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Réalisé par l’office de tourisme de Blérancourt Avril 2010 ET SON BLERANCOURT HISTOIRE

Histoire de Blérancourt

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Livre relatant les principaux événements du Bourg de Blérancourt patrie d'adoption du révolutionnaire Saint-Just et d'Ann Morgan héritière des banques JPMorgan.

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Page 1: Histoire de Blérancourt

Réalisé par l’office de tourisme de BlérancourtAvril 2010

ET SONBLERANCOURT

HISTOIRE

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UNE PAGE D’HISTOIRE

LE NOM : SON ORIGINE

O n suppose qu’il est issu du nom du premier propriétaire qui s’y installa suivi comme

de coutume d’un suffixe, ici :CORTIS ou CURTIS (cour de ferme).Au XIème siècle, le village est désigné s o u s l e n o m d e « B L A R E N C U R T I S » Puis évolue au cours des siècles en :

BLERICURTIS XII°

BLERICURTUM XIII°BLERENCURTIS XIV°BLERENCOURT XV°

BLERANCOURT XVI°

LE BLASON : SON ORIGINE.

L ouis POTIER, riche bourgeois, duc de GESVRES par sa mère, fut acquéreur du domaine de Blérancourt en 1595.

C’est à cette époque qu’il adopta les armes de sa mère et attribua au marquisat de Blérancourt : « un blason d’azur à deux mains dextres d’or au franc quartier échiqueté d’argent et d’azur ».Les POTIER étaient depuis plusieurs générations une famille de puissants marchands de fourrure, nommés à plusieurs reprises à la prévôté des marchands de Paris.C’est la raison pour laquelle figure en haut à gauche du blason le damier argent et azur propre à la corporation des Pelletiers.Pour les mains, la tradition veut que ces deux mains droites soient celles des deux frères POTIER morts les armes à la main au service de leur roi et de leur pays et anoblis de ce fait à titre posthume.Les griffons, empruntés aux armes de Charlotte de VIEUX-PONT ont été ajoutés ensuite par Bernard POTIER.La croix de guerre enfin, a été conférée au bourg après la grande guerre. Elle a été placée à la base du blason.

Ce petit historique du Bourg de Blérancourt a été réalisé en collaboration et à partir de documents extraits

de plusieurs ouvrages dont voici la liste.

Bibliographie : Le Bourg de Blérancourt, de Charles Dessin, Saint-Just de Bernard Vinot, extraits des archives du diocése de Soissons, des Américains

en Picardie au service de la France dévastée du Musée National de la Coopération Franco-Américaine de Blérancourt, Mémoire du Soissonnais

de la Société Archéologie Scientifique et Historique de Soisssons.

Rédaction et recherches : Patricia Martin, Hervé Paturè de l’office de tourisme de Blérancourt.

Crédits photos : Photos extraits du fond Ann Morgan, Hervé Paturè, Julie Zupancie, archives communales de Blérancourt.

Imprimé par nos soins à l’office de Tourisme de Blérancourt

Conception et mise en page Hervé Paturè.

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L orsqu’on pénètre dans Blérancourt, séduit par l’accueillante coquetterie du

Bourg, on reste tout d’abord sous le charme prenant de cette petite cité calme et gaie, aux rues larges, propres et bien percées, aux claires maisons accolées par leurs pignons coupés en gradins ou perdues dans une abondante frondaison, où tout respire une agréable et modeste aisance.Puis lorsqu’on y découvre les ruines restaurées d’un luxueux château du XVII ème siècle abritant un musée historique, les tourelles d’un vieux fief du XVI ème servant d’hospice, la veille église paroissiale au portail Renaissance, les vestiges d’une ancienne maladrerie en couvent et maints autres témoins d’un passé qui remonte aux premiers temps de l’histoire , cette impression se double d’un légitime sentiment de curiosité que l’esprit le moins sensible aux choses d’antan cherche aussitôt à satisfaire.

S itué dans le quadrilatère jalonné par Soissons, Noyon, La Fère et Laon, dans cette région de la Haute Picardie où, suivant l’expression

de Michelet, semble entassée l’histoire de l’antique France, le bourg de Blérancourt se trouve adossé, par le nord, aux collines qui séparent le bassin de l’Aisne de celui de l’Oise. Il fait face à ce merveilleux cirque que forme l’élargissement de la vallée de l’Ailette à son confluent avec l’Oise et que limitent successivement les collines de Picardie bordant le bassin de la somme, le massif de Saint-gobain avec ses deux satellites, les haute et basse forêts de Coucy, et enfin la montagne de Soissons aux verdoyants plateaux découpés par de multiples et profondes vallées.

Vue générale de Blérancourt aujourd’hui.

Vue du Château depuis les jardins.

TABLE DES MATIèRES

Une page d’histoire..........................................1, 2.

Blérancourt aux premiers âges........................ 3.

La période gallo-romaine...................................3.

Ancien emplacement du bourg.......................4.

Sous la Gaule Franque.........................................5.

Pendant le Moyen-Âge........................................6.

Pendant les Temps-Mordernes.........................7.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles........................8, 9, 10.

Blérancourt avant 1798..............................11, 12.

La Révolution à Blérancourt..............12, 14, 15.

Epoque contemporaine....................................16.

La période sombre de Blérancourt........17, 18.

Anne Morgan et le Château au XXe siècle........................................................ 18.

Le pavillon Florence Gould..............................19.

L’aide humanitaire pendant la première guerre mondiale........19.

L’Escadrille Lafayette..........................................20.

La maison de Saint-Just....................................21.

L’Hospice des orphelins, L’I.M.E.............. 22, 23.

L’Hôtel de Ville..................................................... 24.

Les églises..................................25, 26, 27, 28, 29.

Les personnages célèbres.........................30, 31.

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BLéRANCOURT AUx PREMIERS âGES

C ette étendue était jadis entièrement couverte de bois abritant, dès l’époque préhistorique, aux âges de la pierre et des métaux, les

peuplades nomades qui s’attardèrent sur son sol et constituèrent plus tard les premières tribus gauloises. Celles-ci en commencèrent le défrichement par une clairière (Cotia en celtique, Cociacum ensuite) qui donnera son nom un village , Coucy la ville, qui peut-être considéré comme le plus ancien de la

région, son origine remontant à plusieurs siècles avant JC.Si l’on n’a pas rencontré à Blérancourt même des

traces d’une période qui se perd dans la nuit des temps, les haches taillées trouvées au Mont Midi, entre Blérancourt et Saint-Aubin, atelier de pierre polie authentifié à Vassens,

à quelques kilomètres, et la tombelle gauloise encore existences à Gizancourt, proches de Camelin,

permettent de supposer que le Bourg était déjà habité à l’époque néolithique, et plus sûrement sous l’ancienne Gaule, bien

avant l’apparition de César.

