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Histomag 88 JUIN 1940 RETOUR SUR UNE DEFAITE

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LE DOSSIER : JUIN 1940 RETOUR SUR UNE DEFAITE--------------------------12 Les combats de Verberie (Erik Barbanson)30 Rommel perce la ligne Weygand (Cédric Mas)41 Les chars FT dans la défense du territoire français (Alain Adam)64 La défense de la Loire par la 5° BLM (Vincent Dupont)72 Les derniers combats du Donon (Jean-Michel "JD")99 Les combats des Alpes (Alexandre Sanguedolce)114 Coin maquettiste : le FCM2C (Frédéric Bailloeul)--------------------------119 Le capitaine Jean Fougère (Nicolas Moreau)124 La vie d’Audie Murphy 3/4 (Philippe Gruslin)133 Les dents des résistants (Xavier Riaud)139 La ligne Maginot (Jean Cotrez)150 Ceux qui restaurent : les casemates de la ligne Maginot des Vosges (Jean Cotrez)154 Le coin des lecteurs (Vincent Dupont)

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  • 39-45Histomag LA SECONDE GUERRE MONDIALE PAR DES PASSIONNES POUR DES PASSIONNES - N88- JUILLET AOUT SEPTEMBRE 2014GRATUIT - ISSN 2267- 0785Juin 1940

    Retour sur une dfaite

    Alexandre Sanguedolce, Alain AdamJean Cotrez, Cdric Mas, Erik Barbanson

    160Pages

  • Histomag est produit par unequipe de bnvoles passionnsdhistoire. ce titre, ce magazine est le premiertrimestriel historique imprimable etentirement gratuit. Nos colonnes sontouvertes toutes les personnes quisouhaitent y publier un article,communiquer des informations, faireune annonce

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    Responsable ddition : Prosper VandenbrouckeRdacteur en Chef : Vincent DupontConseillers de rdaction : Patrick Babelaere, AlexandreSanguedolce, Frdric BonnusResponsable communication et partenariats : Jean CotrezPremires Corrections : Yvonnick BobeRelecture et correction dfinitive : Vincent Dupont, FrdricBonnus, Pierre Guiraud, Patrick Babelaere, Marc TaffoureauInfographie et Mise en pages : Frdric BonnusRubrique Commmoration : Marc TaffoureauResponsable rubriques : Jean Cotrez

    Numro ISSN : 2267 - 0785

    Contacts :Forum : [email protected] : [email protected] :Forum : http://www.39-45.orgHistomag : http://www.39-45.org/histomag

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    3 Editorial (Vincent Dupont)

    4 Interview de Jean Michel Vecchiet (Jean Cotrez)

    12 Les combats de Verberie (Erik Barbanson)30 Rommel perce la ligne Weygand (Cdric Mas)41 Les chars FT dans la dfense du territoire franais (Alain Adam)64 La dfense de la Loire par la 5 BLM (Vincent Dupont)72 Les derniers combats du Donon (Jean-Michel "JD")99 Les combats des Alpes (Alexandre Sanguedolce)114 Coin maquettiste : le FCM2C (Frdric Bailloeul)

    119 Le capitaine Jean Fougre (Nicolas Moreau)124 La vie dAudie Murphy 3/4 (Philippe Gruslin)133 Les dents des rsistants (Xavier Riaud)139 La ligne Maginot (Jean Cotrez)150 Ceux qui restaurent : les casemates de la ligne Maginot des Vosges (Jean Cotrez)154 Le coin des lecteurs (Vincent Dupont)

    N 88 JUILLET - AOUT -SEPTEMBRE 2014

    Juin 1940 : Retour sur une dfaite

    La couverture10 mai 1940. Rfugis luxem-bourgeois croisant un camiond'une unit d'artillerie de la 3earme franaise. ecpad.fr

  • 3par Vincent Dupont

    Prenant donc du recul sur tout ces vnements mdiati-ques, la rdaction de lHistomag 39-45 a dcid desatisfaire ce devoir dHistoire auquel nous devons tousnous soumettre et de prendre du recul sur la Librationde lEurope qui ne sera traite que dans le prochainnumro. En attendant nous traiterons aujourdhui dunsujet tout aussi chronologiquement "commmorable"bien quoubli : les combats de la fin du mois de mai etde juin 1940 qui virent les troupes de lAxe pntrer enFrance tandis que les forces allies tentaient dsespr-ment de les contenir par des actions retardatrices. Cestainsi quaprs linterview de Jean-Michel Vecchiet quevous trouverez en dbut de numro, vous pourrez endcouvrir un peu sur ce sujet. En premier lieu ce sont lescombats de Picardie qui seront traits par Erik Barbanson,

    avant que Cdric Mas naborde la 7me Panzerdivision, la"division fantme" dErwin Rommel et son priple danscette campagne. Puis Alain Adam nous prsentera lesvnrables FT qui furent encore employs pour la dfen-se du territoire franais. Votre serviteur reviendra ensuitesur un pisode de la dfense de la Loire avant queJean-Michel alias "JD" ne puisse nous conter la dfensedu Donon qui lui est si cher. Enfin Alexandre Sanguedolceclturera ce dossier spcial par un aperu des combatsqui furent mens dans les Alpes par les Italiens.

    Bien videmment, outre notre dossier spcial,vous pourrez trouver en deuxime partie, comme laccoutume, nos rubriques hors-dossier , pour conti-nuer de vous faire dcouvrir lhistoire de la SecondeGuerre sous dautres angles thmatiques. Vous retrouve-rez ainsi le parcours du capitaine Jean Fougre par Nicolas

    Moreau puis Philippe Gruslin prsentera le 3e opus de sonhistoire dAudie Murphy. Xavier Riaud nous parlera desdents des rsistants puis Jean Cotrez se penchera sur laLigne Maginot ainsi que sur ceux qui la restaurent dansles Vosges. Enfin nos lecteurs retrouveront, comme dha-bitude, la prsentation de quelques ouvrages que lardaction a jugs bon de vous recommander.

    Toute la rdaction de lHistomag 39-45 voussouhaite une excellente lecture et de bonnes vacancesestivales !

    Je rappelle que lHistomag 39-45, fier decompter dans ses contributeurs des historiensprofessionnels et des passionns avertis, ouvre sescolonnes tous, y compris et surtout aux histo-riens de demain. Donc si vous avez une ide, unprojet, nhsitez pas ! Contactez la rdaction !

    D-Day, feux dartifice et grand show.Triste volution de la manire dont on devraitse souvenir, tributaire dun sensationnel dsor-mais seul capable dintresser les masses.Quand des journalistes voquent lembrase-ment de la cte comme un parallle aux feuxde DCA dans la nuit du 5 au 6 juin on ne peutque sindigner. La guerre cest lodeur de lamort, de la poudre, de la boue, les explosionstout autour des hommes aux mes et aux corpsmeurtris, et non un grand show destin utiliser un devoir de mmoire rcupr desfins politiques. En 1998, Antoine Prost dcla-rait :

    Il nous faut donc tre trs prudentavec cette notion de devoir de mmoire etlui privilgier sans doute le devoir dhistoi-re . Car comme il lannonait ses tudiantslors de ce dernier cours en Sorbonne :

    Histomag - Numro 88

    Editorial

  • Cest l que jinterviens avec mes films dhistoiresur la Chine de Mao, lIran depuis la dynastieQadjar, ou la cration dIsral et la fameuseOdysse de lExodus avec mon film Noustions lExodus . Je me suis rendu compte quele livre de Lon Ulris, Exodus et le film dOttoPreminger qui en a dcoul navaient absolu-ment rien voir avec la vritable histoire et lesvnements de lt 1947. Un seul exemple.Dans le livre et le film laction se situe en partie Chypre ou lExodus na jamais accost. En faitil y eut quatre navires pour cette opration. Cettehistoire, cette fable devrais-je dire a donc servide Vrit historique pour beaucoup de lec-teurs et de spectateurs. Je me suis plong pen-dant un an dans les archives de la Haganah et duPalmach Tel Aviv. Je savais, grce au magnifi-que travail de Jacques Derogy, un immensejournaliste et crivain que lhistoire tait toutautre et beaucoup plus passionnante.

    ean-Michel Vecchiet, ralisa-teur de nombreux documentai-res depuis 1997, a accept derpondre aux questions de

    Histomag39-45, loccasion de la dif-fusion sur France 5 de son derniertravail sur les parachutistes britanni-ques de la 6me division aroporte.Ce documentaire sintitule 6 juin1944, ils taient lespremiers . Depuis Jean-Marc sestinscrit sur notre forum et a pu rpon-dre en direct aux flicitations de nosmembres qui ont visionn ce docu-mentaire. Quand vous lirez ces lignes,le film de Jean-Michel aura de nou-veau t projet au Mmorial Pegasusle 5 juin 2014 dans le cadre des cr-monies officielles du 70me anniversai-re du dbarquement en prsence nouveaux de vtrans de la 6me Air-borne.

    : Souvent les noms des ralisa-teurs de documentaires napparaissent quefurtivement lcran contrairement leurcollgues du cinma de fiction. Donc pourceux qui vous connaissent mal, pourriez-vous dabord vous prsenter un peu etnous parler de votre travail avant le docu-mentaire dont nous allons parleraujourdhui ?

    : Difficile de parler desoi, surtout quand le parcours est long etcomplexe. On va dire quau dpart, ce quimintresse cest de raconter des histoires,des vies, des destins. La difficult tant derenverser les propositions, dapporter unnouvel angle une histoire qui sembleraitconnue de tous. Les sujets sur lesquels jaitravaill depuis quelques annes peuvent priori avoir t tellement explors quil nyaurait plus grand-chose en dire.

    4 Histomag - Numro 88

    J

    Interview ExclusiveJean Michel Vecchiet

    JEAN MICHEL VECCHIET

    par Jean COTREZ

    interview

  • 35 ans maintenant.

    Vous cassez les codes en faisant un reporta-

    ge sur la 6me Airborne britannique. La 82me et

    encore plus la 101me Airborne amricaine depuis Band of Brothers sont beaucoup plus populai-res. Pourquoi donc avoir choisi cette division ?

    : Lorsque lon parle de linvasion allie, cestessentiellement des tats-Unis dont les films etles mdias se souviennent. Limage du dbar-quement sur les plages supplante le reste desoprations qui fut tout aussi spectaculaire. On adu mal imaginer que plus de 12000 avionsvont participer lopration dans la nuit du 5 au6 Juin partir de 00h17, heure de latterrissagedu Major Howard et de ses hommes Bnou-ville. Ces atterrissages sur la plaine de Ranville,Hrouvillette, dans les mares de la Dives pourfaire sauter les ponts, ou encore sur la batteriede Merville sont dauthentiques faits darmes ole courage et le sacrifice des britanniques de la

    6me Airborne ont trs largement t sous esti-ms. On se souvient dun ocan de navires quidferlrent sur les ctes franaises laube du 6Juin 1944.On connat la force de frappe de lin-dustrie du cinma amricain avec Hollywoodcomme chef dorchestre et ce, bien avant lessries comme Band of Brothers .Cest redou-tablement bien fait, trs efficace et persuasif. Leproblme dHollywood, cest que les studios ontlhabitude de sarranger avec lhistoire. On con-nat tous cette rplique dfinitive de Lhommequi tua Liberty valence , chef doeuvre de John

    Ford, o le journaliste quivie nt dcouter la vri-t historique du sna-

    teur jou parJames Stewart,vrit quisemble ne paslui convenir,dchire sesnotes en luirpondant, When thelegend beco-mes facts,print thelegend. ,(quand la l-gende devientdes faits, im-primez la l-gende).

