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25 DOSSIER Les génisses sont l’avenir du troupeau laitier, mais elles sont encore trop souvent délaissées. Pourtant, bien élever ses génisses permet de réduire les coûts. Un vêlage précoce, comparé à un vêlage plus tardif, permet de réduire l’effectif de génisses sur l’exploitation, pour un taux de renouvellement identique. Il permet ainsi de réduire les besoins fourragers, les émissions d’azote et de gaz à effet de serre, tout en produisant plus de lait par jour de vie sur la carrière des animaux. / 7 juin 2013 Coordination du dossier Julien François (pôle herbivores des chambres d'agriculture de Bretagne) Rédaction Pour le pôle herbivores : Guylaine Trou Pour Terra : Chantal Pape Un nouveau guide pratique Ce guide pratique s’adresse à tous les éleveurs laitiers. Il synthétise les dernières recommandations pratiques et références relatives à l’élevage de la génisse depuis sa naissance jusqu’à son vêlage. Par ailleurs, il propose une méthode pour évaluer le coût alimentaire et le coût de renouvellement du trou- peau laitier. Il doit permettre à cha- cun de trouver des voies de progrès au niveau de chaque exploitation, quel que soit ses objectifs d’âge au vêlage. Ce guide est le fruit d’une collaboration, réalisée au sein du groupe interrégional génisses laitières du Grand Ouest regroupant les chambres d’agriculture, l’Institut de l’élevage, Agrocampus Ouest - Inra, les organismes de Conseil élevage et Bovins Croissance. Génisses laitières, de la naissance au vêlage J.M. Guernion

Génisses laitières, - chambre-agriculture-finistere.fr · à un vêlage plus tardif, ... (10%) ou en combinaison ... Il est recommandé de sevrer quand le veau consomme au minimum

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25DOSSIER

Les génisses sont l’avenir du troupeau laitier, mais elles sont encore trop souvent délaissées. Pourtant, bien élever ses génisses permet de réduire les coûts. Un vêlage précoce, comparé à un vêlage plus tardif, permet de réduire l’effectif de génisses sur l’exploitation, pour un taux de renouvellement identique. Il permet ainsi de réduire les besoins fourragers, les émissions d’azote et de gaz à effet de serre, tout en produisant plus de lait par jour de vie sur la carrière des animaux.

/ 7 juin 2013

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Coordination du dossierJulien François (pôle herbivoresdes chambres d'agriculture de Bretagne)

RédactionPour le pôle herbivores : Guylaine TrouPour Terra : Chantal Pape

Julien François (pôle herbivoresdes chambres d'agriculture de Bretagne)Julien François (pôle herbivoresdes chambres d'agriculture de Bretagne)Julien François (pôle herbivores

RédactionPour le pôle herbivores : Guylaine TrouPour Terra : Chantal Pape

Un nouveau guide pratique Ce guide pratique s’adresse à tous les éleveurs laitiers. Il synthétise les dernières recommandations pratiques et références relatives à l’élevage de la génisse depuis sa naissance jusqu’à son vêlage. Par ailleurs, il propose une méthode pour évaluer le coût alimentaire et le coût de renouvellement du trou-peau laitier. Il doit permettre à cha-cun de trouver des voies de progrès au niveau de chaque exploitation, quel que soit ses objectifs d’âge au vêlage.Ce guide est le fruit d’une collaboration, réalisée au sein du groupe interrégional génisses laitières du Grand Ouest regroupant les chambres d’agriculture, l’Institut de l’élevage, Agrocampus Ouest - Inra, les organismes de Conseil élevage et Bovins Croissance.