LA PéRIODE GALLO-ROMAINE

A près la conquête de la gaule et sa réorganisation administrative par les romains, la région de Blérancourt fut rattachée au «Pagus codiciaus »

ayant pour chef-lieu Coucy, seul oppidum (château fort) susceptible de la prendre sous sa protection et dépendant lui-même de Soissons (Civitas Suessionnum), une des douze cités divisant la province gauloise dite « Belgique Seconde ». Les nécropoles gallo-romaines découvertes à Blérancourt même, entre la route de Coucy et la croix Saint-pierre, puis à Blérancourdelle et à Lombray témoignent d’ailleurs, à défaut de faits précis, que cette région avait, depuis longtemps déjà bénéficié de la civilisation romaine implantée en Gaule en même temps que le Christianisme naissant.

Nécropole Gallo-romaine.

E n 1917, Anne Morgan, fille de l’illustre banquier américain John Pierpont

Morgan, s’engage en faveur des populations civiles françaises. Pour qu’elle puisse mener à bien cette’ mission, l’armée française lui confie le domaine de Blérancourt. Après la guerre, Anne Morgan reste à Blérancourt pour participer à la reconstruction de la Picardie. Par ailleurs, elle rachète progressivement des parcelles de terrains et reconstitue le domaine du château pour présenter au public les collections qu’elle

a rassemblées. En 1924, Anne Morgan et son amie Anne Muray Dike ouvrent un musée historique franco-américain dédié au souvenir de la participation française à la guerre de l’Indépendance américaine. Cinq ans plus tard, Anne Morgan fait don du château au village de Blérancourt.

En 1931 naît le musée national de la Coopération franco-américaine.

T ristan Rémy, (de son vrai nom : Raymond Desprez) est né à Blérancourt en 1897.

C’est au retour de la guerre de 1914-1918 qu’il commença sa carrière littéraire, publiant des poèmes ainsi qu’une dizaine de romans dont Faubourg Saint-Antoine qui fit de lui en 1936 le premier lauréat du Prix populiste. Passionné par le cirque et le music-hall, Tristan Rémy s’est voulu « chroniqueur des spectacles populaires ».Il poursuivit de très sérieuses recherches historiques sur l’art clownesque et publia en

1945 les Clowns , ouvrage qui n’a eu d’équivalent dans aucun autre pays.A ce titre, Tristan Rémy, historien et chroniqueur, apporta en France une contribution personnelle à l’art clownesque contemporain.

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C laude-Nicolas Le Cat naquit à Blérancourt le 6 septembre 1700. S’étant tout d’abord

destiné à la prêtrise, il suit rapidement les traces de son père et devient chirurgien en chef de l’Hôtel Dieu de Rouen et fondateur de l’Académie des Sciences de Rouen.Introducteur en France de l’extraction de la pierre vésicale, il est connu dans toutes les académies du monde.Une rue porte désormais son nom dans le centre du village.

S aint-Just est né à Decize (Nièvre) en 1767, où il y passe sa petite enfance ; mais c’est surtout à Blérancourt où sa famille s’installe en

1776 et chez les Oratoriens de Soissons où il fait ses études, qu’il réfléchit et acquiert sa personnalité. Son engagement dans la Révolution dès 1789 est dans le droit fil de sa jeunesse active.

I l entre à la Convention et à 25 ans, il est le plus jeune député de l’assemblée.

La carrière politique de Saint-Just est brève (1792-1794) mais extraordinairement féconde.Son talent, ses convictions, son désintéressement et le dévouement qu’il témoigne aux plus humbles en font une figure emblématique de la Révolution. Lors de la crise de thermidor, il tente, avec Barère, de rétablir la concorde au sein des comités, néanmoins il sera pris à partie dans la nuit du 8 au 9 thermidor par Billaud-Varenne

et Collot d’Herbois. Il sera guillotiné le 10 thermidor avec ses compagnons, Robespierre, Couthon.....

LES PERSONNAGES CéLèBRES DE BLéRANCOURT

ANCIEN EMPLACEMENT DU BOURG

B âti sur la voie romaine s’embranchant à pasly sur la chaussée Brunehaut, et reliant Soissons

à Noyon, dénommé autrefois « Blarencurtis » puis, « Bléricurtum », Blérancourt n’occupait pas jadis, sur le terroir, son emplacement actuel. Le long d’un vieux chemin, dit la « rue à Leups », gravissant les coteaux boisés au sud-est de Blérancourt pour mener à Saint-Aubin, on retrouve en effet quelques débris

de construction antique ; proche son débouché sur le plateau, au lieu dit « Les Nonettes » on découvre aussi, sous les ronces, les fondations d’un très ancien couvent dont on ne sait rien d’autre que le nom qu’il a laissé à cet endroit ; enfin on prétend qu’une antique chapelle, dédiée à Saint-pierre , aurait jadis existé à proximité de la croix qui jalonne sur Blérancourt le départ de la rue à leups et aurait hérité de son vocable.

O n en conclut, non sans raisons, qu’autrefois le village était

bâti autour de ces vestiges , que plus tard les maisons vinrent se grouper autour de l’église actuelle et ensuite en avant du château construit par Bernard Potier, Duc de Gesvres et marquis de Blérancourt. Cette présomption se justifie par le fait que l’agglomération principale du bourg occupe la partie ouest du terroir touchant à Camelin, sur le territoire duquel on entre dès qu’on a dépassé les dernières maisons de cette côte.

Suite à de récents tra-vaux de terrassement pour la réalisation d’une grande galerie d’exposi-tion au château, la dé-couverte lors de fouilles archéologiques, d’ancien-nes fondations, on établi qu’un château fort de la famille Lanvin, devait se trouvait dans le bas bourg, il est donc possible qu’une partie du village devait se trouver près de cet édifice du xVIe siècle au lieu-dit Basincamp.

Pavés de chaussée romaine.

Ancienne situation présumée du Bourg

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SOUS LA GAULE fRANqUE

M oins d’un siècle après l’organisation de la gaule

romaine, en 431, les Francs envahirent le pays. Clovis, après avoir battu Syagrius sur les hauteurs de Crécy au mont, qu’on aperçoit à l’est de Blérancourt, reçut en partage Soissons et le pagus codiciasium. Il s’installa à Coucy en 486 et devint ainsi le premier seigneur ayant autorité souveraine sur Blérancourt.

S aint-Rémy, qui avait reçu en don de Clovis de la terre

de Coucy la légua à sa mort, en 538, à l’église de Reims qui en jouit pendant plusieurs siècles, bien qu’elle fut souvent le théâtre de conflits sanglants entre les successeurs de Clovis. De nombreux histor iens prétendent, à cet effet, que c’est à Saint-Paul-aux-bois, à quelques kilomètres au nord est de Blérancourt, qu’en 593, dans la bataille du Brennacum, les neustriens, rassemblés dans les bois de Quierzy et de Brétigny

sous les ordres de Frédégonde et de Landry, surprirent et mirent en déroute les armées d’Austrasie et de Burgondie, commandées par Brunehaut, venant de Soissons. Plus de 30.000 hommes restèrent sur le terrain de la lutte qui déborda sur Blérancourt, Saint-aubin et Trosly, et se continua par la poursuite des vaincus jusqu’en Champagne.

