42
H. Tabuna, R. Kana, A. Degrande et Z. Tchoundjeu Business Plan d’une pépinière rurale de production et de commercialisation des plants améliorés des produits forestiers non ligneux en Afrique centrale Tome 1. Rôle de la formation sur la domestication dans la mise en place d’une pépinière de production des plants améliorés des PFNL

H. Tabuna, R. Kana, A. Degrande et Z. Tchoundjeu · Rôle de la formation sur la domestication dans la mise en place ... 3.2 Les marchés des produits forestiers non ligneux d’origine

Embed Size (px)

Citation preview

H. Tabuna, R. Kana, A. Degrande et Z. Tchoundjeu

Business Plan d’une pépinière rurale de production et de commercialisation des plants améliorés des produits forestiers non ligneux en Afrique centrale

Tome 1. Rôle de la formation sur la domestication dans la mise en place

d’une pépinière de production des plants améliorés des PFNL

ii

Résumé

Mis à part le palmier à huile (Elaeis guinensis), il y a peu sinon pas d’autres plantes

endémiques de l’Afrique subsaharienne en général et de l’Afrique centrale en particulier qui

ont fait l’objet d’une large domestication et d’une intégration dans les systèmes de culture tant

traditionnels que modernes en Afrique ou dans d’autres régions aux conditions agro-

écologiques similaires. Mais en raison de l’importance de la domestication dans la gestion

durable des plantes spontanées fournissant les produits forestiers non ligneux (PFNL) à haute

valeur marchande et socio-culturel, le World Agroforestry Centre (ICRAF), à l’image d’autres

organisation de recherche nationales, sous régionales et internationales, procède depuis une

dizaine d’années à la formation des paysans aux techniques de multiplication végétative

(bouturage, greffage et marcottage) en vue de la mise en place des pépinières de production des

plants destinés soit au don, soit à l’auto utilisation, soit à la commercialisation Ce working

paper est rédigé pour montrer le rôle de la formation dans la création et la mise en place d’une

pépinière de production et de commercialisation des plants améliorés. Après un exposé sur des

rappels et les généralités sur le Bassin du Congo et ses produits tant biologique que non

biologiques, les points suivants sont abordés : les menaces sur les PFNL, les stratégies de

gestion des PFNL, la domestication et la domestication participative.

Mots clés : Domestication – Pépinière – PFNL – Afrique centrale – Bassin du Congo –

Bouturage – Marcottage - Greffage

iii

Sigles et abréviations

API : Aliments Porteurs d’Identité

AFPM : Aliment à fort marquage culturel

CARPE : Central African Regional Program of the Environnment

CEA : Commission Economique pour l’Afrique

CEEAC : Commission Economique des Etats de l’Afrique centrale

CEMAC : Commission Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique centrale

COMIFAC : Commission des forêts de l’Afrique centrale

ECOFAC : Ecosystème des Forêts d’Afrique Centrale

EDF : Etat des forêts

EFTA : European Fair Trade Association

FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation

FLO : Fair Labelling Organization

ICRAF : International Center of Research in Agroforestry

IFAT : International federation for alternative trade

LFBC : Les forêts du Bassin du Congo

NEWS : Network of European Worldshop

OCDE : Organisation

OCISCA : Observatoire du changement de l’innovation sociale au Cameroun

OMC : Organisation Mondiale de Commerce

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PFBC : Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo

PFNL : Produits forestiers non ligneux

RDC : République Démocratique du Congo

iv

Sommaire Introduction

1. Rappels et généralités sur le Bassin du Congo et ses produits 1

1.1 Positionnement de la forêt du Congo dans le monde et en Afrique 3 1.2 Caractéristiques et enjeux de la forêt du Bassin du Congo 3 1.2.1 Superficie et couverture géographique 4 1.2.2 Richesse biologique 5 1.2.3 Richesse humaine 5 1.2.4 Richesse écologique 5 1.3. Les produits de la forêt du Bassin du Congo 6 1.3.1 Les produits biologiques 6 1.3.2 Les produits non biologiques 6 1.4 Les produits forestiers non ligneux 7 1.4.1 Définition 7 1.4.2 Les enjeux 7 1.4.3 Les contraintes d’exploitation 9 1.4.4 La typologie 9 1.4.5 Les produits forestiers non ligneux d’origine végétale 10 2. Menaces sur les produits forestiers non ligneux 11 3. Stratégies de gestion des produits forestiers non ligneux 11 3.1. Les objectifs 12 3.2 Les marchés des produits forestiers non ligneux d’origine végétale 12 3.2.1 Les marchés nationaux 12 3.2.2 Les marchés transfrontaliers 13 3.2.3 Le marché international potentiel des PFNL 15 4. La domestication 19 4.1 Définition 19 4.2 Historique et importance mondiale 19 4.3 Historique en Afrique centrale 20 4.4 Processus de domestication 21 5. La domestication participative : une approche développée par l’ICRAF 22 5.1 Définition 22

v

5.2 Les espèces prioritaires identifiées 23 5.3 Les étapes 25 5.3.1 Visite de terrain 26 5.3.2 Entretien avec les populations et les parties prenantes 26 5.3.3 Formation sur les techniques de domestication 26 5.3.4 La mise en place d’un programme de suivi après formation 26 5.3.5 Etude de marché des plants et élaboration d’un business plan 27 5.4 Les populations formées 27 5.5 Les pépinières créées 30 5.6 Les résultats des essais 30 Conclusion Bibliographie

1

Introduction

Situées au Centre de l’Afrique, les forêts du Bassin du Congo occupent une superficie de 200 millions d’hectare et regorgent d’une importante biodiversité (EDF, 2006). Ce qui les permet de jouer, après le pétrole et les minerais, le rôle de deuxième source de richesse dans l’économie des pays de la sous région (Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République centrafricaine, République Démocratique du Congo et Sao Tome et Principe) et la vie socio-économique de leur population depuis plusieurs années. En effet les forêts du Bassin du Congo fournissent principalement deux types de richesses à savoir le bois d’œuvre et les produits forestiers non ligneux (PFNL). Si les premiers sont exploités majoritairement depuis l’arrivée des Européens, en revanche les PFNL le sont depuis des décennies par les populations locales et autochtones riveraines dont 30 millions de personnes en dépendent directement. Elles utilisent les PFNL pour se nourrir, se soigner, construire leurs maisons, fabriquer des filets de chasse et de pêche, célébrer des rites culturels, emballer les produits alimentaires et alimenter les marchés des villes. Aussi sont-ils considérés, en plus de leur importance socio-économique et culturelle, comme une source importante de revenus pour les populations. Ce qui justifient le nombre pléthorique des travaux qui leur ont été consacrés depuis la fin des années 90, notamment après le sommet de Rio (Ndoye, 1995 ; Sunderland et al, 1999 ; Awono et al, 2000 ; Tabuna, 2007 ; Bikoue et al, 2007). L’examen des travaux sur les PFNL montre que ces ressources forestières sont auto consommées et écoulées sur les marchés tant nationaux que sous régionaux et internationaux. Mais malgré cette importance, il n’existe pas encore en Afrique centrale un programme sous régional de développement des acteurs impliqués dans les nombreuses filières des ressources forestières. Les nombreux projets qui existent se focalisent plus sur les études au détriment d’activités portant sur un important appui financier des acteurs impliqués dans la production, la transformation, l’exportation et la commercialisation. En conséquence, les populations riveraines continuent à ramasser des petites quantités dont une partie est destinée à l’autoconsommation et une autre est vendue soit directement sur les marchés locaux, soit aux commerçants grands et petits venus des grandes villes. Mais faute de volume important, l’argent gagné reste insuffisant d’où la persistance de la pauvreté. Cette dernière devrait continuer à s’accentuer avec la déforestation causée principalement par trois facteurs (l’exploitation forestière, l’exploitation minière, la construction des routes et l’agriculture sur brûlis). Face à cette déforestation, il y a donc urgence de penser à la conservation des espèces exploitées pour concilier les besoins des populations et la protection de la biodiversité. C’est ainsi que les Gouvernements des pays du Bassin du Congo ont pris l’engament de mettre en place un cadre institutionnel de gestion durable des forêts de la sous région. D’abord, ils ont créé en mai 1996 la Conférence sur les Ecosystèmes de forêts denses et humides d’Afrique centrale ou « Processus de Brazzaville » qui est une plate-forme de concertation et d’échanges d’expériences dans le domaine de la gestion durable des écosystèmes forestiers. Après en mars 1999, les Chefs d’Etat de la sous région ont pris l’engagement lors d’un Sommet tenu à Yaoundé, sommet aux termes duquel la « Déclaration

2

dite de Yaoundé » sur les forêts a été signée et la Conférence des Ministres en charge des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) créée. Ensuite en 2002, il y a eu le lancement du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo. Enfin en 2005, lors du Deuxième Sommet des Chefs d’Etat de la sous région, la Commission des forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) est créée en lieu et place de la Conférence des Ministres.

La COMIFAC est ainsi définie comme l’unique organe politique et technique d’orientation, de coordination, de suivi et de décision en matière de conservation et de gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale. Un Plan de convergence, plate-forme sous-régional d’actions prioritaires en matière de conservation et de gestion durable des ressources forestières, a également été adopté. Trois axes stratégiques (axe stratégique 4 : conservation de la diversité biologique ; axe stratégique 5 : valorisation durable des ressources forestières ; axe stratégique 6 : Développement des activités alternatives et réduction de la pauvreté) de ce plan réserve de façon directe et indirecte une place au développement et à la valorisation des PFNL à travers la domestication et l’agroforesterie. Institution internationale de recherche installée au Cameroun depuis 1987, l’ICRAF, partenaire technique de la COMIFAC, conduit depuis 1995 des travaux sur la domestication des espèces locales à haute valeur marchande afin d’apporter sa contribution au plan de convergence. Ainsi, plusieurs essais ont été menés au niveau de la station à Nkolbisson et en milieu réel dans un champ expérimental à Mikomeyos dans la zone péri urbaine de Yaoundé. Les résultats obtenus ont alimenté des formations dispensées aux populations pour la promotion et la vulgarisation de la domestication des PFNL d’importance marchande et socio-culturelle (Tchoundjeu et al, 1999 ; Ngo Mpeck, 2005 ; Degrande, 2006, Avana Tchientcheu, 2008). Des pépinières ont donc été créées dans plusieurs villages et les populations ont été initiées aux techniques de multiplication végétative (marcottage, bouturage et greffage), à la construction des châssis de propagation, à la construction et le suivi des pépinières et à l’intégration des plants améliorés des espèces exploitées dans le milieu naturel et dans les systèmes agroforestiers existants (ex. jardins de case et vergers villageois). Considérée, comme un outil pour concilier la domestication et l’amélioration des revenus des populations riveraines, la pépinière est au centre de la gestion durable des plantes. De ce fait, l’ICRAF a intégré dans ces formations destinées aux paysans des cours sur le marketing des plants. Plusieurs pépinières tant collectives qu’individuelles se sont lancées dans la commercialisation des plants sans élaboration de business plan préalable. Aussi à partir de 2004, il a été décider d’aider les meilleures pépinières de passer d’un stade de gestion artisanale à un stade d’entreprise. Un business plan de ces pépinières permettant d’évaluer la rentabilité et la durabilité du commerce des plants améliorés des PFNL avait été élaboré. Les résultats obtenus sont rapportés dans trois Tomes (Tome 1, Tome II et Tome III). Le Tome aborde le rôle de la domestication dans la mise place d’une pépinière rurale de production et de commercialisation des plants améliorés. Après le rappel sur les généralités, deux points essentiels sont abordés : le concept de la domestication et la domestication participative.

