ILE DES EMBIEZ

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Michèle Préleur - Fabienne Orus a

==institut océanographique PAULDICADD

Michèle Préleur - Fabienne Orusa

Avec le concours de Jocelyne La Scala, Patrick Lelong, Patrice Chafer et André Segui

Ile des Embiez • raconte-mOl

Dessins de Michèle Préleur, Fabienne Orusa et Jean Bouvet

Carte illustrée hors-texte par David de Abreu Souza

.....:...:;;;., institut océanographique

PAULDICADD

Les auteurs remercient A. Roth et JP Brun, la famille Jouglas, pour leur aimable collaboration.

Réalisation André Segui

© 1995 - Institut océanographique Paul Ricard

Imprimerie spécia le Ricard· Ma rseille

AMIS VISITEURS,

cette île des Embiez vous a émerveillés,

ou vous émerveillera, nous l'espérons,

et peut-être souhaitez-vous en savoir un peu plus

sur elle.

Nous consacrons ici

une grande partie de notre existence

et, cependant, chaque jour,

nous y découvrons un nouvel attrait.

Comment se lasser du spectacle

offert par son port ravissant avec ses guirlandes

de jardins fleuris toute l'année,

des odeurs de la garrigue et de la pinède,

des falaises aussi abruptes qu'inattendues,

des criques complices et des plages accueillantes,

des oiseaux qui, dans leur migration, trouvent ici un refuge apprécié!

C'est un personnage bien vivant

parfois impressionnant,

jamais austère,

que nous avons interrogé pour vous.

Nous souhaitons

que vous preniez autant de plaisir

à la lecture de ce livret

que nous en avons chaque jour

à vivre une passionnante aventure.

Michèle et Fabienne

ILE DES EMBIEZ ...

Quel drôle de nom que le tien! ..................... ............................................... 5

Plan de l'île des Embiez... ......... ................................................................... 6

Ile, raconte-moi ton histoire ........... ..................................... .... ............. ... .... 7

On a fouillé ton sol................................................... ................................... 9

Qui était le Prince du château ? .................................................................. 10

Que veut dire Tour Fondue ? ...................................................................... 12

Tu produisais du sel? Je n'en vois pas......................... ........ ...................... 13

Pourquoi ces arbres si torturés ? ................................................................ 17

Voici des oiseaux ......................................................................................... 18

Et puis des fleurs .......................................................................................... 19

Le vin que j'ai dégusté .......................... ... .................................... ...... .... ...... 23

Mais as-tu de l'eau ? .................................................................................... 24

Quel était le rôle du fort Saint-Pierre? ......... ............ ......... .... ....... ..... .... .... 25

J'ai vu des tunnels........... ............ ...... .............. ..... ......... .............................. 30

Des bagnards a ux Embiez? ............. .......... ......... ......................................... 34

Et les pirates? ..... .......................................................................... ......... ..... 36

En guise de conclusion ................................................................................ 37

Sources bibliographiques ............................................................................. 38

Pour vos notes et croquis ........... ................................................................. 39

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Quel drôle de nom que le tien!

... RACONTE-MOI

DROLE ? Peut-être! Mais, il est drôle, aussi, que l'on me pose une telle question, et beaucoup d'autres encore, à moi, l'île!

C'est, bien sûr, avec le plus grand plaisir que je réponds aux interrogations de mes amis visiteurs. A commencer sur mon nom, qui intrigue la plupart d'entre eux.

Sur ce point, je laisserai parler Emile Da vin.

"L'archipel des Embiez, dont le nom latin est EMBERS ou IMBERS, nom que "l'on trouve dans le Cartulaire de Saint-Victor, de Marseille, comporte huit "orthographes dans divers actes:

EMBERS (1197)

AMBlAS (1352)

EMBIERS (1485)

AMBlES (1520)

AMBIERS (1583)

AMBlER (1609)

EMBIES (1737)

"Les cartographes des XVIIe et XVIIIe siècles donnent Embiez avec un Z, "dont nous adopterons l'orthographe dans cette monographie.

"D'aucuns font venir le nom d'AMBIERS du latin AMBO, les deux, fixant "deux îles habitées de cet archipel: EMBIEZ et GRAND ROUVEAU ou bien "EMBIEZ et TOUR FONDUE, jadis séparées. D'autres, avec le président au "Parlement B. de Meynier, tirent ce nom de AtMINES PORTUS, le port "d'AtMINES, en supposant, chose non encore démontrée, que Six-Fours fut "l'AtMINES POSITIO de l'Itinéraire maritime d'Antonin.

"C'est aussi l'avis de Ch. Lentheric, dans sa ''Provence Maritime'; qui fait des "Embiez l'AtMINES INSULA. Enfin, le colonel Laflotte suppose qu'il pourrait "s'agir d'un simple nom de famille, car il existe encore des Imbert dans la "région" (Davin E., 1941. Monographie de l'archipel des Embiez).

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ILE DES EMBIEZ ...

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... RACONTE-MOI

Ile, raconte-moi ton histoire

C iST SURTOUT à partir du xe siècle que beaucoup d'événements sont survenus. Je me rappelle les plus importants:

- Après 950 (bataille de la Malogineste), les momes de Saint-Victor viennent exploiter des salins dans l'île des Embiez.

- 1068: on sait qu'ils en tirent du sel. Ils aménagent le port d'embarquement des salines dans un creux de l'île, au Nord.

L'exploitation des salines et des pâturages des Embiez donne lieu à de fréquentes délibérations municipales de la part de la communauté de Six­Fours, à laquelle les salins appartiennent entièrement au xve siècle.

- 1520: l'exploitation est donnée pour trois ans à Barthélémy Lombard, de Six­Fours.

- 1565 : la communauté interdit "de faire paître aucun menu bétail aux Embiez sous peine d'un écu".

- 1578 : le neveu de B. Lombard acquiert les salins et une partie des Embiez. Il obtient d'Henry IV le titre de Seigneur de Sainte-Cécile des Embiez.

- 1601 : sa veuve et ses enfants fondent une chapellenie, sous le vocable de Sainte­Cécile.

-1602: édification d'une chapelle. Elle est desservie jusqu 'en 1712 puis vendue à la Révolution, en 1793. Elle a actuellement complètement disparu.