Clovis le Roi des francs à Soissons.

L’EGLISE SAINTE MARIE-MADELEINE.

L ’église Sainte Marie-Madeleine est située au sein du hameau de Blérancourdelle. Plus récente que l’église Saint-Pierre-es-Liens,

probablement du XVIIIe siècle, cet édifice religieux, de taille modeste, se caractérise d’emblée par son style simple et notamment son ambiance intérieure particulière, liée à l’équilibre des proportions architecturales.

L a lumière y pénètre grâce à neuf verrières, en plein cintre, abritant

un vitrail figuratif. Ces vitraux, œuvres de Raphaël Lardeur, comportent une originalité, à savoir l’intégration de la statuaire habituelle aux églises locales dans le thème de chacun d’entre eux.

P ar ailleurs, l’influence du style Art-Déco s’y manifeste, comme dans les trois vitraux de l’abside. Ce remarquable ensemble a heureusement

bénéficié d’une complète restauration en 2005, dans un esprit fidèle au projet initial (à l’exception toutefois du nouveau visage de Notre-Dame de Lourdes).

O n remarquera aussi les nombreuses inscriptions murales gravées, ainsi que les traces de clous que les pélerins et voyageurs ont laissé sur les

murs extérieurs de l’édifice, pour solliciter les bonnes grâces de la Sainte.

L’église de Blérancourdelle.

Vitraux de l’église de Blérancourtdelle.

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A près l’armistice de 1918, au cours de la restauration de l’église, grâce à des dons,

elles purent être rapidement remplacées. L’une d’elles s’appelle LOUISE, en l’honneur de Saint-Louis, patron de l’Ile-Maurice (poids : 930 kg). C’est grâce à cette Ile lointaine que la restauration de l’église put être entreprise.

L a seconde s’appelle ANNE et rappelle aux échos d’alentour l’oeuvre admirable du

Comité Américain (poids : 660 kg). La troisième nommée HENRIETTE fut offerte par des femmes américaines et françaises, en l’honneur des combattants des deux nations et des enfants de Blérancourt morts pour la France (poids : 465 kg). Leur baptême eut lieu le 2 octobre 1924.

L a quatrième cloche, de taille plus modeste, est toutefois la plus ancienne, offerte en 1921

par une citoyenne américaine en souvenir de son mari, officier, mort au champ d’honneur.

Cloche avant sa mise en place.

Procession de la cloche.

Messe de bénédiction des cloches de Blérancourt avant leurs mise en place.

PENDANT LE MOyEN-âGE

O n manque de précisions sur le sort de Blérancourt à l’avènement des premiers Capétiens, en 732. Situé entre Quierzy sur Oise, dont

Charlemagne avait fait l’un de ses séjours favoris, et Trosly-Loire, où il possédait, prétendent d’aucuns, une villa (Carbin) où il fut probablement, pour cette raison, incorporé quelques temps dans le domaine royal.

Il passa ensuite, vers le commencement du Xème siècle, avec la terre de Coucy, sous la domination des Comtes de Vermandois. Puis après une restitution momentanée à l’église de Reims, qui le rattacha à sa seigneurie de Pierrefonds. Il tomba vers la fin du même siècle ou au début

du suivant, entre les mains du premier des Enguerrands de cette fameuse lignée des sires de Coucy.

L a terre de Blérancourt resta sous l’autorité de ces derniers jusqu’en 1230, époque à laquelle elle passa, probablement par acquisition, en

la possession d’Eilbert de Fontaine qui devint ainsi seigneur de blérancourt, premier d’une famille qui conserva ce titre jusqu’en 1415. Pendant cette période le bourg avait reçu, sous le contrôle des officiers seigneuriaux, sa première organisation administrative, conséquence de l’émancipation des classes inférieures et de l’octroi des franchises communales.

L e seigneur avait néanmoins gardé autorité sur quelques banalités, tel le vieux moulin (bannier pour les habitants de Blérancourt et de Lombray

à peine de confiscation des animaux et de la farine), existant encore, dont le tic-tac se faisait entendre bien avant 1276. De même il avait gardé le droit de surveillance sur la maladrerie, bâtie sur la route de Chauny, qui avait ouvert ses portes aux malheureux lépreux dès l’an 1300 environ.

Villa Mérovingiènne typique du nord de la france.

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PENDANT LES TEMPS MODERNES

E n 1415 le domaine de Blérancourt passa à la famille des Launay. Puis en 1480, il échut par acquisition à Louis de Lanvin, premier de ce nom

ayant recueilli le titre de Seigneur de Blérancourt. Ce fut sous son fils et successeur, Guillaume de Lanvin, et à sa sollicitation, que François 1er, par une ordonnance datée de Compiègne en 1527, accorde aux habitants de Blérancourt l’établissement de deux foires annuelles, le 14 février et le 14 septembre et d’un marché franc les lundis de chaque semaine qui s’est tenu sans interruption jusqu’au milieu du XIXe siécle.

C ’est aussi sous ce seigneur que fut reconstruite l’église actuelle édifiée sur l’emplacement d’une autre datant XII ème siècle. Le portail

Renaissance porte en effet la date de 1537 et, parmi les naïves sculptures qui le décorent, on reconnaît les armes des Lanvin et celles des de Sanguin, famille de l’épouse de Guillaume. Les deux pierres tombales qui encadrent la porte principale ont été retrouvées, en 1840 sous le dallage de l’église et scellées là où on les voit actuellement. Les bas-côtés et les voûtes sont de 1620, au temps de Bernard Potier et de Charlotte de Vieux-Pont dont les restes mutilés reposent dans le caveau de l’une des chapelles. Le monument, qui avait beaucoup souffert de la guerre de 1914-1918, a été réparé par les soins des beaux-arts, lesquels ont substitué la flèche actuelle à l’ancien clocher datant de 1787 qui avait été détruit.

J ean de Lanvin, qui termine la série des seigneurs de ce nom, avait hérité du domaine de Blérancourt en 1563. L’historien Melville prétend que ce

dernier était en 1591 aux mains de Jean Charles de Miremont-Berrieux qui ne l’aurait conservé que peu de temps. Il apparaît, en effet, d’un constat daté du 31 janvier 1595, que le possesseur du domaine était alors Messire Olivier du Plessis, seigneur du Champ-Chabot, qui, par voie d’échange, le céda à Louis Potier de Gesvres, Baron puis comte de Tresmes, Pair de France, qui joua un rôle important sous les règnes de Henri III et Henri IV.

