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“Ici nous rendons hommage aux amis que nous avons perdus, à ceux qui ont été affectés par leur disparition, et à ceux qui se sont retrouvés seuls à se souvenir d’eux” - Monument commémoratif des cadets BFC Valcartier RAPPORT AU MINISTRE DE LA DÉFENSE NATIONALE Enquête sur l’explosion d’une grenade lors d’un camp de cadets à Valcartier en 1974

Grenade à Valcartier en 1974

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Rapport de l'ombudsman sur l'accident de la grenade à Valcartier en 1974.

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  • JUIN 2015

    Ici nous rendons hommageaux amis que nous avonsperdus, ceux qui ont taffects par leur disparition, et ceux qui se sont retrouvs seuls se souvenir deux

    - Monument commmoratif des cadets BFC Valcartier

    R A P P O R T A U M I N I S T R E D E L A D F E N S E N AT I O N A L E

    Enqute sur lexplosion dune grenade lors dun camp de cadets Valcartier en 1974

  • Ombudsman du MDN et des FC

    Enqute sur lexplosion dune grenade lors dun camp de cadets Valcartier en 1974 Juin 2015

  • Rapport de lOmbudsman Enqute sur lexplosion dune grenade lors dun camp de cadets Valcartier en 1974

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    Ombudsman du MDN et des FC

    Table des matires

    Sommaire .................................................................................................... 1 Introduction ................................................................................................ 2 Porte ........................................................................................................... 4 Contexte ....................................................................................................... 4 Mesures ayant suivi lincident ................................................................... 5 Tmoignages, conclusions et impact de la commission denqute ......... 7 Les suites de lincident ............................................................................... 9 Indemnisation et avantages sociaux : Qui a reu quoi? ....................... 11 Sant mentale ............................................................................................ 13 Constatations ............................................................................................ 14 Conclusions ............................................................................................... 17 Recommandations .................................................................................... 18 Message de clture de lOmbudsman ..................................................... 18 Annexes ...................................................................................................... 19

    Annexe A : But de lenqute ...................................................................................... 19 Annexe B : Mthodologie .......................................................................................... 19 Annexe C : Gouvernance de la Ligue des cadets de lArme du Canada .................. 20 Annexe D : La Loi sur la Dfense nationale et les organisations de cadets .............. 21 Annexe E : Entrevues de la compagnie D et des intervenants ................................... 22

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    1 Sommaire 2 Le 30 juillet 1974, lors dun camp dt des cadets de lArme la base des Forces

    canadiennes Valcartier, une grenade active a explos pendant un cours sur la scurit des explosifs, tuant six jeunes cadets et en blessant des dizaines dautres. Parmi les autres personnes prsentes qui ont aussi t affectes par cette tragdie, il y avait des instructeurs de la Force rgulire et des rservistes qui ont reu des soins immdiats et prolongs grce leur statut de membres des Forces canadiennes.

    3 Au printemps 2013, notre Bureau a reu des dizaines de plaintes relies ces vnements. Les problmes incontestables et les diffrences allgues dans le traitement et les indemnits reus par les personnes touches ont pouss notre Bureau demander au Ministre lautorisation de lancer une enqute. Nous avions deux objectifs : dterminer si les personnes prsentes avaient t traites de faon juste et compatissante selon les standards en place au moment de lincident et dterminer la responsabilit actuelle, le cas chant, du ministre de la Dfense nationale et des Forces armes canadiennes envers les personnes affectes par cette tragdie.

    4 Notre Bureau a dtermin que la dtresse cause par laccident a t immdiatement aggrave par lenqute mene par les Forces canadiennes. Lapproche de la commission denqute militaire tait une faon inapproprie de traiter des jeunes garons et a laiss plusieurs cadets se sentant responsables, affols et davantage traumatiss.

    5 Liniquit sest poursuivie bien au-del de la commission denqute. Notre Bureau a dcouvert que la Loi sur la Dfense nationale confie aux Forces canadiennes le contrle et la supervision des organisations de cadets, mais ne considre pas les cadets comme des membres des Forces canadiennes ou des employs de la Dfense nationale. En consquence, les cadets blesss navaient pas droit des soins quivalents ceux offerts aux membres des Forces canadiennes prsents ce jour-l et qui taient responsables pour eux.

    6 lexception des soins mdicaux immdiats reus au moment de lincident, les cadets nont reu aucune aide ni aucune indemnit en vertu des politiques et rglements de la Dfense nationale en vigueur lpoque. Les preuves dmontrent que lorganisation des cadets et les Forces canadiennes nont pas inform les cadets et leurs familles des avenues et recours possibles.

    7 Les cadets qui ncessitaient des soins mdicaux non couverts par les rgimes provinciaux ont d payer ces soins eux-mmes ou tout simplement sen passer. La seule autre option pour obtenir des indemnits tait dentreprendre un processus difficile de poursuite en justice contre ltat, ce que peu de familles des cadets ont fait.

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    8 Linaccessibilit des soins est ce qui a pouss la plupart des personnes contacter notre Bureau pour dnoncer ce quelles percevaient comme une injustice. Les preuves dmontrent que certaines personnes prsentes le jour de lexplosion souffrent encore aujourdhui des consquences long terme des blessures corporelles subies et quun pourcentage important de victimes pourrait avoir des problmes de sant mentale causs par lincident.

    9 La Dfense nationale et les Forces canadiennes navaient peut-tre pas lintention de placer les cadets dans un vide juridique en leur attribuant un statut non militaire, mais leur manque flagrant de considration pour les jeunes dont ils taient responsables est inexcusable. Encore aujourdhui, ces personnes ncessitent et mritent laccs des soins de sant mentale et une indemnit pour leurs blessures.

    10 cette fin, notre Bureau a fait deux recommandations au ministre de la Dfense nationale qui, si elles taient mises en uvre, contribueraient rtablir lquit dans le soutien offert aux victimes les plus touches par les vnements tragiques qui se sont produits il y a plus de 40 ans.

    11 Nous recommandons quen vertu des pouvoirs du ministre de la Dfense nationale, le ministre de la Dfense nationale offre immdiatement des valuations toutes les personnes qui affirment avoir subi des effets ngatifs ou permanents la suite de lincident, afin de dterminer les soins de sant physique et psychologique requis et, en fonction de ces valuations, finance un rgime de soins raisonnable.

    12 Suivant les valuations et la dtermination des besoins long-terme de chacun des individus touchs par cet incident et, afin dassurer quils reoivent un traitement qui reflte les valeurs canadiennes, nous recommandons que le ministre, sous la direction du ministre, accorde ces personnes, une indemnit financire immdiate et raisonnable qui cadre avec la jurisprudence dans des situations similaires.

    13 Introduction 14 Le but du Programme des cadets du Canada est de transmettre des adolescents de

    partout au Canada une formation de qualit en matire de leadership, de conditionnement physique et de citoyennet, afin quils deviennent des membres de la socit engags et actifs et quils soient les dirigeants de demain. De nombreux parents encouragent leurs enfants se joindre aux cadets en se disant que les activits et les camps sont mens de faon scuritaire, afin que leurs enfants leur reviennent sains et saufs.

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    15 Le 30 juillet, lors dun camp de plusieurs jours et nuits offert aux cadets de lArme la base des Forces canadiennes Valcartier, une grenade active a explos pendant un cours sur la scurit des explosifs, blessant et tuant plusieurs personnes. Les clats de grenade soudains ont tu six cadets quatre gs de 14 ans et deux gs de 15 ans de la compagnie D et en ont bless des dizaines1 dautres. Lincident a t relay par les mdias nationaux et a fait lobjet denqutes de nature administrative et criminelle.