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    interviewDe plus, Leon Ulris a compltement gomm laparticipation essentielle du gouvernement de laFrance en cet t 1947. Jai enqut Marseille,Jrusalem, Tel Aviv et New York, et ensuite jairencontr les vritables personnages de lopra-tion. Commandant, capitaine, quipage, membresdes services secrets, de la rsistance, des pouvoirspublics et bien sr passagers. Je peux dire nonsans fiert que jai rtabli la vrit historique. A lasuite du film, frustr de la perte dune partie deslongs tmoignages que javais recueillis en vidode fait de la dure dun documentaire, jai crit unlivre aux ditions Actes Sud qui regroupait plu-sieurs centaines de photographies originales ja-mais publies et que conservaient chez eux lestmoins de la vritable opration. Jestime que jaifait l office de ralisateur, dhistorien et dicono-graphe. Jai fait la mme chose pour dautressujets sur la Chine avec mon ami Claude Hudelotavec les vritables photographes de Mao onous avons refait une grande partie de la rvolu-tion chinoise depuis les grottes de yanan jusqula mort du grand timonier. Jaime associer lapetite et la grande histoire et tre au plus prs despersonnages qui taient l au moment des faitscomme dans 6 Juin 1944, ils taient lesPremiers.Bon, je ralise normment de filmssur lArt avec de grands portraits, l aussi appa-remment vus et revus et jaccroche un angleparticulier. Plusieurs grands muses et festivalsont organis des rtrospectives de mon travail tra vers la plante. Mes films sont

    diffuss dans plus dune cin-quantaine de pays

    depuis

    vtrans de la 6

    me Airborne

  • Pourquoi et comment ce pan de linvasion alliea t-il t autant sous estim par le cinma et latlvision depuis tant dannes, y compris laBBC? Pour moi cela reste un mystre et il en vade mme pour les vtrans qui ont combattu l.Donc, lenfant que jtais avait t fascin par cepassage de The Longest Day ou le major Ho-ward et les trois planeurs descendent sur lOrneet semparent de ce premier objectif, le Pont deBnouville, rebaptis ds le 6 Juin 1944, Pegasus

    Bridge, du nom de lcusson que portaient les

    hommes de la 6me Airborne Britannique. Chaquefois que jai revu le film de Zanuck jai toujourst attentif cette squence et au courage deces hommes qui en pleine nuit, bord de pla-neurs, atterrirent au milieu des marais et russi-rent en quelques minutes peine semparerdun objectif diablement stratgique.

    : Sur votre blog, vous dites que la ralisationvous a pris 3 ans. Pouvez-vous nous faire pn-trer dans les coulisses et nous expliquer com-ment on ralise un tel documentaire ?

    6 Histomag - Numro 88

    interviewJohn Ford qui avait grandement particip auxtournages sur les fronts de la guerre dans le Pa-cifique et pendant la campagne de France savaitde quoi il parlait. Donc, depuis prs dun sicle,Hollywood rcrit les histoires du monde. Grif-fith, Cecil b de mille, Howard Hawks, John Ford,Coppola, Spielberg ou Clint Eastwood et biendautres ont rempli leur rle avec virtuositetdevrais-je dire une bonne partde propagande et de romantis-me, voire de nationalisme etbien sr de contre vrits his-toriques. On en arrive donc ce petit garon que jtais etqui lge de dix, onze ansdcouvre au cinma, the Lon-gest Day et en sort boulever-s jamais. Ce filmmagistralement bien fait conti-nue pour moi tre un exem-ple. On a beau dire, moi lepremier, que le dsquilibre durcit entre lengagement desdiffrentes nations allies dansle conflit qui fait la part belleaux Amricains est criant etpartial mais la fiction reste unemagnifique gageure cinmato-graphique. Par contre les Cana-diens, les Australiens sontpratiquement absents du film et on ne parle pra-tiquement pas de Gold, ni de Juno ou Utahbeach. Quant Sword Beach, cela semble unepromenade de sant pour les Britanniques qui ydbarquent alors quil y eut plus de 700 victimes.Bien sr les morceaux de bravoure du jour leplus long sont le terrible carnage dOmahabeach et celui de la veille Sainte Mre Eglise.Laxe choisi, le dbarquement maritime, effacegrandement la premire partie de lopration,lopration Tonga o des milliers davions vontdans la nuit prcdent le dbarquement, dsor-ganiser les troupes allemandes qui sont lint-rieur des terres, lEst. Ce terrain dopration,

    cest celui des paras de la 6me Airborne britanni-que qui par planeurs ou parachuts dferlent peuaprs minuit au dessus de Caen, Ouistreham,Ranville, Merville, Troufreville, mais avant tout Bnouville, lieu mythique o se situe laction demon film et la premire victoire allie pendantcette nuit du 5 au 6 Juin 1944.

    Pegasus bridge

  • grce elles retrouver les vtrans. Certainsdentre eux se sont rendus depuis la fin de laguerre en Normandie et participent aux comm-morations chaque anne, mais dautres nontjamais voulu ou pu revenir. Nous tions en Avrilet Mark ma dit que le mieux tait que je revien-ne les 5 et 6 juin pour les rencontrer de visu. Jysuis all et l ce ft un grand moment que deserrer la main de ceux qui avaient libr notrepays. Je fus surpris dapprendre que pour la plu-part, ils naient jamais t interviews ou alorsquelques secondes pour des reportages lors descommmorations. Je me suis demand commentje pouvais raconter lhistoire de ce moment siimportant de la libration de ce tout premierbout de territoire franais o les tout premiershommes allaient laisser pour beaucoup leur jeu-nesse et leur vie. Je me suis dit que le mieuxtait de faire revivre en direct lvnement,mois aprs mois, semaines aprs semaines, joursaprs jours, heures par heures, minutes par mi-nutes, secondes aprs secondes. Cest ce que jairussi faire. Ce fut un travail colossal. Il fallaitque je retrouve les tmoins susceptibles de meraconter la formation de la division aroporte,les entranements, les lieux o ils se trouvaienten Angleterre, les arodromes do ils ont dcol-l cette nuit l, le numro de leurs planeurs oudes diffrents quadrimoteurs partir desquels ilsfurent parachut, les lieux datterrissage (LZ) oude parachutage (DZ), les btiments de ltat ma-jor dans les tunnels au dessous de Southwick oles plotters suivaient minute aprs minute laprogression des milliers davions et de naviresqui se dirigeaient vers les ctes Normandes. Jesuis all ensuite lImperial War Museum et jaivisionn les films, les photographies mais aussiles fichiers de renseignements de lpoque, lesmessages cods, les comptes rendus des opra-teurs cinma pour reprer exactement oavaient t tournes les images, tout cela tantconsign jour aprs jour par les quipes de lAF-PU, le service cinmatographique des armes quipendant les combats rdigeaient avec une ma-chine crire le contenu des plans quils tour-naient sur les lieux mme. Et puis jai fait leparallle entre les rcits des tmoins et les don-nes techniques et jai recoup tout a. Ostaient entrans Cyril Tasker, John Tillet, JeffreyPattisson au printemps 1944, dou avait dcolllclaireur Robert Stoodley 21h55 le 5 Juin, quel endroit avait t parachut le docteur DavidTibbs 03h00 du matin au dessus de Ranville,

    7 Histomag - Numro 88

    interview : Je dirais trois ans comme je pourrais dire

    quarante cinq, lge auquel jai dcouvert Lejour le plus long avec la clbre squence duPegasus Bridge. Mais bon, oui, trois ans, cest letemps quil ma fallu depuis ma premire visiteen Normandie. Il y a toujours une part de hasardet de chance (mme si je ne crois pas la chan-ce), pour quune telle aventure puisse exister. Jentais jamais all sur les sites du dbarquement.Ma premire visite je lai faite pour aller me re-cueillir sur les lieux des oprations. Je voulais voirPegasus Bridge et le muse, ainsi que les plagesdu dbarquement. Ctait il y a quatre ans. Jaivisit le muse de Ranville et la fin de la visitejai fait un tour la boutique du Mmorial. Jecherchais un film britannique qui aurait relatlopration mais on ma dit quil ny en avait pas,quil nen existait pas, mme en Grande Breta-gne. Pourtant, il sagissait du premier morceaude terre libr et le premier village franais aus-si, Ranville. Comment une telle symbolique avaitpu chapper lhistoire et aux tlvisions? Jenallais pas laisser passer loccasion. Je me suisdit alors que jallais faire ce film, ce chanonmanquant et jen ai parl aux responsables dumuse qui taient sur place ce jour l. Il faut treun peu inconscient pour dire des choses pa-reilles. Jai commenc par demander sil restaitdes tmoins vivants de lopration parmi ceuxqui staient poss dans la nuit dans lun destrois planeurs. Ils devaient approcher des quatrevingt dix ans alors! Je naime pas les documen-taires dans lesquels une voix off remplace lestmoins directs. Je prfre entendre les rcits deceux qui ont t les acteurs des faits. A moi en-suite de vrifier les faits historiques, leur justesseet leur pertinence. Malheureusement, les annesont pass et le temps a fait son oeuvre. Peu devtrans sont encore en vie aujourdhui. Mais ilen restait une petite dizaine dont le premier pilo-te du planeur numro un stre pos, Jim Wal-lwork, vritable hros. Ensuite, cest un travaillong et solitaire mais passionnant. Jai lu quel-ques ouvrages essentiels, dont ceux de lhisto-rien Niels Barber que jai rencontr par la suite.Cette opration qui ft la toute premire victoiredes allis sur le sol franais avait t si peu trai-te quil me fallait tout trouver.Tmoins, archives photographiques, filmiques,sonores. Jai eu le soutien total et constant delquipe du Mmorial Pgasus. Mark Wortington,le conservateur, ma confi une copie des imagesde lImperial War Museum quil avait collectespour le muse et jai commenc

  • photographies et les films. Nous avons fait lesinterviews sur place. Au montage, je me suisservi des indications des oprateurs, jours, heu-res, lieux de tournage puisque a figurait sur lesardoises des claps du tournage avec le nom desoprateurs inscrits dessus. Ensuite jai construit lercit ma faon. Jai utilis aussi les enregistre-ments des oprateurs radios de la BBC quiavaient embarqu avec les soldats dans les avi-ons. Ils ont eu un courage exceptionnel. Je mensuis servi pour la bande son, ce qui donne cetteimpression de direct pendant toute lopration.On a la sensation de vivre en mme temps queles vtrans ce qui se passe. Oui, ce ft unmonstrueux travail, mais tellement passionnant.Nous ntions plus dans le pass mais dans leprsent.

    : Un des temps forts de votre doc est laveudu sergent Ted Eaglen quand il dit avoir abattudes soldats allemands qui se rendaient. Je suppo-se que lmotion tait au paroxysme lorsquevous avez tourn cette squence. Vous pouveznous raconter comment sest pass le tournagede cette scne?

    : Terrible moment de tournage. Il y a tou-jours des choses auxquelles on ne sattend pasdans les interviews, des questions auxquelles onpense mais que l'on nose pas poser. Lors d'unentretien que j'avais fait pour "La Marche du Si-cle" propos de la guerre d'Algrie, j'voquaisavec les tmoins "La Question" de la torture.Mais j'avais eu l'accord pralable de ceux quiallaient s'exprimer. Ils savaient que je venais lesinterviewer ce sujet et ils taient d'accord poury rpondre et ils s'y taient prpars. Pour euxc'tait un soulagement, une confession. Une in-terview c'est toujours une sorte de confession,on rpond aux questions de quelqu'un que l'onne connat pas et souvent il est plus facile derpondre un inconnu qu' des proches surtoutquand il est question de guerre, de combats etde mort. Pour l'interview avec Ted Eaglen, riende tout cela.

    8 Histomag - Numro 88

    interviewcomment stait pass latterrissage devant lepont Pgasus pour Jim Wallwork, commentstaient passs les combats sur le mme pontavec Pat Turner, comment Robert Sullivan avaitfait sauter le pont de Robehomme 6h00 dumatin, dans quelles circonstances Doug Bainesavait failli se noyer dans les marais de la Dives, quel prix la batterie de Merville fut prise auxAllemands avec Gordon Newton Je me suisaperu qu certains moments il y avait des came-ramen sur certains les lieux des oprations. Jaidonc montr pendant les interviews les imagesdarchives aux vtrans. Ils regardaient les archi-ves et ils me dcrivaient seconde aprs secondeles choses quils revoyaient et quils avaient v-cues. Et l, rcompense suprme pour toute cetterecherche entame depuis presque un an, RobertStoodley sest reconnu sur les images. Cest lunedes grandes squences du film et tout lui estrevenu. Il ma dcrit toutes les images quil re-voyait mettant un nom et une histoire pour cha-cun de ces soldats que lon croyait anonymes pourtoujours et qui taient en fait ses amis, ses co-pains. Les archives ntaient plus des archivesmais des moments dune histoire, de la grandehistoire en direct .

