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Afrique La fistule est un élément clef de la campagne pour la santé maternelle page 2 Les femmes donnent la vie Des survivantes de la fistule rencontrent la Princesse héritière du Danemark page 6 Novembre 2010 Suivre les progrès réalisés dans la Campagne pour éliminer les fistules dépêches

French Dispatch November 2010

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Campagne pour éliminer les fistules - Dépêches, Novembre 2010

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Page 1: French Dispatch November 2010

AfriqueLa fistule est un élément clef de la campagne pour la santé maternellepage 2

Les femmes donnent la vie

Des survivantes de la fistule rencontrent la Princesse

héritière du Danemark page 6

Novembre 2010

Suivre les progrès réalisés dans la Campagne pour éliminer les fistules

dépêches

Page 2: French Dispatch November 2010

Le 20 octobre 2010, des

personnalités de haut rang,

notamment des ministres,

des parlementaires et des

partenaires de développe-

ment, ont apporté de bonnes

nouvelles aux femmes de

la République du Congo.

Ce fut au moment où ces

personnalités ont participé

au lancement national de la

Campagne pour l’accélération

de la réduction de la mor-

talité maternelle en Afrique

(CARMMA), témoignant ainsi

de leur détermination d’amé-

liorer la santé maternelle

dans le pays.

En République du Congo, les décès maternels sont plus nombreux que la

moyenne régionale et atteignent le taux effrayant de 580 pour 100 000 nais-

sances vivantes. Ce fait est à l’origine du lancement de la Campagne, auquel

a présidé la Première Dame du Congo, Mme Antoinette Sassou Nguesso,

championne de la santé maternelle et de la CARMMA dans le pays.

S’exprimant au nom de l’ONU, le Directeur régional de l’UNFPA, M. Bunmi

Makinwa, a assuré le Gouvernement du soutien de l’UNFPA à l’objectif d’accé-

lérer l’amélioration de la santé maternelle en Afrique. Le Ministre de la santé,

le Professeur George Moyen, a réaffirmé la détermination du Gouvernement à

s’attaquer à la mortalité maternelle, priorité majeure du pays, et il fait suivre

ses paroles d’actes concrets.

“Le Gouvernement a mis en route une série de mesures pour inverser

la tendance”, a déclaré le Ministre lors du lancement. “Nous avons créé un

observatoire de la santé maternelle et nous promouvons la sensibilisation du

public à l’importance de la santé de la femme et de l’enfant. Les césariennes

seront effectuées gratuitement dans le système de santé publique, et nous

nous attachons également à conduire la Campagne pour éliminer les fistules

et à élargir le programme de l’UNFPA relatif à cette question.”

Avec non moins de 140 cas déjà identifiés dans le pays et beaucoup plus

qui seront probablement découverts, la fistule obstétricale est considérée

comme un sérieux problème de santé publique en République du Congo, pays

d’Afrique subsaharienne dont la population dépasse selon les évaluations

4 millions d’habitants.

Depuis 2007, l’UNFPA a investi dans le pays plus de 400 000 dollars dans

la prévention et le traitement de cette affection; la situation précaire et le

médiocre accès aux services de santé maternelle y contribuent à des taux

élevés de mortalité et d’invalidité maternelles.

L’extension du programme de lutte contre la fistule à deux centres de

traitement additionnels, situés l’un à Pointe-Noire et l’autre à Owando, est

une part essentielle de la contribution de l’UNFPA à la CARMMA au Congo.

Actuellement, le traitement de la fistule est assuré gratuitement dans

deux importants centres de santé à Brazzaville. Avec un complément de

ressources, on espère que davantage de centres de la fistule seront ouverts

dans les prochains mois. L’addition de ces nouveaux centres réduira sensi-

blement la distance que les femmes atteintes d’une fistule doivent parcourir

pour recevoir des soins.

De bonnes nouvelles pour les femmes en AfriqueBrazzaville (République du Congo)

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PHOTO DE COUVERTURE: Après une opération réussie, Shamim, âgée de 26 ans, sort de l’hôpital à Qatar. Elle a été atteinte de la fistule durant sa première grossesse, à l’âge de 16 ans. Son accouchement difficile, avec l’unique assistance d’une accoucheuse traditionnelle, s’est soldé par l’extraction d’un enfant mort-né et l’apparition d’une fistule. Après deux autres grossesses également malheureuses, elle-même et son mari ont maintenant adopté une petite fille. Photo: Wendy Marijnissen, Campagne pour éliminer les fistules/UNFPA, Pakistan, 2009.

La Première Secrétaire du Sénat, Mme Philomène Fouty Soungou, a été nommée par le Ministère de la santé et l’UNFPA Ambassadrice itinérante au Congo de la Campagne pour une réduction accélérée de la mortalité maternelle en Afrique (CARMMA). Elle travaillera avec la Première Dame à promouvoir la santé maternelle dans le pays. Photo: Bureau de l’UNFPA en République du Congo, 2010.

Fournir les informations qui font défautLibreville (Gabon)

Une enquête récemment conduite dans 55 centres de santé du Gabon aide à

fournir les informations qui font défaut sur la fistule obstétricale dans le pays.

Elle souligne aussi que la fistule est un problème de santé publique et que les

autorités gabonaises doivent y reconnaître une priorité. Bien que les études

précédentes aient déjà mis en lumière que le manque de soins d’urgence pour

les femmes qui souffrent de complications durant l’accouchement, aussi bien

qu’au début de la grossesse, et le manque de professionnels de la santé quali-

fiés constituaient des facteurs essentiels de diverses invalidités, certains experts

ont affirmé qu’il n’y avait pas de cas de fistule obstétricale au Gabon.

