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PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE EN CHINE – LE CHEMIN PARCOURU 25 GÉRER LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE AU CERN UNE LÉGENDE DE LA MUSIQUE POP LANCE UN APPEL À L’ACTION 7 14 GENÈVE – DÉCEMBRE 2010 – N°6

GÉRER LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE AU CERN PROPRIÉTÉ … · 2018-08-18 · des produits et services. Le rôle du système de la propriété intellectuelle a bien sûr évolué

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PROPRIÉTÉINTELLECTUELLE ENCHINE – LE CHEMINPARCOURU

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GÉRER LA PROPRIÉTÉINTELLECTUELLE

AU CERN

UNE LÉGENDE DELA MUSIQUE POPLANCE UN APPEL

À L’ACTION

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GENÈVE – DÉCEMBRE 2010 – N°6

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Promotion du respect de la propriété intellectuelle:des solutions durables à un problème mondial

Sixième Congrès mondial sur la lutte contre la contrefaçon et le piratage2 et 3 février 2011 – Paris (France)

Le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), M. Francis Gurry, lesecrétaire général d’INTERPOL, M. Ronald Noble, et le secrétaire général de l’Organisation mondiale desdouanes, M. Kunio Mikuriya, vous invitent à assister au sixième Congrès mondial sur la lutte contre lacontrefaçon et le piratage, qui se tiendra à Paris les 2 et 3 février 2011.

La contrefaçon et le piratage sont des problèmes mondiaux qui nous touchent tous. Ils menacent la santéet la sécurité des consommateurs, privent les économies nationales de recettes fiscales cruciales,enhardissent les organisations criminelles et sapent le respect des droits de propriété intellectuelle.

Ce sixième Congrès mondial vise à renforcer la coopération pour sensibiliser le public et prendre desmesures concertées pour régler ces problèmes. Il s’agira de favoriser une meilleure compréhension desfacteurs qui alimentent le commerce de produits illégaux et d’élaborer des solutions durables pour y mettreun terme.

Les débats couvriront un large éventail de questions, de la menace croissante associée au commerce surInternet à la responsabilité sociale des entreprises dans la promotion du respect de la propriétéintellectuelle. Conformément à son thème, le congrès aura pour préoccupation centrale la recherche desolutions durables prenant en compte à la fois le rôle des parties prenantes, leurs droits et les coûts liés pourelles à la lutte contre la contrefaçon et le piratage.

Inscriptions: www.ccapcongress.net

Pour tout renseignement, y compris en ce qui concerne les possibilités de parrainage et d’exposition,s’adresser à [email protected]. [email protected]

Accueilli par:

Partenaires:

Présidé par:

InternationalTrademarkAssociation

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PROMOUVOIR L’INNOVATION: UNE PERSPECTIVE ÉCONOMIQUE

MARCHÉ DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ENLIGNE – LES FORCES ÉCONOMIQUES EN JEU

GÉRER LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE AU CERN

ASSEMBLÉES DE L’OMPIAPPROBATION DES RÉFORMES PAR LES ÉTATSMEMBRES DE L’OMPI

UNE LÉGENDE DE LA MUSIQUE POP LANCE UNAPPEL À L’ACTION

LE MAROC EXPOSE SA RICHESSE CULTURELLE

L’ARTISANAT OMANAIS: UN VÉRITABLE TRÉSOR

L’AUBE D’UN TEMPS NOUVEAU POUR LES DÉPOSITAIRES DES SAVOIRS TRADITIONNELSEN AFRIQUE

AU TRIBUNALAPRÈS BILSKI

PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE EN CHINELe chemin parcouru

L’ACTUALITÉ EN BREF– Expiration du dernier brevet de la RDA– Centenaire de la loi sur les brevets des Pays-Bas– Des cellules solaires qui se réparent toutes seules– Hollywood et Bollywood signent un accord historique

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GENÈVE, DÉCEMBRE 2010

MAGAZINE DE L’OMPI NUMÉRO 6/2010 © Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle

Rédaction: Catherine JewellGraphisme: Annick Demierre

Photographie de couverture:iStockphoto/Brytta

RemerciementsSacha Wunsch-Vincent p. 5Wend Wendland p. 16Matthew Bryan p. 19Binying Wang p. 28

Collaborateurs de l’OMPICarsten Fink p. 2

TABLE DES MATIÈRES

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Vous êtes le premier économiste en chef del’OMPI; comment voyez-vous votre rôle?

Au cours de l’histoire, le développe-ment économique a toujours été l’undes principaux déterminants de lavolonté des gouvernements de proté-ger les droits de propriété intellectuel-le. Ce fut le cas en 1474, lorsque laRépublique de Venise décida d’instituerpar décret la protection juridique desinventions contre la copie. C’est encorele cas aujourd’hui, dans un monde où la contributiondes actifs immatériels (savoirs, informations et idées)est devenue essentielle à la production de la plupartdes produits et services.

Le rôle du système de la propriété intellectuelle a biensûr évolué au long des siècles, et il continue à le faire,peut-être plus rapidement que jamais. Les politiqueset les pratiques établies en matière de propriété intel-lectuelle sont remises en question par des technolo-gies nouvelles et des modèles commerciaux inédits.La révolution biotechnologique dans le domaine dessciences de la vie et l’adoption massive par les entre-prises et les consommateurs des nouvelles technolo-gies de l’information et de la communication sont desexemples de ces bouleversements. Une intégrationéconomique accrue rend nécessaire l’élaboration denouvelles manières d’aborder la gouvernance interna-tionale de droits de propriété intellectuelle qui sontencore en grande partie nationaux.

Dans ce contexte, l’économiste en chef a pour rôled’informer les États membres de l’OMPI et le public ence qui concerne les tendances à l’œuvre dans le systè-me de la propriété intellectuelle, et d’analyser les inci-dences sur la performance économique des pays dedifférents choix en matière de politique de propriétéintellectuelle. Mes collègues de la nouvelle division del’économie et des statistiques et moi-même nousemployons actuellement à élaborer, en puisant dans

les données statistiques que l’OMPIaccumule de longue date, de nouvellespreuves empiriques sur les questionsde politique générale touchant les Étatsmembres. Nous travaillons égalementen étroite collaboration avec des éco-nomistes d’universités dont nous vou-lons mobiliser les connaissances afin debénéficier d’une recherche en proprié-té intellectuelle pertinente en matièrede politique générale.

Pourquoi était-il important pour l’OMPI de mettre enco-re plus l’accent sur les aspects économiques de la pro-priété intellectuelle?

En tant qu’économiste, je répondrais naturellementqu’il était grand temps de le faire. Mais plus objective-ment, les décideurs sont plus portés à demander desanalyses économiques aujourd’hui qu’il y a deux outrois décennies. L’utilisation du système des brevets etde celui des marques atteint des sommets jusque-làinégalés. Dans un nombre croissant de secteurs et depays, les entreprises se tournent vers le système de lapropriété intellectuelle pour se donner un avantageconcurrentiel et le conserver. En outre, plus d’unequestion de propriété intellectuelle s’est retrouvée àl’avant-scène du processus d’élaboration des poli-tiques publiques – il suffit de se reporter aux récentsdébats sur la propriété intellectuelle et les change-ments climatiques ou le partage de fichiers surInternet. Enfin, la conclusion de l’Accord del’Organisation mondiale du commerce sur les aspectsdes droits de propriété intellectuelle qui touchent aucommerce (ADPIC) a donné lieu à de nombreusesréformes législatives, notamment dans les pays endéveloppement, et partant, à des questions sur leursincidences économiques.

En ce qui concerne plus spécifiquement l’OMPI,l’adoption en 2007 du Plan d’action pour le dévelop-pement a marqué une étape importante et donné

PROMOUVOIRL’INNOVATIONUNE PERSPECTIVEÉCONOMIQUE

DÉCEMBRE 20102

Dans le contexte de l’une des crises économiques les plus aiguës et planétaires de tous les temps et d’un paysagetechnologique et géoéconomique en rapide évolution, gouvernements et entreprises du monde entier bataillentface à une question tenace: comment faire pour promouvoir l’innovation, assurer la croissance économique et sti-muler le développement. Dans cet entretien, M. Carsten Fink, économiste en chef de l’OMPI, examine dans uneperspective économique la contribution de la propriété intellectuelle à la promotion de l’innovation, de la crois-sance et du développement.

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une impulsion en matière d’évaluation des politiquesde propriété intellectuelle. Qui plus est, l’OMPI doitdevenir en vertu de l’un des neuf objectifs straté-giques approuvés en 2008 par les États membres, une“source de références mondiale pour l’information etl’analyse en matière de propriété intellectuelle” –objectif qui figure également dans le Plan stratégiqueà moyen terme couvrant la période 2010-2015, qui aété soumis récemment aux États membres. Eu égard àtous ces éléments, il était tout à fait naturel pourl’Organisation de faire encore davantage de place àl’analyse économique.

Il n’est d’ailleurs pas surprenant de constater quel’OMPI n’est pas seule à se soucier d’analyse écono-mique. Un certain nombre d’offices de propriété intel-lectuelle ont en effet créé des postes d’économiste enchef ou similaires au cours des dernières années,notamment l’Office européen des brevets et lesoffices nationaux de propriété intellectuelled’Australie, du Canada, des États-Unis d’Amérique, dela France, du Royaume-Uni et de la Suisse. Nous avonsrécemment mis sur pied un réseau d’économistes detous ces offices, et nous réjouissons d’avance de pou-voir bientôt collaborer avec eux.

Quelles initiatives prenez-vous?

Je me permettrai d’en mentionner plusieurs. Nousavons créé une série de séminaires, dans le cadre delaquelle nous invitons des économistes du mondeentier à venir présenter leurs plus récentes recherchesà la communauté de la propriété intellectuelle àGenève. Notre but est de favoriser un débat sur lesaspects économiques des questions actuelles de poli-tique générale en matière de propriété intellectuelle –de la protection par brevet des innovations financièresaux coûts de transaction et au droit d’auteur. Nousavons ainsi eu la chance d’entendre des présentationsd’économistes éminents tels que Josh Lerner, de laHarvard Business School, et Hal Varian, économiste enchef de la société Google.

Nous travaillons aussi à l’élaboration d’un rapport ana-lytique annuel dont le but est de faire connaître à uneaudience de décideurs l’état actuel de la pensée éco-nomique sur un sujet donné ayant rapport à la pro-priété intellectuelle. Il viendra compléter notre rap-port statistique annuel – Indicateurs mondiaux relatifsà la propriété intellectuelle – qui résume les ten-dances mondiales en matière d’utilisation de la pro-priété intellectuelle.

Enfin, le Comité du développement et de la propriétéintellectuelle de l’OMPI a approuvé en avril 2010 unprojet de recherche d’une durée de trois ans sur lapropriété intellectuelle et le développement socio-économique. Ce projet me plaît particulièrement, caril nous permettra de travailler avec quelques-uns deséconomistes les plus remarquables de la planète, afind’acquérir une meilleure compréhension du lien entre

propriété intellectuelle et développement. Contraire-ment à la plupart des pays développés, dans lesquelsle fonctionnement du système de la propriété intel-lectuelle est étudié par de nombreux chercheurs uni-versitaires et groupes de réflexion, les pays en déve-loppement disposent généralement d’une capacitéde recherche limitée en matière d’économie; j’espèrepar conséquent que ce projet nous permettra decontribuer à combler une lacune.

Quelle est la pensée actuelle concernant le lien entrepropriété intellectuelle, croissance et développement?

C’est une question intéressante. Si vous le voulez bien,je commencerai par revenir en arrière pour demanderceci: que savons-nous des raisons pour lesquelles cer-tains pays connaissent un taux élevé de croissanceéconomique à un instant donné alors que ce n’est pasle cas pour d’autres? Il s’avère que les économistes dudéveloppement n’ont pas de réponse simple à cettequestion. On peut trouver des explications plausiblesà de nombreux succès – par exemple un fort tauxd’épargne en Chine, un investissement constant dansle capital humain en République de Corée ou àSingapour, une saine gestion des ressources naturellesdans le cas de la Norvège. Invariablement, toutefois,ces explications ne sont que partielles, et de nom-breuses autres économies présentant pourtant desconditions initiales comparables ne réussissent pas àréaliser le même taux élevé de croissance. Une choseest certaine: s’il existait une recette immanquable decroissance économique rapide, les décideurs enauraient déjà mijoté les ingrédients.

Cela ne veut pas dire que les politiques économiques,y compris les politiques de propriété intellectuelle,soient inutiles. Nous savons que l’innovation est indis-pensable à une croissance économique soutenue, enparticulier pour les pays qui ont épuisé leur potentielde rattrapage dans une accumulation rapide de capi-tal physique et humain. Nous savons aussi que lesentreprises répondent aux stimulants créés par lecadre de politique générale des pays. Mais ce quiimporte, c’est la combinaison des politiques par rap-port aux circonstances spécifiques des pays. Sous cetangle, il est probablement illusoire d’imaginer que l’onpourra un jour répondre en une seule ligne à la ques-tion de savoir si la propriété intellectuelle est bonneou mauvaise pour le développement. Ce qu’il estbeaucoup plus pertinent de se demander, c’estquelles sont les conditions nécessaires pour qu’untype donné de politique de propriété intellectuellepuisse favoriser l’innovation et la croissance des entre-prises dans des pays à différents stades de développe-ment? C’est sur cette dernière question que nousespérons pouvoir élaborer de nouvelles preuves dansle contexte du projet de recherche sur la propriétéintellectuelle et le développement socio-économiqueque je viens de mentionner. >>>

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Dans quels domaines le besoin de recherche est-il pres-sant, et pourquoi?

Ils sont nombreux, mais j’en citerai plus particulièrementdeux. L’un des principaux problèmes auxquels estconfrontée la communauté internationale de la proprié-té intellectuelle est celui de l’abondance des demandesde brevet non traitées qui s’accumulent dans de nom-breux offices de propriété intellectuelle. Nous savonsinstinctivement que l’augmentation des retards liés àcet arriéré est créatrice d’incertitude, et que cette der-nière nuit à l’objectif d’innovation autour duquel s’arti-cule le système des brevets. Cela dit, il est tout à fait clairque les incidences de cette incertitude ne sont pas lesmêmes dans tous les secteurs. Pour une jeune pousse àla recherche de financement auprès de sociétés de capi-tal-risque, il est vital de s’assurer des droits de brevet dèsles premiers stades du processus de recherche-déve-loppement. Les délais de traitement peuvent revêtir uneimportance moindre pour les grandes entreprises, quifont face à des cycles de R-D plus longs, mais il peut enrésulter une incertitude pour leurs concurrentes quantaux technologies susceptibles d’être protégées par unbrevet. Il est donc nécessaire, alors que les décideurscherchent des moyens de venir à bout de l’importantarriéré des demandes de brevet non traitées, de procé-der à d’autres études empiriques afin de mieux com-prendre les incidences des délais de traitement sur lanature et l’étendue des activités de recherche et dedéveloppement des entreprises des différents secteurs.

Je donnerais comme deuxième exemple celui de l’ex-ploitation des droits de propriété intellectuelle une foisqu’ils sont acquis. C’est un aspect sur lequel nous savonsrelativement peu de choses. Dans quel type de contex-te une entreprise décide-t-elle d’exploiter elle-même sesactifs de propriété intellectuelle ou de les concéder enlicence à d’autres sociétés? Ou encore, dans quel typede contexte une entreprise décide-t-elle d’établir sespropres filiales à l’étranger pour assurer l’exploitationinternationale de ses actifs de propriété intellectuelleplutôt que de les donner en licence à des entrepriseslocales? L’un des plus grands obstacles à l’élaboration depreuves empiriques crédibles pour clarifier ces ques-tions est le manque de données. Les dépôts dedemandes et la délivrance de titres de propriété intel-lectuelle laissent des traces statistiques, ce qui n’estgénéralement pas le cas des accords de licence entreparties privées. Entreprendre de nouvelles recherchesnécessite invariablement la constitution de nouvellesbases de données fondées sur des éléments originaux.Pour aider les décideurs à mieux comprendre le fonc-tionnement des “marchés du savoir” nationaux et inter-nationaux, le besoin de telles bases de données est deplus en plus important.