3

1. Rappels et généralités sur le Bassin du Congo et ses produits

1.1 Positionnement de la forêt du Congo dans le monde et en Afrique Le monde abrite deux types de végétation forestière : les forêts boréales et tempérées dans l’hémisphère Nord et la forêt tropicale située à l’équateur représentent les trois principales forêts mondiales (Fig.1). Selon le World Wild Fund (1999), Les forêts tropicales ou équatoriales couvrent 5% des terres émergées et 10% de la surface du globe terrestre, elles abritent 50 à 90% de toutes les espèces végétales dont seule une infirme partie a été décrite et, pratiquement pas encore étudiée. Ce qui fait des forêts tropicales le premier foyer mondial de biodiversité par rapport aux autres écosystèmes.

La forêt tropicale est fragmentée en trois grands sous ensembles : deux d’entre eux correspondent aux immenses bassins fluviaux des deux premiers fleuves mondiaux pour les débits, l’Amazone en Amérique centrale et le Congo en Afrique Centrale, le plus long d’Afrique avec 4 700 km à donner son nom à toutes les forêts de l’Afrique centrale ; le troisième fragment est morcelé en une infinité de lieux sur plusieurs continents : les îles et les presqu’îles de l’océan Indien et de l’océan Pacifique (Inde, Madagascar, Indonésie, Australie, Nouvelle-Guinée, etc.).

LES FORETS DU MONDE

La forêt du Sud-Est asiatique

Les forêts tempérées et boréales Les forêts tropicales

La forêt amazonienne Les autres forêts tropicales

Les forêts du bassin du Congo

Fig. 1 : Place des forêts du bassin du Congo dans le monde

4

1.2 Caractéristiques et enjeux de la forêt du Bassin du Congo

Objet d’un grand intérêt mondial, le massif forestier du bassin du Congo présente plusieurs caractéristiques permettant de bien comprendre son importance socio-économique, culturelle et écologique. Le tableau 1 en montre quelques unes dont la superficie et les espèces endémiques qu’il abrite.

Tableau 1. Résumé de quelques caractéristiques des pays du bassin du Congo

Population (CEA, 2006)

102 172 000 d’habitants

Superficie (CEA, 2006)

3 175 000 km2

Massif forestier (Edf, 2006)

Près de 200 millions d’ha

Croissance (CEA, 2006)

8 % en moyenne jusqu’à 20 % pour la Guinée Eq. obtenue grâce au pétrole, bois, gaz et minerais

Endémisme (Edf, 2006)

39 103 espèces végétales dont 3 522 endémiques

Volonté politique

Existence de la Déclaration de Yaoundé, création de la COMIFAC et Plan de convergence

Chômage (CEA, 2006)

Près de 21% de la population active

Indice de pauvreté selon (CEA, 2006)

58% en moyenne jusqu’à 70 % au Congo et 80% en RDC

1.2.1 Superficie et couverture géographique

La forêt du bassin du Congo est la deuxième réserve forestière tropicale après celle de l’Amazonie. Elle a une superficie d’environ 2,8 millions de km2 (BSP, 1993), soit 57 % de la superficie de l’Afrique Centrale. Elle s’étend sur six pays de l’Afrique centrale : Il s’agit du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de la République du Congo, de la République Démocratique du Congo (RDC) et, de la République Centrafricaine.

5

1.2.2 Richesse biologique

Selon EDF (2006), la richesse biologique des forêts de Bassin du Congo est impressionnante. En termes d’espèces, on distingue 10 000 d’espèces de plantes supérieures dont 3000 endémiques. Et en terme de faune, la région abrite aussi des espèces de plus en plus rares, comme l’éléphant d’Afrique et le buffle qu’on peut facilement observe dans le parc Dzanga Sangha en République Centrafricaine. Toujours dans le domaine animal, on trouve aussi des espèces endémiques ou quasi endémiques, comme l’okapi, le bongo, le bonobo et le gorille. Cette liste d’espèces animales peut être complétée par des Cephalophinae et les Cercopithecidae. Enfin, en terme d’avifaune, citons la présence du paon congolais et plusieurs autres familles endémiques à l’Afrique, comme les pintades, les touracas, ….

1.2.3 Richesse humaine

Composée de deux grand groupes ethniques, les autochtones et les bantous, la population de l’Afrique centrale estimée à des millions de personnes dépendant directement ou indirectement de la forêt. EDF (2006) estime que 30 millions de personnes reparties dans 150 groupes ethniques doit leur subsistance à la forêt. 1.2.4 Richesse écologique Sur le plan écologique ou environnemental, les forêts du Bassin du Congo offre plusieurs bénéfices dont les quatre principaux sont :

♦ Un déroulement sans perturbation des processus biologiques : les grands mammifères, comme l’éléphant des forêts peuvent se mouvoir et se reproduire facilement parce que l’environnement leur est favorable

♦ Une réserve de carbone d’importance mondiale pour la régulation du principal gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone

♦ Un régulateur du climat régional, local et international ♦ Elle assure le recyclage de l’eau

1.3. Les produits de la forêt du Bassin du Congo La richesse biologique de la forêt du Bassin du Congo lui permet de fournir un nombre important de produit qu’on peut classer en deux groupes : les produits biologiques et les produits non biologiques (Fig.2). Les premiers sont constitués du bois d’œuvre et des produits forestiers non ligneux (PFNL). Quant aux seconds, ils sont plusieurs dont le carbone, les images (images vidéo, images cartographiques), l’écotourisme, les minerais et le pétrole. Mais, on peut ajouter à cette liste, l’eau, la terre, les cailloux et le sable utilisés par plusieurs petites entreprises pour fournir les marchés du bâtiment dans les grandes villes. Il en est de même de la pierre destinée également au marché du bâtiment et au marché des travaux publics (construction des routes). Un autre catégorie de produit qu’on peut ajouter à la liste des produits non biologiques, ce sont les produits dérivés de la forêt et de ses richesses (cas des casquettes et tee shirts portant les images de la forêt).

6

Tous les produits présentent une valeur marchande soit exploitée et soit sous exploitée, ce qui nous permet de classer en deux groupes : les produits à valeur marchande exploitée (cas du bois d’œuvre) et produits à valeur marchande sous exploitée voire non exploitée (cas du carbone, de l’écotourisme et des images). En guise d’image, il s’agit de l’exploitation que peuvent en faire les télévisions du monde tant privées que public. Les chaînes de télévision, comme Planète et National Geographic sont des types de clients potentiels pour ce type de produit. 1.3.1 Les produits non biologiques Les produits non biologiques sont des produits à très forte valeur. Ils sont constitués de trois groupes : ceux qui sont déjà exploités (cas du pétrole et des minerais), ceux qui sont sous exploités (cas de l’image et l’écotourisme) et ceux qui ne le sont pas encore (cas du carbone). Dans ce dernier groupe, il faut ajouter les produits dérivés des forêts du Bassin du Congo déjà signalés plus haut. Dans tous les cas, la liste n’est pas exhaustive au regard des autres richesses que regorgent les forêts du Bassin du Congo, comme les source d’eau exploitées actuellement par l’industrie des eaux minérales (ex. Eau Tangui au Cameroun et Eau Mayo au Congo). 1.3.2 Les produits biologiques Comme le montre la Figure 2, les produits biologiques (bois et PFNL) sont tous les deux exploités depuis plusieurs années. Le bois d’œuvre est représenté par plusieurs essences comme l’okoumé et du bilinga. Et dans le cas des PFNL, la liste des espèces exploitées est pléthorique (Nous y reviendrons). Ces derniers ont la particularité d’être exploités exclusivement par les populations rurales alors que les autres le sont par des industries.

Ecotourisme

LES FORETS DU BASSIN DU CONGO (LFBC)

Images

Carbone

Produits forestiers non ligneux

(PFNL)

Bois d’oeuvre

Produit non biologique

Produit biologique

Autres produits

Minerais et le pétrole

Fig. 2 : Les produits potentiels fournis par les forêts du bassin du Congo

7

1.4 Les produits forestiers non ligneux 1.4.1 Définition La littérature sur les produits forestiers non ligneux (PFNL) de l’Afrique centrale est abondante et pléthorique (Walker, 1948, Adjanahoun, 1988, Makita Madzou 1986, Borobou Borobou, 1994, Malaisse, 1995, Sunderland et al, 1999, Tabuna, 2007). Elle est publiée depuis l’époque coloniale où ils étaient désignés par d’autres termes, comme : produits des indigènes, produits secondaires, produit de cueillette, produits spontanés, etc. Cependant, il nous paraît opportun de rappeler que les PFNL sont, définis selon la FAO (1995), comme des produits biologiques autre que le bois d’œuvre fournit par les forêts et par des arbres hors forêt. En conséquence, ils sont aussi bien d’origine animale que d’origine végétale. 1.4.2 Enjeux a) Enjeux socio-économique Connus et utilisés depuis plusieurs années et bien avant l’ère coloniale, les PFNL tant d’origine animale que d’origine végétale sont produits ramassés et récoltés principalement par les populations rurales tant autochtones que locales. Elles utilisent une partie des produits pour l’autoconsommation (nourriture, soins, construction, etc.) et une autre partie pour la vente aux clients venus des villes où se trouvent la majorité des consommateurs. De ce fait, les PFNL constituent une source importante de revenus et jouent un rôle socio-économique de premier ordre. Leur développement, couplé à celui de la culture des produits agricoles traditionnels, peut être considéré, comme un outil efficace de lutte contre la pauvreté dans les zones rurales. Mise à part le fait qu’ils soient commercialisés dans les zones rurales et les grandes villes de l’Afrique centrale, les PFNL font l’objet des échanges en croissance entre l’Afrique centrale et certains pays européens (Tabuna, 2000 ). Ce sont des marchés qui vont continuer à se développer grâce entre autres à l’internationalisation des échanges et à la recherche par les Occidentaux des aliments porteurs de nouvelles saveurs dans le cas du marché international. Et dans le cas du marché sous régional étudié par Ndoye et Ruiz Perez (1999) et Tabuna (2007), son développement devrait être imputé à plusieurs facteurs, comme l’application des textes de la CEMAC sur la circulation des biens et des hommes, la croissance démographique dans les zones urbaines, l’urbanisation, la construction des infrastructures reliant les différentes grandes villes de la sous région et la forte concurrence sur les marchés internationaux à cause de la chute des barrières tarifaires. Le développement de la demande des PFNL alimentaires sur le marché européen d’ethnic food de masse devrait entraîner le développement des PME agroalimentaires spécialisées dans l’exportation et la transformation (Tabuna, 2004). Ce qui entraînerait la création de nouveaux emplois et le développement de la production dans les zones rurales. b) Enjeux culturel L’exploitation des PFNL par les populations aussi bien autochtones que locales se fait grâce à l’utilisation des savoir-faire traditionnels transmis de génération en génération. Les travaux de

