assidus et sans cesse reconnaissants de France Catholique depuis plus de trente ans, c’est par lui que nous avons pu découvrir tant de grands penseurs du XXe siècle. Il nous a aidés à franchir les périodes difficiles de l’Église des années 70-80. Il nous a fait aimer profondément les moines de Tibhirine. C’est grâce à lui que nous avons été conduits vers Jean et Luce Alin-grin. Et la liste n’est pas close. Nous rendons grâce au Seigneur de nous avoir donné cet homme d’exception. Pierrette et François LecLerc-chALVeT

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2 000 personnes, et parmi elles beau-coup qui consacraient leur vie aux plus pauvres : prostituées de Bogota, lèpreux, toxicomanes, personnes han-dicapées, etc.

Comment oublier à la fin d’un festi-val devant l’assistance bouleversée, cet envoi en mission qu’une enfant noire et aveugle avait lu avec ses mains bal-butiantes – en braille – encouragée par André Levet, l’ancien caïd qui avait vécu peu de temps avant dans sa cel-lule une conversion fulgurante ?

Et André Gouzes et le prodi-gieux renouveau liturgique venu de Sylvanès ? Et les journées de l’Unesco en présence du cardinal Lustiger ? et les moines de Tibéhirine ? et tant et tant d’autres rencontres dont France Catholique rendait compte semaine après semaine : Tatiana Goritcheva, Wladimir Zelinski, Claude Vigée, Irina Alberti, Yves Hamant…

En plus de cet art qui consistait à nous faire découvrir d’immenses témoins de la foi, Robert possédait une vraie grâce de compassion. Pas une blessure, qu’il s’agisse des graves brûlures de l’un de ses petits fils aux grands drames internationaux, sans qu’il ne prenne cette souffrance à bras le corps, qu’il la vive et nous la fasse partager…Il avait un coeur immense ouvert à tous et à chacun.

Un de nos amis avait coutume de dire que notre époque avait un besoin urgent de voir renaitre la “Confrérie des Frères Pontiers” un ordre qui avait pour mission au Moyen-âge de construire des ponts, d’établir des pas-serelles sur tout le territoire pour que les hommes puissent communiquer…

C’est exactement ce que faisait Robert Masson : créer des passerelles au lendemain des profondes blessures provoquées par la crise post-conci-liaire, pour permettre aux hommes de s’écouter au delà des sensibilités, des a-priori, des étiquettes, de se redécou-vrir pour communier ensemble à l’invi-sible, à l’éternel…

Robert nous manque déjà, mais nous savons que nous nous retrouve-rons.

C’est une certitude ! M.J.

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robert Masson et Jorge Valls.

Avec Fernando Arrabal.

Avec claude Vigée.

Lucienne et robert Masson.

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CARÊME

ce sous-titre paradoxal veut mettre en avant le caractère baptismal de ce long récit de la guérison de l’aveugle de naissance : Jésus l’envoie se laver à la piscine de Siloé où il va recouvrer la vue. Dans une première approche, nous voyons le symbole de la purification qu’opère cette eau, et donc le baptême. Le

péché obscurcit notre vision, il nous prive de voir le bien que nous devrions faire, il nous empêche de savoir qui est Dieu. De plus, il nous rend aveugles sur nous-mêmes et sur les autres. Le baptême nous rend lucides et aptes à lutter contre tout ce qui obscurcit notre vie. « Vivez en enfants de lumière » dira saint Paul. On connaît les recommandations des auteurs spirituels sur la purification de notre regard, sans oublier la béatitude des cœurs purs qui verront Dieu. cela est renforcé par la réalité de cette piscine, redécouverte depuis quelques années. c’était le lieu où les pèlerins se purifiaient avant de monter au Temple. On a découvert en même temps le début de la chaussée hérodienne, celle qui existait au temps de Jésus et qui montait au Temple. Lieu émouvant pour les pèlerins : fouler ces dalles que le christ a foulées.

Que le christ ait voulu redonner la vue par cette eau nous surprend toujours un peu. Pourtant, le nom même de la piscine nous met sur la voie : saint Jean souligne que Siloé veut dire "envoyé", l’un des qualificatifs du christ, l’envoyé de Dieu. La fin de l’épisode est encore plus nette dans ce sens. À l’aveugle qui interroge sur le Messie, Jésus répond : « Tu le vois, c’est lui qui te parle.» L’aveugle-né voit, depuis sa guérison, non seulement le monde des réalités matérielles autour de lui, avec ses formes et ses couleurs, mais celui qui en est la cause, le Verbe de Dieu créateur, le Messie attendu. De même, le baptisé est armé d’une vision nouvelle. Il pénètre le secret de Dieu, il découvre en Jésus le Fils de Dieu qui nous sauve. Jésus a voulu ce miracle pour nous faire découvrir le cœur de la foi. Vivons notre vie baptismale comme cette merveilleuse possibilité de scruter le mystère de Dieu.

En nous ouvrant à la réalité du mystère, le baptême est donc une illumination. Par lui, notre intelligence est haussée au niveau d’une connaissance que l’homme n’aurait jamais pu espérer. Par lui, nous découvrons les merveilles que Dieu a accomplies, depuis la création, jusqu’à notre quotidien de fils adoptifs de Dieu, en passant par les mystères de la vie du christ. Plus encore, le secret même de Dieu, sa vie intime d’amour des personnes divines, nous est rendue accessible. N’est-ce pas pour cela que dans l’Antiquité les nouveaux baptisés étaient appelés photismoi, ceux qui ont reçu la lumière, ceux qui sont illuminés ?

Père François de VORGES

L’eau (2)L’eau qui purifie - L’eau qui permet de voir - L’eau qui illumine

ESPRIT

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ENTRETIEN AVEC BRUNOR

n Vos albums sont de mieux en mieux per-çus comme une aide à la transmission de la foi...

Brunor : Cela me touche de recevoir des mails qui disent que ces albums aident des jeunes à comprendre que le Dieu de la Bible est « compatible » avec le réel. C’est le cœur du problème : le Dieu de leur catéchisme n’est-il pas devenu une idée impossible ? Une « croyance » incompatible avec la science ? Dès la classe de sixième, quand ils apprennent que l’évolution « se fait toute seule », des jeunes se trouvent face à un choix : perdre la foi ou être coupés en deux : d’une part la foi de la famille et du catéchisme, de l’autre la raison reçue des profs et par-tagée par la télé et les copains.

n Comment vivent-ils ce conflit entre foi et raison ?

Pour la plupart, c’est un vrai choc. Ils n’ont que 11 ans en sixième. Depuis leur petite enfance, ils ont baigné dans l’idée que Dieu était bien là, quelque part, « partout » ou « dans leur cœur ».

Bien sûr, ils ont posé des questions à leurs parents, à propos de la vie, de la mort... et généralement, les réponses concernant Dieu étaient convaincantes pour leur intelligence d’enfants, avec une part de mystère qui apportait une dimension merveilleuse de nature à leur convenir.

Ils ont cru que Dieu était bien le Créateur de l’Univers, et soudain, leurs animateurs mesurent un conflit qui commence entre les beaux dessins de leur enfance et ce que les profs leur pré-sentent comme la réalité d’un monde où l’idée d’un Créateur est ridicule.

n Il ne faudrait pas enseigner l’évolution ?

Au contraire, il est impératif d’en-seigner le réel. à condition de donner les moyens de l’interpréter. C’est ce que j’essaye de faire, car c’est cela qui fait défaut. Donc, on ne va pas repro-duire l’erreur des créationnistes-fixistes

de certaines sectes américaines qui se trompent de combat. Il s’agit de donner à nos jeunes des moyens de comprendre ce qui est en jeu, alors que tout cela leur est présenté dans la plus grande confu-sion. Quand un problème est mal posé, la solution est impossible et le dialo-gue de sourds évolutionnistes-création-nistes, entamé depuis le XIXe siècle, peut durer indéfiniment... Il faut montrer aux chrétiens qu’ils n’ont pas à craindre les sciences du réel, car le réel parle de Dieu. Saint Augustin disait que nous disposons de deux Livres pour connaître la Création et son Auteur Unique : la Révélation et la Création elle-même.

n C’est ce que vous avez dit aux cent prêtres et leurs évêques qui vous ont récemment invité ?

Oui, fin janvier, lors de la ren-contre des cinq diocèses de la Province de Poitiers, réunis à l’initiative de Mgr Rouet, j’ai témoigné de ma façon de parler de Dieu avec mes enquêtes en bandes dessinées. Partir du réel c’est prendre acte du fait confirmé suivant : l’Univers n’a pas été fait d’un coup, ni en l’espace d’une semaine, mais par étapes. Depuis les origines de la vie sur notre planète (il y a 3,5 mil-liards d’années), on observe l’appari-tion d’espèces vivantes de plus en plus complexes, depuis la première forme de vie mono-cellulaire (une seule cellule) en passant par les virus, les plantes puis les animaux et enfin les êtres humains. On peut appeler cela évolution, car chaque nouvelle espèce

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Montrer qu’il y ades raisons de croire

Il faut montrer aux chrétiens qu’ils n’ont pas à craindre les sciences du réel )

Voici la dernière page du nouvel album de Brunor qui a fait l’objet d’une exposition au dernier Festival de la Bd d’Angoulême, lors de sa parution en janvier dernier, où Brunor a reçu le prix de la Bd chrétienne. Ces albums peuvent changer la vie de nos jeunes.

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propos recueillis par Brigitte PONDAVEN

Brunor mène l’enquête...

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est réalisée à partir d’un message plus riche en information que le message génétique de l’espèce précédente.

n Évolution qu’on pourrait aussi appeler enrichissement...

Exactement. La véritable question est : comment expliquer ce constant enrichissement en information que nous observons ? Les probabilités statistiques sont-elles en mesure de justifier de tant de chance ? Dans l’Antiquité, des philosophes comme Démocrite pouvaient enseigner que les atomes en mouvement dans un chaos primordial et éternel s’organisaient tout seuls, au hasard de leurs ren-contres, pour former la rose, le cheval, l’homme... Pour Démocrite, il n’y avait aucunement besoin de recourir à une intelligence organisatrice.

n C’est un peu la théorie de Darwin ?

