Inactivité

MALTA Benoît

Mémoire réalisé pour l’obtention

du D.S.A.A. Design produit

École Boulle.

Janvier 2014.

Le corps au quotidien

Sommaire

Préface 7

Introduction 16

I/ Rapport 19

contemporain au corps

secondaire de l’industrialisation

b) Constitution d’un modèle véhiculé par la société

c) L’intrusion du sport dans l’habitat

activité domestique

II/ Pour une nouvelle perceptiondu corps 42

19

26

32

38

a) De l’inconfort naît le mouvement

c) Nos usages et habitudes

III/ Vers le projet 64

a) L’enjeux du projet

dynamique de vie

Conclusion 76

Annexes 80

Rencontre avec le Centre National de la Danse Rencontre avec Loïc Lauzis Kinésithérapeute

Bibliographie 92

42

50

60

64

66

80

86

7

Inactivité Le

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Tout au long du siècle, la vision du corps dans notre

société n’a cessé d’être en perpétuelle mutation. Passant

de l’idée de l’aliénation la plus totale - celle du corps

machine que l’on trouve chez Zola dans Germinal ou

encore chez Chaplin dans Les temps modernes - à la

vision contemporaine que nous en avons, celle d’un

point central de notre existence, comme nous l’explique

Le nouveau culte du corps1. Le corps a gagné presque quarante

ans d’espérance de vie en un siècle, et cela n’est pas sans

était le « tombeau de l’âme » pour Socrate, la source du

maladie et à la mort. Le corps n’est plus notre ennemi, il

désirs. Nous demandons à la science et aux technologies,

mais aussi au droit et à la politique, de l’entretenir et de

le protéger, au sport d’augmenter sa puissance, à la mode

longtemps possible dans des conditions idéales.

Néanmoins, à notre époque, les rapports que nous

entretenons avec le corps sont très paradoxaux.

Préface

1.Constantinidès

Yannis, Le nouveau culte du corps,

Francois Bourin

éditeur, Janvier

2013

8

L’homme devient de plus en plus schizophrène, partagé

plaisir à tout prix et cela passe donc, pour être heureux,

physique contraignant et imposé. D’autre part, nous

au bonheur. Nous avons donc deux représentations du

bonheur à partir de la recherche du plaisir et du bien-être

mais à travers une quête commune nous en arrivons à

des attitudes opposées. Là est le problème. « Paressons en

toutes choses, hormis en aimant et en buvant, hormis en

paressant. »1

Plus que tout, l’évolution des technologies a

reconsidérée. Révolution industrielle, mécanisation,

automatisation, numérisation, domotique etc, nous

Paul,

paresse, édition

mille et une

nuits, mars 1994

Bay Michael, No pain No gain, Paramount,

Sortie en Août 2013

10

pénibles et ennuyeuses, de rendre nos conditions de

vie plus agréable en autorisant le corps à se reposer et

en substituant la technologie à la pénibilité physique de

tâches laborieuses. Avec la naissance d’un hédonisme

contemporain, l’abolition des tâches et la suppression du

déplaisir sont devenues une quête de notre existence :

que si ces évolutions ont participé à l’amélioration

de notre cadre de vie, elles ont tout autant contribué

à la disparition d’une activité corporelle dans notre

quotidien. Jean Baudrillard1 dans Le système des objets

d’une vie de contemplation, contemplation de la

de ce qui lui arrive ». Le corps est peu à peu tombé

transhumaniste, on rêve de pouvoir tout piloter par la

pensée sans avoir à soulever le petit doigt. Les avancées

technologiques nous le permettront certainement un

Wall E des studios Pixar, sorti en 2010, ne serait-elle pas

1.Baudrillard

Jean, Le système des objets, édition

Galimard, 1968,

p78

11

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serait-elle en phase de devenir l’un des syndromes de

Dans le but de combattre la propagation de ces

comportements, les plus hautes instances nous poussent

quotidienne. Messages publicitaires omniprésents,

les médias

nous agressent

spots, préconisant

une « pratique sportive quotidienne pour notre santé ».

Les médecins prescrivent du sport ou de la gymnastique

quasi-médicale, un remède contre le vieillissement, un

outil au service du bien-être. Mais même s’il est louable

d’avoir une activité sportive pour des raisons de santé,

ne remédient en rien à l’inactivité au quotidien. Cette

d’impossible à suivre, au regard de nos modes de vie dans

L’inactivité serait-elle en phase de devenir l’un des syndromes de notre époque ?

Stud

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Juille

t 2008

13

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la société contemporaine. Cette activité est simplement

une compensation, un substitut à court terme qui permet

durant un cours instant de prendre en considération

notre existence physique et, pour certains, de se donner

bonne conscience.

Nous pourrions aussi interpréter ces messages publici-

demandant pourquoi la société nous pousse réellement

question de santé mais pas seulement.

-

ment liée à une entreprise de valorisation du corps, non

en tant que réalité biologique, mais en tant qu’image, à

doit être musclé, sain et beau selon, bien sûr, les canons

-

physique et donc compétitive sur tous les plans. L’image

que transmet d’elle-même une société passe par l’image

l’autre. Dans la pratique du sport, il s’agit de construire

à l’image qu’une société souhaite donner d’elle-même,

14

Préface

contemporaines d’hédonisme avec d’un côté

l’hédonisme de l’oisiveté prônant un désinvestissement

un hyper-investissement de celui- ci pour notre bien-

être. Face à ces deux positionnements le design a-t-il

le pouvoir, ou les moyens, de proposer une pratique

du corps à mi-chemin de ces deux comportements

L’être humain est alors partagé entre deux formes

contemporaines d’hédonisme

16

Introduction

L’environnement domestique actuel correspond à une

est très peu sollicitée. Le corps produit de moins en

moins de mouvements dans son environnement de vie.

