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Le président Guelleh parle de sa succession. Mais aussi de la Somalie, des révolutions arabes, de la mort de Kaddafi et de ses rapports avec la France. Interview exclusive HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52 e année jeuneafrique.com URBANISME DES RACINES ET DES VILLES – Spécial 20 pages Crimes et châtiments L’arrestation de Seif el-Islam Kaddafi ouvre la voie au procès de 42 années de dictature. N° 2655 • du 27 novembre au 3 décembre 2011 LIBYE CÔTE D’IVOIRE Je t’aime, moi aussi Six mois de cohabitation harmonieuse entre Soro et Ouattara. Quels sont les secrets de ce mariage d’intérêt ? « En 2016, « En 2016, je partirai. je partirai. Cette fois, je peux Cette fois, je peux vous le jurer. » vous le jurer. » DJIBOUTI France 3,50 • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 • Autriche 4,50 • Belgique 3,50 • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 Espagne 4 • Éthiopie 65 Birr • Finlande 4,50 • Grèce 4,50 • Italie 4 • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 Portugal cont. 4 • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285 ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE

JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

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JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

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Le président Guelleh parle de sasuccession. Mais aussi de la Somalie,des révolutions arabes, de la mortde Kaddafi et de ses rapports avecla France. Interview exclusive

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année jeuneafrique.com

URBANISME DES RACINES ET DES VILLES – Spécial 20 pages

Crimes etchâtiments

L’arrestation de Seifel-Islam Kaddafi ouvrela voie au procès de42 années de dictature.

N° 2655 • du 27 novembre au 3 décembre 2011

LIBYE

CÔTE D’IVOIRE

Je t’aime,moi aussiSix mois de cohabitation harmonieuseentre Soro et Ouattara. Quels sontles secrets de ce mariage d’intérêt?

« En 2016,« En 2016,je partirai.je partirai.

Cette fois, je peuxCette fois, je peuxvous le jurer. »vous le jurer. »

DJIBOUTI

France 3,50 € • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €Espagne 4 € • Éthiopie 65 Birr • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 €Portugal cont. 4€ • RDCongo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE

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Leadership en matièrede technologie.

Le monde est en pleine croissance. Chaque jour, plus depersonnes, véhicules, maisons et usines sont à l’origine d’unedemande toujours croissante en énergie.

C’est pourquoi ExxonMobil investit plus de 1 milliard d’USDpar an dans la recherche, le développement et l’application detechnologie. Cela fait partie de notre engagement à développerles nouvelles technologies nécessaires pour répondre auxbesoins toujours croissants en énergie dans le monde.

Par exemple, pour les projets Kizomba en eaux profondes aularge de l’Angola, ExxonMobil a développé un programme deforage à long déport, l’un des plus difficiles jamais entrepris.

Qu’il s’agisse d’investissement en recherche et développement,d’approvisionnement de nouveaux produits pétroliers oud’investissement dans les collectivités, ExxonMobil fait plusqu’exploiter du pétrole et du gaz. Nous contribuons audéveloppement futur de l’Afrique.

En savoir plus sur notre travail sur exxonmobil.com

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Ce que je croisBÉCHIR BEN YAHMED • [email protected]

EN CETTE FIN DU MOIS DE NOVEMBRE 2011,nous avons un début de réponse à une questionque nous nous sommes posée tout au long del’année : le Printemps arabe a-t-il accouché de

vraies révolutions?Surgis sans se faire annoncer, les soulèvements popu-

laires de Tunisie, d’Égypte et de Libye ont vite montréqu’ils n’étaient pas de simples poussées de fièvre : lemécontentement qui les a provoqués était profond ;l’aspiration au changement qui a conduit les jeunes àdescendre dans la rue était forte.Et dans les trois pays, desdictatures installéesde (trop)

longue date ont été vaincues à l’issue d’une résistanceplus ou moins longue selon le pays et le tempéramentdu dictateur.Vaincues et obligées de céder la place.

Mais les Tunisiens, lesÉgyptiens et les Libyens ont-ilspour autant, chacun dans son pays, accompli une vraierévolution? C’est à cette question que les événementsdes derniers jours viennent d’apporter une réponse.Elleestpositive: il s’agitbiend’authentiques révolutions.

Mais qui sontàdes stadesd’accomplissementdifférents.Qu’est-ce qu’une révolution ? Les dictionnaires la

décrivent ainsi :Ensemble des événements historiques quiont lieu dans une communauté importante (nationale,en général) lorsqu’une partie du groupe en insurrectionréussit à prendre le pouvoir et que des changements pro-fonds (politiques, économiques et sociaux) se produisentdans la société.C’est le cas enTunisie ; en Libye, c’est en cours, tandis

qu’onsebat encoreenÉgyptepourque les fruits tiennentla promesse des fleurs.

EnTunisie, la révolutiona triomphé, et l’onpeutmêmeen dire qu’elle vient de s’installer dans ses meubles :élue le 23 octobre, une Assemblée constituante s’estmise au travail le 22 novembre. Son président, celui dela République et son Premierministre étaient parmi lesprincipauxopposantsde ladictaturevaincue; leshommeset femmes de cette dictature sont, eux, en prison ou enexil – écartés du pouvoir et « des affaires » en tout cas.

La description de la révolution rappelée ci-dessuss’applique donc parfaitement au cas de la Tunisie.

Ce petit pays s’était donné une première Assembléeconstituante de 98 membres dès le 25 mars 1956.Organisée cinq jours après la signature à Paris du pro-tocole sur l’indépendance, le 20 mars 1956, l’électionde cette Assemblée fut régulière et transparente. Cefut d’ailleurs la dernière consultation démocratiqueavant que le Néo-Destour ne s’érige en parti unique ethégémonique.Cette élection fut cependant un plébiscite : avec un

taux de participation frôlant les 85 %, le Front national(Néo-Destour plus organisations satellites) rafla la tota-lité des quatre-vingt-dix-huit siègesmis en jeu et HabibBourguiba fut élu àMonastir avec 100 % des voix.Élue au suffrage universel le 23 octobre 2011, soit plus

de cinquante-cinq ans après la première, la deuxièmeConstituante compte 217 membres. Aucun parti n’ydispose de plus de 40 % des sièges. Elle est le symboleéclatant de l’entrée du pays dans l’ère démocratique,après plus d’un demi-siècle de pouvoir personnel etdictatorial.Samission : édifier la IIeRépublique tunisienne, fondée

sur les idéaux démocratiques universels.■

Il est revenu à un vétéran tunisien de la lutte pourl’indépendance et pour la démocratie, AhmedMestiri,de donner à l’événement de ce 22 novembre toute sasignification.En 1956, il avait été le premier ministre de la Justice

de la Tunisie indépendante ; à ce titre, il eut le privilège– et le mérite – d’élaborer, sous l’autorité et la directiondu président Bourguiba, le Code du statut personnel du13 août 1957par lequel les Tunisiennes acquirent, avantbien d’autres femmes du monde développé lui-même,la quasi-égalité et parité avec les hommes.AhmedMestiri adéclaré, ce23novembre2011: « Je suis

très fier, pour la Tunisie et pour ma génération, d’avoirvécu cet événement. C’est une deuxième indépendance ;la première a été arrachée au colonialisme et la secondeà la dictature et au pouvoir arbitraire.

SAMEDI 26 NOVEMBRE

De la révolution…

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C’est le symbole de la rupture avec l’ancien régime etl’installation d’un pouvoir légitime. »AhmedMestiri etmoi appartenons à la génération de

ceux qui eurent le privilège de participer à la lutte pourl’indépendance et à l’édification de la République tuni-sienne.Lesmembresdecettegénérationsont,désormais,octogénaires et, leur mission accomplie, devraient, debonne grâce, se retirer de l’arène pour laisser aux nou-vellesgénérations toute latitudepour, sans interférenceetsur les fondations dont ils héritent, construire la Tunisiedémocratique du XXIe siècle.Nousdevons le savoir et en tenir compte :unenouvelle

génération, c’est un autre peuple.■

La Libye : État plus fragile et plus composite que laTunisie, l’ex-Jamahiriya libyenne a eubeaucoupplus demal à se libérer deKaddafi et de son système; elle n’a puyparvenir qu’avec l’aide de la France, duRoyaume-Uni,des États-Unis et du Qatar, appuyés par l’Otan.Mais, commeenTunisie, les hommes et femmesde la

dictatureont tousétééliminés, et lepouvoirestdésormaisentre les mains des insurgés.La révolution a donc gagné sur toute la ligne, comme

en témoigne la composition du gouvernement misen place ce 22 novembre et dont le chef, Abderrahimel-Kib, a pu dire, sans s’éloigner de la vérité, qu’il étaitreprésentatif des diverses composantes de la Libyepost-Kaddafi. Il ne l’est pas suffisamment et devra sansdoute être complété.

En Libye, tout est encore à reconstruire : l’État, l’éco-nomie, l’unité nationale. Il faudra beaucoup de tempsà ce pays pour revenir à la normale.Mais, quoi qu’il arrive, ce seramieux qu’avant la révo-

lution de 2011 qui a mis fin à la spoliation du pays parun gang.

Et la révolution égyptienne?Pour lemoment, elle est…en devenir : les manifestations des derniers jours surla place Al-Tahrir, marquées par quelques dizaines demorts (de plus), le montrent avec éloquence.Aupouvoirdepuis1952, l’arméeégyptiennen’aconsenti,

jusqu’ici, qu’à sacrifier legénéralHosniMoubarak, alorsàla veilled’unsixièmemandatdesixanspour semaintenirà la tête de l’État. LesÉgyptiens ne le supportaient plus,et l’armée elle-même avait cessé de le soutenir depuisque sa femme et lui s’étaientmis en tête de transformerla République enmonarchie héréditaire.Engluée aupouvoir depuis soixante ans, s’étant rami-

fiée dans l’économie dont elle possède et gère des pansentiers, dirigée –mais jusqu’à quand? – par un Conseilsuprêmedes forces armées (CSFA) et un «maréchal »de77 ans qui fut, pendant vingt ans, l’immuable ministrede laDéfense deMoubarak, cettemêmearmée a le plusgrand mal à comprendre qu’il lui faut, vite, s’adapter àdes temps qui ont beaucoup changé.Je crains qu’elle n’y vienne, comme l’armée turque,

que contrainte et forcée.Mais par qui ? Et dans combien d’années? ●

Ì La légèreté est nécessaire, sinon letragique serait mortel.Yasmina Reza

Ì Les gens de gauche invententde nouvelles idées. Quand ellessont usées, les gens de droite lesadoptent. Mark Twain

Ì Les femmes sont beaucoupmoins bien que les hommes. Maisquand elles sont mieux, elles sontbeaucoup mieux qu’eux.François Mitterrand

Ì Un mathématicien part d’unproblème et crée une solution. Unconsultant commence par offrir une« solution » et crée un problème.Nassim Nicholas Taleb

Ì L’arbre de la tristesse, ne le plantepas dans ton cœur.Relis chaque matin le livre de la joie.Omar Khayyam

Ì On devrait avoir le droit de faireun procès à sa banque quand on ajamais de pognon sur son compte.Les Nouvelles Brèves de comptoir

Ì Les œuvres d’art sont d’une infiniesolitude; rien n’est pire que lacritique pour les aborder. Seull’amour peut les saisir, les garder,être juste envers elles.Rainer Maria Rilke

Ì Le mariage est comme le melon,c’est une question de chance.Proverbe espagnol

Ì L’appel du sang est assurémentirrésistible, et on ne fait jamaisd’une hyène un mouton.Ahmadou Kourouma

Ì Dieu parle à tout le monde, mais laplupart d’entre nous ne lui laissentpas placer un mot. André Frossard

Ì N’oubliez pas, on vit juste pourquelques rencontres.François Cheng

Ì L’homme le plus simple qui a de lapassion persuade mieux que le pluséloquent qui n’en a point.François de La Rochefoucauld

Ì Vivre signifie : croire et espérer,mentir et se mentir. Cioran

Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a étédit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y.

Humour, saillies et sagesse

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Ce que je crois4

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Le gâteau ivoirien

ABIDJAN, FIN NOVEMBRE. Six mois après l’arrivéeau pouvoir d’Alassane Ouattara et l’installation dugouvernement, la capitale économique revit. Siles stigmates de la guerre n’ont pas tous disparu,

la ville n’en a pas moins retrouvé un peu du lustre qui, jadis,faisait sa fierté. Elle est plus propre, plus sûre et partiellementdébarrasséedesmille et unbarrages des forces de sécuritéquiempoisonnaient la viedeshabitants, délestésà chaquepassagede quelques milliers de francs CFA. Les travaux de voirie semultiplient, les taudis construits illégalement disparaissentprogressivement –mêmesipersonnene sait cequedeviennentensuite leurs occupants ainsi « déguerpis » –, de nombreuxbâtiments sont en cours de réhabilitation. Abidjan panseses plaies, mais le traumatisme de la crise postélectorale esttoujours vivace. La proximité des législatives du 11 décembren’y est pas étrangère : la dernière fois qu’on a expliqué auxIvoiriens qu’il fallait se rendre aux urnes pour tourner la paged’unedécenniede conflit, ils se sont retrouvés avecune guerreouverte sur les bras.

Ce scrutin est le premier test majeur pour le pays. Plus queles résultats, qui ne font guère de doute – la seule inconnueétant le rapport des forces entre le RDR d’Alassane Ouattaraet le PDCI d’Henri Konan Bédié –, c’est le déroulement del’opération qui suscite l’inquiétude. Dix mille policiers, dixmille gendarmes et cinqmillemilitaires seront déployés pourveiller au grain. Les grands moyens.

Ils sont943candidatsen lice (représentant 35partis) –dont440 indépendants –, pour 1182 dossiers déposés. Au final,255 députés, élus par un peuple exténué qui veut la paix, dutravail, des logements, une école qui fonctionne, des hôpitauxqui soignent… « Nous, on s’en fout ! RDR, PDCI, FPI, Lider…Peu importe, nous expliqueAdama, petit entrepreneurdans lebâtiment.Onveutdes garsqui travaillent enfinpournous.Unepart du gâteau que nous n’ayons pas àmendier ! » Sentimentlargement partagé, y compris par cet ancien ministre touchépar la grâce et le remord : « Pendant cinquante ans, et plusparticulièrement au cours des dix dernières années, nous, lespolitiques, onavolé ces gens, on s’est tous enrichis.Nousavonstout:bellesvoitures,villascossues,vinsgrandscrus,champagne,jolies filles, vacances de rêve…Beaucoupdenos compatriotesn’ont rien. Comment ne pas comprendre leur ras-le-bol? »

EnCôte d’Ivoire, commeailleurs enAfrique, la politique esttoujours le chemin leplus court vers la fortune.Unchemin trèsfréquenté. Un exemple, qui résume à lui seul cette évidenceet cette déviance : la Fédération estudiantine et scolaire deCôte d’Ivoire (Fesci), déclarée apolitique lors de sa création,en 1990. Les neuf secrétaires généraux qui se sont succédé àsa tête ont tous embrassé une carrière politicienne. Lemillierde candidats aux législatives ont-ils compris que les Ivoirienscomme Adama souhaitent voir émerger une nouvelle classedirigeante en lieu et place de la « mafia » qu’ils dénoncent?Rien n’est moins sûr. ●

ÉditorialMarwane Ben Yahmed

03 Ce que je crois Par Béchir Ben Yahmed08 Confidentiel

10 LA SEMAINE DE JEUNE AFRIQUE

10 Tunisie Les triumvirs de Carthage12 Tour du monde14 Libye Les technos arrivent16 Gabon Les « révélations » de Mgr Jocktane18 Rwanda Tous comptes faits23 Transport aérien Sur des sièges éjectables24 Sénégal Wade obtient un blanc-seing26 Didier Ratsiraka Le retour de l’Amiral27 Nothando Dube Princesse déchue

30 GRAND ANGLE

30 Djibouti Interview d’Ismaël Omar Guelleh

36 AFRIQUE SUBSAHARIENNE

36 Côte d’Ivoire Ouattara-Soro,partenaires particuliers

40 Présidentielle au Sénégal Les meilleurs ennemis41 Grands Lacs À l’heure du choix42 Bénin Odon Vallet: « Le pape n’a pas fait de gaffes »

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CÔTE D’IVOIREPARTENAIRES PARTICULIERSAlassane Ouattara, le président, et son Premier

ministre, Guillaume Soro, ont fini par s’habituer l’un àl‘autre. Enquête.

ISMAËL OMAR GUELLEH« EN 2016, JE M’EN IRAI. CETTE FOIS,JE PEUX VOUS LE JURER »

Révolutions arabes, Somalie, Érythrée, piraterie…Le chef de l’État djiboutien livre ses vérités.

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LA GRANDE INTERVIEW

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43 Afrique de l’Est Avec Israël, main dans la main44 Bizutage Bons et loyaux sévices

50 MAGHREB & MOYEN-ORIENT

50 Libye Crimes et châtiments54 Tribune L’audiovisuel marocain est un acteur

résolu du changement55 Égypte Les Frères, les généraux et la rue56 Clan Ben Ali Vol en bande organisée59 Vahid Halilhodzic « Les Fennecs

ne font plus partie des meilleurs »

61 EUROPE, AMÉRIQUES, ASIE

61 Espagne Raz-de-marée dans le brouillard63 Allemagne Le paradoxe Merkel64 Parcours Diébédo Francis Kéré, retour à la terre65 France Danielle Mitterrand, l’éternelle indignée66 Ultraviolence Latin killers67 Pakistan Il y a une vie après le cricket68 Chine Bombe (démographique) à retardement

69 LE PLUS DE JEUNE AFRIQUE

69 Urbanisme Des racines et des villes

100 ÉCONOMIE

100 Interview Albert Yuma Mulimbi :« La RD Congo est le pays d’avenir en Afrique »

104 Gabon L’effet CAN 2012106 Électricité La Côte d’Ivoire monte en puissance108 Tourisme En Tunisie, Yadis nargue la crise110 Algérie Succession éclair à Sonatrach111 Mines Gabriel Kamga, la tête chercheuse

de BHP Billiton112 Téléphonie Chahuté à domicile,

Maroc Télécom brille à l’extérieur113 Kenya Safaricom à la peine

114 CULTURE & MÉDIAS

114 Journalisme Le roman vrai de Kapuscinski116 Arts plastiques Vitrines marocaines118 La semaine culturelle de Jeune Afrique120 En kiosque La revue

128 VOUS & NOUS

128 Le courrier des lecteurs130 Post-scriptum

40

URBANISMEDES RACINES ET DES VILLES• Panorama Celles par qui lacroissance arrive• Stratégie L’avenir en capitales• Habitat Dis-moi où tu vis…

Spécial 20 pages

TUNISIERévolution, acte II

URBANISME

LE PLUSde Jeune Afrique

Des racineset des villes

69• L’Histoire en marche, par Béchir Ben Yahmed p. 3• TRANSITION Trois hommes et la démocratie p. 10• CORRUPTION Tout sur le système Ben Ali p. 56

50LIBYECRIMES ET CHÂTIMENTSL’arrestation de Seif el-Islam

Kaddafi ouvre la voie auprocès de quarante-

deux années dedictature.

SÉNÉGALLES MEILLEURS

ENNEMISOusmane Tanor Dienget Moustapha Niassene s’entendent pas. Lacoalition de l’opposition

n’a toujours pas decandidat.

ALBERT YUMAMULIMBI

« LA RD CONGOEST LE PAYS D’AVENIR

EN AFRIQUE »À l’aube de l’élection

présidentelle, entretienavec le patron dela Fédération des

entreprises du Congo

100

Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs 7

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ABDELBASSET ELMEGRAHI ne sera pas entendu ànou-veau par les justices écossaise et américaine, qui en ontpourtant fait lademande.LeConseilnationalde transition(CNT) libyen l’a répété à la mi-novembre: le dossier de

l’uniquecondamnédans l’affairede l’attentatdeLockerbie,en1988,est « classé » et ne saurait être rouvert. « J’ai tout dit auCNT, je n’aiplus rien à révéler, qu’on me laisse mourir en paix », plaide cetancienagentdes services secrets.Atteintd’uncancerde laprostateen phase terminale, Megrahi survit à Tripoli depuis sa libération,en 2009. À l’occasion, il sert de cobaye à un nouveau traitementhormono-thérapeutique censé retarder la mort des malades. Sondomicile a été pillé par les rebelles lors de la chute de Tripoli. Ilaurait reconnu que l’attentat de Lockerbie avait été commanditéparMouammarKaddafi en personne, etmis au point par son brasdroit, Abdallah Senoussi. ●

… celui de Moussa Koussa rouvert

ANCIEN CHEF du « bureau d’exportation de la révolution » (etancien ministre des Affaires étrangères de Kaddafi), Moussa

Koussa, rallié à la rébellion deux mois après son déclenchement,pourrait, lui, être bientôt rattrapé par son passé. Installé au Qatar,où il résidedansunesuitede l’hôtelFourSeasonsdeDoha,celuiquifut ambassadeur à Londres à la fin des années 1970 et s’illustra àl’époque dans la traque des opposants en exil fait en effet l’objetd’accusationsprécisesdelapartd’anciensdétenuspolitiques libyensàTripolipoursonrôleprésumédans lemassacredelaprisond’AbouSalim – un millier d’islamistes exécutés le 29 juin 1996. « MoussaKoussa faisait partiedeceuxquinousont interrogés. Ilm’aperson-nellement torturéavecunematraqueélectrique», témoigneMuftahel-Thawadi, l’un des anciens dirigeants duGroupe islamique com-battant libyen (GICL). ●

ABIDJAN QUI POUR GÉRERL’HÔTEL IVOIRE?Le célèbreHôtel Ivoire a rou-vertsesportes le25novembre.Seule la tour est opération-nelle, le bâtiment principal– un temps envisagé pouraccueillir le siège provisoirede la BAD – étant toujours entravaux. À terme, la gestionde l’établissement devait êtreconfiée à un grand groupehôtelier. Deux candidats depoids étaient en lice : le fran-çaisAccor (Sofitel) et le suisseKempinski (détenu en partiepar le roi deThaïlande). C’estle premier qui a finalementété choisi.

TURQUIEAMBITIONS AFRICAINESLorsdu2e sommetdes leadersreligieuxmusulmansafricainsorganisé à Istanbul du 21 au25 novembre par le départe-ment des affaires religieuses(une centaine de dignitairesvenus de 46 pays y ont prispart), le Premier ministreRecep Tayyip Erdogan s’estdéclaré résolu à renforcerles positions de son pays enAfrique. Il existe aujourd’huivingt-cinqambassadesturquessur le continent. Neuf autresdevraientouvriravant la finde2013.Levolumedeséchangescommerciauxdépasse20mil-liards de dollars.

ÉDITION LES ORPHELINSDE BOURGUIBAAnciencollaborateurde JeuneAfrique,SamyGhorbalpublie

LibyeLe dossier de Megrahi classé…

160LE CHIFFREQUE L’ON CACHE

candidats issus duFront populaire ivoirien(FPI) brigueronten indépendantsun siège de députélors des législatives du11 décembre, malgréle boycott annoncépar le parti fondépar Laurent Gbagbo.

REU

TERS

ðABDEL BASSET

EL-MEGRAHI

au cours d’uneinterverviewavec ReutersTV, le 3 octobreàTripoli.

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chez Cérès Éditions, à Tunis,Orphelins de Bourguiba etHéritiersduProphète, livredanslequelilanalyselaConstitutionde 1959, la notion d’islamitéde l’État, l’instrumentalisationdes thèmes de l’identité et dela religion…Toutesquestionsqui serontaucœurdesdébatsde l’Assemblée constituanteélue le23octobre.En libraireàTunisàpartirdu15décembre.

TÉLÉCOMS ORANGEDANS LE VISEUR D’IHSBien implantée en Afriquede l’Ouest anglophone, lacompagnie nigériane IHS,spécialisée dans la gestiondes antennes-relais pour lecompte d’opérateurs commelesud-africainMTN,necacheplussesambitionsdanslazonefrancophone. Après Londres,où il se trouvait la semainedernière à la recherche denouveaux investisseurs, IssamDarwish, son patron, s’estrendu à Paris pour faire lesyeux doux àFranceTélécom-Orange, présent notammentau Sénégal, en Côte d’Ivoire,au Niger et auMali.

SAHEL DU NOUVEAU POURLES OTAGES FRANÇAISDeux géologues françaisont été enlevés par Aqmi le24 novembre au Nord-Mali.La veille, un négociateurtravaillant à la libérationd’autres otages enlevés auNiger en 2010 a été blessé

par balle. Il s’agirait de Jean-Marc Gadoullet, un anciencolonel de l’armée françaisequi conseilla plusieursprésidents africains (dontIdriss Déby Itno). Reconvertidans la sécurité privée,il négocie depuis un an lalibération des otages pourle groupe Vinci. En février,il avait obtenu de l’AlgérienAbdelhamid Abou Zeid,après versement d’unerançon, la libération detrois d’entre eux. Lorsde son dernier déplacementdans le Nord-Mali,le 23 novembre, il étaitaccompagné du députétouareg Ahmada Ag Bibi,une ancienne figurede la rébellion.

BURUNDIUN MÉDIATEUR À PARISMohamed Rukara, le média-teur de la République burun-daise,aétéreçule22novembreàParisparHenrideRaincourt,leministrede laCoopération.Il n’a pas été question de ladégradation dénoncée parles ONG de la situation desdroits de l’homme dans cepays. En revanche, Paris aremercié Bujumbura pour lalibérationprovisoiredePatrickFaye, le 19 octobre. En juillet,ce Français installé depuistrente ans au Burundi avaitétécondamnéàvingt-cinqansd’emprisonnementpour viol.En attendant son procès enappel, il aétéautoriséà rentrerenFrancepours’yfairesoigner.

CAMEROUNDÉTOURNEMENT OU PAS?Le Fonds mondial de luttecontre le sida, la tubercu-lose et le paludisme vient desaisir le président camerou-nais Paul Biya du cas d’Ur-bain Olanguena Awono, unancien ministre de la Santé(2001-2007) incarcérédepuistrois ans pour détourne-ment de fonds versés parl’organisation.Celle-ci maintient la posi-tion exprimée par MichelKazatchkine, son directeurexécutif de l’époque, dansuneprécédente lettre : ellen’apas constaté d’« irrégularitéssignificatives pouvant êtrequalifiées de détournementde deniers publics ».

Franc CFA La folle rumeurPARTIE DE CÔTE D’IVOIRE à la mi-novembre, la rumeur d’une dévaluation du franc CFA àla date du 1er janvier 2012 s’est répandue comme une traînée de poudre sur internet àtravers toute l’Afrique francophone et en France même. « Absurde, il n’y a aucun groupede travail spécifique sur le sujet. C’est une pure manipulation », explique-t-on auministère français des Finances. « La dévaluation n’est pas d’actualité », confirme LucasAbaga Nchama, le gouverneur de la Beac. Le buzz est né le 21 novembre d’un articledu quotidien ivoirien Notre voie, proche de Gbagbo, se fondant sur « une sourcediplomatique européenne ». Il n’en a pas fallu davantage pour réveiller le spectrede la dévaluation de 1994. « Les indicateurs susceptibles de justifier une telle opération– un déficit public insoutenable associé à une faible croissance – ne sont pas réunis,alors qu’ils l’étaient il y a dix-sept ans », explique Hugues Olivier Bagneki, responsablecommercial et marketing de la Coface en Afrique de l’Ouest.

Autre rumeur infondée: l’Allemagne ferait pression sur la France, parce que le francCFA coûterait trop cher à l’Europe. « Il n’en a jamais été question, affirme-t-on à Bercy,parce que la convertibilité n’est pas un engagement de l’Europe, mais de la France.Ni l’Allemagne ni la Banque centrale européenne ne sont concernées. » La prochaineréunion de la zone franc se tiendra en avril 2012, au Mali. ●

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TERS

UNION AFRICAINE

Zuma fait campagneL’Afrique du Sud poursuit son offensive diplomatique pour la présidence dela Commission de l’Union africaine. Candidat à sa propre succession, Jean Ping sera,comme l’on sait, opposé à Nkosazana Dlamini-Zuma (photo), l’ex-épouse du chefde l’État sud-africain. Celle-ci n’entendant pas faire campagne en personne,plusieurs membres du gouvernement sont mis à contribution. Parmi eux,Lindiwe Sisulu, la ministre de la Défense. Le 24 novembre, celle-ci a rencontréson homologue namibien; le lendemain, elle était attendue à Kinshasa, puis le 27à Brazzaville, avant de s’envoler pour la Tanzanie. C’est Siyabonga Cwele, leministre de la Sécurité, qui est préposé au nord du Sahara. Début octobre, il s’estnotamment rendu à Alger et à Tunis. Courtisé par Pretoria, Nouakchott a semble-t-ilété tenté, avant de se raviser et d’apporter son soutien à Ping.

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9Politique, économie, culture & société

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réalisationdesobjectifs de la révolution, etKamelJendoubi, le président de l’Instance supérieureindépendante pour les élections (Isie), appelée àdevenir permanente après l’organisation réussiedu scrutin du 23 octobre.

EXILÉS. Près du trio Marzouki-Jebali-Ben Jaafar,RachedGhannouchi,quinebrigueaucunefonctionofficielle,demeureomniprésentaucôtédusecrétairegénérald’Ennahdha.Présentà l’ANC, le«Cheikh»rentrait d’unevisitede trois joursàAlger, où il s’estentretenu pendant plus de quatre heures avec leprésidentBouteflika,assurantquesonmouvementn’a pas l’intention d’exporter sa révolution.

