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BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 230 - JANVIER-FÉVRIER 2001 - RÉF. 4345 - PP. 57-65 57 Localisation des armatures des ouvrages d’art en béton armé ou précontraint par les techniques de radar Xavier DÉROBERT Ingénieur des Travaux publics de l’État Odile COFFEC Technicien supérieur Section Reconnaissance et géophysique Division Reconnaissance et mécanique des sols Laboratoire central des Ponts et Chaussées Centre de Nantes RÉSUMÉ Les progrès technologiques dans le domaine des radars d’auscultation des structures autorisent aujourd’hui des investigations performantes dans les ouvrages en béton. Après une présentation générale des matériels disponibles sur le marché, puis du principe du radar, l’article décrit les performances que l’on peut attendre d’un tel outil pour la localisation d’armatures en acier dans du béton : aciers passifs ou gaines de précontrainte. Dans une seconde partie, on présente une technique de cartographie utilisant des profils parallèles. Cette technique est évaluée à travers des mesures réalisées sur des dalles-test. Elle est conviviale et conduit à une bonne résolution spatiale pour la détection des armatures en acier dans le béton. MOTS CLÉS : 32 - 61 - Radar - Auscultation - Armature - Béton armé - Dalle - Essai - Mesure - Localisation - Ouvrage d’art (gén.) - Béton précontraint - Matériel - Acier - Cartographie. Introduction L’entretien des ouvrages d’art en béton passe par une bonne connaissance de la position des armatures en acier, qu’il s’agisse d’armatures passives ou de câbles de précontrainte. Les progrès accomplis depuis quelques années par la technolo- gie des radars géophysiques (GPR, « ground penetrating radar ») ont permis leur adaptation à l’auscultation des ouvrages d’art en béton armé ou précontraint. Nous disposons maintenant d’antennes de contact qui émettent (et détectent) des impulsions électromagnétiques à hautes fréquences (typiquement : 1,5 GHz de fréquence centrale). L’intérêt de telles antennes, en général blindées pour éviter les échos aériens parasites, est de permettre de détecter les arma- tures avec une excellente résolution spatiale. Avec les ancien- nes générations d’antennes, dont les fréquences étaient trop basses, on ne pouvait pas distinguer les diverses nappes de ferraillage dans les zones à forte densité d’acier. L’utilisation du radar géophysique, qui s’est développée vers la fin des années 1980, dans le domaine des structures de génie civil en béton (Daniels, 1996) permet l’auscultation rapide de zones importantes de structures. Sous le nom de radar géo- physique, radar de structure ou radar de chaussées, on retrouve le même système d’acquisition associé à des antennes qui sont dédiées à l’application. Pour ce qui concerne les structures en béton, on peut ainsi localiser des armatures passives, des gaines de précontraintes ou des hétérogénéités au sein du béton depuis une seule face d’accès. Les systèmes radars existant au début des années 1990 étaient limités à des antennes à fréquences centrales inférieures au gigahertz. Diverses études ont montré les faibles niveaux de détection obtenus avec ces radars dans des structures en béton armé ou précontraint (Parry et Davis, 1992) vis-à-vis des besoins des gestionnaires d’ouvrages. En effet, les longueurs d’onde des impulsions électromagnétiques se propageant dans

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    Localisation des armaturesdes ouvrages dart en bton arm ou prcontraint par les techniques de radar

    Xavier DROBERT

    Ingnieur des Travaux publics de ltat

    Odile COFFEC

    Technicien suprieurSection Reconnaissance et gophysique

    Division Reconnaissance et mcanique des solsLaboratoire central des Ponts et Chausses

    Centre de Nantes

    RSUM

    Les progrs technologiques dans le domaine desradars dauscultation des structures autorisentaujourdhui des investigations performantes dansles ouvrages en bton. Aprs une prsentationgnrale des matriels disponibles sur le march,puis du principe du radar, larticle dcrit lesperformances que lon peut attendre dun tel outilpour la localisation darmatures en acier dans dubton : aciers passifs ou gaines de prcontrainte.Dans une seconde partie, on prsente unetechnique de cartographie utilisant des profilsparallles. Cette technique est value traversdes mesures ralises sur des dalles-test. Elleest conviviale et conduit une bonne rsolutionspatiale pour la dtection des armatures en acierdans le bton.

