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Le monde vu par l’Institut Amadeus N° 9 - 31 Janvier 2013 Géopolik N° 9 instutamadeus.com Edito Par Brahim FASSI-FIHRI Président fondateur de l‘Instut Amadeus Mercosur, entre coopéra- on et conflictualité. Le Mercosur, 3ème marché commun au monde est non seulement un terrain de coopération très avancé mais surtout un grand noeud politique p. 02-03 Obama’s last challenge Une lecture depuis l’Université de Princeton sur les options du Président Obama concer- nant la question palestinienne et les élections en Israël p.04-05 Le Ghana, l’ascension continue Retour sur le formidable exemple du Ghana qui, aux côtés du Sénégal, représente une bien belle leçon de démocratie p.08 Géo politik L’année 2013 commence bien pour l’Instut Amadeus ! En effet, le think tank qui fêtera en juin prochain ses 5 ans d’existence, a été classé, par le 2012 Global Go-To Think Tank Ran- kings de l’Université de Pennsylvanie, considéré comme le classement de références des think tanks, à la 18ème posion dans la région MENA (Tur- quie, Israël et Iran inclus). 28ème lors de l’exercice précédent, ce bond de 10 places en un an, confirme toute la pernence des travaux et des événe- ments de l’Instut Amadeus. Loin de vouloir compter sur nos ac- quis et movés par l’impact, toujours croissant, de nos acvités sur le débat public, l’Instut Amadeus lance à la fin du premier trimestre une conférence dédiée à la croissance en ces temps de crise économique globale. La « Global Growth Conference 2013 » aura lieu à Marrakech les 22 et 23 mars pro- chains. Dans un monde de plus en plus complexe et interdépendant, la GGC vise à smuler la réflexion parmi les décideurs publics et privés sur les moyens d’une croissance durable et partagée. Par ailleurs, les premiers jours de cee nouvelle année ont été marqués par l’intervenon française au Mali. Ren- due légime par la résoluon 2085 du Conseil de Sécurité de l’ONU, votée sous Présidence marocaine le 20 dé- cembre dernier à New York, et la mise en place de la Mission Internaonale de Souen au Mali (MISMA), elle était aendue par les observateurs et ré- clamée par le gouvernement malien. Prévue inialement pour le deuxième trimestre de l’année 2013, elle a été accélérée par la prise de la ville Konna au centre du Mali par 1200 combat- tants islamistes. Sa nécessité est incontestable, puisque cee intervenon a trois ob- jecfs stratégiques : mere à mal les différents groupes islamistes, sécu- riser la ville de Bamako et préserver l’intégrité territoriale du pays. Autre- ment dit la vocaon de cee opéra- on est d’éviter l’installaon au Mali d’un Etat narcoterroriste dans une zone très largement explosive de- puis l’émergence d’AQMI, qui a été très largement renforcée par l’appel d’air créé par la chute de Kadhafi et la guerre civile en Lybie. Cet ennemi, non convenonnel, aux mulples visages qui regroupe au moins quatre entés terroristes telles qu’AQMI, Ansar Dine, Mujao et les séparastes du MNLA, est capable d’intervenir simultanément au Mali, au Niger, en Algérie, en Lybie voire au Nord du Nigéria via la secte Bokko Haram. Les évènements de la raffinerie BP à Ain Amenas, cinq jours seulement après le début de l’opéraon française au Mali, ont démontré toutes les dif- ficultés qu’aura la coalion à luer contre un ennemi très mobile, dont le modus operandi et la palee d’acons reste très vaste. Les prises d’otages, les acons de guérilla urbaine dans les villes du Nord-Mali, la guerre de tran- chés dans le désert et les risques d’at- tentats accrus dans toute la région, font désormais pare du quodien dans le Sahel. Trois semaines après le déclenche- ment de l’opéraon Serval, les forces franco-maliennes ont repris les villes de Konna, Mop, Gao, Diabali, Sévaré et la cité symbole de Tombouctou, réussissant à repousser considéra- blement la zone d’affrontement vers le Nord. Ces résultats probants, qui confirment toute l’importance stra- tégique de l’intervenon au Mali ar- rivent à point nommé pour la France. Les forces des pays membres de la CEDEAO se meant en place au Mali pour reprendre le contrôle de l’armée française. Le bilan de l’intervenon française est pour le moment posif puisque les premiers objecfs de la mission SER- VAL sont aeints, mais il est essenel pour l’ancienne puissance coloniale, de redéfinir son implicaon au Mali. Sur le plan stratégique, la France doit pouvoir accompagner, en restant pré- sente sur le terrain, les forces de la CEDEAO dans la stabilisaon du pays et dans la lue an-terroriste au Nord. Même si AQMI a été fragilisée par les forces françaises et par l’expérience d’Ain Amenas, les terroristes restent une force de nuisance importante et volale, abandonnant le terrain mi- litaire, pour revenir à des acons de harcèlement ponctuelles. Sur le plan polique et instuon- nel, la France doit pouvoir compter sur son crédit auprès des populaons maliennes, pour appuyer les enjeux fondamentaux tels que la transion démocraque, la restauraon de l’Etat de droit et la dépolisaon de l’armée. La France sera également at- tendue dans sa contribuon à la réso- luon de l’épineux problème Touareg. Mer de Chine méridionale Appétit chinois et velléités asiatiques P-06

Géopolitik - Institut AMADEUS...N 9 - 31 Janvier 2013 Le monde vu par l’Institut Amadeus Géopolitik N 9 institutamadeus.com Edito Par Brahim FASSI-FIHRI Président fondateur de

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  • Le monde vu par l ’ I ns t i tu t AmadeusN° 9

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    Géopolitik N° 9 institutamadeus.com

    EditoPar Brahim FASSI-FIHRIPrésident fondateur de l‘Institut Amadeus

    Mercosur, entre coopéra-tion et conflictualité.Le Mercosur, 3ème marché commun au monde est non seulement un terrain de coopération très avancé mais surtout un grand noeud politique p. 02-03

    Obama’s last challenge

    Une lecture depuis l’Université de Princeton sur les options du Président Obama concer-nant la question palestinienne et les élections en Israël p.04-05

    Le Ghana, l’ascension continue

    Retour sur le formidable exemple du Ghana qui, aux côtés du Sénégal, représente une bien belle leçon de démocratie p.08

    Géopolitik

    L’année 2013 commence bien pour l’Institut Amadeus ! En effet, le think tank qui fêtera en juin prochain ses 5 ans d’existence, a été classé, par le 2012 Global Go-To Think Tank Ran-kings de l’Université de Pennsylvanie, considéré comme le classement de références des think tanks, à la 18ème position dans la région MENA (Tur-quie, Israël et Iran inclus). 28ème lors de l’exercice précédent, ce bond de 10 places en un an, confirme toute la pertinence des travaux et des événe-ments de l’Institut Amadeus.