Génisses laitières,

de la naissance au vêlage

pour évaluer le coût alimentaire et le coût de renouvellement du trou-peau laitier. Il doit permettre à cha-cun de trouver des voies de progrès

J.M. Guernion

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Parmi les 133 questionnaires analysés, 95 % des exploitations élèvent toutes les génisses nées. Ces dernières ne semblent pas suffi re, puisque 1 éleveur sur 4 a acheté, au cours des 5 dernières années, des vaches en lait ou des génisses amouillantes, et 1 éleveur sur 5 a acheté des veaux de 8 jours. 59 % des éleveurs ont dit avoir pour objectif un âge au vêlage précoce (24-26 mois). Parmi eux, les 3/4 disent atteindre cet objectif. 61 % des éleveurs enquêtés n’utilisent aucun outil de suivi de croissance, les autres réalisent soit des pesées (14%),

soit des mesures de tour de poi-trine (21%), soit les deux (2%). Plus l’objectif d’âge au vêlage est tardif (27-30 mois), moins il y a de suivis de croissance. Le plus surprenant est que 40 % des éle-veurs, n’utilisant pas d’outil de suivi, ne savent pas pourquoi. Les autres citent, d’abord, un manque de temps, ensuite des problèmes de contention. Enfin, 1 éleveur sur 2 dit connaître son coût d’élevage de la génisse. Parmi ceux qui ne le connaissent pas, la plu-part serait intéressé pour le connaître. Les génisses peuvent être un levier d’évolution de l’ex-

ploitation : en termes de coût, de travail, de flexibilité ou de potentiel de production. Il reste à comprendre pourquoi certaines techniques, bien qu’ayant fait leur preuve, sont encore peu utilisées : poids des habitudes, crainte de mal faire ?

Guylaine Trou pôle herbivores

[email protected]

Génisses laitières : comment sont-elles élevées chez vous ?

PHASE LACTÉE : simplification du travail possible… mais timide

Peu de données sur les pratiques d’élevages des génisses laitières en Bretagne ont été publiées. Une enquête a donc été réalisée en 2012 par la Chambre d’agriculture de Bretagne auprès de 133 éleveurs bretons. Des marges de progrès semblent encore possibles pour limiter les astreintes et la pénibilité, et/ou améliorer les résultats techniques et économiques, même si l’âge au vêlage est en moyenne plutôt bien maîtrisé en Bretagne par rapport à d’autres régions.

35% des éleveurs enquêtés distribuent du colostrum dans les 2 heures qui suivent la naissance et 44 % laissent le veau avec la mère.

Le colostrum représente l’unique source de défense immunitaire du veau dans les premiers jours de sa

vie. Il apporte également de l’énergie et des nutriments indis-pensables. Il doit être distribué dans les deux premières heures après la naissance, car à cette période la concentration en anti-corps dans le lait et la quantité réellement absorbée par le veau sont maximales.

25 % des éleveurs utilisent systématiquement des anticocci-diens, 35 % en utilisent parfois.

Si la présence à bas bruit de coccidies dans les éle-vages est souvent inévitable, le risque de coccidiose

clinique se situe principalement au sevrage, en cas de stress ou de confort des veaux ou d‘hygiène inadaptée. Des essais, à la sta-tion expérimentale de Mauron, ont montré que le traitement ne fait que retarder l’installation de l’immunité.

Dans les 3/4 des élevages enquê-tés, les veaux sont alimentés avec du lait entier. 1 éleveur sur 5 dis-tribue un aliment d’allaitement ; le lait fermenté ne concerne que 2 % des exploitations. L’alimen-tation se fait au seau individuel dans 89 % des cas, ce qui est à rapprocher de la présence de cases individuelles (87 % des cas). Les 2/3 des éleveurs de l’échantillon allaitent les veaux 2 fois par jour. Seulement 1/3 supprime la distribution du di-manche soir ou ne distribue qu’une fois/jour. Ces pratiques de simplifi cation de la distribution sont plus fréquentes avec les aliments d’allaitement ou le lait fermenté.

Les résultats d’essais ont montré que tous les types d’allaitement, bien conduits, donnent des résultats

de croissance similaires. Certains peuvent faciliter le sevrage, ou diminuer le nombre de diarrhées.

