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Histoire - WordPress.comculte de l’hygiène, avec des équipements tel un sauna, une plage artificielle, une salle de massage, un tepidarium... La garderie se trouve dans un grand

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HistoireBIOGRAPHIE BKK-3

Le bureau BKK-3 est encore assez jeune, et les membres fluctuent. Actuellement il est dirigé par Franz Sumnitsch. Il fait ses études à la Technische Universität Graz avec Günter Domenig. Il était déja membre de BKK et BKK-2. Une personne importante pour le projet Sargfabrik fut également Johnny Winter. Celui-ci étudie à Vienne et commence sa pratique dans cette même ville. Il fonde BKK en 1989, jusqu’en 1992. En 1993 il fonde BKK-2, avec d’autres associés jusqu’en 1999, puis en 2000 enfin BKK-3, avec Franz Sumnitsch. Il quittera finalement BKK-3 pour cause de différents professionnels.

CONCEPTION

L’histoire de ce projet remonte à bien avant que ses premiers plans aient été élaborés. En effet, c’est en 1986 déjà que se constitue la VIL, Verein fûr Integrative Lebensgestaltung (qui pourrait se traduire comme Association pour un Mode de vie Intégratif, où “mode de vie” doit être compris sous une optique politico-philosophique), un ensemble de peronnes, souvent politiquement et/ou socialement engagées, insatisfaites de l’offre en logement et ayant une idée très claire de ce qu’ils désiraient: vivre dans la ville, mais bénéficier des caractéritiques sociales d’un village. La “génération fondatrice” qui lanca le projet, le developpa et le conçut, était constitué d’entre 30 et 40 personnes, mais au fil de temps, alors que la recherche d’un bien immobilier adéquat continuait, le groupe a fluctué entre 3 et 70 personnes, celles-ci continuant à se réunir régulièrement, à chercher et trouver de nouvelles idées, à étudier des projets de logements existants,... Une fois la vieille fabrique de cercueils choisie comme site cependant, le groupe est resté stable.

Après avoir récupéré cette fabrique de cercueils (“Sargfabrik” en allemand), les architectes de BKK-2, membres de la VIL, conçurent un premier projet visant à récupérer et rénover cette fabrique de cercueils. Le premier fut néanmoins refusé et la décision fut prise de tout construire à neuf. Les seuls éléments d’origine dans le projet sont la cheminée de la fabrique, gardée comme élément sculptural (l’intention était même de construire une habitation au dessus, ce qui s’avéra structurellement impossible, la cheminée étant trop instable, à un tel point qu’elle sera bientôt détruite elle aussi) et le bâtiment sur le front bâti de l’ilôt sur la Matznergasse, servant d’entrée secondaire au complexe. Le bâtiment est terminé exactement dix ans après la fondation de la VIL. Au moment de la complétion, 90% environ des logements sont déja ‘utilisés’. ‘Loué’ n’est pas un terme applicable ici, chaque membre étant considéré comme copropriétaire du bâtiment entier.

Il ne faudra que deux ans à la VIL pour envisager une extension, et ce pour trois raisons: le succès retentissant du projet et la longue liste d’attente qui s’ensuit; ainsi que l’absence dans la Sargfabrik d’un type de logement de plus en plus demandé: les logements pour une ou deux personnes. En effet tous les logements de la Sargfabrik sont prévus pour des familles, mais durant les dix ans d’élaboration du bâtiment, les enfants de la génération fondatrice avaient grandi et désiraient vivre seuls, tout en restant dans la Sargfabrik. Une raison supplémentaire à la construction d’une extension était le fait que les équipements communautaires étaient sous-utilisés, et qu’un plus grand nombre de membres permettrait de mieux les rentabiliser. Cette possibilité leur fut offerte avec la construction par BKK-3 de la MISS Sargfabrik en 2000. D’une échelle plus réduite, avec des logements plus petits, elle propose un travail volumétrique plus traditionnel, alors que la spatialité intérieure est beaucoup plus travaillée.

