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Supplément mensuel du green business 004 ASSISE Objet de toutes les convoitises, la terre appartient de moins en moins aux communautés qui constituent pourtant le socle de l’autosuffisance alimentaire. Le sixième Congrès mondial des parcs (World Parks Congress) s’est tenu du 12 au 19 novembre 2014 à Sid- ney (Australie). Organisé par l’union mondiale pour la conservation de la nature (UICN), ce congrès avait pour thème général "Des parcs, la planète et nous : des solutions sources d’inspiration". La session pléniè- re d’ouverture a réuni les leaders de la communauté internationale, des gouvernements, des entreprises, de la société civile, des peuples indigènes et de la jeu- nesse pour débattre de la question centrale: Pourquoi les aires protégées sont-elles importantes? L ’année 2014 a été déclarée année internationale de l’agriculture familiale par le Fonds des na- tions unies pour l’alimentation. Autour de la célébration de la Journée mondia- le de l'alimentation le 16 octobre 2014, il était principalement question de ré- pondre à la question : comment nourrir le monde de demain ? Les agricultures familiales se sont avérées comme une solution crédible pour répondre à cet enjeu majeur du 21ème siècle. Les ex- perts qui sont montés au créneau expli- quent que l’intensification de l’agro- écologique est une méthode rationnelle qui permet d’augmenter le rendement des agriculteurs, tout en préservant un système de production durable et res- pectueux de l’environnement. Seule- ment, depuis plusieurs décennies, la terre appartient de moins en moins aux communautés. Ces dernières se sont vu spolier de leurs terres au profit des projets ambitieux validés par les gou- vernements. Pourtant, la terre reste la base du développement des commu- nautés qui l’exploitent à la fois sur le plan traditionnel, religieux et spirituel, mais surtout économique. En effet, les agricultures familiales contribuent considérablement au développement économique des territoires par la créa- tion de valeur ajoutée, le développe- ment de filières et de chaines de va- leurs. Et ceci dans le strict respect de l’environnement. Spoliation des terres Le 25 novembre 2013, le gouvernement camerounais cédait environ 20 000 hec- tares de terre à l’entreprise américaine Heracles Farms pour la culture du pal- mier à huile. Par la suite, des organisa- tions de la société civile ont tiré la son- nette d’alarme sur les irrégularités, les fraudes et les méthodes douteuses de cette firme américaine. L’action des ONGs a tout aussi à démontrer l’im- pact négatif que ce projet industriel de grande envergure devait occasionner sur l’équilibre économique local et l’en- vironnement riche en biodiversité. A plusieurs reprises, les rapports d’en- quêtes menées par ces ONGs ont dé- noncé des actes d’intimidation et de corruption des chefs coutumiers et de membres des communautés locales par l’entreprise. Au-delà des retombés que devait produire cet ambitieux projet en termes de redevance forestière et em- plois, le fait reste que les communautés riveraines perdaient le droit de jouir de leurs terres. A l’heure où les instances mondiales promeuvent l’agriculture fa- miliale qui emploie près d’un milliard de personnes à travers le monde tout en respectant le développement du- rable, le Cameroun gagnerait à repen- ser sa politique foncière. La terre est pour les communautés le moyen de stimuler les économies lo- cales, surtout si sa gestion est associée à des politiques spécifiques axées sur la protection sociale et le bien-être des- dites communautés. Une meilleure gestion de ce patrimoine assurerait au Cameroun une autosuffisance alimen- taire pour ses populations et une pré- servation des ressources pour son dé- veloppement. OTRIC NGON L’accaparement des terres plombe l’autosuffisance alimentaire AGRO-ÉCOLOGIE L’avenir des aires protégées en débat ENERGIE RENOUVELABLE Du 26 au 28 novembre 2014, Douala a abrité un atelier dans le but de valider un projet de loi relatif aux éner- gies renouvelables au Cameroun. Ces travaux organi- sés par l’association Carré Geo & Environnement en collaboration avec le ministère de l’Eau et de l’énergie, visaient également à adopter une feuille de route pour le développement des énergies renouvelables à tra- vers le pays. Cette activité rentre dans le cadre du plai- doyer pour la création et la mise en application d’un texte de loi spécifique sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique au Cameroun. Un projet de loi en préparation INDUSTRIES EXTRACTIVES, AGRICOLES ET FORESTIÈRES Le bureau camerounais du Fonds mondial pour la na- ture (WWF) a offert une session de formation aux pro- fessionnels des medias sur les normes et outils appli- cables aux industries extractives (pétrole, gaz et mines) industries agricoles (palmiers à huile et forets, dans le contexte de la vision 2035 pour le développement et l’exploitation des ressources naturelles. Les journalistes à l’école de la norme EN BREF GREEN ATLANTIQUES Le GIS HomMer organise son premier séminaire du 27 au 29 janvier 2015 à l'Institut Universitaire Européen de la Mer (Plouzané). Ce séminaire a pour thème : « Contribuer à la gestion des aires marines protégées (AMP) - Pratiques en sciences humaines et sociales ». L’événement marquera la création officielle du GIS HomMer. Les objectifs de cette rencontre seront de réa- liser un état des lieux des pratiques scientifiques en sciences humaines et sociales et d’identifier les besoins opérationnels des gestionnaires d’AMP pour définir collectivement la stratégie scientifique du GIS HomMer. Un séminaire sur les aires protégées marines Des engagements d’un montant de 9,3 milliards de dollars ont été pris le 20 novembre dernier lors de la première réunion de capitalisation du ce fonds rattaché l’ONU. L es choses bougent enfin pour le Fonds vert pour le climat de l’ONU (FVC). Destiné à soutenir les pays pauvres dans la lutte contre le réchauffement clima- tique pour mieux s'adapter aux im- pacts inhérents à ce réchauffement, le FVC sort peu à peu des annonces pour se matérialiser après quatre an- nées de gestation. Promis par les pays industrialisés lors de la confé- rence de Copenhague en 2009, le FVC a enfin récolté les premières contributions et se voit ainsi doté de moyens. En effet, une vingtaine de pays va verser 9,3 milliards de dol- lars (7,4 milliards d'euros) sur quatre ans. Cet engagement a été pris 20 novembre dernier à Berlin lors de la première réunion de capitalisation dudit fonds. « C'est un jour histo- rique et extrêmement important », s'est réjouie Héla Cheikhrouhou, la directrice du Fonds à l'issue de la première réunion formelle des dona- teurs du Fonds vert pour le climat (FVC) à laquelle participaient une trentaine de pays. Pour cette enveloppe qui s’élève à 9,3 milliards de dollars, la Grande- Bretagne seule a apporté une contri- bution substantielle d’environ 1,2 milliard de dollars. D’autres pays ont abondé plus modestement le Fonds, à l'image du Panama qui a promis un million d'euros. Des Etats comme le Canada ou la Pologne, de- vraient annoncer leur contribution lors de la conférence de l'ONU sur le climat de Lima qui s'ouvre en ce dé- but du mois de décembre. Avec ces contributions, le Fonds vert, créé of- ficiellement en 2010, entre enfin dans une phase opérationnelle, notam- ment par le financement des projets « verts » contribuant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, tout en luttant contre la déforesta- tion; mais aussi à s'adapter aux im- pacts inévitables du changement cli- matique comme la montée des eaux. Une nouvelle qui tombe a pic, car l’Afrique centrale deuxième pou- mon forestier mondiale, meilleur élève dans le domaine de la conser- vation forestière et de l’aménage- ment forestier, est malheureusement restées le moins récompensé en termes de financement des projets de développement. C’est le cas de la REDD+ présentée comme un outil de conservation et de développe- ment propre. Surtout dans ce contex- te des changements climatiques, problème fondamental pour la sur- vie de l'humanité. D’après la mi- nistre allemande de l'Environne- ment, Barbara Hendricks, « Berlin est le signe que nous n'allons pas abandonner les pays en développe- ment dans cette lutte. Cette annonce loin d’être une poudre, va vraiment aider à créer un climat de confiance » lors de la réunion de l'Onu sur le climat à Lima, et, « éventuellement, pour avoir un accord à Paris » l'an prochain. L’objectif étant de conclure en fin 2015 un accord mondial très ambitieux sur les réductions de gaz à effet de serre afin d’espérer limiter le réchauffement de 2°C . Et à ce ni- veau l’Afrique centrale joue un rôle important. CONSTANTIN YAP Les premières contributions tombent FONDS VERT POUR LE CLIMAT La terre est la première ressource pour les économies rurales La directrice du fonds vert de l'onu Hela Cheikhrouhou 004 Magazine vert nb _P 02 Briefing 30/11/14 21:54 Page1

