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Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

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Jules Chomé, "Indépendance congolaise pacifique conquête", edition de remarques congolaises, etudes congolaises n°3, 1960. Texte de la conférence prononcée a la tribune du Cercle d'Education Populaire de Bruxelles, le 22 février 1960

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Jules CHOMÉ

INDÉPENDANCECONGO LÂESEPACTFIQTJE

EDITIONS DE REMÀ,ROUES CONGOLÀISES

CONQ TJ ETE

Page 2: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

No3

Jules CHOMÉ

INDEPENDANCECONGOI,AISEPACIFIQUEllllillllililllllililllllilllllllllllllililililililtil1ilil

COI\QUÊTEllilililililmllililililllililililililil1ililililililililts

Texu de la confércnce

prononcée à la tribync iluCetcle d'Éducation Populaire

de Bru*elles,le 22 févder 1960

EDITIONS D[ Rf,MAR.OUES CONCOUIISES16, rue qux L<rtnes

Bruxelles

1960

Page 3: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

Du m€me auteur :

FORMOSE, QUEMOY, MATSUaux Editions Politiques, Bruxelles, 1958.

LÀ PASSION DE SIMON KIMBANGUaux Editions < Les Amis de Présence Africaine > Bruxelles, 1959.

LE DRAME DE LULUABOURGaux Editions de Remargur:s Congolaises, Bruxelles 1959.

Toue eboits d,c reproducfion et de tîaduction téserués pour tous pagt,Copgright 1960 bg < Remarquoe Congolaises > Bruxelles.

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< Si I'enfant demande un sdfu,

c'est pdrce que c'est la saison v.

Proverbe mukongo,cité par M. |orcph Karevubu.

(Ceunict d' Af,riquc B-+1 eS7. )

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En 1889, Sa Sainteté le Pape Léon XIIIadressait un << Bref >> au Supérieur général de laCongrégation de Scheut pour lui confier l'évangé-lisation du Congo. Il s'exprimait en ces termeschoisis :

<< Vous n'ignorez point chers Fils ! Notre arclent>> désir de voir les peuples sauvages de I'Afrique>> abandonner les ténèbres de I'erreur à l'éclat de> la lumière de I'Evangile et échanger leurs cou->> tumes abruties avec la politesse et la civilisation>> chrétiennes. >>

>> Ce changement aura pour effet de soustraire à>> la loi de leurs caprices ces tribus, peuplades>> ravalées au niveau de I'animalité, et de les faire>> passer de la servitude de la corruption à la glo->> rieuse liberté des enfants de Dieu... u (l)

Soixante-dix ans plus tard, à Pâques 1959,S.S. le Pape Jean XXIll, recevant à Rome lesécrivains africains, rendait hommage à << la culturenégro-africaine >>, soulignait << les richesses origi-nales d'une culture propre >> et attirait leur atten-tion sur << leurs communes responsabilités enversleur patrimoine ancestral >. (2)

Missons en Chine et au Conç;o. numéro préliminaire 18E9,C"oexistence, mars-avril-mai 1959, pp.9 et suiv.

(1)(2)

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INDEPENDANCE CONGOLAISE - PACIFIQUE CONQUETE

Quel chemin parcouru entre ces deux dates,entre ces deux points de vue. Ainsi donc, << lespeuplades ravalées au niveau de l'animalité > de1889, cachaient sous < leurs coutumes abruties >>

une << culture propre >> appartenant a\ << leur patri-nnoine ancestral >>.

***

Il n'est évidemment pas possible, dans le cadred'une seule conférence, de retracer I'histoire detoutes les étapes de cette évolution qui a conduitles loirs du Congo, eu€ le Pape le plus social deI'Eglise catholique considérait comme proches deI'animalité, hier, autour de la Table Ronde etdemain à Ia tête de leur jeune Etat Congolais.

***

.Je ne pourrai donc, ce soir. dans un rapidetableau, retenir que quelques images.

D'avance je m'excuse si leur choix paraît arbi-traire et si Ie tableau paraît incomplet.

***

Simon Kirnbangu et la première prise de con-

Au mois de mars 1921, un rnukongo de 32 ans,imposant les mains à un enfant que I'on dit mort,le ressuscite sous les yeux d'une foule émerveillée.Et c'est la naissance d'un mouvement vite et bruta-lement réprimé, mais qui depuis lg2l, n'a cessé de

INDIII'IiNDANC E CONGOI,A lSE . I'ACIF'IQUE CONQI,TETE

s'inscrire en filigrane dans le contexte du Congoet qui va, sans doute, connaître dans ie Congoindépendant, un épanouissement dont il est encoreimpossible de prévoir les limites. Simon Kimbangu,ancien catéchiste protestant, qui guérit les mala-des, qui fait parler les muets et voir les aveugles,qui enseigne aux foules à se débarrasser des féti-ches, à se dégager de la sorcellerie, à combattreles danses lascives et la polygarnie, fait accourirles masses de tout le Bas Congo d'abord, puis deKinshasa, puis du X(wango, puis des provincesvoisines.

De trois à cinq mille personnes se pressent,cl'laque jour autour de sa case. On doit organiserdes services de ravitailiernent au village saint deN'kamba. Les gens s'entassent, pour la nuit, dansles cases ou rnême couchent à la belle étoile.

Le chemin de fer du Bas,Congo ajoute deewagons spéciaux à ses trains, puis organise destrains spéciaux pour les pélerins.

Les temples protestants, les églises catholiquesse vident. Les catéchismes sont désertés.

Les boys abandonnent la lessive ou la cuisinepour aller voir et entendre Ie prophète.

Les ouvriers et les employés des usines et desateliers quittent leur travail pour se rendre enpélerinage à N'kamba.

C'est le Bas Congo tout entier qui semble sernettre en rnouvement. Les noirs ont I'impressionexaltante que leur pays << va se renouveler >>

<< nsi se itemoln^a >> disent'ils dans leur kikongo.

Page 6: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

INDËPENDANCE CONCOI,AISE - PACIFIQT]E C]ONQUETE

Ils sont fiers d'avoir leur religion de noirs, leurprophète noir, leurs prêtres noirs.

Tous leurs complexes s'évanouissent à voir quedes dirigeants noirs sont issus de leur peuple, sansavoir reçu I'investiture des maîtres blancs

- C'est

la première prise de conscience du peuple congo-lais.

Prise de conscience élémentaire mais magnifi-quement pacifique et tolérante, préfiguration dece que sera, 38 ans plus tard, la conquête pacifiquede leur indépendance par les noirs du Congo.

Le R.P. Dufonteny, rédemptoriste, un desplus terribles ennemis du Kimbanguisme, écrira :

<< Les kibangistes sont si peu agressifs sur cette>> guestion (la question religieuse) qu'eux-mêmes>> louent notre enseignement, le trouvent bon :

>> << Le Père n'enseigne que le bien, sa religion est>> de Dieu, mais la nôtre aussi >> Des deux côtés>> c'est la religion de Dieu, << Malongi ma Nzambi>> Nk'uti >>

- Sur ce point, reconnait le Père

>> Dufonteny, nous sommes plus agressifs, puis->> que nous proclamons qu'ils sont dans I'erreur,>> ce qu'ils ne disent jamais de nous. , (3)

Pour se faire une idée du caractère pacifique dela prédication de Simon Kimbangu et de la gran-deur du personnage, il suffit de se rappeler lesadmirables paroles qu'il adressa aux milliers defidèles qui I'entourent, au moment où I'on annonce

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(3) Bulletin trimestriel de la ligue pour la protection et l'évan-gélisation des noirs, 1921 p,, n' 2, p, 12.

1NDEPENDANCE CONGOI,AISE - PÀCIFIQUE CONQUETE

I'arrivée imminente de I'Administrateur blanc etdes soldats qui viennent pour I'arrêter :

<< Que tous ceux qui sont terrifiés s'en aillent> et que partent aussi tous ceux qui veulent com->> battre et qui sont incapables de souffrir, sans>> rendre le mal pour le mal. S'ils me font prison->> nier et s'ils me fouettent, vous ne pouvez user>> de la force >. (4)

L,a violence, ce sont les blancs qui vont I'exer-cer. Les missionnaires catholiques seront les pre-miers à se plaindre.

Au début, I'Administration refusera de donnersuite à leurs doléances. Elle considère qu'il s'agitd'une question religieuse, d'une << affaire de curés >dira, paraît-il, le Gouverneur Général Lippens.

On usera alors contre Simon Kimbangu deI'argunnent classique depuis 2000 ans : << c'est unfauteur de troubles, c'est un fornentateur declésordres >>.

Et le terrible appareil de la répression colonialese mettra en branle: tribunal militaire spécial com-posé d'un juge unique, chaînes et cadenas au coudes accusés, cor.rps de chicotte appliqués à Simonau milieu de son procès et sur l'ordre de son J,tg",un jugement qui est un monurnent d'iniquité etqui aboutit à la condarnnation à mort de SimonKirnbangu et à la servitude pénale à perpétuitépour tous ses apôtres.

(4) Efraim Àndersson < Messianic Popular movements in fheLower-Gngo > pp, 63 et suiv.