Ces deux bâtiments présentent des positions architecturales fort différentes, les bâtiment ont d’ailleurs été réalisés par deux bureaux différents, l’équipe de BKK-2 différant de celle de BKK-3. L’analyse portera sur les deux bâtiments, indissociables et utilisés par la coopérative de façon confondue, comparant les caractéristiques principales des bâtiments. On retrouve dans cette analyse un certain nombre de commentaires (en italique) fournis par une habitante de la Sargfabrik, Felicitas Konecny.

BatimentCHIFFRES

SARGFABRIK MISS SARGFABRIKConception 1992-1996 1998-2000Construction 1994-1996 1999-2000Surface 5000m2 logement +

2000m2 espace commun3000 m2

Nombre de logements 73 40Habitants 330 80Logements/Hectare 116P/S 1,26

IMPLANTATION

La Sargfabrik présente une implantation fort particulière dans l’ilôt, implantation datant du bâtiment d’origine, et ce pour ne pas devoir se soumettre aux règles urbanistiques contemporaines, celles-ci les ayant empêchés de construire aussi densément et haut en intérieur d’ilôt.La MISS Sargfabrik quant à elle s’implante plus banalement en coin d’ilôt, axant tout le projet vers l’intérieur de l’ilôt, servant comme espace central du projet.

SargfabrikMISS Sargfabrik

CIRCULATION

La Sarfabrik propose un mélange de différents types de circulation reliant l’entièreté du bâtiment avec comme résultat qu’il y a plusieurs manières d’accéder à son logement. La passerelle, en même temps élément sculptural, passage entre 2 circulations verticales et point de vue sur la cour; les 2 coursives sur 2 niveaux différents, les 4 circulations verticales et la cour centrale proposent des interactions physiques et visuelles variées.Cette variation dans les circulations ne se retrouve pas dans le bloc unitaire de la MISS Sargfabrik: 2 noyaux verticaux sont ici reliés à chaque étage par des coursives.

Typologies de circulation(légende pour la page suivante également)

Espace d’entréeNoyau verticalCoursiveCirculation secondairePasserelle

Dans les 2 projets, la circulation dans les bâtiment n’est pas conçue comme un pur système fonctionnaliste, mais comme une extension de l’espace extérieur, transition entre l’espace public et privé. L’aspect communautaire de cet espace est très affirmé dans la MISS Sargfabrik, où les facades intérieures sur les coursives sont complètement vitrées et ces coursives s’élargissent par moment pour former de petites cours miniatures où les habitants ne manquent pas d’installer tables et chaises pour les jours ensoleillés, et où l’espace d’entrée au bâtiment est utilisé comme cour couverte pour diverses occasions. Il est moins utilisé comme espace de vie dans la Sargfabrik, où les circulations sont surtout intéressantes par leur richesse en trajets possibles, permettant d’accéder facilement à toutes les parties du complexe.

L’espace d’entrée et les coursives

L’armoire dans l’espace d’entrée sur l’image avait été déposée là par un habi-tant avec l’inscription “Qui veut de moi? Sinon on vient me chercher samedi.”

IDENTITE

L’aspect identitaire du bâtiment est très réfléchi et basé sur une dualité intérieur-extérieur:A l’extérieur prime le collectif, et ce par différents moyens:−

la couleur unifiante tout d’abord, le comité des habitants ayant choisi l’orange (choix qui s’avéra malencontreux plus tard, la peinture ne résistant pas au soleil et −ayant aujourd’hui tourné au rose saumon sur les façades ensoleillées); les bandes de fenêtres continues n’exprimant aucunement la séparation des logements, les murs de séparation des habitations étant dissimulés par le même métal −que les chassis; la dissimulation, dans la Sargfabrik, de la double hauteur des duplex par un morceau de mur plein là ou aurait pu se trouver un baie vitrée sur toute la hauteur, fait −que l’on ne distingue pas non plus la séparation des logements en hauteur;enfin les balcons sur cour de la Sargfabrik sont placées selon un ordre géométrique abstrait et n’expriment pas non plus la division des logements.−

A l’intérieur l’approche est entièrement contraire, les habitants peuvent, avec l’aide des architectes, choisir entièrement à quoi ressemblera leur intérieur, de la division −spatiale jusqu’à la couleur des joints de carrelage de la salle de bain. L’intérieur exprime l’unicité de l’individu, sa personnalité, ses goûts, ses choix. Aucun intérieur n’est similaire à un autre.