Guillaume de Lanvin serait ce Gisant.

A gauche de l’église, dans un simple jardinet, repose le corps de Miss Anne MURAY-DIKE, citoyenne américaine, Présidente du

Comité Américain pour les Régions Dévastées, décédée à PARIS le 8 février 1929.Son tombeau, très simple, est placé entre deux contreforts de l’église, le chef contre le temple et les pieds face au château de Blérancourt, résidence de l’ancien Comité Américain. Une plaque de marbre, scellée dans le mur de l’église, reproduit la citation à l’ordre de la Nation dans laquelle est résumée la grande œuvre de cette noble amie de notre pays. Elle avait souhaité reposer dans ce coin de France. « Souvenons-nous et honorons-la toujours »

C omme nous allons le voir, les Blérancourtois n’ont jamais eu beaucoup de chance avec les cloches de leur église.

En 1787, le 15 juillet, est adoptée une délibération paroissiale selon le désir de la population pour recevoir de nouvelles cloches. Ces cloches furent fondues par sieur CAVALLIERS, fondeur à CARREPUIS, prés de ROYE (Somme). Au cours de la révolution, quatre ans après, en 1791, conformément aux décisions de l’assemblée nationale, deux d’entre elles furent transportées à LILLE, puis fondues et transformées en monnaie à l’effigie de la liberté.

E n 1852, on décida de pourvoir au remplacement des deux cloches disparues, au côtés de la plus anciènne J0SEPHINE-THERESE. Elles

reçurent en baptême les prénoms répectifs de, VI R G I N I E - A L I N E - L O U I S E et JEANNE-M E D A R D I N E - L O U I S E . Survint l’invasion de 1914-1918, les cloches de toutes les paroisses des pays envahis furent enlevées, expédiées en Allemagne, fondues et utilisées pour la fabrication d’engins de guerre.

L’église à la libération en 1918.

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L es dommages liés à la guerre 1914-1918 n’ayant pas épargné le bâtiment, la restauration, précédant le classement à l’inventaire des

monuments historiques en 1921, s’accompagne d’une transformation du clocher à la croisée du transept, désormais davantage élancé. Les trois verriè-res de l’abside rappellent au visiteur la dédicace de l’église. Le vitrail central (1926) évoque la libération de Saint-Pierre alors emprisonné, dans une fi-dèle illustration du livre des actes des apôtres (véritable œuvre de catéchèse, dans l’esprit de l’art du vitrail). Les vitraux latéraux (1937) relatent la vocation de l’apôtre PIERRE et son rôle de premier pape dans l’histoire de l’Eglise.

L es vitraux situés dans les deux tran-septs, par leur dessin plus moderne,

font plutôt appel à la suggestion. En 1938 est installé dans le transept SUD (où sont inhumés Bernard POTIER et son épouse) un vitrail illustrant la mission pastorale (avec le thème du BON PASTEUR). Le vi-trail illuminant le transept NORD, béni en 1989, à la facture indiscutablement contemporaine, suggère quant à lui le geste charitable de Saint MARTIN. Le long des murs intérieurs et des piliers anciens (non détruits durant la première guerre mondiale) court une bande noire

sur laquelle se détache le pennon généalo-gique des GESVRES et TRESMES (en rapport avec leur droit de listre).

N ous ne pouvons quitter l’église sans toutefois remarquer la tourelle SUD, transformée en chapelle dédiée à Saint JOSEPH

et abritant toujours les anciens fonts baptismaux (la forme octogonale du baptistère en rapport avec la symbolique chrétienne). Par ailleurs, le beau chemin de croix, œuvre de J. GAUDIN, élaboré au début du XXe siècle, mérite également notre attention : le recours à la mosaïque et au tracé épuré des lignes accentue admirablement l’atmosphère particulière de chacune des stations.

Détail du chemin de croix.

Les vitraux du choeur de l’église.

AUx xVII èME ET xVIII èME SIèCLES

L ouis Potier, bien avant sa mort survenue en 1630, avait partagé quelques-uns de ses nombreux domaines entre ses trois fils. C’est

ainsi que le cadet, Bernard Potier, passa titulaire de la seigneurie de Blérancourt érigée en marquisat, où il a laissé de nombreuses traces de sa munificence, de ses libéralités et surtout de son impérissable charité.Comme on le verra d’autre part, Bernard Potier, qui avait épousé Charlotte de Vieux Pont, qui fut pour lui une collaboratrice dévouée et souvent une inspiratrice, fit construire, en 1612, le fastueux château dont les admirables vestiges laissent encore aujourd’hui l’impression du goût artistique qui dirigea sa construction.

L e château était à peine achevé, qu’il créa, dès 1616, sur l’emplacement de la maladrerie existante alors, un couvent de Pères Feuillants qu’il

dota richement et qui subsista jusqu’à la révolution. Vendu en 1790 comme bien national, le couvent passa entre plusieurs mains : une filature installée dans ses bâtiment en 1821 y fut exploitée jusqu’en 1830. A cette époque, l’enclos des feuillants fut transformé en une agréable propriété que les Allemands détruisirent pendant la Grande guerre. Des constructions modernes ont remplacé celles qui rappelaient l’ancien monastère dont il ne reste que quelques vestiges et entre autres la vieille porte monumentale donnant accès sur la route de Chauny.

Vue générale du couvent des feuillants.

Le Château de Blérancourt vers 1650.

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B ernard Potier, malgré les faveurs et les honneurs dont il fut comblé à la cour de France, prit prétexte de la mort de Henri IV pour se retirer

dans sa terre de Blérancourt qu’il affectionnait particulièrement. Il s’appliqua à l’embellir et à la doter d’œuvres utiles pour le plus grand bien-être de ses habitants et le développement de son commerce naissant. Aidé et conseillé par sa femme, il y attira des artistes, des savants, des écrivains et créa, dans sa

magnifique demeure, un centre intellectuel dont l’ambiance semble avoir profondément imprégné les ruines restaurées, si l’on en juge par les manifestations artistiques qui y sont organisées chaque année.

C harlotte de Vieux-Pont mourut en 1645. il lui fut ainsi épargné la

douleur d’assister, le 14 juillet 1652, au pillage du château, du couvent et du village de Blérancourt par un fort détachement espagnol venu de Chauny. Celui-ci, en passant, avait aussi ravagé Camelin, son château et sa vieille église du XIème siècle et ne fut arrêté que devant le manoir de Saint-Aubin, dont on aperçoit encore les ruines de la chapelle, gardé par une troupe du roi louis XIV.

B ernard Potier, à son tour décéda en 1661 sans laisser d’enfants. Par testament daté du 8 juin de la même

année, il institua sa nièce, Anne Madeleine de Tresmes, sa légataire universelle, à charge par elle de satisfaire aux dons qu’il réservait à ses anciens serviteurs et aux pauvres. Elle devait en outre réaliser la fondation d’un hospice d’orphelins qu’il n’avait pu mener jusqu’au bout. Il avait acheté, a cet effet, le vieux fief de Fourcroy, situé en face de la route de Coucy et qui seul a résister jusqu’aujourd’hui au temps et aux révolutions.

