Upload
others
View
4
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
INTRODUCTION
J’ai effectué mon stage de DESS Ingénierie de la formation à la mairie de Clermont-
Ferrand, en plein cœur du centre historique de la ville, du 16 mars au 19 mai 2004. Cette
mairie fait partie de la communauté d’agglomération comportant 18 communes. Au niveau
national, elle est la 18ième aire urbaine française et la 23ième agglomération. Lors du dernier
recensement (INSEE, 1999), la commune de Clermont-Ferrand comptait 141000 habitants et
la communauté d’agglomération environ 260000.
Le stage et le mémoire traitent de la reconversion et de la mobilité professionnelle de
publics spécifiques. La mairie, dans le cadre de la gestion prévisionnelle des emplois et des
compétences, m’a confié une étude concernant la reconversion de deux types de personnels :
les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) et les personnels de
restaurants scolaires. Le but était de mettre en évidence des faits ressentis par la direction des
ressources humaines de façon assez subjective jusqu’alors, à savoir que les personnels étaient
vieillissants, faiblement qualifiés, en arrêts maladie fréquents, ayant beaucoup d’accidents du
travail. Il s’agissait alors de démontrer que la reconversion de certains de ces personnels était
nécessaire à l’organisation et de proposer des pistes de recherche pour la mise en place de
reconversions adaptées au public concerné. Une reconversion est de fait devenue un enjeu
important pour la mairie dans la mesure où les absences répétées des personnels ont un coût
financier important. De plus, il se pose le problème des plannings, des remplacements mais
également dans une optique sociale du bien-être des agents.
Du point de vue de l’ingénierie de la formation, le sujet de mon stage s’inscrit dans
une démarche d’analyse de situation. En effet, il s’agissait tout d’abord de faire un état des
lieux précis de la situation de deux types de personnels afin de pouvoir définir une action
possible de reconversion professionnelle à mettre en place. Cette reconversion passe
obligatoirement par le volet formation professionnelle.
Le mémoire réalisé à partir de ce stage va ainsi s’appuyer sur différentes disciplines,
toutes complémentaires à l’ingénierie de la formation. Mon cursus universitaire initial ainsi
que le sujet du mon stage m’ont en effet permis de traiter le sujet dans une optique
pluridisciplinaire. Dans ce mémoire, la psychologie sociale, la psychologie du travail et la
1
psychologie cognitive seront abordées, ainsi que la gestion des ressources humaines, la
sociologie ou encore les sciences de l’éducation.
Mon sujet s’inscrit dans le cadre du développement de la gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences (GPEC), que la mairie développe depuis peu de temps. La
perspective des futurs départs à la retraite, prévus massivement entre 2005 et 2013, entre dans
ce cadre, dans la mesure où plus d’un tiers des effectifs de la ville de Clermont-Ferrand partira
en retraite. Les effectifs, mais aussi les emplois et les compétences nécessitent d’être anticipés
et gérés de façon prévisionnelle afin de mieux gérer les secondes parties de carrière des
agents. Dans cette optique, l’attente de la retraite n’est plus une fin en soi, mais un temps où,
les agents de plus de cinquante ans utilisent leurs compétences et leurs savoirs-faire
spécifique. D’un point de vue plus pratique, la GPEC permet aussi aux collectivités
territoriales de faire des économies sur le « volet » personnel en ajustant aux mieux les
compétences par rapport à l’environnement et à l’organisation.
La ville de Clermont-Ferrand regroupe environ 2500 agents organisés en différents
services, tous sous l’autorité du Maire, M. Godard. La collectivité territoriale s’occupe de tous
ce qui concerne la vie courante des habitants : archives, assainissement, crèches/cantines,
culture, élection, enseignement, état civil…Elle prend des décisions en matière de politique de
la ville comme l’emploi, l’enseignement, la construction, les transports en commun, l’habitat,
l’aide sociale.
La ville est historiquement orientée politiquement à gauche, en raison principalement
de la présence de Michelin. En effet, la manufacture a drainé une population essentiellement
ouvrière, souvent d’origine rurale, parfois immigrée. Michelin a été le prototype de la société
paternaliste en France. Depuis 1944, la mairie de Clermont-Ferrand est ainsi centrée sur une
politique sociale. Avec Roger Quilliot (1973-1997), le recrutement des postes de faible
qualification comme les agents d’entretien est arrivé à son apogée, avec une prédominance de
personnes sous-diplômées, recrutées sur critères sociaux, en difficultés familiales et
financières. La collectivité a joué un rôle social des plus important et qui peut se résumer
comme une politique paternaliste. (www.ville-clermont-ferrand.fr). Ce contexte général
explique en partie la présence de nombreuses personnes faiblement qualifiées pour lesquelles
il m’a été demandé de conduire cette étude.
2
Pour l’étude des personnels de restaurants scolaires et les ATSEM, j’ai eu accès à de
nombreux documents concernant ces populations ainsi que des entretiens avec les
responsables concernés. Grâce aux listings, j’ai pu utiliser des outils statistiques, établir des
données statistiques et graphiques concernant les arrêts maladies et les accidents du travail.
J’ai également eu accès aux fiches de poste.
Dans un premier temps, nous allons étudier le cadre théorique du sujet concernant la
gestion prévisionnelle des emplois et des compétences mais aussi la reconversion, ses
déterminants, ses avantages et ses freins avant d’aborder la formation des adultes. Nous
examinerons ensuite le contexte et le cadre du stage, ainsi que la méthodologie utilisée pour
effectuer cette recherche. Enfin nous analyserons les résultats et proposerons quelques pistes
relatives à la situation avant de conclure.
3
PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE
4
L’étude effectuée au cours de mon stage à la mairie de Clermont-Ferrand m’a permis
d’aborder différents aspects de la formation liés à la mobilité professionnelle et à la
reconversion professionnelle. Je me suis interrogée sur le contexte de la formation, ce qu’elle
apporte à la collectivité et aux individus mais aussi ses limites et les difficultés à la mettre en
œuvre. La résolution de ce cas pratique a pu être alimenté par des apports théoriques et des
travaux de différents auteurs. Ils concernent principalement la gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences, la mobilité, la reconversion, qui sont des éléments clés du
contexte. Cette étude sera ensuite abordée sous un aspect concret et descriptif.
I- LA GESTION PREVISIONNELLE DES EMPLOIS ET DES
COMPETENCES (GPEC)
1. Définitions et notions
Cette étude, concernant la reconversion professionnelle, est liée étroitement à la
gestion prévisionnelle des emplois et des compétences dans la mesure où la demande
correspond à une anticipation des emplois et des compétences de catégories spécifiques de
personnels.
La GPEC peut se définir comme une organisation qui recherche, à moyen terme,
l’adéquation qualitative et quantitative entre ses besoins et ses ressources en personnels. Elle
permet d’introduire de la cohérence et de la transparence dans les processus de recrutement,
de formation, de mobilité interne, d’évaluation et de promotion.
5
Schéma synthétique de la GPEC ; D.Thierry1 Recrutement Mobilité et organisation Formation Départs et
PLAN STRATEGIQUE
ANALYSE BESOINS-RESSOURCES Diagnostic d’écarts
MOYENS COLLECTIFS D’ADAPTATION
Reconversion du travail reconversion
La GPEC, c’est également l’ensemble des méthodes et des pratiques destinées à
permettre l’adaptation des ressources humaines aux besoins anticipés de l’entreprise. Elle vise
à accroître par anticipation leur capacité à maîtriser l’adéquation permanente entre les besoins
et les ressources d’un point de vue quantitatif (quels effectifs pour demain ?) et qualitatif
(quelles compétences pour ces effectifs ?).
Selon G. Le Boterf2, la GPEC anticipe les compétences futures. Cela suppose que la
collectivité s’interroge sur les emplois de demain. La GPEC est mise en place pour combler
les écarts entre les besoins futurs en ressources humaines et l’état actuel de ces ressources.
Pour cela, il existe deux moyens. Le premier concerne les actions sur les pôles d’entrées et de
sorties de l’entreprise. L’action porte sur la politique de recrutement et les départs. Le second
aborde les ajustements des flux internes : politique de mobilité, de formation et d’organisation
du travail.
1 Thierry, D. (1992). La gestion prévisionnelle et préventive des emplois et des compétences, Paris : Ed. L’Harmattan. 2 Le Boterf, G. (2002). Ingénierie et évaluation des compétences, Paris : Ed. d’Organisation.
6
Gérer les carrières, c’est prendre en compte les besoins de l’entreprise ainsi que les
potentiels et souhaits des salariés. Pour la GPEC, la formation est un moyen d’action
privilégié.
2. Les objectifs de la GPEC
Selon J.M. Peretti1, les objectifs de la GPEC sont :
Une meilleure anticipation de l’adaptation des compétences aux emplois
Une maîtrise des changements économiques ou technologiques
La synthèse entre facteurs de compétition, organisation qualifiante et
développement des compétences
La sauvegarde de l’employabilité
La gestion des carrières
3. Les outils de la GPEC
Les outils principaux de la GPEC sont : analyse des ressources, analyse de flux,
identification des besoins, cartographie des emplois, élaboration de référentiel de métiers et de
compétences. Le référentiel de compétences est un outil important pour les entretiens
d’appréciation, la formation, l’évaluation des métiers, la réorganisation, la classification par
les compétences, recrutement et mobilité. Cette liste n’est pas exhaustive.
II- LA MOBILITE PROFESSIONNELLE ET LA RECONVERSION
1. Quelques notions
La mobilité interne est l’ensemble des parcours ou itinéraires réels ayant lieu entre
les emplois existant à l’intérieur du groupe ou de l’entreprise. Elle peut-être fonctionnelle ou
géographique. (G. Le Boterf)2
Il existe plusieurs sortes de mobilité : la mobilité géographique (mutation), la mobilité
de progression dans un même emploi, la mobilité de progression dans les familles de métiers,
la mobilité de redéploiement vers d’autres services, la mobilité professionnelle avec un
1 Peretti, J.M. (2002). Ressources humaines et gestion de personnes, Paris: Vuibert. 2 Le Boterf, G. (2002). Ingénierie et évaluation des compétences, Paris : Ed. d’Organisation.
7
changement de métier (reconversion) et enfin, la mobilité catégorielle correspondant à la
promotion professionnelle.
La reconversion professionnelle est donc une possibilité de mobilité. Selon G. Le
Boterf1, elle peut se définir comme le passage d’un emploi à un autre entraînant une rupture
avec le métier de provenance et l’entrée dans un nouveau métier.
La mobilité a une dimension stratégique ayant un double impact. Elle a d’abord une
influence sur l’entreprise qui valorise son capital humain mais également sur les salariés qui
développent leur employabilité et leurs capacités d’adaptation à l’organisation et au travail.
2. Les déterminants de la mobilité professionnelle et de la reconversion professionnelle
Plusieurs variables sont susceptibles de déclencher une mobilité professionnelle et
donc une reconversion professionnelle. Nous allons étudier quatre variables principales qui
sont : le besoin de reconnaissance, le développement personnel, le burn-out et la motivation.
Selon les individus, ces variables seront plus ou moins importantes et déterminantes dans la
décision de reconversion volontaire.
a. Le manque de reconnaissance Dans la société actuelle, les dimensions instrumentales du travail (salaires, horaires,
vacances…) sont considérées comme moins importantes par les individus que les aspects liés
à l’épanouissement comme l’initiative ou le sentiment de réussite. En général, la
reconnaissance est reliée à la satisfaction et à la motivation. La reconnaissance peut être une
réponse au besoin d’exister des individus. Elle est définie comme une réaction constructive et
personnalisée, exprimée à court-terme par un individu à la suite d’une action ou d’une
attitude, particulière ou globale, qui constitue un effort méritant d’être relevé à ses yeux. La
reconnaissance est donc un acte d’appréciation et elle s’intègre dans un processus de
communication globale. Elle est propre à chaque individu et s’exprime dans un contexte
particulier. Elle est aussi un retour sur l’effort, perçu par l’auteur en retour de son
investissement. Le sentiment d’inéquité entre le travail fourni et les rétributions de
l’organisation renforceront le sentiment de l’individu d’un manque de reconnaissance.
1 Le Boterf, G. (2002). Ingénierie et évaluation des compétences, Paris : Ed. d’Organisation.
8
C’est pour cela que la perception de chaque personne est singulière et qu’un manque
de reconnaissance pourra déboucher chez certains individus sur une volonté de reconversion
dans l’espoir d’une situation meilleure.
b. Le besoin d’évoluer, le développement personnel et professionnel Certains agents ou employés rentrent dans un emploi avec un diplôme supérieur au
poste occupé et de ce fait, vont rapidement aspirer à plus de responsabilités. D’autres, comme
l’a montré le schéma de C.Batal, ont un besoin de changement correspondant à des cycles ou
des crises personnelles. Ces besoins de changement ou d’évolution poussent à la mobilité,
quelque soit son type.
Selon Super1, le développement professionnel est une dynamique de planification
visant, sur la base du système de valeurs, de l’expérience et des caractéristiques de la situation
actuelle, la meilleure adaptation à la vie de travail. Cette dynamique est sous-tendue par des
préoccupations de carrière qui varient en fonction de la situation des individus dans leur vie
professionnelle. L’adaptation d’une personne à sa carrière renvoie aussi à sa capacité à faire
face aux changements de travail et aux questions posées par l’évolution de sa vie
professionnelle, sachant que les manières d’y faire face dépendent elles-mêmes de la période
de la vie professionnelle de la personne.
La préoccupation de carrière peut donc se définir comme l’intensité avec laquelle un
individu se sent concerné (compte tenu de ses aspirations et des contraintes
environnementales) par les conduites professionnelles dans un contexte d’une réalisation de
Soi au sein de sa vie professionnelle. On peut définir quatre types de préoccupations de
carrière renvoyant à des conduites typiques de périodes professionnelles. Les préoccupations
d’exploration correspondent à une recherche d’orientation professionnelle, c’est pourquoi on
les trouve surtout en début de carrière. Les préoccupations d’établissement sont orientées vers
la stabilisation d’une voie professionnelle et une progression dans cette voie alors que les
préoccupations de maintenance tiennent plutôt à une confirmation et une préservation du
statut professionnel acquis. Enfin, le désengagement correspond à une baisse relative, à
l’approche de la retraite, de l’intensité du travail au regard des autres domaines de la vie. Ces
différentes préoccupations de carrière prennent alternativement une place centrale ou
1 Super, (1990). D’après Gelpe, D. (2003). Adaptation au changement et développement professionnel : quels en sont les freins et les ressorts psychologiques ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, la psychologie du travail (pp. 443-459). Paris : Editions d’organisation.
9
secondaire dans la gestion de carrière des individus. Le besoin de réussite implique, pour se
maintenir, une stratégie d’attribution causale à l’égard des réussites et des échecs.
c. Le burn-out
Le phénomène de burn-out peut être une source déterminante de la reconversion. Il est
défini, selon Maslach et Al1, comme une conséquence négative d’un stress professionnel
auquel les individus n’arrivent plus à faire face. Il se traduit par un épuisement émotionnel où
l’individu n’a plus assez de ressources pour répondre aux exigences du travail, un
désinvestissement correspondant à une attitude négative face au travail et enfin par une
diminution de l’accomplissement personnel au travail. Il pourra engendrer des comportements
tels que de l’absentéisme, une perte d’intérêt dans le travail, une diminution de l’efficacité au
travail ou encore une altération des communications avec l’entourage professionnel.
Les causes du burn-out sont multiples et variées. Selon Schaufeli2, il est susceptible
d’apparaître lorsque les ressources valorisées par la personne (travail, collègues…) sont
perdues ou menacées, lorsqu’elles sont inadéquates pour répondre aux contraintes de travail,
ou lorsque les retombées du travail ne correspondent pas au niveau des ressources investies.
En outre, selon Lee et Ashforth3, le sentiment de contrôle joue un rôle positif dans la situation
de burn-out, les individus ayant peu de marge de manœuvre dans le travail seront plus
affectés. Un manque de variété dans les tâches (Pezet-Langevin4) augmentera ce stress
professionnel. Enfin, lorsque l’individu a l’impression d’un manque de réciprocité entre ce
qu’il investit dans son activité professionnelle et ce qu’il reçoit en retour de la part de
l’organisation, la probabilité que cet individu connaisse l’expérience du burn-out augmente.
La reconversion pourrait donc être un remède au burn-out dans la mesure où une
diversification des tâches, un changement organisationnel ou encore un changement
d’environnement de travail contribue à la réduction du stress professionnel.
1 Maslach, C. & Al. (1991). D’après Pezet-Langevin, V. (2003). Qu’est-ce que le burn-out? Comment les entreprises peuvent-elles y remédier ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, La psychologie du travail (pp. 493-509). Paris : Editions d’organisation. 2 Schaufeli, W.B. (1999). D’après Pezet-Langevin, V. (2003). Qu’est-ce que le burn-out? Comment les entreprises peuvent-elles y remédier ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, La psychologie du travail (pp. 493-509). Paris : Editions d’organisation. 3 Lee, R.T & Ashforth, B.E. (1996). D’après Pezet-Langevin, V. (2003). Qu’est-ce que le burn-out? Comment les entreprises peuvent-elles y remédier ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, La psychologie du travail (pp. 493-509). Paris : Editions d’organisation. 4 Pezet-Langevin, V. (1999). D’après Pezet-Langevin, V. (2003). Qu’est-ce que le burn-out? Comment les entreprises peuvent-elles y remédier ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, La psychologie du travail (pp. 493-509). Paris : Editions d’organisation.