Traitement de la façade Exemple de la liberté totale d’ameublement et de décoration à l’intérieur des logements

Dissimulation de la double hauteur en façade par un pan de mur plein

Equipements communautaires:Mixité, première partie

Une des caractéristiques les plus particulières des bâtiments est la mixité fonctionnelle intrinsèque au projet. En effet les deux complexes sont parsemés d’équipements collectifs. Ces équipements collectifs sont eux-même très variés dans leur fonctions et le public ciblé. Certains équipements, tels le centre culturel, sont utilisables tant par les habitants que les personnes étrangères à la communauté, tandis que d’autres tel la laverie ne sont utilisables que par les habitants.L’entretien de ces équipements est financé par la communauté également, chacun payant sa cotisation mensuelle.

LES DIFFERENTS EQUIPEMENTS ET LEUR ECHELLE D’INFLUENCE

Le centre culturel ‘Sargfabrik Kulturhaus’ a acquis sa place dans la scène culturelle Viennoise, proposant des concerts d’artistes de qualité, autant locaux que de renommée internationale. Tous les membres de la communauté reçoivent en plus une compilation avec un morceau de chaque artiste programmé, et peuvent obtenir une réduction en prenant des places pour plusieurs concerts. C’est aussi l’endroit où le bal annuel de la Sargfabrik, ouvert à tous, a lieu.

Le restaurant-café propose des plats à prix démocratiques et accueille bon nombre de spectateurs du centre culturel après les concerts. Les heures d’ouvertures sont celles d’un café normal.

La salle de réunion peut être louée autant par des membres de la communauté, qui y organisent des évènements variés allant de réceptions à des cours de gymnastique, que par des extérieurs à la communauté. Elle est également utilisée pour les réunions des habitants. Ceux-ci se réunissent régulièrement et règlent alors les éventuels problèmes ou conflits de la communauté.”Un principe important est que nous essayont d’avoir le moins de règles que possible, et que lorsque des conflits entre usagers apparaissent, nous nous réunissons pour en parler et trouver la règle. Mais on ne doit pas avoir de règles pour tout dans un premier temps, aussi de par le fait que l’on ne sait pas comment les usages et les désirs vont évoluer.”

Les bains sont devenus une partie importante de la vie collective malgré leur planification tardive dans le projet -un parking était normalement prévu en sous-sol, mais des places s’étant libérées il fut remplacé par les bains. “Il a été décidé de réduire les espaces privés en faveur des équipements collectifs. C’est une décision qui a été prise collectivement. Par exemple, sauf demande explicite au frais de l’habitant, aucun logement ne dispose de baignoire, uniquement d’une douche, mais nous avons tous accès au complexe de bains.” Il ne s’agit pas d’une piscine à proprement parler mais plutôt un complexe pour le culte de l’hygiène, avec des équipements tel un sauna, une plage artificielle, une salle de massage, un tepidarium...

La garderie se trouve dans un grand logement de la Sargfabrik et accueille autant les enfants de la communauté que les enfants des environs, qui sont d’ailleurs en grande majorité. Elle fait régulièrement usage des bains pour baigner les tout-petits. “Les parents louent aussi parfois collectivement la salle de réunion pour permettre aux enfants de jouer à l’intérieur dans un endroit spacieux.”

La toiture-jardin est un espace inaccessible aux étrangers à la communauté: seuls les membres en possèdent la clé. “Je ne l’utilise pas souvent, mais je pense que c’est un bon endroit pour les gens qui ont besoin d’un moment de détente très silencieux. [...] C’est très rarement surpeuplé là-haut, donc ça remplit bien cette fonction de se trouver dans un espace calme”Une partie y est consacrée à des petites cultures individuelles de plantes diverses, le jardin est planté de flore des alpes, on y organise aussi des petits évènements style barbecue, la vue y est imprenable. Malgré cet accès restreint, une chorale peut y répéter occasionnellement. L’acoustique de cet endroit est en effet fort similaire à celle d’une église -parfois au regret de certains habitants.