    16 Au fil du temps depuis cet incident tragique, grce en partie lmergence de divers types de mdias sociaux, un groupe sest form, compos de nombreux individus directement touchs par les vnements de ce jour-l qui voulaient reprendre contact et, ventuellement, parler de ce qui stait pass. Au fur et mesure que le groupe a pris de lampleur et que plus de renseignements ont refait surface par le biais de souvenirs2, les victimes ont pris de plus en plus conscience de leur exprience et de leur tat respectif. Il sen est suivi une participation annuelle accrue la journe commmorative des victimes, et la parution de livres3 4 en 2011.

    17 Certains anciens cadets qui ont subi des blessures ont t frustrs dapprendre que des indemnits et dautres avantages sociaux avaient t offerts des membres des Forces canadiennes, dont certains ntaient pas sur place au moment de laccident.

    18 Le Bureau de lOmbudsman a reu une premire plainte sur le sujet en avril 2013. 51 plaintes supplmentaires ont t adresses sur une priode de trois mois. Les thmes principaux des plaintes taient laccs aux soins mdicaux pour des problmes long terme, le manque de soutien aux plus vulnrables qui souffrent encore aujourdhui et la reconnaissance de la responsabilit du gouvernement canadien auprs des victimes, le besoin dexcuses officielles et dindemnits financires.

    19 Il ne fait pas partie du mandat de lOmbudsman denquter sur des vnements survenus avant la date de cration du Bureau, soit le 15 juin 1998, moins que le Ministre juge quil serait dans lintrt du public de mener une telle enqute.

    20 Les problmes incontestables et les diffrences perues dans le traitement et les indemnits reus par les uns et les autres ont pouss le Bureau se pencher sur lincident et les problmes qui en ont dcoul et faire des recommandations au ministre de la Dfense nationale.

    1 Selon le rapport des Forces canadiennes Commission denqute Explosion dune grenade BFC Valcartier (pp. 010-014), 62 cadets, deux membres de la Force rgulire et un rserviste ont subi des blessures physiques. Ces 65 victimes taient toutes prsentes dans la salle. 2 Bon nombre des renseignements obtenus par le groupe ont t obtenus par le biais de demandes daccs linformation. 3 Fontaine, Hugo. La grenade verte : Valcartier 1974 : Les Oublis de la compagnie D, ditions La Presse, Montral, 2011.. 4 Fostaty, Gerry. As You Were: The Tragedy at Valcartier. Fredericton, N.B.: Goose Lane Editions, 2011.

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    21 Porte 22 Le passage du temps pouvant ajouter la complexit de nimporte quelle enqute,

    cette enqute sur des vnements antrieurs notre mandat a pos plusieurs dfis. Non seulement y avait-il un laps de temps considrable entre laccident et lenqute, mais nous faisions aussi face dautres difficults. Il fallait retrouver les tmoins qui avaient pu tre prsents, obtenir des copies des rglements et politiques applicables qui taient en vigueur en 1974 et, enfin, composer avec le fait quune grande partie de la mmoire organisationnelle et des documents ntaient pas facilement accessibles.

    23 Il tait ncessaire pour lquipe denqute dexaminer la gouvernance, les pouvoirs et les responsabilits en place lpoque pour bien comprendre le contexte et den tirer des conclusions justes. cette fin, il fallait comprendre les lois, rglements et politiques rgissant le ministre de la Dfense nationale, les Forces canadiennes et la Ligue des cadets de lArme au moment de lincident afin dvaluer la responsabilit de chaque partie et ses obligations lgales la suite de lincident, et dterminer limpact court, moyen et long termes sur les victimes.

    24 Contexte 25 lpoque, des parents se tournent rgulirement vers des organisations comme la

    Ligue des cadets pour offrir des activits saines et scuritaires leurs enfants durant lt.

    26 Un camp annuel dentranement estival avec nuites des cadets royaux de lArme canadienne est organis la base des Forces canadiennes Valcartier, au Qubec. La compagnie D comprend un membre de la Force rgulire et 18 membres de la rserve employs pour la dure du camp dentranement estival. Le reste de la compagnie se compose de 137 garons5 gs de 13 18 ans. Ces cadets sont forms et superviss par les Forces canadiennes.

    27 Le camp de cadets lui-mme comprend plusieurs petits btiments parmi lesquels on retrouve les logements, nomms casernements . La plupart des sances de formation du camp se droulent dehors, prs des btiments ou dans les secteurs dentranement. Comme il pleut le 30 juillet 1974, les 137 garons de la compagnie D ont reu lordre de convertir leur logement en une aire ouverte assez grande pour la tenue dun cours magistral.

    28 Un officier de la Force rgulire des Forces canadiennes spcialiste des munitions est sur place pour faire un expos sur lutilisation scuritaire dengins explosifs inactifs. Lexpos vise familiariser les cadets avec les types dexplosifs militaires et leur apparence, au cas o ils viendraient en contact avec des explosifs dans le secteur dentranement.

    5 En 1974, les organisations de cadets sont seulement composes de garons.

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    29 Les explosifs inactifs utiliss pour lentranement sont, par convention, de couleur bleue. Cela permet de les distinguer clairement des explosifs actifs, qui sont vert olive. Les enqutes menes peu de temps aprs lexplosion ont rvl quavant lexpos, une grenade active avait t mle aux grenades inactives par inadvertance.

    30 un certain moment au cours de lexpos, un cadet demande linstructeur sil peut dgoupiller une grenade qui se distingue des autres par sa couleur verte. Lofficier responsable dit au cadet quil peut le faire en toute scurit. Quelques secondes aprs, la grenade explose, tuant six cadets et en blessant soixante-cinq autres.

    31 Les victimes sont emmenes durgence lhpital de la base. Les cas les plus graves sont stabiliss sur place, puis transports dans les hpitaux civils de la rgion. En plus des six dcs, laccident cause linvalidit totale et permanente dun autre cadet. Plusieurs autres jeunes sen sortent avec des handicaps permanents lis la perte dun il, des clats dobus dans le corps, la perte de loue et/ou des traumatismes psychologiques. Il est aussi ressorti plus tard que certains individus ayant t les premiers fournir de laide ont dit souffrir de blessures psychologiques rsultant, dans certains cas, des vnements survenus ce jour-l.

    32 Les mdias de tout le pays ont couvert lincident. Le journal The Montreal Gazette6 a rapport que des responsables militaires avaient dclar que toutes les dpenses lies aux cadets dcds ou blesss, y compris les dpenses pour des soins mdicaux prolongs ou les funrailles, allaient tre dfrayes par le gouvernement.

    33 Mesures ayant suivi lincident 34 Cet incident grave a immdiatement entran une raction de la part des Forces

    canadiennes, mais aussi des autorits civiles. Par suite de cet incident, les Forces canadiennes ont mis sur pied une commission denqute7 et la Sret du Qubec et la police militaire ont lanc une enqute conjointe. Une enqute du coroner a aussi eu lieu aprs lincident. Toutes ces enqutes ont t menes afin de dterminer ce qui sest produit et, le cas chant, les personnes responsables.

    6 Ernhofer, Ken, and Patrick Doyle, Mixup Caused Blast, Says Cadet Survivor. The Gazette [Montreal] 7 Le Sous-ministre adjoint (Services dexamen) dcrit les commissions denqute comme suit : Le ministre de la Dfense Nationale, le Chef dtat-major de la dfense, un officier commandant un commandement ou une formation, ou encore, un commandant peuvent demander quune Commission dEnqute (CE) se penche sur toute question relative la direction, la discipline, ladministration ou aux fonctions des FAC ou concernant tout officier ou militaire du rang. Une CE convient particulirement aux investigations concernant des incidents dune complexit inhabituelle ncessitant du personnel, des ressources et des pouvoirs denqute accrus. Une CE convient particulirement aux incidents dune complexit inhabituelle ncessitant un personnel, des ressources et des pouvoirs denqute accrus. Commissions denqute, Dfense nationale et Forces armes canadiennes, 3 fv. 2012. En ligne, mai 2015.