10
d. La motivation
Selon Nuttin1, la motivation au travail peut être définie comme un ensemble des
aspirations qu’un travailleur attache à son emploi, chacunes d’elles étant affectées d’un
coefficient de probabilité qu’il conçoit de voir ces aspirations se réaliser dans l’emploi, en
fonction du travail accompli et de la reconnaissance de ce travail par l’organisation. On peut
également préciser que la satisfaction et la motivation sont liées, surtout en fin de carrière. Par
contre, satisfaction et efficience sont faiblement corrélées pour deux raisons. La première
raison, selon Gadel et Kriedt2, est que la performance est déterminée pour une part seulement
par la motivation et une part non négligeable par les capacités éducables de la personne. La
seconde tient au fait que la satisfaction et l’efficience sont médiatisées par des variables
intermédiaires comme les variables organisationnelles (climat, incidents), socio-
démographiques ou encore individuelles. Le pouvoir mobilisateur de la motivation vient de la
liaison entre la performance et le résultat, liaison qui doit être clairement perçue par l’individu
pour être efficace.
Dans le cadre de sa théorie socio-cognitive, Bandura3 a montré que le sentiment de
compétence se développe essentiellement à la suite des expériences d’activités qui ont abouti
à la réussite. On ne s’engagera pas dans une reconversion ou une formation si l’on doute de
ses capacités à réussir.
Selon Deci et Ryan4, la motivation est une régulation sujet-activité, cause du
déclenchement et de l’intensité des comportements ainsi que de leur persistance. Cette
régulation peut avoir deux types de sources. La première est une source intrinsèque qui
provient du plaisir et de la satisfaction que la personne retire de l’exercice de son activité.
C’est une source de motivation à l’accomplissement (lié au sentiment de se réaliser dans
l’activité), à la connaissance (liée à la possibilité d’acquérir du savoir). En fait, une personne
intrinsèquement motivée choisit librement de s’impliquer dans son activité et déploie de
l’énergie pour une adéquation entre la pratique de cette activité et ses valeurs et compétences.
C’est l’autodétermination. La motivation extrinsèque est la deuxième source et elle est liée à 1 Nuttin, J. (1985). D’après Francès, R. (1987). La motivation au travail. In Levy-Leboyer, C. & Sperandio, J.C., La psychologie du travail, Paris: PUF. 2 Gadel, M.S & Kriedt, P.H. (1992). D’après Francès, R. (1987). La motivation au travail. In Levy-Leboyer, C. & Sperandio, J.C., La psychologie du travail, Paris: PUF. 3Bandura,. D’après Taïb, D. & Blanchard, S. (2003). Un bilan professionnel : pour qui ? pour quoi ? dans quelles conditions ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, La psychologie du travail (pp. 493-509). Paris : Editions d’organisation. 4 Deci & Ryan (1991). D’après Gelpe, D. (2003). Adaptation au changement et développement professionnel : quels en sont les freins et les ressorts psychologiques ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, la psychologie du travail (pp. 443-459). Paris : Editions d’organisation.
11
l’exercice de l’activité car elle provient des buts à atteindre. Les sources intrinsèques et
extrinsèques rendent compte des modes de régulation de l’activité. Ces sources
motivationnelles agissent sur le niveau situationnel dans la mesure où un sentiment de
maîtrise de son travail augmentera les sources intrinsèques de motivation. Mais elles agissent
également au niveau contextuel car sont associées aux valeurs de réalisation de Soi ou encore
ou niveau global avec l’importance de la « variable personnalité individuelle » qui définit
elle-même « l’orientation motivationnelle ».
La motivation est donc une variable à prendre en compte pour la mobilité
professionnelle et la reconversion.
3. Les avantages de la mobilité professionnelle Après avoir étudié les variables médiatrices de la mobilité, nous allons essayer de
relever les avantages de la mobilité professionnelle, ce qu’elle apporte aux individus et à la
collectivité. Nous nous baserons en partie sur les recherches de Burzlaff1.
a. La reconversion comme levier de motivation
Comme on a pu le voir précédemment, la motivation peut-être un déterminant de la
reconversion. Mais la reconversion peut également être un levier de cette motivation. Elle
intervient à différents niveaux dans le processus de reconversion professionnelle.
Ce phénomène pourra s’observer à travers le schéma de C. Batal2, sur le cycle en cinq
phases de la vie professionnelle.
1 Burzlaff, H. (2001). La stratégie du mouvement, Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) : Liaisons. 2 Batal, C. (1997). La gestion des Ressources Humaines dans le secteur public : analyse des étiers, des emplois et des compétences, Paris : Ed. d’Organisation.
12
Schéma de C.Batal1 Performance
Innovation
Maîtrise Routine et Démotivation
Apprentissage
Durée Période d’investissement Fin du Cycle Période de rentabilité
Exploration
Nouvelle fonction
On peut donc, selon C. Batal distinguer cinq phases. La première est celle
d’exploration. L’agent découvre l’emploi, ses missions, ses activités et leur contexte
d’exercice. Vient ensuite la phase d’apprentissage où l’agent acquiert une grande partie des
compétences essentielles qui lui sont nécessaires pour occuper cet emploi, et qu’il ne possède
pas encore. Dans la troisième phase, celle de maîtrise, l’agent, si le recrutement a été
pertinent, est capable de faire face correctement et avec une certaine autonomie, aux
différentes situations auxquelles il est normalement confronté. Dans la phase d’innovation (si
l’agent en a le potentiel), il va prendre des initiatives nouvelles, innover, proposer des
modifications de procédure. Enfin, la phase de routine conduit rapidement à la démotivation si
aucun changement de situation n’intervient. 1 Batal, C. (1997). La gestion des Ressources Humaines dans le secteur public : analyse des métiers, des emplois et des compétences, Paris : Ed. d’Organisation.
13
Tous les cinq à sept ans, les individus ont un changement important dans leur
évolution professionnelle, cette durée consiste en un cycle de développement de carrière. Il
apparaît que pour être performants, les individus doivent toujours être situés dans un cycle de
développement professionnel qui fait alterner des phases de consolidation avec des phases
d’innovation et de recherche de nouveaux terrains.
En résumé, au cours de sa vie professionnelle, l’agent passe par plusieurs phases.
Arrivée à l’étape de l’innovation, soit il tombe dans la routine, se démotive et devient moins
rentable ; l’agent rentre alors dans une phase de burn-out, c’est-à-dire de stress professionnel
relié à la démotivation. Le burn-out entraîne une augmentation conséquente de l’absentéisme
et du turn-over. L’agent peut également accéder à une nouvelle fonction dans le cadre d’une
reconversion et le cycle redémarre avant qu’il ne perde son investissement et que sa
rentabilité baisse.
La motivation est une condition essentielle à tous types d’apprentissage. Elle permet à
l’agent de sortir de la routine.
b. La reconversion concourt au dynamisme de l’entreprise
Suite au schéma de C.Batal1, on peut remarquer que la routine et la démotivation font
partie du cycle normal de l’investissement au travail.
Pour dynamiser la collectivité, il est important de situer l’agent dans son cycle et
d’envisager une reconversion avant la fin du cycle c’est-à-dire avant la démotivation. La
reconversion permet d’autre part une meilleure répartition des âges ce qui dynamise les
effectifs. Elle permet aussi de dynamiser les compétences dans la mesure où les transferts ou
flux de savoirs peuvent combler des écarts, éviter des disparitions et disparités de
compétences. Ces deux aspects sont des atouts importants pour un fonctionnement efficace de
la collectivité.
c. La mobilité de reconversion lutte contre l’exclusion de certaines
catégories de personnels
Certains agents ne sont pas assez armés face aux évolutions. Ils ne possèdent pas assez
de ressources personnelles pour développer de nouvelles compétences (Principe de Peters2),
1 Batal, C. (1997). La gestion des Ressources Humaines dans le secteur public : analyse des métiers, des emplois et des compétences, Paris : Ed. d’Organisation. 2 Peters, R.S. (1973). Le concept de motivation, Paris, Ed. ESF.
14
comme la bureautique par exemple. Ce problème se pose principalement pour la reconversion
des personnels faiblement qualifiés mais aussi des personnels âgés.
Ces personnes peuvent être alors un frein à la reconversion comme on le verra dans
une autre partie.
d. La mobilité de reconversion est un outil de gestion de compétences et
de régulation économique
Dans le cadre de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, la mobilité
et surtout la reconversion sont des vecteurs essentiels. En effet, il est important de gérer les
compétences individuelles et collectives.
Cette gestion peut s’effectuer par deux types d’entrées. Dans le premier cas, on
procède par l’entrée « familles professionnelles », il s’agit d’une gestion transversale des
grandes familles professionnelles et une orientation par proximité de compétences. On obtient
alors un développement de la mobilité professionnelle. On peut également procéder par
l’entrée « emplois-sensibles ». L’évolution des compétences collectives, les actions
d’adaptation par la formation spécifique à des emplois prioritaires entraîneront une adaptation
des compétences par rapport aux contenus d’activités.
On peut aussi préciser que la compétence peut être acquise par diverses voies :
formation initiale, formation professionnelle, formation continue et au sein de l’organisation.
La collectivité devient alors une organisation qualifiante. Les compétences se décomposent en
: savoirs, savoir-faire et savoir-être. L’évaluation des compétences existantes se fait à deux
niveaux. Au niveau individuel, elle se fait par un relevé de l’état des compétences
développées pour chacun des agents. Au niveau collectif, on opère à un recensement des
profils d’emploi et des compétences par famille d’emploi. Il faut regrouper les postes de
travail qui ont à peu près la même activité, puis recenser les compétences à partir des savoirs,
savoir-faire et savoir-être.
La compétence est donc un enjeu économique dans la mesure où elle contribue au
développement de la collectivité en multipliant les savoirs.
e. La reconversion est un outil de progression de carrière
La finalité du processus d’évolution professionnelle consiste à marier au mieux les
besoins de l’organisation et de l’individu, en tenant compte des cycles d’évolution
professionnelle et personnelle, dans le but d’améliorer les performances de l’organisation et la
satisfaction du personnel (cf. schéma).
15
Schéma de E.Schein1
Besoins de l’organisation
Accord des besoins Besoins des individus
• Stratégies poursuivies • Besoins en RH • Recrutement
• Développement et croissance d’entreprise • Suivi et évaluation des
projets
• Style de vie • Choix de carrière
• Problèmes liés au début de carrière : -premier job -intégration à l’entreprise -performance.
• Problèmes de mi-carrière : choix de son « ancre » professionnelle.
• Management des performances
• Rémunération • Développement des
compétences • Evolution professionnelle
• Processus d’engagement • Formation initiale
• Modèles alternatifs de carrière
• Plan de retraite • Engagement de nouvelles
personnes• Problèmes de fin de
carrière : -capitaliser l’expérience -changer de rôle -départs à la retraite
• Stabilisation, maturité de l’entreprise, redéploiement, désengagement.
f. La mobilité de reconversion est un remède à la pénurie de compétences
Dans la mesure où la reconversion participe au développement des compétences et à la
progression de carrière, elle permet aussi de combler la pénurie de compétences. En effet, la
1 Schein, E. In Emery, Y. (1999). Dynamiser les ressources humaines: une approche intégrée pour les services publics et les entreprises privées avec les normes ISO (pp.120), Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes.
16
reconversion permet de pallier des manques au sein de la collectivité, de former des agents
pour des postes à pourvoir, de remettre des compétences là où elles risquent de s’estomper.
Dans cette optique, la reconversion favorise la collaboration entre services et permet la
diffusion des techniques au sein de la collectivité territoriale.
4. Les freins à la mobilité et à la reconversion
On a vu précédemment que la mobilité et la reconversion ont de nombreux avantages
pour l’individu et pour l’organisation. On observe également des freins à celles-ci, liés à des
facteurs individuels (âge, sexe, faible qualification), à des facteurs psychosociaux (motivation,
influence sociale, résistance au changement), mais aussi au coût élevé en formation et aux
contraintes de la fonction publique territoriale.
a. Les facteurs individuels
Age et vieillissement de la population
Dans les populations de plus de cinquante ans, on observe une baisse des capacités
physiques et cognitives. C’est un point très important surtout dans un contexte où l’âge de la
retraite est prolongé.
Les seniors souffrent d’abord d’une diminution des capacités physiques. En effet, ils
ont généralement des difficultés à tenir dans des conditions pénibles ce qui baisse leur
rendement. Ils ont également des difficultés d’adaptation au poste et à l’environnement. Cette
baisse de l’activité motrice les amènent à demander des postes aménagés. Cette demande
arrive souvent trop tard, obligeant le service de gestion du personnel à faire face à une gestion
en flux-tendu. A partir de quarante-cinq ans, on remarque aussi les premiers signes
d’apparition des troubles musculo-squelettique (TMS). Les TMS sont aujourd’hui reconnus
comme maladies professionnelles. Ces troubles apparaissent surtout avec les gestes répétitifs,
et les cadences rapides, générant ainsi des tendinites et infections des canaux carpiens. Les
seniors ont une baisse du processus sensoriel, de la perception et de l’activité motrice ce qui
augmente les risques d’accidents du travail.
Les seniors souffrent aussi d’une baisse des capacités cognitives. Dans un premier
temps, on observe une diminution des capacités de stockage avec l’âge qui, selon Welford1,
1 Welford, A.T. (1958). Ageing and human skill, London : Oxford University Press.
17
est caractérisée par une baisse de l’empan mnésique. Ce dernier est la capacité de stockage
limité de la mémoire à court-terme, composé de sept plus ou moins deux unités
d’informations. La conséquence sera donc une limitation de la capacité de la mémoire à court-
terme. L’apprentissage sera plus difficile et les diverses informations provenant de
l’environnement de travail seront moins facilement mémorisées. De plus, un effet de l’âge
apparaît au niveau de la mémoire de travail. Selon Van Der Linden1, l’administrateur central
est touché par le vieillissement cognitif ce qui engendre une diminution des ressources
attentionnelles des personnes vieillissantes et rend difficile la réalisation concomitante des
opérations de mise à jour et la coordination des processus de stockage. En raison de ce déficit
en ressources attentionnelles, les travailleurs vieillissants sont plus sensibles aux situations de
double tâche qui requièrent l’accomplissement de deux activités différentes simultanément.
Selon Mc Dowd et Birren2, il y a une diminution liée à l’âge de la capacité d’ignorer les
informations non pertinentes et donc une augmentation de la distractibilité. Le vieillissement
de la mémoire de travail ne se limite pas à une réduction des ressources générales de
l’administrateur central, les systèmes-esclaves (boucle phonologique et agenda visio-spatial)
sont également touchés. Pour Salthouse3, le vieillissement est associé à un ralentissement
généralisé du traitement de l’information qui affecterait le mécanisme d’auto-répétition. Cette
stratégie d’encodage peut être perturbée par un ralentissement de la vitesse de traitement. La
perturbation de l’auto-répétition entraîne une baisse de la vitesse de traitement qui lui-même
entraîne une diminution de la disponibilité et de l’accessibilité de l’information ce qui entraîne
une diminution de la performance. Tous ces phénomènes provoqueront une difficulté
d’apprentissage d’informations nouvelles chez les travailleurs seniors. Les personnes
vieillissantes doivent aussi faire face à des problèmes de récupération en mémoire des
informations environnantes. Enfin, les seniors sont beaucoup plus sensibles au stress et à la
mesure des performances surtout lorsqu’elles touchent aux capacités cognitives. Des études
(Salthouse sur le ralentissement cognitif) ont montré qu’avec l’âge, plus la difficulté
augmente, moins les performances sont bonnes. On sait également que les contraintes
temporelles chez ces sujets amènent une difficulté à réaliser la tâche.
Les plus de cinquante ans ont plus de difficultés de mémorisation, d’acquisition de
nouvelles connaissances et de récupération des données. Ce sera donc une difficulté pour un
1 Van Der Linden, M. (1994). Le vieillissement cognitif, Paris : PUF. 2 3 Salthouse, T.A. (1990). Working memory as a processing resource in cognitive aging. Developmental review, 10, 101-124.
18
nouvel apprentissage et les formations seront plus difficiles. Il faudra donc adapter les
formations.
On peut toutefois préciser que l’expérience des salariés acquise avec le temps et l’âge
agit à contre-courant des effets potentiels du vieillissement biologique.
Le sexe
Les femmes représentent une large majorité de la population présente dans le cadre de
notre étude. Le travail des femmes et la forme de leur activité se sont profondément
transformés au fil des décennies. Il faut tout d’abord préciser que le travail féminin,
contrairement à l’activité professionnelle des hommes, peut être difficilement dissocié de la
vie familiale. Au fil des années, la représentation sociale de la femme est devenue la femme
au travail. Les principaux constats sont que les femmes sont plus souvent ouvrières ou
employées. L’emploi féminin est surtout concentré dans le secteur tertiaire et dans les emplois
faiblement qualifiés. Les femmes sont également plus nombreuses à occuper des emplois à
caractère répétitif.
Au niveau de la formation professionnelle continue, les femmes y ont moins souvent
accès. Les cursus professionnels des femmes se caractérisent par une absence d’évolution ou
une évolution beaucoup plus lente que celle des hommes. Cette absence d’évolution aboutit à
maintenir les femmes dans les niveaux les plus bas de la hiérarchie des emplois. Dès le départ,
les femmes subissent un handicap : les jeunes diplômées sont plus souvent déqualifiées à
l’embauche et sont plus souvent affectées à des emplois qui ne s’inscrivent pas dans des
filières de carrière. Plus l’âge augmente, plus les inégalités devant la formation à l’initiative
de l’employeur sont en défaveur des femmes. A égalité hiérarchique, les hommes sont plus
souvent que les femmes en formation continue surtout chez les ouvriers et employés.
La mobilité professionnelle (de toutes sortes) est moindre chez les femmes pour diverses
raisons. Il y a en effet, chez les femmes, une prédominance du rôle familial, la mobilité
professionnelle est elle-même freinée par la sphère domestique. Les femmes souffrent d’un
manque de disponibilité lié au rôle maternel.
Au regard de ces constats, on observe que le sexe est bien un frein à la mobilité
professionnelle et à la reconversion.
Le faible niveau de qualification
Le faible niveau de qualification pose aussi un problème au niveau de l’apprentissage.
La plupart des agents faiblement qualifiés sont âgés car les seniors ont le plus souvent un
19
faible niveau de formation initiale ou des formations peu voire pas du tout adaptées aux
situations modernes.