    : Jai trouv que les matchings entre les pho-tos dpoque puis sur limage suivante le vtranapparaissant sur la photo ou le film qui commen-te la photo ou lextrait, particulirement intres-sants. Je suppose que cela a ncessit desheures de visionnage en leur compagnie. Com-ment sy prend-on ?

    : Oui, il y a eu des centaines dheures derecherches. Jai fait transcrire sur papier toutesles interviews, puis jai cherch localiser tousles lieux que les vtrans me dcrivaient. Je suisall avec eux sur place. Ainsi, jai parcouru enGrande Bretagne les arodromes do ils taientpartis : Tarrant Rushtom, Harwell, Brize Norton.Javais le type et le numro de tous les avions,de tous les planeurs ainsi que la composition aunom prs de tous les quipages, pilotes, com-mandants, heures de dcollages, routes suiviespar les avions jusqu leur destination. Jai essayavec la typologie des paysages films en 1944de me positionner au mme endroit sur les ter-rains. En France je suis all dans le village et laplaine de Ranville, au Bois de Bavent, Hrou-villette, Breville, dans les marais de la Dives, la batterie de Merville et bien sr au pont deBnouville avec les vtrans. Javais apport les

    Sergent Ted Eaglen

  • depuis des annes en Normandie est venu metrouver et m'a dit que Ted n'avait jamais voqucela avant. Lors de l'avant premire en Norman-die l'anne dernire au mmorial, Ted tait pr-sent au milieu des autres vtrans et du publictrs nombreux. J'avais gard la squence de laconfession et il y eut un immense silence dansl'assistance. Le temps semblait suspendu. Le pu-blic venait d'entendre ce qu'tait un crime deguerre de la bouche mme de l'un des hros du6 juin. Oui, des crimes de guerre, il y en a tou-jours eu et il y en aura toujours, parce qu' laguerre, on tue pour ne pas se faire tuer. Mmele plus honnte et le plus doux des hommes de-vient cet "animal" cette "machine tuer", sesont les termes que Ted avait employs pendantl'interview. Je suis all le voir l'issue de la pro-jection pour lui demander comment il allait. Ilm'a regard, m'a serr la main trs fort et m'adit,"Thank you, thank you". J'ai senti qu'il pouvaitaffronter la mort et l'au del le coeur libr.

    : On connat tous lacte de bravoure de ceuxqui croyaient que ctait impossible, alors ilslont fait lors de lattaque de la batterie deMerville sous les ordres du Lt Colonel Otway.Quen retenez-vous, vous, aprs avoir entendules vtrans vous raconter lassaut ?

    : L'assaut sur la Batterie de Merville est l'undes plus haut fait d'arme du D-Day. Il tait prvu700 hommes pour cette opration. Pour la plu-part, ils devaient tre parachuts prs de la bat-terie et se regrouper avant l'assaut. Troisplaneurs devaient se poser aussi au milieu de labatterie en pleine nuit et surprendre les Alle-mands en poste. L'opration ne devait durer quequelques minutes. Mais rien ne s'est pass com-me prvu. Les hommes ont t parachuts loindes drop zones, beaucoup se sont perdus ou pi-re, noys dans les marais de la Dives, et aucundes trois planeurs n'a russi se poser l'int-rieur du primtre de la batterie. Il faut imaginerque c'tait la nuit, que le vent soufflait, que laFlak tirait sur les avions trs nombreux dans leciel. C'tait une nuit de feu, de sang et de mort,une vritable apocalypse. Lorsque le LT ColonelOtway est arriv prs de la batterie, ils taientbeaucoup moins nombreux que ce qui tait pr-vu. Ils ont donn l'assaut et ce ft un terriblecombat. Il ne restait au matin que 70 hommessur les 700 prvus. Les vtrans qui racontentlattaque sont toujours d'une grande modestie,d'une grande humilit.

    9 Histomag - Numro 88

    interviewJe voulais juste qu'il me raconte les diffrentestapes de l'opration. Il tait mme pluttjoyeux au souvenir de cette poque en dbutd'interview. C'tait un entretien trs long, pres-que deux heures, ce qui est rare, mais il taittrs bavard et sa mmoire lui permettait d'aller puiser trs prcisment dans ses souvenirs.Nous avions tourn une premire fois Hrou-villette, sur les lieux mme ou il avait t para-chut. C'tait en extrieur, mais il me fallait uneplus grande intimit. Lorsque l'on est assis, face face les choses se disent autrement. Ted Ea-glen a t parachut trs tt dans la nuit du 6Juin. Il faisait parti des claireurs et leur missiontait de baliser les zones de parachutage desunits qui allaient dferler plus tard dans la nuit.C'tait une mission trs dangereuse au milieudes Allemands et en pleine campagne. Lui et sescompagnons furent largus trs bas, moins de250 mtres du sol et ds qu'ils eurent touch lesol les combats s'engagrent. Nombre de sescamarades furent tus des les premires minu-tes. Dans la journe du 6 Juin son meilleur amifut tu devant lui, d'une balle dans la tte. C'estau moment de ce passage de l'interview queTed Eaglen s'est arrt de parler, le souffle court,le regard perdu, comme s'il revivait ce terriblemoment. Je lui demandais alors s'il voulait que jecoupe la camra, s'il voulait un verre d'eau, s'ilsouhaitait que l'on voque un autre sujet ou quel'on arrte l'entretien pour faire une pause. Il merpondit s'aidant de sa main,"non non, on conti-nue". Je voyais bien ses yeux perdus qu'il avaitautre chose dire. Il s'est repris et a recommen-c raconter. Et c'est l qu'il a voqu ce qu'ils'tait pass aprs la mort de son ami. D'unevoix blanche, presque teinte le hros c'esttransform en homme et il nous a fait cette ter-rible confession, au milieu de sa famille prsentelors de l'interview et de quelques amis proches.On sentait malgr la douleur qu'il voulait parler,qu'il avait port cela toute sa vie comme un far-deau et que l, devant la camra, comme con-fesse, il fallait qu'il dise cette terrible chose.Personne n'osait plus interrompre ce vieil hom-me face lui mme, face l'histoire. Ce jour l,j'ai compris dfinitivement ce qu'tait la guerrepour tous ces combattants qui avaient perdu leurjeunesse une nuit du 6 juin 1944.A la fin de l'in-terview, certains taient en larmes, d'autres si-lencieux. L'un de ses neveux qui l'accompagnait

  • J'ai eu le privilge d'avoir des instituteurs et desprofesseurs qui m'ont enseign l'histoire avec ungrand H. Ma vie a t jalonne de tmoins in-croyables. Lorsque j'tais tout petit, j'avais unearrire grand-mre trs ge qui me gardait par-fois le Jeudi, c'tait dans les annes soixante etelle n'avait pas loin de cent ans. Elle tait ne en1870 et son grand pre avait combattu aux ctsde Bonaparte pendant le sige de Toulon en1793. Il lui racontait lorsqu'elle tait enfant les

    terribles combats. Vestige de l'histoire, elle meracontait son tour cette histoire. Sans le savoiret sans que je m'en aperoive elle me transmet-tait et faisait en cela le devoir de mmoire. LeNapolon de mes livres d'histoire surgissait envrai mes cts et a m'avait beaucoup impres-sionn. A la mme poque, j'tais en primaire etnous avions le devoir d'accompagner chaque 11Novembre les survivants de la Grand Guerre pourles aider vendre les vignettes du souvenir etdes petits coquelicots rouges mettre en ban-doulire. Une anne, je devais tre en CE1, jeme rendis devant l'cole le matin du 11 pourrejoindre l'un de ceux qui tait revenu des tran-ches et avec qui je devais me rendre dans lecentre ville pour proposer aux passants d'acheterun ticket ou une petite fleur et de mettre de l'ar-gent dans un tronc mtallique peint aux couleursde la France.

    1 0 Histomag - Numro 88

    interviewC'est nous qui rcrivons les histoires et quiavons parfois tendance les sublimer. Et nousavons raison car leur courage va au del de cequi est imaginable .Il n'avaient pas envie de de-venir des hros, ils avaient juste envie de remplirleur mission et de rentrer chez eux. Beaucoup nesont jamais rentrs.

    : Est-ce que votre documentaire sinscrit dansce que lon appelle aujourdhui, le devoir de m-moire ?

    : Oui, dfinitivement. Je trouve terrible quela tlvision remplisse de moins en moins sonrle et prfre le ct spectaculaire et recolorisd'"Apocalypse" qui est mon avis tout, sauf undevoir de mmoire. Nous sommes loin, trs loindu film "De Nuremberg Nuremberg" de Frd-ric Rossif. La guerre n'est pas un spectacle. Laguerre se sont des hommes qui la font et quisouvent n'en reviennent pas. La guerre se sontdes millions de vies voles, brises. Se sont cesjeunes hommes qui n'auront jamais eu vingt anset qui sont allongs perte de vue dans les ci-metires Normands. Nous leur devons notre li-bert retrouve. J'ai eu la chance de grandir dansune famille ou l'histoire tait prsente.

    Batterie de Merville

  • entendre d'autres choses. Alors ce soir du 5 juin2013 rsonnait comme une petite victoire. Maissurtout, ce qui comptait, c'est que les acteurs dece qui s'tait pass 69 ans plus tt taient nouveau l, sur les lieux ou ils avaient du, lapeur au ventre, se battre pour un pays qui n'taitpas le leur, loin de chez eux. Ce soir l, devant levritable pont Pegasus, les vtrans survivantsallaient voir leur histoire sur un cran et allaientpouvoir nous la raconter. J'avais travaill depuistrois ans avec des historiens, des spcialistes,mais je craignais de m'tre tromp, d'avoir faitdes erreurs. Nous avons eu de la chance et cestsous un beau ciel toil que la projection a com-menc. Le public tait trs nombreux et attentif.Seuls manquaient l'appel Jim Wallwork, le pre-mier pilote de planeur dcd deux mois aprsque je sois all l'interviewer Vancouver et Ro-bert Stoodley trop fatigu pour faire le voyage.Mais ils taient tous l et pendant la projectionc'est vers eux que mon regard tait tourn. A lafin de la projection, nous leur avons demand dese lever et ils ont reu une magnifique standingovation qui dura longtemps et qui rsonne enco-re aujourd'hui dans mes oreilles.

    : Quelle est la bonne question que je ne vousai pas pose ?

    : Est-ce que ce film ma chang? Et la rpon-se est quil y a des choses qui donnent un sens votre vie. Et ce film fait partie de ces choses.

    http://www.batterie-merville.com/

    http://www.memorial-pegasus.org/mmp/musee_debarquement/index.php

    http://www.ranville.fr/Le-cimetiere-militaire,2,0,36.html

    1 1 Histomag - Numro 88

    interview Je fus trs impressionn lorsquon me prsenta un homme que je croisais souvent en ville etqui me faisait peur. Il tait trs grand, assez gros.Il avait une cicatrice qui lui barrait la joue et sur-tout une jambe de bois. Et nous voil partis dansles rues de la ville, sur le march. Bien sr jecomprenais que la mission que l'on nous avaitconfie l'cole tait importante. J'en ai gardun grand souvenir. Dans les jours et les annesqui ont suivi, lorsque je croisais mon illustre com-pagnon de qute, ce survivant du carnage de laguerre de 14-18, je m'arrtais et nous parlionsun instant. Je ne l'ai jamais oubli.

    : Parlez-nous de la premire projection devotre film, proximit du vrai Pegasus Bridgedans les jardins du Mmorial Pegasus de Ranvilleen juin dernier.