Quelle est l’utilité des statistiques de propriété intellec-tuelle et que nous apprennent-elles?

Les statistiques de propriété intellectuelle sont utiles àdeux égards. Tout d’abord, pour la planification des

opérations des offices de propriété intellectuellenationaux et régionaux (c’est également le cas pourl’OMPI en ce qui concerne les traités de dépôt et d’en-registrement qu’elle administre). Elles permettent derépondre, par exemple, aux questions suivantes: quelest le nombre de dépôts que nous pouvons prévoirpour 2011 compte tenu de la reprise économiquenaissante? Si le nombre de dépôts augmente, com-bien d’examinateurs de brevets ou de marquesdevons-nous engager?

Deuxièmement, les statistiques de propriété intellec-tuelle sont parmi les rares données dont nous dispo-sons pour mesurer l’innovation – une activité quiautrement laisse peu de traces. De toute évidence, lenombre de dépôts ou d’enregistrements de brevetn’est qu’un indicateur imparfait du degré d’innovationdes entreprises ou des économies nationales. Desenquêtes menées auprès des inventeurs ont parexemple fait ressortir une “asymétrie” dans la réparti-tion de la valeur des brevets, un nombre relativementfaible de brevets représentant une part relativementélevée de la valeur de l’ensemble des brevets délivrés.De plus, certaines formes d’innovations – disons cellesdans le domaine des services ou les inventions adap-tatives faites par des communautés autochtones –restent en dehors du système de la propriété intellec-tuelle. Cela dit, les statistiques de propriété intellec-tuelle fournissent des informations utiles en matièrede tendances technologiques – elles peuvent notam-ment nous indiquer les pays et les entreprises qui ontpris la position de tête dans tel ou tel domaine, parexemple celui des piles à combustible. Lorsqu’on lescombine à des informations sur les caractéristiquesdes entreprises, les statistiques de propriété intellec-tuelle peuvent aussi contribuer à expliquer le proces-sus d’innovation lui-même – notamment la manièredont les idées se répandent sur le plan géographiqueet dans le temps.

Votre travail en tant qu’économiste en chef de l’OMPI selimitera-t-il aux brevets?

Non. Les droits de brevet sont bien sûr mentionnésabondamment dans les échanges de vues en matièred’innovation. Les marques, les indications géogra-phiques et les dessins et modèles industriels soulè-vent pourtant des questions de politique généraletout aussi importantes, mais souvent négligées par lesspécialistes. Les économistes ont également deschoses intéressantes à dire en ce qui concerne le fonc-tionnement du système du droit d’auteur, notammentdans le domaine des œuvres numériques.

Bien sûr, nous sommes encore une nouvelle divisionet nous devons choisir nos priorités. J’espère toutefoisqu’au cours des années, notre contribution s’étendra àl’ensemble des secteurs de la propriété intellectuelle.

DÉCEMBRE 20104

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1 Coûts de transaction:dépenses liées à laréalisation d’unéchange économique– le temps, l’argent etl’énergie consacrés à laconclusion d’un accord.

2 Le minimuminternational prescritpar la Convention deBerne pour laprotection des œuvreslittéraires et artistiquesest de 50 ans après ledécès de l’auteur, maiscette durée a étéportée à 70 ans et plusdans de nombreux pays.

3 http://nordhaus.econ.yale.edu/prog_083001a.pdf

4 http://hmi.ucsd.edu/howmuchinfo_research_report_consum.php

5 Une page Web (y compris le contenugraphique) représenteen moyenne 50kilooctets; 1 gigaoctetéquivaut donc en grosà 20 000 pages Web.

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Explosion de l’information

En cette ère du numérique, les coûts de reproduction, de stockage et de diffusion des contenus créatifs ont connuune baisse considérable. Selon M. Varian, on estime que les coûts de calcul ont été divisés par 1000 à 5000 milliardsau cours des 100 dernières années.3 Cela a conduit à une croissance sans précédent de la quantité d’informationsdisponibles, ainsi qu’à des augmentations saisissantes des contenus produits professionnellement ou par lesutilisateurs ainsi que de ceux ayant été produits ou obtenus de manière illicite – autrement dit, piratés. “Cetteénorme réduction de coûts s’est traduite par une augmentation tout aussi énorme de production”, constate M.Varian, citant une récente étude4 qui situe à quelque 34 gigaoctets par jour la consommation d’informations partête d’habitant du monde industrialisé en 2009.5 Si la recherche des œuvres antérieures à l’ère du numérique peutêtre difficile, celle des titulaires des œuvres “nées numériques” promet de l’être beaucoup moins, ces dernièresétant généralement enregistrées, de nos jours, dès qu’elles font leur apparition sur les réseaux numériques.

Les coûts liés à la réalisation et à la gestion des transactionslicites sur des contenus protégés – coûts de transaction1 –ont récemment flambé, en grande partie en raison de diffi-cultés d’identification des titulaires de droits. “Beaucoup detransactions intéressantes entre acheteurs et vendeurs […]ne se font pas parce qu’il serait trop coûteux de rechercher lapersonne à qui appartiennent les droits”, a expliqué M. Varian.“En tant qu’économistes, nous regardons la valeur des tran-sactions […] et les coûts de transaction sont comme dusable dans des engrenages; [ils] les ralentissent ou empê-chent certaines choses de se faire. Il est donc important, d’unpoint de vue économique, d’essayer de les limiter.”

Œuvres orphelines

Les œuvres de création sont protégées par le droit d’au-teur de manière immédiate et automatique, sans aucuneformalité d’enregistrement. Selon M. Varian, il en résultedes coûts élevés en cas de recherche, a fortiori dans lespays où la durée de la protection a été augmentée,2 ainsiqu’un problème d’œuvres dites “orphelines”, c’est-à-direne pouvant être ni exploitées ni numérisées parce qu’il estimpossible d’identifier ou de retrouver le titulaire des

Biographie

Hal R. Varian est l’économiste en chef de Google, où il est entré comme consultanten 2002. Il a pris une part active à de nombreux aspects des activités de la société,notamment en matière de conception d’enchères, économétrie, finance, stratégied’entreprise et politique générale.

M. Varian est professeur honoraire à la School of Information, la Haas School of Businesset la faculté d’économie de l’université de Californie à Berkeley. Il est l’auteur de nom-breuses publications sur la théorie de l’économie, l’économétrie, l’organisation indus-trielle, la finance publique et les aspects économiques des technologies de l’informa-

tion. Il a également publié deux manuels de cours largement répandus, traduits sous les titres de Microéconomie inter-médiaire et Analyse microéconomique. Nommé par Accenture parmi les 10 gourous des affaires les plus écoutés en2002, il est coauteur de l’ouvrage: Économie de l’information: Guide stratégique de l’économie des réseaux.

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MARCHÉ DE LA PROPRIÉTÉINTELLECTUELLE EN LIGNELES FORCES ÉCONOMIQUESEN JEU

L’OMPI a lancé en 2010 une série de séminaires sur lesaspects économiques de la propriété intellectuelle, qui viseà étudier les liens existant entre les deux domaines. HalVarian a pris part au séminaire du mois de septembre, aucours duquel il a examiné les forces économiques à l’œuvresur le marché en ligne en matière de propriété intellectuel-le. Il a notamment mis l’accent sur la manière d’encouragerla licéité des transactions portant sur des contenus en ligneen réduisant les coûts de recherche des titulaires de droitsde propriété intellectuelle.

Les technologies numériques ont donné lieu à une “explo-sion de l’information” et transformé le paysage dans lequelopère le droit d’auteur, les nouveaux services en ligne quiapparaissent presque chaque jour ayant pour effet d’es-tomper les relations traditionnelles pour les remplacer parde nouvelles. Bien qu’il facilite la diffusion des contenuscréatifs – l’un des principes originaux du droit d’auteur – cechangement rapide de contexte s’accompagne de nom-breux défis en matière de droit d’auteur, notamment en cequi concerne la rémunération des auteurs et la maîtrise desavantages économiques des contenus en ligne – l’autreprincipe fondamental du droit d’auteur.

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droits qui les protègent. Il arrive que l’identité de ce titu-laire soit évidente, mais souvent, elle ne l’est pas – lesdroits peuvent avoir été transférés pour toutes sortes deraisons, et le créateur original ou le titulaire de droits sub-séquent peut être inconnu. M. Varian a souligné que larecherche du titulaire légitime des droits sur une œuvreafin d’obtenir son consentement pour l’utiliser peut repré-senter une entreprise coûteuse et de longue haleine. Celaconstitue un frein aux transactions, et dans les cas où cesobstacles peuvent être surmontés, les coûts de rechercheélevés “limitent la valeur inhérente à l’œuvre protégée” a-t-il expliqué. Cette préoccupation est particulièrementimportante pour Google, eu égard à la volonté de lasociété de “mettre tous les livres jamais écrits à la disposi-tion des lecteurs du monde entier” dans le cadre de sonprojet Google Livres. “Nous sommes arrivés à un pointcrucial où nous allons devoir trouver un moyen de réglerles problèmes posés par le passé”, a-t-il ajouté.

M. Varian a évoqué des solutions possibles consistant àpartager les coûts de recherche entre acheteurs et ven-deurs, afin d’encourager les transactions économiquessur le marché de la propriété intellectuelle. La sagesseéconomique, a-t-il dit, dicte de “faire effectuer le gros dela recherche par la partie dont les coûts de recherchesont les plus faibles”. Il a fait part de ses idées sur le systè-me d’identification volontaire des contenus de YouTube,qui donne aux titulaires de droits la possibilité de moné-tiser, suivre ou bloquer les contenus qu’ils mettent enligne sur le site. M. Varian estime qu’il s’agit d’un partena-riat qui fait avec beaucoup de succès le lien entre four-nisseurs et utilisateurs de contenus – et qui régit actuel-lement des milliards de séquences en ligne. Le fait dedonner aux fournisseurs la possibilité de suivre l’utilisa-tion de leurs contenus permet à ces derniers d’imaginerd’autres possibilités de “commercialisation et monétisa-tion”. Bien qu’élaborée pour répondre à un besoin spéci-fique, a observé M. Varian, cette solution “donne une idéede ce qui pourrait être fait”.

Solutions possibles

Si une œuvre protégée ne peut être utilisée qu’une fois letitulaire de droits dûment identifié et qu’il s’avère difficile,voire impossible de joindre ce dernier “personne n’a ledroit de faire usage de l’objet de propriété intellectuellequ’elle représente” a expliqué M. Varian. S’inspirant del’Office du droit d’auteur des États-Unis d’Amérique,6 ilpropose d’établir, à titre de compromis économique-ment efficace, une règle de “diligence raisonnable” desrecherches effectuées pour retrouver le titulaire de droits.Si celui-ci reste introuvable à l’issue d’une telle recherche,il devient possible d’utiliser l’œuvre sous licence, sansrisque de poursuites, et si le titulaire est retrouvé ulté-rieurement, il bénéficie d’un droit à une “rémunérationraisonnable”, conforme à ce qui aurait été négocié avantque l’œuvre soit utilisée. Une telle solution présentel’avantage de permettre aux acheteurs de faire usaged’un objet de propriété intellectuelle lorsque larecherche de titulaire échoue; si elle aboutit, ils ont la

possibilité de négocier leur droit. Le fait de ne pas effec-tuer de recherches expose l’utilisateur à des frais pourcontrefaçon. Les vendeurs facilement localisables bénéfi-cient en concluant une transaction; ceux qui ne le sontpas ont toutes les chances de perdre cette possibilité, enplus de celle de demander une injonction des dom-mages-intérêts.

Selon M. Varian, une disposition prévoyant une “sphèrede sécurité” serait utile, pour les cas de titularité dou-teuse,7 afin d’encourager les titulaires à se manifester.“L’intérêt, après tout, c’est de favoriser la réalisation detransactions, a-t-il observé, et en l’absence de limites àla responsabilité, il n’y aura pas de transactions du tout”.Des condamnations au paiement de dommages-inté-rêts élevés pourraient décourager “les usages licites enraison d’incertitudes quant à la titularité”, et conduirecertains à “souhaiter qu’il soit porté atteinte à leursdroits”. M. Varian estime donc qu’il convient de trouver“un équilibre des… intérêts dans l’établissement ducoût du non-respect du droit d’auteur”.

Il a aussi souligné la grande utilité des registres etbourses d’échange, qui permettent l’établissement decontacts entre vendeurs et acheteurs, réduisent lescoûts de transaction et facilitent la conclusion d’ac-cords commerciaux portant sur des objets de proprié-té intellectuelle.

Registres ou boursesd’échange

Les registres facilitent l’identification des titulaires dedroits et rendent possibles les négociations. Il peuttoutefois en résulter une inflation de prix, “parce qu’unefois que vous avez trouvé une transaction possible, lesfrais à engager pour trouver un autre vendeur… peu-vent être prohibitifs”.

Les bourses d’échange sont économiquement plusavantageuses, a expliqué M. Varian, car elles identifientles titulaires et “permettent vraiment la réalisation destransactions” en assurant la vérification des droits. Vuqu’elles indiquent les prix concernés, elles “conduisentgénéralement à un marché plus compétitif” ainsi qu’àune plus grande efficacité dans l’établissement des prix –par exemple remises pour groupage ou quantitatives –et à un plus grand nombre de transactions.

M. Varian s’est dit favorable à un système uniforme dereconnaissance volontaire des contenus contribuant àréduire les “frictions” dans les échanges commerciaux decontenus licites. “La normalisation présente un grandavantage, a-t-il observé, ajoutant toutefois que celui-cis’accompagnait d’un inconvénient, à savoir qu’“un systè-me normalisé unique constitue une cible fixe pour lesbidouilleurs malveillants”. Il a préféré rester pragmatiquedans l’immédiat, et recommander l’expérimentation avecdes “solutions diverses”.

6 Voir www.copyright.gov/fedreg/2005/70fr3739.html

7 Cas dans lesquels letitulaire revendique desdroits par erreur et lesconcède en licence àun utilisateur.

DÉCEMBRE 20106

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Après plusieurs années d’expérience du transfert tech-nologique, l’Organisation européenne pour la recherchenucléaire (CERN) a formalisé récemment une politiqueliée à ses activités dans ce domaine. Le Groupe de trans-fert de connaissances et de technologie du CERN expo-se les détails de cette politique dans l’article qui suit.

La science fondamentale est le principal moteur de l’in-novation. Jusque-là, rien de compliqué. Mais c’estlorsque l’on veut s’assurer que les technologies élabo-rées au nom de la science fondamentale se transfor-ment en innovations utiles pour la société que leschoses se corsent. L’importance attachée par le CERN autransfert de connaissances et de technologie à la socié-té remonte aux origines du laboratoire, de même que laquestion de savoir si ses droits de propriété intellectuel-le doivent ou non être protégés.

Est-il possible de protéger la propriété intellectuelle touten préservant le principe d’ouverture caractéristiqued’un environnement de recherche fondamentale?

Pour mieux comprendre cette question, il est bon de serappeler que le modèle de “science ouverte” dans lequelfonctionne typiquement le CERN est fondé sur la divul-gation rapide et complète des résultats et desméthodes. Il tient compte du fait que le progrès scienti-fique et l’accroissement des connaissances technolo-giques relèvent d’un processus cumulatif, dans lequelchaque scientifique “monte sur les épaules” des cher-

cheurs qui l’ont précédé pour faire avancer ses proprestravaux. C’est pour cette raison que le CERN publie sesrésultats expérimentaux et théoriques afin de les mettreà la disposition du plus grand nombre.

Cette manière de procéder a parfois des consé-quences comme celle qui s’est manifestée lorsque leCERN a mis au point le système de commande duSuper synchrotron à protons (dit SPS), mis en serviceen 1976. Le SPS était le premier accélérateur de parti-cules du CERN à être commandé par un système infor-matique. Ses créateurs imaginèrent de le doterd’écrans tactiles et de boules de commande – desidées nettement en avance sur leur temps.