8

plusieurs ethnobotanistes ont montré l’étendue de ces savoirs dans la connaissance des plantes médicinales et les maux soignés ainsi que les autres valeurs culturelles attachées à ces produits (Adjanohoun et al, 1988). De même, la transformation des PFNL alimentaires se fait grâce à de nombreuses technologies agroalimentaires traditionnelles qui diffèrent selon les ethnies. Kengué (1990) avait montré les différentes transformations du safou chez les ethnies du Cameroun. Ce qui montre que les PFNL véhiculent, portent, conservent et valorisent les savoir-faire traditionnels donc une partie de la culture des populations de l’Afrique centrale. En présentant un fort marquage culturel, leur valorisation et leur développement contribuent à la promotion d’une composante de la culture de l’Afrique centrale au même titre que les masques punu, bamoun et batéké. Ils sont par conséquent des produits identitaires au point où lorsque l’on parle de safou, on pense à l’Afrique centrale. De la même façon l’attiéké évoque l’identité ivoirienne et la pizza celle des Italiens. c) Enjeux biologique et écologique Le développement des PFNL était et continue d’être considéré comme un des outils pour l’aménagement des forêts tropicales du bassin du Congo (Tchatat, 1999). De même, ils servent également dans la conservation des espèces végétales grâce à leur domestication et la construction des pépinières. En effet grâce à la domestication, la culture des PFNL d’origine végétale et l’élevage des PFNL d’origine animale tant invertébrés (cas des chenilles) que vertébrés est une voie pour aider les populations riveraines de baisser leur pression sur la forêt (Tchoundjeu et al, 2000 ; Bikoue et al, 2007). La culture du safoutier, plante probablement endémique du Sud du Nigeria et du Cameroun, dans les vergers villageois depuis plusieurs décennies serait un témoin de la tradition de domestication chez les populations de l’Afrique centrale. d) Enjeux politiques Depuis 1995, le monde des échanges économiques est entrain de se construire entre autre autour des règles de l’OMC qui préconisent à terme la chute des barrières tarifaires et l’internationalisation des échanges ou la mondialisation. Et récemment l’Union Européenne et l’Afrique subsaharienne sont entrain de négocier pour la signature des Accords de Partenariat Economiques (APE). Ces évènements quasiment irréversibles vont rendre les marchés de plus en plus concurrents. De ce fait, il devient urgent pour les Gouvernements de l’Afrique subsaharienne en général et ceux de l’Afrique centrale en particulier de trouver des solutions pour faire face à cette concurrence qui viendra aussi bien des pays du nord que des pays ayant les mêmes conditions agro écologiques. L’huile de palme malaisien pourra concurrencer facilement l’huile de palme gabonais, mais le nyembué ou la sauce à base de noix de palme ainsi que le safou pourront échapper à cette concurrence en raison de leur marquage culturel. Ce comportement des produits à fort marquage culturel tient au fait que pour le consommateur, l’authenticité du produit est garantie par l’origine ethnique du vendeur. Les connaisseurs du ndolè de meilleure qualité l’achèteront, s’ils ont le choix, à un Camerounais voire à un douala qu’à un Chinois ou un Français. De ce fait les PFNL peuvent être considérés, comme des outils pour la compétitivité des pays de l’Afrique centrale sur les marchés « mondialisés », c’est-à-dire très concurrentiel, l’intégration sous régionale, leur rôle dans la lutte contre la pauvreté et une des alternatives avec l’avènement des APE.

9

1.4.3 Les contraintes d’exploitation La perspective d’une exploitation commerciale de masse des PFNL pour le développement de la sous région nécessite la prise en compte de deux contraintes : la contrainte de volume de production et la contrainte écologique.

a) La contrainte de production

Approvisionner avec succès les industries locales ou mondiales à partir des PFNL alimentaires demande un certain volume et une régularité dans la production comme en témoigne l’expérience du karité dans le commerce mondial (Pobeda, 1999). Le karité est une huile issue d’un arbre tropicale, Butyrospermum parkii . Et parmi toutes les espèces végétales, il détient la plus forte teneur en insaponifiables (15%). L’huile de karité a des propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes qui la destinent à la cosmétique et la pharmacie. Mais ces deux marchés ne représentent que 5% des quantités exportés, les 95% restant sont utilisés par l’industrie chocolatière pour ses particularités physiques (Oléine et Stéarine). La production irrégulière et non contrôlée basée sur la cueillette à l’état sauvage a poussé les industriels à se détourner vers des produits substituts de moindre qualité venant de Malaisie et, fabriqués à base d’oléagineux comme l’huile de palme.

Partant de cette expérience, la situation des PFNL du bassin du Congo n’est guère encourageante. La fermeture par exemple de Plantecam au Cameroun en 1999, principale entreprise exportatrice de prunus, suite à la baisse d’approvisionnement conséquente à la pression des écologistes sur la menace d’extinction de cette espèce, a provoqué la mise au chômage de plus d’un millier de personnes travaillant directement ou indirectement avec l’entreprise (Wong et al, 2000).

b) La contrainte écologique

Nous avons évoqué plus haut l’intérêt écologique de la forêt tropicale du bassin du Congo. En effet la disparition des espèces surexploitées et de la forêt peut avoir de multiples conséquences sur l’environnement (Peters, 2000).

Ces deux contraintes soulèvent une question fondamentale au cœur de l’exploitation durable des PFNL : Comment trouver l’équilibre entre l’amélioration du bien être de la population par l’exploitation des PFNL, et la conservation de la biodiversité ? 1.4.4 La typologie Selon leur origine, on distingue deux types de PFNL: les PFNL d’origine végétale et les PFNL d’origine animale (Fig.3). Et chaque PFNL peut être divisé en deux groupes : un groupe alimentaire d’origine végétale et un groupe de PFNL alimentaire d’origine animale.

10

1.4.5 Les produits forestiers non ligneux d’origine végétale Nombreux et divers, les PFNL issus des forêts du bassin du Congo peuvent être divisés en deux groupes : les PFNL alimentaires et les PFNL non alimentaires. La Fig.4 présente le cas de la typologie des PFNL d’origine végétale.

Les PFNL non alimentaires

Les légume-feuilles

Les fruits Les plantes médicinales

Les boissons

Les épices

Le rotin et le raphia

Les feuilles d’emballage

Les PFNL alimentaires

LES PFNL D’ORIGINE VEGETALE

Les plantes cosmétiques Les noix

Fig. 4. Liste de quelques PFNL alimentaires et non alimentaires d’origine végétale

PFNL

PFNL d’origine animale

PFNL d’origine végétale

PFNL d’origine animale alimentaire

PFNL d’origine Animale non alimentaire

PFNL d’origine Végétale alimentaire

PFNL d’origine Végétale non alimentaire

Fig.3 Typologie des PFNL en Afrique centrale

11

2. Menaces sur les produits forestiers non ligneux Selon EDF (2006), une grande menace pèse sur la survie des forêts du Bassin du Congo et donc sur celle des PFNL. Ces menaces peuvent être classés en deux groupes : les menaces directes et les menaces indirectes (Tableau 2).

Tableau 2 : Liste des menaces sur les forêts du Bassin du Congo Les menaces directes Les menaces indirectes Le braconnage et le commerce de la viande de brousse Faiblesse des capacités de gestion Le commerce d’ivoire Changements climatiques Le commerce d’animaux vivants Pêche maritime Les cultures itinérantes Conflits L’agriculture intensive Circulation d’armes L’exploitation non durable du bois Démographie L’exploitation minière industrielle Conflits homme/faune L’exploitation minière artisanale Manque de connaissance L’exploitation pétrolière Manque de coordination transfrontalière La pollution Faiblesse de coordination inter ministérielle La présence militaire Faible accessibilité La pêche continentale Les feux L’urbanisation Les volcans Les espèces exotiques invasives Les maladies La collecte des œufs des tortues marines

Source : EDF (2006) 3. Stratégies de gestion des produits forestiers non ligneux Les menaces sur les PFNL sont sérieuses et exigent de trouver rapidement des solutions durables. Et le défi à relever est de trouver un équilibre entre les besoins des populations et les politiques de conservation (ex. création des réserves, création des parcs nationaux, création des aires protégées, etc.). Les nombreux aspects de gestion durable des PFNL ont été largement abordés par plusieurs auteurs dont Bikoué et al (2007).

La stratégie de gestion durable de PFNL est l’ensemble des moyens qui permettent d’exploiter les ressources naturelles fournissant des PFNL alimentaires de façon durable de telle sorte qu’ils profitent aux générations futures et qu’ils répondent aux objectifs socio-économiques des gouvernements et aux attentes des paysans ainsi qu’aux exigences des marchés cibles (FAO, 2006a). On distingue généralement deux approches complémentaires pour la gestion durable des PFNL : assurer une exploitation durable de ces ressources dans leur milieu naturel (In situ) et encourager la culture dans les espaces agricoles (Ex situ).

12

3.1. Les objectifs Les objectifs de la gestion durable des PFNL correspondent à ceux des ressources naturelles reconnus par le processus d’Helsinki qui définit la gestion durable comme étant une gérance et une utilisation des forêts et terrains boisés d’une manière et à une intensité telle : (i) qu’elles maintiennent leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité de satisfaire, actuellement et pour le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales permanentes au niveau local, national et mondial et (ii) qu’elles ne causent pas de préjudices à d’autres écosystèmes. Autrement dit la gestion durable des PFNL consiste à utiliser les PFNL de façon à concilier la conservation des espèces exploitées et l’amélioration des revenus aujourd’hui et perpétuellement. A travers la domestication et le développement des marchés (Tabuna, 2000 et Bikoue et al, 2007). 3.2 Les marchés des PFNL : des opportunités pour la réduction de la pauvreté Les PFNL d’origine végétale peuvent être vendus sur les marchés nationaux, transfrontaliers (ou sous régionaux) de l’Afrique centrale, ainsi que dans les marchés internationaux.

