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LA PRESSE EN REVUE... LUNDI 22 SEPTEMBRE 2014 SOMMAIRE G.Diez La Presse en Revue I) Le Parti socialiste a-t-il un avenir ? 1) Le PS… 2) Le début du commencement !!! 3) Les casseroles des uns et des autres… 4) Un scrutin de tous les dangers 5) Le bricolage de Valls !… Dessin de Faber

I) Le Parti socialiste a-t-il un avenirdata.over-blog-kiwi.com/0/99/20/93/20140922/ob_eaa... · secoue les rangs du Parti socialiste (PS) depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon

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LA PRESSE EN REVUE...

LUNDI 22 SEPTEMBRE 2014

SOMMAIRE

G.Diez La Presse en Revue

I) Le Parti socialiste a-t-il un avenir ?

1) Le PS… 2) Le début du commencement !!! 3) Les casseroles des uns et des autres… 4) Un scrutin de tous les dangers 5) Le bricolage de Valls !… !!!!

Dessin de Faber

LAPRESSEENREVUE.EU

Courrier international Emmanuelle Morau

"La gauche française divisée alors que le Premier ministre se rapproche doucement de la droite", titre The New York Times (NYT) en une de son édition internationale illustrée par une grande photo de Manuel Valls. !"Si la gauche se détourne de ses fondamentaux idéologiques, alors que représente-t-elle ?" interroge le NYT en soulevant cette question qui secoue les rangs du Parti socialiste (PS) depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon. Le Premier ministre "essaie d'y répondre en appelant le PS à mettre l’accent sur la croissance plutôt que sur la protection sociale, alors que les dirigeants européens cherchent une méthode pour relancer leurs économies. Manuel Valls se trouve sur la même longueur d’ondes que son homologue italien Matteo Renzi, qui choisit de donner une plus grande liberté aux marchés et de réformer le travail, tout en essayant de repousser au maximum des coupes supplémentaires dans les dépenses publiques”, explique le NYT.

Bataille des idées au sein de la gauche !Tel est le dilemme de la nouvelle gauche européenne. "L’humeur est on ne peut plus lugubre à Paris", estime The Wall Street Journal (WSJ). "Les rebelles de la majorité socialiste menacent de s’abstenir [aujourd'hui] lors du vote de confiance à l’Assemblée pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une austérité trop sévère et la fin de la politique de la demande. Ce n’est pas seulement l’avenir du gouvernement qui est en jeu, mais bien la bataille des idées au sein de la gauche française", explique le quotidien économique. !“Pour comprendre la lutte qui se joue au sein du PS, il faut rappeler deux bizarreries de l’histoire récente. La première, c’est que François Hollande est un président accidentel [après le retrait de Dominique Strauss-Kahn (DSK) à la suite de l’affaire du Sofitel]. La deuxième, c’est la surprise provoquée par la nomination de Manuel Valls au poste de Premier ministre. François Hollande ne l’a pas choisi parce qu’il était proche de lui, ou parce qu’il était le favori du PS, non. Ce fut un choix par faiblesse, pour essayer de redonner des couleurs à une présidence minée par l’insatisfaction de l’opinion publique grâce à un jeune politicien dynamique dont l’autorité ne serait pas discutée", explique le WSJ.

Et de conclure sur un diagnostic sans appel : "La France est dirigée par un président qui n’a jamais été clair ni avec son parti, ni avec son électorat quant à la direction qu’il veut suivre, et par un Premier ministre bien trop clair pour avoir le soutien de son parti."

courrierinternational.com

II) Fillon à propos de Sarkozy: «Je n'ai pas le culte des sauveurs»

François Fillon, le 7 septembre à La Baule. (Photo Jean-Sébastien Evrard.

Sarkozy qui a officialisé vendredi sa candidature à la tête de l'UMP s'exprimera au JT de France 2 ce soir. !Nicolas Sarkozy a officialisé vendredi sur Facebook son come-back, qu'il préparait en réalité depuis deux ans... Ce retour va déclencher un branle-bas de combat à l'UMP où Juppé, Fillon et Le Maire attendent leur heure.