Le principal fournisseur d’ordinateurs du CERN fut inté-ressé, mais demanda au CERN de s’engager à ne pasdivulguer la technologie à des tiers, faute de quoi il nepourrait pas investir dans le projet. Cette condition étaittoutefois incompatible avec le modèle de scienceouverte, si bien que boules de commande et écrans tac-tiles restèrent dans la salle de contrôle. Les technologiesainsi mises de côté durent attendre des années avantd’être réinventées et enfin introduites sur le marché.Occasion manquée ou idée trop en avance?

Le World Wide Web a marqué un point tournant de laligne de conduite du CERN en matière de propriété

GÉRER LA PROPRIÉTÉINTELLECTUELLE AU CERN

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‘‘La science fondamentale, c’est celle où commencent des idées et des méthodes qui deviendrontplus tard monnaie courante’’

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À gauche: vue du tunnel du LHCCi-dessus: vue aérienne du CERN

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DÉCEMBRE 20108

intellectuelle et d’innovation industrielle. Le 30 avril1993, Tim Berners-Lee réussissait à convaincre la direc-tion du CERN de placer le Web dans le domaine public.C’est grâce à ce simple geste – qui a en fait révolutionnéles comportements économiques, culturels et sociauxet transformé les structures commerciales – que lemonde dispose d’un outil unique et intégré pour accé-der à des informations en ligne. Le CERN n’a pas essayéde s’accaparer la valeur économique du Web ou d’entirer un avantage pécuniaire. Il a décidé de mettre sapropriété intellectuelle à la libre disposition de tous.

Si le CERN avait essayé de limiter d’une manière oud’une autre l’accès au Web, il est plus que probablequ’il y aurait aujourd’hui dans le monde tout un fouillisde systèmes différents pour accéder à l’information enligne, au lieu d’un seul. Ces exemples montrent claire-ment que les activités liées aux programmes derecherche fondamentale du CERN peuvent avoir desapplications dans des domaines autres que la phy-sique des particules.

À la fin des années 90, reconnaissant l’importance dusavoir et du transfert de technologie, les États membresdu CERN ont exprimé le souhait de mettre la propriétéintellectuelle de leur Organisation à la disposition deleurs instituts de recherche et industries (voir le numéro6/2008 du Magazine de l’OMPI).

Le CERN a répondu en établissant un bureau de trans-fert de technologie et en recherchant activement des

technologies prêtes à être développées. Cela a donnélieu à des succès tels que la technologie du vide adap-tée à l’énergie solaire du Grand collisionneur de hadrons(LHC) et de nouveaux composants électroniques élabo-rés pour les détecteurs de particules qui ont ouvert lavoie au développement de scanneurs hybrides TEP/IRMpour la planification des traitements de cancer.

Ces deux exemples illustrent les effets qu’ont eus ledépôt de brevets et la concession de licences pour leCERN, pour les technologies concernées et, en dernièreanalyse, pour l’humanité.

Plutôt que de se limiter à une approche convention-nelle en matière de brevets et de licences, le CERN amis sur pied avec d’autres instituts ainsi que desentreprises des collaborations ayant pour objet ledéveloppement de ses technologies à des fins d’ap-plication dans des produits ou procédés industriels.

À propos du CERN

Fondé en 1954, le CERN est le plus grand laboratoire de physique des particules du monde. Il est situé sur la fron-tière franco-suisse, près de Genève, et a été l’une des premières coentreprises européennes. Il compte 20 Étatsmembres, mais de nombreux pays non européens participent également à ses activités, sous des formes diverses.Ses installations sont utilisées par des scientifiques de quelque 580 instituts et universités du monde entier.

Il a pour tâche la découverte des éléments et des lois de l’Univers. Il utilise les instruments scientifiques les pluscomplexes (tels que le LHC) pour sonder les constituants ultimes de la matière: les particules fondamentales. Enétudiant ce qui se passe lorsque ces particules entrent en collision, les physiciens appréhendent les lois de la Nature.

Le Grand collisionneur de hadrons (LHC)

Le LHC a été construit pour aider les scientifiques à répondre à certaines questions essentielles de la physiquedes particules qui restent sans réponse. Ce gigantesque instrument scientifique, situé à environ 100 mètres sousterre, à cheval sur la frontière franco-suisse, est un accélérateur de particules. Grâce à lui, les physiciens ont la pos-sibilité d’étudier les plus petites particules connues – les composants fondamentaux de la matière. Les physiciensutilisent le LHC pour recréer les conditions qui existaient juste après le Big Bang, en faisant entrer en collisionfrontale à de très hautes énergies deux faisceaux de particules subatomiques connues sous le nom de “hadrons”.Des équipes de physiciens du monde entier analysent les particules issues de ces collisions à l’aide de détecteursspéciaux, dans le cadre de six expériences consacrées au LHC.

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Le succès de la collaboration Medipix constitue unexemple frappant à cet égard. Le détecteur au sili-cium élaboré par Medipix a trouvé des applicationsdans de nombreux domaines, dont notammentl’imagerie en couleur pour le diagnostic médical,l’analyse des matériaux, les caméras gamma et ladosimétrie.1 L’un des facteurs déterminants du succèsde la collaboration et de la diffusion de la technologiemise au point a été la formulation, dès ses débuts, derègles adéquates en matière de propriété intellec-tuelle et d’exploitation commerciale.

Dans son parcours des 10 dernières années en matièrede transfert de technologie, le CERN s’est parfois trouvédans des situations où il avait à concilier des objectifsapparemment conflictuels:

accroître les actifs du CERN sans déroger aux prin-cipes du concept de science ouverte;générer des recettes tout en assurant la diffusion laplus large des technologies concernées;assurer l’exclusivité pour les technologies dont ledéveloppement nécessite des investissementsimportants, en évitant de favoriser une entrepriseen particulier;favoriser la recherche par le personnel de possibilitésde transfert de technologie ne nuisant pas au pro-gramme scientifique du CERN.

Le CERN a récemment officialisé une politique de ges-tion de la propriété intellectuelle liée à ses activités detransfert de technologie, élaborée sur la base de sesexpériences passées et de ses consultations avecd’autres spécialistes européens de ce domaine.

Approuvée en mars 2010, cette politique vise à concilierles objectifs de l’Organisation en matière de gestion dela propriété intellectuelle avec sa mission de diffusion etde transfert de technologie.

Elle recense les principes régissant la gestion de la pro-priété intellectuelle dans le cadre du programmescientifique du CERN, de même que le transfert detechnologie dans une perspective de partenariats etd’exploitation commerciale de la propriété intellectuel-le. Elle prévoit aussi un mécanisme incitatif destiné àencourager et soutenir le transfert de technologie sansprendre le dessus ou empiéter sur le programmescientifique du CERN. Les recettes issues de la com-mercialisation d’une technologie du CERN sont répar-ties entre les personnes responsables de son élabora-tion, leur département et un fonds spécial d’aide auxinitiatives de transfert de technologie.

L’un des principes énoncés dans cette politique est quela propriété intellectuelle du CERN doit être gérée d’une >>>

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1 Dosimétrie: sous-spécialité scientifiquede la physique de lasanté et de la physiquemédicale ayant pourobjet le calcul de dosesinternes et externes derayonnements ionisants.

Vue dudétecteur ATLAS

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nisme entre recettes commerciales et diffusion, il privilé-gie la diffusion. Il n’envisage concrètement l’exclusivitéque sous certaines formes, lorsqu’il juge qu’elle consti-tue une condition indispensable à l’investissementd’une entreprise dans une technologie du CERN oulorsque le développement d’une telle technologie estfinancé par un preneur de licence. Les licences com-merciales concédées par le CERN prévoient le verse-ment d’une part équitable des recettes générées par lacommercialisation de la technologie concernée.

D’autres aspects de cette politique ont directement rap-port à la Convention du CERN, par exemple la règleinterdisant tout transfert de technologies destinées àdes applications militaires, ou aux limitations et règlesjuridiques relatives à sa personnalité internationale.

Le récent accord conclu entre le CERN et l’OMPI per-mettra aux deux organisations de bénéficier mutuelle-ment de leurs expériences respectives. Le CERN partici-pe déjà au programme de formation de l’OMPI sur laconcession de licences de technologie, dans lequel sonexpérience de la gestion de la propriété intellectuelle etdu transfert de technologie sert à illustrer les utilisationspossibles de la propriété intellectuelle dans un contextede recherche fondamentale.

À propos de Medipix

Les chercheurs du CERN ont mis au point des puces pouvant être combinées à des capteurs à semi-conducteurspour détecter, suivre et/ou identifier des particules de haute énergie – les briques élémentaires de l’Univers.

Les puces et les capteurs en question – qui ensemble forment un détecteur– sont divisés en minuscules éléments sensibles (pixels), analogues à ceuxd’un appareil photo numérique. Les détecteurs produisent des images àhaute résolution, très contrastées et pratiquement sans bruit. Ils sont telle-ment sensibles qu’ils peuvent détecter les photons X isolés (le rayonnementélectromagnétique, y compris la lumière visible et les rayons X, est constituéde particules nommées photons).

Le projet Medipix est issu de l’électronique des détecteurs mis au point pourles besoins du Grand collisionneur de hadrons, les chercheurs du CERN ayantjugé que celle-ci pouvait servir dans d’autres domaines que la physique deshautes énergies.

Grâce aux collaborations du projet, qui réunissent actuellement 17 institutsde recherche et universités dans le monde, les détecteurs Medipix sont utilisés dans de nombreux domaines,notamment l’analyse des matériaux, la microscopie électronique et l’imagerie médicale dans le cadre de ladétection du cancer, ainsi que dans de nombreuses autres applications médicales et biologiques.

Pour en savoir plus: http://medipix.web.cern.ch/MEDIPIX/

manière compatible avec les notions de recherche col-laborative et ouverte ou de science ouverte.

En fait, le CERN s’efforce de réduire le plus possible lesdélais de publication lorsqu’il demande des brevets. Ilconsidère le dépôt d’un brevet comme un moyen, etnon comme une fin en soi. Il n’envisage la protection parbrevet que dans certaines situations, à savoir lorsqu’il esti-me qu’une invention peut faire l’objet d’une exploitationcommerciale ou qu’un brevet facilitera son transfert ou larendra plus intéressante pour les entreprises. Les inven-tions protégées sont en tout cas mises gratuitement à ladisposition des instituts universitaires aux fins de larecherche. De plus, les accords de partenariat de transfertde technologie signés par le CERN avec d’autres institutset/ou avec l’industrie contiennent toujours des disposi-tions de libre accès à tous les résultats nécessaires à l’exé-cution du programme scientifique du CERN.

Selon la politique de gestion de la propriété intellectuel-le du CERN, la priorité doit toujours être donnée au pro-gramme scientifique de l’Organisation. Les partenariatsde transfert de technologie sont soumis à la disponibili-té de personnel essentiel et de ressources appropriées.

Le CERN reste résolument attaché à une diffusion aussilarge que possible de ses technologies. En cas d’antago-

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Les assemblées de l’OMPI, qui ont réuni 64 ministresainsi que les délégués de 184 États membres, se sontdistinguées cette année par la participation du légen-daire auteur-compositeur-interprète Stevie Wonder. Lemusicien a lancé un vibrant appel exhortant les gouver-nements à trouver un accord sur l’accessibilité desœuvres protégées par le droit d’auteur pour les per-sonnes atteintes d’un handicap physique, donnant ainsile ton des réunions, qui se sont terminées par l’appro-bation des réformes menées par le directeur général del’OMPI, M. Francis Gurry.

Le directeur généralsouligne le rôle de l’innovation

Le rôle promoteur de l’innovation pour la croissanceéconomique et la compétitivité ainsi que les importantschangements que connaît le paysage mondial de l’in-novation ont été au centre des observations formuléespar le directeur général dans sa déclaration d’ouverture.“L’innovation est un facteur clé de la croissance écono-mique et de la création d’emplois de meilleure qualité.Elle est également essentielle à la compétitivité despays, des industries et des entreprises. L’innovationconsiste à élaborer des solutions pour relever les défissociaux et économiques” a déclaré M. Gurry auxministres et délégués participant aux deux journées dusegment de haut niveau des assemblées.

Segment de haut niveau

Plus de 64 ministres ont fait part de leurs expériencesà l’échelon national sur le thème “Innovation, croissan-ce et développement: le rôle de la propriété intellec-tuelle”. Ils ont mis l’accent sur l’importance de la pro-priété intellectuelle dans la recherche de solutions auxnombreux défis auxquels sont confrontés leurs pays.Ils ont souligné la nécessité d’un système équilibré depropriété intellectuelle pour la création d’un environ-nement sûr d’investissement dans l’innovation et cellede la mise en place de stratégies nationales de pro-priété intellectuelle pour assurer la gestion efficacedes actifs de propriété intellectuelle dans une pers-pective de développement.

Il a relevé aussi que l’innovation est “la raison d’être de lapropriété intellectuelle”, ajoutant qu’elle fournit les inci-tations nécessaires à l’important “investissement entermes de temps, d’efforts et de ressources humaines et

financières” associé au processus d’innovation et à sesnombreux avantages.

M. Gurry a souligné la complexité croissante “du trajetentre l’idée et la réalité commerciale, qui a permis d’élar-gir la compréhension de ce qui constitue l’innovation”.Expliquant que le savoir-faire en matière d’organisation,de commercialisation et de conception est essentiel à laréussite de l’innovation, il a observé que “la propriétéintellectuelle joue aussi un rôle central dans ces autresdimensions de la notion élargie d’innovation”.

Au sujet des changements qui marquent le paysage del’innovation mondiale, M. Gurry a noté que “tant la géo-graphie de l’innovation que les moyens par lesquels ellese produit changent, bouleversant dans une largemesure nos suppositions et nos attentes”. Les nouvellestendances en matière de croissance économique et lastructure des investissements dans l’éducation et larecherche-développement, a-t-il ajouté, “font clairementapparaître que des modifications à l’échelle continenta-le se produiront dans le monde de l’innovation et que lacarte de l’innovation continuera d’évoluer”.

Le directeur général a parlé de l’émergence d’une “innova-tion ouverte” – une tendance montante dans une écono-mie “de plus en plus en réseau et connectée, dans laquelleles entreprises et les institutions se tournent vers l’extérieurafin de satisfaire leurs besoins en matière d’innovation”.

“Le rôle joué par l’OMPI dans le développement et lacoordination de l’infrastructure mondiale”, a observé ledirecteur général, a acquis dans ce contexte “une impor-tance accrue”. Il s’agit d’une dimension “de plus en pluspropice” à la mise en place d’une coopération interna-tionale efficace, dans la mesure où elle offre une occa-sion de réduire les inégalités en matière d’accès ausavoir et de renforcer la participation à l’innovation mon-diale des pays les moins avancés et des pays en déve-loppement. M. Gurry a souligné qu’elle peut aussiconstituer un “moyen très approprié d’améliorer à la foisl’efficacité du travail des offices de brevet en faveur del’innovation, et la qualité de leurs résultats”.

Le directeur général a insisté sur la nécessité de conti-nuer à améliorer les “services essentiels d’aide à l’innova-tion mondiale” offerts par l’OMPI par l’intermédiaire deses systèmes mondiaux de propriété intellectuelle,1 les-quels comptent un nombre important et croissant demembres. Il a rappelé que ces actifs stratégiques génè-

APPROBATION DESRÉFORMES PAR LES ÉTATS MEMBRESDE L’OMPI

1 Le Traité decoopération en matièrede brevets (PCT), le Système de Madridpour l’enregistrementinternational desmarques, le système deLa Haye concernantl’enregistrementinternational dedessins et modèlesindustriels et lesystème de Lisbonnepour l’enregistrementinternational desappellations d’origine.

ASSEMBLÉES DE L’OMPI

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rent plus de 90% des recettes de l’Organisation et luipermettent d’offrir un large éventail de services de ren-forcement des capacités ainsi que d’autres services enfaveur du développement.