    : Ce ft un moment particulier, un mlanged'motion et d'inquitude, une rcompense pourtous ceux qui s'taient investis dans ce projetdepuis plus de trois ans. Le chemin avait t dif-ficile et j'avais mis un an et demi pour convain-cre une chane du service public d'accepter leprojet. Plus de temps que ce qu'il avait fallu auxallis pour mettre en place l'opration Overlord,c'est dire Toutes les tls avaient dans un pre-mier temps refus cette magnifique histoire. Etpourtant, il s'agissait de raconter les premiersinstants de la libration de la France, de son pre-mier objectif et de son premier village. Mais latl aujourd'hui n'aime pas montrer des gensgs l'image et moi je me souviens de monvieux poilu que j'accompagnais l'cole. Et puisc'est vrai que cette histoire sortait de l'histoireofficielle. Il n'y tait pas question des Amricainsni des dbarquements sur les plages. La tln'aime pas ce qu'elle ne connat pas et ignoreque les spectateurs sont intelligents et prts

    projection le 6 juin 2013 ct du vrai Pegasus bridge

  • Le Poilu de 1940 a montr une bravoure gale son ain de 1914-18, forant plusieurs reprises, le respect de son adversaire lors de faits darmes, souventoublis par la dfaite. Ainsi en juin 1940, Verberie est lun deux, particulirementexceptionnel par la diversit des troupes qui sy sont battues pour sauver lhonneur.

    Aprs la perce allemande sur le Meuse, la premire phase de la bataille se termine parlencerclement des armes du nord et lvacuation de Dunkerque. Larme franaise aperdu un norme matriel et les pertes humaines ne sont pas ngligeables. Cependant leGQG espre pouvoir rsister sur un nouveau front suivant la Somme et lAisne et en tenantle terrain en profondeur suivant un quadrillage de points dappuis destins stopper lestroupes qui soutiennent lavance des panzers.En une quinzaine de jours, le GQG ralise lexploit de crer ce front avec cinq nouvellesarmes composes dunits prleves sur la Ligne Maginot, les Alpes, voire en Afrique duNord. Malgr lchec de plusieurs contre-attaques locales pour rduire les ttes de pontallemandes dAbbeville, Picquigny, Amiens et de Pronne, ce front est cohrent mme si lavaleur des divisions engages est trs variable. Le plus pnalisant est le faible nombredunits mobiles et de blinds.

    1 2 Histomag - Numro 88

    Verberie - Juin 1940

  • La matine du 8 juin marque le dernier sursautfranais, car dans laprs-midi cest leffondrement.La 87e DINA lextrme Est du front de la 7eArme, se replie sur lAisne tenue par la 11e DI. La47e DI, disperse sous les coups de butoir delennemi, ne doit son salut qu laction de quel-ques chars. Venant dAmiens, la 10e Pz Div investieMontdidier, tandis que la 9e Pz Div occupe succes-sivement Conty, Saint-Just-en-Chausse puisClermont se heurtant la 1re DCr dont le 34e BCCest quasiment anantie.

    A 18 heures, le gnral Frre ordonne un replignral derrire lOise, esprant sauver le maxi-mum de troupes afin de former un dernier rempartdevant Paris. Dans la nuit, les units scoulent enbon ordre vers les ponts de Creil, Pont-Saint-Maxence, Verberie, Lacroix-Saint-Ouen et Compi-gne qui deviennent ainsi un enjeu capital pour lesdeux camps. Pour les Franais, il sagit de lesconserver les ponts le plus longtemps possiblepour permettre le repli de la 7e Arme. Pour lesAllemands, dtruire ou prendre rapidement lesponts permettrait dliminer la 7e Arme qui resteun adversaire coriace malgr ses pertes.

    1 3 Histomag - Numro 88

    De la Somme lOise

    Verberie, tranquille village surlOise se trouve en arrire de lazone occupe par la 7e Armedu gnral Frre, dont le frontstale entre Sailly-le-Sec, lest dAmiens et Coucy-le-Chteau, au nord-est de Sois-sons, en suivant la Somme etdivers canaux. En premire li-gne se trouvent les 7e DINA,19e DI, 29e DIA, 3e DLI, 23e

    DIA et 87e DINA. En rserve setrouvent, les 7e DIC, 47e DI,11e DI et la 1re Dcr

    reconstitue avec 124 chars, ainsi que diversunits de soutient comme le 52e BMM, le 1e BCCo encore le 25e GRCA que nous retrouverons Verberie. Face elle, la 6e Arme allemandepossde dix divisions dinfanterie et le groupe-ment Von Kleist compos de quatre Panzersdivi-sions et trois divisions dinfanterie motorises.Son objectif : atteindre la ligne Creil, Compigne,Soissons.

    Lorsque le 5 juin, les Allemandes lancent leuroffensive sur la Somme, leffet de surprise dudbut de campagne est pass et malgr uneinfriorit numrique flagrante les troupes fran-aises se battent avec acharnement, bloquantdabord lennemi. Cependant, petit petit despoches se forment. Dans le secteur de la 7eArme, les 3e et 4e Pz Div dbouchant de la ttede pont de Pronne, parviennent devant Chaul-nes, coupant en deux la 19e DI qui continuent rsister, faisant prs de 200 prisonniers.

    Le 6 juin, la poche au sud de Pronne sagranditmalgr lintervention des chars de la 1re DCr.Aprs deux jours dintenses combats qui ont pro-voqu de part et dautres de lourdes pertes, fortest de constater que le front est perc. Les 4e DICet 7e DINA menaces sur leurs arrires quittent laSomme sans avoir eu combattre. A droite dufront, les Allemands sinfiltrent entre les 23e DIAet 7e DINA, menaant Noyon. Le 7 juin, le dangersaccentue sur les ailes de la 7e Arme. Au suddAmiens, lennemi occupe Ailly-sur-Noye. Aucentre du dispositif, autour de Roye, la 47e DIpourtant de srie B donc de moindre valeur,arrte toute la journe les 3e et 4e Pz Div. A lEst,la ville de Noyon est occupe. Le sacrifice denombreux lments permet le repli en bon ordre

    Char Renault R35 du 34e BCC dtruit prs de Lieuvillers(Coll de lauteur)

  • Pour linstant, seul le 24e RR est disponible pourdfendre lOise. Depuis le 2 juin, la 10e Cie ducapitaine Connesson, effectue des travaux dfen-sifs Verberie, creusant des tranches et prpa-rant des barrages. Au matin du 8 juin, elle estrenforce par la 11e Cie du capitaine Blanc. Letotal des forces ne reprsente que 310 hommesarms de vieux fusils dont la moiti savre dfec-tueux, comme les 6 FM et 4 mitrailleuses datantde laGrande Guerre. Il est certain quils ne pourront pasarrter un coup de main allemand. Ces lmentssont ainsi rpartis :Une section de la 10e Cie et les mitrailleusesoccupent Port Salut,Une section se trouve lcluseUne section garde le pont ferroviaireLa 11e Cie dfend le secteur de la gare.

    1 4 Histomag - Numro 88

    Verberie, 8 juin

    Avec lvolution de la bataille, Verberie devientune position stratgique car ouvrant la route deSenlis et donc celle de Paris, par la perce naturel-le situe entre les massifs forestiers de Compi-gne et dHalatte, peu propice lavance deladversaire. Devant la localit stend une zoneplane est dgage, loppose elle sappuie surune pente pic o serpente une unique routemenant au plateau qui stend jusqu Senlis. Dsle 7 juin au soir, il est clair que lennemi va tenterde forcer les trois passages sur lOise, savoir : lepont routier au centre de la localit, avec lefaubourg de Port-Salut sur la rive oppose, lapasserelle de lcluse et le pont ferroviaire prochede la gare de Verberie.

  • 9 juin, premier contact

    De 2 5 heures, le commandant Bel place sestroupes entre le ruisseau de Rhuis louest deVerberie et le pont de chemin de fer lest.3e Cie du 94e RI (lieutenant Baisse) :Section Vuillemin et deux mitrailleuses, au ch-teau de Saint-Corneil entre Verberie et le ruisseaude Rhuis.Section Demey, avec les mortiers et les canons de25 et 75, au faubourg de Port SalutSection Catteau et deux mitrailleuses, lcluseAu PC de la compagnie situ au chteau deVerberie, la section de ladjudant-chef Mogin gar-de la route venant de Pont-Sainte-Maxence24e RR :La 11e Cie au pont du chemin de fer et la gareLa 10e Cie en rserve prs de la gare.Le commandant Bel installe son PC dans uneferme la sortie de Verberie, prs de la route deSenlis. Il dispose en rserve des fusiliers de lasection de Villers et la section de mitrailleusesPinault en position antiarienne.

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    La journe se passe sans heurt. Troupes et civilstraversent lOise.Pendant ce temps, la 7e Arme rameute toutesles troupes disponibles pour dfendre les pontssur lOise. Ainsi, le 1er bataillon du 94e RI ducommandant Bel et la 8e batterie de 75 du 61eRA, dtachs de la 42e DI, sont transports encamions depuis le secteur de Reims vers Senlis,avant dtre rpartis entre Creil, Pont-Sainte-Maxence et Verberie.Le commandant Bel du 94e RI rejoint Verberie ensoire, afin de reconnatre les positions quoccu-pera un dtachement denviron 250 hommes,compos de cinq sections de fusiliers dont lesquatre de la 3e Cie du lieutenant Baisse, de deuxsections de mitrailleuses, un groupe de deuxmortiers de 81, un canon de 25 du 94e RI et uncanon de 75 du 61e RA. Suite lembouteillagedes routes ces lments ne parviendront desti-nation que vers 2 heures.

  • Pour cela, ils sinfiltrent au milieu des colonnesfranaises. Lun deux approchant de Pont-Sainte-Maxence, est bloqu par des chars de la 1re DCr.Le pont de la localit saute tout comme ceux deCreil et de Compigne, o le contact avec lenne-mi a t tabli. Seuls les ponts de Verberie et deLacroix-Saint-Ouen restent disponibles. Les trou-pes sy ruent. Lembouteillage est indescriptible.Le dtachement motoris de la 9e Pz Div ayantatteint Pont-Sainte-Maxence se dirige vers Verbe-rie, en longeant lOise.

    A 17 heures, le gnral Noiret commandant la 7eDIC, avertit le commandant Bel quil prend lecommandement du secteur et quil envisage larelve des lments prsents par sa division quitraverse actuellement lOise.

    A 19 heures, un premier contact se produit avecle dtachement motoris allemand. La riposte desdfenseurs est immdiate. Les lments se trou-vant sur la rive oppos appuient ceux de la barri-cade de Port Salut qui tirent de toutes leurs armes,permettant encore le passage de quelques l-ments du 7e RIC. A 20h15, le passage des troupesen retraite cesse, avant une attaque en force versla barricade de Port Salut. Le sous-lieutenantDemey met le feu des bottes de pailles imbi-bes dessence et dresses en avant de sa barri-cade, maintenant distances lesautomitrailleuses qui appuient de leurs feux, lesmotocyclistes qui se dirigent vers le pont. La luttedure plus dune heure. Des deux cts, les pertessont importantes, limage du sous-lieutenantDemey tu la tte de ses hommes. Les rescapsrepassent le pont qui saute 21h40, non sansavoir dtruit ou immobilis quatre blindes alle-mandes. Le combat se poursuit encore pendantune heure dune rive lautre. Verberie encom-bre quelques heures auparavant de convois,sest vide. A la demande du commandant Bel, la10e Cie du 24e RR, renvoie une section sur Verbe-rie, afin de compenser les pertes subies.

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    Le 9 juin au petit jour, seules deux divisions onttravers lOise dont la dfense des ponts se meten place. Le repli des troupes seffectue lente-ment suite lencombrement extrme des routeso se mlangent convois automobiles et hippo-mobiles. La matine tant calme, les dfenseursde Verberie en profitent pour parfaire leurs posi-tions. En fin de matine, la 10e Cie du 24e RR estenvoye plus en arrire sur Raray, tandis que lecommandant Bel est averti de la subordination dupoint dappui de Verberie au 24e CA.