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IO INDEPENDANCE CONGOLAISE - PACIFIQUE CONQUETF'

J'ai raconté cette terrible histoire en détail dans

*Jop.tit livre sur Ia Passion de Simon Kimbangu

(5) ti je ne la referai Pas ce- soir'Vous savez que le fioi Albert, malgré

-le déchaî-

nernent de la piesse de Léopoldville-et des colons

J" fftvt"ille, àui réclamaient la pendaison du pro-

eftai"l""**"à t" peine de mort en travaux forcés

à perpétuité.- 3il"; vécut désorrnais, - si cela peut s'appeler

"i;;-- et pendant 30 ans, à la prison centrale

d;Elisabethviiie où il est mort, toujours prisonnier"

en 1951.---Vous savez la longue histoire de la répression

du Kimbanguisme. Des milliers de Kimbanguistes

ilZ.OOO "h""f" de famille dira en 1957 M' Pinzi

i6), ont été, de l92l à nos jours, condarnnés ou

àâL"e-. Il semble que dix pour-cent à peine de

ces ïartyrs aient pu ïegagner leur Bas Congo

natal.Nornbreux sont ceux qui attendent encole' en

,"lag;iiorr, une libération qui ne peut plus tarder"

Eir effet, le Kimbanguisme vient, pour-la-pre-rnière fois âepuis lg2l, d'être autorisé p-ar le Gou'veïneur d" L Province de Léopoldville par un

décret àu 24 décernbre 1959'

***

Il était impossible de ne pas évoquer, au seuil

- ,5) f"1"" Ch"-é, << La Passion de Simon Kimbangu > aux llmisd" Èt!""n." Africaine - Bruxelles'

(6) Congo, 17 ao'rit 1957' rf 2l'

TNDEPENDANCE CONGOI_ArSE - PACIFIQUE CONQLTETE I.l,

d'une brève histoire de la conquête de l'indépen-dance congolaise, le Kimbanguisme qui marqua lapremière prise de conscience du peuple noir et qui,à la faveur de la répression, mêla rapidement àla lutte pour la liberté et I'indépendance religieuse,le désir, puis la volonté d'une libération politiquede la tutelle des blancs.

C'est pourquoi, il n'est pas douteux que, danstre Congo indépendant, Simon Kimbangu serahonoré par tous les Congolais, quelles que soientleurs croyances, et rnême par les noirs catholiquesrornains et mêrne, sans doute, par les prêtres noirs,cûrnrne le premier grand homme de leur pays.

Je ne vais pas vous parler ies tragédies qui ont,par la suite, endeuillé le Congo :

Matadi et ses 40 morts.Le Katanga et ses cent grévistes abattus parce

qu'ils réclamaient, si je ne me trornpe, uneaugrnentation de 50 centimes.

Luluabourg 1944 et ses fusillés qui furent plusde 100 et ses pendus.

Tous ces événements terribles, qu'il faudra bienraconter un jour, ne serait-ce que pour en empê-cher le renouvellement, ont sans doute Iaissé dànsI'esprit des populations intéressées des souvenirsextrèmement pénibles

- rnsis les Congolais ne

sont, heureusement, pas rancuniers. Ces dramesont eu d'autres causes que la lutte pour l'indé-

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12 INDEPENDANCE CONGOLAISE - P4gP1qU,E CONQUETE

Dendance du Congo et, à ce titre' 11" sont étrangersi *on propos de ce soir'*

L'Abako.IJn mouvement qui a indisculqllement joué un

rôle essentiel dans cette lutte c'est le mouvementde I'Abako.

Comment est-il né ?

D'une de ces.attitudes arbitrqllss et incompré-hensibles dont on se demande si ce n'est pas seule-ment un orgueil démesuré qui les dicte.

Léopoldville est située en teryileite Mukongo.Sans doute cette capitale comprend-elle de nom-

breux habitants originaires du Haut Congo,qu'avec une certaine fantaisie on a baptisés dunom de Bangala.

Il n'en reste pas moins vrai que Ia majorité de

la population est constituée de Bakongo et quela proportion augmente au fur et à mesure qu onse rapproche de I'enfance, à telle enseigne que,

dès 1957, cette proportion oscillait entre 80 et9A %.

Les Bakongo disposent d'une langue fort belle<< le kikongo >>. C'est une languqde culture que les

Jésuites comparaient déjà en 1890 à la langued'Floneère.

Le lingala, au contraire, est un informe sabir,une langue véhiculaire dans laquslle on donne desordres à son boy et on cornmande aux soldats dela force publique.

ÏNDEPENDANCE CONGOI,AISE - PACIFIQUE CONQUETE {3

Eh bien, ceux qui avaient la charge de I'en-

seiqnement avaient imposé dans les écoles de

LéJp"ld"ille I'indigent lingala-à ces petits enfants

t oriri", jusqu'au moment où ils entraient à l'école,

de leur riche kikongo'Il s'agissait là d'une véritable entreprise de

dénationalisation que rien ne justifiait'L'Abako est née pour la défense de la langue

kikongo : étude et unification de la langue, cercles

d'art, àù I'ott donnait des représentations théâtra-

Xes, bibliothèques, tout I'attirail des mouvements

culturels fut rnis en branle.L'Abako devait d'ailleurs en guelques années

atteindre son objectif : Ie respect de la langue

kikongo dans la caPitale du PaYs-Defuis trois ans environ, quand une vieille

urr*àIl mukongo vient voir son fils à Léopold-

ville, à quelques l<ilomètres peut-être de son vil'lage, et qu'elle veut tenir ses Pâques, elle peut.rrJitt trouver un prêtre capable de recevoir sa

confession en kikongo. Avant, cela lui était im-ossible.C'est un succès à porter à I'actif de I'Abako.

De culturel, comme chez nous jadis, le mouvementflamingant, l'Abako allait évidemment virer au

rrolitique. Sans doute n'avait-elle pu naître et croi-ire et se fortifier gue parce qu'elle était culturelle.Si elle avait été politiquê,

- nous ne devons nous

faire atlcune illusion, -

netvg administration de

1953I'eut sans doute étouffée dans l'æuf. Quandelle voudra l'anéantir, au lendemain du 4 janvier

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14 INDEPENDANCE CONGOI,AISE - PACIFIQUE CONQUE1E

1959, ce sera trop tard. Les racines poussées dansIe sol du Bas-Congo étaient trop fortes' Plusaucun,e répression ne pourrait extirper du pays unmouvement auquel le peuple tout entier s'identi-fiait.

J'ai eu la bonne fortune de retrouver le texte dupremier manifeste de I'Abako. Il date àe 1953 (7) -

Quand on sait ce qu'elle est devenue et cequ'elle a, avec I'aide des autres partis congolais,obtenu à la Conférence de la Table Ronde, il estplaisant de se souvenir de ce passage de ce mani-feste :

>> d'être issus de ce grand ancêtre (Ta Kongo) et>> de ce que toute I'Afrique trelge porte le nom de>> notre ancêtre.

>> Notons bien que sa flèche ne ratait jamais son>> objectif. De là son nom de Kongo (N'kongo).

>> Nous devons aussi suivre son exernple. Con-)> centrons nos efforts et nos capacités intellec->> tuelles afin que nous visions bien et ne rations>> jamais le but de cette grande æuvre nationale>> que nous voulons entreprendre.

>> Réveillons-nous, il est plus que teneps. Nousdevons agir. >>

S'est-il bien réveillé, ce peuple, à I'appel de sesleaders ) Et les descendants du vieil ancêtre ont-ilsbien visé et atteint le but )

Je pense que la Table Ronde nous I'a appris."

(7) Congo overzee 1953, pp. 178,et suiv.

(8) Een dertig iarenplan-voor de_politieke ontvoogding vanBelgisch Àfrica, dàrrs < De Gids op Maatschappeliik gebied > -Brussel - december 1955.

INDEPENDANCE CONGOI,AISE - PACIFIQUE CONQUETE {5

1:_'lEllp:lgjg!t1""""ÈSous I'app61ent mutisme de ce pays qu'un de

nos écrivains a appelé << I'Empire du Silence >> etque la plupart des gens considéraient comme uneoasis de paix où à I'ombre des plumes d'autruchedu gouverneur général, des cornettes de nos reli-gieuses et des casques de nos missionnaires, unpeuple de bons noirs joyeux et reconnaissants étaitprêt à nous re/nercier gentîment, pendant des siè-cles encore, pour tout ce que nous avions fait,faisions et ferions pour lui, un observateur attentifeut pu voir nronter le besoin irrépressible de laliberté, I'aspiration incærcible à l'égalité.

Il est une heure où un peuple comme tin indi-vidu a plus besoin d'indépendance et de dignité quede pain. Le R.P. du Vernay le disait, il n'y aguère, à la tribune des Amis de Présence Afri-caine. Et cette heure était près de sonner pour lecongo'

***

Le Plan de 30 ans du Professeur Van Bilsen.

Ce sera toujours I'honneur d'un homme de cheznous, le Professeur Van Bilsen, d'avoir pressentice besoin s1 cl'avoir voulu, dans le calme et lasérénité, y dorrner satisfaction.

Telle était la portée de ce gu'il appelait son<< plan de 3O ans pour l'émancipation politique del'^A.frique Belg'e ,. (8)

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T6 INDEPENDANCE CONGOL,AISE - PACIFIQUE CONQUETE

Ce plan, publié en décernbre 1955, et sur lequelno* ditigeattts eussent dû se jeter s'il y avait unechance Je le faire accepter par les Congolais. Voussavez par quel tollé ce plan fut au contraireaccueilli. Ceux qtli considéraient son auteur com-me un dangereux illurniné étâient les plus indul-gents. D'autres le considéraient comme un traîtreà sa patrie. Il se vit retirer une chaire de professeuret ferrner bien des portes.

