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110TLAllIttilltljmût JEANI|ilEBOUMB "Inlûcheté deHollsnde esf déuustgltnice" pour l'oncienne secrétoire d'Etat d ls Jeunesse de Nicolss Ssrkozy, passée par le Conseil d'Etot, << en manquant grauement à ses obligations consf itutionnel- les >>, François Hollonde oboisse la fonction présidentielle et fragilise l'Etat. PmP0s [IcllHttts mn nÂPmn $Àil',lttt e Figaro Magazine - Comment réagissez- vous à la décision de François Hollande d'autoriser Leonarda Dibrani à revenir en France, quand le rapport de l'lnsPection générale de l'administration a conclu que les modalités d'éloi- gnement de la jeune fille et sa fa- mille avaient respecté le droit ? Jeannette Bougrab - Dans un Etat de droit comme la France, où toutes les procdures ont étéres- pectées, le président de la RéPu- blique en arrive, sous la pression médiatique et l'émotion organi- sée de quelques-uns, àdéroger à la loi. Ce n'est pas seulement scandaleux, c'est un manque- ment grave à ses obligations constitutiorurelles. Quant au fait de répondre àune lycéenne dans le même décorum que celui de Tannonce dela guerre au Mali, ce n'est pas seulement une aber- rante faute de communication, c'est un abaissement de la fonc- tion présidentielle. Cette affaire n'a-t-elle pas révélé qu'il y avait le feu à tous les étages de la maison France ? Cette affaire est hallucinante. On a entendudes membres dugou- vernement expliquer qu'on ne 38 . LE FIGARO MAGAZINE - 25 OCTOBRE 2013 devait pas respecter 1a loi. On a entendu des parlementaires so- cialistes invoquer la loi du cæur, comme si la loi française telle qu ils Ïffivent et 1a votent n'était pas 1a loi du cæur. Comme si fi- nalement, au-dessus de la loi de la République, ily avait 1es va- leurs de gauche. Cest la néption même de ce qu'est un Etat de droit. On a entendu une pre- mière dame demander la sanc- tuarisation de Ïécole alors qu'elle n a aucune légitimité démocrati- que pour le faire. On a entendu un premier secrétaire du Parti socialiste contredire son Prési- dent... C'est ce qui explique son imPoPu- larité record selon vous ? François Hollande, par son in- capacité à faire des réformes, par son incapacité à réaffrrmer des principes forts, fait montre d une 1âcheté dévastatrice. Il est impopulaire parce qu il manque de courage. Nous sommes dans L'ürange Defaite de Marc Bloch, avec cette incapacité du pouvoir à prendre la mesure des défis à relever, Assiste-t-on à un effondrement de l'Etat de droit ? C'est le cas dans l'affaire Leo- narda. C'est également le cas, en matière de laïcité, dans l'affaire Baby-Loup. Baby-Ioup marque le chant du cygrre duprincipe de larcité. Quand la Cour de cassa- tion explique qu'une entrePrise ou une association nepeut avoir d espaces de neutralité et que la læcité ne s'applique qu'aux serui- ces publics. [,a guerre est perdue. Ce procès qui se tient devant la cour d appel de Paris est une ba- taille pour l'honneur. Parce qu'on croit enÏEtat de droit, que Ion croit à lajustice, il nous faut aller jusqu au bout. Mais le résul- tat est connu àl'ar,ance. Si la cour dappel donne raison àla crèche Baby-Loup, il est certain que Mme Fatima Atif, qui avait été li- cenciée parce qu'elle portait le voile au sein de cette crèche, se tour:nera ànouveauvers la Cour de cassation. Cette dernière n'a pas de raison de se déjuger par rapport à sa dfu sion précédente. Cela signifie qu'il faudra aller de- vant la Cour européenne des droits de fhomme.Inrsquon en anrive à aller à ce degré de judi- ciarisation pour obtenir l'appli- cation dun principe inscrit dans l'article I"'de la Constitution, Cest que lion a déjà perdu. Faute de courage politique, on laisse les juges s'enferrer dans unebatàille juridique qui n'offlre âucun re- père stable aux citoyens sur ce que doit et peut être la latcité. L'Observatoire de la laÏcité s'est dit opposé à une loi sur le voile. Est-ce une faute ? C'est criminel. Comment pen- ser aujourd'hui qu'il n'existe aucun problème sur les ques- tions de larcité ? Pierre Mongin, le président de la RATP, a été contraint de faire appel à un spécialiste du fait religieux a53J,iâtr:#21,o,,n, sociolistes inuoquer lc-loi du cæur. Comme si, ctu-dessus de ls loi de la République, il y auait les ualeurs de gauche

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110TLAllIttilltljmût

JEANI|ilEBOUMB"Inlûcheté deHollsndeesf déuustgltnice"

pour l'oncienne secrétoire d'Etat d ls Jeunesse de Nicolss Ssrkozy, passée parle Conseil d'Etot, << en manquant grauement à ses obligations consf itutionnel-les >>, François Hollonde oboisse la fonction présidentielle et fragilise l'Etat.