- Sous François 1er, un premier fortin est construit au sommet de l'île à la place d'une vigie, de date inconnue.

- 1612: les Sainte-Cécile construisent un château.

- 1661 : on y installe trois canons.

- 1625 : par mariage, la Seigneurie des Embiez devient maison des Jouffrey de Sainte-Cécile.

- 1669: la communauté vend "toute les terres gastes, cultivées et incultes, palluns, qu'elle possédait encore dans l'île, ainsi que tous les droits et usages sur les herbages et pâturages".

- 1720: achat de l'île par Michel de Sabran.

- 1827: le propriétaire des salines est un nommé Cagniard, de Marseille.

- 1827 (2 mai) : le roi de France Charles X, autorise par ordonnance la création d'une fabrique de soude ''factice': On y fabriquait déjà de la soude naturelle par incinération de certaines plantes.

- 1828: construction d'une digue reliant la Tour Fondue aux Embiez pour protéger les salines.

- 1873: nouveau propriétaire, M Jules de Greling, de Marseille.

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ILE DES EMBIEZ ...

- 1847-1848, 1863: construction du fort Saint-Pierre.

- 1920 (8 mars) : M Ferdinand de Greling vend à son tour l'île et les salines à la société des Salins et Pêcheries d'Hyères, dont le directeur est M Gérard.

- 1958: l'île est achetée par M Paul Ricard.

- 1963: inauguration du port de plaisance, creusé sur l'emplacement d'une partie des salines. Il possède une capacité de 750 places.

- 1966 : création, sous le nom d'Observatoire de la mer, de l'Institut océanogra­phique Paul Ricard, installé au fort Saint-Pierre.

Depuis cette date, l'île a été aménagée pour l'accueil des touristes.

Port de plaisance, hôtels, restaurants, terrams de sport, jeux, musée de peinture, boutiques, aquarium, piscine, petit train, Aquascope ... proposent aux visiteurs des séjours ou des promenades agréables.

Des jardiniers amoureux de la nature en ont fait un paradis. Tout au long des saisons, fleurs et arbustes nous ravissent, les roses, les tulipes, les jacinthes rivalisent de couleurs et de senteurs, tout comme bien d'autres espèces, l'hibiscus jaune, beau à se pâmer, ou les géraniums parfumés.

La partie construite est réduite par rapport aux 92 hectares de l'île où le promeneur peut découvrir la garrigue provençale avec les cistes, les lentisques et le romarin, ou les plantes du bord de mer. Des espèces sont protégées, comme les orchidées, la sala delle et le petit houx. Résistez à l'envie de les ramasser, vous les sacrifiriez inutilement.

Le long de la côte ouest, les arbres offrent le spectacle étrange de troncs penchés presque à l'horizontale; des arbustes présentent leur squelette rabougri. Et pourtant au printemps, presque à la fin de l'hiver, des fleurs fragiles comme les narcisses poussent sur les pentes exposées aux embruns.

Il faut avoir vu le spectacle de la mer en furie lors des tempêtes d'ouest. Etonnant!

Amis Visiteurs, l'hiver possède aussi beaucoup de charme aux Embiez.

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· .. RACONTE-MOf

On a fouillé ton sol ...

OUI,. et trouvé des traces du passage de l'homme aux fer et ve siècles av.J C.

Ces archéologues ont publié dans les Annales de la Société des sciences naturelles et d'archéologie de Toulon et du Var (1978) un article: Sondages archéologiques côtiers aux Embiez (A. ROTH et JP. BRUN). En voici des passages:

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" SVIII

Extrait de la conclusion:

"Le secteur a donc été fréquenté principalement au 1er siècle avant-J.C. aménagements paraissent dater de l'époque d'Auguste.

Il reste à déterminer la nature de l'occupation. Deux phases principales paraissent devoir être distinguées:

- Ve siècle av.-J.C. : le promontoire rocheux utilisé alors doit servir de lieu de campement à des pêcheurs ou des navigateurs. On retrouve essentiellement des vestiges d'une alimentation à base de fruits de mer et de poissons comprenant aussi des produits terrestres (mouton, lapin). La proportion considérable de vaisselle grecque d'Occident paraît caractériser un établissement non permanent, peut-être de "pêcheurs marseillais".

- Fin du 1er siècle av.-J.C. et début du premier après: l'occupation semble changer de nature. Plus de reliefs de repas, seulement des remblais formés de fragments d'amphore et des sols de terre battue. On hésite fort à y voir des restes de fond de cabanes dont les murs auraient été emportés par l'érosion. Faut-il plutôt supposer qu'il s'agit d'aménagements, nivelant le substrat rocheux pour permettre le séchage et la réparation des filets ?".

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ILE DES EMBIEZ ...

Qui était le prince du château?

MoN CHATEAU S'APPELLE d'abord Sainte-Cécile, puis Sabran.

Il est construit en 1612, sur l'emplacement d'un fortin élevé sous François 1er, à la place d'une vigie non datée. C'est là que devait se trouver jadis la première église bâ tie par les Victorins de Marseille.

En 1593, je suis érigée par Hemy IV en arrière-fief, en faveur d'une famille Lombard, originaire de Six-Fours, dont les membres prennent alors le titre de seigneurs de Sainte-Cécile des Embiez (le fief tire son profit de deux marais salants ainsi que de l'exploitation de la soude extraite des plantes marines recueillies sur la côte). Cependant, les habitants du Brusc conservent les privilèges dont ils jouissent de temps immémoriaux: faire paître les troupeaux dans l'île, puiser de l'eau aux puits, sécher les filets ...

L'ancien château et les vignes, à l'alltomne.

Ensuite, il vient la famille de Jouffrey (ou Jouffroy).

En 1720, Michel de Sabran de Baudinard, capitaine de Vaisseau, acquiert l'île (il est en 1711, gouverneurde Sanary). La juridiction territoriale reste à l'abbé de Saint- Victor, seigneur de Six-Fours, pour les crimes et délits commis sur le territoire. ''Les pêcheurs ne pourront pêcher plus près de cent toises de la pointe de l'île '~

Le Roi autorise le seigneur des Embiez à frapper d'amendes les délits de pêche et de chasse, amendes qui seront employées à la réparation de la chapelle de l'île .

