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Investissements durables et responsables

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Investissements durables et responsables

Points clés

1. La crise de l’euro en 2008 a démontré l’importance de regarder au-delà des critères financiers traditionnels également pour la dette souveraine et a remis sérieusement en question le statut d’investissement sans risque.

2. Elle a également montré les faiblesses de certains modèles économiques et financiers, mono-perspectifs. Or dans un contexte de globalisation de l’économie, avec des enjeux majeurs tels que le changement climatique, la raréfaction des ressources naturelles, la croissance de l’endettement public, et le défi démographique, , il paraît évident que les Etats, en tant qu’acteurs majeurs de l’économie, ont un rôle central à jouer et contribuent pleinement à la durabilité des systèmes mis en place. C’est pourquoi, il est primordial d’intégrer les pays en tant qu’acteurs économiques et de les analyser selon une matrice intégrant aussi bien les domaines financiers et économiques que les dimensions sociales, environnementales et de gouvernance ; à l’instar de ce qui est de plus en plus courant en matière d’entreprises.

3. L’exercice peut paraitre complexe. Plusieurs approches sont possibles. Cependant, il apparait qu’une économie performance doit s’opérer dans un cadre démocratique approprié, composé d’institutions de gouvernance de haute qualité. Sans investir dans le bien-être et la connaissance de ses générations actuelles et futures, elle met en péril ses chances de pérennité dans l’avenir. Sans objectif de gestion durable de ses ressources et de son environnement, elle n’a aucune chance de survie face aux enjeux majeurs auxquels la planète devra faire face dans quelques années. Enfin, un manque de respect de ses engagements internationaux (traités, conventions, etc.) démontre une probabilité forte de non- respect de ses engagements au niveau de ses créanciers.

4. L’analyse de durabilité des états peut s’appuyer sur des données quantitatives et/ou qualitatives. Il convient de déterminer si l’objectif est de réaliser une évaluation au moment présent avec des faits et chiffres portant sur les dernières années, ou si l’analyse inclut une dimension dynamique et prospective de sorte à anticiper sur l’évolution future des états. En effet, notamment dans le domaine environnemental, les différentes politiques et efforts amènent généralement des résultats deux ou trois années après leurs mises en place, et ne sont dès lors pas intégrés dans les chiffres publiés par les sources internationales réputées telles que la Banque Mondiale ou Le Forum Economique Mondial.

5. Enfin, le risque carbone existe également dans la sphère des investissements souverains. Quand les Etats légifèrent sur leur propre économie et levier de croissance, le contexte de la prise en compte de ce risque est bien entendu assez différent de celui de l’entreprise et son empreinte carbone. Les pouvoirs publics ont un rôle majeur ici à jouer et l’intégrer dans le modèle d’évaluation d’un investissement souverain est également une information importante pour la construction d’un portefeuille durable à long-terme.

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Pourquoi la durabilité des pays ? Quelle valeur ajoutée ?

D’une part, le FMI (IMF) a rappelé à la prudence face à la croissance de l’endettement global mondial. En effet, celui-ci s’élevait à 164.000 milliards de dollars en 2016 soit l’équivalent de 225% du PIB mondial.

La crise de l’euro a montré combien une dette élevée rend le financement d’un état vulnérable aux variations soudaines des marchés financiers et a remis considérablement en cause le statut d’investissement sans risque. Nombreux sont les états qui ont perdu leur précieux triple AAA des agences de notations extra financières.

D’autre part, la COP 21 appelle les investisseurs à prendre leur responsabilité dans le financement requis pour la transition énergétique. Les obligations gouvernementales représentent ici un marché majeur de financement et un levier important.

De la valeur ajoutée à la prise de décision d’investissement

Les obligations souveraines de pays plus durables se montrent plus résilientes à des périodes de crise. Si nous regardons la crise de l’euro en 2008, les pays tels que les pays scandinaves ou autres généralement bien placés dans les classements ont bien mieux résisté que les pays par exemple d’Europe du Sud.