Notre avis :

Notre avis : Notre avis :

INFO

Merci à tous ceux qui ont accepté de remplir le questionnaire. Si vous souhaitez en savoir, plus n’hésitez pas à contacter votre conseiller de la chambre d’agriculture et à consulter le guide 2013 "réussir l’élevage des génisses laitières de la naissance au vêlage".

S. Roupnel

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ÉCORNAGE : réduire sa pénibilité

Seulement 1/4 des éleveurs écorne avant 4 semaines. C’est une pratique jugée pénible chez les 2/3 des élevages enquêtés. Toute-fois, plus les éleveurs écornent tôt, moins ils sont nombreux à trouver cela pénible. 17 % de ceux qui écornent avant 4 semaines utilisent des produits sédatifs anesthé-siques. L’utilisation de sédatifs ne semble pas infl uer sur la pénibilité de cette tâche. 27 % des éleveurs enquêtés utilisent des semences de taureaux sans cornes. La pro-portion est d’autant plus importante qu’ils jugent la pratique pénible.

Intervenir le plus tôt possible, per-met une opération plus rapide et

donc plus de confort pour le veau mais aussi et surtout pour l’éleveur. Après 4 semaines, la réglementation impose une anesthésie. Mais au-delà de l’aspect réglementaire, un écor-nage précoce c’est aussi un écornage moins pénible. Pensez-y ! Et vous verrez, l’essayer c’est l’adopter !

SEVRAGE : mieux le préparer

Les éleveurs enquêtés sèvrent en moyenne vers 2,5 mois. Toutefois ce chiffre cache des disparités puisqu’un éleveur sur 2 sèvre plus tardivement (jusqu’à 7 mois parfois!). Dans 40 % des cas, la décision est prise en fonction de plusieurs critères. L’âge représente le seul critère pour décider du sevrage pour un éleveur sur 4. Un autre quart dit utiliser le poids (sachant que peu pèsent !). La consom-mation de concentré n’est prise en compte, pour le sevrage, que dans 41 % des cas, comme critère seul (10%) ou en combinaison avec d’autres critères.

Il est recommandé de sevrer quand le veau consomme au minimum2 kg de concentré, car au sevrage, le rumen prend le relais de la cail-

lette. Aujourd’hui, avec ce critère, les stations expérimentales de l’Ouest sèvrent à 8 semaines.

Les veaux ont de l’eau à disposition dans les 15 jours qui suivent la naissance pour 3/4 des éleveurs. Pour les autres éleveurs, l’eau est apportée quand les veaux sont plus âgés. Dans 20% des élevages, les veaux ne reçoivent du concentré qu’à l’âge de 1 mois. Dans 80% des élevages, le concentré est à disposition dans les 2 semaines qui suivent la naissance, même parfois avant la mise à disposition d’eau. Tous les éleveurs ayant supprimé des distributions de lait, mettent à dis-position eau et concentrés très rapidement.

Le veau devient un ruminant quand il valorise les fourrages et les concentrés. Mais pour cela, ces ingrédients doivent être apportés dès le

plus jeune âge. L’eau favorise le brassage des aliments et les fermentations micro-biennes dans le rumen.

En hiver, avant sevrage, les génisses ont plutôt du foin ou de la paille avec, chez une part non négligeable d’éleveurs, du fl oconné ou de l’aliment du commerce. Ce n’est qu’après sevrage que l’ensilage de maïs apparaît dans l’alimentation des génisses de certains élevages et que le concentré fermier est davantage utilisé. L’ensilage d’herbe est peu distribué aux génisses et plutôt pour celles de plus de 12 mois.

Jusqu’à 6 mois, foin, paille ou ensilage de maïs sont les fourrages re-commandés. Au-delà de 6 mois, tous les fourrages sont possibles si

leurs quantités et la complémentation sont adaptées à l’âge et l’objectif de crois-sance. Tous les types de concentrés, fermiers ou du commerce permettent d’obtenir les croissances recherchées.

GESTION DES GÉNISSES AU PÂTURAGE : et si vous faisiez le point ?