La salle de fête de la MISS Sargfabrik était à l’origine déstinée à être utilisée par les jeunes de la communauté pour y organiser des soirées. Malheueusement, cet usage a été rendu impossible à cause d’une isolation sonore défectueuse: le bruit des fêtes passe par la bouche d’aération et se propage dans les étages et vers l’extérieur.La salle à donc été reconvertie en salle de fête pour les enfants résidant dans la Sargfabrik, un groupe musical d’enfants vient y jouer régulièrement. On peut également y faire des projections de films.La salle peut aussi être louée par n’importe qui pour y organiser des petits évènements.

Echelle d’influence des équpements communautaires

Equipement ouvert à tousEquipement local pouvant accueillir des extérieurs à la communautéEquipement réservé au membres

L’espace communautaire multifonctionnel est un espace destiné à l’usage des habitants uniquement -ceux-ci pouvant bien entendu y inviter qui bon leur semble. C’est un espace-sculpture fait de multiples sous-espaces, unis grâce à la pente menant d’un étage à l’autre, permettant une vision d’ensemble de tout l’espace, mais difficile à utilisé car trop raide -par contre les enfants en rafollent. On y trouve une bibliothèque avec sofa, un coin multimédia, une grande cuisine et un espace simultanément salle à manger et salle de projection. En dessous de cet espace sculpture se trouve un espace prévu à l’origine comme espace de travail informatique, pour les habitants travaillant par ordinateur, pais ceux-ci préférant travailler chez eux, cet espace est devenu un petit espace polyvalent utilisé à des fins variées.“S’il y a des points à critiquer, je dirais que l’espace salle à manger aurait pu être plus grand. S’il avait été prévu pour 30 personnes il aurait été parfait. Aussi la bibliothèque aurait pu être plus utilisée s’il n’y avait pas cette sculpture spatiale [...] Je l’aime beaucoup, tout le complexe lié par cette oblique en verre [...] mais beaucoup trouvent que c’est du gaspillage d’espace, que l’on aurait pu faire un bien meilleur usage de la bibliothèque si elle avait une superficie plus importante”

Les laveries sont un autre exemple de la limitation de l’espace privé en faveur du collectif. On en trouve une dans chaque complexe.

On peut rajouter à cela de nombreux espaces extérieurs, qu’ils soient communs à tous les membres où à seulement 2 logements.

Café-restaurant

Café-restaurant

Salle de réunion

Plaine de jeux

Garderie

Centre Culturel

Complexe de bains Laverie

Espace extérieur privatif

Espace extérieur privatif

Toit-terrasse

Espace communautaire multifonctionnel

Espace d’entrée et cour

Salle de fête

Garage et parking à vélos

LOGEMENTS: Mixité, deuxième partie

Les termes “mode de vie intégratif” signifient le désir des membres d’intégrer toutes les ‘secteurs’ sociaux (pour ne pas utiliser le mot ‘classe’, plus courant mais totalement contraire à la vision exposée ici), les secteurs généralement appelés ‘marginaux’ n’étant pas ici consdérés comme un désagrément mais au contraire comme un enrichissement. Ainsi dans la Sargfabrik, trois logements des 73 du projet ont été exclusivement réservées à des personnes à mobilité réduite, ainsi que trois pour des personnes agées et trois pour des réfugiés.Dans la MISS Sargfabrik, en plus de trois unités supplémentaires pour personnes à mobilité réduite, on trouve une communauté résidentielle socio-pédagogique, accueillant des orphelins. Ceci provient du fait que Vienne a fermé ses orphelinats et dispersés les enfants par petits groupes dans des appartements municipaux. La MISS Sargfabrik est le premier bâtiment n’appartenant pas aux autorités à accueilir un groupe d’enfants. Paradoxalement, même les étrangers à la communauté sont inclus dans la communauté par le biais des “flexboxes”, des unités de logement dans lesquelles on peut résider sans payer la cotisation que payent tous les membres de la communauté, et ce pour une période maximale de quatre ans.