    En milieu daprs-midi, des Stukas tentent dedtruire tous les passages de lOise. En effet,ladversaire frein par les arrires gardes franai-ses qui rsistent pas pas, sent que la majeurepartie de la 7e Arme est en train de lui chapper.Prs du pont routier de Verberie, les colonnes ose mlent civils et militaires, subissent des pertessrieuses, mais ce dernier reste intact.

    Les bombardements nayant pas permis dattein-dre les ponts, des dtachements motoriss com-prenant automitrailleuses, motocyclistes etfusiliers sur camions, tentent des coups de mainscette fois pour capturer les ponts.

    Pont de lOise dtruit Creil. (DR)

  • 10 juin, la mise en place du dispositif

    Le lieutenant-colonel Lesage ar-rive Verberie 1h30. Le com-mandant Bel lui explique lasituation et en particulier len-tre en lice des lments de la7e DIC. Sans en discuter avec lecolonel Boivin, Lesage dcidedorganiser trois groupementssur lOise et dissocie ses cava-liers afin de mieux encadrer leslments sur place.

    Le secteur de Verberie est tho-riquement encadr lEst pardes lments de la 11e DI, maisceux-ci se sont replis de

    Lacroix-Saint-Ouen, crant un vide que la 7e DICdoit combler. A louest, aucun contact ne seratabli avec le 1re CA. Cette absence de troupesera rapidement mise profit par les Allemands.

    Le commandant Pannier qui effectue une liaisonpour le compte du 24e CA, est mis au courant desdispositions prises par le lieutenant-colonel Lesa-ge qui installe son PC dans un bois surplombant laroute de Senlis qui gravit la cte menant auplateau, lui permettant ainsi davoir un excellentobservatoire sur le secteur centre et est de Verbe-rie. Les chevaux des escadrons de Sze et Naudsont parqus proximit.

    Au lever du jour, le colonel Boivin oriente lebataillon Musso vers le pont du chemin de fer, lagare et lcluse, mettant sa disposition lesrescaps de la section moto du rgiment. Lacompagnie du lieutenant Lger et les mortiers de81 sont transports par camions jusqu la gare.Le colonel Boivin part ensuite reconnatre le sec-teur. Dcouvrant que Lacroix-Saint-Ouen est librede troupe, il dcide dy envoyer son 1er bataillon(mais ce dernier restera longtemps introuvable).Il prend ensuite contact avec le commandantPierrot du 32e RAC qui est charg de soutenir lesecteur. Aprs avoir rencontr le commandantBel, le colonel Boivin se rend 9h30, lobserva-toire du lieutenant-colonel Lesage. L, il prcise ce dernier que son PC est install Saint-Sauveuret quil prend le commandement de lensembledu secteur de Verberie. En fait, Lesage garde pourlinstant le commandement des groupementsOuest et Centre, tandis que Boivin commandera legroupement Est.

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    Dans la nuit, de nouvelles units sont dsignespour renforcer la localit. Provenant de la 7e DIC,il sagit dlments du 32e RAC et du 3e bataillondu 7e RIC (commandant Musso). Le colonel Boi-

    vin, commandant le 7e RIC, est nomm responsa-ble du secteur de Verberie par le gnral Noiret.Ce dernier ne rend pas compte de sa dcisionauprs du 24e CA, ignorant sans doute lemplace-ment de son PC. Le colonel Boivin installe son PC 4 kilomtres en arrire de Verberie au chneSaint-Sauveur. Le 7e RIC qui a quitt le secteur deNoyon dans la matine, a perdu un bataillon Mareuil la Motte, lors dun combat darrire gardeavant de passer lOise Verberie et Lacroix-Saint-Ouen, entre 19h30 et 20h15. Les hommes haras-ss par une longue journe de marche, sontdabord rassembls avant dtre dirigs vers leursnouvelles positions. Depuis ses premiers engage-

    ments, le 3e bataillon a perdu la moiti de soneffectif.

    Aux coloniaux sajoutent une section de mi-trailleuses du 52e BMM (lieutenant Smagghe) et

    des lments du 25e GRCA du lieutenant-colonelLesage qui a t charg par le gnral Fougre,commandant le 24e CA, de prendre le comman-dement du secteur de Verberie. Quelle cacopho-nie dans le commandement !

    Ct allemand, la rsistance inattendue de Verbe-rie modifie quelques peu les plans et dans la nuit,le dtachement motoris cde sa place la 4e ID.

    La plupart du temps linfanterie franaise se dplace pied. Leslourdes capotes associes un soleil dardant les hommes de sesrayons, rendent puisant le repli des hommes vers lOise. (ECPAD)

  • Groupement centre : Commandant BelLe pont de Verberie et ses abords avec ses l-ments et une section de la 10e Cie du 24e RR.

    Groupement Est : Commandant Danglade du GR-CA et commandant Musso du 7e RIC, PC la gare.A lEcluse, Section Catteau du 94e RI avec deuxmitrailleuses

    Entre lcluse et le pont de chemin de fer : lacompagnie Lger du 3e bataillon du 7e RIC moinsune section et un peloton moto du GRCA.Au pont ferroviaire, la section de mitrailleuses du52e BMM, un canon de 25 du GRCA plac danslaxe du pont, une section de la compagnie Lger,les mortiers et les

    1 8 Histomag - Numro 88

    Entre 3 et 7 heures, le dispositif se met en place,camoufl par le brouillard matinal qui recouvre lavalle :Groupement Ouest : Commandant Blanchard duGRCA, PC la ferme de Saint-Germain-les-Verbe-rie avec un canon de 25 aux ordres du lieutenantDelagrave1er escadron du capitaine de Sze :Chteau de Verberie 400 mtres louest dupont central de Verberie, deux pelotons aux or-dres du lieutenant de GoulaineDepuis Saint-Corneil inclus jusquau ruisseau deRhuis, groupe de mitrailleuses et peloton moto duMdl-chef NicodAu confluent du ruisseau de Rhuis, les pelotonsDebargue et Coupery

  • A 7 heures, le brouillard se dissipe. Une trentainede vhicules allemands accompagns de motosse dirigent vers le pont proximit duquel dbar-que le personnel. Le lieutenant Smagghe ouvre lefeu, dispersant les vhicules qui se replient surRivecourt. Malheureusement lartillerie nest pasencore en place pour battre lavant du pont et 7h30, linfanterie allemande lance une attaquepour traverser ce dernier, en profitant de la pro-tection des vhicules abandonns. Cette actionest cependant repousse.

    A 8h30, les rescaps du 2e bataillon du 7e RICrejoignent le colonel Boivin qui dcide alors den-voyer deux sections de la 9e Cie et deux autres dela 10e Cie aux ordres du lieutenant Laurendeau,vers le groupement Est. Le commandant Mussopousse la 10e Cie sur les bords de lOise pourcouvrir lest du pont et garde la 9e Cie la gare.A 9h20, Laurendeau parvient destination sansperte, malgr un violent tir dartillerie et de mor-tiers autour du pont. Cest la prmisse unenouvelle attaque. La 8e batterie du 32e RAC dulieutenant Lemaon est pousse en avant. Deuxcanons de 75 sont posts prs du pont et deuxautres la gare, dclenchant une riposte dartille-rie qui bouleverse les positions du 24e RR.A 10 heures, ladversaire lance son action. Ilatteint le pont sans pouvoir sy maintenir grce laction courageuse des coloniaux. Le lieutenantSmagghe ordonne la destruction du pont qui estexcute par un aspirant et un sergent du gnie,tu dans laction. A 10h20, le pont ferroviairesaute. Une poutre matresse reste intacte maislennemi qui a subit dimportantes pertes aban-donne provisoirement stoppe son action directe.

    Vers 11 heures, des bateaux pneumatiques sontvus, traversant lOise entre le pont ferroviaire etLacroix-Saint-Ouen. Un tir de la 8e batterie lesdisperse provisoirement car rapidement la traver-se reprend. En effet, 11h20, dimportants ras-semblements et des vhicules autos sont vusdepuis lobservatoire du lieutenant-colonel Lesa-ge qui fait immdiatement prvenir le colonelBoivin. Des hommes transportent de lourds far-deaux qui semblent tre du matriel de franchis-sement. Cinq soldats franais rests de lautre rivesont vus levant les mains devant une automi-trailleuse.En fin de matine, il est prvu que les motocyclis-tes du GRCA trs prouvs par leurs rcents com-bats, soient envoys vers larrire Montepillois,mais dfense manquant dhommes, ils resterontsur place. A midi une chenillette ravitaille lescoloniaux.

    1 9 Histomag - Numro 88

    motocyclistes du lieutenant Jannot du 7e RIC et unpeloton moto du GRCA. Le tout est plac sous lesordres du lieutenant Smagghe.A la gare lescadron du capitaine Naud (25eGRCA), rduit trois pelotons et un groupe de

    mitrailleuses et la 11e Cie du 24e RR. Ce sous-secteur est soutenu par une batterie du 32e RAC.

    La mission des dfenseurs est simple, il sagit dedfendre lOise sans esprit de recul.

    Ct allemand, la 4e ID place le 52e IR face auxgroupements Blanchard et Bel et 103e IR face augroupement Danglade-Musso, le 10e IR est garden rserve. Linfanterie est soutenue par les bat-

    teries dartillerie des 4e et 40e AR rpartis face ausecteur de Verberie. Sa mission est de capturer lepont du chemin de fer et en cas dchec detourner le dispositif franais afin de rapidementfranchir lOise pour continuer marcher sur Paris.

    La disproportion des forces est flagrante. Face une division denviron 16 000 hommes, les fran-ais disposent dun peu moins de 900 hommes :205 du 24e RR, 250 des 94e RI et 61e RA, 165 du25e GRCA, 30 du 52e BMM, 220 des 7e RIC et 32eRAC, plus des lments du gnie. Leffectif globalengag Verberie ne dpassera pas 1200 hom-mes et sera, compte tenu des pertes et desmouvements, de lordre de 1000 hommes au plusfort du combat.

    Face aux groupements Ouest et Centre, la situa-tion est calme. Le seul fait marquant consiste enune patrouille dautomitrailleuses vue vers 9 heu-res Port-Salut. En fait lennemi a dcouvert quilnexiste aucune troupe entre le ruisseau de Rhuiset Pont-Sainte-Maxence. Ainsi dans la matine, iltraverse lOise face Moru et sorganise surlautre rive avant de pousser vers Roberval. DansVerberie, le commandant Bel qui entend les com-bats qui se droulent vers le pont ferroviaire,renforce son ct Est au cas o lennemi percerait.

    Face au groupement Est, la situation est trsdiffrente. Le pont du chemin de fer est encombrde vhicules abandonns. Leurs chauffeurs onttent de passer lOise au jour, mais le voie dt-riore par lintense circulation de la nuit, empchetout franchissement aux vhicules. A 5 heures, untir de 105 tombe prs du pont. Il y a un tu et desblesss lobservatoire du 32e RAC.

  • A 12h45, le gnral Noiret prcise que son 77eGRDI est mis la disposition du lieutenant-colonelLesage qui envisage de lutiliser pour tenir Moru.En raison de lextension du front vers lOuest, cedernier place le groupement Bel sous les ordresdu colonel Boivin puis envisage de dplacer sonPC pour tre au centre de son nouveau dispositif.

    A 13h30, le commandant Danglage prvient lecommandant Musso du dpart du capitaine Naud,avant de rejoindre le lieutenant-colonel Lesage. A13h45, une liaison tlphonique avec le 24e CApermet dobtenir quelques chars en renfort maisen attendant, il faut agir pour refouler les Alle-mands qui ont travers lOise. Sans rserve pourcouvrir le groupement Blanchard, Lesage tlpho-ne au commandant Bel afin de lui demanderlenvoi dune reconnaissance sur Roberval pour

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    Au groupement Ouest, des reconnaissances per-mettent en fin de matine de dterminer que lesAllemands ont travers lOise face Moru. Devantcette menace, le lieutenant-colonel Lesage de-mande au colonel Boivin de rcuprer le groupe-ment Danglade suite larrive des renforts du 7eRIC. Le lieutenant-colonel ritre sa demandeauprs du gnral commandant le CA qui luiconfirme que tous les lments du GRCA et ceuxdu 94e RI sont sous ses ordres, contrairement auxaffirmations du colonel Boivin. Le lieutenant-colo-nel Lesage demande alors au commandant Dan-glage de le rejoindre son PC avec lescadron ducapitaine Naud pour que ce dernier rcupre seschevaux, avant de se diriger vers le secteur deRhuis-Moru.