De nombreux liens sont aujourd’hui démontrés entre les facteurs ESG et la croissance et le développement économique d’un pays à long terme. Déjà au XVIe siècle, le lien avait été établi entre environnement/géographie/climat et l’agriculture d’un pays, donc l’accès à l’alimentation d’une population, les maladies éventuelles et sa croissance économique.

La recherche académique a également démontré la corrélation entre la qualité des institutions de gouvernance d’un pays et son risque de défaut sur sa dette. De manière générale, la gouvernance agit comme un socle permettant la mise en place de politiques bénéficiant aux autres dimensions de durabilité (sociale et environnementale). En effet, la gouvernance concerne la qualité, la stabilité et la prédictibilité des politiques mises en place qui va permettre une bonne résilience des institutions face aux évènements internes et externes qui affectent les états. En opposition à des facteurs non durables tels que corruption, manque de libertés, lourdeurs administratives, etc. néfastes aux investissements étrangers notamment.

Un devoir fiduciaire

Comme expliqué dans le tutorial 2 (règlementation) c’est dorénavant un devoir fiduciaire pour les investisseurs d’intégrer les facteurs ESG dans leur processus d’investissement et leur gestion de risque. Les obligations gouvernementales çàd. émises par des pays, ne font pas exception à la règle.

Les portefeuilles des institutions de retraite professionnelle (appelées IRP’s ou fonds de pension) sont généralement exposés aux obligations souveraines à hauteur de 30%. Les risques ESG de cet investissement doivent donc être intégrés dans la déclaration sur les principes de la politique de placement, la gestion des risques et la construction du portefeuille.

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Comment mesurer et définir la durabilité au sein d’un pays?

La référence aux trois piliers des entreprises est également valable ici çàd. E, S et G.

Les risques climatiques, sociaux, technologiques, etc. sont liés et interagissent. Ces « interconnectivités » entre risques sont particulièrement bien illustrées par les experts du risque du Forum Economique Mondial (WEF) et démontrent l’importance d’une approche holistique sur les trois dimensions – environnementale, sociale et de gouvernance – y compris dans l’analyse fondamentale des pays et de leurs dettes souveraines.

Interconnectivités des risques

Source : World Economic Forum, the Global Risk Report

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Environnement

Le changement climatique est au cœur de tous les débats et le rôle des états est indéniable. Preuve s’il en faut la condamnation de l’état néerlandais suivie par celle de l’état français pour manque d’ambition et irresponsabilité par rapport aux objectifs de réduction d’émissions. En effet, en réponse aux progrès limités enregistrés lors de la COP 24 à Katowice, plusieurs ONG françaises se sont rassemblées pour trainer en justice leur État. Ainsi, Greenpeace, la Fondation pour la nature et l’homme, Affaires à Tous et Oxfam France reprochent aux autorités publiques leurs manque d’actions et de décisions pour lutter contre le changement climatique de manière efficace. Que ce soit en matière d’investissements, de normes, de taxes ou de contrôles, les mesures prises par l’Hexagone qui veut pourtant se positionner en leader au sein de l’Europe sur le sujet sont jugées insuffisantes. Étant donné les impacts du changement climatique sur la santé, la biodiversité, l’agriculture, les ONG considèrent l’inaction des gouvernements comme criminelle et un manquement à leurs responsabilités.

Ce n’est pas la première fois que le manque d’ambition d’un état donne lieu à des poursuites en Justice. L’association Urgenda avait déjà saisi la Cour de Justice néerlandaise en 2015 jugeant insuffisants les objectifs de réduction des émissions carbone des Pays-Bas. Et l’association a obtenu gain de cause, avec un jugement confirmé par la cour d’appel en octobre 2015 et condamnant l’Etat néerlandais à réduire de 20 % ses niveaux d’émissions de CO2 en 2020 par rapport aux niveaux de 1990.