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    35 Convoque par le commandant8 du 5e Groupement de combat de la base de Valcartier, la commission denqute militaire avait pour mandat de dterminer les circonstances entourant lincident. Durant lenqute, on a recueilli 165 tmoignages9, la plupart de cadets qui taient prsents dans les casernements au moment de lincident. La commission denqute tentait de dterminer comment les cadets se sont retrouvs en prsence de la grenade. Pour ce faire, ils ont interrog des tmoins parmi les cadets pour savoir qui a pu apporter une grenade active ou tout autre engin explosif dans la salle de classe.

    36 Aprs deux jours, la police a dtermin que la grenade provenait dune bote apporte dans la salle de classe improvise par linstructeur10. Environ un mois plus tard, la commission denqute a aussi conclu que la grenade ne pouvait avoir t apporte que par linstructeur de la Force rgulire ou son assistant11.

    37 Le 11 mars 1975, le coroner a conclu dans son rapport que la mort12 des six cadets tait attribuable la ngligence de lofficier de la Force rgulire qui donnait le cours. Sur recommandation du coroner, lofficier militaire a t accus de ngligence criminelle. Son procs a dbut le 28 mars 1977. Le 21 juin 1977, il a t dclar non coupable par la Cour des sessions de la paix du Qubec13. Cette information tait publique alors que les conclusions de la commission denqute et les rapports de police nont pas t divulgus. Le rapport de la police militaire a reu une classification confidentielle; personne lextrieur du gouvernement na t inform de ses conclusions. La commission denqute a aussi reu une classification confidentielle; personne lextrieur de la chane de commandement militaire na t inform de ses constatations.

    38 Quelque 30 annes plus tard, grce des demandes daccs linformation faites en vertu de la Loi sur laccs linformation et aux mdias sociaux, les personnes touches par les vnements ont commenc obtenir des renseignements supplmentaires et se faire une meilleure ide de ce qui stait produit.

    8 Forces canadiennes. Commission denqute Explosion dune grenade BFC Valcartier, p. 000212. 9 Selon le rapport des Forces canadiennes Board of Inquiry Grenade Incident BFC Valcartier 30 Jul 74 (p. 000185), cela comprend 92 cadets et 27 rappels. 10 BFC Valcartier. SITREP sur le rapport dincident dat du 1er aot 1974. 11 Forces canadiennes. Commission denqute Explosion dune grenade BFC Valcartier, p. 000188. 12Conformment aux articles 30-31 de la Loi sur les Coroners de 1966, le coroner peut conclure en un acte de ngligence criminelle et dposer des accusations en vertu de larticle 462 du Code Criminel du Qubec. Dans les conclusions de son enqute sur cet incident, le coroner a crit Le capt est tenu criminellement responsable de la mort [des six cadets] , le 11 juillet 1975. 13 Godbout, Jacques N. Morts des cadets de Valcartier en 1974 : lombudsman enqutera 40 ans plus tard , Journal 45e Nord, le 16 mai 2014.

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    39 Tmoignages, conclusions et impact de la commission denqute

    40 Parmi les personnes interroges dans le cadre de notre enqute, 37 ont tmoign devant la commission denqute. Nombreuses sont celles qui ont exprim de la colre face ce quon leur a impos quand elles ont reu lordre de tmoigner devant la commission. Cette procdure les a intimides et a nourri leur mfiance envers les Forces canadiennes. Le tmoignage devant la commission denqute a t extrmement difficile pour certains cadets, alors que dautres ne se souviennent pas davoir t affects.

    41 Aux fins leur comparution devant la commission denqute, les cadets ont t spars des membres de leur compagnie et des membres des autres compagnies. Nombreux parmi eux ont dcrit avoir t escorts par un officier de police militaire arm jusqu un lieu scuris, plus prcisment un bunker souterrain, avant dtre interrogs, puis enjoints de ne pas divulguer le contenu de leur tmoignage et de ne pas en parler avec les autres.

    42 Le secret entourant les tmoignages devant la commission denqute a t dcrit comme une cause majeure de stress pour les cadets de lpoque, car ils ont eu limpression que cela limitait leur capacit trouver du rconfort et tourner la page en partageant leur exprience. Un des cadets a compar lexprience un terrible accident de train auquel on survit pour ensuite tre tenu injustement responsable de laccident.

    43 Un autre cadet a crit ceci :

    [traduction] Mon entrevue devant la commission denqute militaire a eu lieu un soir, plusieurs jours aprs lexplosion. Lemplacement et la mise en scne de la commission ont donn un ton srieux et grave au processus. Jtais immdiatement nerveux et anxieux. Puis, ces sentiments ont vite fait place lincrdulit et la panique quand on ma interrog. On ma fait sentir que nous, les cadets, tions responsables des dcs et blessures. Jai rpondu honntement aux questions de la commission. Pourtant, jai senti quon ne me croyait pas. Vers la fin de lentrevue, jai imagin quune punition quelconque mattendait, mme si je navais rien fait de mal. En chemin vers le casernement o jtais log, jai fondu en larmes, pensant que jtais dans le ptrin 14

    14 Extrait dun change de courriels entre un de nos enquteurs et un ancien cadet.

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    44 Dautres cadets, plus vieux lpoque, ont dcrit avoir t conduits jusquau btiment souterrain, stre prsents devant la commission pour rpondre quelques questions, puis tre retourns aux nouveaux casernements, nayant aucun souvenir particulirement pnible. Certains cadets ne se souvenaient pas de leur tmoignage devant la commission denqute et ont t surpris dapprendre que nos enquteurs possdaient une copie de leur tmoignage.

    45 Pour notre enqute, nous avons aussi rencontr lofficier suprieur qui tait charg dorganiser la commission denqute. Il a confi aux enquteurs que la dcision de tenir les audiences dans le bunker avait t prise pour avoir assez despace pour accueillir tout le personnel impliqu. Il a aussi ajout que lendroit se prtait bien lisolement des tmoins. Enfin, on sest dit lpoque que le bunker serait appropri pour contrer les fortes chaleurs estivales. Lofficier a t surpris dapprendre que de nombreux cadets ont eu limpression que lendroit avait t slectionn pour assurer le secret ou pour les intimider.

    46 Mme si les dcisions touchant lemplacement de la commission et le traitement des tmoins sont explicables dun point de vue militaire, il est clair que certains jeunes cadets les ont interprtes tout autrement lpoque. La manire dont on a rassembl les cadets et emmens tmoigner aurait pu tre raisonnable sil stait agi de membres adultes des Forces canadiennes, mais puisquil sagissait de jeunes cadets, certains se sont sentis responsables, affols et davantage traumatiss.

    47 Les dcisions et les mesures qui ont immdiatement suivi lincident, comme le fait de tenir les audiences de la commission denqute dans le bunker, ont eu des consquences involontaires sur les cadets qui, aprs leur tmoignage, ont craint que la chane de commandement croyait que lun deux avait pu tre responsable de la prsence dune grenade active. En effet, les questions poses par la commission cherchaient identifier un cadet qui aurait potentiellement pu apporter un engin explosif dans la classe. On les a non seulement traits comme des tmoins adultes, mais on sattendait aussi ce quils agissent selon les coutumes militaires, comme sils taient membres des Forces canadiennes. Plus jeunes taient les cadets lorsquils ont tmoign devant la commission, plus ils semblent avoir t intimids.

    48 La commission denqute a par la suite conclu que lincident tait le rsultat dun acte de ngligence mineur; une petite partie du blme reposait sur lofficier responsable, le jeune soldat qui lassistait et des employs civils qui travaillaient au dpt de munitions de la base des Forces canadiennes Valcartier. Finalement, la commission denqute a aussi conclu quaucun cadet ntait blmer.