Leur point commun est en tout cas le rôle considérable attribué au hasard. Il est intéressant de constater que celui qui a le mieux critiqué cette théorie du hasard des atomistes n’est autre qu’Aristote. Parce que, contrairement aux autres philosophes, il avait choisi de prendre pour point de départ le réel et l’expérience, il avait donc pu consta-ter la complexité de la moindre fougère et il reprochait aux atomistes la folie (mania) de prétendre qu’une telle orga-nisation géniale était due au simple hasard... Hasard voulant toujours dire : « pas d’intelligence organisatrice ».

n Que dirait Aristote aux néo-darwiniens ?

On peut supposer qu’il les critique-rait avec encore plus d’assurance, en s’appuyant sur des informations dont il aurait aimé disposer 2500 ans plus tôt, et qui viennent confirmer toutes ses intuitions de façon étonnante.

n Les sciences donnent raison à Aristote contre le hasard ?

Deux points essentiels que tout lycéen connaît (sans pour autant faire de rapprochement).

Le premier point est : l’Univers n’est pas éternel, nous ne savons cela avec certitude que depuis 1964 ! Cette théorie du hasard ne pouvait être envi-sageable qu’en disposant d’un temps infini pour que les lois statistiques permettent aux atomes de s’organiser entre eux « par hasard » pour faire des plantes, animaux vivants. Cette hypo-thèse était recevable tant qu’on ne connaissait pas l’âge de la Terre, mais nous savons aujourd’hui que la Terre n’a que quatre milliards d’années et que, dès que la température à sa surface l’a permis, la vie est apparue rapidement. Puis la vie s’est développée à la manière d’un joueur de roulette au casino, qui se mettrait à gagner de plus en plus vite des sommes de plus en plus impor-tantes. Ce phénomène impossible ne se produit que dans certains films, et cha-cun comprend qu’il y a « un truc », c’est à dire une intelligence qui a agit pour faire en sorte de gagner. Même le spec-tateur le plus naïf sait que la roulette est truquée si le joueur gagne à tous les coups (voir Océan 13 par exemple). C’est ainsi que la vie gagne depuis plus de 3 milliards d’années.

n Et l’autre point qui confirme le génie d’Aristote ?

C’est la découverte du message génétique. Nous savons désormais que ce ne sont pas les atomes qui s’or-ganisent au « hasard » de rencontres permises par un temps infini, mais que la construction de chaque vivant est commandée par un message. Au commencement de chaque être vivant est le message qui transporte dans un minimum de masse toutes les ins-tructions nécessaires à la construc-tion d’une rose, d’un cheval, d’un être

humain... Tout fut par un message, et sans message, rien ne fut... Et dans notre Univers, chaque nouveau mes-sage n’existait pas avant d’exister. Le passé ne contient pas le futur, le passé est une étape qui rend possible un futur qui n’existe pas encore.Personne ne sait comment est né le premier message génétique écrit avec quatre molécules géantes qui sont utilisées comme des lettres pour réaliser des mots, des phrases, des poèmes uniques que sont les vivants dans leur indivi-dualité... Mais ce qui est certain c’est qu’à l’origine de tout message intelli-gible, il y a une intelligence.

n Cette intelligence, c’est Dieu ?

Vous allez trop vite. Vous faites une interprétation « judéo-chré-tienne ». Ce n’est pas une démarche scientifique. Dans notre enquête, il s’agit de procéder par étapes et de rester dans le registre des indices véri-fiables. C’est cela que demandent les jeunes et toute personne qui réfléchit honnêtement. Si nous constatons que la présence d’une Intelligence orga-nisatrice est davantage rationnelle que l’explication par le hasard (ce qui est le cas, depuis qu’Aristote est confirmé par nos connaissances), il nous faudra poursuivre l’enquête afin de vérifier si cette Intelligence a cherché à commu-niquer avec les êtres humains et si elle nous dit quelque chose d’Elle-même.

n Comment procéder ?

De façon rationnelle, en cherchant dans l’histoire de l’humanité si l’on trouve une trace de ce genre de prise de contact. On en trouve beaucoup, car toutes les traditions religieuses ont la prétention de relater l’Histoire de l’Univers, de tout ce qu’il contient et la présence de l’Homme sur Terre.

n On pourrait en conclure que cette intel-ligence s’est manifestée dans différentes cultures, qui la nomment de façon diffé-rente : Dieu, Zeus, le Brahmane...( L’exigence universaliste qui est propre à

l’Europe depuis la philosophe grecque

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Oui, si ces cultures disaient toutes la même chose, mais hélas ! les contradictions profondes entre ces dif-férentes approches ne permettent pas de conclure que la totalité est authen-tique ! C’est ce que nous décou-vrons dans ma BD Le Mystère du soleil froid : toutes les traditions ont fait des sacrifices humains pour hono-rer leurs dieux, à com-mencer par le Soleil... Faut-il en conclure que les dieux exigent ce genre de démarche ? Heureusement qu’une subversion s’est intro-d u i t e d a n s c e t t e Tradition commune avec les hébreux, sans quoi nous ser ions encore occupés à arracher le cœur de nos jeunes filles et à précipiter nos enfants dans des gueules de feu pour éviter la colère de tel ou tel dieu sanguinaire.

n Mais comment faire le tri entre les inventions mythiques et une réelle ren-contre avec cette intelligence créatrice ?

En cherchant parmi ces récits transmis depuis l’Antiquité, si l’un ou l’autre dit la vérité sur l’univers, l’Homme, les vivants. Des sujets dont la connaissance ne cesse de progresser.

n Ce qui est la vérité pour un Occi dental ne le sera pas sur un autre continent !

Quel que soit notre continent, nous savons, depuis une cinquan-taine d’années, un certain nombre de choses que nous pouvons confronter avec les récits des différentes cultures. Cela permet de constater qu’en un lieu, des hommes ont dit vrai à pro-pos du soleil, affirmant qu’il n’est pas éternel, la Terre non plus, que notre

Univers a un début et aura une fin... Si vous interrogez ces gens afin de savoir comment ils ont été capables d’enseigner de telles nouveautés avec trois mille ans d’avance sur nos astrophysiciens, ils vous répondront :

« J’étais occupé à mon métier quand la parole d’Adonaï me fut adressée en ces termes : Va fils d’homme, et tu leur diras... »

n Pour vous, les prophètes ont été en rela-tion avec cette intelligence créatrice ?

Constatons au moins que, de toute l’histoire de l’humanité, les prophètes d’Israël sont les seuls à nous raconter un récit de la Création conforme à ce que nous découvrons : elle n’a pas eu lieu d’un seul coup, mais par étapes. Des étapes montantes, du plus simple au plus complexe. Bergson et Teilhard l’avaient compris : ce qu’on nomme évolution n’est autre que la Création en train de se continuer, sous nos yeux et avec notre participation. Car la Création n’est pas achevée, comme l’a rappelé Benoît XVI aux Bernardins en 2008.

n Pourquoi n’en parle-t-on pas davantage ?

Nous n’avons pas encore intégré dans la catéchèse ce gigantesque pro-grès dans la connaissance apporté par l’astrophysique et la biologie depuis

les années 1950... Et comme ce sont les partisans de la pensée matéria-liste qui s’en sont emparé, nous avons tendance à réagir contre la connais-sance, alors que c’est dans le domaine des interprétations qu’il s’agit de bien poser les problèmes. Et cela, les jeunes l’apprécient car ils peuvent vérifier par eux-mêmes que le Dieu de la Bible est compatible avec cet Univers créé par étapes et qui n’est pas encore achevé. De plus, ils ont quelque chose à par-tager avec leurs amis agnostiques car la seule façon de dialoguer, c’est de se situer sur le même terrain, c’est de partir du réel. Quand je parle avec des groupes, je répète souvent : « Surtout, ne croyez pas ce que je vous dis... Vérifiez-vous-mêmes ! » n

Brunor explique sa méthode aux prêtres et évêques de la Province ecclésiatique de Poitiers.

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Les albums de Brunor Le Mystère du Soleil froid et Un Os dans Évolution, édi-tions du Jubilé, sont diffusés par le ré-seau Hachette dans toutes les librairies.

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n Vous êtes professeur: vous avez com-mencépar vous intéresseràÉdithSteincommepédagogue?

Éric de Rus: Je m’intéresse sérieuse-ment à Édith Stein — sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix — depuis 2005. Mon travail s’est en effet d’abord porté sur la pensée éducative d’Édith Stein. Il s’agissait de montrer le lien vital qui unit l’anthropologie et l’éducation. Cela a donné lieu à une première publica-tion : Intériorité de la personne et éduca-tion chez Édith Stein (Cerf, 2006).

Ensuite, j’ai souhaité approfondir la signification spirituelle de l’art d’édu-quer, qu’Édith Stein conçoit comme un geste anthropologique intégral dans la mesure où il assume toutes les dimen-sions de la personne : le corps, l’esprit, l’âme. Ce fut l’objet d’une seconde publication, qui a ouvert la collection des Cahiers d’études steiniennes : L’art d’éduquer selon Édith Stein, Cerf, 2008.

n Ce troisième volume est consacré à la«personnehumaine»àpartir,dites-vous,de«l’intériorité».C’est-à-dire?

Dans ce travail, plus ramassé que les deux précédents, j’ai voulu montrer que toute la vision anthropologique d’Édith

Stein tournait autour de la question de l’inviolable intériorité de la personne humaine qui permet de fonder radicale-ment la dignité humaine.

n Partie de la phénoménologie husser-lienne,lapenséedelaphilosopheaévo-luépoursecentrersurlapersonne?

La pensée anthropologique d’Édith Stein est surtout un itinéraire existen-tiel. Elle a bien analysé comment la précarité de l’existence peut modifier considérablement nos convictions les plus profondes lorsque l’absurdité et la dévastation paraissent tout englou-tir autour de nous et en nous, ébran-lant les assises patiemment conquises sur lesquelles notre personne reposait jusqu’alors.

Édith Stein a cherché, comme cha-cun d’entre nous, un appui stable, un fondement à sa vie. Et elle l’a trouvé dans l’intériorité la plus profonde de

son être qui est en même temps la « demeure de Dieu ».

Elle nous dit que depuis ce centre de l’être il est possible de se ressaisir, de « se donner et s’offrir », ce qui corres-pond à la vocation la plus haute de la personne humaine.

n Édith Stein, carmélite, philosophe, etjuive, est morte à son arrivée à Aus-chwitz le 9 août 1942, après les raflessuscitées par une protestation desévêquesdeHollandecontreletraitementinfligé aux juifs. A posteriori, sa philo-sophiede lapersonneapporte-t-elledeslumièrespourpenserl’immondeShoah?