    Loin de vouloir compter sur nos ac-quis et motivés par l’impact, toujours croissant, de nos activités sur le débat public, l’Institut Amadeus lance à la fin du premier trimestre une conférence dédiée à la croissance en ces temps de crise économique globale. La « Global Growth Conference 2013 » aura lieu à Marrakech les 22 et 23 mars pro-chains. Dans un monde de plus en plus complexe et interdépendant, la GGC vise à stimuler la réflexion parmi les décideurs publics et privés sur les moyens d’une croissance durable et partagée.

    Par ailleurs, les premiers jours de cette nouvelle année ont été marqués par l’intervention française au Mali. Ren-due légitime par la résolution 2085 du Conseil de Sécurité de l’ONU, votée sous Présidence marocaine le 20 dé-cembre dernier à New York, et la mise en place de la Mission Internationale de Soutien au Mali (MISMA), elle était attendue par les observateurs et ré-clamée par le gouvernement malien. Prévue initialement pour le deuxième trimestre de l’année 2013, elle a été accélérée par la prise de la ville Konna au centre du Mali par 1200 combat-tants islamistes.

    Sa nécessité est incontestable, puisque cette intervention a trois ob-jectifs stratégiques : mettre à mal les différents groupes islamistes, sécu-riser la ville de Bamako et préserver l’intégrité territoriale du pays. Autre-ment dit la vocation de cette opéra-

    tion est d’éviter l’installation au Mali d’un Etat narcoterroriste dans une zone très largement explosive de-puis l’émergence d’AQMI, qui a été très largement renforcée par l’appel d’air créé par la chute de Kadhafi et la guerre civile en Lybie.

    Cet ennemi, non conventionnel, aux multiples visages qui regroupe au moins quatre entités terroristes telles qu’AQMI, Ansar Dine, Mujao et les séparatistes du MNLA, est capable d’intervenir simultanément au Mali, au Niger, en Algérie, en Lybie voire au Nord du Nigéria via la secte Bokko Haram.

    Les évènements de la raffinerie BP à Ain Amenas, cinq jours seulement après le début de l’opération française au Mali, ont démontré toutes les dif-ficultés qu’aura la coalition à lutter contre un ennemi très mobile, dont le modus operandi et la palette d’actions reste très vaste. Les prises d’otages,

    les actions de guérilla urbaine dans les villes du Nord-Mali, la guerre de tran-chés dans le désert et les risques d’at-tentats accrus dans toute la région, font désormais partie du quotidien dans le Sahel.

    Trois semaines après le déclenche-ment de l’opération Serval, les forces franco-maliennes ont repris les villes de Konna, Mopti, Gao, Diabali, Sévaré et la cité symbole de Tombouctou, réussissant à repousser considéra-blement la zone d’affrontement vers le Nord. Ces résultats probants, qui confirment toute l’importance stra-tégique de l’intervention au Mali ar-rivent à point nommé pour la France. Les forces des pays membres de la CEDEAO se mettant en place au Mali pour reprendre le contrôle de l’armée française.

    Le bilan de l’intervention française est pour le moment positif puisque les premiers objectifs de la mission SER-

    VAL sont atteints, mais il est essentiel pour l’ancienne puissance coloniale, de redéfinir son implication au Mali. Sur le plan stratégique, la France doit pouvoir accompagner, en restant pré-sente sur le terrain, les forces de la CEDEAO dans la stabilisation du pays et dans la lutte anti-terroriste au Nord. Même si AQMI a été fragilisée par les forces françaises et par l’expérience d’Ain Amenas, les terroristes restent une force de nuisance importante et volatile, abandonnant le terrain mi-litaire, pour revenir à des actions de harcèlement ponctuelles.

    Sur le plan politique et institution-nel, la France doit pouvoir compter sur son crédit auprès des populations maliennes, pour appuyer les enjeux fondamentaux tels que la transition démocratique, la restauration de l’Etat de droit et la dépolitisation de l’armée. La France sera également at-tendue dans sa contribution à la réso-lution de l’épineux problème Touareg.

    Mer de Chine méridionaleAppétit chinois et velléités asiatiquesP-06

  • Entre coopération et conflictualitéM E R C O S U R

    Par Soraya Oulad Benchiba

    2 N°9Jeudi 31 Janvier 2013 Economie & Développement

    Géopolitik N° 9 institutamadeus.com

    Avec l’arrivée des premiers gouverne-ments civils en 1983 et 1985, respective-ment en Argentine et au Brésil, les pre-mières bases d’une coopération pérenne et l’accélération du rythme de l’intégra-tion de la région Sud-américaine ont pu voir le jour. La rencontre, en 1985, entre les présidents argentin et brésilien aura été décisive dans le développement de la coopération entamée mais inachevée des gouvernements antérieurs et le début d’une relation d’interdépendance écono-mique. A partir de la moitié des années 80, avec le projet de marché unique eu-ropéen en 1985 comme exemple probant, les promesses de l’intégration régionale pour répondre aux crises globales, se sont fait ressentir jusqu’en Amérique Latine.

    Les jeunes démocraties brésilienne et ar-gentine avaient, à l’époque, vite saisi les opportunités détenues par une coopéra-tion économique approfondie pour sceller la fin de leurs rivalités historiques. Avec le marché commun du Sud, dit Mercosur, présenté comme un projet d’association économique, déterminant pour surmon-ter les agendas nationalistes, vaincre la méfiance réciproque et concilier les in-térêts divergents au sein de la région, l’Amérique Latine s’est alors dotée du bloc régional économique le plus progressiste du monde en voie de développement. Institué en 1991 par le traité d’Asunción entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, le Mercosur promettait la libre circulation des biens, des services et des facteurs de production et s’engageait à promouvoir l’établissement d’un tarif ex-térieur commun, la coordination des po-litiques macroéconomiques et sectorielles et l’harmonisation des législations des Etats membres.

    Le modèle d’intégration régionale du Mercosur a très vite montré sa dimension politique. L’intégration régionale devait surtout servir à protéger les régimes dé-mocratiques qui ont émergé dans le cône Sud-américain à la fin des années 80 ; une grande première pour le sous-continent où aucun des accords régionaux établis auparavant ne s’étaient prononcés sur la nature que devait prendre le régime po-litique des Etats adhérant à un groupe. La chute des régimes militaires et l’accession au pouvoir de gouvernements civils ont engagés les pays sud-américains dans des schémas d’intégration régionale répon-dant aux critères de la démocratie repré-sentative. L’engagement du Mercosur en tant que garant de la démocratie dans la région a pu être estimé à sa juste mesure notamment lors de la tentative de coup d’Etat au Paraguay en 1996. Face à la crise politique qui a agité le pays -- et craignant l’effet domino -- les trois autres membres du Mercosur ont très vite réagi en exer-

    çant, au nom du Mercosur, des pressions diplomatiques de grande ampleur et en menaçant de sanctions économiques et d’expulsion du bloc régional. Ajoutées aux pressions exercées de l’extérieur par les Etats-Unis et l’Union Européenne, l’annu-lation du coup d’Etat a été immédiate. La gestion et la résolution de la crise consti-tutionnelle au Paraguay par le Mercosur ont confirmé les capacités de l’intégra-tion régionale à maintenir la sécurité en mettant fin aux menaces persistantes de coups militaires dans l’ensemble de la ré-gion.

