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Index des villes vertes en Afrique Évaluation des performances environnementales des grandes villes d’Afrique Projet de recherche mené à bien par l’Economist Intelligence Unit avec le soutien de Siemens

Index des villes vertes en Afrique - UCLGA · 2018. 6. 29. · consommation d’énergie, à développer les espaces verts et les aires protégées, à réduire les embouteillages

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Index des villes vertes en Afrique Évaluation des performances environnementales des grandes villes d’Afrique

Projet de recherche mené à bien par l’Economist Intelligence Unit avec le soutien de Siemens

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Accra, Ghana

Addis-Abeba, Éthiopie

Nairobi, Kenya

Pretoria, Afrique du Sud

Alexandrie, ÉgypteLe Caire, Égypte

Le Cap, Afrique du Sud

Casablanca, Maroc

Tunis, Tunisie

Dar es Salam, Tanzanie

Durban, Afrique du Sud

Lagos, Nigéria

Luanda, Angola

Maputo, MozambiqueJohannesburg, Afrique du Sud

Sommaire

004 Introduction

006 Résultats

008 Constatations globales

014 Principales constatations par catégories

014 Énergie et CO2014 Utilisation des sols015 Transports015 Déchets016 Eau016 Assainissement017 Qualité de l’air017 Politique environnementale

018 Bien plus qu’une option sympathique : les politiques écologiques sont cruciales pour le progrès économique et social dans les villes africainesEntretien avec Nicholas You, expert en développement durable urbain

020 Bonnes pratiques écologiques020 Énergie et CO2

Réduire l’empreinte écologique du Cap

021 Utilisation des sols Combiner la revitalisation sociale, économique et environnementale à Johannesburg

022 TransportsInvestir des milliards dans le réseau de transports publics du Caire

023 DéchetsLagos transforme ses déchets en richesses

024 Eau et assainissement Les agences internationales investissent dans les villes africaines

025 Politique environnementale Imaginer une Durban plus durable

Index des villes vertes en Afrique

2 3

026 Méthodologie

030 Portraits de villes030 Casablanca, Maroc034 Tunis, Tunisie

Le rapport complet avec les 15 portraits de villes est disponible en anglais uniquement et peut être téléchargé à l’adresse : www.siemens.com/greencityindex

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IntroductionIndex des villes vertes en Afrique

La transition urbaine africaine, une évolution proche du point denon-retourL’Afrique s’urbanise plus rapidement que n’im-porte quel autre continent, et ce, depuis plu-sieurs dizaines d’années. Elle a toutefois entamésa progression avec un très faible nombre decitadins, raison pour laquelle, malgré des migra-tions massives vers les villes, elle est longtempsrestée majoritairement rurale. Mais cet équilibreest en train de se modifier et le continent est surle point de prendre un tournant significatif.Selon la Division de la population des NationsUnies, le nombre de résidents urbains a plus quedoublé au cours des deux dernières décenniespour atteindre plus de 412 millions aujourd’hui,soit 40 % de la population africaine. D’ici dix ans,l’Afrique comptera plus de citadins que n’impor-te quel autre continent à l’exception de l’Asie ;d’ici 2035, leur nombre devrait encore doubleret atteindre 870 millions. À ce stade, la moitiédes Africains habiteront en zone urbaine.

La croissance sera particulièrement marquéeau sud du Sahara. Lagos et Kinshasa, actuelle-ment en 18e et 29e places au classement desvilles les plus peuplées du monde, seront d’ici2025 passées à la 11e et 12e place respective-ment et surpasseront aisément la plus grande

ville d’Afrique à l’heure actuelle, Le Caire. Entermes de pourcentage, les villes de taillemoyenne grandiront encore plus rapidement.Au cours des 10-15 années à venir, les popula-tions de Dar es Salam et de Nairobi pourraientdoubler tandis que celle d’Addis-Abeba devraitcroître de plus de 60 %. De manière plus généra-le, ONU-Habitat* estime que le taux de croissan-ce moyen de toutes les villes d’Afrique subsaha-rienne d’un million d’habitants ou plus s’élèveraà 32 % sur les 10 prochaines années, à l’excep-tion des villes d’Afrique du Sud et de Brazzaville(capitale de la République du Congo).

Une telle évolution serait déjà difficilementgérable avec la meilleure des gouvernancesurbaines, mais la plupart des villes d’Afriquesouffrent d’expansion tentaculaire ; le continentpossède la plus grande proportion de citadinsvivant en « logements informels » au monde. Lesinfrastructures sont sollicitées à la limite de larupture et l’on constate des besoins urgents enmatière de services d’approvisionnement enélectricité et en eau, d’assainissement et de ges-tion des déchets. Selon le dernier rapportd’ONU-Habitat sur l’état des villes africaines, « Aucun gouvernement africain ne peut se per-mettre d’ignorer la rapide transition urbaine encours à travers le continent. Les villes doivent

devenir des priorités pour les politiquespubliques. »

Les gouvernements africains doivent releverun tel nombre de défis urgents (de la santé à lasécurité en passant par le chômage ou encoreles inégalités) qu’il est probable que certains sedemandent s’ils disposent du temps ou des res-sources à consacrer à un projet aussi dantesqueque l’amélioration du milieu urbain. Pourtant,les acteurs qui se sont intimement impliquésdans le développement du continent au coursdes années l’affirment : la préservation de l’envi-ronnement doit aller de pair avec les tentativesde résoudre les problèmes économiques etsociaux. « En Afrique, les politiques de dévelop-pement durable en milieu urbain sont bien plusqu’une ‘option sympathique mais facultative’ »,a déclaré lors d’un entretien accordé pour la pré-paration de ce rapport Nicholas You, présidentdu Comité de pilotage de la campagne « WorldUrban Campaign » lancée par ONU-Habitat. « Cesont ces politiques qui vont au final déterminersi l’Afrique possède les capacités d’assurer ledéveloppement durable de l’ensemble de sasociété. »

L’Index des villes vertes en Afrique, un projetde recherche mené par l’Economist IntelligenceUnit avec le soutien financier de Siemens,

cherche à aider les gouvernements et les autresacteurs du continent à mieux connaître et com-prendre ces défis environnementaux si pres-sants. Pour ce faire, il mesure et évalue les per-formances environnementales de 15 grandesvilles d’Afrique en fonction d’une série de cri-tères et met en lumière les projets et politiquesécologiques susceptibles de servir d’exemplesaux autres villes.

Ce rapport contient les constatations et lesextraits les plus importants de l’Index. Il se diviseen cinq parties. La première présente lesconstatations globales les plus essentielles. Ladeuxième développe les principales constata-tions effectuées dans les huit catégories de l’In-dex : énergie et CO2, utilisation des sols, trans-ports, déchets, eau, assainissement, qualité del’air et politique environnementale. La troisièmeprésente une série d’initiatives écologiques encours sur le continent. La quatrième donne unedescription détaillée de la méthodologie employéepour compiler l’Index. Enfin, la cinquièmedonne un profil détaillé de chaque ville exami-née, profil reprenant leurs principales forces,leurs principaux problèmes et leurs initiativesenvironnementales en cours. L’étude ayant pourobjectif de faciliter le partage des expériences,ces profils constituent l’essentiel du rapport.

Ce que mesure l’Index : évaluer des villes à l’aide de données limitées

Les quinze villes sélectionnées pour l’Index des villes vertes en Afrique sont des capitales ou des grands centres d’af-

faires choisis pour leur taille et leur importance. Afin de préserver la crédibilité et les qualités comparatives de l’Index,

ces villes n’ont pas été choisies en fonction des demandes d’inclusion envoyées par les autorités locales, mais bien de

manière indépendante, ainsi qu’en fonction de la disponibilité des données : plusieurs grands centres de population

tels que Kinshasa, en République démocratique du Congo, qui compte environ 9 millions d’habitants, Khartoum, au

Soudan, qui en compte 5 millions, ou encore Alger, en Algérie, dont la population s’élève à environ 3 millions de per-

sonnes, ont ainsi dû être exclus de l’étude en raison d’un manque significatif de données.

La méthodologie, décrite en détail dans un autre chapitre de ce rapport, a été mise au point par l’Economist Intelli-

gence Unit (EIU) en collaboration avec Siemens. Elle repose sur l’expertise des deux organisations, sur un panel d’ex-

perts indépendants et sur l’expérience acquise lors de la production des Index des villes vertes en Europe, en Amé-

rique latine, aux États-Unis et au Canada. Vingt-cinq indicateurs, répartis en huit catégories et souvent fondés sur

plusieurs points de données, ont été retenus pour chaque ville, qui sont ensuite placée dans un classement en fonc-

tion de leurs performances relatives. Le processus est transparent, cohérent et reproductible et révèle les sources de

bonnes pratiques.

En Afrique, obtenir des données cohérentes, fiables et précises en matière de performances environnementales repré-

sente un défi considérable. Certaines informations essentielles, comme les chiffres de population, par exemple, sont

contestées tandis que d’autres, comme le PIB exact des zones urbaines de bon nombre de grandes villes, manquent

tout simplement à l’appel. L’EIU a longuement réfléchi avant d’inclure les 12 indicateurs quantitatifs qui apparaissent

dans l’Index des villes vertes en Afrique. Ces points de données proviennent de sources transparentes et fiables et ont

été sélectionnés en raison de leur caractère comparable pour les 15 villes de l’Index. À titre d’exemple, la concentra-

tion en polluants atmosphériques tels que l’oxyde d’azote, le dioxyde de soufre ou les particules fines était certes dis-

ponible pour certaines villes, mais pas pour toutes, raison pour laquelle elle a n’a pas été retenue. Même chose pour

d’autres indicateurs présents dans les Index des villes vertes précédents, comme la part des déchets correctement éli-

minés ou celle des eaux usées traitées dans la ville. Dans la catégorie « Énergie », seuls les chiffres de consommation

d’électricité étaient disponibles et ont donc pu être inclus dans l’étude. Ils ne représentent pourtant qu’une partie de

la consommation d’énergie totale : les groupes électrogènes au diesel sont en effet courants dans bon nombre de

villes reprises dans l’Index. Ils servent à générer de l’électricité lors des pannes de courant ou lorsqu’il n’y a pas d’accès

au réseau. Mais étant donné qu’il n’existe pas de statistiques concernant cette forme de consommation ni les émis-

sions de CO2 qu’elle engendre, elle ne se retrouve pas dans l’Index. Autre exemple : il n’est pas toujours possible de

déterminer si les logements informels sont inclus dans les données publiées ou, s’ils le sont, dans quelle mesure ils

sont réellement pris en compte. Au final, l’EIU a décidé qu’un index environnemental des villes d’Afrique se devait de

contenir les meilleures données disponibles, même s’il s’avérait impossible de déterminer avec exactitude ou de ma-

nière uniforme quelle était la couverture des logements informels. De plus amples détails sont disponibles dans le

chapitre consacré à la méthodologie.

Treize des 25 indicateurs repris dans l’Index des villes vertes en Afrique évaluent de manière qualitative les politiques,

règlements et ambitions de chaque ville, par exemple leur engagement à réduire l’incidence environnementale de la

consommation d’énergie, à développer les espaces verts et les aires protégées, à réduire les embouteillages ou encore

à recycler les déchets. Le manque de données est tel que l’Index des villes vertes en Afrique repose plus sur l’évalua-

tion qualitative des politiques que les indices régionaux précédents. Les politiques constituent avant tout des indica-

teurs de l’engagement à réduire l’incidence environnementale, raison pour laquelle les notes attribuées dans l’Index

sont plus représentatives des performances écologiques potentielles et futures des villes que les indices précédents.

Enfin, le manque de données concernant les villes africaines soulève à lui seul un point important concernant l’avenir

des efforts qu’accomplit l’ensemble du continent en matière de développement durable ; pour prendre des décisions ef-

ficaces, il est en effet nécessaire de disposer d’informations précises, raison pour laquelle l’amélioration de la collecte de

statistiques doit constituer une priorité pour les autorités, au même titre que les autres efforts de développement. Les

experts africains le disent eux-mêmes : « Il y a lieu de mettre en place des programmes de développement, d’accès et

d’utilisation des données environnementales sur les villes d’Afrique », a déclaré Alfred Omenya, professeur d’architectu-

re à l’Université de Nairobi et expert en planification urbaine et en changements climatiques. « À l’heure actuelle, les

données sont collectées de manière fragmentaire, par toutes sortes d’agences. Pire encore, il n’existe aucun système

permettant de les utiliser de manière à lutter contre les problèmes de développement durable en milieu urbain. »

ONU-Habitat, L’état des villes africaines 2010 : gouvernance, inégalité et marchés fonciers, novembre 2010.

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Résultats par catégorie

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Le Cap

Durban

Maputo

Nairobi

Pretoria

Tunis

Alexandrie

Le Caire

Dar es Salam

Luanda

Accra

Casablanca

Johannesburg

Addis Abeba

Lagos

Énergie et CO2

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Luanda Alexandrie

Dar es Salam

Lagos

Maputo

Accra

Le Caire

Nairobi

Pretoria

Tunis

Addis Abeba

Casablanca

Durban

Johannesburg

Le Cap

Utilisation des sols

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Luanda Accra

Addis Abeba

Dar es Salam

Maputo

Nairobi

Alexandrie

Casablanca

Lagos

Le Caire

Le Cap

Durban

Johannesburg

Pretoria

Tunis

Transports

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Dar es Salam

Pretoria

Le Caire Accra

Addis Abeba

Casablanca

Johannesburg

Luanda

Maputo

Nairobi

Le Cap

Durban

Lagos

Tunis

Alexandrie

Déchets

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Luanda Alexandrie

Maputo

Accra

Le Caire

Dar es Salam

Johannesburg

Lagos

Nairobi

Pretoria

Tunis

Addis Abeba

Le Cap

Casablanca

Durban

Eau

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Dar es Salam

Maputo

Addis Abeba

Pretoria

Alexandrie

Le Caire

Le Cap

Johannesburg

Lagos

Luanda

Nairobi

Accra

Casablanca

Durban

Tunis

Assainissement

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Addis Abeba

Dar es Salam

Luanda

Maputo

Nairobi

Alexandrie

Le Caire

Lagos

Accra

Le Cap

Casablanca

Durban

Johannesburg

Pretoria

Tunis

Qualité de l'air

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Luanda Addis Abeba

Dar es Salam

Maputo

Nairobi

Alexandrie

Le Caire

Casablanca

Lagos

Tunis

Le Cap

Durban

Johannesburg

Pretoria

Accra

Politique environnementale

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Résultats globaux

Dar es Salam

Maputo

Luanda

Nairobi

Addis Abeba

Alexandrie

Le Caire

Lagos

Pretoria

Accra

Le Cap

Casablanca

Durban

Johannesburg

Tunis

RésultatsIndex des villes vertes en Afrique

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Constatations globalesIndex des villes vertes en Afrique

L’Index ne comporte aucun « vainqueur » à proprement parler : six villes affichent un scoreau-dessus de la moyenne et lesvilles d’Afrique du Sud et du Nordfont, de manière générale, mieuxque leurs contreparties subsaha-riennes.

Aucune des 15 villes de l’Index ne termine dansla catégorie « bien au-dessus de la moyenne »,ce qui semble indiquer que même les villes lesplus performantes du continent disposent d’unecertaine marge pour réduire leur empreinte éco-logique. Parmi les six villes se situant au-dessusde la moyenne, deux groupes, à savoir les villesd’Afrique du Sud et celles d’Afrique du Nord,obtiennent de meilleurs résultats que les villessubsahariennes (hors Afrique du Sud), pour lesraisons exposées ci-dessous.

Les villes d’Afrique du Sud sont bien géréesTrois des six villes affichant des performancesau-dessus de la moyenne sont sud-africaines : Le

ses politiques visant à limiter sa propre expan-sion tentaculaire et à protéger les espaces verts.De manière générale, Durban et Johannesburgs’en sortent également bien dans le domainedes politiques environnementales. Comme ledémontrent les portraits de villes qui se trouventplus loin dans ce rapport, en matière de gouver-nance, les villes sud-africaines possèdent desstructures locales efficaces : alors que dans laplupart des villes nord-africaines et subsaha-riennes, les politiques sont administrées de loin,au niveau national ou provincial, les villesd’Afrique du Sud possèdent des services, sou-vent gérés par un conseil municipal, chargés desuperviser et de mettre en œuvre les politiquesau niveau local.

Les spécialistes de l’Afrique affirment que l’at-tention particulière que l’Afrique du Sud accordeaux politiques environnementales est en grandepartie due à son développement économique.Carole Rakodi, africaniste et professeur émériteà la School of Government and Society de l’Uni-versité de Birmingham, note que les défis envi-ronnementaux auxquels sont confrontés les

villes sud-africaines commencent à ressembler àceux que l’on rencontre plus fréquemment dansles pays occidentaux. « Leurs services fonction-nent et sont en mesure de résoudre les pro-blèmes de base : approvisionnement en eau,gestion des déchets, santé publique, toutes ceschoses qui vont de pair », déclare-t-elle. « Ils s’at-taquent maintenant aux problèmes de dévelop-pement durable suivants. » C’est-à-dire le passa-ge à une consommation des ressources plusrespectueuse de l’environnement, une meilleureplanification, la diminution de la dépendanceaux combustibles fossiles et l’amplification durecyclage.

Le professeur David Simon, directeur dudépartement Géographie de l’Université deLondres et spécialiste du développementdurable en milieu urbain en Afrique et dansd’autres régions en développement, ajoute quele renforcement des politiques environnemen-tales a constitué une part essentielle desréformes consécutives à la fin de l’apartheid. « Les villes d’Afrique du Sud sont parvenues àmettre à profit le capital politique de la recons-

truction post-apartheid afin de prendre à bras lecorps les problèmes environnementaux qui fai-saient partie de leur héritage », affirme-t-il. Desproblèmes comme l’établissement délibéré detownships noirs en périphérie des villes, bienloin des services municipaux de base.