Pour donnçr une idée de la perspicacité de noshommres politiques, je n'hésite pas à léguer à lapostérité, cet extrait d'un discours fait à la Cham-bre de Comrnerce de Luluabourg' en septernbre1956, par uïl homn-re d'Etat considéré comnne l'undes plus éclairés de notre personnel politique : MrRaymond Sche;rven.

Faisant allusion au plan de 30 ans de Mr vanBilsen, il s'écrie :

., J'.r viens au danger de fixer une linaite dans>> Ie tenaps. Cornment peut-on dire à un capita->> liste, à un technicien, venez-vous installer,>> investissez ici votre argent, votre énergie, votre>> intelligence, mais attention ! dans dix, vingt ou> trente ans, suivant le cas, cela touchera à son>> terme... Comrnent pouvez-vous encourager un> jeune à venir travailler au Congo si vous lui> dites, en mêrne temps, qu'il n'a même par>> devant lui le temps d'une carrière entière ) >.(e)

(9) Kasai l9-9-19ffi.

,INDEPENDANCE CONGOI"ÂISE. PACIFIQUE CONQUETE {?

Mr. Scheyven récidivait d'ailleurs dans ses arti-cles de la < Libre Belgique >> de décembre 1956(réunis en un volume sous le titre << Et le Congo >>

P. r0e-r lo) :

<< Je crois qu'il y a plus d'inconvénients que>> d'avantages à fixer d'une façon précise des éta->> pes et des échéances, à nous engager en guelque>> sorte, alors que I'avenir comporte tant d'incon-> nues.

<< Sera-ce dans 20, dans 30 ou dans 60 ans )>> (rappelez-vous gue cela est écrit en 1956!) Je>> le confesse : je I'ignore...

<< Tout ce que je sais, c'est que si les belges>> devaient quitter aujourd'hui la colonie, demain>> la brousse couvrirait le pays, les tribus à peine>> pacifiées reprendraient leurs luttes séculaires et>> le Congo se diviserait en une poussière d'Etats,>> tous éconorniquernent inviables. >>

Que doit penser de ses propos d'il y a quatreans le Ministre Scheyven, aujourd'hui que le délaide trente ans qu'il critiquait s'est prodigieusementrétréci ?

C'est un des plus singuliers privilèges de notrefaune politique que l"absence de clairvoyance n'ysoit jamais punie et gue la clairvoyance n'y soitjamais récompensée.

Dans un pays qui saurait reconnaître les siens,c'est évidemment, Monsieur Van Bilsen qui auraitété aujourd'hui Ministre du Congo et pas Mon-sieur Scheyven.

fi4onsieur Buisseret, rninistre du Congo à l'épo-

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T8 INDEPENDANCE CONGOI,AISE - PACIFIQUE CONQUETE

que, est d'ailleurs aussi perspicace. Ne proclamait-il pas, en janvier 1957, dans une conférence àNivelles, son mépris pour ces << faiseurs de plans >>

>> les stratèges irresponsables qui fixent des dates:>> pareille attitude signifie que I'on ne connaît rien> ou que I'on ne comprend rien à l'Afrique>> ( I 0).

Le rnanifeste de Conscience ^A,fricaine.

Le 2 juillet 1956, paraît à Léopoldville le mani-feste de << Conscience Africaine >> de MM. Ileo,Ngalula et consorts (l I ).

On l'a dit inspiré par la J.O.C. C'est possible.En fait, il reprend le plan de trente ans clu Profes-seur Van Bilsen.

Il adopte aussi une formule chère à iVIr. Paul-Henri Spaak : << nous croyons que pour un>> rapprochernent sincère entre Ëuropéens et Con->> golais, il n'est pas trop tard mais il est temps >>.

Il est encore aussi gentil que possible pour lesEuropéens :

<< Cet équilibre nouveau, nous ne pouvons le>> trouver que dans la synthèse de notre caractère,> de notre tempérament africains avec les riches->> ses foncières de la civilisation occidentale. Cette>> synthèse, personne ne peut la réaliser en lieu et>> place des Congolais avec I'aide fraternelle des>> Occidentaux qui vivent au Congo. >>

(10) Kasai 23-l-1957.(11) Le Çongo ' Docrrments 1956 - De Linie - Bruxelles pp.

10 et suiv.

INDE.PENDANCE CONCOI,AISE . PACIFIQUE CONQUETE

Et il se termine par ces mots qui semblent quel-que peu archaïques aujourd'hui : < Vive le Congo.Vive la Belgique. Vive le Roi. >>

Ce manifeste comportait néanmoins un passageextrêmement net :

<< Un principe, disait M. lleo, est pour nous>> essentiel, la couleur de la peau ne confère aucun>> privilège. En dehors de oe principe, l'union est>> impossible. Mais égalité foncière ne signifie pas>> identité. Nous voulons être des Congolais civi>> lisés, non des Européens à peau noire. >>

C'était, on I'a compris, la condamnation sansappel de cette institution extraordinaire issue ducerveau d'un très haut magistrat et née des amou-reux travaux du Conseil Colonial : I'irnmatricula-tion.

Cette iinmatriculation qui devait consacrer Les

meilleurs des Congolais et constituer un idéal pourtout le peuple. Serait immatriculé, le noir qui ledemanderait hurnblernent au Tribunal et qui, à lafaveur d'une enguête, prouverait qu'il avait assezde draps, de taies d'oreiller, de couteaux et de four-chettes pour apparaître assimilé complètement àla culture occidentale. Devant l'échec d'un systèrneoffrant comme idéal à des hommes la déperson-nalisation, la dénationalisation la plus totale, laperte de toute caractéristique autochtone et larupture complète avec leur peuple, dans n'importequel pays, les auteurs d'une telle monstruosité

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9O INDEPANDA.NCE CONGOI,AISI] - PÂCIF1QLIE CONQUETE

juridique auraient été rendus à leurs chères études'

Ên Beigiq.te, ils continuent à siéger au Conseil de

législation.

Un manifeste aussi rnodéré que celui de << Con-science Africaine >> allait soulever des bordéee

d'injures.Pour un journal congolais, c"est clair : << les

agitateurs politiques du Congo, les voici"' " (12)

Four un autTe, le manifeste << ouvre la voie -c'est l'évidence mêrne

- au cornmunisme inter-

national...> (13).Pourr un autre encore, tenez-vous bien, c'est

< du racisme anti-blanc >> (14).

Critique du lVlanifeste egf l'.Abako.

A quel vocabulaire ces journalistes devront-ilsrecourir quelques mois plus tard lorsque I'Abako,s'emparant, au cours d'une de ses réunions, dumanifeste de << Conscience Africaine >>, I'analysera,,Ie discutera et en publiera la critique.

L'Abako réclame (15) << de façon tangible :

> I ") les droits politiques,> 2') toutes les libertés. >

<< C'est à dire liberté individuelle, de pensée, deconscience et des cultes. >>

(12) L'avenir, cité par Kasai, 1-9-1956.(13) Kasai, 14,-1956.{14) Aleris 'Peclers dans C.,ongo-Soir cité par Kasai 29-l2.l95É,(tr5) Kasai l-9-19X.

INDEPENDANCE CONGOLAISE - PACIFIQUE CONQUETE 9I

LJne revendication comme cellelà, gu'on ose

formuler en 1956, devait souffler toutes les auto-rités congolaises : du gouverneur général au der-nier sbire de la sûreté.'.

L'Abako rejette Ie plan de trente ans de Mr.Van Bilsen.

<< Notre patience, proclame-t-elle, a dépassé ler>> bornes. Puisque I'heure est venue' il faut nous>) accorder aujourd'hui même I'indépendance plu->) tôt que de la retarder encore trente ans. >)

<< La communauté belgo-congolaise ne doit être>> sollicitée ni imposée, mais librement voulue et>> acceptée. >>

Une fois encore, il sernble que les descendantsdu vieux Nk'ongo aient bien visé ! puisqu'au-jourd'hui MM. Ileo et Ngalula, auteurs du mani-feste de << Conscience Africaine >>, font partie ducartel avec M. Kasavubu de I'Abako qui a critiquéleur manifeste et que Mr. Van Bilsen dont I'Abakorejetait le plan de trente ans, s'est rallié à I'Abako,dont il a été le conseiller à la Table Ronde pourappuyex sa revendication d'indépendance immâdiate'

,.*

Les élections comrnunales Èr l-éopldville err 1957

Nous ne pouvons qu'indiquer, en passant" I'im-portance des élections cornmunales auxquelles ilfut procédé à Léopoldville en 1957. Triomphe de

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INDEPENDANCE CONGOI,AISE - PACIFTQUE CONQUETE

I'Abako qui, avec son prograrnme nationaliste etintransigeant, emporte plus de 70 % àes suffrageset I mairies sur les l0 de la cité indigène.

Mr. Kasavubu, élu rnaire de Dendale, profitede son installation officielle pour faire un discoursdont il est difficile de contester qu'il débordaitsingulièrement le cadre cornmunal.

Il fait le procès de I'administration belge -

unprocès qui, sur le point soulevé par lui, est d'ail-leurs perdu pour cette administration.