14h17. L’ancien Premier ministre François Fillon, depuis Domont dans le Val-d'Oise où il participe à un «barbecue de rentrée» avec ses partisans. «Je n’ai pas le culte des sauveurs, mais le culte des idées. Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir qui peut battre François Hollande. A priori, tout le monde. Non, la question est comment rassembler les Français et surtout pour quoi faire.» !Sans jamais citer nommément Nicolas Sarkozy, François Fillon tente de minimiser l’importance de l’élection à la tête de l’UMP à laquelle l’ex-chef de l’Etat est désormais officiellement candidat.

«Mon parti, c’est mon pays, et c’est pour lui que je m’inquiète et que je me bats.»«Mon rôle au sein de la direction collégiale me commande de ne pas prendre parti, de rester au-dessus de cette compétition interne. Je ne donne aucune instruction», dit l’ex-Premier ministre, qui gère temporairement le parti de droite avec Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin depuis le mois de juin. Après le congrès de l’UMP, «j’agirai en homme libre, parce que notre mouvement a besoin de débats pour se réinventer», plaide-t-il, en réaffirmant préparer «un projet pour la France» en préparation de «la primaire de 2016» à laquelle il est candidat pour représenter son camp à la présidentielle de 2017.

Juppé : «Je vais aller jusqu'au bout» !10h20. Alain Juppé annonce : «le match» pour 2017 «a commencé», «je vais aller jusqu’au bout». !«Je ne suis pas une girouette. Si j’ai dit ça, c’est parce que j’y ai réfléchi, pensé, j’en ai envie et donc je vais aller jusqu’au bout. Je sais bien qu’aujourd’hui le match a commencé et que le tacle commence. On essaie de faire croire que je n’irai pas jusqu’au bout. Eh bien je vais en apporter la démonstration. Vous le verrez en 2016 et 2017 (...) Je le confirme, je l’écris, je le signe», déclare-t-il au «Grand rendez-vous Europe 1-Le Monde-i>Télé». Au passage, le maire de Bordeaux s’engage à n’exercer qu’un seul mandat présidentiel s’il est élu en 2017.

«Je n’annoncerai pas (ce soir) que je suis candidat à la présidentielle» !Nicolas Sarkozy à Nice en mars 2014.Dans un

entretien au Journal du Dimanche, Sarkozy dit vouloir «changer le nom du parti, mettre en place une nouvelle organisation, installer une rélève et faire revenir les adhérents et donateurs pour redresser les comptes.» «Si je réussi cette nouvelle formation,

ils (Juppé et Fillon) ne pourront plus me rattraper», dit l’ancien chef de l’Etat.

«Sans arrogance ni esprit de revanche». Sur son passage à la télé ce soir, Sarkozy dit ne vouloir «être agressif avec personne», être «sans

arrogance ni esprit de revanche». «Je n’annoncerai pas que je suis candidat à la présidentielle», «ce sera un autre temps. L’étape d’aujourd’hui, c’est de remettre ma famille politique au travail». Interrogé sur son rôle en tant que futur chef de l’opposition, il assure qu’il ne sera «pas agressif» à l’égard de François Hollande, «comme lui à mon endroit».«Je n’ai pas envie de lui ressembler.» !A propos des nombreuses affaires : «Je suis sorti de Karachi. J’ai été blanchi dans Bettencourt. Sur la Lybie, ils (les juges) savent que les documents sont faux». «Quant à Bygmalion», a-t-il ajouté, «c’est moi qui suis la victime. Chacun sait que ce n’est pas un système dédié à Sarkozy».

III) Juppé : "En matière d'ennuis judiciaires, vaut mieux ne pas se livrer à un match"

Alain Juppé a estimé dimanche que le "match" pour 2017 avait "commencé" face à Nicolas Sarkozy et a affirmé qu'il irait "jusqu'au bout" de sa candidature aux primaires.