  • A 14 heures, des artilleurs rejoignent le PC deBlanchard puis Lesage. Leur officier prcise quar-riv la veille proximit du chteau de Roberval,sa batterie vient dtre capture par une centainedAllemands. Inform, le lieutenant-colonel faitrassembler en hte une dizaine dhommes et leurdonne la mission de reconnatre le ravin au Nordde Nol Saint-Martin en direction du chteau deRoberval. Le lieutenant Guillais venu en liaison,soffre pour prendre le commandement du dta-chement. En parallle, Lesage demande Bel denouveaux lments afin dappuyer ses lmentslors dune attaque en direction de Roberval aveclappui de chars, dont larrive est imminente.Mais cette fois Bel ne dispose plus de rserve. Ilrussit tout de mme fournir une dizainedhommes, aux ordres du sergent-chef Fosse.

    Le lieutenant-colonel Lesage charge le lieutenantDeknuydt, venu aux ordres pour le ravitaillement,de prvenir le PC du 24e CA Ognon sur lasituation. Empruntant la route de Senlis, Deknuydtessuie des coups de feu la ferme du Murget,situe 1800 mtres au Sud du PC de Lesage. Ilest 15 heures et quelques lments ennemis sontmaintenant dans le dos des dfenseurs de Verbe-rie.

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    valuer la situation et pour repousser tout ennemiayant franchi la rivire. Bel dsigne le groupefranc du lieutenant de Villers. La quinzaine dhom-mes chargs de cette mission, partent pied.

    Cette photo date de la fin de la campagne, le lieutenant-colonel Lesage salue quelques sous-officiers au moment de la dissolution du 25e GRCA. Son kpi porte encore le trou quil a reu durantles combats de Verberie. (Coll GRCA)

    Insigne du 25e GRCA. (Coll de lauteur)

  • Mais la situation volue rapidement. Sur les ailesdu secteur dfensif, lennemi traverse lOise etavance vers le sud et Senlis, encerclant le centrede rsistance de Verberie avant de le rduire. Lescombats redoublent et la proximit des protago-nistes ne permet plus au 32e RAC dagir utilement.

    Vers 16h30 au centre du dispositif, lennemi in-tensifie ses tirs sur le pont de Verberie et sesabords. Les dfenseurs dplorent deux tus et 10blesss et la perte dune mitrailleuse.Le commandant Bel qui revient son PC 18h30,aprs une liaison auprs du colonel Boivin, croisedes officiers du 57e RICMS, envoys en reconnais-sance afin dorganiser la relve des troupes de cesecteur. Galvanis par cette nouvelle, Bel dcidede rsister sur place le plus longtemps possible,en attendant sa relve.

    Venant de Rhuis, les Allemands abordent le grou-pement Ouest vers 17h30. Ils sont arrts lasortie Est de Rhuis, mais sinfiltrent avec unerapidit surprenante, non pas du ct de lOise,mais vers le Sud, le long des pentes boises duplateau dominant Verberie, contournant les d-fenseurs.Le PC du commandant Blanchard est quasimentencercl. Les dfenseurs qui se composent dungroupe de combat, dune pice de 25 et de 10agents de liaison tiennent tte lennemi, luicausant des pertes srieuses en tirant par lesmeurtrires amnages dans les murs de la fer-me. Le cavalier Fleury Gabriel tire obstinmentavec son FM sous les balles de mitraillettes.Bless, il est immdiatement remplac par unautre tireur. Le marchal des logis Trigoust grive-ment bless son tour, est charg sur les paulesde brigadier-chef Durandart qui lemporte Ver-berie. Le PC tant maintenant largement dbordet les munitions tant presque puises, le com-mandant Blanchard dcide de se replier avec lagauche de son secteur, dabord vers le carrefourmarqu dun calvaire, 600 mtres lest de laFerme, puis sur la lisire Ouest de Verberie. Blan-chard rejoint le chteau de Verberie 19 heures.Cavaliers et fantassins situs prs de la rivire etau chteau Saint-Corneil dcrochent aussi versVerberie, serrs de prs par lennemi. Le capitainede Sze rtablit ainsi son dispositif : les pelotonsDebargue, Coupery et Nicod la lisire Ouest deVerberie, en liaison au Nord avec les deux pelo-tons du lieutenant de Goulaine cheval sur laroute de Verberie-Rhuis.

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    Le commandant du 77e GRDI arrive au PC deLesage. Ce dernier lui demande de prendre posi-tion dans la boucle de lOise entre Moru et Saint-Paterne, mais cet ordre ne pourra sexcuter dufait de lavance allemande. A 15h45, arrive Fosseaussitt dirig au Sud du PC afin de barrer la ttedu ravin de Roberval.

    Entre temps, le lieutenant de Villers est parvenuau PC du commandant Blanchard situ dans uneferme Saint-Germain-les-Verberie. Conduit parladjudant-chef du Pontavice, il aborde le chteaude Roberval 16 heures. Les 200 Allemandsprsents, sont surpris par lirruption des Franaiset se replient vers un bois proche. Le lieutenantde Villers libre la batterie dartillerie. Il envoieensuite un homme auprs de Bel pour lui deman-der des renforts afin de tenir les positions prisesmais Bel vient denvoyer ses dernires rservesau PC de Lesage. De Villers ne peut se maintenircar la surprise passe, une contre-attaque le rejet-te vers le groupement Blanchard, dplorant qua-tre morts et plusieurs blesss.Une demi-heure plus tard, les hommes du lieute-nant Guillais et du sergent-chef Fosse pntrentdans Roberval par un autre chemin, sans les charspromis. Le chteau est atteint mais repousss, ilsse replient en direction du PC de Lesage. Lelieutenant Guillais dcouvre que lennemi a enga-g un large mouvement tournant, bloquant saroute. Cela confirme le premier contact de laferme du Murget, mais sans radio, il ne peutavertir une autorit suprieure. Guillais atteint laroute de Senlis o il trouve une camionnette quile ramne Montepillois avec sa petite troupe. Deson ct, Fosse gagne la lisire ouest de Verberie,retrouvant 17 heures, la section de Villers. Sansnouvelle de Guillais, Lesage envoie le marchaldes logis Messager et le cavalier Baillou en side-car sa recherche. Sur la route de Senlis, ilsdoivent forcer leur passage en tirant en marchequelques rafales de FM sur un peloton allemand.

    Vers 16h20, le lieutenant-colonel Lesage reoit du24e CA, un ordre lui prescrivant dorganiser avecle gnral Noiret commandant la 7e DIC, le replide Verberie dans la nuit. Laissant le commande-ment Danglade, il rejoint Noiret. Ce dernierenvoie au colonel Boivin un ordre de repli pour 23heures, aprs la relve des dfenseurs du secteurpar deux bataillons du 57e RICMS.

  • 2 3 Histomag - Numro 88

    Blanchard rejoint le PC de Lesage afin dobtenir durenfort. Ce dernier tant en liaison auprs dugnral Noiret, le commandant Danglade linfor-me quil na plus de rserve hormis les hommesenvoys sur Roberval, mais quil attend lescadronNaud dont la relve seffectue. Le commandantBlanchard retourne auprs de ses hommes.

    A 18h45, le lieutenant-colonel Lesage passe au PCdu commandant Bel pour lui conseiller de semettre en relation avec le colonel Boivin pourlorganisation du repli de nuit, avant de rejoindrele sien o lattend fbrilement Danglade. Mis aucourant de la situation difficile du commandantBlanchard et sur la prsence dAllemands sur sesarrires, il fait activer le retour du capitaine Naud.En attendant, le resserrement du dispositif fran-ais dans Verberie permet daugmenter la densitdes tirs et de ralentir notablement ladversaire.

    Insigne du 7e RIC. (DR)

  • A 17h30, la valeur de prs de deux bataillonsattaquent si-multanmentla gare et lepont ferroviairequils prennentmaintenant revers. Les co-loniaux se bat-tent aveccourage tenantlennemi enrespect. A 19heures, la 8ebatterie se re-plie, tout com-me lescavaliers deNaud. A 20h30,

    cest au tour du 24e RR de quitter la gare.A 21 heures, la rsistance faiblit faute de muni-tions. Ainsi les mortiers sont rduits au silence. Aupont, le lieutenant Laurendeau qui galvanisait seshommes par son exemple, est tu. Les rescapsse replient vers la gare o un dernier carr estform. A 21h45, une dernire attaque la grena-de a raison des dfenseurs de la gare qui serendent. Ceux de lcluse se sont replis versVerberie.

    Ct franais une douzaine de blesss et unevingtaine de morts jonchent le secteur. Ct alle-mand, une vingtaine de corps seront enterrs prsdu pont et la gare, montrant la duret des combats.

    A 10h30, le commandant Warabiot, chef de corpsdu 1er BCC, se trouve au PC du 24e CA, o il reoitlordre dappuyer les dfenseurs de Verberie, maisses chars ne peuvent intervenir immdiatement.En effet, suite aux combats mens depuis le 5juin, le 1re BCC ne possde plus que 10 charsRenault R35 sur 45 que lon rassemble depuis lematin, pour former une compagnie de marcheaux ordres du capitaine Duchet-Suchaux, avec lasection Brutin, Decaux et Mre et le sectiondchelon Delvaque avec quatre tracteurs de ravi-taillement.

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    Les deux sections de mitrailleuses du 7e RIC quiont rejoint dans laprs-midi, sont rparties. Aprsune violente prparation dartillerie, les Alle-mands lancent 15 heures, une nouvelle actionen direction du pont ferroviaire et de la gare, alorsque les cavaliers du GRCA commencent serassembler pour quitter ce secteur.Prs du pont des fantassins savancent sur lesruines du pont pour traverser lOise, tandis quedautres utilisent des bateaux pneumatiques. Lelieutenant Sompreu du 32e RAC est tu sonobservatoire. Les coloniaux

    , selon les termes utiliss par un officier duGRCA, tmoin de lengagement qui va jusquaucorps corps. Cest un nouvel chec pour lesAllemands, mais cette action, la dernire en direc-tion du pont, a sans doute servi dtournerlattention des dfenseurs sur la traverse delOise que lennemi effectue entre le pont ferro-viaire et Lacroix-Saint-Ouen, bousculant les rareslments du 1er bataillon du 7e RIC prsents dontcertains se replient sur la gare de Verberie.

    A 17 heures, des Allemands sont vus proximitde la gare. Refusant de se replier car il risqueraitde faire tomber toute la dfense de Verberie, lecommandant Musso dcide de rsister jusquaubout. Prs de la gare, larrive dune section demitrailleuses et de coloniaux du 2e bataillon du 7eRIC, ont permis de renforcer la barricade coupantla route venant de Lacroix-Saint-Ouen et de rele-ver lescadron Naud que le GRCA rclame.

    Mitrailleuse Hotchkiss en action. (ECPAD)

  • Entre-temps, la capitaine de Sze ayant signaldes infiltrations, la section Mre en rserve, est

    engage vers Roberval mais ellese trompe ditinraire. Croisantla section Burtin, elle se joint cette dernire. Les deux sectionsregagnent le bois de Raray 18h30. Mre est alors envoyvers le PC de Lesage o la pr-cd la section Decaux.

    A 20 heures, lescadron Naud(trois pelotons, un groupe demitrailleuses et un canon de 25)rejoint enfin le PC de Lesage quiordonne au capitaine Naud de seporter le plus vite possible, ensuivant le rebord bois du pla-teau, sur le PC du commandantBlanchard pour le dgager. Danssa prcipitation, Naud engagelaction avec seulement le lieu-tenant Droulers, deux ou troissous-officiers et une dizaine decavaliers. Des cavaliers prot-gent son avance avec des mi-trailleuses. En fait cet ordre estcaduc car Blanchard sest replimais sans liaison radio, Lesagelignore. Le lieutenant Cuchet-Cherzel avec un groupe de com-bat est post au premier viragede la route qui descend versVerberie o rapidement il sop-pose des infiltrations enne-mies.