Restreignant ses gestes à des gestes de commande ou à

des mouvements de la plus petite amplitude possible,

corps doit être materné, protégé. Son environnement

du corps dans toutes les activités domestiques, va en

de proposer de nouvelles situations de vie et d’usages au

sein de l’habitat et donc de tenter d’engager de nouveaux

rapports avec notre corps au quotidien.

Mais qu’est-ce qu’une activité domestique à notre

d’activités physiques dans l’habitat alors que la

technologie se substitue de plus en plus aux tâches

L’aménagement de l’espace domestique peut-il

qui nous entourent peuvent-ils être les vecteurs d’une

17

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activité physique permettant de mettre le corps en

dans l’habitat mais d’envisager l’activité physique comme

schéma d’évolution dans notre espace de vie. Comment,

prise de conscience plus sereine et une attitude plus

Nous pourrons ainsi nous intéresser, dans un premier

temps, aux rapports contemporains que nous

corporelle. Dans un troisième temps, nous pourrons

imaginer des pistes possibles susceptibles de répondre

à la problématique de l’inactivité quotidienne.

And

rew

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Gat

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997

19

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I/ Rapport contemporainau corps

secondaire de l’industrialisation

sont associées. L’inactivité physique, ou comportement

les mouvements corporels sont réduits au minimum et la

dépense énergétique proche de la dépense énergétique

de repos »1. L’inactivité ne correspond pas seulement

à une absence d’activité mais aussi à de nombreuses

occupations telles que regarder la télévision, travailler

sur son ordinateur, ainsi que toutes autres activités

intellectuelles. L’ère de l’industrialisation a engendré

comportements vers la sédentarité. C’est à dater de 1840

1.Depiesse

Fréderic,

Prescription des activités physiques:

en prévention et en thérapeutique,

édition Masson,

2009, p7

20

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taylorisme deviennent le nouveau modèle incontesté

de la maison moderne notamment à partir des travaux

de Catherine Beecher, éducatrice américaine sur

« l’économie domestique »1 . Elle va ainsi transposer

à l’espace domestique, permettant à la ménagère

un lieu totalement automatisé qui peut se passer de

domestiques. Notre époque n’aurait-elle pas exaucé son

Nos activités domestiques sont de moins en moins

avides d’énergie et les occasions de se dépenser

physiquement sont devenues rares. La mécanisation des

outils de productions, le développement des transports,

les évolutions technologiques, ont supprimé la notion

de mouvement et de dépense énergétique dans notre

quotidien.

« une succession de gestes pauvres […] dont le rythme

2

pour l’homme de la mécanisation des outils permettant

1.Midal

Alexandra,

Design introduction

discipline, édition

Pocket, 2009,

p 18

2.Baudrillard

Jean, Le système des objets, édition

Galimard, 1968,

p 80

21

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de dépasser l’usage pénible du corps dans des tâches

répétitives, la disparition totale du geste et de la nécessité

de notre environnement n’en sont pas moins un mal

une quête d’amélioration de notre espace et de notre

Faire un choix entre la sédentarité et le dur labeur

3 a publié

taux de mortalité supérieur de 20 % pour les hommes,

y passent moins de 3 heures. En tentant de soigner

le corps en le délestant de toutes ces tâches pénibles

est apparu. Le corps n’est certes plus contraint par les

intense mais à un manque d’activité et d’implication

dans toutes les activités quotidiennes. L’engagement

corporel de l’homme n’a cessé de décliner, alors que « la

dimension sensible et physique de l’existence humaine

Article consultable en ligne,

Disponible

sur http://

www.lepoint.

point, parue en

22

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le milieu technique »1. Le corps devient d’autant plus

pénible à assumer quand diminue la part de ses activités

de conscience de notre corps et de nos ressources

musculaires qui implique un oubli de l’ancrage corporel

le moindre geste. Nous serions devenus des humains

totalement assistés par les machines, incapables même

comme se nourrir ou boire. Dans le but de compenser

ce manque d’activité au quotidien, les pratiques

rééquilibrer notre manque d’investissement corporel

au quotidien. Les médias ou les institutions médicales

montrent le sport comme un moyen d’augmenter notre

capital bien-être, une solution permettant d’entretenir

pratiques sportives ou physiques ne sont plus liées à

1.Le Breton

David, Anthro-pologie du corps

et modernité,

Quartridge,

1990, p185

23

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l’amusement ou au plaisir mais à une quête incessante de

2.

pratiques, dans une démarche liée à l’amusement mais

dans une démarche de l’ordre de la quête du bien-être.

Avec une vision hygiéniste du corps, l’activité sportive est

cinétique, sensorielle ou physique. Elle induit une

activité physique régulière, dans le but de restaurer un

équilibre rompu.

en évidence la dualité, l’ambivalence de nos pratiques

pensons à son état de santé, nous ne pouvons écarter

l’idée qu’il s’agit aussi d’apparence physique, d’aspect,

alors quelque chose de troublant dans cette abondance

de messages publicitaires tels que : « Pour votre santé

pratiquez une activité physique régulière », « manger,

trop gras, trop sucré, trop salé » etc. Sous couvert d’une

question de santé, ne parlerait-on pas ici tout autant de

de l’homme actif socialement intégré

Base de donnée de

documents, Disponible sur

http://www.

donsoc06zu.