Comment penser cette « catas-trophe » (Shoah), qu’en dire alors que, pour reprendre l’expression de Cécile Rastoin dans son ouvrage, Édith Stein et le mystère d’Israël, la Shoah est vrai-ment cet « abîme de non-parole » ?

Je relèverai trois points. Tout d’abord, comme le rappelle Benoît XVI dans son discours prononcé à l’occasion de sa visite à Auschwitz en 2006, ce qui sous-tend la volonté d’anéantisse-ment du peuple juif en particulier, c’est l’intention de « tuer ce Dieu qui appela Abraham, qui, parlant sur le Sinaï, a fixé les critères d’orientation de l’humanité qui restent valables pour l’éternité ». Autrement dit, il s’agissait de nier tout fondement transcendant pour lui subs-tituer « la domination de l’homme, de la force ».

Deuxièmement, l’idéologie nazie avait bien perçu que pour nier la per-sonne il fallait porter atteinte de manière radicale à la pensée et à la parole. Comment cela ? En réduisant les individus à des « morceaux », pour reprendre le terme usité par Primo-Lévi dans Si c’est un homme. Être dépossé-

ENTRETIEN AVEC ÉRIC DE RUS

La leçon de vie d’Édith SteinLIVRES

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( Édith Stein a cherché, comme chacun d’entre nous, un appui stable

Éric de Rus, professeur de philosophie au Centre pédagogique Madeleine Daniélou de Rueil-Malmaison, publie son troisième livre sur Édith Stein…

Éric de Rus.

D.R.

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Propos recueillispar Anita SANCHEZ-BOURDIN

dé de son nom, n’avoir plus de visage, sombrer dans l’anonymat du monde des choses qui ne pensent pas.

Troisièmement, cela a eu comme conséquence de fragiliser la confiance accordée à la rationalité humaine comme rempart contre le mal. Gertrud von le Fort, écrivain catholique alle-mande et amie d’Édith Stein, parle à cet égard de « notre découverte de l’extrême fragilité de tout ce que nous avons dési-gné jusqu’alors par les mots de culture, civilisation, comportement humain ».

n Édith Stein dit à sa sœur Rosa qu’ellesvont mourir pour leur «peuple»: elleétaitlucide?

Édith Stein témoigne très tôt d’une lucidité frappante à l’endroit de l’idéo-logie nazie comme l’atteste la fameuse lettre qu’elle adresse à Pie XI en 1933, refusant comme elle l’écrit de « fermer les yeux ». Dans sa relation intitulée Comment je suis venue au Carmel de Cologne, elle souligne à quel point l’an-thropologie catholique qu’elle s’attache à approfondir et à diffuser à travers ses conférences et son engagement édu-catif est en opposition au « courant dominant ».

Je suis persuadé qu’en entrant au Carmel, Édith Stein accomplit sa vision de la personne : c’est l’aboutissement d’une pensée de l’homme et d’un enga-gement en faveur de sa dignité. Édith Stein, par le don en offrande d’elle-même, va jusqu’au bout de la logique de l’amour, face à toutes les forces de ténèbres qui refusent d’accueillir la lumière du Christ. à un moment où elle saisit les limites du discours et des solu-tions simplement humaines, elle mise toute sa vie sur le mystère pascal auquel elle désire prendre part. Ce n’est pas

une démission devant le mal, mais une manière d’être au cœur d’un combat pour l’homme.

n Pensez-vous qu’elle puisse vraimentrejoindre les préoccupations de notretemps?

Ce qui est éminemment actuel dans la vision de la personne à laquelle Édith Stein nous introduit, et j’irai jusqu’à dire que cela anticipe même sur l’ave-nir, c’est cette alliance cruciale entre l’intériorité et la vie. Si l’œuvre et la vie d’Édith Stein peuvent nous rejoindre, c’est justement dans la mesure où sa voix nous invite à nous situer au cœur du défi adressé à tout homme : « Comment, à travers tout, rester des vivants ? »

n C’estaussicequivousapousséàréflé-chir à l’aventure spirituelle de MireilleNègre dans L’Art et la Vie (éditions duCarmel,2009),co-écritavecelle?

C’est en effet ce qui a motivé mon travail avec la première danseuse de l’Opéra de Paris et membre de l’Ordre des Vierges consacrées, Mireille Nègre. Mon très vif intérêt pour la danse tient à ce qu’elle est une manière d’appro-cher la vie, en y engageant tout son être. C’est encore ce rapport essentiel au mystère de la vie qui constitue pour moi le cœur de l’aventure poétique (Le Chant du feu ou le vacillement de la parole, Atlantica, 2009). Car selon le mot si juste de Laurent Terzieff : « Avant d’être un art, la poésie est une manière de vivre et de sentir. En fait, je crois que c’est l’essence même de la vie » (dans le beau livre composé par Marie-Noëlle Tranchant, Seul avec tous, Presses de la

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La leçon de vie d’Édith SteinRenaissance, p. 107). En tout cela, il ne s’agit que d’une seule chose : répondre à la requête de la vie.

n à quelle tradition spirituelle votrerecherche d’une vie unifiée s’alimente-t-elle?

La spiritualité du Carmel. Cette spi-ritualité dont Édith Stein a si profon-dément vécu est de part en part une célébration du Dieu vivant. Elle souligne la primauté de l’Absolu, la vocation de l’homme à l’union à Dieu. Vivre du Dieu vivant : tel est l’appel adressé à chaque baptisé, sous les modalités spécifiques de son état de vie. Comme l’enseigne le Père carme Marie-Eugène de l’En-fant-Jésus, fondateur de l’Institut Notre Dame de Vie — auquel mon épouse et moi-même nous sentons si profondé-ment liés — en particulier à travers son maître-ouvrage, Je veux voir Dieu, il existe un lien organique entre la voca-tion de l’homme à l’intimité divine et la vie d’oraison, elle-même inséparable de la vie théologale.

Le Père Marie-Eugène rappelle avec force que communier intérieurement à la vie de Dieu c’est être authentiquement vivant, c’est porter la vie au monde. Cela signifie que la contemplation est fondamentalement apostolique, et que « nous sommes là pour témoigner que Dieu existe. Le témoin n’est pas seule-ment celui qui transmet la vérité… c’est quelqu’un qui en apporte la preuve par la vie qui se dégage de lui ». Et d’ajouter : « Vous avez comme mission d’être des témoins de Dieu… de cet amour qui veut se répandre. » Édith Stein nous précède dans ce témoignage. à chacun de décou-vrir sa « note » unique pour répondre à un si bel appel ! n

Éric de Rus, La personne humaine en question. Pour une anthropologie de l’intériorité, Cerf, 136 pages, 19 e.

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Al ioune D iop, inconnu en France, est considéré comme un saint par les catholiques africains, comme un sage par les musulmans et comme un

prophète par tout un continent.Né en 1919 à Saint-Louis du Séné-

gal, il entre au collège après avoir été l’élève d’un maître soufi à l’école cora-nique. Son goût du travail, son acui-té intellectuelle et sa passion d’ap-prendre lui permettent de passer le baccalauréat. C’est l’un des premiers Noirs à obtenir ce sésame de l’Univer-sité française. Il poursuit ses études à Alger et se lie avec un autre étu-diant ombra geux : Albert Camus. En 1937, le voilà à Paris pour un DEA de littérature. à l’époque, les étudiants africains sont rares à la Sorbonne. Une amitié indéfectible se noue entre Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire et lui. Ensemble, ils inventent le concept de « négritude », la revendication de l’identité africaine ouverte à une civilisation « du donner et du rece-voir ». Aux contacts de Senghor et de Jacques Rabemananjara qui sera bien-tôt ministre des Affaires étrangères à Madagascar, Alioune découvre qu’on peut être chrétien rayonnant sans trahir l’Afrique. Durant la Seconde Guerre, il rencontre le père Jean-Augustin Maydieu à l’école des cadres d’Uriage.

Le dominicain l’attire à la fois dans la Résistance et dans l’Église. Alioune Diop est baptisé le 25 décembre 1944. Il devient l’interlocuteur des intellectuels français qui, dans les heures sombres de l’Occupation, tâchent d’inventer un nouveau monde. Albert Camus lui présente Picasso et Jean-Paul Sartre, le père Maydieu le met en relation avec Emmanuel Mounier et François Mauriac.

à la Libération, Alioune a 35 ans. Il est élu sénateur français et nommé directeur de cabinet du gouverneur général de l’AOF à Dakar. Au Sénégal, il accueille Mounier qui lui dédie son livre l’Eveil de l’Afrique noire et le socio-logue Georges Balandier qui invente à ses côtés le concept de tiers-monde. Il encourage tous les cadets africains à « assimiler sans être assimilés »... afin de recevoir tous les trésors de la culture européenne sans galvauder le trésor de l’âme noire : le goût de la vie et la passion de la partager.

En 1948, Alioune renonce à la poli-tique pour se vouer à une tâche unique : faire découvrir au monde occidental et à l’Afrique elle-même la grandeur de la civilisation nègre qui sourd malgré l’impérialisme colonial. Dans ce com-bat, Alioune considère que la culture doit prendre le pas sur les enjeux éco-nomiques, politiques et sociaux. C’est lorsqu’un homme sait qui il est, c’est lorsqu’un peuple est prêt à partager sa sagesse qu’ils sont grands. Pour ce faire, il crée la revue Présence afri-caine, baptisée par trois futurs prix Nobel de littérature : Gide, Sartre et Camus. Il crée également la Société africaine de culture qui promeut les historiens, les philosophes et les poètes

africains. Le prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka, les historiens Cheikh Anta Diop et Joseph Ki Zerbo, l’ethnologue Amadou Hampaté Bâ, les romanciers Joseph Zobel (Rue Cases-nègres), Mongo Beti (Le pauvre Christ de Bamba), Maryse Condé (Ségou) et Alain Mabankou le considèrent comme leur mentor. Grâce à lui, les intellec-tuels africains trouvent une tribune pour s’exprimer et un aîné qui les encourage et les soutient. Qui les tem-père aussi : Alioune Diop est vacciné contre l’idéologie. Il assiste avec effroi aux ravages du marxisme en Afrique. Il écrit : « L’idéologie marxiste, commu-niste et totalitaire n’est qu’une ruse de l’histoire pour promouvoir l’occidenta-lisation accélérée des peuples jusqu’ici épargnés. » Il est fier d’avoir pu arra-cher le poète martiniquais Aimé Césaire à l’influence du PC français. Lui-même publie peu, mais le Président Senghor voit en lui « le Socrate noir », le sage maïeuticien qui aide les autres à accou-cher d’une pensée féconde. Il organise à la Sorbonne en 1956 le premier congrès des intellectuels noirs qui rassemble de jeunes écrivains américains, africains et antillais. Avec l’aide de Senghor et le soutien de la France, il anime à Dakar le premier festival mondial des arts nègres en 1966. André Malraux raconte, au début des Antimémoires, l’ambiance inouïe de cette célébration de la frater-nité noire qui veut partager au monde entier son goût de la vie. En inaugurant cette fête de la beauté et de l’intelli-gence, Alioune Diop invite les Africains à construire avec les autres peuples la civilisation de l’amour.