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Supplément mensuel du green business004

ASSISE

Objet de toutes les convoitises, la terre appartient de moins en moins aux communautés qui constituent pourtant le socle de l’autosuffisance alimentaire.

Le sixième Congrès mondial des parcs (World ParksCongress) s’est tenu du 12 au 19 novembre 2014 à Sid-ney (Australie). Organisé par l’union mondiale pourla conservation de la nature (UICN), ce congrès avaitpour thème général "Des parcs, la planète et nous :des solutions sources d’inspiration". La session pléniè-re d’ouverture a réuni les leaders de la communautéinternationale, des gouvernements, des entreprises,de la société civile, des peuples indigènes et de la jeu-nesse pour débattre de la question centrale: Pourquoiles aires protégées sont-elles importantes?

L’année 2014 a été déclarée annéeinternationale de l’agriculturefamiliale par le Fonds des na-

tions unies pour l’alimentation. Autourde la célébration de la Journée mondia-le de l'alimentation le 16 octobre 2014, ilétait principalement question de ré-pondre à la question : comment nourrirle monde de demain ? Les agriculturesfamiliales se sont avérées comme unesolution crédible pour répondre à cetenjeu majeur du 21ème siècle. Les ex-perts qui sont montés au créneau expli-quent que l’intensification de l’agro-écologique est une méthode rationnellequi permet d’augmenter le rendementdes agriculteurs, tout en préservant unsystème de production durable et res-pectueux de l’environnement. Seule-ment, depuis plusieurs décennies, laterre appartient de moins en moins auxcommunautés. Ces dernières se sontvu spolier de leurs terres au profit desprojets ambitieux validés par les gou-vernements. Pourtant, la terre reste labase du développement des commu-

nautés qui l’exploitent à la fois sur leplan traditionnel, religieux et spirituel,mais surtout économique. En effet, lesagricultures familiales contribuentconsidérablement au développementéconomique des territoires par la créa-tion de valeur ajoutée, le développe-ment de filières et de chaines de va-leurs. Et ceci dans le strict respect del’environnement.