Les villes d’Afrique du Nord relient leursrésidents à l’eau et à l’électricitéBien que, globalement, les villes d’Afrique duNord ne s’en sortent certainement pas aussi bienque celles d’Afrique du Sud, elles possèdent toutde même certaines forces assez différentes. Entermes de politiques, elles ont tendance à fairelégèrement moins bien. Dans la catégorie Poli-tiques environnementales, par exemple, toutesles villes sud-africaines affichent des résultatsau-dessus de la moyenne, tandis que toutes lesvilles nord-africaines sont dans la moyenne.Elles s’en tirent néanmoins mieux en matièred’accès aux services. Par exemple, les deux villesnord-africaines qui terminent au-dessus de lamoyenne dans l’Index, Casablanca et Tunis, affi-chent d’excellents taux d’accès à l’électricité, àl’eau potable et à l’assainissement, proches des100 %. Le Caire et Alexandrie, bien que sesituant globalement dans la moyenne, possè-dent elles aussi de très bons taux d’accès à cesservices. Tunis s’est montrée particulièrementactive ces dernières années en matière deconnexion des ménages au réseau électrique ;elle a également investi lourdement dans sonréseau de métro léger et de trains de banlieue. ÀCasablanca, les autorités ont transféré la gestionde certains services clés comme l’approvisionne-ment en électricité et en eau, la gestion desdéchets et l’assainissement à des prestatairesprivés dès 1997. Cette décision a eu ses détrac-teurs, mais la ville peut depuis lors faire étatd’avancées en termes de taux d’accès et de quali-té de service. Les soulèvements qui ont eu lieudans le monde arabe ont également engendréun regain d’optimisme vis-à-vis de la capacité degouvernements plus démocratiques et plusréactifs à faire bouger les choses, pour unmieux.

Dans l’Index, la plupart des villesd’Afrique subsaharienne affichentdes résultats peu réjouissants,reflets de défis différents de ceuxde leurs voisines du Nord et duSud.

Les villes d’Afrique subsaharienne nejouent pas sur le même terrainÀ l’exception d’Accra, aucune des villes d’Afriquesubsaharienne (hors Afrique du Sud) ne termineglobalement dans une catégorie supérieure à lamoyenne ; deux d’entre elles, Dar es Salam et

Résultats globaux : les

villes d’Afriquedu Sud et

du Nord se trouvent en

tête de l’Index

bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Dar es Salam

Maputo

Luanda

Nairobi

Addis Abeba

Alexandrie

Le Caire

Lagos

Pretoria

Accra

Le Cap

Casablanca

Durban

Johannesburg

Tunis

Villes d’Afrique du Sud Villes d’Afrique du Nord Villes d’Afrique subsaharienne

Cap, Durban et Johannesburg. En termes d’élé-ments quantifiables tels que la consommationd’eau ou d’électricité ou la génération dedéchets, aucune d’entre elles ne s’en tire avec leshonneurs ; au contraire, elles comptent parmiles taux d’émissions de CO2 les plus élevés del’Index, principalement en raison de leur fortedépendance vis-à-vis du charbon pour la pro-duction d’électricité.

Elles se rattrapent toutefois largement par

leurs politiques environnementales (c’est-à-direles stratégies, codes et plans visant à surveiller età améliorer l’environnement urbain), qui sonttoujours très fortes. Le Cap, par exemple, a misen place un Plan d’action en matière d’énergie etde changements climatiques très complet desti-né à accroître ses performances dans une bonnepartie des huit catégories de l’Index. La ville sedémarque particulièrement dans le domaine del’utilisation des sols, en raison de la qualité de

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Maputo, se trouvent même dans la catégorie « bien en dessous de la moyenne ». Toutes cesvilles font face à des problèmes sociaux, écono-miques et environnementaux bien plus impor-tants que celles d’Afrique du Nord et du Sud. Dares Salam a d’énormes problèmes environne-mentaux à surmonter, particulièrement enmatière de déchets et d’assainissement : en l’ab-sence de collecte régulière des immondices, denombreux résidents brûlent tout simplementleurs déchets et, bien que plus de la moitié de lapopulation ait accès à l’assainissement sous uneforme ou l’autre, on estime que seuls 7 % desménages sont reliés aux égouts et que seuls 10 % des déchets sont traités avant d’être déver-sés. Dans le même ordre d’idées, à Maputo, unpourcentage considérable de la population n’aaucun accès aux services de base que sont l’eau,la gestion des déchets ou l’assainissement. Cesdeux villes comptent parmi les plus hauts tauxde population vivant dans des logements infor-mels : les estimations sont de 70 % pour Maputoet 68 % pour Dar es Salam, des chiffres à compa-rer à la moyenne de l’Index, qui s’élève à 38 %.

Les spécialistes de l’Afrique confirment que cesproblèmes se retrouvent, à divers degrés de gra-vité, dans l’ensemble de la région subsaharien-ne. Mme Rakodi note que, pour de nombreusesvilles de la région, les problèmes tels que « l’ab-sence d’approvisionnement en eau fonctionnel,des services d’assainissement extrêmementmauvais et une incapacité totale à gérer les

déchets ou l’utilisation des sols » sont une réalitéquotidienne. Elle ajoute qu’à titre de comparai-son, les municipalités sud-africaines possèdentune très forte autonomie et des ressourcespropres considérables ; même chose pour cer-taines villes d’Afrique du Nord. En Afrique subsa-harienne, dit-elle, « les autorités municipalesmanquent généralement d’autonomie et,quand elles en ont, leurs politiques sontinstables et bancales. »

Brun contre vertDans la région subsaharienne, les politiquesenvironnementales sont plus axées sur ce quel’on appelle le « livre brun », qui se focalise sur lasanté humaine et la lutte contre la pauvreté, à nepas confondre avec le « livre vert », qui vise àaccroître la durabilité des écosystèmes. Les deuxprogrammes devraient aller de pair, comme lesoulignent Nicholas You, responsable de la cam-pagne World Urban Campaign d’ONU-Habitat(voir entretien en page 18), et d’autres. MaisDavid Simon, de l’Université de Londres, noteque les besoins immédiats liés à la survie dansles villes subsahariennes ont tendance à empê-cher toute avancée en matière de développe-ment durable. « L’une des raisons pour les-quelles les questions d’écologie ne se voientsouvent pas accorder la priorité par les élitespolitiques est que, par définition, le développe-ment durable s’inscrit dans le long terme etnécessite donc d’investir maintenant pour n’ob-tenir des résultats que plus tard, ce qui pose pro-

blème lorsque les ressources manquent. Quandon a devant son bureau une file de gens qui neparviennent pas à répondre aux besoins les plusessentiels (nourriture, logement et eau), cespriorités à long terme ne font pas le poids faceaux nécessités immédiates. » Notons par ailleursque les programmes de lutte contre les change-ments climatiques sont parfois considéréscomme suspects lorsqu’ils ne proviennent pasd’Afrique, bien que les effets de ces change-ments (de leur incidence sur les récoltes auxcatastrophes naturelles) sur le long terme soientsusceptibles d’être dévastateurs pour le conti-nent. Le défi est donc de trouver le juste équi-libre entre les solutions immédiates et celles àplus long terme.

On note un lien fort entre lesmeilleures performances dansl’Index et le plus faible nombre derésidents vivant dans des loge-ments informels. Commentl’expliquer ?

Au sein des 15 villes étudiées par l’Index, le pour-centage moyen de résidents vivant dans deslogements informels s’élève à près de 40 %, maisdissimule une énorme diversité de situations : ilchute en effet à 15 % à Casablanca alors qu’il estestimé à 70 % à Maputo. Il apparaît qu’il existedans l’Index une forte corrélation entre les per-formances environnementales des villes et leurpourcentage de population résidant dans des

Résultats de l’Index : le point sur Accra

Bien que six des sept villes d’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) terminent dans, en des-

sous ou bien en dessous de la moyenne, Accra parvient à se hisser au-dessus de celle-ci. En quoi

cette ville se distingue-t-elle des autres métropoles de la région ?

Accra se démarque particulièrement dans une catégorie : la politique environnementale, où elle se

situe bien au-dessus de la moyenne de l’Index. Elle obtient également de bons résultats en gestion

environnementale, car elle dispose de structures permettant aux assemblées locales de collaborer

à la mise en œuvre des politiques avec le gouvernement national. Elle se défend aussi relativement

bien en matière de surveillance environnementale et de politiques de participation publique. La

ville dispose en outre de politiques liées à la qualité de l’air ainsi qu’à l’assainissement, et s’alimente

essentiellement en énergie renouvelable : 74 % de son électricité provient de centrales hydroélec-

triques.

Les spécialistes de l’Afrique affirment toutefois que, bien que la ville ait mis en place un certain

nombre de politiques environnementales, ce qui constitue un indicateur de ses performances

futures, celles-ci ne reflètent pas nécessairement l’intégralité de la situation sur le terrain. Un profil

récemment publié par ONU-Habitat a en effet révélé que la capitale souffrait d’une « fracture

urbaine » entre riches et pauvres. Il semblerait que les politiques ne soient pas toujours appliquées,

en particulier lorsqu’il s’agit de faire profiter les plus pauvres des services municipaux.

Ces dernières années, la Banque mondiale et la Commission européenne ont cependant permis à

Accra de bénéficier d’investissements extérieurs considérables en matière d’infrastructures de

transport, d’eau et d’assainissement. Les résidents des logements informels d’Accra sont également

plus susceptibles de jouir d’une certaine forme de droit de propriété, ce qui leur confère un

meilleur accès aux services municipaux et les encourage à rénover eux-mêmes. Bien qu’Alfred

Omenya, de l’Université de Nairobi, se garderait formellement de placer Accra « au-dessus de la

moyenne » sur n’importe quelle autre échelle que celle, relative, de l’Index, il concède que la ville

« possède effectivement certains attributs susceptibles de lui permettre d’afficher de meilleures

performances que la plupart des autres villes d’Afrique subsaharienne ; la sécurité apportée par le

droit de propriété est l’un d’entre eux. »

logements informels : en bref, moins une villecompte d’habitants en logements informels,meilleures sont ses performances. Commentexpliquer ce lien ?

L’incidence de la richesse sur les perfor-mances environnementales est incertaineLa première explication pourrait être la richesse.Dans les autres Index des villes vertes, la relationest fréquente entre le PIB par habitant et les per-formances environnementales. Malheureuse-ment, les données relatives au PIB par habitantdes 15 villes de l’Index africain ne sont pas cohérentes. Il n’empêche que les métropolesd’Afrique du Sud comptent dans l’ensemblemoins de logements informels que celles dureste du continent, ce qui semblerait indiquerune relation entre la moindre prépondérance deceux-ci et la richesse. Pourtant, ONU-Habitatavance que les villes d’Afrique du Nord sont par-venues à réduire considérablement le nombred’habitants vivant dans des logements informelsen ayant recours à des politiques plus efficaces,et non en développant leur économie. Aumieux, le lien entre logements informels etrichesse est donc incertain.

En fait, dans les villes du monde en dévelop-pement, l’augmentation de la richesse ne résoutpas nécessairement les problèmes environne-mentaux ; au contraire, elle mène souvent à denouveaux défis en matière de développementdurable et plus particulièrement de consomma-tion des ressources. « Si les structures institu-tionnelles et la gouvernance nécessitent effecti-vement des ressources, » indique AlfredOmenya, de l’Université de Nairobi, « l’inverse,c’est-à-dire le fait que la présence de ressourceentraîne automatiquement une meilleure ges-tion de l’environnement, ne se vérifie pas...Lorsque les villes d’Afrique se sont développéeset enrichies, leur environnement s’est dégradé. »Anton Cartwright, économiste à l’African Centerfor Cities au Cap, est d’accord avec son analyse :« La notion selon laquelle il serait possible depasser de la pauvreté à l’écologie grâce au déve-loppement économique est discutable », affir-me-t-il. « Lorsqu’elles disposent de richesses, lesvilles peuvent certes se permettre de mettre enplace des services formels de distribution d’eauet d’assainissement, mais ceux-ci ne représen-tent qu’une petite part de l’écologie. Pour ce quiest du reste, en Afrique, l’affluence est plutôtcorrélée à une hausse des émissions, une inten-sification de l’expansion tentaculaire des villes,une réduction de la densité de population et uneaugmentation du nombre de voitures.

La clé : les politiquesL’Index semble indiquer qu’un autre facteurpourrait jouer un rôle : la bonne gouvernance.

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malheureusement, c’est l’inversequi se produit dans de nombreusesrégions d’Afrique.

Les spécialistes s’accordent à dire que la décen-tralisation (la transmission de pouvoir de l’éche-lon national à l’échelon local) est une mesurecruciale pour améliorer la planification, mais lechemin pour y parvenir est malheureusementsemé d’embûches. Selon David Simon, l’un deséléments pouvant contribuer à sa réussite est lavolonté politique. Il note que l’État de Lagos (quiest en pratique chargé de la gestion de la métro-pole) s’est attelé à améliorer son infrastructureurbaine et son environnement et a acquis uneréputation positive pour avoir remis sur pied « des éléments qui se trouvaient dans une situa-tion très précaire, en particulier dans lesdomaines de l’assainissement et de l’esthétiqueenvironnementale. Les changements sont spec-taculaires. » Selon Susan Parnell, professeur àl’African Center for Cities de l’Université du Cap,les villes subsahariennes « font souvent l’erreurde considérer qu’elles n’ont aucun pouvoir. Ellesdisposent pourtant d’un contrôle, parfois mêmeinvolontaire, sur certains des leviers les plusimportants en matière de changement, commepar exemple l’administration de l’utilisation dessols. »

Malheureusement, d’après Edgar Pieterse,directeur du centre en question, les gouverne-ments nationaux ont de plus en plus tendance às’arroger l’autorité concernant les décisions rela-tives aux villes : « On assiste dans de nombreuxpays à une recentralisation des fonctions ; mis àpart en Afrique du Sud, il est très rare que ladécentralisation fiscale s’accompagne d’unedécentralisation fonctionnelle, qui est pourtantau cœur de la question de la gouvernance. »

L’Index soulève de nombreuses questionsconcernant les futurs défis auxquels seraconfrontée l’Afrique en matière de développe-ment durable, de la fourniture des servicesessentiels aux résidents les plus pauvres à lamise au norme et l’intégration des logementsinformels en passant par l’accord de la mêmeimportance aux priorités environnementalesqu’aux besoins les plus pressants. Les spécia-listes s’accordent en effet à dire qu’au cours desprochaines années, il sera absolument crucial demettre en œuvre le « livre vert » et de convaincreles décideurs de s’en préoccuper au même titreque des autres problèmes auxquels ils doiventfaire face. « La durabilité urbaine n’est pas unluxe, c’est une bombe à retardement », expliqueAlfred Omenya. « Les problèmes que sont la pau-vreté, le sous-développement et la gouvernances’urbanisent de plus en plus. C’est dans cecontexte que se joue la lutte pour le progrès enAfrique. »

cient pour ainsi dire jamais de politiques ni d’in-terventions positives. »

Une politique de pointe : éliminer ladistinction entre quartiers formels etinformelsEn matière de logement, les courants de penséesont en train d’évoluer, au point de pousser l’idéede « mise aux normes » jusqu’à un point bienplus avancé : l’élimination pure et simple de ladistinction entre logements formels et infor-mels. De fait, il peut s’avérer particulièrementdifficile de faire la différence entre les deux, carles villes se mettent aujourd’hui à proposer lesservices municipaux dans certains quartiersauparavant délaissés. « Les services de planifica-tion et de gouvernance des villes africaines nevoient plus l’utilité d’opérer cette dichotomie »,déclare Cartwright. Effectivement, bien que leslogements informels posent de nombreux pro-blèmes environnementaux, il avance « [qu’]ilsont également des avantages : densité de popu-lation élevée, faibles émissions de CO2, faibleconsommation d’eau, utilisation très efficacedes ressources et cohérence collective relative-ment élevée par rapport aux banlieues disper-sées. »

Pour améliorer les politiquesenvironnementales en milieuurbain, il conviendrait de décen-traliser le pouvoir politique ;

Agir aujourd’hui : quelques priorités peu coûteuses pour améliorerla durabilité en milieu urbainBien que certaines stratégies environnementales coûtent de l’argent, il existe des politiques peu

coûteuses qui peuvent immédiatement faire la différence, comme exploiter les décharges existantes

pour générer de l’énergie ou accorder une protection juridique aux récupérateurs de déchets. Parmi

ces initiatives à bas prix, quelles seraient les plus utiles pour les villes d’Afrique ?

« L’important, ce sont les politiques et les programmes », explique Alfred Omenya, de l’Université de

Nairobi. « Il est par exemple possible de limiter la consommation électrique en contrôlant le dévelop-

pement. En planifiant bien, on peut, dans les régions disposant d’un ensoleillement suffisant durant la

journée, faire en sorte que les particuliers n’aient pas besoin d’être connectés au réseau de distribution

électrique national. On peut également récolter les eaux de pluie sur site afin d’éviter que les habitants

ne doivent, pour s’en procurer, effectuer de longs déplacements en ville et de ce fait polluer l’environ-

nement. À l’heure actuelle, les modes de planification employés semblent malheureusement encoura-

ger la consommation non durable. » Il avance que les politiques suivantes, qui peuvent être mises en

place à peu de frais, devraient constituer autant de priorité pour les villes africaines :

➔ Politiques de mise aux normes des bidonvilles

➔ Collecte des eaux de pluie

➔ Politiques efficaces en matière de transports publics qui font la part belle au transport non motorisé

➔ Systèmes favorisant le développement d’espaces verts, la préservation de la verdure urbaine et

les zones tampons

➔ Politiques de gestion des déchets

➔ Politiques de contrôle et de planification du développement et de l’utilisation des sols

➔ Politiques en faveur de l’utilisation d’énergies propres (par exemple du solaire)

D’après les experts, la capacité institutionnelled’une ville à gérer efficacement et intelligem-ment ses affaires compte plus que les richessesou le développement économique de celle-ci.Cette idée est d’une importance toute particuliè-re sur un continent où bon nombre d’agglomé-rations risquent de devoir patienter des décen-nies avant de bénéficier du niveau de ressourcesdont jouissent couramment d’autres régions dumonde, mais où les défis environnementaux nepeuvent attendre.