    Quand les partenaires ne jouent plus le jeu

    Le processus d’intégration sud-américain n’est pas dépourvu de fragilités. Jusqu’à la fin des années 90, le Mercosur était consi-déré comme le projet d’intégration régio-nale le plus abouti dans le monde en dé-veloppement. L’engagement du Mercosur en faveur de la libéralisation réciproque des échanges commerciaux ainsi que l’éli-mination des barrières commerciales a permis au bloc d’enregistrer des hausses spectaculaires en matières d’échanges interrégionaux. Mais les difficultés écono-miques fin 90-début 2000 ont démontré la vulnérabilité du bloc face aux chocs in-ternes avec la crise en Argentine en 1998 et la dévaluation monétaire du Brésil en 1999. Les chocs externes, et notamment la crise mexicaine en 1994, la crise asia-tique en 1997, la crise russe en 1998, ont accru la volatilité des variables macroéco-nomiques des pays du bloc et baissé les flux d’investissements directs étrangers. Loin d’être un phénomène figé, le régio-nalisme est plus un processus dynamique qui évolue dans le temps et qui se trouve en constante construction comme l’at-teste l’expérience sud-américaine. Cette dernière démontre surtout que l’intégra-tion régionale est définie par les pays qui la composent dans la mesure où la dé-fense des intérêts personnels de chacun s’est bien souvent faite au détriment des engagements communautaires. En effet, contrairement au modèle européen qui érige le respect du droit communautaire en règle première de l’intégration, le Mer-cosur est un groupement reposant sur une armature institutionnelle de type inter- étatique où les positions communes de-meurent à la merci des intérêts nationaux. Les Etats membres du Mercosur s’écartent à leur guise des règles communes, notam-ment, en période de conjoncture difficile. La crédibilité de l’union douanière a ainsi souvent été mise à mal par les multiples dérogations visant à protéger les intérêts des pays membres dans certains secteurs (par exemple, sucre ou automobile). Cet état de fait a souvent occasionné d’âpres différends commerciaux inter-régionaux,

    poussant parfois les Etats-membres à s’in-terroger sur la légitimité de l’Union.

    Par ailleurs, les conflits entre Etats membres du Mercosur, ont pendant long-temps –et jusqu’à présent – été résolus au plus haut niveau politique, c’est-à-dire à travers l’intervention directe des prési-dents des pays, ce qui a politisé le moindre différend inter-régional et attisé plus en-core les tensions. Dans bien des cas, les plaintes ont été portées devant l’Organisa-tion Mondiale du Commerce, faute d’ins-titution régionale. Ce n’est qu’en 2002, grâce au Protocole d’Olivos, qu’un organe de règlement des différends, le Tribunal permanent de résolution des différends pour le Mercosur, a été mis en place pour faire en sorte que les conflits inter éta-tiques soient réglés par des instances judi-ciaires et par des considérations juridiques et non plus politiques. Malgré cela, une clause stipulant que les pays signataires –les membres du Mercosur – ont le droit dans certains cas et lorsqu’ils le jugent né-cessaire, de saisir un autre mécanisme de règlement des différends tels que l’OMC a vite fait de décrédibiliser l’institution nou-vellement crée.

    La vision stratégique de Brasilia

    Les asymétries économiques entre les membres du bloc constituent une des fai-blesses du bloc dans la mesure où il s’est avéré périlleux de maintenir une harmo-nie politique entre des pays économique-ment inégaux. Avant l’entrée du Venezue-la, l’Uruguay et le Paraguay marchaient aux côtés de deux géants, le Brésil et l’Ar-gentine. Les déséquilibres économiques conjugués à la mise en avant d’agendas nationaux n’ont que davantage menacés la cohabitation au sein du Mercosur. Avec ses proportions continentales, le Brésil couvrait à la création du Mercosur, à lui seul, près de 60% du PIB du Mercosur, 70% du territoire et 80% de la population du bloc. Certaines entités fédérées tel que l’Etat de Sao Paulo étaient alors dé-mographiquement et économiquement plus puissants que l’Uruguay et le Para-guay réunis. Pour beaucoup d’analystes, le Mercosur prenait alors une place toute re-lative dans l’économie du géant brésilien. Et à l’inverse de ses partenaires, le Brésil s’engageait dans l’aventure régionale avec une vision stratégique du Mercosur par-ticulière et personnelle. Le Brésil a en ef-fet très tôt défendu avec vigueur l’option d’un élargissement du Mercosur quand ses partenaires étaient plutôt favorables à un approfondissement de celui-ci. Brasilia était aussi favorable à la mise en place, en 2008, de l’Union des Nations Sud-Améri-caines (UNASUR) regroupant le Mercosur, la Communauté andine, le Chili, le Su-riname et la Guyane et la création de la

    Communauté des Etats latino-américains et caribéens. En réalité, les politiques et industriels brésiliens voyaient dans un Mercosur élargi au reste du sous-conti-nent une manière de mieux préserver les intérêts matériels du Brésil. Et pour ce dernier, le projet d’intégration régionale sud-américain était davantage un levier pour mieux affronter l’influence et la concurrence des Etats-Unis et déterminer la politique étrangère brésilienne qui a fait du Cône Sud, sa chasse gardée. Toutefois, l’ambition de Brasilia de construire un es-pace stratégique régional dont il tiendrait le leadership s’est avéré incompatible avec le projet d’approfondissement du Merco-sur et a contribué à attiser les tensions avec les autres membres, notamment l’Uruguay et le Paraguay. Enclavés par les géants brésilien et argentin, les deux pays ont souvent accusés leurs partenaires de les tenir à l’écart de certaines discussions et de ne pas tenir compte des asymétries économiques dont elles sont victimes. Les doutes sur le bien-fondé du Mercosur pour son intérêt ont conduit l’Uruguay à accepter les propositions d’accords de libre-échange proposées par les Etats-Unis.

    Par ailleurs, malgré des débuts promet-teurs en ce sens, les différends persistants entre le Brésil et l’Argentine ont égale-ment contribué à ralentir la dynamique économique du Mercosur. Les deux pays ont entravé à plusieurs reprises le prin-cipe du libre-échange afin de « protéger » leur économie des crises qui ont agité le continent. Pendant un certain temps, Bra-silia avait même limité les importations de véhicules de l’étranger offrant des primes à tout investisseur qui s’implante dans le pays. Buenos Aires, de son côté, n’a cessé d’alourdir les procédures bureaucratiques, de faire appel à des mesures antidumping assorties de quotas d’importation pour freiner les exportations brésiliennes. Et pour protéger son excédent commercial, Buenos Aires a préféré bloquer et retar-der les imports provenant des autres Etats membres du Mercosur ce à quoi, Brasilia a répliqué par l’imposition de barrières tari-faires aux importations provenant de son partenaire.