S’agissant du cadre juridique international, M. Gurry adéclaré qu’il existe “des possibilités réelles d’accomplirdes progrès concrets dans un certain nombre dedomaines”, citant notamment l’accès des déficientsvisuels aux œuvres publiées, les interprétations ou exé-cutions audiovisuelles, la radiodiffusion, le folklore et lessavoirs traditionnels, les dessins et modèles et lesmarques sur l’Internet. Il a ajouté que le succès d’unetelle coopération permet d’évaluer l’adéquation del’Organisation et du multilatéralisme à l’évolution rapidedans le monde de l’innovation.

Aperçu des travaux des assemblées

Planifier pour l’avenir

Les États membres ont accueilli avec satisfaction le nou-veau Plan stratégique à moyen terme (PSMT) qui fixel’orientation générale des activités de l’Organisationpour les cinq prochaines années. Élaboré dans le cadred’un important processus de consultations avec lesÉtats membres, le PSMT vise à faire en sorte que l’OMPIreste en phase avec un environnement extérieur enconstante évolution et produise des résultats clairs dansle cadre de sa mission de promotion de l’innovation etde la créativité – grâce à un système de propriété intel-lectuelle équilibré et efficace – au service du dévelop-pement économique, social et culturel de tous les pays.

Programme deréorientation stratégique

L’ambitieux programme de changement stratégiquelancé en 2008 par le directeur général de l’OMPI a faitl’objet d’une analyse approfondie de la part des Étatsmembres, qui se sont félicités des progrès réalisés dansla mise en œuvre d’un large éventail de réformes. Leprogramme a pour but d’aider l’OMPI à être une organi-sation axée sur le service, avec des employés fiers de tra-vailler ensemble et dans l’intégrité, afin de produire desrésultats pour les États membres (voir le numéro 5/2010du Magazine de l’OMPI2).

Planification des ressourcesde l’Organisation (ERP)

La modernisation des fonctions essentielles d’administra-tion, de gestion et de service à la clientèle de l’OMPI, quicomprennent notamment la distribution électroniquedes documents, a reçu la pleine adhésion des Étatsmembres. Ces derniers ont également approuvé la miseen place d’un système ERP entièrement intégré visant àfournir de meilleures informations en matière de perfor-mances et d’utilisation des ressources, et salué l’adoptiondes nouvelles Normes comptables internationales du

secteur public (IPSAS). Une stratégie sur cinq ans de régu-larisation de la situation contractuelle des agents tempo-raires de longue durée a aussi reçu leur approbation.

Politique linguistique

Les États membres ont adopté une nouvelle politique lin-guistique visant à étendre l’offre dans ce domaine au plusgrand nombre possible de forums de l’OMPI. La mise enplace de cette dernière se fera en plusieurs phases, euégard aux ressources importantes qu’elle nécessite.

Propriété intellectuelle et développement

Les délégations ont réaffirmé leur attachement au Pland’action de l’OMPI pour le développement et à une miseen œuvre efficace de ce dernier. Elles ont exprimé en par-ticulier leur satisfaction concernant la récente adoptiond’un mécanisme de coordination des travaux du Comitédu développement et de la propriété intellectuelle (CDIP)pour le suivi, l’évaluation et l’établissement de rapports surla mise en œuvre des projets du Plan d’action pour ledéveloppement. Cette décision et les propositions d’inté-gration au cadre budgétaire de l’OMPI des fonds destinésaux projets en question témoignent de “l’intégration sys-tématique” de la dimension du développement danstous les aspects des activités de l’OMPI. Les Étatsmembres se sont accordés à dire que les projets théma-tiques avaient donné un élan à cette mise en œuvre. LeCDIP a approuvé jusqu’à présent -17 projets ciblés, pourun montant supérieur à 19 millions de francs suisses. Surles 45 recommandations du Plan d’action pour le déve-loppement, 36 sont en cours de mise en œuvre.

“La demande d’assistance des pays en développementconcernant le renforcement de leur infrastructure d’inno-vation nationale et des capacités de leurs institutions derecherche dans le domaine de la concession de licencesde propriété intellectuelle et de transfert de technologiea continué de croître”, a noté le directeur général dans soncompte rendu aux États membres. L’OMPI a répondu enétablissant des centres d’appui à la technologie et à l’in-novation, en collaboration avec les États membres.3 M.Gurry a évoqué un certain nombre d’autres initiatives,dont notamment des ateliers axés sur les compétencespratiques relatives au transfert de technologie, à la rédac-tion de demandes de brevet et à la concession delicences de technologie, dont plus de 2000 chercheurs etdirecteurs de services technologiques ont bénéficié aucours de l’année écoulée. L’Académie de l’OMPI a en outreenregistré un nombre record de demandes pour sescours d’enseignement à distance, organisé 10 universitésd’été – un nombre jamais atteint auparavant – et attribuéplus de 700 bourses en faveur de fonctionnaires d’officesde propriété intellectuelle.

Cadre juridique international

L’Assemblée générale a fait le point sur les travaux desdivers comités permanents de l’OMPI. Le directeur

2 Une entrevue avec M. Francis Gurry, directeurgénéral de l’OMPI

3 Des centres de ce typesont en coursd’établissement enAlgérie, en Équateur, auMaroc et en Tunisie.D’autres sont prévus auBangladesh, à Cuba, enÉgypte, au Guatemala,au Sénégal et au VietNam, et 10 autresdemandes sontactuellement à l’étude.

12 DÉCEMBRE 2010

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général a fait état de “l’atmosphère positive et tournéevers l’avant “qui a marqué les réunions de la plupartdes comités grâce à la volonté des États membres“d’adopter des solutions pratiques dans l’intérêt duplus grand nombre”.

Figurent notamment parmi les progrès relevés:vingt études produites depuis que le Comité per-manent du droit des brevets (SCP) a repris ses tra-vaux, voici deux ans;le “souhait collectif” des États membres de “contri-buer à améliorer l’accès des personnes atteintesd’une déficience visuelle aux œuvres protégées parle droit d’auteur”;l’accord intervenu en juin 2010 au sein du Comité per-manent du droit des marques, des dessins et modèlesindustriels et des indications géographiques (SCT) defaire progresser les travaux sur un traité éventuel rela-tif aux formalités pour les dessins et modèles indus-triels et d’examiner de nouvelles questions relatives àl’utilisation des marques sur l’Internet ainsi que la pro-tection des noms d’États contre leur enregistrementou leur utilisation en tant que marques;l’esprit de coopération caractérisant la recherche d’unconsensus sur un ou plusieurs instruments juridiquesinternationaux pour garantir la protection efficace dessavoirs traditionnels, des ressources génétiques et desexpressions culturelles traditionnelles. Les délégués sesont engagés à continuer de participer de manièreconstructive et active aux travaux du Comité inter-gouvernemental de la propriété intellectuelle relativeaux ressources génétiques, aux savoirs traditionnels etau folklore de l’OMPI (IGC). Ils ont fait observer que lepremier groupe de travail intersessions, réuni en juillet2010 – qui a élaboré un texte simplifié en vue desnégociations sur les expressions culturelles tradition-nelles – avait marqué un pas en avant important dansles négociations complexes de l’IGC.

Services mondiaux de propriété intellectuellede l’OMPI

Traité de coopération enmatière de brevets (PCT)

“Améliorer le fonctionnement du système [du PCT]aidera à relever le double défi auquel se trouventconfrontés les offices de propriété intellectuelle dans lemonde entier, à savoir réduire les arriérés de 4,2 millionsde demandes de brevet non traitées et améliorer la qua-lité des brevets délivrés” a déclaré le directeur généraldans son rapport aux États membres. L’Assemblée duPCT a pris note des travaux entrepris pour déterminercomment améliorer la fourniture des services du PCTaux parties prenantes, et en particulier des résultatspositifs et des recommandations de la session du moisde juin du Groupe de travail du PCT. “Bon nombre de cesrecommandations, notamment celles relatives à la qua-lité des rapports de recherche internationale et d’exa-men préliminaire international, a observé M. Gurry, s’ap-

puient autant que possible sur les travaux déjà en coursvisant à améliorer la capacité des offices nationaux etrégionaux de procéder à des recherches sur l’état de latechnique à partir d’un large éventail de sources et dansune large gamme de langues et de partager les résultatsde ces recherches avec d’autres offices.” Le groupe detravail a également demandé une série d’études per-mettant d’évaluer dans quelle mesure le système duPCT a réussi à diffuser des informations techniques, àfaciliter l’accès à la technologie et à fournir une assistan-ce technique aux pays en développement.

Systèmes de Madrid et de La Haye4

Des progrès ont continué à être enregistrés dans la ratio-nalisation des cadres juridiques de ces systèmes, établisrespectivement pour faciliter le processus d’obtentionde la protection des marques et des dessins et modèles.Les assemblées concernées ont fait état du bon dérou-lement du processus de mise en place des programmesde modernisation informatique.

Arbitrage et médiation

“Après 16 ans d’existence, a souligné le directeur généralde l’OMPI, le Centre d’arbitrage et de médiation del’OMPI occupe une place de premier plan dans le domai-ne du règlement extrajudiciaire des litiges.” Bien qu’ilassure couramment des services d’arbitrage et demédiation dans d’autres domaines de la propriété intel-lectuelle, le Centre a pour principale activité le règlementde litiges relatifs à des noms de domaine en vertu desprincipes UDRP.5 L’OMPI est devenue la principale institu-tion de règlement des litiges pour 63 domaines de pre-mier niveau correspondant à des codes de pays (ccTLD),lesquels représentent 15% de l’ensemble des litiges rela-tifs aux noms de domaine. Ont également été signaléesl’ouverture d’un bureau du Centre à Singapour ainsi quela mise en place, en décembre 2009, d’une procédure detraitement des litiges entièrement électronique permet-tant de réaliser des économies de papier considérables,de l’ordre de 1 million de feuilles par an. Le Centre conti-nue d’être présent en tant que participant et observateurdans les processus liés à l’augmentation prévue dunombre de domaines de premier niveau.

Conclusion

“Nous avons démarré sur des notes harmonieuses avecStevie Wonder et cette harmonie a perduré tout au longdes assemblées”, a déclaré M. Gurry lors de la clôture desassemblées. Il a exprimé ses remerciements auxministres ayant participé au segment de haut niveaupour avoir ainsi exprimé “un engagement politique dehaut niveau et un intérêt pour les travaux del’Organisation”. Le président de l’Assemblée générale del’OMPI, l’Ambassadeur Alberto Dumont,6 s’est félicité del’issue positive des assemblées dont il a qualifié les ses-sions d’“extrêmement fructueuses”.

4 Le système de Madridconcernantl’enregistrementinternational desmarques et le systèmede La Haye concernantl’enregistrementinternational dedessins et modèlesindustriels.

5 Uniform Domain NameDispute ResolutionPolicy (principesdirecteurs concernantle règlement uniformedes litiges relatifs auxnoms de domaine).

6 Représentantpermanent del’Argentine auprès del’Office des NationsUnies et des autresorganisationsinternationales àGenève.

ASSEMBLÉES DE L’OMPI

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Les réunions des assemblées des États membres del’OMPI ont été marquées cette année par la présenced’une légende de la musique pop, l’auteur-compositeur-interprète américain Stevie Wonder. Le célèbre musiciena lancé aux 184 États membres de l’Organisation unvibrant appel afin que soient prises des mesures permet-tant d’améliorer l’accès des déficients visuels aux œuvrespubliées. Le pourcentage de ces œuvres qui est dispo-nible dans un format accessible aux quelque 314 millionsde personnes atteintes de ce type de handicap dans lemonde est estimé à seulement 5%.

Stevie Wonder est un auteur-compositeur-interprète pro-lifique qui a vendu plus de 100 millions de disques, etdont 49 chansons ont figuré dans le top 40 et 32 singlesont été numéro 1 des ventes de disques. À une questionconcernant son inspiration, posée lors d’une entrevueque l’on peut voir sur le canal YouTube de l’OMPI, le chan-teur a répondu: “C’est la vie elle-même qui m’inspire; il y atoujours quelque chose de nouveau à y trouver.” À proposde l’importance du droit d’auteur pour les musiciens, il adéclaré: “Je ne veux pas imaginer un monde dans lequelil n’y aurait pas de protection par le droit d’auteur… C’estce qui nous permet de vivre.” Quant à imaginer un mondesans musique, il a dit: “Je ne le peux pas, je ne le ferai paset j’espère que cela n’arrivera jamais.”

En sa qualité de Messager de la paix des Nations Unies,Stevie Wonder, qui a lui-même perdu la vue à un jeuneâge, a lancé une “déclaration de liberté pour les personnesatteintes d’un handicap” inspirée, a-t-il expliqué, par ledésir d’apporter “l’espoir et la lumière aux millions de per-sonnes dans le monde qui vivent avec des handicaps”, eten particulier, les aveugles ou déficients visuels. “Il s’agit…d’un plan visant à renforcer l’indépendance des per-sonnes handicapées en leur fournissant les instrumentsnécessaires pour apprendre et progresser”, a-t-il ajouté.

“Vos efforts dans le domaine législatif peuvent créerdes incitations pour que les aveugles et les déficientsvisuels accèdent à la promesse d’une vie meilleure” adit Stevie Wonder aux délégués. Il leur a fait observerque l’accès aux “livres de science, médecine, histoire etphilosophie “permettrait aux jeunes ayant un handi-cap “de bénéficier d’une éducation complète et deconcrétiser un jour leur rêve de devenir premierministre, médecin, écrivain ou enseignant.”

Il a appelé la communauté internationale à agir d’urgence,à “déclarer l’état d’urgence afin de mettre un terme à laprivation d’informations qui maintient les déficientsvisuels dans l’obscurité”, ajoutant que “le génie inexploi-té de plus de 300 millions de personnes atteintes d’unhandicap visuel a besoin de notre amour; aujourd’hui,pas demain, aujourd’hui même”.

Tout en reconnaissant l’importance que revêt le droitd’auteur pour les auteurs et les musiciens, StevieWonder a exhorté les décideurs à élaborer des solutionssusceptibles de faciliter l’accès des personnes ayant desdifficultés de lecture aux œuvres protégées. “Même si jesais qu’il est essentiel de ne pas agir au détriment desauteurs à qui l’on doit les grandes œuvres qui illuminentet nourrissent notre esprit, notre cœur et notre âme,nous devons adopter un protocole qui permette d’im-porter et d’exporter facilement les œuvres protégéespar le droit d’auteur de sorte que les personnes ayantdes difficultés de lecture puissent s’associer au mondede la culture, a-t-il dit. De nombreuses propositionsvisant à créer un mécanisme sûr qui permette l’échangeet la traduction de livres sont sur la table. S’il vous plait,essayez de parvenir à un consensus.”

“Déliez ces œillères qui font obstacle à la traductiondes livres dans des formats lisibles par des personnesayant des difficultés de lecture; notre tâche n’est pasachevée” a déclaré le chanteur avec instance. Il a exhor-té les décideurs à mettre leurs “différences idéolo-giques de côté et à trouver une solution pratique” pourdonner aux personnes ayant des difficultés à lire “lesoutils pour sortir de la pauvreté et de l’obscurité qui secréent lorsque l’esprit n’a pas accès à quelque chosed’aussi simple et d’aussi puissant qu’un livre”.

“Je vous en prie: trouvez une solution. Sinon, je devraiécrire une chanson sur ce que vous n’avez pas fait” a plai-santé Stevie Wonder, avant d’ajouter plus sérieusement:“Ce sera notre legs et notre don au futur. Faisons-le.”

Le charismatique chanteur s’est ensuite installé au clavierpour renforcer encore son message en interprétant desextraits de quelques-uns de ses plus grands succès,

UNE LÉGENDE DE LAMUSIQUE POP LANCE UNAPPEL À L’ACTION

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comme “My Chérie Amour” et “I Just Called to Say I LoveYou”. “Les gens connaissent les chansons, a-t-il expliqué,parce qu’ils ont eu la possibilité de les entendre et de se lesprocurer; il y a des gens qui… ont probablement beau-coup plus à offrir que moi et qui sont enfermés dans unesorte de prison parce qu’ils n’ont pas accès à l’information.”