    A 20h20, les chars rejoignentenfin le PC de Lesage qui engage

    la section Decaux vers le centre Verberie tandisque la section Mre appuie Naud en longeant leplateau. Mission remplie, les chars rejoignent lebois de Raray 21h30. Depuis le plateau, lecapitaine Naud est parvenu prs de la ferme maisil est stopp par des tirs croiss le forant regagner le PC de Lesage, maintenant la cible dequelques rafales darmes automatiques. Le lieute-nant-colonel renvoie les voitures et les chevauxen direction de la ferme de la Boissire, tant quecela est encore possible.

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    A 14h30, les premiers chars gagnent le PC deLesage. Le capitaine de Reboul (officier adjoint deLesage) est parti leur rencontre pour faire acti-ver le mouvement et les orienter. La compagniese rassemble dans le bois de Raray avant denga-ger les sections Decaux et Brutin vers le chteaude Saint-Vaast et Nol-Saint-Martin. Ceux-ci inter-viennent trop tt, car lennemi na pas encorecompltement contourn Verberie et ils ne re-poussent que de rares adversaires.

  • A 20h30, les deux chars de la section Decaux quiont rejoint le PC du commandant Bel, sont enga-gs vers les abords du chteau de Verberie. De-caux rencontre le commandant Blanchard et luiprcise quil doit attaquer en direction de la fermede Saint-Germai- les-Verberie. Blanchard fait ac-compagner les chars par le capitaine Sze et unedizaine de cavaliers. Ils parviennent 400 mtresde le ferme ayant servi de PC de Blanchard,dgage quelques cavaliers et les fantassins dulieutenant de Villers qui rejoignent Bel 22 heu-res. Un char tomb en panne dessence est sabor-d car il ne peut tre remorqu, tandis que lamitrailleuse du second sest enraye.A 21h15, le troisime char de la section Decauxqui a eu des ennuis mcaniques, rejoint. Envoyvers la gare, il ne rencontre aucun ennemi. Eneffet, ce dernier panse ses plaies aprs le durcombat qui vient de sachever, stoppant provisoi-rement son action.Bel escomptait garder ces chars pour sa dfense,mais le sous-lieutenant Decaux lui signale quil est court dessence et de munitions mais promet derevenir ds que possible. Les chars regagnentalors leur base de dpart. En abordant le plateau 23 heures, ils sont bloqus par une barricade oplusieurs antichars dtruisent le char du sous-lieutenant Decaux, tuant ce dernier et blessantson conducteur. Profitant de lobscurit, le secondchar parvient contourner lobstacle et rejoin-dre le 1er BCC.

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    Au bois de Raray, la section Burtin est engage endirection de Roberval do maintenant lennemidbouche en force. Elle se heurte deux canonsantichars et les dtruits, mais les chars ont reu denombreux obus. Un char fortement endommag(barbotion bris, moteur perc) est sabord. Unsecond tomb en panne est sommairement rpa-r. La section regagne le bois de Raray et dcimeun peloton de cavaliers au voisinage de la fermedu Murget.

    Les chasseurs Gaigner et Cournou chargs duneliaison vers le PC de Lesage afin de rallier lasection Decaux, ont leur route coupe par ladver-saire. Lencerclement de Verberie est effectif. Leurmoto tombant en panne, ils rallient pied le boisde Raray o les attendent le lieutenant Delvaqueet le sergent Sempey, car la compagnie du 1erBCC a vacu le bois 22h15. Ce petit groupeprofite de la nuit pour se faufiler au milieu delennemi, rejoignant leur camarade le lendemainmatin.

    4e section de la 2e compagnie du 1er BCC, la seule de cette compagnie tre entire au 10juin. Elle sera lune des trois sections combattre Verberie.

    Insigne du 1er BCC. (Coll de lauteur)

  • Une poigne dhommes dont le capitaine Naud,le commandant Danglade et lelieutenant-colonel Lesage, se re-plie travers champs. Quelquescavaliers sont blesss ou tus. A22h30, ils arrivent la ferme dela Boissire o ils sont encadrsde fuses blanches. Continuantleur progression, ils atteignentBaron 4 heures. Dans un der-nier effort en profitant de sonpetit nombre, le groupe parvientau bois de Montlogaton 5 heu-res, rejoignant les lignes franai-ses.

    A 21 heures, le colonel Boivin quia reu lordre de se replier annulelaction du 57e RICMS et part surRaray dj aux mains de lenne-mi. L, il est captur avec leshommes lentourant. Emmenauprs dun gnral allemand, cedernier lui confirma que

    De son ct, le commandant Belattend sa relve. A partir de 22heures son dispositif est le sui-vant :PC du commandant Bel, au sudde la ville : sections de VillersChteau de Verberie : pelotonDelagrave du GRCA et sectionsFosse et Mogin du 94e RIA cheval sur la route de Rhuis :les deux pelotons de Goulaine duGRCAPrs du pont et le long des ber-

    ges vers lcluse : section Demey du 94e RIA lcluse : lments de la compagnie Lger du7e RICSur la route venant de la gare : section Vuillemindu 94e RI

    Au matin du 11 juin, les heures ont pass sansque les dfenseurs de Verberie voient larrive dela relve tant attendue et pour cause, commenous venons de le lire. Seule une compagnie du57e RICMS qui na pas t touche par lordre derepli, rejoint Verberie. Elle sinstalle la lisire Est,face la gare.

    2 7 Histomag - Numro 88

    A partir de 20h30, toute liaison lance depuisVerberie vers le PC du lieutenant-colonel Lesage,est devenue impossible, ladversaire occupant leslacets de la route de Senlis. Les derniers dfen-seurs sont encercls, leur seul espoir consiste enune action du 57e RICMS.

    A 20h45, lennemi aborde le PC du lieutenant-colonel Lesage qui tente, sans succs, de faireparvenir lordre de repli au commandant Blan-chard. Une violente fusillade sengage. Au loin laferme du Murget flambe, les Allemands marchentsur Raray, Le temps presse, la nuit tant tombe,le repli est dcid 21h35.

  • A 7h15, la trentaine de fantassins du 94e RI, avecquelques mitrailleuses et FM, gagnent lanciennevoie romaine pour rejoindre Senlis, afin dviter lanationale utilise par lennemi. Cependant, ilssont reprs 9 heures par une patrouille cheval. Aprs 8 kilomtres pied et prs de 6heures de cache-cache avec ladversaire, ils arri-vent extnus prs de Rully. Encercl par la valeurde deux bataillons dinfanterie accompagns deblinds, le commandant Bel se rend 18 heures,la bataille de Verberie est termine.

    La stratgie utilise par larme allemande durantla bataille de Verberie est limage de celleutilise durant toute la campagne de 1940. Atta-quant en force un point prcis, si les Allemands neparviennent pas le conqurir, ils recherchentalors les points faibles du dispositif adverse pourmieux sinfiltrer afin dencercler le point de rsis-tance qui sera ensuite rduit le plus souvent suite lpuisement des munitions des dfenseurs,tandis lavance reprend.

    Cette bataille est du ct franais, un microcosmedes problmes rencontrs durant la campagne. Lacarence des transmissions radios na pas permisaux officiers suprieurs de suivre en temps relles vnements sur le terrain, empchant touteaction coordonne, crant mme dans notre casune forte dualit dans le commandement entre lecolonel Boivin et le lieutenant-colonel Lesagedun ct et les gnraux Noiret et Fougre delautre. Cela a t quelque peu compens sur leterrain par les initiatives des commandementslocaux. Cette carence explique aussi lignorancedans la position des troupes, comme pour labatterie dartillerie Roberval, les ordres inadap-ts face une situation changeante, commelattaque sur le PC du commandant Blanchard djabandonn, ou encore lordre de repli gnraltrop tardif. A cela sajoute lenvoi et lattenteinterminable des renforts se dplaant pied. Ala fin de la bataille, on a mme limpression queles dfenseurs sont sacrifis, voir oublis.Cette bataille est aussi un bon exemple des com-bats mens en juin 1940, o sous la pression desvnements des units mtropolitaines et colo-niales, dinfanterie, de cavalerie, dartillerie, dechar et du gnie, dj prouves par de prc-dents combats, se sont amalgams pour tenir tte ladversaire.

    2 8 Histomag - Numro 88

    Avant le lever du jour, des tirs dartillerie pilon-nent Verberie. Une nouvelle attaque est pressen-tie. Les commandants Bel et Blanchard discutentde la marche tenir. Ne pouvant esprer desecours, le repli est dcid 3 heures. Un premierdtachement comprenant le canon de 75, lescavaliers, la compagnie du 57e RICMS, la sectionVuillemin et un groupe de mitrailleuses du 94e RIse prsentent 5 heures, la sortie sud de lalocalit.Les fantassins rendent les honneurs en passantdevant le commandant Bel. Sous une pluie dobuset de balles, ils commencent gravir la route enlacets menant au plateau. En arrivant sur cedernier, les tirs ennemis se font plus prcis et ledtachement subit de lourdes pertes. Les lieute-nants Couprey et Debargue du GRCA sont tusainsi que six soldats. Onze autres sont blesss.

    Bel et Blanchard attendent encore le passage dulieutenant Baisse et des dfenseurs de lclusemais ces derniers se faufilent entre Verberie et lagare, avant de senfoncer par les bois, vitantainsi dtre capturs. Le lieutenant Baisse encerclau chteau de Verberie, avec les sections Fosse etMogin, se dfend jusqu puisement des muni-tions. Baisse est tu dans laction.Sous la pression de lennemi qui investit Verberie,les derniers dfenseurs partent 6 heures : Com-mandants Bel et Blanchard, section de Villers, unesection de mitrailleuses et 22 cavaliers.

    A 6h30, la majeure partie du premier dtache-ment bout de fatigue et de munitions, se rendau moment o rejoint le second dtachement.Cette arrive inattendue rallume la lutte. Manu-vrant, les franais parviennent prendre le dessussur leur adversaire.Afin de poursuivre leur progression dune faoninaperue, les rescaps se scindent en deux grou-pes. Les cavaliers partent 7 heures, en directionde Raray appuys par le feu des armes automati-ques des fantassins. En arrivant Raray, ils sontaccueillis par des mitrailleuses allemandes. Septcavaliers sont blesss. Les autres se jettent dansun champ o lherbe est haute. Les deux FM tirentleurs dernires munitions. Toute lutte tant deve-nue inutile, le commandant Blanchard et le capi-taine de Sze se rendent avec une dizaine decavaliers encore valides.

  • Lexique des abrviations :AR Rgiment dartillerie allemandBCC Bataillon de Chars de CombatBMM Bataillon de Mitrailleurs MotorisesCA Corps d'ArmeCie CompagnieDCr Division CuirasseDI Division d'InfanterieDIA Division d'Infanterie d'AfriqueDIC Division d'Infanterie ColonialeDINA Division d'Infanterie Nord-AfricaineDLI Division Lgre d'InfanterieFM Fusil MitrailleurGRCA Groupe de Reconnaissance de Corps d'ArmeGRDI Groupe de Reconnaissance de Division d'InfanterieGQG Grand Quartier GnralID Division dinfanterie allemandeIR Rgiment dinfanterie allemandePC Poste de commandementPz Div PanzerdivisionRA Rgiment d'ArtillerieRAC Rgiment d'Artillerie ColonialeRI Rgiment d'InfanterieRIC Rgiment d'Infanterie ColonialRICMS Rgiment d'Infanterie Coloniale Mixte SngalaisRR Rgiment Rgional

    Bibliographie :Rapport du commandant Bel (94e RI)Rapport du colonel Boivin (7e RIC)JMO du 25e GRC AJMO du 1er BCCExtrait du JMO de la 4e IDOuvrage :Verberie Juin 1940, Edition Mairie de Verberie, juin 1940,avec la participation dErik BarbansonHistorique de la 2e Cie du 1re BCC de Erik Barbanson etPatrick Binet, Editions PBCO, 2009

    Remerciements :Je remercie lassociation GRCA pour son apport.Cette association, dans un souci de complterson site :http://grca.free.fr/index.htm recherche tous do-cuments et photos sur les GRDI et GRCA.