    Le Mercosur prend le virage à gauche

    Alors que la volonté d’intégration aurait pu conduire à des réactions coordonnées, les réactions des pays du Mercosur ont été très différentes, allant jusqu’à remettre en cause le processus d’intégration. C’est ainsi que, tandis qu’on s’attendait à plus d’ouverture pour renforcer les échanges commerciaux au sein du Mercosur, mais également avec les pays voisins, c’est un nationalisme grandissant qui a émergé à travers le continent, notamment en

  • 3N°9Jeudi 31 Janvier 2013Economie & Développement

    Géopolitik N° 9 institutamadeus.com

    Equateur, en Bolivie, en Argentine et au Brésil. Des élans de protectionnisme ont émergé de parts et d’autres du bloc frei-nant les échanges commerciaux, notam-ment entre Brasilia et Buenos Aires avec l’arrivée au pouvoir de gouvernements de gauche. Le nationalisme économique conjugué au radicalisme politique de cette dernière décennie a occasionné d’inces-sants conflits inter-régionaux et entravé la consolidation de l’intégration régionale dans le sous-continent.

    La réluctance des pays du Mercosur à cé-der une part de leur souveraineté à une autorité supranationale a entravé la mise en place d’une politique étrangère com-mune et renforcer l’intégration ; chaque pays souhaitant manœuvrer le processus à sa guise. C’est donc un repli qui a pu être observé, non seulement à l’échelle des pays du bloc mais également à l’échelle régionale où une baisse du commerce in-ternational a également pu être notée. Il est intéressant de noter à cet effet que, à l’exception de l’Amérique du Sud, les seuls accords commerciaux conclus par le bloc durant la dernière décennie étaient avec l’Israël et l’autorité Palestinienne. Les négociations avec l’Union Européenne

    entamées en 1999 ont mis beaucoup de temps à prendre forme. Enfin, bien que le commerce intra Mercosur n’ait cessé d’augmenter en termes absolus, il repré-sente désormais une plus petite part des exports totaux de chaque pays membre à son pic en 1997.

    Un nouvel acteur en jeu, une nou-velle vision

    Les défis auxquels le Mercosur est au-jourd’hui confronté – et qui pourraient conduire le groupement régional à sa perte -- trouvent leurs origines dans les rivalités politiques qui menacent les ef-forts économiques entrepris et désta-bilise les fondements du groupement régional. Sans cohésion politique, toute aspiration économique dans le cadre d’un groupement régional est vouée à l’échec. Le meeting de Mendoza en Argentine, le 29 Janvier 2012, qui s’est soldé par la suspension du Paraguay pendant une an-née, suite à la destitution du président Fernando Lugo, a démontré l’instabilité de l’union. Profitant de la suspension du Paraguay, les trois Etats membres du Mer-cosur ont approuvé par un vote l’adhésion du Venezuela au sein du bloc, qui jusque-

    là se heurtait au refus du Parlement pa-raguayen. Une décision décriée par le Paraguay car non conforme aux règles du Mercosur qui stipulent que toute décision doit être prise de manière unanime et la voix de chaque Etat membre doit être équitablement entendue. Or le renvoi de Mendoza de l’envoyé du nouveau gouver-nement paraguayen a provoqué l’indigna-tion d’Asunción qui par la voix de son mi-nistère des affaires étrangères a dénoncé la suspension de son pays en la qualifiant de «non seulement illégale mais illégitime et violant le processus équitable». La rigu-eur et l’intransigeance dont les membres du Mercosur ont fait preuve à l’égard du Paraguay en invoquant une crise démo-cratique contrastent avec l’indulgence à l’égard du Venezuela qui n’est pourtant pas meilleure démocratie que le Paraguay. Pour beaucoup d’analystes, les évène-ments au Paraguay ont, en réalité, surtout servi de prétexte pour écarter ce dernier du vote pour l’adhésion du Venezuela au Mercosur auquel tenaient l’Argentine et le Brésil.

    Pour certains, il aurait également pu s’agir d’une réponse de Brasilia à la méfiance affichée par Asunción, lorsque Lugo avait

    implicitement accusé son voisin d’exploiter son pays, notamment dans le do-maine énergétique. Le gou-vernement de Lugo, vers la fin des années 2000, avait alors exigé une redistribu-tion plus équitable des bé-néfices issus de la gestion bilatérale de la centrale hydroélectrique d’Itaipu. Mais pour la majorité des analystes, l’adhésion du Venezuela est avant tout un moyen pour le Brésil de prolonger son alliance stra-tégique avec celui-ci. Les deux pays entretiennent des relations économiques fortes notamment depuis le gouvernement de Lula et sur plusieurs plans : intégra-tion énergétique, produc-tion, infrastructure. A titre illustratif, Caracas et Brasilia sont passés de 800 millions de dollars échangés en 2003 à 5 milliards en 2011. Au-jourd’hui, les deux pays ont manifesté leur souhait de renforcer leurs liens institu-tionnels avec l’instauration de cabinets de conseils en politiques publiques. Et de-puis 2010 avec la signature d’accords pour prolonger la coopération entre les deux Etats dans les domaines de la science, de la technolo-gie et du pétrole, les rela-tions entre le Venezuela et le Brésil n’ont été que plus renforcées.

    L’adhésion du Venezuela au Mercosur présente aussi des avantages non négli-geables à l’ensemble du bloc. Le PIB du Venezuela qui s’élève à plus de 315 milliards de dollars -- quatre

    fois supérieure à celui de l’Uruguay et du Paraguay réunis – permet au Mercosur de devenir la quatrième puissance écono-mique mondiale derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon. Par ailleurs, le Venezue-la dispose des plus importantes réserves pétrolières du monde, estimées à près de 296,50 milliards de barils, dépassant celles de l’Arabie Saoudite. C’est également la troisième réserve en bauxite du monde, la quatrième en or, la sixième en gaz na-turel et la dixième réserve en fer. En plus de regorger de pétrodollars, le Venezuela, à l’instar de l’Argentine, importe 70% des aliments qu’il consomme et de nombreux produits manufacturés, notamment pro-venant du Brésil. Dans un contexte de crise globale, on pourrait penser que le Mercosur saisit l’opportunité pour se posi-tionner comme un nouveau pôle de pou-voir. La région qui se transforme peu à peu en une puissance dans les domaines de l’alimentaire et des hydrocarbures, opère un tournant géopolitique aux multiples enjeux, en visant désormais une des plus anciennes zones d’influence des Etats-Unis. Le Mercosur qui, à l’origine était centré sur le Cône Sud, souhaite à présent augmenter sa capacité de rayonnement vers les Caraïbes et l’Amérique centrale.