Si les coalisés n’ont pas le même backgroundidéologique – conservateur pour Ennahdha, pro-gressiste pour leCPRet Ettakatol –, ils ont appris àtravailler ensemble à l’époque où ils étaient dansl’opposition. Marzouki et Ben Jaafar, tous deuxprofesseurs de médecine, ont été parmi les rares

Jour mémorable que ce 22 novembre,séanceinauguraledel’Assembléenatio-naleconstituante(ANC),présentéeparFouadMebazaa, leprésidentprovisoiresortant,commelapremièresessiondelaIIeRépublique.Vainqueursdesélections

du 23 octobre, le parti islamiste Ennahdha et deuxpartis de gauche, le Congrèspour la République (CPR) etEttakatol,ont forméunecoali-tionquileurassureuneconfor-tablemajorité à l’ANC où seraélu, au début de décembre enprincipe, lenouveauprésidentde la République, MoncefMarzouki (CPR), 66 ans. Cedernier désignera un gouver-nement dirigé par HamadiJebali, l’actuelsecrétairegénérald’Ennahdha, âgéde 62 ans.

Ladémissiondugouverne-mentprovisoireprésentéeparBéji CaïdEssebsi le23novembreaétéaussitôt acceptéeparMebazaa.La veille,MustaphaBen Jaafar (Ettakatol), 71 ans,avaitétééluprésidentde l’ANC,oùlevoteàbulletinsecret donne une idée du rapport des forces : 145voix pour la coalition majoritaire, 68 voix pour laminoritéhétérogènequiavotéen faveurde l’autrecandidate,Maya Jribi, secrétaire généraleduPartidémocrate progressiste (PDP).

Geste inédit : sitôt prononcé son discoursd’investiture, Ben Jaafar a invité Jribi à s’adres-ser aux parlementaires depuis la tribune. « Nousallons nous comporter en opposition agissanteet constructive », a-t-elle promis. Autre symbole :la présence d’Ahmed Mestiri (86 ans), AhmedBen Salah (85 ans) et Mustapha Filali (90 ans),ministres de Habib Bourguiba au lendemain del’indépendance et qui ont soutenu la révolutiondu 14 janvier. À leurs côtés, Yadh Ben Achour, leprésident de la (défunte) Haute Instance pour la

LesLes trium vtrium vir

ABDELAZIZ BARROUHI, à Tunis

Moncef Marzouki, le présidentpressenti, Hamadi Jabali, son futurPremier ministre, et Mustapha Ben

Jaafar, qui vient d’être élu à la tête del’Assemblée, ont déjà travaillé ensembledans l’opposition. Comment vont-ils

diriger le pays demain?

TUNISIE

UN TRIO À ÌLA TÊTE DU PAYS :

de g. à dr.,Mustapha BenJaafar, Moncef

Marzouki etHamadi Jebali,

toujours flanquéde Rached

Ghannouchi,le chef

d’Ennahdha,àTunis, le

21 novembre.

Leur objectifcommun:

restaurer laconfiance

et relancerl’économie.

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La semainede Jeune Afrique

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m virstrium virs de Carthagede CarthageAprès la chute de Ben Ali, la proximité de vues

entre Ennahdha, le CPR et Ettakatol se préciseautourde ladéfensedesobjectifsdes jeunes révo-lutionnaires, et leur alliance se profile avant lescrutind’octobre.AlorsqueMarzoukietBenJaafarbriguent laprésidencedelaRépublique,Ennahdhafait pencher la balance en faveur du premier. Lechef d’Ettakatol se plaît finalement au perchoir,estimantque c’est làqu’il pourra lemieuxexercerson entregent.

CRAVATE. AvecMarzouki, l’ambiancevachangerau palais de Carthage. Le futur président, qui n’ajamais porté de cravate, promet de rester « unhomme du peuple ». Réputé intransigeant, il saittoutefois reculer. Alors que le CPR revendique leministère de l’Intérieur, Marzouki y renonce faceau tollé que cette idée suscite dans lesmilieux delapolice.Demême,après s’être targuéd’être celuiqui nomme le Premier ministre, il s’est rendu àl’évidence: cedernierest le secrétairegénéralde lapremière forcepolitiquedupays,quipenchepourun système parlementaire. « Le président ne doitpas être là que pour la forme, mais il ne faut pasnonplusqu’il soitdominant, commesous l’ancienrégime », a-t-il concédé.

La lutte commune contre Ben Ali et durant lapériodepostrévolutionnaireaaidé les troispartisdelacoalitionà s’accorder sur lesgrandes lignesd’unprogrammedegouvernement:règlementdelasitua-tiondes famillesdesmartyrsetdesblessés, relancede l’économie, luttecontre lechômagedes jeunes,réformedesministèresdel’Intérieuretde laJustice.D’après les informationsqui filtrent, leministèredelaDéfensedevrait garder son titulaire,AbdelkarimZbidi. Ilenseraitdemêmepour laBanquecentrale,dirigéeparMustaphaKamelNabli, ancienécono-miste en chef à la Banque mondiale. Les Affairesétrangères et la Justice reviendraient àEnnahdha.Ettakatol obtiendrait les Finances, le Tourisme, leCommerce, la Formation et l’Emploi, ainsi que lesecrétariatd’État auxAffairesétrangèreschargédel’Europe.LeCPRdevraithériterdesTransports,del’Environnement, de la Fonction publique et desSports. Des indépendants seront appelés à la têtedesministèresde laFemme,de l’Éducationetde laCulture.Leministèrede l’Enseignementsupérieurpourrait être attribué à un indépendant proched’Ennahdha. Enfin, des technocrates pourraientdiriger certainsministères, comme l’Industrie.

Cesdébutsplacés sous le signede ladémocratieet de la concorde rassurent les Tunisiens, qui yvoient legaged’unestabilisationpolitiqueetd’unereprise de l’économie. ●

hommes de gauche à dénoncer la répression quis’estabattuesur les islamistesdans lesannées1991-1994, alorsqu’ilsétaient respectivementprésidentetvice-présidentde laLigue tunisiennededéfensedes droits de l’homme (LTDH).

À la veille de la présidentielle de 1994, où BenAli s’était attribuéplusde99%desvoix, le tandem,devenugênant,estécartédeladirectiondelaLigue.Lamêmeannée,BenJaafarcréesonparti, leForumdémocratiquepourletravailetleslibertés(Ettakatol),dont Marzouki devait être l’un des cofondateurs.Mais ce dernier s’exile pour fonder leCPR, àParis,etmultiplie les contacts avecGhannouchi, alors àLondres.Pourpermettreaumouvement islamistedetravailleravec l’opposition,Ettakatol, leCPRet lePDPengagentavec luiundébatauseinduCollectifdu 18 octobre pour les droits et les libertés (2005-2007), où ils s’accordent sur un certainnombredeprincipes, dont la sauvegarde du Code du statutpersonnel.

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48 %des membres

de l’Assembléeconstituantepossèdent un

profil Facebook,y compris sonprésident,devancé ennombre de« fans »

par Marzouki

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L’événement 11

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ALORSQUELESNÉGOCIATIONSentre les représen-tantsdes sixprincipauxpartis belges –à l’exclusiondes extrémistes flamands duN-VA –, avaient reprisen septembre et laissaient augurer la formation

prochained’ungouvernement,ElioDiRupo,lePremierministre(socialiste et francophone) pressenti, vient de jeter l’éponge.Pourune fois, lapierred’achoppementn’estpas linguistique,maisbudgétaire, socialisteset libérauxsemontrant incapablesde s’entendre sur la réduction dudéficit en 2012: augmenta-tion des impôts ou coupes drastiques dans les dépenses?DiRupoadoncbrusquementquitté le Parlement, le 21no-

vembre, pour se rendre au château de Ciergnon, résidenced’Albert II, afin de présenter sa démission. Vraie lassitudeou habile coup tactique? Charles Michel, président du MR(libéral francophone), penche pour la seconde hypothèseet dénonce une « théâtralisation » de la crise. La Belgiquen’a plus de vrai gouvernement depuis plus de cinq centsjours. Et les marchés paraissent à bout de patience. ●

MALAISIE

Razak la joue coolEN SEPTEMBRE, Néjib Razak,le Premier ministre de

Malaisie, avait fait sensation enabrogeant la loi sur la sécuritéintérieure, qui autorisait la miseen détention immédiate et sansjugement. Deux mois plus tard,il récidive en tenant sa promessed’élargir les lois de liberté civile.La Peaceful Assembly Bill autorisedésormais les Malaisiens à seréunir en groupes de plus detrois personnes sans autorisationpréalable de la police. Razakcoupe ainsi l’herbe sous le piedde l’opposition et se positionneen vue des élections, dont la date(2013) pourrait être avancée.

LE CHIFFRE QUI FAIT HONTE

400000MIGRANTS ONT ÉTÉ REFOULÉSaux portes de l’Union européenneen 2010, selon le dernier rapportdu réseau Migreurop, qui dénoncele refus de la plupart des paysde laisser débarquer dans leursports les passagers embarquésclandestinement à bord denavires marchands, mettant ainsileur vie en péril.

CAMBODGE

Monstresà la barre

APRÈS LES AUDIENCESpréliminaires dumois de juin,

le procès des anciens dirigeantskhmers rouges a repris le17 novembre à PhnomPenh.L’ancien président Khieu Samphan(80 ans), l’idéologue du régime,Nuon Chea (85 ans), alias « frèrenuméro deux », et Ieng Sary(87 ans), l’ancienministre desAffaires étrangères, sont en effetjugés pour le génocide qui fit,entre 1975 et 1979, 1,7million demorts. Mais Ieng Thirith (79 ans),l’arrogante et sanguinaire épouse deIeng Sary, n’assistera pas au procès.Atteinte de lamaladie d’Alzheimer,elle a été déclarée inapte.

BELGIQUE

Que veut Di Rupo?

LA COMMISSION D’ENQUÊTEmise en place par le gouverne-

ment après le déclenchementdu scandale News of the World,le tabloïd du groupe Murdochaccusé d’avoir espionné lescommunications de plusieurs milliersde Britanniques, a procédé à sespremières audiences publiques.Les parents de Milly Dowler, uneadolescente enlevée et assassinée

en 2002, ont raconté comment leurtéléphone portable avait été piraté.Et l’acteur Hugh Grant (QuatreMariages et un enterrement), devenul’emblème de la lutte contre la pressede caniveau, a longuement évoquél’incroyable harcèlement dont il afait l’objet pendant plus de quinzeans : même la porte de sonappartement fut un jour forcéepar des paparazzis !

ROYAUME-UNI

L’acteur, l’ado et les paparazzis

YVES

HER

MAN/R

EUTE

RS

ð PREMIER

MINISTRE

PRESSENTI,ELIO DI RUPO

a démissionnéle 21 novembre :coup de bluffou vraielassitude?

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12 La semaine de J.A. Tour du monde

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ESPAGNE

Du malheurd’avoir un gendre

SCANDALE dans la famille royaleespagnole. Le gendre de Juan

Carlos, Iñaki Urdangarin (43 ans),est accusé de détournements de fondspublics. Marié à l’infante Cristina,avec laquelle il a eu quatre enfants,il aurait investi dans ses propresaffaires une partie du budget(2,3 millions d’euros) de l’InstitutNoos, qu’il présida en 2005-2006.

BRÉSIL

Vive la transparence!DILMA ROUSSEFF poursuitsa guerre contre la corruption.

L’adoption d’une loi régissant l’accèsà l’information publique fait à toutesles administrations obligation de

publier en ligne l’utilisation qu’ellesfont de leurs ressources et de rendreaccessibles des documents jusqu’icitop secret. Par ailleurs, la sarabandedesministres corrompus continue.Mis en cause à son tour, Carlos Lupi,celui du Travail, refuse pour l’instantde démissionner. S’il finit par y êtrecontraint, il sera le septième dansce cas.

VENEZUELA

Chávez à la CPI?HUGO CHÁVEZ sera-t-il traduitdevant la Cour pénale

internationale? C’est ce que souhaitel’opposant Diego Arria, candidatpotentiel à l’élection présidentielled’octobre 2012, qui a porté plainte,à La Haye, contre le présidentvénézuélien pour crimes contrel’humanité. Le dossier qu’il a constituécompte plus de 600 pages et de très

nombreux témoignages de violationsdes droits de l’homme: assassinats,tortures, déplacements forcésde populations, etc.

RUSSIE

Poutine KOMONTÉ SURUNRING de boxemoscovite devant vingtmille

personnes pour féliciter le vainqueur,Vladimir Poutine a été accueilli par unconcert de sifflets. C’est la première foisde sa carrière qu’il subit pareil affront.La scène a été vue plus de quatre centmille fois sur YouTube, avant que lachaîne de télévision Perviy Kanalne lamaquille comme au tempsdu stalinisme en recouvrant les huéespar des applaudissements ! Face à uneopposition falote etmuselée, le Premierministre est assuré de redevenirprésident en 2012.Mais, à l’évidence,sa popularité n’est plus ce qu’elle était.

ÉGYPTE

Ces guerriers venus d’ailleurs…

NON, CE NE SONT PAS DES EXTRATERRESTRES. Juste des révolutionnaires égyptiens affrontant les forcesde l’ordre dans le centre du Caire, près de la place Al-Tahrir. Comment se protéger des gaz lacrymogènes

et incapacitants utilisés à profusion par les policiers? Au fond de quelque grenier, ces manifestants ont dénichédes masques datant… Datant de quand, au fait? De la Première Guerre mondiale? De la Seconde? L’efficacitéde cette quincaillerie est en tout cas loin d’être assurée, à en juger par le nombre considérable – et en constanteaugmentation – des morts et des blessés par asphyxie.

ARRÊT SUR IMAGE MAHMUD HAMS • AFP/AMR DALSH • Reuters

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T rois mois après la chute deTripoli, la Libye a enfin un gou-vernement.LePremierministre,Abderrahimel-Kib,enaannoncé

la composition le 22novembre.Unepré-sentationquiadéclenché l’enthousiasmedes capitales occidentales, mais provo-qué des réactions irritées dans certainesrégionsdupays.«Toute laLibyeest repré-sentée », a assuré Kib. Ce n’est pas l’avisduCongrèsamazigh libyen(représentantlesBerbères)oudeshabitantsd’Ajdabiya(Est), qui s’estimentmarginalisés.

À Benghazi, plusieurs dizaines dejeunes ontmanifesté leur colère : «Noussommes sous-représentés au regard dessacrificesconsentis»,déploreAbdelmoulaSihli, un ancien instituteur ayant pris lesarmes. Pourtant, la ville hérite de la partdu lion : six maroquins (dont celui desInvestissements) sur vingt-quatre, ethuit postes de secrétaires généraux deministères, stratégiquesdans cetteétaped’édification institutionnelle. La régiondeMisrata n’est pas à plaindre non plus,aveccinqministères,dontdeuxrégaliens:

l’Intérieur, dévoluàFaouziAbdelali, chefde labrigade révolutionnairequiaaccro-ché Kaddafi à son tableau de chasse, etla Justice, attribuée àAliH’midaAchour,magistratoriginairedeKhoms.LaDéfenseéchoit à Oussama Jouili. Le chef de labrigadedeZintan,geôlierdeSeifel-Islam,est le second représentantde la rébellionarmée au sein d’une équipe qui comptedeux femmes et aucun islamiste.

Comme il s’y étaitengagé, Kib s’estentouré de tech-nocrates, à l’instard’AbderrahmaneBenYezza, un ancien dugroupe italien Eni,chargé du Pétrole et

du Gaz. Cependant, la donne régionalea parfois pesé lourd. Le portefeuille desAffaires étrangères était ainsi promis àIbrahimDabbachi, jusqu’aumomentoùKib s’est rendu compte que son gouver-nementne comptait aucun représentantde Derna (Est). Il a donc fait appel àAchourBenKhayal, ancienambassadeuren Corée du Sud.

SÉCURITÉ.Chargédeprépareruneélec-tion constituante pour juin 2012 au plustard, le nouveau gouvernement s’est fixédeux priorités : améliorer les conditionsde vie de la population en relançant lesservices publics, l’administration et lesystème judiciaire, d’unepart. Et, d’autrepart, maîtriser les questions de sécurité,enmenantàbien la reconstructiond’unearméenationale, et la refontedesservicesde police et de renseignements. ●

CHERIF OUAZANI

LibyeLes technos arriventAbderrahim el-Kib a formé son gouvernement. Sa mission : stabiliserle pays et préparer l’élection d’une Constituante.

MOHAMMED

SALE

M/R

EUTE

RS

RD Congo Nous n’irons pas à Kinshasa (suite)CEQU’ILFAUTBIENAPPELERlerefusdevisaopposéàPhilippePerdrix, notre envoyé spécial désignépour couvrir lesélectionscongolaises du 28 novembre – refus que nous avons dénoncédans notre dernière livraison – gênemanifestement les autori-tés deKinshasa. Qui y répondent de la plusmauvaisemanière.Interrogé par l’AFP, le directeur de cabinet adjoint duministrede laCommunicationetporte-paroledugouvernement,PascalAmisiKibangula,aeneffetcrubond’affirmerqu’aucunedemanded’accréditationémanantde J.A.n’avaitété reçueà sonministère.

Cequiestévidemmentfaux,deuxcourrielsetunelettreofficielleayant été expédiés les 12, 14 et 20octobre aux adresses internetpersonnellesduditDCAetdesonpatron,DieumerciMutombo.Sans compter les échanges téléphoniques qui ont suivi entrePhilippePerdrixetMM.MutomboetKibangula, ainsiqu’avec leministreLambertMendeOmalanga lui-même.Pour l’anecdote:après avoir prétendu,histoire sansdoutedebrouiller lespistes,

qu’il lui fallait « l’accord de la Primature » pour donner suite àsa demande, leministre a fini par renvoyer notre collaborateurau…directeur de cabinet civil de la présidence.

Mentir etdémentir : ce refrainqui servaitde lignedeconduiteaux fonctionnaires de l’information sous Mobutu est appa-remment toujours en vogue à Kinshasa. Leurs supérieursse chargeant, avec zèle, de verser dans la diffamation. AprèsMende lui-même, qui avait chiffré à plusieurs centaines demilliers de dollars le montant de ce que J.A. aurait perçu pourpublier sa «Cover story » «Kabila :Mobutu light », c’est au tourde l’ex-ministre et toujoursdéputéAntoineGondhademonterau créneau.Cette fois, c’est parcequ’onnous aurait refusé «unpublireportaged’undemi-milliondedollars »quenousaurionsconcocté cette fictiond’envoyé spécial privédevisa !Unechoseest sûre : avecde tels collaborateurs, le président JosephKabilan’a plus besoin d’ennemis… ● FRANÇOIS SOUDAN

ð LE PREMIER

MINISTRE (à dr.),et Abdel HafizGhoga,porte-parole duCNT, àTripoli, le22 novembre.

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UNIVER

SAL

VIDÉOTiken Jah Fakoly:« Alpha Blondy est le seuldes proches de Gbagbo àavoir reconnu ses erreurs »

SONDAGESyrie: lesOccidentauxdoivent-ils soutenirl’Armée syriennelibre et chasserBachar al-Assad dupouvoir?

1. Oui, l’exemple libyenprouve que c’est nécessaire

54,6 %2. Non, les Occidentauxn’ont aucune légitimité àintervenir en Syrie 30,8 %3. Non, la mise en garded’Assad sur un risqued’embrasement de la régiondoit être prise au sérieux

7,4 %4. Non, seule une minoritéde Syriens souhaite ledépart du président 7,2 %

(756 votes)

CETTE SEMAINE:

S’il est jugéen Libye,Seif el-Islambénéficiera-t-ild’un procès justeet équitable?

À LIRE AUSSIInde-Afrique:

Bollywood, une passionsénégalaise

JEUNEAFRIQUE.COM

«C e que j’ai dit dans celivre, tout le monde lesait auGabon,même sipeudepersonnes osent

enparler ouvertement », se défendMikeJocktane, joint au téléphone par J.A.,une pointe d’hésitation dans la voix,comme dépassé par la tempêtemédia-tique déclenchée par les propos qu’il atenus dans Le Scandale des biens mal

acquis. Enquête sur les milliards volésde la Françafrique, de Xavier Harel etThomasHofnung, paru le 24 novembre(éd. La Découverte). Il y affirme que ledéfunt président gabonais aurait contri-buéau financementde la campagnepré-sidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

FLORISSANTE. Né à Paris il y a trente-neuf ans, ce Myéné de Port-Gentil agrandi au Gabon avant de revenir dansles années 1990 àMelun, en ban-lieue parisienne, pour passer sonbaccalauréat. Quelques coursd’économie à l’universitéParis-II,et le voilà qui plaque tout pouraller prêcher labonneparoledansl’une de ces Églises évangéliques« réveillées », d’influence amé-ricaine, qui gagnent du terrain.Le Franco-Gabonais reprend desétudesde théologieenFrancepuisauxÉtats-Unis,à l’Institutbiblique«Christ pour lesnations »,àDallas(Texas), puis à l’université OralRoberts (Oklahoma). Diplômé,il rentre au Gabon en 1996, où ilfonde l’Église Christ révélé auxnations, devenue florissante, dontil est l’évêque et le « présidentdirecteur international ».

« Jocktane ? Connais pas ! »a réagi Robert Bourgi dans uncommuniqué. Pourtant, l’avocatfranco-libanais, qui a revendiqué

en septembre dernier un rôle centraldans le financement occulte des par-tis politiques français, était un habi-tué du palais d’Omar Bongo Ondimba.Jocktane soutient le contraire : « Je l’airencontré deux fois », assure celui quifut conseiller du chef de l’État gabonaisde 2005 à 2009 puis directeur adjointde son cabinet en janvier 2009. Depuis,Jocktane est sorti des cercles du pou-

voir pour devenir numérodeux de la campagne pré-sidentielle d’André MbaObame. Il ne décolère pasde la suspension de sonsalaire de fonctionnaire

sitôt son ralliement à l’opposition rendupublic et s’est coupédePascalineBongo,dont il était proche. Dans un commu-niqué du 23 novembre, cette dernière« dément formellement les propos sansfondement ni connexion avec la réalité »de Jocktane selon lesquels son pèreaurait contribué au financement de lacampagne de Sarkozy. ●

GEORGES DOUGUELI

Gabon Les « révélations »de Mgr JocktaneLe fondateur de l’Église Christ révélé aux nations soutient qu’OmarBongo Ondimba a financé la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

DR

� MIKE JOCKTANE, 39 ans, se dit « présidentdirecteur international » de son Église.

Quelques cours d’économieà la fac, et le voilà qui plaque toutpour aller prêcher la bonne parole.

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16 La semaine de J.A. Décryptage

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1 milliard d’Africains,autant de voix à entendre.

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« Je mesouviensd’un repas trèsbourgeois oùl’un des invitésm’a demandéde lui passerle vinaigre puiss’est excuséparce que dans“vinaigre” il y a“nègre”. Il ne

faut pas pousser, sinon on ne pourraitmême plus dire baignoire!»PASCAL LÉGITIMUSComédien français

« Ça me démangeparfois d’exécuterdes fonctionnaires

corrompus. »DMITRI MEDVEDEVPrésident de la Russie

« Ce n’est pas le pouvoir qui faitpression sur moi, c’est l’opposition.C’est l’opposition qui me rend malade.»DANIEL NGOY MULUNDAPrésident de la Commission électoralenationale indépendante congolaise (Ceni)

« La diversité, on la portecomme un stigmate.

J’aimerais vraiment retrouverma banalité

de petite Française. »RAMA YADE

Ex-secrétaire d’État

« Tout pays qui choisirad’être un pion sur l’échiquier

américain ne pourrabénéficier de l’économiechinoise.»WEN JIABAOPremier ministre chinois(mettant en garde sesvoisins asiatiques contretoute « ingérenceextérieure »)

LE23NOVEMBRE,letribunald’Ekounou(Yaoundé)acondamnétroishommesàcinqansdeprison fermeainsi qu’àuneamendede 200 000 F CFA (300 euros) – la plus lourde jamais infli-gée – pour « tentative d’homosexualité ». Me Michel Togué,leur avocat, qui a fait appel, avoue ne pas comprendre cettedécision motivée pour la première fois en ces termes. « Ilsont été arrêtés sur leur apparence – ils étaient maquillés ettressés alors qu’ils sortaient d’une soirée –, et non pour despratiques homosexuelles, comme le prévoit le droit came-rounais », affirme le styliste Parfait Behen, président de l’ONGAlternatives-Cameroun. L’article 347bis du codepénal interditles rapports sexuels consentis entre personnes dumêmesexe,et prévoit entre six mois et cinq ans de prison, et une amendede 20000 à 200000 F CFA (30 à 300 euros).

En août 2010, Alternatives-Cameroun avait demandé ladépénalisation des pratiques homosexuelles, invoquant lesrecommandations du Comité des droits de l’homme desNationsunies.Non seulement sademanden’apas été écoutée,mais, selonBehen, «unprojet de loi prévoit des amendes plusélevées ». Près de quarante pays africains – parmi lesquels leSénégal, leRwandaouleMaroc–répriment lesrelationssexuellesentre personnes dumêmesexe. Le seulÉtat qui les protège estl’Afrique du Sud, où lemariage gay est autorisé depuis 2006. ●

MARIE VILLACÈQUE

Rwanda Tous comptes faitsAU PAR L EMENT, l e21 novembre. Jean-BaptisteBacondo, le directeur desfinances du ministère desInfrastructures, prend laparole. « Il n’y a euquequatreerreursd’affichage surplusde10000 transactionsgéréesparle ministère, […] cela n’a pasd’impact [sur les finances]. »« Jeveuxqu’ilcessededirequeceserreursn’ontpasdeconsé-quences, le reprend, furieuse,laparlementaireMarie-ClaireIngabire. Nos conclusionspeuvent être tout autres. »

Ces échanges, rapportéspar le quotidien gouverne-mental The New Times, onteu lieu lors de la premièreaudition conduite par leComité des comptes publics(PAC)duParlement. Jusqu’au5 décembre, près de deuxcents hauts fonctionnairesdoivent subir un interroga-toire similaire. Et il n’y a pasque des seconds couteaux :

des secrétaires généraux deministères,desgouverneursdeprovinceetdesdirecteursd’éta-blissements publics devrontrépondre de manquementsrelevés par l’auditeur généraldes finances pour l’année fis-cale 2009-2010. D’après sonrapport,9,7milliardsde francsrwandais (12millionsd’euros)ontétédépenséssans justifica-tifs au cours de cette période.

Cette première série d’au-ditions du PAC, créé par leParlement en avril dernier,illustre la volonté de Kigalide lutter contre la mauvaisegestion des derniers publics.D’après l’indice2010delaper-ception de la corruption éta-bli par l’ONG TransparencyInternational, le Rwanda estle 8e pays lemoins corrompudu continent, ce qui le placeau 66e rangmondial, en pro-gression de vingt-trois placespar rapport à 2009. ●

PIERRE BOISSELET

CamerounHomosexuels brimés

MF

ILS ONT DIT

BALTEL

/SIPA

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

18 La semaine de J.A. Décryptage

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LA VOLONTÉ PERMETDEGRIMPER LESCIMES

Délégation Généraledes Grands Travaux

La LETTRE

I

« Faire de l’ambition de modernisation une réalité »

Sommaire●Aéroports

●Télécom

●RN 1

●Municipalisation

L’ÉDITOde Jean-JacquesBOUYA

CONGO

Par l’ampleur destâches qu’il accomplit, leprésident de la Républiquenous donne à comprendreque la promesse d’un futurmeilleur ne tombe jamaisdu ciel. Que celui qui neconstruit pas l’avenir estcondamné forcément à lesubir.C’est comme la bataillepour la vie. En principe,avec un peu plus de

volonté, on devraittoujours la gagner. Mêmequand les sifflets fusent etqu’on se sent incompris.Car, aucun projet n’ajamais été réalisé sansla volonté. De tout cequ’il est possible deconcevoir dans le monde,et même en général horsdu monde, il n’est rienqui puisse être tenu pourbon, si ce n’est la bonnevolonté. La volonté permetde grimper les cimes.L’optimisme n’est doncpas seulement un étatd’esprit, c’est avanttout une méthode. Uneméthode de travail.Et qu’au-delà de cetoptimisme, la foi dansl’entreprise engagéey est évidemmentprépondérante.Quand l’histoire, dans

son objectivité, auratranché. Ou quandauront été écartéestoutes les caricatures quiencombrent généralementle regard porté sur touteœuvre humaine, lesréalisations d’aujourd’huiresteront comme desrepères. Il va falloir, unjour, en faire l’inventaire.L’on comprendra quepour vaincre le décalage,souvent insurmontable,entre la volontéd’inscrire l’action dansla durée et la pressanteinstantanéité du temps dela demande, les bonnesintentions ne suffisentpas. Le dévouement et lapersévérance comptentplus queles analyseset lesconcepts. ■

Communiqué

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Construit depuis les annéesp r é - i n d é p e n d a n c e ,l’aéroport international

Maya-Maya de Brazzav i l len’était doté que d’une piste de1000 mètres de longueur et d’unevielle aérogare équipée pour lesprestations douanières. De 1949à 1961, la longueur de la pisteest passée de 1000 à 3 300 m.Cette piste construite sur bétonhydraulique, est restée statiquedepuis lors, malgré les sollicitationsdu trafic, graduellement densifié.La modernisation de l’aéroportinternational Maya-Maya, étapeessentielle de création d’un Hubaéroportuaire, vise la constructiond’une aérogare capable de traiterun flux d’environ deux millionsde passagers par an. Sonpremier module en exploitationdepuis avril 2011, sera coupléde la réhabilitation d’une aire destationnement d’aéronefs dontla superficie passe de 100 972à 191 653 m² ainsi que desinstallations terminales intégrantun pavil lon présidentiel, unaéroclub, un hôtel de luxe. D’autrescommodités sont aussi prévues.En 2006, l’étude de faisabilitémenée par la société EGIS AVIA(ex SOFRAEAVIA) a abouti à deuxpropositions :

● la réhabilitationde l’anciennepisteau coût estimatif de 70 milliardsde F CFA avec fermeture du traficpendant trois ans ;● la construction d’une nouvellepiste parallèle à la première,calibrée à l’avion de référenceAir-Bus A380 au coût estimatif de57 milliards F CFA.L ’ é t r o i t e sse de l ’ emp r i seaéroportuaire a conduit lesexperts à séparer les deux pistesde 245m d’axe en axe et de neles exploiter simultanément qu’àvue. Elles peuvent par contreêtre utilisées aux instrumentspar intermittence, conformémentà la recommandation 3.1.10 del’annexe 14à laConvention relativeà l’aviation civile internationale

fixant le minima à 210 mètres.Plusieurs aéroports internationauxpossèdent des pistes parallèles,interdépendantes et non décalées,d’une distance entre axes,comparable à la piste de Maya-Maya, voire inférieure : LondresGatwick (Grande Bretagne),Téhéran (Iran), Lyon Saint Exupery(France). Dans le cas des pistesaux instruments paral lèles,notifiées dans les PANS-ATM (Doc4444), il est souvent déconseilléde faire décoller deux avionssimultanément.Construits par la société SGEC-Cet contrôlés par EGIS International,les travaux de la deuxième pistede l’aéroport international MayaMaya sont en phase de finition.Les essais techniques effectuéspar l’ASECNA sont compatiblesaux normes de l’OACI.En 2006, lors de l’inaugurationde l’aéroport de Pointe-Noire,le Délégué général aux grandstravaux, Jean-Jacques Bouya,annonçait déjà la construction d’undeuxième module pour l’arrimeraux normes internationales.Le t ra f ic de l ’aéropor t dePointe-Noire étant passé de400 000 passagers en 2003à 725 000 en 2010, i l étaitindispensable de procéder à laconstruction du deuxième modulede l’aérogare. ■

AÉROPORTS De la précarité à lamodernité

Délégation Générale des Grands Travaux

AÉROPORTS De

DélégationLa LETTRECONGO

Les deux piste d’attérissage de l’aéroport Maya-Maya.