Chez les agents plus jeunes, une faible qualification vient surtout du fait que les
individus ont été très tôt en échec scolaire, avec une sortie du système scolaire précoce. Pour
ces agents, l’école a une image négative et elle est synonyme de mauvaise estime d’eux-
mêmes. La peur de l’échec est encore fortement présente chez ces populations et représente
un frein à la mobilité et la reconversion.
Les personnes vieillissantes et faiblement qualifiées ont un problème de
méconnaissance de leurs compétences ce qui entraîne un problème de réadaptation sociale.
b. Les facteurs psychosociaux
La motivation, satisfaction et implication
La perception que la personne a des situations est fondamentale dans la mesure où elle
stimule ou inhibe le développement de la personne dans son travail. La recherche de cette
meilleure adaptation ou évolution ne peut se faire sans la participation active de la personne
au sein des processus de co-construction des choix et des décisions.
L’amotivation peut se définir comme la perception d’une absence de contrôle interne ou
externe de l’activité. Elle est souvent associée à une faible estime de Soi ou à un faible
sentiment de compétences. Elle est liée à un blocage du processus de régulation sujet-activité.
Pour une implication dans l’activité, il est nécessaire que les personnes coopèrent dans ce
sens. Une personne non motivée ne pourra pas réussir efficacement son processus de
reconversion professionnelle.
L’influence sociale et la résistance au changement
L’influence sociale et la résistance au changement sont présentes aussi bien au niveau
de la décision de reconversion qu’au niveau de la formation professionnelle. Les populations
vieillissantes ont une très forte résistance au changement car les normes et représentations
sont très résistantes dans le temps.
L’influence sociale a d’abord été étudiée au niveau des jugements. Une de ces
expressions a pu être mise en évidence par Shérif1 : celle du poids de la norme en utilisant le
1 Sherif, M. (1965). Influence du groupe sur la formation des normes et des attitudes. In A. Levy (Ed.), Psychologie sociale: Textes fondamentaux anglais et américains (pp. 222-240). Paris : PUF.
20
paradigme de l’effet auto-cinétique à l’aide d’un point lumineux. Il a montré que
l’établissement des normes sociales se faisait à travers la formation des cadres de référence
communs qui sont le produit des individus en interaction. Dès lors, ces cadres de référence
sont incorporés et déterminent les jugements et attitudes des individus dans des situations
ultérieures. Pour Shérif1, le développement de la norme est progressif, involontaire et
inconscient. En outre, le conformisme (Asch2) peut être considéré comme une autre modalité
d’expression de l’influence sociale.
Les auteurs ont ensuite cherché pourquoi l’individu se conforme. Kelman3 a proposé
trois formes d’influence émergeant dans des conditions sociales différentes. La complaisance
se produirait lorsque l’individu cherche l’approbation du groupe et ne veut pas se montrer
anti-conformiste. L’identification se produit lorsque le sujet désire établir ou maintenir des
relations sociales positives avec le groupe qu’il juge attractif. Enfin, l’intériorisation a lieu
lorsque les réponses conformistes viennent du contenu évoqué. Il y a une intégration de
l’information nouvelle dans le système de valeur de l’individu. Une autre interprétation est
proposé par Festinger4 : la « pression à l’uniformité » provenant de deux sources. Le besoin
d’auto-évaluation où le sujet chercherait à se comparer à autrui chaque fois que la situation est
subjective. Le groupe est alors un référent. La deuxième source serait sa nécessité pour
atteindre des buts communs. Une autre possibilité pourrait être reliée à la nécessité de besoins
affectifs et cognitifs. Les besoins affectifs renvoient au besoin d’affiliation c’est-à-dire une
volonté d’établir une relation positive avec autrui. Les besoins cognitifs (Festinger) sont plutôt
liés au besoin de certitude et de cohérence. Le premier se produit lorsqu’une personne est
placée dans une situation non structurée car elle n’est pas sûre de son comportement et
adopte, dans le doute, celui d’autrui. Le second se produit lorsque le sujet se trouve dans un
état de dissonance cognitive (Festinger). L’individu, en produisant un comportement qui n’est
pas celui de la majorité, se sent mal à l’aise. Par peur d’être déviant et pour restaurer un
certain équilibre psychologique, il va se conformer au comportement des autres. Selon Sherif,
les effets de l’interaction ont une certaine permanence.
En résumé, la norme serait une production collective, renvoyant à des objectifs
sociaux et détermine les attributions de valeur car elle fournit un cadre de référence pour juger
de ce qui est désirable. Mais elle est également un cadre de référence pour la cohérence et la 1 Sherif, M. (1965). Influence du groupe sur la formation des normes et des attitudes. In A. Levy (Ed.), Psychologie sociale: Textes fondamentaux anglais et américains (pp. 222-240). Paris : PUF. 2 Asch, SE (1951).In Mugny, G, Oberle, D, Beauvois, J.L. (1995). La psychologie sociale: relations humaines, groupe et influence sociale, Grenoble: PUG. 3 Kelman, H.C. (1958). In Leyens, J.P & Yzerbit, V. (1997). La psychologie sociale, Liège: Mardaga. 4 Festinger, L. (1951). In Leyens, J.P & Yzerbit, V. (1997). La psychologie sociale, Liège: Mardaga.
21
structuration psychologique de l’individu lui-même dans la mesure où elle indique aux
individus en situation de travail quel comportement adopter face aux contraintes de la
situation.. Les études ont montré que la norme est très résistante dans le temps. La déviance,
comme expliqué ci-dessus, provoque des états de dissonance cognitive que seul la conformité
peut réduire.
Le changement et la résistance au changement
La reconversion professionnelle est un changement de la vie des individus. Selon
Pettigrew1, le changement a trois composantes distinctes. Le contexte du changement
incorpore les éléments externes (environnement) et internes, le changement naissant de ce
contexte. Le contenu du changement lui-même, sur quoi il porte est une composante
essentielle. La troisième composante concerne le processus du changement et les interactions
en découlant.
Le changement comporte des enjeux pour les acteurs. La réaction des individus va
résulter de ce qu’ils perçoivent des avantages ou inconvénients que le changement peut
comporter dans leur situation de travail. La perception du changement joue donc un rôle mais
aussi la perception des ressources de l’individu face à lui. L’une des causes majeures des
résistances et difficultés éprouvées par les individus réside dans le sentiment de l’insuffisance
des moyens dont ils disposent face au changement : moyens matériels, de temps, de
compétences. Le changement peut créer une incertitude par rapport aux habitudes passées.
Le changement passe nécessairement par une modification du comportement. Il s’agit
alors, pour l’individu, de s’approprier de nouvelles manières de penser ou de faire. Ces
nouvelles formes d’action ou de pensées passent par l’apprentissage et donc la formation.
c. Le coût élevé en formation
La reconversion rentre donc dans le cadre d’une mobilité fonctionnelle, avec un
changement de métier.
Actuellement, pour des raisons financières, les agents de la mairie de Clermont-
Ferrand suivent essentiellement des formations d’adaptation à l’emploi et des formations
relatives à leurs champs d’activités. Les autres formations, comme les formations
diplômantes, ne sont pas prises en charge. Les formations sont quasi-essentiellement 1 Pettigrew, T.F. (1987).D’après Livian, Y.F. (2003). Comment conduire un changement organisationnel? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, la psychologie du travail (pp. 443-459). Paris : Editions d’organisation.
22
dispensées par le CNFPT à qui est reversé le 1% formation. Ce dernier ne propose que des
formations types catalogues. Ces formations sont inadaptées aux populations vieillissantes et
aux personnes faiblement qualifiées.
Pour les seniors, la formation est souvent jugée comme peu rentable eu égard à la
durée probable des services à la collectivité. Ensuite, comme vue précédemment, les seniors
ont des problèmes d’acquisition de connaissances et d’adaptation à l’environnement. La
formation devra être adaptée à la population, elle sera plus longue mais aussi plus coûteuse.
En ce qui concerne les personnes faiblement qualifiées, la formation sera également coûteuse
car tentera d’être faite « sur-mesure ». Elle est également risquée dans la mesure où elle a
beaucoup plus de chances de déboucher sur un échec.
d. Les contraintes liées à la Fonction Publique Territoriale
Les formations sont presque uniquement dans le champ de
l’emploi exercé.
La reconversion est freinée par les strates hiérarchiques
Le statut a une influence très importante au sein de la fonction publique territoriale. En
effet, les strates structurent le système hiérarchique entier. Lorsqu’il y a nécessité de
reconversion, celle-ci est freinée par les contraintes statutaires, les grades et les échelons.
L’agent ne peut pas être reconverti dans un grade ou échelon inférieur à celui dans lequel il
était précédemment, ni à un salaire inférieur.
Les concours privilégient les aptitudes scolaires
Ce principe défavorise considérablement les personnels vieillissants qui ont des
difficultés de récupération des connaissances en mémoire ainsi que des problèmes à travailler
sous des contraintes de temps ; leurs résultats sont moins bons que ceux des jeunes agents.
Les concours défavorisent aussi les personnels faiblement qualifiés, qui ont un
mauvais souvenir des expériences scolaires, ont peur de passer les concours. Il faut aussi
retravailler comme en période scolaire, avec des cours, des leçons, des examens. La notion de
menace du stéréotype est alors abordée dans la mesure où ils ont peur de suivre le stéréotype
les concernant. Le résultat témoigne que la peur les fait échouer. Ils suivent donc le stéréotype
qui leur a été attribué.
23
Pas d’entretien d’évaluation pour les catégories C, qui sont les
plus prioritaires
III- LA FORMATION DANS LE CADRE DE LA RECONVERSION : UN EXEMPLE DE LA FORMATION DES ADULTES.
Comme nous l’avons vu précédemment, la reconversion professionnelle a lieu le plus
souvent en milieu de carrière, pour des raisons propres à chaque individu. Elle concerne donc
des populations adultes ce qui entraîne des caractéristiques spécifiques au niveau de la
formation professionnelle.
Selon l’approche sociologique, l’éducation d’un individu est un processus qui s’établit
tout au long de sa vie. L’apprentissage s’inscrit alors dans un processus permanent de
socialisation. A travers la formation, l’individu acquiert progressivement une identité sociale
et culturelle spécifique, en relation avec le milieu dans lequel il se trouve placé. Il existe des
périodes de socialisation plus intensive comme lors de la reconversion professionnelle,
périodes auxquelles correspondent le plus souvent des actions de formations spécifiques
destinées à faciliter l’adaptation aux situations nouvelles. La formation des adultes peut être
alors conçue comme une instance de socialisation.
On considère également que l’acte d’apprendre chez l’adulte comporte également des
spécificités. Selon l’approche constructiviste de Piaget1, l’activité cognitive est au cœur du
processus apprendre. L’apprentissage s’inscrit dans la recherche d’un équilibre entre le sujet
et son milieu. Ce processus comporte deux aspects : l’assimilation et l’accommodation. Le
sujet, en interaction avec son environnement, mobilise des structures de connaissances puisées
dans ses connaissances stockées en mémoire. Sur la base de ces structures, il sélectionne et
organise les informations auxquelles il est confronté pour le donner un sens et agir dans la
situation. C’est le mécanisme d’assimilation. De plus, ce mécanisme peut déboucher sur une
perturbation de la structure d’accueil dans la mesure où l’information apportée contredit la
structure d’accueil ou qu’elle est insuffisante. Cela peut alors conduire à une perturbation qui
conduit elle-même à une accommodation de la structure d’accueil c’est-à-dire une
transformation de la structure pour rendre ainsi l’information nouvelle adaptée à son
environnement. Pour qu’il y ait apprentissage, il faut qu’il y ait assimilation de l’information 1 Piaget. In Bourgeois, E. & Nizet, J. (1997). Apprentissage et formation des adultes, Paris: PUF.
24
nouvelle par une structure d’accueil. Il faut donc que cette dernière soit accessible en mémoire
au moment de l’apprentissage. Les structures de connaissances que l’individu va activer
pendant l’apprentissage sont fonction de son histoire personnelle.
La formation des adultes implique également des spécificités pédagogiques. Tout
d’abord, l’individu redoute et désire à la fois la perspective d’une transformation de ses
connaissances. Il faut qu’il renonce en partie à ses représentations initiales pour pouvoir
entamer le processus d’apprentissage. Il est également essentiel d’aider l’adulte à retrouver la
joie d’apprendre, de l’aider à passer outre ses mauvais souvenirs scolaires, l’encourager à
explorer des connaissances nouvelles. Cette notion est essentielle dans la mesure où beaucoup
d’adultes ont peur d’apprendre. Dans la formation d’adulte, il est nécessaire de s’appuyer sur
l’action pour aider l’individu à réorganiser ses savoirs, et en les définissant par leur usage.
Cela fournira autant d’occasion à l’apprenant de se familiariser avec la nouvelle connaissance.
Des dispositifs d’évaluation appropriés seront utilisés, en prenant soin d’éviter des évaluations
sommatives (trop scolaires dans cette situation) et en privilégiant les évaluations formatives
où l’individu pourra progresser dans son apprentissage. Enfin, le groupe de formation sera une
notion importante dans l’apprentissage. En effet, le groupe peut exercer une fonction de
soutien psychologique à l’apprentissage individuel. Des formations spécifiques pourront être
dispensées dans le cadre de notre étude, spécifiquement adaptées pour les personnes
vieillissantes, avec un rythme plus lent, des situations concrètes.
Après avoir les déterminants, les avantages et les freins à la reconversion
professionnelle, nous avons vu que cette dernière est un dispositif spécifique de la formation
des adultes. Ce type de formations nécessite des précautions et des dispositions particulières.
La question que nous pouvons alors nous poser, après avoir évoqué le contexte d’une
collectivité territoriale ainsi qu’étudié la population concernée est la suivante : quelle est, à
l’heure actuelle, la place de la formation professionnelle de publics spécifiques dans un
processus de reconversion au sein de la mairie de Clermont-Ferrand ? Est-ce que tout est mis
en place pour faciliter la reconversion professionnelle ?
25
DEUXIEME PARTIE : LES INVESTIGATIONS CONTEXTUELLES
26
Pour une meilleure analyse, il est nécessaire d’étudier le contexte dans lequel l’étude a
été réalisée. C’est pourquoi nous allons approfondir quelques aspects du fonctionnement de la
mairie de Clermont-Ferrand, le statut de fonctionnaire, la mobilité, la reconversion
professionnelle et la formation au sein de cette collectivité territoriale. Toutes ces
informations pourront apporter un éclairage supplémentaire dans l’interprétation ultérieure
des résultats.
I. QU’EST-CE-QU’UNE COLLECTIVITE TERRITORIALE ?
La mairie de Clermont-Ferrand est une collectivité territoriale correspondant à la
commune. Cette dernière est l’unité de base de la division du territoire. En France, on ne
compte pas moins de 36500 communes.
La mairie a des compétences en matière d’actions de proximité comme l’urbanisme, le
logement, la vie économique et sociale. La commune est devenue un acteur important de la
politique de lutte contre le chômage et l’exclusion ainsi qu’un agent actif de la restructuration
économique et du développement de nouvelles activités. Les agents sont à la fois dépendants
de l’Etat pour tout ce qui concerne l’organisation générale (statut, lois générales) et également
de la collectivité elle-même (organisation des services, formation…).
La commune dispose d’on organe délibérant, le conseil municipal, et d’une autorité
exécutive, le maire, élu par le conseil municipal. Le nombre de conseillers municipaux est
proportionnel à la population. Elus pour six ans au suffrage universel direct, les conseillers
municipaux adoptent les grandes orientations de la politique communale. Les attributions du
maire sont de deux ordres, car il est à la fois l’autorité élue de la commune (représentant de
l’Etat) mais il détient également des pouvoirs propres (il est entre autre le chef hiérarchique de
l’administration communale).
II. LA MAIRIE DE CLERMONT-FERRAND
1. Les chiffres de la commune
La commune de Clermont-Ferrand comporte 141000 habitants, avec 23% de
population de moins de vingt ans et 18% de plus de soixante ans. C’est une région plutôt
vieillissante avec peu de renouvellement démographique. Ce phénomène de vieillissement
27
démographique s’observe dans beaucoup de villes de France et surtout dans les anciennes
villes industrielles comme le sont également Limoges ou Valenciennes.
La commune de Clermont-Ferrand fait partie intégrante de Clermont-Communauté,
regroupant dix-sept communes environnantes, ce qui la fait passer de 23ème agglomération à la
18ème aire urbaine française1.
2. Le bassin de la ville
Au sein de la Communauté d‘agglomération, la mairie de Clermont-Ferrand est le
deuxième employeur public de la ville (derrière le CHU) avec environ 2500 agents.
Ville industrielle, elle accueille des entreprises performantes dans quatre grands
secteurs d’activités :
Le caoutchouc, avec le leader mondial de pneumatique Michelin.
La métallurgie et la mécanique, avec les aciers Aubert et Duval, les alliages de
Péchiney-Rhénalu, les Ateliers de Construction du Centre et l’Atelier Industriel Aéronautique.
L’agroalimentaire avec le groupe Limagrain et le groupe Danone (Eaux de
Volvic).
La pharmacie avec le groupe MSD Chibret.
Ville universitaire, elle accueille plus de 30000 étudiants dans deux universités. Ville
très proche de la nature, sa proximité avec le Puy-de-Dôme, le Parc des Volcans d’Auvergne
et Vulcania, attire beaucoup de touristes. Ville d’art, elle séduit les passionnés de vieilles
pierres avec sa cathédrale gothique et sa basilique romane Notre-Dame-Du-Port, inscrite au
patrimoine mondial de l’UNESCO.
3. La mairie de Clermont-Ferrand
Le secrétaire général, secondé par les secrétaires généraux adjoints, est chargé, sous
l’autorité du maire, M. Godard, de la direction et de la coordination générale des services. Les
divisions et services sont répartis dans les principaux secteurs d’intervention de la ville :
administratif, technique, social, culturel, sportif et associatif. La mairie de Clermont-Ferrand
regroupe environ 170 métiers et fonctions variés au sein des différentes filières ce qui permet
une grande diversité de compétences.