“Il existe de nombreux facteurs qui expliquent la présence de la fistule obstét-

ricale dans ce pays. Après cette enquête, nous pouvons en nommer quelques-

uns, depuis les grossesses d’adolescentes jusqu’au manque d’accès aux services

de santé. Mais nous ne pouvons ignorer des problèmes structurels tels que la

pauvreté et les facteurs socioculturels, notamment la notion qu’une vraie femme

doit se montrer brave et supporter la douleur en donnant naissance”, explique

M. David Lawson, Directeur de pays de l’UNFPA au Gabon.

Durant l’enquête, qui a permis d’identifier 90 cas de fistule dans le pays, 15

femmes qui en étaient atteintes ont été interviewées. La moitié environ de ces

femmes étaient âgées de 15 à 24 ans et, dans la plupart des cas, n’avaient qu’un

faible niveau d’éducation. Plus de la moitié d’entre elles vivent dans des zones

rurales écartées, d’accès difficile par les moyens de transport les plus courants.

Elles tirent de l’agriculture le plus gros de leur revenu.

“Dans ces zones écartées, il s’agit seulement de produire le strict nécessaire

pour subsister. C’est pourquoi ces femmes sont si vulnérables – la plupart

d’entre elles vivent au-dessous du seuil de pauvreté”, explique M. Mbadu

Muanda, démographe, qui était le principal consultant de l’enquête.

Toutes les survivantes de la fistule interviewées avaient eu leur première

grossesse avant d’atteindre 19 ans et près de la moitié d’entre elles, avant

même d’atteindre 16 ans. Dans un cas sur trois, la fistule était survenue après

le premier accouchement.

Il avait fallu plus de 12 heures à la majorité des femmes interviewées

pour arriver à un hôpital après le début de l’accouchement et les signes d’une

complication. Trois d’entre elles n’ont atteint un centre de santé qu’au terme

de près de 24 heures. La majorité ont accouché d’un bébé mort-né.

“Le fait que plus de la moitié des cas de fistule surviennent après

l’accouchement, et les autres cas après une intervention chirurgicale, est dû sans

doute à la médiocrité des soins obstétricaux d’urgence. Et, puisque la majorité

des femmes ont accouché dans un centre de santé, nous sommes conduits à

croire qu’une formation plus complète s’impose, de même que la mise à disposi-

tion d’un équipement plus adéquat et de fournitures en cas de complications”, a

dit M. Mbadu Muanda.

Afin d’aider à éliminer la fistule au Gabon, la Campagne et ses partenaires

plaident pour la création de trois services d’accouchement et pour la mise en

place de soins plus qualifiés dans le pays, dit M. David Lawson. “Nous travaillons

à améliorer la capacité du personnel sanitaire et les services de santé maternelle

à la disposition de la population. Cela va de pair avec des efforts pour sensibili-

ser la population à la fistule obstétricale et au danger des grossesses précoces,

aussi bien que pour élargir l’accès à la planification familiale et pour aider à

autonomiser les femmes.”

Page 3: French Dispatch November 2010

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L’image de la fistule obstétricale, qui entraîne l’incontinence et l’isolement

social, n’est guère prestigieuse. Mais deux reines de beauté africaines – Miss

Ghana@50 et Miss Libéria 2009 – tirent parti de leur prestige et de leur célébrité

pour faire prendre conscience de ce problème, qui touche un certain nombre

des femmes les plus marginalisées de leurs pays.

Mme Frances Tekyi Mensah a

commencé à parler de la fistule

obstétricale tout au long de l’année

2007, qui a marqué le cinquantième

anniversaire de l’indépendance de

son pays, et fut celle de son règne

en tant que Miss Ghana@50. Et

elle n’a jamais cessé d’en parler

depuis lors.

Étant donné l’engagement dont elle a fait preuve, le Gouvernement ghanéen

l’a nommée Ambassadrice pour la fistule obstétricale. Elle a accepté la mission,

animée d’une vive détermination de faire une différence à travers le pays.

En un premier temps, Mme Tekyi Mensah avait choisi la fistule obstétricale

pour projet auquel s’attacher durant son règne parce qu’elle avait compris que

la fistule atteignait les femmes les plus pauvres, les moins instruites et les

plus marginalisées dans son pays et ailleurs en Afrique et en Asie. “Elle n’ont

rien que la foi, l’espérance et des vêtements trempés d’urine”, a-t-elle dit

des femmes qui souffrent des indignités de la fistule. “Certaines d’entre elles

affirment que ‘même la mort serait préférable’. Si je pouvais aider seulement

une de ces femmes, ce serait littéralement pour moi comme lui rendre sa vie.”

Mme Tekyi Mensah a passé la plus grande partie de son année de règne

à faire prendre conscience de la fistule obstétricale dans les parties les plus

reculées du Ghana. Elle a rencontré des chefs de tribu, des dirigeants religieux,

des guides de l’opinion publique, des groupes d’hommes et plusieurs représen-

tants de collectivité en diffusant le message qu’il importait de prévenir la fistule

et qu’il était possible

de la traiter. Elle a aussi

exhorté les femmes

atteintes de la fistule à

recevoir un traitement

et elle a levé des fonds

pour subventionner

le traitement d’une

vingtaine de femmes

dans les régions qu’elle

a visitées.

En outre, elle a

encouragé 60 autres

Ghanéens et Ghanéennes à se faire des avocats au niveau local. Ce groupe

comprend des survivantes de la fistule, des animateurs de collectivité, des

dirigeants religieux et des chefs traditionnels, aussi bien que les représentants

de groupes d’hommes et des travailleurs sociaux. Avec le soutien du Ministère

ghanéen de la santé, ces avocats ont dressé des plans d’action, qu’ils ont mis

en application en 2010.

Une éloquente communication de Mme Tekyi Mensah au concours de beauté

Miss World 2008 a convaincu Shu-rina Wiah, couronnée Mme Libéria 2009, de

consacrer son projet pour l’année à ce problème. Tout au long de 2009, Mme

Wiah a participé à des campagnes de sensibilisation visant à prévenir la fistule,

aussi bien qu’à des projets dont le but était d’autonomiser les survivantes.

Deux reines de beauté en missionSite Web mondial de l’UNFPA

Un soutien plus substantiel est nécessaire au niveau mondial

Un rapport publié en octobre par le Secrétaire général de l’Organisation

des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, appelle à amplifier l’appui à des

interventions efficaces et peu coûteuses pour faire face au problème

de la fistule obstétricale.