3.2.1 Les marchés nationaux

Les études menées dans les marchés urbains de certains pays de l’Afrique Centrale ont montré que les PFNL sont vendus et consommés sur le plan local ou national (Kimpouni, 1998 ; Yembi 1998 ; Sunderland et Obama, 1998). Ces auteurs ont respectivement recensé 68 espèces dans le marché de Pointe Noire au Congo, 12 espèces dans les marchés de Libreville et 17 espèces dans les marchés de Rio Muni et Bioko en Guinée Equatoriale. Ces espèces sont variées (légumes, fruits, plantes médicinales, condiments, feuilles d’emballages). Parmi elles, on retrouve les plus répandus comme la l’andok (Irvingia gabonensis), les feuilles de Megaphrynium macrostachyum, le rotin et les plantes médicinales.

L’andok est utilisée comme épaississant des sauces ou additif alimentaire. Au Gabon, les amandes sont transformées sous forme de gâteau.

Les feuilles de Megaphrynium macrostachyum sont utilisées pour l’emballage des bâtons de manioc. Leurs facultés à donner un goût particulier à certains aliments et leur prix relativement bas favorisent leur préférence par rapport aux feuilles de bananiers (Musa spp). L’exploitation des rotins (récolte, transport, transformations en produit artisanal) a pris une certaine ampleur dans les centres urbains. Au Gabon et en Guinée Equatoriale il existe un réseau d’approvisionnement bien organisé, des comptoirs de grossistes et une industrie de fabrication de meubles et autre objets qui emploient de nombreux jeunes.

La FAO (1999b) a comptabilisé 500 espèces végétales utilisées dans la pharmacopée camerounaise. Facheux et al (2003) ont estimé au cours de l’année 2000, à plus de 26 tonnes les ventes dans 6 marchés du Cameroun de 9 espèces de plantes médicinales, parmi lesquelles l’Annicka chlorantha (14 tonnes à elle seule), utilisée dans le traitement de la fièvre jaune et la malaria.

13

3.2.2 Les marchés transfrontaliers

En Afrique Centrale, les marchés transfrontaliers de la CEMAC ou encore hors CEMAC comme celui entre le Nigeria et le Cameroun, offrent des perspectives d’exploitation de PFNL alimentaires.

a) Les marchés transfrontaliers de la CEMAC

La marginalisation des pays Africains dans les échanges mondiaux (2% du commerce mondial en 2001 selon l’OMC), le déclin des cours des produits d’exportation traditionnels (cacao, café, coton,…) a incité les gouvernements de ces différents pays à créer des zones de libre échange pour développer le commerce dans les sous régions. C’est le cas par exemple de la CEMAC en Afrique Centrale. Les échanges actuels entre les pays de la CEMAC en tonnage ou en valeur restent relativement faibles. Ceux-ci représentaient moins de 10% du commerce extérieur de chaque pays avant la dévaluation du FCFA (Bennafla, 2002). La population peu nombreuse au pouvoir d’achat faible et la concurrence entre les produits manufacturés de ces pays sont entre autres des freins au développement du commerce dans la sous région. Toutefois, le développement du commerce des aliments frais entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale à travers les marchés frontaliers d’Abang Minko ou de Kye-ossi contraste avec la situation globale des échanges dans la sous région. En effet, le Cameroun représente aujourd’hui un grenier alimentaire pour ses voisins du Gabon et de la Guinée équatoriale. Une gamme variée de vivres frais (banane plantain et tubercules, maraîchers) font l’objet de transaction entre ces pays. Des volumes importants de certains PFNL alimentaires sont également vendus dans ces marchés. Au cours du seul premier semestre de l’année 1995, Ndoye et al (1997), ont estimé à 755 000 US $ les ventes de quatre espèces de PFNL (Irvingia spp, Cola acuminata, Garcinia lucida et Garcinia kola) dans les marchés transfrontaliers du Cameroun avec la RCA, la Guinée Equatoriale, et le Gabon. Les études de Sunderland et Obama (1998) ont révélé que la plupart des PFNL vendus dans les marchés de Rio Muni et de Bioko en Guinée Equatoriale, proviennent du Cameroun. Les espèces de PFNL les plus vendues sont par ordre d’importance le safou et l’andok (Tabuna, 2007). Une collecte de données récentes au poste phytosanitaire d’Abang Minko montre que 74,55 et 9,46 tonnes en moyenne de safou et d’andok respectivement ont été exportées au Gabon entre 2002 et 2005 (Tabuna, OP. Cit).

c) Les marchés transfrontaliers hors CEMAC : cas des échanges Cameroun- Nigeria

Les échanges commerciaux actuels entre le Cameroun et le Nigeria sont très importants et sont en évolution constante. Ces échanges se font à travers les axes Idenau-Limbe-Douala, Ekondo titi- Kumba- Douala, ou encore Ekok- Mamfé-Bamenda. On distingue en général deux types de produits : les produits agropastoraux et les produits manufacturés.

S’agissant des produits manufacturés, le Nigeria a une emprise commerciale sur son voisin. Une variété de produits est exportée ou réexportée par le Nigeria vers le Cameroun. L’étude de l’observatoire OCISCA (1995) avait identifié dans les villes de Douala et Bamenda respectivement 357 et 453 marques de produits manufacturés venant du Nigeria. La plupart de

14

ces produits viennent concurrencer ceux fabriqués par l’industrie Camerounaise et, bénéficiant d’un taux de change effectif réel plus faible du naira sur le Fcfa, ils ont une compétitivité prix plus favorable.

A coté des produits manufacturés, concurrentiels pour l’économie camerounaise, s’est également développé à une petite échelle (hormis les ignames de Calabar et le bétail) un commerce des produits agricoles et pastoraux. Contrairement aux produits manufacturés, le commerce des produits agricoles est une complémentarité productive basée sur des déficits de production, les décalages saisonniers ou des aléas climatiques enregistrés dans ces deux pays. Parmi les aliments exportés par le Cameroun, il y’a la kola (Cola spp) et l’okok (Gnetun africanum). Des études réalisées par Bokwé et NGatun, cités par Mbolo (2002) ont montré par exemple que 600 tonnes d’okok (Gnetum africanum) soit 1,8 milliards de FCFA en valeur, étaient exportés annuellement au Nigeria via le port d’Idenau ). Des études plus récentes réalisées par Ayeni et al (2003) et Tabuna (2007) montrent que les quantités exportées d’okok par voies maritimes et terrestres sont de plus en plus importantes et en constante évolution. En effet la figure 1 ci contre présente les quantités exportées d’okok par le port d’Idenau entre 1998 et 2005.

On constate une progression des quantités qui dépassent 1800 tonnes en 2005. Par ailleurs, les exportations par voie terrestre dans le Sud Ouest et le Nord Ouest du Cameroun ont été estimées à 1091,16 tonnes en 2002. Par cette même voie plusieurs autres PFNL sont exportés à des quantités importantes comme l’on peut le voir dans le tableau 3 ci-dessous :

Figure 1: Evolution des quantités exportés d’okok par le port d’Idenau dans la province du Sud Ouest Cameroun (Tabuna, 2007)

0200400600800

100012001400160018002000

1998 1999 2002 2003 2004 2005

Année

quan

tité

(en

tonn

es)

15

Tableau 3 : Quantités des PFNL exportés par le Cameroun vers le Nigeria par voie terrestre en 2002

Produits Quantité (tonnes)

njansang 1306,941

andok ou Bush mango 661,537

Eru 1091,162

Bitter kola 53,550

Kola nut 153,662

Source : Ayeni et al, 2003

Ces données montrent que le Nigeria qui a une population de plus de 120 millions d’habitants et qui consomme déjà plus de 90% de l’okok produit au Cameroun (Mbolo, 2002) est un marché potentiel important pour les PFNL alimentaires dans la région.

3.2.3 Le marché international potentiel des PFNL

Nous allons distinguer trois types de marché : le marché potentiel des PFNL alimentaires et le marché potentiel des PFNL non alimentaires et les autres marchés.

a) Le marché potentiel des PFNL alimentaires

Les PFNL alimentaires peuvent être écoulés dans le commerce international des denrées alimentaires conventionnels et les nouveaux marchés tels que le marché des produits biologiques et le marché des aliments ethniques

- Le marché des aliments conventionnels

Le commerce des produits alimentaires représente environ 10 % du commerce mondial. Les études prospectives réalisées par certains organismes (FAO, 1995 ; OCDE, 1998) ont montré que la demande alimentaire mondiale devrait croître compte tenu d’un certain nombre de facteur : il s’agit notamment de la croissance démographique mondiale dont la population atteindra près de 7 milliards d’habitants en 2010, la croissance économique, la hausse des revenus et l’urbanisation croissante dans les pays de l’Asie et de l’Amérique du Sud, et aussi de la globalisation des échanges qui se manifestera par la suppression des barrières douanières. Cette situation est avantageuse pour l’exportation des PFNL alimentaires provenant de la forêt du bassin du Congo.

- Le marché des produits biologiques

Le terme produit biologique a une définition commune au sein des pays membre de l’Union Européenne. Il s’agit en effet d’un produit agricole ou denrée alimentaire dont le mode de production vise à respecter l'environnement et à produire des aliments de qualité, en utilisant des cahiers de charge de production. Les cultures sont conduites sans engrais chimique ni pesticides de synthèse. Réservé au départ pour quelques consommateurs sensibles aux questions de protection de l’environnement, le marché européen des produits biologiques a connu un véritable essor à la fin des années 90. Cela s’explique par des crises alimentaires successives qu’ont connues les consommateurs européens et le désir des grands groupes

16

alimentaires (Nestlé, Masterfood, Meridianfood…) ainsi que le réseau de distribution classique de développer et d’exploiter cette nouvelle niche de marché. Ainsi le marché européen a connu une croissance de 70% entre 1997 et 2001. Il s’évaluait à 15,6 milliards en 2002 et représentait 3 à 4% du marché des produits alimentaires, avec un taux prévisible de 7% en 2005 (ingrédient strategist, cité par le FNEGE, 2002). Les prix dans ce marché sont plus élevés que ceux observés dans les marchés conventionnels et certains produits peuvent être 3 à 4 fois plus chers. Un régime de banane biologique par exemple provenant des jardins forestiers du Cameroun est vendu en détail à 24 000 FCFA, tandis que les bananes non biologiques provenant du même pays sont vendues à 800 FCFA. Les fruits et légumes, les produits laitiers et de boulangerie sont les principaux produits consommés (Tabuna, 1998).

