Ibn Arabi _Kitab Al Marifa

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    I I. ISLAMOLOGIE, PHILOSOPHIE

    (1) LIzaa t publie par A. R. Badaw dans la revue Al-Andalus(vol. XX, fasc. 1, 1955). LeK. al-marifa y figure sous le n 191.(2) Les rfrences auxFutt renvoient toutes ldition de Blq,1329 h.(3) Ce passage du awb(qui rpond la 32e question de Tirm) estcit par O. Yahia dans son dition duatm al-awliy, Beyrouth, 1965,p. 190.(4) Deux autres ditions au Caire en 1987 et Thran en 1991

    nous ont t signales mais nous navons pu les consulter jusqu prsent.Une dition a t galement publie au Caire (c. 1986) par Abd al- Ramnasan Mamd sous le titrreAl-tanazzult al-layliyya.(5) Sur la liste de ces remplois voir ldition des Taalliytpublie parO. Yahia Thran, 1988, note 237, p. 169-170.

    Ibn Arab, Kitb al-marifa [Michel Chodkiewicz]

    Ibn Arab,Kitb al-marifa.d. crit. de Sad Abd al-Fatt,

    Beyrouth, Dr al-Mutanabb, 1993.

    15 _ 24 cm, 222 p.Al-Qshn, Latif al-ilm fi ishrt ahl al-ilhm [Michel Chodkiewicz]

    Al-Qn,Laif al-ilm f irt ahl al-ilhm.

    d. crit. de Sad Abd al-Fatt,

    Le Caire, National Library press, 1996.20 x 30, 512 p. et 698 p.

    Soucieux de faire connatre la littrature du taawwuf,M. SadAbd al-Fatt sadonne sans relche depuis plu-sieurs annes une tche dditeur. Cest ainsi quil a

    notamment fait paratre, en 1993, le K.minrt al-irnde Nam al-dn Dy et, en 1995, le Manzil al-manzilal-fahwniyya dIbnArab. Les deux titres ici recenss sajou-tent une production dj abondante et qui devraitsaccrotre dautres ouvrages annoncs. la diffrence detant de publications commerciales bcles qui exploitentlintrt pour le tur, il sagit en loccurrence dditions ta-blies sur la base de manuscrits prcisment dcrits, muniesdes divers index de rigueur et dont la prsentation mat-rielle est satisfaisante, voire excellente dans le cas des Laifal-ilm dont les deux volumes sont remarquables par la

    qualit du papier et de limpression.

    On voudrait navoir qu fliciter SadAbd al-Fattdu travail accompli. Il faut malheureusement constater quele rsultat tmoigne de plus de zle que dacribie. Toutesces ditions ont le grave dfaut de ne mettre en uvre queles ressources locales: par quoi nous entendons, non seu-lement quelles nutilisent que les manuscrits disponiblesen gypte Dr al-Kutub surtout mais que linforma-tion de lditeur se rduit ce quil peut trouver dans lespublications en langue arabe. Le K. al-marifa est cet gardun exemple digne dattention. Lattribution dun ouvrage dece titre IbnArab ne fait aucun doute: il le mentionne lui-mme dans son Iza parmi ses crits fl-aqiq (1), dansles Futt(I, 38, 46, 163; II, 66, 99) (2) et dans le awbmustaqm (3). Mais le texte publi par S. Abd al-Fatt est-il bien celui dont parle IbnArab?

    Il existe de fortes raisons den douter. Lditeur auraitt conduit se poser quelques questions ce sujet silavait pris la peine de consulter cet outil indispensable queconstitue, dans le domaine des tudes akbariennes, la thsedO. Yahia (publie en 1964). Le K. al-marifa figure sous le titre de K. al-masilqui est une variante trs an-

    ciennement atteste sous le numro 433 du Rpertoiregnral. La notice qui lui est consacre signale de nom-breux manuscrits, dont certains sont contemporains delauteur ou trs peu postrieurs et qui, de toute vidence,

    sont a priori beaucoup plus srs que ceux de Dr al-Kutub(dats du Xe et du XIIe sicles de lhgire) sur lesquels sap-puie la prsente dition. Et ce nest pas tout: O. Yahiarappelle que cet ouvrage, selon les indications dIbnArab,prsente une relation troite avec la troisime des profes-

    sions de foi incluses dans la muqaddima des Futt,celle qui sintitule aqdat ahl al-iti (Fut.I, 41-47).Aprs la aqda commune tous les musulmans puis

    celle qui est propre aux mutakallimn, le ay al-akbarexpose l, sous la forme de 65 questions (ou plutt depropositions ou de thses), la doctrine des hom-mes de Dieu dont les connaissances sont en partiespculatives et en partie fondes sur le dvoilement (baynanaar wa-kaf). Quant la aqda de llite de llite ilprcise quelle est dlibrment disperse (mubaddada)dans les 560 chapitres de cet opus magnum, la drobantainsi la censure des ulam al-hir.