24

Le but de ces messages n’est certainement pas

uniquement lié à des questions de santé, mais aussi à

l’image du corps que la société veut nous transmettre

comme étant le bon corps.

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Valérie Belin, Bodybulders II,1999, Photogra-

phie, Musée des Arts Décoratifs, Paris

26

b) Constitution d’un modèlevéhiculé par la société

« L’exercice physique n’est évidemment pas en cause ;

s’interroger sur la sportivisation de l’existence humaine

1.

obligatoire à notre époque de « préserver son capital le

renvoie aux autres : « on gère son corps, on l’aménage

comme un patrimoine, on le manipule comme un des

2.

devenant pour beaucoup un idéal à atteindre. Le corps

d’images à l’aide de logiciels de retouches tel que

Photoshop. La publicité, notamment, crée une image

images qui élèvent le corps des mannequins au statut

de Dieu ou Déesse. Cette sacralisation d’un corps

2.Baudrillard

Jean, La société de consommation,

édition Folio,

1970, p204

1.Juvin Hervé,

L’avènement du corps, édition

Galiamard,

Mayenne, 2005

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pratique sportive intensive dans le but d’atteindre un

idéal corporel impossible. Constantinidés dénonce ce

3qui n’est évidemment pas sans

conséquences sur le rapport que nous entretenons à

notre corps. Le corps désiré éclipse le corps réel et il

devient alors pénible pour nous de concevoir un corps

devient donc paradoxalement un passage obligatoire

si l’on veut atteindre un certain niveau de bien-être

corporel et tenter de rivaliser avec ces nouvelles

divinités publicitaires. S’engage alors une compétition

La société du spectacle réduit le corps à une enveloppe

corps véritable pour atteindre la représentation idéalisée.

L’homme se retrouve alors prisonnier de son propre

biologique et sociale. Le droit de disposer librement de

et stocker un maximum de données sur le corps, des

3.Constantinidès

Yannis, Le nouveau culte du corps,

Francois Bourin

éditeur, Janvier

2013, p21

28

nombre de calories ingérées, évolution du rythme

cardiaque, temps de sommeil… Cette technologie dresse

humaine. Elle propose un autre schéma d’évolution

pour le lendemain, en conseillant par exemple un

sommeil moins long et une dépense énergétique plus

importante pour dépasser

les statistiques de la veille.

esclavagiste s’impose au

corps qui va alors subir les

moins son corps »1

Anthropologie et modernité du corps . L’homme doit

-

straire de ce qu’il a été. L’esthétisation de la vie sociale

repose dorénavant sur la mise en scène du « beau » corps

Mon corps est-il encore à moi ? Suis-je encore maître de mon corps ?

1.Le Breton

David, Anthro-pologie du corps

et modernité,

Quartridge,

1990, p192

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Jawbone, Up, 2012

30

corps à soi. Mais cette démarche pose problème : dans

une volonté de personnalisation nous aboutissons à

une standardisation des corps. Dans cette volonté de

de la chirurgie esthétique et/ou de pratiques sportives

duplique.

inlassable »2 de son aspect. Entretenir son corps devient

même, pour certains, une occupation à part entière. Dans

la société du spectacle qui impose un culte de l’appar-

ence, il n’est plus question de se contenter du corps que

activité à plein temps »3

partout, tout le temps.

2. op. cit. p.228

3. op. cit. p.230

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c) L’intrusion du sport dans l’habitat

l’homme ne cesse de courir derrière le temps qui passe ;

Même si le temps nous manque, on se doit d’accorder

travail d’investissement »1. C’est dans cette volonté de

rentabilité que le sport s’est peu à peu introduit dans nos

musculation sans matériel... Si nos modes de travail sont

de plus en plus statiques, l’espace domestique est, lui,

en passe de devenir un nouveau terrain de sport. Mais

les tâches domestiques ou par la pénibilité du travail, le

Lorsque nous parlons ici de sport dans l’habitat, il est

uniquement question de pratiques liées à l’entretien

du corps, le dépassement de soi, la décomposition

1.Baudrillard

Jean, La société de consommation,

édition Folio,

1970, p204

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2. Juvin Hervé,

L’avènement du corps, édition

Galiamard,

Mayenne, 2005

Michel, «Le

corps», Philos-ophie Magazine,

n°72, Novembre

2013, p51

analytique du corps et la compétition »3. Plus que le culte

du corps et sa plastique, c’est à travers la comparaison

avec autrui que prime l’amour du sport dans ces

pratiques. Le corps est en compétition avec lui-même, et

avec autrui avide de se dépasser, car il se doit de montrer

aux autres de quoi il est capable. Le sport représenterait

alors « l’acmé d’une société de compétition et de

comparaison »2

ces activités sont présentées comme des vecteurs

notre soumission aux canons de beauté imposés. Le

volontaire. Envisager le sport comme un moyen de

reconquérir son corps, comme une source de bien-être

simple illusion. En introduisant la pratique sportive dans

l’habitat, c’est l’introduction de la notion de compétition-

dans notre espace domestique. Elle devient la source de

l’aliénation contemporaine de l’homme.