Ruine de l’ancien manoir de Saint-Aubin.

Bernard Potier.

Le Blason des Potier de Gesvres.

L’EGLISE SAINT-PIERRE-ES-LIENS.

L ’égl ise S A I N T- P I E R R E - E S - L I E N S , a bénéficié, au long des siècles, de

transformations successives pour revêtir son aspect actuel.L’édifice a surgi de terre grâce à l’impulsion de Guillaume de LANVIN, alors seigneur de Blérancourt. La décoration extérieure du portail central, de style renaissance en porte d’ailleurs la signature : datant de 1537, y figurent les armes de la famille de LANVIN et de la famille de SANGUIN (d’où est issue l’épouse

de Guillaume.) Le chœur et la nef centrale sont les parties les plus anciennes du bâtiment tandis que les deux bas côtés datent de 1620 (aménagés grâce à Bernard POTIER et Charlotte de VIEUX-PONT, sa femme). Plus tard, viendra en 1740 l’aménagement du chœur. En 1847 sont découverts deux gisants dans le cimetière (représentant probablement Guillaume et Jean de LANVIN, ultérieurement scellés dans une position alors verticale (surprenante et à priori illogique pour ce style de sculpture), de part et d’autre du portail central, lui apportant ainsi une note originale voire insolite. Le clocher initial (1740-1771), davantage massif, laisse place désormais à une flèche élancée, recouverte pour la circonstance en ardoises.

L ‘ abside comprend deux niches pratiquées dans l’épaisseur des murs:l’une d’elles contient un reliquaire provenant de l’ancien couvent des

Feuillants. Dans le Choeur, scellée contre le pilier de gauche, une plaque funéraire indique le tombeau de Robert de FOURCROY, décédé le 8 juillet 1628, probablement propriétaire du fief de FOURCROY devenu Hospice d’orphelins. Symétriquement, sur le pilier de droite une autre pierre tombale porte la mention, en partie effacée : Messire Michel LANGLET, ancien curé de la paroisse, décédé en 1632.

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C ette ancienne demeure a conservé l’attrait des manoirs du XVI ème siècle avec sa porte monumentale, son pignon dentelé, ses tourelles

et ses poivrières surplombant la grande rue de Blérancourt. L’institution de Bernard Potier y a fonctionné jusqu’à la grande guerre et, après les réparations qu’elles nécessite, elle va reprendre son rôle charitable.

A Madeleine de Tresmes, décédée en 1705, succédèrent successivement Rosalie Potier, puis Louis Léon Potier et enfin Louis Joachim Paris Potier

de Gesvres qui fut mis en possession du Marquisat de Blérancourt en 1768. Sa situation de fortune étant devenue précaire, il fut mis dans l’obligation de s’en défaire. Par acte notarié du 6 novembre 1783, le château de Blérancourt fut vendu à Jean Jérôme Grenet, seigneur de Marquette en Ostrevent, demeurant a Lille. Il ne le conserva que quelques années et mourut en 1789, laissant sa succession à son fils Jérôme Joseph au moment même où éclatait l’orage qui devait emporter, dans des flots des larmes et de sang le régime royal et féodal et instaurer en France la souveraineté nationale.

L’entrée du Moulin vert avec sa porte monumentale entourée par des tourelles en poivrières.

Bernard Potier de Gesvres.

L’HôTEL DE VILLE

L ’ancienne halle, bâtie par les seigneurs de Blérancourt, se trouvait sur le même emplacement que l’hôtel de ville actuel et en avait les mêmes

dimensions. Elle se composait d’une énorme charpente couverte en ardoises, et reposant sur les piliers ronds en pierre du pays. Sur le devant, contre le pignon percé de deux fenêtres et soutenu par trois de ces piliers, était la salle commune ou mairie : celle-ci s’étendait sur le quart environ de la longueur et on y accédait par un escalier fermé en bois partant du dessous de la halle.

L a salle commune était surmontée d’un clocheton, avec une horloge à trois cloches

disparue depuis longtemps. La plus grosse de ces cloches servait à annoncer les heures d’ouverture et de fermeture des marchés et à appeler les habitants aux réunions et aux fêtes populaires. Sur le haut du pignon, une inscription peinte sur trois pierres en saillie, quoique très effacée ,rappelait la formule du serment civique de 1792 : « Vivre libres ou mourir ». Au fond de la halle était le corps de garde, la prison et une réserve des produits e t du matériel des marchés.

E n 1848, cette construction menaçait de s’effondrer. Elle fut rasée et remplacée sur

l’initiative de M. Dauthuille-Dutailly, maire à cette époque, par l’hôtel de ville actuel. Les sculptures de son pignon rappellent la nature des échanges qui se faisaient sur les marchés de Blérancourt alors très fréquentés. L’étage est entièrement affecté aux services municipaux et son clocheton réédifié est maintenant muni d’une horloge à sonnerie. Cet édifice a eu à souffrir de la guerre 1914-1918. Sa reconstruction est achevée, avec la modification de l’escalier accédant à la mairie : il part de l’extérieur, alors qu’en 1914 il prenait pied sous la halle.

La Mairie avant la guerre de 1914/ 1918.

La Mairie aujourd’hui.

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Page 14: Histoire de Blérancourt

BLéRANCOURT AVANT 1789

La population primitive de Blérancourt et de ses environs était essentiellement

agricole, ajoutant au travail de la terre, l’exploitation des bois et des carrières de pierre. Plus tard, à l’exemple de la Champagne, elle se livra en grand à l’élevage du mouton : il se créa bientôt, pour la filature et le tissage de la laine, des autres textiles provenant de cultures et voire même du coton, des industries familiales dont les produits alimentaient, concurremment avec tous autres, les marchés de Blérancourt institués, nous l’avons vu, en 1527, par François 1er. L’importance de ces marchés nécessita bientôt une organisation qui fut facilitée par le regroupement des maisons devant le château construit par Bernard Potier.

Le seigneur, tout en se réservant certaines redevances en espèces ou

en nature, fit construire, sur l’emplacement de l’hôtel de ville actuel, une halle sous laquelle s’abritèrent les marchands et dont l’étage fut réservé aux réunions des officiers seigneuriaux et municipaux. Il accrut la puissance du moulin à farine par l’appoint des eaux de Cavecy canalisées à travers le bourg, fit creuser trois puits banniers pour l’alimentation de la nouvelle agglomération en eau potable, remit en état le pressoir et le tordoir banniers, etc.

Détails du fronton de l’Hôtel de Ville.