Spoliation des terres

Le 25 novembre 2013, le gouvernementcamerounais cédait environ 20 000 hec-tares de terre à l’entreprise américaine

Heracles Farms pour la culture du pal-mier à huile. Par la suite, des organisa-tions de la société civile ont tiré la son-nette d’alarme sur les irrégularités, lesfraudes et les méthodes douteuses decette firme américaine. L’action desONGs a tout aussi à démontrer l’im-pact négatif que ce projet industriel degrande envergure devait occasionnersur l’équilibre économique local et l’en-vironnement riche en biodiversité. Aplusieurs reprises, les rapports d’en-quêtes menées par ces ONGs ont dé-noncé des actes d’intimidation et decorruption des chefs coutumiers et de

membres des communautés locales parl’entreprise. Au-delà des retombés quedevait produire cet ambitieux projet entermes de redevance forestière et em-plois, le fait reste que les communautésriveraines perdaient le droit de jouir deleurs terres. A l’heure où les instancesmondiales promeuvent l’agriculture fa-miliale qui emploie près d’un milliardde personnes à travers le monde touten respectant le développement du-rable, le Cameroun gagnerait à repen-ser sa politique foncière. La terre est pour les communautés lemoyen de stimuler les économies lo-cales, surtout si sa gestion est associée àdes politiques spécifiques axées sur laprotection sociale et le bien-être des-dites communautés. Une meilleuregestion de ce patrimoine assurerait auCameroun une autosuffisance alimen-taire pour ses populations et une pré-servation des ressources pour son dé-veloppement.

OTRICNGON

L’accaparement des terres plombe l’autosuffisance alimentaireAGRO-ÉCOLOGIE

L’avenir des airesprotégées en débat

ENERGIE RENOUVELABLE

Du 26 au 28 novembre 2014, Douala a abrité un atelierdans le but de valider un projet de loi relatif aux éner-gies renouvelables au Cameroun. Ces travaux organi-sés par l’association Carré Geo & Environnement encollaboration avec le ministère de l’Eau et de l’énergie,visaient également à adopter une feuille de route pourle développement des énergies renouvelables à tra-vers le pays. Cette activité rentre dans le cadre du plai-doyer pour la création et la mise en application d’untexte de loi spécifique sur les énergies renouvelables etl’efficacité énergétique au Cameroun.

Un projet de loien préparation

INDUSTRIES EXTRACTIVES, AGRICOLES ET FORESTIÈRES

Le bureau camerounais du Fonds mondial pour la na-ture (WWF) a offert une session de formation aux pro-fessionnels des medias sur les normes et outils appli-cables aux industries extractives (pétrole, gaz et mines)industries agricoles (palmiers à huile et forets, dans lecontexte de la vision 2035 pour le développement etl’exploitation des ressources naturelles.

Les journalistes à l’école de la norme

EN BREFGREEN

ATLANTIQUES

Le GIS HomMer organise son premier séminaire du 27au 29 janvier 2015 à l'Institut Universitaire Européen dela Mer (Plouzané). Ce séminaire a pour thème : «Contribuer à la gestion des aires marines protégées(AMP) - Pratiques en sciences humaines et sociales ».L’événement marquera la création officielle du GISHomMer. Les objectifs de cette rencontre seront de réa-liser un état des lieux des pratiques scientifiques ensciences humaines et sociales et d’identifier les besoinsopérationnels des gestionnaires d’AMP pour définircollectivement la stratégie scientifique du GIS HomMer.

Un séminaire sur les aires protégées marines

Des engagements d’un montant de 9,3 milliards de dollars ont été pris le 20 novembre dernier lors de la première réunion de capitalisation du ce fonds rattaché l’ONU.

Les choses bougent enfin pourle Fonds vert pour le climatde l’ONU (FVC). Destiné à

soutenir les pays pauvres dans lalutte contre le réchauffement clima-tique pour mieux s'adapter aux im-pacts inhérents à ce réchauffement,le FVC sort peu à peu des annoncespour se matérialiser après quatre an-nées de gestation. Promis par lespays industrialisés lors de la confé-rence de Copenhague en 2009, leFVC a enfin récolté les premièrescontributions et se voit ainsi doté demoyens. En effet, une vingtaine depays va verser 9,3 milliards de dol-lars (7,4 milliards d'euros) sur quatreans. Cet engagement a été pris 20novembre dernier à Berlin lors de lapremière réunion de capitalisationdudit fonds. « C'est un jour histo-rique et extrêmement important »,s'est réjouie Héla Cheikhrouhou, ladirectrice du Fonds à l'issue de lapremière réunion formelle des dona-

teurs du Fonds vert pour le climat(FVC) à laquelle participaient unetrentaine de pays.Pour cette enveloppe qui s’élève à9,3 milliards de dollars, la Grande-Bretagne seule a apporté une contri-bution substantielle d’environ 1,2milliard de dollars. D’autres paysont abondé plus modestement leFonds, à l'image du Panama qui apromis un million d'euros. Des Etatscomme le Canada ou la Pologne, de-vraient annoncer leur contributionlors de la conférence de l'ONU sur leclimat de Lima qui s'ouvre en ce dé-but du mois de décembre. Avec cescontributions, le Fonds vert, créé of-ficiellement en 2010, entre enfin dansune phase opérationnelle, notam-ment par le financement des projets« verts » contribuant à diminuer lesémissions de gaz à effet de serre,tout en luttant contre la déforesta-tion; mais aussi à s'adapter aux im-pacts inévitables du changement cli-

matique comme la montée des eaux.Une nouvelle qui tombe a pic, carl’Afrique centrale deuxième pou-mon forestier mondiale, meilleurélève dans le domaine de la conser-vation forestière et de l’aménage-ment forestier, est malheureusementrestées le moins récompensé entermes de financement des projetsde développement. C’est le cas de la