    MOTS CLS :

    32 - 61 - Radar - Auscultation -Armature - Bton arm - Dalle - Essai - Mesure -Localisation - Ouvrage dart (gn.) - Btonprcontraint - Matriel - Acier - Cartographie.

    Introduction

    Lentretien des ouvrages dart en bton passe par une bonneconnaissance de la position des armatures en acier, quilsagisse darmatures passives ou de cbles de prcontrainte.Les progrs accomplis depuis quelques annes par la technolo-gie des radars gophysiques (GPR, ground penetratingradar ) ont permis leur adaptation lauscultation des ouvragesdart en bton arm ou prcontraint.Nous disposons maintenant dantennes de contact qui mettent(et dtectent) des impulsions lectromagntiques hautesfrquences (typiquement : 1,5 GHz de frquence centrale).Lintrt de telles antennes, en gnral blindes pour viter leschos ariens parasites, est de permettre de dtecter les arma-tures avec une excellente rsolution spatiale. Avec les ancien-nes gnrations dantennes, dont les frquences taient tropbasses, on ne pouvait pas distinguer les diverses nappes deferraillage dans les zones forte densit dacier.Lutilisation du radar gophysique, qui sest dveloppe vers lafin des annes 1980, dans le domaine des structures de gniecivil en bton (Daniels, 1996) permet lauscultation rapide dezones importantes de structures. Sous le nom de radar go-physique, radar de structure ou radar de chausses, on retrouvele mme systme dacquisition associ des antennes qui sontddies lapplication. Pour ce qui concerne les structures enbton, on peut ainsi localiser des armatures passives, des gainesde prcontraintes ou des htrognits au sein du bton depuisune seule face daccs.Les systmes radars existant au dbut des annes 1990 taientlimits des antennes frquences centrales infrieures augigahertz. Diverses tudes ont montr les faibles niveaux dedtection obtenus avec ces radars dans des structures en btonarm ou prcontraint (Parry et Davis, 1992) vis--vis desbesoins des gestionnaires douvrages. En effet, les longueursdonde des impulsions lectromagntiques se propageant dans

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    du bton restaient suprieures 10 cm, alors que lesgomtries des armatures imposent des distances quisont souvent de lordre de 3 5 cm entre les barresdaciers et la surface du bton, et des mailles deferraillages de lordre de 15 20 cm. Aussi, les arma-tures et gaines de prcontrainte ntaient dtectes defaon exhaustive que dans des cas simples o la densitdacier restait faible (Maierhofer et

    al

    ., 1995), en toutcas suprieure 20 cm.

    Il est alors apparu ncessaire de rduire la dure desimpulsions dmission de faon amliorer la rsolu-tion des signaux radars. Une des directions de recher-che sest concentre sur des techniques de traitementdu signal comme la dconvolution (Turner, 1994 ;Malagodi et

    al

    ., 1996) ou la migration (Fisher et

    al

    .,

    1992), ou des techniques dinversion (Maierhofer et

    al

    ., 1996), sans pour autant pouvoir atteindre toujoursdes prcisions acceptables. Une deuxime voie derecherche sest oriente vers lutilisation de techniquesdauscultation complmentaire, comme le pachomtrepar exemple (Flohrer et Poepel, 1996), permettant ainsides validations croises de chacune des mthodes.