Le rapport, intitulé Appui à l’action engagée pour en finir avec la

fistule obstétricale, affirme que des progrès considérables ont été

réalisés s’agissant d’affronter la fistule obstétricale. Le document

appelle l’attention sur les liens entre pauvreté, inégalité de revenu,

inégalité entre les sexes, discrimination et faible niveau d’éducation,

car ces facteurs contribuent à la mauvaise santé des femmes et des

filles. Il signale aussi que, malgré une évolution positive, beaucoup

de problèmes graves continuent de se poser.

“La fistule obstétricale, l’une des conséquences les plus

catastrophiques des accouchements mal surveillés, est un exemple

flagrant de l’inégalité sanitaire dans le monde. Si cette affection a

été éradiquée dans les pays développés, elle continue de toucher

les femmes et les filles les plus démunies, principalement dans

les régions rurales et isolées des pays en développement”, est-il

affirmé dans le rapport.

Thoraya Ahmed Obaid, Directrice exécutive de l’UNFPA, Fonds

des Nations Unies pour la population, s’est félicitée de ce nouveau

rapport. Dans une déclaration vidéo préparée pour le récent sommet

sur les objectifs du Millénaire pour le développement, Mme Obaid

a souligné l’importance de s’attaquer à la fistule obstétricale en

conformité avec les accords mondiaux visant à améliorer la santé

et les droits des femmes.

“Chaque année, des millions de femmes souffrent de

complications liées à la grossesse et à l’accouchement, aussi

bien que de lésions. Et l’une de celles-ci est la fistule, une lésion

qui touche les femmes et les laisse incontinentes et de ce fait

ostracisées par leur famille et leur collectivité. Par nos efforts

communs, nous pouvons faire en sorte que la fistule appartienne au

passé. Et nous devons restaurer la dignité de millions de femmes”,

a déclaré Mme Obaid.

La lutte pour améliorer les systèmes de soins de santé et faire

baisser les taux de mortalité et d’invalidité maternelles, notamment

la fistule obstétricale, doit non seulement se poursuivre mais

s’intensifier, car les évaluations récemment publiées montrent que

les progrès réalisés dans la réduction de la mortalité maternelle ont

été lents. Il est donc nécessaire d’urgence d’effectuer à plus grande

échelle des interventions bien connues, efficaces et peu coûteuses

afin de réduire le nombre élevé de décès et d’invalidités consécutifs

à l’accouchement qui peuvent être évités, souligne le rapport.

Dans le cadre de ses recommandations, le document insiste

sur le fait que le financement doit être prévisible et qu’un appui

soutenu doit être fourni aux plans nationaux des pays, aux

entités des Nations Unies et aux autres initiatives mondiales qui

s’attaquent au problème, notamment la Campagne pour éliminer

les fistules.

Miss Ghana@50, Frances Tekyi Mensah, et des survivantes de la fistule.

Miss Libéria 2009, Shu-rina Wiah, et des avocates de la fistule.

On trouvera d’autres textes à www.endfistula.org/dispatch

dépêches

Page 4: French Dispatch November 2010

La crise politique qui s’est engagée

à Madagascar voici presque deux

ans a eu une forte incidence

sur l’exécution des programmes

d’assistance dans le pays et a

désormais porté atteinte à la lutte

contre la fistule. En l’absence d’une

stratégie nationale officielle sur ce

problème, ou même de la possibilité

de conduire de vastes projets de

plaidoyer, la plupart des activités

actuellement menées par des orga-

nisations non gouvernementales et

les contacts avec le gouvernement

sont limités.

“Nous nous sommes heurtés à

certains problèmes techniques, qui

entravent une exécution souple des activités”, dit le Dr. Eugene Kongnyuy,

Conseiller technique de l’UNFPA pour la santé maternelle. “Cependant, malgré

la crise qui sévit dans le pays, nous continuons à faire notre travail. Cela peut

paraître remonter à plus loin, mais nous n’avons commencé le programme

qu’en 2008 et, même avec la crise, nous pouvons constater des progrès

considérables.”

Avant de s’associer en 2008 à la Campagne pour éliminer les fistules,

Madagascar avait conduit une étude afin d’évaluer la dimension du problème

de la fistule obstétricale dans le pays. Entre autres conclusions, l’étude

a révélé que les prestataires de soins de santé savaient peu de chose de

cette affection et que les pratiques traditionnelles nuisibles contribuaient

sensiblement à l’apparition de fistules.

L’étude a signalé que le fait d’habiter dans des zones rurales, la pauvreté,

le manque d’éducation, les grossesses d’adolescentes, un médiocre système

d’aiguillage et la mauvaise qualité des soins durant l’accouchement comp-

taient parmi les causes déterminantes de la fistule à Madagascar.

Sur cette base, une série de priorités ont été identifiées, notamment des

interventions chirurgicales et une action psychologique, en même temps que

la réinsertion sociale des victimes de la fistule et la prévention de la fistule.

Pour répondre à ces priorités, le programme a conçu des activités visant à

autonomiser les femmes et mobiliser les animateurs de collectivité.

Depuis qu’il s’est associé à la Campagne, le pays a introduit les activités

par étapes. Aujourd’hui, six hôpitaux centraux pratiquent les interventions

chirurgicales, tandis que six ONG prennent en charge la réinsertion sociale des

survivantes de la fistule et la prévention de la fistule obstétricale en utilisant

avec succès les patientes soignées comme rôles modèles et avocates.

“Nous essayons de faire en sorte que les prestataires de soins soient en

mesure de traiter correctement les urgences. C’est là un autre aspect de la

prévention, qui complète la sensibilisation des collectivités à l’aide d’ancien-

nes patientes de la fistule”.

Quand on lui demande s’il croit que la Campagne se poursuivra à

Madagascar, le Dr. Kongnyuy s’en déclare certain: “Nous avons de nombreux

succès à notre actif, notamment le fait que les patientes de la fistule ne sont

plus victimes d’opprobre. Nous continuerons à amplifier nos activités et à

mettre en place une stratégie nationale de la fistule obstétricale dès que la

situation sociopolitique se sera améliorée. Nous ne sommes pas à la dérive.”