Le sport représenterait alors « l’acmé d’une société de compétition et de comparaison »

34

discussion, en voiture, en mangeant, en attendant le

bus ou dans le métro. Ces exercices étaient basés sur la

répétition de contractions musculaires permettant de les

de gymnastique invisible»1. Mais au-delà d’une volonté

esthétique, ce programme demande aussi une concen-

-

itude musclée qu’on lui souhaite »2. L’obsession du corps

qu’il y avait à l’époque, ce souci de ne pas déconnecter

la volonté était de créer des pratiques intégrées et

et de l’exercice physique. Nos pratiques physiques se

doivent d’être les plus spectaculaires possibles et, de ce

intégrer dans l’habitat ne les rend pas plus connectées

à notre quotidien. Bien au contraire. Lorsqu’il ne s’agit

nous introduisons des pratiques sportives dans l’habitat.

proposent de recréer virtuellement des activités sportives

1.Courtine Jean-

Jacques, Histoire du corps: tome III,

les mutations du regard, le XX esiècle,

Points, Janvier

2006, p186

2. ibid. p.186

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sont alors reproduits à l’identique par un avatar qui

devient notre double virtuel à travers l’écran, grâce à des

caméras qui captent tous nos gestes et déplacements.

L’espace domestique passe alors en un instant, du terrain

de tennis, au ring de boxe, et devient plus que tout un

cocon protecteur. Si Baudrillard présentait l’évolution

des technologies comme l’avènement d’une vie de

semblant de vivre en quelque sorte. L’habitat est alors

la gestuelle sportive du volley-ball par exemple, grâce à la

cette invasion sportive de l’espace domestique, ont

une salle de sport. Les premiers à s’intéresser à ce

36

Lucette, Domus Gymazium, Ensci les

Ateliers, Paris, 1999

37

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1 avec

Domus Gymnazium qui consiste à détourner les

rameur, tout comme attraper un livre sur une étagère

composé de

Gilles Belley,

Martial Prévert,

Mathias Poisson,

Alexandre

Chinon, Jean-

Marc Adolphe .

38

activité domestique

est bien évident qu’il n’est pas l’unique moyen d’avoir

elle pourrait ressembler à cela : activité correspondant

énergétique, en marge d’une démarche de compétition

activité physique en son sens le plus simple. Elle permet

de mettre le corps en mouvement, sans rechercher un

résultat montrable.

des escaliers… toutes ces activités ne peuvent être

pour celui-ci. Elles sollicitent quotidiennement nos

muscles bien que ces usages restent, pour la plupart,

notre organisme sans même que nous nous en rendions

compte, ni même que nous en soyons conscients. Elles

s’intègrent dans notre schéma corporel habituel et devi-

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comme des activités non sportives, tout comme nos

activités de loisirs. La révolution des congés payés-arrivés

en France dans les années 30-et l’avènement du Front

Populaire ont marqué le commencement d’une société

des loisirs et la création d’un nouveau corps, le corps en

un moyen de se désinvestir de son corps trop éprouvé

-

liter les retrouvailles avec soi »1. Le corps trop investi dans

reprendre possession de son corps. Ce qui est paradoxal,

même (les retrouvailles avec son corps) mais les moyens

se réconcilier avec un corps trop peu investi durant

de reprendre conscience de son existence corporelle

par l’activité non sportive, avant de retomber dans nos

modes de vie sédentaires. « En un paradoxe qui n’est

concomitant de celui de sa pleine conscience. Se trace ici

un complexe état d’esprit du corps en vacances. »2.

Base de donnée de docu-

ments, Disponible

sur http://www.

revue-hypoth-

eses-2002-1-

page-59.htm,

2002

2. ibid.

40

Massage, relaxation, excursion, randonnée, visite, etc,

une multitude d’activités sont proposées au vacancier,

des activités qui engagent le corps pour ce qu’il est,

commence à se dessiner. Comment envisager une

nouvelle activité domestique intégrée dans notre

quotidien et nos habitudes. Quel type d’activités

non sportives peut être envisagé dans notre espace

l’inactivité quotidienne dans l’habitat, comment donner

du sens à une activité physique dans celui ci, à notre

Comment envisager une nouvelle forme d’activité non

sportive dans l’habitat ?

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II/ Pour une nouvelle perception du corps

a) De l’inconfort naît le mouvement

devenue l’un des éléments essentiels de l’innovation.

continuellement tendance à associer les termes de

même chose.

pratique est basée sur des données anthropométriques.

L’ergonomie prend en charge la qualité de la relation

43

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pas le même qu’il y a dix ans et ne sera pas le même dans

serait trop réducteur. Elle doit être envisagée, comme

« la relation globale de l’homme à son environnement,

relation complexe assurée par l’ensemble de ses

équipements sensoriels »1. L’évolution permanente

de notre cadre de vie nous amène à reconsidérer

l’ergonomie telle que nous la percevons.

chacun. Néanmoins, nous pouvons constater que notre

relaxation : « (la) société se signale par ses innovations

du point de vue de la relaxation »2. C’est en ce sens que

lorsqu’il est question de relaxation et de « posture liée au

bien être »3. La méprise qui est de considérer les notions

conduits à envisager l’espace domestique comme un lieu

1.Colin

Christine,

Confort et inconfort,

l’ameublement,

1999, p 46

2. ibid. p 77

L’ergonomie tente d’adapter l’objet au mode de vie et habitudes de l’utilisateur

3. ibid. p 58

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dans l’aménagement de nos espaces domestiques, la

créer une habitation

pentus, de portes rondes et

de toutes sortes d’embûches

disséminées dans la maison

augmenter les déplacements dans l’espace permettant

non plus question de créer un parcours du combattant

pour atteindre la cuisine, mais simplement d’introduire

introduisent la dimension de temporalité d’usage de

Si l’inconfort devenait le point central de

l’aménagement de nos espaces domestiques

Shusaku Arakawa et Madeleine Gins, Reversible destiny lofts, Tokyo, 2005

Achille Castiglioni, Sella, Zanotta, 1957

47

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mais simplement pour se poser un instant.