    Enfin, une troisime voie sest focalise sur uneaugmentation des frquences employes. Diffrentsconstructeurs ont dvelopp du matriel radar portable,ainsi que des antennes de contact blindes, de dimen-sions rduites, et de frquence centrale suprieure augigahertz : 1,5 GHz pour la socit amricaine GSSI,1,2 GHz pour la socit canadienne Sensors&Softwareet depuis peu 1 GHz pour la socit sudoise MAL(fig. 1). Cet accroissement de la panoplie dantennes ducommerce, accompagn dune extension de la bandede frquences utilise par ces radars (de lordre de50 MHz 1-1,5 GHz), reste toutefois limit cause descomposants lectroniques employs dans la conceptiondes radars. En effet, laugmentation de leur spectrefrquentiel de fonctionnement, vers les hautes fr-quences, entrane des surcots souvent considrscomme exorbitants au regard des applications. Cestpourquoi certaines recherches sont menes en paralllesur la mise au point de radars saut de frquences(Kong et

    al

    ., 1998). Ce type de radar se diffrencie desradars actuels (qui mettent des impulsions dans ledomaine temporel) en ce sens quil travaille dans ledomaine frquentiel avec du matriel de laboratoire,avant de basculer dans le domaine temporel laidedune transforme de Fourier inverse. Les recherchesen cours sont prometteuses (la technique pouvanttravailler des frquences suprieures 10 GHz), maisnont pas encore abouti une mthode oprationnelle(Bungey, 1997).Les divers essais, prsents dans cet article, ont traliss avec une antenne du commerce proposant laplus haute frquence centrale (1,5 GHz de marqueGSSI) sur diffrentes dalles dessai en bton arm,ainsi que sur des poutres de bton prcontraint.Lobjectif des essais sur les dalles est de connatre leslimites de rsolution de lantenne vis--vis de recou-

    vrements horizontaux, ou verticaux, de lespacemententre barres daciers, suivant diffrents diamtres debarres. En ce qui concerne la dtection de gaines deprcontrainte, lobjectif premier reste la localisation decelles-ci au sein de leur environnement.

    Principe et matriels

    Le principe des techniques radars repose sur la trans-mission dune impulsion lectromagntique dans lastructure ausculte par lintermdiaire dune antenne.

    a. Radar SIR2000 de GSSI et antenne 1,5 GHz (source : MDS Le Matriel de sondage).

    b. Antenne 1 GHz de MAL (source : ABEM France).Fig. 1 - Exemples de matriels radars prsents

    sur le march du gnie civil.

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    Londe se propage, en sattnuant, et se trouve par-tiellement rflchie chaque interface rencontre.Lantenne rceptrice enregistre les diffrents chosrflchis jusqu la surface. La juxtaposition dessignaux temporels enregistrs lors du dplacement delantenne radar permet de construire une coupe-temps(dont lunit de temps est la nanoseconde), souventprsente avec une chelle de couleurs, ou de niveauxde gris, corrle aux amplitudes des signaux et quidonne des informations gomtriques sur la structureausculte.

    Lmission dune impulsion lectromagntique setraduit par la propagation simultane dondes sur unelarge bande de frquence. La longueur donde de cetteimpulsion correspond physiquement la frquencecentrale, o le maximum dnergie est rayonn. En pra-tique, lutilisateur radar ne sintresse qu la longueurdonde des impulsions, cest pourquoi les antennescommerciales sont proposes sous le nom de leurfrquence centrale, ainsi, pour le cas de lantenne GSSIde 1,5 GHz, la bande de frquence employe se situeautour de 400 MHz-3 GHz.

    Diffrents phnomnes interviennent dans la propaga-tion des ondes. Tout dabord, la vitesse de propagationdes ondes dpend de la constante dilectrique du milieuenvironnant. Plus un matriau est humide, plus lavitesse de propagation est lente ; cela peut influencer laprcision des mesures lorsquil existe un gradientdhumidit au sein de ce milieu (comme pour le bton,par exemple).Puis vient la profondeur dauscultation, qui dpend detrois facteurs : la conductivit du bton, qui est laprincipale cause de labsorption des ondes lectro-magntiques ; le choix de la frquence centrale, car laprofondeur dinvestigation dcrot lorsque la frquenceaugmente ; et enfin, la dynamique du radar, qui dter-mine le niveau du rapport signal/bruit minimal dtec-

    table, et que lon peut relier une profondeur limitedauscultation.