"Je ne suis pas une girouette. Si j'ai dit ça, c'est parce

que j'y ai réfléchi, pensé, j'en ai envie et donc je vais aller jusqu'au bout". Dimanche, l’ancien Premier ministre Alain Juppé, invité du Grand rendez-vous Europe 1-Le Monde-i-Télé s’est dit déterminé à poursuivre son engagement. "Je sais bien qu'aujourd'hui le match a commencé et que le tacle commence. On essaie de faire croire que je n'irai pas jusqu'au bout. Eh bien je vais en apporter la démonstration", a-t-il ajouté. Le maire de Bordeaux s’est engagé au passage à n'exercer qu'un seul mandat présidentiel s'il est élu en 2017.

Alain Juppé entend maintenir le cap malgré le retour politique de Nicolas Sarkozy. (Maxppp)

"Je ne vais passer mon temps à me positionner par rapport à Nicolas Sarkozy" !"Mes adversaires dans tout ça, ce ne sont pas les partenaires de la droite et du centre, mon adversaire, c'est le pouvoir socialiste qui a mis la France dans l'état dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui, et c'est surtout le Front national qui

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propose aux Françaises et aux Français une vision de la France à laquelle je suis totalement opposé", a précisé Alain Juppé, qui s’est employé à défendre son projet plutôt que de commenter le retour en politique de Nicolas Sarkozy. !"Je ne vais pas passer mon temps à me positionner par rapport à lui, ce qu'il pense, ce qu'il est supposé penser ou ce que vous lui faites dire". !Cependant, "en matière d'ennuis judiciaires, vaut mieux ne pas se livrer à un match, hein!" a-t-il lâché, alors qu’il était interrogé sur les arguments prêtés à Nicolas Sarkozy contre sa candidature, à savoir son âge (71 ans en 2017) et son passé judiciaire !"L'intox a commencé", a répondu l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Alain Juppé a de nouveau fermement défendu le principe d'une primaire ouverte à toute l'opposition en vue de 2017, quand l’ancien président entend utiliser la présidence de l'UMP comme tremplin direct. "Une primaire, ça peut consister à faire voter les 175.000 militants de l'UMP. !Cela ne sert à rien puisqu'ils vont se prononcer à la fin du mois de novembre (pour la présidence du parti). Donc, ça n'a de sens que si ces primaires sont élargies aux sympathisants de la droite, du centre, du centre-droit et peut-être même au-delà".

lejdd.fr

IV) Election sénatoriales 2014 : la situation actuelle du Sénat

© afp

Le 28 septembre prochain auront lieu les nouvelles élections sénatoriales. L’enjeu est de taille puisque 179 sénateurs sont concernés par ce renouvellement partiel au mode de scrutin particulier, le suffrage universel indirect.

Public Sénat vous propose d’en savoir plus sur ces élections grâce aux infographies réalisées en partenariat avec l’agence IDE.

publicsenat.fr

V) Impôt sur le revenu: le grand bricolage

Par martine orange

Au lendemain de son discours de politique générale, Manuel Valls a annoncé la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu. La mesure, annoncée dans la précipitation, est censée soutenir le pouvoir d’achat des Français moyens. Elle aggrave surtout les tendances d’un système fiscal de plus en plus injuste et inefficace. Décryptage.

Cela a des allures de bricolage sur un coin de table. Alors que le premier ministre avait tenu la veille son grand discours de politique générale devant l’Assemblée nationale et n’en avait soufflé mot, Manuel Valls annonçait tout à trac, le lendemain matin 17 septembre sur France Inter, la suppression de la première tranche d’impôt sur le revenu, celle à 5,5 %, « pour redonner du pouvoir d’achat à nos compatriotes ».