    Plusieurs analystes déplorent la rupture avec les valeurs même qui ont fondé l’Union. Le marché commun du Sud a vu le jour grâce à un groupe de démocraties libérales promouvant le libre-échange en Amérique du Sud. Considérer seulement les potentialités économiques d’un pays pour favoriser son adhésion, c’est saper les fondements d’une union qui, dès sa construction, a plaidé pour un partage de valeurs trouvant leurs expressions dans leurs sociétés démocratiques, pluralistes, soucieuses de défendre les libertés fonda-mentales et les droits de l’homme. L’ad-mission du Venezuela après la suspension du Paraguay n’en est qu’un exemple parmi d’autres.

    La méfiance que suscitent ces conflits affecte sévèrement le développement de l’intégration régionale dans le sous-continent. Ce cas de figure démontre les difficultés des institutions régionales existantes à résoudre les conflits entre Etats. Le poids traditionnellement élevé du ‘présidentialisme’ dans la vie politique du sous-continent, renforcé par le retour du nationalisme et radicalisme politique suite au virage à gauche durant la décen-nie 2000, explique les difficultés structu-relles rencontrées par les institutions ré-gionales. Aujourd’hui, il est évident que le fossé entre les promesses portées par l’in-tégration régionale et la réalité appellent à une réflexion sur le rôle du Mercosur. Pour s’inscrire dans la durabilité, plutôt qu’opé-rer un élargissement, le Mercosur devrait opter pour un approfondissement en se penchant sur les aspects sociaux, l’emploi et l’éducation et dépasser le simple volet commercial. Cela donnera aux mouve-ments sociaux et forces politiques l’oppor-tunité de se faire entendre. Les gouverne-ments, quant à eux, pourront prendre les mesures nécessaires pour transformer le Mercosur en un véritable projet pour les populations des pays membres.

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    Géopolitik N° 9 institutamadeus.com

    N°9Jeudi 31 Janvier 2013 Geopolitics

    The Israeli elections are just around the corner, and if the polls are (Nate) Silver Standard, the world will awaken to ano-ther Benyamin Netanyahu government– this time probably bolstered by the most right-wing coalition in the history of Israel. The unusual snowstorm that disrupted the final weeks of the campaign season was symbolic of the general turmoil of the electoral campaign, which saw the emergence and retirement of new and old parties, the redrawing of loyalties, and the entrenchment of partisan divides. A white layer also seemed to muffle the critical issues of the region, including not only the Iranian nuclear file, the civil war in neighboring Syria, and the Arab Spring transitions, but most importantly Israel’s very own occupation of the Palestinian territories.

    Boding poorly for the ‘peace process,’ Labor, Israel’s largest left-of-center party, campaigned on an almost entirely do-mestic platform. Under the leadership of Shelly Yachimovich, and inspired by the 2011 tent protests, socio-economic is-sues largely supplanted the ‘Palestinian question,’ thus eschewing the obvious link between an inflated military budget and a paltry social one. The new center Yesh Atid party followed suit. Only the Arab parties, the left-wing Meretz, and Tzipi Livni’s new Hatnuah – morphed from the nearly defunct Kadima, and branded as the diplomatic alternative to Likud – dared to broach the issue. On the right, the campaign for the 19th

    Knesset witnessed the rapid rise of a new settler politics, with Naftali Bennett’s Ha-bayit Hayehudi polling in third place. Not only does Bennett categorically and lou-dly reject a two-state solution, his is an outright annexationist platform. Within the Likud itself (PM Netanyahu’s party, now tied to a Yisrael Beiteinu ticket), the candidate list is unprecedented in the ra-dical profiles it puts forth, the party having discarded many of its past leaders, consi-dered now too “moderate.” Yet, even for these parties, the ticking bomb of Iran seems to have paused (at least for the du-ration of the campaign), and with the Gaza November War already forgotten, Bennett and Netanyahu focus largely on the do-mestic and values front of their respective campaigns.

    The inward focus of the candidates may well reflect the thinking of many Israelis, tired of the forced urgency of the Iran nu-clear file, and long inured to the reality of the Occupation. On the other side of the security barrier, however, increasing indigence, settler violence, and lack of progress on the peace front, threaten to extinguish the hope of Palestinians and render nominal their newly granted state-hood. Following the November UN vote, Israel ceased its monthly transfer of tax rebates to the Palestinian Authority, se-verely exacerbating an already growing economic crisis. The promised aid of the Arab League has yet to materialize. Wi-thin Israel, a problematic domestic policy and increasingly hostile political discourse

    has further alienated Arab-Israeli citizens to the point where few are expected at the ballot box next week, leading the country’s left-wing newspaper Ha’aretz to publish, in an unprecedented move, an op-ed in Arabic calling for them to vote.

    ***In another part of the world, where do-mestic issues also dominated a recent national campaign, one man’s re-election has opened the door for him to decisively mold the legacy of his presidency. Once called the Great Communicator, and No-bel Peace laureate, President Barack Oba-ma has entered a second term known for valiant but vain last efforts at solving the Israeli-Palestinian conflict. Yet a steep do-mestic agenda will require the President to first escalate treacherous debt ceiling negotiations, rein in a John Wayne gun mentality, and work on other “nation-buil-ding at home” initiatives that are likely to monopolize the first months, if not years, of his administration. To some, the troop withdrawal from Afghanistan, the Iranian nuclear file, and the internecine conflict in Syria – rather than Israel’s Eastern front – will dominate US foreign policy during Obama’s second term. According to these analysts, President Obama is not keen on revisiting an intractable Israeli-Pales-tinian issue, especially after his 2010 fai-lure to clamp down on Israel’s settlement construction, and when he is facing a po-larized Congress and protracted domestic agenda.

    Yet such a listless prognosis rests on a sur-face analysis of the constraints and inte-rests determining the President’s Middle Eastern policy. Certainly, the first months of President Obama’s administration will be focused on the vital domestic issues embattling his country. But the results of the recent elections belied the media-spinning of an extremely narrow elec-tion, with Barack Obama becoming the first president in over half a century to be elected twice by over 50% of the country. And, despite personal funds used against Obama by individuals such as casino ma-gnate Sheldon Alderson, American Jews overwhelmingly re-elected the President. While concern for the Jewish vote may have restricted Obama’s bargaining hand prior to November 6, and while he still faces an uphill battle in passing domestic policies through a divided House, these factors will no longer pose the same level of difficulty for the President’s foreign po-licy.

    Furthermore, the President knows that the Iran and Arab Spring files are intrinsi-cally linked to the US stance on Palestine, where accusations of ‘double standard’ and the realignment of regional loyal-ties will continue to undermine US policy throughout the region. This was most re-cently illustrated during the November Gaza War, which exposed the geopoliti-cal tectonics and shifting power balances in the Middle East. In an unprecedented move, Iran explicitly recognized its mili-tary and economic support of Hamas, an aggressive turn in its foreign policy that signaled to the West that it could no lon-ger ignore the Islamic Republic’s growing involvement in the region. Thus, in the wake of imminent nuclear talks, the link between Gaza and the Iran file was no lon-ger tacit. Likewise, the mediation initia-tives of a post-Mubarak Egypt – between Israel and Hamas (formerly Syria’s pro-tégé) and more recently between Hamas and Fatah –underlined Egypt’s aspirations for greater involvement in the region, and specifically in the Palestinian question.