Ces deux dernières années ont marqué un tournant dans la conscientisation de la sphère financière sur son rôle dans le financement d’une économie plus verte. Les applaudissements du succès de la COP 21 à Paris fin 2015 ont été suivis par les huées de la sortie de l’accord des Etats Unis alors que le Président français fraichement élu nommait un écologiste à la tête du ministère de la transition énergétique. La Chine a adopté son plan d’action à 5 ans (2016-2020) et se positionne comme leader dans l’innovation environnementale pour contrer le fléau de pollution, que sa classe moyenne émergente refuse. La limitation du réchauffement climatique à 2° est dorénavant un scénario à part entière adopté par la très renommée Agence Internationale de l’Energie. Enfin, le développement des règlementations visant à la prise en compte du risque carbone dans les portefeuilles confirme qu’il s’agit d’un risque économique à part entière et non un objectif environnemental pour quelques investisseurs écologistes.

Le Pentagone, sous administration Obama, avait déclaré « risque de sécurité nationale » le changement climatique. En effet, une grande partie des américains vit notamment près des côtes et un exil massif vers le centre du pays aurait des répercussions majeures sur la cohésion sociale et sur l’économie américaine.

Il en va de même à plus grand échelon. L’Office International des Migrations estime à 20 millions le nombre de réfugiés et de personnes déplacées pour cause de changements climatiques en 2016. Ils seront 250 millions en 2050 et représenteront un défi majeur pour les terres d’accueil. Dès lors, ces facteurs sont clés pour analyser la durabilité d’un pays et donc la solidité de son économie à moyen et long-terme.

Un coût en hausse permanente

Etant donné la hausse du nombre de réfugiés climatiques, la lutte contre le changement climatique est d’autant plus nécessaire pour les pays qu’il impacte. En effet, une récente étude a mis en évidence le lien entre vulnérabilité environnementale, profils du crédit souverain par les agences de notation et coût du capital. Selon le rapport du Centre pour la Finance Climatique (Centre for Climate Finance) et de l’Imperial College Business School, les 20 pays les plus vulnérables au changement climatique ont déjà déboursé entre 40 et 62 milliards de dollars supplémentaires pour les paiements d’intérêts additionnels liés aux risques climatiques (sécheresses, inondations et conditions climatiques extrêmes). Ce coût supplémentaire de 62 milliards de dollars représente l’équivalent du coût de la construction de digues pour protéger plus de 9500 km de côtes, soit les côtes du Bangladesh, Barbade, Cambodge, Fiji, Haïti, Sri Lanka et Vietnam réunies.

En d’autres termes, il est d’autant plus urgent de donner suite à l’Accord de Paris et d’investir dans les solutions d’adaptation climatique pour réduire non seulement les tensions sociales, les risques environnementaux et économiques mais aussi pour permettre une meilleure protection contre les déficiences fiscales.

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Mais cet investissement doit se faire maintenant. Au plus il sera reporté, au plus le remboursement des dettes liées à la vulnérabilité climatique augmentera.

L’Accord de Paris peut être au cœur de la réflexion sur la durabilité environnementale d’un pays. L’engagement d’un pays sur la réduction de ses émissions futures peut permettre une première estimation.

C’est toute la question de l’approche retenue pour mesurer la durabilité d’un pays soit :

• Une approche « législative » çàd. un focus essentiellement sur les traités et les engagements pris par un gouvernement sachant que certains accords ou traités ne sont pas toujours contraignants, qu’un retrait est toujours possible et ceci sans pénalité ou amende ;

• Une approche par les parties prenantes, les ONG’s, etc. avec les difficultés du nombre important de parties prenantes et de paramètres à considérer ce qui résulte dans un message peu clair et des signaux dilués dans la masse (1), et pose le problème supplémentaire de la subjectivité du point de vue de chaque ONG (2) ;

• Une approche basée sur l’exclusion, comme l’exclusion de pratiques considérées comme non durables telles que la peine de mort, la déforestation, la violation des droits internationaux, etc.

• Une approche holistique analysant les différentes dimensions de la durabilité et basée sur les progrès enregistrés par opposition à l’exclusion simple et directe qui peut manquer de nuances.

Ce choix d’approche est tout aussi valable pour les deux autres dimensions à savoir social et de gouvernance.

Social

Le Printemps arabe de fin 2010 est une belle illustration de l’importance de la stabilité sociale pour le développement durable d’un pays, et de la corrélation de cette stabilité avec l’égalité et l’équité sociales au sein de sa population.

D’une part, l’égalité sociale recouvre des notions de distribution des richesses égalitaire.