Cette annonce en a surpris plus d’un. François Bayrou parle d’une « improvisation absolument incroyable et inimaginable ». Mais même au sein de la majorité, la manière du premier ministre

dérange. « Je suis étonné par la façon dont elle a été annoncée au lendemain du vote de confiance et à la veille du discours présidentiel », relève le député PS Pierre-Alain Muet. Jeudi 18 septembre, François Hollande confirmait en quelques mots le projet de fiscalité annoncé par le premier ministre. !Pour les familiers du pouvoir, le dispositif imaginé relève de la grande tradition technocratique, désormais bien installée, où des cabinets ministériels et la haute administration moulinent dans la précipitation une mesure pour permettre au ministre de l’annoncer. En l’occurrence, il s’agissait de trouver la réplique au veto du Conseil constitutionnel, en août, sur l’allégement des cotisations sociales pour les salariés touchant entre 1 et 1,3 fois le Smic, afin d’envoyer des signaux aux ménages les plus modestes et aussi à une partie de la majorité. !« Il faut en finir avec les annonces qui contribuent à compliquer le système et confirment que Bercy ne maîtrise plus la machine à produire de la législation fiscale », dénonce le député frondeur socialiste Christian Paul. Une analyse que partage un expert des questions budgétaires et fiscales, habitué de Bercy. « Ces annonces successives finissent par créer une immense confusion. La politique budgétaire et fiscale est devenue incohérente et illisible. Le gouvernement, pris dans trop de contradictions, ne cesse de faire une politique de stop and go, augmentant les impôts puis les diminuant, prenant des mesures avant de les annuler. Les Français n’y comprennent plus rien », dit cet expert des questions fiscales et budgétaires. Décryptage. !Qui est concerné par la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu ? !La tranche d’impôt de 5,5 % concerne la part fiscale des revenus compris entre 6 011 et 11 991 euros. Le gouvernement a décidé de supprimer cette tranche et de refondre la grille d’entrée dans l’impôt. Cette mesure devrait bénéficier mécaniquement à tous les contribuables : qu’elles soient imposées au taux de 14 %, de 30 %, de 41 % ou de 45 %, les personnes ne devraient pas être taxées sur la partie de revenus comprise dans cette première tranche. !Le gouvernement, toutefois, entend réserver cet allégement aux ménages allant jusqu’à la tranche de 30 %, soit au plafond à 26 764 euros par part fiscale. Plusieurs mécanismes ont donc été imaginés pour redéfinir les tranches fiscales et réserver l’allégement aux ménages moyens.

Le seuil d’entrée de la tranche des 14 % devrait être abaissé, passant de 11 967 euros à 9 690 euros, ce qui permettrait de reprendre une partie des revenus censés échapper à l’impôt. Dans le même temps, afin d’éviter un effet de seuil trop grand, les ménages passant de 0 à 14 % directement pouvant en être lourdement pénalisés, un mécanisme de lissage devrait être créé, prévoyant une décote de 350 euros pour un célibataire et de 700 euros pour un couple. !Selon le ministère du budget, cette suppression de la tranche de 5,5 % devrait bénéficier directement à 3 millions de ménages qui devraient ne plus être imposés ou ne pas le devenir. 6 autres millions de ménages devraient voir leur impôt diminuer. Au total, la mesure devrait concerner 9 millions de ménages pour un coût estimé de 3 milliards d’euros, selon les calculs du ministère du budget. Mais ce dispositif ne devrait rien coûter aux autres contribuables. « À revenu équivalent, leur impôt restera identique », assure le ministère. Le président de la République a réitéré cet engagement lors de sa conférence de presse.

Quel est le but de cette réforme ?