    Perhaps most fundamental is the fact that the Israeli-Palestinian issue constitutes the one true ‘ticking scenario’ of the Middle East. This year is the twentieth anniver-sary of the Oslo Accords, and yet a num-ber of its architects worry that the agree-ment has become defunct, the so-called peace process it once hailed reduced to a strategic ploy to sustain the political sta-tus quo, while Israel builds fact after fact on occupied ground. Indeed, 2012 saw a 300% increase in government appro-ved Israeli construction in the occupied territories, most recently in the E1 area, which would connect the large settlement Ma’ale Adumim to Jerusalem, and for all practical purposes eliminate the prospect

    Two elections, one issue

    United States & IsraëlBy Tal EISENZWEIG

    Princeton University in Africa Fellow

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    N°9Jeudi 31 Janvier 2013Geopolitics

    of a contiguous Palestinian West Bank. Yet to hopefuls in the peace camp, the two-state scenario remains the only democra-tic and feasible solution, one nonetheless hijacked by insincere Israeli leaders, and hindered by weak and fractured Palesti-nian politics.

    The Palestinian political context is also likely to force the President’s hand. The 2007 divide between Hamas in Gaza and Fatah in the West Bank has paralyzed Pa-lestinian politics, for, unlike in Israel and the United States, parliamentary and pre-sidential elections have been recurrently postponed. The undemocratic nature of the Palestinian Authority has severely un-dermined its legitimacy, which gave rise, during the Arab Spring, to demonstrations calling for the political reconciliation of Hamas and Fatah. Popular pressure, but most importantly the Arab Spring-gene-rated geopolitical shifts, led to an initial unity deal in 2011, whose implementa-tion subsequently stalled. Yet follow-up talks between Hamas and Fatah – in Egypt and more recently in Morocco – may soon yield a true reconciliation, with Abu Ma-zen’s rule besieged by the economic cri-sis, and with the imminent radicalization of the right-wing Israeli government pre-saging an impossible peace partner. It is no surprise that the Prime Minister has recently intensified his threats of dismant-ling the Palestinian Authority, a prospect that should worry both the peace and right-wing camps of Israel. The status-quo, as is, is not sustainable; the illusion that it is will shatter sooner than later. This is the reality facing the Obama administra-tion today.

    Indeed, the Israeli-Palestinian issue has been at the heart of the debate around President Obama’s cabinet restructuring. In particular, the December nomination of former Republican senator Chuck Hagel

    to Secretary of Defense, sparked polemic across the partisan board and even eli-cited the absurd ‘anti-semite’ smear (by CFR’s very own Elliot Abrams). Hagel was targeted not only for his alleged flexibility on Iran, but for his past calls to engage Ha-mas and for denouncement of an all-too powerful “Jewish lobby” (he clearly meant the Israeli lobby). If approved – as seems increasingly likely – Chuck Hagel will form, along with incoming Secretary of State John Kerry, a resolute and realist foreign policy team capable and willing to revive a dormant peace process.

    The question then poses itself: what ap-proach will the Obama administration take to unblock the Israeli-Palestinian

    impasse? A recent Bloomberg article by Jeffrey Goldberg, a journalist long known to have an ear within the Obama adminis-tration, is illuminative in this regard. The reported details should not surprise – that Obama does not trust Netanyahu, and neither sees him as a reliable partner for peace, nor believes him to be acting ac-cording to the ‘best interests of Israel.’ But Goldberg is known also to have written on the request of President Obama, and his analysis should be read as a direct mes-sage from the President – and indeed the Israeli government reacted to it as such – that his administration will be significantly less amenable to Netanyahu’s whims and resistance to US peace initiatives this time around.

    The first term of President Obama’s admi-nistration was characterized by an ever-changing Middle East – and the United States’ ad-hoc response. A second admi-nistration will need to prepare a compre-hensive ‘grand strategy’ blueprint to work effectively towards the resolution of the Israeli-Palestinian conflict. The European Union will reportedly present a peace plan by March – just around the time President Obama is likely to meet a re-elected Neta-nyahu. This presents a propitious time for a concerted effort to resuscitate the peace process once and for all.

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    Sécurité InternationaleN°9Jeudi 31 Janvier 20136

    Le 10 septembre 2012, 12 bâtiments na-vals appartenant à la Chine se sont ap-prochés à 22km de l’archipel inhabité, dénommé Diaoyu par la Chine et appelé Senkaku par le Japon, en réponse à la dé-cision de Tokyo de racheter cet archipel à ses propriétaires privés, déclenchant par la suite une grave crise entre les deux puissances. Cet incident a rappelé la géo-graphie et l’histoire compliquées de cet espace considéré comme une méditer-ranée asiatique, dont la dénomination même pose problème. Condamnées à agir face à une opinion publique très remontée contre l’ennemi perpétuel, les autorités chinoises ont aussi levé le moratoire sur la pêche dans la zone disputée.

    Les tensions autour de l’archipel des Sen-kaku-Diaoyu en mer de Chine orientale, administré par le Japon mais revendiqué par Pékin depuis 1971, ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent dans un phénomène de manipulation des sentiments nationa-listes en Chine depuis le milieu des années 1990, d’émergence décomplexée d’une puissance qui fut la seule a maîtriser la crise de 2008, mais aussi du développe-ment d’un sentiment paradoxal de fragi-lité du régime chinois confronté à des ten-sions économiques, sociales et politiques.

    L’absence de clarification de souveraineté

    sur des ensembles d’iles et d’ilôts (Para-cel, Spratly, les récifs Scarborough, Na-tuna, etc.) et les délimitations maritimes sont au cœur de litiges opposant non seu-lement la Chine au Japon mais qui vont jusqu’à opposer 7 autres Etats asiatiques (Taiwan, Vietnam, Malaisie, Indonésie, Brunei et Philippines).

    Les tensions entre la Chine et ses voisins sont récurrentes et proviennent du fait que l’empire du milieu possède une vision extensive, pour ne pas dire impérialiste, de sa zone d’exclusivité économique (ZEE). Si le différend concernant les îles Senkaku/Diaoyu met aux prises les deux premières puissances régionales, c’est le différend territorial en mer de Chine méridionale qui est l’enjeu stratégique capital pour Pékin. Il concerne, en effet, différents ar-chipels et îles de la mer de Chine méridio-nale, revendiqués en totalité ou en partie par la Chine, Taïwan, le Viêtnam, les Phi-lippines, la Malaisie et Brunei. Il s’agit des îles Spratleys, des îles Paracels, des îles Pratas, du récif de Scarborough et du banc MacClesfield.