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La tour du château. Vétuste, elle ne se visite pas,

mais on peut l'approcher.

Mes armes sont celles de Six-Fours:

... RACONTE-MOI

" De gueules, à une coquille d'argent ombrée de sable"

Celles des Sabran:

" De gueules, à un Lyon rampant d'or (d'argent) "

Leur devise:

" Noli irritare Leonem "

J'ai appartenu à

Benoît Trotobas, d'Arles

Marie Thérèse Gazan, de Toulon

Eusèbe de Pézénas de Bernardy, d'Ollioules

Jules de Greling (qui fit construire l'église du village du Brusc).

En 1920, M Ferdinand de Greling (propriétaire du Café Glacier, à Marseille), me vend avec mes salines à la société des Salins et Pêcheries d'Hyères, ayant pour raison sociale Gérard et Cie.

M Paul Ricard fait construire une nouvelle chapelle, inaugurée en 1992, à laquelle il donne le nom de Sainte-Cécile.

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ILE DES EMBIEZ ...

Que veut dire Tour Fondue?

AH! IL S'AGIT EN EFFET d'une tour effondrée, "Tourre afoundra", en provençal, et elle n'est pas facile à trouver sans un peu de recherche.

L'effondrement de la tour dut avoir lieu à la suite d'un tremblement de terre, en 1644.

Sa démolition eut lieu en 1646, par autorisation royale.

Cet ancien farot, dont on ne voit plus que la base, avait, paraît-il, quarante mètres de haut.

Promenade: tournez à gauche le long du port, en direction du "Canoubié'~ Montez dans la garrigue, parmi les pins d'Alep et les chênes verts, jusqu'au point le plus élevé. De cette tour, vous ne verrez que les vestiges, dominant un très agréable paysage.

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ECOUTE:

... RACONTE-MOI

Tu produisais du sel Je n'en vois pas ...

Les salines étaient orientées du nord-ouest au sud-est de l'île. Elles comprenaient un certain nombre de bassins d'évaporation, de réservoirs d'eau verte et d'échauffoirs, sur six cents mètres de longueur et deux cents mètres de largeur. Ils étaient remplis, en période de hautes eaux, par des prises à la mer, à la plage du Grand-Gaou.

Après évaporation, l'eau salée était envoyée dans les tables salantes. Des pompes à moteur servaient à faire des mouvements d'eau.

En 1910, ces tables, au nombre de 19, s'étendaient sur 200 mètres de longueur et 175 mètres de largeur, avec une superficie totale de 33.622 mètres carrés. En 1941, les tables 1,2,6, 7,8,9,14,15,16 et 17 étaient les seules à pouvoir sauner, les autres ayant été converties en partènements (endroits où l'eau de mer se concentre par évaporation). Elles représentaient une superficie de 20.700 mètres carrés. La saunaison permettait de récolter sur ces tables environ 1.200 tonnes de sel.

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ILE DES EMBIEZ ...

Histoire des salins

- En 1068, les moines de Saint- Victor de Marseille ou Victorins en tirent déjà du sel. Un acte du XIIe siècle signale que les droits des Six-Fournais sur le sel et les pâturages des Embiez ont été violés, et souHgne ainsi le caractère ancien de ces salines.

- 1520: déHbération municipale pour donner à Barthélémy Lombard les salines de l'île des Ambiers pour trois ans, à la charge pour lui de remettre tous les ans une émine de sel par maison. C'est l'oncle de Barthélémy Lombard II qui m'achète en 1580.

- 1564: envoi auprès du Roi, qui se rend de Marseille à Tarascon, d'une députation composée de Sylvestre Denans et Jean Lombard, au sujet de la répartition du sel des Ambiers.

- 1565 : défense de faire paître aucun menu bétail aux Ambiers et aux Palluns sous peine d'un écu.

- 1577: pouvoir aux consuls de passer un acte de bornage avec Noble de Sainte­Cécile, propriétaire aux Ambiers et aux salins.

(Archives communales de Six-Fours).

- Noble Barthélémy Lombard IL qui m'acquiert en 1580, passe, le 16 septembre 1580, une transaction avec les consuls de la communauté de Six-Fours pour exploiter les deux tables salantes appartenant à la dite communauté, moyennant une caution annuelle de 16 florins ...

(Manuscrit de J. Denans, 1713).

- L'exploitation des salines s'interrompt très souvent. Dans "Géographie de la Provence" (1788), Achard dit: "Autrefois, il y avait des salines aux Embiez où l'on faisait quantité de sel; mais les Fermiers généraux engagèrent M Jauffroy de Sainte-Cécile, qui en était alors seigneur, à y renoncer moyennant la somme de 1.500 Hvres':

- En 1828, les tempêtes d'équinoxe endommagent tellement les salins que le propriétaire d'alors, un sieur Cagniard, de Marseille, doit solliciter, le 18 novembre, du ministre de la Marine, Hyde de Neuville, l'autorisation de construire deux chaussées, à ses frais, pour pouvoir continuer l'exploitation. Deux pièces trouvées aux Archives du port de Toulon en témoignent:

"24 novembre 1828, arrêté du ministre de la Marine et des colonies autorisant

le sieur Cagniard à faire construire à la partie Sud de l'île, deux chaussées

telles qu'elles sont indiquées au plan annexé à sa demande, sauf à souscrire par

devant l'autorité maritime l'engagement préalable de démolir les dites

chaussées à ses frais, sans pouvoir prétendre à aucune indemnité, dans le cas

où cette mesure serait ultérieurement jugée nécessaire."

Signé: Hyde de Neuville

"Enregistré au contrôle"

Signé: De Vaucresson, Contrôleur de la Marine.

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... RACONTE-MOI

"7 décembre 1828, acte par lequel le SIeur Cagniard "s'engage à démolir les

chaussées dont il s'agit à ses frais et sans prétendre à aucune indemnité dans

le cas où cette mesure deviendrait nécessaire" Même signature.

- 1873: nouveau propriétaire de l'île, Jules de Greling, de Marseille.

- En 1914, l'Etat tire de l'exploitation du sel aux Embiez des taxes variant de 50 à 60.000 francs, correspondant au droit de 100 F par tonne sur 5 à 6.000 tonnes de sel vendu à la consommation, le reste étant vendu en franchise de droits à l'industrie.