D’autre part, l’équité sociale renvoie à un accès juste et équitable aux différents services sociaux qu’un pays est attendu de fournir à sa population : éducation, soins de santé, besoins vitaux, etc.

Ces objectifs d’égalité et d’équité sociales doivent être poursuivis alors même que nous assistons à un véritable tournant démographique.

Tout d’abord, une population vieillissante – et pas uniquement dans notre vieille Europe – avec des taux de fertilité au plancher et une modification profonde de l’âge de travail.

Ensuite, le défi de nourrir 9.1 milliards d’êtres humains en 2050 et la thématique de la sécurité alimentaire qui prend tout son sens.

Enfin, les générations Y (née après 1980) et Z (après 2000) qui ont déjà surpassé en nombre les Baby Boomers aux Etats-Unis, modifient profondément les mentalités et comportements de consommation des générations qui les ont précédées.

Population vieillissante – enjeu majeur des Etats

Le renversement des pyramides des âges affecte les forces de travail disponibles et les politiques en matière d’emploi et de retraite. Cela se traduit par de faibles gains de productivité - moins de 1% par an – et pourrait favoriser l’essor de la robotisation et de l’intelligence artificielle. Une étude du consultant PwC estime à 15 700 milliards de dollar la contribution de l’intelligence artificielle au produit intérieur brut mondial de 2030, grâce d’une part à la hausse de productivité mais également la hausse de la demande.

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Place aux nouvelles générations

La génération dite des « millénials » représente près d’un tiers de la population mondiale et 86% de celle-ci vit dans les marchés émergents. Elle représentera 59% de la force de travail mondial d’ici 2020. Elle capte également notre attention sur ses comportements de consommation mais surtout sur les enjeux d’éducation, d’emploi et d’innovation, clés du succès de l’intégration et la prospérité de cette génération en quête de sens. Recyclage, santé, bien-être, etc. sont au cœur de leur préoccupation.

Elle court également un risque de pauvreté plus grand que celui encouru par leurs parents et grands-parents, qui impacte à long-terme la croissance économique, le logement, les pensions, la santé, l’éducation, le marché du travail et les finances publiques.

Le défi réside bien dans l’anticipation des opportunités mais aussi des risques majeurs de cette révolution démographique et sociétale aussi bien pour le secteur public que privé.

L’éducation et l’innovation : des facteurs essentiels de durabilité

La durabilité d’un pays passe évidemment par les générations futures et notamment par le relais de la croissance qu’elles représentent. Il est important d’investir dans les compétences aujourd’hui pour assurer la participation des individus dans l’économie. C’est aussi un gage pour le financement des dépenses publiques du futur.

Une dimension importante étroitement liée au social sont les générations futures. Si nous nous référons à la définition générale de durabilité telle qu’exposée dans le rapport Bruntland1 les générations futures sont explicitement mentionnées. Dès lors, ramenée à l’échelle d’un pays, cela concerne d’abord l’aspect éducation afin que les générations futures contribuent efficacement par leur travail à l’activité économique future des pays.

Dans des économies telles que la nôtre de pays développés et vieillissant, l’éducation continue est un enjeu majeur pour assurer la force de travail adéquate et disponible.

Dans des économies émergentes, où la croissance d’une classe moyenne attire les investisseurs, il sera important d’analyser dans quelle mesure le niveau de qualification des populations accompagne le développement économique de ces pays. En Afrique où le défi démographique est à l’opposé des autres continents qui voient leur population en déclin, l’éducation de la jeune génération qui représentera plus de la moitié de la population des pays africains à horizon 2020-2030 est un enjeu clef pour faciliter l’entrée dans la vie active de ces jeunes générations.

L’émergence des technologies dites disruptives pourrait profondément impacter le marché du travail de nombreux pays et à la fois provoquer la disparition de nombreux emplois tout en en créant d’autres, dont nous ignorons même l’existence à l’heure actuelle. Un enjeu clé pour les systèmes d’éducation et de formation est d’assurer que la population active « suive le mouvement » et puisse répondre aux besoins des économies de demain.