PmP0s [IcllHttts mn nÂPmn $Àil',lttt

e Figaro Magazine -Comment réagissez-

vous à la décision de

François Hollanded'autoriser Leonarda

Dibrani à revenir en France,quand le rapport de l'lnsPectiongénérale de l'administration a

conclu que les modalités d'éloi-gnement de la jeune fille et sa fa-

mille avaient respecté le droit ?

Jeannette Bougrab - Dans un Etat

de droit comme la France, oùtoutes les procdures ont étéres-pectées, le président de la RéPu-

blique en arrive, sous la pression

médiatique et l'émotion organi-sée de quelques-uns, àdéroger à

la loi. Ce n'est pas seulementscandaleux, c'est un manque-ment grave à ses obligationsconstitutiorurelles. Quant au faitde répondre àune lycéenne dans

le même décorum que celui de

Tannonce dela guerre au Mali, ce

n'est pas seulement une aber-rante faute de communication,c'est un abaissement de la fonc-

tion présidentielle.Cette affaire n'a-t-elle pas révéléqu'il y avait le feu à tous les étages

de la maison France ?

Cette affaire est hallucinante. On

a entendudes membres dugou-vernement expliquer qu'on ne

38 . LE FIGARO MAGAZINE - 25 OCTOBRE 2013

devait pas respecter 1a loi. On a

entendu des parlementaires so-

cialistes invoquer la loi du cæur,

comme si la loi française tellequ ils Ïffivent et 1a votent n'étaitpas 1a loi du cæur. Comme si fi-nalement, au-dessus de la loi de

la République, ily avait 1es va-leurs de gauche. Cest la néptionmême de ce qu'est un Etat de

droit. On a entendu une pre-mière dame demander la sanc-

tuarisation de Ïécole alors qu'elle

n a aucune légitimité démocrati-que pour le faire. On a entenduun premier secrétaire du Partisocialiste contredire son Prési-dent...C'est ce qui explique son imPoPu-

larité record selon vous ?

François Hollande, par son in-capacité à faire des réformes,par son incapacité à réaffrrmerdes principes forts, fait montred une 1âcheté dévastatrice. Il est

impopulaire parce qu il manquede courage. Nous sommes dans

L'ürange Defaite de Marc Bloch,

avec cette incapacité du pouvoirà prendre la mesure des défis à

relever,Assiste-t-on à un effondrementde l'Etat de droit ?C'est le cas dans l'affaire Leo-

narda. C'est également le cas, en

matière de laïcité, dans l'affaireBaby-Loup. Baby-Ioup marquele chant du cygrre duprincipe de

larcité. Quand la Cour de cassa-

tion explique qu'une entrePriseou une association nepeut avoird espaces de neutralité et que lalæcité ne s'applique qu'aux serui-

ces publics. [,a guerre est perdue.

Ce procès qui se tient devant lacour d appel de Paris est une ba-

taille pour l'honneur. Parcequ'on croit enÏEtat de droit, que

Ion croit à lajustice, il nous fautaller jusqu au bout. Mais le résul-tat est connu àl'ar,ance. Si la courdappel donne raison àla crèche

Baby-Loup, il est certain queMme Fatima Atif, qui avait été li-cenciée parce qu'elle portait levoile au sein de cette crèche, se

tour:nera ànouveauvers la Courde cassation. Cette dernière n'apas de raison de se déjuger par

rapport à sa dfu sion précédente.

Cela signifie qu'il faudra aller de-

vant la Cour européenne des

droits de fhomme.Inrsquon en

anrive à aller à ce degré de judi-ciarisation pour obtenir l'appli-cation dun principe inscrit dans

l'article I"'de la Constitution,Cest que lion a déjà perdu. Faute

de courage politique, on laisse lesjuges s'enferrer dans unebatàillejuridique qui n'offlre âucun re-père stable aux citoyens sur ce

que doit et peut être la latcité.

L'Observatoire de la laÏcité s'estdit opposé à une loi sur le voile.

Est-ce une faute ?