Toutefois, le développement de ce marché reste entraver par certains obstacles dus pour l’essentiel à la pénurie de matières premières. En effet les besoins en produits biologiques sur le marché européen n’étaient satisfaits que de 50% par les productions locales (Guillaume-Gentil, 1999). Le Royaume-Uni par exemple, un des principaux consommateurs de produits biologiques importe environ 75% des produits distribués. La situation du marché des produits biologiques telle qu’observée en Europe est quasiment identique à celle observée au Etats-Unis et dans les pays industrialisés de l’Asie comme le Japon (Guillaume-Gentil, op.cit). L’approvisionnement de ce marché offre de possibilités d’exportation pour des aliments traditionnels africains et PFNL alimentaires. En effet les PFNL sont récoltés dans les forêts, ou cultivés dans les petites exploitations villageoises d’où leur adaptation au concept biologique. Mais il faudra au préalable une certification délivrée par un organisme comme Ecocert, ce qui n’est pas impossible si on s’en tient à l’expérience réussie des pays comme le Togo, Madagascar ou encore le Zimbabwe qui ont su profiter de ce nouveau créneau d’exportation.

- Le marché des aliments ethniques

Selon Tabuna (2004), le terme aliments ethniques désigne dans les sociétés multiculturelles occidentales les aliments consommés à l’origine par les minorités ethniques nationales et celles issues de l’immigration. Ce sont des aliments porteurs d’identité (API) ou Àliment à Fort Marquage Culturel (AFMC). Ces aliments ethniques reflètent aujourd’hui une tendance mondiale et répondent aux revendications des consommateurs en quête de goûts nouveaux, de changement et de découvertes de nouvelles habitudes. (Lariboisière et Carluer-Lossouam, 2001). C’est ainsi qu’en France, la proportion de la population consommatrice était passée de 40% en 1998 à 75% en 2001 (Tchouanel-Lorant, 2001). Cette croissance de la demande a favorisé le développement de ce marché ; le chiffre d’affaires en Europe était passé selon le Directeur du Salon Européen des aliments ethniques de 20 milliards d’euros en 1998 à 50 milliards d’euros en 2001 ; et 7% des produits nouveaux lancés chaque année dans le monde sont ethniques (Bendaoud, 2000). Dans ce marché on distingue deux principaux segments : celui de la communauté ou de la diaspora et celui de la grande masse européenne. Le marché de la diaspora est assez étroit et ne représente qu’une petite part du marché des aliments ethniques tandis que l’essentiel des échanges se fait dans le marché de masse à travers la distribution de masse (Grande et moyennes surfaces, restaurants).

17

Selon Tchouanel-Lorant (2001), les produits ethniques viennent la plupart du temps par ordre d’importance de la cuisine asiatique, Texan mexicaine, japonaise, créole et Libanaise. La part de marché des aliments ethniques d’origine africaine reste réduite. A titre d’exemple, les importations françaises de bananes plantain étaient de 46 000 tonnes en 1998. La part provenant de l’Afrique était en dessous de 1500 tonnes (Lejeal, 1999). Ceci est dû au fait que ceux-ci ne sont présents que dans le segment de la Diaspora.

Une adaptation et une pénétration du marché de masse par les produits africains, très attendue par les professionnels du secteur (Gentil, 2001), est une opportunité de développement des petites et moyennes entreprises spécialisées dans l’exportation des PFNL alimentaires.

b- Le marché potentiel des PFNL non alimentaires

- Le marché des plantes médicinales

Utilisés pour soin par près de 90% des habitants de certains pays en voie de développement, les plantes constituent la matière première de 35% des médicaments prescrits aujourd’hui dans les pays industrialisés. Selon le Centre du commerce International (2001), le montant des ventes de médicaments à base de plantes avait dépassé 12,5 milliards de US dollars en 1994 et 30 milliards de US dollars en 2000, avec un taux de croissance annuel oscillant entre 5% et 15% selon les régions. Plusieurs de ces plantes sont issus de la forêt tropicale et approvisionnent l’industrie pharmaceutique mondiale. L’écorce du prunus (Prunus africana) par exemple est utilisée pour le traitement de l’hypertrophie du gland de la prostate et l’hyperplasie de la prostate. Le marché de cette écorce est estimé à environ 220 millions de US dollars par an et le Cameroun détenait 62% de ce marché en 1997 ; (Cunningham et al, 1998). Le Cameroun exportait par ailleurs 600 000 US $ d’écorce de Yohimbé (Pausinystalia johimbe) au courant de la même année (Cunningham et al, 1998), une écorce utilisée comme stimulant sexuel. Bien que la réglementation du marché des plantes médicinales dans les pays industrialisés notamment l’Europe et les Etats-Unis soit très rigoureuse, l’intérêt mondial pour les plantes médicinales notamment celles issus de la forêt tropicale du Congo ne cesse de croître.

- Le marché des huiles essentielles

Les huiles essentielles sont des extraits naturels obtenus par la distillation à partir de la vapeur d’eau de certaines parties (tiges, feuilles, racines) de la plante. L’exploitation de l’huile essentielle est une activité bien structurée et très développée dans l’espace industriel et commercial mondial. Plus de 145 espèces d’arbres et plantes non arbustives sont exploitées dans le monde. La production annuelle mondiale est environ 46 000 tonnes soit en valeur 700 million de US dollars (Verlet, 1990). L’huile extraite des plantes est vendue aux entreprises de la parfumerie et de l’aromatique faisant partie de grands groupes (Flavors et Fragrances, Unilever, Hofmann Laroche, Bayer). Ces dernières vont réunir des milliers de substances aromatiques, les transformer en corps de parfums, d’aromates et en extraits actifs. Ces produits semi finis vont être utilisés par des entreprises agro alimentaires, des fabricants de parfums, de produits cosmétiques, de détergents, des médicaments, ou alors comme base de thérapie (Aromathérapie). Profitant du procédé relativement simple et peu coûteux de la production d’huile essentielle, certains pays à l’instar de Madagascar, du Bénin, du Ghana, du Togo, de Haïti, et tout

18

récemment le Rwanda ont développé avec succès des filières d’exportation des huiles essentielles. La diversité d’espèces végétales de la forêt du bassin du Congo (Laporte et Justice, 2001) est une réserve de parfums et d’arômes variés dont l’exploitation sera bénéfique non seulement pour les populations rurales, mais aussi pour des consommateurs Européens ou Américains toujours à la recherche de nouvelles sensations.

d- Les autres marchés

Le réseau du commerce équitable

La notion de commerce équitable (en anglais fair trade) est née au début des années 1960. Elle repose sur la valorisation auprès des consommateurs des atouts dont disposent les petits producteurs, en particulier sur la qualité de leur produit. Elle cherche également à susciter la conscience du consommateur en l’intéressant aux conséquences de son achat sur l’émancipation des producteurs du sud ou des pays en voie de développement et la protection de l’environnement. En achetant directement au producteur, la filière équitable garantit à ce dernier un tarif de vente minimal, au prix d’un surcoût volontairement accepté par un consommateur. Cette filière est présente aussi bien en Amérique du nord qu’en Europe à travers les organisations telles : l'IFAT (International Federation for Alternative Trade - ou International Fair Trade), l'EFTA (European Fair Trade Association), le réseau NEWS (Network of European Worldshops), l'association FLO (Fairtrade Labelling Organizations). Vendus sous des labels (Max Havellar/Fair trade, Made in equity de oxfam …), les produits du commerce équitable ont connu depuis la fin des années 1990 une période de très forte croissance. En France, leur taux de notoriété est passé de 9% en 2000 à 74% en 2005 (Ipsos, cité par Wikipédia, 2006). Au Québec, les ventes ont augmenté en moyenne de 55% en 2006 (Wikepédia, op.cit). Une gamme de produits variés sont écoulés dans ce commerce, on y trouve des produits alimentaires (café, thé, fruits frais et secs, épices, boissons, …), le coton, et des produits artisanaux. Le passage progressif de ces produits des circuits spécialisés vers la grande distribution offre des opportunités pour l’exportation des PFNL.

En dehors de ce marché équitable, plusieurs autres niches non moins

attrayantes tels que le marché des fleurs, le marché de la cosmétique Bio, ou celui des plantes ornementales peuvent être exploitées.

Les perspectives d’une augmentation de la demande urbaine et transfrontalière des PFNL sont envisageables au regard de certains facteurs. En effet, le taux de croissance urbain est en constante évolution dans les pays de l’Afrique Centrale ; la construction d’infrastructures routières entre les différents pays membres à l’instar du pont sur le Ntem, traduit la volonté des pays membres de la CEMAC de développer les échanges sous régionaux ; la population Nigériane est de plus en plus nombreuse et très consommatrice de certains PFNL comme le Gnetum. La conquête de ces marchés nationaux, sous régionaux et internationaux est un des défis majeurs de ce siècle pour la croissance d’une économie en stagnation et la création des emplois dans la région du bassin du Congo, surtout lorsqu’on sait que les PFNL contribuent jusqu’à 44% des revenus dans certains villages (Van Dijk, 1998). Cependant, l’exploitation des

19

PFNL à une grande échelle présente des contraintes que l’on devrait intégrer dans une stratégie de gestion durable. 4. La domestication : une opportunité pour la conservation 4.1 Définition

Le mot domestication peut avoir plusieurs définitions et interprétations suivant son domaine d’application. Appliqué aux animaux, il consiste à apprivoiser les sujets sauvages et à les ramener dans le milieu humain (Simons et Leakey, 2004). Il est très souvent utilisé dans le monde végétal et fait référence aux cultures annuelles ayant fait l’objet d’une sélection, d’une reproduction et d’une adaptation aux systèmes agricoles. Selon les archéologues, la domestication des plantes cultivées a commencé avec le blé il y’a de cela 10 000 ans au Proche Orient suite à la croissance de la population et la surexploitation des ressources locales (Simmonds, 1979).

La domestication des arbres quant à elle est plus récente que celle des cultures annuelles. Selon Dafni (1992), elle aurait commencé avec la manipulation de la pollinisation des arbres de ficus il y’a de cela 2800 ans par le prophète Amos. En dehors des arbres fruitiers tempérés (pommiers, oliviers), la domestication des espèces arboricoles est moins développée par rapport aux autres cultures agricoles (Janick and More, 1996). La tentative de domestication des espèces destinées à l’agroforesterie1 a commencé plus tard dans les années 1980, coïncidant avec les problèmes de gestion de la fertilité des sols et les crises sur le bois de chauffage. Contrairement à celle des arbres industrielles, la domestication des espèces agro forestières (espèces destinés à l’agroforesterie) est selon Simons (2003), un processus qui requiert un grand nombre d’espèces, implique plusieurs personnes (chercheurs, agriculteurs, secteurs privés, gouvernement,…) et est destiné à un usage domestique (bois de chauffage, fruits, médicaments, amélioration de la fertilité du sol…).

4.2 Historique et importance mondiale La domestication a joué un rôle déterminant dans l’histoire de l’humanité : Sur le plan social, la domestication est à l’origine de la néolithisation des sociétés humaines. C'est-à-dire le passage d’une société de chasseur-cueilleur à une société agricole et d’élevage.