-

mobilise l’énergie, le dynamisme, l’attention »1.

-

de l’homme contemporain n’est plus seulement un lieu

de repos, mais aussi un vaste terrain d’activité adapté

situation le rôle

du designer, serait

alors de concevoir

des produits pour

la maison non plus

seulement pour y habiter, mais pour stimuler le corps et

Singer de Bruno Munari peut, elle aussi, entrer dans cette

-

comme une assise, ou est-ce un reposoir d’un instant,

Sella et Singer pourraient être les symboles d’une époque

Une ergonomie dynamique est ainsi créée par un inconfort volontaire

1. op. cit. p 25

48

tandis que l’instabilité et la précarité deviennent l’une des

2.2. op. cit. p 27

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Bruno Munari, Singer, Zanotta, 1945

50

À travers cette volonté d’imaginer de nouveaux

serait en activité, de nombreuses pratiques corporelles,

du corps. Certaines pratiques comme la danse, le

skateboard ou encore le tai chi établissent un rapport

du corps plus sensible. Elles valorisent les sensations et

la compréhension de la matière corporelle, plus qu’une

« La danse, ce n’est pas simplement d’impliquer le corps,

c’est de l’impliquer sur un mode tel qu’autre chose puisse

prendre corps au- delà du corps impliqué » 1.

sur la danse est celle-ci: « Dans son acception la plus

générale, la danse est l’art de mouvoir le corps humain

constitué d’une suite de mouvements ordonnés, souvent

rythmés par de la musique »2.

« Mouvoir le corps humain ». La danse représente

notamment une source inépuisable de gestes et de

mouvements qui, dans une quête d’harmonie visuelle,

nécessite une pleine conscience de toutes les parties

de son corps. La danse contemporaine interpelle le

corps dans son état le plus naturel pour transmettre au

1.Sibony Daniel,

Le corps et sa danse, éditeur

Seuil, 1995

Base de donnée de documents, Disponible

surl, http://

wiki/Danse

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spectateur une interprétation la plus véritable possible.

Elle transcende notre existence corporelle et interpelle la

partie sensible de l’être, ignorée par la plupart. La danse

ressourcements de l’être »3. Néanmoins, pour atteindre

et dans ses postures, la danse implique une discipline,

une ascèse. La notion de répétition y est centrale ; il

voulu de grâce dans les gestes, et cela n’est pas possible

arriver, peu à peu, à introduire une dimension sensible

dans ses gestes.

L’exposition Danser sa vie, présentée en Novembre

2011 au Centre Pompidou, montrait l’intérêt commun

entre l’art et la danse pour le corps en mouvement,

les mouvements d’avant-garde comme le Bauhaus ou

constante à capter et à retranscrire les mouvements

du corps pour en dégager de nouvelles grammaires

plastiques. En tant que designer, c’est dans cette optique

Danser sa vie, danser son quotidien. C’est dans cette

3. ibid. p 30

Willi Dorner, Bodies in urban space ,2012, Paris

53

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volonté de donner du sens et un nouvel intérêt à

perception plus sensible de nos mouvements. Le

quotidien est basé sur la notion de répétition, une trame

une autre perception du corps, intégrer dans nos

dans l’espace implique donc une autre dynamique de vie.

Le skateboard est basé, lui, sur l’équilibre du corps.

Le skateur cherche à atteindre le point critique avant la

lui permettant de tenir en équilibre. Au-delà de la notion

d’équilibre qu’implique le skate, la notion d’adaptation

est ancrée dans la culture du skateboard. Le skateur doit

des possibilités. C’est ainsi que la rampe d’escalier va

devenir une barre de slide, ou encore tous les plans

inclinés ou trottoirs deviennent des opportunités. Les

troupe lors des représentations « Bodies in urban space »

s’inspirent de cette vision de la ville, en créant avec ses

Peut-on imaginer de nouvelles gestuelles favorisant une autre perception du corps

54

lieux insolites. Ne pourrait-on pas utiliser la maison au

de l’espace domestique, en les considérants comme

travers ces partis pris que les designers Xavier Moulin et

Aldo Cibic ont créé la collection de mobilier Smart home , une gamme de mobilier multi-usage permettant de

pratiquer des exercices de gymnastique dans l’habitat.

Lorsque le skateur trouve les limites de la ville, il n’a

-

nités. Le travail de Pontus Alv, DIY skatepark est la matéri-

architecturales »1 spots de

skate qui ne seront alors visibles que par des personnes

Plus que la pratique du skateboard, c’est la pensée du

skateboard qui m’intéresse. Peut on envisager l’espace

que d’exploiter l’espace, c’est en intégrant de légères

de nouvelles opportunités dans le but de générer des

1.Lallier Thomas,

Skateboard stories,

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Xavier Moulin et Aldo Cibic, Smart home , croquis de recherches, 2001, Paris

56

activités physiques, ce sont ces légères perturbations

Dérivé des arts martiaux, le tai-chi est une discipline

corporelle d’origine chinoise comportant un ensemble

de mouvements continus et circulaires exécutés

avec lenteur et précision, dans un ordre préétabli.

en combinant pratique physique, mentale et spirituelle.