Car son rayonnement doit beaucoup à sa vocation de vivre les béatitudes. Il est le guide spirituel du jeune épis-copat africain au moment du Concile Vatican II. Le pape Paul VI voit en lui

SAGESSE

par Tristan LiEuCouRT

L’inventeur de l’Afrique

LIVRES

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( Son rayonnement doit beaucoupà sa vocation de vivre les béatitudes

Alioune Diop fut l’inventeur de l’Afrique, comme on parle de « l’inventeur » d’un trésor. Ce chrétien rayonnant révéla en effet la richesse de la civilisation noire.

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« un de ces sages de réflexion pro-fonde, à la recherche d’un humanisme nouveau, qui permettent à l’homme moderne de se retrouver lui-même ». Il est l’un des premiers laïcs invité à donner une conférence devant la Curie romaine, à propos de la réception de l’encyclique Populorum progressio. Il aide Mgr Pézeril à l’aumônerie pari-sienne des immigrés. Il inspire Gilbert Cesbron pour son roman Je suis mal dans ta peau. Dès 1956, il donne la parole aux jeunes prêtres africains dans le livre fondateur de l’inculturation liturgique et théologique : Des prêtres noirs s’interrogent, préfacé par Mgr Lefebvre… Alioune Diop écrit en 1961 : « Le moment vient où le tiers-monde entrera dans l’histoire par la grande porte : celle de la naissance, à l’échelle planétaire, d’une conscience chré-tienne responsable, majeure et fidèle au Christ. » Même ses amis musulmans reconnaissent en lui un homme de Dieu. Cheikh Anta Diop lui rend ainsi hom-mage : « Une vie entièrement consa-crée aux autres, rien pour soi, tout pour autrui, un cœur rempli de bonté et de générosité, une âme pétrie de noblesse, un esprit toujours serein. Dieu voulait-il nous offrir un modèle en t’envoyant parmi nous ? »

Les dernières années de sa vie sont assombries par la situation dramatique de l’Afrique noire. Les grossières ten-tatives de récupération du mouvement d’identité africaine, par l’Algérie de Boumédiène ou le Nigeria du général Obasanjo, le navrent. Il meurt en janvier 1980.

La biographie limpide et talen-tueuse écrite par le Père Verdin est une aubaine pour les jeunes Africains qui cherchent un modèle de vie accomplie, un exemple moins frelaté que celui des rappeurs, des footballeurs et des dicta-teurs… à nous, elle offre un passion-nant panorama de l’histoire de la déco-lonisation et de l’émergence d’un conti-nent. Elle donne foi — s’il était néces-saire — dans les ressources humaines et spirituelles de l’homme africain. n

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L’inventeur de l’Afrique

Philippe Verdin, Alioune Diop, le Socrate noir, préface d’Abd Al Malik, Lethielleux, 400 pages, 29 e. ©

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atelier grognard

«on ignore trop souvent nos écoles de province. Qui connaît l’école de Rouen, actuellement la plus vaillante… ? » Cette remarque d’Ar-sène Alexandre, dans les colonnes du

Figaro du 22 décembre 1902, a donné son nom à un courant pictural. C’est à l’école de Rouen que l’Atelier Grognard consacre une exposition qui donne une suite heureuse aux « Reflets de la Seine impressionniste »*. Situé à 100 m de la Malmaison, le lieu mérite en lui-même un détour : l’ancienne fabrique de plaques pour la gravure fut édifiée au XIXe siècle, en pleine période Eiffel. Elle abrite

pour l’heure près d’une centaine de tableaux qui, réunis, apportent un nouvel éclairage sur les peintres de l’école de Rouen. Le musée des Beaux-Arts de Rouen, ceux de Louviers, du Havre et de Draguignan ont contribué au prêt des œuvres, dont certaines sont parfois sorties des réserves.

L’exposition réserve une place de choix, avec une vingtaine de toiles, au petit groupe de l’avant-garde rouennaise. « Comme les trois mous-quetaires, les impressionnistes rouennais sont quatre »* : Léon-Jules Lemaître, Joseph Delattre, Charles Frechon et Charles Angrand. Autour de cet axe central, qui ne néglige pas pour autant les peintres de la deuxième génération, trois grands thèmes sont abordés : la Seine avec le port de Rouen et le Pré-aux-loups ; la ville aux cent clochers et ses quartiers, dont celui de la rue de l’épicerie ; enfin, la campagne environnante. Lemaître fait connaître dans la capitale normande la révolution de l’impressionnisme qui se déroule à Paris. Dans Bord de Seine, Croisset, le « gueu-loir » de la propriété de Flaubert figure sur les rives d’une Seine très « vibriste ». Delattre a créé en 1896 l’Académie libre de la rue des Charrettes où toute la nouvelle génération des peintres de l’école de Rouen passera. Sur la toile intitulée Rouen depuis la côte de Bonsecours, aux tonalités douces et subtiles, le peintre a placé la cathédrale au centre de sa composition, dans le lointain.

expositions

Léon Jules Lemaître « Bord de Seine, Croisset » 1888. Albert Lebourg « Le Pré aux loups, Rouen » 1900/1905.

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L’Atelier Grognard rend un bel hommage aux peintres impressionnistes et post-impressionnistes de l’école de Rouen.

l’école de rouen

30 FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011

école de Rouen,les peintres impressionnistes

et post-impressionnistes,Atelier Grognard,6 av. du Châteaude Malmaison,

92500 Rueil-Malmaison.Jusqu’au 18 avril,

tous les jours (13h30-19h), fermeture le mardi.

Brunchs familles : pour les enfants de 7 à 12 ans avec leurs parents, les dimanches

(13h et 16h30).www.mairie-rueilmalmaison.fr

Pierre Dumont« Rue de l'épicerie »1910.Co

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atelier grognard

l’école de rouenpar Alain SOLARI

Charles Angrand a signé une des toiles majeures de l’exposition : Rouen, le pont de pierre (1881), un nocturne — à moins qu’il ne s’agisse du lever du

jour — qui dit combien l’ar-tiste était à la pointe du com-bat impressionniste. Rouen, le Pré aux loups est l’un des plus beaux tableaux de l’œuvre de Charles Frechon. Dans le traitement remarquablement lumineux de la Seine, l’artiste a adapté la leçon de Seurat que lui a fait connaître son ami Angrand.

Albert Lebourg, qui par-tageait sa vie entre Paris et Rouen, est très présent dans l’exposition. L’artiste a peint depuis la fenêtre de son appartement la toile intitu-lée Depuis l’atelier, Rouen. Il y fait une place éminente à un ciel qu’il décrit «...d’un bleu fin, un peu fouetté de bleu cendré ». Du même peintre, La Maison de François Depeaux rend indirectement hommage au grand mécène : le négo-

ciant-armateur a acheté de nombreux tableaux à Albert Lebourg. Il a fait don au musée des Beaux-Arts de Rouen de 53 œuvres de Monet, Sisley, Renoir… ! Dans Brume du matin sur la Seine, narcisse Hénocque a, lui aussi, saisi avec délicatesse l’atmosphère qui plane sur les bords du fleuve. « L’école de Rouen est née, certes de l’attrait qu’exerce sur tous les artistes la vieille cité… mais plus encore de l’atmosphère, de l’am-biance aérienne, légèrement brumeuse et humide qui enveloppe toutes les rives de la Seine…***» n

* Exposition qui a eu lieu de décembre 2008 à mars 2009.** Eugène Brieux, Le Nouvelliste, 26 avril 1889.*** Georges Dubosc, en 1909, dans le catalogue d’exposition du musée des Beaux-Arts de Rouen.

Léon Jules Lemaître« Rue Gros Horloge »

1890/1892.

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Henri Vignet « La cour d'Albane Rouen », 1920.

Charles Angrand « La couseuse », 1885.

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Joseph Delattre « Gibrane sur la Seine à Petit-Couronne » 1905/1910.

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MUSIQUE

32 FRANCECatholique n°3253 Ier avril 2011

Sonates en Trio – Benjamin Righetti, orgue – BWV 525-530 – 2010 -

Le style galant de Bach s’illustre par ticulièrement dans ses suites orchestrales, ses sonates et ses

concertos. Mais ce serait injuste de passer à côté de la musique d’orgue qui puise dans cette écriture, et parti­culièrement celle des sonates en trio. Mélodie, souplesse des lignes, forme à trois voix... construisent un matériau orchestral nécessitant de l’interprète une bonne dextérité. La variété des timbres se prête, plus que tout autre instrument, à ce jeu, celui qui doit être à la fois soliste et orchestre. Ces œuvres magistrales sont donc un incontournable de tout apprenti aux claviers, et la dimension pédagogique, comme souvent chez Bach, est importante.

Benjamin Righetti a choisi de faire sonner les différents instruments en exploitant au maximum les couleurs de l’orgue baroque. On sera bien convaincu par sa précision de jeu, son discours limpide et très musical. Ce jeune organiste talentueux sait transmettre toute sa fougue à travers ces quelques pages.