Après son allocution, l’artiste a raconté ses débutsde musicien, en tant qu’aveugle. “Sur le plan musical,ça n’a pas été trop difficile; j’ai vraiment appris àl’oreille… Ma mère avait une radio, ce qui fait que j’aipu entendre et écouter de la musique, et medemander comment faisaient tous ces gens pourtenir dans un poste.” Il a également raconté com-ment il a pu bénéficier des “mesures affirmatives”mises en place aux États-Unis d’Amérique “afin d’as-surer à tous les Américains une égalité d’accès à uneéducation de qualité”.

Stevie Wonder a parlé de sa ferme volonté de “délier…la conscience” et du fait que “ce n’est pas parce qu’on

1 Parties représentant lesintérêts des titulairesde droit d’auteur et desdéficients visuels envue d’examiner leurspréoccupations etbesoins concrets et deproposer desméthodes permettantde faciliter l’accès auxœuvres dans desformats utilisables parles personneshandicapées.

est une personne aveugle qu’on ne peut pasapprendre”. Un grand nombre de personnes ayant unhandicap, a-t-il observé, ont “aussi des choses mer-veilleuses à offrir, donc nous ne pouvons pas per-mettre que l’autoroute de l’information bloque… leschances de qui que ce soit, ou y fasse obstacle”.

Au sujet des nouvelles technologies et des possibili-tés qu’elles offrent aux personnes handicapées faceaux défis de la vie quotidienne, M. Wonder estimeque “nous vivons une époque passionnante”. Desapplications pour le Web et pour les téléphonesintelligents destinées aux aveugles, comme le lec-teur d’écran VoiceOver pour l’iPhone, font une réelledifférence pour la qualité de vie des personnesvivant avec un handicap. “Quand les choses sont…rendues accessibles, cela nous donne à tous un sen-timent d’indépendance et de liberté… mais il fautque les systèmes soient mis en place, et je sais qu’ilspeuvent l’être” a-t-il observé.

Le chanteur travaille actuellement à la publication enbraille des paroles de ses chansons, en collaborationavec la Société américaine des compositeurs, auteurset éditeurs (ASCAP), car il souhaite que celles-ci soient“accessibles à tous”. “Ce qu’il faut trouver, en fin decompte, dit-il, c’est le moyen qui permettra à tout celade se faire – ça ne peut pas être si difficile.”

Si les décideurs parviennent à progresser sur cettequestion et à trouver une solution au cours des 12prochains mois, la star internationale leur a promis derevenir l’année prochaine avec toute sa voix pour leurdonner un concert en direct.

Des propositions visant à mettre en place un environ-nement juridique favorable à un meilleur accès despersonnes souffrant d’un handicap de lecture auxœuvres protégées par le droit d’auteur sont actuelle-ment à l’étude par les États membres de l’OMPI, dansle cadre du Comité permanent du droit d’auteur etdes droits connexes (SCCR).

L’initiative TIGAR

La plate-forme des parties prenantes de l’OMPI1 a lancé, à l’occasion d’une réunion tenue en octobre 2010 à New Delhi (Inde), uneinitiative publique-privée sans précédent qui promet d’améliorer l’accès aux œuvres publiées pour les 314 millions de déficientsvisuels que compte la planète. Sous le nom de TIGAR, (Trusted intermediary global accessible resources), ce projet permettra auxéditeurs de mettre leurs titres à la disposition d’“intermédiaires de confiance”, qui créeront et partageront des œuvres dans des for-mats accessibles pour les déficients visuels. TIGAR garantit aux personnes ayant une déficience visuelle, partout dans le monde, lapossibilité de rechercher des contenus dans l’ensemble des collections des intermédiaires de confiance et de télécharger le titre deleur choix sur un dispositif local, dans le format qui leur conviendra.

TIGAR est un projet pilote d’une durée de trois ans, le fruit d’une étroite collaboration entre l’OMPI et des organisations représen-tant les auteurs, les éditeurs, la communauté des déficients visuels ainsi que des institutions de services aux personnes ayant desdifficultés de lecture de textes imprimés. Figurent notamment parmi ces dernières l’Union mondiale des aveugles (UMA), l’Unioninternationale des éditeurs (IPA), la Fédération internationale des organismes gérant les droits de reproduction (IFRRO), la Fédérationinternationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques (FIAB) et le Daisy Consortium. A

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Les cultures du Royaume du Maroc ont été mises àl’honneur dans toute leur profondeur, leur diversité etleur distinctivité par l’une des deux expositions tenuescette année en marge des assemblées de l’OMPI. LeMagazine de l’OMPI offre ici à ses lecteurs un aperçu dece que l’on pouvait y voir.

Une fête pour les sens

Cette exposition organisée par le Gouvernement duMaroc proposait de manière somptueuse un regardsur le patrimoine unique, la riche diversité culturelle etles nombreuses ressources biologiques du pays.

Situé à la croisée des chemins entre l’Afrique subsaha-rienne, l’Europe et le Moyen-Orient, le Royaume duMaroc est “un lieu où se rencontrent les civilisations etoù convergent les cultures”. Une situation géogra-phique et un patrimoine historique exceptionnels ontinfluencé et façonné la personnalité caractéristiquedu pays, favorisant ainsi le développement de formesartistiques d’une étonnante richesse. Celles-ci vont del’architecture, la calligraphie et la ferronnerie à la pote-rie, la tannerie et l’ébénisterie, en passant par le tissa-ge et la confection de bijoux. Les visiteurs ont pu

admirer des savoir-faire artisanaux à travers des pro-duits tels que céramiques, caftans, safran et tajines.

L’exposition permettait de se faire une idée du dyna-misme et de la vitalité de la culture marocaine,empreinte de traditions séculaires et ouverte aux ten-dances créatives modernes. Le Maroc a pris un certainnombre de mesures pour mettre en lumière “l’excel-lence et l’authenticité” de ses produits et pour protégeret préserver son “patrimoine national matériel etimmatériel”. Sa politique agricole, par exemple, appe-lée le “Plan vert marocain”, met l’accent sur le dévelop-pement de produits locaux afin de promouvoir undéveloppement local durable et viable et d’encoura-ger un secteur “réellement moderne” offrant “une largegamme de produits de qualité à haute valeur ajoutée”destinés aux marchés locaux et internationaux.

Lors d’une réception tenue le premier jour des assem-blées de l’OMPI, Son Excellence M. Omar Hilale,ambassadeur auprès de l’Office des Nations Unies àGenève, a indiqué que la protection du patrimoinenational était l’une des priorités du Gouvernement deson pays. Il a également souligné qu’une protectionjuridique efficace était primordiale pour se préserverdes reproductions non autorisées, et permettrait ausecteur de l’artisanat de continuer à prospérer.

M. Francis Gurry, directeur général de l’OMPI, a déclaréque cette exposition riche et variée de la culture maro-caine offrait “un prisme” à travers lequel “nous pouvonsdécouvrir un héritage créatif caractéristique qui faitpartie intégrante de l’identité globale du Maroc”. Il asalué l’engagement du Gouvernement marocain dansla promotion et la préservation de la richesse culturel-le du pays, dont le secteur artisanal emploie actuelle-ment environ 20% de la main-d’œuvre nationale etreprésente plus de 10% du produit intérieur brut (PIB).

LE MAROC EXPOSE SARICHESSE CULTURELLE

“Un pays au cœur de l’histoire, un pays où l’art est culture, un paysrendu fort par sa diversité culturelle, un pays aux ressources génétiquesexceptionnelles, un pays au regard tournévers l’avenir, une terre d’hospitalité.”Anis Birrou, Secrétaire d’État chargé de l’Artisanat

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16 DÉCEMBRE 2010

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La réception a commencé avec l’accueil des invitéspar une troupe de danseurs Allaoui qui ont présentéune danse de la victoire saisissante, accompagnés duson des percussions et des cornes.

Plus tard dans la soirée, les invités ont pu apprécier unsplendide défilé de mode présentant les robes coloréesde la styliste marocaine Samira Hadouchi dont le travail

associe tradition et modernité, sophistication et élégance.Selon Mme Hadouchi, qui a créé des pièces pour descélébrités comme Whitney Houston, la créativité lui apermis d’atteindre dans son travail de nouveaux som-mets d’expression et de style. “Le Maroc est un pays où

l’on peut trouver une grande variété d’influences cul-turelles et, à travers mon travail, j’ai le pouvoir d’expri-mer notre identité culturelle si distinctive et de luidonner de la valeur”, explique-t-elle. “Protéger la créa-tivité des artistes et des créateurs comme moi estessentiel, et la propriété intellectuelle est un moyenréellement important de le faire”.

Les œuvres colorées et caractéristiques de l’artiste etmaître calligraphe Mohammed Amzil étaient égale-ment exposées. À propos de l’importance de l’artancien de la calligraphie pour son propre art, il adéclaré: “La calligraphie est mon oxygène… C’est unevaste mer de secrets… Vous y trouvez l’équilibre, lemouvement, tout, parce que c’est très souple”. Il a sou-ligné lui aussi l’importance de respecter les droits descréateurs: “pour garantir l’avenir de la créativité”.“Copier une œuvre est impardonnable”, a-t-il dit.“Quand on aime l’art, il faut aimer l’artiste aussi, etpour l’aimer, il faut respecter ses intérêts également”.

Tout au long de la soirée, les invités ont goûté au ryth-me de la musique des Gnaoua, ce peuple pour qui lamusique a une signification religieuse et permet d’at-teindre un état de transe. Leurs prestations n’ontcependant donné qu’un échantillon limité des richestraditions musicales d’un pays qui compte autant dedanses de groupe que de tribus et qui associe ladanse à la poésie populaire.

L’exposition donnait également un aperçu del’abondante diversité génétique du Maroc, oùsafran, henné, huile d’argan, huile d’olive, figues,dattes, miel, roses et épices ont une diversitéd’usages médicinaux, cosmétiques et culinaires. Ces

ressources jouent un rôle fondamental dans le déve-loppement durable des zones rurales.

Cette présentation des richesses du Maroc a montréun secteur culturel en recherche constante de nou-veaux moyens d’expression, dans lequel les racines cul-turelles traditionnelles donnent naissance à desbranches créatives nouvelles. Stylistes, créateurs et arti-sans contemporains créent de nouvelles formes, tra-vaillent de nouveaux matériaux et font de nouvellesassociations de couleurs, afin de renouveler et moder-niser leurs créations et ainsi rester en accord avec lesgoûts en constante évolution des consommateurstout en préservant l’authenticité qui rend leurs œuvrestypiquement marocaines.

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Une exposition fascinante, organisée conjointement parl’Autorité publique pour l’industrie artisanale (APIA) duSultanat d’Oman et l’OMPI, était également présentéeen marge des assemblées annuelles de l’OMPI. Cetteexposition marquait en outre le 40e anniversaire de lafête nationale du pays.

Oman, l’un des endroits les plus chauds et arides de laplanète, présente des paysages spectaculaires ainsiqu’un patrimoine culturel riche et exceptionnel. À l’origi-ne, son artisanat provient de savoir-faire indispensablespour survivre dans les rudes conditions du désert.Aujourd’hui, sous l’impulsion de Sa Majesté le SultanQaboos Ben Said, “une politique clairvoyante de déve-loppement adapté… a été mise en œuvre afin de pro-téger et soutenir les traditions omanaises, notamment lepatrimoine artisanal qui a permis à la société omanaisede perdurer pendant des millénaires”.

À propos du caractère unique du patrimoine omanais,Mme Aiysha Bint Khalfan Al-Siyabiya, présidente del’APIA, a déclaré: “Pendant des siècles, les Omanais ontutilisé leur créativité pour mettre au point des tech-niques artisanales faisant bon usage de leurs ressourcesnaturelles”.

Établie par décret royal en mars 2003, l’APIA a pour rôlede promouvoir le secteur artisanal omanais et de faireen sorte que les savoir-faire traditionnels survivent etfournissent des emplois aux nouvelles générations d’ar-tisans. Elle propose des formations, soutient les artisanset les aide à identifier de nouveaux marchés pour leursproduits. Elle est également chargée d’enregistrer, docu-menter et conserver les arts des différentes régions ainsique de recenser les besoins des artisans.

Dans le catalogue de l’exposition, M. Francis Gurry, direc-teur général de l’OMPI, a attiré l’attention sur la “multitu-de de branches artisanales créées au fil des générationsgrâce à l’ingéniosité et à la créativité du peuple omanais”,et applaudi le travail inlassable accompli par le gouver-nement d’Oman pour permettre au secteur de conti-nuer à se développer et prospérer.

Cette exposition colorée et saisissante présentait unlarge éventail de savoir-faire artisanaux traditionnels,notamment le travail des métaux précieux, des étoffesfines, le tressage des feuilles de palmiers et la poterie.

Les délégués ont ainsi eu la possibilité de voir des arti-sans véritablement à l’œuvre. En dépit de la mondialisa-tion et des techniques modernes de production, le sec-teur omanais de l’artisanat traditionnel est florissant.

Poterie et céramiques

La poterie est l’un des secteurs traditionnels les plusactifs du commerce d’Oman. Les potiers omanais sonten effet réputés pour les magnifiques dessins de leurspoteries tournées à la main.

Vannerie

La vannerie est toujours largement pratiquée. Lesfibres naturelles comme celles du palmier dattier et dughadaf, une plante du désert, sont tissées, pliées,enroulées, tressées, cousues et entrelacées afin de réa-liser une grande variété d’objets. Les techniquesvarient d’une région à l’autre, mais aucune partie de laplante n’est gâchée.

Orfèvrerie

“L’argent symbolise la pureté dans la tradition omanai-se, et on lui attribue les vertus d’un talisman: chance etprotection contre le mal. Le Sultanat est renommépour son orfèvrerie traditionnelle, dont les artisanssont connus pour leur travail de très grande qualité,

L’ARTISANAT OMANAISUN VÉRITABLE TRÉSOR

“La beauté classique des poteries d’Oman réside dans la grâce géométrique intemporelle de leur forme qui en fait des objets très prisés par les architectes d’intérieur.”

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18 DÉCEMBRE 2010

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en particulier dans la fabrication du khanjar, un poi-gnard orné qui reste un élément de la tenue masculi-ne lors des grandes occasions.

Le khanjar représente l’identité, la masculinité, la fiertéet le patrimoine omanais. Le savoir-faire et la précisionnécessaires pour créer ces œuvres très travaillées sontun témoignage de la connaissance des orfèvres oma-nais. Le khanjar se porte sur une ceinture de cuir riche-ment ornée, décorée de fils d’argent.

Quant à la bijouterie omanaise en argent (bracelets àpointes, bagues ornées de pierres précieuses (al kha-tim), mafraq (un type de coiffe), boucles d’oreille, pen-dentifs, broches, etc.), elle est un élément importantde la tenue des femmes omanaises et joue un rôledans les danses traditionnelles.

Charpenterie et ébénisterie

Nation à la riche histoire maritime, Oman a donc aussiune solide tradition de construction navale.L’exposition présentait des modèles de bateaux de

pêche et de commerce dont certains sont toujoursutilisés aujourd’hui. On trouve à Oman des traces deconstruction navale remontant à 4500 ans.

Mandous

Ces commodes décorées, de taille variable, sont despièces de collection. Elles sont faites traditionnelle-ment en bois de rose, en noyer ou d’autres bois pré-cieux et sont incrustées de bronze, d’or ou d’argent etde pierres précieuses.

Jerz (hache)

Datant de l’âge de bronze, le jerz est un symbole carac-téristique de la région de Musandam. Fait de bois indi-gène finement sculpté, il présente une petite tête enforme de hache, en acier ciselé incrusté de bronze.