<< Pour une population de 13 millions d'habi->> tants, dit-il, nous n'avons que 125 universitaires>> congolais, sans compter les préuniversitaires.>> Devant de tels résultats, nous devons nous de->> rnander pourquoi le gouvernernent n'a pas mis>> È,' i'æuvre tous les moyens nationaux et inter->> nationaux rnis à sa disposition après la guerre>> pour le développement culturel des habitants>> du Congo ?... >> (16).

Il eut paru indigne, vous le comprenez, au pre-rnier congolais investi, pour la première fois, d'unefonction officielle par le suffrage de ses pairs, deconsacrer son premier discours à la voirie commu-nale ou à la dimension des poubelles.

II a traité d'une question d'intérêt général, laseule qui vaille la peine pour lui et pour sonpeuple : les rapports entre colonisés et colonisa-teurs ? L'autorité supérieure le sanctionnera im-rnédiatement.

(16) La presse Coogolaise, du 16 au 18 rnai 1958.

INDEPENDANCE CONGOLAISE - PACIFIeUFI CONeUI:l'll lll

Mais tous les autres bourgmestres noirs ee roli.dariseront avec lui dans des termes extrêmementsignificatifs,... << littéralement consternés par lcrrnesures d'intimidation et de discrimination quele gouvernement du Congo Belge vient d'employcrcontre I'autorité communale indigène ,. ( l6)

L'E-*-t 1"" d" Br"-;L'Exposition de Bruxelles aura, elle ausei, 8on

importance insoupçonnée : des hommes s'y ren.contreront soit, au Pavillon du Congo, soit auPavillon des Missions où ils travaillgnt

- venur

de régions éloignées, ils se découvrent dane lermêmes dispositions, animés d'une même foi dancles destinées de leur pays, prêts à lutter pour lemême idéal

- MM. Kaionji et Ngalula, par exem.

ple, qui dirigent une des branches du M.N.C., ontnoué entre eux une amitié durable au Pavillon oùils travaillaient tous deux.

!=j4.."-" "--rt.";Alrordons sans hésiter le problème des influcn-

ces extérieures : Accra-Moscou, comme écriventsi airnablement la << Libre Belgique >> et M. Men.diaux, qui a même donné ce titre à un ouvragedistribué à tous les déiégués noirs à la TabïcRonde, Mr. Mendiaux dont nous avons apprirqu'il était le beau-père d'un directeur de h Sôietédu Congo.

Page 14: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

9,4 INDT]PENDANCE CONGOT,AISE' PACIFIQUE CONQUETE

Je pense que I'on peut écarter' sans hésitation',o,ia.irrfl,"ence directË

- it n'existe pas le moindre

élérnent qui permette de croire à la présence au

Congo d;agiiateurs stipendié9 - ou inspirés -par

Mo"Ëo.t ou Accra ou Pékin. Mais que, par leur

seule présence, Par leur seule existence des Etats

.o**.la Russié Soviétique -

favorable, les noirs

i" ".rr""t, à I'émancipation des peuples de couleur'

- oo comme le Ghàna et la Guinée qui font leur

expérience exaltante de la liberté, -

aient une

influence indirecte sur la situation au Congo, ce

n'est pas niable.Tout le monde sait que depuis le froncement de

sourcil qui a mis fin à l'aventure de Suez, certaines

expédititns coloniales du style 1900 ne sont pluspensables.

Tous les noirs savent que la présence de cer-

taines nations lointaines neais attentives leur per-

mettrait d'envisager des solutions de remplacen:rent

au cas où la Belgique déçue, en mêrne temps

qu'elle lâcherait I'indépendance couperait toutcrédit.

Celtes, Ies pays sous-développés savent rnain-

tenant qu'on ne peut plus treur couper les vivres'Ce chantage ne prendrait Plus.

Voilà I'influence étrangère. Elle existe, mais elle

n'est pas de celles contre lesquelles la Sûreté de

I'Etat soit armée.

INDEPENDANCE CONCOI,AISE - PACTFIQUE CONQUETE 9i,

L'explosion du 4 janvier 1959.

Ainsi donc lorsqu'éclate le coup de tonnerre du4 janvier 1959,I'on ne peut pas dire honnêtementqu'il n'y a pas eu d'avertissement.

Les leaders noirs viennent de protester avecvéhémence parce que dans le << groupe de travail >

le Ministre n a nommé que des blancs.D'avance ils récusent les conclusions d'une

Commission à laquelle ils ne peuvent participer.Quand le groupe de Travail rentrera au pays et

que ses membres rapporteront qu'ils ont beaucoupentendu parler d'indépendance au Congo, ils ajou-teront que I'indépendance a pour les noirs d'étran-ges significations comme de ne plus payer d'impôt,par exemple, ou de recevoir gratuitement lemanioc tornbant du ciel.

Les Congolais l'apprendront. Et ils condamnentchez le blanc, croyez-moi, davantage encore lemépris que la haine.

Depuis des mois, le Gouvernement avait promiede mettre au point sa politique congolaise.

L'atmosphère était tendue à I'extrême.Il a suffi d'une de ces maladresses de l'Adminis-

tration -

qui ne se sont jarnais comptées avantIe 4 janvier et qui, hélas, ne se comptent pasdavantage depuis

- pour qu'éclate I'insurrection

du 4 janvier.Ce tragique événement est encore dans toutes

les mémoires.Je ne vous en parlerai donc plus à cette Tribune.

Je ne ferai pas non plus l'historique des événe-

Page 15: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

96 INI)EI'BNDANCE CONCOI,AISI] - PACIF'IQUE CONQUETE

ments qui ont marquq cette année 1959 clonttous, vous vous souvenez, sans doute.

Au surplus, à ceux qui voudraient se les remé-morer, je signale et ne saurais trop recommanderla véritable sornme que vient de publier sous letitre << Congo 1959 >> le Centre de Recherche etd'information Socio-Politiques

- CRISP

- Tous

les événements, tous les documents, dont certainsmêrne inéclits, y sont repris dans un ordre à la foislogique et chronologique.

La politiqle d:aterrnoiement.

Je veux donc me borner à caractériser I'histoirede cette année 1959, en quelques mots.

Rien d'irréparable ne s'est produit.Sur chaque point essentiel, notre gouvernement

a cédé, un peu plus tard qu'il n'aurait été oppor-tun, mais pas trop tard tout de même.

Quelques exemples :

On arrête après le 4 janvier M.M. Kasavubu,Kanza, Nzeza Landu; tout I'Etat-Major deI'Abako.

Il n'3r a pas contre etrx, I'ombre d'une charge.Mais le Parquet colonial est décidé à leur faireun procès qui tournerait pourtant à sa confusion.

On les laisse des mois en prison -

C'est évi-dernment un,tort

- Mais on arrête finalement le

procùs et Ie pire est évité. Fersonne n'est content.

I;iI)IIiTUNDANC]E CONGO!ÂISE . PACIFIQUII CONQUE'I'E )7

Tandis que si le rninistre avait pris tout de

suite ses responsabilités, ordonné, comme il en ale pouvoir du Congo, la libération des membres deI'Abako et déplacé le magistrat du Parquet respon-sable de leur stupide arrestation, les Congolaiseussent êté. dans I'enthousiasme et un climatd'arnitié et de confiance eut été immédiatenrentcrêé.

Quand le gouverneur rf,r-l Kasaï arrête MonsieurAlbert Kalonji et tous les leaders du M.N.C. (334personnes, on I'a avoué quelques rnois plus tard)le ministre n'est certainement pas d'accord. AuCongo tous les adversaires politiques s'unissentpour condamner cet acte a.rbitraire d'autant plusinadmissible que M. Albert lialonji est membre duConseil de législation qui va siéger dans quelquesjours.

Le lViinistre eut dû ordonner la libération desleaders Baluba qui n'avaient rien à se reprocher.Ii eut dû déplacer ce gouverneur ayant abusé deson pouVoir.

Il a préféré couvrir le gouverneur, laisser desinnocents en relégation pendant quelques semainespour que le gouverneur puisse les libérer sansperdre tout à fait la face.

Encore une fois, le pire avait été évité.L'essentieX était obtenu. Mais pas au moment

oir I'on eut pu provoquer un choc psychologiqueet ranirner la confiance.

II faudra attendre Ie mois de féwrier 1960 pour

Page 16: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

98 INDEPENDANCE CONGOLAISE - PACIFIQUE CONQUETE

gue ce gouverneur de province prenne enfin unrepos bien mérité.

Dans un autre domaine, fin novembre débutdécembre, les leaders du Cartel sont venus àBruxelles pour discuter des conditions auxquellesils accepteraient de participer aux élections com-munales.

Une de leurs exigences les plus formelles consis-tait dans le fait que les élections provinciales nepouvaient avoir lieu au second degré comme leprévoyait la déclaration,gouvernementale maisdevaient se faire au suffrage universel et direct,comme les élections législatives pour lesquellesrien n'était prévu dans la Déclaration.

Si satisfaction leur avait été donnée par le Mi-nistre pendant leur séjour à Bruxelles, quelle joie,on peut I'imaginer, aurait éclaté dans tout le Bas.Congo, dans le Kwango, à Léopoldville, au Kasaiet partout ou il y a des partis démocratiques auCongo.