REDD+ présentée comme un outilde conservation et de développe-ment propre. Surtout dans ce contex-te des changements climatiques,problème fondamental pour la sur-vie de l'humanité. D’après la mi-nistre allemande de l'Environne-ment, Barbara Hendricks, « Berlinest le signe que nous n'allons pasabandonner les pays en développe-ment dans cette lutte. Cette annonceloin d’être une poudre, va vraimentaider à créer un climat de confiance» lors de la réunion de l'Onu sur leclimat à Lima, et, « éventuellement,pour avoir un accord à Paris » l'anprochain. L’objectif étant de conclureen fin 2015 un accord mondial trèsambitieux sur les réductions de gazà effet de serre afin d’espérer limiterle réchauffement de 2°C . Et à ce ni-veau l’Afrique centrale joue un rôleimportant.

CONSTANTIN YAP

Les premières contributions tombentFONDS VERT POUR LE CLIMAT

La terre est la première ressource pour les économies rurales

La directrice du fonds vert del'onu Hela Cheikhrouhou

004 Magazine vert nb _P 02 Briefing 30/11/14 21:54 Page1

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11 ZOOM

Cet appui va financer le démarrage dès 2015 de ce fonds qui augure une nouvelle ère pour l’économie de la sous-région Afrique centrale.

C’est une bouffée d’oxygène pour le pro-cessus de mise en place du Fonds pourl’économie verte en Afrique centrale (FE-

VAC). Ce fonds qui augure une nouvelle èrepour l’économie de cette sous-région, va bénéfi-cier d’un important soutient financier de la Ré-publique démocratique du Congo (RDC). «Concernant le financement du FEVAC, la Répu-blique démocratique du Congo soutient sa créa-tion et s’engage à verser une somme de 3 mil-lions de dollars pour son démarrage dès 2015 » adéclaré Tambo Louaba, vice-premier ministrecongolais, ministre de la défense et des ancienscombattants. C’était à l’issue des travaux de laConférence des ministres de la CEEAC tenue du27 au 30 octobre à Kinshasa, capitale de la RDC.Cette importante rencontre avait pour objectif gé-néral la transformation structurelle de l’économiedes ressources naturelles en général, celle del’economie du bois en particulier et l’adoptiondu texte final du Fonds pour l’economie verte enAfrique centrale. Une centaine d’experts venusdes 10 pays de la sous-région Afrique centrale sesont joints aux représentants d’organes spéciali-sés de la CEEAC, aux ONGs locales, nationales etinternationales, à la société civile et aux réseauxspécialisés de la zone, pour tenter d’écrire leslignes de l’histoire du FEVAC. Ceci sous le thème« diplomatie- Intégration- Gouvernance et Nou-velle économie du bois ». L’économie du bois,

d’après le docteur Honoré TABUNA, régisseurde la cellule FLEGT sous régionale et coordonna-teur et du programme ECOFAC V, est un aspectnon négligeable pour l’économie d’Afrique cen-trale, car elle concerne pleines d’opportunités etde ressources.Organisée par le secrétariat général de la CEEACen collaboration avec le gouvernement de la Ré-publique du Congo, la Commission des forêtsd’Afrique centrale (COMIFAC) et la Banque dedéveloppement des Etats de l’Afrique centrale(BDEAC), la conférence s’est tenue sous la prési-dence de monsieur Tambo Louaba, vice premierministre, ministre de la défense et des ancienscombattants, représentant du premier ministre -chef du gouvernement. Deux temps forts ont

meublé cette rencontre : un segment techniqueconduit du 27 au 29 octobre et destiné aux ré-flexions des experts, qui se sont penchés sur 6thèmes axés autour de la feuille de route duFonds pour l’Economie Verte en Afrique Centra-le, des nouvelles exigences et du développementde la filière bois face à la gouvernance forestière,des outils techniques et promotionnels de l’éco-nomie verte en Afrique Centrale et de la transfor-mation structurelle de l’économie des ressourcesnaturelles en Afrique Centrale. Les recommanda-tions inhérentes aux travaux des experts ont ser-vi de cadre de décision aux ministres de laCEEAC lors du segment ministériel qui s’esttenu le 30 octobre à huis clôt. A l’issue du huis clos, et après examen des points

inscrits à l'ordre du jour, les ministres ont validéaprès amendements, les projets de décision sou-mis à leur appréciation. Il s’est agi entre autresdes projets de décision portant sur la création duFonds pour l'économie verte en Afrique centrale,le développement des marchés de bois d'œuvreen Afrique Centrale, l’institutionnalisation de laConférence des ministres de la CEEAC sur le dé-veloppement et la promotion de l'économie verteen Afrique centrale et l’adoption des pro-grammes sectoriels de l'économie verte enAfrique centrale. C’est donc une nouvelle pagede l’économie africaine qui s’est ouverte à viacette conférence de Kinshasa.

WINNIE KITIO T.