Le Dr. Joan Clos, directeur général d’ONU-Habitat et ancien maire de Barcelone, affirmeque la capacité institutionnelle constitue unepremière étape : « Les villes ont besoin d’institu-tions politiques capables de prendre des déci-sions en matière de planification urbaine. Unefois qu’elles ont ces institutions, les investisse-

ments, la création d’emploi et l’amélioration dela qualité des services publics de base suiventnaturellement. »

« La clé, ce sont les politiques et, plus impor-tant encore, la manière dont la ville aborde l’in-formel », indique Alfred Omenya, qui ajoute qu’ilexiste des différences régionales entre lesmanières dont les villes africaines traitent leslogements informels : en Afrique du Sud, ceux-cisont par exemple relativement bien planifiés ;en Afrique de l’Ouest, ils se trouvent principale-ment sur des terres tribales non contestées, sontentretenus par les propriétaires et ont accès auxinfrastructures et aux services de base ; enAfrique de l’Est, par contre, ils ont tendance às’ériger sur des terrains publics. Ils sont parconséquent plus souvent cibles d’évictions quede rénovations et, d’après Omenya, « ne bénéfi-

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bien en en dessous dans la au-dessus bien au-dessous de de la moyenne de la dessus dela moyenne moyenne moyenne la moyenne

Dar es SalamMaputo

LuandaNairobi

Addis AbebaAlexandrie

Le CaireLagos

Pretoria

AccraLe Cap

CasablancaDurban

JohannesburgTunis

69% 60% 35% 23%

Pourcentage de résidents

vivant dans deslogements

informels, pargroupe global

de résultat

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Principales constatations par catégoriesIndex des villes vertes en Afrique

Énergie et CO2Les résultats de la catégorie Énergie et CO2 met-tent en lumière les différences de développe-ment économique qui règnent sur le continent,plus particulièrement entre l’Afrique du Sud etles autres villes d’Afrique subsaharienne reprisesdans l’Index. La raison pour laquelle les perfor-mances des quatre villes sud-africaines (Le Cap,Johannesburg, Pretoria et Durban) ne sont pasplus élevées réside dans leurs émissions de CO2,qui sont nettement plus élevées que celles des11 autres villes, et dans leur consommationd’électricité par habitant, la plus élevée de l’In-dex. Elles font toutefois nettement mieux queles autres en termes de politiques énergétiques.Il convient également de noter qu’en raison dumanque de données disponibles, cette catégo-rie n’a pu prendre en compte que l’énergie élec-trique et a dû exclure les autres sources, tellesque les groupes électrogènes au diesel ou lescombustibles liquides, qui sont extrêmementrépandus dans bon nombre de villes d’Afrique.➔ En Afrique du Sud, la quantité de CO2 émisepar personne en raison de la consommationélectrique s’élève en moyenne à 3 tonnes, soit

plus de cinq fois celle des villes d’Afrique du Nord(Tunis, Casablanca, Le Caire et Alexandrie) et 60fois celles des sept autres villes d’Afrique subsa-harienne (Accra, Addis-Abeba, Dar es Salam,Lagos, Luanda, Maputo et Nairobi). Ces chiffresreflètent les différences en matière de sourcesd’énergie électrique : l’Afrique du Sud dépendprincipalement du charbon alors que les autresvilles fonctionnent essentiellement au gaz natu-rel et à l’énergie hydroélectrique.➔ En termes de politiques, par contre, les villessud-africaines se hissent dans la tête du classe-ment ; Johannesburg, seule ville du pays à finirau-dessus de la moyenne dans cette catégorie,obtient de bons résultats en politiques et pour laconsommation électrique la plus faible desquatre villes d'Afrique du Sud. ➔ Les sept villes d’Afrique subsaharienne (horsAfrique du Sud) reprises dans l’Index affichenttoutes une consommation électrique très limi-tée : en moyenne, on y consomme 2,3 giga-joules par personne et par an, contre 9,9 giga-joules dans les huit autres villes de l’Index.Combinée au recours fréquent à l’énergie hydro-électrique (en moyenne 69 % de l’électricité est

générée de cette manière dans les pays étudiés),cette consommation modeste entraîne defaibles émissions de CO2 (liée à l’électricité) : enmoyenne 49 kg de carbone par personne et paran. ➔ À titre de comparaison, les quatre villesd’Afrique du Nord possèdent une consomma-tion d’électricité et un taux d’accès au réseau dedistribution relativement élevés, alors qu’unebonne partie de leur électricité provient du gaznaturel ; combinés, ces facteurs résultent en desémissions de CO2 liées à la consommationd’électricité s’élevant à 570 kg par personne.Leurs politiques sont également relativementpeu efficaces : aucune de ces villes n’obtient lanote maximale pour le moindre indicateur dansce domaine. ➔ En règle générale, on ne trouve aucune don-née liée aux émissions de CO2, car celles-ci nesont pas mesurées (et ont donc dû être estiméespour les besoins de l’Index).

Utilisation des sols Les villes africaines sont dans une certainemesure parvenues à préserver leurs espaces

verts, mais sont généralement pénalisées parleur forte expansion, leur faible densité de popu-lation et leur nombre considérable de résidentsvivant dans des logements informels.➔ En moyenne, ces villes comptent 74 m² d’es-paces verts par habitant, ce qui représente près dudouble des villes asiatiques étudiées dans les pré-cédents Index (39 m² / habitant), mais moins quecelles d’Amérique latine étudiées dans les précé-dents Index, qui comptent 255 m² par habitant.➔ Notons que dans certains cas, ce score hono-rable résulte plus de la chance que de politiquesvolontaires : seules huit des quinze villes de l’In-dex africain obtiennent la note maximale pourleurs politiques de protection des espaces verts,seules trois des cinq villes comptant le plus d’es-paces naturels de l’Index possèdent des poli-tiques de ce type, et seules quatre obtiennent lanote maximale pour leurs politiques de protec-tion des zones écologiquement sensibles. Sanspolitiques plus strictes, la croissance de la popu-lation risque de mettre en péril ces espaces.➔ L’extension urbaine anarchique constitue ungrave problème dans les villes étudiées par l’In-dex. Ces 15 villes ont en effet une densité de

population d’environ 4600 habitants par kilo-mètre carré. À 19 100 habitants / km², Le Caireest de loin la ville la plus densément peuplée detoutes : sans elle, la densité moyenne chute à3500 habitants / km². À titre de comparaison, les22 grandes villes étudiées dans l’Index des villesvertes en Asie possèdent une densité de popula-tion moyenne de 8200 habitants / km². Parmi lesvilles africaines, seules quatre obtiennent lanote maximale pour leurs politiques de luttecontre l’expansion tentaculaire. ➔ Le problème est toutefois plus grave encorequand cette expansion prend la forme de loge-ments informels : bien que toutes les villes del’Index aient mis en place l’une ou l’autre poli-tique de reconversion des bidonvilles, 38 % despopulations étudiées continuent à vivre dansdes logements de ce type. Selon ONU-Habitat,l’Afrique compte dans son ensemble le plusgrand nombre de personnes habitant dans deslogements informels au monde. L’organisationsignale également que ces dernières décennies,les villes d’Afrique du Nord ont accompli desefforts substantiels qui leur ont permis de réduire ce pourcentage (Casablanca, par exemple,

possède le chiffre le plus faible de l’Index : 15 %selon les estimations), mais que l’énorme crois-sance de population prévue en Afrique subsaha-rienne menace d’exacerber les problèmes dansde nombreuses villes.

TransportsAu vu des ressources nécessaires pour construireet entretenir un réseau de transport public, iln’est guère surprenant de constater que bonnombre des villes de l’Index africain ne possè-dent pas de systèmes avancés tels que des lignesde métro. L’Index montre que les villes pour-raient toutefois améliorer leurs politiques en lamatière, par exemple en prenant plus d’initia-tives visant à réduire les embouteillages. Il est ànoter que dans les villes d’Afrique, le public a for-tement tendance à compter sur les transportsprivés (taxis et minibus privés, par exemple) etque ces moyens de déplacement n’ont pu êtreintégrés à l’étude du fait du manque de statis-tiques les concernant.➔ En moyenne, les 15 villes de l’Index des villesvertes en Afrique comptent 2,7 km de transportspublics (lignes de bus officielles) par km². Ellespossèdent également une moyenne de 0,07 kmde lignes de transports publics dédiés, c’est-à-dire métro, tram ou bus express ; c'est moins quedans les villes d’Amérique latine (0,1 km / km²) etd’Asie (0,2 km/km²) étudiées dans les précé-dents Index.➔ Dans le même ordre d’idées, le manque decohérence entre les politiques liées au transporten commun représente une difficulté supplé-mentaire : aucune ville ne possède de systèmede tarification totalement unifié pour son réseaude transport public. Seule Le Caire obtient lanote maximale pour les investissements qu’ellea consenti en vue de réduire les émissions géné-rées par le transport en commun urbain, etseules trois villes (Le Cap, Dar es Salam et Tunis)obtiennent la note maximale pour leurs effortsde promotion des moyens de transport plus éco-logiques comme la marche ou le vélo. ➔ Les mesures de réduction des embou-teillages telles que les voies réservées au covoi-turage, les journées sans voiture ou les routes àpéage sont, pour l’essentiel, inexistantes ; lesseuls initiatives à avoir été adoptées à plus largeéchelle sont les parkings-relais (7 villes sur 15) etle séquencement des feux de signalisation (12villes sur 15).

DéchetsLes chiffres de production de déchets des villesafricaines varient énormément, et bon nombrede ces métropoles auraient besoin de politiquesplus actives en la matière. On note toutefoisquelques signes encourageants dans le domai-ne du recyclage.

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➔ Les chiffres de production de déchets vont de160 kg par habitant et par an à Addis-Abeba àplus de 1000 kg à Pretoria. En moyenne, chaquecitadin africain génère 408 kg de déchets par an,un volume inférieur à celui constaté dans l’Indexd’Amérique latine (465 kg), mais supérieur àcelui d’Asie (375 kg). Les comparaisons entrecontinents doivent toutefois être traitées avecprudence, car en Afrique, il est souvent impos-sible de dire si les statistiques incluent lesdéchets produits par les logements informels. ➔ Le recyclage devient de plus en plus courant surle continent : neuf villes ont mis en place despoints de collecte sur site ou centralisés, et uneville supplémentaire, Dar es Salam, prévoit d’instal-ler des points de collecte centralisés. Le plastiqueest recyclé ou le sera prochainement dans 14 villesde l’Index, le papier dans 13 et le verre dans 11.➔ Les politiques liées aux déchets (stratégie glo-bale de gestion des déchets ou normes environ-nementales pour les décharges) sont par contremoins répandues : seules Alexandrie, Le Caire etLe Cap obtiennent la note maximale dans cedomaine, car elles possèdent une stratégie visantà réduire, à réutiliser ou à recycler les déchets

existants, et seule Alexandrie, la seule ville de l’In-dex à terminer bien au-dessus de la moyennedans cette catégorie, dispose d’une réglementa-tion concernant les récupérateurs de déchets.

EauLa consommation d’eau des villes africaines estrelativement faible, mais cet état de fait reflèteprobablement une série de facteurs tels que lemanque d’accès à l’eau courante ou les prix éle-vés, qui constituent des problèmes pour la plu-part des villes de l’Index. Concernant les poli-tiques, les codes municipaux en matière dequalité et d’économie d’eau gagneraient à êtrerenforcés. ➔ Les villes de l’Index consomment en moyen-ne 187 litres d’eau par personne et par jour, soitmoins que celles de l’Index d’Amérique latine(264 litres) ou que celles d’Asie (278 litres). ➔ Le taux d’accès à l’eau potable est de 91 %,mais la définition du terme « accès » n’impliquepas nécessairement le raccordement direct àl’eau courante ni une disponibilité 24 heures sur24 et peut inclure le simple accès à un robinetcommunal.

➔ Les taux de fuite, à 30 %, sont élevés : plusqu’en Asie (22 %) mais pas autant qu’en Amé-rique latine (35 %). Il est toutefois difficile dedire dans quelle mesure les fuites et l’eau circu-lant dans les logements informels sont prises encompte dans les statistiques des villes africaines.➔ Toujours en matière d’eau, les politiquesfortes sont peu répandues : par exemple, seulessept des quinze villes obtiennent la note maxi-male en matière d’amélioration de la qualité deseaux de surface ; seules cinq l’obtiennent pour lasurveillance de cette qualité ; et seules deux fontpleinement respecter les normes en matière depollution des eaux applicables aux industrieslocales. ➔ Rares sont également les véritables initiativesen faveur de l’utilisation efficace de l’eau (pro-motion des économies en eau, recyclage deseaux grises, etc.), à l’exception des compteurs etdes taxes, que 14 des 15 villes de l’Index ont misou prévoient de mettre en place.

AssainissementLe taux d’accès à l’assainissement varie énormé-ment d’une ville à l’autre, les estimations allant

de 49 % à Maputo à 99 % à Casablanca. Outre lanécessité d’accroître ce taux d’accès, les villessont généralement confrontées à des problèmesde mise en œuvre des codes et politiques d’assai-nissement ainsi que de traitement des eauxusées avant leur déversement. ➔ En moyenne, 84 % des habitants des villes del’Index africain ont accès à l’assainissementmais, comme pour l’accès à l’eau potable, la défi-nition n’inclut pas nécessairement le raccorde-ment au réseau d’égouts. Le type d’accès diffèreégalement fortement d’une ville à l’autre.➔ En matière de politiques, les villes africainesont tendance à rester à la traîne : seules quatrevilles obtiennent la note maximale pour avoir uncode couvrant les normes et l’infrastructure d’as-sainissement et, si treize villes ont effectivementmis en place des normes concernant le traite-ment des eaux usées et procèdent à une certai-ne surveillance, seules six d’entre elles obtien-nent la note maximale pour leurs efforts dans cedomaine.➔ Les politiques existantes ne sont par ailleurspas suffisamment respectées. Par exemple,seule Tunis procède à une surveillance régulière

des installations de traitement sur site (dans lesfoyers ou les espaces communs) et dix villes n’ef-fectuent qu’une surveillance très limitée de cessites, voire ne les surveillent pas du tout.➔ Les chiffres concernant la part des eauxusées qui est traitée ne sont pas disponiblesdans les 15 villes, mais dans plusieurs d’entreelles, seul un faible pourcentage l’est effective-ment avant d’être déversé dans les rivières ou lamer.

Qualité de l’airPeu de villes africaines collectent les statistiquesliées aux émissions ; par conséquent, contraire-ment aux Index des villes vertes précédents, lacatégorie « Qualité de l’air » de l’Index africainn’est évaluée qu’en fonction des politiques.Concernant ces réglementations, les villes plusdéveloppées d’Afrique du Sud ont tendance à semontrer plus actives tandis que dans la majeurepartie du reste de l’Afrique subsaharienne, laqualité de l’air ne semble guère retenir l’atten-tion des gouvernements.➔ Toutes les villes sud-africaines terminent au-dessus de la moyenne dans cette catégorie et

obtiennent la note maximale pour leurs codesde qualité de l’air et leur surveillance de la pollu-tion ; à l’exception d’une seule, elles obtiennentaussi toute la note maximale pour leurs normesconcernant certains polluants.➔ Six des sept villes d’Afrique subsaharienne(hors Afrique du Sud) ne possèdent aucun codede qualité de l’air et cinq sur sept ne procèdent àaucune surveillance en la matière.➔ Les quatre villes d’Afrique du Nord sont légè-rement moins actives que celles d’Afrique duSud, mais Tunis et Casablanca restent au-dessusde la moyenne, alors que les deux autres (LeCaire et Alexandrie) se situent dans la moyenne.➔ Aucune statistique complète et comparablen’est non plus disponible en matière de qualitéde l’air, mais les études menées individuelle-ment par certains spécialistes semblent indiquerque, même lorsque des politiques sont en place,les villes africaines ont en pratique énormémentde mal à réduire leur pollution, qui atteint sou-vent un niveau malsain.

Politique environnementaleLes politiques environnementales des villes del’Index africain ont tendance à être dictées auniveau national, régional ou provincial plutôtqu’au niveau local, ce qui signifie qu’en règlegénérale, les problèmes écologiques bénéfi-cient d’une attention moindre que s’ils étaientgérés localement. Les quatre villes d’Afrique duSud brillent cependant par leur relative indépen-dance en la matière. Malheureusement, en règlegénérale, même lorsque des politiques sontmises en place, leur exécution laisse à désirer.➔ Onze des quinze villes de l’Index sont régiespar un service dédié à la gestion de l’environne-ment, mais celui-ci se trouve généralement auniveau national ou régional. Lorsque ce serviceexiste, il possède généralement un mandat trèsvaste lui permettant d’aborder la plupart desquestions environnementales mentionnées dansl’Index, voire toutes.➔ Cinq villes publient régulièrement leurs sta-tistiques de performances environnementaleset cinq ont procédé à une vaste évaluation deleur situation environnementale. Les autresvilles n’ont toutefois accompli que des effortspartiels, voire aucun effort, dans ce domaine.➔ Toutes les villes sauf une impliquent d’unemanière ou d’une autre (même si cette implica-tion est parfois limitée) les citoyens, les organi-sations non gouvernementales et d’autresacteurs dans les décisions liées à l’environne-ment. ➔ Les citoyens désireux de s’engager ont toute-fois du mal à obtenir des informations correctes :seules deux villes obtiennent la note maximaleen matière de facilité d’accès aux données ; dix sesont vues accorder un zéro pointé en la matière.