    49 Lexamen de la transcription de la commission denqute suggre que les membres composant la commission denqute ont adopt une approche extrmement protocolaire pour linterrogatoire des cadets. Selon lAssistant du Juge-avocat gnral de Valcartier, qui a fait lexamen du rapport de la commission denqute en 1974, [...] il est regrettable que la Commission ait pos tant de questions suggestives presque tous les tmoins. Ceci affecte la crdibilit des tmoignages et rend plus

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    difficile l'apprciation du tmoignage des cadets surtout15. Par ailleurs, il ntait pas daccord avec le terme ngligence mineure dans les conclusions de la commission denqute. Selon son valuation, les gestes de lofficier responsable pouvaient entraner des accusations en vertu de la Loi sur la Dfense nationale.

    50 Les rsultats de la commission denqute ont aussi t examins par ltat-major du quartier gnral lArme de terre. Dans un document rdig par le mdecin-chef du commandement de lArme de terre des Forces canadiennes de lpoque, on fait trois recommandations quant laide et aux soins de suivi offrir aux cadets :

    51 Laisser dabord lassurance16 rsoudre le problme;

    52 Plaider auprs du gouvernement en faveur des blesss si lindemnisation semble inadquate;

    53 Demander laide dAnciens Combattants Canada pour dterminer si lindemnisation est adquate et dterminer la gravit des invalidits et les indemnits connexes suggres.

    54 Il est impossible de savoir avec certitude si les Forces canadiennes, la Ligue des cadets de lArme et Anciens Combattants Canada ont adopt une approche exhaustive pour offrir le soutien et laide requis aux familles, puisque aucun document cet effet nest disponible. Par ailleurs, vu le passage du temps et la perte de mmoire organisationnelle, nous navons pas pu confirmer si lune ou lautre de ces recommandations a t suivie.

    55 Les suites de lincident 56 Aprs lincident, le ministre de la Dfense nationale a pay17 les frais funraires des

    six cadets tus par lexplosion. Aucun mcanisme na t mis en place pour que les cadets aient accs aux soins mdicaux supplmentaires dont ils pouvaient avoir besoin et qui ntaient peut-tre pas offerts par leur rgime provincial.

    57 On na trouv aucune preuve indiquant que le Ministre a pris quelque engagement financier que ce soit envers les cadets blesss qui avaient besoin de soins mdicaux long terme. lexception des soins mdicaux immdiats reus au moment de

    15 Bureau du Juge-avocat gnral. Commission denqute Explosion dune grenade BFC Valcartier , le 18 novembre 1974, p. 000092. 16 Le directeur gnral actuel de la Ligue des cadets de lArme a confirm que la police dassurance de la Ligue a toujours t dsigne comme une protection complmentaire pour lassurance responsabilit des cadets et bnvoles. Le reprsentant de la Ligue a ajout que la police navait jamais t conue pour assurer les cadets qui prennent part des activits sur une base militaire, puisque ces installations sont considres comme des proprits de ltat qui relvent du gouvernement. Actuellement, la Loi sur la responsabilit civile de ltat et le contentieux administratif (L.R., 1985, ch.C-50, s.3 stipule quen matire de responsabilit, ltat est assimil une personne pour [...] le dommage caus par la faute de ses prposs . 17 Forces canadiennes. Commission denqute Explosion dune grenade BFC Valcartier, pp. 5-8.

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    lincident, les cadets nont reu aucune aide ou indemnisation en vertu de toute politique ou tout rglement du ministre de la Dfense nationale en vigueur lpoque.

    58 Bien que la Loi sur la Dfense nationale confie aux Forces canadiennes le contrle et la supervision des organisations de cadets, et que ces derniers ont tous reu une indemnit compensatoire de 100 $ pour leur participation au camp, les cadets ne sont pas membres des Forces canadiennes. Les cadets avaient pour seul statut celui de civils sur les terres de la Couronne. Il en rsulte que les cadets ntaient pas automatiquement admissibles recevoir des soins mdicaux fournis par les Forces canadiennes, et ils ntaient pas admissibles recevoir une indemnit pour leurs blessures de la part dAnciens Combattants Canada. Ils ntaient mme pas considrs comme des employs civils du ministre de la Dfense nationale, un statut qui leur aurait tout de mme ouvert la porte lobtention dune gamme de soins prescrits et dindemnits.

    59 En dautres mots, les cadets navaient aucun statut dans les Forces canadiennes, ce qui les rendait inadmissibles toute forme dindemnit ou davantages sociaux auxquels aurait pu avoir droit un membre des Forces canadiennes bless grivement ou tu. linverse, les instructeurs de cadets taient et sont toujours considres comme des membres de la Force de rserve des Forces canadiennes et, en consquence, taient et sont toujours admissibles aux indemnits et avantages sociaux en cas de blessures/dcs attribuables au service en vertu de la Loi sur les pensions18 qui prvoyait des traitements mdicaux non couverts par les rgimes provinciaux. Ces avantages et la compensation taient inaccessibles aux cadets ou leurs familles.

    60 La diffrence de statut fondamentale entre les cadets et les membres des Forces canadiennes revt une grande importance dans cette affaire. Les 137 cadets prsents dans la salle au moment de lexplosion constituaient le groupe le plus vulnrable et le plus affect au moment de lincident. En raison de labsence dun statut militaire, ils nont pas eu droit aux avantages. Les cadets qui avaient besoin de soins mdicaux au-del de ceux couverts par les plans provinciaux ont d en dfrayer eux-mmes les cots ou sen passer. La seule autre option viable pour obtenir de laide tait dentamer un processus accusatoire de rclamation contre ltat, ce que peu de parents de cadets ont entrepris.

    61 ce jour, les rclamations contre ltat (ou son assureur) demeurent le seul mcanisme permettant aux cadets dobtenir des avantages dans les situations similaires.

    18En 2006, la gamme davantages offerts aux anciens combattants a subi des changements considrables en vertu de la Loi sur les mesures de rinsertion et dindemnisation des militaires et vtrans des Forces canadiennes (connue sous le nom de Nouvelle Charte des anciens combattants). La Loi sur les pensions demeure en vigueur en tant que principale source davantages des anciens combattants pour des affections ouvrant droit pension pour lesquelles une demande a t dpose avant le 1er avril 2006.

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    62 Indemnisation et avantages sociaux : Qui a reu quoi? 63 Plusieurs dcennies aprs lincident, il y a encore, dans lesprit des cadets touchs par

    lincident, beaucoup de confusion concernant les responsabilits et la couverture dassurance.

    64 De nombreux cadets interrogs ont exprim de la colre et de la frustration face au traitement, (voire labsence de traitement) quils ont reu cause de leur statut non militaire. Certains ont dit se sentir comme dans une impasse ou un vide juridique.

    65 Il leur a t difficile daccepter et de comprendre que certains parmi les premiers rpondants ont eu droit des traitements, avantages sociaux et indemnits supplmentaires la suite de leur participation aux efforts de secours, alors que la majorit des cadets nont reu peu prs rien. On sentend gnralement chez les victimes pour dire quil y a eu de linjustice dans cette affaire.

    66 Labsence dautres processus ou mcanismes de recours a port certains parents intenter des recours juridiques individuels contre le Ministre, ce qui a donn lieu des rglements lamiable. Ainsi, la seule possibilit dobtenir une indemnisation reposait sur la volont et la capacit de la famille de chaque cadet dentreprendre des poursuites contre ltat. Les familles qui ne lont pas fait nont rien reu.

    67 Par exemple, en avril 1975, le pre dun cadet a entrepris une poursuite contre le Ministre, exigeant un ddommagement de 14 850 $ pour les blessures de son fils. Lenfant souffrait dune perforation des tympans et de traumatisme psychologique. Il avait t emmen lhpital militaire de la base aprs lincident, puis retourn au camp dt le jour mme, sans autre traitement mdical.