D’une manière générale, les Etats ont plusieurs raisons d’investir dans la formation de leur population puisque de meilleures compétences contribuent à

• Des salaires plus élevés et des meilleures perspectives d’emplois individuels ; • Une plus grande productivité et des profits plus élevés pour les entreprises ; • Des revenus fiscaux supérieurs pour les autorités publiques.

Pour un état, accroître le niveau de compétences de sa population, c’est aussi réduire les niveaux de non-emploi ou encore améliorer la santé au travail. Une étude récente de l’OCDE a démontré que les coûts publics d’éducation sont largement compensés par les revenus fiscaux supérieurs. Ainsi pour chaque euro investi par les gouvernements dans l’éducation, plus d’un euro revient à ce dernier sous la forme de revenus supérieurs des taxes personnelles.

1 Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. – Rapport Bruntland 1987

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Un manque d’investissement dans l’éducation relève d’une vision court-termiste qui compromet l’avenir d’un état en affectant les taux d’emplois et de participation, la croissance de la productivité, les revenus fiscaux futurs et dès lors tout le potentiel de croissance économique future.

Gouvernance

La durée d’un mandat de gouvernement est relativement courte. Par contraste, les effets des politiques se font sentir à moyen et long terme. Comment dès lors estimer la qualité de la gouvernance d’un pays ?

Il faut en effet regarder au-delà du gouvernement ou parti(s) politique(s) en charge à un moment donné, et se concentrer sur l’efficacité des institutions à moyen et long terme. La gouvernance s’observe à travers différents prismes tels que le respect des libertés et droits fondamentaux, l’égalité des chances, la qualité des institutions de gouvernance ou encore la sécurité d’un pays.

De plus en plus important aujourd’hui aussi, la question de l’immigration. Avec le vieillissement de la population, l’immigration peut contribuer à renforcer la population active des pays d’accueil.

La bonne gouvernance, d’un pays comme d’une entreprise, est le fondement de toute politique durable sociale et environnementale, assurant stabilité et par conséquent une volatilité plus faible des investissements.

Elle repose essentiellement sur ses institutions et la robustesse des politiques mises en place. Elle doit permettre à tout citoyen un respect de ses droits et libertés. Au-delà de la population locale, les relations s’étendent également aux pays voisins et aux rapports internationaux.

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Une analyse indéniablement pertinente ! En premier lieu, en se concentrant sur les aspects de transparence et de valeurs démocratiques, l’analyse permet une première estimation du contexte politique du pays et sa stabilité en regardant notamment la qualité de ses institutions de gouvernance, sa transparence ou opacité (corruption, liberté de la presse) et le respect des droits primaires de sa population (droits politiques et libertés civiles). Ensuite, l’analyse de la population et de son bien-être permet également de détecter les faiblesses et les points de mécontentement au sein de la société civile, susceptibles de générer de l’instabilité, peu favorable aux investissements.

Dans le cadre d’un investissement en dette souveraine, la contribution du filtre de durabilité est d’autant plus importante que les marchés sont volatils et baissiers et montre la force de l’outil dans l’appréhension des risques.

Quelles sources d’information et quels critères

Données qualitatives versus quantitatives

On peut s’interroger sur le type de données à utiliser.

Les données quantitatives présentent l’avantage de l’objectivité et de la comparabilité entre les différents états. Elles permettent d’être intégrées dans un modèle quantitatif, ce qui évite tout risque de subjectivité.

Les données qualitatives permettent davantage de nuances et de mises en perspectives mais peuvent introduire un certain degré d’interprétation et dès lors de subjectivité. Cependant tous les facteurs d’analyse ne sont pas toujours quantifiables ou modélisables et leurs interprétations pertinentes demandent un certain recul par rapport à d’autres facteurs. De plus, il est parfois préférable de tenir compte du contexte impactant les pays, ce qui donne parfois une signification particulière aux données. Pour une meilleure qualité d’analyse, il convient donc d’utiliser à la fois des données quantitatives et des informations qualitatives.