    Le principe dacquisition dune coupe-temps radar estprsent travers la ralisation dun profil sur unedalle-test en bton contenant des tubes PVC vides, dediamtre 8 cm, situs 5 et 8 cm de profondeur (fig. 2).Louverture du lobe de rayonnement de lantenne (quicaractrise la largeur du cne dans lequel se propage lemaximum de lnergie 3 dB prs), suprieure 60 degrs, est telle que les ondes peuvent se rflchirsur des htrognits qui se situent hors de laxe delantenne. Cela a pour consquence denregistrer deshyperboles, dans le plan (x-t), comme signaturedobjets ponctuels dans le plan (x-z).

    Les antennes utilises pour la localisation darmaturesdans du bton ont des dimensions restreintes et met-tent des impulsions dont la longueur donde dpendde la frquence centrale. Pour des frquences inf-rieures au gigahertz, les longueurs dondes dans lebton sont suprieures 12 cm, ce qui limite le niveaude rsolution de la localisation de ces armatures.La figure 3 montre linfluence de la frquence centralesur la rsolution de profils radars raliss sur un corpsdpreuve en bton contenant des tubes de PVC vides.La monte en frquence autorise une meilleure loca-lisation des tubes proches de la surface. La compa-raison des deux profils permet, de plus, de comprendrelintrt dtudier lutilisation dantennes frquencescentrales suprieures 3 GHz (Drobert et

    al

    ., 2000).On note toutefois une diminution sensible de laprofondeur dinvestigation avec la monte en fr-quence, o le troisime niveau infrieur (interfacebton-sol) 50 cm est dtect avec une antenne GSSIde 900 MHz, alors que le deuxime niveau ( 35 cm)reste dans le niveau de bruit avec lantenne GSSI de1,5 GHz.

    a. Principe de fonctionnement dune antenne radar. b. Signal temporel brut. c. Exemple de profil radar 1,5 GHz.

    Fig. 2

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    Localisation des gaines de prcontrainte

    La localisation des gaines de prcontrainte, par desmthodes non destructives, reste un sujet dimportancepour les gestionnaires douvrages dart, lorsquilssouhaitent raliser des auscultations gammagraphiquesou des ouvertures dans le bton. Quelques matrielscomme le Ferroscan, de la socit Hilti, peuvent appor-ter des solutions, mais leurs performances restentlimites vis--vis des profondeurs dinvestigation et ilspeuvent ne pas dtecter les gaines de manire exhaus-tive.

    Diffrents essais ont t raliss sur lme de poutresde bton prcontraint, dpaisseur 30 cm, laidedune antenne GSSI de 1,5 GHz. La figure 4a prsenteun profil radar enregistr avec quelques pr-traitements(filtres, amplification des signaux, etc.) retenus lors deltalonnage du matriel sur site.

    En interprtant le profil de la figure 4a suivant laxe destemps, on note tout dabord lcho de surface horizon-tal, ainsi quune premire srie dhyperboles prs de lasurface, se rptant tous les 20 cm, que lon peut inter-prter comme une nappe darmatures passives. Ondistingue ensuite une hyperbole lgrement plusimportante, isole dans la partie gauche, entre les deuxpremiers chos. Enfin, on retrouve de manire sym-trique une srie priodique dhyperboles correspondant la nappe infrieure daciers passifs, puis un chohorizontal, que lon peut assimiler la face oppose du