Les génisses sont mises à l’herbe à 8 mois en moyenne : 45 % des enquêtés mettent à l’herbe entre 3 et 6 mois, 30 % entre 6 et 12 mois, plus tard pour la plupart des autres cas.

Le pâturage des génisses de première année permet de réduire le coût ali-mentaire et permet la mise en place de l’immunité vis à vis des strongles.

84 % des éleveurs vermifugent systématiquement les génisses de première année de pâturage; 30 % vermifugent toujours les deuxièmes années et 22 % vermifugent toujours les vaches. Il n’y a que 10 % des éleveurs qui ne traitent systématiquement que les génisses de première année. 13% des éleveurs ont des pratiques de vermifugation systématiques à la fois des génisses, petites ou grandes, et des vaches.

Il n’existe pas de protocole universel. Le traitement est souvent indis-pensable en première année de pâture, rarement en 2e année. Il est à

raisonner en fonction des dates de sortie au pâturage et rentrée, de la conduite du pâturage (fauche, rotation, affouragement), du climat et de la faisabilité.

77% des éleveurs ayant répondu, inséminent pendant la période de pâturage, mais dans ce cas l’insémination a lieu en bâtiment dans plus de la moitié des cas. 56 % utilisent la synchronisation des chaleurs, d’autant plus s’il y a des inséminations en période de pâturage.

133 éleveurs bretons enquêtésUn questionnaire sur l’élevage des gé-nisses a été distribué lors des portes ouvertes de Trevarez en juin 2012 et dans des groupes lait animés par la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine entre no-vembre 2012 et février 2013. Sur les 172 questionnaires recueillis, 137 ont été rem-plis par des éleveurs bretons (répartis sur les 4 départements), dont seulement 4 en agriculture biologique. Dans un souci de représentativité des élevages, seuls les résultats des systèmes bretons en agri-culture conventionnelle sont présentés ici (133 questionnaires). L’échantillon a en moyenne les caractéristiques suivantes : 94 ha, 470 500 litres de quota, 65 vaches (30 à 140), pour 2.1 UTH (1 à 6). La race Prim’Holstein est présente dans 86 % de ces exploitations. Près d’un élevage sur 2 possède une autre production que le lait.

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F. Mechechour

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Même si les conditions météorologiques de l’année ont pu, parfois, retarder la mise à l’herbe de certains lots de génisses ou limi-ter la pousse de l’herbe, faire pâturer les génisses autant que possible doit rester l’objectif. Chaque journée de pâturage est source d’économie : quelque soit l’âge des génisses, le coût alimentaire avec du pâtu-rage, revient à moins de 0,25 € par génisse et par jour, moins de 0,5 € s’il faut un apport de concentrés contre 0,6 € avec des rations à base d’ensilage à plus de 1 €/jour pour des rations à base de paille.

Sortir jeune : que des avantagesLa première sortie est possible vers 6 mois d’âge et/ou 200 kg de poids vif : les génisses nées l’an passé d’avril à novembre doivent être dehors maintenant. Il convient d’envi-sager la sortie en juin pour celles nées de décembre 2012 à mars 2013. Une sortie dès 4 mois d’âge peut se faire si les conditions le permettent (présence d’abri, possibili-té de complémentation, météo). Pour ces génisses de première année, une sortie dans de bonnes conditions passe par une distri-bution de fourrage sec, à volonté le premier mois et une diminution progressive, sur 2 à 3 semaine, de la ration hivernale ou un apport de concentré. Une transition clima-

tique est conseillée afi n de les habituer à de plus grands volumes d’air et parfois à une luminosité plus importante (passage dans le bâtiment des 2e année de pâturage, déjà sorties, ou dans un bâtiment avec un accès extérieur). Cette période est l’occasion de l’apprentissage au fi l de clôture. Une sortie très précoce au printemps-été dès la 2e semaine d’âge de veaux en phase

lactée est même également possible, avec un abri (même sommaire), une complé-mentation (foin et concentré). Compter alors 0,6 ares/veau/mois d’âge. Cette sortie très précoce donne de bons résultats de crois-sance car la transition est facilitée et c’est une solution pour réaliser un vide sanitaire annuel en nurserie quand les vêlages sont étalés sur l’exploitation.