Mais non, aussi longternps qu'ils ont été en saprésence, le Ministre leur a tout refusé. Et ils sontrentrés au Congo, I'air sinistre et les mains vides.Tout aurait pu très mal tourner. Et pourtant ilsavaient à peine mis le pied sur le sol du Congo,que le Ministre, à la Chambre, annonçait qu'aprèstout, I'on pourrait fort bien procéder en même'temps aux élections législatives et provinciales ausuffrage universel et direct. De nouveau donc,I'essentiel était concédé.

Pas tout à fait trop tard. Mais pas à temps non

INDEPENDANCE CONGOLAISE. PACIFIQUE CONQUETE 99

plus, si I'on voulait en tirer quelque bénéfice pourI'avenir des relations belgo-congolaises.

***

La mauvaise volonté d'une partie de I'adminis-tration au Congo.

Certes une des difficultés les plus considérablesauxquelles se heurte I'accession pacifique dupeuple congolais à I'indépendance et qui compro-met I'amitié belgo-congolaise dans I'avenir, c'estla mauvaise volonté pour ne pas dire la volontéde sabotage d'une partie de I'administration belgeau Congo.

Confrontée avec les nécessités d'une politiquernouvelle et surtout avec I'obligation d'adàpter unstyle nouveau, elle renacle, c'est plus fort !u'elle._ Je- terminais, il y a quelques mois, une petitebrochure ( l7) que I'Administration depuis, vient4ç 1n. faire I'insigne honneur d'interdire au Congo( l8)

- par ces considérations qui restent plus

que jamais d'actualité :

_ _ << T,rop de fonctionnaires ont gardé ce que M.M.Ngalula et lléo appelaient << la nostalgie de tachicotte >>.

<< Habitués à n'avoir affaire qu'à des noirs res-pectueux, qui ne leur parlaient que la main auképi ou le doigt sur Ia couture du short, leurs

_ (17) ]ulcs_. Chomé, < Le Drame de Luluabourg. (Ediuonsr Re-marqr:es Congolaises >, Bruxelles).

^ (18) Cette interdiction a été levée'depuis par M. le GouverneurGénéral.

Page 17: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

INDIiPEN DANCE CONGOLAISE - PACIFIQTItr CONQUE-I'i.,

nerfs ne leur permettent pas d'entendre les Congo-lais parler sur le même ton qu'eux, âvêç une assu-rance et une liberté égales à la leur.

<< Ils font un effort quelques temps, le temps d'unmeeting, de quelques discours, le ternps de lire unjournal. Et puis,..rJn moment, c'en est trop, c'estplus qu'ils ne peuvent supporter, mêms en serrantles dents, même en montrant ce qu'ils appellent<< Ie maxirnum de patience >>. Et ils perdent lecontrôle de leurs nerfs; et ils interdisent une réu-nion. Et ils saisissent un journal et ils arrêtent desleaders : avant-hier M. Kasavubu, hier M. Kalonji,auiourd'hui M. Lumumba. Et ils font intervenirla force publique. Et on lâche d'abord des grenadeslacryrnogènes, et puis on tire en I'air, sg puis ontire sur la foule, et on fait beaucoup de inorts...d'un seul côté. Et c'est le drarne. Non !disais-je, siI'on 'seut tenter de réussir ia seule politique quipeut sauvcr notre amitié avec le Congo et les inté-rôts légitirnes, Ç{ue nous avons dans cet admirablepays, il ne faut plus que nous laissions faire unepolitique nouvelle par des hornrnes, Qu'une poli-tique périrnée a déformés sans espoir. >>

Cette condition, mesclames et messieqls est plusque jamais d'application aujourd'hui que I'on adiscuté autour de la table ronde et lue I'on setrouve véritablement au pied du mur...

Tout ce que I'on pourra décider, a[anger ici,peut encore être cornpromis làôas par des fonc-tionnaires d'un autre âge si le ministle, une f,ois

INDEI,ENDANCE COr\GOLAISE - PACIFIQUE CONQUETE 3{

pour toutes, ne se décide pas à faire quelquese:<emples.

La récente démission du gouverneur duKasaï nous donne quelqu'espoir, mais elle ne suf-fit pas.

Nous aurons sans doute bientôt l'occasion, àpropos des événements du Kasaï, de voir si le Mi-nistre est décidé à frapper et à frapper haut poursanctionner les fautes commises et les responsa-bilités encourues.

Monsieur Kasavubu dans son discours du dimanche 2l février, à Léopoldville formulait lamênT e exigence: << Nous croyons qu'une certainerelève aux sommets s'impose d'urgence, afin deperrnettre de créer un climat nouveau, tant dans lesecteur privé que public. >>

Exisence combien raisonnable.

tr-'attitude de certains homrnes politiques de laWEst-ce à dire qu en Belgique même tout était

parfait )Certes non, si I'un des partis de la coalition

gouvernementale a toujours entendu démontrerc1u'il n'était pas à I'avant-garde du progressismeau Congo, I'autre comprend ses ultras; ceux qui,comme M. Joseph Fholien préconisaient I'utilisa-tion des chefs << noa amis, les coutumiers >> pourfreiner Ie processus de I'indépendance, ceux qui

Page 18: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

3' INDEPENDANCE CONC,OLAISE - PACIFTQUE CONQUETT

oomme le sénateur Pierre Nothomb exigeaient lamanière forte. Ne déclarait-il pas en novembre1959, dans son fief du Luxembourg à un banquetde la Ste Cécile,

- sans penser que cette douce

sainte était bien peu faite ,pour patronner desdéclarations aussi martiales :

<< Le Congo a besoin d'abord de sentir I'autorité,I'autorité qui ordonne, qui garantit, qui protège etqui réprime rigoureusement, s'il Ie faut >>.

Monsieur Nothomb n a qu'une excuse. C'estqu'il ne sait pas ce que c'est gu'une politique deforce et de répression rigoureuse au Congo. Sinon,je ne puis croire qu'il I'appellerait de ses væux.

Il faudra vraiment qu'on raconte le plus tôtpossible l'histoire d'une telle répression ; celle deIa mutinerie de Luluabourg en 1944, par exemple,pour gue les Belges qui sont des gens sains, raison-nables et humains en écartent à jamais la possibi-Iité dans I'avenir.

Sans doute les socialistes, ô paradoxe ! ont ilsaussi leurs ultras. Le nom de I'un d'entre-eux estsur toutes les lèvres. Mais ce qui est plus grave,c'est I'influence déplorable qu'ont pu avoir sur cegrand parti, pourtant porté à des solutions gênê-reuses, les animosités personnelles de I'un de sesexperts les plus écoutés en matière coloniale.

N'avait-il pas, -

cet homme que je ne nom-merai pas parce gu'il a, depuis lors, fait une évo-lution très heureuse,

- jusqu'à ces derniers temps

INDEPENDANCECONGOI,AISE.PACIFIQUE CONQUETE 33

clamé son mépris pour le Président de I'Abako

*t; qu'il l'avàit un ;our vu assis dans un fauteuil

il;;;u., d. léoplrd, - comrne si les Congo-

t i, ,r'.*'.i"ttt pas mille -occasions. de trouver

bizarres les "o.rtumes

civiles ou -religieuses aux-

quelles nous nous prêtons tous les jours sans ypenser.

Un décret ne règle-t-il pas le couvre-chef du

gorr.r"rrr.rrr général": plume blanche d'autruche

porr, ,rn" tenue, touffe de plumes de vautour pour

[-;*;J" tenue, le gouverneur de p,rovince n'ayant

drJit qu'à la plume noire d'autruche"'

Et l" même homrne politique n'allait-il pas'

rép.tant qu'il ne comprenait pas I'importance gue

i"'-i"i"tie attachait aux gens de I'Abako' ces

tgi,.,t.rr" qui ne représentaient pas 8 % àe lapopulation du Congo.-

Comme si lui, ce fils de la Révolution française'

,r. àtrrtit Pas se demander si en 1789' il y avait

Ë.u""""p plnt d" I % àes Français qui étaient

décidés à ,Àrrrr.r".r la monarchie et si la révolution

"'"", f.i,. à Paris ou bien à Béziers ou Brive lagaillarde !

Léopoldville n'est Pas le Congo !

Q"t d. bêtises lénifiantes on a pu nous conter

sur ce thème t *

La presse.

Et la presse ! Pour ne pas parler de ces repor-

Page 19: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

ïIN INDEITENDANCE CONGOI,AISE. I'ACIFIQUE CONQUETE

tages parus récemment dans le journal du soir le-qlus rfRandu dans Je pays et ori Ie ton adopté àl'égard des noirs a dû [.ul sembler pl"" depluir.riencore que les coups de chicotte dont on les abreu-vait jadis.

. N'a-t,on pas conscience gue de tels écrits, répan_dus à profusion doivent .o-prorrr.ttre davaniageI'arnitié belgo-congolaise grr. à., erreurs qri n'.1_gagent pas et ne. corrornpent pas notre peuple etqui sont réparables ). .Non, je

_,parle de la presse en général. Nousinforme..t-elle valablement sur l. "C""g; ) .il;l'état d'esprit réel des noirs et des blancs.i, Corrgo,sur_]a portée des événements gui s'y passent. "

Il suffit d'interpeller des g"rm revenant delà-bas, guelle que soit lu .o.,Ër.r, d. l."i p..,r,pour se rendre ."Tpt_. du-décalag. pr"digiu"* f,riexiste entre Ia réalité et l'image dCfor-2. ;rà;nous en donnait ici.