La RDC injecte 1,5 milliard FCFA dans le FEVACFINANCEMENT

Le Congo souhaite abriter le sieg̀e du FEVAC

Les défis de l’économie verte en Afrique centrale traduisent l’importance de prendre en compte l’environnement dans toute approche de développement, notamment la transformation des ressources naturelles en économique.

«Green business ». Cette expression à lamode depuis quelques années, est présen-tée comme la clé du développement sur le

continent africain. Egalement connu sous le vo-cable « économie verte », ce sujet est évoquédans tous les sommets sur l’environnement, leréchauffement climatique, le développement du-rable. S’inscrivant dans une logique du dévelop-pement plus large, le green business s’avère per-tinent pour la sous région Afrique centrale. Maissa perception continue d’être relativement «vague » pour une franche de la population qui

éprouvent des difficultés à y adhérer. Pourtant,l’économie verte traduit simplement le passagede la conservation, à l’économie de la conserva-tion pour le bien être des populations.De fait, l’économie verte souligne l’importancede prendre en compte l’environnement danstoute approche de développement, notammentla transformation des ressources naturelles enéconomique. Cette vision nouvelle appelle lesgouvernements d’Afrique centrale à miser beau-coup plus sur les technologies de l’environne-ment et l’investissement dans les sources d’éner-

gie renouvelable, le développement des modesde production agricole durables, l’investisse-ment dans les infrastructures écologiques, lagouvernance forestière, le marché du bois, lesaires protégées, les déchets et autres, commemoteurs de croissance économique. Les opportu-nités sont effectivement nombreuses tant les dé-fis qui se posent à plusieurs pays africains, enparticulier dans le domaine de l’agriculture et del’énergie sont immenses. Surtout au vu de l’ur-banisation galopante du continent. Pour l’écono-miste congolais Victor Kemé, « les défis de l’éco-nomie verte en Afrique centrale ce résument à cacapacité de produire, transformer, consommerlocal, sous-régional et internationale ».La CEEAC, défenseur du green business voit ence concept un moyen efficace de limiter l’insécu-rité alimentaire, la pauvreté et le sous emploidans la sous région Afrique centrale, à condi-tion bien évidemment d’adopter une politiquede développement durable ou biologique pré-sentée comme une solution efficace pouvant of-frir de nouvelles perspectives de développe-ment, en augmentant la productivité, enaméliorant les niveaux du capital humain et fi-nancier. Ainsi, avec près de 80% des producteursagricoles spécialisés dans le biologique résidanten Afrique, en Asie et en Amérique latine, et 97%

des revenus de ces produits étant réalisés en Eu-rope et en Amérique du Nord où les ventes d’ali-ments biologiques n’ont cessé de se multiplierces dernières années, l’Afrique centrale a doncintérêt à se mettre à l’agriculture biologique demanière continue.Il en est de même pour les ressources énergé-tiques. Pour beaucoup, l’insécurité énergétiqueen Afrique constitue un énorme obstacle à sonindustrialisation. Pourtant, ce continent possèdeun des potentiels techniques les plus élevés aumonde pour développer les sources d’énergiesolaire, éolienne, hydroélectrique et la biomasse.Selon certains experts, il suffirait d’une politiqueénergétique claire basée sur une vision et unestratégie à long terme pour développer sonpropre système énergétique. Mais aussi étonnantque cela puisse paraître, le continent africain quidispose de ce riche potentiel, n’est toujours pasengagé dans la voie de l’économie verte. Pour-tant, les gouvernements des pays Afrique cen-trale sont de plus en plus conscients que ceconcept peut, non seulement contribuer à freinerla dégradation environnementale, mais égale-ment créer de nouveaux emplois, stimuler unecroissance verte et réduire la pauvreté.

CONSTANTIN YAP

Un engagement pour l’économie de conservationGREEN BUSINESS

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111ZOOM

Le Fonds pour l’Economie verte enAfrique Centrale, est destiné au fi-nancement de toutes les activités del’économie verte. Or, ce secteur parti-culièrement large. Cette vacuitéconceptuelle ne présage-t-elle pasune désorientation stratégique duFonds ?

La notion d’économie verte repose surune base conceptuelle bien convenue.Le texte instituant le FEVAC fournitune définition du domaine de l’écono-mie verte: Economie qui produit unmieux être humain et assure l’équitésociale, tout en réduisant de manièresignificative les risques sur l’environ-nement et les pénuries écologiques. Leconcept renvoie à l’ensemble des acti-vités économiques traditionnelles etmodernes qui valorisent le capital na-turel pour promouvoir le développe-ment durable et éradiquer la pauvreté.Les Etats constituants définissent lapolitique d’investissement du Fonds,en priorisant les secteurs d’activité del’économie verte qui présentent un in-térêt majeur dans un espace de tempsdonné. Les orientations stratégiquesdu Fonds s’alignent alors sur l’agendades Etats. Le FEVAC n’est qu’un outildont l’activité est rythmée par la dy-namique globale du SEVAC.

Le FEVAC semble accorder une placeimportante aux ressources de la co-opération internationale alors que lesEtats pourraient eux-mêmes suppor-ter le coût de la transformation deleur économie. N’est-ce pas une in-suffisance de l’engagement politique?