- 8 mars 1920, Ferdinant de Greling vend l'île des Embiflz et ses salines à la société des Salins et Pêcheries d'Hyères, ayant pour raison sociale Gérard et Cie.

Pierre Gérard, de Toulon, est directeur, en 1941, de cette société fondée en 1848 et dont le siège est 35, rue d'Alger, à Toulon.

F de Greling tient les Embiez de son oncle, Jules de Greling décédé en 1909. Auparavant, l'île appartenait en indivis à Benoit Trotobas, d'Arles, à Marie­Thérèse Gazan, épouse de Henri Machemin, avoué à Toulon, et à Euzèbe de Pezenas de Bernardy, d'Ollioules.

- 1958: alors que l'exploitation des salines prend fin, Paul Ricard acquiert l'île.

- 15 -

ILE DES EMBIEZ ...

Le seL chargé dans les tombereaux, était déversé en vrac, du haut d'un tumulus, dans des chalands ou des goélettes. Les vedettes qui assurent la liaison entre le continent et l'île accostent à cet endroit.

Les récoltes se faisaient une fois l'an, avec des brouettes.

Voici quelques chiffres:

Année Tonnage Année Tonnage

1920 1431 1930 988

1921 1931 1140

1922 1932 401

1923 1933 969

1924 313 1934 818

1925 376 1935

1926 580 1936

1927 1288 1937 110) (partielle)

1928 989 1938-1948

1929 873

(Chiffres communiqués par M de Champfleury).

La production aurait été arrêtée à cause de sa faible importance et des problèmes de transport (d'où prix de revient élevé).

Les douaniers en service sur l'île, en plus du contrôle des côtes, étaient chargés de contrôler le passage de la charrette sur le pesage, avant et après le déversement.

Ils étaient étaient logés dans des bâtiments situés près de la piscine actuelle. Ces bungalows fleuris s'appellent toujours les ''Douanes'~

Que sont-ils devenus ?

Sur leur emplacement, ont été créés des jardins aquatiques, lieux de vie d'une faune aquatique intense et d'oiseaux, dont beaucoup de migrateurs: mouettes, martins-pêcheurs, gravelats, hérons cendrés, flamants, oies, huîtriers-pies, pluviers, vanneaux, avocettes, aigrettes, canards ... J'y reviens, un peu plus loin.

A vous de les reconnaître ... tout en respectant leur quiétude.

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... RACONTE-MOI

Pourquoi ces arbres si torturés ?

OH, C'EST LE VENT!

Promenez-vous sur mes rivages. Pins et arbustes sont couchés dans le sens du vent.

''Je plie et ne romps pas ... "

Pas toujours, quand les pins sont trop vieux, il n'est pas rare de les voir cassés ou arrachés après une violente tempête.

Venez me voir en hiver, le mistral ou le vent d'est soufflent fort.

Parfois même, mais c'est exceptionnel, la neige me recouvre de son manteau ...

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ILE DES EMBIEZ ...

Voici des oiseaux

APRES LA CHASSE SECULAIRE, la vie a trouvé son équilibre sur l'île des Embiez: les renards, les couleuvres, les chats et les souris, les oiseaux y vivent en paiX.

Les amoureux de la nature aiment à regarder, écouter, attendre de longs moments, aussi bien lorsqu'il fait froid que lors des grandes chaleurs, j'offre un spectacle discret mais combien enchanteur! De multiples oiseaux me rendent visite.

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Le héron cendré, a ttentif. ..

Un cormoran, bien pataud

L'avocette si agile

Le gravelot à l'air timide

Légère l'aigrette

Le vanneau porte beau sa huppe

L'h Ul'tri er s'affaire Le martin-pêcheur, bleu azur

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... RACON TE-MOI

Et puis des fleurs ...

PAR MILLlbIlS. Cela n'a pas été toujours le cas, mais depuis nombre d'années, je puis témoigner de l'amour que me portent les maîtres jardiniers. Ils entretiennent les parterres de fleurs, tout autour du port, par exemple, mais veillent tout aussi jalousement à la protection des espèces sauvages, de la garrigue.

Ciste de Montpellier Pavot cornu

Colonie de petit lotus Valériane ou faux lilas

Je vous promets des promenades enchanteresses. Les roses fleurissent même en hiver, mais au printemps, la nature vous offre un véritable feu d'artifice. sachez en profiter et ... laisser en profiter les autres visiteurs. Merci!

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ILE DES EMBIEZ .. . RACONTE-MOI

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ILE DES EMBIEZ ...

Roger Molinier et Paul Moutte (voir "La Parure végétale de l'île des Embiez", 1988) ont étabù que j'étais peuplée par une végétation naturelle d'au moins deux cents espèces supérieures, à fleurs et à fruits, sans compter les fougères, les mousses, les algues, les champignons et les ùchens.

Val érian e ou faux lilas (vue de près)

Petit houx Posidonies séchées s ur la plage

Dans ces pages, je n'ai montré que quelques-unes des espèces qui me semblent le plus attractives. Il yen a bien d'autres à découvrir en prenant son temps.

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... RACONTE-MOI

Le vin que j'ai dégusté, est-ce toi qui l'as produit?

BEN SUR, et depuis longtemps, exactement depuis 1922.

Pendant la dernière guerre, les vignes ont été abandonnéès mais remises en état en 1947.

A titre d'information, voici quelques chiffres concernant la récolte:

1923: 108 hectolitres

1929: 806

1944: 28

1980: 230

1987:490

1988: 575

11 faut vous promener pour voir les vignes, à la Tour Fondue, ou en prenant la route qui part de la Petite Auberge vers le Château.

Dans l'ancien temps, le vin était contenu dans des barils de six hectolitres, transportés par bateau jusqu'au Brusc. 11 fallait profiter d'un temps cahne, sinon le voyage était périlleux ...

Chaque année, les vendanges réunissent tous les ouvriers de li1e et le travail harassant se termine par une fête.

- 23-

ILE DES EMBIEZ ...

Le vin c' est bien, mais as-tu de ['eau ?

OUI, il Y a des puits: neuf en tout, dont l'eau n'est pas toujours potable. Alors, les hommes la font venir depuis le continent. Le château d'eau se trouve sur l'éminence, près du Château.