L’Érythrée sur le chemin d’être ‘affranchie de la fistule’Asmara (Érythrée)

Les efforts pour éliminer les fistules se poursuivent malgré la crise Tananarive (Madagascar)

Une Malgache de 17 ans, récemment opérée de la fistule, sa mère et une spécialiste de la fistule. Photo: Bureau de l’UNFPA à Madagascar, 2009.

Le Gouvernement érythréen, en collaboration avec ses partenaires, s’est

engagé dans un projet qui affranchira le pays de la fistule d’ici la fin de 2011.

Une campagne intensive pour identifier et traiter les femmes atteintes de la

fistule obstétricale est en cours dans le pays. Afin d’encourager les femmes

à se présenter pour subir un traitement, le Ministère de la santé fournit des

services gratuits et rembourse les dépenses afférentes, comme la nourriture et

le logement. D’autre part, les coûts de transport sont payés ou remboursés.

“Une priorité gouvernementale est de résorber la liste des cas de fistule

en attente dans le pays, ce qui veut dire que l’Érythrée se rapproche d’at-

teindre l’objectif national d’en finir avec la fistule”, déclare M. Barnabas Yisa,

représentant de l’UNFPA dans le pays.

Bien que le nombre de cas existants en Erythrée ne soit pas encore

connu, des équipes d’experts internationaux et de chirurgiens érythréens de

la fistule n’épargnent aucun effort pour résorber l’arriéré des cas. Tandis que

le traitement est actuellement

dispensé dans plusieurs

centres de santé, des mesures

de prévention sont mises en

place simultanément dans les

collectivités.

L’initiative d’ ‘affranchis-

sement de la fistule’ est

considérée en assez bonne

voie dans un pays où se

posent tant de problèmes liés

à la condition des femmes,

tels que le mariage précoce,

l’infériorité de leur rang social,

les moindres possibilités

d’éducation et perspectives

économiques qui leur sont offertes en comparaison avec les hommes.

Outre le nombre élevé de décès maternels – 280 pour 100 000 naissances

vivantes, selon les plus récentes évaluations de l’ONU –, l’Érythrée se heurte

également au fait qu’un grand nombre d’accouchements se déroulent hors la

présence de professionnels qualifiés de la santé, ce qui traduit une certaine

répugnance à rechercher des soins de santé adéquats en cette occasion.

“La culture et la tradition peuvent expliquer cette répugnance à donner la vie

avec l’aide d’accoucheuses qualifiées. De telles pratiques aggravent le risque de

complications, ainsi que l’incidence de la mortalité et de l’invalidité maternel-

les”, expose Mme Gillian Slinger, Coordonnatrice de la Campagne. “Nous devons

aussi réfléchir très soigneusement à la manière d’affronter ces défis.”

L’Érythrée s’est associée à la Campagne pour éliminer les fistules en 2003,

année où une évaluation des besoins a été conduite pour déceler l’incidence

de l’affection au niveau national. Depuis lors, on s’est attaqué à la fistule

obstétricale dans le cadre d’un ensemble complet d’interventions visant à

surmonter les sérieux problèmes de santé reproductive qu’affronte le pays,

ce qui comporte notamment un accord avec l’Université Stanford pour fournir

une assistance technique à la formation en cours d’emploi des chirurgiens et

sages-femmes du pays, des soins spécialisés dans les cas difficiles, le suivi

des stagiaires, un plan de mobilisation des collectivités, le suivi et évaluation.

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Mme Yirgalem Isaac, infirmière et sage-femme chargée du pavillon de la fistule à l’hôpital de Mendefera, en compagnie d’une patiente. Photo: Bureau de l’UNFPA en Érythrée, 2010

On trouvera d’autres textes à www.endfistula.org/dispatch

Page 5: French Dispatch November 2010

dépêches

Des professionnels sont formés à traiter la fistule Karachi (Pakistan)

Une femme pionnier s’attaque à la fistuleConakry (Guinée)

L’un des premiers

pays à s’associer

en 2003 à la

Campagne pour

éliminer les

fistules, la Guinée

lutte encore pour

s’attaquer à la

fistule obstétricale.

Avec une popula-

tion de 10 millions

d’habitants et 24

groupes ethniques,

le pays connaît

l’un des ratios les

plus élevés de mortalité maternelle sur le continent africain – 680 pour

100 000 naissances vivantes – et n’a pas encore été en mesure de mettre

en place une réponse coordonnée à des invalidités telles que la fistule.

“Ce fut un long combat”, explique le Dr. Madina Rachid, Chef de la

Division de la santé reproductive au Ministère guinéen de la santé. À la

suite de la Conférence internationale sur la population et le développement

tenue en 1994, la Guinée, ainsi que d’autres pays en développement, avait

convoqué un forum national, qui a défini les aspects de la santé reproductive

auxquels priorité devrait être donnée dans le pays.

“Dès ce moment, la lutte contre la fistule obstétricale avait été identifiée

comme une composante essentielle de la campagne pour la santé maternelle

en Guinée. Cependant, bien que cette affection ait trouvé place dans la

politique et les programmes nationaux de santé, peu d’efforts ont été faits

pour affronter le problème dans le pays”, déclare le Dr. Rachid.

Après le lancement d’une campagne de sensibilisation en 2003, le

Ministère de la santé a procédé à une analyse de la situation en collaboration

avec l’UNFPA, ce qui l’a conduit à mettre en place un projet de prévention et

de traitement de la fistule obstétricale à Kankan, la ville la plus importante

de Guinée.

Depuis lors, le projet a permis de former des professionnels de la santé

et des agents communautaires et de promouvoir la sensibilisation du public à

la manière de prévenir la fistule, notamment au moyen de messages diffusés

par des chaînes de radio publiques et privées dans les zones urbaines et

rurales, aussi bien que par l’entremise de pairs-éducateurs.