Depuis Malabo en 2011 à Oran en fé-vrier 2014, les Etats africains, notam-ment ceux de l’Afrique centrale ontsous différentes manifestations, réitéréla nécessaire modification des para-digmes de développement. En raisonde la fragilité de son écosystème, lesravages du changement climatique sefont déjà sentir, entraînant de fortesdégradations environnementales, so-ciales et humaines. L’Afrique n’a pra-tiquement pas contribué au réchauffe-ment planétaire mais se trouve être lapremière à en subir les conséquencesles plus lourdes. L’Afrique paieraitainsi le prix de la richesse et du bien-être créés dans les pays développés aumoyen d’un développement à forteintensité de carbone. Cela est fonda-mentalement injuste. Les menacesécologiques sont par nature plané-taires et appellent des solutions glo-bales et partagées. L’aide publique au

développement constitue dans ce sensun mécanisme essentiel du finance-ment écologique aux cotés des appuisbudgétaires nationaux et des concoursdes partenaires privés locaux, régio-naux ou internationaux. Tout le mon-de l’a heureusement compris ainsi ; lesEtats riches, plus pollueurs, se sontengagés à apporter leur contribution.Ils ont notamment promis une contri-bution de 100 milliards de dollars paran d'ici 2020 ; c’est une obligation. Ilnous reste à créer les conditions de lacaptation de ces ressources afin de lesaffecter au financement des pro-grammes et projets en lien avec l’éco-nomie verte.

La question de structuration formelledu Fonds entre ligne de financementet institution d’intermédiation a faitl’objet de vives discussions. Quels ensont les tenants ?

Le schéma architectural ainsi que l’or-ganisation institutionnelle des fondsde fiducie sont très variés. Les choixdes constituants sont souvent guidéspar les objectifs de sécurité fiduciaire,d’efficacité opérationnelle et de résul-tat. Mais les habitudes ont la peaudure. Les fonds de dotation par les-quels un compte ou ligne de finance-ment est ouvert et abondé au seind’une institution financière sont trèscourant dans nos économies où lestechniques de fiducie sont peu déve-loppées. Ce mécanisme, qui fonction-ne généralement autour d’un comitéad hoc restreint, organise les encaisse-ments et décaissements de ressourcesdans des conditions processuelles plusou moins rigoureuses. Nombre defonds sont des créations d’institutionsfinancières qui structurent le véhiculed’investissement comme cela leurconvient et mobilisent ensuite les ad-hésions diverses ; on peut retrouver cetype de fonds dans les enceintes desIFD. Ces différents Fonds se destinentpour l’essentiel au financement d’unsecteur ou sous-secteur d’activité. Le FEVAC a la particularité de ne pasêtre un mécanisme confiné dans le fi-nancement d’un secteur quelconque

de l’économie verte. L’initiative de latransformation structurelle de l’écono-mie des ressources naturelles enAfrique centrale a pour outil d’opéra-tionnalisation le SEVAC et le FEVACen constitue le pilier financier. Latransformation systémique envisagéeserait un leurre si elle ne s’adossaitpas sur un dispositif adéquat de cap-tation, de mobilisation et d’allocationefficace des ressources. L’enjeu esténorme et les défis immenses. Adosserce vaste projet multisectoriel sur uneorganisation ne paraitrait pas judi-cieux. L’architecture institutionnelledu dispositif projetée trahira la repré-sentation, grande ou minimaliste quel’on se fait de la problématique du fi-nancement du développement du-rable ainsi que des objectifs de résultatque l’on souhaite atteindre.

Qu’est ce qui justifierait dans ce casspécifique, un Fonds institutionnel ?

Le FEVAC s’inscrit dans un systèmeglobal de gestion de la transition versl’économie verte et vient en appui auSEVEA dont les tentacules s’étendentà toutes les sphères de l’activité hu-maine en Afrique centrale. Il ne peutpas être un Fonds dormant géré en ac-cessoire à une activité principale. Il ac-compagne sous la forme de concoursfinanciers et non financiers, toutes lesinitiatives vertes en rapport avec l’in-novation, l’adaptation, la recherche, ledéveloppement. Il organise la mutua-lisation des efforts des états dans lasous-région dans la mobilisation etl’emploi des fonds pour le finance-ment du développement durable. Le FEVAC, Fonds autonome opérantdans le respect strict des normes inter-nationales de fiducie, devrait per-mettre de catalyser les investissementssur cette thématique en mobilisant lesfonds publics et privés, régionaux etinternationaux pour le financement dela lutte contre les déséquilibres écolo-giques en Afrique centrale. Dans lecontexte de la raréfaction des res-sources et surtout, de la multiplicité etla complexité des conditions dona-teurs, l’Afrique centrale doit se doterd’un outil financier communautairequi dispose de moyens humains fi-nanciers et techniques lui permettant,dans l’intérêt de tous les Etats, de bienplanifier les financements verts, d’yaccéder, de les utiliser et de les contrô-ler, à la fois au niveau international etdomestique, ainsi que d’établir desrapports sur celui-ci, de manières quisoient catalytiques et pleinement inté-

grées avec les priorités nationales etrégionales en matière de développe-ment et la réalisation des OMD. Il esten effet essentiel de structurer et dedéployer notre capacité de captationdes ressources dédiées à toute l’écono-mie verte qui, si elles n’étaient pas ef-ficacement appréhendées, iraients’employer ailleurs, dans les pays endéveloppement présentant unemeilleure « préparation » (en anglais «Readiness ») au financement clima-tique.