    bton. Lhyperbole centrale, par sa taille et sa position,correspond une gaine de prcontrainte recherche. Ce type de rsultat brut, obtenu en moins dune minuteune fois le matriel install, montre la potentialitdune telle technique dauscultation. En effet, onconstate que la profondeur dinvestigation de lantennedans un tel bton est bien suprieure 30 cm, que lesbarres daciers de la nappe suprieurs sont dtectablesde manire exhaustive, que la nappe infrieure estparfaitement localise et que, dans cet environnement,une gaine de prcontrainte se dtecte nettement. Il est noter que la profondeur dinvestigation radar dans dubton est trs sensible la teneur en eau, qui joue elle-mme un rle prpondrant sur lattnuation des ondeslectromagntiques dans le bton (Robert, 1998). Plusle bton est ancien et protg des intempries, plus ilest lectromagntiquement transparent et donc plus laprofondeur dinvestigation est importante.Divers traitements du signal peuvent tre utiliss pouramliorer le rapport signal/bruit, et ainsi nettoyerlimage. De plus, par la connaissance de lpaisseur dela poutre on peut dduire la vitesse des ondes lectro-magntiques, et ainsi appliquer une technique demigration sur le profil radar. Ce traitement transformeune coupe-temps (x-t) en une section verticale (x-z),tout en rabattant les bras des hyperboles (fig. 4b). Onpeut alors proposer une coupe gomtrique de lasection de poutre ausculte, dont la lisibilit est plusclaire pour les gestionnaires douvrages, ou directe-ment prsenter la coupe interprte (fig. 4c).

    a. Schma dune dalle test en bton contenant des tubes PVC. b. Profil radar ralis 1,5 GHz. c. Profil radar ralis 900 MHz.

    Fig. 3

    a)

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    Toutefois, les rsultats peuvent apparatre moinsclairement lorsque les armatures des diffrentes nappesse retrouvent superposes et donc masques vis--visdes ondes lectromagntiques. La relative importancedu diamtre des gaines au regard de celui des acierspassifs rend leur dtection sre (fig. 5). En revanche, ladtection des barres daciers de la nappe infrieure estbeaucoup plus dlicate, avec trois localisations daciersincertaines dans cet exemple.

    Localisation darmatures en bton arm

    Dalles exprimentales

    Sept dalles de bton arm, servant de corps dpreuvepour des mesures exprimentales de mthodes decontrle non destructif, sont gres par le LaboratoireRgional des Ponts et Chausses (LRPC) dAngers. Laplupart ont pour dimensions 1 m

    1m

    0,1 m, et pr-

    a. Profil radar brut. b. Profil radar trait. c. Implantation des armatures dans la poutre.

    Fig. 4 - me de poutre en bton prcontraint, ausculte 1,5 GHz (Source LRPC dAutun).

    a. Profil radar brut. b. Profil radar trait. c. Implantation des armatures dans la poutre. Les ronds blancs correspondent une localisation incertaine de lacier.

    Fig. 5 - me de poutre en bton prcontraint, ausculte 1,5 GHz (Source LRPC dAutun).

    c)

    a) b)

    c)

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    sentent diffrentes configurations de barres daciers dediamtres 10 et 30 mm : prsence/absence, recouvre-ment vertical, recouvrement horizontal, profondeurvariable, discrimination latrale (fig. 6).

    Diffrents matriels, comme le Profometer3 de lasocit PROCEQ ou le Ferroscan, ont dj t testssur ces dalles afin de mieux connatre leurs perfor-mances. Les conclusions peuvent se rsumer desmesures quasi exactes, de diamtre et de couverture,pour les aciers principaux les plus proches de la sur-face, dans le cas simple dune seule nappe o lacierauscult est isol. Cependant, le principe des profo-mtres donne une information volumique qui peutsavrer incorrecte lorsque lon se trouve en prsencede deux armatures accoles dans le cadre dun recou-vrement.

    Cartographie radar

    Pour pouvoir prsenter la cartographie dune zoneausculte laide dun radar, le LCPC a dvelopp unlogiciel convivial avec le langage Visual Basic, dont laprsentation sous forme de boutons poussoirs auto-rise une utilisation facile aux gophysiciens ou sp-cialistes dvaluation non destructive (END). Laus-cultation de la zone concerne est ralise parlintermdiaire de profils radars parallles, enregistrs laide dune roue codeuse pour un bon positionne-ment longitudinal. Le principe de construction de lacartographie est de calculer, pour chaque signal radar,une valeur proportionnelle lnergie lectromagn-tique rtro-diffuse une profondeur donne, au seindune tranche de structure (Camerlynck et

    al.