Le pâturage permet de limiter le coût d’élevage des génisses laitières

Et pourquoi pas des veaux dehors pour faire le vide sanitaire dans la nurserie pendant 2 mois ?

Printemps Eté

/génisse présente de 1ère année (9 mois) 10 à 15 13 à 18

/génisse présente de 2e année (18 mois) 20 à 30 25 à 36

Age des génisses Printemps Eté Automne

1ère année 0,5 à 1 kg 0,5 à 1 kg 0,5 à 1 kg

2e année 0 kg 0,5 à 1,5 kg 0,5 à 1 kg

Face aux prix actuels des intrants, maximiser le pâturage des génisses laitières est un des moyens de faire des économies, tout en assurant de bonnes croissance. Quelques recommandations permettent de concilier performances techniques et économiques.

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Le pâturage permet de limiter le coût d’élevage des génisses laitières

Sortir jeune, permet d’habituer les animaux à pâturer et permet de démarrer l’installa-tion progressive de l’immunité contre les strongles.

Penser à la complémentationL’herbe permet d’assurer de bonnes crois-sances à condition que le pâturage soit bien géré : pâturage au bon stade, complé-mentation et surface adaptée (tableau 1), notamment pour faire face à un manque d’herbe ou à l’augmentation des besoins des animaux devenus plus âgés au cours de la saison. Il est ainsi possible d’atteindre plus de 900 g/j au printemps et 750 g/j en été. Viser des hauteurs entrées de 10 à 14 cm entre mai et juillet puis 8 à 12 cm entre août et novembre, pour des hauteurs sorties de 5 cm. Attention, un pâturage trop ras en été favorise l’ingestion de strongles pulmonaires et digestifs. Cet hiver, la qualité des fourrages ou des recherches d’économie de complémenta-tion ont pu entraîner des croissances faibles (600 g/j voir moins), il convient donc de cher-

cher à profiter du phénomène de croissance compensatrice pour les génisses de plus d’un an (>1 000 g/j) pour rattraper le retard et ne pas retarder l’âge au vêlage et, donc, la période improductive : la vigilance sur la complémentation sera donc d’autant plus importante : même si elle a un coût, ce coût sera plus faible que celui des génisses vêlant à plus de 24 mois, ces dernières ayant une ingestion de fourrages élevée. Si la croissance de cet hiver a pu atteindre 800 g/j, le pâturage permettra de maintenir ce niveau de croissance. Plus que la valeur alimentaire, c’est le manque d’herbe qui peut nécessiter une complémentation en début de saison de pâturage, en été ou en fin de saison (tableau 2). Enfin, ne pas oublier les apports de sels, d’oligo-éléments et vitamines. Des impasses de moins de 2 mois sont possibles uniquement chez les génisses de plus d’un an. Un apport de 25 g de magnesie/génisse/jour prévient la tétanie tant que les conditions climatiques ne sont pas favorables. Un suivi des croissances avant la sortie et à la rentrée (pesées indivi-

duelles ou de lots, tour de poitrine) permet d’évaluer si les pratiques sont adaptées.

Guylaine Trou - Julien Françoispôle herbivores

D’après le guide "Réussir l’élevage des génisses laitières, de la naissance au vêlage", avril 2013.

E. Bignon

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TAMPON Mention Légale 3
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Pour parvenir à faire vêler ses génisses à 24 mois, Paul Lars soigne toutes les étapes de leur croissance. Petite revue de détail.

"80 à 90% des vaches vêlent d'août à octobre". Et, il y a plus de 20 ans que ça dure ! A l'époque, Paul Lars vient tout juste de se mettre en Gaec et les deux associés aspirent à partir chacun 15 jours en vacances durant l'été. "On a trouvé cette solution : avec seulement une trentaine de vaches à traire et pas de veaux à soigner, une personne seule peut s'occuper de l'élevage". Aujourd'hui, son associé a quitté le Gaec pour raisons de santé et Paul a embauché un salarié. Mais il entend bien poursuivre sur ce même schéma.