La question du niveau d’implicationdes différents acteurs initiaux dansla gouvernance de l’instance fiduciai-re s’est posée et apparemment « lapatate chaude » a été renvoyée auxtextes organiques.

Il y a en effet une volonté de toutes lesparties prenantes à apporter leurcontribution au succès du Fonds. Maisil faut le rappeler avec force : lesconstituants du FEVAC sont les Etats.C’est le véhicule collectif de mobili-sation et d’allocation des finance-ments verts. Les états seuls décidentde l’organisation administrative etfonctionnelle du Fonds. Pour autant,ils ne peuvent structurer le FEVACdans l’indifférence des normes inter-nationales de fiducie auxquelles s’as-treignent les mécanismes multilaté-raux de financement de l’économieverte. Parmi les exigences les plus dé-fendue, il y a la participation inclusiveet la transparence. L’unanimité s’estfaite à raison sur la nécessité d’unelarge implication des parties pre-nantes. Ainsi, gouvernements, sociétésciviles, Entreprises, donateurs, com-munauté scientifique devraient, à desdegrés divers, être associés dans lagouvernance du fonds. Ils contribuenttous à la mise en œuvre du SEVEA. Ilsdoivent pouvoir accompagner parleur éclairage la réalisation des perfor-mances financières du système. Je voudrais dire, s’agissant de laBDEAC, que c’est bien en son sein quel’idée du projet aujourd’hui porté parles états de la région, a germé. Elle au-rait pu en faire un de ses produitsbancaires de gestion des actifs verts,comme le font du reste nombre d’IFD.Dans ce cas, le Fonds n’aurait pas eud’autres organes permanents que ceuxde son institution constituante. Le FE-VAC se démarque dorénavant de ceschéma. Il dispose en propre, d’un or-gane délibérant et d’un organe de ges-tion. Il peut tirer avantage de l’exper-tise avérée de la BDEAC dans

l’encadrement de ce type de mécanis-me en qualité d’agent financier. LaBDEAC ayant a une expertise avéréeen la matière intervient en qualitéd’agent financier ou de gestionnairepour des Fonds de dotation tels que leFonds Suisse, le FODEC et l’ABG. Labonne gouvernance du Fonds com-mande que les fonctions d’administra-tion soient séparées de celle de dépo-sitaire des avoirs. Le soutien de laBDEAC en qualité d’agent financiersera déterminant dans la double fonc-tion de conservation des actifs et desurveillance fiduciaire

La feuille de route proposée projetteun premier décaissement autour dela fin de l’an 2 du projet alors que laRDC dit s’engager à apporter instam-ment une dotation de démarrage de 3millions de dollars et à offrir un siè-ge à la structure. Qu’est ce qui justi-fierait ce retard à l’allumage alorsque des pays membres semblentbien euphoriques ?

Il ne faut pas y voir une tare quel-conque. Le décaissement ne constituequ’une étape d’un long processus quiva de l’identification du projet, sa sé-lection, sa programmation, son ins-truction, la négociation des conditionsdu concours, etc. Ce processus quis’étend sur des périodes de moyennedurée est courant en matière de finan-ce de développement. Il n’est pas cer-tain que dès son lancement, le FEVACtrouve un environnement riche enprojets verts qui soient déjà matures,bien élaborés, faciles d’analyse et quicorrespondent aux ressources dispo-nibles. Il ne faut pas perdre de vue lescontraintes de performance qui pèsentsur le Fonds et qui l’inclinent à assurerune allocation judicieuse des res-sources mises à sa disposition. Ses in-terventions seront appréciées à l’aunedes résultats atteints par tout pro-gramme ou projet bénéficiaire de sonconcours. Les contributeurs du Fonds,investisseurs, donateurs ou prêteursattachent une grande importance à laqualité du portefeuille constitué. L’an1 du démarrage ne doit pas être dé-compté. Les organes du Fonds ne sontpas encore installés. Le comité de dé-marrage institué mène essentiellementdes diligences techniques et adminis-tratives préparatoires à l’entrée enfonction des organes du Fonds.

INTERVIEW RÉALISÉ PAR

WINNIE KITIO T. À KINSHASA

« Le FEVAC devrait permettre de catalyser les investissements »SIMPLOT KWENDA

Consultant international et Facilitateur du groupe des experts sur le Fonds pour l’économie verte en Afrique centrale (FEVAC), parle des enjeux de ce fonds.

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1v Le plusGreen

Prisées sur le marché international, ces deux précieuses essences forestières, constituent une cible privilégiée pour les exploitants hors la loi.

Le Wengue et le Bubinga font faceà deux principales menaces auCameroun. Il s’agit de l’exploi-