N'y a-t-il pas longtemps que nos grands jour_naux auraient dû recourir, régulièrernent, auxinformations de Congolais, sincèiement attachés àla prornotion de leur pay"r .t ;;i auraient puenvoy,er leurs billets en Belgique, sans censure,sans tabous et sans crainte des sanctions et tracas-series d'une administration ou d'une Sûreté to;_jours à I'affût )

Un exemple de notre désinformation _ il y aquelques semaines, tous nos journaux avaient

INDEPENDANCE CONGOI,AISE - PACIFIQUT] CONQUI'iI'II IJi

reproduit en quelques lignes, une nouvelle annon'çant qu'une commission présidée par un hautmagistrat belge, avait réalisé un accord entre dif'férents chefs lulua et baluba concernant le départde 100.000 baluba des régions qu'ils occupaient,Ies uns depuis 150 ans, les autres depuis pluc dc70 ans.

Présentée ainsi, la nouvelle apparaissait toutesimple et rassurante.

Et cependant, elle signifiait la déportation purcet sirnple de toute une population, endéans lc délaide deux mois, vers des régions où rien n'étaitprévu pour I'accueillir et où les ressourceE étaicntdéjà insuffisantes pour ceux qui y vivaient.

J'irnagine le sursaut d'indignation qui soulèvc.rait nos défenseurs des Droits de l'Homme, ai lanouvelle leur parvenait d'une telle déportation sepréparant aux frontières du Kazakstan ou de laBirmanie.

Nous aurions eu déjà, soyez-en sûrs, un meetingà la Madeleine ! Mais ici, il s'agit du Congo oùpar hypothèse, pour nous, Belges, tout se paltepour le mieux, dans le meilleur des mondee.

Personne ne s'agitait.Et il est vraisemblable que si une intervention

énergique ne s'était pas produite juste à tempr,les déportations s'accompliraient aujourd'hui aurythrne cle deux mille malheureux par jour I

Imaginez, mesdames et messieurs, le magnifiqucthèrne q'-re I'on aurait pu développer à ce Eujet,

Page 20: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

TNDEPENDANCE CONGOLATSE - PACIFIQUE CONQUETE

devant I'ONU et la position qu'y aurait eue notrepays !

Je gage que quelques uns de nos ministresdoivent encore en avoir des sueurs rétrospectives !

La Conférence de la Table Ronde.

Voilà donc où nous en étions au seuil de laConférence de la Table Ronde.

Il y aurait bien des choses à dire au sujet de sacomposition.

Monsieur Lopès, par exemple, membre duP.N.P., blackboulé aux élections de Stanleyvilledans lesquelles il avait fait campagne était assis àla Table Ronde lorsque Monsieur Lumumba, plé-biscisté par 97 % des voix aux mêmes élections deStanleyville, dans lesquelles il n'a pu pourtantfaire campagne,

- et pour causs

- n'ihit pas

assis à la Table Ronde, à son ouverture...

Malgré cela, malgré tout, rien n'était perdu. Iln'était pas trop tard.

Où va le Congo ? Nul à I'ouverture de la Con-férence de la Table Ronde ne pouvait le dire.

Il dépendait encore de nous que sur la voie oùil s'engagerait nous puissions être ses compagnonset ses amis ou qu'il nous écarte pour toujours.

INDEPENDANCE CONGOLAISE - PACIFIQIIE CONQUETE

I"t"pJe ne suis pas un prophète. Voici comment,

avant I'ouverture de la Conférence, je tentaisd'esquisser très brièvement quelles étaient les di-rections dans lesquelles le Congo pouvait s'enga-ger, dans lesquelles, au stade où nous étions, nouspouvions le pousser.

I. Les voies Eombres.

Il y avait les voies sombres tout d'abord,ne nous était pas encore possible d'exclureplètement :

I. -

La prernière, la plus terrible, dont je veuxde toutes mes forces, croire qu'elle est devenueextrêmement improbable : Certains blancs rêventde violence, et de solutions de force. Et il est quel-ques Belges de la Métropole qui pensent aussi quedeux cent gendarmes rétabliraient facilementI'ordre au Congo. Que faudrait-il pour y arriver ?

Jusqu'ici aucun blanc n'a été tué au cours desincidents qui ont surgi au Congo.

lmaginez tout à coup un incident au cours du-quel un blanc, des blancs perdraient la vie : unevoiture arrêtée sur une grand'route, une familleassassinée, mutilée peut-être.

Ne serait-ce pas, pour certains, I'occasion d'unerépression sauvage ?

On galvaniserait sans aucun doute assez aisé-rnent I'opinion des Blancs au Congo.

Page 21: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

38 INDEPENDÂNCI' CONGOI,AISII . PACIFIQUE CONQU!]'TL.

Mais i'opinion des Belges en Belgique, se

sensibiliserait, elle aussi, sans doute si on lui met-tait sous les yeux les photos du rnassacre; si on luidisait qu'il n'est pas possible d'exposer à une sortede Saint-Barthélémy des parents, des amis auCongo.

< Il faut ce qu'il faut >>, admettrait-on sansdoute alors. Et I'on dirait ce que I'on dit toujoursen pareil cas :

<< D'accord pour I'indépendance. On ne la remetpas en question, rnais I'ordre avant tout >>.

On connaît le procédé. Il est classique.Sous le pri:texte de protéger les personnes et

les biens, on reprend la situation en rnains.On obtient de la métropole un effort militaire.On établit un ré:gime d'exception, des conseils

de guerre à iuge unique, parce que ce qui s'estpassé du ternps de Kimbangu pourrait se passerdemain; la législation n'a pas changé. On procèdeà des exécutions spectaculaires, on fait régner laterreur.

^Alors, que se passerait-il ?

Cette voie sornbre s'ouvre sur deux embranche-ments :

A) ou bien : les Congolais, qui sont profon-dément pacifiques et ne sont pas prêts à la luttearmée, parce qu'ils ne s'y sont pas préparés d'ail-leurs, s'inclinent, subissent la violence. Et I'on;vrstallera chez eux, un régime dur, sous le drapeau<I'une fausse indépendance.

On mettra des bons collaborateurs à la peau

INDEPENDANCE CONGOI,AISE . PACIFIQLIE CONQUETE 39

noire, au pouvoir. Comme au Cameroun,aujourd'hui, où l"on prépare de terribles réveils.

B) ou bien, les noirs ne s'inclinent pas' Et c'estla lutte armée des nationalistes pour I'indépen-dance.

Guerre terrible, on peut I'imaginer. Tous les

blancs quittent les régions rurales, se réfugientdans les cités européennes. Pourront-ils tenir dansces cités ?

Rien n'est moins sûr, sans des apports massifsde troupes de la métropole !

Souvenez-vous des troubles de Stanleyville.Pour les mater, on a du fair'e venir un escadron deLuluabourg.

Si des révoltes avaient été, à ce moment syn-chironisées à Luluabourg, dans d'autres villesencore, que se serait-il passé l On frémit rienqu'en y pensant.

Et la Force publique ? Elle a été fidèle jusqu'ici.Peut-on être sûr qu'elle Ie demeurerait ?

Si, demain, un gouvernement de la résistancecongolaise, installé à I'intérieur ou même à I'exté-rieur du pays, lançait des appels à la radio :l

<< Hommes de la F.P. voug avez tiré sur vos frèresnoirs. Vous comparaîtrez devant nos Conseils deGuerre, le jour de I'indépendance.

Vous êtes passibles de la peine capitale, mais sivous ralliez maintenant, aujourd'hui, les rangs deI'armée de libération, vous serez amnistiés. >>

Le général Janssens est-il sûr que, dans ce cas"

Page 22: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

d0 TNDEPENDANCE CONCSLAISE - PACIFIQUE CONQUETE

il n'y aurait pas de défections dans les rangs del'armée dont il est si fier aujourd'hui l

Que se passerait-il alors ?

[^a lutte durerait plus ou moins longtemps. Selonque la métropole consentirait ou non de grosefforts militaires.

Mais à la longue, immanquablement, ce seraitla catastrophe. Elle ne pourrait avoir d'autre suiteque l'expulsion pure et simple des Belges, la rup-ture (et pour toujours) de toutes relations entrele Congo et la Belgique.

Sur le plan économique, ce serait sans doute, etc'est un euphémisme, le retrait de nos investisse-ments à l'exception évidemment de tout ce quiserait << exproprié >>, à I'issue de la guerre delibération, avec ou sans indemnité.

Et les Congolais iraient chercher ailleurs uneaide pour laquelle sans doute I'Est et I'Ouest riva-liseraient d'ernpressement.

Mais chassons rapidement cette hypothèse quiest vrairnent trop sinistre et que je veux sincère-ment croire impensable. La décrire doit suffire àI'exorciser !

II. - Il est une autre voie sornbre dans laquelle

certains rêvent encore de conduire le Congo.C'est le séparatisme, radicalement distinct,

faut-il le dire, du fédéralisme préconisé par lcCartel et adopté finalement par la Conférence dela Table Ronde.

Le Katanga prendrait Ia tête de la sécession. Il

INDEPENDANCE CONGOLAISE . PÂCIFIQUE CONQUETT 4I

serait suivi par le Kivu. On entraînerait le Kasaï.Et à cet égard, la tentative d'expulsion des Baluba,tous partisans de I'indépendance immédiate, pren-drait tout son sens.