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La route vers des villes plus vertes, explique Nicholas You, nous oblige à repenser la manièredont nous les gérons. La planification globale souffre trop souvent d’une approche secteur parsecteur recouvrant plusieurs juridictions en concurrence ; les décideurs ne considèrent pas la ville comme une entité unifiée. M. You, établi à Nairobi, est président du comité de pilotage dela campagne World Urban Campaign d’ONU-Habitat, une plate-forme permettant aux organisa-

tions privées et publiques de partager leurs politiques et outils en matière de développement urbain durable. Il dirige éga-lement plusieurs autres initiatives mondiales dans le domaine et a fait partie du groupe d’experts qui a conseillé l’Econo-mist Intelligence Unit (EIU) sur la méthodologie à employer pour l’Index des villes vertes en Afrique. Il s’est entretenu avecl’EIU concernant les résultats de l’Index, la difficulté de mesurer l’incidence des logements informels sur l’environnement etla nécessité d’administrer les villes comme s’il s’agissait « d’organismes vivants ».

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Bien plus qu’une option sympathique :Les politiques écologiques sont cruciales pour le progrès économique et social dans les villes africaines

Index des villes vertes en Afrique

Entretien avec Nicholas You, expert en développement durable urbain

L’Afrique est confrontée à un grand nombrede défis tous plus complexes et sérieux lesuns que les autres. Dans un tel contexte, ledéveloppement urbain durable peut êtreperçu comme une option « sympathique »,facultative voire hors de propos tant queles autres problèmes plus urgents ne sontpas résolus. Au vu des nombreux pro -blèmes du continent, quelle attention lesdirigeants devraient-ils lui accorder ?L’Afrique est le continent qui s’urbanise le plusvite au monde. Elle est en train de subir unetransformation radicale de la manière dont elleutilise ses sols, son eau et son énergie ainsi quede sa manière de produire, de consommer et dedistribuer les denrées alimentaires. Cettetransformation nécessite un ensemble depolitiques sociales, économiques et environne-mentales mettant les villes et l’urbanisation aucentre de toutes les préoccupations. Lessécheresses et les inondations ne sont pasnécessairement provoquées par l’activitéhumaine, mais les famines, les migrations etl’appauvrissement qui en résultent sont lesconséquences directes des insuffisances enmatière de planification, de gestion des risques,d’infrastructures et de services ainsi que del’inefficacité des marchés et des mécanismes deréglementation, pour ne citer que quelques-unsdes problèmes. Ces fonctions urbaines sontessentielles au développement durable, tant enmilieu urbain que rural. Les politiques dedéveloppement durable concernant les villesd’Afrique sont très loin d’être « une option

sympathique mais facultative » ; ce sont ellesqui décideront de la capacité du continent àassurer le développement à long terme de lasociété dans son ensemble.

La richesse joue en faveur des perfor-mances environnementales ; quels typesd’initiatives ou d’activités les villes à faiblesrevenus peuvent-elles entreprendre pouraméliorer leur situation en la matière ?En termes économiques, ce sont les villes lesplus pauvres qui ont le plus à gagner enadoptant des politiques et des pratiques saineset durables sur le plan environnemental. Lesinitiatives de ce type permettent de réduireconsidérablement la quantité de déchetsgénérés, de fonctionner plus efficacement et decréer des opportunités d’emploi et de revenus.L’exemple le plus typique est sans doute lerecyclage et la réutilisation des déchets. Dansbon nombre de villes des pays en développe-ment, cette activité est menée par des « chiffonniers » qui travaillent et vivent dans des conditions déplorables. Avec la bonnecombinaison de politiques, de participation etde responsabilisation, il serait possible d’obtenirune situation où tout le monde serait gagnantet où les déchets seraient recyclés en produitsutilisables, où le méthane serait capté afin deproduire de l’énergie verte et où les ramasseursde déchets ne devraient plus vivre dans desconditions où leur vie est en danger.

Existe-t-il des améliorations politiques

qui pourraient avoir un grand impact pourl’Afrique sans coûter trop cher ?L’une des initiatives politiques les plusenthousiasmante et qui change en ce moment-même la vie de millions de personnes est labanque mobile, que l’on retrouve au Kenya.Dans ce pays, le législateur a eu la clairvoyanced’autoriser les Kényans à transférer de l’argentvia leurs téléphones portables, pour un prixminime. Cette décision a permis à des millionsde personnes exclues du système bancaireconventionnel d’avoir accès aux transactionsfinancières dématérialisées, ce qui a apportédes avantages sociaux et économiquesincommensurables à l’ensemble de lapopulation, et ce, pour un coût minime. On nepeut qu’espérer que les leçons tirées de cetteinitiative, en termes de déréglementation et detransfert de pouvoir, seront appliquées àd’autres secteurs comme l’énergie ou l’eau.

Dans les autres régions étudiées par les Indexdes villes vertes (Europe, Asie, Amé rique duNord, Amérique latine,etc.), les performancesen vironnementales sont corrélées à la riches -se. Dans l’Index des villes vertes en Afrique,par contre, les niveaux de revenus sontnette ment plus faibles que dans les autresparties du monde et on note plutôt unerelation entre les performances envi ronne -mentales et les bonnes politiques. Dansquelle mesure pensez-vous que l’améliora-tion de la gouvernance est liée à celle del’environnement dans les villes d’Afrique ?

raisons pour lesquelles les gens ne quittent pasles logements informels est que celui-ci leuroffre un accès au travail ou à des services pourlesquels ils devraient autrement payerconsidérablement plus cher. En termes desituation géographique, ils sont aussi idéaux : laplupart des bidonvilles sont nés juste enbordure des villes ; avec le temps et en raison dela croissance rapide de ces dernières, ils ont finipar se retrouver en plein milieu de celles-ci. Parailleurs, pour supprimer ou déplacer leslogements informels, il est nécessaire dedemander à leurs habitants de quitter unquartier où ils ont vécu une bonne partie, voirel’entièreté, de leur vie.

Que peuvent faire les gouvernementsnationaux africains pour aider les villes àbénéficier d’une croissance viable d’unpoint de vue environnemental ?La meilleure mesure que peuvent prendre lesgouvernements nationaux en Afrique consiste àformuler une politique urbaine nationale et àcharger un ministère de la faire exécuter. Pourl’instant, seule une poignée de pays africainsont adopté des politiques de développementurbain, et même dans ceux-ci, la surveillance, larédaction des rapports et la mise en œuvre despolitiques incombent encore à différentesentités, ce qui entraîne des problèmes decoordination et la prise de décisions maléclairées.

En Afrique comme dans le reste du monde,quelles sont les mesures les plus importan -tes que doivent prendre les villes pourdevenir plus viables sur le plan environne-mental ?Il faut prendre la planification au sérieux. Je neparle pas d’une planification « sectorielle » (eau /énergie / déchets / assainissement, etc.) oùchaque élément est étudié indépendammentdes autres. Il faut voir la ville, voire l’ensemblede la région métropolitaine, dans sonensemble. La concurrence entre juridictions estl’un des plus grands obstacles à l’urbanisationdurable. Pour la plupart, les zones métropoli-taines recouvrent plusieurs juridictions, organesélus et structures gouvernementales locales.Vous pouvez faire tout ce que vous voulez pourrendre votre ville plus verte, si la moitié de lapopulation qui dépend de celle-ci et lesprestataires de services qui tentent de desservirvotre prochain centre commercial, votreprochain parcours de golf ou votre prochainebanlieue sont régis par un organismeplanificateur ou législatif différent, cela nefonctionnera pas. La ville est comme unorganisme vivant qu’il faut gérer et aider à sedévelopper de manière unifiée.

Les agences statistiques et les autoritésmunicipales font souvent état de tauxd’accès très élevés aux services de base,tels que l’eau potable, la collecte etl’assainissement des déchets, alors que lasituation sur le terrain est parfois trèsdifférente en raison de la présence delogements informels. Quelles sont lesdifficultés que l’on rencontre lorsqu’ontente de se faire une idée précise de lasituation au travers des statistiques ?Si vous regardez les indicateurs comme laconsommation d’eau ou la production dedéchets par habitant mais que vous laissez decôté les logements informels, vous omettezdélibérément une partie du problème. Lasociété des eaux a un giron, la société degestion des déchets a un giron... et ces gironsne comprennent généralement pas leslogements informels. De leur point de vue, letaux d’accès est peut-être de 100 %, mais si l’onconsidère la ville dans son ensemble, ce tauxchute peut-être à 70 %. Étant donné que l’Indexdes villes vertes a pour vocation de permettre lacomparaison au sein d’une région donnée, enl’occurrence entre les villes d’Afrique, ladistorsion n’est pas trop grave. Pour lescomparaisons entre régions, par exemple entrel’Afrique et l’Asie, il convient par contre d’être unpeu plus prudent. Prenons un exemple. Dans unbidonville de Nairobi, on trouve une canalisa-tion qui amène l’eau courante dans les 50mètres de tous les foyers. En théorie, leshabitants ont donc accès à l’eau courante, maisen pratique, le robinet n’est alimenté qu’àcertaines heures de la journée, ce qui signifieque les gens font la file pendant des heures. Ilpose également un problème d’égalitéhommes/femmes. La plupart des gens qui fontla file sont en effet des femmes plus âgées oudes jeunes filles. Si ces dernières patiententdevant le robinet, elles ne peuvent pas aller àl’école, ce qui, par effet boule de neige, entraînetoute une série d’autres problèmes. Autreexemple : les bidonvilles de Nairobi ont peut-être une toilette pour 200 habitants ; pour lestatisticien, ils ont accès à l’assainissement.

Peut-on identifier des approches com -munes dans la manière dont les villesabordent le problème des logementsinformels ?Je pense qu’on commence à voir émerger unetendance à la mise aux normes des bâtiments età l’apport de meilleurs services dans leslogements informels, alors qu’on cherchaitprécédemment à les démolir et à les fairedisparaître. Les bidonvilles sont des communau-tés ; ils possèdent leurs propres réseaux sociaux,culturels et économiques. L’une des principales

La création de richesse et la gouvernance vontde pair et, comme nous l’avons constaté dansd’autres régions, les populations exigent uneamélioration de l’environnement au fur et àmesure que les sociétés s’enrichissent. Si denombreux pays d’Afrique connaissent actuelle -ment un taux de croissance économiqueappréciable, c’est essentiellement parce qu’ilsont adopté des politiques plus libérales et pro-entreprises au cours de la dernière décennie. Ce« dividende » ne durera toutefois pas indéfini -ment : pour soutenir la croissance économiqueet faire en sorte que les bénéfices obtenus grâceà cette croissance soient répartis équitablement,il faut de meilleures politiques. Il ne devrait yavoir aucune distinction entre l’améliora tion dela durabilité en milieu urbain, l’éradication de lapauvreté et l’implication des populations dansles décisions qui affectent leur quotidien.

De quelle manière les villes d’Afriquepourraient-elles rendre leur consomma-tion plus viable au fur et à mesure qu’elless’enrichissent ?L’important est de consommer plus intelligem-ment, de produire moins de déchets et d’êtremoins gourmand en énergie. La croissancerapide a beaucoup d’avantages potentiels, enparticulier dans les villes africaines qui doiventencore mettre en place l’infrastructure dontelles ont besoin, aujourd’hui comme demain.Avec une planification adaptée et les bons choixtechnologiques (qui tiennent compte del’ensemble des avantages apportés par lacroissance intelligente, les infrastructuresintelligentes et les services intelligents, parexemple), il serait possible de permettre à cesvilles de bondir jusqu’au niveau de sociétés plusmûres. Mais les technologies intelligentesnécessitent des systèmes intelligents, c’est-à-dire entre autres une meilleure gouvernance.

Il est clair que les logements informels ontune incidence sur l’empreinte écologiquedes villes ; or, dans certaines villes del’Index des villes vertes en Afrique, plus dela moitié de la population vit dans ce typede logements qui, par nature, sont malcouverts par les statistiques. Dans quellemesure exactement les logementsinformels affectent-ils les performancesenvironnementales des villes ?Les logements informels ne sont, par définition,pas viables à long terme ; ils sont symptoma-tiques d’un niveau élevé d’exclusion sociale etéconomique. Milton Santos, l’un des penseursles plus avancés de son temps, disait que lapauvreté est la pire des formes de pollution. Leslogements informels sont la preuve que nous neplanifions pas correctement nos villes.

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Bonnes pratiques écologiquesIndex des villes vertes en Afrique

Énergie et CO2 : Réduire l’empreinte écologique du Cap Le Cap obtient une note en dessous de la moyen-ne dans la catégorie Énergie et CO2 ; ce résultatprovient en partie de sa consommation élec-trique (qui arrive en deuxième rang au classe-ment de l’Index), mais plus encore du typed’énergie qu’elle emploie pour répondre à sesbesoins : 93 % de l’électricité de la ville est pro-duite grâce au charbon. Par conséquent, lesémissions annuelles par habitant engendrée parla consommation électrique du Cap sont esti-mées à 4099 kg, c’est-à-dire quatre fois lamoyenne de l’Index (984 kg). Les causes des pro-blèmes du Cap échappent dans une large me-sure à son contrôle. Eskom, la société qui domi-ne le marché sud-africain de la productionénergétique, dépend en effet encore principale-ment de la houille, même si, grâce au soutien dugouvernement national, elle a récemment com-mencé à chercher des sources de combustiblesplus propres.

Ce qui fait du Cap une ville unique en songenre, ce sont toutefois les efforts impression-nants qu’elle a accomplis en vue de réduire son

empreinte carbone. La capitale législative del’Afrique du Sud, qui possède les meilleurs poli-tiques de l’Index en matière d’énergies propres,a commencé très tôt. En 2003, elle a en effet étéla première ville d’Afrique à rédiger une Politiqueenvironnementale pan-métropolitaine qui adéfini une stratégie complète visant à améliorerdivers domaines comme la gestion des déchets,les espaces verts ou encore les énergies. En2006, elle a adopté une Stratégie en matière dechangement climatique (mise à jour en 2010)qui inclut plus de 100 projets disséminés danstoute la ville et fixe des objectifs renouvelables.Les efforts de la ville ont commencé par les éco-nomies d’énergie : son but est de réduire saconsommation d’électricité de 10 % d’ici 2012.Pour y parvenir, elle a lancé une campagne depromotion des économies d’électricité à l’atten-tion des particuliers, elle a mis sur pied unForum de l’efficacité énergétique destiné auxentreprises et a procédé à une considérablemodernisation de ses feux de signalisation et deses propres bâtiments.

Le Cap a également pris des engagements enfaveur des énergies renouvelables, qui devront

représenter 10 % de son approvisionnementd’ici 2020. Chez les particuliers, elle a lancé unprogramme visant à installer 300 000 chauffe-eaux solaires au cours des quatre années à venir.La ville a également construit à Darling le pre-mier parc éolien du pays, qui a commencé à ali-menter le réseau national en énergie verte en2008 et sera prochainement nettement moinsunique : le gouvernement provincial du Cap-Occidental (dont Le Cap est la capitale) étudieactuellement les candidatures liées à la construc -tion de 40 parcs éoliens supplémentaires.

Quelques autres villes en bref :Accra : Le gouvernement national du Ghana,qui supervise la politique environnementale del’ensemble du pays, demeure attaché à l’hydro-électrique comme principale source d’énergierenouvelable. Cependant, la Volta River Authori-ty (l’entreprise publique de production d’énergieau Ghana), a également lancé un projet visant àconstruire des centrales solaires dans troisrégions du nord du pays et un parc éolien côtieret ainsi à générer 100 mégawatts d’énergiesolaire et éolienne d’ici la fin 2011.

Lagos : Bien que les efforts de Lagos n’en soientencore qu’à un stade précoce, les dirigeants dela ville cherchent à tirer parti des systèmesd’échange de droits d’émission de carbone telsque le mécanisme de développement propreprévu par le protocole de Kyoto, en vertu duquelles pays développés peuvent investir dans lespays en développement en échange de créditsd’émission. Dans ce cadre, l’Agence de protec-tion de l’environnement de l’État de Lagos a crééle Carbon Credit Centre, chargé de gérer lesconsultations, les transactions, les demandes etles échanges de droits d’émission de carboneainsi que de promouvoir les accords favorisantles énergies propres.Pretoria : Ces deux dernières années, la ville ainstallé plus de 12 000 chauffe-eaux solairesdans plusieurs communautés de sa régionmétropolitaine, grâce à un investissement duMinistère national de l’énergie. En plus de réduirela consommation d’énergie et les émissions liéesà celle-ci, ces chauffe-eaux n’engendrent aucunautre coût que celui de leur installation et sesont révélés particulièrement populaires dansles ménages à bas revenus.

Utilisation des sols : Combiner larevitalisation sociale, économiqueet environnementale à Johannes-burgIl y a dix ans, on trouvait au cœur de Johannes-burg de nombreux quartiers délabrés et dange-reux que les entreprises évitaient en général.Depuis lors, la ville a opéré un redressementspectaculaire, en grande partie grâce au travailde l’Agence de développement de Johannes-burg (JDA). Fondée par la ville en 2001 avecpour mandat la régénération des quartiersdégradés du centre et la stimulation du dévelop-pement économique et de la qualité de vie, elleest parvenue à mener de front améliorations del’environnement urbain et développement éco-nomique et social. Sur le plan environnemental,le travail de l’agence consiste à réduire l’expan-sion tentaculaire de la ville en attirant à nouveaules résidents dans le centre-ville, qui a été réha-bilité. Dans ces quartiers centraux, la municipali-té a bâti de nouveaux logements pour per-sonnes à revenus mixtes, a accru le taux d’accèsaux services et a agrandi le réseau de transportpublic, y compris de bus express.