La moyenne d’âge des agents de la mairie est de quarante-quatre ans. La population
est donc vieillissante (cf. annexe J) comme en témoigne la pyramide des âges. Plus de la 1 Source INSEE, recensement 1999. www.insee.fr
28
moitié des agents a plus de cinquante ans. D'ici 2013, plus d'un tiers des agents auront quitté
leur poste. Les hommes et les femmes sont également répartis au niveau de l’âge. Par contre,
on observe de grandes disparités au sein des filières. En effet, certaines catégories sont
exclusivement féminines comme c'est le cas pour les filières administrative, sociale, culturelle
et médico-sociale (métiers longtemps considérés comme féminin par la société). A l'inverse,
les filières techniques et sportives sont majoritairement composées d’hommes.
La pyramide d'ancienneté montre que 40% des agents a au moins vingt ans
d'ancienneté dans la fonction publique territoriale. Enfin, on peut constater que les agents de
catégorie C sont les plus nombreux dans la mesure où ils représentent 80% des agents contre
13% de catégorie B et seulement 7% de catégorie A.
III. LE POLE RESSOURCES HUMAINES
La direction des ressources humaines (DRH) est aujourd’hui gestionnaire de
l’ensemble du personnel de la mairie de Clermont-Ferrand, toutes filières confondues. Elle est
rattachée à M. Pradeau, directeur général adjoint des services, et à M. Bodet, directeur général
des services.
Insérée au sein de la filière administrative, la DRH (dirigée par Mme Bolis) est divisée
en trois grands pôles (cf. annexe B) : recrutement-formation, administration des personnels et
relations humaines. Ces pôles sont eux-même divisés en cellules : recrutement, formation,
relations de travail, gestion juridique et sociale, gestion administrative, médecine du travail,
bureau de l’assistante sociale, gestion des personnels titulaires, gestion des personnels non-
titulaires, gestion des salaires et secrétariat.
Au sein de la direction des ressources humaines, la cellule recrutement-formation est
dirigée par Mme Riffault et la cellule formation tente de se mobiliser pour répondre aux
besoins croissants de la collectivité en matière de formation. Elle a pour rôle de recueillir et
traiter les demandes des services et des agents, d’organiser les formations obligatoires prévues
au statut pour certains grades. Chaque année, cette cellule établit un plan de formation (cf.
annexe C) en collaboration avec les élus et les représentants du personnel. Elle assure le suivi
administratif et financier de la formation et procède à l’évaluation des actions de formation.
29
IV. LE STATUT DE FONCTIONNAIRE Le statut est une notion primordiale dans la fonction publique territoriale car il
conditionne tout le système hiérarchique, les concours, la mobilité, la formation.
1. Le recrutement
Certains agents de la mairie sont recrutés directement, comme c’est le cas par exemple
pour les emplois d’agent d’entretien (emplois faiblement qualifiés) ou sur titre. La mairie
développe également de plus en plus le système des contractuels, qui est l’équivalent public
du contrat à durée déterminé. La plupart des métiers sont cependant accessibles par concours.
Il existe plusieurs types de concours:
Les concours externes accessibles à toute personne ne faisant pas
partie de la fonction publique et désirant l'intégrer. Pour certains concours, il faut justifier d'un
diplôme spécifique. Les conditions communes sont : être âgé de plus de dix-huit ans et moins
de qurante-cinq ans, être de nationalité française, avoir un casier judiciaire vierge.
Les concours internes sont accessibles aux personnes travaillant déjà
au sein de la fonction publique territoriale et désirant changer de métiers, de filières ou de
grade. Les grades d’accès situés au plus bas ne sont pas ouverts au concours interne. Certains
cadres d’emploi empêchent de passer ce concours. Il existe notamment des difficultés pour
accéder à une filière autre que celle d’origine. Il faut également un certain nombre d’années
d’ancienneté, variant selon le grade, pour accéder au concours interne.
Le troisième concours est ouvert aux candidats possédant une
certaine expérience en dehors de l’administration.
2. Catégories, grades, échelons et avancement
Les agents peuvent se regrouper en trois catégories:
Catégorie A : agents possédant au minimum un Bac+3
Catégorie B : agents possédant au minimum le Bac
Catégorie C : agents ayant au maximum le Brevet des Collèges ou
pas de diplôme du tout.
Chaque « métier » comporte différents grades comportant eux-mêmes différents
échelons. L’avancement d’échelon est, en théorie, fonction de l’ancienneté et de la valeur
professionnelle. Il se traduit également par une augmentation de traitement. Il est prononcé
par l’autorité territoriale, à savoir la commission administrative paritaire (CAP).
30
L’avancement d’échelon à l’ancienneté maximale est accordé de plein droit, celui à
l’ancienneté minimale peut-être accordé selon la valeur professionnelle. A la mairie de
Clermont-Ferrand, l’avancement d’échelon se fait à partir de l’ancienneté la plus courte sauf
cas exceptionnels comme longue maladie ou manque de motivation.
L’avancement de grade est plus complexe. Il a lieu selon l’une ou l’autre des modalités
citées ci-après :
Par voie de promotion interne : condition très restrictive et laissant peu de
possibilités d’avancement. Elle peut-être subordonnée à l’ancienneté. Dans tous les
cas, il faut appartenir à une catégorie hiérarchique particulière ou être titulaires de
certains grades. C’est la commission administrative paritaire qui décide.
Par voie de sélection opérée par concours professionnel.
Loi 83-634 du 13 juillet 1983 portant sur les droits et obligations des
fonctionnaires (article 9) : « Les fonctionnaires participent par l’intermédiaire de leurs
délégués siégeant dans les organismes consultatifs à l’examen des décisions relatives à leur
carrière ».
Par certains aspects, le statut peut-être très attrayant car il apporte protection, sécurité
de l’emploi, flexibilité du temps…Mais en fait, il est très contraignant : cloisonnement des
grades, peu de promotions internes, peu de promotions au mérite personnel ce qui
n’encourage pas la compétition, et entraîne dans le temps une certaine démotivation des
personnels.
Une réflexion sur l’avancement de grade est actuellement engagée nationalement mais
aussi à l’échelle de la collectivité. Selon les principaux acteurs, l’avancement à l’ancienneté
n’est plus adapté aux exigences actuelles du fonctionnement des services. Il est donc mené
une réflexion sur l’avancement au mérite (cf. annexe D).
V. LA GESTION PREVISIONNELLE DES EMPLOIS ET DES
COMPETENCES
La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences a commencé à être mise en
place il y a environ cinq ans. Avec la perspective des nombreux départs à la retraite, la
nécessité de gérer les effectifs est devenue primordiale. Car c’est bien en terme de gestion
d’effectifs que la cellule de GPEC a été mise en place. La gestion des compétences au sein de
la mairie de Clermont-Ferrand est secondaire.
31
La GPEC a généralisé la mise en place des fiches de poste et elle gère en partie les
entretiens annuels d’activité, les bilans professionnels. Une tentative de construction de
référentiels de compétences est également en cours de réalisation.
La cellule GPEC est surtout au cœur de la mobilité professionnelle, dans la mesure où elle
gère toutes les demandes de reconversion. C’est également elle qui s’occupe de recevoir les
agents en demande. A l’heure actuelle, une seule personne à mi-temps s’occupe de cette
cellule.
VI. LA MOBILITE ET LA RECONVERSION
La mairie de Clermont-Ferrand semble vouloir développer la reconversion de ses
agents dans la mesure où elle fait partie intégrante du plan de formation. Cependant, la
mobilité et la reconversion sont mal établies. En effet, la ville ne possède pas de politique de
mobilité claire et bien définie. La plupart des agents ne savent pas comment bouger d’un
service à l’autre et la mobilité est souvent perçue comme une infidélité au service.
A l’heure actuelle, la reconversion se résume presque uniquement en terme de
reclassement des personnes devant être mises en situation de postes aménagés pour des
problèmes de santé. Ces derniers ne peuvent pas refuser plus de trois fois des propositions de
poste sinon ils se verront ensuite affectés d’office selon les nécessités de service et les besoins
de la collectivité (cf. annexe E. a). Certaines personnes, désireuses de se reconvertir au sein de
la mairie, se retrouvent au sein d’une cellule de mobilité-reconversion. En moyenne, les
mobilités internes se font sous un délai de trois mois. Dès lors, les personnels peuvent passer
des entretiens de mobilité, établir un bilan professionnel pour déterminer où en est leur
situation professionnelle. Cette pratique reste marginale, elle est le plus souvent réservée à des
publics en grande difficulté, vieillissants et faiblement qualifiés.
Les postes vacants sont signalés sur « Cité Flash », magazine édité par la Mairie et
distribué chaque mois avec le bulletin de salaire des agents. Ils sont également disponibles sur
Intranet sous la rubrique ressources humaines, mobilité (cf. annexe E. b). Les inconvénients
sont que le Flash est distribué mensuellement, ce qui ne permet pas une mise à jour régulière
des offres et que l’Intranet n’est pas consultable par tous les agents. Il existe un problème de
communication interne au niveau de la diffusion des postes à pourvoir.
32
Un stage de reconversion a également lieu, dispensé par un organisme extérieur à la
Mairie (cf. annexe E. c). Il se déroule sur trois demi-journées. Afin de rendre le stage plus
interactif, le service formation a décidé d’un effectif maximum de sept agents, venant de
services différents. Le stage se déroule comme suit : une phase de présentation du stage et des
participants, une phase d’analyse du poste occupé, une identification et une analyse des
compétences, la rédaction d’un curriculum vitae et d’une lettre de motivation et enfin, un
entraînement à l’entretien de mobilité avant de conclure. Il présente un double avantage. Le
premier avantage concerne la collectivité ; en effet, cela lui permet de reconvertir plus
aisément ses agents, de recenser les savoirs, savoirs-faire, savoirs-être et compétences
transversales détenues au sein de la collectivité. Le stage de reconversion est jugé également
plus avantageuse pour l’agent lui-même. Lors du stage, j’ai pu remarquer que l’agent a la
possibilité de mettre à jour ses compétences, de se repositionner par rapport à son emploi et à
sa collectivité. Il faut toutefois noter que certains agents ont des difficultés à formuler leurs
compétences et qu’un travail préliminaire serait nécessaire au préalable.
L’organisation de la fonction publique territoriale possède un atout extraordinaire, une
diversité de domaines d’activités et de fonctions exercées en son sein. Mais cet atout n’est pas
valorisé parce que la collectivité ne se présente pas comme un champ d’opportunités
professionnelles, mais aussi parce qu’elle ne dispose pas de moyens permettant d’identifier et
de traiter les demandes d’évolutions professionnelles. Enfin parce que la culture « service par
service », cloisonnée, tue dans l’œuf une bonne part des souhaits d’évolutions, figeant la
structure et faisant apparaître la mobilité comme une sorte d’infidélité à son domaine
d’activité. Il faut donc faire évoluer les pratiques et les mentalités. Cela s’observe tant au
niveau des faibles demandes de mobilité que par les remarques émises par les agents ayant
suivi le stage.
VII. LA FORMATION
1. Cadre légal
La formation prend une part grandissante au sein des plans de formation car elle
permet à la collectivité de rendre ses agents plus opérationnels et plus performants.
Dans ce cadre, la ville de Clermont-Ferrand verse 1% de sa masse salariale au centre
national de la fonction publique territoriale. En outre, elle consacre 1,5% de sa masse salariale
33
à la formation. Les investissements couvrent les formations statutaires obligatoires, les
préformations, les stages catalogues, les stages "intra" et externes.
Le centre national de la fonction publique territoriale est un établissement public
paritaire composé de représentants du personnel et d’élus. Il est déconcentré au niveau
régional avec vingt-huit délégations dont la délégation Auvergne. Chacune est chargée de
relayer la mise en œuvre des politiques nationales en matière de formation, d’emploi ou de
carrière. La délégation régionale prend en compte les besoins en formation des collectivités
situées sur son territoire. L’ensemble de ces délégations assure des missions de formation,
l’organisation des concours déconcentrés de la FPT et des missions liées à l’emploi territorial.
Les délégations régionales s’occupent de la formation initiale des cadres B et des agents de
police municipale. La formation des cadres de la catégorie A est assurée par les écoles
nationales d’application (ENACT) qui sont quatre en France. La région Auvergne dépend de
l’ENACT de Montpellier.
2. La formation statutaire obligatoire
Elle a pour objectif de donner à la personne récemment nommée, les connaissances
élémentaires sur l'action publique locale afin de lui permettre de mieux exercer son métier,
grâce à des formations professionnelles spécifiques, adaptées aux besoins que requiert sa
nouvelle fonction. Elle est obligatoire pour les agents de catégorie A et B et les agents de
police nationale de catégorie C. les agents nommés par promotion interne ont leur FIA réduite
de moitié.
Elle se déroule en deux temps. La formation avant titularisation est à effectuer pendant
la période de stage et elle conditionne la titularisation. La formation d’application à l’emploi
se déroule après la titularisation, permettant ainsi l’avancement de grade.
3. Trois modes de formation
Les formations « inter » sont composées de stages organisés par le CNFPT, financés
par le 1% formation proposés pour la plupart d’entre eux dans le catalogue annuel et de stages
proposés par des organismes privés, de façon exceptionnelle.
Les formations « intra » sont organisées spécialement par la ville pour ses agents en
faisant appel, soit directement à un organisme privé, soit au CNFPT. Ces stages sont facturés
à la collectivité donc utilisés à titre exceptionnel.
34
Les formations internes sont dispensées par des agents de la ville pour d’autres agents
de la ville.
4. La formation professionnelle continue
D’un point de vue légal, les agents de la fonction publique territoriale ont quasiment
les mêmes droits et obligations que les autres salariés. Les agents peuvent bénéficier d’une
formation en cours de carrière. Celle-ci permet d’accéder à un nouveau cadre d’emploi ou à
un nouveau grade. Il s’agit de préparation aux concours. Elle est ouverte à tous les titulaires
sous réserve de l’avis du chef de service et de l’autorité territoriale. Ce sont les préformations
qui permettent à l’agent de pouvoir ainsi évoluer dans leur carrière.
Les agents peuvent également bénéficier d’actions de perfectionnement en vue de
maintenir ou de préparer une qualification professionnelle. Ces actions sont inscrites au plan
de formation. Tous les agents, titulaires ou non, peuvent en bénéficier toujours sous avis du
chef de service et de l’autorité territoriale. Elles doivent être obligatoirement en liaison avec
les fonctions exercées par l’agent sauf parfois en cas de mobilité. Certaines formations sont
obligatoires du fait de l’évolution des postes et de la modernisation des techniques. Le service
formation établit également un programme des stages en tenant compte des axes prioritaires
de formations et des contraintes budgétaires. Les stages dispensés par le CNFPT sont sous
forme de « stage-catalogue » les formations par cabinet extérieur sont peu utilisées.
Enfin, les agents titulaires peuvent également bénéficier d’action telles que les congés
individuels de formation ou les bilans de compétences après avoir accompli au moins trois
années de service dans la fonction publique et respecter un délai de douze mois entre une
action de formation professionnelle et le congé. Les congés de formation professionnelle ne
sont prises en charge qu’à titre exceptionnel (aucun accord en quatre ans).
La formation est classée par ordres de priorité avec une priorité à la FIA, puis à la
formation professionnelle répondant aux besoins spécifiques des services.
Les préformations et les formations personnelles rentrant entre autres dans le cadre de la
mobilité ne sont pas prises en charge faute de moyens et d’envie de la part des services
dirigeants.
Les formations obligatoires sont entièrement prises en charge par la mairie au niveau de
l’apprentissage mais aussi des nuitées, repas, transports…
35
TROISIEME PARTIE : METHODOLOGIE ET
TERRAIN
36
Dans cette troisième partie, nous allons, dans un premier temps, définir le terrain de
l’étude. Ce terrain concerne plus précisément les agents territoriaux spécialisés des écoles
maternelles, ainsi que les personnels de restaurants scolaires. Dans un deuxième temps, nous
allons évoquer la méthodologie utilisée dans la réalisation de l’étude.
I. LE TERRAIN
1. La direction de la vie scolaire et de la petite enfance (DVSPE) La DVSPE regroupe deux services : la vie scolaire et la petite enfance / restauration
scolaire qui comprend la petite enfance, la gestion des agents territoriaux spécialisés des
écoles maternelles, la gestion des concierges et personnels d’entretien, les restaurants
scolaires. Le deuxième service comprend l’animation périscolaire.
L’organisation des restaurants scolaires est provisoire car un nouveau projet de service
est à l’étude. Les modifications vont avoir lieu tant au niveau de la direction et du découpage
des services que de l’organisation du travail (cf. annexe F).
Actuellement, les personnels de cuisine préparent les repas dans chacune des soixante-six
écoles publiques concernées, les crèches étant à part dans le fonctionnement des restaurants
scolaires. Le projet concerne le changement d’une partie de l’organisation du travail. En effet,
la direction souhaite construire quatre unités de production, dispatchées dans les quatre
secteurs de découpage de la ville. Chaque unité concevra de mille à mille deux-cent repas. La
première unité sera construite à l’école Aristide Briand et sera opérationnelle en 2005. Elle
regroupera environ vingt personnes, avec une organisation similaire à celle actuelle à savoir:
un responsable de restaurant, deux cuisiniers et le reste du personnel en qualité d’aide-
cuisinier.
2. La population étudiée dans le cadre du stage
a. Les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles
Les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) sont des agents de
Catégorie C, rattachés à la DVSPE. Ils sont obligatoirement titulaires d’un CAP petite
enfance et exercent dans les écoles maternelles. L’emploi est uniquement accessible sur
concours.