D ésireux de voir se poursuivre l’œuvre de Bernard Potier, les adminis-trateurs de la fondation contactèrent les responsables de l’association

« LE MOULIN VERT », association nationale née en 1902 qui gérait une douzaine d’établissements. A la demande des autorités administratives du département, le moulin vert créa en 1959, dans les locaux de la fondation, un Institut Médico-Pédagogique. S’adap-tant aux besoins, celui-ci connut diverses évolutions d’agréments.

A ujourd’hui, malgré un grave incen-die qui détruisit une grande partie

de la toiture en 1990, l’institut médico-Educatif le moulin vert de Blérancourt après sa rénovation accueille 45 garçons et filles de 6 à 17 ans en difficulté et pour-suit, en ces murs vénérables, l’œuvre bienfaisante fondée par Bernard Potier.

Intérieur de la cour du Moulin vert avec les pavillons reconstruits.

Chapelle dans la cour du Moulin vert.

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Page 15: Histoire de Blérancourt

L’HOSPICE DES ORPHELINS, L’I.M.E., LE MOULIN VERT

« … Je donne 4000 livres de rente à prendre sur tous mes biens pour être la Fondation d’un Hôpital que je veux et prétends être basti établi dans la maison de Fourcroy située dans Blérancourt et que feue Madame et moy avons acheté à cette intention pour y nourrir et faire instruire toute la jeunesse qui se pourra trouver de petits orphelins d’icy et de nos autres villages et Lombray… »

C ette fondation fut la première fondation d’enfants reconnue

par le Roi.Le 7 févier 1667, Monseigneur Charles Legras, Evêque de Soissons, confie la direction de l’orphelinat aux filles de la croix qui furent remplacées en 1746 par les sœurs de l’Enfant Jésus de Soissons.A la révolution, l’Orphelinat devint bien d’état et fut administré par

une commission composée de conseillers municipaux et de notables. En 1840, les Sœurs de la Providence de Laon prirent la direction de l’orphelinat, puis la laissèrent en 1859 aux dames de St Thomas de Villeneuve. En 1864, les Sœurs Augustines d’Abbeville les remplacèrent. En 1915, elles durent évacuer Blérancourt avec les enfants, les soldats allemands installant un hôpital militaire dans les locaux qui furent très abîmés par les bombardements.

L e jugement de la Révolution ayant été cassé comme abusif, les bâtiments redevinrent la propriété de la FONDATION DE BLERANCOURT

dont les nouveaux statuts furent déposés le 10 août 1953.En 1957, l’orphelinat ferma ses portes. Les biens légués par Bernard Potier ne suffisaient plus à faire vivre un tel établissement, les religieuses étaient rappelées par leur ordre, la politique sociale en faveur des orphelins avait changé…

Le Moulin vert pendant la grande guerre.

T outes ces mesures favorisèrent le com-

merce local qui prit une telle extension qu’il fallut réglementer les achats et les ventes par une unifi-cation des unités de mon-naie et de mesure, et celles dites « de Blérancourt » devinrent obligatoires dans toute la région.

C oncernant l’administration communale, les prérogati-

ves du conseil échevinal étaient presque nulles. Les métiers par opposition aux corporations ju-rées, étaient tous libres et laissés au contrôle presque exclusif des officiers seigneuriaux ainsi que la police locale.La haute, moyenne et basse justice appartenait en droit au seigneur. En fait, ainsi que dans toute le France, elle avait été retirée à celui-ci et reportée au bailliage

de Coucy qui jugeait, pour Blérancourt, suivant la coutume du Vermandois. Ses décisions étaient susceptibles d’appel devant le Présidial de Soissons.Pour les finances publiques, les tailles seigneuriales étaient versées ès mains de l’intendant du seigneur. La perception des tailles royales, des aides et réquisitions était faite par un procureur dépendant de la généralité de Soissons. Celle-ci était divisée elle-même en sept élections, où siégeaient les tribunaux chargés d’examiner les nombreuses réclamations des assujettis. La gabelle était perçue par le grenier à sel de Noyon. Au point de vue religion, la cure de Blérancourt était séculière et chef-lieu du huitième doyenné de l’Evêché de Soissons qui comprenait 17 paroisses.

Gravure montrant des paysannes tissant la laine ou le chanvre.

Les travaux agricoles dans notre région au xVIIe siècle.

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Page 16: Histoire de Blérancourt

LA RéVOLUTION à BLéRANCOURT

S ans échapper à l’effervescence générale et à l’énervement des esprits pendant la révolution Blérancourt ne fut pas le théâtre de scènes atroces

comme on en vit par ailleurs. Le passage de l’ancien au nouveau régime ne se fit pas sans heurt. Mais tout s’y passa dans un calme relatif et, au plus fort de la terreur, s’il y eût quelques arrestations, aucune tête ne fut réclamée.

A la suite du décret du 22 décembre 1789 de l’assemblée constituante

divisant la France en 86 départements, Blérancourt fut déclaré chef-lieu de canton et rattaché au district de Chauny. Il en fut ainsi jusqu’au 8 Pluviôse an VIII (28 janvier 1800), date à laquelle le canton, rattaché au district de Laon, fut réuni à celui de Coucy le château. Pour désigner le chef-lieu du département de l’Aisne, que se disputaient Soissons et Laon, les électeurs départementaux furent convoqués à Chauny en 1790. Le canton de Blérancourt nomma, pour représenter a cet effet, cinq citoyens et parmi eux le jeune Louis de Saint- Just qui n’avait alors que 23 ans.

C était la première fois que figuré,

dans un acte public, le nom du futur conven-tionnel qui devait être l’inspirateur du mouve-ment révolutionnaire à blérancourt.

L’Assemblée Constituante de 1789.

Le château de Coucy avant sa destruction en 1917.

LA MAISON DE SAINT JUST.

L a maison de Saint-Just a été construite et agrandie à plusieurs reprises entre 1750 et 1775 par un certain François Lefèvre, marchand épicier à

Blérancourt, qui y loge sa famille nombreuse (9 enfants).C’est une grande bâtisse en pierres et tuiles, construite sur 28 ares et moderne pour l’époque (les toits de chaume sont alors la règle dans le village).Avec l’un de ses pignons flanqué d’une cheminée et l’autre à ressauts ou « sauts de moineaux », elle est caractéristique de l’architecture rurale du soissonnais.