Premier module de l’aéroport Maya-Maya.

IICommuniqué

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De l’Atlantique à l’équateur,l e t e r r i t o i r e d e l aRépublique du Congo est

de plus en plus maillé de pylôneset d’antennes paraboliques newgeneration. Le projet de couverturenationale en télécommunications,conduit par la Délégation généraledes grands travaux, est en voied’achèvement. 90%, de réalisationau 4e trimestre 2011.La 1e phase du Projet, consacréeà la connexion des villes deBrazzaville, Pointe-Noire et Oyo,est presque terminée.Le projet, qui s’inscrit dans lepartenariat stratégique Congo-Chine, est exécuté par les sociétésALCATEL et HUAWEI.Lors de ses récentes visitesde travail à Brazzaville, Pointe-Noire et Oyo, le Ministre délégué,Délégué général aux grandstravaux, Jean-Jacques BOUYA, aapprécié l’état d’avancement destravaux sur le terrain.

Ces trois villes abritent, depuisquelques mois, les centrauxtéléphoniques de type NewGeneration Net Work (NGN), etleurs installations, formant ainsides boucles métropolitaines, enattendant l’injection de la fibreoptique dans le réseau, a fait savoirle Délégué général aux grandstravaux.Si le central dePointe-Noirecouvrirala partie méridionale du Congo,celui de Brazzaville le centre, celuid’Oyo assurera la couverture de lapartie septentrionale du pays.« Ces centraux sont configuréspour travailler en alternance, encas de dysfonctionnement d’un destrois », a précisé le Coordonnateurdu projet, M. AKOUALA.La localité de Matombi, à 20 km dePointe-Noire, abrite le Beach MainHole, point d’arrivée du câble sous-marin WACS (West Africa CableSystem), connecté à près de 300km au large de la côte congolaise

et le point de départ de la fibreoptique, dont l’atterrage a étéréalisé le 29 janvier 2011.Ce projet est financé par legouvernement congolais avecl’appui de la Banque Mondiale.Le réseau sera synchronisé auxlignes Très Haute Tension entrePointe-Noire et Owando. Il serasous-terrain entre Owando etOuesso. ■

TÉLÉCOM Bientôt la fibre optique

La LETTRE

CONGOINFO

NEWSRN1Une route aux multiplesaménités

La RN1 totalement revêtue entrePointe Noire et Dolisie, n’a pasattendu la fin des travaux pourproduire les aménités. Depuisle début des travaux en 2007,cette route est restée ouverteà la circulation, tant les besoinsde circulation étaient pressants.Avec l’achèvement des travaux, lacirculation s’est réellement densifiéesur le tronçon et les effets dansles deux sens de la route sontperceptibles. Mais, pour mieuxapprécier l’importance de cetteroute, il faut remonter l’histoire. Aupire moment de la colonisation,le Gouverneur Victor Augagneuravait été combattu à l’idée de la

construction d’un moyende communication entreBrazzaville et Pointe-Noire.L’énigme d’alors étaitde trancher entre la routeet le chemin de fer. L’optiondu rail l’emporta finalementsur le bitume en 1921.Depuis l’accession duCongo à l’indépendance,tous les chefs d’Étatl’ont inscrit, dans leursplans et stratégies dedéveloppement. Labravoure, l’ambition, la volontéde vaincre mais surtout l’audacede réussir du président DenisSASSOU-N’GUESSO ont été horspaire. Le lancement des travauxpar ce dernier en octobre 2007,avait suscité moult interprétations.La route Pointe-Noire/Brazzavilleest en réalité, un vrai challenge dedéveloppement. Sa jonction avecla route nationale n°2, à hauteurdu PK 45, son prolongementvers Maloukou, au Nord-Est de

Brazzaville, est une prime pourl’économie nationale. Epine dorsalede l’économie nationale, la routePointe-Noire/Brazzaville est à la foisun « trait d’union » et une solutionde rechange entre les différentsmaillons de la chaîne de transports.Elle désengorge le Chemin de ferCongo Océan (CFCO)et donnera unenouvelle moelleénergétiqueau secteur portuairedu Congo. ■

Centre de formation aux NTIC.

Route Pointe -Noire - Brazzaville axe Dolisie.

III

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Au sud-est du Congo, avec33955 km², environ 10% del’espace national, et 236595

habitants, se dresse le départementdu Pool. Ce département composéde treize districts, va abriter, en2012, la fête tournante de l’accessiondu Congo à la souverainetéinternationale.P lus ieu rs p ro je t s l i és à lamunicipalisation accélérée et à lafête proprement dite ont été retenus,pour un investissement d’environ500 milliards de F CFA, affectés parle président de la République.Se ron t cons t r u i t s dans cedépartement, les voiries urbaines, leboulevard sur lequel se déroulera legrand défilé militaire et civil, le palaisprésidentiel, l’extension du systèmed’adduction d’eau potable et leréseau de distribution de l’électricité,des infrastructures socio-sanitaires,sportives et éducatives.À Kinkala, la Délégation généraledes grands travaux,maître d’ouvragedélégué de l’État congolais, pour laréalisation de certains travaux, a déjàpris toutes les dispositions pour lebon déroulement des travaux.Certains projets sont en étude,

d’autres en phase d’installationet d’autres encore, déjà coursd’exécution. La préfecture garderason lieu initial, à la place Matsoua.

Le Palais présidentiel, l’hôtel deville et le boulevard sur lequel sedéroulera le défilé militaire et civilse construisent dans le quartier deMadiba.L’ancien marché sera remplacé parun plus grand et moderne, à l’instardes marchés de Dolisie, d’Owandoet d’Oyo, sur l’actuel site de l’écoleprimaire Moundongo.Le siège du Conseil départementalsera bâti dans le quartier deBandza-Kandzi, alors que l’héliportsurplombera la colline deMakoumbouMabombo, avec sa voie d’accès.■

MUNICIPALISATION Le Pool, l’autre défi

Délégation Générale des Grands TravauxBoulevard Denis Sassou Nguesso - BP 1127 Brazzaville, République du Congo

Tél./Fax : (+242) 22 281 47 13 - E-mail : [email protected]

IVCommuniqué

Délégation Générale des Grands TravauxLa LETTRE

LA DGTT

En BREF

Cadre juridiqueCréée par le décret n° 2002 – 371 du3 décembre 2002, réorganisée par ledécret n° 2009-158 du 20 mai 2009,la Délégation Générale des GrandsTravaux est un organe administra-tif et technique. Elle est chargée dela passation et de l’exécution descontrats de marchés publics, et descontrats de délégation de servicepublic de l’État,des autres personnesmorales de droit public ou de droitprivé, dont la valeur est supérieureou égale au seuil fixé par le décretn° 2009-162 du 20 mai 2009 fixant

les seuils de passation, de contrôle etd’approbation des marchés publics.

MissionFaire réaliser les études, lancer lesappels à la concurrence, organiserle dépouillement des offres, rédiger,conclure et gérer les marchés, appré-cier, techniquement et financière-ment les devis descriptifs et estima-tifs des contrats. Maître d’ouvragedélégué, elle suit et contrôle l’exécu-tion des chantiers, organisela réception provisoiredes ouvrages finis.■

CONGO

Explications du coordonateur technique à Jean-Jacques BOUYA.

Collines de Kinkala.

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L alistenoiredescom-pagnies aériennesmise à jour parl’Union européenne

(UE) continue de perturber leciel africain. L’Agence euro-péennedelasécuritéaérienne(EASA) s’est d’ailleurs arran-gée pour qu’elle ait un reten-tissement maximum : elle l’adiffusée le 21novembre, jour del’ouverturedel’assembléegénéralede l’Association des compagniesaériennes africaines (Afraa), quirassemblait à Marrakech les diri-geants du secteur.

Comme en 2010, la liste égratigne lecontinent: les 277compagnies interditesen Europe sont originaires de 24 pays,dont17africains.Kinshasaresteentête,avec35 transporteursaériensindésirables, suivi par l’Angola,qui en compte 13, et le Bénin,8. Derniers en date : EquatorialCongoAirlines,baséeàBrazzaville,et Stellar Airways, en RD Congo.Seule consolation, l’extension del’autorisation de vol de certainsappareils de l’angolaise Taag, quidevaient jusqu’à présent se can-tonner à Lisbonne, au Portugal.

COUP DE VENT. La riposte des compa-gniesafricainesnes’estpas faitattendre,àl’unissondecelledeleursgouvernements,très remontéscontreuneliste« fondéesurdescritèresrestrictifsetdiscriminatoires»,selonGilbertNoëlOuédraogo, leministreburkinabè des Transports.

Dans ses résolutions adoptées àMarrakech, l’Afraa admet des manque-ments à la sécurité, notamment sur les

petits appareils, et la nécessité d’yremédier,maisappelle l’UEàchangerdeméthode. « L’Union européenne

n’a pas une approche transpa-rente ! Trente-sept compagniesafricaines sontconformes auxnormes Iosa del’Associationinternationaledu transportaérien (Iata), certifiéesparun audit, mais certaines

d’entreellesseretrouventquandmêmesur la listenoire », s’indigneElijahChingosho, lesecrétairegénéralde l’Afraa,quiregrettequePhilippeGaillard, lerepré-sentant de la Commission européenne,venu en coup de vent àMarrakech, n’ait

pas pris le temps de dialoguer.Pourlescompagniesafricaines,

lesujetestcrucial:si leurs liaisonsavecl’Europenereprésententque20 % de leurs revenus, une ins-cription sur la liste, désastreusepour leurréputation,aunimpactmajeur : la faillite deMauritaniaAirways, filialedeTunisair, enestla preuve la plus récente.

« Pour établir sa liste, l’UE sefondenotammentsur les inspec-tions réaliséesdans lesaéroports

européens.Or les transporteursafricains,notamment les pluspetits, sont plus fré-quemmentcontrôlésque lescompagniesinternationales.Ducoup,ondétectechezeux davantage d’anomalies que dansdes compagnies d’Europe de l’Est, oùil y en a autant mais qui, elles, sont peuinspectées », déplore AbderrahmaneBerthé, patron d’Air Mali et nouvelle-ment élu président de l’Afraa. «Derrière

cette liste se cachent des considérationscommerciales, renchérit leLibyenRamahEttir,PDGd’AfriqiyahAirways.Commentexplique-t-on que des compagnies nedesservantpas l’Europeyapparaissent?»

PourMarleneMendesManave,patronnede la mozambicaine LAM, inscrite surla liste bien que certifiée conforme auxnormes Iosa, il n’y a pas égalité de trai-tement. «Du fait de l’importancede leurtrafic, l’Angolaet leNigeria sontparvenusà assouplir la position de l’UE enmena-çantdeprendredesmesuresde rétorsioncontre les compagnies européennes »,souligne-t-elle.

Car tous les transporteursafricainsnesemontrentpasaussi critiques,notammentles plus grands commela Royal Air Maroc, AirAlgérie ou Egyptair,les mieux reliés auVieux Continent.« Plutôt que de sedéfausser sur l’UE,il fautcoopérerpourprogresser, affirmeHusseinMassoud,président d’Egyp-tair et du comitéexécutifde l’Afraa.L’an dernier, j’ai écrit à chaquepatron des compagnies “blacklistées”pour proposer notre assistance. Je n’aipas reçu de réponse. » ●

CHRISTOPHE LE BEC, envoyé spécial à Marrakech

6 DÉCEMBRE50e anniversaire du décèsde Frantz Fanon. Grandefigure de la lutte contrele colonialisme et membredu FLN, l’auteur de Peaunoire, Masques blancsest inhumé en Algérie.

9-23 DÉCEMBRELes Jeux panarabesréuniront à Doha (Qatar)6000 compétiteurs dans36 disciplines. La Syrie,qui proteste contre sasuspension de la Liguearabe, n’y participera pas.

11 DÉCEMBRELégislatives en Côted’Ivoire, boycottées parle Front populaire ivoirien,dont des membreset sympathisantsse présenteront commecandidats indépendants.

Transport aérien Sur des sièges éjectablesL’Union européenne vient de réactualiser la liste des compagnies qu’elle bannit de son ciel.Beaucoup, en Afrique, dénoncent une politique du « deux poids, deux mesures ».

RUEDES

ARCHIVES

/SPPS

À SUIVRE LA SEMAINE PROCHAINE

Avec trente-cinq transporteursdécrétés indésirables, la RD Congodevance l’Angola et le Bénin.

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SOURCES

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23

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

La semaine de J.A. Décryptage

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AFRIQUE DU SUD100 % ZOULOU

PRETORIA, la capitale sud-africaine,devrait être rebaptiséeTshwane d’icià la fin de cette année. Déjà évoquéen 2005, ce projet avait été suspendudevant l’opposition farouche d’unepartie des Blancs. Mais pour le présidentJacob Zuma, fier de s’habiller enguerrier zoulou, il était sans doute tempsd’en finir avec un nom qui rappellecelui du bourreau de son propre peuple,Andries Pretorius. Le changement decelui de la ville de Durban, qui accueillele sommet international sur le climatjusqu’au 9 décembre, n’est en revanchepas à l’ordre du jour.

«S idesBlancs ledisent,c’estqueçadoitêtrevrai», iro-nise un juriste sénéga-lais qui n’a toujours pas

digéré « le spectacle » proposé par latélévision nationale le 21 novembre, endirectduMéridienPrésident.Tourà tour,unevingtained’experts,dontunemajoritéétaient venusdeFranceetdesÉtats-Unisspécialement pour l’occasion, se sontsuccédé dans la salle des séminaires dugrand hôtel – et dans la petite lucarnedes foyers sénégalais –pour affirmerqueoui, AbdoulayeWadepeut seprésenteràl’élection présidentielle de 2012.

Cela faisait deux mois que les parti-sans du président planchaient sur cetterencontre « internationale ». « L’idéeest née après le séminaire organisé parl’opposition », explique Amadou Sall,le porte-parole du candidat Wade. Aucours de cette conférence, une dizainede juristes sénégalais avaient conclu àl’invalidité de sa candidature. Élu unepremière fois en 2000 (pour sept ans),Wadeaété réélu en2007 (pour cinqans).Entre-temps, une réforme constitution-nelle adoptée en 2001 a limité à deux le

nombredemandats présidentiels. Cetteréforme est-elle rétroactive? End’autrestermes : la nouvelle loi prend-elle encompte le premier mandat de Wade ?C’est tout l’enjeu du débat que devratrancher le Conseil constitutionnel à lafin de janvier.

Pour prouver la validité de sa can-didature, le camp du président n’a paslésiné sur les moyens. Billets d’avion,

chambres dans l’un des hôtels les pluscotés de la capitale, per diem, et, pourceuxdesparticipantsqui le souhaitaient,un peu de tourisme à l’issue des inter-ventions.Dans le lot figurent des spécia-listes français du droit constitutionnel :Michel de Guillenchmidt, Didier MausouencoreDominiqueChagnollaud (pasGuyCarcassonne, le plus réputéd’entretous, qui soutient la thèse de l’invali-dité de la candidature de Wade). Mais

on trouve également des invités plussurprenants, comme Charles Zorgbibe,un historien spécialiste des relationsinternationales ; Christine Desouches,spécialistedesquestionsafricaines,maispas constitutionnelles ; oudesmembresd’un cabinet américain, plus expertsen matière de litiges commerciaux etde publicité mensongère que de loifondamentale.

« AUCUNE PRESSION ». «Des expertsétrangers viennent nous expliquer lefrançais. Senghor doit se retourner danssa tombe », s’est désolé El Hadji Diouf,

candidat à la présidentielle.Didier Maus, un habitué de cegenre d’opérations, qui a faitplusieurs missions en Afrique(notamment enGuinée-Bissauet en Afrique du Sud), assureque « tout a été bien organisé »,

qu’il a disposé du temps nécessairepour formuler son analyse et n’a subi« aucunepression » tendant à influencerses conclusions. Quant à savoir com-bien cette manifestation a coûté et quia payé, les responsables de la campagnede Wade disent ne plus avoir tout celaen tête. Pour eux, « ce n’est pas le plusimportant », ce qui compte, « c’est l’as-pect scientifique de la chose ». ●

RÉMI CARAYOL

SénégalWade obtient un blanc-seingUne brochette de juristes français et américains ont participéà un séminaire à Dakar. Son thème: « Le président peut-il briguerun nouveau mandat en 2012? »

« On vient nous expliquer lefrançais! Senghor doit seretourner dans sa tombe. »

EL HADJI DIOUF, candidat à la présidentielle

LE DESSIN DE LA SEMAINE GLEZ

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

24 La semaine de J.A. Décryptage

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C’ est à bord d’un avion dela Corsair, une compa-gnie française, que DidierRatsiraka, « marin de

métier » – comme il se définissait il y aquelques années, ajoutant qu’il n’étaitqu’un«politiciende fortune»–,a regagnésa terre natale. Un peu plus de neuf ansaprèsavoir fuiMadagascar,en juillet2002,celuiquineveutplusêtreappelé l’Amiralrouge, vestiged’un tempsoù il se faisait lepromoteurd’unsocialismeà lasaucemal-gache,aretrouvé lessiens le24novembre,en milieu de matinée. Accueilli par sespartisansà l’aéroportd’Ivato, ils’estensuitedirigévers l’hôtel,oùilséjourneraquelquetempsavantde retrouver sa résidence, encours de réfection.

Ce retour, cela faisait plus d’un an quel’ex-président (de 1975 à 1993, puis de1996à2002) l’annonçait.Confortablementinstallédansunpetit pavillondeNeuilly-sur-Seine,enbanlieueparisienne, iln’avait

jamaiscaché sondésirde reveniraupays.Condamné en 2003, un anaprès sa fuite,à dix ans de travaux forcés pour détour-nement de fonds publics au terme d’unsimulacre de procès, il savait que MarcRavalomanana,sontombeur,ne le luiper-mettraitpas.L’arrivéeaupouvoird’AndryRajoelina en mars 2009, à laquelle il aindirectement œuvré (c’est une de sesinterventions télévisées qui a mis le feuauxpoudresendécembre2008), lui avaitredonnéespoir.Mais il lui fallaitdesassu-rances:nepasêtrepoursuivipar la justice;etêtre logé, sademeure familialeayantétédétruiteparun incendie l’annéedernière.

Ni lui ni ses proches qui l’ont accom-pagnédans son exil (son épouse, Céline,et ses deux filles, Annick et Sophie) n’ontsouhaités’étendresurcequi l’apousséàsedécider.«Tantqu’ilest sur lesol français, ilest soumisaudevoirderéserve,expliquaitl’une de ses filles à quelques heures dudépart. Nous attendions l’assentiment

des autorités “de fait” pour rentrer. Maisnousn’avonsjamaisreçul’invitation.Nousavons donc pris nos responsabilités. »LaHaute Autorité de la transition (HAT)assure de son côté qu’il aura droit à tousles honneurs dus à un ex-chef d’État.

TROP TARD? Pas un mot, non plus, surl’état d’esprit de son père. Vit-il ce retourcommeune libération?Pas sûr.À75ans,Ratsiraka, qui apprécie la culture fran-çaise, n’est plus cet étudiant indigné parla répressioncoloniale,nimêmece jeunecapitainede frégatequi, aprèsunpassageà l’ambassade de Madagascar à Paris,profitadesanominationauministèredesAffairesétrangères, en1972, au seind’uncabinetmilitaire,pourprendresarevanchesur l’anciencolonetdénoncer lesaccordsdecoopérationsignésavecParis en1960.Aux yeux de la plupart des Malgaches,dont beaucoup sont nés il y a moins devingt ans, il n’estmêmeplus « l’artisandelasecondeindépendance»,untitrequ’ilaacquis après saprisedepouvoir en1975.Ratsiraka, c’estaujourd’hui le souvenirdelarépressiondesannées1980etde l’échecdu«socialismecroyant»,ou,pour lesplusjeunes, celui d’un chef d’État vieillissantincapabledefreiner l’ascensiond’unjeunecommerçant nommé Ravalomanana.

Malgré tout, l’événement est considé-rable. Lesmesures de sécuritéprises parles autoritésà l’annoncede sonarrivée leprouvent.Àplusieurs reprises, il adéclarédétenir«deuxoutrois solutions»pourenfinir avec la crisepolitique. «Longtemps,il a pensé que son retour débloqueraittout », dit un proche resté au pays. Maisn’arrive-t-il pas trop tard?Contrairementauxautresex-présidents,Ratsirakan’apassigné la feuillederoutedesortiedecrise. Ilnecompteaucundeseshommesauseindugouvernementd’unionnationalemisen place le 21 novembre. ●

RÉMI CARAYOL

Didier RatsirakaLe retour de l’AmiralAprès neuf ans d’exil, l’ex-promoteur du « socialisme croyant »est rentré à Madagascar, où les autorités transitoires assurentqu’il aura droit à tous les honneurs dus à un ancien chef d’État.

❘IBRAHIM BOUBACAR KEÏTAUNION AFRICAINE

L’ex-Premier ministre malien a été désigné chef dela mission d’observation de l’Union africaine (UA)pour les législatives gabonaises du 17 décembre.

❘LEILA LOPESONU

La lauréate angolaise du titre de Miss Univers 2011 a éténommée ambassadrice des terres arides de laConvention de l’ONU sur la lutte contre la désertification.

NOMINATIONS

ALE

XANDER

JOE/

AFP

! En 2003, il avait été condamnéà DIX ANS DE TRAVAUX FORCÉS au termed’un simulacre de procès.

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

26 La semaine de J.A. Les gens

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FARIDA WAZIRI

La directrice de la Commission[nigériane] de lutte contre lesdélits financiers et économiques,très critiquée pour l’inefficacitéd’une institution soupçonnée decorruption, a été limogée par leprésident GoodluckJonathan.

DJINN CARRÉNARD

Autoproduit avec un budget de150 euros, Donoma, premierlong-métrage de ce jeuneréalisateur haïtien, a rencontréun vif succès auprès de lacritique, avant même sa sortieen salle le 23 novembre.

GOSHI HOSONO

Le ministre japonais del’Environnement a décidé derenoncer à ses 15000 eurosmensuels après qu’un de sesemployés a jeté sur un terrainvague un échantillon de terrecontaminée envoyé pour testpar un habitant de Fukushima.

SALWA IDRISSIAKHANNOUCH

Mis au point par la présidente dugroupeAksal, avec NeskInvestment, le Morocco Mall,plus grand centre commercial ducontinent (horsAfrique du Sud),ouvrira ses portes le 5 décembreà Casablanca.

LILIANE BETTENCOURT

L’héritière de L’Oréal s’est vuréclamer par le fisc français prèsde 108 millions d’euros d’impôtsimpayés après la découverte decomptes occultes à l’étranger etd’une île des Seychelles achetéeclandestinement.

ARMANDO GUEBUZA

Le président du Mozambique està la tête du pays où « l’incidencede la corruption » est la plusélevée, selon une enquêtemenée parTransparencyInternational dans six pays(Afrique du Sud, Malawi,RD Congo, Zambie, Zimbabwe).

GALL

OIM

AGES

DR

DR

EN HAUSSE

EN BAISSE

E lle est l’avant-dernière épouse du roi du Swaziland,Mswati III, la douzième plus exactement, et pourraitneplus jamais franchir lesportesdupalais.NothandoDube, mère de trois enfants et connue sous le nom

d’Inskhosikati LaDube, a été sommée, le 19 novembre, de«quitter immédiatement» lademeureroyaleaprèsavoiraspergéde gaz poivre les yeuxd’une sentinelle qui refusait de la laissersortir pour conduire à l’hôpital son fils de 2 ans, gravementblessé. C’est vraisemblablement la reinemère, toute puissantequand le roi est absent, qui lui aurait ordonné de rassemblerses affaires et d’évacuer les lieux sur-le-champ.

Peut-êtren’était-cequ’unbonprétextepourbanniruneépouseinfidèle que le roi refuse de voir depuis qu’il a appris, il y a unan, que la princesse entretenait une relation extraconjugaleavec leministre de la Justice, NdumisoMamba, éjectédepuis.

Des agents des servicessecrets avaient décou-vert qu’elle endossait ununiforme militaire pourretrouver régulièrementson amant dans un hôtelde luxe à une dizaine dekilomètres de Mbabane,la capitale de cepetitÉtatenclavé entre l’AfriqueduSud et le Mozambique.Quand l’affaire aéclatéaugrand jour, la princesseavait été menacée d’êtreassignéeà résidence, tan-dis que leministre devaitêtre expulsé du pays.

Selon Lucky Lukhele,porte-parole d’une asso-ciation sud-africainede défense des droitsde l’homme basée au

Swaziland, Mswati III, en réclusion pendant deux mois pourparticiper àun rituel sacré, aurait dit à samère qu’il ne voulaitplus voir la jeune femme après sa période d’isolement. Maisle Palais dément son éviction.

Âgée de 23 ans, Nothando a convolé en justes noces avec leroi, de vingt ans son aîné, quand elle n’en avait que 16, aprèsqu’il l’eut remarquée à un concours de beauté. Choisie parle souverain polygame – un « honneur » qu’aucune jeunefille ne peut refuser –, elle avait abandonné ses études afinde se consacrer à ses nouvelles fonctions et à son futur bébé,puisqu’elle est tombée enceinte avant sonmariage, comme leveut la tradition. ● MARIE VILLACÈQUE

Nothando DubePrincesse déchue

! Peu avant son mariage avecMswati III, en septembre 2004.ELLE N’AVAIT ALORS QUE 16 ANS.

Renvoyée du palais, la douzième épouse du roidu Swaziland paie sans doute l’aventureextraconjugale qu’elle a eue avec le ministrede la Justice il y a un an.

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Le clip dure une vingtainede secondes, mais il a plusfait pour la notoriété de cemicro-Étatquetouteslescam-pagnesdepublicité.UnjeuneAméricainaulookderappeur

duBronxs’agitesous l’œil impassibled’unvétéran assis sur un rocking-chair. Entredeux gorgées de Coca-Cola, ce dernierlâche, d’une voix grave: « Do you knowDjibouti? » Le gamin se fige, médusé.

C’étaiten2003, l’annéeoùl’arméeamé-ricaine prenait ses quartiers au campLemonier, non loin des installationsmilitaires françaises. Huit ans plus tard,rien n’a changé ou presque : Djiboutiest plus que jamais un havre pour lesbases étrangères, et cepays-comptoir de900000 habitants, dont l’économie pèseun peumoins de 1milliard de dollars etquiserêveenhubrégional tantsapositiongéostratégique est imprenable, se batencore pour se faire connaître.