PRINCIPES ORGANISATEURS: UN PLAN LIBRE AVEC MURS PORTEURS?

Hormis certaines exceptions, les logements sont basés sur 2 principes de base.Premièrement chaque logement est à la base un module de base démultiplié, pouvant former un logement en soi, ou former un seul et même logement à partir de plusieurs modules. Cette caractéristique est atteinte grâce à une structure particulière: les murs ne sont porteurs que dans certaines parties, on pourrait donc plutôt parler de colonnes allongées incorporées dans un mur. Entre ces colonnes les murs n’ont aucune fonction portante et peuvent donc être perçés selon les désirs de l’habitant.Deuxièmement les logements sont articulés selon un principe de tension-détente par la hauteur sous plafond. Ceci est formalisé différemment dans les 2 bâtiments. Dans le premier, les logements sont en duplex généralement axés Nord-Sud, avec une double hauteur de 4,70m au Sud servant d’espace de vie et deux étages de 2m26 au Nord, contenant les chambres et les pièces humides. La distribution du logement se fait lors de la transition entre l’espace en double hauteur et les deux étages par un escalier et une galerie en mezzanine. Dans le deuxième les logements sont de tailles différentes, la hauteur sous plafond passant de 3m60 dans les espaces de vie à 2m26 dans les autres espaces. La distribution est ici beaucoup plus variée et dépend du type de logement. Il peut ne s’agir que d’un simple resserement de l’espace servant de transition entre l’espace jour et l’espace nuit, ou d’une pente douce descendant vers l’espace jour, augmentant ainsi la hauteur sous plafond, mais on y retrouve aussi la même distribution par escalier et de galerie que dans le premier bâtiment.

Communauté résidentielle socio-pédagogique

Structure portante et dalles de sol de la MISS Sargfabrik

Ce système à pour principal avantage sa flexibilité, permettant de modifier la taille des logements en combinant deux ou trois modules et de définir l’articulation de ces différents modules dans un même logement par le type d’ouverture (porte ou ouverture complète), ainsi que de définir l’organisation des chambres selon les besoins de l’habitant. Seule contrainte supplémentaire: les bouches d’aération, autour desquelles doivent s’articuler les pièces humides.La flexibilité des plans est une aventure qui a souvent été tentée par les modernistes, le discours autour du plan libre mettait fort l’accent sur cette possibilité de modifier les plans à sa guise. En pratique néanmoins, le plan libre n’a que très rarement été utilisé à son potentiel complet en dehors de spéculation théoriques, la modification du plan incluant malgré tout des interventions relativement lourdes dans le bâtiment. La raison pour laquelle cette flexibilité est atteinte dans la réalité dans les bâtiments Sargfabrik et (à moindre mesure) dans MISS, est l’inscription de ces interventions sur le plan dans une chronologie du logement. Les modifications du plan et/ou les combinaisons ou séparations des modules se font lorsque les habitants changent. Ceux-ci redéfinissent alors leur logement et l’organisent selon leurs souhaits. Dans ce processus, les changements de combinaisons de modules peuvent être vu comme difficilement réalisables, ils sont pourtant rendus possibles par la politique de proriété de la coopérative: chaque membre étant copropriétaire de la totalité du complexe, il n’y a pas de propriété exclusive d’un logement à un ‘locataire’ à proprement parler. Ceci permet une bien plus grande liberté en ce qui concerne le changement de surface des logements.Ces interventions dans les logements se font donc lors du changement d’habitant, mais il est important de noter que la population de la Sargfabrik est très stable, il arrive que des membres dont les besoins évoluent échangent leur logement avec un autre membre (par exemple entre les petits logements de la MISS Sargfabrik et les logements unifamiliaux de la Sargfabrik) mais peu de gens quittent définitivement la coopérative. Cela fait donc à peu près deux ans à ce jour que ces grandes modifications n’ont pratiquement plus lieu.