Yuan Tai chi chair A

et B s’empare de cette

pratique en proposant

un siège au service de

cette discipline permettant de réaliser certains mouve-

des tensions musculaires à travers des mouvements

simples. Là encore, cette discipline implique une certaine

A travers cette pratique, se révèle une considération plus

sensible du corps, basée sur l’écoute et la compréhension

sens au geste exécuté.

révèle une considération plus sensible du corps

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Pontus Alv, DIY Skateparks ,2009, Berlin

Yuan Yuan, Tai chi Chair A, 2010

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À travers toutes ces conduites, ce ne sont pas les

pratiques en elles-mêmes qui attirent mon attention,

le corps et le mettent en mouvement.

au-delà de sa représentation et de l’image de lui-même

qu’il donne à voir. Le corps n’est alors qu’un moyen et

60

c) Nos usages et habitudes

Mais comment envisager d’intégrer de nouvelles

pratiques corporelles dans l’habitat, sachant que notre

quotidien est basé sur une trame de mouvements

suspendre sa veste... toutes ces activités sont intégrées

dans un schéma postural construit par « tous nos

1 emmagasinés depuis notre

privilégiées. Merleau Ponty souligne notamment que

nos postures répondent aux situations, que le monde

corporel dépend essentiellement de notre adaptation à

l’environnement dans lequel nous évoluons. En d’autres

termes, le corps doit s’adapter en vue de certaines tâches

dans certaines situations qui polarisent toutes nos

actions. Selon Merleau Ponty, le schéma postural est

et de notre perception des choses (le phénomène de

la perception, Merleau Ponty)2. Serait-il donc possible

d’imaginer un bouleversement de notre schéma postural

si celui-ci implique un nouveau mode de vie avalisé par

1.Bernard

Michel, Le corps, éditions du

Seuil, Novembre

1995, p 125

2. ibid. p 50

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Les origines du caractère chez l’enfant presque au sens littéral du mot dans celui de notre

mère ou de la personne qui a assumé notre charge.

code préétabli. Néanmoins, une rupture totale avec

schéma postural, pour intégrer ces nouvelles pratiques

corporelles dans notre quotidien. Le travail du designer

le schéma postural établi.

le pouvoir que nous avons de dilater notre corps comme

être au monde ou de changer son mode d’existence en

lui annexant de nouveaux instruments »3 . Et le rôle du

-

Nous changeons perpétuellement de posture, de position

et nous construisons un certain nombre de possibilités

posturales que nous emmagasinons. La pratique répétée

3. ibid. p 50

Le designer peut-il être précepteur de nouveaux modes de vie ?

62

de ces nouvelles postures permet de les intégrer dans

immédiate de la posture dès que cette relation est alors

établie entre le corps et l’activité à exécuter. Grâce

à de tels schémas nous pouvons « prolonger notre

connaissance de la posture, du mouvement […] au-delà

des limites du corps »1.

L’apprentissage de nouveaux gestes, de nouvelles

pratiques physiques ou d’un sport, par exemple,

mouvements et de les inscrire dans le panel de notre

précisément à conquérir un nouvel équilibre en

réadaptant notre corps à une situation insolite »2 .

La pratique du ski bouscule notre schéma postural

en marchant mais en glissant. Le corps va alors devoir

s’adapter et retrouver un nouvel équilibre qu’il va

un nouveau schéma de déplacement, créant ainsi une

relation entre le corps et l’activité. En suivant cette même

logique d’apprentissage, nous pouvons imaginer que

et proposant de nouvelles situations d’usage, si celles-ci

correspondent à un mode vie que l’on souhaite, bien

1. op. cit. p 26

2. op. cit. p 17

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sûr. Notre quotidien étant constitué d’une multitude

de répétitions, l’introduction d’un bouleversement

acceptable de certaines de nos activités pourrait de ce

s’inscrit dans nos usages et nos habitudes, il est donc

légitime d’envisager le design comme une réponce à la

problématique de l’inactivité et de la sédentarisation de

la population.

64

III/ Vers le projet

a) L’enjeux du projet

physiques non sportives dans l’espace domestique. Je ne

veux plus penser l’espace domestique comme un espace

uniquement de « détente » mais placer le mouvement

élaborer de nouveaux scénarios d’activités domestiques

(au sens dynamique du terme activité) pour conduire

à la proposition de produits hybrides ou dédiés qui

mettent le corps en mouvement et/ou stimuleront une

reconsidérer notre enveloppe corporelle non pas en

conscience de son existence réelle.

sortir le corps du sommeil musculaire dans lequel

l’inactivité et la sédentarité l’ont plongé. Si l’espace

-

65

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les isoler comme peuvent l’être les pratiques sportives

d’imaginer/d’anticiper les lieux ou directions

hypothétiques pouvant induire ces pratiques dans notre

stimulations physiques.

La visée du projet est d’introduire dans l’habitat l’idée d’un « inconfort tolérable »

66

dynamique de vie

sollicité ou valorisé. L’idée est d’envisager de nouveaux

a pour ambition de mettre le corps en activité, mais

notre corps. Au delà même de la notion d’activité, cette

à concrétiser mes axes de recherche pour proposer

gauche: Munari

Bruno, Ricerca

in una poltrona scomoda, 1945

Lehanneur Mathieu, Objets thérapeutiques, Troisième poumon,

Ensci les Ateliers, Paris, 2001

69

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d’inactivité, s’avère être la télévision. Nous pourrions

même parler de dépendance au petit écran.

année de télévision dans le Monde », chaque habitant

regarderait quotidiennement la télévision, en moyenne,

à la personne scotchée dans son canapé pour tenter

d’alarme visant à le sortir de son sommeil musculaire. En

qui communiquerait sur son état.

.

« C’est le médicament qui est dépendant du patient »

Mathieu Lehanneur

70

les contrôlons. Nos gestes sont devenus pauvres et

télécommandes en sont les preuves. Je souhaite

qui ont de plus en plus tendance à se dématérialiser.