Le Kasaï, sans ses Baluba, deviendrait lui aussiun << bon >> Etat. On reconstituerait ainsi le fiefd'une très grande société qui est aussi une trèsgrande puissance.

Le diamant resterait allié au cuivre, le tout sousla couronne royale de Belgique qui demeureraitle ciment de cette confédération d'Etats et de leurunion avec la Belgique. (Je m'excuse pour cetteirnage audacieuse, elle est assez bien dans le stylede Monsieur Davister).

Est-ce un rêve ? Il a été décrit, en tout cas,avec précision par ce M. Davister, dans son rePor-tage du voyage royal et il est présenté non, commeun vceu furneux de quelques hurluberlus, maiscornme I'expression d'une volonté arrêtée des

colons d'Elisabethville et de Bukavu. ( I 9)Les Blancs I aïrangeront, dit-il, avec << leurs >>

noirs. Ils mettront au pouvoir quelques << chefs >>

collaborateurs. Et foin, descomrne ils nous appellent tous, depuis le Ministredu Congo jusqu'aux humbles citoyens que noussomrnes.

Comme les Provinces Orientale et de I'Equateurseraient dans ce cas invitées à choisir entre laFédération avec le Bas Congo ou avec le Katanga,

(19) Pourquoi Pas, 1"" janvier 1960.

Page 23: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

,42 INDEPENDANCE CONGOI,AISE . PACIFIQUE CONQUETE

on présume qu'elles basculeraient du côté duKatanga.

Et le tour serait joué. Le Congo serait recon-stitué sans le Bas-Congo.

Celui-ci, laissé à lui tout seul serait inviable. Ilserait bien puni d'avoir réclamé I'indépendance.On la lui << collerait >> son indépendance, et il nepourrait rien en faire.

ll devrait évidemment se passer de l'aména-gement d'lnga, qui ne se conçoit pas sans hinter-land.

Il mourrait dans son indépendance, le jour oùil ne serait plus le point de passage obligé de toutesles richesses du Congo.

Perspective terrible évidemment puisqu'ellelaisserait subsister au cceur de dix millions deCongolais le désir inassouvi d'une indépendanceréelle et qu'elle entraînerait à plus ou moins lon-gue échéance des luttes qui, cette fois, auraienttoutes les chances d'être cruelles, le pouvoir quel'on organiserait dans la confédération Katangaisen'ayant plus tous les contrepoids, et les quelquescomplexes qui grevaient encore très heureusementles ministres << belgicains >> et leur administration.

Nous pensions, au cours de la Table Ronde,pouvoir écarter cette sombre hypothèse, puisguedepuis qu'ils respiraient I'air de Bruxelles, lesreprésentants noirs qui semblaient y avoir adhéré,avaient souscrit au front commun et réclamé, avectous les autres partis congolais, la reconnaissancede l"indépendance à un Etat unique, quelque soit

INDIIPENDANCE CONGOLAISE - PACTTFIQUE CONQUETE J3

le degré d'autonomie des provinces qui le compo-seraient. Nous devions être hélas, moins catégo-riques au cours de la Conférence elle'même, lors-que la question du Katanga a rebondi à proposdes richesses de son sous-sol et lorsqu'il fut con-stant que certains délégués noirs avaient des souf-fleurs blancs.

Tant qu'il en sera ainsi, la vigilance s'imposeradonc. Sans doute ces délégués congolais se sont-ilsralliés depuis à une conception plus saine du fédé-r.alisme. Mais, à quelles influences, à quelles pres-sions ne seront-ils pas soumis lors de leur retourà Elisabethville ?

lI. Les voies claires.

Et abordons pour terminer les voies plus clairesqui conduisent à l'indépendance sans bagarres.

Deux embranchernents, ici aussi, s'ouvrentdevant nous.

A) Ou bien I'indépendance réelle est accordéeau Congo sans recours à la violence mais avec peude bonne volonté, à la mode de 1959.

Les leaders noirs qui auront poussé jusqu'aubout à la conciliation, apparaîtront comme desmous. Ils seront dépassés par de plus durs.

Des blancs retireront des capitaux.D'autres, peut-être en grand nombre, s'en iront,

désorganisant certains secteurs de l'économie.Le Gouvernement congolais devrait faire appel

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INDEPENDANCE CONGOLAISE . PACIFIQUE CONQUIùTE

à d'autres aides : des capitaux américains ou rus-ses, des techniciens américains et russes, ou tché-coslovaques, ou allemands.

Entre belges et congolais, on s'installerait dansun clirnat de bouderie réciproque. Rien ne seraitperdu mais tout serait compromis.

B) ou bien, et je n'ai pas besoin de vous direque c'est cette solution que j'appelle de tous mesvæux et que j'espèr.e de tout mon cæur, on accé-lère le mouvement, on crée le climat d'amitié dontI'on doit tout espérer. On provoque le choc psy-chologique que les noirs attendent depuis si long-ternps et avec une frénétique impatience, depuisun an.

On accorde, disais-je au moment où je traçaisce rapide tableau, une indépendance réelle et sansarrière p,ensée au cours de la Conférence de laTable-Ronc{e.

On adopl;e enfin des solutions grandes et géné-reuses en leur donnant tous les caractères de laspontanéité.

Et les belges resteront là-bas. Les Congolais nevoudront pas d'autre aide que la nôtre, chaque foisque nous serons en mesure de la leur prester.

A la faveur de ce dernier geste spectaculaireet pour tout dire, à peu près unique dans les anna-les de Ia décolonisation, les congolais oublieronttoutes les erreurs et tous les excès du passé. Je ledis, cornrne je le pense, et comme je I'ai dit à mesarnis noirs :

Quel qu'ait été le passé, je serais fier d'être

INDEPtrT'{DANCE CONGOI,AISE . PACIFIQUE CONQUETE ,65

belge, si nous pouvions terminer, ainsi, cette aven-ture coloniale, en beauté.

[.es leaders noirs qui auront voulu la concilia'tion et le maintien de I'arnitié avec la Belgique,auront eu raison.

Ils reviendront, dans leur pays, auréolés du pres-tige fabuleux de leur réussite : l'accession de leurimmense et admirable pays à I'indépendance, sans

violence d'aucune sorte.Un avenir lumineux s'ouvrirait pour le Congo et

pourrait s'ouvrir pour I'amitié et la collaborationbelgo'congolaise, sur un pied d'égalité et deliberté.

Tout alors devenait possible.

I-es résultats de la Conférence de la Table Ronde.

Voilà les perspectives qr.ri s'ouvraient devantnos deux peuples au rnoment où leurs déléguéss'asseyaient autour de la Table Ronde.

Quelle est la situation aujourd'hui que les lus-tres du Palais du Congrès sont éteints et les grandstapis verts repliés )

Vous n'attendez pas de moi, je pense, un vraibilan de la Conférence de la Table Ronde

- Tous,

vous en avez lu, dans les journaux, le déroulement

- 6t vous avez pris connaissance des seize réso-

Iutions qui en sont issues.Il serait donc fastidieux de nous livrer à l'énu'

mération de ces résultats.Et je préfère, tout à l'heure, à la faveur des

,rd

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4tJ INDEPENDANCTi CONGOLAISE. PACIFIQUE CONQUtrTT]

questions que vous me poseriez éventuellementvous donner sur tel ou tel point les explicationsou les précisions que je serais en mesure de four-nir.

Dans les grandes lignes, vous le savez, le dérou-lement de la Conférence a été conforme à la per'spective que je considérais comme la plus claire,Ia plus chargée d'espoir.

Sans doute, le ministre et quelques-uns de nosparlementaires pensaient-ils originairement, quecette Table Ronde se bornerait à des prises de con-tact, à des échanges de vue plus ou moins acadé-rniques.

lls ne s'attendaient pas à trouver en face d'euxnon seulernent un Cartel résolu à défendre sonprogramme de Kisantu, mais un front commundes délégations congolaises, décidé à ne pas sepayer de mots, à ne pas se contenter de vaguesprornesses mais à exiger I'indépendance immé-diate, et une indépendance réelle et des rnodalitéspratiques de passation des pouvoirs.

C'est le rnérite du ministre d'avoir, en présencede cette unanimité inattendue, et rnalgré sa sur-prise, accepté de jouer le jeu.

La Belgique officielle est allée, au cours decette conférence, bien plus loin qu'elle l'avaitprévu.

Les congolais ont triomphé tout de suite, quasi-ment sans lutte, sur I'essentiel. Et ce large etgénéreux abandon doit psychologiquement com-

INDE.PENDANCE CONGOLAISE - PACIFIQUE CONQUETI' /i7

penser, dans une large mesure, les atermoiementsqui I'ont procédé.

Tout dL suite I'on a admis que les résolutions

de la Conférence ne seraient pas des væux sans

portée, mais qu'elles seraient traduites dans des

projets de loi que le Gouvernement s'engagerait à

àept."r devant les Chambres et auxquelles il lie-

rait son existence.Tout de suite aussi, il fut décidé que I'indépen-

dance serait accordée le 30 juin 1960 et qu'elleserait totale, aucune compétence' aucun pouvoir,aucune prérogative n'étant réservés à la Belgique'

C'était le principal.Bien sûr, il y eut après, lorsqu'on se mit à orga-

niser le nouvel Etat, des divergences profondesentre les délégations congolaises.