tation forestière illégale (Betti, 2012)d’une part, et la perte de leur habitat àtravers la dégradation forestière (d'ori-gine humaine) d’autre part. La pertede l'habitat par les activités agricolesest considérée comme l'une des princi-pales menaces à la biodiversité des fo-rêts au Cameroun. Des menaces enperpétuelle augmentation pour le Bu-binga et le Wengue, dont la demande aexplosé ces derniers temps au niveauinternational. Surtout celle qui pro-vient des pays asiatiques. C’est le casde la chine où des opérateurs payentces deux variétés de bois rouge au prixfort. Pour un mètre cube de Bubingaestimé à 700 000 FCFA (1,067.14 Eu-ros), les filiales chinoises vont jusqu’àclaquer environ 1,5 millions de francsCFA (2,286.74 Euros), deux fois le prixnormal. D’où les risque d’exploitationillégale qui plane désormais sur ces es-pèces forestières.Parlant de l’exploitation forestière illé-gale, celle-ci se fait à plusieurs ni-veaux. Notamment à la récolte, letransport, l'achat ou à la vente du boisqui se fais parfois en violation des lois.Ceci étant la procédure de la récolteelle-même peut être illégale, y comprisen utilisant des moyens de corruptionpour avoir accès aux forêts; extractionsans permission ou dans une zone pro-tégée; la coupe des espèces protégées;ou l'extraction de bois dépassant les li-mites convenues. Les illégalités peu-vent également survenir pendant letransport, telles que le traitement etl'exportation illégale; déclaration frau-duleuse à la douane; et l'évitement destaxes et autres charges.Le ministère des Forêts et de la faune(MINFOF) a pourtant semblé prendrele taureau par les cornes a commis en2012 via l’arrêté N°2401/MINFOF/CAB du 09 Novembre2012. Lequel arrêté instruit la suspen-sion de l'exploitation du Bubinga et duWenge à titre conservatoire dans le do-maine national ; avec précision de savalidité jusqu’à l’aboutissement de laprocédure d’introduction de ces es-

sences dans les annexes de la Conven-tion sur le commerce international desespèces de faune et de flore sauvagesmenacées d’extinction (CITES) (Article2). Bien que les articles 3 et 4 de cet ar-rêté précisent la possibilité d’octroi despermis spéciaux aux opérateurs quiavaient des stocks de ces deux es-sences dans leurs titres forestiers, leconstat en 2014 est que ces deux es-sences continuent de sortir du Came-roun à une vitesse effrénée et générale-ment de façon frauduleuse.

Opérations de saisie

Pour celles des cargaisons qui sont leplus souvent arrêtées par les agentsdes eaux et forêts dans le circuit deproduction, transport ou de commercede ces deux essences, très peu de casvont jusqu’à la sanction des contreve-nants. Ici la solution la plus préconiséeétant la transaction connue sous la dé-signation de « négociation : ni vu, niconnu ».Elle se fait entre les agents decontrôle et les contrevenants. Au ni-

veau du port de Douala, l’éternel pro-blème de conteneurisation de bois,sans la présence des agents des eaux etforêts, par la Douane laisse une porteouverte à l’exportation du Bubinga etdu Wenge hors du Cameroun.Pis, quand bien même le bois fraudu-leux est saisi, la procédure la plus cou-rante pour légaliser le bois d’œuvrecoupé illégalement est de le vendreaux enchères. Ce bois est ensuite léga-lement martelé et des documents offi-ciels sont remis à l’acheteur pour enautoriser le transport et la vente. Dansla pratique, cette procédure qui est co-difiée par la réglementation, parexemple le Décret 2001/1034/PM du27 novembre 2001, n’est toujours passuivie selon les règles de l’art. Trèssouvent le bois saisi est revendu auxenchères au même exploitant qui l’aillégalement abattu et transformé, encontrepartie d’un « droit d’abattage »informel. Aucune quittance de paie-ment n’est produite dans cette procé-dure, et l’argent reçu est rarement re-versé dans les caisses de l’État. D’après

le CIFOR les données du ministère desFinances sur l’usage réel de ce proces-sus de saisie-enchère informelle de-puis 2000 sont révélatrices.

Des pertes pour l’Etat

Peu après avoir suspendu tous lestitres d’exploitation forestière à petiteéchelle, en 2000, le ministère a enregis-tré environ 15 ventes aux enchèrespour un paiement total d’environ 1,2milliard FCFA. En 2008, les ventes auxenchères enregistrées sont montées enflèche jusqu’à environ 275. Mais dansle même temps, le montant total despaiements enregistrés a quant à lui di-minué pour atteindre environ 120 mil-lions F.CFA. D’ailleurs durant la mêmepériode, le ministère des Finances n’acessé de se plaindre du manque depersonnel sur les sites des ventes auxenchères, ce qui est contraire à la régle-mentation. Cette situation laisse librecours à des éventuelles sous déclara-tion du nombre réel des « ventes auxenchères ». Rappelons que le mécanis-

me de saisie-vente aux enchères infor-melles peut avoir lieu soit sur le sited’abattage ou de chargement du bois,soit sur le marché final ou le long de laroute lors de son transport. Les prix icivarient selon les ministères de ratta-chement des agents (ministères tech-niques ou « corps habillés »), ren-seigne-t-on.Dans tous les cas, deux (2) ans aprèsque l’arrêté N° 2001 soit rendu exécu-toire, l’on est en droit de faire le bilanquant à sa mise en œuvre, d’évaluer lechemin parcouru, d’élucider les pro-blèmes récurrents et de poser d’autresbases vers la résorption du commerceillégal de ces deux essences que sont leBubinga et le Wenge. Il y va non seule-ment de la survie du Bubinga et duWenge, mais aussi de toutes les autresessences qui sont exploitées frauduleu-sement au Cameroun, qui s’est pour-tant engagé depuis 2010 dans l’Accordde Partenariat Volontaire (APV)-FLEGT signé avec l’Union Européenne.

CONSTANTIN YAP

Le Bubinga et le Wenge sous la coupe de l’illégalitéEXPLOITATION FORESTIÈRE

Coupe du Bubinga dans une exploitation forestier̀e

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