«DoyouknowIsmaëlOmarGuelleh? »Bien rares hors Afrique sont ceux quipourraient identifier leprésidentdjibou-tien, 64 ans, au pouvoir depuis douzeans. L’homme est discret, modeste, peu

disert, sauf lorsqu’il s’agit d’évoquer dessujets aussi essentielspour sonpeupleetsonpaysqu’hélaspeumédiatiques: eau,électricité, géothermie,emploides jeunes,investissements… Pour lui, si Djiboutiveutsedébarrasserdesonétiquetted’Étatimprobable sous perfusion, c’est sur sespropres forces qu’il doit compter avanttout.Enfaudrait-ilunepreuvesupplémen-taireque les résultatsdesonappelà l’aidelancéen juilletdernierpourcombattre leseffets d’une sécheressedévastatrice sontlàpour ledémontrer:«Nousdemandions30millionsdedollars, dit-il.Quatremoisplus tard, seule laChineaversé sacontri-bution,soit6millions; lesDjiboutienseux-mêmessesontcotiséspour600000dollars.Le reste? Des promesses pour l’instantsans lendemain. »

Après trente-quatre années d’indé-pendance, la RépubliquedeDjibouti estdonc toujours une nation fragile. C’estde cela qu’IOGpréfère parler plutôt qued’opposition et dedémocratie, sujets surlesquels il est l’objet de critiques de lapart des organisations de défense desdroits de l’homme. D’où l’intérêt par-ticulier de cet entretien dont l’essentiel

est consacré à la politique intérieure etrégionale, et où, pour la première fois,cet homme qui a « juré » de quitter lepouvoir en 2016 évoque le problème desa succession.

JEUNE AFRIQUE : Le grand vent duPrintemps arabe a-t-il soufflé jusqu’àDjibouti?

ISMAËLOMARGUELLEH:LeSaintCoranparledes « voyagesde l’été et de l’hiver ».Lanotiondeprintempsn’existepas chezles Arabes.

Parlons de révolution, si cela vousconvient mieux. Vous avez connu, enfévrier dernier, votre lot de manifes-tations, lesquelles demandaient votre

Ismaël OmarIsmaël OmarGuellehGuelleh

Propos recueillis à Djibouti par FRANÇOIS SOUDAN

Révolutions arabes, Somalie, Érythrée, piraterie, mais aussila situation intérieure d’un pays qui « était né pour mourir »…Le chef de l’État, à l’orée de son ultime mandat, livre ses vérités.

« En 2016, je m’enirai. Cette fois, je peuxvous le jurer. »

DJIBOUTI

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Grand angle30

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VINCEN

TFO

URNIER/J.A

.�À SON DOMICILE PRIVÉ, le 9 novembre, après l’interview.

départ. Avez-vous senti passer le ventdu boulet?

Non. Il s’agissait de l’expression d’unmalaise purement social, que certainsténors de l’opposition ont voulu trans-former en révolution, sans yparvenir. Ilsont rassemblé cinq à six cents jeunes et,très vite, tout cela a dégénéré en pillage.Un policier a été tué, un autre griève-ment blessé. Des camions éthiopienschargés de céréales ont été incendiés,des vitrines brisées. C’était un peu, enbeaucoup plus réduit, l’équivalent dece qui s’est passé à Londres début août.À cette différence près que là-bas, si l’onencroit lesmédias, la policebritanniquen’aurait fait que rétablir l’ordre face auxémeutes urbaines, alors qu’ici nous

aurions réprimé sauvagementdesmani-festationspacifiques.C’est assez ridicule.Djibouti ne tolère pas le désordre, maisDjibouti est un pays ouvert au dialogueet à la palabre. Les partis d’oppositionracontent et impriment cequ’ils veulent,y compris les rumeurs les plus diffama-toires. Faites un tour place Ménélik ettendez l’oreille : chacun peut y dire toutet n’importe quoi.

Pourtant, il n’y a chez vous ni télévisionni radio indépendantes, et la presse quivous est hostile se résume à quelquesfeuillets agrafés…

Ce n’est pas un problème de censuremais un problème d’argent. Il n’y a àDjibouti ni investisseurs ni annonceurs

dans ce domaine, et le lectorat potentielest trèsréduit. Ici,onpréfèreparler jusqu’àplus soif.Nous-mêmesavonsdéjà leplusgrand mal à faire sortir notre journal,La Nation, de façon régulière.

La Fédération internationale des liguesdes droits de l’homme (FIDH) a publiédébut novembre un long communiquédénonçant la « répression tous azimuts »et l’existence de prisonniers politiquesdans les geôles djiboutiennes. Votreréaction?

Je suis scandalisé, mais je ne suisguère surpris. La FIDH se nourrit du sucd’uneONG locale [la Liguedjiboutiennedes droits humains, de Jean-Paul NoëlAbdi, NDLR] qui n’a à nos yeux aucune

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crédibilité.D’oùce tissud’âneries. Il n’y apasdeprisonnierspolitiquesàDjibouti,oualorstouslesvoyouscondamnésàLondresaprès les émeutes étaient eux aussi despolitiques ! Quant aux quatre individusarrêtés en mai alors qu’ils tentaient dese rendre clandestinement en Érythrée,paysavec lequelnous sommesenconflit,pouryquérirunsoutiensurordrede leurchef,AdenRoblehAwaleh, cenesontpasdes détenus politiques. C’est une affairequi concerne la sûreté de l’État.

Et la soixantaine de personnes inter-pellées le 16 septembre à Ali Sabiehpour avoir crié « mort à la dictature »au passage de votre cortège?

Mensonges ! Il ne s’est rien passé cejour-là à Ali Sabieh. Ni manifestation,ni slogan, ni arrestations. Rien, c’est dun’importe quoi.

Desélections régionalesauront lieudébut2012 et des législatives un an plus tard.L’opposition y participera-t-elle?

Je l’espère. Je la convieàparticiper auxtravauxde lacommissionélectorale.Maisje suis sans grandes illusions.

Pourquoi?Parce qu’à Djibouti la conception de

ladémocratie qu’ont cesmessieurs est lasuivante: soit onest chef, soit onchercheà renverser le chef. Ils n’ont ni la volonténi la patience de s’occuper du reste, quiest pourtant l’essentiel : construire devrais partis, convaincre l’opinionavecdevraisprogrammes,etc.En fait, j’aipresqueenviedepublieruneannonce: rechercheopposants responsablesdésespérément.S’ils existent – et je crois qu’ils existent –,je ne demande pas mieux que de lesécouter. Les autres, ceux qui sabotent lejeu démocratique et qui boycottent parprincipe les élections, ce sont toujoursles mêmes.

La plupart ont, à un moment ou à unautre, collaboré avec vous.Aden RoblehAwaleh fut ainsi votre conseiller et l’unde vos députés…

Impossibledediscuter aveccelui-là ! Iln’aque l’injureet la violenceà labouche.D’ailleurs, il ne s’entend avec personne.

Ismaël Guedi Ared fut votre collègue ausein du cabinet de votre prédécesseur,Hassan Gouled Aptidon…

Lui, c’est le plus raisonnable, le plusmodéré d’entre eux.

AbdourahmaneBorehaété votre consul-tant financier et vous l’avez placé à latête du port de Djibouti…

Et je le regrette ! Son problème, c’estle business. Son opposition n’a rien depolitique, elle est alimentaire. Je l’ai privéde sa vache à lait.

Seul l’ancien journaliste Daher AhmedFarah échappe à cette grille de lecturetrès personnelle.

Il est très actif.Mais il vit en Europe, etcela fait desannéesqu’il n’apas remis lespiedsàDjibouti.Celasevoit,etcertainsdesesamisde l’oppositionnesepriventpaspour le luidire.Car toutcebeaumondesetire dans les pattes, bien entendu.

Pourquoi suscitez-vous de telles inimi-tiés?

IbnKhaldoundisaitqu’ilyadeuxfaçonsde gouverner les Arabes : par l’épée oupar le Prophète. Je ne suis ni prophète,nidictateur,maisprésidentélu.C’estunecatégorie qui, manifestement, échappeencore à l’entendement de certains demes compatriotes.

Vous avez été réélu en avril dernier avecun peu plus de 80 % des voix…

Score politiquement incorrect, j’enconviens. Mais, hélas pour mes détrac-teurs, parfaitement conforme à la véritédes urnes.

Réélu pour cinq ans,donc jusqu’en 2016,pour un ultime mandat, avez-vous juré.Peut-on vous croire?

Absolument. Jenechangeraipasd’aviscette fois.Cederniermandat, jene levou-lais pas. C’est unmandat forcé, le peupleayantestiméquelarelèven’étaitpasprête.

Vous allez donc profiter de ce quinquen-nat pour préparer une succession.

Oui, je vais essayer, en toute discré-tion, avec l’aidedepersonnalités choisiespour leur sagesse, leur patriotisme etleur désintéressement, d’identifier celuiqui pourra lemieux remplir cette lourdetâche. JecroisavoirapprisauxDjiboutienscomment vivre ensemble et commentdéfendre un pays qui était en quelquesortenépourmourir. Il faudra continuersur cette voie.Mais je serai prudent, car,dèsqu’unepersonneseraperçuecommemonsuccesseur, je saisqu’elledeviendraune cible.

Avez-vous déjà une idée en tête?Oui,àpeuprès.Mais jenevous ladirai

évidemmentpas.Leprofil apparaîtrapeuà peu.

Sera-ce un membre de votre famille?En aucun cas. Je peux vous le jurer.

Àcepropos,un grandquotidien régionalfrançais s’est fait l’écho, fin octobre,d’informations selon lesquelles votreépouse et vos enfants auraient quittéDjibouti pour trouver refuge en Arabiesaoudite ou en Éthiopie. Qu’en est-il?

Commentosez-vousmeposerunetellequestion? Mes enfants sont ici, et monépouse, vousvenezde lacroiser. Je trouvepathétique, et pour ne pas dire raciste,la légèreté avec laquelle on s’autorise àimprimer n’importe quel ragot quand ils’agit de l’Afrique.

Votre principal défaut?J’accorde trop facilement

ma confiance.

Votre principale qualité?La sincérité.

Le pire défaut chez unhomme (ou une femme)?

La trahison.

Et la plus grande qualité?Le respect de la parole

donnée.

Votre plus grand regret?Ne pas être né plus tard.

Votre héros?Le Prophète.

Votre modèle?Gandhi.

Votre plus grande réussite?Avoir servi mon pays.

Votre vie après le pouvoir?Le repos.

Quand vous vous présenterezdevant lui, qu’aimeriez-vous

que Dieu vous dise?Tu m’as été fidèle.

Tu as aidé tes semblables.Tu as été utile à l’islam. ●

Propos recueillis par F.S.

Questionnaire intime

Grand angle Djibouti32

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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Après votre départ du pouvoir, ne ris-quez-vouspasdegêner votre successeuren intervenant dès qu’il prendra unedécision que vous n’approuverez pas?

C’est une tendance contre laquelle,heureusement, je suis vacciné. J’ai connucela en effet avec mon prédécesseur, leprésidentGouledAptidon. J’aidû l’accom-pagner, sans leheurter, avec respect, afinqu’il comprenneque lui, c’était lui, etmoi,c’étaitmoi.Dès lapassationdespouvoirseffectuée, jem’éloignerai, surtout lesdeuxpremières années.

Resterez-vous un recours?Non. Surtout pas.

Un bataillon djiboutien s’apprête àrejoindre les forces de l’Union africaineen Somalie, l’Amisom.Pourquoi interve-nez-vous chez votre voisin?

Parce que le gouvernement fédéral detransition somalien nous le demandeavec insistance. Et parce que je ne veuxpasque l’ondiseun jourqueDjibouti estresté lesbrascroisésalorsquedes soldatsougandais,burundais,kényansontsacrifiéleur vie pour que la paix revienne cheznos frères somaliens.

Ne craignez-vous pas que les insurgésislamistesShebab ripostentenexportantle terrorismechez vous?Cinquantemilleréfugiés somaliens vivent à Djibouti, etle Yémen est devenu une passoire…

C’estunrisquequejen’excluspas.Noussommes très vigilants.D’unautre côté, je

ne surestimepas la capacitédenuisancedes Shebab. Depuis leur fief de Baidoajusqu’ici, il y a 2000 km.

Ils ont déjà frappé au Kenya.C’est très différent. Il y a six cent mille

SomaliensauKenya, et les Shebaby sonttrès implantés. Ilscontrôlent lesecteurdestransferts d’argent, ils ont leurs madra-sas, leurs réseaux commerciaux, leursfabriquesde fauxpapiers, leursmédecins.Le Kenya, c’est leur base arrière. C’estpour cette raison que le gouvernementde Nairobi se devait de réagir.

Les autorités kényanesont-elles informéles pays de la région du déclenchementde leur opération militaire dans le sudde la Somalie, il y a un mois et demi?

Non.Maisellesontconsulté legouverne-ment fédéralde transitiondeMogadiscio.Jerépètequeje lescomprends: lesShebabmultipliaient les incursionsarméesdepuisplusde troisanset ilsévoluaientauKenyacomme des poissons dans l’eau. Cela nepouvait plus durer.

Cette intervention ne risque-t-elle pasde s’enliser?

Il faut l’éviter. Lorsque j’ai reçu ici il y aquelques jours le chef de l’état-major et leministredesAffairesétrangèreskényans, je

leuraiconseilléde limiter leur incursionàunezonetampondecentkilomètresetdenepaschercheràoccuperleportdeKismayo.Le Kenya entraîne et équipe depuis plusdedeuxansuneforced’environtroismilleSomalienscensésformerl’ossaturesécuri-tairede lanouvelleadministration.C’estàcette forcedepénétrerplusprofondémentenzoneShebab.Mesinterlocuteursenontd’ailleursconvenu.Pourlereste,l’intégrationducontingentkényanauseindel’Amisomest unebonneperspective.

Ce gouvernement de transition soma-lien que vous soutenez a la réputationd’être inefficace et corrompu. Cela nevous gêne pas?

Corrompu avec quoi ? Ils n’ont rien.Tenter d’établir son autorité sur un paysenguerre,sansrevenus,êtreconstammentsollicité, harcelé par une population quisouffre, ce n’est pas une sinécure. Vousdevriez plutôt les plaindre…

Djibouti est-il affecté par le phénomènede piraterie?

Évidemment,mêmesi lespiratesn’ontpas encore frappé au large de nos côtes.Beaucoup de bateaux refusent de venirjusqu’ici et préfèrent décharger leurscargaisons àDjeddah ou àHodeïda. Lesprimesd’assurancenecessentdegrimper.Je le redis : la solutionàceproblèmen’estpas surmer, elle està terre. Il faut absolu-mentaider lesautoritésduSomalilandetduPuntlandàmettre enplacedesunitésquiempêchent lespiratesd’embarquer.Si

la communauté internationale ne le faitpas,pourquoivoudriez-vousquecetteacti-vité, quiadéjàgénéréplusde100millionsde dollars [environ 74 millions d’euros]rien que pour les rançons, s’arrête?

Où en est votre conflit frontalier avecl’Érythrée?

Au point mort. Le Qatar poursuit samédiation, et la situationàRasDoumeïraest gelée, nos troupes respectives étantséparéesparunepetiteforcetamponqata-rie.Etpuis,ilyaleproblèmedesprisonniersdeguerre.NousavonsaccordéauComitéinternationalde laCroix-Rouge l’autorisa-tiondevisiterlessoldatsérythréensdétenusici.Mais legouvernementd’Asmararefuse

Dès qu’une personne sera perçue commemon successeur, elle deviendra une cible.

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

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�LE TERMINAL À CONTENEURS DU PORT DE DJIBOUTI, géré par Dubai PortsWorld.

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La grande interview d’Ismaël Omar Guelleh 33

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de reconnaître les nôtres. Or nous savonsqu’unevingtainedeDjiboutienssontenfer-més,ausecret,aunordd’Asmara,dansdesconditions épouvantables.

Pourquoi réclamez-vousun renforcementdes sanctions internationales contre lerégime érythréen?

Parce qu’avec un personnage commeIssayas Afewerki les sanctions purementdiplomatiques n’ont aucun effet. Il faut lefrapperauportefeuille.Cesgenstaxentleurdiasporaà2%deses revenus: il faut gelerces transferts. Ils disent avoir découvertd’importants gisements d’or chez eux :interdisonsà tout investisseurétrangerdevenir lesexploiter.Djiboutiestunevictimecollatérale de la politique agressive quemène l’Érythréecontre l’Éthiopie, cen’estpas tolérable.

Le Kenya accuse les autorités d’Asmarad’armer clandestinement les Shebabsomaliens. C’est aussi votre avis?

Je le confirme.Nairobim’a faitparvenirlespreuvesd’aumoinstroisvolstrèsrécentsd’avions-cargosAntonovbourrésd’armeset demunitions sur l’aéroport de Baidoa.

Le président Afewerki vient de perdreun allié de poids en la personne deMouammar Kaddafi…

Oui. Et ce n’est pas nous, à Djibouti,qui allons pleurer sur le sort de Kaddafi.Il a tout fait pour nous punir d’abriter desbasesmilitairesoccidentalessurnotresol.Cela dit, l’imagede son cadavre suppliciém’a choqué. Je pensais qu’il allait mou-rir les armes à la main, comme il l’avait

annoncé. Mais on l’a sorti d’un tunnel, etil s’est humilié en suppliant les rebellesmisratisde l’épargnerparcequ’ilauraitpuêtre leur père. Il n’est pasmort en héros.

Votre ami, le président yéménite AliAbdallah Saleh, risque-t-il de connaîtrela même fin?*

J’ai eu le président Saleh au téléphonele 7 novembre, jour de l’Aïd. Il m’a dit :« Tout ce que tu vois à la télévision sur le

Yémen, tout ce que tu lis dans les jour-naux, prends-en 30 % ou 40 %. Le reste,c’est de la propagande. » Je lui ai réponduque40%, c’était déjàbeaucoup.En fait, leproblèmeyéméniteestpluscomplexequecequ’endisent lesmédias,quiyvoientunerévolution arabe comme les autres. C’estfondamentalementunerivalitéentregensdumêmeclanavecenarrière-planleprojetcontestéd’unesuccessiondynastiqueentreleprésidentetsonfils.Sivousajoutezàcelales tribus,Al-Qaïdaet les tensions latentes

entre leNordet leSud,nous sommes loinde l’image réductrice d’un quelconqueprintempsdémocratique.Voilàpourquoicette situation a perduré et pourquoi leprésident Saleh a donné l’impression defaireunpasenavant,puisunpasenarrière.L’autre jour, il a dit à une délégation del’opposition:«D’accord, jem’envais.Maissachezque,demain, leYémenvasecouperendeux. Alors, queproposez-vous? »Lesopposants n’ont pas trouvéde réponse.

Cela vous inquiète?Biensûr.Nousavonsconnuunepremière

vaguederéfugiésyéménitesen1968,puis

une seconde en 1994. Ce sont des gensplutôtaisésquinedemandentpasd’assis-tance. Le risque, ce sont les règlementsde comptes, l’exportation de la violence.

Maintenant que le Sud-Soudan a obtenuson indépendance, n’est-ce pas au tourde votre voisin le Somaliland?

Cen’est pas tout à fait comparable. LeSud-Soudan est parvenu à ce résultataprès un long et difficile dialogue avecle Nord. Les Somalilandais ont procédéinversement, et je crains qu’ils n’aientmis la charrue avant les bœufs. Ils onthissé leur drapeau, proclamé unilatéra-lement leur indépendance et fait savoirqu’ils nediscutaient plus. Je les respecte,j’accepte leurs passeports ainsi que leurreprésentationàDjibouti.Mais jenepeuxaller plus loin. Ils ont été trop pressés. Jele leur ai dit.

Parmi les invités à votre investiture, enmai dernier, figurait le président sou-danais Omar el-Béchir. Il s’est rendu àDjibouti et vous ne l’avez évidemmentpas arrêté, alors que votre qualité d’Étatsignataire du statut de Rome, fondateurde la Cour pénale internationale (CPI),vous en faisait obligation.Pourquoi cettecontradiction?

Je l’ai reçu enmon âme et consciencecar je considèrequ’il neméritepasqu’on

Ce n’est pas nous qui allons pleurer sur lesort de Kaddafi. Il a tout fait pour punir Djibouti.

�VISITE AU CAMPALI-OUNÉ DU BATAILLON DE L’ARMÉE ENVOYÉ EN SOMALIE

dans le cadre de la mission de l’Union africaine (Amisom), le 10 novembre.

* Cet entretien a été réalisé quelques joursavant l’accord de transfert du pouvoir conclule 23 novembre à Riyad.

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Grand angle Djibouti34

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le traînedevant laCPI. Jesuisdésolé,maisEl-Béchirn’estpascequ’onendit. Il est leseuldirigeant soudanaisàavoireu lecou-ragedenégocieravec leSud,allant jusqu’àaccepter l’amputationdesonpaysaunomdelapaix.Souvenez-vousde la façondontsesopposantsd’aujourd’hui,àcommencerparSadekel-Mahdi, traitaientenesclavesles Sud-Soudanais !Alors, bien sûr, on luia lancé dans les pattes cette affaire duDarfour en inventant l’épouvantail d’unpseudogénocide,une fableconcoctéeparles lobbiesévangélistes etpro-Israéliens.Oui,Djibouti est signatairedes statutsdela CPI. Mais cela ne m’empêche pas dedireque lapratiquedece tribunal, quines’intéressequ’auxAfricains, est politiqueet pour tout dire injuste.

Français et Américains ont chacun unebase à Djibouti et ils vous paient pourcela un loyer annuel; 30millions d’eurospour les premiers, 30millions de dollarspour les seconds. Est-ce suffisant?

Au total, cela représenteunpeumoinsde12%denos recettesbudgétaires.Maisjenedemandepasd’augmentation.ParisetWashingtonont leursproblèmes finan-ciers, nous sommes compréhensifs.

Pourtant, vous êtes en pleine renégo-ciation avec la France…

Exact.Maisplutôt quede l’argent,nous

voulonsqueParisnousaideàrenforcer lescapacitésde l’arméedjiboutienne, l’objec-tif étant que nous soyons en mesure denous défendre seuls. Lorsque l’Érythréenous a agressés, la question de l’inter-prétationdenos accordsdedéfense s’estposée, et jepeuxadmettreque les soldatsfrançais ne souhaitent pas mourir pourRasDoumeïra. La présence française icidoit être avant tout dissuasive.

Pour le reste, tout va bien avec Paris?Plusdedossiers judiciaires sous la table?

Non, rien. Tout va bien.

La possibilité d’une élection de FrançoisHollande en mai 2012 vous inquiète-t-elle?

C’est une affaire française.

Pourtant, vos sympathies ne vont pasparticulièrement du côté des socia-listes…

Mes sympathies supposées nem’em-pêchent pas d’être pragmatique.

Il vous reste quatre années et demiede mandat. Qu’aurez-vous réalisé enavril 2016 sur les plans économiqueet social?

Djiboutiauraatteint leseuild’autosuffi-sanceénergétique,avec lamiseenservicedequatrecentralesgéothermiques–dontle financement est bouclé – et l’achève-ment d’un parc éolien. Djibouti aurapresque résolu son problème d’appro-visionnement en eau avec la construc-tion de deux usines de dessalement,

l’une par les Français sur financementOpep-fonds koweïtien, l’autre par lesChinois.Djibouti auraconsidérablementaugmenté sa capacité portuaire, avecl’extension du terminal à conteneursde la capitale, la construction de ceuxde Doraleh et de Tadjourah. Djiboutisera plus que jamais le débouché d’uneéconomie éthiopienne enpleine expan-sion, avec la modernisation du cheminde fer Addis-Djibouti et l’achèvementde la ligneMekele-Tadjourah. Djibouti,enfin, sera l’un des bénéficiaires de laroute en construction entre la frontièresud-soudanaise et le réseau éthiopienauquel nous sommes connectés, ce quinouspermettraderépondreà lademanded’import-export de ce nouveau paysqu’est le Soudan du Sud.

Et l’emploi des jeunes?C’est l’autre chantier de mon dernier

mandat. La fonctionpubliquen’étantpasextensible, je veuxaumaximumfavoriserun secteur privédynamique. J’ai crééunministère chargé des PME et PMI, unfonds de développement et de garantieainsi que des lignes de crédit pour lesinvestisseurs, j’ai passé des accords deformationavecdesuniversités indiennesspécialisées dans les métiers de la mer.J’explique inlassablement aux jeunesdiplômés qu’ils ne peuvent éternelle-ment espérer devenir fonctionnaires. Etje leur dis que s’ils partagent mon rêved’unDjibouti qui se tiennedebout, sansaide ni béquilles, ils doiventm’aider à leréaliser. ●

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

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VINCEN

TFO

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ÜLors de L’ENTRETIEN.

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La grande interview d’Ismaël Omar Guelleh 35

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Alassane Ouattara et GuillaumeSoro. En Côte d’Ivoire, le chefde l’État et le Premier ministren’en finissentplusdesecongra-tuler. Le 10 octobre, le secondremerciait chaleureusement le

premier pour « son précieux soutien » – c’étaitlors de l’ouverture d’un séminaire-bilan des centpremiers jours du gouvernement. Le lendemain,leprésidentde laRépublique félicitait sonPremierministrepour« laconduiterigoureusedestravaux».Auparavant, ilavaitdéjà louéla loyauté et l’implicationd’un Guillaume Soro qui,depuis sanomination, joueles élèves modèles et dis-ciplinés. En public, depuissix mois qu'ils travaillentofficiellement ensemble,lesdeuxhommesaffichentune cohésion sans faille ettiennent lemême langage:travail, reconstruction,réconciliation.

Trop beau pour êtrevrai? «Cen’était pas gagnéd’avance, mais ils formentunbonattelage, affirmeunministrequisouhaitegarderl’anonymat. Soro apprendviteet ilaparfaitement intégré laméthodeOuattara.Comme lui, il semontre disponible, très pragma-tique, et va à l’essentiel. »

Au quotidien, la répartition des tâches est bienétablie. Le chef de l’État se consacre à l’économieetà ladiplomatie, tandisque le chefdugouverne-ment planche sur les questions de défense et desécurité. Chaque semaine, le rituel est immuable.

PartenairesPartenaires

PASCAL AIRAULT, envoyé spécial,

avec BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

Le mercredi, c’est Guillaume Soro qui anime unConseildegouvernement.Le lendemain,Ouattarareprend lamain et dirige leConseil desministres.Sur le terrain, les progrès sont visibles : l’activitééconomiquea repris, l’administration s’est remiseau travail, et la sécurité progresse, même si l’ondéploreencoredenombreuxdébordementsducôtédes Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).

L’un joue au mentor, l’autre à l’élèveappliqué… Rien ne les prédestinait à

s’entendre, mais Alassane Ouattara,le chef de l’État, et son Premierministre, Guillaume Soro, ont fini

par s’habituer l’un à l‘autre.Question d’intérêts bien compris.

CÔTE D’IVOIRE

ALASSANEOUATTARA

• 69 ans• Musulman• Titulaire d’unmaster enéconomie(Université dePennsylvanie)

• Ex-directeurAfrique du FMI,ex-gouverneurde la BCEAO

• Premier ministreà 48 ans

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Afriquesubsaharienne

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particuliersparticuliersImpatient d’imposer le retour de l’État de droit

et la fin de l’économie parallèle dans le nord dela Côte d’Ivoire, le chef de l’État s’inquiète ducomportement des anciens comzones, qui ontlongtemps accompagné Guillaume Soro, et del’affairismedecertainsmembresdugouvernement.En finpolitique, le Premierministre sait qu’il doitmalgré tout ménager ses anciens compagnonsqui répètent à l’envi que ce sont eux qui « ontporté Ouattara au pouvoir ». Il ne souhaite pasnon plus que l’on empiète sur ses prérogativeset s’offusque des interférences des hommes dela présidence. Parmi eux, Philippe Serey-Eiffel,conseiller économique d’Alassane Ouattara, etAmadou Gon Coulibaly, secrétaire général de laprésidence, qui semêlent de toutes les questionsliéesà l’économie,aux infrastructuresetaubudget,jusqu’à donner directement des consignes auxministres. Début août, Soro a vu rouge et sommélesdits ministres de ne plus obéir au conseillerfrançais. Depuis, les choses sont rentrées dansl’ordre : Serey-Eiffel, nommé en septembre coor-dinateurducorpsde conseillers de laprésidence,a été prié de se faire discret.

Des itinéraires divergents

Au départ, rien ne pré-destinait lesdeuxhommesà s’entendre. Une généra-tion les sépare : Ouattara,69ans,pourraitêtre lepèredeSoro, 39ans.Lepremierest malinké et musul-man ; le second, sénoufoet catholique. Leurs par-cours divergent aussi : lechef de l’État est un bril-lant économiste, passépar la Banque centraledes États de l’Afrique del’Ouest (BCEAO), le Fondsmonétaire international

(FMI) et laprimature ivoirienne. La communautéinternationale voit en lui une sorte de «présidentidéal » et ferme les yeux sur la poursuite desexactions.

Titulaire d’une maîtrise d’anglais, Soro est unancien leader estudiantin arrivé au pouvoir parles armes. Excellent tribun, c’est un redoutablepoliticiendont les grandespuissances seméfient.

Petites mises au pointOfficiellement, donc, pas un nuage dans la

relation entreOuattara et Soro.Mais cela n’exclutpas les affrontements à fleuretsmouchetés, et lesmises aupoint se font parfois par l’entremise desjournaux acquis à la cause de l’un ou de l’autre(Le Patriote pour le président et Nord-Sud pourle Premier ministre).

ISSO

UFSA

NOGO/A

FP

GUILLAUMESORO

• 39 ans• Catholique• Titulaired’une maîtrised’anglais(universitéd’Abidjan)

• Ex-leaderétudiant

• Premier ministreà 35 ans

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Élevé à l’idéologie marxiste, il s’est converti aulibéralisme,mais reste très souverainiste.EtquandOuattara, son « grand frère », n’ose pas trop direnon à ses amis français, Soro, lui, n’a pas de pro-blèmesdeconscience–dumoinspour lemoment.