Module de base de la Sargfabrik

Espace jour en double hauteurDistribution centralePièces humidesChambres

Différents exemples de combinaisons de modules de la Sargfabrik et de MISS Sargfabrik

TYPES DE LOGEMENT

Les logements, grâce à ce système modulable et à l’agencement intérieur libre, ne sont jamais deux fois les mêmes. Néanmoins il est possible de mettre en avant différentes typologies.La majeure partie des logements de la Sargfabrik sont constitués des modules en duplex expliqués précédemment, que l’on retrouve dans des combinaisons variées et dont la taille s’adapte aux nécéssités structurelles et à la volumétrie extérieure.Au rez-de-chaussée, 6 modules ont été combinés pour former un habitat partagé. Les 4 modules centraux ont été entièrement reliés pour former un seul grand espace commun, séparé des 5 espaces privés par une bande de pièces humides. Les 2 modules aux extrémités sont plus séparés, et se rapprochent plus de logements individuels, si ce n’est pour le fait qu’ils utilisent également la bande de pièce humides divisant en 2 les 4 modules unifiés, et gagnent ainsi en espace. Cet habitat partagé n’est pas déstiné aux étudiants, mais aux adultes.Le bâtiment qui n’a pas été reconstruit à neuf mais reconverti, contient des habitations plus classique sur un étage. La caractéristique la plus frappante de ce bâtiment est sa ‘double façade’ vers l’intérieur de l’ilôt. Une distance a été créée entre le batiment même et les terrasses des appartements, avec une sorte de passerelle pour accéder à la terrasse. Ceci à deux effets: tout d’abord cela donne l’impression d’un espace extérieur à part entière et non d’un balcon accroché au logement, mais surtout cela dissimule la terrasse derrière l’ascenseur, privatisant celle-ci.En plus de ces différents types de logements, on trouve aussi quelques simplex en dehors du vieux bâtiment, produit de la tension entre la volumétrie extérieure et la géométrie stricte de l’intérieur.

Types de logements dans la Sargfabrik

SimplexDuplex sur 1 moduleDuplex sur 1,5 modules (à coupe en L)Duplex sur 2 modulesDuplex sur 3 modulesHabitat partagéCas particuliers

Vue d’un duplex sur 2 modules

Vue de l’espace commun de l’habitat partagé

Dans la MISS Sargfabrik l’accent a été mis sur la spatialité intérieure, beaucoup plus variée que les modules répétés du premier bâtiment. La transition entre espaces de 2m26 et 3m60 génère des changements de niveaux sculptant fort l’espace. Ces transitions s’opèrent différemment selon les niveaux, provoquant une grande variation en coupe. Cette variation est reprise en plan par la mise en place de murs ‘pliés’ générant des espaces différents en plan également. Le résultat final est que tous les logements sont différents. Cette variation des espaces, ainsi que la taille réduite des logements, ont néanmoins pour conséquence que les plans sont beaucoup moins flexibles que dans la Sargfabrik. Les logements vont du simplex au triplex, et on y retrouve un cas particulier: la communauté résidentielle socio-pédagogique prend 4 modules, c’est à dire tout un étage de l’aile sud, entre l’espace d’entrée et l’espace commun. Cet emplacement a été choisi pour limiter les désagréments provoqués par le bruit que feraient les enfants -mais ce sont finalement les enfants qui se sont plaints du bruit des fêtes dans l’espace communautaire.

Simulations d’un simplex, d’un duplex et d’un triplex

Coupe exploséeVue intérieure d’un logement sous toiture

CONCLUSIONLes complexes de la Sargfabrik sont le parfait exemple pour démontrer qu’un complexe de logement peut réellement devenir une communauté, si l’on inclut cette réflexion communautaire dans toutes les phases du projet, que ce soit la conception, l’aspect fonctionnel ou l’aspect financier. Mais le plus important pour la réussite d’un tel projet est la volonté des habitants à le faire fonctionner. Vivre dans un tel partage avec son voisin et avec une telle ouverture par rapport à celui-ci peut paraitre dérangeant pour certains.