Distillation de fleurs

Les célèbres jardins deroses de Jabel al Akhdarsont à l’origine de laproduction tradition-nelle d’eau de rose. Ensigne de respect, il estde coutume d’en asper-ger les invités. Elle estaussi largement utilisée

pour parfumer le thé, le café, ainsi qu’en cuisine, dansun certain nombre de plats dont l’halwa, symbole del’hospitalité omanaise.

Oliban

“Environnées de la brume des légendes… les précieuses perles de sève cristallisée valaient autrefois leur poids en or”.

L’oliban, parfum prisé par les Omanais, est au cœur d’une industrie artisanale florissante. Présent partout dans la culture omanaise,il sert à manifester son hospitalité aux invités. Cette fragrance mystique est tirée du boswellia, l’arbre à encens qui borde l’aridedésert Nejd et les grandes étendues sèches de la région du Dhofar. Lorsque son tronc est incisé, un liquide blanc perlé s’écoule etdurcit pour donner des perles semi-opaques. L’oliban présente un certain nombre de vertus thérapeutiques, et il est largement uti-lisé en parfumerie et cosmétique.

ASSEMBLÉES DE L’OMPI

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Un intérêt croissant pourles savoirs traditionnels

Les industries biotechnologiques, pharmaceutiqueset de la santé manifestent depuis quelques années unintérêt croissant pour les produits naturels commesources de nouveaux composés biochimiques utilisésdans la mise au point de médicaments et de produitschimiques et agroalimentaires. Il en est résulté unregain d’intérêt pour les savoirs traditionnels et les res-sources génétiques connexes en tant que moyens defaire reculer les frontières de la science et de la tech-nologie et d’acquérir des connaissances utiles sur lefonctionnement des systèmes écologiques.

Ce savoir a contribué à l’augmentation de la producti-vité économique et constitue un apport importantpour les programmes de recherche-développementindustriel. Les savoirs traditionnels sont l’un des fac-teurs de la commercialisation des produits naturels,mais leurs dépositaires sont rarement reconnus ourécompensés pour leur utilisation. Ils sont exploités,généralement sans aucune rémunération, par desintérêts commerciaux qui y accèdent par l’intermé-diaire de bases de données, de publications savantesou de collections de terrain. La question de leur titula-rité, celle de l’appartenance des droits relatifs à leurexploitation et leur importance économique croissan-te ont donné lieu à un large éventail de débats depolitique générale, notamment en matière de protec-tion de la propriété intellectuelle.

Processus parallèles

Tandis que la communauté internationale se penchesur l’élaboration de normes internationales de protec-tion des ressources génétiques, des savoirs tradition-nels et des expressions culturelles traditionnelles ouexpressions du folklore, un certain nombre d’initiativessuivent leur cours au niveau régional et national. Cesefforts visent à cerner les moyens et les meilleures pra-

tiques à adopter face aux questions nombreuses etcomplexes que soulève l’intégration de ces questionsdans les politiques et systèmes conventionnels depropriété intellectuelle.

Le Protocole de Swakopmund

Adopté en août 2010, le Protocole de Swakopmundest fondé sur le principe selon lequel les savoirs, lestechnologies, les ressources biologiques et le patri-moine culturel des communautés traditionnelles etlocales résultent de pratiques éprouvées par les géné-rations qui nous ont précédés. Ces ressources sontaujourd’hui détenues par des dépositaires, en fiduciepour les générations futures.

Le Protocole de Swakopmund a été signé par neufÉtats membres de l’ARIPO, à savoir le Botswana, leGhana, le Kenya, le Lesotho, le Libéria, le Mozambique,la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. Il entrera envigueur lorsque six États membres auront déposéleurs instruments de ratification (pour les signataires)ou d’adhésion (pour les non-signataires). La signaturedu Protocole est également ouverte à tous les Étatsmembres de l’Union africaine ou de la Commissionéconomique des Nations Unies pour l’Afrique.

Le protocole confirme la qualité de dépositaires descommunautés traditionnelles ou locales à l’égard deleurs savoirs traditionnels, ressources génétiques asso-ciées et expressions culturelles traditionnelles et leurdonne les moyens d’exercer leurs droits sur leurspropres savoirs et ressources.

“Il s’agit d’un événement historique, car il fournit lesoutils nécessaires pour mettre un terme à l’appropria-tion illicite des savoirs traditionnels et des expressionsculturelles traditionnelles en Afrique. Les dépositaires de

L’AUBE D’UN TEMPS NOUVEAUPOUR LES DÉPOSITAIRES DES SAVOIRS TRADITIONNELS EN AFRIQUE

1 Botswana, Gambie,Ghana, Kenya, Lesotho,Libéria, Malawi,Mozambique, Namibie,Ouganda, RépubliqueUnie de Tanzanie, SierraLeone, Somalie,Soudan, Swaziland,Zambie, Zimbabwe.

20 DÉCEMBRE 2010

L’Organisation régionale africaine de la propriété intellectuelle (ARIPO) et ses 17 États membres1 ont franchi au débutdu mois d’août une étape historique en adoptant le cadre juridique connu sous le nom de “Protocole de Swakopmundrelatif à la protection des savoirs traditionnels et des expressions du folklore”. Issu de 10 années de consultations inten-sives, cet événement phare, qui a eu pour cadre la conférence diplomatique tenue dans la ville côtière deSwakopmund (Namibie), a été salué par M. Francis Gurry, directeur général de l’OMPI, comme un “tournant dans l’évo-lution de la propriété intellectuelle”. Dans l’article qui suit, Emmanuel Sackey, directeur de programme pour la pro-tection des ressources génétiques, des savoirs traditionnels et des expressions du folklore à l’ARIPO, explique la genè-se de ce nouveau cadre juridique et ce qu’il signifie pour les dépositaires des savoirs traditionnels en Afrique.

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ces savoirs ont désormais le pouvoir d’exercer des droitssur ces derniers” a déclaré M. Gift Sibanda, directeurgénéral de l’ARIPO. “En établissant un cadre dans lequelles communautés autochtones pourront bénéficier del’exploitation de leurs connaissances, nous avons créédu même coup des possibilités de développement éco-nomique et de création de richesse” a-t-il ajouté.

Le Protocole entérine la nécessité de respecter, recon-naître et protéger le caractère largement multieth-nique de l’Afrique, ainsi que son riche patrimoine cul-turel et ses savoirs traditionnels. Il énonce et dévelop-pe en outre les vues partagées par les pays africains àl’égard des droits collectifs ou communautaires ainsique le partage des avantages issus de l’exploitationcommerciale de leurs ressources biologiques, savoirstraditionnels et expressions culturelles traditionnelles.

Ce nouveau cadre juridique régional prend en comp-te la conception holistique du monde caractéristiquedes dépositaires des savoirs traditionnels africains, etfournit à ces derniers une sécurité juridique dansl’exercice et la gestion de leurs droits inaliénables. Illeur confère ainsi le pouvoir d’exploiter leurs savoirs àdes fins de développement socioculturel. Il prévoitaussi l’enregistrement des savoirs traditionnels etexpressions culturelles traditionnelles présentant uncaractère multiculturel et transfrontalier, afin derésoudre les incertitudes relatives à la titularité de cessavoirs, parfois détenus par plusieurs communautésd’un même pays ou de pays voisins.

Une décennie de travaux

L’Afrique bénéficie d’un riche éventail de ressourcesbiologiques, ainsi que d’un profond savoir en ce quiconcerne leur gestion et leur utilisation. Celui-ci résul-te non seulement de l’accumulation de connaissanceset croyances transmises au cours des générations,mais aussi de la relation intime qu’entretiennent lespopulations locales avec leur environnement. Laconsidérable valeur inhérente à ces ressources aconduit les pays africains à étudier des mécanismessusceptibles d’en faire une base de développementsocio-économique.

L’ARIPO a entrepris des travaux axés plus particulière-ment sur la protection des savoirs autochtones enaoût 2000, suite à la décision par son Conseil desministres d’élaborer une “stratégie coordonnée” pour“prendre des initiatives en matière de savoirs tradi-tionnels” et s’engager pleinement dans les activités del’OMPI dans ce domaine.

Deux ans plus tard, le Conseil des ministres de l’ARIPOa décidé, lors d’une réunion tenue à Mangochi(Malawi), d’étendre les travaux de l’Organisation sur lessavoirs traditionnels aux ressources génétiques et aufolklore, dans l’esprit des négociations internationales.Le Conseil a ensuite commandé une étude de faisabi-

lité concernant l’établissement, en collaboration avecles États membres, d’un inventaire ou de bases de don-nées de savoirs traditionnels s’inspirant de l’expériencedes pays ayant déjà élaboré de tels outils. La voie setrouvait dès lors ouverte à la mise en place d’un cadrejuridique régional pour la protection des savoirs tradi-tionnels et des expressions culturelles traditionnelles.En 2006, à l’occasion d’une réunion tenue à Maputo(Mozambique), le Conseil d’administration de l’ARIPOadoptait la version finale du texte juridique élaboréavec le concours de l’OMPI. Celui-ci fut approuvé en2007 au Lesotho par le Conseil des ministres de l’ARIPO,qui appela l’ARIPO à lui donner forme en tant que pro-tocole régional et règlement d’application.

Un processus ouvert

L’élaboration du Protocole de Swakopmund a étécaractérisée par de nombreuses consultations avec unlarge éventail de parties prenantes. Le caractèreouvert de ce processus a permis aux 17 Étatsmembres de l’ARIPO d’acquérir une connaissance soli-de des questions intersectorielles qui le sous-tendent.

L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle(OAPI), une organisation sœur de l’ARIPO basée àYaoundé (Cameroun), avait élaboré un instrumentanalogue, adopté en 2007. L’OAPI compte 16 Étatsmembres2 et s’occupe de questions de propriété intel-lectuelle touchant les pays majoritairement franco-phones d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest.

L’adoption de ces deux importants instrumentstémoigne de la volonté des pays d’Afrique subsaha-rienne de protéger les droits des communautés tradi-tionnelles et locales sur leurs savoirs, innovations etpratiques. Elle a permis non seulement de reposition-ner l’ARIPO et l’OAPI en tant que forces prépondé-rantes pour le développement de la propriété intel-lectuelle en Afrique, mais aussi de donner aux paysafricains un rôle déterminant dans les processus d’éta-

2 Bénin, Burkina Faso,Cameroun, Congo,Côte d’Ivoire, Gabon,Guinée, Guinée-Bissau,Guinée équatoriale,Mali, Mauritanie, Niger,République centrafricaine,Sénégal, Tchad, Togo

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blissement de normes mondiales de protection dessavoirs traditionnels et du folklore.

Contribuer à un cadrejuridique international

La nécessité de protéger les savoirs traditionnels et lesexpressions culturelles traditionnelles mobilise lacommunauté internationale depuis un certainnombre d’années. La solution la mieux ciblée, à cetégard, semble résider dans l’adoption d’un systèmesui generis international contraignant.3 Le Protocolede Swakopmund contribue de manière importanteaux efforts en vue de l’établissement d’un cadre inter-national efficace pour la protection des savoirs tradi-tionnels et du folklore. L’ARIPO et ses États membresparticipent activement à ce processus.

Un accent particulier surles ressources génétiques

Le Protocole de Swakopmund ne s’applique qu’auxsavoirs traditionnels et aux expressions culturelles tra-ditionnelles. Il ne concerne pas les enjeux de proprié-té intellectuelle liés à l’accès aux ressources géné-tiques et à leur utilisation durable. Ces dernières ques-tions dépassent en effet le champ de la protection desdroits de propriété intellectuelle et nécessitent uneapproche holistique s’étendant aux préoccupationsenvironnementales, comme le prévoit la Conventionsur la diversité biologique (CDB).

L’ARIPO élabore de son côté un cadre juridique régio-nal de protection des ressources génétiques destiné àcouvrir des questions telles que le lien entre l’Accordsur les aspects des droits de propriété intellectuellequi touchent au commerce (Accord sur les ADPIC) del’Organisation mondiale du commerce (OMC) enmatière de brevets et les obligations de la CDB, l’asy-métrie entre les avantages dont bénéficient les entre-prises exploitant des ressources génétiques et ceuxque reçoivent les communautés traditionnelles, ainsique l’utilisation durable de ces ressources. Ces aspectsont été largement débattus dans le cadre de diffé-rentes instances internationales (OMPI, CDB, FAO,OMS, CNUCED, UNESCO et OMC4 entre autres), et un

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Des négociations sont en cours au sein du Comité intergouvernemental de la propriété intellectuelle relative auxressources génétiques, aux savoirs traditionnels et au folklore de l’OMPI (IGC) en vue de l’élaboration d’un instru-ment juridique international qui permettrait de protéger efficacement les savoirs traditionnels et les expressionsculturelles traditionnelles, ainsi que sur les aspects de propriété intellectuelle de l’accès et du partage des avan-tages des ressources génétiques.

L’IGC a adopté en mai 2010 la nouvelle formule des groupes de travail intersessions (IWG) pour appuyer et facili-ter ses négociations en fournissant des avis et une analyse techniques et juridiques et, le cas échéant, des optionset des scénarios divers. À sa première session, en juillet 2010, l’IWG a axé ses travaux sur celui des trois sujetsdébattus qui était considéré comme le plus abouti: les expressions culturelles traditionnelles. Le projet de texterésultant de cette réunion sera examiné à la prochaine réunion de l’IGC, en décembre 2010.

3 Un instrumentjuridique conçu ouadapté pour répondreà une question depropriété intellectuellespécifique.

4 FAO: Organisation desNations Unies pourl’alimentation etl’agriculture; OMS:Organisation mondialede la santé; CNUCED:Conférence desNations Unies sur lecommerce et ledéveloppement;UNESCO: Organisationdes Nations Unies pourl’éducation, la scienceet la culture.

5 L’ARIPO remercie pourleurs importantescontributions M. WendWendland, directeur dela Division des savoirstraditionnels de l’OMPI,M. J. A. Ekpere,directeur exécutif à laretraite de laCommission de larecherche scientifiqueet technologique del’Union africaine, M.John Asein, directeurde l’Institut du droitd’auteur du Nigéria etM. Hassan Kaffa, ancienhaut fonctionnaire del’Organisation africainede la propriétéintellectuelle (OAPI).

certain nombre de politiques et règlements interna-tionaux portant sur la protection des ressources géné-tiques sont à l’étude.

Avantages du Protocole

L’entrée en vigueur du Protocole donnera aux déposi-taires et détenteurs de savoirs traditionnels et d’ex-pressions culturelles traditionnelles les moyens néces-saires pour exploiter leurs connaissances à des fins dedéveloppement socio-économique et de création derichesse. Elle est aussi prometteuse d’autres avan-tages, dont notamment:

contribuer à la réduction du biopiratage;empêcher les revendications illicites dans lesdemandes de brevet relatives à des inventionsfondées sur des savoirs traditionnels;permettre l’enregistrement des savoirs tradition-nels et expressions culturelles traditionnelles àcaractère régional, c’est-à-dire partagés par plu-sieurs cultures ou de part et d’autre d’une frontière;fournir un cadre pour le développement de légis-lations nationales relatives à la protection de cesressources.

Les États membres de l’ARIPO ont adopté, lors de laconférence diplomatique, une résolution témoignantde leur volonté d’élaborer une législation nationale etun plan d’action concret pourvoyant à ce que lessavoirs traditionnels continuent à servir les besoins etaspirations des communautés locales et traditionnelles.

Cette réalisation historique permettra à l’Afrique toutentière d’ajouter de la valeur aux efforts intellectuels,culturels et artistiques dont les fondements sont dansles communautés locales et traditionnelles. L’ARIPO etses États membres ont indiqué de manière claire etnon équivoque qu’ils sont décidés à respecter, recon-naître et exploiter ensemble les actifs incorporels del’Afrique aux fins du développement socio-écono-mique du continent.

Le texte intégral du Protocole peut être consulté sur lesite Web de l’ARIPO5: www.aripo.org.

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Dans cet article, R. Randall Rader, président de la Courd’appel des États-Unis d’Amérique pour le circuit fédé-ral, explique les incidences de la récente décision sur labrevetabilité des méthodes d’affaires rendue par la CourSuprême des États-Unis d’Amérique dans l’affaire Bilski.