Bousculé par sa majorité lors de la discussion sur le pacte de responsabilité, le gouvernement avait voulu faire un geste pour montrer qu’il ne se souciait pas seulement des entreprises mais aussi des salariés. Il avait été prévu que les salariés touchant entre 1 et 1,3 fois le Smic bénéficieraient d’un allégement de leurs cotisations salariales. Le Conseil constitutionnel a mis son veto, début août, sur ce dispositif, estimant qu’il s’agissait d’une rupture d’égalité. Le gouvernement avait alors promis de trouver d’autres mécanismes pour redonner du pouvoir d’achat aux salariés. Il avait alors évoqué une possible fusion entre le RSA et la prime pour l’emploi afin d’aider les ménages les plus modestes. Cette mesure semble être tombée dans les oubliettes. Plus personne n’en parle. Officiellement, il est encore « trop tôt », selon le ministère du budget, pour savoir si elle sera mise en œuvre ou non.

Le premier ministre lui a préféré, au moins pour l’instant, un allégement fiscal. Une façon de reconnaître en creux que le marasme économique actuel de la France n’est pas seulement lié à un problème d'offre, mais aussi de demande, le pouvoir d’achat des Français ne cessant de baisser depuis dix ans. !La mesure a un double mérite : elle s’apparente

au modèle imaginé par le président du Conseil italien, Matteo Renzi, devenu l'une des références du gouvernement français, qui lui aussi a adressé un chèque aux ménages modestes et moyens imposés afin de leur restituer un peu de pouvoir d’achat. De plus, elle peut être rapidement être mise en œuvre, en frappant les imaginations. « Pour un retraité à 1 400 euros par mois de pension, ce sera 230 euros d'impôt sur le revenu en moins et, depuis 2013, 330 euros » ; pour un couple salarié avec trois enfants gagnant 4 200 euros par mois à deux, « ce sera plus de 1 100 euros de baisse d'impôt », a expliqué Manuel Valls. !« En soi, dans la conjoncture actuelle, il n’est pas inopportun de soutenir les ménages modestes. Mais que fait-on pour tous ceux qui ne paient pas l’impôt sur le revenu? », s’interroge Pierre-Alain Muet. En privilégiant la suppression d’une tranche d’impôt à une refonte du RSA, le gouvernement fait un choix très clair : il décide de soutenir les ménages moyens, repoussant à plus tard – peut-être aux calendes grecques – l’aide aux plus pauvres, ceux qui ne sont pas soumis à l’impôt, au moment où il y a plus de huit millions de personnes en France vivant en dessous du seuil de la pauvreté.

Un système à bout de souffle !Vers un nouveau bricolage fiscal ? !Pour justifier cette annonce précipitée, le premier ministre a évoqué, sans même qu’on lui ait posé la question, « le haut-de-cœur fiscal » des Français. Le thème est désormais familier. L’ancien ministre des finances, Pierre Moscovici, l’a lui-même popularisé, en parlant l’année dernière à la même époque du « ras-le-bol fiscal » des Français. Étrange époque, qui voit un gouvernement décrier et dénigrer sa politique budgétaire et fiscale ! !Les chocs fiscaux successifs imposés par la droite puis par la gauche depuis 2010 ont créé, il est vrai, de réelles difficultés dans les ménages. En vrac, le gel des barèmes fiscaux, la réduction du quotient familial, la fiscalisation des allocations familiales et des heures supplémentaires, la suppression des demi-parts pour l’éducation de trois enfants, la disparition de la demi-part veuvage ont amené des millions de ménages à payer des impôts, alors qu’ils en étaient auparavant exonérés, ou à voir leur impôt considérablement augmenté. !