Bach a strange beauty – Simone Dinnerstein, piano – Kammerorchester Staatskapelle Berlin – Sony - 88697727282 - 2010 -

Certains disques sont affichés comme des événements et la pu­blicité qui s’agite autour d’eux

pour rait nous faire croire à une rare dé­couverte. Un titre sirupeux voudrait finir de nous convaincre. Mais voilà, ce disque il faut bien l’écouter. Et déception : rien de ce qui était annoncé ne se réalise. Enregistrer Bach au piano en 2010 fait déjà montre d’un passéisme redoutable, mais proposer une lecture qui touche plus à la guimauve qu’à une véritable inter­prétation encourage à croire que tout ce déploiement d’énergie était à pure perte.

Non que la pianiste ne vaille pas une pause musicale, mais elle est accompagnée d’un orchestre aussi lourd qu’imprécis. On croirait revivre les versions de Furt wangler à la tête du Philarmonique de Berlin. Mais c’était il y a cinquante ans. Et ce n’est plus la musique d’aujourd’hui ! Tout le discours présenté ne parle plus à nos oreilles contemporaines. Le programme sur le papier était pourtant alléchant : concertos pour clavier, Suite Anglaise… Certes, Bach est tellement universel qu’il peut s’adapter à tout… mais ce n’est pas forcément mettre en valeur son immense génie que d’en faire un disque à peu près inutile !

Missae BWV 234 & 235 – Ensemble Orlando de Fribourg – La Cetra Barockorchester Basel – Laurent Gendre, direction – Claves Records – 50-2907 - 2009 -

On oublie parfois que les messes dites luthériennes de Bach ne sont qu'au nombre de quatre,

outre la fameuse Messe en si. Elles sont dites brèves parce qu’uniquement composées d’un Kyrie et d’un Gloria. Par ailleurs, elles illustrent la méthode de composition dite de réemploi, avec la réutilisation de thèmes développés dans des cantates précédentes. Malgré cette donnée — récurrente à l’époque baroque — Bach tient merveilleusement compte dans son écriture du rapport entre texte et musique : les différences subtiles dans l’instrumentation, les tempi, les tonalités et les contextes permettent à ces œuvres d’être tota lement cohérentes et pas un patchwork de pièces recyclées. Et cette fameuse alternance entre tumulte de la foule et murmure des cohortes angéliques qui domine toute l’œuvre sacrée de Bach en est magnifiée.

L’enregistrement présenté ici par l’ensemble Orlando de Fribourg se dis­tingue par ce beau respect du texte et de l’esprit du compositeur. On regrette parfois un manque de puissance dans les tutti et des aigus du chœur sont de­ci de­là un peu maigres et serrés. Mais il s’agit de bel ouvrage et on ne boudera pas son plaisir de redécouvrir ces pages qui méritent toute leur place au panthéon du Cantor de Leipzig. n

La dimension pédagogique, comme souvent chez Bach, est importante

Bach reste bien l’un des compositeurs les plus prisés des enregistrements, que ce soit un Bach galant ou un Bach sacré…

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SÉLECTION

J.-S. Bach (1685-1750)par François-Xavier LACROUX

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C'est à strasbourg qu’Alessandro, un professeur italien de musique baroque, a connu la femme de sa

vie. Mais celle-ci est morte accidentel-lement, après avoir donné naissance à une petite fille. Depuis, Alessandro élève seul Irina, aujourd’hui âgée de 15 ans. Il ne s’est jamais remarié et n’a jamais pu aimer une autre femme. Pourtant, avec son frère Crampone, un anarchiste un peu fêlé, et Irina, il forme une sorte de famille. Après son premier film tourné à Nancy (Il y a longtemps que je t’aime, au succès inattendu), le romancier lor rain Philippe Claudel a choisi Stras-bourg pour ce joli second film qui fait un peu penser aux grandes comédies ita liennes d’antan. En mêlant le chaud et le froid, le rire et l’émotion, il campe sa drôle de famille en des scènes d’une

grande justesse de ton. Le personnage de Crampone (hilarant Neri Marcorè !) vient apporter cette légèreté et ce grain de folie qui manquent tant dans la vie du héros (épatant Stefano Accorsi !). Quant à la jeune Lisa Cipria-ni, elle est la révélation de cette œuvre aussi drôle qu’émouvante. Mais il est dommage que Philippe Claudel, pour-tant professeur de cinéma à l'université de Nancy, n’ait pas fait preuve de davantage de rigueur dans le montage de son film qui manque un peu trop de rythme. Mais la ville de Strasbourg est si belle que cela fait passer beaucoup de choses...

] La présence fugitive et amicale des fantômes des disparues vient rappeler au héros que c’est vers la vie et l’amour qu’il faut se tourner. Les scènes du site de rencontres sont un peu banales et inutiles. ■

Comédie française (2010) de Philippe Claudel, avec Stefano Accorsi (Alessandro), Neri Marcorè (Crampone), Lisa Cipriani (Irina), Anouk Aimée (Agathe), Clotilde Courau (Florence), Margot Lefevre Chan (la grand-mère) (1h45). (Adolescents.) Sortie le 30 avril 2011.

The company menTout va pour le mieux dans la vie de Bobby, jusqu’au jour où, malgré ses excellents résultats, la société qui l’emploie le licencie. La crise économique, avec ses drames humains, vus du côté des cadres, tel est le sujet du premier film de John Wells, scénariste de la série « Urgences ». Certes, la mise en scène est sage, mais la qualité de l’interprétation souligne, avec rigueur, la lente descente aux enfers de ceux qui ne sont plus rien dans la société. Bien sûr, la fin est positive et met bien en valeur le rêve américain, mais, avant cela, que de souffrance et d’espoirs déçus !] Il en faut du courage pour se reconstruire, lorsque tous ses espoirs sont déçus. Et ces héros ordinaires n’en manquent pas, même si cela passe par un adultère et un suicide.

Comédie dramatique américano-britannique (2010) de John Wells, avec Ben Affleck (Bobby Walker), Tommy Lee Jones (Gene McClary), Chris Cooper, Kevin Costner (1h52). (Adolescents.) Sortie le 30 mars 2011.

Nous, princesses de ClèvesAu lycée Diderot, de Marseille, les élèves sont invités à réagir aux problèmes d’ordre moral que pose le roman La princesse de Clèves. Le film est une mosaïque de décla-rations, de réflexions et de textes récités. Le miracle s’opère, et le texte de Madame de La Fayette acquiert une modernité inat-tendue, que les jeunes adoptent sans diffi-culté. Cela permet de parler des grandes passions, et même de justifier l’attitude morale de la mère de la princesse, perçue de façon très positive par les élèves. Cette réhabilitation de la mère, donc de la famille, est très surprenante. Ce document intéressant fait tomber les masques et aide à comprendre certaines idées de la jeunesse actuelle dans les quartiers difficiles.

G. C.Film documentaire français (2010) de Régis Sauder, avec les élèves du lycée Diderot de Marseille(1h09). (Adolescents.) Sortie le 30 mars 2011.

CINÉMA

RevengeAnton, médecin dans une organisation humanitaire, est affronté chaque jour aux terribles blessures de la guerre. Susanne Bier met toujours en scène des situa-tions psychologiques complexes pour en tirer une leçon. Ici, elle s’attaque aux mécanismes de la violence. Tout cela nourrit la substance dramatique d’une histoire d’une certaine complexité, mais parfaitement exposée.

Susanne Bier fait du cinéma dans le noble but d’améliorer le monde.] Il est difficile de condamner la violence sans la montrer. Elle est présente sans complaisance, parfois simplement suggérée. Ce film, comme toute l'œuvre de Susanne Bier, a une portée morale élevée, toujours enveloppée dans un contexte humain crédible.

Georges CoLLarDrame danois (2011) de Susanne Bier, avec Mikael Persbrandt (Anton), Trine Dyrtholm (Marianne), Ulrich Thomsen (Claus), Markus Rygaard (Elias), William Johnk Nielsen (Christian) (1h53). (Grands adolescents.) Sortie le 16 mars 2011.

Entre humour et émotion, le second film de Philippe Claudel est une réussite.

Une drôle de famillepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Les fantômes des disparues vient rappeler au héros que c’est vers la vie qu’il faut se tourner

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ToUs les soleIls

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Cirque des Mirages

«Le Cirque des Mirages » est un spec-tacle musical exceptionnel en ce sens qu'il met une voix puissante de ténor basse au service de chan-sons à texte (évoquant, entre autres,

Brel) et dans une mise en scène qui travaille énormément le mime et les effets de lumière.

Par effet de lumière, il faut s'entendre : c'est le côté ténébreux de l'âme humaine qui est ici mis en avant. Tout contribue à installer et cultiver cette atmosphère : le fait pour l'ins-trumentiste et le chanteur de se retrouver au milieu d'une boîte noire, le maquillage de ce dernier, les éclairages durs et très ciblés dans le style de ce que les gens de théâtre appellent des « douches »(1), en enfin les textes.

Nous ne sommes pas pour autant dans un pur récital musical. En effet, le chanteur pos-sède aussi les techniques de l'art dramatique. Il utilise un jeu très gestuel, qui souligne le moindre de ses propos, la moindre de ses mélo-dies. On est parfois à la limite de la chorégra-phie. Ce n'est pas tout : il possède aussi l'art du bruitage. On remarque par exemple la perfec-tion avec laquelle il sait imiter un grincement de porte. Utilisant toutes ces ressources, il peut passer d'un instant à l'autre du réalisme au fan-tastique, et on reste toujours aussi captivé par ce spectacle qui est hyper théâtral même s'il ne recourt à aucun accessoire.

Et si le texte évoque régulièrement les bas-fonds de l'existence, il ne tombe jamais dans la vulgarité, même s'il vient à évoquer la vie des

maisons closes. Il vire plutôt vers le comique de dérision, à la limite de la satire, à l'aide d'un vocabulaire d'une justesse et d'une richesse remarquables.

La voix du chanteur est d'une puissance telle qu'on ne l'oublie pas : on a l'impression qu'elle envahit tout l'espace, qu'elle enveloppe le public. Et il passe d'un registre à l'autre sans effort apparent, même quand il pastiche un air d'opéra.

Son complice instrumentiste n'est pas qu'un exécutant : on le voit par exemple devenir lui aussi bruiteur par moments. Et on sent avec une évidence qui frappe le lien qui les unit.

Bref, on a là un spectacle original, fouillé, très au point, qu'il serait dommage de rater. Il est actuellement en tournée dans plusieurs régions en France et à l'étranger. n

speCtaCLes

(1)Ce dernier éclairage désigne un spot vertical de lumière au-dessus ducomédien. Ici, iln'yapasquecela, lemêmeprocédéétantaussiutiliséhorizontalementàpartirdescoulisses.