Ce puits a une histoire. On l'appelle puits

"d'Andréa Doria Il (un doute subsiste car ce nom

pourrait s'appliquer à un autre puits, indiqué sur

certaines cartes anciennes, aujourd'hui muré,

près du Yacht club).

Il s'agit d'un puits contenant une eau

diurétique. En août 1536, lors de l'invasion

de la Provence par Charles Quint, Andréa

Doria (1466-1560) vint avec ses galères

gênoises se ravitailler en eau thermale

des Embiez.

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A la Tour Fondue se trouve

un très joli puits. Je vous

laisse le chercher (sur la

droite .. .)

Il alimentait le personnel de

l'île et les habitants du Brusc,

où l'eau des puits était

saumâtre. Ils venaient avec

des barils qu'ils transportaient

sur des charrettes à chevaux.

... RACONTE-MOI

Quel était le rôle du fort Saint Pierre ?

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A VRAI DIRE, il ne servait pas à grand chose. Je puis témoigner qu'il ny a jamais eu ici de bataille épique ... Avec les lenteurs administratives, sa construction prit du temps ... Quand, enfin, il fut armé, le danger était ailleurs et le fort fut désarmé.

Auparavant, ily avait eu une première batterie, à la pointe du Rix. On n'en trouve plus aucun vestige.

Pour le fort, les plus anciens documents possédés par la Direction de l'Artillerie, de Toulon, datent de 1792. C'est un travail dû aux officiers du Corps royal de l'Artillerie, de concert avec les Commissions des guerres des départements, en exécution de la loi du 10 juillet 179l.

Pour les Embiez, sont mentionnés, pour les rades du Brusc et de Saint-Nazaire (Sanazy) :

Saint-Pierre des Ambiers

Ile des Ambiers.

Lors du siège de 1793, toutes les batteries des rades du Brusc et de Saint-Nazaire tombent entre les mains des Républicains, lorsque ceux-ci eurent forcé les gorges d'Ollioules.

En 1794, le général Bonaparte se voit chargé d'armer les rades de la Méditerranée; il signale la nécessité de doter ces batteries d'un armement régulier et mieux entendu.

En 1810, Napoléon charge des commissions mixtes de lui soumettre des projets d'armement pour toutes les côtes de l'Empire.

- 25 -

ILE DES EMBIEZ ...

Extrait du rapport, Inspection des batteries des côtes, 1810 - 1811 :

"La batterie des Embiers est située sur le second cap du côté du passage de la navigation S.a. Elle est armée de 2 pièces de 16 en fer allongées et montées sur affût de côte en bon état. La pièce de gauche défend la pointe des Embiers sur la ligne O.S.O. La seconde défend la même ligne jusqu'au N.O. sur la ligne du cap d'Aron.

Les établissements de cette batterie sont placés sur le derrière à environ 100 m de distance et couverts par la nature du terrain. Ils sont composés d'un petit corps de garde pouvant contenir 4 hommes et d'un très petit réduit à la suite pour la caisse des munitions. Cette batterie est suffisamment armée. La commission n'a pas cru devoir proposer d'autres établissements parce que ce poste doit être dépendant d'une nouvelle batterie qui sera établie à la pointe de la même île où S.M. a décrété un fourneau à réverbère. L'élévation de batterie des Embiers au-dessus du niveau de la mer est de 24 m.

Batterie Saint-Pierre.

S.M. a ordonné par son décret du 17 octobre 1810 de placer un mortier de 12 pouces à la gomer à ce poste et d'y construire un fourneau à réverbère pour rougir les boulets.

La commission après avoir parcouru tous les ponts de l'île des Embiers a reconnu lOque la petite batterie située sur le cap du côté du passage de la navigation S.O. devait être conservée et entretenue dans son état actuel et 2° qu'il était très important d'établir une nouvelle batterie sur le plateau de Saint-Pierre et d'y placer le mortier et le fourneau à réverbère décrétés par S.M. sur le même point où il existe une partie du tracé d'une ancienne batterie.

La nature du terrain, la forme du plateau et son but de défense exigent qu'elle soit construite sur 3 fronts. Celui de gauche, E.S.E. et O.S. aura 10 mètres de longueur où l'on placera une pièce de 24 en fer sur affût de côte.

Celui du centre, S.S.O. et N.N.E. aura 8 m et celui de droite, E.S.A. aura 30 m de longueur. Au commencement de celui de droite on placera un mortier de 123 pouces à la gomer et les pièces de 18 à la suite, montées sur affût de côte.

La première pièce de 24 sur la gauche défendra la ligne de ce côté et croisera son feu avec la première batterie de l'île, la seconde au centre dirigera son feu sur la Cride et Portissol et défendra l'entrée de la rade du mouillage du Brusc. Le mortier et les 2 pièces de 18 auront la même défense.

La commission en a fait le tracé sur les lieux ainsi que de l'enceinte qui doit renfermer le fourneau à réverbère, avec tous les établissements qui seront couverts par la pente de la hauteur de cette colline et en a dressé le plan général.

Le poste de Saint-Pierre fournira le détachement pour la garde de la batterie des Embiers. .

L'élévation de la batterie de Saint-Pierre au-dessus du niveau de la surface sera de 24m".

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Existant

• Ile des Am.biers 2 canons de 16

.Saint-Pierre 1 mortier de 12 des Am.biers à la gomer

•

•

, ,

\ 1

\

\

... RACONTE-MOI

Proposition

Ne rien changer

A placer dans une batterie à construire:

2 pièces de 24

2 pièces de 18

1 mortier de 12 pouces gomer

, ,

Batterie du cap Nègre, de construçtion identique à celle du fort Saint-Pierre, montrant le réduit et le parapet.

Les lllOdificatjons à apporter à l'armement ne seront jamais effectuées. Les préoccupations de l'époque se portent sur les îles d'Hyères où l'on exécutera des travaux, dans la crainte de voir les Anglais s'en emparer.

Lors de la guerre d'Espagne, en 1823, le Gouverneur ordonne de mettre en état de défense les côtes du royaume mais, peu de temps après, les dispositions qu'on avait cru devoir prendre sont abandonnées. L'armement proposé en 1823 ne fut jamais mis en batterie.