    Du K. al-marifa /K. al-masil, il existe depuis 1948une version imprime fautive et incomplte parue Hayderabad sur la base dun manuscrit tardif (4). Or la com-paraison entre ce texte et celui de la muqaddima desFuttpermet de constater que le second est un rsum du pre-mier bien que celui-ci, lacunaire, ne comporte que 53questions au lieu de 65 et que lordre des questions nesoit pas rigoureusement identique ici et l ( la question 13des Futtcorrespond la question 15 du K. al-masil; la question 18, la question 21; la question 21; la ques-

    tion 53, la question 48, etc.). Tout cela est au demeurantconforme ce que lon sait des procds rdactionnels dIbnArab qui, trs souvent et cela se vrifie particulirementdans le cas des Futt incorpore luvre en cours descrits antrieurs, parfois abrgs ou remanis, parfois ci-ts in extenso. Osman Yahia, qui a examin le ms. Esad Ef.1477 le seul complet selon lui a dailleurs dcouvertque le K. al-marifa, remploy dans les Futt, remployaitlui-mme plusieurs chapitres du K. al-taalliyt(5).

    Le Kitb al-marifaque prsente M. Abd al-Fatt nade toute vidence aucun rapport avec les deux textes dontnous venons de parler bien que chacune de ses 296 sec-tions ait en commun avec eux le fait dtre introduite par le

    BCAI 16 (2000) Ibn Arab : Kitb al-marifa. d. crit. de Sad Abd al-Fatt , recens par Michel Chodkiewicz IFAO 2009 BCAI en ligne http://www.ifao.egnet.net

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    (6) Ce trait porte le n 281 dans le Rpertoire gnral dO. Yahia. Unetraduction en a t publie par Michel Vlsan dans la revue tudesTraditionnelles (1967, n 400, 401, 404; 1968, n 406, 407, 408) et a

    t ultrieurement dite sous forme de livre.(7) Cette correspondance a t traduite par P. Lory en annexe sonouvrage Les commentaires sotriques du Coran, Paris, 1980,p. 177-187. Voir aussi ltude de H. Landolt Der Briefwechsel zwischenKshn und Simnn, Der Islam, L, 1, 1973, p. 29-81.

    titre masala. Il nest pas ncessaire de le scruter trslonguement pour en dcouvrir la nature: celle dune takira,dun aide-mmoire o un admirateur fervent dIbnAraba pieusement recopi, pour son usage personnel ou celuide ses proches, des passages de ses uvres (la plupart

    extraits des Futt) qui lui paraissaient spcialement dignesdtre mdits. Cette espce danthologie, o lordre de suc-cession des thmes ne parat obir aucun dessein prcis,regroupe des citations parfois littrales, parfois tronquesou quelque peu modifies dont lorigine est facilementreprable. Lidentification exhaustive de ces sources dpas-serait les limites assignes ce compte rendu. Nous nousbornerons donc quelques exemples. Les premires ques-tions sont toutes empruntes au 6efaldes Futt(lefal al-aqb): Q. 1 = Fut. IV, 93; Q. 2 = IV, 96-97; Q. 4 =IV, 88-89; Q. 5 = IV, 89-90; Q. 7 = IV, 98-99; Q. 8 = IV,100-101; Q. 9 = IV, 100-101 La source de la Q. 34 est le

    chapitre 14 des Fu (consacr Uzayr), celle de la Q. 56est le chapitre 59 des Taalliyt, celle de la Q. 83 est laUqlat al-mustawfiz (p. 52 de ldition Nyberg). La Q. 88provient de Fut. III, 190, la Q. 93 de Fut. IV, 88, la Q. 98 deFu. I, 48, la Q. 120 de Fut. I, 2, la Q. 130 de Fut. I, 139, laQ. 144 de Fut. I, 118, la Q. 192 de Fut. III, 186. Bien quony trouve aussi plusieurs textes de flazl (Q. 78, 82, 256)cette mosaque peut assez lgitimement tre publie sousle nom dIbnArab si lon considre la somme des partiesqui la constituent. Mais elle nest pas un tout dont le ayal-akbarserait lauteur et ne saurait tre confondue avec

    lauthentique Kitb al-marifa.