    68 Quand le cadet est rentr la maison deux semaines plus tard, il avait des pertes de mmoire, des maux de tte, des signes de dpression et lincapacit de pratiquer des sports. Les enquteurs ont appris que lenfant, qui tait en parfaite sant physique et mentale son dpart pour le camp dt, na plus jamais t le mme aprs son retour la maison.

    69 Un autre cadet ayant subi des blessures plus graves a t dclar totalement invalide et est confin un fauteuil roulant pour le reste de sa vie. Dans sa rclamation contre ltat, le pre demandait 865 000 $, mais sest ensuite entendu lamiable pour un montant de 225 000 $.

    70 Selon les documents de la cour, ltat a reconnu sa responsabilit dans lincident.19

    19 Sncal c. Canada (1977), Montral T-2546-75 (Cour fdrale).

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    71 Voici un sommaire des rglements lamiable obtenus par les familles des cadets dans les annes qui ont suivi lincident. Linformation se trouve dans les livres publis sur lincident de Valcartier et nous lavons vrifie dans les documents divulgus par le ministre de la Justice en vertu de la Loi sur laccs linformation. Fait noter, des 137 cadets qui taient prsents dans la salle, seule une minorit a obtenu un rglement.

    72 Indemnit en

    1975-1976 Valeur en 201520

    Type de blessure

    225 000 $ 1 127 678,57 $ Invalidit totale 36 560 $ 183 235,24 $ Traumatisme au haut du corps et la tte 18 950 $ 94 975,60 $ Blessure lil 14 000 $ 70 166,67 $ Dcd 13 000 $ 65 154,76 $ Dcd 12 934 $ 64 823,98 $ Dcd 12 102 $ 60 654,07 $ Dcd 11 100 $ 55 632,14 $ Traumatisme haut du corps 10 000 $ 50 119,05 $ Dcd 9 450 $ 47 362,50 $ Traumatisme haut du corps 5 500 $ 27 565,48 $ Troubles de loue 4 875 $ 24 433,04 $ Traumatisme haut du corps 3 840 $ 19 245,71 $ Traumatisme haut du corps 2 650 $ 13 281,55 $ Troubles psychologiques 11 601 $ 58 143,11 $ Indemnit mdiane

    73 Cinq des six familles de cadets ayant perdu la vie ce jour-l ont intent des poursuites contre ltat et ont rgl lamiable moyennant un ddommagement financier. Les parents dautres cadets blesss ont aussi obtenu un rglement lamiable aprs avoir fait une rclamation.

    74 Tandis que peu de familles ont fait des rclamations auprs de ltat, une autre option aurait t dobtenir une indemnisation en vertu de la Loi sur lindemnisation des victimes dactes criminels du Qubec, adopte en 1972. Il sagit dun programme provincial qui offre des services dindemnisation et de radaptation aux victimes dactes criminels tels que la ngligence criminelle ayant caus des blessures ou la mort.

    75 Cette loi est pertinente parce que lofficier des Forces canadiennes qui donnait linstruction ce jour-l a t accus davoir caus des lsions corporelles ou la mort par ngligence criminelle. Les demandes dindemnits en vertu de cette loi doivent tre soumises dans lanne suivant lincident. Malheureusement, aucune des victimes de lincident na soumis une demande dans le cadre de ce programme.

    20 Feuille de calcul de linflation , Banque du Canada, en ligne, le 20 mai 2015.

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    76 Les enquteurs du Bureau de lOmbudsman ont tent didentifier des cas dincidents similaires dans les Forces canadiennes. Bien que des leons aient t tires de lincident de 1974 Valcartier, deux autres vnements ont impliqu des membres de la Force rgulire et des explosifs dans les Forces canadiennes en 1988. Les enquteurs nont trouv aucun autre cas dincident grave dune nature similaire impliquant des cadets.

    77 Afin dapprcier et de quantifier ltendue dinjustice potentielle que les cadets et leurs familles ont subi, lquipe denqute a examin dautres situations comparables. Il est noter que ces ententes ntaient pas ncessairement lies des accidents, de la ngligence ou des actes criminels.

    78 Rglement Cas 229 000 $ Rglement des cadets de la marine 1960s

    86 500 $ Rglement entre Anciens Combattants Canada et le Commandement de la compagnie D Valcartier 67 000 $ Survivants du Thalidomide 1950-1960s 24 000 $ Gaz moutarde 1968-1976

    20 000 $ Programme de redressement pour la taxe dentre impose aux immigrants Chinois 1885-1923 20 000 $ Agent Orange 1966-1967

    14 000 $ Programme de redressement pour linternement des Canadiens japonais 1942

    79 Sant mentale 80 Les troubles de sant mentale et les traumatismes lis au stress ntaient pas trs

    connus parmi les Canadiens en 1974. Le trouble psychiatrique quon appelle tat de stress post-traumatique (ESPT) a seulement t reconnu en 198021 par lAmerican Psychiatric Association.

    81 Des dcennies plus tard, la population est davantage sensibilise ce trouble de sant mentale. Ltude et la comprhension de la sant mentale et des soins offerts aux patients ont grandement volu. Les Forces canadiennes ont apport des amliorations importantes au soutien et aux services offerts aux membres et leurs familles dans ce domaine.

    82 Quand les anciens membres de la compagnie D ont repris contact et se sont racont leurs histoires, ils ont vu que certains avaient t valus et traits pour des problmes de sant mentale, notamment pour lESPT, grce la Loi sur les mesures de rinsertion et dindemnisation des militaires et vtrans des Forces canadiennes22. En

    21 Friedman, Matthew J., MD, PhD. PTSD History and Overview , PTSD: National Center for PTSD. U.S. Department of Veterans Affairs, le 25 mars 2014, en ligne, 2014. 22La Loi sur les mesures de rinsertion et dindemnisation des militaires et vtrans des Forces canadiennes, mieux connue sous le nom de Nouvelle Charte des anciens combattants , a reu la sanction royale le 13 mai 2005, et la loi est entre en vigueur le 1er avril 2006. La Charte met en place un

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    apprenant que certaines personnes avaient pu obtenir des valuations et des traitements, dautres ont dcid daller chercher de laide.

    83 Les problmes de sant mentale semblent stre accentus pour la plupart des plaignants que nous avons interrogs dans le cadre de la prsente enqute. 58 pour cent des personnes impliques dans laccident disent souffrir dune forme ou une autre de blessure psychologique lie ce quelles dcrivent comme un vnement traumatisant. Parmi les personnes impliques la fois dans lexplosion et les vnements qui en ont dcoul, 33 pour cent dentre elles ont eu accs des soins de sant mentale par lintermdiaire dAnciens Combattants Canada (grce leur statut de membre des Forces canadiennes ou de la Gendarmerie royale du Canada) ou, dans le cas danciens cadets, avec un autre rgime dassurance collective ou leurs propres frais. Laccs insuffisant aux soins est ce qui a incit la plupart des personnes nous contacter pour dnoncer ce quelles percevaient comme une injustice.

    84 Constatations 85 Quand on considre limpact global de lincident sur les personnes que nous avons

    interroges qui ont pris part lincident ce jour-l, on constate que 81 pour cent taient prsentes dans la salle au moment de lexplosion. Les donnes indiquent que 53 pour cent de ces personnes ont souffert de blessures physiques. Parmi celles-ci, 40 pour cent ont dit possder des documents de preuve attestant leurs blessures.

    86 Lenqute a rvl que 40 pour cent des cadets ont t emmens lhpital de la base immdiatement aprs lexplosion. Quand on leur a demand sils avaient toujours des problmes dus aux blessures physiques subies ce jour-l, 40 pour cent ont dclar quils souffrent toujours des effets de lexplosion. En tout, 32 pour cent de ceux qui taient dans la salle allguent avoir subi la fois des blessures physiques et mentales.