Pourtant, en 1830, on arme à la hâte les côtes avec le matériel existant sur les lieux mais, peu à peu, ce matériel rentre dans les magasins de l'Artillerie.

- 27-

ILE DES EMBIEZ ...

En 1840, par suite des craintes de guerre entre la France et l'Angleterre, on ordonne de procéder à un armement de sûreté ,. znais toutes les batteries se trouvent dans le plus znauvais état. Les parapets et les bâtiments tombent en ruine. Le matériel et les affûts n'ont pas été repeints depuis l'Empire. Ce n'est qu a grand peine qu'on parvint à mettre derrière de mauvais épaulements quelques médiocres pièces, de calibres trop petits, montées sur des affûts tellement mauvais que la plupart se seraient écrasés aux premiers coups tirés.

Ainsi, en 1841, des commissions mixtes sont créées pour examiner la situation des batteries de côte et les moyens de mettre les côtes à l'abri de toute insulte. Ces commissions constatent une fois de plus l'état déplorable des batteries. Toutes sont à refaire. On se trouve, plusieurs fois, obligé de prendre des informations auprès des gens du pays pour reconnaître l'emplacement initial.

Extrait du rapport de la Connnission de 1841:

"Par sa position, l'île des Embiez maîtrise la rade du Brusc, le premier objet que doit se proposer la défense est d'en assurer la possession à la France ; aussi cette île devra-t-elle être occupée par un poste permanent qui permettra de supprimer la Batterie de Coucoussas, d'une utilité d'ailleurs contestable. En conséquence, la Commission exprime le voeu qu'un fort soit établi sur la hauteur, qui au Sud du Vieux château domine cette île; ses feux découvriraient à l'Est le pas de Gaou et le rivage de la Lauve jusqu'à la calanque de la Tasse ; .au Sud, ils forceraient les bâtiments ennemis de se tenir au large et enfin, ils appuiraient la batterie Saint­Pierre. Ce fort dispenserait d'armer la Lauve en batterie de côte.

La cOlllll1ission de révision reconnaît que dans l'intérêt de la défense de cette importante position, il conviendrait de construire, plus tard, un fort sur l'île des Embiers, clé de la rade du Brusc ...

La construction de ce fort de première importance pourra être assimilée à cette redoute modèle, évaluée à 400.000 F".

En 1845, le 10 juillet, une loi accorde les crédits pour reconstruire et réparer les batteries principales.

Les travaux démarrent en 1846 et sont poussés assez activement. Il est à remarquer que ces travaux commencent par les batteries des rades du Brusc et de Saint-Nazaire, car on est encore sous l'impression du siège de 1793 et l'on demeure convaincu de la nécessité d'empêcher la presqu'île de Sicié de tomber aux mains de l'ennemi.

Une cOlnmission de 1853 fait état des travaux commencés en 1847 et propose:

Ile des Ambiers

Batterie Saint-Pierre des Ambiers

Armement

3 canons de 30 3 obusrs de 22

2 canons de 30 20busrs de 22

Etat d'avancement

des travaux Les travaux ne sont pas commencés, en ruine.

Les travaux ne sont pas commencés, en ruine.

A partir de 1853 les travaux d'armement commencent et se continuent jusqu'en 1859.

- 28-

.. . RACONTE-MOI

En 1859, une commission mixte constituée sous la présidence du maréchal Niel, révise de nouveau l'armement. On décrète des modifications mais elles ne se réaliseront que plus tard.

En 1869, restent à armer: les Ambiers.

L'Atlas des côtes de 1881 mentionne:

Saint-Pierre des Antbiers : 1862 - 1863 : on a construit le réduit.

Le réduit est le fort actuel. La date dufronton est bien 1863.

Le 4 avril 1877, le ministre de la Guerre approuve l'armement suivant définitif et

les observations :

Saint-Pierre des Antbiers : 2 canons de 16, 4 obusrs de 22 : à abandonner.

1881, mentionné: actuellelDent abandonnée.

(Sources: Atlas des Batteries de côte, 1818 et 1881).

Le fort Saint-Pierre, de nosjours.

· 29·

ILE DES EMBIEZ ...

J'ai vu des tunnels effondrés ...

EN REALITE, il ne s'agit pas de tunnels, mais de restes des cheminées de l'ancienne fabrique de soude qui se trouvait près de l'actuelle crêperie.

Cela remonte à 1827. C'est déjà une histoire d'environnement.

Voici ce qu'en dit F. Jouglas :

''Le propriétaire des salines, un nommé Cagniard, demanda à installer dans l'île une fabrique de soude ''factice'~

C'est par l'ordonnance du 2 mai 1827 que le roi de France Charles X, après avis de l'Inspecteur des Forêts, du Directeur général de l'administration des Douanes et du Conseil d'Etat, autorisa cette fabrique malgré les oppositions formulées par les habitants de la commune de Six-Fours lors de l'enquête.

Aux Embiez, où l'on produisait déjà de la soude en ramassant puis en brûlant les différentes plantes qui y poussaient en abondance, on voulut aussi utiliser le procédé Leblanc (obtention de la soude directement du sel marin ... Il faut savoir que ces réactions dégagent à l'état de gaz de grandes quantités d'acide chlorhydrique qui, à l'époque, n'était pas récupéré. Ce procédé permettait d'obtenir de la soude à bas prix et en quantités illimitées - fin du XVIIIe).

L'ordonnance du 2 mai 1827 précisait toutefois que l'usine composée de 8 fours et de douze chambres de plomb ne devrait être mise en route que sous la condition expresse de condenser le gaz acide "muriatique" au moyen d'un appareil qui absorbe les vapeurs et d'avoir en outre un long canal voûté dont l'eau serait toujours renouvelée, et aboutissant à une cheminée.

En fait, la fabrique fonctionna correctement pendant près de trois ans, puis à la suite d'un changement de propriétaire et un arrêt de la production, lorsque l'exploitation fut reprise en 1833, l'absorption des vapeurs fut très incomplète et de nombreuses réclamations de la part des propriétaires de la commune de Six-Fours furent transmises d'abord au préfet du département du Var, puis au ministère de l'Intérieur.

Le procès dura jusqu'en 1847, soit pendant quatorze années, où à la suite de multiples pétitions de la population de Six-Fours de nomtreuses expertises furent faites, ainsi que des modifications du condensateur de la fabrique.