TournéeduCirquedesMirages:le7avrilàAth,le8avrilàBruxelles,le9avrilàArlon(Belgique),le29avrilàCachan,du5au8maiàLutry(Suisse),le1erjuilletauFestivaldeCarqueiranne,du8au31juilletaufestivald’Avi-gnon.Informations,tél.:01.42.87.96.60.

Si par commodité on peut présenter Le Cirque des Mirages comme un spectacle musical, cette dénomination est presque une trahison tant il fait intervenir d'autres dimensions dans ce récital magnifique !

par Pierre Françoisplus quemusical

D.R.

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Le chanteur peut passer d'un instant à l'autre du réalisme au fantastique

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Il n’est jamais aisé de réaliser un se–cond long métrage lorsqu’on a ren–contré un immense succès avec son

premier film, comme ce fut le cas de Christophe Barratier avec Les choristes (plus de 8 millions de spectateurs !). Mais le cinéaste n’a pas à rougir de son second opus qui n’est pas sans points communs avec le premier : film d’é–poque, trame sentimentale, portrait de blessures enfantines, héros attachants et pleins d’humanité, ro mance pudique...

Le 31 décembre 1935, le Faubourg, quartier populaire de Paris, s’apprête à fêter la nouvelle année. Pigoil, Milou et Jacky sont, tous les trois, techniciens dans un music-hall. Le directeur, criblé de dettes, se suicide. Le repreneur de l’entre-prise, Monsieur Galapiat, est un homme

fasciste et sans cœur, entouré d’hommes de main sans foi ni loi. Qui plus est, Pigoil découvre que sa femme le trompe. Bénéficiant d’un budget impor-tant, Christophe Barratier a réussi un film à la fois populaire et humaniste, véritable hommage au cinéma français des années 30/40. Le récit, mené à un rythme soutenu, nous entraîne dans une belle et émouvante aventure, avec des chants, des danses, de l’émotion et de l’humour. Gérard Jugnot est épatant dans son rôle d’homme frappé par la fatalité qui refuse de baisser les bras. Mais la révélation de ce beau film, c’est la jeune et lumineuse Nora Arnezeder.

] Cette histoire montre que l’en-traide, la solidarité, l’espoir et la persé-vérance peuvent faire des merveilles. Le film est destiné à un large public, mais notons tout de même une tentative de viol (filmée très discrètement et briève-ment) et une tentative de suicide. ■

Faubourg 36. Comédie dramatique française (2008) de Christophe Barratier, avec Gérard Jugnot (Pigoil), Clovis Cornillac (Milou), Kad Merad (Jacky), Nora Arnezeder (Douce), Pierre Richard (Monsieur TSF), Bernard-Pierre Donnadieu (Galapiat), François Morel (1h56) 2. Diffusion le dimanche 3 avril, sur France 2, à 20h35.

Les ailes du soleil

Il appartient à une lignée d’hommes de science et d’aventures. Bertrand Picard, avec la complicité d’André Borschberg, un ingénieur, a conçu le projet fou de faire voler un avion 24 heures sans carburant, juste avec l’énergie solaire. Avec cette aventure passionnante d’un bel avion aux allures d’albatros, on retrouve l’esprit des pionniers de l’aviation. Les images sont superbes et témoignent de la somme de travail (et d’angoisses !) que ce projet a nécessité. On attend la suite de l’histoire avec impatience. Documentaire français (2010) de Henri de Gerlache (0h52). Diffusion le vendredi 8 avril, sur Arte, à 22h10.

La vie et rien d’autreAprès la fin de la Grande Guerre, en 1920, le commandant Dellaplane cherche à identi-fier les soldats disparus. Reconstituant une période peu connue de notre histoire, ces années grises qui ont suivi la fin de la guerre, Tavernier offre une œuvre dense et sobre. La photo-graphie, d’une beauté froide, souligne et la dureté de la vie et son extraordinaire foisonnement. Philippe Noiret et Sabine Azéma nous font partager le désarroi et l’appétit de vivre de leurs personnages, qui évoluent dans des décors d’une tragique authenticité. Enfin, des dialogues tantôt dramatiques et émouvants, tantôt drôles, mais admirablement écrits, composent le cocktail réussi de cette œuvre magnifique.] La guerre est une horreur que la folie des hommes ne cesse de réinventer. C’est aussi un creuset dans lequel la vie retrouve sa formidable énergie pour pour-suivre sa route émouvante et sinueuse. Dans ces paysages désolés et mortifères, seul Dieu est pratiquement absent. Drame français (1989) de Bertrand Tavernier, avec Philippe Noiret (le commandant Dellaplane), Sabine Azéma (Irène de Courtil), Pascale Vignal (Alice) (2h11). Diffusion le lundi 4 avril, sur Arte, à 20h40.

TÉLÉVISION

Toi et moi, on s’appelle par nos prénomsComme n’importe quels journalistes, ils interviewent des personnalités du monde de la politique ou du spectacle pour leur journal, le Papotin. Mais, contrairement à la plupart des journalistes, Thomas, Grégory et les autres sont des autistes, c’est-à-dire des gens qui ont du mal à communiquer avec les autres et ont, parfois, un compor-

tement que les gens dits normaux qualifient de «bizarre». Parrain depuis vingt ans de ce journal pas comme les autres, le chanteur et comédien Marc Lavoine signe ce beau documentaire qui permet de mieux connaître ces adultes autistes, avec leur franc-parler, leur cocasserie, mais aussi leurs problèmes, comme ceux d’Arnaud, dont les parents trop âgés ne peuvent plus s’occuper et qui doit s’exiler à 400 kilomètres de là. Les interviews sont d’une drôlerie irrésistible (et touchante), et l’on se prend à rêver qu’elles puissent inspirer certains journalistes de la grande presse.Documentaire français (2010) de Marc Lavoine et Juliette Bot, avec Simone Veil, Marie-José Perec, Fadela Amara, Ségolène Royal, Valérie Lemercier, Roselyne Bachelot, Rama Yade, etc. (0h52). Diffusion le dimanche 3 avril, sur France 3, à 22h55.

Après «Les choristes», Christophe Barratier réussit un coup de maître, avec cette charmante comédie musicale.

Faubourg 36 par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

L’entraide, la solidarité, l’espoir et la persévérance peuvent faire des merveilles

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TF120.45 Qui veut gagner des mil-lions ? «Spéciale Sidaction». Diver-tissement de J.-P. Foucault, avec Valérie Lemercier, Enrico Macias, M. James, Bruno Solo, Christophe Dechavanne, Patrice Carmouze, Marilou Berry, Antoine Duléry, Marine Delterme, Bruno Madinier.22.55 New York section crimi-nelle. Série avec Jeff Goldblum 2.France 220.35 Les grandes voix chantent pour le Sidaction. Divertissement présenté par A. Sublet, Line Renaud et L. Delahous se, avec R. Capuçon, Lara Fabian, Serge Lama, Anggun, Roberto Alagna, Ada-mo, Amaury Vassilly, Calogero, Patricia Kaas, Nolwenn Leroy, Zaz, Véronique Sanson, Lang Lang, etc.22.55 On n’est pas couché. Maga-zine présenté par Laurent Ruquier.France 3

20.35 À deux, c’est plus facile J. Téléfilm avec Michel Galabru, Luce Radot (1h18). (Voir notre analyse ci-contre.)21.55 L’amour dans le sang A. Téléfilm avec Charlotte Valandrey, Aurore Paris (1h34). __] Émou-vant, mais inégal et un contexte de licence de mœurs.Arte20.40 L’aventure humaine «L’Égypte des pharaons» J. __] Intéressant, mais didactique.22.25 Suite noire «La reine des connes» A/Ø. Téléfilm avec Clé-ment Hervieu-Léger. __]] Bien fait, mais glauque et érotique.23.10 Suite noire «Envoyez la frac-ture» A/Ø. Téléfilm avec L. Stocker. _]] Pénible et érotique.M620.45 NCIS . Série avec Mark Har-mon, M. Weatherly 2.Canal +20.50 État de choc A. Drame (2010) de B. Kormakur, avec Dermot Mulroney (1h20) 3. __] Cette histoire affreuse de trafic d’or-ganes est prenante, avec une fin édifiante. Des images suggestives.KTO20.50 VIP «Laurence Equilbey». Rencontre avec une femme chef d’orchestre.21.45 Concert «La Bétulie libérée (1), Wolfgang Amadeus Mozart».

TF120.50 Les experts . Série avec Marg Helgenberger 2.23.15 Destination finale 3 A. Hor-reur (2006) de James Wong, avec Mary Elizabeth Winstead (1h30) 3. __] Bien fait, mais pénible.03.25 Les parrains GA. Comédie (2005) de Frédéric Forestier, avec Gérard Lanvin, Jacques Villeret (1h37). __ Très amusant.France 2

20.35 Faubourg 36 GA. Comédie dramatique (2008) de Christophe Barratier, avec Gérard Jugnot (1h56) 2. (Voir notre analyse page 35.)22.35 Faites entrer l’accusé «Mamadou Traoré, le tueur aux mains nues». Magazine 3.France 320.35 L’inspecteur Gently (4/9) «La mémoire des innocents» 3. 22.55 Toi et moi, on s’appelle par nos prénoms J. (Voir notre analyse page 35.)23.45 Tout le monde il est beau «Tout le monde n’est pas Jean Yanne».00.40 La fille sur la balançoire GA. Drame en VO (1955) de R. Fleischer, avec Ray Milland, J. Col-lins (1h45). __ Un superbe mélo.ArteAdieu Liz Taylor20.40 Le père de la mariée J. Co–médie en NB (1950) de V. Minnelli, avec Elizabeth Taylor, Spencer Tra-cy (1h33). __ Charmant.22.10 Soudain, l’été dernier A. Drame en NB et VO (1959) de J. Mankiewicz, avec Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn (1h54). __] Superbe, mais morbide.00.00 Elizabeth Taylor contre Richard Burton. Documentaire. M620.45 Capital «Guerre des prix : Nouvelles promesses, nouveaux pièges». Magazine.22.45 Enquête exclusive «Opéra-tions spéciales : Les commandos de l’impossible». Magazine.Canal +20.55 Football «Lens/Marseille».KTO20.40 La foi prise au mot «Je crois en l’Esprit Saint». 21.45 L’esprit des pierres. 22.45 Conférences de Carême «La famille, comme Église domestique».