“Je crois que dans une vie, on a plusieurs périodes avec différentes envies. Peut-être ce mode de vie très ouvert marchera très bien pendant 3 ans, et qu’après on se retrouve dans une période de stress où l’on se dit ‘quand je rentre enfin chez moi, je veux être au calme et non au centre d’un va-et-vient constant, de touristes, etc...’ Je crois que ça a un aspect très temporaire [...]. L’autre aspect est que l’ouverture est si évidente ici que des gens qui n’apprécient pas l’ouverture ne choisiraient jamais de vivre ici. Il y a aussi plus haut des appartements qui sont comme des appartements normaux, ou personne ne passe devant chez vous et peut regarder à l’intérieur. C’est un choix que font les gens. [...] Il y a aussi beaucoup de liberté, on a le choix de vivre en communauté ou pas, même s’il est important je crois d’être intéressé et engagé dans cette vie de communauté au moment ou on s’y joint, mais tout le monde est libre de dire qu’il souhaite se retirer pendant une certaine période de temps voire de ne pas participer, personne ne viendra frapper à la porte pour vous dire que ca fait un an que vous n’avez pas participé à un évènement [...] Tout est basé sur cette liberté que l’on a d’être soit très actif, actif dans un domaine bien précis, de n’être que consommateur de ce que la communauté offre ou de choisir pour une certaine période de vivre comme dans un complexe de logements normal. Il n’y a pas d’obligations. Mais je crois qu’à long terme, si l’on perd tout intérêt en la communauté, on la quitte [...]. Si l’on ne tire aucun bénéfice de ces équipements, pourquoi devrait-on les payer et en porter la responabilité? Et comme on n’est pas propriétaire, on ne peut ni vendre son logement ni le léguer à ses enfants. Si l’on n’est pas interessé par la communauté, ce n’est pas bénéfique de rester ici.”

BibliographieOUVRAGES

-WÄCHTER-BÖHM, L., BKK-2, collection Architektur Aktuell, Springer Verlag, Autriche, 1997

ARTICLES

-WEH, Virtus H., “Complesso residenziale Sargfabrik, Vienna”, in Domus, no. 809, 1998, Italie, p. 34-39

-HUBELI, Ernst, “Neighbourhood layout - Sargfabrik housing in Vienna”, in Werk, Bauen & Wohnen, No. 1/2, 1999, Angleterre, p. 4-13

-TRELCAT, Sophie, “‘Miss Sargfabrik’, logements communautaires Vienne, Autriche”, in Architecture d’aujourd’hui, No. 336, 2001, France, p. 38-40

-DIDELON, Valery, “Ende der Avantgarde?”, in Werk, Bauen & Wohnen, No.88/55, 2001, Suisse, p. 27-33

-DANA, Karine, “Ensemble de logements, Vienne, Autriche”, in Moniteur architecture AMC, No. 117, 2001, France, p.62-65

-” Miss Sargfabrik, Vienna 1998-2000”, in A&U, No.5, 2002, Japon, p.126-139

-BULLIVANT, Lucie, “Home front: new developments in housing”, in Architectural Design, Vol. 73 no.4, 2003, Angleterre, p.7

-LOOTSMA, Bart, RUBY, Andreas & RUBY, Ilka, “Special issue. BKK-3.”, in 2G, No.36 (4), 2005, Espagne, p.4-45

SITES INTERNET

www.bkk-3.comwww.sargfabrik.at

AUTRES

conversations avec:

EICHER, Christoph (BKK-3)KRISCHMANN, Tina (BKK-3)SUMNITSCH, Franz (BKK-3)KONECNY, Felicitas (habitante de la Sargfabrik, conseillère en architecture, auteur de toutes les citations dans cet ouvrage)CORAZZA, Dominik (habitant de la MISS Sargfabrik)

Un grand merci à ces personnes pour leur temps et leur aide indispensable.