Les agences de notation de crédit et de notation extra financière

Ces dix dernières années, et en particulier depuis la crise de l’euro en 2008, les agences de notation de crédit reconnues, S&P, Moody’s ou Fitch, se sont penchées sur les facteurs ESG des états également. Cependant, ces études et recherche ESG restent généralement peu intégrées dans les notations de crédit, mêmes pour les pays et gardent un statut d’information supplémentaire et complémentaire pour qui est intéressé. Les critères de gouvernance sont déjà plus intégrés de manière générale que les autres critères environnementaux ou sociaux.

Les agences de notation extra financière ont très vite compris également que leurs recherches ESG sur les entreprises devaient également couvrir les émetteurs de dette souveraine et donc les pays. Nombreuses sont celles qui proposent une notation de pays basée sur les trois dimensions ESG. Cependant, l’approche de durabilité d’un pays diffère sensiblement de celle d’une entreprise. Il convient donc de rester attentif - comme pour les entreprises – à la pertinence de l’information. Les remarques faites sur la problématique d’une notation extra financière d’une entreprise (cfr. Tutorial 3) sont tout à fait valables au niveau des pays également.

Le saviez-vous ?

DPAM est pionnier en matière d’analyse de durabilité des pays, implémentée dans ses expertises de gestion

obligataire souveraine pour les pays développés et les pays émergents. La valeur ajoutée en termes de

performance financière et de contrôle de risque est mesurée tous les trimestres.

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Autres sources potentielles

Concernant des critères de types égalité & équité sociales, consommation énergétique, éducation, soins de santé, les bases de données des institutions internationales regorgent de statistiques. Des sources telles que la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé, l’Organisation Internationale du Travail, l’OECD, etc. présentent l’avantage d’être reconnues et réputées pour la qualité de leurs départements de recherche et de statistiques. De plus, plusieurs ONG présentent également des indicateurs ou des indices sur différentes dimensions qui peuvent être une source d’information pertinente. Il faudra rester attentif à l’objectivité et à la comparabilité des données ainsi que l’interprétation exacte de ces différentes mesures.

La problématique du « forward looking »

Les statistiques des différentes sources internationales sont majoritairement des données historiques régulièrement mises à jour (mensuellement, annuellement). Elles présentent l’inconvénient de mesurer le passé et de ne pas intégrer les progrès en cours suite aux différentes politiques mises en place. Dans une approche objective et comparable, il est préférable de se concentrer sur des faits et données réalisés et non sur des projections ou engagements de la part des autorités gouvernantes.

Cependant, si l’objectif est d’anticiper le futur, il faudra réfléchir à des statistiques de projection ou à des scénarii d’évolution qui sont également disponibles. Avec le risque d’une variation importante entre l’anticipé et le réalisé qui pourrait donner un faux message quant à la durabilité de certains pays par rapport à d’autres.

Il est également possible d’anticiper les tendances d’évolution des pays en matière de développement durable en ajoutant une analyse qualitative des décisions prises et des orientations définies par les gouvernements. Ces informations qualitatives peuvent être complétées par des analyses quantitatives de tendances mettant en lumière une évolution positive ou négative d’un pays sur tel ou tel enjeux de développement durable. En tous les cas, il apparait important d’étudier les tendances et l’évolution des pays dans le temps, afin de donner à l’analyse des pays une dimension dynamique et prospective.

Les Objectifs De Développement (ODD) pour évaluer la pertinence

Faisant suite aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) lancés par les Nations Unies entre 2000 et 2015, les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, plaident en faveur d’un développement durable sur le plan économique, social et environnemental. Ils réaffirment les droits de l’homme et la volonté d’éradiquer la pauvreté, la faim et les inégalités d’ici la fin de l’année 2030.

Les 8 OMD avaient obtenu d'excellents résultats dans tous les domaines concernés. Leur réussite est toutefois restée inégale, et les populations les plus pauvres et les plus vulnérables continuent d’être délaissés.

Leurs successeurs, les ODD, ont été définis avant tout à destination des gouvernements et du secteur public. Il est très réjouissant de voir ces principes ambitieux s’étendre également à l’ensemble de la sphère privée et aux investisseurs. L'accord de Paris a provoqué une prise de conscience accrue, et le moment était donc particulièrement bien choisi. En effet, des investissements considérables seront nécessaires pour atteindre tous ces objectifs.