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    Les pertes sont difficiles va-luer, mais nous savons que 22tombes allemandes ont t re-censes aprs les combatsdans le secteur de Verberie,laissant penser que lennemia chrement pay cette victoirelocale. Les pertes franaises semontent environ 80 morts :24 au 94e RI, 20 au 25e GRCA,22 au 7e RIC, 4 au 24e RR, 3 au52e BMM, 3 au 32e RAC, 1 au1er BCC, 1 au 18e Gnie, 1 au61e RAD et 1 au 57e RICMS. Acela sajoute de nombreuxblesss et prisonniers. Ainsi le25e GRCA dplore 26 blesss,36 disparus dont sans doute quelques blessssupplmentaires et 46 prisonniers. Il ne reste que35 cavaliers sur les 163 engags.

    Le relev des corps permet de savoir que lamoyenne dge des combattants franais tait de33 ans, la moiti ayant mme plus de 35 ans,alors que lge moyen dans le camp adverse taitde 26 ans. Les dfenseurs de Verberie venaient dergions ou pays trs divers : Compigne, Bor-deaux, Bayonne, Chartes, Le Mans, Cte dIvoire,Haute Volta ou encore dAfrique du Nord. Ils ontdonc t nombreux mourir loin de chez eux.

    Ces pertes peuvent paratre anecdotiques parrapport celles de la campagne, mais cela souli-gne bien la qualit des combattants de 1940 quele poids de la dfaite a occult. Ils ont t nom-breux se battre jusquau sacrifice total, comme Verberie, tenant lennemi en chec pendantplus de 48 heures, sans ravitaillement, sans qua-siment dormir et ceci malgr des pertes importan-tes et une disproportion flagrante des moyens. Lemot de la fin revient Henri Amouroux qui a critdans :

    Traverse de la Nonette par les troupes allemandes dans lesecteur de Senlis. Certains de ces soldats viennent peut-trede Verberie. (DR)

  • orsque la poche de Dunkerque est dfinitivement rduite, les Allemands prparentdj la phase suivante de l'invasion de la France. Hitler a diffus une nouvellecirculaire le 31 mai dcrivant ce qui va devenir l'opration "Fall Rot", l'offensivequi doit "dtruire les forces allies restant en France qui suivra de plus prs lescombats d'Artois et de Flandre". Si les Allemands ont renforc leurs effectifs en

    infanterie en engageant plusieurs corps d'arme frais, les divisions de panzer n'ont pureconstituer compltement leurs effectifs. Elles ont toutefois bnfici d'un temps dercupration, et leur moral est au plus haut aprs l'incroyable succs obtenu dans le nordde la France. Il s'agit maintenant d'exploiter la destruction des units mobiles et lerembarquement du corps expditionnaire britannique(1), et attaquant tout au long de laligne de front. La disponibilit des forces fait que les offensives vont s'chelonner de la ctejusqu' la ligne Maginot, les premiers coups devant tre ports dans le secteur de laSomme, et notamment de la tte de pont d'Abbeville, objet de rcents combats.

    3 0 Histomag - Numro 88

    Rommelperce la ligne Weygand

    LHITLER ET ROMMEL

  • Ds le 3 juin, Rommel effectue le reprage de lazone dans laquelle sa division va attaquer, que lesAllemands appellent "secteur de Cond-Folie". Ledploiement de la division est effectu partir du4 juin au soir et dans la nuit, afin que l'arrive despanzers ne soit pas repre par l'ennemi. Le plande Rommel est simple : une fois en possession

    d'une tte de pont au sud de la Somme(4), ilfoncera sur Airaines, carrefour important, tandisque son infanterie largira la brche en prenantHangest s/ Somme ( gauche) et Cond-Folie etLongpr les Corps Saints ( droite). Mme s'il n'apas encore t confront la nouvelle tactiquedfensive des Franais, Rommel a une grandeexprience de l'offensive, depuis la Premireguerre mondiale, et son plan montre d'emblequ'il ne compte pas s'attarder rduire les nom-breux points dfensifs mais s'enfoncer le plus enprofondeur possible en profitant de la mobilit deses panzers, capables d'avancer et de tirer enmme temps. Il doit ainsi foncer sur Rouen etprendre les ponts sur la Seine, ce qui est l'objectifde la premire phase de l'offensive. Du ctallemand, l'assaut initial est le fait du Pionier-bataillon 58 et du Schtzen-regiment 6, maisRommel souhaite rapidement faire passer sesblinds du Panzer-regiment 25 et de l'Aufklrung-abteilung 7 pour percer en profondeur. Les Alle-mands sont confiants et ils ont raison.

    Pour son attaque, Rommel bnficie de deux

    ponts intacts(5) sur la Somme solidement tenuspar les Allemands, malgr plusieurs tentatives decontre-attaques franaises. Il profite aussi, sans lesavoir, du fait que ces points de passage ont t"oublis" par le haut commandement, Weygandn'est pas au courant du fait que les Allemandspossdent dans cette zone des ponts intacts. C'estce qui explique que les rserves mobiles position-nes par les Franais, principalement le groupemotoris de Langle de Cary est plus l'est. MaisRommel va aussi avoir la chance d'attaquer lesFranais en pleine relve. En effet, face sa zone

    d'attaque, les units de la 5me division d'infante-

    rie coloniale remplacent celles de la 5me brigade

    de cavalerie (3me division lgre de cavalerie).Outre le fait que les dfenseurs franais qui vontcombattre les panzers ne connaissent pas le ter-rain, leur soutien d'artillerie n'est pas en place aumatin du 5 juin. Au moment de l'offensive, lesFranais sont donc en train de dployer deux

    rgiments d'infanterie coloniale, les 44me et

    53me RICMS(6), chacun avec deux bataillons sur lespoints d'appui de la premire ligne et un bataillonen rserve.

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    C'est le Heeresgruppe B de von Bock quienglobe trois armes en premire ligne qui vamener les oprations. Il dispose de la moiti des

    panzers, dont le 15me corps d'arme motoris(2),

    auquel est rattache la 7me division de panzerscommande par le gnral Rommel. Cette units'est taille en quelques jours une rputation etune clbrit au sein de l'arme allemande maisaussi auprs des mdias. Elle a ainsi t la pre-mire franchir la Meuse, avec une journed'avance sur les prvisions. Sa "chevauche fan-tastique" dans la nuit du 16 au 17 mai a jou unrle essentiel dans l'effondrement du front fran-ais, prcdant les Franais sur leur ligne de repli

    de la Sambre et de lOise (3). Si ces pisodes,comme les combats autour d'Arras de Rommelcontre les Britanniques sont souvent relats etconnus, la suite de la campagne est moins con-nue, et nous vous proposons d'tudier les opra-tions qui vont amener Rommel percer la ligneWeygand lors du "Fall Rot". Cette bataille estpourtant intressante car elle recle de nombreu-ses informations sur la mthode Rommel et sur sapersonnalit.

    Le gnralissime Weygand, qui a pris la suite deGamelin, a mis en place une nouvelle ligne dedfense, la "ligne Weygand" sur laquelle il adploy les units disponibles, forme de divi-sions de rserves et d'units motorises reconsti-tues en groupes mobiles. Cette ligne estpourtant faiblement tenue, car malgr l'avis deplusieurs de ses subordonns, Weygand a refusd'vacuer la ligne Maginot ou de la dgarnir pourrenforcer ses dfenses. En revanche, il a diffusune nouvelle doctrine tactique, issue des ensei-gnements tirs de la campagne en mai en Belgi-que, et impose par la faiblesse de ses effectifs :quadrillage du terrain en profondeur, regroupe-ment des fantassins dans des points d'appui d-fendus tout azimut et renforcs par de l'artillerie,et placs aux carrefours et sur les routes, afin depriver les panzers de leur capacit percer enprofondeur le dispositif.

    1 - Il ne reste d'une division d'infanterie, la 51st Highland divisionrenforce par les tanks de la 1st Armoured division. 2 - Du gnral Hoth, il encadre les 5me et 7me divisions de panzeret la 2me division d'infanterie motorise. 3 - Voir Cdric MAS, Rommel, Economica 2014, pp. 58-62.

    4 - Entre Hangest sur Somme et Cond-Folie, proximit duhameau de La Breilloire ; 5 La reconnaissance arienne effectue par Saint-Exupry ne lesa pas vus, et les Allemands se contentent de tenir le pont, sanstendre leur tte de pont sur la rive sud de la Somme ; 6 - Deux rgiment d'infanterie coloniale mixte sngalais ;

  • La gauche du bataillon est tenue par des lmentsde Dragons non encore relevs avec lesquelsaucun contact n'a encore t pris.

    Airaines est tenu par le 2me bataillon du 53me

    (Commandant Seymour), avec les compagnies

    dployes dans toutes les directions (5me compa-

    gnie face l'est et le sud-est, la 6me compagnie

    vers l'ouest et le sud-ouest et la 7me compagnievers le nord et le nord-est) et bien renforces parles armes collectives du rgiment (canons de 25et un mme canons de 37 antichar).

    Le 3me bataillon du 53me (Commandant Costa)tient le village du Quesnoy sur Airaines, transfor-

    m en point d'appui : la 9me compagnie vers

    l'ouest et le nord-ouest, la 10me compagnie vers

    le sud-ouest et la 11me compagnie face au sud etau nord-est.

    L'tat-major du 53me rgiment command par lecolonel Polidori est dans le Ch-teau du Quesnoy.

    Les positions du 44me RICMS sontplus tendues vers l'est, avec le

    1er bataillon dfendant la vallede la Somme entre Picquigny etHangest sur Somme (les deux

    localits exclues), le 2me ba-taillon prolongeant la ligne d'Han-gest sur Somme inclus jusqu'

    Cond-Folie exclu, et le 3me ba-taillon en rserve le long de larivire St Landon (points d'appuide Soues, Le Mesges et Cavillon).

    L'artillerie de la 5me division tant

    en train d'arriver, la 3me divisionlgre de cavalerie a laiss 4batteries en place (3 batteries de

    75 du 72me R.A., une batterie de

    75 du 21me R.A.C. et deux pices

    de 155 court du 5me groupe du

    221me R.A.L.).

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    L'artillerie est en train de se mettre enposition, mais les retards pris dans la nuit du 4 au

    5 juin font que des lments du 6me Dragons, quitenait jusque-l le front, n'ont pas encore trelevs et vont devoir combattre. Les units colo-niales ont reu l'ordre de tenir sans esprit de recul,mais outre le manque de connaissance d'un ter-rain trop important pour les effectifs disponibles,elles n'ont pas rcupr d'une longue marche du3 juin de 32 km effectue sous une chaleur acca-blante.

    Les positions franaises sont les suivantes :

    1er bataillon du 53me (commandant Brusa) d-fend la premire ligne de la valle de la Sommeentre Longpr et Cond-Folie (soit 3 km) : Cond-

    Folie est tenue par la 2me compagnie avec mi-trailleuses, mortiers de 81 et canons antichars de

    25 de la compagnie de soutien, la 3me compagnieest dans le bois de Rivire l'est du village, le PC

    du bataillon et la 1re compagnie tient le villagede Rivire.

    Le gnral Erwin Rommel

  • Les Franais rsistent et infligent des pertes sensi-bles aux assaillants, mme s'ils sont soumis auxbombardements en piqu des stukas. Les tirs demitrailleuses clouent les fantassins allemands,tandis que l'artillerie franaise arrose la zone. Lesofficiers coloniaux qui tiennent ainsi entendent lecliquetis de chenilles de chars dans la valle, cequi ne prsage rien de bon. La priorit de Rommelest d'abord de faire traverser ses blinds mais unPanzer IV se m