Introduction

La question du champ des objets brevetables, et enparticulier de l’admissibilité à la protection par brevetdes méthodes d’affaires, est un important sujet dedébat international depuis au moins State Street Bank,la célèbre dernière affaire du non moins célèbre jugeitinérant Giles Rich. Un récent arrêt de la Cour suprê-me, Bilski c. Kappos, s’y est attaqué de front, fournis-sant des orientations qui vont façonner le débat pourles années à venir.

Le champ des objetsbrevetables: contexte historique

L’article 101 de la loi américaine sur les brevets dispo-se que “tout procédé, machine, article manufacturé oucomposition de matières répondant aux critères denouveauté et d’utilité ou tout perfectionnement nou-veau et utile de ces derniers peut avoir droit à la pro-tection par brevet”. Les quatre grandes catégories ainsidéfinies autorisent donc une brevetabilité pratique-ment illimitée. Et de fait, la loi américaine ne prévoitaucune exclusion absolue à la protection par brevet.

La Cour suprême a cependant formulé trois excep-tions aux principes de large brevetabilité établis dansla loi sur les brevets: “les lois de la nature, les phéno-mènes physiques et les idées abstraites”. Elle a eneffet estimé, dans la décision Diamond c. Chakrabarty,447 US 303, 309 (1980), que les lois de la nature et lesphénomènes naturels ne relevaient pas des catégoriesénoncées dans la loi, parce que ces matières “sont les

outils de base des travaux scientifiques et technolo-giques”. Dans l’affaire Gottschalk c. Benson, 409 US 63, 67(1972), c’est le caractère abstrait, à l’instar des pro-blèmes de divulgation directement prévus à l’article112 de la loi sur les brevets, qui exclut l’invention dela brevetabilité. S’agissant des méthodes d’affaires,l’examen premier consiste à vérifier si le procédérevendiqué présente un caractère abstrait.

Bilski dans le circuit fédéral

Dans une atmosphère de réforme en matière de bre-vets, le circuit fédéral a toutefois décidé d’examiner enbanc1 la question de l’admissibilité à la protection parbrevet, et le sujet de ce réexamen a été l’affaire Bilski.L’invention revendiquée concernait un procédé degestion du coût du risque associé à la consommationd’une marchandise vendue à un prix fixe par un négo-ciant – autrement dit, le concept familier des opéra-tions de couverture. L’examinateur de l’Office des bre-vets et des marques des États-Unis d’Amérique(USPTO) avait rejeté les revendications en vertu de l’ar-ticle 101, au motif que l’invention revendiquée étaitpurement une méthode d’affaires, sans aucun lienavec une machine. La Chambre des recours de l’Officeaméricain des brevets (La Chambre) avait confirmé lerejet de la demande. Plus précisément, la Chambreavait conclu que l’invention revendiquée était uneidée abstraite. En appel, le circuit fédéral, alors présidépar le juge Michel, avait confirmé cette décision, lesjuges Newman, Mayer, et moi-même étant dissidents.

Dans son très long avis, le circuit fédéral a abandonnéle test du “résultat utile, concret et tangible” de la déci-sion State Street Bank. En échange, le tribunal a façon-né le test de la “machine ou transformation”, en se fon-dant sur une jurisprudence constante de la Coursuprême depuis plusieurs décennies. Selon ce critère,un procédé est admissible à la protection par brevet si:

le procédé est “lié à une machine ou un appareil”, oule procédé “transforme un article en un état ou unobjet différent”.

Le circuit fédéral n’a exclu de manière catégorique niles brevets de méthodes d’affaires, ni les brevets delogiciels, expliquant que de tels brevets sont soumisaux mêmes prescriptions légales que n’importe quelautre procédé ou méthode.

Parmi les juges du circuit fédéral, seule la juge Newmanaurait déclaré le procédé Bilski brevetable, le test de lamachine ou transformation imposant selon elle une res-triction nouvelle et de taille sur l’admissibilité à la pro-

APRÈS BILSKI

1 en banc: en formationplénière – c’est-à-diretous les juges du tribunal(l’intégralité du “banc”)étant présents – plutôt que simplementcollégiale. Ce type deformation s’appliquedans les affairesparticulièrementcomplexes ou cellesconsidérées commeétant d’une importanceinhabituelle.

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tection par brevet. Le juge Mayer s’est rallié à la majorité,mais serait allé plus loin en interdisant complètementles brevets de méthodes d’affaires et de logiciels.

J’ai pour ma part estimé, dans mon opinion dissiden-te, que le brevet Bilski n’était pas admissible parce qu’ilportait sur une idée abstraite. J’ai proposé de s’ap-puyer sur les termes mêmes de l’article 101, plutôtque de fabriquer de nouveaux tests. J’ai analysé endétail le libellé de l’article 101, sans y détecter aucunindice permettant d’affirmer que la loi étend la pro-tection par brevet à certaines sous-catégories de pro-cédés, mais pas à d’autres. À mon sens, la loi ne doitpas définir le terme “abstrait” d’une manière qui impo-se des limites artificielles de l’ère industrielle (machineou transformation) à l’époque du cyberespace et au-delà. J’ai également écrit que le nouveau test nerépondait pas à la question la plus fondamentale detoutes: pourquoi certaines catégories d’invention nemériteraient-elles pas de protection?

Bilski à la Cour suprême

La Cour suprême, dans l’opinion qu’elle a rendue le 28juin 2010, a confirmé à l’unanimité le rejet des reven-dications de Bilski, mais aussi recentré la question surle libellé de la loi et la définition du caractère abstrait.La décision délivrée comportait une opinion majori-taire rédigée par le juge Kennedy, une opinion rendue“à la pluralité des voix” (plurality opinion), égalementécrite par le juge Kennedy, et deux opinions concor-dantes (concurrences).

L’opinion majoritaire de la Cour

L’opinion de la Cour a été délivrée par le juge Kennedy,rejoint par le président Roberts et les juges Thomas,Alito et Scalia. La Cour a estimé que le test de la machi-ne ou transformation, s’il ne faisait effectivement paspartie de la loi, pouvait néanmoins servir d’indice pourdéterminer l’admissibilité à la protection en vertu del’article 101. Toutefois, le test de la machine ou trans-formation n’est pas le seul critère pour déterminer siun procédé constitue une invention brevetable. LaCour a ensuite rejeté le test State Street Bank, maisexpressément laissé ouverte la possibilité que d’autrescritères limitatifs servent à éclairer le sens de la notiond’abstraction d’une manière compatible avec la loi. LaCour n’a pas constaté d’interdiction absolue contre lesbrevets de méthodes d’affaires, puisque la loi elle-même ne fait pas de distinction entre les méthodesd’affaires et les autres procédés. La Cour a également

observé que l’examen de l’admissibilité à la protectionpar brevet est seulement un test préalable (voir Bilskic. Kappos, 130 S. Ct. 3218, 3225 (2010)). L’article 101,disposition législative qui établit les grandes catégo-ries de procédés, attire lui-même l’attention sur l’im-portance “des conditions et exigences du [titre],” (voir35 USC section 101).

La plurality opinion du jugeKennedy

Dans une opinion rendue à la pluralité des voix, lejuge Kennedy, suivi par les mêmes juges que ceux dela majorité à l’exception du juge Scalia, note que lescritères d’admissibilité à la protection par brevet doi-vent présenter une souplesse suffisante pour pouvoirévoluer au-delà des décisions rendues sur des tech-nologies du passé, afin d’englober les inventions nou-velles et non encore envisagées.

Les opinions concordantes

Le juge Stevens a rédigé une opinion suivie par lesjuges Ginsburg, Breyer et Sotomayor. Il y a longue-ment expliqué que, dans la loi sur les brevets, le terme“procédé”, interprété dans son contexte historique,devrait exclure les méthodes d’affaires.

Le juge Breyer a également rédigé une opinion, suivieen partie par le juge Scalia, soulignant que:

l’article 101 est large, mais pas sans limite;le test “machine ou transformation” peut être utilepour déterminer l’admissibilité;le test “machine ou transformation” n’est pas le seulcritère, etle test du “résultat utile, concret et tangible” esttrop large.

Conclusion

La décision Bilski de la Cour suprême a mis l’accent surle fait que les idées abstraites ne sont pas brevetables eta jugé que le test de la “machine ou transformation” n’estpas le seul critère d’admissibilité à la protection par bre-vet. Le circuit fédéral reste libre d’élaborer des critèressupplémentaires d’appréciation du caractère abstraitaux fins de vérification de la brevetabilité, mais ces cri-tères doivent respecter scrupuleusement la loi et la juris-prudence de la Cour suprême. Cependant, l’applicationde la notion d’abstraction n’exclura pas d’emblée lesméthodes d’affaires et les logiciels, qui restent potentiel-lement brevetables aux États-Unis d’Amérique.

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Au cours des 30 années qui se sont écoulées depuis sonadhésion à l’Organisation mondiale de la propriété intellec-tuelle (OMPI), la Chine a réalisé des progrès remarquablesdans le domaine de la propriété intellectuelle. Son officedes brevets est aujourd’hui l’un des cinq plus importantsdu monde, tandis que son office des marques occupe letout premier rang. Le système de droit d’auteur du pays aconnu des avancées historiques, et son secteur créatif estplein de vitalité. Il est clair que la deuxième économie mon-diale fonde son avenir sur l’innovation et mise à cet égardsur la propriété intellectuelle. Le Magazine de l’OMPI avoulu marquer cet anniversaire en demandant à trois per-sonnalités chinoises en matière de propriété intellectuellede commenter le chemin parcouru par la Chine dans cedomaine. M. Tian Lipu, commissaire de l’Office d’État de lapropriété intellectuelle de la Chine (SIPO), nous parle del’évolution du paysage chinois des brevets, M. Zhou Bohua,ministre et membre de l’Administration d’État pour l’indus-trie et le commerce (AEIC), brosse un tableau des réalisa-tions de la Chine en ce qui concerne la protection desmarques, et M. Liu Binjie, ministre et directeur del’Administration nationale du droit d’auteur de la Chine(NCAC), décrit l’importance accordée par la Chine à la pro-tection du droit d’auteur.

Chine et propriétéintellectuelleM. Tian Lipu, commissaire du SIPO

Avant 1980, année de l’adhésion de la Chine à l’OMPI, leconcept de propriété intellectuelle était pratiquementinconnu dans mon pays, de même que celui de valeurdes actifs intellectuels. Pourtant, grâce à sa détermina-tion et à des efforts inlassables, le peuple chinois a su sedoter en un temps record d’un système de propriétéintellectuelle bien conçu, compatible avec les besoinsde développement de la Chine et les règles internatio-nales. En 30 ans, la Chine a:

établi un cadre juridique complet en matière de pro-priété intellectuelle, avec son système opérationnel;mis en place un mécanisme efficace de protection admi-nistrative et juridique des droits de propriété intellectuelle;adhéré à 13 traités internationaux administrés par l’OMPI;

accompli sans faillir les obligations qui lui incombaienten vertu de traités et accords internationaux;fourni une protection efficace aux titulaires de droits depropriété intellectuelle nationaux et étrangers.

Nous avons bénéficié de la part de la communauté inter-nationale, et notamment de l’OMPI et d’autres organisa-tions internationales ainsi que de divers pays, d’un appuiénergique au développement et à l’amélioration du sys-tème chinois de propriété intellectuelle. Cela nous a per-mis de former nos professionnels en cette matière et dediffuser plus largement l’information relative à la proprié-té intellectuelle afin de mieux y sensibiliser le public etd’en promouvoir la connaissance en Chine.

Dans un contexte d’amélioration constante de soncadre juridique de propriété intellectuelle, la Chine aassisté à un accroissement rapide de l’utilisation de sonsystème de protection et à une augmentation specta-culaire du nombre de demandes d’enregistrement dedroits. Brevets, marques et droits d’auteur jouent un rôlede plus en plus important dans le développement denotre économie nationale, et la sensibilisation à la pro-priété intellectuelle se développe de manière considé-rable au sein de la société chinoise.

Le Gouvernement de la Chine a mis en œuvre en 2008une stratégie nationale en matière de propriété intellec-tuelle qui a marqué un point tournant de l’engagementdu pays dans ce domaine et fourni une indication clairede sa détermination inébranlable à encourager l’innova-tion et créer une économie fondée sur le savoir.

Le système chinois des brevets

Depuis son établissement en 1985, le système chinoisdes brevets a acquis une maturité considérable, abattu

PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE EN CHINELE CHEMIN PARCOURU

Demandes de brevet déposées auprès du SIPO

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Demandes de brevet de déposants chinois Demandes de brevet de déposants étrangers

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des records et grandement amélioré la capacité d’inno-vation nationale. Le nombre des demandes de brevetdéposées en Chine a augmenté en moyenne de 22,3%par an au cours de la première décennie du XXIe siècle.Pour la seule période de janvier à octobre 2010, il s’estélevé à 295 275, soit une augmentation de 25% par rap-port à la même période en 2009. Près des trois quarts deces demandes (214 079, soit 72,5% du total) émanaientde déposants nationaux.

La Chine s’est placée en 2009 au cinquième rang des uti-lisateurs du Traité de coopération en matière de brevets(PCT), avec près de 8000 demandes internationales debrevet déposées, ce qui représente un taux de croissan-ce de 29,7%. Nous prévoyons que le nombre desdemandes en vertu du PCT dépassera les 10 000 en2010. De plus en plus d’entreprises et d’inventeurs chi-nois reconnaissent le PCT comme un canal importantpour le dépôt de demandes de brevet dans des paysétrangers. Cela concourt également au renforcementdes efforts de la Chine en matière de propriété intellec-tuelle et à la promotion de l’innovation scientifique ettechnologique dans le pays.

Les innovateurs et les entreprises du monde entier fontaussi largement appel au système chinois des brevets.En septembre 2010, le nombre total des demandes debrevets de déposants étrangers reçues par le SIPO pas-sait la barre du million. La moitié de ces demandes ontété déposées au cours des cinq dernières années, ce quifait de la Chine l’un des pays les plus actifs dans lemonde en matière de brevets.

La législation sur les brevets, qui a subi trois révisionsapprofondies en 1992, 2000 et 2008, est de plus en pluscomplète. L’élévation des normes régissant la délivrancedes brevets, l’optimisation des procédures d’examen etd’approbation, le renforcement de la protection des bre-vets et l’instauration d’un meilleur équilibre entre lesintérêts et avantages des titulaires de droits de brevet etles intérêts du public ont permis au système chinois desbrevets de réaliser l’objectif de stimulation et de protec-tion de l’innovation visé par la législation. Ces réformeslégislatives guident et réglementent le comportementdes principaux acteurs du marché, apportant du mêmecoup de l’ordre sur ce dernier. Elles se sont traduites parune amélioration radicale de la capacité d’utilisation dusystème des brevets et de la compétitivité intrinsèquedu pays. Elles nous ont également permis de nous adap-ter aux règles économiques et commerciales internatio-nales et de les observer rigoureusement.

La Chine a adhéré, au cours des 30 dernières années, àune série de conventions internationales et accords bila-téraux dans le domaine des brevets. Nous respectonsscrupuleusement nos obligations internationales et par-ticipons activement aux débats internationaux relatifsaux grandes questions telles que l’harmonisation du sys-tème international des brevets et la protection de la pro-priété intellectuelle des ressources génétiques, dessavoirs traditionnels et du folklore. La Chine a accentué le

dialogue et les échanges avec divers pays et organisa-tions internationales sur une base d’égalité et de respectmutuel, et mis en œuvre tous les moyens nécessairespour coopérer avec ces derniers. Elle continue, ce faisant,à apporter une contribution positive et pratique audéveloppement du système international des brevets.