Au nom du progrès, on tend à les supprimer en les

hygiéniques ou simplement pour

ne pas avoir à lever le petit doigt

pour les actionner. Je souhaite

donc de réintroduire une dimension sensible dans nos

les gestes basiques de commandes.

le but est de solliciter et remettre en marche certaines

parties du corps devenues inertes/inopérantes en

recentrant l’usage autour de l’activité corporelle.

Réinvestir le corps dans tous les gestes de commandes

Thalm

ic Lab, M

yo brassard, C

an

ada, 2

013

72

restreint tous les gestes de commande à l’avant- bras ; ce

passé à manger, regarder la télévision, lire, aller sur

internet. Le rôle du design est, ici, de proposer des

solutions permettant de sortir le corps de son état de

restons assis. Je souhaite donc travailler sur cette notion

comportements dans l’espace domestique.

Dans cette situation, le but revient à questionner la

temporalité dans son usage pour générer une activité

physique.

Questionner la fonction de l’objet en introduisant une

dimension de temporalité

Cf. p46-49

Sella et Singer

73

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Nos déplacement dans l’espace domestique sont

pas pour passer d’une pièce à l’autre. Ne pourrait-on

déplacements. L’idée est d’investir des zones libres

alors à réveiller le corps.

La trame de nos habitudes est conditionnée par tous les

multitude de rangements (placards, tiroirs) sur lesquels

on peut agir. A partir d’actions banales et quotidiennes

remotiver certaines zones du corps. Ainsi, ouvrir une

étirements des muscles et mise du corps en tension. Ainsi

Cf. p45

Shusaku

Arakawa et

Madeleine

Gines.

74

ces éléments de l’habitat pour en proposer des usages

processus de création basé sur l’activité physique. Ma

démarche tend à remettre en question notre perception

de l’espace domestique en bousculant les codes établis

de la maison. Étant bien entendu que ce processus

considère les mouvements du corps et l’activité

musculaire comme matières premières. Le but ultime est

de générer de nouvelles dynamiques de vie.

76

Conclusion

conditions de vie à l’homme, par ses créations ou ses

interventions. À travers cette volonté, le designer tente

est devenu l’élément central dans notre perception

tendance à être dans une vision protectrice de l’usager,

créateur d’environnement de vie propice à des postures

déplaisir et donc opposée à notre quête du bonheur.

Mais nous savons aussi que le bien-être passe par un

tangible sur notre organisme, comme par exemple dans

il est bien évident que la pratique sportive ne peut être

envisagée comme un moyen de dynamiser notre espace

domestique, car elle implique la notion de compétition,

incompatible avec notre environnement domestique.

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de mettre le corps en mouvement ou de stimuler une

l’idée que toutes sollicitations corporelles, impliquera

être le vecteur de nouvelles

situations actives dans

nos comportement et nos

modes de vie. Mon parti

pris est d’imaginer de

nouvelles activités physiques intégrées à notre quotidien,

«sportivisation»).

Je souhaite manipuler des perturbations dans notre envi-

ronnement quotidien, qui puissent être non seulement

Je soutiens l’idée que l’inconfort peut être envisagé dans l’habitat

78

Co

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nous entretenons avec lui. L’idée est de réinvestir une

sortir de l’état statique dans lequel l’inactivité l’a plongé.

Considérer le corps en mouvement comme élément

central de ma recherche remettrait en considération

notre perception de l’espace domestique et viendrait

bousculer la vision actuelle que nous avons de l’habitat.

80

Annexes

Les étudiants en BTS Design de Produit de l’école

Boulle, travaillant avec le Centre National de la Danse et

plus particulièrement le Chorégraphe Fabrice Lambert,

pratiques contemporaines de la danse, dans le but de

de danse contemporaine orchestré par le chorégraphe.

rencontre alors les autres étudiants, pour qui ce n’était

pas la première séance et Fabrice Lambert.

Je rentre alors dans la salle de danse et la séance

plus de trois heures et qui ne s’apparente pas à tous les a

Tous ces exercices ne requièrent pas une connaissance

particulière de gestes chorégraphiés et ne convoquent

Rencontre avec le Centre National de la Danse

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aucun style de danse. Tout est basé sur la compréhension

du corps et de la matière qui le constitue: ossature,

muscles, articulations, peau …

« Le Tonus est l’ensemble des muscles que l’on ne

contrôle pas. L’espace a une conséquence sur moi, donc

arriver à s’en détacher et l’envisager comme une matière

extérieure à manipuler ». Fabrice Lambert nous incite

à prendre conscience de notre matière corporelle dans

sa globalité et nous explique que l’élément principal de

son travail de chorégraphe, est la compréhension du

-

de solliciter son corps : les mouvements de la peau, des

muscles, des articulations et du squelette. Danser avec

ses muscles ne produit pas les mêmes gestes que danser

avec ses articulations ou son squelette. Chacune de ces

danses demandent une concentration sur son corps pour

arriver à retranscrire au spectateur quel type de danse

« L’espace a une conséquence sur

aussi une conséquence sur lui »

82

An

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alors à tenter des choses. Heureusement le ridicule

alors réellement au

plaisant. Chacun

de mes gestes ne

recherche pas une

tente seulement de

réveiller. L’aspect esthétique n’est pas du tout pris en

détendent, le corps se relâche, et chaque partie de mon

souhait, sans rechercher la séduction ou la grâce dans

mes gestes. L’esthétique se créait alors toute seule.