Pour montrer l'effet nocif de ces vapeurs émises à environ 600 mètres du rivage, voici quelques extraits du rapport établi en mars 1847 :

''Nous avons parcouru et visité avec la plus grande attention toute la partie Ouest et Midi de la commune de Six-Fours jusqu'à la mer et principalement des quartiers ruraux de Talian, Courren, Mouret, Mouries, des Lecques, de Brunette, du Brusc, de Cros, de la Cride.

Nous avons pu constater une végétation des plus malheureuses: les figuiers, dont le terroir se trouvait amplement pourvu, ont presque entièrement disparu, et les quelques arbres de cette espèce qui restent encore se trouvent dans un état tel de dépérissement et de dessication qu'on peut les considérer comme entièrement perdus.

·30 -

... RACONTE-MOI

Les oliviers se trouvent dans des conditions de végétation aussi maUV81ses et hors d'état de porter le fruit à maturité.

Les arbres fruitiers ont presque entièrement disparu et ceux qui restent n'ont aucune vIgueur.

La vigne, principal produit de ces terres, est à la veille d'être sous peu entièrement ruinée. Chaque pied de vigne qui, d'après l'usage établi, est cultivé sur trois ou quatre branches taillées et raccourcies, ne se trouve plus en avoir qu'une ou deux vivantes qui, presque toutes, sont cariées et annoncent une fin prochaine.

Nous avons pu constater que les terres les mieux cultivées, celles de Jean-Pierre Chrestian, et du Gênois Dodero, au quartier Mouret, de Victor Ventre, au quartier de Talian, et, en général, celles qui sont dans les vallons ou bas fonds, sont les plus mal traitées.

Partant, nous avons reconnu d'une manière évidente des dégâts considérables sur les plantes, arbres fruitiers, oliviers, vignes et autres productions du pays. Les dommages s'étendent à une grande distance des Embiez, ils sont plus marqués dans les vallons et bas fonds où les courants existent'~

En revanche, les propriétaires successifs de la fabrique de soude ne mirent aucun empressement à améliorer la condensation de l'acide chlorhydrique, en particulier le canal voûté de 378 mètres conduisant les gaz à la cheminée ne contenait pas d'eau. En 1847, l'usine décomposait en moyenne de 4 500 à 5 000 kilos de sel marin par 24 heures.

La commission d'enquête avait d'ailleurs indiqué dans ce rapport "qu'en parcourant l'île des Embiez, elle avait remarqué que toute la végétation y était détruite'~

L'affaire fut transmise au ministre de l'Agriculture, la municipalité donna sa démission et, le 14 juin 1847, le préfet du Var ordonna enfin la fermeture définitive de la fabrique de soude de l'île des Embiez (Jouglas F., 1966. Six-Fours, guide historique et touristique).

En plusieurs points de l'île, vers La Petite Auberge et le long de la plage, jusqu'à la pointe du Rix (au-dessus de la "Murène") on peut voir les vestiges du grand canal voûté.

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ILE DES EMBIEZ ...

VoICI DES EXTRAITS d'une pétition adressée par les habitants de Six-Fours à

leur maire en 1838 .. ~

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... RACONTE-MOI

A UJOURD'HUI, des familles de Six-Fours sont les descendantes de certain~ des signataires (Jouglas, Audibert, Chrestian .. .)

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ILE DES EMBIEZ ...

Des bagnards aux Embiez ? Pas très rassurant!

EST-cE UNE LEGENDE? Est-ce vrai? Il s'est dit, en tous cas, que des bagnards auraient travaillé aux salines et à la construction du fort. J'avoue ne pas savoir !

Des recherches effectuées aux Archives de la Marine n'ont pas permiS d'en découvrir la trace.

Les bagnards étaient employés à différents types de travaux à l'Arsenal, parfois en ville, comme gens de maison, pour des familles fortunées, parfois avec des entreprises. Main d'oeuvre soit gratuite, soit faiblement rétribuée.

Il est impensable, si des travaux ont été effectués par les bagnards aux Embiez, qu'il nyen ait aucune trace; ily aurait eu de tels problèmes d'acheminement et de sécurité, que cela semble peu vraisemblable. Le bagne a été supprimé en 1873.

En page suivante, voici un extrait d'un "Cahier des charges'; exemple d'un marché de travaux avec l'Administration du bagne. Des recherches dans les archives du bagne, d'un marché similaire qui aurait pu concerner la construction du fort des Embiez n'ont pas abouti.

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. rort ao '.l'OU10D. :mIAr\I~E E',!, COI .. ON1ES.

· .. RACONTE-MOI

29 Servi ce. do: Ci-oJ~ .

_",D4SetI.

TERRASSE:!:fE:'iT, ==========­, MACO!'iNEIUE.

-= Du 1·'.aoüt 1~ au 31 juillet 18Sl. PAVAGE.

COGYERTüRE. ClL\nP.E~n:.

M. UMBEltT Fr:tc".ois,

adjudic~~rtl,

iTal/Gu:::, SitrJé.

G.~BEnT. Rela.tif cl une t:rd/u.dication, ST.Lr soumissions cachetées, l'our les ~----- olJ.vragcs de Tarra..:.::emcr:zt, .Jfaçonncrie, Pa.vage-, · Couver­

ture et Charpente pour le service de la Direc!ion. de.. trallau.:1: h)"dra.u.liques~ pertda.nt. t.l'OÏ.; a.nnées consécutLlJes.

____ -==~~~:~~G~===-----

DISPOSITIONS RELAT1VES A L'A.DJUDICA.TION.

AIlTlGΠPRElilER.

L'~djudiction Se:":1 raite :lU p"r~ dl!! Toulon_ 'Elle :1Ur:! lieu 'Pl1hiict,,~m'!~t le 5 :lOÛC r!3.~:-S, à l'heure Je IUÎt1!, d~U$ J~ s:lllt! orùioaire ùes adjudiotÎons.