Un fourrage de qualitéQui dit vêlages groupés sur une seule période dit forcément vêlage des génisses à 24 mois, quand la moyenne des élevages au contrôle laitier se situe plutôt à 29 mois. "Mais cela ne nous a jamais vrai-ment posé problème". Pour leur assurer une bonne croissance, Paul met tous les atouts de son côté. Aussitôt après vêlage, les vaches sont traites, afi n que le veau ait suf-fi samment de colostrum. "Nous y passons beaucoup de temps : pen-dant que l'un trait, l'autre s'occupe des veaux. Il faut qu'ils sachent boire dès le 2e repas". Après la sai-son des vêlages, le bâtiment des veaux, 45 places, est vidé, lavé et désinfecté. Ce qui ne suffi t malheu-reusement pas à éviter tous les pro-blèmes de diarrhée en fi n de sai-son, quand le bâtiment est chargé. "Il faut alors être vigilant et avoir l'œil". L'éleveur vient d'ailleurs d'y

attaquer des travaux, pour que le bâtiment soit plus sec.Le lait distribué aux veaux est un mélange de lait impropre à la com-mercialisation, de poudre et d'eau chaude. "Nous faisons attention à la température de distribution". D'abord élevés en case individuelle, les veaux rejoignent rapidement des cases collectives de 5 ou 10 places. S'ils reçoivent deux repas par jour la première semaine, ils passent ensuite à un repas par jour et le concentré est rapidement mis à disposition, jusqu'à atteindre 2 kg/j au moment du sevrage, à 9 ou 10 semaines. "Ils disposent alors d'un bon enrubanné de RGA et trèfle", explique Paul Lars. Un fourrage de qualité qu'il met de côté pour ces animaux au moment de la récolte.

Viser 400 kgNées à la fi n de l'été, les génisses sortent au pâturage début mars, si le temps le permet. Pour une tran-sition alimentaire en douceur, elles reçoivent encore un peu d'ensilage d'herbe et, les premiers temps, ont accès au bâtiment. Le concentré, qui atteignait les 2,5 kg/j, va pro-gressivement descendre jusqu'à

début mai, où l'alimentation est exclusivement composée d'herbe et de minéraux. Là encore, les meilleures parcelles, à base de ray-grass et de trèfl e, leur seront réservées, les bœufs valorisant les prairies permanentes. En novembre, alors que vont com-mencer les inséminations artifi-cielles, les génisses ont à nouveau accès à l'étable et reçoivent un kilo de concentré et de l'ensilage d'herbe. "J'effectue une première pesée en septembre-octobre, indique Paul Lars. Et toutes les génisses de plus de 400 kg seront inséminées". Certaines d'entre elles, ayant eu une excellente crois-sance, vêleront donc à 22 mois, sans le moindre souci. "Un vêlage précoce donne des animaux qui vieillissent bien".Bien rôdé, ce système marche bien. "C'est vrai qu'on a pas mal de boulot en septembre-octobre, au moment des vêlages", reconnaît l'éleveur, qui regroupe génisses prêtes à vêler et vaches taries dans une parcelle à proximité de la salle de traite. "Mais c'est une période plus calme pour les cultures. Et, pour Noël, tous les veaux sont sevrés".Si ce système a d'abord été mis en place pour des questions d'or-ganisation du travail, il se révèle être aussi très économe. Ainsi, le coût alimentaire des génisses est estimé à 180 €, contre 402 € pour la moyenne des élevages au CER France Finistère. Et le coût du renouvellement se situe à – 4,8 €/1 000 l, (compte-tenu égale-ment d'une bonne valorisation des réformes et des ventes en élevage), contre 21,8 € en moyenne.

Chantal Pape

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Viser un vêlage à 24 mois

Paul Lars (à droite) et Benjamin Simon, son salarié, parmi le troupeau de génisses.

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