    M. Abd al-Fatt nignore pas (voir son introductionI, 62-64) quun problme dattribution se pose au sujet desLaif al-ilm, vaste dictionnaire de termes techniques(1652 dfinitions) en usage dans le taawwuf partir delpoque o se rpand linfluence dIbnArab. Cest ce der-nier que certains considrent dailleurs comme lauteur delouvrage. La page de couverture du ms. Berlin Pm. 128,dont nous avons sous les yeux une photocopie, porte dans une criture diffrente de celle du texte son nomsous une forme inhabituellement abrge: Li-l-ayal-muaqqiq Muy l-dn et il en va de mme de plusieursautres manuscrits. Le Kaf al-unn (II, 1552) immdiate-ment aprs une premire rubrique o le titre est cit sansnom dauteur, en donne une seconde o le livre est attribu Qn mais une note de lditeur lattribue Farfin.Quant au supplment dIsmlPBafidd (VI, 114), il leclasse parmi les titres dIbnArab. Brockelmann, quant lui, hsite: adrQnaw (I, 450), Qn (II, 204; S II, 280).

    Lattribution IbnArab, comme celle Qnaw, sontvidemment exclure, lun et lautre tant invoqus comme

    autorits dans les Laif: innombrables sont les citationsdes Futt, des Fu, des Mawqi al-nuum, duK. al-abdila, etc. Qnaw est mentionn (II, 30) sous lenom de adr al-dn al-Rm. En ce qui concerne IbnArab,

    lerreur dattribution est facilement explicable puisquunede ses uvres un trait qui ne compte que huit pagesdans ldition de Hayderabad et ne peut donc tre confonduavec les Laif a pour titre Kitb al-ilm bi-irt ahlal-ilhm (6). A priori, lattribution Qn, que retient sans

    hsitation M. Abd al-Fatt, est plausible: son intrt pourles problmes de terminologie est attest par dautres crits:ses Iilt al-fiyya, partiellement publies pour la pre-mire fois Calcutta en 1845 par A. Sprenger et dont ilexiste maintes ditions, la plus rcente, sauf erreur, tantcelle parue au Caire en 1992; son Ras al-zulal, dautrepart, que S. Abd al-Fatt a dit en 1995, au Caire gale-ment. Mais affirmer quil est lauteur des Laifsupposersolu un srieux problme mme si lon fait la part deshyperboles de la courtoisie musulmane: dans la dfinitiondu ilm ladunn(II, 156-157) figure en effet la mention deayun Al al-dawla Simnn. Or les relations de Qn

    avec Simnn, loin dtre celles de disciple matre, ont eu,cela est bien connu, un caractre extrmement polmique.Leur change de lettres, repris des Naftde m, estdailleurs reproduit par S. Abd al-Fatt dans son introduc-tion (I, 44-59) (7) et lon stonne donc que cette objectionne lui soit pas venue lesprit. Lattribution Sad al-dnFarfin (ob. 700/1301) atteste par plusieurs manuscrits,est nos yeux plus plausible et parat confirme par lafrquence (une quarantaine) des citations dIbn al-Fri,affectueusement dsign comme sayyid Umar: Farfin,on le sait, est lauteur dun commentaire fameux du Nam

    al-sulk, rdig par lui en persan dabord puis en arabe.Nanmoins la mention de Simnn comme ayun est, pourdes raisons chronologiques cette fois (beaucoup plus jeuneque Farfin, il est mort trente-cinq ans aprs lui), trs em-barrassante l encore.

    Quoi quil en soit on voit dfiler dans ces deux volu-mes, deAimmat al-asm Yawm al-umua, dans lordrealphabtique des mots et non des racines une longuesrie de vocables ou dexpressions que lon retrouvera sou-vent, de sicle en sicle, dans les innombrables crits o,sans que son nom soit toujours prononc, on dcle lem-preinte de lenseignement dIbn Arab. Bien que lesexplications donnes dans chaque cas sinspirent de ladoctrine du ay al-akbar, comportent souvent desrfrences explicites ses uvres et parfois en citent litt-ralement des passages, linfluence de Qnaw et de sonentourage est toutefois trs sensible: la souple arbores-cence du discours akbarien succde dj une scolastique

    BCAI 16 (2000) Ibn Arab : Kitb al-marifa. d. crit. de Sad Abd al-Fatt , recens par Michel Chodkiewicz IFAO 2009 BCAI en ligne http://www.ifao.egnet.net

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