    87 Alors que les familles des enfants qui furent blesss ont t laisses elles-mmes par rapport aux recours additionnels, certains membres des Forces canadiennes ont demand et ont reu des indemnisations pour leurs blessures sous lgide de la loi sur les pensions et plus tard la Nouvelle Charte des anciens combattants.

    88 Un des thmes principaux qui est ressorti de nos changes avec les personnes impliques dans cet incident dcoule du fait quil y a eu un manque de considration pour les cadets qui se trouvaient sous la responsabilit des Forces canadiennes. En fait, plusieurs ont mentionn, lors de lenqute, que personne ne les avait informs des redressements ou recours possibles, non plus est-ce que les Forces canadiennes ou lorganisation de Cadets leur a propos quoi que ce soit.

    nouveau rgime davantages pour les anciens combattants blesss, invalides et dcds et offre des mesures de radaptation professionnelle et physique pour les anciens combattants et leurs familles. Elle a prsance sur le rgime prcdent, qui tait rgi par la Loi sur les pensions, dont la premire version est entre en vigueur en 1919.

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    89 Les enquteurs de lOmbudsman ont rencontr deux anciens combattants des Forces canadiennes qui taient prsents et reoivent depuis des prestations mensuelles en vertu de la Loi sur les pensions la suite de lincident. Dautres membres des Forces canadiennes admissibles, aprs avoir constat quils avaient peut-tre des squelles de lincident de 1974, se sont adresss Anciens Combattants Canada plus tard au cours de leur vie. Ceux qui ont demand de laide aprs le 31 mars 2006 ont soumis une demande en vertu de la Nouvelle Charte des anciens combattants plutt que la Loi sur les pensions, puisque ce nouveau rglement tait alors en vigueur.

    90 Le Bureau de lOmbudsman est au fait de six cas danciens membres des Forces canadiennes qui ont soumis une demande dindemnit et davantages sociaux Anciens Combattants Canada pour leur tat de stress post-traumatique. Chacun de ces anciens militaires a reu un montant mdian de 86 496 $ titre dindemnisation selon la Nouvelle Charte des anciens combattants. Le tableau ici-bas indique les montants individuels et lanne o ils ont t reus.

    91 Montant Anne reue Composante 202 000 $ 2007 Cadre des instructeurs de cadets 109 000 $ 2012 Force rgulire

    87 992,53 $ 2012 Cadre des instructeurs de cadets 85 000 $ 2011 Force rgulire 85 000 $ 2012 Cadre des instructeurs de cadets

    14 265,97 $ 2011 Cadre des instructeurs de cadets

    92 Il est intressant de remarquer que 20 personnes interroges taient la fois prsentes dans la salle et ont entrepris des dmarches individuelles pour obtenir des soins de sant mentale. Toutes ont reu un diagnostic de blessure psychologique. On peut raisonnablement prsumer quune grande proportion des autres personnes prsentes peut aussi souffrir dun problme de sant mentale suite lincident.

    93 Les individus ayant droit une indemnisation de la part dAnciens Combattants Canada sont aussi admissibles dautres programmes pour les vtrans, incluant des avantages supplmentaires pour des soins et traitements non couverts par lassurance-maladie provinciale.

    94 En comparant les montants verss dans le cadre de la Nouvelle Charte des anciens combattants ceux obtenus la suite de rglements lamiable avec les parents de cadets qui ont poursuivi le gouvernement, les cadets blesss et toujours affects aujourdhui par lincident ont eu de la difficult sexpliquer de faon rationnelle la diffrence importante entre les sommes verses.

    95 Non seulement savent-ils que les montants sont disproportionns, mais ils ont aussi constat que les avantages sociaux offerts par Anciens Combattants Canada couvrent des soins non couverts par les rgimes provinciaux dassurance-maladie, tels que la consultation de spcialistes, les soins psychologiques, les appareils auditifs et certains mdicaments.

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    96 En interrogeant 49 cadets, les enquteurs de lOmbudsman ont appris que 33 dentre eux croient avoir gard des squelles de lincident de 1974 et croient avoir subi une forme quelconque de traumatisme psychologique. Sept de ces anciens cadets ont dclar avoir pay avec leur argent ou utilis leur rgime dassurance personnel pour obtenir des soins psychologiques.

    97 Parmi les personnes prsentes au camp de cadets en 1974, nombreuses sont celles qui sont incapables dobtenir un diagnostic qui mnerait un traitement, car elles ne peuvent se le permettre. En discutant avec dautres personnes impliques dans lincident, elles ont appris que ceux qui taient admissibles des indemnits et avantages en vertu de la Loi sur les pensions ou de la Nouvelle Charte des anciens combattants avaient obtenu laide rclame.

    98 Voici un sommaire des avantages sociaux offerts en fonction de la composante :

    Composante Soins mdicaux Indemnit financire

    Force rgulire Oui Oui

    Force de rserve Oui Oui

    Cadets ayant par la suite servi au sein des Forces canadiennes ou de la Gendarmerie royale du Canada.

    Oui, en cas daggravation dun problme existant

    cause du service

    Oui, en cas daggravation dun problme existant

    cause du service

    Cadets/familles qui ont fait une rclamation auprs de ltat

    Assurance-maladie provinciale uniquement Oui

    Cadets/Familles qui nont JAMAIS fait de rclamation auprs de ltat

    Assurance-maladie provinciale uniquement Non

    99 Lenqute a aussi rvl que, plus tard, certains cadets se sont enrls dans les Forces canadiennes ou la Gendarmerie royale du Canada. Mme sils navaient pas droit aux avantages offerts par Anciens Combattants Canada lpoque de lincident parce quils taient des cadets, certains ont ensuite pu obtenir des indemnits et avantages grce leur service ultrieur. Cela a t possible parce quon a cru que leur service militaire ou policier avait aggrav un problme existant la suite de lexplosion de 1974.

    100 la lumire de ces faits, il faut reconnatre lhypothse voulant que les cadets, sils avaient eu droit aux avantages de par leur statut demploi avec soit Forces canadiennes ou la Gendarmerie royale du Canada, auraient probablement reu, au minimum, une valuation de sant mentale et, trs probablement, profit dun suivi mdical quelconque et dindemnits. La plupart des personnes interroges ont dclar que laccs des soins mdicaux constitue leur priorit principale et immdiate.

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    101 Conclusions 102 Les parents confient leurs enfants au programme des cadets du Canada et, par

    extension, au gouvernement du Canada en croyant non seulement que leurs enfants participeront de nombreuses activits qui leur seront profitables; ils croient aussi que ces activits seront scuritaires. Ce que les parents ne savent peut-tre pas est que sil arrivait quelque chose ces enfants aujourdhui, la seule voie par laquelle obtenir une indemnisation serait dintenter une poursuite contre ltat (ou son assureur).

    103 Les cadets qui ont eu la chance de survivre lexplosion de la grenade en 1974 nont pas droit un soutien quivalent celui qui est offert aux instructeurs, qui taient non seulement responsables des cadets, mais qui ont aussi caus lincident par mgarde. Parce quils ntaient pas membres dune composante des Forces canadiennes dcrite dans la Loi sur la Dfense nationale, les cadets nont pas eu droit et nont toujours pas droit - aux indemnits et avantages prvus dans la Loi sur les pensions ou la Nouvelle Charte des anciens combattants. Ainsi, le groupe le plus affect par lincident sest avr tre aussi le plus vulnrable.