Entre les deux hommes, qui se tutoient, il y adoncunmonde. Leurpremière rencontredatedumilieudes années 1990.À l’époque, Sorodirigeaitla Fédération estudiantine et scolaire de Côted’Ivoire (Fesci). « Au début, nous n’étions pasvraiment sur lamême longueurd’onde, précise lePremierministre. J’étais plutôt prochedeLaurentGbagbo.»C’est luid’ailleursqui, involontairement,le jettera dans les bras de Ouattara en plaçant àla tête de la Fesci, fin 1998, un Bété, Charles BléGoudé, plutôt que Yayoro Karamoko, dont Soroétait proche, et qui est aujourd’hui leader de lajeunesse du Rassemblementdes républicains (RDR).

Le jeune Soro s’éloigne desonmentor,qu’il accusedesur-fer sur la vague de l’ivoirité. Ils’exileenGrande-Bretagnepuisen France, où il poursuit ses études d’anglais etde sciences politiques. Il se rapproche d’Alas-sane Ouattara, qu’il voit à son domicile pari-sien. Lors de la campagne pour les législativesde décembre 2000, il s’engage même aux côtésd’Henriette Diabaté, la numéro deux du RDR.Prenant progressivement la tête politique de larébellion des Forces nouvelles (FN) à partir deseptembre 2002, il entretient une relation trèsrégulière avec l’opposant Ouattara.

Les choses se gâtent quand, en mars 2007,Soro accepte de devenir le Premier ministre deGbagbo.Dans l’entouragedeOuattara, onaccusele nouveau chef du gouvernement de jouer pourlui, voire même de trahir la grande « cause nor-diste ». Et de fait, en février 2008, Soro ne répondpas à l’appel d’AlassaneOuattara, qui a ouvert lesportesduRDRauxcadresdesFN.Pourtant,mêmes’il a acheté une résidence dans le quartier de laRiviera, à Abidjan, Soro habite toujours au GolfHôtel, à deux pas du domicile de Ouattara, qu’ilcontinue à voir régulièrement.

« Il s’est définitivement rapproché quand il acompris que Gbagbo ferait tout pour l’élimineraprès laprésidentielle, expliqueunprocheduchefdugouvernement.Pour lui, c’étaitunequestiondesurvie. Il a alors négocié son avenir, celui de sesreprésentants politiques et de sa branche armée.Ouattara s’est engagé dès la fin 2008 à intégrer lesFN dans l’armée s’il était élu. »

Entre lesdeux toursde laprésidentielle, fin2010,les deux hommes se rencontrent discrètement etdessinent les scénarios de l’après-Gbagbodans lecas d’une victoire finale de Ouattara. Ils ont soind’associerHenriKonanBédié,queGbagbotente luiaussidecourtiser.Ouattarava jusqu’à luiproposerde choisir le nomdu futur Premierministre, Soro

pouvantallerà l’Assembléenationale.Finalement,face à un Gbagbo qui refuse la défaite, Soro estreconduit pourmener la guerre.

L’ombre de Compaoré

Un autre homme a joué un rôle prépondérantdans l’alliance scellée entre Soro et Ouattara :le très secret Blaise Compaoré. Très proche desdeuxhommes,qu’il tutoie, leprésidentburkinabèconnaît lepremierdepuisunedécennie, le seconddepuisprèsde trenteans.Quecherche-t-il enCôted’Ivoire? Le positionnement de son « enfant », leBurkina. Depuis l’ère coloniale, ses concitoyensmigrent nombreux vers le royaume du cacao – ily aurait près de 3 millions de Burkinabè en Côted’Ivoire (despaysans,pour laplupart,quienvoientrégulièrementdes fondsdans leurpaysd’origine).

PourCompaoré,Ouattaraest l’hommequipeutenclencherlamêmedynamiquededéveloppementqu’Houphouët-Boigny.«Ilabeaucoupd’admirationpourOuattara, bienqu’il le trouve tropoccidentaldans sa tête, explique un proche du chef de l’Étatburkinabè. Il adoncmisà sonservicesonexpertisepolitiqueet luiadonnéungrandcoupdepoucelorsde ladernière crisepostélectorale. »C’est lui aussiqui fait entendre raison àOuattara et arrondit lesangles lorsquele feucouveaveclePremierministre.Cefutlecasenfévrier2010,quandGbagbodécidadedissoudre laCommissionélectorale indépendanteet le gouvernement – dissolution à laquelle Sorone s’opposa pas suffisamment fermement selonOuattara. Et c’est encore Compaoré qui conseilleà Ouattara de cesser de menacer d’envoyer lescomzones devant la Cour pénale internationale(CPI)afindeneplusgêner les initiativesduchefdugouvernement pour les faire rentrer dans le rang.

Leprésidentburkinabèaaussi aidéSoroàmûrirpolitiquementetà teniruneplacecapitaledans leprocessusdesortiedecrise. Il amisàsadispositionsesmeilleursexperts:DjibrilBassolé, sonministredes Affaires étrangères, Mustapha Chafi, l’un deses conseillers politiques, et Boureima Badini,

YAMOUSSOUKRO, début octobre. En tournée de réinstallation del’armée, de la police et de la gendarmerie dans le Nord,Guillaume Soro revient dormir tous les soirs dans la capitale. LePremier ministre a acquis une grande villa, non loin de l’HôtelPrésident, en centre-ville, où il reçoit ministres, responsablesrégionaux et journalistes. Opposant à Houphouët-Boigny dutemps où il était un leader étudiant, il loue aujourd’hui la sagessedu « Vieux » et revendique son héritage politique. Il a demandé àadhérer à la coalition houphouétiste et envoyé un de ses prochesà l’Institut national de l’audiovisuel, en France, pour récupérertoutes les images d’archives du père de l’indépendance. Il serapproche aussi de sa famille, et notamment de son petit-neveu,AugustinThiam, gouverneur du district. Le destin de Soro passe,semble-t-il, par la terre du père fondateur. ● P.A.

SUR LES TRACES D’HOUPHOUËT

À l’origine, c'est deGbagbo, que Soro se sentproche. Pas de Ouattara.

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son représentant en Côte d’Ivoire. Tous trois l’ontchaperonnéàsesdébutsetcontinuentaujourd’huide le conseiller sur les dossiers sensibles. Sorovoue une réelle affection à Compaoré, avec qui iléchange quotidiennement, par téléphone ou parSMS. « Il m’a toujours soutenu enme conseillantet enm’encourageant, même aux heures les plusdifficiles,maissans jamaismedictermaconduite»,explique Soro. Aujourd’hui, Compaoré tient à ceque son « frère Alassane » travaille avec son « filsGuillaume », garant de ses propres intérêts.

Déjà un successeur?

Pour le chefde l’Étatburkinabè, Soroestunparisur l’avenir.C’est la continuité, l’assurancequ’Abi-djanetOuagadougouvontrenforcerleurpartenariatéconomique, politique etmilitaire. « Et on attendde Ouattara qu’il fasse la passe à Guillaume… »,confie un proche du Premierministre ivoirien.

Pour l’instant, leprésident ivoirienseveut rassu-rant. Il promet à Soro la succession au termed’undeuxièmemandatqu’il souhaitebienaccomplir. Ilparle peu du chef du gouvernement en présencedes ambitieux leaders du RDR que sont AmadouGonCoulibaly etHamedBakayoko, leministredel’Intérieur, mais tient ses promesses. Il a acceptéle principe du redécoupage électoral, voulu parSoro, et fait une place à ses compagnons qui seprésentent aux législatives sous la bannière RDR,le 11 décembre. « Soro a tout intérêt à attendre

sonheure en s’arrimant à la locomotiveOuattara,explique un diplomate occidental. Ce dernier, s’ilréussit sonpari, resteraà lapostéritécommeceluiqui a permis à la Côte d’Ivoire de devenir un paysémergent.QuantauPremierministre, il estentrainde se construire un bilan qui lui permettra de sepositionner en légitime successeur. »

Enattendant,Soroinstalleseshommesauxpostesclésde l’arméeetde l’administration.En tout, plusde2000 fonctionnaires etprèsde11000militairesen cours d’intégration. Politiquement, il a décidéde reporter le lancement de son parti. Mais lecréera-t-il? Candidat à la députation sous la ban-nière du RDR, il pourrait décider d’en briguer ladirectionoudeconvoiter celleduRassemblementdes houphouétistes pour la démocratie et la paix(RHDP), si celui-ci devait un jour se structurer enparti. Tout est possible.

Ouattara a promis de le reconduire à son postepour une période de six mois à un an après lesélections. Il semble avoir obtenu l’assentiment deson partenaire (Bédié) et des grandes puissances(France et États-Unis). Certains pensent mêmequ’il pourrait modifier la Constitution pour créeret lui confier unpostedevice-président.Une idéetrès en vogue en Afrique francophone (Sénégal,Gabon) et une fonction taillée sur mesure… EllepermettraitàOuattaraderespectersaparoleenverssonalliéBédiéenoffrantauPartidémocratiquedeCôted’Ivoire (PDCI) laprimature, tout engardantSoro à ses côtés. ●

�LE PREMIER MINISTRE

SAIT BIEN QU’IL LUI FAUT

MÉNAGER LES ANCIENS

COMZONES, qui l’ontaidé à porter Ouattaraau pouvoir. De g. àdr. : Issiaka Ouattara,dit « Wattao »,Zakaria Koné, ChérifOusmane et HervéTouré, dit « Vetcho »(ici le 21 juillet à Abidjan).

SIA

KAMBOU/A

FP

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O fficiellement, c’est l’ententecordiale.Lorsque l’unserendchez l’autre pour tenter detrouverunaccord, commece

fut lecas le15novembre, ils se livrentàunéchange feutréd’amabilités.Pasd’attaquepersonnelle. Aucunmot de travers. Descompliments, même – « C’est un grandresponsable, qui mérite autant quemoid’être le candidat de l’opposition », ditl’un sur l’autre, et vice versa. Dans unpays habitué aux joutes verbales et auxdivorcespolitiques fracassants, lematchque se livrent Ousmane Tanor Dieng etMoustapha Niasse pour représenter lacoalition de l’opposition Benno SiggilSenegal (BSS) à l’élection présidentielledéfie toutes les loisdugenre.Mais laréalitéde leur relation est moins lisse qu’ils neveulent le faire croire. Les deuxhommesaux caractères si différents – Tanor estun technocrate froid qui s’est éveillé à lapolitiquedansunpartidevenudémocra-tique,Niasseestunanimalpolitiquequiagrandiaveclepartiunique–secombattentdepuis trop longtemps pour s’entendre.

Depuis plusieurs semaines, le duelentre le secrétaire général duParti socia-liste sénégalais (PS) et le président-fon-dateurde l’Alliancedes forcesdeprogrès(AFP) traîneen longueur. Laquarantainedepartis qui constituent le Benno s’était

donné jusqu’au 31 octobre pour choisirlequeldesdeux les représenterait devantles électeurs, le 26 février prochain.Maisaucunnecomptebaisser les armes. Sousl’œil amusé des partisans du président,AbdoulayeWade, la date butoir est sanscesse reportée et lesmédiations semul-tiplient. En vain. « On essaie toujoursd’aboutir à un consensus, explique l’undes cinq médiateurs, qui n’en dira pasplus. C’est très délicat, je ne veux pasquemespropos soientmal interprétés. »

Leprocessusélaboréendébutd’annéestipule que toutes les composantes duBenno ont leur mot à dire. Certains ontd’oresetdéjàannoncéqu’ils feraientcan-didature à part – c’est notamment le casdeMackySall etdeCheikhBambaDièye.Les autres ont choisi leur camp. Selonplusieurs sources,Niasse serait arrivé en

tête, mais le PS, l’un des partis lesmieuxstructurésdupaysavec leParti démocra-tiquesénégalais(PDS)d’AbdoulayeWade,ne l’entend pas de cette oreille. « Niassea étémalin, il s’est rapproché des petitesentitésduBenno,alorsque lePSacomptésur sa seule force. Il a aussi joué sur sonâge, comme une assurance qu’il ne sereprésenterait pas. Mais on ne peut pass’arrêter sur ce seul argument », soutientun proche de Tanor.

«Toutestbloqué. Aucundesdeuxn’estprêtà se rangerderrière l’autre », indiqueunancienmédiateur,procheduBenno. Ilfaut yvoirdes raisonsobjectives: «Niassea 72 ans, c’est sa dernière chance d’êtreélu à la présidence, chose à laquelle il

s’est toujours destiné.Tanor, lui, estplus jeune[64 ans, NDLR],mais iladéjàperduune fois en2007 et, dans sonparti,on n’acceptera pasune nouvelle défaite.Surtoutqu’ilyaderrièredes jeunespleinsd’am-bition qui n’attendentqu’une chose : prendre

la relève. Pour Tanor aussi, c’est donc ladernière chance. »

Mais, si les discussions n’aboutissentpas,c’estsurtoutparcequel’enjeudépasselecadrepolitique.«Onestdans l’affectif»,reconnaît unmédiateur. Tanor etNiasse,c’est l’histoire d’une vieille rivalité maldigérée de part et d’autre. Des ennemisde trente ans, en somme.

PROTÉGÉ DE SENGHOR. La premièrefois que Niasse croise Tanor, au milieudes années 1970, il est déjà un caciquedu PS. Il a derrière lui vingt ans demili-tantisme (« Je me suis engagé à l’âge de17 ans, avant même l’indépendance »,aime-t-il rappeler) etdirigedepuis sixanslecabinetduchefde l’État,LéopoldSédarSenghor. Il est alors considéré commele numéro trois du parti, juste derrière

PRÉSIDENTIELLE AU SÉNÉGAL

Les meilleurs ennemisParce queOusmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse nes’entendent pas, la coalition de l’opposition n’a toujours pas de candidat.

JULE

SDOMINGO

POUR SORTIR DE L’IMPASSE, des cadres socialistes proposent d’organiserune primaire au sein du Benno, afin de départager une bonne fois pourtoutes OusmaneTanor Dieng et Moustapha Niasse. « C’est la meilleuresolution, à défaut de trouver un consensus », explique AbdoulayeVilane,membre du parti. Un scrutin au suffrage direct étant jugé « impraticable »,il s’agirait de recueillir l’avis de « tous les élus locaux issus des listes duBenno », à l’exception de ceux qui soutiennent une candidature plurielle– soit moins de 7000 électeurs. À quelque cent jours de l’élection,beaucoup estiment toutefois cette option irréaliste. ● R.C.

UNE PRIMAIRE POUR LES DÉPARTAGER?

ð LE 21 MARS,À DAKAR.TANOR (à g.)dirige le Partisocialiste,tandis queNIASSE està la têtede l’Alliancedes forcesde progrès.

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le protégé de Senghor, Abdou Diouf, etambitionne,un jour,deprendre la relève.«Niasse s’est toujours rêvéenprésident »,dit de lui un ami.

Tanor,lui,n’estqu’untoutjeunediplômédel’Écolenationaled’administrationetdemagistrature (Enam),optiondiplomatie,etvientd’intégrer leministèredesAffairesétrangères,auquel ilaemprunté lescodes–mesureetdiscrétion.Surtout, iln’estpasencore encarté.

Ce n’est qu’en 1981, à l’âge de 34 ans,queTanorentreauPS.Unpeutardif,penseNiasse. Surtout au vu de son ascensionfulgurante : en 1988, Tanor est nommédirecteur de cabinet deDiouf. En 1996, àl’issued’uncongrèssansdébatboudéparNiasse, il prend la direction du parti. Ledébutde la fin. Leshistoriquesacceptentdifficilement. Djibo Kâ est le premier àpartir, en 1998. Niasse l’imite un an plustard.Frustréetrevanchard.« Iln’ya jamaiseu de clash. Les rapports entre les deuxhommesonttoujoursété très feutrés.Maisdans l’esprit de Niasse, Tanor lui a volésondestin », explique leur amicommun.

La suite est connue. En 2000, arrivé entroisième position de la présidentielleavec plus de 16 % des suffrages, Niassedonne ses voix àWade au second tour etparticipeà ladéfaitedessocialistes.«Wadea fait cequeDiouf a refuséde faire. Il s’estservi de lui », explique un socialiste. Lapreuve? Il ne le gardera que onzemois àla primature, avant de pousser Niasse àrejoindre l’opposition.

Mais siTanor l’aaccueilli sans rancune,la plupart des socialistes ne lui ont tou-jourspaspardonné. Tanor le sait : jamaisles socialistes n’accepteront de marcherderrièreNiasse.« Il leura fait tropdemal»,estime le juriste Babacar Gueye, procheduBenno.Au seinduparti, personnen’aoublié sa volte-face de l’an 2000. Et toutle monde garde en travers de la gorgesondiscours d’investiture à la primaturequelques jours plus tard – « un véritableréquisitoire contre lePS », pesteuncadresocialiste. Ils sont nombreux, aussi, à luirappeler sonpiètre scorede2007.Niasseavait recueillimoinsde6%des suffrages.Tanor, plus du double (13,5 %). ●

RÉMI CARAYOL

Aucun n’ose dire du malde l’autre… Mais aucunne veut laisser passersa chance en février 2012.

Ils sont encoreprès de 100000dansle monde. La majorité d’entre eux(environ 63500) vit enRépubliquedémocratique du Congo (RD

Congo), selon les chiffres fournis parKinshasa au Haut-Commissariat desNationsunies pour les réfugiés (HCR).L’Ouganda en héberge plus de 12500,le Congo-Brazzaville 7800, la Zambie5700, leMalawi 2200, leKenya1600, laFrance2200, leRoyaume-Uni1300…Ilsont jusqu’au 30 juin 2012pour déciderlibrement de leur sort dans le cadre dela clause de cessationdu statut de réfugié duHCR. Trois possibilitéss’offrentàeux: le retourvolontaire au Rwanda,l’intégration dans lepays d’accueil par naturalisation oucomme résident, ou bénéficier del’exemption de la clause de cessationdu statut de réfugié. Cette dernièredisposition concerne essentiellementles personnes ayant subi «des trauma-tismes graves » et qui, bienqu’étant ensécurité, peuvent se sentir menacées.

Depuis 2009, la division Afrique duHCR « s’estpenchée sur la situationdesréfugiésde longuedateeten findecyclepour clore leur statut en fonction descirconstances », explique FatoumataLejeune-Kaba,porte-parolede l’agence

onusienne. Trois groupes de réfugiéssontconcernésparcettedémarche:desRwandais,desAngolaisetdesLibériens.En ce qui concerne les Rwandais, leHCR estime que « les conditions quiont prévalu à l’époque, c’est-à-direle génocide de 1994, n’existent plus.Aujourd’hui, le Rwanda est capablede protéger sa population », ajouteFatoumataLejeune-Kaba. Laclausedecessation du statut de réfugiés leur estdoncapplicable.«Ceuxquidemandentl’exemption ont le droit de voir leur

dossier étudié de façon équitable,sans limitation de date », poursuit laporte-parole.

LeHCRestimeparailleursque3mil-lions de Rwandais sont déjà rentrésvolontairement dans leur pays. Cechiffre comprend ceux qui ont fui leRwanda lors du génocide de 1994, etceux qui sont partis lors des violencesde 1959 et 1972. Selon FatoumataLejeune-Kaba,Kigali souhaitevoir tousles réfugiés revenir dans le cadre de laréconciliation nationale. ●

TSHITENGE LUBABU M.K.

GRANDS LACS

À l’heure du choixLes 100000 réfugiés rwandais qu’il reste dans le monde vontbientôt devoir dire s’ils veulent rentrer chez eux.

BORIS

HEG

ER/R

EPORTDIGITAL-REA

Les Nations unies estimentque les conditions d’un retoursont aujourd’hui réunies.

�LE HAUT-COMMISSARIAT DE L’ONU veut régler la question des réfugiés de longue date.

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

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JEUNE AFRIQUE : Au Bénin, le pape atenudes propos très fermes à l’égard del’Église catholique et des classesdirigeantes. Il s’agit d’uneremise au pas?

ODONVALLET:Oui, c’estlapremièrefoisqu’unpapes’exprimedemanièreaussidirecte.L’onretiendrasur-tout lediscoursdénonçantla corruption des États, laviolenceet l’injusticesociale.BenoîtXVIaétabliundiagnosticsévère de la situation politique enAfrique, tout en indiquant que l’Églisedevait montrer l’exemple. Il faut se sou-venir qu’il n’avait pas hésité àdemanderladémissiondequatreévêquescentrafri-cainsetbéninoisparticulièrement impor-tants – dont Marcel Honorat Agboton,archevêque de Cotonou –, qui avaientété impliquésdansdesaffairesdemœurset de corruption. Pour Benoît XVI, qui asuggéré l’idéed’unaudit, il est tempsd’ymettre bon ordre.

Le pape aurait-il fait sa révolution?Depuis son voyage en Grande-

Bretagne, en septembre 2010, sa com-munication a fait de gros progrès. Ilévite désormais les gaffes comme cellescommises avec ses prises de position

sur les musulmans, les Juifs ou encorele préservatif. AuBénin, il s’est contenté

de rappeler les positions tradi-tionalistes de l’Église, mais

en évitant les propos inu-tilement provocateurs.Entre ses deux visites surle continent, le discoursa évolué. On peutmêmeconsidérer que le dépla-cement au Cameroun, en

mars 2009, était une sortede rodage. On sait aussi que

Benoît XVI fait preuve d’une plusgrande vigilance que son prédécesseur.Jean-Paul II s’était quelquefois mon-tré laxiste en matière de respect de lamorale, notamment envers les prêtrespédophiles…

Mais onne saurait réduire la visite dupape au Bénin à l’énoncé de mesurescoercitives. Malgré la fatigue qui ne lequitte pas, il a tenu à effectuer ce dépla-cement pour témoigner de son intérêtpour un continent dans lequel l’Églisecatholique connaît une forte croissance.

En se rendant au Bénin, le pape a voulumontrer qu’il était lemeilleur représen-tant du christianisme, par oppositionà certaines religions dont les pasteurs,parfois autoproclamés, ont un savoirlimité. L’Église joue également un rôleéconomiqueimportantdeparsesœuvres,ses écoles, ses hôpitaux, ses librairies.L’archevêquedeCotonouest représentéauconseil d’administrationde laBankofAfrica, et l’Église catholique est l’un despremiers employeurs du pays, avec ceque cela suppose de responsabilités etde tentations. Il y adonc toutunchantierde réformes àouvrir, auBénin et partouten Afrique.

Onaura aussi relevé quelques omissionsdérangeantes au cours de ce voyage…

Effectivement. On peut regretter qu’àOuidah Benoît XVI ne se soit pas claire-ment exprimé sur l’esclavage devant laPorte du non-retour. Et autant on peutle féliciter d’avoir voulu remettre del’ordredans les diocèses, autant certainscatholiques regretteront qu’il n’ait pasdavantage salué le travail de quelquescongrégations en matière d’éducation,de santé et de développement de l’agri-culture. Benoît XVI est un intellectuel dehaut niveau, peu habitué aux formulesfortes de son prédécesseur qui empor-taient l’adhésion des masses.

Un nouveau temps politique s’ouvredonc?

Dans les pays d’Afrique, on vit unerévolution scolaire. On assiste au rem-placement de l’Afrique des BEPC parune Afrique « masterisée ». On ne peutplus s’adresser aux Africains comme àde grands enfants. Ils ont des exigences.Leur confiancedans lesprêtresn’est plus

automatique. Benoît XVI milite pouruneÉglise catholiqueplus offensive, quientretient désormais une relation plusapaiséeavec l’Afrique,où l’appelpolitiquerejoint l’exhortation apostolique. ●

Propos recueillis par

CLARISSE JUOMPAN-YAKAM

Odon Vallet « Au Bénin, lepape n’a pas fait de gaffes »L’historien français des religions revient sur la visitede Benoît XVI à Cotonou, du 18 au 20 novembre.Un voyage au cours duquel le souverain pontife a dénoncéla corruption des États et l’injustice sociale.

LYDIE/SIPA

ðÀ SON DOMICILE

PARISIEN, en 2009.

15%des catholiques

du mondevivent en Afrique

Jean-Paul IIs’y était rendu

40 fois

L’Église ne peut plus s’adresserauxAfricains comme elle le faisait auparavant.

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I l fut un temps où les visites de chefsd’État africains en Israël se faisaientdans la discrétion. Celle de RailaOdinga, les 13 et 14 novembre, tend

à prouver que cette époque est révolue.Accueilli engrandepompeà l’hôtelKingDavid de Jérusalem, le Premier ministrekényan n’a pas dissimulé lemotif de sonvoyage. À l’issue d’une rencontre avecle président israélien, Shimon Pérès, ildéclarait : « Le Kenya a obtenu l’appuid’Israël pour l’aider à débarrasser sonterritoiredeséléments fondamentalistes.»

En ligne de mire : les Shebab soma-liens, dont les incursions régulières etles enlèvements inquiètent au plus hautpoint àNairobi. Ces dernières semaines,l’armée kényane a riposté, lançant àplu-sieurs reprises son aviation contre les

camps des insurgés islamistes (bien queceux-ci nient être à l’origine des rapts).Raila Odinga, qui négocie actuellementl’intégrationdeses troupesà lamissiondel’Union africaine en Somalie (Amisom),exige toutefoisplusdemoyensmilitairespour protéger sa frontière. D’après dessources officielles, Israël a accepté de luifournir des drones, des vedettes rapides,desvéhiculesblindés,desmunitionsetdumatériel de surveillanceélectronique.Leministre kényande laSécurité intérieurenégocierait,enoutre, l’envoid’instructeursisraéliens auprès de l’armée kényane.

NÉBULEUSE. Depuis les attentats deMombasaen2002, lacoopération israélo-kényane en matière de lutte contre leterrorisme s’est intensifiée. Enapportant

son assistancemilitaire àNairobi, l’Étathébreu espère réduire la capacité denuisance de groupes islamistes affiliésà la nébuleuseAl-Qaïda, qui prospèrentdans la région. Il engage aussi une lutted’influence contre l’Iran, dont la pré-sence navale et les activités se sont ren-forcées dans la Corne de l’Afrique. Lapartie est du continent représente doncun intérêt stratégique pour Israël et luioffre un accès privilégié au golfe d’Adenet à l’océan Indien. Mais son Premierministre,BenyaminNetanyahou,nourritdes ambitions bien plus vastes : « Nousallonsaiderà la formationd’unecoalitioncontre le fondamentalisme en Afriquede l’Est, incluant le Kenya, l’Éthiopie, le

SoudanduSud et laTanzanie », a-t-illancéàRailaOdinga.Son objectif est derassembler sous sonétendard plusieursnations africainesà forte populationchrétienne.

Cet axe pourraitégalement inclure

l’Ouganda.LeprésidentYoweriMusevenis’est rendu en Israël dans la foulée duPremier ministre kényan. Selon le quo-tidien Haaretz, sa visite aurait été orga-nisée par l’ancien chef du Mossad RafiEitan,85ans, reconverti aujourd’huidansles affaires en Afrique. Museveni s’estdit préoccupé par la montée de l’islamradical dans la région et a rencontré leministre israélien de la Défense, EhoudBarak, ainsi que l’actuel chefdes servicessecrets, Tamir Pardo. À noter qu’il s’estégalemententretenuaveclesdeuxpatronsdeMiniRefineriesEnterprise, compagniequichercheàsepositionnerdans l’exploi-tation pétrolière du lac Albert. Preuve,peut-être, qu’Israël s’apprêteà signer songrand retour en Afrique de l’Est. ●

MAXIME PEREZ, à Jérusalem

AFRIQUE DE L’EST

Avec Israël, main dans la mainAprès le Premier ministre kényan, c’est le présidentougandais qui s’est rendu, mi-novembre, à Tel-Aviv. L’occasion,pour l’un comme pour l’autre, de parler de lutte contre le terrorisme.

AVIO

HAYON/G

PO

VIA

GET

TYIM

AGES ð LE CHEF DU

GOUVERNEMENT

KÉNYAN, RAILA

ODINGA, et sonhomologueisraélien,BenyaminNetanyahou,le 14 novembre,à Jérusalem.

Afrique subsaharienne 43

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R évolté, le président sénégalaisavait soigneusement choisi sesmots. Peu après l’annonce deson décès, Abdoulaye Wade

avait fait de l’élève officier sénégalaise,FatouSeckGningue, 22ans, « lapremièrefemme martyre de l’armée nationale ».Les semaines ont passé. En Afrique del’Ouest, Fatou est devenue le symboledes dérivesmortelles du bizutage, maisl’enquête, elle, ne progresse que lente-ment. Les premières conclusions de lajustice malienne ne sont pas attenduesavant le 15 décembre.

Pour Fatou et quatre autres élèvesofficiers (maliens) de l’École militaireinterarmes (Emia) de Koulikoro, auMali, la vie s’est arrêtée brutalement, le

3 octobre. À l’Emia, où sont formés desélèvesofficiersdeplusieurspays, lebizu-tage s’appelle « bahutage » et fait partiedes « usages et traditions ». Ce jour-là,il est presque 2 heures du matin. Desélèves de troisième année surprennentdes éléments de deuxième année et lesobligent à se rendre, au pas de course,sous une pluie de coups de bottes etdematraques, à Tientienbougou, à unequinzainedekilomètresdeKoulikoro.Là,encadrés par des instructeurs de l’école,ils infligent de terribles sévices à leurscadets – une heure au bout de laquellele pire se produit.

Natié Pléah, ministre malien de laDéfense et des Anciens Combattants,commence par évoquer un « exercice

militaire », avant de se raviser quand leprésident Amadou Toumani Touré, lui-mêmeanciendel’Emia,exigedeconnaîtrela vérité. Pour lapremière fois enAfriquede l’Ouest, un gouvernement prend dessanctions.LescolonelsOusmaneGarangoet SoungaloCoulibaly,à la tête de l’Emiaetducentred’instruction, sont relevésdeleurs fonctions. Les instructeursprésentsaumoment des faits sont mis aux arrêtset vingt-quatre élèves sont radiés et misà la disposition de la justice.