Les centres d’impôts font état de difficultés de plus en plus grandes et de discussions tendues aux guichets. Entre 2011 et 2013, le nombre de demandes gracieuses – pour obtenir un étalement voire une annulation partielle ou totale de l’impôt – a augmenté de 22 % pour les impôts sur le revenu. Les lettres de rappel, de relance et de mise en demeure adressées aux contribuables particuliers sont passées en deux ans de quatre millions et demi à près de dix millions. !« La suppression d’une tranche fiscale, c’est un peu le moyen de revenir sur les mesures qui ont été prises auparavant et faire sortir de l’impôt des ménages qui s’y sont retrouvés brutalement », remarque un expert. Mais est-ce vraiment une bonne méthode ? Outre la confusion qu’elle génère dans les esprits, cette improvisation rend encore plus injuste, illisible et inefficace le système fiscal actuel. À longueur d’études, les spécialistes de la fiscalité, Thomas Piketty en tête, n’ont cessé d’insister sur la perte de sens du système fiscal français et sur la nécessité de rétablir une fiscalité progressive, afin de rebâtir un édifice plus juste et plus redistributif. !En supprimant la première tranche de l’impôt sur le revenu, le gouvernement prend le chemin inverse. Au lieu de rebâtir un système de fiscalité progressive – Laurent Mauduit dans son article sur le centenaire de l’impôt sur le revenu rappelle qu’il y a eu jusqu’à 14 tranches d’imposition –, il le concentre un peu plus. Il n’y aura plus que quatre tranches. À côté de cela, les niches fiscales perdurent, ce qui peut permettre à des ménages – normalement imposés à 45 % – de finalement être imposés à 20 % ou moins. !L’impôt sur le revenu risque d’être encore moins rentable, plus inefficace et encore plus contesté qu’auparavant. Selon les calculs, le nombre de ménages imposés va diminuer à nouveau pour retomber à 47 %. N’est-on pas en train d’atteindre un seuil critique ? Alors que le gouvernement alimente lui-même le rejet fiscal, que les exemples de fraude fiscale, y compris chez les élus, se multiplient, que le gouvernement donne peu de signes de sa volonté de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, que des études montrent que de plus en plus de Français contestent le système de redistribution, le consentement à l’impôt risque de devenir une question politique de première importance. !Pour ajouter à la confusion ambiante, le gouvernement, selon RTL, étudierait une réforme de la fiscalité des retraités les plus aisés, passant

par une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG). Si le taux est de 7,5 % sur les revenus d'activité et assimilés (salaires, primes...), il baisse à 6,6 % pour les pensions de retraite et de préretraite. Les bénéficiaires du minimum vieillesse sont dispensés de CSG, ainsi que les retraités les plus modestes – dont le revenu fiscal de référence ne dépassait pas en 2014 le montant de 10 224 euros pour une personne seule. Les retraités dont les revenus sont supérieurs à ce plafond, mais qui ne paient qu’un impôt très modique (en dessous de 61 euros), paient une CSG au taux réduit de 3,8 %. !Par le jeu des niches fiscales, notamment des emplois à domicile, de nombreux retraités aisés ne paient que très peu, donc bénéficient d’une imposition sur la CSG à taux réduit. Le gouvernement, selon RTL, souhaiterait que désormais les revenus imposables (donc avant le jeu des niches fiscales) servent de référence au calcul de la CSG, au nom de la « justice fiscale ». Le gouvernement n’a fait aucun commentaire à la suite de cette révélation. !Même si la mesure est justifiée, elle ne peut que renforcer l’impression d’improvisation politique, de replâtrage d’un système qui prend l'eau de toutes parts. « La question des revenus et de la politique fiscale mérite mieux que cela. Il nous manque une vraie réforme fiscale. Notre système a été bâti en 1914, revu après la Deuxième Guerre mondiale, mais est resté sans changer depuis. Il faut le moderniser pour lui redonner son caractère juste et efficace », explique Pierre-Alain Muet. Il évoque avec nostalgie les réunions de campagne avec François Hollande et Jean-Yves Le Drian, quand la réforme fiscale était au cœur des préoccupations du candidat PS. Un constat partagé par Christian Paul, partisan, comme tant d’autres, d’une réforme de grande ampleur, jugeant la fiscalité française à bout de souffle.