Plus de 110 interventions chirurgicales ont été effectuées avec succès

jusqu’à présent et 29 survivantes de la fistule ont reçu une formation à des

activités productrices de revenu dans l’ensemble du pays. Cependant, malgré

les résultats atteints et les enseignements tirés, de nombreux problèmes

subsistent, notamment le manque de ressources humaines qualifiées,

l’insuffisance des services de traitement et la faible utilisation des services

sanitaires par les collectivités.

“Avant tout, nous avons besoin d’un leadership national résolu pour

procéder à une réaction coordonnée et renforcer les partenariats. Dans ces

conditions, nous pourrons peut-être faciliter des changements dans la société

et encourager à ne plus couvrir d’opprobre les patientes de la fistule”,

déclare le Dr. Marcelle Chevallier, représentante de l’UNFPA en Guinée.

Un nouveau programme lancé par l’UNFPA au Pakistan assure un cours de

formation de 30 semaines aux sages-femmes de collectivité sur la prévention

et le traitement de la fistule. Ce programme, dont ont déjà bénéficié plus de

70 sages-femmes, a été élaboré pour former les formateurs, aider à prévenir

l’arrêt de l’accouchement et fournir un aiguillage rapide quand des soins

obstétricaux d’urgence sont nécessaires.

Selon les experts, l’augmentation du nombre de sages-femmes dans les

collectivités aidera aussi à sensibiliser davantage les femmes à l’importance

d’espacer les naissances, de rechercher une assistance qualifiée lors de

l’accouchement et d’assurer une nutrition adéquate aux filles et femmes

enceintes.

L’un des meilleurs chirurgiens de la fistule dans le pays, le Dr. Shershah

Syed, pense qu’il faut former davantage de professionnels de la santé pour

aider à améliorer la santé maternelle. “Nous n’avons pas assez d’accoucheu-

ses qualifiées. En outre, certaines des accoucheuses en service n’ont reçu

qu’une formation inadéquate”, déclare le Dr. Syed.

L’initiative qui vise à former des accoucheuses de collectivité complète

une stratégie plus large visant à renforcer la capacité de traitement de la

fistule, élaborée et appliquée depuis janvier 2006, lorsque la Campagne pour

éliminer les fistules a été lancée au Pakistan. Dans le cadre de cette stratégie,

les médecins pakistanais ont été encouragés à échanger les connaissances

et partager les expériences avec des chirurgiens de réputation internationale

dans le domaine de la fistule obstétricale.

“Nos chirurgiens ont actuellement de plus nombreuses occasions de s’in-

former des interventions chirurgicales efficaces et peu coûteuses qui peuvent

permettre de soigner les patientes de la fistule”, déclare le Dr. Faaria Ahsan,

spécialiste de la santé reproductive et de la fistule obstétricale au service de

l’UNFPA au Pakistan.

Depuis le lancement de la Campagne dans le pays, plus de 38 chirurgiens

ont été formés aux techniques chirurgicales de la fistule et environ 78 sages-

femmes et infirmières de collectivité ont été formées à la gestion pré- et

postopératoire de la fistule obstétricale. Actuellement, sept centres régionaux

et six centres d’aiguillage dispensent des services gratuits aux femmes qui

en ont besoin; plus de 2 000 fistules ont été soignées avec un taux de succès

de 90 %.

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Groupe de lauréates du cours de formation à l’encadrement en soins infirmiers et obstétrique, durant la cérémonie de remise des diplômes. Elles ont suivi un cours de 30 semaines destiné à offrir des sages-femmes et infirmières mieux qualifiées, qui peuvent ensuite communiquer leur savoir à d’autres profession-nels et dispenser ainsi des soins de meilleure qualité. Photo: Wendy Marijnissen, Campagne pour éliminer les fistules/Bureau de l’UNFPA à Karachi (Pakistan), 2009

Des femmes se réunissent dans le village de Bate Nafadji pour écouter une causerie éducative sur la fistule organisée par une ONG locale, l’African Family Support. Photo, Bureau de l’UNFPA en Guinée, 2010.

On trouvera d’autres textes à www.endfistula.org/dispatch

Page 6: French Dispatch November 2010

L’un des grands moments de la Conférence Les

femmes donnent la vie tenue à Washington,

D. C., en juin 2010 a été la rencontre entre Son

Altesse Royale la Princesse Marie du Danemark

et deux survivantes de la fistule et avocates de

ses victimes. La Princesse héritière, qui était

accompagnée par le Ministre danois pour le

développement Søren Pind, a été profondément

émue par leurs récits.

L’une des femmes que la Princesse héritière

a rencontrées était Mme Sarah Omega, du Kenya, survivante de la fistule, qui

tomba enceinte à moins de 20 ans. Après l’arrêt de l’accouchement, prolongé

des heures durant, et la perte de son bébé, elle fut atteinte d’une fistule —

affection dont elle a souffert 12 ans avant de recevoir un traitement. Depuis

2007, Mme Omega a voyagé à travers le Kenya et dans le monde entier en

tant qu’avocate de la santé maternelle. Elle veut faire en sorte que les autres

femmes atteintes de la fistule sachent qu’un traitement existe.

“Au Kenya, on estime à 3 000 le nombre de nouveaux cas de fistule qui

surviennent chaque année, mais 7 % seulement de ces femmes reçoivent

un traitement, ce qui laisse un énorme arriéré de

cas. C’est pourquoi je me suis rendue dans les

collectivités, prenant contact avec les femmes qui

souffrent en silence et les adressant à un centre

de santé où elles reçoivent un traitement”, a

expliqué Mme Omega.

Mme Awatif Altayib, l’autre avocate des

patientes qui a rencontré la Princesse héritière,

venait de Furbaranga, dans l’État de Darfour-

Ouest (Soudan), où elle est la sage-femme du

village. Survivante de la fistule, elle s’est mariée et trouvée enceinte de

son premier enfant à l’âge de 16 ans. Malheureusement, son bébé n’a pas

survécu à l’arrêt de l’accouchement, tandis qu’elle-même était atteinte d’une

fistule obstétricale. Déterminée à faire en sorte que les autres femmes ne

connaissent pas les mêmes souffrances, Mme Altayib a décidé de devenir

sage-femme. Elle recherche maintenant les femmes atteintes d’une fistule et

les aide à obtenir accès aux soins qui leur sont nécessaires.