La JDA a rassemblé dans ses projets un grandnombre d’acteurs et de services communaux.Elle s’est en particulier attelée à utiliser les actifsexistants des différents quartiers afin de créerune ville vivante. La réhabilitation du quartierde Constitution Hill, par exemple, s’est serviedes nouveaux bâtiments de la Cour constitu-tionnelle du pays comme point d’ancrage. Leprojet de réaménagement du quartier de la garede Jeppestown a entraîné la création d’un quar-tier plus sûr pour les piétons, a revitalisé uncentre de transport et a fait revenir les entre-prises sur le marché local.

Le projet le plus connu de la JDA est sansdoute la transformation de Newtown, qui étaitun véritable chancre urbain situé en pleincentre-ville. Pour commencer, l’agence a renfor-cé le sentiment de sécurité dans le quartier en yinstallant des caméras de surveillance et en yrénovant les bâtiments publics. Elle en a ensuiteamélioré les voies d’accès au travers de projetstels que le désormais célèbre pont Nelson Man-dela. Elle a par ailleurs fait ou prévu de faireconstruire plus de 2000 nouveaux logements.Le cœur du projet est toutefois l’investissement

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dans la culture : l’agence a ainsi rafraîchi le Mar-ket Theatre, un lieu historique, et a tout faitpour attirer les visiteurs vers le MuseumAfrica,le musée d’histoire national. Les efforts de laJDA engendrent la création de quartiers urbainsqui attirent les entreprises et les particuliers. En2009, elle estimait que les projets de réhabilita-tion de Constitution Hill et de Newtown avaitchacun généré environ 300 millions de dollarsUS d’investissements privés.

Quelques autres villes en bref :Addis-Abeba : Le plan directeur de la ville pré-voit la reforestation des montagnes environ-nantes, la récupération des parcs municipauxexistants et la création de nouveaux. Le plusimportant des nouveaux espaces verts sera unparc piéton linéaire qui sinuera sur quelque 5 kmdans le centre-ville.Casablanca : Ces deux dernières années, lesdirigeants ont lancé dans la région métropoli-taine des projets pilotes visant à tester la viabili-té de « l’agriculture urbaine », qui intègre lesespaces verts aux centres urbains et fournit unenouvelle source de nourriture à la ville. Le projeta bénéficié du soutien financier du ministèreallemand de l’éducation et de la recherche.Nairobi : En partenariat avec le secteur privé, le

Kenya Wildlife Service gère le projet Green Line,qui vise à planter de la forêt sur 30 km le long dupérimètre du Parc national de Nairobi, au sud dela ville. L’ambition est de créer une frontièrevisible entre le parc et les nouveaux projetsimmobiliers qui l’entourent et de décourager lespromoteurs de faire pression sur les autorités envue d’en découper de nouvelles tranches.Dar es Salam : La fondation Aga Khan, uneONG internationale, essaye de faire revivre lesméthodes de construction swahili tradition-nelles, qui font appel à l’ombre et aux brises pourrefroidir les bâtiments et utilisent la boue et lechaume locaux au lieu de l’acier et du verreimportés. Bien que cette initiative risque fortd’être difficile à mettre en œuvre à grande échel-le, certains des principes architecturaux revitali-sés sont susceptibles de servir d’exemples etd’être réutilisés dans le cadre de projets immobi-liers plus écologiques.

Transports : Investir des milliardsdans le réseau de transportspublics du CaireAu Caire, la circulation a la réputation d’être par-ticulièrement difficile. Près de 80 % des intersec-tions du centre-ville et de Gizeh sont saturés, letaux d’accidents est élevé, en particulier chez les

piétons, et les transports publics sont sous-déve-loppés au regard des normes internationales.

Le Caire se situe pourtant au-dessus de lamoyenne des 15 villes de l’Index des villesvertes en Afrique pour la longueur et la sophisti-cation relative de son réseau de métro. Avec sesdeux lignes, celui-ci est en effet le seul véritablemétro des villes de l’Index, et le gouvernementnational, qui supervise les politiques environne-mentales en Égypte, tente de résoudre les pro-blèmes de transport que connaît la ville aumoyen d’investissements et de nouvelles poli-tiques.

Pour commencer, le métro est au milieud’une extension (d’un coût de 3,7 milliards dedollars US) qui ajoutera deux lignes est-ouestsupplémentaires aux deux lignes existantes, quitraversent la ville selon un axe plus ou moinsnord-sud. La première phase de constructiond’une troisième ligne a été entamée en 2006 etune deuxième phase a débuté en 2009 ; l’ouver-ture du premier tronçon devrait avoir lieu en jan-vier 2012. Le ministère des transports estimeque, lorsque le deuxième tronçon sera terminé(dans les deux ans à venir), la capacité du réseaude métro devrait passer de 2,5 millions de passa-gers par jour à 4,5 millions. Qui plus est, le gou-vernement est en train de rénover et d’étendre le

réseau de tram, vieux de presque un siècle ; il estpossible que des interconnexions avec le métrosoient prévues.

Les bus seront également améliorés. L’Égyptea reçu le soutien de la Banque mondiale pourson projet de développement de l’infrastructurede transport urbain ; dans un premier temps,celui-ci consistera à remplacer les bus actuels,particulièrement gourmands en carburant, par1100 nouveaux modèles à gaz naturel compri-mé. Les 200 premiers ont pris la route en juin2010 ; les autres devraient faire leur apparitiond’ici 2012.

Enfin, le programme de réduction des émis-sions de carbone par recyclage et mise à la cassedes véhicules vise à pousser près de 50 000chauffeurs de taxi possédant un véhicule de plusde 20 ans à le remplacer par un modèle neuf.Pour l’instant, ce programme est un véritablesuccès : 20 000 véhicules ont été remplacés rienqu’en 2009. Il s’agit également du premier pro-gramme de transport au monde à être enregis-tré dans le mécanisme de développementpropre de la Convention-cadre des NationsUnies sur les changements climatiques.

Bien entendu, aucune solution ne parviendraà elle seule à faire des transports au Caire un sys-tème durable, mais les progrès engrangés sur un

tel nombre de fronts devraient peu à peu contri-buer à améliorer la situation.

Quelques autres villes en bref :Johannesburg et Pretoria : La ligne de train àgrande vitesse Gautrain qui relie le centre deJohannesburg à Pretoria est déjà opérationnelle ;il ne reste plus qu’une dernière gare à finaliser.Pour Pretoria, ce nouveau service représenteenfin une alternative à la conduite automobileentre les deux villes, ce qui devrait considérable-ment réduire la circulation. Tunis : La ville est en train d’investir 2 milliardsde dollars US dans l’amélioration de son réseaude transport public. En novembre 2008, elle aterminé les travaux d’extension de son réseau demétro léger vers le sud (6,8 km supplémen-taires) et, en décembre 2009, a ouvert une autreextension de 5,3 km à l’ouest. Deux extensionssupplémentaires sont en travaux. Un réseau debanlieue est prévu pour 2016, et la ville prévoitégalement de lancer 14 nouveaux corridors (90 km) de bus express.Lagos : En mars 2008, les autorités de l’État deLagos ont lancé en collaboration avec le secteurprivé un système de bus express abordable,fiable et sûr qui a considérablement réduit lesembouteillages sur les routes de la ville. Les bus,

qui étaient au nombre de 220 en 2010 et quiroulent sur des voies qui leur sont réservées, per-mettent de faire baisser le temps de trajet de 30 %. Sur ses deux années de fonctionnement,le système a drainé 120 millions de passagers et,selon les estimations, réduit les émissions decarbone de 13 %.

Déchets : Lagos transforme sesdéchets en richessesAvant 2005, la quantité de déchets qui s’empi-laient dans les rues de Lagos poussait fréquem-ment les commentateurs à parler d’une véritablecrise. La situation s’est toutefois améliorée à untel point que, lorsque l’ex-président américainBill Clinton a visité la ville en avril 2011, il a faitl’éloge des avancées spectaculaires que le gou-vernement régional avait faites dans ce domai-ne.

La gestion des déchets reste un problème,mais les autorités ont activement mis en œuvreune nouvelle stratégie chapeautée par son servi-ce spécialisé en la matière, récemment rebaptiséLAWMA (Lagos Waste Management Authority). LAWMA a lancé un nouveau programmedénommé Waste-to-Wealth (« faire des déchetsune richesse »), les déchets ne sont plus unique-ment traités comme des problèmes, maiscomme des actifs potentiels. Désormais, environ10 % des déchets de la ville sont convertis àd’autres usages : des installations de recyclagetransforment ainsi quotidiennement 30 tonnesde déchets de plastique et de nylon en sac decourses, entre autres ; une usine de traitementrecycle 10 tonnes de papier par jour.

Le programme n’en est qu’à ses balbutie-ments : le gouvernement régional espère fairepasser le taux de conversion à 35 % d’ici 2015. Ila récemment annoncé qu’il ouvrirait 1000banques de recyclage dans la ville. Pour traiterce que les résidents laisseront dans ces parcs àconteneurs, il construira avec le soutien de laClinton Climate Initiative une nouvelle usine derecyclage qui, lorsqu’elle sera terminée, sera àmême de recycler ou de composter 300 000tonnes de déchets solides par an.

En s’attaquant agressivement aux déchets,Lagos est devenue non seulement une ville où ilfait meilleur vivre, mais également une ville plusdurable.

Quelques autres villes en bref :Le Cap : Le Cap a lancé une série d’initiatives etde plans visant à réduire sa production dedéchets : dans le cadre d’un projet pilote encours dans certaines banlieues, par exemple, lesrésidents doivent séparer les déchets desmatières recyclables avant leur collecte ; ontrouve également un site web nommé Integra-ted Waste Exchange qui permet aux entreprises

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complet destiné à améliorer tous les aspects dela vie en ville, de la sécurité à l’accessibilité enpassant par la culture ou encore la durabilitéenvironnementale.

Un vaste éventail d’objectifs a été défini encollaboration avec les citoyens, les organisationsnon gouvernementales et d’autres acteurs de lasociété civile ; parmi ces objectifs, citons lavolonté de faire de Durban une ville zéro-déchetd’ici 20 ans et neutre en carbone d’ici 2050. Ima-gine Durban a créé des boîtes à outils permet-tant de conseiller les entreprises et les particu-liers sur la manière de réduire leur empreintecarbone ; le programme a également mis enligne une page Facebook visant à toucher unmaximum de résidents locaux. L’initiative estgérée en collaboration avec Sustainable Cities,une organisation non gouvernementale cana-dienne, et avec PLUS Network, un réseau réunis-sant 35 villes des États-Unis, du Canada, d’Amé-rique du Sud et du reste du monde désireuses demettre en commun leurs expériences en matiè-re de planification du développement durable.

Quelques autres villes en bref :Accra : Dans le cadre de la participation duGhana à la Convention-cadre des Nations Uniessur les changements climatiques, l’agence natio-nale de protection de l’environnement prépareun inventaire national des gaz à effet de serrequi identifiera les émissions produites par les dif-férentes sources de ces gaz entre 1990 et 2006.Les travaux ont commencé en 2008 et la publi-cation du rapport est attendue pour fin 2011.Les résultats de l’étude serviront à mettre aupoint une stratégie nationale d’atténuation duchangement climatique.Luanda : En juillet 2007, le ministère angolaisde l’environnement a commencé à mettre surpied une base de données nationale de l’envi-ronnement, dans le cadre d’un projet financé parla Banque africaine de développement ; les tra-vaux sont encore en cours.Maputo : En 2011, le service Environnement duconseil municipal de Maputo a lancé une cam-pagne visant à sensibiliser les étudiants à l’im-portance de la protection de l’environnement.Selon le directeur du service en question, desreprésentants se sont rendus dans la plupart desécoles de la ville et ont souligné à quel point ilétait important de planter des arbres et de gar-der les plages propres.Nairobi : Grâce à une série d’initiatives techno-logiques, Nairobi surveille maintenant l’état deson environnement. Un portail de données enligne annoncé en juillet 2011 par le gouverne-ment permettra aux Kényans d’identifier lesdépenses en eau et en énergie et de surveillerl’état des barrages hydroélectriques qui fournis-sent à la ville la majeure partie de son énergie.

de mettre un terme au déversement des déchetsdans la mer.Durban : En 2000, le service de distributiond’eau de la ville a entrepris un programme desensibilisation aux déchets visant à réduire lesdégâts que la population occasionne au réseaud’égouts. La campagne, qui comprend desboîtes à outils, des spectacles itinérants et desreprésentations de théâtre de rue, semble avoirun impact positif, les obstructions d’égoutss’étant considérablement raréfiées. Le servicede gestion des eaux de Durban a également étéinvité à mettre au point une boîte à outils quisera utilisée dans les zones urbaines du Kenya etpeut-être ailleurs sur le continent.

Politique environnementale :Imaginer une Durban plus durableDurban, qui, grâce à son important service degestion environnementale, se trouve déjà dansla tête du classement de l’Index en matière depolitiques environnementales, s’illustre égale-ment par ses relations avec la société civile et parsa volonté d’impliquer les citoyens dans la défini-tion d’une stratégie à long terme pour la ville. Àcette fin, la ville a lancé une initiative de planifi-cation unifiée à long terme dénommée ImagineDurban. Imagine Durban est un programme très

des cinq années à venir, sera l’amélioration desservices d’assainissement de Maputo. La ville esten train de mettre au point une stratégie munici-pale d’assainissement au travers de consulta-tions avec des donateurs et des organisationsnon gouvernementales. Bien que les stratégieset les plans aient proliféré au niveau national, lamise en place d’une stratégie municipale d’assai-nissement est une première étape nécessaire àla création de synergies entre les dirigeants, lescommunautés et les ONG.

Quelques autres villes en bref :Le Caire : L’Aga Khan Trust for Culture a instauréun programme visant à réhabiliter les installa-tions de traitement d’eau et d’assainissement duquartier de Darb al-Ahmar du Vieux Caire. Leréseau d’égouts, qui ne desservait précédem-ment pas toutes les maisons, a été étendu et sescanalisations en plomb ont été remplacées. Casablanca : Lydec, la société privée chargéepar la ville de gérer les services d’approvisionne-ment en eau et d’assainissement, a rénové leréseau de distribution d’eau de Casablanca et apermis à plusieurs quartiers de bénéficier d’unmeilleur accès à l’eau potable. Elle s’est égale-ment lancée dans un programme d’améliorationdu réseau de collecte des eaux usées et prévoit

tion d’une stratégie visant à améliorer l’assainis-sement d’Accra d’ici 2030 ; cette stratégie pré-voit l’augmentation du taux d’accès à un systè-me d’assainissement acceptable et soulignel’importance que revêt l’amélioration de la coor-dination entre les différentes assemblées muni-cipales du Grand Accra. Alexandrie : Dans le cadre d’un projet derecherche majeur nommé SWITCH Urban Water,financé par la Commission européenne, ungroupe de travail a procédé à une évaluation desbesoins en eau d’Alexandrie jusqu’en 2037 et aexaminé les options devant permettre d’yrépondre. Ce projet vise à réduire les pompagesdu Nil de 20 %. Les chercheurs ont étudié unesérie de possibilités de mieux gérer les besoinsen eau de la ville, notamment la rationalisationde l’utilisation de l’eau et la mise à niveau desstations d’épuration. Dar es Salam : Ces dix dernières années, ONU-Habitat a lancé plusieurs initiatives à Dar esSalam, y compris un programme d’identificationet de protection des sources d’eau auxquelles laville a recours et une campagne d’éducation quiapprend aux habitants de la capitale l’intérêtd’économiser l’eau. Maputo : L’une des priorités du plan PROMAPU-TO, financé par la Banque mondiale, au cours

Durban : Pour favoriser le recyclage et créer del’emploi local, les autorités de Durban ont autori-sé les récupérateurs de déchets informels à cher-cher les objets qu’ils estiment être de valeurdans la décharge de Bisasar Road, puis à lesrevendre dans divers centres gérés à la fois pardes sociétés de recyclage privées et par la ville.

Eau et assainissement : Lesagences internationales investis-sent dans les villes africainesL’approvisionnement des foyers urbains en eaupropre et en services d’assainissement est l’undes plus grands défis du continent. Bon nombredes villes de l’Index reçoivent l’aide d’agencesextérieures pour investir dans des plans et despolitiques à long terme. Voici quelques extraitsde certains de ces programmes :Accra : En 2006, la Commission européenne apiloté une initiative de planification stratégiqueen matière de gestion des eaux urbaines. Ce pro-jet, qui impliquait plusieurs partenaires, a culmi-né en un document de stratégie et de planifica-tion publié en avril 2011, dans lequel a été fixécomme objectif pour la ville un taux d’accès de100 % à un réseau d’approvisionnement en eausans interruption d’ici 2030. La Commissioneuropéenne a également contribué à la défini-

et au public d’échanger des déchets potentielle-ment utiles ; et la ville a publié un Manuel pourvivre intelligemment, très détaillé, qui encoura-ge les résidents à réduire, réutiliser et recyclerleurs déchets à la maison.Maputo : En 2007, Maputo a lancé un projetpilote de gestion des déchets dans les loge-ments informels sans routes pavées. La ville asous-traité la collecte des déchets à des micro-entreprises qui vont de porte à porte à pied, avecdes sacs plastiques. En décembre 2010, le pro-gramme a, selon les dirigeants, été étendu à lamajorité des quartiers informels. Alexandrie : En août 2011, le gouvernementnational a, en partenariat avec des investisseurscoréens, ouvert une nouvelle usine de traite-ment des déchets chimiques à Alexandrie. Cetteusine est la première en son genre dans la régionet traite principalement les déchets au mercure,que l’on retrouve dans les lampes fluorescentes.Le gouvernement avait lancé l’idée en 2007dans le but de combattre le problème que posaitla mauvaise gestion de l’élimination du mercure,un élément nuisible aux plantes et à la vie aqua-tique. Selon les autorités nationales, l’Égypteproduit chaque année 40 millions d’ampoulesfluorescentes, dont 8 millions sont jetées avecles déchets ordinaires.