    , 1996).On peut ainsi prsenter une information (une pseudo-nergie rtro-diffuse) en fonction de la position spa-tiale de lantenne.

    La figure 7 montre, dans le cas de la dalle exprimen-tale sintressant au recouvrement horizontal (fig. 6a),la fentre de calcul qui intgre les diffrents cartouchesdans lesquels sont implants les paramtres ncessairesaux calculs, ainsi quun exemple de profil radar avanttraitement.

    Le rsultat est enregistr sous un format standard ascii,visualisable avec ce logiciel comme avec tout logicielde cartographie (SCILAB par exemple, mis dispo-sition gracieusement sur internet par lINRIA Institutnational de recherche en informatique et en automa-tique). Cet outil informatique se veut pratique, enrpondant un besoin, et est utilis actuellement ausein des Laboratoires des Ponts et Chausses.

    Rsultats

    La cartographie prsente sur la figure 7 correspond la dalle ddie au recouvrement horizontal des arma-tures (schma de la figure 6a). Les profils radars brutsne permettent pas de dtecter la prsence de deuxbarres daciers accoles. Les longueurs dondes deplusieurs centimtres des impulsions lectromagn-tiques ne permettent pas de distinguer les armaturesentre elles. On atteint ainsi les limites de dtectiondhtrognits sur des coupes-temps. Il est toutefoispossible de dtecter un dcrochement latral des arma-tures grce un positionnement prcis du dbut dechaque profil. Celles-ci sont alors localises des abs-cisses diffrentes.

    Le calcul de lnergie lectromagntique rtro-diffusencessaire la construction de la carte de la dalle variesuivant la prsence dune ou de plusieurs armatures.Cela est d au changement de la surface qui est exposeaux rayonnements lectromagntiques (Surface Equi-valente Radar, SER) ; lnergie diffracte vers lantennerceptrice est directement proportionnelle cette sur-face. Ainsi, la cartographie permet de visualiser lesvariations dnergies entre les diffrents profils radars.

    Fig. 6 - Description des dalles dessais en bton arm.

    Fig. 7 - Prsentation du logiciel de cartographie radar dvelopp au LCPC. Application : le recouvrement latral. Cartographie

    radar ralise dans une tranche de bton superficielle.

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    Le rsultat est spectaculaire sur les armatures

    f

    30(partie gauche de la cartographie, fig. 7) alors quil estbeaucoup moins net pour les armatures

    f

    10, puisqueleur SER est plus faible. Le recouvrement horizontalest ainsi parfaitement localis.

    La figure 8 sintresse la localisation du recouvre-ment vertical des aciers (schma de la figure 6b). Lacartographie a t construite de faon intgrer leschos provenant dune tranche de bton, en surface,dpaisseur 7-8 cm. Dans la partie infrieure gauche delimage, on note trs clairement larrt de larmature

    f

    30 suprieure. Cette limite de recouvrement estgalement dtecte pour les armatures

    f

    10.

    Il faut toutefois noter que lpaisseur de bton retenuepour la cartographie a t choisie de faon pouvoirintgrer principalement lnergie des chos provenantdes armatures suprieures, au dtriment des chosprovenant de cibles plus profondes. On sattend donc obtenir des valeurs dnergies plus importantes au droitde celles-ci.

    Il est alors surprenant de constater que ce phnomneest invers pour les armatures

    f

    10 : la barre dacierinfrieure diffracte plus dnergie que son vis--vissuprieur (partie infrieure droite de la cartographie).Cela est d au fait que les aciers sont proches de la

    surface et que les chos radars issus des barres dacierssadditionnent ceux provenant de linterface air-bton. Pour larmature

    f

    10, avec un recouvrement de4 cm, ces chos doivent se retrouver en phase, et ilstablit alors une sommation positive de lnergie.Pour larmature