37
Leurs tâches principales (cf. annexe H.a) consistent en l’accompagnement des enfants,
la participation aux activités éducatives et pédagogiques ainsi qu’en l’entretien des locaux et
du matériel de l’école. La population est composée de cent-quatorze agents, essentiellement
des femmes. L’âge moyen se situe autour de quarante-sept ans, l’amplitude allant de trente et
un ans pour la plus jeune à soixante-quatre ans. En fait, 52% des ATSEM ont plus de
cinquante ans et 70% plus de quarante-cinq ans. En ce qui concerne l’ancienneté, elle est de
vingt-deux ans en moyenne.
b. Les personnels de restaurants scolaires
Les personnels de restaurants scolaires sont des agents de catégorie C, rattachés,
comme les ATSEM, à la DVSPE. Le recrutement se fait sans concours. L’emploi est
accessible avec le CAP cuisine. Le personnel de restaurants scolaires (cf. annexe H.a) est
chargé de la préparation des repas et des activités d’entretien. Il peut également encadrer des
enfants et animer les cantines scolaires.
La population employée dans les restaurants scolaires se répartit en quatre catégories :
les titulaires, les titulaires « volants » qui sont à la fois personnels de restaurant et ATSEM et
changent d’activité en fonction du besoin. Les remplaçants qui ne sont pas titulaires et
occupent le plus souvent des fonctions d’aide-cuisinier. Enfin, les agents en postes
aménagés qui, pour raisons médicales, ont des horaires et fonctions aménagées. La population
est de deux-cent dix personnes réparties comme suit : cent cinquante-cinq titulaires, onze
titulaires « volants », quarante remplaçants et quatre postes aménagés.
La moyenne d’âge des personnels de restaurants scolaires est de quarante-deux ans.
Les titulaires sont les plus âgés avec une moyenne d’âge de quarante-sept ans contre trente
ans pour les titulaires « volants » et les remplaçants. On peut également observer que 24% de
la population a plus de cinquante ans. L’ancienneté moyenne se situe autour de quatorze ans
avec, dix-huit ans en moyenne d’ancienneté pour les titulaires contre seulement quatre et trois
ans pour les titulaires « volants » et les remplaçants.
Dès 2004, le nouveau projet de service va progressivement être mis en place, ce qui va
entraîner une nouvelle organisation du travail. Les compétences et activités des agents de
restaurants scolaires vont changer. En effet, leur rôle d’animation va être renforcé. Dans cette
optique, la DVSPE a décidé de faire préparer le brevet d’aptitudes aux fonctions d’animateur
de centre de vacances et de loisirs (BAFA) aux agents titulaires. Le BAFA est composé de
deux parties : un stage théorique et un stage pratique. Cependant, il sera nécessaire d’adapter
le contenu de la formation au contexte, en tenant compte de la réalité du travail, de l’âge, de
38
l’emploi ou de l’expérience du public. La direction a la volonté de mettre en place un
dispositif conçu spécialement pour cette population, une sorte de « sur-mesure ». Quatre-vingt
neuf personnes sont déjà formées, et il en reste quatre-vingt une. La formation va se dérouler
sur trois ans avec deux groupes de quinze personnes par an. La préparation du BAFA revient
à environ mille euros par personne. Par obligation légale, 80% des agents doivent avoir le
BAFA-CLSH afin de respecter les normes de sécurité en cuisine.
Il est également obligatoire d’avoir toujours deux personnes sur le restaurant détenteur
du brevet de secourisme mais celui-ci doit rester sur la base du volontariat. Ce brevet sera
préparé dans le cadre des journées de formation obligatoire.
c. La formation des deux populations étudiées
Etant donné la difficulté à former les agents pendant leur activité normale
(incompatibilité avec le rythme scolaire), une semaine durant les vacances de février est
entièrement consacrée à la formation des personnels de restaurants scolaires. Le service
formation envoie chaque année au personnel concerné, par école, un tableau permettant à
chaque agent de préciser ses choix de stage pour la formation. Par exemple, cette année,
quatorze thèmes (cf. annexe G) étaient proposés. Nous citerons, à titre d’exemple : animation
périscolaire, se positionner face à l’agressivité, comportement difficile de l’enfant, hygiène
alimentaire, nettoyage des locaux, HACCP, régulation des conflits, gestes de premiers
secours… Ce sont essentiellement des formations d’adaptation ou d’amélioration dans
l’emploi. Dans l’ensemble, il est possible de donner satisfaction aux agents sur leurs choix
bien que l’expérience montre que certains ont parfois été affectés sur les places restantes. Les
remplaçants ne participent que très peu aux formations dans la mesure où leur présence est
indispensable durant cette période et qu’ils ne sont pas prioritaires en matière de formation. Il
y a peu de renouvellement des thèmes de formation d’une année sur l’autre.
Les ATSEM sont formés le soir, après leurs horaires habituels de travail, les heures de
formation étant récupérées. Les problèmes liés à la formation (formations de stricte
adaptation, thèmes peu souvent renouvelés) sont les mêmes que chez les personnels de
restaurants scolaires.
39
II. LES ETAPES ET OUTILS UTILISES
1. Les effectifs
a. La structure des effectifs
La pyramide des âges
Elle permet de visualiser la structure de la collectivité ou du service concerné par
l’analyse. En utilisant cette pyramide des âges, la collectivité peut faire une gestion immédiate
ou prévisionnelle des effectifs. Elle permet également de dégager les points forts et les points
faibles de la structure des effectifs.
La pyramide d’ancienneté
La pyramide d’ancienneté est un outil qui permet de vérifier la stabilité des personnes
dans les emplois, d’étudier les opportunités de mobilité, d’apprécier les acquisitions
d’expérience. Elle permet aussi d’apprécier les possibilités de formation ainsi que les
promotions futures ou en cours.
Les pyramides des âges et d’ancienneté seront utilisées afin d’étudier le vieillissement
de la population ainsi que la culture d’entreprise et la résistance possible au changement.
b. Analyse des comportements au travail
Analyse de l’absentéisme Les populations actives, aujourd’hui vieillissantes, s’accommodent mal des conditions
de travail dégradées et exigeantes. Cette contradiction entre les caractéristiques du travail et
les aspirations de ceux qui l’exécutent est source de dysfonctionnement social. Les indicateurs
de ce dernier sont en particulier le turn-over et l’absentéisme.
L’absentéisme peut être défini comme un manque d’assiduité à un travail exigeant la présence
en un lieu (Petit Robert). On retiendra surtout comme absentéisme le temps non travaillé qui
aurait dû normalement l’être.
40
En général, selon Jardillier1, on trouve deux types d’absences pour maladie. Les
absences longues qui reflètent l’état de santé de la population étudiée et qui augmentent en
général avec l’âge et les absences de courtes de courtes durées, également appelées
absentéisme de fréquence. Les sources de l’absentéisme en France sont difficiles à cerner.
Caractéristiques personnelles des absents fréquents
Les études montrent que la liaison entre absentéisme et « absentéisme maladie » n’est
manifeste que dans des cas extrêmes. Elle relèverait plutôt de l’adaptation ou non au travail.,
Les femmes sont généralement plus souvent absentes que les hommes. Ce phénomène est en
partie dû au fait que les femmes occupent des emplois moins qualifiés et que leur situation
familiale (enfants) les amènent à être plus souvent absentes pour des raisons familiales. En
outre, si l’on étudie la corrélation entre l’absentéisme et le niveau de qualification
professionnelle, on observe que l’assiduité progresse avec la structure socio-professionnelle
dans l’entreprise. Le critère le plus pertinent n’est pas le niveau de qualification mais
l’adéquation entre ce niveau et la qualification du travail confié. La surqualification entraîne
par exemple un surcroît d’absentéisme. Enfin, on peut constater que l’absentéisme va de pair
avec l’intégration au groupe. Moins une personne sera socialement intégrée dans son travail,
plus elle sera absente.
Le travail et ses conditions d’exercice
L’assiduité corrèle parfaitement avec le niveau de qualification des individus. La
charge de travail influe également sur l’assiduité dans la mesure où une source insuffisante est
source d’absentéisme mais c’est également vrai pour le contraire. Enfin les quatre conditions
de travail principales (horaires postés, mode de rémunération, encadrement, relations
paritaires) peuvent générer une hausse de l’absentéisme. Les horaires de travail postés
engendrent souvent de l’absentéisme, ainsi que les contraintes horaires qui sont moins bien
supportées avec l’âge. Le mode de rémunération et l’encadrement immédiat sont deux autres
conditions influant su l’absentéisme. Les relations paritaires influent également sur
l’absentéisme dans la mesure où celui-ci surgit avec un conflit de longue durée.
L’entreprise
Les deux points les plus importants relatifs à l’entreprise sont que l’absentéisme
augmente avec la taille de l’entreprise dans la mesure où les salariés se sentent moins
responsables et moins dépendants. Le deuxième point concerne la culture d’entreprise. En
1 Jardillier, P. (1986). Un cas de dysfonction sociale : l’absentéisme. In Levy-Leboyer, C. & Sperandio, J.C., La psychologie du travail, Paris: PUF.
41
effet, l’absentéisme est un élément important des traditions, des coutumes, de la culture et des
avantages sociaux de l’entreprise.
En résumé, les sources, facteurs et conséquences de l’absentéisme sont nombreux.
L’absentéisme, dans notre étude, sera un indicateur du dysfonctionnement social et de la
motivation des agents au travail. Dans le cadre de cette étude, l’absentéisme sera étudié en
fonction de l’âge, de l’ancienneté et du statut de l’agent.
Analyse des accidents du travail Selon Ewald1, « est considéré comme accident du travail, qu’elle qu’en soit la cause,
tout accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail à toute personne salariée ou
travaillant, à quelque titre et en quelque lieu que ce soi, pour un ou plusieurs employeurs ou
chefs d’entreprise ».
Les premières études ont conçu l’accident du travail comme un phénomène simple,
résultant d’une cause unique. Cette cause pouvait être soit technique (liée au travail lui-
même), soit humaine en considérant des facteurs tels que l’intelligence, l’attitude à l’égard du
risque ou la personnalité de l’individu. Même si ces travaux ont permis des avancées en
matière d’explications, ils n’en restent pas moins limités. En effet, l’individu et son
environnement sont en interaction constante, c’est pourquoi il est préférable de prendre en
compte la dimension multicausale de l’accident du travail. Cette nouvelle perspective
considère l’accident comme un symptôme de perturbations au sein du groupe de travail. En
effet, selon Hill et Trist2, il existe un lien entre les absences non justifiées et les accidents. Les
individus accidentés son également ceux qui ont une tendance à s’absenter pour d’autres
raisons que l’accident. L’accident serait donc, pour ces auteurs, un signal de tension entre
l’individu et l’entreprise. Il faut donc considérer l’accident du travail dans son ensemble pour
mieux appréhender ses causes et conséquences.
L’analyse des accidents du travail, dans le cadre de l’étude, sera un outil permettant
d’appréhender les perturbations sociales afin de savoir s’ils peuvent être la base de la décision
de reconversion.
1 Ewald, F. (1951). In Levy-leboyer, C. & Sperandio, J.C. (1987). La psychologie du travail, pp.703, paris : PUF. 2 Hill, J.M. & Trist, E. (1953). In Levy-leboyer, C. & Sperandio, J.C. (1987). La psychologie du travail, pp.703, paris : PUF.
42
2. L’analyse des emplois et des compétences
a. Les fiches de postes (cf. annexe H. a)
Mises en place tardivement (2001) au sein de la mairie, elles ont été remplies à l’aide
des entretiens menés auprès des titulaires. Les fiches de poste regroupent un certain nombre
d’éléments à travers différentes rubriques. La première rubrique situe l’emploi à travers la
filière, le cadre d’emploi, le service, la catégorie, le code service et le lieu d’exercice. Elle
décrit ensuite les formations et expériences requises puis la raison d’être du poste avec
l’effectif rattaché et le budget géré.
Une section traite également des relations de travail qui entrent dans l’exercice du poste, qu’il
s’agisse des relations internes ou externes à la mairie. Les trois principales rubriques traitent
respectivement des activités principales rattachées au poste, les compétences requises et les
spécificités requises. Pour la compétence, on retrouve le savoir, savoir-faire et savoir-être mis
en relation avec quatre niveaux de maîtrise (notions, bonne connaissance, maîtrise, expertise)
de l’emploi. Les spécificités concernent les conditions de travail de l’emploi, les moyens
utilisés dans la fonction ou encore les habilitations obligatoires.
Les fiches de poste permettent de situer l’emploi dans son service, sa filière. Elles
permettent aux agents de se situer par rapport à l’emploi, par rapport aux compétences à
détenir, à utiliser ou à développer.
b. Le bilan professionnel (cf. annexe H. b) Il a pour objectif de définir un projet individualisé de réorientation professionnelle. Il
vise à identifier et formaliser l’expérience acquise, les compétences, les atouts et les freins. Le
bilan professionnel vise également à analyser les motivations, le profil, le personnel, à
déterminer des pistes d’action à partir de potentialités d’évolution et enfin à identifier les
besoins individuels en formation.
c. Les entretiens annuels d’activité (cf. annexe H. c) Les EEA ont été mis en place en 2001. Seuls les cadres de catégorie A, les agents de
catégorie B et ceux de catégorie C encadrant au moins cinq agents en bénéficient.
43
Ils sont réalisés entre deux personnes de niveaux hiérarchiques différents, en vue de
dresser un bilan de la période écoulée et de définir des objectifs d’évolution pour la période à
venir.
Ils ont trois fonctions principales : une fonction de dialogue entre les personnes, une
fonction de résolution de problèmes. La troisième fonction est la plus importante car c’est la
fonction d’amélioration. Il s’agit de déceler les potentialités de l’agent, ses souhaits
d’évolution, ses besoins en formation et de définir à chacun des objectifs en tentant de lui
fournir les moyens correspondants.
Les EAA se déroule en cinq temps. La première étape concerne le descriptif du poste
qui correspond à la définition de la fonction et non pas de la situation statutaire. Les agents
notent les activités principales, nouvelles, les compétences exigées dans le but d’actualiser le
descriptif du poste pour tenir compte des évolutions et développer les compétences requises.
Le deuxième temps correspond au bilan de l’année écoulée avec les objectifs atteints, non
atteints, analyse, compétences développées. Cette étape a pour but de faire le point sur ce que
l’agent a fait, sur les points à développer. Dans un troisième temps, les agents notent leurs
objectifs pour l’année à venir et les plans d’action qu’ils jugent possibles. Les agents sont
interrogés sur leurs projets d’évolution, leurs souhaits de mobilité, les moyens pouvant être
mis en œuvre. Enfin la dernière étape concerne les besoins en formation. La hiérarchie doit
évaluer l’agent sur les écarts entre ses propres compétences et les compétences qui lui sont
nécessaires pour tenir son poste, pour s’adapter aux évolutions de ce poste, et pour préparer
l’évolution de sa carrière.
3.La construction des aires de mobilité professionnelle (cf. annexe I)
Dans le cadre de la mobilité de reconversion, il est nécessaire de repérer les
compétences détenues. Une fois cette opération faite, il est bénéfique de créer des aires de
mobilités professionnelles. Ces dernières favorisent l’orientation et la reconversion
professionnelle.
Le concept est simple : il s’agit de montrer comment un emploi peut être proche d’un
autre emploi alors qu’ils ne se ressemblent apparemment pas. C’est la question des
compétences transférables qui est posée. Les emplois sont positionnés les uns par rapport aux
autres, en fonction de la plus ou moins grande similitude de leurs compétences cognitives.
C’est la représentation de ces emplois les uns par rapport aux autres qui permet de construire
une « aire de mobilité » pour chaque emploi. Chaque aire correspond ainsi à un ensemble
44
d’emplois vers lesquels il est possible potentiellement de se diriger. Cette analyse se décline
ensuite en terme d’action : formation, mode d’adaptation à privilégier…
La construction des aires de mobilité professionnelle des ATSEM et personnels de
restaurants scolaires pourra permettre une reconversion plus facile à partir des recensements
des compétences. Comme décrit précédemment, les aires de mobilité professionnelle
permettent de se repérer facilement au sein des métiers. Il est essentiel de ne pas fonctionner
en terme de statut, grades ou échelons. Il est également important de regrouper les métiers par
familles puis de les faire fonctionner dans une aire allant de l’emploi le plus proche à celui le
plus éloigné. Elles permettent de se situer en un seul coup d’œil sur la carte des métiers.
Les aires de mobilité professionnelle sont utiles à deux niveaux. Dans un premier
temps pour la reconversion en flux tendu car elles permettent de déterminer l’emploi que peut
exercer la personne, le plus rapidement possible et sans ou voire avec peu de formation. Dans
un deuxième temps pour la gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des
compétences car elles aident à anticiper l’emploi.
4. Autres outils utilisés
a. Le guide de formation Conçu par les services formation et communication, il a pour vocation d’informer les
agents sur les possibilités, modalités et demandes de formation. Il a été distribué à tous les
agents de catégorie A et B de la mairie de Clermont-Ferrand. Les agents de catégories C n’ont
donc pas accès à l’information sur la formation de la même manière. Ils doivent essayer eux-
même de rechercher l’information.
Il comprend des explications sur le plan de formation, les outils et réseaux de
formation (modes de formations et organismes partenaires), les différents types de formations
avec la formation professionnelle continue, les formations obligatoires ou encore les
formations syndicales, les examens et concours. Enfin, le guide de formation aborde les
conditions d’exercice de la formation avec les principes généraux, les textes de loi relatifs à la
formation, les procédures d’inscription et des informations sur les frais de déplacement.
45
b. Entretiens informels avec la direction des ressources humaines Le stage m’a permis d’avoir des entretiens informels avec les cadres des différents
services de la direction des ressources humaines. Ils m’ont apporté des éléments
d’informations pertinents dans le cadre de mon sujet et m’ont éclairé sur des points
particuliers. Toutefois, il est important de relativiser les données de ces entretiens dans la
mesure où ils ne représentent qu’un seul point de vue. Il a donc été important de les coupler
avec des recherches de terrain.
c. Les tableaux de bords des évolutions naturelles et le bilan social (cf. annexe J)
Dans le cadre de notre étude, ce sont essentiellement les flux d’entrées et de sorties de
la collectivité. Ils permettent de déceler les tendances et facteurs d’évolution des effectifs et
les tendances de mobilité afin d’extrapoler pour les années à venir.