MAUVIETTE. « Il est clair que cebizutageau Mali est la partie émergée de l’ice-berg, regrette Aminatou Sar, directricedu projet EDH Afrique (Éducation auxdroits humains en Afrique) d’AmnestyInternational. Les sorties de certains

officiers supérieurs sénégalais, tendantà tolérer, voire à justifier le bizutage,montrent que la pratique est couranteet que les drames qui surviennent sontsouventmis sur le compte du suicide oude l’accident. »

Unequestiondemeure : pourquoi desbizuts supportent-ils ces sévices ? Undébut de réponse se trouve au Prytanéemilitaire de Kati (près de Bamako), uneécolequipréparedesélèvesdel’enseigne-mentsecondaireàunecarrièremilitaireetpar laquelledenombreuxpensionnaires

BIZUTAGE

Bons et loyaux sévicesLa mort de cinq élèves officiers au Mali, en octobre,a ravivé la polémique, mais la justice tarde à faire connaître sespremières conclusions. Enquête sur un tabou qui a la peau dure.

EMMANUEL

DAOU

BAKARY

La pratique est courante, et lesdrames sont souvent maquillésen suicide ou en accident.

� Juillet 2009. SORTIE DE PROMOTION DE

L’ÉCOLE MILITAIRE INTERARMES DE KOULIKORO,dont le chef de l’État est lui-même issu.

Afrique subsaharienne44

JEUNE AFRIQUE

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de l’Emia sont passés.ÀKati, le bizutageest réputémoins sévère qu’à Koulikoro.Mais la formule sacramentelle du bizutest à la limite de la dévotion : « Dieu,donnez-moi la souffrance !Donnez-moila force!Donnez-moi lagloirede recevoirtous les ordres venantdemes supérieurspour le bien de tout le Mali ! »

Pour les bizuts, «abdiquer est signededéshonneur, de faiblesse et de manquede virilité », explique un avocat ivoirienqui avait suivi, en 2008, le dossier d’unélèvepolicier gravementblessé aprèsunbizutage qui avait mal tourné à l’Écolede gendarmerie de Toroguhé (centreouest de la Côte d’Ivoire). « À la limite,la victime passe pour une mauviette etses proches préfèrent se taire. »

ÀToroguhé, des instructeursmilitairesavaient obligé des élèves policiers enformation à sauter du haut d’un arbre.Plusieursélémentsensont sortisavecdesmembres fracturés, contraintsducoupderenoncerà intégrer lapolice ivoirienne.Laseulemesureprise par le gouvernementa été de ne plus confier à des militairesla formation d’élèves policiers.

« La fréquence des cas de torture oude traitements inhumains perpétrés parles militaires ou les forces de sécurité,y compris dans certains cas contre descivils non armés, conclut Aminatou Sar,résulteengrandepartiedel’ignorancedesprincipes de base des droits humains. »Ces deux dernières années, plusieursincidents sur des campus universitairesontétésignalésenRDCongo,auGabonetenAfriqueduSud. Preuvequ’enAfriqueaussi le milieumilitaire n’est pas le seulconcerné par le bizutage. ●

ANDRÉ SILVER KONAN

AFRIQUE DU SUDLIBERTICIDE

C’est un projet deloi très controversésur la protectionde l’informationqui a été adopté,le 22 novembre,par l’Assembléenationale. Le texte,qui doit encore êtrevalidé par le Conseilnational desprovinces, restreint lapublication dedocuments secrets etprévoit de lourdespeines de prison pourceux qui passeraientoutre. Directementconcernés : lesjournalistes etleurs sources, qui,s’ils révèlent desaffaires, pourraientse retrouver devantles tribunaux.

CASAMANCEMACABREDÉCOUVERTE

Le 21 novembre,au moins dix coupeursde bois ont été tuésdans une forêt près deDiagnon, village situéà 30 km de Ziguinchor,dans le sud duSénégal. Selonplusieurs sources,l’attaque aurait étémenée par leMouvement des forcesdémocratiques deCasamance (MFDC).La forêt de Diagnonse trouve dans unezone contrôlée par leshommes d’OusmaneNiantang Diatta,un groupe dissidentde l’aile militaire duMFDC. En débutd’année, un regain deviolence a provoqué la

mort d’une vingtainede militaires. Plusieursrebelles présumésauraient également étéexécutés.

BÉNINCROIX DE BOIS,CROIX DE FER…

Promis, juré,Yayi Boniquittera le pouvoir en2016, au terme de sonsecond mandat. Unengagement qu’il apris devant le pape, envisite au Bénin du 18au 20 novembre (lireaussi p. 42). Il s’y étaitdéjà engagé pendantla campagne pour laprésidentielle, en 2010,mais cela pourraitapaiser sesdétracteurs, quicraignent qu’ilne cherche à modifierla Constitution.

Voilà qui fait désordre. Les servicessecretsnigériansaffirmentque la secteislamiste Boko Haram, responsablede nombreux attentats meurtrierssur l’ensemble du territoire, seraitparrainée et enpartie financéepar deshommespolitiquesde l’État deBorno,dans le nord-est du pays.

Le State Security Service(SSS) s’appuie sur les pre-miers résultats de l’inter-rogatoire du porte-paroledu mouvement, Ali SandaUmar Konduga, arrêté le3 novembre. Il met notam-ment en cause un sénateurnigérian, Ali Ndume, lui-même entendu depuis le21 novembre. Membre duPeople’s Democratic Party(au pouvoir), celui-ci fait aussipartie de l’équipe chargéed’étudier lapossibilitéd’ouvrirdes négociations avec BokoHaram.

C’est dans l’État de Bornoqu’est né le mouvement, autoutdébutdesannées2000.À

sa création, il prétendait lutter contrelamarginalisation dont sont victimesleshabitants de lamoitié norddupays–à largedominantemusulmane.Mais,le 4 novembre, c’est une nouvelle foisdans le nord du Nigeria que BokoHaram a frappé. Bilan: 150 morts. ●

HEN

RYCHUKWUED

O/A

FP

Coulisses Afrique subsaharienne

NIGERIA BOKO HARAM CONNECTION

�ALI SANDA UMAR KONDUGA, porte-parolede Boko Haram (à d.), affirme que le sénateurAli Ndume (g.) est lié au mouvement.

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

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Un siège au Conseilde Sécurité

Un grand rôlepour un petit paysC’est le 21 octobre 2011 que le Togo a été choisi parl’Assemblée générale de l’ONU pour faire partie des paysmembres non-permanents du Conseil de Sécurité desNations unies. Ces derniers, qui sont au nombre de dix,siègent aux côtés des cinq membres permanents, les« Grands » issus de la Seconde guerre mondiale, quijouissent du droit de veto : les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine. Choisis parl’Assemblée générale parmi les quelque 200 pays qui lacomposent, lesmembres non-permanents sont renouvelésparmoitié tous les deux ans. Les cinq élus en octobre 2011pour la période 2012 – 2013, sont, outre le Togo, leMaroc,le Pakistan, le Guatemala et l’Azerbaïdjan.

TOGO

L’ÉLECTION DUTOGOAU CONSEIL DESÉCURITÉ ESTUNGESTE DERECONNAISSANCEDE LA PARTDELA COMMUNAUTÉINTERNATIONALE.

MESSAGE

LE PRÉSIDENT TOGOLAIS FAURE GNASSINGBÉ À LA TRIBUNE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES.

©EvanSchneider

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RÉPUBLIQUE DU TOGO

Pour le Togo, à l’évidence, cette élection constitue unereconnaissance par la communauté internationale desefforts consentis depuis 2007 par le pays en vue deson redressement institutionnel, économique et moral,à l’issue d’une crise d’une quinzaine d’années. C’est laraison pour laquelle plus des deux tiers des suffrages del’Assemblée générale, qui votait à bulletin secret, se sontportés sur le Togo. Quant aux soutiens à la candidaturede Lomé, qui se sont manifestés, d’une façon ou d’uneautre, avant le scrutin, ils ont été nombreux et puissants :l’Union africaine, les États-Unis, la France, parmi beaucoupd’autres, ont su sensibiliser les autres pays membres auxprogrès que la politique de réformes du président FaureGnassingbe a valus au Togo. Tous les diplomates saventpar ailleurs qu’un petit pays peut jouer un grand rôle sur lascène mondiale, pour autant qu’il sache mettre enœuvreune politique étrangère claire, volontaire et nuancée,capable de convaincre et d’imposer ses vues. Ce qui futd’ailleurs le cas du Togo lui-même, lorsqu’il occupa pourla première fois, en 1982-1983, un siège de membre non-permanent du Conseil de Sécurité, et qu’il eut alors, àdiverses reprises, l’occasion de faire entendre sa voix.

De tous les continents, l’Afrique est sans doute leplus troublé, d’où l’absolue nécessité pour lui d’êtreéquitablement représenté dans toutes les instancesinternationales, ce qui est loin d’être le cas. La questionde sa trop faible représentation, notamment à l’ONU,a été posée il y a déjà longtemps. Elle se pose encoreet le Togo a soutenu la demande formulée par l’Unionafricaine de deux sièges supplémentaires de membresnon-permanents qui seraient réservés au continent.Aujourd’hui, le continent africain attend beaucoupdu Togo. Et notamment que ce petit pays, grâce à laposition qu’il occupera au sein de la plus haute instanceinternationale, aide le grand ensemble qu’il est à définirdes positions diplomatiques claires et précises surtoutes les questions qui le concernent directementmais qui, trop souvent, se traitent en-dehors de lui. Lecas de la résolution 1973, qui a autorisé, au printemps2011, l’intervention en Libye, est un bon exemple desdérives que peut entraîner une approche trop légèredes discussions et des textes : les trois pays africainsmembres non-permanents du conseil de sécurité ont votéla résolution en question, croyant qu’elle n’établissaitau-dessus de la Libye qu’une zone d’exclusion aérienne.En découvrant, par la suite, qu’elle laissait ouverte,en réalité, l’option d’une intervention au sol, ils ontregretté de lui avoir apporté leur soutien. La vigilance desdiplomates togolais ne sera donc jamais de trop.

L’UNION AFRICAINE, LES ÉTATS-UNIS,LA FRANCE, PARMI BEAUCOUPD’AUTRES, ONTSOUTENULA CANDIDATURE DE LOMÉ.

Apporter aux débatsune contribution africaineLes diplomates togolais en poste à l’ONU ont aujourd’huidu pain sur la planche, aumême titre que leurs collèguespermanents ou non-permanents, car les grandesquestions qui se posent au monde, et sur lesquellesils sont appelés à se pencher tous, ont rarement étéaussi nombreuses et aussi inquiétantes : questionpalestinienne, bras-de-fer avec l’Iran, révolutions arabes,menaces terroristes dans le monde, disséminationnucléaire, trafic d’armes, menaces environnementales,famines, crises économiques et financières, etc.

LE CHEF DEL’ÉTAT TOGOLAISAVEC NICOLASSARKOZY,PRÉSIDENT DELA RÉPUBLIQUEFRANÇAISE…

ET AVEC AMADOU TOUMANI TOURÉ, PRÉSIDENT DU MALI.

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VERSUNE RÉFORMEDU CONSEILDE SÉCURITÉ

Même si les membres permanents du Conseil de Sécurité semblent vouloir

faire, le plus longtemps possible, la sourde oreille, la grande majorité des

pays membres de l’Assemblée générale souhaite une réforme du Conseil de

Sécurité afin qu’il reflète plus fidèlement - et, surtout, plus justement - l’état

du monde actuel. Nombre des pays qui composent aujourd’hui l’Assemblée générale n’existaient

même pas en 1945, année de création de l’Organisation des Nations unies. Parmi ceux qui existaient

déjà, beaucoup ont changé de dimension et pèsent plus fortement sur les affaires du monde. Aussi,

des tentatives de réforme ont-elles été conçues, sans succès à ce jour tant les procédures sont

compliquées et les grands États frileusement conservateurs. En 2004, un rapport commandé par

le Secrétaire général Koffi Annan et baptisé « Rapport des Sages » a proposé un Conseil élargi à

24 membres. L’année suivante, le G4, composé de l’Inde, du Japon, du Brésil et de l’Allemagne, a

fait, à son tour, une tentative en ce sens, sans plus de succès. Un autre groupe de pays, rassemblés

derrière l’Italie, le Pakistan, l’Argentine et le Mexique sous le label « Unis pour le consensus

», ont réclamé un élargissement du Conseil par la création de dix nouveaux sièges de membres

non-permanents. Enfin, l’ensemble des pays africains a adopté le « consensus d’Ezulwini »,

aux termes duquel ils demandent pour l’Afrique deux sièges de membres permanents – avec droit de

veto – ainsi que deux autres sièges demembres non-permanents s’ajoutant aux trois dont le continent

dispose déjà. Peut-être la présidence du Conseil de sécurité, qui reviendra au Togo, pour une durée

d’un mois, dès le 1er février 2012, permettra-t-elle de remettre cette question sur le tapis vert.

AUJOURD’HUI, PLUSDE 800 SOLDATS SONTENGAGÉSSOUS LE CASQUE BLEUSURDIFFÉRENTS THÉÂTRESEN AFRIQUE.TO

GOMESSAGE

LE PRÉSIDENT FAURE GNASSINGBÉ AU SIÈGE DE L’ONU À NEW YORK.

©BasileZoma

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Servir la paix et promouvoirla stabilitéLe Togo prend place, dès le 1er janvier 2012, au Conseil desécurité avec une ferme résolution : celle de servir la causede la paix et de promouvoir la stabilité, la solidarité, ainsique les valeurs universelles qu’il a lui-même adoptées. Unrôle qui lui conviendra d’autantmieux qu’il est familier desopérations demaintien de la paix. Il a déjà participé à unedizaine d’entre elles et, aujourd’hui, plus de 800 de sessoldats sont engagés sous le casque bleu sur différentsthéâtres : en Côte d’Ivoire, au sein de l’ONDCI (Opérationdes Nations unies en Côte d’Ivoire) ; en Républiquedémocratique du Congo, avec la MONUSCO (Missiondes Nations unies pour la Stabilisation en RépubliqueDémocratique du Congo) ; au Libéria, dans le cadre de laMINUL (Mission des Nations unies au Liberia ; en Haïti,avec la MINUSTA (Mission des Nations unies pour laStabilisation en Haïti) ; au Soudan, au sein de l’OpérationHybride Nations unies/Union africaine au Soudan. Lessoldats des Forces Armées Togolaises (FAT) placés souscommandement international ont été appréciés surtous les théâtres d’opération pour leur expérience, leurcompétence, leur sérieux et leur discipline. Et là où lesconditions d’intervention se sont révélées particulièrementdélicates - comme au Darfour, en 2009 et 2010, où ilsavaient pour mission la protection des populationsdéplacées - c’est en particulier à leur contingent qu’ontété adressées les félicitations du haut-commandement.À la fin octobre 2011, en visite aux États-Unis, le chefd’État-major des Forces Armées Togolaises (FAT) a reçules mêmes félicitations de la part du Secrétaire généraladjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la

paix dans le monde pour la bonne tenue de ses soldatsportant le casque bleu, notamment ceux qui se trouventengagés en Côte d’Ivoire.

En première lignepour l’AfriqueMieux faire entendre à New-York, grâce au Togo, la voix del’Afrique, s’avère d’autant plus nécessaire que le continentse trouve aujourd’hui confronté à toutes les formescontemporaines de délinquance et de déstabilisation, sansavoir les moyens de les combattre avec ses seules forces :activités terroristesdans leSahel, traficdedroguedegrandeampleur, dissémination d’armes de petit calibre, mise surle marché, à grande échelle, de faux médicaments, traited’êtres humains, etc. À cette liste déjà longue est venuerécemment s’ajouter l’émergence de la piraterie au largedes côtes duNigeria, duBénin et duTogo. Pour la premièrefois de son histoire, le Conseil de Sécurité a donc eu à sepencher, le 19 octobre 2011, sur la menace émergente quereprésentent lespiratesduGolfedeGuinée. Et le 31octobre,vivement préoccupé par les menaces que fait planer lapiraterie, non seulement sur le trafic maritime, mais aussisur la sécuritéet ledéveloppementéconomiquedespaysdela région, il a condamné cette formedebanditismeorganiséet engagé les pays les plus concernés – le Nigeria, le Béninet le Togo – à la combattre avec fermeté. Alors en visite auPentagone et au Département d’État, le chef d’État-majordes Forces Armées Togolaises (FAT) a pu étudier avec lesautorités concernées les procédures à mettre en placepour obtenir une réelle concertation entre États concernés,ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour combattreefficacement, à moyen et long terme, ce nouveau fléau.

RÉPUBLIQUE DU TOGO

UN PETITPAYSPEUT JOUERUNGRANDRÔLESUR LA SCÈNEMONDIALE.AUJOURD’HUI,LE CONTINENTAFRICAINATTENDBEAUCOUPDUTOGO.

FAURE GNASSINGBÉ AVEC YOWERI K.MUSEVENI, PRÉSIDENT DE L’OUGANDA.

DIFCO

M/D

F-P

HOTO

S:LOUISVINCE

NTSA

UFMEN

TION

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du conseil militaire de Zintan, nommé dans lafouléeministrede laDéfensedunouveaugouver-nement. SeshommesdétiennentSeif enattendantque les conditions d’un procès équitable soientréunies.Mais, si l’on voit le verre àmoitié vide, lecasSenoussi dérange.Dansunpremier temps, lesautorités ont annoncé sa capture àSebha, dans leSud, avant de se rétracter. Depuis, aucune imagede lui n’est disponible. Seuls les rebelles deWadiChatimaintiennent leurversion.Si l’onvoit leverreàmoitié plein, la neutralisation du dauphin lèvel’hypothèque dynastique qui risquait de pesersur la fragile transition libyenne.Unechoseparaîtacquise : plus aucundeshéritiers deKaddafi n’estaujourd’hui en état de nuire. ●

La capture de Seif el-Islam par lesrebelles deZintan et l’annonce – nonconfirmée pour l’heure – de l’arres-tation d’Abdallah Senoussi mettentun point final au drame libyen, com-mencéen février.Premierbénéficiaire

decesévénements:OussamaJouili, commandant

Crimes et châtim eCrimes et châtim entsYOUSSEF AÏT AKDIM

L’arrestation de Seif el-Islam Kaddafi ouvre la voie auprocès de quarante-deux ans de dictature. Une perspectivequi n’est pas pour rassurer tous ceux – Occidentaux, Arabeset Africains – qui en ont été les complices et les bénéficiaires.

LIBYE

AP/SIPA

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Maghreb &Moyen-Orient

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D ans la nuit du 22 au 23 août,alors que Tripoli tombe,quartier par quartier, entreles mains des rebelles, on

annonce la capture de Seif el-IslamKaddafi. Voire sa mort. Mais voilà qu’ilapparaît devant les correspondants depresse rassemblés à l’hôtel Rixos, dansla banlieue de la capitale. Tee-shirt kaki,barbe touffue, il posedevant les caméras.Large sourire aux lèvres, il fait le signedela victoire : « Je suis là pour démentir lesmensonges. Kaddafi et toute la famillesont à Tripoli. » Trois mois plus tard,Kaddafi Jr ressurgit, drapé dans l’habitflottant des Touaregs, un turban autourde la tête, mais le regard fixe derrièreses fameuses lunettes sans cadre. Seifel-Islam, 39 ans, est prisonnier, mais

il fait le fier à borddu vieil Antonov quile conduit à Zintan,le 19 novembre. Lanuit précédente, lepiège des combat-tants de cette ville duDjebelNefoussa s’étaitrefermé sur lui. C’estsonguide,unTouareg,

qui l’aurait trahi, informant les rebellesde laprésencede « l’ingénieur »etde sonintention de fuir vers le Niger. Un guet-apens luiest tenduàquelquesdizainesdekilomètresà l’ouestd’Obari,uneoasisàéquidistancedel’Algérie et duNiger, dans leSud-Ouest libyen. Tirs desommation, vaine tentativedefuite, lacapturedesoccu-pants des deux 4x4 est presque un jeud’enfant.«Zayfel-Ahlam» (« l’illusiondesrêves »), le surnomque lui ont donné lesrévolutionnaires, tombedehaut. Cueilliaprès une course de quelquesmètres, iltentederuser:« Jem’appelleAbdessalem,jegardedeschameaux.»A-t-ilpeur?A-t-ilvu les images du lynchage de son père?En tout cas, il demande qu’on lui « colleune balle dans la tête ». Les rebelles luirefusent cette « faveur ». «Nous sommesles rats de Zintan, lui répondent-ils, etnous sommes venus te chercher. » Le

lendemain, sur la piste d’atterrissagede Zintan, il demande qu’on fasse placenette avant sadescenteduvieil Antonov.La foule cogne auxhublots et lemenace,mais Jouili veut montrer qu’il tient seshommes. Seif ne connaîtra pas lemêmesort que son père.

RÉFORMATEUR. Aîné des fils deMouammar et de sa deuxième épouse,Safia Farkash, « le glaive de l’islam » estné dans la clinique de Bab el-Aziziyaen 1972, trois ans après la révolution.Rapidement, il s’impose comme le pro-tégé deMouammar. Exit Mohamed, filsd’un premier mariage, Seif et sa sœur,Aïcha, grandissent dans l’ombre du« Guide », qui les choie. De toute la fra-trie, il est le plus politisé. Sans fonctiongouvernementale officielle, l’aîné duclan fait tout comme son père, adop-tant même son ton grandiloquent lorsde la présentation de ses tableaux dansles grandes capitales occidentales. Caril est aussi peintre.

En 1997, il prend les rênes de laFondation Kaddafi pour le développe-ment et labienfaisance.Ce sera le chevalde Troie de son ambition réformiste.Son credo : « Min Libya ath-ThawhraIla Libya ad-Dawla » (« la Libye, de larévolution à l’État »). Kaddafi père laissefaire son chouchou,mêmequand il veut

parfois aller trop vite dans son projet demodernisationàmarche forcée–baptiséLibyaAl-Ghad (« la Libye dedemain ») –d’un pays potentiellement riche maisarchaïque.Unproche résume ladivisiondu travail entre père et fils : « L’État, c’estMouammar, la société civile, c’est Seif. »La nomination de Chokri Ghanem, quifut son tuteur à Vienne, à la tête de laNational Oil Company (NOC), c’est lui.Celle de Mahmoud Jibril au ministèrede la Planification, c’est encore lui. Audépart, Libya Al-Ghad ne compte

m entschâtim ents « Nous sommes “les ratsde Zintan” et nous sommesvenus te chercher. »

Fin de partie pour« l’ingénieur »Trahi par un Touareg qui devait le faire passer au Niger, le fils aîné du« Guide » a été cueilli à Sebha, dans la nuit du 18 au 19 novembre.

ð L’Antonovà bord duquelse trouve leprisonnier aété littérale-ment ASSAILLI

PAR LA FOULE àson arrivée àZintan, le19 novembre.

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JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

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pas beaucoupde soutiens parmila clique qui entoure Kaddafi. Maisson influence s’étend, sous la tutelled’un homme: Abdallah Senoussi.

NÉGOCIATEUR.Depuis sonrôlemys-térieuxdansla libérationdesotagesdeJolo, en2000, Seif intrigue. En réalité,c’est RajabAzzarouk, ancienambas-sadeurauxPhilippines,quiadiscrète-mentnégociéavec les rebellesd’AbouSayyaf. Ils recevront des millions dedollars de la FondationKaddafi. Seifjurepourtantqu’aucunerançonn’aétéversée. Lemondedécouvreun jeuneplay-boy doué et souriant.Grande et belle gueule, il estle visage humain de Kaddafiet devient l’ambassadeur duretour deTripoli sur la scèneinternationale, après desdécennies debannissement.Un rôle de négociateur duren affaires, perfectionné aufil de ses études en Europe.À Vienne d’abord, il prépareunMBAdansunepetite uni-versité privée. Il est amateurde félins, pas seulement lescréatures de la nuit qu’ilaccroche à son tableau dechasse, à Vienne, à LondresouàSaint-Tropez.MaisParisrefuse le visa d’entrée à sesdeux tigres ; il n’ira pas à laSorbonne comme sa sœurAïcha.

Partout, Seif a des amis,surtout depuis qu’il a inté-gré la London School ofEconomics. Il y soutient unethèse de doctorat (sur le rôle de lasociétéciviledans ladémocratisationdes institutions de la gouvernanceglobale) et donnera même 1,5 mil-lion de livres à la prestigieuse écolelondonienne. En 2007, Seif lance unappel pour une Constitution démo-cratique. Rapidement, un comitédejuristes libyens et étrangers planchesur un texte… qui ne verra jamais lejour. Libya Al-Ghad se décline aussidans les médias : deux journaux etune télévision locale deviennent lelieuderalliementdes libéraux.Porte-parole officiel du régime, accréditépar les servicesde renseignementdeSenoussi, il négocie même avec lesislamistes.Confrontéàeuxdepuis lesannées 1990, Tripoli avait jusque-là

privilégié lamanière forte: torture, assas-sinats, détentions arbitraires. Seif prendlangue avec Ali Sallabi, un théologieninfluent, et obtient l’autocritique desislamistes les plus radicaux.Une renon-ciationpubliqueà la violencequiaboutit,en 2009, à la libération des djihadistes,dont Abdelhakim Belhaj.

Tirant parti de ses longs séjours enEurope, le fils du paria internationalfréquente la bonne sociétébritannique.Sa maison de Hampstead Garden esttrès courue, et des amis prestigieuxaffluent : les politologues BenjaminBarber et Anthony Giddens travaillent

pour lui. Seif a pour compagnons leprinceAndrew,Nathaniel deRothschild,PeterMandelson,ministre deTonyBlairavec qui il met les dernières touches,en 2009, à l’accord de libération « pourraisons humanitaires » d’Abdelbassetel-Megrahi – condamné àperpétuité enÉcossepour l’attentat contre unaviondelaPanAmen1988àLockerbie. Il est aussià la manœuvre sur l’autre dossier quiempoisonne les relations entre Tripoliet l’Occident : l’attentat contre unDC-10d’UTAen 1989. Le retour deMegrahi estun triomphe. Sur la passerelle de l’avionqui le rapatrie, Seif est tout sourire. Gilettraditionnel blanc, bonnet de laine, ilsigne un coup de com’ au moment oùses détracteurs soulignent l’ascensionde son frère Moatassim, directeur de

S ’ORIENTE-T-ONvers unprocèsde Seif el-Islam Kaddafi (etd’Abdallah Senoussi) en

Libye, par la justice libyenne, avecl’assistance technique et la garantiede laCour pénale internationale (CPI)?C’est une probabilité, et une proba-bilité souhaitable. Car un transfert àLa Haye des deux témoins et acteursles plus précieux du systèmeKaddafi,s’il serait dans la logique des obliga-tions de la résolution 1970 du Conseilde sécurité de l’ONU, poserait unévident problème de pédagogie etd’exemplarité. La compétence de laCPI en ce qui concerne ces deuxhommes est en effet limitée aux évé-nemen t s su r venus depu i sfévrier 2011 : c’est pour leur rôle lorsde la répression qu’elle les poursuitet qu’ils seront éventuellementcondamnés. Or, bien sûr, les Libyensmais aussi l’opinion internationalene souhaitent pas une telle restriction.Les premiers parce qu’ils veulent quel’un et l’autre, en particulier Senoussi,s’expliquent sur les quatre décenniesde dictature, dont la révolte de février,puis la guerre de libération, n’ont étéque l’épilogue. La seconde parcequ’elle attend des témoignages etdes révélations sur lesmultiples com-plicités européennes, américaines,arabes et africaines dont le régimea bénéficié, qu’il a largement rému-nérées et dont le fils et l’exécuteurdes basses œuvres de Kaddafi onteu connaissance – quand ils n’en ontpas été les agents. Il faut donc accor-der au nouveau gouvernement libyenformé le 22 novembre le crédit derespecter désormais l’intégrité phy-sique des détenus et de rompre avecla loi de Lynch. Et accepter la volontépopulaire de voir les anciensmaîtresjugés sur le lieu de leurs méfaits. Lafaçon, conforme aux règles interna-tionales, avec laquelle a jusqu’ici ététraité Seif el-Islam est à cet égard unsigne encourageant. ●

Quelle justice?

OOpiiniioonns&& ééddiiittooriauuxx

François Soudan

EN VÉRITÉ

AP/SIPA

� SEIF EL-ISLAM KADDAFI, habillé enTouareg,peu après sa capture.