L e père de Saint-Just, capitaine de cavalerie en retraite l’acquiert en 1776

pour 6000 livres et s’y installe avec son épouse et ses trois enfants. Le jeune Saint-Just y entre donc à ce moment (il a 9 ans) et ne la quittera que pour aller siéger à la convention à l’âge de 25 ans. A la suite d’achats opportuns, madame de Saint-Just, restée veuve seuleument un an après leurs arrivée à Blérancourt, porte la superficie de la propriété à un demi hectare. Surtout le 5 juin 1807 elle procède à une donation entre vifs au profit de ses filles : Louise épouse DECAISNE hérite de la partie Ouest de la maison, Victoire épouse LESSASSIERE de la partie Est. Ce partage entraînera des ouvertures nouvelles, souvent rebouchées par la suite, dont la trace est encore visible aujourd’hui. La maison occupée tout le dix-neuvième siècle par la famille resta inhabitée dés le début du XXe. Des projets de réhabilitation échouèrent en 1938

et dans les années 50-60. Enfin en 1985 sous la Présidence de Mr Bernard Vinot, l’association pour la sauvegarde de la maison de Saint-Just et la municipalité menairent à bien sa restauration. La maison réhabilitée a été inaugurée le 29 juin 1996. La vocation de la maison est culturelle. Elle accueille actuellement l’office de tourisme, la médiathèque Ann MORGAN, un club informatique et présente une réflexion permanente sur l’histoire de la Révolution Française.

La maison de Saint-Just aujourd’hui.

La maison de Saint-Just.

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Page 17: Histoire de Blérancourt

L’ESCADRILLE LAfAyETTE

L ’aviation naissante commençant à être utilisée à des fins militaires (observation des lignes ennemies puis bombardements aériens), les

premières unités volantes sont constituées. La légendaire escadrille Lafayette, dont le musée conserve un emblème (tête d’indien) sur un morceau de toile d’avion, est formée en avril 1916. Placée sous le commandement du capitaine français Thénault, elle est composée de pilotes américains dont beaucoup seront sacrifiés. Leur comportement héroïque est très rapidement relayé par la presse, et les sept pilotes de la première escadrille contribuent à forger l’image même du héros moderne.

L’emblème de l’escadrille Lafayette « La tête du Chef indien ».

L ouis Antoine de Saint-Just était né le 25 août 1767 à Verneuil, près de Decize (Nièvre). Son père, Louis Jean de Saint-Just, qui avait embrassé

la carrière des armes, avait pris son congé en 1766, pour devenir régisseur du domaine de Nampcel. Il songea néanmoins à se reposer et en 1776, il acquit à l’angle de la rue de la chouette, à Blérancourt, une maison qui existe encore sous son ancien aspect et au fond du jardin de laquelle verdoie toujours la « charmille de Saint Just ».Il s’y installa avec sa femme, son fils et ses deux fillettes, mais ne jouit pas longtemps de la tranquillité qu’il avait cherché et décéda l’année suivante.

L ouis Antoine de Saint Just avait alors dix ans. Libéré de

la sévère tutelle de son père, il ne connut plus de bornes et, par son audace d’enfant terrible, mit en émoi tous les Blérancourtois. Sa mère le mit en pension chez les Pères Oratoriens à Soissons qui était dirigé à cette époque par le Père Pruneau, homme ouvert au idée des lumières et sensible aux aspirations réformiste ; mais à son retour, loin d’être calmé en grandissant, il devint de plus en plus entreprenant dans ses

tentatives amoureuses. On connaît ses intrigues avec Thérèse Louise Gellé, fille de l’honorable tabellion de Blérancourt, qui ne lui resta pas moins tendrement attachée lorsqu’elle eut épousé le jeune Thorin, héritier du receveur fiscal de l’endroit. Louis Antoine n’en fut pas moins profondément blessé et s’enfuit à Paris en dérobant l’argenterie familliale.Sa mère le fit rechercher et arréter, il passa six mois enfermé à Sainte Colombe qui était à l’époque une prison privée pour jeune délinquant. (Dautres sources parlent des Picpus de Vailly-sur-Aisne !)La porte monumentale de l’ancien

collége des Oratoriens de Soissons.

La Charmille dans la rue Saint-Just.

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Page 18: Histoire de Blérancourt

A près quelques absences et deux séjours à Paris, où il prit contact avec la Révolution menaçante, Saint-just revint à Blérancourt et,

alors que les événements se précipitaient, se jeta dans le mouvement avec l’ardeur de ses vingt ans. Il devint, dans son pays d’adoption, l’animateur des manifestations qui occasionnaient l’exécution des décrets de l’assemblée constituante. On y organisa en effet la garde nationale ; on fit prêter à tous, y compris le curé Flober, le serment civique : on répartit les communaux entre tous les citoyens ; on mit en vente les biens seigneuriaux et ecclésiastiques confisqués ; on fêta la liberté et la prise de la bastille ; on répondit quand il le fallut à l’appel des volontaires, etc.…Mais Saint Just se sentait appelé à jouer dans l’histoire un rôle moins modeste que celui qu’il tenait à Blérancourt. Et, après avoir échoué, parce que n’ayant

pas l’âge requis aux élections des membres de l’Assemblée Législative, il fut enfin élu, en 1792, comme député de Soissons à la Convention Nationale. Saint-just quitta aussitôt Blérancourt pour se rendre à Paris. Moins de deux ans après son départ, les journées de Thermidor vinrent mettre un terme au

cruel régime de la terreur qui ensanglantait la France ; et le 27 juillet 1794, Saint-Just montait les degrés de l’échafaud avec Robespierre et vingt de leurs amis, qui resteront légaliste, digne et loyale à la république jusqu’à la fin.

P endant ce temps, la commune de Blérancourt eut à faire face à toutes les exigences de la conventions : réquisitions de toutes sortes, levées

d’hommes valides et de chevaux, souscription aux emprunts forcés, etc. Puis la bourrasque passée, dès qu’elle eut retrouvé son individualité, elle eut à supprimer les abus qu’avaient provoquées les mesures révolutionnaires. Peu à peu la population reprit sa vie normale affranchie de tous les privilèges de l’ancien régime. Elle eut bien à subir en mars 1814, les vexations des cosaques et, de juillet à septembre 1815, les réquisitions et les réclamations d’un ennemi qu’elle devait revoir, plus insatiable encore un siècle plus tard.

Le Gendarme Merda blessant Robespierre le 9 termidore an II.

LE PAVILLON fLORENCE GOULD

L e pavillon Florence Gould abrite depuis 1989, les collections du

musée national de la coopération franco-américaine. Rénové par les architectes Yves Lion et Alain Lewitt, ce bâtiment, qui a reçu l’Equerre d’argent (prix d’architecture du moniteur), a été conçu pour accueillir les collections permanentes du musée : relations franco-américaines au XVIIIeme siècle, échanges artistiques au XIX

eme et au XXeme siècle entre les deux pays, aide humanitaire américaine dans la première guerre mondiale et les expositions temporaires.

L ’extraordinaire qualité architecturale du lieu invite à la promenade autant qu’à la contemplation des œuvres et favorise un rapport

de proximité, d’intimité avec les œuvres, rythmé par des ouvertures sur l’environnement privilégié des jardins du Nouveau Monde.