    Les objectifs de Pékin dans cette zone sont ambitieux et menacent directement tous les pays de la région. Outre le fait que cette partie de l’Asie constitue le pré-carré natu-rel de la Chine depuis son ouverture, cette

    région voit de nouveaux rapports de force cohabiter autour du même espace vital : la Mer de Chine méridionale constitue au-jourd’hui le carrefour maritime principal du sud-est asiatique puisqu’il s’agit d’un axe de transit majeur (près de 25% des marchandises mondiales transitent par cette voie). Elle détient aussi une quantité de richesses halieutiques et énergétiques non négligeable.

    Mais c’est le différend concernant l’archi-pel Spratly qui recèle le plus de risques de crises graves entre la Chine et ses voisins. En effet, l’intérêt économique et straté-gique de la Chine mais aussi l’éloignement géographique des ces îles du territoire chinois (environ 1000km) alors qu’il est 5 à 10 fois plus proche des Philippines, de l’Indonésie, du Brunei et du Vietnam, rend ses revendications plus difficilement ac-ceptables pour ses voisins.

    Faute de délimitation et d’indétermina-tion du statut des îles, les revendications sont légitimes ; mais les espaces pour la plupart immergés et inhabités jusqu’à la 2ème guerre mondiale, ne sont devenus un objet d’intérêt que depuis l’entre-deux-guerres. Les rapports de forces dé-séquilibrés entre les pays du champ sont un danger (conflits militaires Chine-Viet-nam en 1956, 1974). L’effort d’armement

    des petits Etats reste sans commune me-sure avec celui de la Chine. Face à elle, les Etats-Unis apparaissent comme un élément d’équilibre. Selon la charte des Nations Unies (Art.2) l’occupation est illé-gale, le mode de règlement doit se fonder sur la négociation, la justice, l’arbitrage et la médiation d’organisations régionales. Mais la Chine impose des négociations bilatérales biaisées en affirmant sa sou-veraineté comme préalable. Depuis les années 70, le débat est plus politique que juridique.

    Une zone hautement stratégique

    Ces archipels dont la superficie totale ne dépasse pas les 15km² étaient inhabitées jusqu’aux années 40 car elles ne possè-dent pas de point d’eau douce. Elles sont donc considérées comme des écueils et non des îles selon le droit international, à ce titre, les revendications de souverai-neté sur les parties émergées ne peuvent pas s’appliquer aux eaux territoriales. Ainsi, selon la limite des 200 milles ma-rins, le quart Ouest de l’archipel se trouve dans la Zone Économique Exclusive (ZEE) vietnamienne, le quart Sud dans la ZEE de Malaisie et du Brunei, le quart Est dans celle des Philippines et le quart Nord au-delà de ces zones. Or, chacun des pays riverains de la Mer de Chine méridionale revendique l’ensemble de l’archipel et les eaux afférentes et refuse tout plan de partage. Pas moins de cinq Etats ont placé des garnisons sur ces îlots : environ 1 500 Vietnamiens, 450 Chinois, une centaine de Malaisiens, une vingtaine de Brunéiens et une centaine de Philippins. Tous sont ravi-taillés à partir du continent.

    La Chine entend profiter du déclin re-latif des États-Unis, qui tentent un réé-quilibrage de leurs forces de l’Atlantique vers le Pacifique, pour s’imposer dans un contexte de rivalités. Un tiers du com-merce mondial, 1200 milliards de dollars du commerce des États-Unis, transitent par la zone. La mer de Chine méridionale est aussi un lieu d’affrontement de puis-sances nucléaires, depuis la guerre froide. Les enjeux navals sont considérables dans un espace où les frontières sont contes-tées, où se répandent le crime organisé et la piraterie. C’est un champ de pros-pection en hydrocarbures, un réservoir de nourriture, un lieu de passage de l’infor-mation (câbles optiques sous-marins), et d’entrainement des SNLE (1) chinois.

    Du côté des opérations navals, on y trouve des croiseurs russes, japonais, des des-

    La mer de Chine méridionaleCrises en eaux troubles

    Par Amine AMARA

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    N°9Jeudi 31 Janvier 2013Sécurité Internationale

    troyers sud-coréens, des frégates, des sous-marins y compris indiens, et surtout des éléments de la 7ème flotte améri-caine basée à Yokosuka (Japon) dont des destroyers de dernière génération de classe Arleigh Burke muni de la technolo-gie de la furtivité et de protection NBC (2). Les Etats-Unis ont aussi conclu un accord avec Singapour pour stationner des sous-marins nucléaires. Cependant, la flotte chinoise, très moderne et performante, est bien supérieure en nombre et en qua-lité d’équipement à l’ensemble des na-vires de tous les pays réunis dans la zone et même en Atlantique. Fermée par des détroits, la mer est inaccessible aux sous-marins en plongée sauf au sud (détroit de Lombok).

    L’appétit chinois

    Lors d’une rencontre entre la Présidente des Philipines de l’époque, Mme. Cora-zon Aquino, et son homologue chinois M. Deng Xiaoping, et à propos des différends territoriaux opposant leurs deux pays en mer de Chine. La présidente Aquino aurait fait part à Deng Xiaoping, que l’ar-chipel des îles Spratleys, l’un de ceux qui font l’objet de contentieux forts entre la Chine et ses voisins du Sud-est asiatique, que ”Géographiquement parlant, ces îles sont plus proches des Philippines que de la Chine !”. Ce à quoi le Président chinois rétorque : ”Géographiquement, les Philip-pines ne sont pas très loin de la Chine non plus !”.

    Au regard du droit international, la pos-session d’un territoire côtier par un Etat justifie ses prérogatives sur une certaine étendue d’eaux territoriales et de Zones Économiques Exclusives (ZEE). La Chine possède 18 000 km de frontières mari-times et 2 285 872 km² de (ZEE) répondant aux normes internationalement recon-nues. Elle ne se classe qu’au 20ème rang mondial en se basant sur cette évaluation. Mais si elle réussissait à s’approprier les 1 591 147km² de zones de la ZEE de Taïwan (1 149 189 km²) et des îles Spratley (439 820 km²) elle remonterait au 10ème rang mondial avec 3 877 019 km². Cette contes-tation vise donc à augmenter de plus de 40% la surface maritime de sa ZEE.

    Les deux archipels ont d’abondantes res-sources naturelles : des réserves de guano évaluées à plusieurs millions de tonnes, des produits marins variés (poissons re-cherchés, homards, tortues, carets, aba-lones, mollusques rares…). Le phosphate est présent sur ces îles ainsi que celle de nodules polymétalliques dans leurs fonds marins. Par ailleurs, environ 10% de la pêche mondiale est effectuée en mer de Chine méridionale. cette dernière renferme aussi un stock estimé à 25 000 milliards de m³ de gaz naturel (13,4% des réserves mondiales).