● ● ●

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D ans les télégrammesdiplomatiques révé-lés par WikiLeaks,les Amé r ica ins

décrivent Abdallah Senoussicomme l’«hommeà tout faire »de Kaddafi, vivant dans la ter-reur du « Guide », chargé desaffaires courantes et mêmede ses rendez-vous médi-caux.Marié à la belle-sœur deMouammar, Senoussi, 62 ans,est doublement lié au régime.Par alliance et par le sang qu’ila fait couler depuis les années1980. L’homme a connu uneascension fulgurante aprèsavoir été introduit dans lepremier cercle du pouvoir parAbdessalem Jalloud. MembreduConseil decommandementde la révolution, ce dernier recrute desproches, prioritairement de sa tribu, lesMegraha. Parmi eux,AbdallahSenoussi,un lointain cousin. Né en 1949, le futurchef des renseignements est formé àl’Académie militaire du Caire. À la têtedes comités révolutionnaires, Jalloudmène la chasse aux « chiens errants »,nomdonnépar le régimeauxopposantsen exil. C’est làque le lieutenant-colonelSenoussi s’illustre. Brutal, n’hésitant pasà superviser directement les interroga-toires et séances de torture, il devientresponsabledesservicesdesécuritéexté-rieure et recrute à son tour un hommede sa tribu, Abdelbasset el-Megrahi, quiassumerapresque seul la responsabilitéde l’attentat contre l’avion de la Pan Amà Lockerbie au terme d’un feuilleton

judiciaire rocambolesque.Mais, en 1989, un an aprèsLockerbie, un autre avionexplose en plein vol. Le volUT 772 d’UTA se désintègreau-dessusduNiger.Reconnu

instigateur et cerveau de l’attentat,Senoussi est condamné, en 1999, à laréclusionàperpétuitépar lacourd’assisesspécialedeParis.À l’époque, lesobserva-teurs, etmême le jugeBruguière, notentunedéfenseerratique,commesiSenoussiacceptait par avancedepayer l’addition.

Recherché par la justice française, lenuméro deux officieux du régime libyenne peut plus voyager en Occident. Il estdéfinitivement lié à Kaddafi. C’est enLibyequ’il continueradesévir.Onditqu’ilsupervise la formationdu jeuneSeif, quipartage avec lui une partie des dossierspolitiques. L’opposition de façade entrelebonhéritier et leméchant apparatchikne tient pas la route. À chaque étapede la carrière de Seif, Senoussi est auxmanettes, l’orientantet le conseillant. Les

gouvernements valsent, lui reste.Toujours plus proche deKaddafi,il coiffe la Katiba, qui s’occupede la sécurité personnelle deMouammar.

EXPORTATION.En1996, les déte-nus de la prison d’Abou Salimdénoncent leur sort : mauvaistraitements, torture, détentionssans procès. Prétextant unemuti-nerie, Senoussi donne l’ordre detirer : 1200 prisonniers sont abat-tus. Toute la Libye est au courant,maispersonnen’ose riendire.Dix

ans plus tard, quand les étudiants deBenghazi se soulèvent en mémoire desmassacrés d’Abou Salim, il fait donnerla poudre, faisant aumoins treizemortsparmi les manifestants. La terreur a unnom: Abdallah Senoussi.

Mêmeprivé de sortie par la condam-nation française, l’homme exporte sonsavoir-faire. En 2004, leNewYork Timesrévèleuncomplotvisant leprincehéritiersaoudien, à l’époque Abdallah. Deuxhommes sont arrêtés, l’un en Égypte,l’autre aux États-Unis. Ils accusentSenoussi. Dans une de ses dernièresapparitions, à la télévision libyenne, enjuillet, il semet en scène avec depréten-dus terroristes islamistes. Par courtesphrases hachées, il se lance dans unehallucinante ouverture tactique. « Sil’Occident s’allie aux extrémistes d’Al-Qaïda,noussommesplusprochesencorede ceux-là. Al-Qaïda est présente enAlgérie, dans le Sahel et aujourd’hui enLibye, grâce à l’Otan. On s’entendraitbien, on parle la même langue. » ●

Senoussi, l’homme des basses œuvres

DARIO

LOPEZ

-MILLS

/AP/SIPA

�ABDALLAH

SENOUSSI, ancienpatron desservices desécuritéextérieure.

Attentats, assassinats, torture… Le nom de l’ex-numéro deux officieux libyen est synonyme de terreur.

la sécurité nationale, appuyé par lesfaucons du régime.

FIDÉLITÉ. Son procès, que les Libyensveulentorganiser sur leur sol, ne serapasune simple formalité. Seif devra s’expli-quer sur son rôle dans la répression dusoulèvementpopulairedeBenghazi. LuisMoreno-Ocampo, procureur de la Courpénale internationale (CPI), qui a émisdes mandats d’arrêt contre MouammarKaddafi, son fils et Abdallah Senoussi,est convaincu que les trois hommes ont

planifié l’étouffement de la contestationà Benghazi : « Seif el-Islam Kaddafi etAbdallahSenoussi ont superviséperson-nellement le recrutement, le transport etla logistique des mercenaires. » Seif n’adonc pas basculé lors de cette fameuseallocution télévisée du 20 février, où il

promettait « des rivières de sang » etmettait en garde contre la division de laLibye. «Nousneperdrons pas la Libye »,tonne-t-il, l’indexmenaçant. Improvisantpendantunebonnepartiedes trente-huitminutes du discours, Seif montre unvisage terrifiant. Celui, implacable, deson père. Encore aujourd’hui, de nom-breuxLibyensdisent leur stupeur, quandils entendent le réformateur promettrede « résister jusqu’au dernier homme,jusqu’à la dernière balle ». Car ce queSeif dit, Seif le fait. ●

Tirant parti de ses longsséjours en Europe,il fréquente la bonnesociété britannique.

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ONASSISTEAUJOURD’HUI, dans notrerégion, à une formidable accélérationde l’Histoire générée par le Printempsarabe, fruit d’une impressionnante

conjonction des aspirations d’une jeunessefrustrée en mal d’avenir, de l’impact de nou-veaux médias désormais sans frontières etdes atermoiements de régimes politiquesincapables d’apporter aux questions dumoment des réponses suffisantes, apaisanteset (re)structurantes. Des forteresses patiem-ment édifiées, des visions et des méthodesobsolètes, autoritaires et souvent rétrogradesse disloquent sous l’effet de cette déferlantepolitico-médiatique.

Le Maroc serait-il épargné? Ses acquis, sesanticipations, ses interactions opportunes aveccette revendication printanière, politique etsociale, seraient-ilsen passe de l’aider àréussir sa pacifiquemais très délicatemu ta t i on ? Sesmédias contribuent-ils positivement àcelle-ci?

Annoncée par la nouvelle Constitution dejuillet dernier, par les toutes proches électionslégislatives anticipées, par le climat de libertéet le sens de la mesure qui prévalent, globale-ment, dans l’organisation, l’encadrement et letraitementmédiatique des revendications, cettemutation semble sur la bonne voie.

Sur le plan audiovisuel, la libéralisationentamée dans les faits durant les années 1980se confirme en 2002 par la levée dumonopolede l’État et la création d’une autorité indépen-dante de régulation. Elle tient de la volontépolitique de changement que conduit le roi,depuis son intronisation en 1999, à travers lesgrands chantiers de réconciliation du Marocavec lui-même, tant aux niveaux politique,judiciaire, socioterritorial, identitaire, qu’auxniveaux des droits de l’homme et des médiasaudiovisuels. Tout en faisant l’objet d’unevéritable mutation, passant de la gestion auto-ritaire d’antan à l’apprentissage de la libertédans la responsabilité et du pluralisme, cesmédias sont perçus aussi comme acteurs dechangement au service de ces différents chan-tiers de réforme.

C’est dans ce sens que, enmatière de garantiedu pluralisme dans lesmédias audiovisuels enpériode électorale, la HauteAutorité de la com-munication audiovisuelle (Haca) avait déjàédicté la décision no 14-07 à l’occasion deslégislatives de 2007. Ce dispositif introduisaitde substantielles nouveautés qui continuent àêtre de mise, telles que le principe de l’équité/régularité d’accès ou la notion de « précam-pagne » électorale.

Selonun rapport de laHaca,désormais consti-tutionnellement chargéedegarantir le pluralismepolitique, linguistique et culturel, 21%du tempsde parole ont été occupés par la société civile,dont 11% pour lemouvement contestataire du20 Février, lors de la campagne référendaire dejuin dernier sur la nouvelle Constitution.

Par le biais d’une nouvelle décision, la Hacapeut aujourd’hui continuer à mettre un peuplus le citoyen au cœur de l’équation audio-visuelle, en modulant l’équité d’accès despartis par l’égalité de chances offertes auxprogrammes électoraux. La garantie de l’accèséquitable de tous les partis politiques à sixmédias audiovisuels publics et à onze médiasprivés durant les quarante-trois jours de lacampagne législative a permis à trente-cinqformations politiques, dont les trois boycottantles élections, de s’exprimer sur leurs positionset leurs programmes.

Mais, au-delà de ces considérations pratiques,la Haca, édifiée par son vécu institutionneld’acteur résolu de changement, s’est très tôtconvaincue que le pluralisme politique dansles médias ne se décrète pas. Il se construit.Les chemins vers la démocratie, la modernitéet la dignité ne sont pas rectilignes, pas plusqu’ils ne sont sécurisés ou prédéterminés. Ilssont tributaires de la mobilisation, de la matu-rité, de la patience et de la persévérance detoutes les parties en présence : autoritéspubliques, forces politiques, société civile,opérateurs économiques et bien évidemmentles médias, tous les médias. ●

AHMEDGHAZALI

Président de laHaute Autorité dela communicationaudiovisuelle(Haca) marocaine

TRIBUNE

L’audiovisuel marocain est unacteur résolu du changement

Constitutionnellement, la Haca estdésormais la garante du pluralisme

politique, linguistique et culturel.

Éd

JOEL

LEVA

SSORT

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«P endant quenous sommesplaceAl-Tahrirpourdéfendre

notre liberté, lesFrèresmusul-mansorganisentdesréunionsélectorales et accusent lesmanifestants d’être payéspour retarder le scrutin du28 novembre », déploreMustapha Fouad, cadre duMouvement du 6 avril. Laconfrérie a en effet choisi dese ranger du côté du Conseilsuprême des forces armées(CSFA)aumomentoù lepaysrenoue avec l’effervescencerévolutionnaire. Le Parti dela libertéetde la justice (PLJ),organe politique du mouve-ment islamiste, a ainsi refusédese joindreauxmanifestantsréclamant le départ des militaires quidirigent la transition politique du pays.

« La situation nécessite un retour aucalme et l’ouverture d’un dialogue. Plusle nombre de manifestants est élevé,plus il y aura des tensions », s’est jus-tifié le secrétaire général du PLJ, Saadal-Katatny, dont le parti a participé à laréuniondedialogueorganiséepar l’arméele 22 novembre.

Depuis lachutedeHosniMoubarak, le11 février, lesFrèresontboycottéplusieursmanifestations, traitantmêmeleursorga-nisateurs de « voyous ». C’est seulementlorsque leurs intérêts sont en jeuqu’ils se

dressent contre les généraux, s’opposantpar exemple, en juillet,àunepropositiondeloiquirisquaitdelimiterleurnombredesiègesauParlementà l’issuedesélections.

« Ils jouent le jeu duConseil suprême,car ilsveulent luiprouverqu’ilpeutcomp-ter sur la confrérie », expliqueAmmarAliHassan,écrivainetchercheurensciencespolitiquesetsociales.LesFrèresentendentainsi conforter leur influence sur la viepolitiqueégyptienneetobtenirdespostesimportants au sein du prochain gouver-nement de transition.

Mais une telle stratégie pourrait lesconduire à l’isolement. « Les gens se

rendent compte que rien n’achangé. Les électeurs pour-raient leur tenir rigueur des’êtrerangésducôtéduConseilsuprême », observe Hassan.

PAS DE CONSIGNES.Conscient du danger, lemouvement islamiste n’apas totalement abandonnéla place. Sa jeune garde estlà. «Nous sommesnombreuxplace Al-Tahrir, déclare Amr,un jeuneFrèreduquartier deGuizeh.Nousn’avonspasreçudeconsignes.Undirigeantdela confrériem’a appelé etm’ajustedemandéde faire atten-tion. »Unesituationqui laisseàpenserque la confrérie jouesur lesdeux tableaux.D’autresyvoientdesdivisions internes,Mohamedal-Beltaguy, cadreduPLJ, ayantannoncéque lesFrères rejoindraient les rangsdes dissidents.

Toujours est-il que lemou-vement reste persuadé queles élections du 28novembresont la seule issue à la crise.«Depuis février, nous disonsque le Conseil suprêmedoit

partir. Mais qui peut le remplacer ?Personne ! Il faut que les élections aientlieu pour qu’un Parlement élu prennela place de l’armée, qui ne s’occuperaplus de politique », martèle Medhatal-Haddad, responsable de la confrérieà Alexandrie.

Mais le CSFA ne semble pas près dequitter la scènepolitique: jusqu’à la pré-sidentielle, à lami-2012, il gardeundroitde regard sur tout ce qui se décide. Danslemême temps, la contestationne faiblitpas. Les Frères auraient-ils misé sur lemauvais cheval? ●

TONY GAMAL GABRIEL

ÉGYPTE

Les Frères, les généraux et la ruePragmatique, voirecynique, la confrériea choisi d’apporterson soutien auxmilitaires, confrontés àun puissant mouvementde contestation.

AUDEOSN

OWYCZ

� Malgré la position de leur direction, de jeunes militantsdu mouvement SE SONT RALLIÉS AUX MANIFESTANTS. Double jeu?

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U n document historique, à unmoment historique. Rendupublic le 11novembre, le rap-port de laCommissionnatio-

nale d’investigation sur les affaires decorruption et demalversation (CNICM)n’a pas dévié, malgré quelques lacunes,de l’engagement pris par sesmembres ily a neufmois : «Chercher la vérité, sansvindicte ni complaisance. » « Il est avéréque l’ancien président de la Républiqueet ses proches ont accaparé les secteurssensiblesde l’économie,écrivent-ils.Pourcela, l’ancien chef de l’État a confisquéle pouvoir de décision qui revient auxministres et aux divers responsables.Les responsabilités se situent à tous lesniveaux, duhautde lapyramidedupou-voir jusqu’enbas. […]Et lacorruptions’estrépandue dans les divers domaines et àtous les niveaux [de l’État]. »

Les rapporteurs ont ainsi déblayé leterrain, avant que la justice instruise lestrois cents dossiers qui lui ont été remis,la moitié impliquant des membres del’ex-clanprésidentiel. Lediagnostic de laCNICM constitue aussi une importantecontribution aux travauxde l’Assembléeconstituante nouvellement élue qui ont

démarré le 22 novembre, la nouvelleConstitution que celle-ci est chargée derédiger devant marquer la vraie ruptureavec l’ère Ben Ali.

Pour mener à bien leur mission, lesexperts indépendants de la CNICM onteffectuédes perquisitions dans les palaisprésidentiels,mettant lamainsurunepar-tiedesdocumentsetarchivesquis’y trou-vaient.CarsiBenAlin’apaseuletempsdefairedisparaître lesdossierscompromettants, ses colla-borateursontdisposédeplu-sieurs jourspour«nettoyer»leursbureaux, ycomprisaupalais de Carthage.Mais cequ’ils ont laissé derrière eux constituetout demême unemine d’informations.Ben Ali communiquait en effet avec sesconseillers par desmémosqu’il annotaitlui-mêmepourdire oui ounon,modifierdeschiffresoufairedescommentaires.À lalumièredesexemplesdecasdecorruptioncités dans le rapport, il faut se rendre àl’évidence: l’ex-raïs décidait de tout danstous les dossiers.

Certaines interventions du Palaisparaissent cocasses pour un chef d’État :réorientation d’un bachelier fils de

ministre,autorisationd’exploitationd’unecarrière, attribution d’une licence deventedeboissonsalcoolisées.Mais, dansles deux derniers cas – le rapport ne lesoulignepas–, l’enjeuestplus important.Les carrières, c’est parce que BelhassenTrabelsi, le frère de l’ex-première dame,Leïla, s’était lancédans leciment.L’alcool,c’était pour mieux contrôler unmarchépresquemonopolisépar lesmembresdesfamilles Ben Ali et Trabelsi, principauxintermédiaires sur tout le territoire.À luiseul, Imed Trabelsi, le neveu de Leïla,assurait au moins 20 % des ventes debière dans le pays.

Comme pour l’alcool, les dossiers decorruption les plus explosifs sont le plussouvent en relationavec lespropres inté-rêts deBenAli, de sa familleélargie (plusd’unecentained’adultes)etdesesalliéset

protégés. Lesaffaires lesplus juteusesontété réalisées lors deprivatisations, oudel’attributiondeconcessionsetdemarchéspublics,ouencoreà traversdesopérationsfinancières, bancaires et immobilières.

PRIVATISATIONS. Dans les privatisa-tions, l’intérêt du Trésor public n’a querarement été pris en compte. Les pro-cédures étaient menées de manière àpermettre aux membres du clan et àcertainshommesd’affairesd’acquérirdesentreprises à des prix dérisoires, quitteà faire pression sur certains concurrentspour qu’ils se retirent.

Le clan avait par exemple fait mainbasse sur le secteur automobile.Belhassen Trabelsi s’était emparé dela concession Ford représentée par lasociété Autotractor, liquidée par BenAli, qui avait mis le fabricant américaindevant le fait accompli. Ennakl, conces-sionnaire de Volkswagen, était dans lacorbeille de mariage de Nesrine BenAli, la fille de l’ex-président. Son époux,Sakhr el-Materi, a pu l’acquérir à l’issued’une parodie de privatisation pour unprix fixé par l’acheteur à 22 millions dedinars (11 millions d’euros). Halima,la fille cadette de Ben Ali, a apporté lasociété Stafim (Peugeot Tunisie) dansson panier de fiançailles avec MehdiBelgaied, qui s’est retrouvéà la têted’uneentreprise dont les actionnaires publics

CLAN BEN ALI

Vol en bande organiséeRendu public le 11 novembre, le rapport de la commission d’enquêtetunisienne sur la corruption dresse une longue liste d’affairesimpliquant l’ex-pouvoir. Et tente de démonter les rouages d’unsystème d’enrichissement familial à grande échelle.

ILS SONT PLUS D’UNE DOUZAINE de spécialistes multidisciplinaires à avoirabandonné leurs activités pour enquêter pendant neuf mois sur lacorruption sous le règne de BenAli, avec pour mission d’identifier lesrouages d’un système de prédation bien rodé. À leur tête, Abdelfattah Amor,

68 ans, professeur en droit public et ancien présidentdu Comité des droits de l’homme de l’ONU. Lorsqu’ila été désigné pour diriger la Commission nationaled’investigation sur les affaires de corruption et demalversation (CNICM), certains lui ont reprochéd’avoir été décoré par Ben Ali pour son rôle au seindu système onusien, jusqu’au jour où ils l’ont vuétaler devant les caméras de télévision le trésor del’ex-couple présidentiel dissimulé dans le palais privéde Sidi Bou Saïd. La même équipe a pris ensuitel’initiative d’aller exhumer la mine d’informations

contenues dans les archives du palais de Carthage. Sans ces documents, onn’aurait probablement jamais pu confondre – et traduire en justice – lesmembres du clan de BenAli. ● AZ.B.

ABDELFATTAH AMOR, MR. PROPRE

ONSABID

Ennakl, concessionnaire deVolkswagen, était dans lacorbeille de mariage de Nesrine.

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ont été forcés de vendre leurs parts àun prix fixé d’avance et sur instructionexpresse de la présidence.

Materi a par ailleurs acquis les 17 %détenus par Tunisair et une banque ita-liennedans lecapitalde laBanqueduSudjuste avant sa privatisation et son acqui-sitionpar le tandemAttijari-Santander. Ilavait payé l’action 5,6 dinars avant de lacéder à 9dinars.MohamedBenAli, der-nier-nédeLeïlaâgéde6ans, etBelhassenTrabelsi ont acquis 11,6 % de l’Unioninternationale de banques (UIB) queTunisair leur a cédés en 2009, sur ordre

de Ben Ali, à un cours inférieur à celuide la Bourse. Ces parts sont revenduesmoinsd’unmois plus tard, permettant àla famille de dégager un bénéfice net de6,7 millions de dinars, autant en moinspour le Trésor public.

MARCHÉS PUBLICS ET CONCESSIONS.Contrairement aux dispositions légalesqui luidonnentunpouvoirdedécisionendernierressort, laCommissionsupérieuredes marchés publics en était réduite àexaminer les dossiers et à rédiger unprocès-verbal, lequel était soumis àBen

Ali, qui décidait, dans denombreux cas,d’allouer le marché à qui il voulait.

L’un des marchés les plus scandaleuxest celui de la construction à Tunis de laCité de la culture (49000 m2 couverts),une opération de prestige ordonnée parl’ex-raïs. L’appel d’offres, lancé en 2005,est remporté par la compagnie chinoiseComplant. Mais Ben Ali passe outre ladécisionde laCommissionsupérieureetoctroie le marché àGeosan, une sociététchèque,arrivéedeuxièmeavecuncoûtde70millionsdedinars.Les travaux,engagésen juin 2006, devaient s’achever en juil-let 2008.Malgré trois avenants portant lecoûtà74millionsdedinarset luidonnantdesdélaissupplémentaires, lechantierestencoreouvert.LaCNICMasaisi la justice.

Une autre affaire de marché publicimpliquant le consortium Pizzorno-Sovatram, et où apparaît le nom d’unex-ministre françaisde laDéfensedésignépar les initiales F. L. [le seul ayant cesinitiales est François Léotard, action-naire de Pizzorno, NDLR], est citée parla CNICM. Pizzorno s’est vu octroyeren 2008 un contrat pour la gestion dela décharge de Jebel Chakir, au sud deTunis, alors que sonoffre, 34millions dedinars, arrivée troisième,était supérieureà l’offre adjudicataire (28 millions) pré-sentéeparunconsortium tuniso-italien.Selon la CNICM, Pizzorno a décroché lecontrat sur ordre de Ben Ali, qui consi-dérait le consortiumcomme «unamidelaTunisie ». « Il apparaît, écrit laCNICM,que F. L. a usé de sa notoriété et de sesrelations avec les responsables tunisienspour s’octroyer un avantage injustifiéportant atteinte aux intérêts de l’État. »L’affaire de la décharge, dans laquelle lenom d’un ancienministre de l’Environ-nement est également cité, est devant lajustice depuis juin 2011.

FINANCE ET BANQUES. « Les institu-tions financières et la Banque centralede Tunisie (BCT) étaient mobilisées auservicedes intérêts économiques appar-tenantàdesmembresde la familledeBenAli et à ses proches », souligne le rapportde la CNICM.Deux grands thèmes sontévoqués. Le premier est le recours àuneloi de 1995 pour obtenir des banquesqu’elles rééchelonnent et/ou effacentles dettes des entreprises présuméesen difficulté, ce qui a le plus souventprofité à des sociétés appartenant auclan Ben Ali. Les exemples cités par laCNICMévoquentnotamment le fils d’un

ONSABID

POURJ.A.

� L’un des plus gros scandales : le chantier de LA CITÉ DE LA CULTURE, àTunis,à ce jour inachevé.

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

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ancien secrétaire-conseiller de l’ex-raïs,du groupe Inesfood, et la société AlphaInternational de Belhassen Trabelsi àproposd’impayés s’élevantà130millionsdedinars. Le second thèmeest ce que laCNICM appelle la «mauvaise gestion »au seindeplusieurs banques de la placenommément citées qui accordaient auxmembres du clan Ben Ali et à ses amisdes crédits sans garanties suffisantes etaudétriment de l’intérêt de leurs action-naires. Le total des encours de la dettedesmembres du clan Ben Ali auprès dela seuleBanquenationaleagricole (BNA)avait atteint 323 millions de dinars.

La CNICM, estimant sans doute quecela relevaitd’autresorganismesde l’État,achoisidenepasévoquer les transactionsqui ont eu lieu ces dernières années surles actions de l’Union internationale debanques (UIB) et la Banque de Tunisie,dont Belhassen Trabelsi avait pris lecontrôle avecdes complicités remontantjusqu’aupalaisdeCarthage.Pourlamêmeraison, la CNICM ne s’est pas non plussaisieducasdes introductions sur lepre-miermarchéde laBoursedes actionsdeCarthageCement,deBelhassenTrabelsi,et d’Ennakl, de Sakhr el-Materi, réali-sées enviolationdes règles élémentairesdu marché financier. Ces introductionsavaient été approuvées par le Conseildu marché financier (CMF), alors que,dans les salons de Tunis, on criait au« casse du siècle ». Les transactions surles banques et les accommodementsdumarché financier sont-ils encore dessujets tabous sur lesquels l’opacité doitêtremaintenue, ou s’agit-il seulementdelaisser les poursuites judiciaires suivreleur cours dans la discrétion?

IMMOBILIER.Lesplus «grosses »affairescitées par la CNICMsont celles réaliséesparBenAli lui-même,quiaarnaquépource faire l’armée tunisienne, ainsi quequelques-unes des opérations immobi-lièresmenéesparLeïlaetSakhrel-Materi.Entre 1991 et 1993, Ben Ali a acquis endeux lots undomainede l’État affecté auministère de laDéfense d’une superficiede 8812 m2 et situé sur la colline de SidiBouSaïdavecvuepanoramiquesurlegolfedeTunis.Prixd’achat: 100000dinars, soitunpeuplus…de11dinars (5,50euros) lemètrecarré.Pis:BenAliaexigédel’arméequ’elle prélève sur son budget 4millionsde dinars pour financer l’aménagementde la collineet ybâtir unecliniqueprivéepour lui et sa famille. Il s’est ensuite fait

Entre autres entreprises dansle collimateur de la commission,les opérateurs télécoms du paysauraient bénéficié de largessesde la part de l’ex-raïs à la faveurde la privatisation ou del’attribution des licences. Détaildes entourloupes présidentiellesàTunisieTélécom (TT) et à Orange.

Lors de la cessionde 35 % del’opérateurnationalTT via unappel d’offres

remporté par l’émiratiTecom-Dig,il est apparu que ce dernier n’avaitpas les qualifications pour être un« partenaire stratégique » et que,lors des négociations finales, BenAli avait écrit « Vu et à classer »sur une lettre de FranceTélécomcontenant une meilleure offre.

Orange a remportéla licence 3G fixeet mobile parceque l’une des fillesde Ben Ali, Cyrine

épouse Mabrouk, détenait 51 %d’OrangeTunisie.

Privatisationstéléphonées

construire un palais, à cinq minutes envoituredupalaisprésidentieldeCarthage.Après sa fuite, leministère de laDéfensea porté plainte et demande réparationspour lesdépensesengagées. Leïla, quantàelle, s’est offert unpalaisàlamarinadeHammametsurunterrainde3500m2acquis«presquegratuitement », eta fait régler les factures duchantier par la présidence.

Depuis 2006, Materi et son épouseNesrine ont acquis pas moins de neufterrains totalisantunecentained’hectaresà un prix moyen inférieur à 50 dinars lemètre carré, unmontant dérisoire com-paré à celui du marché pour de telleszones résidentielles.

COPAINS ET COQUINS. Là où l’on avaitinstitué des quotas d’importation oud’exportation – leur domaine de prédi-lection –, c’est BenAli qui fixait la part dechaquebénéficiaire.Ainsidel’importation

automobile,oùBelhassenTrabelsi, Sakhrel-Materi et Mehdi Belgaied tenaient lehaut du pavé. Ainsi des exportations deciment (vers la Libye). Il y avait aussi letransportdeshydrocarbures,devenuune

renteparmid’autres, ou les importationsdeproduits asiatiques, chasse gardéeduclan, aveccommeténorMoncefTrabelsi,pourqui lesambassadeursenpostedansces pays semettaient en quatre.

LECOÛTPOURL’ÉCONOMIE.Rongéeparune telle gangrène, qui n’a pas non plusépargné la justice, la fiscalitéet lesservicesdesdouanes, l’économie a énormémentsouffert. Beaucoup d’argent sortait ducircuit économique, soit pour être placéà l’étranger, soit pour être thésaurisé enTunisie. Les fuitesde capitauxendevisessontestiméespardes sourcesbancairesà10milliardsd’euros.Quantà la thésauri-sation, l’exemple visible est le trésor saisiaupalais deSidiBouSaïd: 42millionsdedinars en billets, une quantité énormede bijoux en or et des pièces précieusesd’une valeur inestimable.

Il y avait bien une fuite de capitauxorganisée, notamment en direction despays du Golfe. L’argent était placé souscouvert de fonds d’investissement etrevenait parfois enTunisie sous la formed’investissementsdirectsétrangers (IDE)pour repartir avec des plus-values nontaxées. Selon nos sources, Ben Ali avaitquatre ou cinq fonds d’investissement àl’étranger. La CNICM a pour sa part mislamain dans son bureau sur des relevésd’un compte bancaire numéroté dansune banque du Moyen-Orient avec undépôt de 27millions de dollars.

Le coût d’une corruption d’une telleampleur est estimé par la Banquemon-diale à près de 2 % du PIB annuel, soit,pour la Tunisie, 1,2 milliard de dinarspar an, ce qui fait 24 milliards en vingtans. Ajouté à ce qui est volé, qui est dumêmeordredegrandeur, cela fait au total48milliardsdedinarsdemanqueàgagnerdurant le règne de Ben Ali. En outre, unpoint de croissance représentant 15000emploisparan, 600000emploisont ainsiétéperdus.Or il yaaujourd’huienTunisiequelque 700000 chômeurs… ●

ABDELAZIZ BARROUHI, à Tunis

Un domaine de l’État sur leshauteurs de Sidi Bou Saïd acquispour… 5,50 euros le mètre carré.