Peut-on croire à la promesse qu’il n’y aura pas d’impôt supplémentaire ? !François Hollande l’a répété lors de sa conférence de presse : « La France ne va pas lever d’impôt supplémentaire. » Les 3 milliards liés à la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu ne vont rien coûter, selon le ministère du budget. Tout serait déjà entièrement financé. Une partie est déjà comptabilisée par la réduction exceptionnelle d’impôt consentie aux ménages modestes et inscrite dans la loi de finances 2014. Cet allégement va être pérennisé dans le nouveau

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provient de la mesure sur l’allégement des cotisations sociales pour les salariés, censurée par le Conseil constitutionnel mais qui avait déjà été inscrite dans les dépenses publiques. !Mais tout ceci n’est qu’écriture publique. Reste la question des déficits. Début septembre, le gouvernement a pris une inflexion politique et budgétaire discrète. Reconnaissant qu’il serait dans l’incapacité, compte tenu de la faiblesse de la conjoncture et du manque de rentrées fiscales, de ramener son déficit budgétaire à 3,5 % du PIB cette année, comme il s’y était engagé auprès de la Commission européenne, le gouvernement a annoncé un nouveau seuil de 4,3 % à la fin de l’année. Mais les révisions vont au-delà. Alors qu’il s’était engagé à ramener le déficit budgétaire à 3 % en 2015 et à zéro en 2017, l’objectif de ramener le déficit à 3 %, pour se conformer aux traités européens, a été repoussé à 2017. !La renonciation à cette politique stupide du chiffre magique est bienvenue, en soi, surtout en cette période de déflation et d’effondrement économique. Le pari du gouvernement français est de faire avaliser ce changement auprès de la Commission européenne, en promettant en compensation réformes structurelles et économies budgétaires. Le gouvernement s’est engagé à réaliser 50 milliards d’euros d’économies sur trois ans dans les dépenses publiques. « La France n’ira pas au-delà », a répété François Hollande lors de sa conférence de presse.

Mais, même à ce niveau, le projet est ambitieux. Jusqu’à présent, l’essentiel des économies budgétaires a été réalisé par le biais de gels des dépenses, des points d’indice pour les réévaluations salariales. Par le seul effet de l’inflation, ces gels permettaient d’économiser mécaniquement plusieurs milliards chaque année. La déflation, qui s’est installée dans toute l’Europe, mine ce mécanisme relativement indolore. Avec une inflation zéro, le seul gel des budgets ou des salaires ne permet plus aucune économie. Comment trouver alors les 50 milliards d’économies ? !« À un moment ou à un autre, la Commission européenne et l’Allemagne risquent de s’énerver et de demander des comptes », pronostique un observateur. « La tentation va être grande d’augmenter la TVA. C’est la mesure la plus simple, la plus immédiate et la plus rémunératrice. » !Au cours du tumultueux été gouvernemental,

plusieurs voix proches du pouvoir ont déjà évoqué la possibilité de porter la TVA de 19,6 à 22 %. Le gouvernement a réfuté très vite l’hypothèse. François Hollande a exclu à nouveau cette possibilité, jeudi. !Pourquoi personne n’y croit-il vraiment ? Parce qu’une augmentation de la TVA de deux points, ce sont des recettes équivalant à 0,7 % de PIB, qui peuvent entrer dans les caisses de l’État du jour où la décision est actée. Parce qu’en période de déflation, la mesure pourrait presque passer inaperçue. Parce que d’autres pays européens appliquent déjà des taux de TVA bien plus élevés qu’en France. Tous ces arguments régulièrement brassés par Bercy pourraient finir par l’emporter, surtout si la France est pressée de donner de nouveaux gages à la Commission européenne et ailleurs. !Mais prendre cette mesure serait donner à nouveau une prime à la fiscalité la plus injuste, qui frappe beaucoup plus les pauvres et les ménages modestes que les riches, alors que dans le même temps, le gouvernement poursuit le minage de toute fiscalité directe, juste et progressive. Il est à craindre, malgré tout, que le mode de gestion fondé sur l’improvisation et la panique, qui est devenu la marque de ce gouvernement, ne conduise à ce choix.

mediapart.fr