    104 Mme si ltat a reconnu sa responsabilit relativement lexplosion de la grenade, et ce en rponse une poursuite contre la Couronne, le vide juridique dans lequel se trouvaient les cadets constituait et constitue toujours un grand vide lgislatif. Il est difficile croire que personne ne soit tenu responsable dun point de vue financier ou autre, des blessures, voire de la mort dun cadet.

    105 De nombreuses personnes interroges ont affirm que leurs parents navaient pas fait de rclamation ltat en leur nom parce quils navaient pas les connaissances ou les moyens financiers pour sattaquer la grosse machine gouvernementale . Ainsi, durant de nombreuses annes, ils ont eu limpression quils navaient pas dautre choix que de continuer souffrir en silence tandis que les souvenirs de lincident continuaient de les hanter.

    106 Selon ce que notre enqute a permis de dterminer, les jeunes cadets blesss nont reu aucun soin long terme, indemnits ou avantages sociaux, cause des lois et rglements en vigueur au moment de lincident et des restrictions quils contenaient. Les lments de preuve recueillis dmontrent aussi que les Forces canadiennes et le ministre de la Dfense nationale ont admis leur part de responsabilit dans cette affaire mais ont choisi dindemniser uniquement ceux qui ont intent une poursuite contre ltat ou qui avaient droit une indemnit grce leur statut demploi.

    107 Il est vident quoffrir de laide, des indemnits et des avantages des membres des Forces canadiennes touchs directement ou indirectement par lincident de 1974, sans toutefois offrir le mme soutien aux garons sous leur responsabilit qui taient prsents dans les casernements au moment de lexplosion, va lencontre des principes dquit.

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    108 Recommandations 109 tant donn que jusqu 53 pour cent des cadets qui ont t tmoins de lincident ou

    ont t blesss lors de celui-ci semblent toujours souffrir de blessures physiques ou psychologiques, nous recommandons quen vertu des pouvoirs du ministre de la Dfense nationale, le ministre de la Dfense nationale offre immdiatement des valuations toutes les personnes qui affirment avoir subi des effets ngatifs ou permanents la suite de lincident, afin de dterminer les soins de sant physique et psychologique requis et, en fonction de ces valuations, finance un rgime de soins raisonnable. Il serait profitable pour ces anciens cadets de se voir offrir des soins de sant mentale quils mritent et dont ils ont besoin.

    110 Suivant les valuations et la dtermination des besoins long-terme de chacun des individus touchs par cet incident et afin dassurer quils reoivent un traitement qui reflte les valeurs canadiennes, nous recommandons que le ministre, sous la direction du ministre, accorde ces personnes, une indemnit financire immdiate et raisonnable qui cadre avec la jurisprudence dans des situations similaires.

    111 Message de clture de lOmbudsman 112 Lquit ne veut pas dire que tout le monde obtient la mme chose. Lquit veut dire

    que tout le monde reoit ce dont il a besoin.

    113 Il y a plus de 40 ans quune grenade a explos au camp des cadets de Valcartier, mais de nombreux survivants souffrent encore aujourdhui. Quil sagisse de blessures corporelles ou psychologiques, les preuves recueillies dans le cadre de notre enqute dmontrent que de nombreux cadets ont subi des blessures long terme qui ont chang le cours de leur vie et pour lesquelles ils ont reu des traitements et des indemnits inadquats.

    114 La lgislation en vigueur en 1974 a peut-tre dtermin les dcisions prises lpoque et limit les recours possibles, mais cela ne dgage pas la Dfense nationale et les Forces canadiennes de leur responsabilit envers les enfants qui taient sous leur garde. On aurait d en faire davantage.

    115 Les personnes qui se sont adresses notre Bureau ont d vivre avec leurs blessures, tout en sachant que tous ceux qui ont t affects par lincident nont pas t traits de faon quitable. Cependant, elles ne demandent pas et ne sattendent pas recevoir le mme traitement que les membres de la Force rgulire ou les rservistes. Elles veulent seulement avoir accs ce dont elles ont besoin des soins mdicaux.

    116 Heureusement, les accidents comme lexplosion de la grenade Valcartier sont lexception et non la norme. Nanmoins, le ministre de la Dfense nationale, les Forces armes canadiennes et les organisations de cadets du Canada doivent travailler ensemble pour empcher quune telle tragdie se produise. Si cet incident se rptait

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    aujourdhui, la lgislation ne permettrait pas aux cadets de demander laide dAnciens Combattants Canada ou d'un rgime de soins mdicaux offert aux membres des Forces armes canadiennes.

    117 Afin daider le ministre de la Dfense nationale et les Forces armes canadiennes mener leur initiative quinquennale de renouvellement du programme des cadets, mon Bureau fera un examen indpendant des organisations de cadets du Canada. Nous aurons pour objectif de dterminer tout problme diniquit et de faire des recommandations sur les amliorations apporter au programme.

    118 Annexes 119 Annexe A : But de lenqute

    120 Le but de la prsente enqute est deffectuer une analyse indpendante et impartiale du traitement des cadets la suite de cet incident, en vue de dterminer si les cadets et leurs familles ont t traits de faon quitable, juste et compatissante selon les normes en place lpoque. Lenqute sera axe sur les aspects administratifs lis au et manant du traitement rserv aux cadets et leurs familles dans la foule de lincident. Conformment au mandat du Bureau de lOmbudsman, nous exclurons de la prsente enqute tout lment caractre criminel. Finalement, lenqute permettra aussi de dterminer la responsabilit actuelle, sur le plan moral, financier ou autre, du ministre de la Dfense nationale et des Forces armes canadiennes envers les personnes potentiellement affectes physiquement ou psychologiquement par lincident.

    121 Annexe B : Mthodologie

    122 La collecte de preuves pour cette enqute a t faite selon une approche volets multiples. Nous avons notamment effectu 70 entrevues, dont 45 ont eu lieu avec des personnes qui se sont adresses directement au Bureau de lOmbudsman.

    123 Dautres preuves lappui de cette enqute ont t obtenues laide dun examen mticuleux de renseignements contemporains (aprs lincident/1974) trouvs dans divers rapports denqute qui sont toujours accessibles aujourdhui :

    124 Rapport de la commission denqute des Forces canadiennes;

    125 Rapports sur des opinions dexpert et des conseils donns la commission denqute;

    126 Enqute du coroner du Qubec;

    127 Enqute de la police militaire;

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    128 Correspondance entre le ministre de la Dfense nationale et les anciens cadets et leurs familles;

    129 Documents de cour des poursuites intentes contre ltat.

    130 Afin de dfinir la structure administrative rgissant les cadets et les Forces canadiennes au moment de lincident, nous avons remont jusqu 1974 pour faire lexamen de divers documents de politiques et de lgislation.

    131 Nous avons aussi examin les versions plus rcentes (le cas chant) de ces mmes documents afin de dterminer lvolution des politiques et de dterminer comment elles influenceraient le statut des personnes touches par laccident. De plus, nous avons aussi jug ncessaire de faire une analyse comparative du traitement et des indemnits reus par les cadets et des membres des Forces canadiennes impliqus ou blesss dans laccident, afin de saisir pleinement les diffrences importantes entre ces groupes.

    132 Les documents suivants ont t examins dans le cadre de la prsente enqute :

    133 Loi sur la Dfense nationale en vigueur 1974 et aujourdhui;

    134 Ordonnances administratives des Forces canadiennes;

    135 Ordonnances et rglements royaux applicables aux Forces canadiennes (ORFC);

    136 Directives et ordonnances administratives de la Dfense;

    137 Dautres lois, rglements et politiques lis ce type dincident;

    138 Couverture mdiatique de lincident, y compris des articles de journaux publis en 1974.

    139 Annexe C : Gouvernance de la Ligue des cadets de lArme du Canada

    140 Les origines de lorganisation de cadets de lArme du Canada remontent 187923. Deux entits gouvernent lorganisation de cadets de lArme du Canada : Les Forces canadiennes, en vertu de la Loi sur la Dfense nationale, et la Ligue des cadets de lArme24. La Ligue navale du Canada et la Ligue des cadets de lAir jouent un rle parallle celui de la Ligue des cadets de lArme du Canada pour les deux autres armes.