L’AIDE HUMANITAIRE PENDANT LA PREMIèRE GUERRE MONDIALE

L a guerre de 14-18 déclenche la première opération d’assistance humanitaire internationale à grande échelle et ce, en faveur des

populations du nord de la France et de la Belgique, particulièrement éprouvées par la proximité avec le front. Dés le début du conflit, et alors que les Etats-Unis choisissent la neutralité, des centaines de volontaires américains, hommes et femmes, s’engagent en faveur de la vieille Europe.

Derrière l’arborétum le pavillon florence Gould.

Ambulance de AfS de type ford T.

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Page 19: Histoire de Blérancourt

éPOqUE CONTEMPORAINE

L a révolution avait momentanément interrompu le commerce de Blérancourt. Sous le directoire, il reprit toute son activité. Le bourg

devint bientôt l’un des plus importants marchés de moutons, puisqu’on y comptait plus de 60.000 têtes de bétail dans l’année, et qu’il n’était pas rare de voir, chaque lundi, le produit du travail hebdomadaire de plus de 300 tisserands et autant de fileuses. Aussi le travail mécanique ne tarda pas à se substituer au travail à la main et deux filatures, d’importance moyenne il est vrai, s’installèrent à ce moment.

E n 1848, la halle qui servait aux transactions commerciales menaçait de tomber en

ruine. L’administration municipale, présidée par M.Dauthuile-dutailly, résolut de la démolir et de la remplacer par celle actuelle servant de Mairie. Les sculptures du pignon rappellent fidèlement la nature des échanges qui se faisaient alors sur le marché de Blérancourt.Mais à ce moment l’éloignement de toute voie ferrée commençait à peser sur le commerce de Blérancourt. Son marché, concurrencé par les agences de Saint-Quentin, Laon et Soissons pour les moutons et les grains, par la grande industrie pour les fils et tissus, se vit peu à peu réduit à la vente des denrées récoltées dans le pays et de marchandises diverses apportées du dehors.

E ntre temps, en 1858, la municipalité, sous la direction de M. Heuteaux, avait doté Blérancourt

d’une distribution d’eau d’excellente qualité qui remplaça très avantageusement les anciens puits, en alimentant, sous le débit de 150 litres à la minute, six fontaines à jet continu réparties dans le bourg. Les événements qui se déroulèrent de 1815 à la fin du premier Empire, n’eurent

aucune répercussion à Blérancourt. Mais, dans la suite, le bourg fut fortement éprouvé par les guerres de 1870-1871 et 1914-1918

La fontaine des trois grasses.

Les fontaines de Blérancourt.

ANNE MORGAN ET LE CHâTEAU DU xVII éME SIèCLE

L orsqu’après la guerre Anne Morgan acquiert le domaine de Blérancourt il n’a plus grand chose à voir avec l’imposant château construit

de 1612 à 1619 par Salomon de Brosse, architecte de Marie de Médicis (palais du Luxembourg à Paris ou Parlement de Bretagne), pour la famille Potier de Gèsvres et selon les désirs de Charlotte de Vieux-Pont Dame de Blérancourt, « qui à peine terminé, le fit quasi tout défaire pour réparer un défaut, de peur qu’on ne dise que Madame de Blérancourt avoit fait une faute ». Le corps central, de trois niveaux, cantonné de pavillons d’angles, a disparu, vendu pierre à pierre au moment de la Révolution Les dommages liés à la guerre 1914-1918 n’ayant pas épargné le bâtiment.

A nne Morgan entreprend d’abord leurs restaurations : ils ont durement souffert de la grande guerre dont les outrages sont encore très visibles

sur les bâtiments. A l’emplacement du corps central disparu, Fourrier et Bocage construiront deux pavillons de style ancien. Achevés en 1935, l’un d’entre eux abrite aujourd’hui le musée. Le sous-sol lui, a gardé la configuration des fondations du château du XVII éme et c’est dans cette zone qu’est installée en 1935 l’ambulance T Ford de l’American Field Service.

Pavillon reconstruit par Ann Morgan.

1619

Page 20: Histoire de Blérancourt

LA PéRIODE SOMBRE DE BLéRANCOURT

A u cours de cette dernière, Blérancourt dut subir, pendant près de trois ans, la dure occupation allemande. On sait ce qu’elle fut, et en décrire

les horreurs serait redire encore toutes les souffrances physiques et morales qu’ont supporté les régions du front envahies et ruinées, sans abattre la certitude de la victoire dans leur population.

L a conmmandanture allemande s’installait dans le pays le 30

août 1914. Dès le 23 septembre, elle rassemblait les hommes mobilisables et les envoyait en Allemagne ; le 5 janvier suivant, elle dirigeait comme travailleurs sur Chauny ce qui restait de valides ; puis, au début de 1917, elle évacuait dans les Ardennes le reste de la population, sauf les enfant en bas âge et les vieillards. Ceux-ci furent cantonnés au hameau de Saint-Pierre pendant que les troupes allemandes pillaient, incendiaient ou dynamitaient le pays.Elles furent interrompues dans leur sinistre besogne par l’arrivée des français.

Le persepteur de Blérancourt seul responsable civil restait en place vu que ces derniers étaient suivis d’un groupe de dames américaines, admirables de courage et de dévouement, ayant à leur tête Mrs. A dike et Miss Morgan, qui installées dans les ruines du château, s’employèrent à soulager les immenses misères que laissait l’occupation ennemie.Miss Ann Morgan et Miss Ann Muray Dike.

L’occupation Allemande à Blérancourt en 1917.

L e scepticisme du percepteur Gaston Héricault qui avait passé trois année de

soufrance et de privation, céda rapidement place à l’admiration en voyant la simplicité et le sérieux de ces dames en uniformes bleus, et fumant cigarette sur cigarette assisent sur le coins de son bureau. Hélas ! L’heure du retour définitif n’était pas encore sonnée ! Sous la réaction allemande, la population rentrée dut, le 27 mars 1918, évacuer Blérancourt une deuxième fois. Elle ne fut autorisée à y revenir, après la victoire des alliés, qu’au commencement de 1919, pour y retrouver, réinstallé dans le château, le Comité Américain toujours aussi intelligemment dévoué. ce dernier commença aussitôt son œuvre de restauration matérielle et morale, puis il céda sa place à une coopérative de reconstruction et à l’initiative privée.

M ais, ne considérant pas sa tâche comme terminée, le comité après

avoir fait restaurer le château, l’a offert, dans un large geste de générosité et d’union des peuples américain et français, à la commune de Blérancourt. Il l’a placé sous la sauvegarde des « amis de Blérancourt », auxquels s’est substituée depuis la « société des amis du musée de Blérancourt », animatrice des manifestations d’art et des fêtes populaires qui attirent une foule nombreuse et choisie qui emporte toujours, de sa visite au vieux bourg, une impression aussi persistante qu’agréable.

L’exode de la population de Blérancourt en mars 1918, et la reconstruction en 1919 après leur retour.

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