Sur le plan technologique, la domestication des céréales est considérée comme l’une des plus grandes avancées technologiques dans l’histoire de l’humanité lorsqu’on sait que le blé produit encore 20% des calories alimentaires produits dans le monde (Simons et Leakey, 2004). Sur le plan économique, la domestication a contribué d’une part au développement de l’agriculture dans toutes les régions du globe. Par exemple, la plupart des cultures de rentes (cacao, tabac, coton) ou vivrières (tomates, mais, haricot, oignon,…) cultivées en Afrique sont 1 Système dynamique de gestion des ressources naturelles dans une optique écologique qui, à travers l’intégration des arbres dans les parcelles agricoles, les parcours, les ranches et d’autres écosystèmes, diversifie et accroît la production et participe à la promotion des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux des paysans (ICRAF, 1997).

20

d’origine étrangères (GNIS, 2006). Et d’autres part, elle a favorisé la production à grande échelle de plusieurs plantes (Révolution verte). C’est ainsi que les 30 plantes alimentaires les plus consommées dans le monde, sont des espèces domestiquées (FAO, 2006). 4.3 Historique en Afrique centrale

Culturellement, les populations de l’Afrique centrale ont commencé la culture des arbres avant l’ère coloniale. Des plantes endémiques de la région ou de l’Afrique subsaharienne ont été trouvés dans les jardins de case et autour des villages par les premiers explorateurs et les naturalistes. La présence du safoutier et du palmier à huile dans les vergers villageois est l'un des exemples les plus cités. Le développement de ces deux types de système agroforestier illustre les pratiques traditionnelles dans la culture d’introduction des espèces spontanées dans les systèmes agroforestiers existants (Tchatat, 1996). 4.3.1 Justification historique Historiquement, l’arrivée des Européens avait permis le développement de la domestication et la culture des espèces arborescentes et des herbacées de l’Afrique centrale. A propos, un historien cité par Chevalier (1905) rapporte des propos tenus des « noirs » à un voyageur européen : « C’est la terre qui nous donne de l’or, c’est elle qui nous produit le maïs et le riz, c’est la mer qui nous fournit des poissons, quant aux fruits, nous les devons aux Portugais qui ont planté les arbres sur notre sol ». Le développement des jardins d’essais et les jardins de mission pour conduire les essais de domestication était développé en Afrique centrale à cette période. a. Le développement des jardins essais pendant la colonisation Les jardins d’essai étaient au service des stations agricoles coloniales. Ils avaient des relations avec l’Ecole d’horticulture de Versailles et recevaient l’appui des enseignants du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. Les espèces introduites et locales y étaient expérimentées. Parmi elles, figuraient les Musanga, les Padanus, les Palmiers, les bambous, les manguiers, les caféiers, les poivriers, les cocotiers, les espèces à caoutchouc et à latex, comme le Funtunia elastica et les Landolphia spp, etc.. Des pépinières y furent établies pour fournir des plants aux colons qui les multipliaient et les répandaient dans la colonie. Parmi les jardins d’essai créés figuraient :

• Le jardin d’essai de Libreville créé vers 1850 sous le nom au départ du jardin de Gouvernement. La station proprement dite était créée en 1887 par le Dr Ballay, à cette époque lieutenant gouverneur du Gabon.

• Le jardin d’essai de Brazzaville, qui existe jusqu’à ce jour, fût créé par en 1901 par M. GRODET

• Le jardin de Krébedjé (Fort Sibut) en 1902 par la mission Chari Lac Tchad • Le jardin de Victoria, appelé aujourd’hui Jardin Botanique de Limbe, créé au Cameroun

par les Allemands où se faisaient des essais de culture de cacao, de vanille et de Futunsia elastica

• Le jardin d’Eala et le jardin botanique de Kinsantu en RDC

21

b. Le développement des jardins des missions pendant la colonisation Les jardins des missions religieuses jouèrent un rôle important dans l’introduction des espèces exotiques et l’expansion de leur culture en Afrique centrale. Elles disposaient des collections importantes des plantes utiles, elles multipliaient ces végétaux et en faisaient des plantations importantes quand ils étaient d’une utilisation immédiate ; enfin parfois, elles les propageaient chez, ceux qu’ils appelaient, les « peuplades indigènes ». Parmi les jardins de mission créée, Chevalier (1905) cite : le jardin de mission de Brazzaville, Libreville, Mayumba au Gabon, Bangui et Bessou en RCA. 4.4 Processus de domestication

La domestication d’une espèce végétale se déroule généralement en plusieurs étapes. Nous allons distinguer le processus de domestication classique et un processus de domestication des espèces agro forestières tel que proposé par l’ICRAF. 4.4.1 Le processus de domestication des plantes classiques Ce processus est celui suivi par la plupart des plantes qui ont intégré les systèmes agricoles actuelles. La figure 2 ci-dessous présente les principales étapes suivies par ces plantes notamment les céréales.

Figure 2 : Etapes de la domestication des plantes Source : GNIS (2006)

22

La domestication des plantes actuelles s’est donc fait en trois étapes :

i. Domestication des espèces. Dans cette première étape, les hommes vont choisir parmi les espèces qu’ils jugent intéressantes les plantes qui correspondent le mieux à leur culture, leur récolte et leur conservation. A l’issue de cette première étape, on aura une population très hétérogène pour chacune des espèces choisies.

ii. L’Amélioration des populations. Une sélection des variétés plus intéressantes de part leur facilité d’utilisation ou leur rendement va être opérée dans la population.

iii. La Création de variétés. Enfin, la maîtrise progressive des croisements et de multiplications va permettre d’orienter la sélection vers des critères bien définis, et de les reproduire au fil des générations. Ce qui aboutira à la création de variétés de plus en plus homogènes et fixes.

5. La domestication participative : une approche développée par l’ICRAF 5.1 Définition

La stratégie de l’ICRAF sur la domestication des espèces d’arbres produisant des PFNL a pour objectif premier d’augmenter la productivité et la durabilité des systèmes agro forestiers, et par conséquent de contribuer à la conservation des ressources génétiques des espèces, ainsi que la protection des habitats naturels (Simons, 1996). Cette domestication se déroule en cinq étapes comme illustrée dans la figure 3 ci dessous :

i. Identification des espèces prioritaires : Il s’agit de choisir parmi les milliers d’espèces pouvant être utilisés en agroforesterie des espèces prioritaires pour les agriculteurs et, celles qui contribuent le plus à la réalisation des objectifs de la recherche en étant peu coûteuses et rentables. Cette phase implique la création d’une équipe pluridisciplinaire, l’évaluation des besoins des utilisateurs (Agriculteurs et autres utilisateurs potentiels), l’évaluation des espèces actuellement utilisées, le classement des produits issus de l’arbre

1. Identification des espèces

2. Sélection des individus

3. Multiplication et du matériel végétal

4. Intégration 5. Utilisation et

commercialisation

Figure 3 : Etapes de la domestication des PFNL cité par Simons (1996-)

23

selon leur importance socio économique, l’évaluation et la classification des espèces prioritaires et la mise au point d’une liste finale des espèces en vue de leur domestication.

ii. Sélection des individus supérieurs : il s’agit à ce niveau de prospecter et de constituer des variétés diverses ou ‘‘banque’’ génétique des espèces prioritaires choisies plus haut. A partir de cette ‘‘banque’’, on pourra choisir des variétés plus adaptées à certaines conditions de culture (architecture de l’arbre, résistance aux maladies, rendement important, …).

iii. Multiplication et distribution du matériel végétal : on doit reproduire ici les variétés de chaque espèce choisie plus haut, ayant les caractéristiques désirées. Il existe deux méthodes de multiplication : la multiplication sexuée ou par la graine et la multiplication végétative. Cette dernière méthode est la plus utilisée pour la multiplication des variétés désirées par les utilisateurs potentiels. Trois techniques de multiplication végétative sont généralement utilisées pour les espèces d’arbres fruitiers tropicaux : • Le bouturage : il s’agit de prélever sur un végétal appelé pied mère, un organe ou un fragment d’organe (racines, feuilles, tiges…), l’aider à subsister puis à se régénérer, c’est à dire reformer les parties qui lui manquent afin de reconstituer une plante. • Le greffage : Elle consiste à obtenir l’union entre deux fragments de végétaux. L’un, le porte greffe, qui par le biais de son système racinaire et éventuellement d’une partie de sa tige, fournit les éléments nécessaires à la croissance du nouveau plant. L’autre, le greffon apportera les caractères du végétal à multiplier (pied mère).

• Le marcottage : il vise à provoquer l’enracinement des rameaux, ceux ci restant reliés au pied mère pendant toute la période d’enracinement. Une fois enraciné, le jeune plant est séparé de l’arbre mère.

Le niveau d’utilisation du matériel végétal va dépendre non seulement de la demande existante, mais également de l’existence d’un système de distribution performant, capable d’assurer la disponibilité des espèces désirées. Dans la plupart des pays en voie de développement, l’activité de distribution du matériel végétal est quasi inexistante et non règlementée. Ceci pourrait s’expliquer par le peu d’intérêt accordé à la culture des arbres.

iv. Intégration dans les systèmes agroforestiers : Ce stade consiste à introduire effectivement les espèces à domestiquer dans le système agroforestier et dans les habitudes agricoles.

5.2 Les espèces prioritaires identifiées En collaboration avec les paysans, ICRAF a identifié plusieurs espèces ayant une importance socio économique (Tableau 4).

24

Tableau 4 : Espèces prioritaires identifiées par ICRAF au Cameroun

Nom vernaculaire

Nom scientifique

Famille

Type

kola

Cola acuminata (P.Beauv) Schott Endl Cola nitida (Vent.) Schott et Endl

Sterculiaceae

Plante médicinale

safou

Dacryodes edulis (G.Don) Lam

Burseraceae

fruit

bitter kola

Garcinia kola Heckel

Clusiaceae

Plante médicinale

andok

Irvingia gabonensis Baillon

Irvingiaceae

Epice

njansang

Ricinodendron heudelotii (Baill) Pax

Euphorbiaceae

épice

okok

Gnetum africanum Welw

Gnetaceae

Légume-feuille

omi

Afrostyrax lepidphyllus Mildbraed

Styracaceae

épice

Pebe

Monodora myristica L.