    23 General History of Royal Canadian Army Cadets. Army Cadet History, en ligne, le 8 janvier 2015. 24 Information concernant les socits de rgime fdral 308919 , Corporations Canada, Industry Canada, en ligne, le 8 janvier 2015

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    141 La Ligue des cadets de lArme du Canada a t mise sur pied en 1971 pour travailler avec le ministre de la Dfense nationale lappui des cadets de lArme et compte un bureau de section dans chacune des dix provinces, ainsi que dans la rgion du Nord. Elle est dfinie comme suit :

    142 [] organisation civile but non lucratif [qui] a pour mission de soutenir les cadets de lArme en travaillant en collaboration avec les communauts locales et les Forces canadiennes dans le dveloppement des mthodes et politiques pour latteinte des buts et objectifs du mouvement des cadets canadiens en gnral et plus particulirement ceux des cadets royaux de lArme canadienne titre dorganisme de charit enregistr, la Ligue reoit des dons et une bourse du MDN. Avec un budget dopration de 250 000 $, la Ligue emploie quatre employs temps plein au bureau national. En 2000, les bnvoles de la Ligue ont donn 378 000 heures de service (environ 3 000 bnvoles travaillant en moyenne trois heures par semaine pendant 42 semaines) lorganisation25.

    143 Il y a ce jour environ 1 100 corps et escadrons de cadets au Canada. Nos recherches indiquent que 22 centres dinstruction des cadets sont en opration durant lt. Les corps et escadrons de cadets tiennent leurs activits dans des endroits tels que des coles, des centres communautaires, des manges militaires et des glises. La majorit des centres dinstruction dt des cadets se droulent dans les bases des Forces canadiennes, o le personnel du Service dadministration et dinstruction pour les organisations de cadets (SAIOC) supervise et entrane les cadets pour des priodes allant jusqu sept semaines durant lt.

    144 Annexe D : La Loi sur la Dfense nationale et les organisations de cadets

    145 En 1974, la Loi sur la Dfense nationale26 faisait rfrence aux organisations de cadets larticle 43 :

    146 43. (1) Le Ministre peut autoriser la formation dorganisations de cadets, composes de garons dau moins douze ans et de moins de dix-neuf ans, sous la direction et la surveillance des Forces canadiennes.

    147 Actuellement, la Loi sur la Dfense nationale comprend un article similaire au paragraphe 46. (1), qui a t modifi pour inclure les filles :

    25 The Army Cadet League of Canada , Army Cadet History, en ligne, le 30 janvier 2015. 26 c. N-4 RSC 1970

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    Ombudsman du MDN et des FC

    148 46. (1) Le ministre peut autoriser la constitution, sous lautorit et la surveillance des Forces canadiennes, dorganisations de cadets dont lge se situe entre douze et dix-neuf ans.

    149 Les organisations de cadets ont t cres avec lautorisation du ministre de la Dfense nationale. Cependant, elles ne sont pas considres comme une composante des Forces canadiennes, comme lindiquent les paragraphes 46. (2) et 46. (3) de la Loi sur la Dfense nationale.

    150 Instruction, administration et approvisionnement (2) Le ministre peut fixer les priodes dinstruction des organisations de cadets, la manire dont elles sont administres, les conditions auxquelles matriels et logement leur sont fournis, et dsigner les officiers sous lautorit et le commandement desquels elles sont places. (3) Les organisations de cadets ne font pas partie des Forces canadiennes.

    151 Annexe E : Entrevues de la compagnie D et des intervenants

    152 Sur une priode de sept mois, le Bureau a interrog 74 personnes et intervenants touchs directement ou indirectement par les vnements du 30 juillet 1974. Les entrevues ont eu lieu par tlphone ou, si possible, en personne.

    153 La majorit des cadets qui ont t interrogs dans le cadre de lenqute taient en 1974 gs de 13 18 ans. Ils sont maintenant dans la cinquantaine. Certains sont devenus de brillants chefs dentreprise, des universitaires, des militaires, des membres de la Gendarmerie royale du Canada ou des gens de mtier. Dautres ont eu un parcours plus difficile. Deux personnes interroges sont des membres la retraite de la Force rgulire des Forces canadiennes qui taient posts Valcartier lt 1974. Ils ont accept de dcrire leurs fonctions au moment de lincident.

    154 En juillet 2014, les enquteurs ont visit le camp des cadets royaux de lArme canadienne Valcartier, o lincident sest produit. Durant cette visite, lquipe denqute a rencontr un grand nombre de personnes touches par cet incident qui assistaient la crmonie commmorative annuelle. Parmi les 74 personnes interroges, 47 taient prsentes dans la salle o lexplosion a eu lieu et 11 taient en service Valcartier cet t-l et ont particip lintervention qui a suivi lincident.

    155 Le Bureau a aussi men des entrevues avec des intervenants actuels des Forces armes canadiennes, de la Ligue des cadets de lArme dagences externes :

    156 Le Directeur cadets et rangers juniors canadiens et le personnel charg par le ministre de la Dfense nationale dadministrer les organisations de cadets;

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    157 La Ligue des cadets de lArme du Canada, dont le rle est dappuyer le Directeur cadets et rangers juniors canadiens;

    158 Un officier suprieur charg dappuyer la commission denqute sur lincident;

    159 Un aumnier qui a offert du soutien aux victimes, au personnel et aux familles au moment de lincident;

    160 Le commandant du camp des cadets Valcartier;

    161 Un militaire du rang suprieur de la Force rgulire la retraite, du 12e Rgiment Blind du Canada;

    162 Les auteurs des livres publis sur lincident;

    163 Un officier suprieur dtat-major des Services de sant des Forces canadiennes;

    164 Des employs dAnciens Combattants Canada;

    165 Des membres du personnel du Programme daide aux employs/ Programme daide aux membres des Forces canadiennes;

    166 Les autorits provinciales charges dadministrer la Loi sur lindemnisation des victimes dactes criminels;

    167 Des membres du personnel de la Lgion Royale Canadienne

    valcartier-cover-frValcartier 1974 Pre-mandate Systemic FINAL_FRJuin 201524TSommaire24T 124TIntroduction24T 224TPorte24T 424TContexte24T 424TMesures ayant suivi lincident24T 524TTmoignages, conclusions et impact de la commission denqute24T 724TLes suites de lincident24T 924TIndemnisation et avantages sociaux : Qui a reu quoi?24T 1124TSant mentale24T 1324TConstatations24T 1424TConclusions24T 1724TRecommandations24T 1824TMessage de clture de lOmbudsman24T 1824TAnnexes24T 1924TAnnexe A : But de lenqute24T 1924TAnnexe B : Mthodologie24T 1924TAnnexe C : Gouvernance de la Ligue des cadets de lArme du Canada24T 2024TAnnexe D : La Loi sur la Dfense nationale et les organisations de cadets24T 2124TAnnexe E : Entrevues de la compagnie D et des intervenants24T 22

    SommaireIntroductionPorteContexteMesures ayant suivi lincidentTmoignages, conclusions et impact de la commission denquteLes suites de lincidentIndemnisation et avantages sociaux: Qui a reu quoi?Sant mentale ConstatationsConclusionsRecommandationsMessage de clture de lOmbudsmanAnnexesAnnexe A: But de lenquteAnnexe B: MthodologieAnnexe C: Gouvernance de la Ligue des cadets de lArme du CanadaAnnexe D: La Loi sur la Dfense nationale et les organisations de cadetsAnnexe E: Entrevues de la compagnie D et des intervenants