L'entrepnse:1 pour obiet l'l!Xécntioll ,le:!' 01;]vr:lges de ternssement, ma .. ~onne:-:e, pavlIg'!:,. ~u,,'erture et charpente. pout" les trav:wx neufs, de ;rosse répar:ltion el cl' entretien, à exc:cutel" d~n~ les ét:lbii5~meoa dè la marine, situés ~ l'extérieur de l'arsenal; cepembnt les tr:lV:lUX ~ l'intérieur de l'arsen:ll devront également ;'t:-e e:!:écut~ p:ll' l'entrepreneur j si le mi­uistre en donoe l'ordre.

Da marine ~e ~e.-ve la faC'Jlté de raire l!:téC'.ltcr en régie, pal' des :Iteliex-,; ùe comlllmnés, les OUVr:lg\:s d~ ,l.;bbis, fIc cur.:g\!, cie pilotngc, d' ~pnjst!. ment, et· autrt:$ tr::V:lUl: IiI! fOl"CC. .

Elle se ~er\'c . é~:llemcnt la faculté de fa in: tcrcinel" par ses ateliers en rp.gic les. OUVt":1geS commencl..:S dans r.c svstt:me.

ART. 3.

~ durée du présent mar::hti .3er:.. d~ trois années conséc:tiv.es, 11 dater ùu -ter août ~43.

Toute fois, oette durée POUr.":l ~~e p.rotongée·de trois autres :mnées;' si le ministl:e l'approuve et si t'entrepreneur y consent. Cette prorog"JtÎon (levra ~~ conclue si:: :nais 'l'vant l'~:xpiration dd trois prem;è:-es ::nné~ ..

ART. ,,_

L'~dministr.:tioQ d~ la m:lnoe se résen: le ùroit de tr:lite!' directemeut pour la fourniture et· 13 mise ':0 place :le·\ objets, dont !a f:lanotÎon e~" e:tdusivetr.ent attribuée à des pOI'tc~lrs de brevets d'invention.

ART. 5_

J..ïmport:l.ncc du C:lutioo:lement e:ti~é pal" lFartic!e :l d~ conditions' géné­r:Jlct. est de dix mille fr:Jut:~.

·35 -

ILE DES EMBIEZ ...

Et les pirates ?

POUR.MA PART, et j'en salS quelque chose, Je dirais plutôt d'épave.

des pilleurs

Jadis, les pêcheurs du Brusc et des Embiez, comme dans beaucoup d'endroits, pillaient les navires en détresse qui venaient s'échouer sur les écueils de l'archipel.

Comme en Bretagne, les pilleurs d'épaves utilisaient des bêtes à cornes avec lanternes, pour imiter les feux mouvants des navires et attirer les bâtiments sur les rochers.

Au XIIe siècle, lors d'une occupation des Embiez par les Sarrazins, ceux-ci transportèrent le farot des Embiez à la Coudoulière de la Pointe Nègre (actuel parc de la Méditerrannée de Six-Fours), au nord du Brusc, afin de tromper des bâtiments qui se dirigeaient de Marseille vers l'Est (durant l'une des invasions de 1119, 1147, 1148, ou 1197).

M Rigaud (Arles, 1986) nous a communiqué le récit d'une ''rapinerie'' ayant eu lieu en 1555 au large des Embiez, après l'avoir traduit. Voici une photocopie de l'original, difficile à lire !

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... RACONTE-MOI

En guise de conclusion "J'ACHETAI LES EMBIEZ en 1958. Je voulais en faire un haut lieu du tourisme international, un séjour idéal de repos et de vacances, avec tout ce qu'il faut pour être heureux : le silence, la décontraction, l'absence de circulation, les joies de la mer, les promenades à pied, à cheval ou à bicyclette, que sais-je encore?

( ... )

Peu à peu, des constructions s'élèveront sur cette île et formeront un harmonieux ensemble en fer à cheval, autour du complexe portuaire.

( ... ) Le cadre merveilleux que la nature a fourni, nous nous attacherons à le sauvegarder. La pinède profonde sera préservée,de même que le vignoble sera soigné et repiqué.

( ... )

Ainsi les Embiez préfigureront-ils, à la fin de ce siècle, la cité des loisirs de demain, si les hommes ont la sagesse de créer dans la paix, comme nous avons voulu le faire ICI.

Mais si par malheur les Embiez devaient redevenir un jour une île déserte, alors je voudrais, pour l'honneur de notre génération, que ceux qui découvriront ses ruines la regardent un peu comme la Délos de la France du XXe siècle."

Pa ul Ricard, "La passion de créer" 1983).

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ILE DES EMBIEZ ...

Sources

BAUDOUIN L. Histoire générale de la Seyne,1965.

BURLE E. Le Brusq-sur-Mer. Monographie historique1908.

D'AUDIFFRET G. Annales de Six-Fours en Provence, 1866.

DA VIN E. Monographie de l'Archipel des Embiez, 1941.

DEGIOVANI A. Les Embiez, sentinelle avancée du pays provençal, 1992.

HENSELING L. Zigzags dans le Var 1939.

JOUGLAS F. Six-fours-Ia-Plage, petit guide historique et touristique1966.

LAFLOTTE. Promenades archéologiques. L'archipel des Embiez192l.

LAFLOTTE. La rade du Brusq 1928.

LENTHERIC C. La Provence maritime, ancienne et moderne, 1879.

MEYER A. Promenade sur le chemin de fer de Marseille à Toulon, 1859.

RICARD P. La passion de créer, 1983.

ROCA D'HUYTEZA V. Historique des fortifications et épisodes de guerre du front de mer

de la place de Toulon et des îles d'Hyères, 1909.

ROTH A., JP. BRUN Sondages archéologiques aux Embiez 1978.

VATTIER D'AMBROYSE V. Le littoral de la France - Côtes de Provence, de Marseille à la

frontière d'Italie 1992.

Ces ouvrages peuvent être consultés auprès des établissenlents

suivants:

Bibliothèque de l'Institut océanographique Paul Ricard, les Embiez.

Bibliothèque de la Marine, Toulon.

Bibliothèque municipale, Toulon.

Bibliothèque de la Société des Amis du Vieux Toulon.

Bibliothèque de la Maison des Arts et de la Culture, Six-fours-les-Plages.

Bibliothèque municipale, La Seyne-sur-Mer.

Archives départementales de Draguignan.

Archives du Port de Toulon.

Archives du Génie à Vincennes.

Centre de Documentation archéologique de Toulon.

Musée naval de Balaguier, La Seyne-sur-Mer.

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