C'est criminel. Comment pen-ser aujourd'hui qu'il n'existeaucun problème sur les ques-

tions de larcité ? Pierre Mongin,le président de la RATP, a été

contraint de faire appel à unspécialiste du fait religieux

a53J,iâtr:#21,o,,n,sociolistes inuoquer lc-loi ducæur. Comme si, ctu-dessusde ls loi de la République,il y auait les ualeurs de gauche

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a5i:,i;?;;7:î;",âcampasnep ermanente,, l' électorqlismecoupable et malqdroit ùl'exercice courageux du pouuoir

dans l'entreprise parce que deshommes refusaient de prendreleur service lorsque des fem-mes les avaient précédés à leurposte. A Aulnay, les femmessont interdites dans un localsyndical. Quand on voit I'Etatabdiquer devant une minoritéqü utilise i'islam à des fins poli-tiques, on se rend compte que laRépublique est faible, qu'elleest à terre.Ne faudrait-il pas redéfinir la lai-cité ?Surlout pas. Ceux qui affirmentqu'elle doit l'être parce qu'en19O5, l'islam n'existait pas enFrance, se trompent. Ce prin-cipe n'est pas négociable.Quand je vois que dans uneéquipe de basket féminine,

au Mans, quatre jeunes fillesont obtenu le droit dejouervoi-lées, je ne considère pas celacomme une victoire, maiscomme une régression. Pen-dant lesJeux olympiques, il y atoujours deux Etats qui deman-dent à ce que leurs athlètes défi-lent voilées r I'Arabie saouditeet l'Iran. Aujourd'hui, on as-siste à l'alignement de la Francesur ces deux Etats puisquebeaucoup ont célébré commeun progrès que les filles puis-sent jouer voilées. Ce n'est pasanecdotique. Au contraire, c'estl'effondrement de l'idéal répu-blicain.Le PS ne paie-t-il pas les consé-quences d'une approche commu-nautaire de la politique ?

L'idée que quelque part enFrance, parce qu'on est musul-man, on est nécessairement unevictime, et que l'Etat républi-cain violente ses minorités estun fantasme. C'est un fantasmed'autant plus dangereux qu'ilignore ce qui se passe ailleurs.Je suis de ceux qui portent unregard très lucide sur la laititéet sur l'islamisme. La gauche,par opportunisme et clienté-lisme électoral, à l'exception deManuel Valls, refuse de voir laradicalisation des troisième etquatrième générations d'immi-grés et des convertis. Ils met-tent en danger 1a République.On ne peutpas dire le contraire.Existe-t-il un risque islamiste enFrance ?Il y a un wai danger. La guerredoit être menée. C'est en ces ter-mes qu'il faut le penser. Desécrivains comme MahmoudHussein ou Boualem Samsal,amoureux de la France, de saculture et de ses valeurs, necomprennent pas aujourd'huique la France de François Hol-lande suive le même cheminque la Turquie d'Erdogan. LePremier ministre turc vient delégiférer pour que les femmespuissent porter le voile dans lafonction publique. Toutes lessemaines, des écoles publiquessont transformées en écoles is-lamiques ! La Turquie est unpays musulman qui avait faitde la laïtité une marque de fa-brique, un signe de son identité.Elle revient dessus, commeaujourd'hui la France. Danstous les pays, on lutte contrel'islamisme, sauf en France oùon le laisse s'installer.

Vous craignez que la France suivele chemin de la Turquie ?

C'est déjà le cas. Quand une cen-taine de Français font le djihaden §trie, quand on trouve encoredes excuses à Mohamed Merah,c'est qu'iIy a un problème.Sur fond de crise économique, po-litique et identitaire, le FNmonte...

Les uns et les autres s'interro-gent sur le Front national, ils necessent de se renvoyer la balle.C'est toujours la faute de l'oppo-sition ou du pouvoir. Ce n'estpas acceptable. C'est même la-mentable. Exercer le pouvoir,c'est avoirle privilège d'infléchirlecours des choses, defairebou-ger les lignes. Je suis surprisequ'après dix-huit mois d'exer-cice du pouvoir, le Président, legouvernement, les socialistes ensoient encore à rejeter la fautesur Nicolas Sarkozy. A de raresexceptions, les socialistes privi-légient la campagne perma-nente, l'électoralisme coupableet maladroit au détriment del'exercice courageux du pou-voir. Ils négligent la France et lesFrançais, dont la colère et la las-situde ne cesseront de grandir.Le PS est-il complice de la montéeduFN?La seule manière pour FrançoisHollande d'espérer l'emporteren2Ol7 est de se retrouver ausecond tour face à MarineLe Pen. Les politiques n'enten-dent plus la véritable détressequi existe en France. I1 y a unvrai décalage entre les préoccu-pations des cercles parisiens etce que vivent les gens au quoti-dien. On est dans un contexteprérévolutionnaire. I

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