Les flux de sorties concernent en particulier les démissions, décès, retraites,
promotions, licenciements, mise à disposition et les mutations. Les recrutements (concours
internes, externes ou directs), les relais de mise à disposition, les fins de détachements et les
mutations sont des flux d’entrées.
Malheureusement, les données concernant ces flux ont été limitées car peu utilisées par la
mairie. Les seuls chiffres utilisables sont ceux extraits du bilan social de 2001.
46
QUATRIEME PARTIE : FORMALISATION DE LA RECHERCHE
47
Dans cette dernière partie, nous allons présenter les résultats concernant le bilan
social, les effectifs, ainsi que les comportements au travail (absentéisme et accidents du
travail) des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles ainsi que des personnels de
restaurants scolaires. Nous tenterons ensuite d’interpréter les résultats au regard des diverses
théories abordées et du contexte. Enfin, nous proposerons quelques pistes d’action concernant
la reconversion professionnelle.
I. LES RESULTATS
1. Analyse du bilan social (cf. annexe J)
Lors de mon stage, les bilans sociaux 2002 et 2003 n’étaient pas encore édités. C’est
pourquoi je me suis appuyée sur le bilan social de 2001 pour étayer mes recherches.
L’effectif permanent de la mairie de Clermont-Ferrand est de 2281 agents dont 2103 à
temps complet. Les personnels de restaurants scolaires représentent donc 9,2% des effectifs
totaux et les ATSEM 5% des effectifs. L’âge moyen des agents est de quarante-quatre ans.
Les hommes représentent 51% des agents de la mairie de Clermont-Ferrand contre 49% pour
les femmes. Un agent travaille 222 jours à temps plein à raison de 35 heures par semaine.
La pyramide des âges est globalement bien équilibrée. Tous les âges sont représentés
et la population se renouvelle régulièrement. Les agents de moins de trente ans et surtout ceux
de moins de moins de vingt-cinq ans sont toutefois plus faiblement représentés. La
perspective des départs à la retraite va permettre de rééquilibrer la pyramide en libérant de la
place pour de nouveaux arrivants. Cette pyramide montre une accumulation d’expérience
grâce à la présence d’agents plus âgés ce qui entraîne également une forte résistance au
changement. La population de la mairie de Clermont-Ferrand est plutôt vieillissante. En 2001,
la pyramide d’ancienneté montre une bonne répartition des agents. La majorité des agents a
entre vingt et vingt-quatre ans d’ancienneté. Mais la pyramide est bien équilibrée, il y a autant
d’agents de moins de dix ans d’ancienneté que d’agents de plus de vingt-cinq ans
d’ancienneté.
La répartition des agents montre que 80% des agents sont en catégorie C, 13% en
catégorie B et 7% en catégorie A. Les hommes et les femmes sont également répartis dans les
différentes catégories. En revanche, 63% des agents font partie de la filière technique
48
(essentiellement composée d’hommes) et 15% appartiennent à la filière administrative
(majoritairement féminine). Les autres filières sont à peu près égales en représentation et sont
sexuellement représentés sauf pour les filières sociales et médico-technique, essentiellement
féminines.
En outre, on peut rapidement noter que la cause principale de départs de la mairie est
le départ à la retraite et que les arrivées sont majoritairement consécutives à la réussite aux
concours. Enfin, la formation des agents titulaires est principalement répartie autour de treize
thèmes. Le bilan social montre qu’elle a été en légère hausse entre 2000 et 2001.
2. Résultats des ATSEM (cf. annexe K)
a. Analyse des effectifs (cf. annexe K. a)
La pyramide des âges L’âge moyen des ATSEM se situe autour de quarante-sept ans. La pyramide des âges
se situe à un moment critique. En effet, 70% des ATSEM ont plus de quarante-cinq ans et
52% ont plus de cinquante ans. Il n’y a pas d’agents de moins de trente ans et seulement trois
agents entre trente et un et trente-quatre ans. La majorité des ATSEM sont des femmes.
La pyramide des âges est en champignon avec peu de jeunes et une large majorité de
personnes vieillissantes. Les points forts tiennent alors à une accumulation d’expérience. De
plus, les futurs départs à la retraite vont permettre de prévoir une marge de manœuvre pour
recruter. Les points faibles concernent les difficultés de reconversion des personnes
vieillissantes dans la mesure où il y a une forte résistance au changement. Les coûts salariaux
sont également très élevés.
La pyramide des âges est critique dans la mesure où à partir de 2005, une période de
massification des départs à la retraite va se produire. L’apogée sera en 2013 avec le papy-
boom. Les jeunes agents sont quasiment inexistants. Il va donc falloir rapidement recruter du
personnel qualifié.
La pyramide d’ancienneté
L’ancienneté moyenne est de vingt-deux ans. L’agent le plus ancien a quarante ans
d’ancienneté. Il y a eu très peu de recrutements récents, avec à peine cinq agents ayant moins
de cinq ans d’ancienneté et treize agents ayant moins de dix ans, soit 16% de la population
totale. Les vagues de recrutements les plus importantes ont eu lieu entre 1973 et 1979. Les
49
recrutements se font environ tous les trois ans, en fonction des besoins. On peut noter que
32% de la population a moins de quinze ans d’ancienneté, 16% des agents ont entre quinze et
vingt-cinq ans et plus de la moitié des ATSEM (52%) a plus de vingt-cinq ans d’ancienneté.
Une majorité des ATSEM a de l’ancienneté. On observe toutefois un creux au niveau
de l’ancienneté moyenne (entre treize et vingt-quatre ans d’ancienneté), ce qui posera un
problème dans le cadre des départs à la retraite. Les points positifs tiennent à une
accumulation d’expérience de la part d’une population expérimentée qui pourra transmettre
aisément ses compétences et sa culture aux jeunes. Le nombre élevé d’agents avec de
l’ancienneté entraîne des coûts salariaux élevés. Enfin, on peut remarquer qu’il y a un
décalage entre l’âge moyen et l’ancienneté. En effet, l’âge moyen est de 49 ans et l’ancienneté
moyenne de 22 ans. Si les agents ont besoin au minimum de 37,5 annuités pour partir à la
retraite, la moyenne d’âge de départs à la retraite sera alors de 64 ans. L’âge sera un élément
critique pour travailler avec les enfants, surtout d’un point de vue physique.
b. Analyse de l’absentéisme (cf. annexe K. b)
L’étude de l’absentéisme peut permettre d’étudier, de vérifier et de comprendre s’il y a
un malaise au sein d’une population, pourquoi ce malaise existe et enfin, quels peuvent être
les moyens d’actions pour remédier à ce malaise.
Que ce soit en 2002 ou en 2003, ce sont les « maladies ordinaires » qui sont les plus
répandues chez les ATSEM. Dans cette population, il y a très peu de congés maternité,
quelques maladies « longue durée » et six cures sur deux ans. En 2002, 61% des ATSEM ont
eu des arrêts maladie contre 55% en 2003.
Aspects méthodologiques :
Les résultats en nombre de journées d’arrêts et en nombre moyen d’arrêts ont été
calculés sur deux bases. En effet, la moyenne sur la population totale a été calculée sur la base
de tout l’échantillon du type de personnel choisi (malades et non malades) alors que les
secondes données sont extraites à partir des agents ayant eu au moins un arrêt « maladie
ordinaire » dans l’année.
Dans les tableaux de résultats, on trouve deux résultats concernant le nombre
d’arrêts par types de personnels. La première ligne prend en compte tous les arrêts « maladie
ordinaire » de la population. Les seconds résultats concernent les arrêts en continu, c’est-à-
dire les arrêts renouvelés sans discontinuité de temps entre eux; ils sont alors comptés comme
un seul arrêt. C’est ce qui explique que les postes aménagés aient si peu d’arrêts (ils ont
50
beaucoup d’arrêts prolongés, le plus long étant de un an) et qu’il y ait une telle différence
entre les deux calculs des arrêts moyens.
Pour tous les résultats concernant l’absentéisme, les résultats seront calculés sur la
base des arrêts « maladie ordinaire », jugés comme plus pertinents dans le cadre de notre
étude.
Résultats de l’absentéisme en journées d’arrêts « maladie ordinaire »
Le nombre de journées d’arrêts « maladie ordinaire » a nettement baissé entre 2002 et
2003, passant ainsi de 1882 journées à 1368 journées.
La même tendance s’observe pour la moyenne des journées d’arrêts pour la population totale
qui diminue de seize jours en moyenne pour 2002 à douze jours en 2003. C’est également le
cas pour la population ayant été au moins une fois malade durant l’année, dont les résultats
baissent de vingt-sept journées en moyenne d’arrêts « maladie ordinaire » à vingt-deux
journées.
Résultats de l’absentéisme en nombre d’arrêts « maladie ordinaire »
Le nombre d’arrêts « maladie ordinaire » suit la même tendance que le nombre moyen
de journées, il est en baisse entre 2002 et 2003. Le nombre total d’arrêts passe alors de 196 à
181. La moyenne des arrêts pour toute la population reste constante, de même que le nombre
d’arrêts pour les personnes ayant été malades, restant autour de trois arrêts.
Répartition des arrêts « maladie ordinaire » en fonction de la longueur des arrêts
A partir de maintenant, les calculs de l’absentéisme seront réalisés à partir de la
deuxième méthode. En effet, nous considèrerons les arrêts sans discontinuité comme un seul
arrêt mais de plus longue durée.
En 2002, les arrêts les plus représentés sont ceux de deux à trois jours et ceux de
quatre à huit jours, qui représentent au total 52% des arrêts. Les arrêts supérieurs à soixante-
quatre jours sont peu fréquents (3%). En 2003, malgré des résultats globaux quasiment
identiques, on observe une hausse importante des arrêts de quatre à huit jours passant ainsi de
trente-six représentations à cinquante-quatre. Dans un même temps, on observe une légère
51
hausse des arrêts d’une seule journée et une baisse des arrêts de trente-deux jours et plus (ils
ne représentent que 4% des arrêts).
Le fait que les arrêts les plus fréquents soit de quatre à huit jours peut être en partie
expliqué par la prime de présentéisme mise en place à partir de 2001. En effet, si les agents
ont moins de dix jours d’absence dans l’année, ils obtiennent une prime sur leur salaire. Cela
signifierait également que les agents « organisent » leurs arrêts « maladie ordinaire » de façon
à obtenir cette prime en fin d’année. Par contre, les arrêts fréquents de deux à trois jours et
ceux d’une seule journée pourraient être des indicateurs de la lassitude ATSEM.
Répartition des arrêts « maladie ordinaire » en fonction de l’âge
et de la longueur des arrêts
En 2002, les arrêts de quatre à huit jours sont les plus répandus chez les agents de
trente et un à trente-quatre ans et chez ceux de cinquante à cinquante-quatre ans. Chez les
agents de trente-cinq à quarante-neuf ans, ce sont les arrêts de deux à trois jours qui sont les
plus fréquents. Les plus de cinquante-cinq ans ont majoritairement des arrêts allant de neuf à
quinze jours. Dans tous les cas, ce sont les arrêts courts (inférieurs à une semaine) qui sont le
plus représentés chez les ATSEM.
En 2003, les arrêts d’une seule journée sont les plus fréquents chez les ATSEM de
quarante à quarante-quatre ans. Pour les autres tranches d’âge, c’est un phénomène très
ponctuel. Les jeunes ont très peu d’arrêts mais ils sont également peu nombreux.
Que ce soit en 2002 ou en 2003, les ATSEM de plus de soixante ans ont très peu
d’arrêts « maladie ordinaire », ce qui est également le cas pour les agents de moins de trente
ans. On ne peut donc pas dire que l’absentéisme augmente avec l’âge mais les arrêts
« maladie ordinaire » ont toutefois tendance à être plus longs.
Répartition des arrêts « maladie ordinaire » en fonction de l’ancienneté et de la longueur des arrêts
En 2002 comme en 2003, ce sont les agents ayant entre vingt-cinq et vingt-neuf ans
d’ancienneté qui ont eu largement le plus d’arrêts, répartis dans toutes les durées, les arrêts de
deux à huit jours étant les plus nombreux. Les ATSEM ayant de trente à trente-quatre ans
d’ancienneté ont également une tendance à avoir plus d’arrêts « maladie ordinaire ».
On peut également noter que les agents ayant plus de trente-cinq d’ancienneté et ceux
de moins de cinq ans d’ancienneté ont très peu d’arrêts « maladie ordinaire ».
52
La population des ATSEM est vieillissante. L’absentéisme reste stable entre 2002 et
2003 avec une prédominance des arrêts inférieurs à une semaine et surtout des arrêts allant de
quatre à huit jours. Il n’y a pas vraiment d’implication de l’âge sauf pour les agents
vieillissants pour lesquels on remarque des arrêts « maladie ordinaire » plus longs.
On peut aussi remarquer que les chez les agents ayant des arrêts supérieurs à quinze jours, des
arrêts réguliers de courte durée (deux à trois jours puis quatre à huit jours) les ont précédés.
Autour de vingt-cinq ans d’ancienneté, les arrêts se font plus nombreux, ce qui pourrait faire
penser à la présence d’un malaise au sein de la population.
c. Analyse des accidents du travail (cf. annexe K. c)
Les accidents du travail concernent 5% de la population en 2002 et seulement 3% en
2003. Par contre, ils représentent plus de cent-cinquante journées d’arrêts en 2002 et 2003.
Les accidents du travail surviennent en moyenne, plus fréquemment chez les plus de
quarante-cinq ans, que ce soit en 2002 ou en 2003. La moyenne des arrêts pour accidents du
travail tourne autour de vingt-cinq journées pour les titulaires en 2002 et de cinquante
journées pour ces mêmes types de personnels en 2003. Cela représente cent cinquante-trois
journées d’arrêts pour accidents du travail au total en 2002 et cent soixante-quinze journées en
2003.
En 2002, six personnes ont eu un accident du travail. Chez ces personnes, plus l’âge
augmente, plus les arrêts consécutifs à l’accident sont longs. En 2003, seules trois personnes
ont eu un accident du travail, avec des arrêts similaires en durée.
3. Résultats des personnels de restaurants scolaires (cf. annexe L)
Comme nous l’avons déjà précisé dans la partie sur le terrain, les personnels de
restaurants scolaires sont composés de : titulaires, titulaires « volants », remplaçants et postes
aménagés. Dans le cadre de notre étude, nous avons choisi de garder tous les types de
personnels pour l’analyse de la pyramide des âges et de la pyramide d’ancienneté. Cela a été
également le cas pour l’absentéisme en nombre de journées d’arrêts et en nombre moyen
d’arrêts où la comparaison est plus pertinente si l’on garde tous les types de populations. Pour
le reste de l’étude sur l’absentéisme ainsi que l’analyse des accidents du travail, nous ne
garderons que les titulaires et les titulaires « volants ». En effet, seuls ces personnels sont
53
concernés par une éventuelle reconversion, les remplaçants étant en situation d’ « intérim » et
les postes aménagés étant déjà insérés dans un processus de reconversion.
a. Analyse des effectifs (cf. annexe L. a)
La pyramide des âges
La moyenne d’âge de la totalité des personnels de restaurants scolaires est de
quarante-deux ans (41,75 ans). Les titulaires sont les plus âgés avec quarante-sept ans en
moyenne contre trente ans pour les titulaires « volants » et les remplaçants. Globalement, on
observe une population plutôt équilibrée, avec cependant 24% de personnels de plus de
cinquante ans. La proportion la plus importante de la population a entre trente-cinq et
cinquante ans et on note également une forte proportion des moins de trente ans.
Les titulaires sont plutôt bien répartis à l’intérieur des tranches d’âge avec le plus
grand nombre situé entre quarante et quarante-quatre ans. Les moins nombreux sont situés
aux extrémités c’est-à-dire chez les moins de trente ans et les plus de soixante ans. Les
titulaires « volants » sont essentiellement présents jusqu’à quarante-quatre ans. Au-delà, ils ne
sont plus représentés. Ils sont plutôt bien répartis dans les tranches d’âge, avec une légère
prédominance chez les moins de trente ans. Les remplaçants représentent 58% des moins de
trente ans et 30% des trente et un à trente-quatre ans. Ils sont très peu représentés dans les
tranches d’âge plus âgées.
La pyramide des âges n’est pas réellement préoccupante, les recrutements des
remplaçants vont permettre de combler les départs à la retraite. Les points forts sont qu’avec
beaucoup de jeunes, le potentiel d’évolution est élevé et la masse salariale peu élevée. Les
départs à la retraire vont permettre des promotions. Le fort taux de seniors rend la
reconversion plus difficile car il y a une résistance au changement. Dans l’immédiat, étant
donné la répartition, il y a le développement d’une culture commune et un bon transfert de
l’expérience.
La pyramide d’ancienneté
L’ancienneté moyenne pour la totalité des personnels de restaurants scolaires, n’est
pas très élevée ; elle est seulement de quatorze ans. Ce sont les titulaires qui ont le plus
d’ancienneté au sein de la Mairie de Clermont-Ferrand avec dix-huit années alors que l’on
observe seulement quatre ans d’ancienneté pour les titulaires « volants » et trois ans pour les
remplaçants. Dans un premier temps, on peut remarquer que la pyramide montre trois
54
maxima : un an, cinq ans et vingt-sept ans d’ancienneté. Arrivent juste ensuite les personnes
ayant six, douze et vingt-six ans d’ancienneté.
Globalement, la pyramide d’ancienneté est en dents de scie avec un maximum aux
années citées précédemment et des creux. Il y a eu très peu voire pas de recrutements en 1996,
1987, 1979 et avant 1976. Les recrutements majeurs ont eu lieu en 1978, 1992, 1998, 1999,
2003. On remarque que les recrutements récents sont essentiellement composés de
remplaçants, en situation d’intérim. C’est le cas pour tous les recrutements entre 1999 et 2003.
b. Analyse de l’absentéisme (cf. annexe L. b)
On peut tout d’abord noter que les maladies les plus fréquentes sont les maladies dites
« ordinaires », c’est-à-dire les maladies bénignes de la vie de tous les jours. Viennent ensuite
les congés maternité qui occupent une grande place, dus à une présence de jeunes femmes
dans la population, puis les graves maladies. Les cures et les longues maladies sont des cas
isolés. Enfin, on peut préciser qu’en 2002, 63% des personnels de restaurants scolaires ont été
en arrêts maladie contre 69% en 2003.