TF120.45 Clem «C’est la rentrée !» A. Téléfilm avec Victoria Abril, Jérôme Anger, Lucie Lucas, Carole Richert. __] C’est amusant et bien vu, mais la licence des mœurs est totale chez ces ados, et il y a des scènes sensuelles.22.30 Ados et déjà mamans. 23.55 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 2.00.50 Au Field de la nuit, avec Guillaume Musso, Benoît Duteur–

tre, Isabelle Sorente, Mathias Malzieu, le comte de Bouder-bala.France 220.35 The closer : «Attrape-cœurs 2», «Coup de chaleur» GA. Série avec Kyra Sedgwick.

__] Prenant, mais affreux.22.05 Complément d’enquête «Cuisine : Une passion française». Magazine présenté par Benoît Duquesne.France 320.35 Tous vos amis sont là… «Salvatore Adamo». Divertissement présenté par Laurent Boyer, avec Patrick Sébastien, Line Renaud, Isabelle Boulay, Patrick Fiori, Annie Cordy, Gérard Lenorman, Maurane, Olivia Ruiz, Richard Cocciante, Laurent Baffie, Christophe, etc.23.05 Ce soir (ou jamais). Arte

20.40 La vie et rien d’autre GA. Comédie dramatique (1989) de Bertrand Tavernier, avec Philippe Noiret, Sabine Azéma (2h11). (Voir notre analyse page 35.)22.50 Trois chefs d’orchestre, un nom : les Järvi. Documentaire.23.45 Pop islam. Documentaire.M620.45 Top chef «La grande finale». Divertissement présenté par A. Lecaron et Stéphane Rotenberg.Canal +20.55 The promise (3/4) GA. Télé-film avec Claire Foy, Christian Cooke (1h27) 2. __] Très pre-nant, malgré quelques longueurs.KTO20.40 La famille, comme Église domestique. Documentaire.21.45 La vie des diocèses «Mgr P. Breton, diocèse d’Aire et Dax».22.10 Églises de France «Cathé-drale Saint-Étienne de Sens».22.25 L’Esprit des Lettres.

TF120.45 Les experts, Manhattan : «Fenêtre sur rue», «Le but ultime», «Voleuse de luxe», «Le silence du témoin 3». Série avec G. Sinise 2.France 220.35 Chouchou A/Ø. Comédie (2003) de Merzak Allouache, avec Gad Elmaleh, Alain Chabat (1h40). _]] Cette grosse farce banalise l’homosexualité, et il y a des scènes gênantes sur l’Église.22.25 Dans les yeux d’Olivier «Les mères célibataires». Documentaire.00.15 Théorème Ø. Fable (1968) de Pier Paolo Pasolini, avec Terence Stamp (1h35) 4. __]] Cette œuvre corrosive, d’une réelle beau-té, distille un ennui certain.France 320.35 Louis la brocante «Louis voit double» J. Téléfilm avec Victor Lanoux, Sim, Évelyne Buyle, Nadia Barentin, Armand Chagot,Valérie Gil, Bernard Dhéran, Guillaume de Tonquedec. _ Le sujet est intéres-sant (les biens saisis pendant la Révolution), mais il est traité de manière outrancière. On retrouve avec émotion Sim dans son dernier rôle.22.40 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte

20.15 Anna Bolena. Opéra de G. Donizetti, avec l’Orchestre de l’Opéra de Vienne, dirigé par E. Pido, et avec Anna Netrebko, Elina Garanca, Elisabeth Kulman (2h30). En direct de l’Opéra de Vienne.22.45 Fortunes (5 et 6/8) GA. Série avec Salim Kechiouche. _ Moyen.M620.45 X Factor. Divertissement avec Christophe Willem, Veronic DiCaire, O. Schultheis, H. Padovani.23.25 Nouveau look pour une nouvelle vie.Canal +20.45 Ligue des Champions «Real Madrid/Tottenham».KTO20.40 Les mardis des Bernardins «Les maths, à quoi bon ?», avec Oli-vier Rey, J. Yebbou, H. Dastaras.21.45 1000 questions à la foi «Pourquoi Dieu a-t-il créé un monde si compliqué ?». 22.10 Églises de France «Collé-giale Saint-Lazare d’Avallon».22.25 VIP «Laurence Equilbey».

Samedi 2 avril Dimanche 3 avril Lundi 4 avril Mardi 5 avril

Émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie», «Pré-sence protestante», «Kaïros» - 10h45 Messe en l’é-glise Notre-Dame d’Auteuil, à Paris - 11h35 Le jour du Seigneur «Collection Carême : La Famille (4/5)».

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sur France 3Samedi 2 avril à 20h35À deux, c’est plus facile JJoseph, 84 ans, risque d’être expul-sé de son appartement par sa sœur. Pour éviter cela, il décide d’héber-ger une étudiante de 18 ans, Mari-lyn. La cohabitation n’est pas aisée.__] Cette jolie histoire de cohabitation entre un homme âgé et une très jeune fille est émou-vante, mais manque de rythme. La jeune Luce Radot est excellente._ Les personnages apprennent, peu à peu, à se connaître et à s’apprécier, chacun faisant un pas vers l’autre.

TF120.35 Football «Ligue des Cham-pions : Chelsea/Manchester United».22.50 Esprits criminels. Série avec Joe Mantegna 3.23.40 Forgotten. Série avec Chris-tian Slater.France 220.35 Les beaux mecs (7 et 8/8) GA. Série avec Simon Abkarian. ___ La série se termine avec ces épisodes très émouvants.22.40 Face aux Français… «Conversations inédites». Magazine présenté par Guillaume Durand.France 3

20.35 Hors-série «Maison en tra-vaux : Du rêve... au cauchemar» J. Magazine présenté par Samuel Étienne, suivi d’un débat. __] Des exemples variés et intéres-sants, mais peu nouveaux.22.55 Ce soir (ou jamais). Arte20.40 La biodiversité menacée «Quelles solutions pour demain ?» J. __ Une enquête très intéres-sante et nuancée.22.10 Le dessous des cartes «Le Fonds Monétaire International». 22.25 Better things A/Ø. Drame en VO (2008) de Duane Hopkins, avec Rachel McIntyre, Emma Coo-per (1h31). __]] C’est prenant et bien fait, mais désespéré.23.55 Le fabuleux voyage des choses inutiles. Documentaire.M620.45 La pire semaine de ma vie (1/2) GA. Téléfilm avec Bruno Salo-mone, Élodie Frenck, Charlotte de Turckheim, Didier Flamand (1h30). __] Il y a quelques gags amu-sants et des comédiens épatants. Mais c’est bien lourd.22.25 Un mariage à tout prix. Documentaire.Canal +20.50 Sept vies. Drame (2008) de Gabriele Muccino, avec Will Smith, Rosario Dawson (1h59).KTO20.40 Un jour, nous serons des hommes. Documentaire. 21.45 Un cœur qui écoute «Pater-nité : Père Bernard Peyrous». 22.10 Églises de France «Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Veze-lay».22.20 La foi prise au mot «Je crois en l’Esprit Saint».

TF120.45 Familles d’explorateurs. Divertissement présenté par Denis Brogniart.22.50 Carré Viiip. Divertissement présenté par Elsa Fayer 2.France 2

20.35 Les petits meurtres d’Aga-tha Christie «Cinq petits cochons» GA. Téléfilm avec Antoine Duléry, Marius Colucci, Julia Vaidis-Bo–gard, Vincent Winterhalter, Prune Beuchat, Michel Muller. __] L’histoire est prenante, mais un peu outrancière, et elle renouvelle les relations entre les deux héros.22.05 Avocats et associés «Impunité» GA. Série avec Fran-çois-Éric Gendron. _ Médiocre.23.05 Semaine critique ! Maga-zine de Franz-Olivier Giesbert.France 320.35 Thalassa. Magazine présen-té par Georges Pernoud.22.55 Vie privée, vie publique, avec Patricia Kaas, Antoine Duléry, P. Pouzadoux, Stone, I. Alonso.00.15 Toute la musique qu’ils aiment «Concert à Amsterdam : L’Orchestre Royal du Concertge-bouw».Arte20.40 Le train de 8h28 A/Ø. Télé-film avec Nadeshda Brennicke, Mehdi Nebbou (1h30). _]] Cette banale histoire d’adultère est bien filmée, mais truffée de lon-gueurs et avec une scène érotique.22.10 Les ailes du soleil J. (Voir notre analyse page 35)23.05 Grand format «A very british gangster». Documentaire.M620.45 Bones. Série avec Emily Des-chanel 2.Canal +20.55 Prince of Persia «Les sables du temps» J. Aventures (2010) de Mike Newell, avec Jake Gyllenhaal, Gemma Arterton, sir Ben Kingsley, Alfred Molina (1h51). __ Specta-culaire, nerveux et très distrayant.KTO20.40 Frère Luc, moine de Tibhi-rine. Documentaire.22.00 La famille en questions «La paroisse au service des familles ?».22.30 Des hommes à part.23.00 1000 questions à la foi «Pourquoi Dieu a-t-il créé un monde si compliqué ?».

TF120.45 Section de recherches : «Rescapé 2», «Sorti de piste», «Ennemis intimes». Série avec Xavier Deluc, Virginie Caliari.23.35 Pascal, le grand frère. France 220.35 À vous de juger «Jean-Louis Borloo». Magazine présenté par Arlette Chabot.23.10 Infrarouge : «Presse et pou-voir, un divorce impossible», «Les prêcheurs de l’apocalypse : Quand l’écologie perd la raison». Docu-mentaires.France 3

20.35 Sans plus attendre J. Comédie dramatique (2007) de Rob Reiner, avec Morgan Freeman, Jack Nicholson, Sean Hayes, Bever-ly Todd (1h36). __ Cette œuvre généreuse et attachante est pleine d’humour et de tendresse, avec quelques touches religieuses.22.40 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.40 Everyone else A. Comédie (2009) de Maren Ade, avec Birgit Minichmayr, Lars Eidiger, Hans-Jochen Wagner (1h55). __] Cette autopsie d’un jeune couple est prenante, mais elle baigne dans un climat de sensualité.22.35 Sur les traces d’Easy rider (1/4) «Born to be wild». Documen-taire.23.30 Tracks.M620.45 Lie to me : «Memento», «Abel et Caïn», «Casino Royale», «La bombe humaine», «Amnésie morale». Série avec Tim Roth 2.Canal +20.50 Dexter (11 et 12/12) A. Série avec Michael C. Hall 3. __] Ainsi se termine cette saison pre-nante, mais affreuse.KTO20.40 Hors-série «Jésus de Naza-reth : Le livre de Benoît XVI», avec le cardinal André Vingt-Trois, Alain Besançon, Michael Lonsdale, le père Olivier Artus, le père Rafic Nahra, le père Marc Rastoin. 21.45 Églises du monde «Décou-verte des catholiques du monde». 22.10 Églises de France «Cathé-drale Saint-Lazare d’Autun».22.25 Concert «La Bétulie libérée (1), Wolfgang Amadeus Mozart».