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L’Index des villes vertes en Afrique mesure lesperformances environnementales de 15

grandes villes africaines et leur engagement àréduire leur incidence sur l’environnement. Lasélection des villes se veut représentative desgrands pays d’Afrique et inclut des capitales etde grands centres d’affaires choisis pour leurtaille, leur superficie et la disponibilité des don-nées les concernant. Lorsqu’un manque de don-nées significatif concernant une ville a étéconstaté, celle-ci a été exclue du classement,comme cela a par exemple été le cas pour Alger.

L’Economist Intelligence Unit (EIU) a mis laméthodologie au point en collaboration avec Sie-mens. La sélection des indicateurs a été commen-tée par un panel indépendant d’experts interna-tionaux dans le domaine de la durabilité urbaine.La méthodologie s’appuie sur les travaux réalisésdans le cadre des Index des villes vertes précé-dents (Europe, Allemagne, Amérique latine,États-Unis et Canada) et tente de respecter au

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MéthodologieIndex des villes vertes en Afrique

mieux la structure de ceux-ci ; néanmoins, pourque cette méthodologie puisse s’appliquer àl’Afrique, l’EIU a dû l’adapter afin de tenir comptedes variations en termes de qualité et de disponi-bilité des données ainsi que des défis environne-mentaux auxquels est confronté le continent.

L’Index évalue les villes dans huit catégories(énergie et CO2, utilisation des sols, transports,déchets, eau, assainissement, qualité de l’air etpolitiques environnementales) et se composede 25 indicateurs. Douze de ces indicateurs fontappel à des données quantitatives et mesurentles performances actuelles des villes, parexemple la quantité de CO2 que génère leurconsommation d’électricité, le pourcentage deleur population vivant dans des logements infor-mels, la quantité de déchets produits ou encorele taux d’accès à l’assainissement. Les treize indi-cateurs restants évaluent de manière qualitativeles politiques, règlements et ambitions dechaque ville, par exemple leur engagement à

réduire l’incidence environnementale de leurconsommation d’énergie, à développer lesespaces verts et les aires protégées, à réduire lesembouteillages ou encore à recycler les déchets.

Collecte des donnéesUne équipe de contributeurs à l’EIU a recueilli lesdonnées entre avril 2010 et mai 2011. Dans lamesure du possible, les informations ont ététirées de sources officielles disponibles publi-quement : offices nationaux ou régionaux desstatistiques, autorités municipales, entreprisesde services collectifs locales, bureaux munici-paux et régionaux de l’environnement et minis-tères de l’environnement. Les données concer-nent généralement les années 2009-2010 ou, àdéfaut, les années précédentes.

Qualité des donnéesL’EIU a tout mis en œuvre pour obtenir leschiffres les plus récents et les plus comparables.

En cas d’incertitude concernant certains points,elle a directement contacté les fournisseurs desdonnées. Malgré tous ces efforts, l’EIU ne peutexclure la possibilité d’avoir omis une source dedonnées publiques fiables ou des chiffres plusrécents.

Il faut malheureusement noter que, par rap-port aux autres Index des villes vertes, la dispo-nibilité et le caractère comparable des donnéesconcernant les villes africaines se sont avérésnettement plus limités. À titre d’exemple, dans lacatégorie Qualité de l’air, il a été impossible detrouver pour les 15 villes suffisamment de don-nées concernant les concentrations en polluantsatmosphériques tels que le dioxyde de soufre oud’azote ; cet indicateur n’a donc pas pu être inté-gré à la catégorie en question.

Les chiffres relatifs à l’accès à l’électricité, àl’eau potable et à l’assainissement sont principa-lement extraits du rapport L’état des villes afri-caines 2010 d’ONU-Habitat. Cette source n’in-

cluant pas les données de toutes les villes de l’In-dex, l’EIU a fait appel à d’autres sources fiables etvérifiables (celles-ci sont citées dans les tableauxde données illustrant les portraits des villes).ONU-Habitat a, selon ses propres dires, tentéd’inclure dans une certaine mesure les taux « d’accès » des quartiers informels, mais ceux-cine restent que de simples estimations extrapo-lées à partir d’échantillonnages. L’EIU n’est pasparvenue à déterminer si les autres sourcespubliques ont essayé d’inclure les logementsinformels dans leurs statistiques. Au final, l’EIU adécidé qu’un index environnemental des villesd’Afrique se devait de contenir les meilleuresdonnées disponibles, même s’il s’avérait impos-sible de déterminer avec exactitude ou demanière uniforme quelle définition chaquesource donnait au terme « accès » ou dans quellemesure elle incluait les logements informels. Ilfaut en effet savoir qu’en Afrique, la définitionde l’accès n’implique pas nécessairement un

accès pratique ou de qualité, et certainementpas un raccordement par canalisation danschaque foyer. L’EIU souligne cette réalité dans lesportraits des villes.

L’EIU a par ailleurs découvert que chaque villeaccorde sa propre définition à certains points dedonnées. Cela s’applique en particulier à la défi-nition des espaces verts, des populations vivantdans des logements informels ou des fuitesd’eau. Dans tous les cas, l’équipe de chercheurs atenté de normaliser au maximum la définitionemployée pour les indicateurs ; l’EIU ne peut tou-tefois exclure que certaines différences aientpersisté au sein des données utilisées.

Dans certains cas où les données se sont avé-rées manquantes, l’EIU a employé des tech-niques théoriques solides pour calculer des esti-mations. Pour l’indicateur relatif aux émissionsde CO2, par exemple, elle a eu recours aux coef-ficients internationaux fournis par le Grouped’experts intergouvernemental sur l’évolution

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du climat (GIEC) afin d’estimer la quantité deCO2 générée par la consommation électrique decertaines villes. En règle générale, l’EIU a utiliséle mélange de production d’électricité national(tel qu’enregistré par l’Agence internationale del’énergie) pour estimer celui des villes.

Attribution des notesPour mettre en balance les différentes villes del’Index et leur attribuer des notes globales pourchaque point de données, il a fallu rendre com-parables les données des différentes sources. À cet effet, les indicateurs quantitatifs ont été « normalisés » sur une échelle de zéro à dix, où lameilleure ville obtient dix points et la pire zéro.Pour la plupart des indicateurs, les villes ont étéévaluées selon un calcul de type « minimum-maximum », où la meilleure ville obtient dixpoints et la pire zéro. Dans certains cas, des pla-fonds ou des planchers raisonnables ont étéintroduits afin d’éviter que quelques casdéviants (« aberrations ») ne faussent la distribu-tion des scores ; les villes ont alors été évaluéesen fonction d’un indice de référence supérieur,inférieur ou des deux. À titre d’exemple, l’EIU aintroduit un plafond de 10 000 habitants parkm² dans l’indicateur « Densité de population »afin d’éviter que Le Caire (dont le cas est consi-

dérablement aberrant) ne fausse la distributiondes résultats.

Les notes dans les indicateurs qualitatifs ontquant à elles été attribuées par des analystes del’EIU spécialistes de chaque ville, en fonction decritères objectifs prenant en compte les objec-tifs, les stratégies et les actions concrètes desvilles en question. Ces notes ont elles aussi étéaccordées sur une échelle de zéro à dix, les villesrépondant à tous les critères de la liste obtenantdix points. Pour l’indicateur « Politique d’amélio-ration de la qualité de l’air », par exemple, lesvilles ont été notées en fonction de la présenceou de l’absence d’un code ou d’une politiquevisant à préserver ou à améliorer la qualité del’air ambiant et de la mesure dans laquelle cecode ou cette politique est appliqué.

Composition de l’IndexL’Index se compose de la somme des scoresobtenus par chaque ville dans les indicateurssous-jacents. Un premier total est effectué parcatégorie, ce qui donne un résultat par domaine(par exemple Énergie et CO2), puis un second,global, basé sur la somme des scores par catégo-rie. Pour calculer les scores par catégorie, l’EIU aaccordé à chaque indicateur une pondérationidentique puis en a fait la somme. Les scores par

catégorie ont ensuite été ramenés sur uneéchelle de 0 à 100. Pour calculer les scores glo-baux de l’Index, l’EIU a attribué à chaque scorepar catégorie une pondération identique ; aucu-ne catégorie n’a donc plus d’importance que lesautres. L’Index représente donc la somme detous les scores par catégorie ramenée sur uneéchelle de 0 à 100. Cette pondération à l’iden-tique résulte des commentaires émis par lepanel d’experts.

En raison d’inquiétudes concernant la dispo-nibilité et la qualité des données, qui risquaientde ne pas permettre d’établir un classementdétaillé, les résultats de l’Index des villes vertesen Afrique sont présentés en cinq catégories deperformances. Les villes ont été réparties dansles cinq groupes en fonction de leurs scoressous-jacents. Les groupes ont été composés enfonction de la note moyenne et de l’écart-type,un terme statistique qui désigne la mesure danslaquelle environ 68 % des valeurs diffèrent de lamoyenne. Les groupes sont les suivants :

Bien au-dessus de la moyenne : villes obte-nant un score supérieur à 1,5 fois l’écart-type au-dessus de la moyenneAu-dessus de la moyenne : villes obtenant unscore compris entre 0,5 et 1,5 fois l’écart-typeau-dessus de la moyenneDans la moyenne : villes obtenant un scorecompris entre 0,5 fois l’écart-type en dessous et0,5 fois l’écart-type au-dessus de la moyenneEn dessous de la moyenne : villes obtenantun score compris entre 0,5 et 1,5 fois l’écart-typeen dessous de la moyenneBien en dessous de la moyenne : villes obte-nant un score supérieur à 1,5 fois l’écart-type endessous de la moyenne

RegroupementsAfin d’analyser de manière plus approfondie lestendances auxquelles souscrivent les 15 villes del’Index, celles-ci ont été regroupées en fonctionde leur population, de leur superficie et de leurdensité de population. Les regroupementseffectués sont les suivants :➔ Population : « faible population », moins de 3millions d’habitants ; « population moyenne »,entre 3 et 5 millions d’habitants ; « forte popula-tion », plus de 5 millions d’habitants.➔ Superficie : « faible superficie », superficieadministrative inférieure à 500 km² ; « superficiemoyenne », superficie administrative compriseentre 500 et 2000 km² ; « grande superficie »,superficie administrative supérieure à 2000 km².➔ Densité de population : « faible densité »,inférieure à 2000 habitants par km² ; « densitémoyenne », comprise entre 2000 et 5000 habi-tants par km² ; « forte densité », supérieure à5000 habitants par km².

28 29

Liste des catégories et des indicateurs utilisés dans l’Index des villes vertes en Afrique et pondération de ceux-ci

* Les villes obtiennent la note maximale si elles atteignent ou dépassent l’indice de référence supérieur et zéro point si elles atteignent ou passent sous l’indice de référence inférieur.

IndicateurAccès à l’électricité

Consommation électriquepar habitant

Émissions de CO2 généréespar la consommation électrique par habitant

Politique en faveur de l’uti-lisation d’énergies propres

Densité de population

Population vivant dans des logements informels

Espaces verts par habitant

Politique d’utilisationdes sols

Réseau de transport public

Politique en matière detransport en commun urbain

Politique de réduction desembouteillages

Déchets générés parhabitant

Politique de collecte etd’élimination des déchets

Politique de recyclage et deréutilisation des déchets

Accès à l’eau potable

Consommation d’eaupar habitant

Fuites du réseau dedistribution d’eau

Politique d’améliorationde la qualité de l’eau

Politique de gestiondurable de l’eau

Pourcentage de la populationayant accès à l’assainissement

Politique d’assainissement

Politique d’améliorationde la qualité de l’air

Gestion environnementale

Surveillance environne-mentale

Participation citoyenne

DescriptionPourcentage de ménages ayant accès à l’électricité.

Consommation électrique totale en GJ par habitant(1 GJ = 277,8 kWh).

Émissions de CO2 en kg par habitant.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue de réduireses émissions de carbone liées à la consommation d’énergie.

Densité de population en habitants par km².

Pourcentage de la population vivant dans des logements informels.

Somme de la superficie de tous les parcs publics, aires de loisirs,voies vertes, cours d’eau et autres zones protégées accessibles au public, en mètres carrés par habitant.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue deminimiser l’incidence environnementale et écologique de son développement urbain.

Se compose de deux sous-indicateurs possédant la même pondéra-tion : 1) Longueur du réseau de transport public dédié (autobus ex-press, tram, métro léger et métro) en km par km² de superficie de laville. 2) Longueur du réseau de transport en commun (voies dédiéesaux bus publics et privés) en km par km² de superficie de la ville.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue de créerun système de transport en commun viable en tant qu’alternativeaux véhicules privés.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue de réduireles embouteillages.

Volume annuel total de déchets généré par la ville, y comprisles déchets non officiellement collectés et éliminés, en kg par habitant et par an.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue d’améliorerou d’entretenir son système de collecte et d’élimination des déchetset de minimiser l’incidence environnementale de ces derniers.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue de réduire,recycler et réutiliser ses déchets.

Pourcentage de la population ayant accès à l’eau potable.

Consommation d’eau totale en litres par habitant et par jour.

Quantité d’eau perdue lors de l’acheminement entre le fournisseuret l’utilisateur final, à l’exclusion de l’eau obtenue illégalement etdes fuites sur site, exprimée en pourcentage par rapport à laquantité totale fournie.

Évaluation des politiques mises en place par une ville en vued’améliorer la qualité de ses eaux de surface.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue de gérerefficacement ses ressources en eau.

Pourcentage de la population totale bénéficiant d’un accès directau réseau d’égouts ou d’un accès à des sources sur site.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue deréduire la pollution liée à un assainissement insuffisant.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue deréduire la pollution atmosphérique.

Évaluation de l’ampleur des mesures de gestion environnementalemises en œuvre par la ville.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vue desurveiller ses performances environnementales.

Évaluation des efforts mis en œuvre par une ville en vued’impliquer les citoyens dans les décisions liées à l’environnement.

Normalisation techniqueMin-max.

Zéro-max.

Zéro-max.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Zéro-max ; plafond de 10 000 habitantspar km² introduit afin d’éviter les valeurs aberrantes.

Zéro-max.

Zéro-max ; plafond de 150 m² par habitantintroduit afin d’éviter les valeurs aberrantes.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

1) Pour le réseau de transport public dédié :zéro-max ; plafond de 0,2 km / km² introduitafin d’éviter les valeurs aberrantes.2) Pour le réseau de transport en commun :zéro-max.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Zéro-max.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Min-max.

Min-max ; les villes qui consomment entre50 et 100 l / habitant / jour obtiennent lanote maximale ; les villes qui consommentmoins de 20 l / habitant / jour obtiennentzéro point car leur consommation estinférieure minimum vital défini par l’ONU.

Zéro-max.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Min-max.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Noté par les analystes de l’EIU sur uneéchelle de 0 à 10.

Pondération25 %

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25 %

25 %

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25 %

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33 %

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20 %

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20 %

50 %

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100 %

33 %

33 %

33 %

TypeQuantitatif

Quantitatif

Quantitatif

Qualitatif

Quantitatif

Quantitatif

Quantitatif

Qualitatif

Quantitatif

Qualitatif

Qualitatif

Quantitatif

Qualitatif

Qualitatif

Quantitatif

Quantitatif

Quantitatif

Qualitatif

Qualitatif

Quantitatif

Qualitatif

Qualitatif

Qualitatif

Qualitatif

Qualitatif

Catégorie Énergie et CO2

Utilisationdes sols

Transports

Déchets

Eau

Assainisse-ment

Qualité de l’air

Politiqueenvironne-mentale

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30 31

Casablanca_Maroc

Indicateurs contextuelsPopulation totale (millions) 1 3.4

Superficie administrative (km²) 1 1000

Densité de population (habitants / km²) 3300

modèle délibéré. Malheureusement, le GrandCasablanca, qui se composait auparavant de 27municipalités différentes, est moins bien organi-sé et l’on note une grande disparité de niveau devie entre les différentes parties de la ville. Casa-blanca possède le plus faible pourcentage depopulation vivant dans des logements informelsde tout l’Index, ses 15 % estimés étant considé-rablement inférieurs à la moyenne, qui s’élève à38 %. Les politiques en matière d’utilisation dessols sont également solides, en particulier cellesqui concernent la protection des espaces verts(les autorités municipales mettant tout enœuvre pour intégrer plus de verdure aux zonesurbaines). Selon les estimations, la régionmétropolitaine de Casablanca compte 55 m²d’espaces verts par personne, contre 74 m² enmoyenne dans les villes de l’Index ; de manièregénérale, la ville manque donc de verdure, maisil convient de noter la présence du parc de la

source de nourriture à la ville. Le projet a bénéfi-cié du soutien financier du ministère allemandde l’éducation et de la recherche. Un nouveaustade de football est également en construction.Ce projet de 80 000 places, très médiatisé par laville, prévoit la création d’espaces verts, nou-veau cheval de bataille des services de planifica-tion urbaine casablancais.