    f

    10 suprieure, un dphasage plusimportant entrane une annulation partielle apparentede lamplitude des signaux rsultant de la somme deces chos.Un exemple de profil brut est prsent sur la figure 8.On peut noter que la localisation des aciers est possible,avec toutefois une prcision de lordre du centimtre. Ilest alors assez difficile de pointer avec exactitude, surles profils, un dcrochement en profondeur des arma-tures de faibles diamtres.Le dernier exemple prsent sur la figure 9 porte sur larsolution latrale du radar 1,5 GHz. Lobjectif est deconnatre partir de quel espacement entre armatures leradar peut les dissocier (sur les profils ou sur la carto-graphie). Les profils bruts voient deux hyperboles se rapprocherlorsque les profils horizontaux se dcalent vers le basde la dalle (fig. 6c). Le dernier profil permettant devisualiser deux armatures correspond un dcalage de4,7 cm daxe axe pour des longueurs donde de5,6 cm. Le suivant, correspondant un dcalage de3,6 cm, ne laisse voir quune htrognit, mmeaprs des traitements classiques de donnes radars(technique de migration en particulier).En ne tenant compte que de lespacement entrearmatures, cest--dire en dduisant le diamtre desbarres daciers, on obtient lquivalent de la demi-longueur donde comme limite de discrimination.Pour ce qui concerne linterprtation de la cartogra-phie, lvolution de la largeur de lhtrognit verti-cale dtecte apparat au profil correspondant unespacement de 1,6 cm entre aciers, soit au tiers de lalongueur donde.On constate donc que la technique de cartographieradar permet de visualiser avec plus de prcision et deconvivialit les aciers dans le bton que les profilsradars bruts ou traits.

    Conclusion

    Lobjet de cet article est de prsenter aux gestionnairesdouvrages les performances et les limites de latechnique radar applique aux ouvrages en bton. Cettetechnique dauscultation, non destructive et grandrendement, permet de localiser des armatures passiveset des gaines de prcontrainte dans les trente premierscentimtres de bton. Les longueurs dondes utilisesnautorisent toutefois pas dissocier des armaturesaccoles. De plus, en prsence dune trs forte densitdaciers (mailles darmatures infrieures 8-10 cm),les profils radars sont rapidement bruits et difficile-ment interprtables. Dans ce contexte, on ne peutesprer distinguer que la premire nappe darmatures.

    a. Profil radar (1,5 GHz). b. Cartographie radar ralise dans une tranche de bton superficielle.

    Fig. 8 - Application : le recouvrement vertical.

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    La deuxime partie porte sur la mise en forme desprofils radars en cartographie. Ce procd prsentelavantage dtre plus lisible pour les spcialistesdEND et gestionnaires ouvrages dart, non familiersavec des images radars, dune part, et de prsenter de

    meilleures rsolution et discrimination, dautre part.Nanmoins, il faut garder lesprit que linterprtationde donnes radars reste dlicate et ncessite lavis dunspcialiste radar.

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    Remerciements. Les auteurs tiennent remercier les Laboratoires Rgionaux des Ponts etChausses dAutun et dAngers pour laide amicale et technique quils leur ont apporte : legroupe Structures de chausses dAutun pour la ralisation de certains profils radars, et legroupe Ouvrages dart dAngers pour la mise disposition des corps dpreuve et les conseilstechniques.

    RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

    a. Profils radar (1,5 GHz). b. Cartographie radar ralise dans une tranche de bton superficielle.Fig. 9 - Application : la rsolution latrale.

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    ABSTRACTUse of radar techniques for positioning reinforcing steel in reinforced or prestressed concrete structuresX. DROBERT, O. COFFEC Technical advances in the use of radars for the non-destructive testing of structures mean that effective investigations ofconcrete structures are now possible. After a general description of the equipment on the market and the operating principleof the radar, the paper describes the performance that can be expected from a tool of this type with regard to positioningsteel reinforcement in concrete, whether passive reinforcement or within prestressing ducts.The paper then describes a mapping technique that uses parallel profile sections. This technique is then evaluated withreference to measurements conducted on test slabs. It is user-friendly and provides good spatial resolution.