Certes, devenir vraiment gracieux dans ses gestes

partie de mon corps devient une matière malléable

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requiert des années de pratique, une connaissance des

bases de la danse classique et relève d’une ascèse et

d’une implication totale, cela est évident. Mais ce qui

attire mon attention ce sont les sensations que de telles

pratiques procurent. Le corps est relâché, détendu et le

dialogue qui s’installe entre l’esprit et le corps est assez

tenter de le danser...

Je ne pense pas avoir un grand avenir dans la danse,

néanmoins la manière qu’a cette pratique d’impliquer le

donner toute son importance au corps réel et de

l’aborder d’une manière plus sereine. Elle donne du sens

à nos mouvements et implique une dimension sensible

Danser sa vie ? Pourquoi pas ?

86

Rencontre avec Loïc Lauziskinésithérapeute

il exerce au sein d’un cabinet médical et suit également

nombreuses données techniques d’ordre physiologique

qui me permettront par la suite de développer mes pistes

Quels sont les cas fréquents auxquels vous êtes confronté

L.Lauzis: Cela dépend des personnes, de leur métier et

un métier assis, sans généraliser, ont le plus souvent des

deux types de problème, tout d’abord au niveau de ce

que nous appelons la structure active, muscles, tendons

et ensuite au niveau de la structure passive, ligaments

et articulations. Ce sont des personnes qui vont être

exposées par exemple à des problèmes d’hernies

car leurs muscles du dos sont très peu développés,

An

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vont déclencher ce type de complication.

L.Lauzis: Dans notre société, les gens valorisent leurs

muscles antérieurs car ce sont les muscles que l’on va

donc nous avons tendance à muscler ces parties du corps

pour des raisons sociales ou de beauté. Les muscles

extérieurs ne sont pas valorisés car ils sont invisibles et ils

ne participent pas à la construction de l’image du corps

que nous souhaitons montrer.

Néanmoins ces muscles participent au maintien du corps.

d’une part notre puissance mais aussi de structurer

notre posture en alignant la colonne vertébrale. Le

développement des muscles extérieurs va permettre

d’ouvrir la cage thoracique. La masse corporelle est

essentiellement basée sur l’avant du corps, nous avons

donc une tendance naturelle à adopter des postures

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redresser le corps et ainsi de prévenir, par exemple, des

problèmes d’hernie.

muscles et le corps au quotidien, quel type de mouvements je

L.Lauzis: Les mouvements de rééducation peuvent

travers de nouvelles gestuelles dans l’habitat. Les

rhumatismes entrainent la rupture des tendons, lorsque

la structure du tendon n’est plus capable de répondre

aux contraintes auxquelles elle est soumise, elle s’use et

à petit ré-impliquer le corps et les muscles dans des

activités physiques. Envisager qu’une personne n’ayant

aucun problème physique pratique des exercices de

An

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89

ne sommes pas ici dans une démarche de musculation

super normal, impliqué par de nombreuses atrophies

radicalement pas les mêmes choses.

approche théorique est souvent à mille lieux du résultat

gestuelle ou posture va impliquer une certaine chaine

musculaire, car la réalité n’est pas souvent comme

corps mais ce que nous ne pouvons pas prévoir c’est

musculaires que nous souhaitons solliciter.

Inactivité L

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92

Bibliographie

Ouvrages

BERNARD Michel, Le corps, éditions Points, Paris, 1995

BAUDRILLARD Jean, Le systeme des objets, éditions Galimard,

Domont, 1968

BAUDRILLARD Jean, La société de consommation, éditions

Ponts, 1970

COLIN Christine, Confort et incorfort

CONSTENTINIDÈS Yanis, Le nouveau culte du corpsBourin éditeur, Paris 2013

COURTINES Jean Jacques, Histoire du corps “tome 3” , Édition du

DEPIESSE Fréderic, Prescription des activités physiques: en prévention et en thérapeutique, édition Masson, 2009

JUVIN Hervé, L’avénement du corps , édition Galimard, octobre

2005

LAFARGUE Paul, , Mille et une nuits, Turin,

1994

LE BRETON David, Antropologie et modernité du corps, éditions

Quatridge, Paris, 1990

MIDAL Alexandra, ,

édition Pocket, Paris, 2009

MUNARI Bruno, ,

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Articles

. «Rester assis tue autant que la

Le point, disponible sur http://www.

« Corps», Philosophie magazine, n° 74,

Novembre 2013

« Le corps en vacnaces», Cairn.info,

htm, 2002

« Sport: la revanche

du corps», mag philomagphilo/philo14/dossierimp.htm, parue en 2007

Catalogue d’exposition

[Exposition, Centre Pmpidou. 2012]. Danser sa vie. Dir.

Christine Macel et Emma Lavigne. Paris, 2012.

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2013

CHAPLIN Charlie, Modern times, , sortie en septembre 1936

GORDON-LEWITT Joseph, Don Jon, Mars distribution,

sortie en décembre 2013

LALLIER Thomas, Skateboard stories2011

LUDSRÖM Lars, Real HumansNICCOL Andrew, Gattaca, Columbia Picture, sortie en

Octobre 1997

PIXAR Studio, Wall E, Disney studio, Sortie en Juillet 2008

Bib

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gra

ph

ie

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Remerciments

Je remercie l’ensemble de l’équipe pédagogique de DSAA

et François Boissonnet

plus particulièrement ma mére pour ses nombreuses

relectures et corrections.

Je remercie Mr. Guigou pour m’avoir accordé de son

Je remercie l’ensemble de mes camarades de classe de

DSAA qui m’ont permis d’évoluer au cours de ces deux

années.

Je remercie Marine pour son écoute, son soutien et sa

patience au quotidien.

InactivitéLe corps au quotidien

Direction du mémoire

Soutenance le 4 mars 2014