Près de 200 pays ont adopté les 17 objectifs sociaux, environnementaux et économiques. Ils représentent une opportunité unique d’augmenter les investissements face aux grands défis environnementaux et sociaux.

La question est de savoir pourquoi les obligations souveraines ne tiennent pas davantage compte de ces grands défis, qui sont aussi des défis économiques. Les obligations souveraines restent toutefois une catégorie d'actifs importante pour les investisseurs à long terme. Et pourtant, les univers et les indices de référence ne tiennent toujours pas pleinement compte de ces dimensions.

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L’empreinte carbone d’un pays – tout un enjeu Le risque carbone est important pour les investisseurs car il représente un risque économique alors que la législation autour de la problématique se renforce de manière croissante, et qu’apparait un activisme de plus en plus aigu pour que les marchés financiers soient orientés vers le financement de la transition énergétique.

Il y a lieu de s’interroger d’une part sur l’intensité carbone et sur l’efficience énergétique d’un pays mais également sur le risque physique généré par le changement climatique et enfin sur les politiques adoptées pour faire face à ce risque.

Compte tenu des exemples récents, on peut également ajouter le risque juridique portant sur les Etats dont les politiques climatiques manqueraient d’ambition. Comme mentionné en amont de ce document, certaines organisations civiles n’hésitent pas à faire comparaître les Etats pour manquement de responsabilités sur cette question (voir le cas de la France et des Pays-Bas).

L’empreinte carbone du portefeuille a pour objectif d’évaluer le risque carbone de ce dernier en vue d’une transition vers une économie pauvre en carbone. Dès lors mesurer le risque reste également un défi en soi.

L’approche d’intensité carbone mesurée par les émissions d’un pays relativement à son PIB est une première étape de calcul qui permet d’obtenir des données comparables. Cependant, plusieurs défis restent à intégrer tels que :

• la dépendance économique de certains pays vis-à-vis des secteurs intensifs en émissions carbone. Le concept des « stranded assets » - actifs non brûlables - le montre bien. Si le concept est majoritairement évoqué pour les entreprises du secteur pétrolier et énergie, il reste tout à fait valable pour l’économie de pays dont le modèle de croissance repose essentiellement sur la consommation des réserves d’énergie fossile comme par exemple le Venezuela, la Russie ou autre pays fortement dépendant des énergies fossiles.

• L’interaction entre les pays et les émissions exportées et importées. • L’accessibilité des données récentes • Le risque de transition énergétique ; le scénario 2 degrés préconisé par le Sommet de Paris requière une

réduction des émissions nettes à 0 à horizon 2050, un véritable défi pour l’ensemble des pays.

Conclusions Comme souvent, il aura fallu une crise importante pour montrer les faiblesses de certains modèles économiques et financiers, mono-perspectifs. Or dans un contexte de globalisation de l’économie, avec des enjeux majeurs tels que le défi démographique, la raréfaction des ressources naturelles et le changement climatique, il paraît évident que les Etats, en tant qu’acteurs majeurs de l’économie, ont un rôle central à jouer et contribuent pleinement à la durabilité des systèmes mis en place. Dès lors, pour une économie performante, celle-ci se doit d’opérer dans un cadre démocratique approprié, composé d’institutions de gouvernance efficaces et stables dans le temps. Sans investir dans le bien-être et la connaissance de ses générations actuelles et futures, elle met en péril ses chances de pérennité dans l’avenir. Sans objectif de gestion durable de ses ressources et de son environnement, devra faire face à d’important coût d’adaptation aux enjeux majeurs auxquels la planète devra faire face dans quelques années. Enfin, un manque de respect de ses engagements internationaux (traités, conventions, etc.) démontre une probabilité forte de non-respect de ses engagements vis-à-vis de ses créanciers. C’est pourquoi, malgré la complexité de cet exercice, il est primordial d’adopter une approche intégrée des pays en tant qu’acteurs économiques et de développement durable, et de les analyser selon une matrice intégrant aussi bien les domaines financiers et économiques que les dimensions sociales, environnementales et de gouvernance ; à l’instar de ce qui est de plus en plus courant pour les entreprises.

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