    Aussi, la mer de Chine méridionale est un croisement de routes commerciales d’une importance majeure car c’est la voie la plus courte entre le Pacifique Nord et l’océan Indien. Par le détroit de Malacca passe 5 fois plus de pétrole que par le canal de Suez et 15 fois plus que par le canal de Panama. Les 2/3 de l’approvi-sionnement énergétique de la Corée du Sud, 60% de l’approvisionnement énergé-

    tique du Japon et de Taïwan et 80% des importations chinoises en brut, ce qui fait plus de la moitié des importations éner-gétiques d’Asie du Nord-Est passent par la mer de Chine méridionale. Cet espace est ainsi bordé par pas moins de 10 des plus grands ports de la planète dont Singa-pour et Hong-Kong, et voit passer 90% du commerce extérieur de la Chine et un tiers du commerce mondial. La mer de Chine méridionale est donc un lieu de passage très important commandé par quelques détroits faciles à interdire. Posséder les îles Paracels et Spratleys, c’est faciliter le contrôle d’une part non négligeable du commerce maritime mondial qui y tran-site.

    Plus que jamais, l’Asie du Sud-Est est à la croisée des chemins : elle cherche tant bien que mal à affirmer son identité à tra-vers le processus de construction régionale assuré par les membres de l’ASEAN, tout en se méfiant d’une Chine qui ne cesse d’accroître son influence dans la région. Le principal défi à relever pour l’Asie du

    Sud-Est sera d’assurer son développement politique et économique, en intégrant de nouvelles contraintes de sécurité qui pourraient éviter de devenir un nouveau théâtre d’affrontements. Pour l’heure, tout ce que nous pouvons raisonnable-ment supposer, c’est que de nouveaux incidents tels celui de Septembre 2012 survenus entre la Chine et le Japon, peu-vent surgir à intervals réguliers, toutefois, il est désormais certain qu’une meilleure gestion de la transition identitaire au sein de l’ASEAN est largement souhaitable pour l’équilibre général encore fragilisé et très dépendant de la présence améri-caine : l’administration Obama ne compte pas laisser à la Chine trop de marges de manœuvres et cherche logiquement à se repositionner dans le voisinage de ses par-tenaires historiques.

    Washington est plus que jamais contrainte de conserver son leadership régional ac-quis au sortir de la Seconde Guerre Mon-diale en resserrant toujours un peu plus son étau militaire autour d’une Chine de

    plus en plus sûre d’elle. Il en ressort que le Vietnam (ancien « ennemi idéologique » du temps de la Guerre Froide) se révèle être un contrepoids décisif pour la bonne marche de la politique de containment à l’encontre de Pékin.

    (1) - Sous-marin Nucléaire Lanceur d’En-gins(2) - NBC, une arme dite NBC est soit nu-cléaire, soit biologique, soit chimique.

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    Retrouvez les analyses et les entretiens d'experts portant sur les enjeux politiques

    et économiques des pays du Sud sur le site de l'Institut Amadeus.

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    N°9Jeudi 31 Janvier 2013

    Dernier regard

    Les derniers MEDays avaient été l’oc-casion de saluer via le Grand Prix le processus électoral mené au Sénégal à l’occasion des élections présidentielles de mai dernier. Il s’agissait surtout de mettre en lumière la maturité po-litique des sénégalais. Une leçon de démocratie qui aura permis de relever le challenge de réussir une seconde al-ternance après celle de 2000 et l’acces-sion du Président Wade à la fonction suprême après 40 ans de monopole du parti socialiste sénégalais incarné par Senghor puis Abdou Diouf.

    Un autre pays mériterait aujourd’hui tout autant d’égards : le Ghana. Mis à l’épreuve lors des présidentielles de décembre dernier, particulièrement attendues suite au décès lors de son mandat du président Atta-Mills, le modèle démocratique de ce pays d’Afrique de l’Ouest n’est sort plus que jamais renforcé.

    Pionnier des pays ouest-africains ayant obtenu l’indépendance dès 1957 sous l’égide de celui qui est considéré comme le père de la Nation, Kwame Nkrumah, le Ghana cultive suite à l’ins-tauration du multipartisme en 1992 un statut d’ilot de stabilité exemplaire sur le continent.

    Dans une sous-région en proie durant les 20 dernières années à de nom-breuses turbulences qui souvent pui-sent leurs origines dans des antago-nismes religieux, ethniques ou tribaux, cette sixième élection présidentielle

    consécutive, se voulait comme l’ancrage définitif et la confirmation de la bonne santé de la démocratie ghanéenne.

    Débats télévisés, campagne électorale exemplaire en termes d’équité, vote bio-métrique, taux de participation de plus de 79%, le scrutin a été unanimement salué par la communauté internationale

    malgré cependant certaines tensions, visiblement inévitables au regard de l’écart minime qui permit au président intérimaire John Dramani Mahama de prendre le dessus sur Nana Akufo Addo, principal chef de l’opposition.

    Le premier enjeu pour Mahama, seu-lement le second président originaire du Nord dans l’Histoire du Ghana indé-pendant, sera ainsi de renouer rapide-ment le dialogue avec l’opposition et l’intégrer à nouveau au sein de l’arène politique afin de sauvegarder l’unité du

    pays et agir dans le sens du développe-ment. Parmi les premiers signaux forts : la mise en place d’un gouvernement élargi avec la nomination entre-autres de Mme Hannah Tetteh à la tête de la diplomatie ghanéenne. Une véritable consécration pour cette ancienne mi-nistre du commerce et de l’industrie et figure de proue de la défense des droits

    de l’Homme.

    Disposant de ressources naturelles im-portantes (cacao, or, gaz naturel), le pays bénéficie depuis une décennie mainte-nant d’une croissance rapide (12% l’an dernier avec des estimations de 8% pour 2013 et 2014), que l’exploitation pétrolière récente n’a fait que booster, croissant ainsi l’intérêt des investisseurs étrangers. Le Ghana a ainsi su bâtir sur le socle de la stabilité politique les ja-lons d’une économie prospère, bien que celle-ci demeure du fait des expor-tations, assez sensible aux soubresauts de la conjoncture internationale.

    La présidence Mahama reste à ce ni-veau confrontée à de nombreux défis : progresser en matière de lutte contre la pauvreté, atténuer des disparités Nord / Sud toujours importantes, poursuivre la politique de grands travaux en ma-tière d’infrastructures, combattre une corruption endémique qui gangrène tant l’administration que le milieu des affaires et surtout faire en sorte de par-venir à une redistribution plus équitable de la richesse.

    Fort de ses acquis qui en font une place forte en Afrique de l’Ouest, la patrie de Kofi Annan et de John Kufuor, ancien président (2002-2008) appelé à la res-cousse par la CEDAO pour superviser le périlleux exercice électoral en Sierra Leone en novembre dernier, peut voir l’avenir avec optimisme…

    Ghana, l’ascension continuePar Talal Salahdine

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