“Ce fut pour moi une grande occasion d’en savoir plus sur les problèmes

de santé maternelle qui persistent dans le monde en développement.

Sarah et Awatif ont prêté un visage à toutes les femmes qui ont souffert en

raison du manque d’accès à une assistance qualifiée durant la grossesse et

l’accouchement. C’est là quelque chose qui semble aller de soi dans les pays

industrialisés, mais représente encore un véritable luxe dans de nombreux

pays du monde en développement”, a déclaré la

Princesse héritière du Danemark.

Au cours de la rencontre, Mme Thoraya Obaid,

Directrice exécutive de l’UNFPA, a exprimé à la

Princesse héritière sa sincère reconnaissance pour

avoir accepté de patronner l’UNFPA. L’annonce

de ce patronage, faite en juin 2010, a appelé

l’attention sur le soutien du Danemark aux efforts

de l’UNFPA pour promouvoir la santé maternelle et

une maternité moins dangereuse dans les pays en

développement.

6

Dans le cadre des manifestations concernant

la fistule qui se sont déroulées au cours de la

Conférence Les femmes donnent la vie, l’UNFPA

et Family Care International (FCI) ont présenté

une nouvelle publication de plaidoyer et un outil

interactif CD-ROM – Living Testimony: Obstetric

Fistula and Inequities in Maternal Health. La

publication a pour objet de contribuer à de plus

vastes efforts en vue de faire reculer la mortalité

et la morbidité maternelles, porter la fistule obstétricale au premier

plan de l’attention, et mettre en lumière les mesures spécifiques

prises pour en réduire l’incidence et la prévalence.

Les principaux objectifs de l’outil CD-ROM sont les suivants:

• Fournir une orientation et des moyens pour conduire un plaidoyer

visant à améliorer la santé maternelle et pour bien montrer comment

les attitudes relatives à la grossesse et à l’accouchement retentissent

sur la mortalité et l’invalidité maternelles, notamment sur la fistule

obstétricale.

• Présenter de nouvelles stratégies pour remédier aux normes sociales et

aux pratiques culturelles qui entravent l’accès aux soins de santé sex-

uelle et reproductive afin de les rendre plus généralement accessibles.

Des survivantes de la fistule rencontrent la Princesse héritière du Danemark Washington, D.C. (États-Unis)

Un nouvel outil promeut les activités de plaidoyer sur la fistule

Durant la semaine même où se tenait la Conférence Les femmes donnent

la vie, Sarah Omega, survivante de la fistule et avocate de ses victimes,

a eu l’occasion de prononcer un exposé devant les membres du Congrès

des États-Unis sur les problèmes liés à la fistule obstétricale.

Cet exposé a été organisé en coordination avec les cabinets de deux

membres de la Chambre des représentants, Caroline Maloney (New

York) et Mike Castle (Delaware), auteurs d’un texte de loi sur la fistule

présenté par les deux partis: The Obstetric Fistula Prevention, Treatment,

Hope and Dignity Restoration Act of 2010, H.R. 5441.

La même semaine, Sarah Omega

avait déjà participé à une activité

de plaidoyer auprès du Congrès,

dans le but d’encourager une

contribution financière et le

soutien des États-Unis à la santé

maternelle et à l’OMD 5. Mme

Omega, à laquelle s’était asso-

ciée Mme Jennifer Beals, vedette

de la télévision et de l’écran, a

fait part de son histoire indivi-

duelle à plusieurs représentants.

La fistule fait l’objet d’un exposé devant le Congrès des États-Unis

Tamara Kreinen, représentante de la Fonda-tion pour les Nations Unies, Sarah Omega, survivante de la fistule et avocate de ses victimes, Mark Kirk, membre de la Chambre des représentants, et Jennifer Beals, vedette de la télévision et de l’écran. Photo: Sam Hurd, Les femmes donnent la vie, Washington, D.C., 2010.

S.A.R. la Princesse héritière du Danemark. Photo: Steen Evald, 2010.

Mme Sarah Omega. Photo: Moises Saman/Panos, 2010.

Mme Awatif Altayib. Photo: Moises Saman/Panos, 2010.

Pour un complément d’information ou pour obtenir des exemplaires de l’outil CD-ROM, contacter: [email protected] ou [email protected]

On trouvera d’autres textes à www.endfistula.org/dispatch

Page 7: French Dispatch November 2010

dépêches7

Gillian Slinger, infirmière et sage-femme formée au Royaume-Uni et titulaire

d’une licence ès sciences en gestion de la santé et d’une maîtrise ès

sciences en santé publique, est entrée récemment à l’UNFPA avec mission de

coordonner la Campagne mondiale pour éliminer les fistules.

En sa qualité de sage-femme, Mme Slinger a toujours été profondément

émue par les nombreux cas de fistule obstétricale dont elle a pris soin sur le

terrain. Depuis 2007, occupant à Genève un poste auprès de Médecins sans

frontières (MSF), son implication dans la lutte contre la fistule a pris une

immense ampleur, ce qui a nourri sa détermination de lutter contre la mortalité

et l’invalidité maternelles au niveau mondial.

Interrogée sur ses plans pour l’avenir, Mme Slinger parle d’une nouvelle

vision de la Campagne.

“Les services de formation et de traitement seront progressivement amplifiés

pour faire face au nombre considérable de cas, l’accent se déplaçant des

campagnes ‘verticales’ de la fistule organisées comme des interventions

occasionnelles vers des services de caractère plus permanent”, explique

Mme Slinger.

Selon Mme Slinger, l’idée est de promouvoir une approche plus globale

des services, car ils seront intégrés dans les structures de santé existantes

et solidement ancrés dans les programmes de santé à long terme au

niveau national. “On mettra aussi davantage l’accent sur la prévention, y

compris la collaboration avec les partenaires en matière de santé maternelle

et la considération de mesures de prévention immédiatement après un

accouchement prolongé, ainsi que pour empecher l’apparition d’une nouvelle

fistule chez les femmes guéries.