Mercredi 6 avril Jeudi 7 avril vendredi 8 avril

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive_: Elémentpositif]: Elémentnégatif

Repères

tÉLÉviSion

FRANCECatholique n°3253 1er avril 2011 37

RaDioSRadio Notre-DameSamedi 2 avril7h49 Le billet de Tugdual Derville.Lundi 4 au vendredi 8 avril7h06, 8h15, 11h06 La chronique de Gérard Leclerc. Mardi 5 avril7h30 Le Grand Témoin, avec Mgr Jean Benjamin Sleiman (arche-vêque de Bagdad).22h écoute dans la nuit «Adoles-cence prophétique, évangélisation des Jeunes par des Jeunes», avec Frère Marie-Angel (Communauté St Jean) et François-Joseph et Guilhem du groupe reggae Les Guetteurs.Vendredi 8 avril22h écoute dans la nuit «Comme Bernadette, osons dire : Que Ton Règne Vienne», avec le Père Régis-Marie de la Teyssonière, (Notre-Dame de Lourdes). RCFDimanche 3 avril18h15 Conférence de Carême retransmise depuis la cathédrale Notre-Dame de Paris «La famille, héritage ou avenir ? Aujourd’hui : La famille comme église domes-tique», avec Antoine et Stéphanie Bonnasse et le Père Philippe Bordeyne (théologien). (4/6)Lundi 4 avril 14h30 Halte spirituelle «Faire une retraite dans un monastère», avec Dom Jean-Pierre Longeat (abbaye de Ligugé). (1/5) (Tous les jours, à 14h30 et 20h45.)Mardi 5 avril21h Grand Témoin Jean-Baptiste Fourtané (Fondateur du Festival de Pâques à Chartres).France CultureDimanche 3 avril10h Messe. «Quatrième dimanche de Carême», depuis la chapelle de l’institut Montalembert, 28 bd Gam-betta, 94130 Nogent-sur-Marne. Prédicateur : Frère Marc-Antoine Bèchetoille (op). Marie BIZIEN

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Paris✔ Les Semeurs d'Espérance organisent une Nuit d'Adora-tion, "Patron chrétien, patron gagnant ?", avec Jacques de Chateauvieux (Ex-Président de Bourbon, ancien président du conseil de surveillance d’Axa, membre de l’Opus Dei...), le 8 avril. Rendez-vous à 20h15 à l'église St-Gervais, 75004 Paris (entrée par le 13 rue des Barres), avec votre sac de couchage et votre tapis de sol. Programme : Enseignement, messe présidée par Mgr Michel Aupetit, ado-ration guidée, relais devant Jésus. Participation libre. Rens. ✆ 06.13.16.29.08 / [email protected] / www.semeurs.orgCôte-d'Or✔ «Pasteur luthérien devenu prêtre catholique : à l'écoute de Benoît XVI», le 12 avril (20h30), avec le Père Michel

Viot (prêtre écrivain) dans

l'amphithéâtre du Centre univer-sitaire catholique de Bour gogne (CUCDB), 69 av. Aristide-Briand, 21000 Dijon, Asso cia tion Re nais-sance, ✆ 03. 80.53.37.25.Hautes-Pyrénées✔ Le Festival de musique à Lourdes est organisé du 8 au 16 avril, «Alla francese», "Musique française du XVe au XXIe siècle", en 6 concerts : le 8 avril (21h) "Musique symphonique au XXe siècle", à l'auditorium Padre Pio ; le 9 avril (21h) "Polyphonies basques traditionnelles", à la Basilique supérieure (Immaculée Conception) ; le 10 avril (16h30) "Récital de piano", au Palais des Congrès ; le 10 avril (21h) "Te Deum et grands motets à l’époque baroque" à la Paroisse du Sacré-Cœur ; le 13 avril (21h) "Motets de la Passion, à la Renaissance", à l'Abbatiale de Saint-Savin-en-Lavedan ; le 16 avril (21h) "Airs d’opéras et pièces symphoniques roman-tiques", à l'auditorium Padre Pio. Rens. : Festival de Musique de

Lourdes, Office de Tourisme, Place Peyramale, 65101 Lourdes Cedex, ✆ 05.62.42.77.40, ou ✆ 05.62.46.11.56www.festivaldelourdes.frPas-de-Calais✔ Au Foyer de Charité de Courset, BP 105, 62240 Courset, ✆ 03.21. 91.62.52, fax 03.21.83.87.13, [email protected], des acti-vités sont proposées (avec enfants à partir de 4 ans) : une retraite du 11 au 17 avril, «La paix que Jésus nous donne», avec le Père Pierre Descouvemont ; du 18 au 24 avril, Semaine Sainte «Voici l'Agneau de Dieu», avec le Père René Wolfram.Belgique✔ En collaboration avec les étu-diants du Kot "L'amandier", la prochaine conférence de l'Ins-titut Sophia aura lieu le 5 avril (20h) «Concilier la science et la foi : est-ce raisonnable ?», avec Mgr André- Joseph Léonard et le professeur Jean Bricmont, modérateur : le professeur Mi chel Ghins, à l 'auditoire

"Cou bertin 10", Louvain-la-Neuve. Rens. : Institut Sophia, chaussée de Wavre 205, 1050 Bruxelles, Belgique, ✆ 00.32 (0) 477.042.367 / institutsophia@ yahoo.fr / www.institutsophia.orgMouvement Résurrection et la Communauté Aïn Karem✔ Une retraite de Carême a lieu du 9 (14h30) au 10 avril (16h30) «Redécouvrir la Messe», avec le Mouvement Résurrection et la Communauté Aïn Karem, au Foyer de Charité de Baye, 4 Grande Rue, 51270 Baye, ✆ 03. 26.52.80.80. Hébergement (avec repas) 39 e. à emporter : Bible, papier, crayon… vête-ments chauds (Chemin de Croix le soir à l’extérieur), duvet. Rens. insc. : Marie-Amélie Richer, 18 rue du peintre Lebrun, 78000 Versailles, ✆ 06.98.29.72.64.Clown par Foi✔ «Le clown : une expérience pascale, une école de la foi». Au Prieuré St-Benoît, 90200 Lepuix-Gy (près de Belfort), une session est prévue du 25 (9h)

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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au 30 avril (19h), coanimée par Philippe Rousseaux (clown, for-mateur) et Frère Raphaël (béné-dictin, prêtre), au cœur de la vie monastique et de la forêt envi-ronnante, des jeux conduisant à développer et à goûter à ce que notre foi recèle de plus savou-reux : le bonheur et la joie, la présence et la relation, le don, la vérité et la liberté, l’esprit d’enfance. L’expérience clown est ensuite relue chaque jour à partir de textes bibliques. Tarifs (pension complète) : 440 e (390 e pour les étudiants et les demandeurs d’emploi). Rens. auprès de Philippe Rousseaux, "Clown par Foi", 97 rue de la Croix Vosgienne, 88260 Bonvillet. ✆ 06.87.85.02.74, [email protected]èlerinages✔ La 3e édition du Pèlerinage des Pères de Famille en Ile-de-France aura lieu les 1er, 2 et 3 juillet, pour les fiancés, futurs pères, pères et grands-pères, veufs, consacrés, du Château de Vaux-le-Vicomte à la Collégiale Saint Quiriace de Provins, sur le thème «Avec Saint Joseph, l’homme juste, marchons vers l’Unité de Vie !», avec le Père Guy Gilbert, les communautés Copte et Russe... les AFC... et de nombreux témoignages...

Si ce pèlerinage est d’abord pour les pères de famille, il est ouvert à tous : lors de la Veillée pour la Vie, le 2 juillet (20h30) à Nangis, lors de la Messe des Familles à la Collégiale Saint-Quiriace de Provins, le 3 juillet (15h).Rens./insc., ✆ 01.60.63.49.62, www.ppf-idf.afc-melun.org

Première Communionavec Sainte Thérèse✔ La Basilique-Pa-roisse de Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus, via Volturno 1, 37135 Verona, Italie,

✆ 39.0.45.50.02.66, propose un livret qui a servi à préparer sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus à sa première communion. Le but est de proposer aux enfants un vrai défi d'amour : les petites prières, répétées et apprises, enseigne-ront aux enfants le langage de l'amour vers Jésus. Les engage-ments permettent aux enfants de laisser Dieu, réellement présent dans le Sacrement de l'autel et dans l'amour du prochain, dis-poser de soi-même. Le livret est vendu 1 e, par le père Giacomo Gubert (ocd)[email protected]

Pour passer un communiqué,contactez : [email protected]

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FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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brunor : B.D. « UN OS DANS ÉVOLUTION » 13,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = . . . . . . ebrunor : B.D. « MYSTÈRE DU SOLEIL FROID » 13,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = . . . . . . ebrunor : « LE MONT SAINT-MICHEL SAUVÉ DES SABLES » 13,50 e x . . . . . . exemplaire(s) = . . . . . . e

tugdual Derville : « ANIMAUX DANS L’ÉVANGILE » 19,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = . . . . . . e

Jean de Fabrègues : « JEAN-MARIE VIANNEY » 14,90 e x . . . . . . exemplaire(s) = . . . . . . e

Gérard Leclerc : « ROME ET LES LEFEBVRISTES » 9,90 e x . . . . . . exemplaire(s) = . . . . . . eGérard Leclerc : « AbéCéDAIRE Du tEMPS PRéSENt » * 18,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = . . . . . . e

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