Précautions méthodologiques
On peut déjà noter que les résultats pour les journées d’arrêts et pour le nombre
d’arrêts ont été calculés sur deux bases. En effet, la moyenne sur la population totale a été
calculée sur la base de tout l’échantillon du type de personnel choisi (malades et non
malades) alors que les deuxièmes données sont extraites à partir des agents ayant eu au
moins un arrêt « maladie ordinaire » dans l’année.
Dans les tableaux de résultats, on trouve deux résultats concernant le nombre d’arrêts
par types de personnels. En effet, pour ce qui est du nombre d’arrêts moyen, nous avons
choisi de prendre tous les arrêts « maladie ordinaire » de la population. A l’inverse, pour
les longueurs d’arrêts, nous avons compté les arrêts en continu, c’est-à-dire les arrêts
renouvelés à la suite sans discontinuité de temps, sont comptés comme un seul arrêt. C’est
ce qui explique que les postes aménagés aient si peu d’arrêts (ils ont beaucoup d’arrêts
prolongés, le plus long étant de un an) et qu’il y ait une telle différence entre les deux
calculs des arrêts moyens.
Pour l’analyse de l’absentéisme, on ne gardera que les arrêts « maladie ordinaire ». En
effet, ils sont les plus nombreux et plus représentatifs du climat de travail.
55
Absentéisme calculé en journées d’arrêts « maladie ordinaire » Le total des journées d’arrêts pour tous les personnels de restaurants scolaires s’élève à
3422 pour 2002 et 3273 en 2003. On peut donc noter une légère tendance à la baisse en 2003,
bien que celle-ci ne soit pas réellement significative. Le nombre de journées d’arrêts reste à
peu près constant entre 2002 et 2003, quelle que soit la catégorie. Si l’on considère à part les
postes aménagés qui sont déjà en procédure de reconversion pour problèmes physiques, ce
sont les titulaires « volants » qui ont eu le plus de journées d’arrêts en 2002 (quinze journées
en moyenne) et en 2003 avec vingt-deux journées d’arrêts en moyenne par personne. Toutes
catégories confondues (et si l’on enlève les postes aménagés), la moyenne est de treize
journées d’arrêts maladie par personne en 2002 et de dix-huit journées en 2003. En 2003, les
arrêts maladie représentent donc un mois de travail en jours ouvrés.
Absentéisme calculé en nombre moyen d’arrêts « maladie ordinaire »
Pour l’analyse de l’absentéisme en nombre moyen d’arrêts, on choisira la première
méthode de calcul, c’est-à-dire celle où tous les arrêts sont comptés.
Le nombre total d’arrêts « maladie ordinaire » s’élève à 366 en 2002 et 379 en 2003. En
moyenne, les personnels de restaurants scolaires ont eu deux arrêts « maladie ordinaire » par
personne en 2002 et en 2003. Ce sont les titulaires qui ont légèrement moins d’arrêts mais il
n’est pas sur que cette différence soit significative. Par contre, ces chiffres ne reflètent que le
nombre et non pas la durée, c’est pourquoi nous allons étudier la longueur des arrêts pour
avoir une vision plus précise de la situation.
Absentéisme analyse en fonction de la longueur des arrêts « maladie ordinaire »
Il faut préciser qu’à partir de maintenant, seuls les titulaires et les titulaires « volants »
seront pris en compte dans le calcul de l’absentéisme. Nous utiliserons la deuxième méthode
de calcul des arrêts, à savoir que si un agent a plusieurs arrêts à la suite sans discontinuité,
nous choisirons de la compter comme un seul arrêt dont la durée sera plus longue.
Que ce soit en 2002 ou en 2003, les arrêts les plus fréquents sont ceux allant de quatre
à huit jours, suivis de ceux de deux à trois jours et enfin ceux de neuf à quinze jours. Les
arrêts allant de deux à huit jours représentent 59 % des arrêts en 2002 et en 2003. Les arrêts
les moins nombreux sont ceux de plus de soixante-quatre jours. En moyenne, que ce soit pour
56
2002 ou 2003, 68% des arrêts « maladie ordinaire » quel que soit le type de personnel, sont
inférieurs à une semaine. On observe, entre 2002 et 2003, une légère hausse des arrêts de deux
à trois jours et une légère baisse des arrêts de quatre à huit jours. Les arrêts d’une seule
journée restent constants mais représentent toutefois 10% des arrêts.
Plus précisément, en 2002, les titulaires « volants » ont beaucoup d’arrêts de deux à
trois jours et de quatre à huit jours et aucun arrêt de une seule journée. Ils ont également
quelques arrêts de plus de soixante-quatre jours. Les titulaires ont plus d’arrêts de quatre à
huit jours et une égalité de représentation pour les arrêts de deux à trois jours et de neuf à
quinze jours. En 2003, les titulaires « volants » ont une baisse des arrêts de deux à trois jours
et une hausse des arrêts de quatre à huit jours.
Le fait que les arrêts les plus fréquents soit de quatre à huit jours peut être expliqué par
la prime de présentéisme mise en place à partir de 2001. En effet, si les agents ont moins de
dix jours d’absence dans l’année, ils obtiennent une prime sur leur salaire. C’est peut-être ce
qui explique qu’il y ait beaucoup d’arrêts inférieurs à dix jours. Cela signifierait également
que les agents prennent leurs arrêts « maladie ordinaire » de façon à obtenir cette prime en fin
d’année.
Absentéisme analysé en fonction de l’âge et de la longueur des arrêts « maladie ordinaire »
En moyenne, en 2002, ce sont les agents de cinquante à cinquante-quatre ans qui ont le
plus souvent des arrêts « maladie ordinaire », essentiellement d’une durée de quatre à huit
jours. La fréquence et la longueur des arrêts n’augmentent pas avec l’âge, au contraire, il y a
plus d’arrêts de petites durées chez les seniors. En 2003, la même tendance s’observe avec
une augmentation des arrêts de courtes durées. On peut également remarquer que les moins de
trente-neuf ans ont beaucoup d’arrêts de plus de soixante-quatre jours. Si l’on étudie plus
précisément, on remarque que ces arrêts sont liés à la maternité, c’est-à-dire qu’ils sont
présents avant ou après un congé maternité. Les moins de quarante ans ont beaucoup plus
d’arrêts inférieurs à trois jours.
Absentéisme analysé en fonction de l’ancienneté et de la longueur des arrêts « maladie ordinaire »
En 2002 comme en 2003, ce sont les agents entre vingt et vingt-quatre ans
d’ancienneté qui ont le plus d’arrêts « maladie ordinaire ». En moyenne, c’est entre quinze et
vingt-neuf ans d’ancienneté qu’il y a le plus d’arrêts « maladie ordinaire ». Les agents ayant
57
plus de trente ans d’ancienneté ont très peu d’arrêts. Chez les moins de trente-cinq ans
d’ancienneté, les arrêts sont essentiellement observés chez les titulaires « volants » surtout en
2003 avec beaucoup d’arrêts d’une seule journée.
La population des personnels de restaurants scolaires est vieillissante mais elle est
rajeunie par les remplaçants. Pour tous types d’agents, 68% des arrêts en 2002 et 2003 sont
inférieurs à une semaine. Les agents ayant plus de 30 ans d’ancienneté ont peu d’arrêts
« maladie ordinaire ». Les agents ont d’abord plusieurs arrêts « maladie ordinaire » des
courtes durées, puis au fur et à mesure, la longueur des arrêts s’allonge, ce qui peut montrer
une certaine lassitude et démotivation au travail. Il serait sans doute intéressant d’étudier
l’augmentation des petits arrêts pour anticiper une éventuelle démotivation et envisager des
solutions en amont. Les arrêts les plus fréquents sont ceux de quatre à huit jours ce qui
montrerait l’efficacité de la prime de présentéisme
c. Analyse des accidents du travail (cf. annexe L. c)
Les accidents du travail étaient au nombre de vingt-huit en 2002 soit 13% sur la
population totale et de vingt-cinq (12%) en 2003. Ce sont les titulaires qui ont été les plus
victimes d’accidents du travail.
Les accidents du travail surviennent surtout chez les moins de trente ans, que ce soit en
2002 ou en 2003. Pour le reste des tranches d’âge, les accidents du travail sont bien répartis
dans les deux années. En 2002 et en 2003, les accidents du travail représentent cinquante
journées d’arrêts en moyenne, soit deux mois et demi de travail ouvrés. C’est donc une grosse
perte pour la collectivité. Cela représente en moyenne (même résultats pour les deux années),
trois arrêts par personne accidentée. Mais la plupart des arrêts sont reconduits ce qui pose un
problème d’organisation à la collectivité.
En 2002, ce sont les agents de quarante à quarante-quatre ans et les agents entre
cinquante et cinquante-quatre ans qui ont eu le plus d’accidents du travail et tous ces arrêts
sont supérieurs à huit jours. En 2003, ce sont les moins de trente ans. Les seniors n’ont pas
plus d’accidents du travail que les autres, si ce n’est moins. La longueur de leurs arrêts n’est
pas non plus supérieure. Les seniors sont donc plus attentifs et connaissent mieux
l’environnement.
58
Les résultats semblent montrer que l’absentéisme est élevé, que ce soit chez les
ATSEM ou les personnels de restaurants scolaires. Toutefois, il est difficile d’émettre un
jugement catégorique dans la mesure où l’on ne dispose pas de résultats globaux pour
l’ensemble de la mairie de Clermont-Ferrand.
Certains constats peuvent cependant être faits. Dans un premier temps, on peut
remarquer que ce sont les arrêts de petites durées qui sont les plus nombreux. On peut en
partie attribuer ce phénomène à un malaise au sein de ces populations correspondant à une
certaine démotivation. Cependant, il faut également prendre en compte que la population
étudiée est essentiellement féminine. Or on sait que les femmes sont plus souvent contraintes
à s’absenter en raison de leur situation familiale (enfants). Une autre hypothèse peut être
avancée : les femmes sont plus attentives à leur santé que les hommes et elles sont
généralement plus fragiles d’un point de vue physique. Dans un deuxième temps, les résultats
montrent que les personnels vieillissants n’ont pas plus d’absences que les autres types de
personnels. Ils n’ont également pas plus d’accidents du travail. Grâce aux apports théoriques,
on sait que les seniors sont plus consciencieux et plus attentifs à l’environnement extérieur, ce
qui pourrait en partie expliquer les résultats.
Il semble donc que les éléments subjectifs présentés par la direction des ressources
humaines ne s’avèrent pas être vérifiés objectivement et on est ainsi amené à s’interroger sur
l’objectif de la demande. D’une manière sous-jacente, il pourrait s’agir d’un « prétexte » pour
renouveler des personnels vieillissants et difficiles à gérer plutôt que d’une réelle volonté de
mettre en place la GPEC et d’améliorer la gestion des compétences au sein de la collectivité.
II. INTERPRETATIONS ET DISCUSSION
Dans cette dernière partie, nous allons analyser plus précisément les résultats concernant
les caractéristiques de la population ainsi que les caractéristiques des comportements au
travail. Avant de conclure, nous verrons les acquis de la mairie de Clermont-Ferrand en
matière de reconversion professionnelle, mais aussi les points à améliorer. Suite à ces
derniers, nous proposerons quelques pistes pour aménager des solutions adéquates.
59
1. Les caractéristiques de la population et des comportements au travail
a. Les caractéristiques de la population
Les résultats concernant les caractéristiques de la population confirment les premières
impressions. En effet, que ce soit au niveau de la population totale de la mairie, qu’au niveau
des deux types de population plus particulièrement étudiés, les agents sont vieillissants. La
moyenne d’âge se situe autour de quarante-cinq ans à cinquante ans. La collectivité doit ainsi
faire face à différents types de problèmes relatifs au vieillissement de la population. La mairie
devra s’attendre à une certaine résistance au changement de la part de ces personnels seniors.
Si la reconversion est subie, elle risque de conduire à un échec car l’agent ne comprendra pas
qu’on le sorte de son environnement habituel. Il devra y avoir un travail important de
communication et d’explication car les seniors sont très sensibles à l’environnement quotidien
mais aussi aux normes sociales instaurées dans cet environnement. De plus, les seniors,
comme nous l’avons vu précédemment, souffrent d’une diminution de leurs capacités
physiques et cognitives. Les problèmes physiques peuvent directement engendrer une
reconversion dans la mesure où les seniors ne pourront plus exercer le métier précédemment
occupé. La baisse des capacités cognitives aura une influence sur l’apprentissage et la
formation en cas de reconversion.
Les résultats de l’étude montrent également que cette population correspond à une
catégorie C, c’est-à-dire avec un diplôme inférieur au baccalauréat. Cependant, que ce soit les
ATSEM ou les personnels de restaurants scolaires, ils sont au moins détenteurs d’un CAP. La
faible qualification est compensée par un diplôme pratique, préparant à un métier concret. De
la même façon que pour les seniors, la faible qualification entraîne elle aussi des difficultés
d’apprentissage dont il faudra tenir compte lors de la mise en place des formations. Comme
nous l’avons décrit dans la première partie, les agents avec un faible niveau de qualification
ont tendance à être sorti tôt du système scolaire. Ils ont également peur de l’échec.
Enfin, en ce qui concerne les caractéristiques de la population, on a pu vérifier qu’elle
était essentiellement féminine. Comme on va le voir dans le paragraphe suivant, ces données
sont susceptibles d’avoir une influence sur l’absentéisme.
60
b. Les caractéristiques des comportements au travail
Les chiffres montrent que l’absentéisme est relativement élevé, que ce soit chez les
ATSEM ou chez les personnels de restaurants scolaires. Pour une meilleure appréhension de
la situation de ces personnels, il aurait été intéressant de comparer les résultats avec ceux de
l’ensemble des agents de la mairie. Ces résultats n’existent pas sous une forme directement
exploitable.
Les chiffres des accidents du travail sont difficiles à analyser, faute de mesure étalon.
On peut toutefois observer que les seniors n’ont pas plus d’accidents du travail que les agents
plus jeunes, voire moins. Ces résultats peuvent en partie être expliqués par le fait que les
seniors sont expérimentés, mais aussi parce qu’ils sont plus sensibles à l’environnement, de
nature plus prudente et généralement plus consciencieux.
2. Où en est la situation ? Après avoir analysé en profondeur les caractéristiques de la population et celles des
comportements au travail, nous allons aborder la reconversion. Au premier abord, la
reconversion ne semble pas nécessitée par les raisons invoquées par la collectivité. Mais,
comme nous l’avons vu en première partie, la reconversion comporte de nombreux avantages
comme une augmentation de la motivation, un dynamisme de la collectivité, mais c’est
également un bon outil de gestion de compétences. Nous allons donc maintenant, avant de
conclure, étudier les contraintes liées à la fonction publique territoriale, les atouts de la
collectivité, les points à améliorer et quelques pistes pour guider cette amélioration.
a. Les contraintes de la fonction publique territoriale Tout d’abord, il faut rappeler que la mairie de Clermont-Ferrand, tout comme
l’ensemble de la fonction publique territoriale, possède des contraintes de fonctionnement. En
effet, son système est très cloisonné au niveau des services. Il est composé de strates
hiérarchiques et il est très difficile de passer d’une strate à l’autre. Il existe des contraintes de
temps, de diplôme et surtout les concours, ces mêmes concours qui desservent les seniors et
les populations faiblement qualifiées dans la mesure où ils privilégient les aptitudes scolaires.
Comme nous l’avons vu précédemment, les seniors souffrent de difficultés d’apprentissage et
61
ont du mal à réaliser des activités sous fortes contraintes de temps. Les personnels à faible
niveau de qualification ont, quant à eux, une peur de l’échec présente, ce qui peut les amener
à l’échec.
b. Les acquis en matière de reconversion professionnelle au sein de la mairie de Clermont-Ferrand
La mairie de Clermont-Ferrand a cependant essayé de mettre en place des outils et des
dispositifs pour faciliter et améliorer la mobilité professionnelle et la reconversion. En effet,
depuis quelques années, la direction des ressources humaines a généralisé l’usage des fiches
de postes pour l’ensemble des personnels. Depuis, il est beaucoup plus facile de se repérer au
niveau des métiers et des fonctions exercés par chacun. De plus, ces fiches de postes ont
l’avantage de décrire de façon détaillée les compétences, les savoirs, savoir-faire et savoir-être
que doivent détenir chaque agent afin d’exercer au mieux leur emploi.
Un stage de reconversion a également été mis en place. Il permet aux personnels de
faire le point sur leur situation, de repérer leurs compétences, leurs savoirs, savoirs-faire,
savoirs-être. L’instauration de ce stage est une initiative très positive.
L’usage des entretiens annuels d’activités a aussi été généralisé mais uniquement pour
les catégories, A, B et C encadrant. Malheureusement ce sont les catégories C comme les
ATSEM et les personnels de restaurants scolaires qui sont le plus concernés par la
reconversion..
c. Les points à améliorer et les pistes d’amélioration possibles Cette étude nous a permis, à travers l’analyse de deux types de populations
spécifiques, de détecter quelques points où des améliorations pourraient être apportées. La
mise en place de plans d’action et d’outils spécifiques à la situation pourraient permettre
d’améliorer la reconversion lorsqu’elle est nécessaire.