Dans le cadre de la nouvelle vision qui prend forme, la Campagne

comportera aussi une attention accrue à la qualité, à une recherche plus

approfondie – notamment concernant la réinsertion des patientes en

convalescence après le traitement – et une amélioration des circuits de

communication, déclare Mme Slinger.

“L’un des résultats escomptés est une meilleure circulation de l’information

du niveau mondial à celui des projets et vice-versa, ainsi qu’entre les praticiens

et les organisations qui œuvrent de concert pour faire progresser cet agenda en

tant qu’aspect de l’esprit de partenariat bien affirmé de la Campagne.”

Dépêches: Comment la fistule

obstétricale est-elle devenue un

problème de santé prioritaire

au Cameroun?

Dr. Fouda: En 2004, le Cameroun

a enregistré des indicateurs

particulièrement inquiétants de

la santé maternelle. On pouvait

ainsi légitimement penser que,

malgré l’absence de données,

la fistule obstétricale était

une réalité au Cameroun. Il y

a quelques années, l’UNFPA

a aidé le Ministère de la santé publique à évaluer la situation dans deux

provinces (Nord et Extrême-Nord). Cette étude nous a permis d’obtenir des

connaissances fondamentales sur la situation concernant la fistule dans cette

partie du pays, de savoir qu’il existe là de nombreux cas et de comprendre

que les centres de santé existants n’avaient pas la capacité de faire face

au problème.

Dépêches: Pouvez-vous nous faire part de certains des problèmes liés à la

fistule obstétricale que vous avez rencontrés dans le pays?

Dr. Fouda: Il y en a beaucoup. Pour commencer, comment pouvons-nous

en finir avec l’opprobre dont souffrent ses victimes ? Vous pouvez voir ces

femmes, abandonnées de tous et rejetées par leur collectivité parce que leur

affection est interprétée comme une “malédiction” ou le résultat de leur

infidélité. Elles apparaissent comme une source de honte et sont contraintes

de vivre à l’écart de la collectivité, tout en pleurant leurs bébés qui sont

morts. Lever des fonds est un autre problème. Les femmes sont en général

incapables d’acquitter le prix des services parce qu’elles sont extrêmement

pauvres. Leur exclusion de la collectivité n’est pas seulement sociale et cul-

turelle, mais aussi économique. Et puisque nous ne disposons pas encore de

moyens et ressources pour chacune, il n’est pas possible de les soigner sans

une aide étrangère. Il faut compter aussi avec les difficultés liées au suivi des

patientes qui ont été opérées après leur retour au village, car ceux-ci sont

généralement situés dans des zones écartées qu’il est impossible d’atteindre

même en moto, surtout durant la saison des pluies.

Un autre problème est celui de la réinsertion sociale des patientes dans leur

collectivité. Il nous faut aussi améliorer notre système de santé, et le fait que

des fistules obstétricales surviennent en constitue un indicateur. Il s’agit donc

de former des professionnels de la santé à la gestion de la fistule obstétri-

cale, ce qui est un autre défi. Enfin, s’il est bien de traiter la fistule obstétri-

cale, il est encore mieux de la prévenir. La sensibilisation doit se poursuivre,

mais il faut aussi l’améliorer. On ne devrait jamais oublier que c’est l’homme

qui prend les décisions dans les sociétés africaines et que c’est généralement

sous l’influence de sa collectivité qu’il prend ses décisions. Lire en direct le

texte intégral de l’interview.

Un champion et un pionnier de la lutte contre la fistuleYaoundé (Cameroun)

Dépêches a interviewé le Dr. Pierre Fouda, l’un des pionniers du traitement de la fistule au Cameroun. Urologue et partenaire à long terme dans le pays, le Dr. Fouda parle des difficultés d’y combattre la fistule.

Gillian Slinger, nouvelle Coordonnatrice de la Campagne pour éliminer les fistules, avec une survivante de la fistule au marché voisin de l’hôpital de la Mission de Kamuli, en Ouganda. Photo: Brian Hancock, FRCS, fondateur de l’Uganda Childbirth Injury Fund, 2010.

Dr. Pierre Fouda. Photo: Bureau de l’UNFPA au Cameroun, 2010.

La Campagne a une nouvelle coordonnatrice

On trouvera d’autres textes à www.endfistula.org/dispatch

Page 8: French Dispatch November 2010

UNFPACampagne pour éliminer les fistules605 Third Avenue, New York, NY 10158Courriel: [email protected]

Dépêches est un bulletin semestriel qui met en lumière les faits nouveaux intervenus dansla Campagne pour éliminer les fistules

Pourquoi la Campagne?

Rédacteur en chef: Etienne FrancaConception et impression: Prographics, Inc.

Ont prêté leur participation: Faaria Ahsan, Yves Bergevin, Luc de Bernis, Nicole Carta, Marcelle Chevallier, Cheikh Tidiane Cissé, Sarah Craven, Akinyele Eric Dairo, Apollinaire Delamou, Triana Dorazio, Nicole Eteki, Pernille Fenger, Calixte Hessou, Sennen Hounton, Esther Huerta, Katja Iversen, Patricia Keba, Hugues Kone, Eugene Kongnyuy, David Lawson, Bunmi Makinwa, Emilie Maurice, Elsabeth Mengsteab, Robert Mensah, Aline Piedecocq, Shafia Rashid, William Ryan, Cecilia Schubert, Alain Sibenaler, Klaus SimoniPedersen, Sandy Singer, Gillian Slinger, Kadiatou Sy, Etta Tadesse, Margherita Tinti, Barnabas Yisa.

Donateurs à la Campagne (depuis 2003)

L’UNFPA tient à reconnaître avec gratitude l’appui de nombreux donateurs en faveur du renforcement et de l’amélioration de la santé maternelle dans le monde. Nos remerciements s’adressent également aux nombreux partenaires et donateurs individuels qui ont prêté leur collaboration et leur appui à la Campagne pour éliminer les fistules depuis son lancement.