L’objectif de développement économique durable s’ac-compagne aujourd’hui pour la Chine d’un certainnombre de défis majeurs, liés à un déséquilibre de notrestructure industrielle et à un mode de développementmoins qu’optimal. La Chine a encore un long chemin àparcourir avant de devenir une nation axée sur l’innova-tion. Comme d’autres pays, elle doit s’attaquer à des pro-blèmes mondiaux tels que le changement climatique, lasanté publique et la crise énergétique. Ces enjeux onttous des répercussions sur le système des brevets. Ilsmettent en évidence le fait qu’il est nécessaire de conti-nuer à stimuler l’innovation afin de pouvoir trouver dessolutions efficaces et durables. Par conséquent, la Chinene peut réussir à assurer le développement futur de sesinitiatives en matière de brevet que par une promotionefficace et vigoureuse de l’innovation auprès de sasociété tout entière. Elle devra notamment encouragerles entreprises à mieux utiliser le système du PCT, accé-lérer le développement économique et développer lespoints forts de la compétitivité nationale. La Chine unirases forces à celles du reste du monde, dans le cadre del’OMPI, pour faire face à ces défis et apporter comme ilse doit sa contribution à l’amélioration du système inter-national des brevets et au renforcement de la prospéri-té commune et du développement de tous les pays.

La stratégie de la Chine enmatière de marquesM. Zhou Bohua, ministre et membre de l’Administrationd’État pour l’industrie et le commerce (AEIC)

La propriété intellectuelle est au cœur même de laconcurrence dans l’économie moderne. Les marquessont liées de la manière la plus directe aux intérêts desproducteurs, exploitants d’entreprise et consomma-teurs, sur lesquels elles ont les plus grandes répercus-sions. Elles jouent à ce titre un rôle de plus en plusimportant dans le développement socioéconomiquemoderne. Le renforcement des procédures de dépôt etd’enregistrement de marques et l’amélioration desmécanismes de protection et systèmes de gestion revê-tent pour la Chine une importance stratégique primor-

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diale si elle veut pouvoir faciliter et maximiser le déve-loppement de ses entreprises, aiguiser sa compétitivitéet devenir une économie axée sur l’innovation.

Depuis le commencement du processus de réforme etd’ouverture engagé par la Chine en 1978, les efforts entre-pris dans le domaine des marques se sont avérés indis-pensables à une progression économique rapide de lanation. Des systèmes de protection administrative et juri-dique complémentaires et parallèles spécifiquement chi-nois ont pris forme. Le système de droit, qui est conformeaux règles internationales tout en cadrant avec les réalitésactuelles de la Chine, donne une grande priorité auxquestions de marques. À la suite du lancement de la stra-tégie nationale de propriété intellectuelle, l’AEIC, qui estl’organe chargé de l’enregistrement et de la gestion desmarques en Chine, a travaillé sans relâche à la mise enplace de mesures efficaces dans ce domaine. Ces effortsont permis d’accomplir des résultats remarquables.

En premier lieu, l’AEIC a procédé à la réduction de l’arrié-ré de dépôts de marque en attente de traitement quis’était accumulé du fait d’une demande croissante dedroits de marque. Il faut aujourd’hui moins d’un an pourobtenir un enregistrement de marque en Chine.

Deuxièmement, une plus grande importance a étéaccordée à la protection du droit exclusif d’exploitationdes marques enregistrées, ce qui a contribué à l’établis-sement de conditions favorables au développementéconomique.

Troisièmement, un travail considérable a été accomplien ce qui concerne les marques de produits agricoles etl’utilisation des indications géographiques. Cela ainfluencé favorablement le potentiel d’augmentationdu revenu des agriculteurs, amélioré la productivité agri-cole et facilité le développement rural.

Quatrièmement, la possibilité d’utiliser les droits décou-lant des enregistrements de marque en garantie definancements d’entreprises a été étudiée favorablement,ce qui a fait passer l’exploitation et la gestion des droitsde marque à un niveau supérieur.

Enfin, le renouvellement des efforts visant à diffuser pluslargement l’information en matière de marques et àaméliorer les services offerts au public a eu pour effetd’aviver l’intérêt pour les questions de marque. Les 2,36 milliards de visites enregistrés l’année dernière surle site Web des marques de la Chine démontrent que lepays a su sensibiliser le public en cette matière.

Le fait que l’office chinois des marques soit le plus grand dumonde témoigne de la taille du marché chinois, ainsi quede son importance et de l’attrait qu’exerce. Jusqu’à présent,7 992 000 demandes d’enregistrement de marque ont étédéposées en Chine. Sur les 5 285 000 qui ont obtenu l’en-registrement, 4 247 000 sont toujours en vigueur – ceschiffres constituent tous deux des records mondiaux. Lenombre de demandes d’enregistrement désignant la

Chine en vertu du Protocole relatif à l’Arrangement deMadrid concernant l’enregistrement international desmarques dépasse maintenant les 150 000, ce qui place laChine au premier rang à cet égard, et cela pour la sixièmeannée consécutive. La Chine se classe par ailleurs au huitiè-me rang mondial pour la sixième année consécutive et aupremier rang parmi les pays en développement en ce quiconcerne le nombre de demandes internationales dépo-sées en vertu du système de Madrid par des déposants chi-nois, lequel s’élève à 10 876.

En dépit des effets particulièrement défavorables de larécente crise financière internationale, le nombre desdemandes d’enregistrement de marques déposées enChine a connu une forte augmentation. Celle-ci peutêtre attribuée aux facteurs suivants:

attitude positive et proactive du gouvernement chi-nois en ce qui concerne le système des marques;ouverture et intensification des réformes;mise en œuvre de stratégies globales en matière demarques;sensibilisation du public aux questions de marque;efficacité accrue des examens de marque;plus grande confiance des déposants dans le systè-me des marques.

À la fin du mois de septembre 2010, le nombre desdemandes d’enregistrement de marque déposées enChine depuis le début de l’année se situait à 781 000 –en augmentation de 26,1% par rapport à la même datel’année précédente. Il est prévu qu’il dépassera le millionpour l’année si cette tendance reste inchangée, ce quiconstituerait un nouveau record. L’office avait en outreaccepté 10 991 demandes d’extension territoriale à laChine ou désignant la Chine en vertu du système deMadrid, et 1233 autres avaient été déposées et atten-daient d’être traitées. Cela représente une augmentationde 36,5% par rapport à l’année précédente.

S’il est vrai que le nombre de marques enregistrées enChine est une preuve du remarquable succès des effortsmis en œuvre dans ce domaine, celui des marques chi-noises reconnues internationalement par les consom-mateurs reste limité. Il n’y a donc pas de lien avec la pro-

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duction économique du pays ou le volume de son com-merce extérieur, et cela indique que malgré son impor-tance sur la scène des marques, la Chine n’y est pas unacteur particulièrement compétitif. Il nous appartientdonc d’intensifier nos efforts pour:

poursuivre l’implantation en profondeur de notrestratégie en matière de marques en augmentantnotre capacité de traitement des demandes etd’enregistrement;continuer à améliorer les mécanismes de protec-tion et les systèmes de gestion de marques;développer nos échanges et notre coopération avecnos homologues, et notamment avec l’OMPI et lesautorités chargées des marques dans les autres pays.

Ainsi, la Chine pourra devenir en peu de temps un pro-tagoniste d’envergure dans le domaine des marques.

Le contexte en pleineévolution du droit d’auteuren ChineM. Liu Binjie, ministre et directeur de l’Administrationnationale du droit d’auteur de la Chine (NCAC)

En juin 1980, la vague de laréforme a amené le Gouver-nement de la Chine àprendre place dans la familleinternationale de la proprié-té intellectuelle. La Chineentretient depuis lors unerelation étroite et amicaleavec l’OMPI. Au cours des 30dernières années, elle a par-

ticipé activement aux travaux menés sous les auspicesde l’OMPI pour favoriser le développement du systè-me international du droit d’auteur, et joué dans cedomaine un rôle très distinctif en tant que nation endéveloppement consciente de ses responsabilités.Parallèlement, l’OMPI a apporté un concours actif auxtravaux de la Chine en matière de protection du droitd’auteur, notamment en assurant la formation de pro-fessionnels dans ce domaine afin de nous aider à amé-liorer encore notre système de protection.

Ces trois décennies en tant qu’État membre de l’OMPIont marqué pour le système chinois du droit d’auteur,pratiquement inexistant à l’origine, une période deprogrès ininterrompu. Elles ont permis à la Chine de sedoter en matière de droit d’auteur d’un système juri-dique à part entière, à la fois adapté aux conditionsnationales et conforme aux règles internationales dudroit d’auteur. La Chine dispose désormais d’un méca-nisme de règlement des litiges de droit d’auteur danslequel la protection juridictionnelle et l’application dudroit administratif opèrent de manière complémen-taire. Un cadre fondamental destiné à assurer le sou-tien des intérêts des titulaires de droits et exploitantspar les services publics et à encourager un large enga-gement social en faveur du respect du droit d’auteurest en train de prendre forme, en même temps qu’un

marché pour les produits protégés par le droit d’au-teur. Cela a non seulement conduit à une solide crois-sance des industries du droit d’auteur et à une plusgrande sensibilisation du public en la matière, maisaussi contribué au renforcement et à l’approfondisse-ment de la coopération et des échanges internatio-naux dans ce domaine.

Des progrès historiques ont été accomplis en Chineen ce qui concerne le droit d’auteur. Ce sont des résul-tats que nous devons non seulement au travail achar-né et à la compétence des spécialistes chinois du droitd’auteur, mais aussi au généreux dévouement de lacommunauté internationale, et de l’OMPI en particu-lier. En ce trentième anniversaire de l’adhésion de laChine à l’OMPI, nous tenons à rendre le plus profondhommage à l’OMPI ainsi qu’à nos pairs nationaux etétrangers de la communauté du droit d’auteur, pourleurs immenses contributions au progrès de la Chinedans le domaine du droit d’auteur.

La Chine bénéficie aujourd’hui d’un développementcoordonné sur le plan politique, économique, culturelet social, et son économie manifeste notamment unetendance à une croissance forte et durable. Elle restenéanmoins aux prises avec une pénurie de ressources,un environnement pollué, une structure économiqueirrationnelle et une planification insuffisante de sondéveloppement. Tous ces problèmes risquent d’entra-ver sérieusement la croissance économique de laChine si rien n’est fait pour les régler. Le nouveaucontexte dans lequel nous nous trouvons en ce XXIe

siècle a conduit le gouvernement chinois à mettre enœuvre un plan stratégique visant à “adhérer à unevision scientifique du développement et construire unpays inventif”. La protection de la propriété intellec-tuelle joue un rôle central dans la poursuite de cesobjectifs. La Chine mobilise le plein potentiel du sys-tème de la propriété intellectuelle pour renforcer l’in-novation, transformer les modes de développementéconomique et améliorer les principaux éléments dela compétitivité nationale.

Nous prévoyons que le système chinois du droit d’au-teur continuera de s’améliorer et que l’accent sera misencore plus sur la protection. La Chine poursuivra sonouverture ainsi que sa participation assidue à lacoopération internationale dans ce domaine. Le gou-vernement chinois maintiendra et renforcera sa colla-boration et ses échanges fructueux avec l’OMPI, parti-cipera activement aux travaux internationaux sur ledroit d’auteur et prendra une part active à l’établisse-ment de nouvelles règles internationales en matièrede droit d’auteur. Ainsi, la Chine pourra continuer àpromouvoir le système de protection du droit d’au-teur et ses avantages, dans l’intérêt d’un développe-ment coordonné de l’économie, de la culture et de lascience dans le monde ainsi que de l’avancement dela civilisation et du progrès du genre humain.

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28 DÉCEMBRE 2010

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L’ACTUALITÉ EN BREFExpiration du dernier brevet de la RDA

Centenaire de la loi sur les brevets des Pays-Bas

Des cellules solaires qui se réparent toutes seules

Un accord de coopération historique a été signé au début dumois de novembre 2010 dans les locaux de la société ParamountPictures par les représentants des deux plus grandes industries ducinéma mondial, Hollywood et Bollywood. Selon un communi-qué de presse publié le 10 novembre 2010 par la Motion PictureAssociation of America, la ville de Los Angeles et l’industrie ciné-matographique indienne se sont engagées par cet accord à“développer et renforcer la coopération des deux communautés

du cinéma sur le plan commercial ainsi qu’en matière de produc-tion, de distribution, de technologie et de protection des conte-nus cinématographiques”. Les parties appuient par ailleurs l’éta-blissement du Los Angeles-India Film Council, un organismechargé de dynamiser la production cinématographique indienneà Los Angeles. Les deux industries ont en outre lancé en mars àMumbai (Inde) l’Alliance Against Copyright Theft, une coalitionpour la protection des contenus qui a son siège en Inde.

Hollywood et Bollywood signent un accordhistorique

Le dernier brevet délivré par l’Office des inventions etbrevets de l’ancienne République démocratique alle-mande (RDA) est arrivé à expiration à la fin du moisd’octobre 2010. Selon un article du journal The Local:Germany’s News in English, le brevet numéro DD 298536 pour un compresseur frigorifique rotatif à vis avait été délivré le 12 octobre 1990 – soit la veille même de la réunification – à Dieter Mosemann,

un éminent ingénieur et inventeur. Directeur du déve-loppement à la société d’État VEB Kühlautomat, M. Mosemann concevait avec son équipe des sys-tèmes de réfrigération toujours utilisés dans diversappareils à travers le monde, dont notamment descongélateurs pour supermarchés, des systèmes de cli-matisation d’avions et des applications de réfrigéra-tion pour pentes de ski couvertes.

Les autorités néerlandaises en matière de brevets célèbrent le centième anniversaire de l’entrée en vigueur de laloi de 1910 sur les brevets (Rijksoctrooiwet). Elles ont présenté à cette occasion un ouvrage commémoratif intitulé A Century of Patents in the Netherlands dans lequel des auteurs de la communauté des brevets des Pays-Bas examinent l’histoire du droit des brevets et offrent leur vision de son avenir. L’événement est également soulignépar une édition spéciale de 10 timbres représentant des inventions néerlandaises marquantes ainsi que par laPatent Parade, une exposition interactive itinérante d’inventions nationales qui poursuit actuellement un parcoursd’un an à travers le Danemark. La première loi sur les brevets du pays avait été promulguée en 1817 puis abrogéeen 1869, ce qui a fait que les Pays-Bas ont “acquis une image de nation non-conformiste”.

Les cellules solaires sont utilisées par millionsdans des dispositifs servant à capter l’énergiedu soleil, notamment dans des panneauxsolaires. Elles peuvent cependant se détério-rer, et donc perdre progressivement de leurefficacité, sous l’effet conjugué des rayonsdu soleil et de l’oxygène présent dans l’atmosphère terrestre. Michael Strano, ingénieur chimiste et professeur auMassachusetts Institute of Technology, s’estpenché avec son équipe de chercheurs surla manière de limiter cette dégradation.

Cela leur a permis de découvrir qu’il est pos-sible pour les minuscules cellules solaires de

se réparer elles-mêmes en utilisant desprotéines extraites de végétaux. M. Stranoet son équipe ont démontré que ce méca-nisme d’auto-régénération permettaitd’envisager la mise au point de cellulessolaires plus durables en se fondant sur laréaction photosynthétique des plantes. Ilsont utilisé pour ce faire des lipides et desnanotubes de carbone, connus pour leurspropriétés électriques, ainsi qu’un ten-sioactif, c’est-à-dire une molécule qui endisperse d’autres et les tient séparées. Ilsont retiré ce tensioactif une fois toutes lesparties combinées, et les autres ingré-dients se sont assemblés pour former une

série de cellules solaires fonctionnelles –d’une grosseur de quelques nanomètres àpeine. C’est grâce à ce processus d’auto-assemblage que les cellules se réparent.

Bien qu’il reste beaucoup à faire pour amé-liorer l’efficacité du processus de régénéra-tion des cellules solaires, ces recherches, quiont été publiées dans la revue NatureChemistry, laissent entrevoir un progrès déci-sif en matière de production de cellulessolaires, et donc des avantages accrus etdurables pour l’environnement.

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El sistema internacional de patentes en 2009 – PCT Reseña anual Espagnol n° 901SGratuit

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