Transports : Dans la moyenneLe réseau de transport public de Casablancamesure 1,4 km par km², ce qui est inférieur à lamoyenne de l’Index (2,7 km). Les liaisons seconcentrent dans le centre-ville et le nombred’interconnexion avec les régions périphériquesest faible, ce qui signifie que les navetteurs pro-venant des banlieues doivent souvent effectuerdes trajets à la fois longs et compliqués. Entermes de politiques, la ville n’a fait que peu d’ef-forts pour réduire les embouteillages et n’a

Index des villes vertes en Afrique

Casablanca est le principal port et la plusgrande ville du Maroc, sa région métropoli-

taine comptant 3,4 millions d’habitants. Situéesur l’océan Atlantique, la ville résulte de l’agglo-mération de plusieurs centres urbains et possè-de une forte présence industrielle : quatrièmeport d’Afrique, elle voit transiter chaque annéeplus de 500 000 conteneurs. En tout, elle est res-ponsable de 60 % du commerce du Maroc ethéberge 40 % de sa main-d’œuvre. Casablancadépend fortement des concessionnaires privéspour la fourniture des services de base tels quel’électricité, l’eau et l’assainissement ; la privati-sation a entraîné une série d’investissementsdans les infrastructures publiques au cours desdernières années. Dans l’ensemble, cet arrange-ment fonctionne bien, ce que reflètent les per-

1) Grand Casablanca

bien en dessous de la moyenne

en dessousde la

moyenne

dans lamoyenne

au-dessusde la

moyenne

bien au-dessus de

la moyenne

Performances

Énergie et CO2

Utilisation des sols

Transports

Déchets

Eau

Assainissement

Qualité de l’air

Politique environnementale

Résultats globaux

Casablanca Autres villes

L’ordre des points au sein des groupes de performances n’indique en rien les résultats de la ville.

formances de la ville dans l’Index. En pratique,ce sont les concessionnaires et non la ville elle-même qui sont responsables de bon nombre desinitiatives vertes décrites dans ce portrait. L’undes inconvénients de cette politique est que lesautorités municipales ne disposent d’aucuncontrôle direct sur la situation, ce qui signifiequ’elle n’a pas toujours le moyen d’agir rapide-ment lorsque les choses tournent mal.

Casablanca termine globalement au-dessusde la moyenne de l’Index, mais également danscinq catégories : énergie et CO2, utilisation dessols, eau, assainissement et qualité de l’air ; ellene chute sous la moyenne dans aucune catégo-rie. Par rapport aux 14 autres villes de l’Index, sesforces résident dans ses taux d’accès à l’électrici-té, l’eau potable et l’assainissement relativement

élevés et dans son nombre relativement faibled’habitants vivant dans des logements infor-mels. Ses politiques dans ces domaines sontaussi comparativement solides. Les principauxdéfis auxquels elle est confrontée sont la néces-sité de rendre la collecte et l’élimination desdéchets plus cohérente d’un quartier à l’autre etcelle d’améliorer sa surveillance globale de l’en-vironnement. Il est permis d’espérer que les sou-lèvements qui ont (eu) lieu au Proche-Orient eten Afrique du Nord, qui ont justement pour prin-cipal objet les services et les conditions de viedes populations, contribueront à accélérer lerythme des améliorations.

Énergie et CO2 : Au-dessus de lamoyenneOn estime que 99 % des logements de Casablan-ca ont accès à l’électricité, ce qui constitue l’undes pourcentages les plus élevés de l’Index et unrésultat supérieur à la moyenne de celui-ci, quis’établit à 84 %. Les services d’électricité, de dis-tribution d’eau et d’assainissement sont assuréspar Lydec, un consortium du secteur privé. Bienque Lydec a amélioré le réseau électrique de laville depuis son entrée en activité en 1997 (voir « Initiatives vertes » ci-dessous), d’aucuns seplaignent des tarifs, jugés trop élevés. Laconsommation électrique reste relativementfaible : 5,0 gigajoules par habitant, à compareraux 6,4 gigajoules de moyenne pour l’Index. Lesémissions de CO2 provenant de la consomma-tion électrique sont elles aussi inférieures à lamoyenne, les estimations les plaçant à 405 kgpar habitant contre 984 kg pour la moyenne del’Index. Si l’on met de côté les quatre villesd’Afrique du Sud, qui font considérablementgrimper la moyenne, on se rend toutefois comp-te que Casablanca possède l’un des plus grosvolumes d’émissions de CO2 de l’Index. Il faut eneffet savoir que plus de la moitié de l’électricitéconsommée par la ville est produite au moyendu charbon et que seuls 8 % de celle-ci provientde sources renouvelables.

Initiatives vertes : Lydec, qui est en activité àCasablanca depuis 1997, a rénové le réseauélectrique de la ville et l’a étendu jusqu’à deszones qui n’y avaient précédemment pas accès.Selon la société, l’amélioration de la surveillancedu réseau a réduit le nombre de coupures ainsique le temps moyen nécessaire à rétablir le cou-rant lorsqu’elles se produisent, qui est passé de33 à 10 minutes.

Utilisation des sols : Au-dessus dela moyenneHistoriquement, Casablanca a toujours été bienplanifiée et sa croissance au cours de 50 der-nières années a, dans l’ensemble, suivi un

Ligue arabe. Planté en centre-ville en 1918, ilhéberge palmiers et terrasses de café. La créa-tion d’un autre grand parc est en discussion,mais celui-ci doit encore se matérialiser.

Initiatives vertes : le gouvernement a adoptéune stratégie de développement qui vise d’ici2030 à réhabiliter le centre-ville, à rééquilibrerles niveaux de vie des régions orientales et occi-dentales du Grand Casablanca et à améliorer lesconditions de vie dans les logements informels,notamment en y installant de nouveaux parcs.Ces deux dernières années, les dirigeants ontlancé dans la région métropolitaine des pro-grammes pilotes visant à tester la viabilité de « l’agriculture urbaine », qui intègre les espacesverts aux centres urbains et fournit une nouvelle

prévu aucune voie de circulation réservée auxbus afin d’encourager le public à prendre lestransports en commun. La ville est toutefois entrain de construire sa première ligne de tram(voir « Initiatives vertes » ci-dessous).

Initiatives vertes : La première ligne de tramde Casablanca fera 30 km, comptera près de 50arrêts et reliera Sidi Moumen à l’est à Hay Hassa-ni et le Quartier des Facultés à l’ouest en passantpar le centre historique. D’après le gouverne-ment, cette ligne transportera chaque jour250 000 passagers et devrait ouvrir endécembre 2012. À terme, il est prévu deconstruire une deuxième ligne de 150 km ainsiqu’une ligne de train de banlieue afin de relierMohammédia au nord du Grand Casablanca à

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Indicateurs quantitatifs

Catégorie Indicateur Moyenne

ÉNERGIE et CO2 Pourcentage de ménages ayant accès à l’électricité (%) 84,2

Consommation électrique par habitant (GJ / habitant) 6,4

Émissions de CO2 générées par la consommation électrique 983,9 par habitant (kg / habitant)

UTILISATION Densité de population (habitants par km²) 4578,1

DES SOLS

Population vivant dans des logements informels (%) 38,0

Espaces verts par habitant (m² / habitant) 73,6

TRANSPORTS Longueur du réseau de transport en commun (km / km²) 2,7

Longueur du réseau de transport public dédié (km / km²) 0,07

DÉCHETS Déchets générés par habitant (kg / habitant / an) 407,8

EAU Pourcentage de la population ayant accès à l’eau potable (%) 91,2

Consommation d’eau par habitant (litres / habitant / jour) 187,2

Fuites du réseau de distribution d’eau (%) 30,5

ASSAINISSEMENT Pourcentage de la population ayant accès à l’assainissement (%) 84,1

(contre 30 % en moyenne pour l’Index) mais destravaux d’amélioration sont en cours (voir « Ini-tiatives vertes » ci-dessous). Les politiques misesen œuvre dans ce domaine sont aussi relative-ment solides : Casablanca est l’une des seulesvilles de l’Index à disposer d’un code visant àréduire la pression exercée sur ses ressources eneau et à les consommer plus efficacement. Ellepossède également des normes de qualité del’eau, ce qui est relativement rare parmi les villesétudiées.

Initiatives vertes : Lydec a rénové le réseau dedistribution d’eau de Casablanca et a permis àplusieurs quartiers de bénéficier d’un meilleuraccès à l’eau potable. La société a égalementréhabilité la conduite de Merchich qui assurel’approvisionnement de Mohammed V, le princi-

usines du pays, établies à Mohammédia, dans leGrand Casablanca, ont en effet fréquemmenttendance à déverser leurs déchets et leurs eauxusées directement dans la mer, un problèmeque Lydec tente actuellement de résoudre (voir « Initiatives vertes » ci-dessous) ; par ailleurs, l’in-capacité à drainer efficacement les eaux de pluiedurant les périodes de fortes précipitationscontinue à constituer un handicap pour la ville.

Initiatives vertes : Lydec s’est lancée dans unprogramme destiné à améliorer le réseau de col-lecte des eaux usées, à mettre un terme auxdéversement de déchets dans la mer à Moham-média et à transférer les eaux usées de Bouskou-ra Ouled Saleh vers une station d’épuration. Ceprogramme prévoit la réhabilitation et l’exten-sion du réseau d’égouts et des installations de

Initiatives vertes : En 2009, après des annéesde reports et de négociations, le gouvernementnational a terminé la conversion de la raffinerieSamir, à Mohammédia : celle-ci utilise désormaisdu diesel à faible teneur en soufre et fabriquedonc des produits pétroliers conformes auxnormes internationales. Cette conversion a per-mis de faire passer la teneur en soufre du pétrolenational de près de 10 000 parties par million(ppm) à 50 ppm à peine. En outre, jusqu’il y adeux ans, les véhicules circulant à Casablancan’étaient soumis à aucun contrôle technique etrien n’empêchait donc les automobilistes deconduire des voitures fortement polluantes.Depuis lors, la ville a toutefois fait un effortconsidérable pour régler le problème : elle a faitappel à une société privée suisse, qui est désor-mais chargée de procéder aux inspections, et amis sur pied une base de données informatiséequi interdit aux véhicules hautement polluantsde circuler sur les routes.

Politique environnementale : Dansla moyenneCasablanca affiche des performances relative-ment satisfaisantes en matière de gestion envi-ronnementale et possède même un service spé-cialement chargé des questions liées à celle-ci.Malheureusement, la ville n’a récemmentpublié qu’un nombre assez faible de donnéesconcernant ses performances et ses progrèsdans le domaine, et elle pourrait faire plus pourimpliquer les citoyens dans les affaires environ-nementales. Comme indiqué précédemment,un certain nombre de politiques environne-mentales (électricité, eau et gestion desdéchets) sont gérées via des partenariats

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étant partagées entre trois prestataires privésqui déversent les déchets sur un seul et mêmesite. Casablanca s’en sort mieux pour ce qui estde la collecte et de l’élimination des déchets spé-ciaux car elle dispose d’installations spécifique-ment dédiées aux déchets médicaux, chimiqueset de construction. La ville est toutefois pénali-sée pour son manque de points de collecte sursite des matériaux recyclables et pour le faiblenombre de produits acceptés.

Eau : Au-dessus de la moyenneBien que, d’après les estimations, tous les rési-dents de Casablanca aient accès à l’eau potable,leur consommation, à 89 litres par habitant etpar jour, ne représente que la moitié de lamoyenne de l’Index (187 litres). L’efficacité duréseau de distribution d’eau de la ville, géré parLydec, se situe à peu près dans la moyenne : lesfuites sont estimées à 28 % du volume émis

pal aéroport de la ville. Elle est enfin en traind’installer des compteurs qui permettront deréduire les fuites du réseau en assurant unemeilleure surveillance des volumes d’eauconsommés.

Assainissement : Au-dessus de lamoyenneD’après les estimations, 99 % de la populationont accès à l’assainissement, un chiffre supé-rieur à la moyenne de l’Index (84 %). Les poli-tiques de la ville dans ce domaine sont égale-ment solides : Casablanca dispose d’un coded’assainissement ainsi que de normes minimalesen matière de traitement des eaux usées,normes faisant l’objet d’une surveillance réguliè-re. Lydec est responsable d’une grande partiedes améliorations apportées à la gestion desdéchets ces dernières années. Plusieurs défissubsistent toutefois : certaines des plus grandes

collecte des eaux usées, la rénovation des sta-tions d’épuration des eaux usées et la construc-tion d’un effluent de crue pour le fleuve Oued ElMaleh.

Qualité de l’air : Au-dessus de lamoyenneLes politiques de Casablanca en matière de qua-lité de l’air sont comparativement vigoureuses :la métropole dispose d’un code visant à l’amélio-rer et des contrôles sont régulièrement organi-sés à divers endroits de la ville. Elle mesure éga-lement les concentrations en une large palettede polluants atmosphériques. Ces politiquessont toutefois bien nécessaires, car la qualité del’air de la ville est minée par les embouteillageset par la pollution qu’engendrent les vastes com-plexes industriels installés dans le Grand Casa-blanca, à commencer par la raffinerie de pétroleSamir.

public-privé (PPP) dans le cadre desquels le gou-vernement accorde à une société privée uneconcession lui permettant de gérer les servicescollectifs d’une certaine partie de la ville pen-dant un certain temps. Dans l’ensemble, les PPPse sont révélés être des moyens efficacesd’améliorer les services publics, mais leur incon-vénient est que les politiques ne sont pas néces-sairement cohérentes d’une partie à l’autre de laville ; la stratégie a ses détracteurs parmi lapopulation, en particulier dans le secteur de lagestion des déchets.

Initiatives vertes : Dans le cadre de son man-dat de gestion des systèmes de distributiond’eau et d’énergie et de traitement des eauxusées de Casablanca, Lydec s’est dotée d’unetechnologie informatique de pointe pour facili-ter la supervision des services essentiels de laville. Les réseaux sont surveillés électronique-ment et les données sont transmises à une sallede contrôle connue sous le nom de Bureau cen-tral de conduite multifluides. Pour améliorer lafiabilité de son réseau, Lydec a installé sur celui-ci plus de 300 points de contrôle à distance sur-veillés 24 heures sur 24, qui permettent debénéficier d’un système d’alerte précoce en casde nécessité d’effectuer une maintenance ouune réparation et qui contribue donc à éviter lesfuites et les coupures. Lydec cherche égalementà faire plus pour la collectivité et a de ce faitlancé des « journées de la communication loca-le », a monté une nouvelle division de dévelop-pement des compétences et a organisé descampagnes et des expositions destinées augrand public et plus particulièrement aux éco-liers.

Sauf mention contraire ci-après, toutes les données s’appliquent à Casablanca. * Lorsque les données de plusieurs années ont été utilisées, seule l’année de l’indicateur principal est mentionnée. e = Estimation de l’EIU1) Grand Casablanca. 2) Le mélange de production d’électricité national a été utilisé pour estimer les émissions de CO2 de la ville. 3) Région métropolitaine. 4) Nombre d’itinéraires de bus (56) multiplié par la longueur moyennedes itinéraires de bus des autres villes de l’Index (26 km). 5) Il n’existe aucune ligne de métro, de tram ou de bus express (SRB)

Casablanca Année* Source

99,2 e 2004 ONU-Habitat

5,0 1 2009 Centre d’Études et de Recherches Démographiques

405,3 1, 2e 2006 Lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre

3287,5 2009 Calcul réalisé par l’EIU

14,6 1e 2008 Development Innovations Group Report – Best practices in slum improvement, the case of Casablanca

55,5 3e n/a Ministère de l’agriculture et Ministère des eaux et forêts

1,4 1, 4 2005 ONCF (Office national des chemins de fer marocains)

0,03 1, 5e 2010 ONCF (Office national des chemins de fer marocains)

474,4 e 2009 Estimation de GESI (société privée gérant les décharges de la ville)

100,0 e 2004 ONU-Habitat

89,0 1 2004 Office national de l’eau potable

28,0 e 2005 Banque mondiale

98,9 e 2004 ONU-Habitat

Nouaceur au sud. En outre, le gouvernementmarocain a lancé en 2011 la construction d’uneligne de TGV devant relier Casablanca à Rabat etTanger ; d’une longueur de 350 km et devantêtre opérationnelle en 2015, elle fera passer letemps de trajet entre Casablanca et Tanger decinq à un peu plus de deux heures.

Déchets : Dans la moyenneSelon les estimations, Casablanca génère 474 kgde déchets par habitant, contre 408 kg enmoyenne pour l’Index. Les politiques de recycla-ge de la ville sont relativement peu développéespar rapport à celles des 14 autres villes. Demanière générale, la collecte des déchets s’estaméliorée ces cinq dernières années, mais laqualité du service continue à varier énormé-ment d’un quartier à l’autre, les responsabilités

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34 35

Tunis_Tunisie

Indicateurs contextuelsPopulation totale (millions) 1,0

Superficie administrative (km²) e 200

Densité de population (habitants / km²) 4700

climatique, qu’il s’agisse de l’érosion côtière oude catastrophes naturelles telles que les inonda-tions ou les tempêtes de très forte intensité.

Utilisation des sols : Dans la moyenneTunis obtient une bonne note pour sa densité depopulation relativement élevée, estimée à 4700habitants par km² contre 4600 pour la moyennede l’Index. Celle-ci a toutefois pour corolaire unmanque de verdure caractérisé : selon les esti-mations, la ville ne compte que 15 m² d’espacesverts par personne, ce qui est nettement infé-rieur à la moyenne de l’Index (74 m²). La seuleexception est le parc du Belvédère, 100 hectaresconsidérés comme les « poumons » de la ville.Bon nombre des Tunisois les plus pauvres viventdans les immeubles décrépis du centre-ville,mais ces quartiers bénéficient heureusement del’attention d’une ONG particulièrement active(voir « Initiatives vertes » ci-après).

se sont vus accorder des baux de 25 ans avec option d’achat assortis de mensualitésmodestes. Les bâtiments démolis ont ensuiteété remplacés par des logements neufs. Au tra-vers d’un autre projet réalisé entre 1994 et 2007pour un montant total de 19,5 millions de dol-lars US, l’ASM a procédé à la restructuration desespaces publics de deux avenues qui sont essen-tiellement devenues piétonnes. L’organisation aégalement restauré certains sites et bâtimentshistoriques dont elle avait dressé la liste, parmilesquels le théâtre municipal et le marché cen-tral de Tunis.