Americans for UNFPA

European Voice

Fondation Bill et Melinda Gates, par l'entremise d'EngenderHealth

Fondation pour les Nations Unies

Gouvernement de l’Australie

Gouvernement de l’Autriche

Gouvernement du Canada

Gouvernement de l’Espagne

Gouvernement de la Finlande

Gouvernement de l’Irlande

Gouvernement de l’Islande

Gouvernement du Japon, par l’entremise du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la sécurité humaine

Gouvernement du Luxembourg

Gouvernement de la Norvège

Gouvernement de la Nouvelle-Zélande

Gouvernement de la Pologne

Gouvernement de la République de Corée

Gouvernement de la Suède

Gouvernement de la Suisse

Johnson & Johnson

One by One

Programme arabe du Golfe pour les organismes de développement des Nations Unies

Royaume d’Espagne, Communauté autonome de Catalogne

Virgin Unite

Women's Missionary Society of the African Methodist Episcopal Church

Zonta International

Dix à 15 millions de femmes souffrent de maladies ou d’invalidités graves ou de longue durée dues à des complications survenues durant la grossesse ou l’accouchement, notamment la fistule obstétricale.

La fistule obstétricale est une lésion liée à l’accouchement qu’il est possible de prévenir et, dans la plupart des cas, de soigner; elle laisse les femmes incontinentes, en proie à la honte et souvent isolées de leur collectivité.

On compte au moins deux millions de femmes atteintes de la fistule obstétricale dans le monde en développement, et jusqu’à 100 000 nouveaux cas se déclarent chaque année.

En 2003, l’UNFPA et ses partenaires mondiaux se sont unis pour lancer la Campagne pour éliminer les fistules.

La Campagne est maintenant présente dans 49 pays, et elle a réuni plus de 40 millions de dollars dans le but d’éliminer les fistules.

La Campagne, avec ses nombreux partenaires dans le monde entier, met l’accent sur trois domaines clefs: prévention de la fistule, traitement des femmes touchées, et appui aux femmes alors qu’elles se remettent de l’intervention chirurgicale et rebâtissent leur vie.

Pour plus ample information ou pour savoir comment vous pouvez apporter votre aide, prière de visiter: endfistula.org.

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L’ISOFS a été créée à partir de la reconnaissance du fait, parmi d’éminents chirurgiens de

la fistule actifs en Afrique et en Asie, qu’il y a plus de deux millions de survivantes de la

fistule obstétricale dans le monde, mais pas encore assez de chirurgiens qualifiés pour

les opérer. Selon les spécialistes, toute tentative d’intervention faite par un chirurgien

inexpérimenté peut causer un surcroît de dommage aux femmes atteintes d’une fistule.

La conférence précédente, tenue en 2009 à Nairobi (Kenya), a traité de sujets qui

allaient du rôle des sages-femmes de collectivité à l’efficacité de la réinsertion sociale

et des partenariats communautaires. Organisée en collaboration avec la Fondation

pour la médecine et la recherche en Afrique (AMREF), cette conférence a accueilli une

assemblée faite de ministres, de médecins et de délégués d’organisations charitables

ou d’assistance et d’institutions universitaires. En 2010, les organisateurs attendent une

participation encore plus large.

Immédiatement avant la conférence, les 5 et 6 décembre, les spécialistes de la fistule

obstétricale venus de différents pays se réuniront à Dakar pour la réunion annuelle du

Groupe de travail international sur la fistule obstétricale (IOFWG)*. Ils débattront des

priorités et échangeront leurs expériences dans le domaine de la fistule obstétricale.

Les événements:

Troisième Conférence

annuelle de la Société

internationale des chirurgiens

de la fistule obstétricale

(ISOFS)

Réunion annuelle du Groupe

de travail international sur la

fistule obstétricale (IOFWG)

Le lieu:

La réunion de l’IOFWG (5 et 6

décembre) et la conférence

de l’ISOFS (7 à 9 décembre)

se tiendront l’une et l’autre à

l’Hôtel des Almadies à Dakar

(Sénégal).

Pays où la Campagne pour éliminer les fistules est active

Mauritanie

SénégalGambieGuinée-Bissau Guinée

Mali

GhanaTogo

Bénin

Nigeria

Niger Tchad

Congo

SoudanYémen

Inde

Népal

Bangladesh

Pakistan

Afghanistan

Djibouti

Érythrée

Somalie

Kenya

BurundiRwanda

Ouganda

Éthiopie

AngolaZambie Malawi

MozambiqueMadagascarZimbabwe

Afriquedu Sud

Lesotho

Swaziland

Républiquedémocratique

du CongoRépublique-Uni

de Tanzanie

Cameroun

Républiquecentrafricaine

Gabon

SierraLeone

Guinéeéquatoriale

Liberia

Côted’Ivoire

BurkinaFaso

Haïti

CARAÏBES

La troisième Conférence

annuelle de la Société

internationale des chirurgiens

de la fistule obstétricale

(ISOFS) aura lieu à Dakar

(Sénégal) du 7 au 9 décembre

2010. En tant que sommet

annuel de prestataires de

soins de santé et d’activistes

en provenance de certaines

des nations les plus touchées

du monde, l’ISOFS offre

un précieux forum pour

mettre en commun les

enseignements clefs tirés du

travail accompli en première

ligne de la lutte contre la

fistule obstétricale.

*Parmi ses nombreux partenaires aux niveaux international, national, régional et local, la Campagne pour éliminer les fistules compte aussi sur l’appui des nombreux praticiens et institutions qui font partie du Groupe de travail international sur la fistule obstétricale (IOFWG). Ce groupe a pour but d’assurer au niveau mondial une collaboration et une coordination des efforts sur tous les problèmes liés à la fistule, notamment la prévention et la gestion, et de guider le secrétariat de la Campagne mondiale. On trouvera un complément d’information en ligne.

Avertissement: Les opinions exprimées par les personnes interviewées ne reflètent pas nécessairement la position des rédacteurs du bulletin ni la position officielle de l’UNFPA.