Anonaceae

-//-

Poivre noir

Piper guinensis Schum & Thonn

Piperaceae

Epice

Pygeum

Prunus africana

Rosaceae

Plantes médicinales

Johimbé

Paunsinystalia johimbe

Rubiaceae

-//-

Bois blanc

Annickia chloranta

Plantes médicinales

25

Les principaux produits forestiers non ligneux choisis par les paysans au Cameroun

Nom vernaculaire Nom scientifique safou

Dacryodes edulis

okok ou eru (Cameroun), fumbua (RDC), koko ou mfumbu (Congo) koko (RCA) nkumu (Gabon)

Gnetum africanum

andok ou ndo’o (Cameroun) peke (Congo) odika (Gabon)

Irvingia gabonensis

kola

Cola spp.

njansang

Ricinodendron heudelotii

26

5.3 Les étapes 5.3.1 Visite de terrain La première étape pour la mise en place d’une pépinière de production et de commercialisation des plants est la visite de terrain. Elle consiste à aller à la rencontre des populations riveraines des aires protégées, par exemple, pour observer leur environnement socio-culturel et écologique. L’objectif est d’identifier la présence ou non des activités liées à l’utilisation des arbres (ex. la pratique de l’agriculture, la présence des jardins de case, etc.), les acteurs impliqués dans les produits issus de la biodiversité, la présence ou non des pépinières et les ONG partenaires capables de collaborer avec l’ICRAF pour l’identification des personnes à former et le choix des sites d’implantation des pépinières. Cette étape est aussi utilisée pour une prioritisation des espèces à domestiquer. Elle doit être interactive, c’est le principe de la domestication participative. 5.3.2 Entretien avec les populations et les autres parties prenantes La deuxième étape va consister à discuter avec les populations riveraines et les autres parties prenantes impliquées dans le développement local de la zone. Ceci afin d’identifier les espèces prioritaires à domestiquer et connaître les attentes ainsi que les besoins réelles et réalistes. Ce qui permet à l’ICRAF de bien adapter la formation sur la domestication et le marketing des plants. 5.3.3 Formation sur les techniques de multiplication végétative La troisième étape est consacrée à la formation. Prévue en deux ou trois jours, la formation sur les techniques de multiplication végétative est constituée d’une partie théorique et d’une partie pratique ou phase de terrain. Elle est destinée à 35 à 40 personnes au maximum pour faciliter un bon transfert de connaissances surtout lors de la phase de terrain. La partie théorique aborde les généralités sur la production des plants (domestication, marcottage, greffage, bouturage et agroforesterie) et le marketing d’une pépinière y compris le marketing et le développement du commerce des plants. La deuxième partie est consacrée à la mise en pratique des enseignements de la partie théorique, notamment sur les techniques de multiplication végétative et la construction du châssis de propagation, un matériel indispensable au bouturage. De même, on procède à la construction de la pépinière villageoise au cours de cette étape. 5.3.4 La mise en place d’un programme de suivi La quatrième phase consiste à mettre en place en collaboration avec les populations et les ONG les encadrant un programme de suivi post formation et post création de la pépinière. Ceci à la lumière d’un plan d’action élaborée par chaque ou chaque groupe ayant suivi la formation.

27

5.3.5 Etude du marché des plants et élaboration du business plan L’étude de marché des plants est une étape importante pour obtenir l’adhésion des populations riveraines qui sont intéressées à la fois par l’auto utilisation et la commercialisation des plants. Les résultats obtenus devront servir à l’élaboration du business plan qui doit démontrer en autre la rentabilité de l’activité, le plan de financement et la stratégie ou le plan marketing à mettre en place. 5.3.6 Développement de la production et la commercialisation A l’image de tout projet de création d’entreprise, la septième phase doit être consacré au développement de la production et de la commercialisation des plants selon les résultats de business plan. 5.4 Les populations formées Depuis plus d’une dizaine d’années, l’ICRAF contribue à la vulgarisation des techniques de multiplication végétative (bouturage, greffage, marcottage) en milieu rural avec l’aide des ONG d’appui au développement. Le contenu des enseignements est tiré des résultats obtenus à partir des essais menés au préalable dans les pépinières de l’Institution à Nkolbisson. Le Tableau 1 montre le nombre des personnes formées au Cameroun et dans les autres pays de l’Afrique centrale avant 2007. Les formations dispensées ont pu toucher aussi bien les femmes que les hommes (Essomba, 2004 ; Bikoue Mekongo, 2005).

Tableau 1 : Nombre des paysans formés sur la domestication participative des arbres Pays Type de formation organisée

sur la domestication participative

Nombre paysans déjà formés Nombre de pépinières déjà créées

Cameroun

• Formation provinciale • Formation nationale • Formation régionale

789

100

Congo

0

3 individus formés au cours de la formation régionale de Kinshasa en 2006

0

Gabon Formation nationale 38 2

Guinée Equatoriale

0

3 individus formés au cours des formations régionales de Yaoundé et Kinshasa

0

RCA 0 0 0

RDC

Formation provinciale Formation régionale

938

52

Tchad 0 0 0

Source : Tabuna, 2007

28

Les paysans et la formation pratique sur les techniques de domestication au Nord Cameroun

Les participants et la construction du châssis de propagation à Waza

Les participants et le greffage à Garoua

Les participants et le marcottage Les participants face au châssis de propagation

Les participants face au staff de l’ICRAF Deux femmes pratiquant le greffage à Waza

29

Les paysans et la formation sur les techniques de domestication et la construction de pépinières au Sud du Cameroun

Les participants et la pratique du greffage à Nnemeyong (Ngoulemakong)

Les participants et la pratique du marcottage à Nnemeyong (Ngoulemakong)

Deux femmes pratiquant le marcottage à Nnemeyong (Ngoulemakong)

Les hommes pratiquant le greffage à Nnemeyong (Ngoulemakong)

Les participants et la pratique du cours de marcottage à Sangmélima

Les participants et la pratique du greffage à Bitom (Sangmélima)

30

5.5 Les pépinières créées

S’agissant de la stratégie de reproduction et de distribution du matériel végétal, ICRAF a opté pour une stratégie décentralisée. En effet il a formé des paysans sur les techniques de multiplication végétative et les a assistés dans l’implantation des pépinières dans des zones rurales de 5 provinces du Cameroun. Au terme de l’année 2005, on comptait 57 pépinières créées dans diverses localités rurales du Cameroun (voir tableau 3 ci dessous). Tableau 3 : Nombre de pépinières créées et encadrées par ICRAF par provinces après 2005.

Province Nombre de Pépinières implantées Centre 22Nord Ouest 19Ouest 11Littoral 1Sud 4

Total 57 Source : ICRAF (2005) Environ 889 agriculteurs (dont 402 hommes, 383 femmes et 104 jeunes de moins de 30 ans) travaillent dans ces pépinières. Ils reçoivent également un appui technique de 9 ONGs et 2 groupes communautaires locaux, partenaires de l’ICRAF. Une évaluation des activités de ces pépinières par l’ICRAF (2005) a montré qu’en 2005, ils avaient produit environ 10 7042 plants de semis, 3951 boutures, 2443 marcottes, et 3552 plants greffés (ICRAF, 2005). Ces plants sont distribués en partie aux membres du groupe ayant participé à la production et le surplus est vendu à des agriculteurs, aux autorités locales, aux ONG et à certaines élites de la région. 5.6 Les résultats des essais Des essais de domestication de toutes les espèces majoritaires sont menées d’abord au niveau de la pépinière ICRAF basé à Nkolbisson. Pour y arriver, les techniciens et les chercheurs utilisent trois techniques de multiplication végétative (le marcottage, greffage et le bouturage) et la propagation générative, c’est-à-dire la multiplication par semis ou graines. Une parte des plants obtenus à ce stade sont intégré dans le champ expérimental de Mikomeyos, un village situé à proximité de Nkolbisson, une autre partie est introduite dans le parce à bois. Dans le cas du safoutier (Dacryodes edulis), les plants marcottés et bouturés planté ont des pieds nains (cf. photos ci- contre) dont les premières floraisons ont intervenu à partir de 2 ans et demi et 3 ans. Ces résultats confirment ceux obtenus par Kengué (1986) et les chercheurs de l’Institut de Développement Rural (IDR) au Congo.

31

Les résultats des essais sur la domestication obtenus dans les champs expérimentaux de l’ICRAF et chez les payssans

Des marcottes de safou dans une pépinière Un pied marcotté de safou en production à 2 ans et demi

Un pied bouturé de safou marcotté Un pied bouturé de safou issu du bouturage

Un pied de safou marcotté âgé de 7 ans Une dame devant son pied de safoutier marcotté

32

Conclusion Le Tome 1 vient de montrer l’importance de la domestication et des pépinières pour la production des plants améliorés destinés à répondre aux attentes des marchés et à celles des populations rurales exploitants actuellement les produits forestiers non ligneux de haute valeur économique. La maîtrise des techniques de multiplication végétative (marcottage, greffage et bouturage) confère aux femmes et des hommes des zones rurales la capacité de multiplier des arbres de haute valeur économique dont la multiplication par semis est inimaginable pour obtenir des fructifications dans des délais inférieurs à cinq ans et dix ans. C’est le cas des espèces alimentaires fournissant des produits forestiers non ligneux appréciés en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest. C’est le cas de l’andok (Irvingia gabonensis), le nkumunu (Coula edulis), le njanssang (Ricinodendron heudelotii), le baobab (Andasonia digitata) et le moabi (Baillonnella toxisperma). La fructification des pieds marcottés de safou après 3 ans alors qu’il en faut 6 à 7 ans pour des pieds obtenus par semis et la fructification des pieds greffés de l’andok après 4 ans alors qu’il faut 20 ans à 30 ans sont illustrent bien l’efficacité des techniques de multiplication végétative. Bien apprendre ces techniques permet aux populations rurales, potentiels pépiniéristes individuels et collectifs, de bien apprendre leur métier afin d’être capable de produire dorénavant des plants améliorés et de construire des pépinières de production et de commercialisation des plants améliorés. Les plants améliorés ainsi obtenus pourront êtres auto utilisés et vendus pour leur intégration dans les systèmes agroforestiers traditionnels (ex. les jardins de case, vergers villageois) à côté des espèces exotiques, comme le manguier (Mangifera indica), l’avocatier (Persea gratissima) et le plantain (Musa sp.). Aussi en raison de l’importance de la domestication et des pépinières, une promotion de cette technique et du secteur économique y découlant, il nous parait urgent de lancer rapidement, sous l’égide de la CEEAC et de la COMIFAC, un programme sous régional de domestications de toutes les plantes utiles fournissant des PFNL. Il devrait emboîter le pas au travail amorcé par l’administration coloniale dans les jardins d’essais installés dans tous les pays de l’Afrique Equatoriale Française. Il devrait faire plus que ce qui a déjà fait par les chercheurs appartenant aussi bien aux organismes nationaux qu’internationaux. Concrètement, il devrait apporter un appui financier aux pépiniéristes de l’Afrique centrale dont un réseau existe déjà aux Cameroun grâce à l’appui de l’ICRAF En tant que petites entreprises, ces pépinières sont la clé pour la promotion de la culture des plantes fournissant les PFNL. Car, il est surprenant que, mis à part le safoutier et le palmier à huile, toutes les plantes cultivées en Afrique centrale viennent d’ailleurs, notamment de l’Amérique latine et de l’Asie. Mais pour convaincre les Gouvernements et les populations rurales, notamment les jeunes à s’y intéresser, les chercheurs et experts doivent démontrer la rentabilité et la durabilité d’une pépinière de production et de commercialisation des plants améliorés. Cela passe forcément par une étude de marché et de la production dont les résultats devraient servir à l’élaboration d’un business plan clair. De même, ils devraient également traiter le marketing d’une pépinière et des plants améliorés qui ont été peu documentés en Afrique centrale. Le Tome II et le Tome III vont aborder tous ces éléments et contribueront à démontrer qu’une pépinière rurale de production de plants améliorés des arbres fournissant les PFNL à haute valeur économique est un des outils efficace de développement durable.