Transports : Au-dessus de lamoyennePour se déplacer, les habitants de Tunis ont lechoix entre le bus, le métro léger ou le train debanlieue. Le Métro Léger de Tunis a ouvert sesportes en 1985 et transporte aujourd’hui plus de

Index des villes vertes en Afrique

Tunis est la capitale de la Tunisie. Avec unepopulation d’à peine un million d’habitants,

c’est la plus petite ville de l’Index des villes vertesen Afrique, bien que sa région métropolitaineaccueille environ 2,4 millions de personnes.Après Accra, Tunis est également la plus petiteen termes de superficie administrative : 200 km²d’après les estimations. Par rapport aux autresgrandes villes d’Afrique du Nord, la ville est rela-tivement bien gérée et prospère, une caractéris-tique qu’elle doit en partie au tourisme, quiamène les visiteurs vers les plages et les sites his-toriques de Tunisie. En raison du renversementde l’ancien gouvernement national en janvier2011 et de l’instauration d’un régime provisoire,la gouvernance environnementale, comme àpeu près tout le reste dans le pays, traverse

actuellement une zone de flottement. Le nou-veau gouvernement va toutefois avoir l’occasionde renforcer plusieurs des actuels points forts desa capitale en matière d’environnement.

Tunis termine globalement au-dessus de lamoyenne de l’Index, ainsi que dans les catégo-ries des transports, des déchets, de l’assainisse-ment et de la qualité de l’air. La ville possède leréseau de transport public dédié le plus long detout l’Index ; celui-ci comprend un système demétro léger et de trains de banlieue bien déve-loppé. Tunis se situe dans la moyenne en ce quiconcerne l’utilisation des sols, l’eau et les poli-tiques environnementales : l’expansion tentacu-laire est un problème de fond mais la villecherche maintenant à stimuler l’immobilier res-pectueux des piétons et le développement d’es-

paces verts ; de même, elle connaît des pro-blèmes d’approvisionnement en eau et dedéversement des eaux usées, mais s’est depuisquelques années fixée comme priorité d’amélio-rer son infrastructure de distribution d’eau.Enfin, Tunis tombe sous la moyenne de l’Indexdans le domaine de l’énergie et du CO2 en raisonde sa consommation d’électricité et de ses émis-sions relativement élevées. Les récents investis-sements consentis dans le secteur de l’électricitésolaire pourraient toutefois lui permettre d’amé-liorer sa note dans cette catégorie.

Énergie et CO2 : En dessous de lamoyenneTunis possède la consommation électrique laplus élevée de tout l’Index : 18,1 gigajoules parhabitant, soit près de trois fois la moyenne (6,4gigajoules). L’une des principales causes de cettesurconsommation réside dans la volontéd’étendre le taux d’accès au réseau de distribu-tion que le gouvernement a affichée ces der-nières années : aujourd’hui, les estimations indi-quent que 99 % de la population ont accès àl’électricité, un chiffre supérieur à la moyenne del’Index (84 %). En été, l’air conditionné fait égale-ment exploser la consommation électrique deTunis qui, selon les estimations, engendre desémissions de CO2 s’élevant à 1044 kg par habi-tant, contre 984 kg en moyenne pour l’Index. Lamajeure partie de l’électricité de la ville est pro-duite dans des centrales au gaz naturel et lesénergies renouvelables ne représentent qu’unetrès faible portion du mélange, même si la pro-duction solaire s’est accrue ces dernières années(voir « Initiatives vertes » ci-dessous).

Initiatives vertes : En 2005, le gouvernementa adopté un programme de promotion de l’éner-gie solaire nommé PROSOL. Ce programmerésulte d’une initiative conjointe de l’AgenceNationale pour la Maîtrise de l’Énergie (ANME,une société publique), de la Société Tunisiennede l’Électricité et du Gaz (STEG, également déte-nue par l’État), du Programme des Nations Uniespour l’environnement et du ministère italien del’environnement. Il prévoit l’octroi de prêts et desubventions destinés à compenser le coût deschauffe-eaux solaires et a bénéficié à plus de50 000 familles au cours de ses deux premièresannées d’activité, ce qui, selon les estimations, apermis de réduire les émissions de CO2 de240 000 tonnes. Le gouvernement a pour objec-tif à terme de faire passer la part des énergiesrenouvelables de 0,5 à 10 % de la productiond’ici 2020 au travers d’une série d’initiatives dece type. La Banque mondiale a par ailleurs finan-cé un programme visant à déterminer commentTunis et sa région pourraient adapter son infra-structure aux effets potentiels du changement

e = Estimation de l’EIU

bien en dessous de la moyenne

en dessousde la

moyenne

dans lamoyenne

au-dessusde la

moyenne

bien au-dessus de

la moyenne

Performances

Énergie et CO2

Utilisation des sols

Transports

Déchets

Eau

Assainissement

Qualité de l’air

Politique environnementale

Résultats globaux

Tunis Autres villes

L’ordre des points au sein des groupes de performances n’indique en rien les résultats de la ville.

Initiatives vertes : Depuis plusieurs décennies,l’Association de Sauvegarde de la Médina deTunis (ASM), une organisation non gouverne-mentale, mène des projets de réhabilitation ducentre historique de la ville. L’ASM, qui bénéficiedu soutien d’organisations telles que la Banquemondiale, a grâce à son programme inversé ledélabrement progressif de la vieille ville en yrénovant le réseau électrique et l’éclairagepublic, en y restaurant des monuments, en net-toyant les rues de leurs déchets et en créant deszones piétonnes. L’une des initiatives de l’asso-ciation, le projet Oukalas, a débouché sur lacréation de trois nouveaux quartiers quiaccueillent désormais quelque 1300 ménagesqui avaient été forcés de déménager en raisonde la vétusté de leurs anciens logements et qui

460 000 passagers par jour. Avec 0,27 km parkm² de lignes, Tunis possède le plus long réseaude transport public dédié (métro léger, trains debanlieue, bus express ou métro) de tout l’Index(dont la moyenne est de 0,07 km). Son réseaude métro léger est intégré aux autres moyens detransport en commun, des liaisons étant organi-sées avec les trains de banlieue à la stationTunis-Marine et avec les trains de la SNCFT à laPlace Barcelone. Dans le cadre de sa politique detransport en commun urbain, la ville travaille àses plans d’extension du réseau de métro légeret de trains de banlieue. Tunis a obtenu la notemaximale pour ses efforts visant à encouragerles citoyens à utiliser des moyens de transportplus écologiques, grâce auxquels de nombreuxrésidents se rendent au travail à pied lorsqu’ils

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des plus faibles de l’Index pour cette catégorie,est à l’origine des bonnes performances de laville dans ce domaine. En 1995, le gouverne-ment a adopté un plan stratégique de gestiondes déchets sur dix ans, connu sous le nom dePRONAGDES et visant à promouvoir la réutilisa-tion et le recyclage des déchets, à réduire leurproduction et à mieux gérer leur coût. Il a étésuivi d’un deuxième programme couvrant lapériode 2007-2016 et dénommé ProgrammeNational de Gestion Intégrée et Durable desDéchets (PRONGIDD, voir « Initiatives vertes » ci-dessous).

Initiatives vertes : Le programme PRONGIDDse focalise sur l’optimisation du financement, dela collecte, du transport et du recyclage desdéchets et vise également à favoriser l’implica-tion du secteur privé et la collaboration entrecommunautés. Projet national, il comporte unesérie d’objectifs clés : réduire la production dedéchets de 20 % en modifiant les habitudes de

potable, un chiffre supérieur à la moyenne del’Index (91 %) et qui arrive en deuxième positionde celui-ci. À 28 %, le taux de fuite dont souffrele réseau de distribution d’eau de la ville est légèrement inférieur à la moyenne (30 %). Cesdernières années, plusieurs agences internatio-nales, dont la Banque mondiale, l’Agence fran-çaise de développement et la Banque africaine de développement, ont investi et prêtéd’importantes sommes d’argent afin de mettre àniveau l’infrastructure et les pratiques de ges-tion de la ville. Ces investissements se sont engrande partie traduits par un renforcement del’accès à l’eau pour les résidents et un réseau dedistribution plus efficace. La ville dispose depolitiques relativement fortes : elle contrôlerégulièrement la qualité des eaux de surface,possède une stratégie d’amélioration de la quali-té de l’eau et une politique d’économie d’eau.Ces politiques ont par ailleurs été commen-tées par les partenaires internationaux de la Tunisie.

36 37

sont employés dans le centre historique de laville, aujourd’hui particulièrement adapté auxpiétons.

Initiatives vertes : Tunis est en train d’investir2 milliards de dollars US dans l’amélioration deson réseau de transport public. En novembre2008, elle a terminé les travaux d’extension deson réseau de métro léger vers le sud (6,8 kmsupplémentaires) et, en décembre 2009, aouvert une autre extension de 5,3 km à l’ouest.Deux extensions supplémentaires sont en tra-vaux. Un réseau de banlieue est prévu pour2016, et la ville prévoit également de lancer 14nouveaux corridors (90 km) de bus.

Déchets : Au-dessus de la moyenneSelon les estimations, Tunis génère chaqueannée 173 kg de déchets par habitant, contre408 kg en moyenne pour l’Index. Ce chiffre, l’un

consommation, accroître le compostage de 15 % et le recyclage des déchets ménagers de 20 %, et faire en sorte que 100 % des municipali-tés aient accès aux stations de transfert desdéchets et aux décharges. Il appelle en outre àune augmentation de la participation du secteurà la collecte des déchets et au développementdes infrastructures (qui devrait passer à 30 %), àla fermeture de 70 % des décharges illégales et àl’accroissement du taux de traitement desdéchets industriels et spéciaux (qui devrait pas-ser à 70 %).

Eau : Dans la moyenneLes ressources hydriques de Tunis sont limitéesen raison du climat aride. Malgré tout, chaquerésident y consomme en moyenne 299 litresd’eau par jour, c’est-à-dire nettement plus que lamoyenne de l’Index (187 litres). On estime queprès de 100 % de la population a accès à l’eau

Initiatives vertes : En 2005, la Banque mon-diale a approuvé l’octroi à la société tunisiennedes eaux d’un prêt de 38 millions de dollars USdestiné à lui permettre de mettre à niveau l’infra-structure du Grand Tunis et d’autres centresurbains. Le projet, dont le terme est prévu pour2012, possède deux composantes : la premièreconsiste à accroître la capacité de distribution duréseau d’eau et la seconde à mettre à jour les sys-tèmes de gestion, y compris les systèmes infor-matiques, de planification, de contrôle des coûtset les procédures de service à la clientèle.

Assainissement : Au-dessus de lamoyenneLes performances de la ville dans cette catégoriedécoulent du taux d’accès élevé à l’assainisse-ment et des politiques solides par rapport auxautres villes de l’Index. D’après les estimations,95 % de la population ont accès à l’assainisse-

Politique environnementale : Dansla moyenneLa politique environnementale de la ville estgérée par le ministère national de l’environne-ment, qui charge plusieurs agences gouverne-mentales de mettre en œuvre différentes poli-tiques dans divers domaines. En raison durenversement du régime de Zine el-Abidine BenAli en janvier 2011 et du remplacement du gou-vernement par un régime de transition, la gou-vernance environnementale du pays traverseactuellement une zone de flottement.

Initiatives vertes : Le Centre International desTechnologies de l’Environnement de Tunis(CITET), une agence nationale créée en 1996, apour vocation de développer les qualificationsliées à la maîtrise des technologies environne-mentales en vue d’assurer le développementdurable de la Tunisie, du monde arabe et de larégion méditerranéenne. Cette organisationassure la promotion des questions environne-mentales dans le secteur privé, propose desprogrammes de formation et de formation àdistance destinés à sensibiliser le public à la pro-tection de l’environnement et aide les entre-prises à se conformer aux normes internatio-nales en matière d’environnement. L’AgenceNationale pour la Maîtrise de l’Énergie (ANME),fondée en 1985, vise quant à elle à accroîtrel’efficacité énergétique et à diversifier lessources d’énergie de la Tunisie. Enfin, l’Associa-tion de Sauvegarde de la Médina de Tunis (ASM)sert de point de rencontre et de centre derecherche sur les aspects urbains, architectu-raux et socio-économiques du centre historiquede Tunis.

ment, un chiffre nettement supérieur à lamoyenne de l’Index (84 %). En termes de poli-tiques, la ville dispose d’un code d’assainisse-ment, de normes de traitement des eaux uséeset de contrôles des installations de traitementsur site établies dans les logements et les zonescommunes. Plusieurs agences internationales ontaccordé ces dernières années des prêts et uneaide financière destinés à la rénovation desréseaux d’égouts et de traitement des eauxusées du Grand Tunis et du reste du pays.

Initiatives vertes : En 2006, la Banque euro-péenne d’investissement a investi 121 millionsde dollars US dans la mise à niveau des réseauxd’égouts du Grand Tunis et de plusieurs autresvilles du pays ainsi que dans la construction denouvelles stations d’épuration des eaux usées.Par ailleurs, l’Agence française de développe-ment finance un programme d’extension et deréhabilitation de 19 stations d’épuration et de130 stations de pompage en Tunisie. Enfin, le

gouvernement donne la priorité à l’écosystèmelocal : avec l’aide de la Banque mondiale etd’autres organisations internationales, il a entre-pris un plan visant à favoriser l’utilisation deseaux usées dans l’agriculture plutôt qu’à lesdéverser dans le golfe de Tunis.

Qualité de l’air : Au-dessus de lamoyenneLes dirigeants de la ville de Tunis ont mis enplace des contrôles réguliers de la qualité de l’airà plusieurs endroits de la ville et tiennent leshabitants informés de la pollution atmosphé-rique. Dans l’ensemble, la qualité de l’air estmeilleure à Tunis que dans les autres grandscentres urbains d’Afrique du Nord. Les routes deTunis sont moins embouteillées que celles desvilles d’Égypte et du Maroc, même si la pollutiondue à la circulation et à l’industrie reste un pro-blème préoccupant. Au niveau national, la pro-duction d’énergie est responsable de 31 % de lapollution atmosphérique, tandis que le trans-port y contribue à hauteur de 30 %.

Initiatives vertes : Le gouvernement a mis enplace un plan national de contrôle de la qualitéde l’air, qui prévoit l’installation d’un réseau destations fixes et l’emploi de laboratoires mobilesdestinés à surveiller les sources de pollution. En2002, cinq stations fixes avaient été créées,dont trois dans le Grand Tunis, à Bab Alioua,Manouba et Ghazela. À l’heure actuelle, 15 sta-tions sont opérationnelles dans le pays, dontneuf dans le Grand Tunis, à Bab Saâdoun, ElMourouj, Ariana, El Nahli, Ben Arous et Radès. Legouvernement compte faire passer ce réseau à25 stations d’ici la fin 2011.

Indicateurs quantitatifs

Catégorie Indicateur Moyenne

ÉNERGIE et CO2 Pourcentage de ménages ayant accès à l’électricité (%) 84,2

Consommation électrique par habitant (GJ / habitant) 6,4

Émissions de CO2 générées par la consommation électrique 983,9 par habitant (kg / habitant)

UTILISATION Densité de population (habitants par km²) 4578,1

DES SOLS

Population vivant dans des logements informels (%) 38,0

Espaces verts par habitant (m² / habitant) 73,6

TRANSPORTS Longueur du réseau de transport en commun (km / km²) 2,7

Longueur du réseau de transport public dédié (km / km²) 0,07

DÉCHETS Déchets générés par habitant (kg / habitant / an) 407,8

EAU Pourcentage de la population ayant accès à l’eau potable (%) 91,2

Consommation d’eau par habitant (litres / habitant / jour) 187,2

Fuites du réseau de distribution d’eau (%) 30,5

ASSAINISSEMENT Pourcentage de la population ayant accès à l’assainissement (%) 84,1Sauf mention contraire ci-après, toutes les données s’appliquent à Tunis. * Lorsque les données de plusieurs années ont été utilisées, seule l’année de l’indicateur principal est mentionnée. e = Estimation de l’EIU1) Données nationales utilisées comme approximation des données de la ville. 2) District de Tunis. 3) Le mélange de production d’électricité national a été utilisé pour estimer les émissions de CO2 de la ville. 4) Grand Tunis5) Il n’existe aucune ligne de métro, de tram ou de bus express (SRB)

Tunis Année* Source

99,0 1e 2010 Goliath Business Knowledge

18,1 2 2008 Annuaire statistique de la Tunisie 2008

1044,1 3e 2008 Lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre

4698,1 2009 Calcul réalisé par l’EIU

25,0 e 2001 Rapport « Stratégie de développement de la ville de Tunis » 2001

14,5 e 2004 Institut national de la statistique

2,3 4 2008 Société du métro léger de Tunis

0,27 2, 5 2008 Société du métro léger de Tunis

172,5 1e 2002 Rapport 2002 du Programme d’assistance technique environnementale méditerranéen (METAP)

99,7 e 2009 Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux

299,3 2008 Ministère de l’environnement

28,4 2008 Ministère de l’environnement

95,0 e 2009 Office national de l’assainissement

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Photographie : Pius Utomi Ekpei (Lagos), Zacharias Garcia (Alexandrie, Le Caire, Casablan-ca, Tunis), Sala Lewis (Dar es Salam), Kostadin Luchansky (Luanda), Martin Steffen (Accra),Sven Torfinn (Addis-Abeba, Nairobi), Kevin Wright (Le Cap, Durban, Johannesburg, Mapu-to, Pretoria)

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Munich, Allemagne, 2011

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