La politique globale des ressources humaines
Ce terme regroupe d’abord tout ce qui concerne la gestion des effectifs. A l’heure
actuelle, la mairie ne dispose pas d’outils informatiques capables de traiter les effectifs, leurs
évolutions, l’absentéisme... Il n’existe pas de tableaux de bords précis, pas de suivi des
effectifs, certains agents ne sont pas comptabilisés ou mal comptabilisés dans les effectifs en
raison du problème de cloisonnement des services et des grades. Il n’y a pas non plus de
62
gestion et d’anticipation des départs à la retraite. Cette absence de documentation et de suivi
des effectifs montre que la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences en est
encore à ses balbutiements, elle n’est pas vraiment mise en place à part avec quelques bribes
qui ont été décidées nationalement. En fait, il ressort des ces éléments que d’après notre
analyse, la mairie ait voulu mettre trop tôt en place une politique de mobilité. Il serait
judicieux de finir d’installer ou tout du moins d’installer de manière opérationnelle la GPEC
avant de pouvoir mettre en place une politique de mobilité efficace et satisfaisante pour
l’employeur et les employés. Une amélioration de la gestion des effectifs pourrait être menée.
Elle permettrait de mieux gérer le flux des agents mais également de mieux anticiper les
formations les concernant.
Dans le cadre d’une mise en place d’une politique de reconversion, il serait bénéfique
de repérer les emplois à risque dans une optique de GPEC afin de prévenir les effets négatifs
qui y sont liés comme les problèmes d’incapacité physique, les accidents du travail,
l’absentéisme et le burn-out. Repérer les emplois à risque, c’est aussi prévenir l’obsolescence
des compétences des agents. Deux possibilités sont alors envisageables. Dans un premier
temps, il serait bon de développer l’adaptabilité des agents pour prévenir les risques
d’inadaptation, à l’aide de la polyvalence ou de la reconversion. Sans aller jusqu’à la
reconversion, il est possible d’utiliser la polyvalence (comme c’est déjà le cas pour certains
titulaires « volants ») comme solution organisationnelle. La polyvalence pose toutefois le
problème de la poly-compétence à savoir des problèmes de qualification, de reconnaissance et
de rémunération. La polyvalence présente un avantage pour la collectivité qui peut alors
utiliser l’agent pour différentes tâches selon les besoins. Mais elle présente également un
avantage pour l’agent car cela permet de baisser son risque d’inemployabilité et peut être plus
mobile au sein de la collectivité en raison de sa poly-compétence. Dans un deuxième temps,
une autre possibilité est envisagée pour éviter l’obsolescence des compétences : la formation
continue. Ce sujet sera abordé un peu plus loin, mais il est intéressant de noter que la
formation continue permet de mettre à jour régulièrement les compétences de chaque individu
et qu’elle permet également de rapprocher l’agent de l’emploi.
Dans un même temps, il serait positif de repérer les potentiels à l’intérieur des
populations afin de prévenir les phénomènes de lassitude et de démotivation. Ce repérage
permet également une meilleure répartition des compétences au sein de la collectivité et une
meilleure utilisation du potentiel de chacun. De plus, des études ont montré que la
surqualification entraîne une augmentation de l’absentéisme. Le repérage des potentiels, une
sorte de « vivier de compétences » permettrait à l’agent de se sentir plus adapté à
63
l’organisation qui l’entoure et à la collectivité de mieux utiliser les compétences qu’elles
détiennent.
La formation professionnelle
Pour ajuster les compétences réelles aux compétences requises, la collectivité va
devoir développer une stratégie de formation continue finalisée sur les objectifs découlant de
sa politique de gestion prévisionnelle des ressources humaines. Cette stratégie passe entre
autre, par le plan de formation. La formation va rapprocher l’agent de l’emploi. Toute
mobilité ou reconversion passe obligatoirement par le volet formation. Au niveau de la
reconversion, l’entrée par la famille professionnelle va se traduire par une identification et une
définition des actions de formation. Pour les emplois sensibles, on prendra appui sur
l’ingénierie de formation.
D’une manière générale, la formation des adultes est particulière et nécessite des
précautions, des dispositions spéciales. Quant il s’agit de seniors, les formations doivent être
encore plus spécifiques et spécialement adaptées à ce type de personnels dans la mesure où ils
doivent faire face à des problèmes cognitifs, de ralentissement généralisé du système
d’apprentissage et de la mémoire. A l’heure actuelle, la mairie de Clermont-Ferrand ne
propose pas de solutions adéquates pour les plus de cinquante ans. En effet, les formations
restent de types catalogues, toutes les générations étant mélangées. Or, il a été montré au
cours de différentes études que pour les seniors, il est préférable de faire des formations
pratiques car ils apprennent mieux en situation concrète et à cadences libres car ils ont plus de
difficultés d’apprentissage de sous fortes contraintes de temps. Il faut donc mettre en place un
apprentissage réellement adapté aux adultes. C’est également le cas pour les personnes
faiblement qualifiées. Les formations pratiques, à l’aide de démonstrations, seront plus
facilement assimilées.
De plus, le type de formation est essentiellement déterminé en fonction de l’emploi
exercé. Alors que la reconversion est considérée comme un enjeu prioritaire dans la mesure et
qu’elle est partie intégrante du plan de formation, aucun changement dans la formation
continue n’est actuellement envisagé. Il est nécessaire, dans une optique de gestion
prévisionnelle et de reconversion professionnelle, de permettre aux agents de suivre des
formations en rapport avec leur projet professionnel. Comme nous l’avons précisé
précédemment, le manque de formation est une des causes principales d’inemployabilité des
agents. Il est essentiel de diversifier les compétences des agents, sans se disperser, en suivant
64
un projet personnel pré-établi. La reconversion passe obligatoirement par la formation
professionnelle.
La mairie doit donc essayer, dans la mesure du possible, de mettre en place des
méthodes pédagogiques spécifiques au type de public. Les populations à risque comme les
ATSEM et les personnels de restaurants scolaires ne peuvent être formés de la même manière
que les autres. Il faut tenir compte de leur qualification, de leur âge mais aussi de leur
motivation.
Enfin, la mairie aurait intérêt à privilégier les formations internes pour éviter un coût
trop élevé. Au sein de la collectivité, la formation se fait en priorité avec le centre national de
la fonction publique territoriale, à qui est reversé le 1% formation. Les formations externes
sont relativement coûteuses. C’est pourquoi, les formations internes sont un moyen de former
des agents sur des métiers de façon peu onéreuse, en utilisant les compétences directement
disponibles au sein de la collectivité. C’est d’ailleurs cette option qui est envisagée pour le
stage de reconversion. Les formations internes présentent également l’avantage d’être un
levier de motivation. Les missions de tutorat permettent par exemple, une meilleure
exploitation des compétences et une transmission des savoir-faire entre générations. Les
expériences accumulées sont aussi des facteurs d’identité. Pour les seniors, transmettre leurs
connaissances est un facteur de reconnaissance sociale, donc de motivation. Cependant, pour
que le tutorat soit efficace, il ne faut pas un fossé intergénérationnel trop grand car les
modalités d’apprentissage sont différentes. Il pourrait surtout être efficace dans le cas des
personnels de restaurants scolaires.
La gestion de carrière
A l’heure actuelle, au sein de la mairie de Clermont-Ferrand, il n’y a pas de gestion de
carrière. La carrière de l’agent se fait selon l’avancement hiérarchique mais il n’y a pas
vraiment de reconversion possible sauf en cas d’incapacité physique.
Il serait bon de mettre en place des outils de gestion de carrière. Dans un premier
temps, on pourra citer quelques outils de stimulation de l’initiative individuelle. Actuellement,
les agents sont informés des postes vacants par intranet et par le Flash. Le problème réside
dans le fait que tous les agents n’ont pas accès à l’informatique comme c’est le cas pour les
personnels de restaurants scolaires. La mairie pourrait créer une sorte de « bourse à
l’emploi », qui en plus des moyens déjà mis en œuvre, pourrait se faire par voie d’affichage,
au sein des services et réactualisé chaque semaine. Cela permettrait de disséminer l’offre, de
65
toucher plus d’agents et de gagner du temps au niveau de la prise de poste. La mairie pourrait
également réaliser des cartes des métiers afin que les agents puissent se situer dans leur
service et au sein de la collectivité en général. Dans un même temps, il serait bénéfique que
les agents aient plus facilement accès aux fiches de poste et donc aux activités et compétences
qui s’y rapportent.
On peut également citer quelques outils à l’instigation de l’organisation. Une cellule
de reconversion, étant donné la demande grandissante, pourrait être mise en place. La
rédaction d’un guide de mobilité s’avérerait utile aux agents désirant changer d’emploi. En
effet, la plupart des agents ne savent pas quelles sont les procédures à suivre pour une
mobilité ou une reconversion. Ce guide de mobilité comprendrait les principaux acteurs de la
mobilité et de la reconversion, les procédures à suivre ainsi que les processus à engager. Des
aires de mobilité professionnelle seraient utiles dans le cadre des reconversions obligatoires
dans la mesure où elles favorisent une recherche rapide des métiers et ceux qui sont en
rapport, en rapprochant les caractéristiques, les compétences communes. Cela favoriserait
également les compétences transversales. Enfin, la mairie pourrait prévoir un plan de carrière
à long-terme pour mieux appréhender la gestion de fin de carrière des personnels seniors.
Dans la fonction publique, l’emploi est à vie. L’agent change d’échelons, de grades mais très
peu d’emploi. C’est pourquoi, à la mi-carrière (vers quarante-quarante-cinq ans), un bilan
pourrait être fait. Ce bilan pourrait comporter les compétences détenues par l’agent, les
formations initiales et continues suivies. Puis on établirait un projet de carrière à long terme,
sur dix ans, par exemple, avec l’emploi souhaité en fin de carrière. Parallèlement, un plan de
formation individuel pourrait être mis en place car la formation est essentielle dans la
conduite du changement. En fait, il existe trois manières de gérer les âges. On trouve d’abord
le désengagement à court-terme qui correspond au départ de l’entreprise. Il existe également
le désengagement partiel consistant en un aménagement du temps et du poste de travail pour
palier aux déficits divers des personnels vieillissants. Cette réorganisation du travail permet de
rapprocher l’emploi de l’agent si l’inverse ne peut plus être possible. Enfin, la poursuite de la
carrière et la « seconde carrière » sont une autre alternative possible. Il s’agit là de passer par
une reconnaissance des compétences, par l’adaptation aux postes ainsi que par la formation et
la mobilité. Il faut tout de même faire attention à ne pas créer des emplois de «seniors »
comme aux USA : les bridge jobs sont confiés à ceux dont les perspectives d’évolution
professionnelle sont limitées. Il en est de même pour la formation professionnelle. La
collectivité doit encourager la mobilité des seniors et leur reconversion en stimulant leur
motivation et en développant leurs compétences sans pratiquer pour autant de discrimination
66
positive. La poursuite de la mobilité professionnelle dans une optique de reconversion est
fonction des expériences individuelles antérieures et de la motivation de l’agent.
67
CONCLUSION
Au cours de cette étude, dont les thèmes essentiels étaient la mobilité et la reconversion
professionnelle, nous avons abordé ces questions sous plusieurs aspects. Pour une analyse
approfondie de la situation, nous avons utilisé différentes notions théoriques, étudié le terrain
d’investigation, élaboré une méthodologie et enfin analysé les résultats afin d’apporter des
éléments de réponses à la problématique qui m’avait été soumise.
En effet, la mairie de Clermont-Ferrand m’avait confié une étude concernant la
reconversion de deux types de personnels : les agents territoriaux spécialisés des écoles
maternelles et les personnels de restaurants scolaires. Le but était de mettre en évidence des
faits ressentis par le management de façon assez subjective jusqu’alors à savoir que les
personnels étaient vieillissants, en arrêts maladie fréquents, ayant beaucoup d’accidents du
travail. Il s’agissait alors de démontrer que la reconversion de certains de ces personnels était
nécessaire à l’organisation et donc de proposer des solutions adéquates. Pour cela, après
m’être appuyée sur des études théoriques relatives à ces questions, j’ai dans un premier temps
analysé le contexte de la mairie, le fonctionnement de cette dernière et plus largement de la
fonction publique territoriale. Une méthodologie précise adaptée à l’analyse des effectifs, à
l’analyse de l’absentéisme et à l’analyse des accidents du travail a ensuite été utilisée afin
d’avoir une idée précise de la situation.
Les résultats montrent que les personnels étudiés ont en effet partie de publics
spécifiques, c’est-à-dire vieillissants et faiblement qualifiés. Les résultats sur leurs
comportements au travail sont plus mitigés. En effet, on ne peut pas dire si l’absentéisme est
réellement un signe de la démotivation des agents. Une reconversion professionnelle pour
cette raison n’est pas réellement nécessaire. Par contre, elle est bénéfique car elle augmente le
dynamisme de la collectivité, elle est outil de gestion des compétences, elle est également un
outil de progression de carrière.
On peut enfin s’interroger sur la raison pour laquelle la mairie de Clermont-Ferrand
m’a confié cette étude. N’y a t-il pas, au-delà de la question réellement posée, un « prétexte »
pour essayer de se « débarrasser » de personnels encombrants ?
68
BIBLIOGRAPHIE
69
Auby, J.F. (1987). Initiation à la gestion des personnels des collectivités territoriales, Paris : Berger-Levrault. Baddeley, A.D. (1986). Working memory, New York: Oxford University Press. Batal, C. (1997). La gestion des Ressources Humaines dans le secteur public : Analyse des métiers, des emplois et des compétences, Paris : Ed. d’Organisation. Bourcier, C. (1997). La reconnaissance : un outil de motivation pour vos salariés. Paris : Les Editions d’organisation. Bougeois, E. & Nizet, J. (1999). Apprentissage et formation des adultes. Paris : PUF. Bujold, C. (2002). Choix professionnels et développement de carrière : théories et recherches. Montréal (Québec), Paris : G. Morin. Burzlaff, H. (2001). La stratégie du mouvement, Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) : Liaisons. Deschamps, J-C. (1978). La production de normes. In W. Doise, J-C. Deschamps, & G. Mugny. (Eds.), Psychologie sociale expérimentale (pp. 77-89). Paris : Armand Colin. Emery, Y. (1999). Dynamiser les Ressources Humaines : une approche intégrée pour les services publics et entreprises privées avec les normes ISO, Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes. P120 pour schéma Gadrey, N. (1992). Hommes et femmes au travail : inégalités, différences, identités. Paris : Ed. l’Harmattan. Gaullier, X. (1988). La deuxième carrière : âges, emplois, retraites, Paris : Seuil. Gelpe, D. (2003). Adaptation au changement et développement professionnel : quels en sont les freins et les ressorts psychologiques ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, la psychologie du travail (pp. 443-459). Paris : Editions d’organisation. Laine, F. (2002). Métier, accès à la formation continue et mobilité professionnelle, Premières Synthèses, N°24.1, DARES, Juin 2002. Laine, F. (2003). Les seniors et la formation continue : Un accès en général limité mais avec de grandes différences selon les situations professionnelles, Premières synthèses, N°12.1, DARES, Mars 2003. Landre, M. et Tanguy, G. (2004). Fonctionnaires : ce qui les attend, L’expansion, N°685-Avril 2004. pp. 36-57. Le Boterf, G. (2002). Ingénierie et évaluation des compétences, Paris : Ed. d’Organisation.
70
Lelarge, G. (2003). Gérer les âges. In La gestion des Ressources Humaines : nouveaux enjeux, nouveaux outils, Paris, Québec : SEFI Ed. Lévy-Leboyer, C. & Spérandio, J-C. (1987). Traité de psychologie du travail. Paris : PUF. Leyens, J.P. & Yzerbit, V . (1997). La psychologie sociale, Liège : Mardaga. Malglaive, G. (1998). Enseigner à des adultes : travail et pédagogie. Paris : PUF. Maubant, P. (2004). Pédagogues et pédagogies en formation d’adultes. Paris : PUF. Mugny, G. (1978). Conformisme et soumission. In W. Doise, J-C. Deschamps, & G. Mugny. (Eds.), Psychologie sociale expérimentale (pp. 117-135). Paris : Armand Colin. Mugny, G. , Oberlé, D. & Beauvois, J.L. (1995). La psychologie sociale : relations humaines, groupe et influence sociale, Grenoble : PUG. Peretti, J. M. (2002). Ressources humaines et gestion des personnes, Paris : Vuibert. Pezet-Langevin, V. (2003). Qu’est-ce que le burn-out? Comment les entreprises peuvent-elles y remédier ? In C. Lévy-leboyer, M. Huteau, C. Louche & J-P. Rolland, la psychologie du travail (pp. 493-509), Paris : Editions d’organisation. Salthouse, T.A (1990). Working memory as a processing ressource in cognitive aging. Developmental Review, 10, 101-104. Santelmann, P. (2002). Qualifications ou compétences : en finir avec la notion d’emplois non qualifiés, Rueil-Malmaison : Ed. Liaisons. Sherif, M. (1965). Influence du groupe sur la formation des normes et des attitudes. In A. Levy (Ed.), Psychologie sociale: Textes fondamentaux anglais et américains (pp. 222-240). Paris : PUF. Thierry, D. (1992). La gestion prévisionnelle et préventive des emplois et des compétences, Paris, Ed. L’Harmattan. Vallemont, S. (1996). La gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences dans les trois fonctions publiques, Paris : Berger-Levrault. Autres sources bibliographiques : L’express hors-série : Le guide de la mobilité professionnelle, N°9, Mars-Avril 2004. www.insee.fr www.ville-clermont-ferrand.fr www.travail.gouv.fr www.cnfpt.fr www.observatoire.cnfpt.fr www.anact.fr
71
72
Intranet de la Ville de Clermont-Ferrand Documents internes à la mairie : code de la FPT, code des carrières, bilans sociaux Textes de lois relatifs à la formation :
Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant sur les droits et obligations des fonctionnaires.
Loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant sur les dispositions statutaires relatives à la
fonction publique.
Loi n° 84-594 du 12 juillet 1984 relative à la formation des agents de la FPT.
Décret n° 85-1076 du 9 octobre 1985 pris en application de la précédente loi.
Décret n° 97-393 du 22 avril 1997 modifiant les décrets relatifs à l’organisation de la formation initiale d’application de certains cadres d’emploi de la FPT.
Loi n° 2004-391 du 4 mai 2004 relative à la formation professionnelle tout au long de
la vie et au dialogue social.