33

Bibliographie Avana Tchientcheu M.L., 2008. Ayeni J.S.O, Besong S.B., Mdaihli, M and Ojong M., 2003. An Evaluation of the exit routes for

non-timber forest products within the Takamanda Forest reserve area. Profa, Manfe and University of Dschang, West Province, Cameroon. 19p.

Bendaoud H., 2002. L’alimentation mondiale cultive les paradoxes, L.S.A., No 1766, pp. 30-

35. Bennafla K., 2002. Le commerce transfrontalier en Afrique Centrale. Paris, Karthala. 368p. Bikoué C.A, Essomba H. Tabuna H., Degrande A., Walter S. et Tchoundjeu Z., 2007.Gestion

des ressources naturelles fournissant les produits forestiers non ligneux alimentaires en Afrique centrale. FAO-COMIFAC-ICRAF. Yaoundé 103p.

BSP., 1993. Central Africa global climate change and development – Technical report,

Washington, DC, Biodiversity Support Program. CEA, 2006. L’Economie de l’Afrique centrale. Maisonneuve & Larose. Paris (France). CE-FAO, 1999. Collecte et analyse de données pour l’aménagement durable des forêts -

joindre les efforts nationaux et internationaux. Données statistiques des produits forestiers non-ligneux du Cameroun. Programme de partenariat CE – FAO (1998-2001). Projet GCP/INT/679/EC.

Cunningham A.B. & MBenkum F.T., 1998. Sustainability of harvesting Prunus africana bark

in cameroun: A medicinal plant in international trade. People and plants working paper 2, paris, Unesco.

Dafni A., 1992. Pollination ecology: A pratical Approach, Oxford University Press, Oxford,

250 p. Drgrande A., 2006. EDF, 2006. Les forêts du bassin du Congo. COMIFAC-USAID-MAE-UE. 258p Facheux C., Asaah E. Ngo Peck M. L., Tchoundjeu Z., 2003. Studying markets to identify medicinal species for domestication, Herbalgram, No 60, pp 38-46. FAO, 1995. Agriculture mondiale: horizon 2010, Rome, Italy FAO, 1999a. Situation des forêts du monde, http://www.fao.org/docrep/w9950f/w9950f00.htm

34

FAO, 1999b. Les données statistiques sur les PFNL au Cameroun, Par Dr Mbolo. CE-FAO Programme Partenariat, Projet GCP/INT/679/EC, Rome.

FAO, 2006a. Gestion des ressources naturelles fournissant les PFNL alimentaires en Afrique Centrale, par Bikoue C. & Essomba H, ICRAF-FAO, 129 p.

FAO, 2006b. FAOSTAT Database www.fao.org, Rome, Italy. FNGE, 2002. Le marché européen des produits biologiques, Ministère de l’économie, des

finances et de l’industrie, paris, 6 p. Gentil A. G., 2001. Le nouvel exotique viendra d’Afrique, Marchés tropicaux et

Méditerranéens, No 2905, pp. GNIS, 2006. Introduction à la sélection végétale, www.gnis-

pedagogie.org/pages/selection/intro.htm Guillaume-Gentil A., 1999. Le marché des produits biologiques, une opportunité pour

l’Afrique ?, Marchés tropicaux et méditerranéen, hors série, pp 17-21. ICRAF, 1997. ICRAF Medium-Term Plan 1998-2000. ICRAF, PO Box 30677, Nairobi,

Kenya, 73p. ICRAF, 2005. Annual report 2005, ICRAF/AHT, Yaoundé-Cameroun, 35p. INS, 2004. annuaire statistique du Cameroun. Edition 2004, tome I, MINPAT,

Yaoundé, 406p. Janick J. & Moore J.N., 1996. Fruit breeding, volume 1. Tree and tropical fruit, Wiley, New

york, 632 p. Kana P.R., 2006. Business plan pour le développement d’une pépinière rurale de production de

plants améliorés d’arbres fruitiers, mémoire soutenu en vue de l’obtention du diplôme d’études Supérieures De Commerces, université de Douala, 108p.

Kimpouni V., 1998. Etude de marché préliminaire sur les Produits Forestiers Non Ligneux

commercialisés dans les marches de Pointe Noire (Congo-Brazzaville). In T.C.H. Sunderland, L.E. Clark & P (eds). Vantomme. Recherches actuelles et perspectives pour la conservation et le développement, FAO, Rome, 2000, pp. 235-238.

Kengué J., 1990. Le safoutier (Dacryodes edulis). Thèse de Doctorat 3ème cycle. Université du

Cameroun. Yaoundé 154p. Laird A., 1998. L’exploitation du bois d’œuvre et des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL)

dans les forêts d’Afrique centrale. In T.C.H. Sunderland, L.E. Clark & P (eds). Vantomme. Recherches actuelles et perspectives pour la conservation et le développement, FAO, Rome, 2000, pp. 53-64.

35

Laporte N. & Justice C., 2001. Monitoring of forest cover in central Africa: why, what,

how and when to monitor? Central african regional program for the environment briefing sheet No 13, CARPE/USAID.

Lariboisière & Carluer-Lossouan, 2001. L’ethnique quitte son ghetto, rayon boissons, No 88,

pp.11-13. Lejeal F., 1999. Le marché français des produits ethniques : un segment faiblement africanisé,

Marchés tropicaux et méditerranéens, hors série, pp. 25-27. Malaisee F., 1997. Se nourrir en forêt claire africaine. Approche écologique nutritionnelle.

CTA (ACP/UE). 384p Mbolo, M., 2002. La collecte et l’analyse des données statistiques sur les produits forestiers

non ligneux. Une étude pilote au Cameroun. Département des Forêts. FAO. Rome, Italie.

Ndoye, O., Ruiz-Perez, M. & Eyebe, A., 1997. The market of non-timber forest products in the

humid forest zone of Cameroon. Rural Development Forestry Network Paper 22c. ODI. London, England.

Ngo Mpeck M.L., 2005. OCDE, 1998. Se nourrir demain : perspective a long terme du secteur agroalimentaire, France, OCISCA, 1995. Les échanges transfrontaliers entre le Cameroun et le Nigeria, Yaoundé, 150p. OCRI., 2005. Elaborer un plan d’affaires, www.entrepreneurship.co m Peters, M.C., 1998. Recherche écologique en vue d’une exploitation durable des produits

forestiers non ligneux (PFNL): Généralités. In T.C.H. Sunderland, L.E. Clark & P (eds). Vantomme. recherches actuelles et perspectives pour la conservation et le développement, FAO, Rome, 2000, pp. 21-37.

Pobeda M., 1999. Karité : un produit sous utilisé, Marchés tropicaux et méditerranéens, hors

série, pp. 76-78. Shanley, P. & Pierce, A.R., 2002. Ecological issues. In: Shanley, P., Pierce, A.R., Laird, S.A. &

Guillén, A. (eds). Tapping the Green market. Certification & management of non-timber forest products, Earthscan publications Ltd, London.

Simmonds, N.W., 1979. Principle of crop Improvement, Longman, London, 408 p.

36

Simons.J., 1996. Icraf’s Strategy for domestication of indigenous tree species. In Domestication and commercialisation of Non-Timber Forest Product in agroforestry systems, FAO Special publication, Forest division, FAO, Rome, PP 8-22.

Simons A.J., 2003. Concepts and principles of tree domestication. In Simons A.J. & Beniest J.

(eds), Tree domestication in agroforestry, ICRAF, Nairobi, Kenya, 244p. Simons A.J. & Leakey R.R.B., 2004. Tree domestication in agroforestry, ICRAF, Nairobi, 16

p. Sunderland T.C.H, Clark L.E., Vantomme P., 1999. Recherches actuelles et perspectives pour

la conservation et le développement Sunderland T.C.H & Obama C., 1998. Etude préliminaire sur les produits forestiers non

ligneux en Guinée Equatoriale. In T.C.H. Sunderland, L.E. Clark & P (eds). Vantomme. Recherches actuelles et perspectives pour la conservation et le développement, FAO, Rome, 2000, pp. 223-233.

Tabuna H., 1998. Le marché des produits forestiers non ligneux en provenance d’Afrique

centrale. In T.C.H. Sunderland, L.E. Clark & P (eds). Vantomme. Recherches actuelles et perspectives pour la conservation et le développement, FAO, Rome, 2000, pp. 267-280.

Tabuna H., 2004. Le développement du marché européen des aliments ethniques de masse :

une voie pour la croissance de la demande des aliments africains en Europe et le développement des petites entreprises agroalimentaires en Afrique Subsaharien, Industries Alimentaires et Agricoles N0 4, pp 20-25.

Tabuna H., 2007. Commerce sous régional et international des produits forestiers non ligneux

alimentaires et des produits agricoles traditionnels en Afrique Centrale , FAO, Yaoundé, 150p.

Tchoundjeu Z., Duguma B., Tiencheu M.L. and Ngo Mpeck M.L, 1999. The domestication of

indigenous agroforestry trees : ICRAF’s strategy in the humid tropics of west and Central Africa. In Terry C.H. Sunderland, Laurie E. Clark and pp. 161

Tchouanel-Lorant P., 2001. Cuisine exotique : un potentiel à exploiter, L.S.A, No 3, pp. 84-88. Temple L., 1999. Le marché des fruits et légumes au Cameroun, CIRAD, Yaoundé, 146

pages. Van Dijk J. F., 1998. Inventaire des ressources forestières non ligneuses en vue d’une

exploitation commerciale durable. In T.C.H. Sunderland, L.E. Clark & P (eds). Vantomme. recherches actuelles et perspectives pour la conservation et le développement, FAO, Rome, 2000, pp. 39-64.

37

Verlet, 1990. Production mondiale des huiles essentielles, France, 226p. Walter, S. (2001). Non-wood forest products in Africa: A region and national overview.

Working paper FOPW/01/1. FAO, Rome. Wikipédia, 2006. Le commerce équitable,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Commerce_%C3%A9quitable World Wild Fund, 1999. Les forêts tropicales,

http://www.livingplanet.org/resources/factsheets/forest /fct_tropical_fr.htm

Yembi P., 1998. Enquête préliminaire sur les Produits Forestiers Non Ligneux présents sur les marches de Libreville (Gabon). In T.C.H. Sunderland, L.E. Clark & P (eds). Vantomme. Recherches actuelles et perspectives pour la conservation et le développement, FAO, Rome, 2000, pp. 247-251.