Qu'il y ait au Congo des,conservateurs et des

prolt"ssistes, des gens attachés à leur,s Privilèges- qu'ils tenaient d'ailleurs souvent de I'occupa-

tion belge -

et des gens qui entendaient suppri-ïner ces privilèges, n'est-ce pas normal et devons-

nous nous en étonner, nous' qui, après cent trenteans d'indépendance, vivons encore au cæur de

telles oppositions.Il y a eu ceux qui voulaient le maintien de Sa

Majesté le Roi Baudouin à la tête du Congo, etceux qui, tout en manifestant leur estime et leurs;n'npathie pour la personne même du Roi, n'envoulaient pas, parce qu'il leur paraissait, et je croisqu'ils ont raison, impossible de convaincre leursconcitoyens qu'ils leur rapportaient une indépen-

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48 INDEPENDANCE CONGOI,AISE - PACIFIQUE CONQUETE,

dance réelle si celle-ci restait coiffée d'un souve-rain blanc pour treize millions de sujets noirs.

Des difficultés subsistent ou sont en puissance :

on organise un Sénat d.ont la composition sera trèsdifférente de celle de la Chambre.

Avec ses trois notables, par province, le Sénatsera sans doute conservateur, peut-être mêmeréactionnaire.

Si I'on ne veut pas qu'il freine la marche auprogrès, il faudra que la Constitution, que les Con-golais se donneront dans quelques mois, prévoieune solution à ce problème et évite les conséquen-ces d'un éventuel divorce.

Il faudra par exemple qu'une loi, votée par laChambre et repoussée par le Sénat, puisse, si ellefait I'objet d'un nouveau vote de la Chambre,s'imposer au Sénat.

trJne grosse difficulté semble subsister encore,malgré cette promesse implicite à laquelle je fai-sais allusion tout à I'heure: les élections provin-ciales. Si I'on conçoit que les P.N.P. élus aux élec-tions cornmunales avec quelques dizaines de voix,parfois avec l6 voix, et même avec quatre voix, enface de dizaines de milliers d'abstentions comman-dées par les partis nationalistes, désirent s'en teniraux élections provinciales au second degré qui leurassurereaient une confortable majorité sans lutte,dans les provinces où les abstentions ont été mas-sives, il se conçoit que les partis nationalistes,victimes de cette Elanceuvre, soient prêts à toutrornpre, s'il devait y être donné suite.

INDEPENDANCE CONGOLAISE . PACIFIQUE CONQUETE 4g

Et j'entendais Monsieur Kalonji, proclamer pas

plus tard que le samedi 20 lévrier à un débat de

< Présence Africaine )), 9ue le Cartel prendrait lemaquis si I'on voulait étouffer ainsi la volontépopulaire. Mais je ne pense pas gu'on oserait allerjusque là. Et je suis donc plutôt optimiste.

Ôptimisme pourtant teinté d'inquiétude. Toutdépend encore, et c'est vraiment le leitmotiv queI'on doit donner à une conférence sur la situationactuelle, tout dépend encore de l'attitude des repré-sentants de la Belgique au Congo. Ils peuventencore tout compromettre, tout saboter.

Sans doute seront-ils flanqués aux échelonssupérieurs d'un collège de congolais, puisque c'estlà ce qui est resté du gouvernement provisoireexigé par Monsieur Kasavubu et du Comité exé-

cutif préconisé par le Cartel.Mais quelle sera l'efficacité de ces collèges, quel

sera leur pouvoir d'action sur les campagnes' parexemple )

Nul ne le sait même s'il est admis en principequ'ils partageront avec le gouverneur général etIes gouverneurs de province, toutes les prérogati-ves qui leur étaient réservées.

Mais il y a eu hélas plus grave encore au dernierjour de la Conférence de la Table Ronde.

Ne lisions-nous pas dans la Libre Belgique du19 février 1960 que la circulation et la détentionau Congo Belge et au Ruanda Urundi, d'une série

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TNDE,PFT,NDANCE CONGOT,ATSE - pACIl.'rQUs CONQUETE

de publications dites <<communistes>> étaient inter-dites.

Cette nouvelle doit paraître à tout esprit nonprévenu comme stupéfiante au moment où lesbelges demandent (et obtiennent d'ailleurs sansdifficulté) des délégués congolais qu'ils souscri-vent solennellement aux droits de I'homme dontl'inventaire compr,end notamment << la liberté depensée >> - << de conscience et de religion >> et << laliberté d'expression >> (3"-4 et 5) qui est évidem-ment la liberté de la presse, corollaire de la libertéde pensée.

Comrnent imaginer -

si on ne les considèrepas avec un mépris supérieur

- gue les Congolais

ne soient pas sensibles à un tel illogisme )Et ne soient pas tentés d'y voir une pr,euve de

mauvaise f'oi ? Maintenant qu'ils ont eu I'occasionde lire, librement, en Belgique la presse dite com-rnuniste, ils se sont convaincus qu'elle n'avait pasle caractère démoniaque que les blancs du Congolui attribuaient et qu'il était facile de lui attribuerlorsqu'elle ne passait pas l'océan.

Ils ont compris que I'ostracisme qui frappaitcette presse au Congo n'avait pas d'autre explica-tion que sa fidélité de toujours (antérieure mêmeau 4 janvier 1959) à la cause de I'indépendancedu Congo et de l'émancipation des peuples de cou-leur.

Comment va-t-on convaincre les Congolais dela loyauté et de la sincérité des Belges Lrsqu'ilsrevendiquent dans le Congo de derna-in le respect

INDEPENDANCI:CONGOI,AISE-T'ACIFIQUE CONQU!]TE Ii!

des droits de I'homme, qu'ils ont sans cesse, déli-bérément méconnus et qu'ils violent, encore unefois, au moment même où ils exigent des Congo-Iais qu'ils s'engagent solennellement à les respec-

ter ?

Si demain, dans le Congo indépendant, on inter-disait << La Libre Belgique >> pour un article duBaron Zurstrasen ou de Jo Gérard ou si I'oninterdisait << Le Soir >> en souvenir des articlesscandaleux d'un certain Hugues Vehenne, je vou-drais savoir de quel droit les belges protesteraient,alors qu'ils auraient donné de tels exemples, nonseulement dans un passé lointain mais à I'heurernôme où siégeait la Conférence de la TableRonde.

Il faut que les représentants de la Belgique auCongo commencent par respecter scrupuleuse-rnent désormais le droit d'expression et la libertéde la presse qui en est le corollaire, s'ils ne veulentpas convaincre les Congolais de notre illogisme or-l

de notre rnalhonnêteté.

Et pour finir, réfléchissons donc, rentrons ennous-mêmes, faisons un examen de conscience.

Avons-nous le droit de revendiquer la libertéreligieuse nous qui, pendant 38 ans, avons interditla religion Kimbanguiste, traqué et relégué sesfidèles, nous qui avons d6capité et relégué lescroyants du Kitawala dans le Katanga.

Nous ne pouvons même pas alléguer que de

.d

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5E INDEPENDANCECONCOLAISE. PACIFIQUE CONQUETE

telles persécutions remontent à un passé lointain,puisque en décembre 1959, exactement l4 joursavant qu on libère le Kimbanguisme dans la pro-vince de Léopoldville, Monsieur le Vice-Gouver-neur Général Schoeller interdisait la religionKimbanguiste dans la province du Katanga. Et quecette interdiction n'a pas encore été levée à cejour.

Si nous voulons avoir pour nous le bénéfice dela logique et si nous voulons pouvoir invoquer ànotre profit les Droits de I'Homme, dépêchons-nous de donner I'exemple.

L'Eglise catholique ne sent-elle pas qu'elle de-vrait, pendant les quelques semaines qui lui res-tent, réclamer à cor et à cri la liberté, toute laliberté, pour les autres religions et notammentpour la religion Kimbanguiste, toul'ours persécutéeau Katanga ?

Vraiment, si nous voulons tirer tout le bénéficepossible du climat créé par la Table Ronde, exi-geons de nos dirigeants qu'ils soient logiques ethonnêtes.

Dans ce cas, tous les espoirs sont permis.Dans le cas contraire, les Congolais ne feront

pas de distinction entre les Belges de Belgique etles Belges du Congo. Ils seront convaincus denotre malhonnêteté foncière et de notre mauvaisefoi.

Et tout alors sera compromis.

TÂBLE

Simon Kimbangu et la première prise de conscience du peuple

congolais

L'ÀbakoL' < Empire du Silence >

Le Plan de 30 ans du Professeur Van Bilsen

Le Manifeste de Conscience Àfricaine

Critique du Manifeste par l'Abako

Les élections communales de Léopoldville en 1957

L'Exposition de Bruxelles

Les influences extérieures

L'explosion du 4 janvier 1959

La politique d'atermoiement

La mauvaise volonté d'une partie de l'administraton au Congo

L'attitude de certains hommes politiques de la Métropole

La presse

La Conférence de la Table Ronde

Ferspectives à l'ouverture de la Conférence .

I. Les voies sombres

II. Les voies claires

Les résultats de la Conférence de la Table Ronde

De la logique et de la bonne foi .

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Page 29: Indépendance congolaise pacifique conquête (Jules Chome)

Achcvé d'imprimer le 1"' avril1960 sur les presses de I'Impr.D. Van Keerberghen et Fils, 101,

rue Piers, Bruxelles, pour le

compte de << Remargues C,ongo-

laises > 16, rue aux Laines,

- Brrrxelles.

-

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