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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V ahid Halilhodzic, 59 ans, vapasser son temps entre Lille,où il possède une maison,et Alger, où il va partager un

logement avec Cyril Moine, le prépara-teur physique français des Fennecs. « Jen’ai encore pas vu grand-chose d’Alger,hormis le centre d’entraînement de SidiMoussa [à une trentaine de kilomètresde la capitale, NDLR], les stades et l’hô-tel. Mais je vais prendre mes marques,voyager dans le pays, pour assister àdesmatchs et voir qui pourrait renforcer lasélection. J’ai l’impression que l’Algérieest un pays en plein développement.On construit beaucoup, ici. » L’ancienbuteur duVelezMostar, deNantes et duPSG, ancien international yougoslavenéenBosnie-Herzégovine, a entraînéplu-sieurséquipes françaises (Beauvais, Lille,Rennes, le PSG) avec un certain succès,mais aussi le Raja Casablanca, avec quiil a remporté la Ligue des champions dela CAF 1997 et deux titres de championdu Maroc (1997 et 1998). « En Algérie,les gens sont passionnés, fiers, parfoisexcessifs. Beaucoup ont des difficultésquotidiennes, et le foot prendbeaucoup

d’importance. La passion contribue à lamotivation, cela ne me fait pas peur »,assure le Franco-Bosnien.

Marquépar la fin douloureuse de sonhistoire ivoirienneen février 2010, VahidHalilhodzicsemblaitavoirdéfinitivementtourné la page africaine. Mais le projetalgérien et l’insistance de MohamedRaouraoua, le président de la fédération,l’ont convaincu de replonger.

JEUNE AFRIQUE: Après votre évictionde la sélection ivoirienne, en 2010, toutlaissait supposer qu’onne vous y repren-drait plus…

VAHID HALILHODZIC : C’est vrai quece qui s’est passé en Côte d’Ivoire m’afaitmal. J’en ai étémaladependant troismois. On m’a viré par un simple fax,après une défaite [2-3] contre l’Algérielors de la phase finale de la CAN 2010,en Angola. Mais cela ne venait pas deJacques Anouma, alors président de lafédération ivoirienne. Cela venait d’enhaut !

L’Afrique, c’était terminé pour vous?Je ne pensais plus entraîner un jour

en Afrique. En septembre 2010, après ladémissiondeRabahSaadane,MohamedRaouraouam’avait fait uneoffre. Il paraîtqu’Anouma lui avait dit du bien demoi.J’avais refusé, d’autant que j’étais souscontrat au Dinamo Zagreb [Croatie].Mais on s’était dit qu’un jour on pour-rait travailler ensemble. En juin 2011,

quand l’ancien sélectionneur [AbdelhakBenchikha] a démissionné après unedéfaite [0-4] auMaroc, ilm’a recontacté.Je l’ai rencontré à Paris, on a discuté…

Quelsontété lesargumentsdeMohamedRaouraoua?

C’est un rassembleur et un réaliste. Ilnem’apasdemandédequalifier l’équipepour laphase finalede laCouped’Afriquedes nations [CAN] 2012, car la situationcomptable était alors très compliquée.Il m’a parlé de la CAN 2013, duMondial2014. Trois ans, c’est une durée raison-nable pour travailler. Avant d’accepter,j’ai consultédes amis, regardéquelquesmatchsde l’Algérie enDVD.LeprésidentRaouraoua est lucide, il sait commemoiqu’il y aunebonnedizained’équipesquisont supérieures à l’Algérie en Afrique,et autant qui sont de son niveau. Il nefaut pas se mentir, l’Algérie ne fait pluspartie desmeilleures. Cette décisionn’apas été facile à prendre.

Pourquoi l’avoir prise, alors que vousaviez d’autres propositions, notammenten France?

EnFrance,mais aussi enAfrique.Celadoit êtremondestin d’entraîner souvent

Vahid Halilhodzic « Les Fennecsne font plus partie des meilleurs »Marqué par la fin douloureusede son aventure ivoirienne,le coach franco-bosnien afini par accepter le poste desélectionneur de l’équipenationale algérienne de football.Avec une feuille de route claire.

CORINNEDUBREIOL/PRES

SESP

ORTS

Onm’a viré par un simple fax aprèsune défaite à la CAN. Cela venait d’en haut!

� « Ah, le débat sur les quotas en France! Mais ce n’est pas une maladresse.C’est DU RACISME PUR ET DUR ! »

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

Maghreb Moyen-Orient 59

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YÉMENMIEUX VAUTTARDQUE JAMAIS

Ali Abdallah Saleh a finipar signer, le23 novembre, à Riyad,l’accord de transitionproposé par le Conseil decoopération du Golfe(CCG) et déjà paraphé parl’opposition. Le texteprévoit le départ duprésident yéménite enéchange de l’immunitépour lui-même et sesproches. Il sera remplacépar son vice-président,

Abd Rabbo MansourHadi, pour un intérim dedeux ans avant la tenued’élections générales.

ARABIE SAOUDITEQATIF LA REBELLE

La dispersion par lapolice saoudienne d’unrassemblement dans laprovince orientale deQatif a fait, le21 novembre, un mort etplusieurs blessés parballes. Les manifestantsprotestaient contre lamort d’un jeune homme,

abattu la veille par lesforces de l’ordre à uncheck-point.Majoritairement peupléede chiites, qui seplaignent dediscriminations, cetteprovince pétrolière est laseule du royaume où lePrintemps arabe a eu unécho durable.

IRANDISSUASIONÉCONOMIQUE

Le 21 novembre, lesÉtats-Unis, le Canada et

le Royaume-Uni ontannoncé de nouvellessanctions financièreset commerciales contrel’Iran, après que ledernier rapport de l’AIEAa révélé la possibleexistence d’unprogramme militairenucléaire clandestin. Lemême jour, le présidentfrançais, Nicolas Sarkozy,a appelé ses partenairesoccidentaux à gelerles avoirs de la banquecentrale iranienneet à suspendreles achats de pétrole.

Coulisses

des équipes qui doutent. Je dois avoirune étiquette. Croyez-moi, je préfère lessituations plus tranquilles. Je ne suis pasmaso.Mais leprojet algérienest excitant.Difficile, mais excitant.

Vous avez depuis une réputation d’en-traîneur dur, exigeant…

[Il coupe.] Militaire aussi ! Et ça, jene le supporte pas ! Je déteste qu’onme traite de militaire. Pourquoi ? Parceque je viens de l’est de l’Europe? Maisc’est nul de penser cela. Je n’aime pasbeaucoup tout ce qui est militaire. La

guerre, je l’ai connuedansmonpays, enBosnie-Herzégovine, et qu’onme traitede militaire, c’est… une provocation !Seulement, en France, on préfère lesentraîneurs dociles. Des moutons !

Mais vous aimez la discipline, non? Cen’est pas une tare…

Mais il en faut dans la vie d’ungroupe.Pour la sélection algérienne, il y avait unrèglement intérieur, mais il n’était pasappliqué.Moi, je veuxqu’il le soit, riendeplus. Pourmonpremier rassemblementàMarcoussis [France] avec l’Algérie, enaoût, Ryad Boudebouz [Sochaux] n’estpas venu faire constater sa blessure. Ettrois jours plus tard, il jouait avec son

club. Je ne l’ai donc pas sélectionné enTanzanie [1-1, le 3 septembre] et contrela Centrafrique. Quand j’entraînais laCôte d’Ivoire, un joueur avait prétextéune panne de réveil pour expliquer sonabsence. Eh bien, il a dormi six mois,la durée de la période où je ne l’ai pasappelé en sélection.

Beaucoup de cadres de la sélectionalgérienne (Bougherra, Ziani, Belhadj,Yahia,Meghni) ont choisi de s’exiler auQatar ou enArabie saoudite, et il paraîtque cela vous contrarie…

[Il soupire.] Il faut accepter ces choix.On leur propose deux ou trois fois lesalaire qu’ils touchent en Europe. Tantqu’ils sont performants, celanemeposepas de problème. En Tanzanie, certainsétaient cuits physiquement. Ce n’étaitpas seulementen raisonduramadan.Unjoueur, c’est avec son club qu’il travaillephysiquement. S’il arrive en sélection etqu’il n’est pas prêt, il ne joue pas.

Avez-vous remarqué que l’Algérie mar-quait très peu de buts?

Ah oui ! J’ai vu des DVD où l’équipene faisait pas plus de deux cents passesdans le match. Lorient, en France, c’estsix cents. EnTanzanie, onena fait quatre

cents. C’estmieux,mais ondoit progres-ser. Je veux quemon équipe prenne desrisques, qu’elle marque des buts. J’aienvie de révolutionner son jeu. L’Algériea de bons joueurs. Pas de grandes stars,mais de bons joueurs. On peut faire dubon travail. J’ai assistéàplusieursmatchsduchampionnat. Et j’ai l’impressionquebeaucoupjouentcontrenature,parcequeles entraîneurs saventqu’ils peuventêtrevirés n’importe quand, et ils hésitent àfaire prendre des risques à leur équipe.

Vous comptez visiblement récupérercertains binationaux…

[Il s’emporte.] Ah, le débat sur les quo-tasenFrance!Maiscen’estpasunemala-dresse, c’est du racisme pur et dur. Labinationalité, aujourd’hui, c’est presqueune règle de société. Alors oui, si je peuxconvaincrecertainsjoueursquipossèdentla double nationalité franco-algériennede jouer pour les Fennecs, je ne vaispas me priver. J’ai une liste de trois ouquatre joueurs. [Halilhodzic penseraitnotamment à Yacine Brahimi, le milieude terrain de Rennes.]

Il paraît que vous avez fait le ramadan,alors que vous n’êtes pas pratiquant…

Oui, c’est exact, je l’ai fait avec monadjoint [Cyril Moine], par solidarité

avec les joueurs qui le faisaient. Je n’aipas voulu en parler, parce que cela estune démarche personnelle. Je ne l’ai

pas fait pour me faire bien voir. ●Propos recueillis à Lille par ALEXIS BILLEBAULT

J’ai fait le ramadan avecmon adjoint.Par solidarité avec les joueurs qui le faisaient.

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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Le rejet duParti socialisteouvrier espa-gnol (PSOE) de José Luis Zapatero etde sa politique d’austérité, qui n’a puépargner aux Espagnols un taux dechômage de 21,5%, a dépassé toutesles prévisions. La droite s’adjuge la

majorité absolue des sièges au Parlement (186sur 350), tandis que les socialistes plongent àdes profondeurs jusqu’ici inexplorées : de 169à 110 sièges. Comme l’a reconnu Alfredo PérezRubalcaba, leur chef de file depuis que Zapatero

Raz-de-marée dansRaz-de-marée danslele brouillardbrouillard

ALAIN FAUJAS

Lors des élections législatives du 20 novembre, le Parti populaire a remporté la majorité absoluedes sièges aux Cortes. Une victoire sans bavure. Sera-t-elle sans lendemain?

ESPAGNE

JUAN

MED

INA/R

EUTE

RS

� MARIANO RAJOY ET SON ÉPOUSE (à sa dr.) après la proclamation des résultats, le 20 novembre.

a décidé de se retirer, « nous avons clairementperdu ». C’est un euphémisme. En réalité, lePSOE vient d’encaisser une gifle retentissante.Depuis le dernier scrutin (en 2008), il a laissés’envoler quelque 4,3 millions de voix. Le Partipopulaire (PP) en a gagné 500 000, et le reste estallé à une kyrielle de petits partis : treize d’entreeux siègent désormais aux Cortes.

D’emblée, les observateurs étrangers se sontdéclarés plutôt satisfaits de cettemajorité écra-sante qui donne à Mariano Rajoy les coudées

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rassurer lesmarchés. Eh bien, pas du tout : Rajoys’est refusé à évoquer sa politique économique

avant son investiture. Tout juste a-t-il faitsavoir qu’il avait téléphoné à la chan-celière allemande pour lui demanderque l’Europe aide les paysméritantsà résister aux attaques de la spécu-lation. C’est maigre.

Le flou est tel que les marchésfinanciers ne lui ont même pas

accordé « la demi-heure »de répit qu’ilréclamait afin de trouver lemoyend’éco-

nomiser les 30milliards d’euros nécessairesà la réduction du déficit, conformément auxpromesses faites à Bruxelles et au FMI. Dès lelendemain de sa victoire, la Bourse deMadrid achuté, tandis que les taux des emprunts àdix anss’envolaient à des niveaux jugés insoutenables.

Comme les anciens Premiers ministres grecet italien, Mariano Rajoy ne semble pas avoircompris l’exigence de transparence et la peurdes investisseurs. Comme eux, il prétend impo-ser un tempo politique, alors que les décisionsfinancières se prennent à la nanoseconde. Si unepanique financière résultait de cette tempori-sation, il serait dans l’impossibilité de releverles trois redoutables défis auxquels l’Espagneest confrontée.

AVECQUELARGENT?Lenouveaugouvernementdevra d’abord remettre d’aplombune économiemise àmal par la folle expansionde l’immobilierentre 1995 et 2005.Dans unpremier temps, cettefrénésie avait enrichi les Espagnols avant de lesprécipiter dans l’endettement et lamisère : 20%d’entre eux vivent aujourd’hui sous le seuil depauvreté. Redonner du pouvoir d’achat supposeune reprise de la croissance après la récession.Comment ?

Il sera ensuite indispensable d’achever l’assai-nissement du système bancaire, sinistré parl’éclatement de la bulle immobilière et l’incapa-cité desménages à rembourser leurs emprunts.Avec quel argent ?

Enfin, Rajoy n’atteindra pas son objectif deramener le déficit public à 3%du PIB en 2013 siles collectivités locales continuent leursdépensesexcessives. De leur fait, le déficit budgétaire nesera pas cette année de 6% comme prévu,maisd’au moins 8 %. Qui leur fera entendre raison ?

Si aucundiscoursmobilisateur n’accompagnele tour de vis qui s’annonce, « Los indignados »pourraient bientôt reprendre du service à laPuerta del Sol, àMadrid… ●

franchespourappliquer leprogrammede « chan-gement » annoncé pendant la campagne etréclamé par les marchés. Au lendemain de savictoire, ce catholique taiseux, supporteur duReal Madrid, amateur de cigares et, selon cer-tains, passablement indécis, n’a pas faitdans le triomphalisme : « Il n’y aura pasde miracle et la tâche ne va pas êtrefacile. »Devant la direction du PP, ila estimé que « la première chose àdire aux Espagnols c’est la vérité. Lasociété est suffisammentmûre pourêtre informée absolument de tout cequi se passe ».

UN MOIS D’ATTENTE. Le 22 novembre,on a appris que la mise en place desnouveaux députés et du nouveaugouvernement prendrait unmois enraison des délais constitutionnels àrespecter. Il faudra donc attendre le13 décembre pour la session constitu-tive du Parlement et le 21 décembre pourl’investiture de Rajoy commeprésident du gou-vernement. Celui-ci ne se réunira donc pasavant le 23 décembre.Quant au budget destiné àpratiquer denouvelles coupes dans les dépensespubliques, il sera adopté « au cours du premiersemestre2012 ». Paradoxe: ce seradoncZapatero,le vaincu, qui représentera son pays au sommeteuropéen du 8 décembre destiné − une fois deplus ! − à sauver l’euro.

On aurait pu penser que le vainqueur s’em-presserait de révéler les grandes lignes de sonprogramme et de fournir quelques indicationssur les personnalités appelées à entrer au gou-vernement. Histoire de montrer un cap et de

Rajoy demande aux marchésune demi-heure de répit.En pure perte.

LE MAROC DOIT-IL CRAINDRE le retour aux affaires du Partipopulaire (PP)? La droite espagnole s’est toujours montréeplus ferme que la gauche sur les dossiers qui fâchent : statutdu Sahara, Ceuta et Melilla… Mais, les sondages la donnantgagnante depuis près d’un an, le royaume s’est adapté.Dès mars, Ahmed Ould Souilem, son ambassadeur à Madrid,a rencontré Mariano Rajoy. En septembre, Nizar Baraka, leministre délégué auprès du Premier ministre, a même assistéà la convention du PP à Malaga. « L’Espagne connaît une crisesans précédent. Le nouveau parti au pouvoir se doit demaintenir une relation privilégiée avec un pays qui absorbe36 % des exportations et 75 % des investissements espagnolsen Afrique », commente l’universitaire Bernabé López García.

À Alger, José Luis Zapatero, jugé trop favorable au Maroc,laisse peu de regrets. On n’oublie pas que c’est sous JoséMaría Áznar que fut signé un accord d’amitié et decoopération entre les deux pays et que fut lancé le projetMedgaz, qui approvisionne l’Espagne en gaz. C’était en 2002,l’année où le Maroc et l’Espagne faillirent entrer en guerreau sujet de l’îlot Leïla (Perejil en espagnol)… ● LEÏLA SLIMANI

APPRÉCIATIONSMAGHRÉBINES CONTRASTÉES

L’Espagneaujourd’hui

21,5 %de la populationactive est au

chômage. Près dela moitié deschômeurs ont

moins de 25 ans

Le paysemprunte

sur dix ans àdes taux

d’intérêtsproches de 7 %(contre 1,8 % en

Allemagne)

1 Espagnolsur 5

vit sous le seuilde pauvreté

L’inflations’élève à

3 %

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Europe, Amériques, Asie62

Page 63: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

P our le magazine américainForbes, elle est « la femme laplus puissante dumonde ». Enjuin dernier, BarackObama lui

a remis la Médaille présidentielle de laliberté, la plus haute distinction civileaméricaine. Tout récemment, la crisede l’euro lui a permis d’imposer ses vuesà l’Europe entière. Bref, la chancelièreAngela Merkel occupe le devant de lascène internationale. Sur le plan écono-mique, sonbilanestpar ailleurs flatteur :bonnetenuedesexportations,croissanceprochede3%,chômageenbaisse,gestionexemplaire des déficits…

Paradoxe : elle n’en tire aucun profitsur le plan intérieur. Selon les dernierssondages, seuls 39%desAllemands sou-haitent qu’elle accomplisseun troisièmemandat. Pis, 46 % d’entre eux tirent unbilan négatif de sa gestion de la crise. Enaoût, ilsétaientmêmeune largemajoritéà douter de ses capacités à y faire face.

VOLTE-FACE. Tout avait pourtant biencommencé pour cette physicienne deformation, qui, à 51 ans, fut la plus jeunechancelièrede l’histoire. Tout au longdesonpremiermandat,sacotedepopularitésemaintint auzénith.À la têted’unecoa-lition droite-gauche, elle fit preuve d’unart consommé du compromis et profitades retombées des réformes engagéesparGerhardSchröder, sonprédécesseur.

Mais, depuis sonallianceavec les libé-rauxduFDP, sapolitiquedespetitspaset

ses volte-face à répétition agacent. « Sondoubleviragesur l’énergie[annonced’uneprolongationdunucléaire,puis,quelquesmoisplustard,desonarrêtdéfinitif,NDLR]restera comme le plus spectaculaire sla-lom de l’histoire politique allemande »,critique l’hebdomadaireFocus.Demême,pourménagerà la fois sesélecteurset sesamis duFDPopposés au sauvetage de laGrèce, elle a longtemps hésité à s’enga-ger dans la crise de l’euro, avant de s’yrésoudre par crainte d’un effondrementéconomique.Quelquesmoisplus tôt, sonrefus d’intervenir en Libye lui avait valude nombreuses critiques.

La vérité est que la chancelière estembarrasséepar sacoalitionavec leFDP,très eurosceptique et conservateur,mais

qu’ellen’apaslechoix:mêmesicepartiestaujourd’huienpleinedébandade, ellenepeutsepasserdesquelquespourcentqu’ilrecueille encore au niveau national. Elleest enoutre confrontéeàdesdissensionsau sein de son propre camp. Pour elle,l’année qui s’achève aura été électorale-mentdésastreuse: lorsde touteuneséried’élections régionales et locales, la CDU,sonparti, aperdudenombreux siègesauBundesrat (Conseil fédéral), quidoitêtreconsulté pour toutes les décisions.

Pourtenterderemonterlapente,Merkeltente d’engager une nouvelle politiquesociale : constructiondecrèches, instau-ration d’un salaire minimum, etc. Sonobjectif estdouble: regagner lesélecteursperduset lancerunappeldupiedendirec-tion des sociaux-démocrates (SPD) etdes Verts en vue d’une éventuelle futurecoalition. ●

GWÉNAËLLE DEBOUTTE, à Berlin

ALLEMAGNE

Le paradoxeMerkelTrès respectée sur la scèneinternationale, la chancelièrel’est de moins en moinsdans son pays : sa popularitéest en berne, et sa politiquesuscite un flot de critiques.

FABRIZIO

BEN

SCH/R

EUTE

RS

17 juillet 1954Naissanceà Hambourg,passesa jeunesseen Allemagnede l’Est

1990Entrée enpolitique

1991-1998Plusieurs foisministre

1998Prend la têtede la CDU

Depuis 2005Chancelière

� DEPUIS SON ALLIANCE AVEC LES LIBÉRAUX,RIEN NE VA PLUS : seuls 39 % desAllemands souhaitent qu’elleaccomplisse un troisième mandat.

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Europe, Amériques, Asie 63

Page 64: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

PARCOURS | D’ici et d’ailleurs

IL S’ÉTAIT POURTANT JURÉ de nejamais chercher à obtenir de diplôme,de ne jamais diriger un cabinet et dene jamais « faire dans le social ».

Promessesd’un jeunehommequi posaitun regard critique sur ses prédécesseurset leurs méthodes trop académiques.Assis à la table de réunionde son cabinetd’architectes au cœur de la capitale alle-mande, entouré de ses maquettes,Diébédo Francis Kéré sourit.Au bout ducompte, à 46 ans, architecte reconnu,enseignant à l’Université technique deBerlin, il a fini par avoir tout cela. Maisautrement, à sa manière.

Sa différence, elle s’impose dès satoute première réalisation, l’école deson village natal, Gando, au BurkinaFaso. Il en a eu l’idée pendant ses étudesd’architecture. Premier membre de safamille à étudier, il gardait le souvenirdes classes surchargées deTenkodogo,de la chaleur, de l’air vicié…« Je voulaistout changer, fairemieux », dit celui pourqui la règle qui doit présider à la concep-tiond’une école est celle de la ventilationnaturelle. Son idée?Conserver lesmaté-riaux traditionnels comme l’argile ou lapierre en lesmodifiant et en utilisant denouvelles techniques de compressionpour aboutir à un édifice durable. « Pourcela, je devais adapter un système quise fonde sur la haute technologie à cequi est faisable enAfrique, parfois sansélectricité et sans les savoir-faire néces-saires », détaille-t-il. Mais il faut aussicombattre les mauvaises habitudes.« Beaucouppensent que, comme l’écolevient du système français, il faut laconstruire en béton armé. Or non,l’Afrique ne doit pas copier l’Occidentmais faire avec ce qu’elle possède: dela terre, des gens et de l’enthousiasme! »Un choix lumineux. Lesmurs de l’école,bâtis enbriquesde terre rouge, absorbentla chaleur et permettent de réguler latempérature intérieure, tandis que le

toit est posé sur une armature d’acierfavorisant une bonne circulation de l’air.Une création originale qui a valu à Kéréde nombreux prix internationaux. «Mavéritable fierté reste cependant l’inves-tissement des villageois. Ces récom-penses n’ont vraiment de sens que siellesme permettent de faire davantageet de montrer le potentiel énorme ducontinent », tempère l’homme, très sol-licité par les médias et plutôt rétif auxinterviews.

L’architecture est apparue très tôtdans la vie de Kéré, qui habiteaujourd’hui à Berlin avec sa fille et sonamie. «Quand j’habitais chezmononcleàTenkodogo, pendant les vacances nousdevions refaire lesmaisons qui s’étaient

écroulées durant l’hivernage. Pour unenfant, c’est un travail très éprouvant.C’est à ce moment que je me suis ditqu’un jour j’allais changer tout ça »,confie-t-il d’une voix posée.Après l’écoleprimaire, il passe un CAP demenuisierà Fada, « pour faire de meilleures char-pentes ». Mais au Burkina Faso, payssans bois, les débouchés manquent.C’est alors qu’il apprendque l’Allemagnedélivre des bourses d’études destinéesà favoriser les échanges avec les paysdits « en développement ». Noussommes en 1985, il a 20 ans, et le voilàdans un pays inconnu, au milieu dejeunes qui, comme lui, viennent desquatre coins dumonde.Tous n’ont qu’unbut : retourner dans leur pays une foisleur diplômeenpoche. Pas lui. Il apprendl’allemand, se bat pour repasser le bacen Allemagne – ce qui lui prend cinqannées de cours du soir – puis entame

Diébédo Francis Kéré Retour à la terreNé en 1965 à Gando, ceBurkinabè est aujourd’huiinstallé à Berlin. Sonobjectif: poser les basesd’une nouvelle architectureutilisant les matériauxlocaux.

� LES CRÉATIONS DE CET ARCHITECTE

véhiculent toutes une idée de lienà l’environnement et à la famille.

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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des études d’architecte. En parallèle,il travaille sur des chantiers deconstruction, dans des restaurants,distribue des journaux. La famillerestée au pays attend beaucoup delui, l’aîné « qui a fait l’Allemagne ».

Jamais pourtant il n’abandonneson continent natal, où il se rendaujourd’hui deux à trois fois parmois.Grâce à son association Des briquespour l’écoledeGando (Schulbausteinefür Gando), fondée avec des amis àl’université, il finance des initiativessociales qui vont au-delà de l’archi-tecture. L’association suit les élèvesdurant toute leur scolarité – l’écolecompte sapremière bachelière depuisquelques mois – et aide notammentau reboisement… Les projets privésde Diébédo Francis Kéré, qui emploieaujourd’hui neuf personnes, serventà la financer. Outre des écoles et descentres de formation, son cabinet– qui ne communique pas son chiffred’affaires – s’investit ainsi partouten Afrique, pour des réalisationscomme le village-opéra, au BurkinaFaso, une salle de spectacle entouréede centres de formation dans les artset l’artisanat, ou l’aménagement debâtiments au sein du parc nationaldu Mali. Au-delà, il participe aussi àla réhabilitation du grand port deZhou Shan (Chine) en… jardin cultu-rel. À Genève, en Suisse, il vient deremporter le concours pour la réali-sation du musée de la Croix-Rougeinternationale. Le jury a été séduitpar l’idée de lien à la terre et à lafamille que véhiculent toutes sescréations.

À cheval entre deux mondes, lui-même se voit comme un pont entrel’Occident (« lemondede la science »)et l’Afrique (« lemonde de l’écoute etde la sagesse »). En recherche perpé-tuelle, Kéré s’inspire des savoirsanciens, des matériaux découvertsau gré de ses expériences loin del’Afrique subsaharienne, auMaghrebou en Inde. « Nous parlons de globa-lisation. Mais global ne signifie pasforcément que c’est le plus fort quidiffuse son savoir. Il faut aussiapprendre des autres cultures,mêmedespluspetites », conclut-il. Une leçonpour l’architecture occidentale. ●

GWÉNAËLLE DEBOUTTE

Photo :MAURICE WEISS/OSTKREUZ pour J.A.

E n1941,dans laFrancedeVichy,la jeuneDanielleGouze, 17ans,entre en résistance. Elle n’ensortira plus. Soixante-dix ans

plus tard, le 22 novembre, la mort amisfinàunevie toutentièrevouéeaucombat.

Épouse de François Mitterrand cin-quante-deux ans durant, elle refusa dejouer les potiches après l’élection de cedernierà laprésidencede laRépublique,en1981.Elledétestait le titredepremièredamedontonprétendait l’affubler.C’étaitd’abord une militante, une éternelleindignée. Elle était au côté du peupletibétain opprimé par la Chine. Elle étaitla «mère des Kurdes », dont elle épousala cause avecpassion. Elle fut aussi l’unedes premières à dénoncer le régime del’apartheid en Afrique du Sud. En 1987,à Dakar, elle coorganisa une rencontreentre lesdirigeantsde l’ANCet cinquanteprogressistes afrikaners, ce qui lui valutl’hommage de NelsonMandela…

«MORGANATIQUE ».En1986, elle créala Fondation France Libertés. À gauchetoute, elle abandonnait volontiers la real-politikà sonmaripour se consacrer, avecun idéalisme jamais pris en défaut, à ladéfense des droits de l’homme. «C’étaitunefemmed’influenceetsonmari l’écou-tait beaucoup,mêmesi elleétait souventexcessive et qu’elle l’a parfois mis enporte-à-faux avec sa fonction », raconte

l’ancienministre RolandDumas, qui futtrès proche du couple. En prenant faitet cause pour le Polisario, elle s’attira lahaine deHassan II, qui, dans une émis-sion surTF1, laqualifiaun jour, non sansmépris, d’épouse « morganatique ». En1992,aucôtéde l’ancienministreBernardKouchner, elleéchappamêmeàunatten-tat lorsd’unvoyageauKurdistan irakien.Mais, certes, il arrivaità la pasionariadesdroitsde l’hommedese tromper, commeen1995, lorsqu’elle embrassa chaleureu-sement Fidel Castro, l’autocrate cubain,sur le perronde l’Élysée…Après lamortde François, elle s’engagea auprès desaltermondialistes et fit de l’accès à l’eauson nouveau combat. Plus radicale quejamais, elle s’éloigna du PS, jugeant (en2007) que ses dirigeants n’avaient pas« la fibre socialiste ».

Ni potiche ni épouse bafouée, elleassuma avec élégance la révélation dela double vie de FrançoisMitterrand, en1994. Lors de l’enterrement de l’ancienprésident, elle suscita l’admiration enacceptant la présence à ses côtés deMazarine etAnnePingeot.Mèrededeuxgarçons,Gilbert et Jean-Christophe, elleneménageapas son soutien à cedernieraprès sa condamnation dans le procèsde l’Angolagate. Pour lui, elle ira jusqu’àhypothéquer le célèbre appartement dela rue de Bièvre… ●

LEÏLA SLIMANI

FRANCE

Danielle Mitterrand,l’éternelle indignéeL’épouse de l’ancien chef de l’État est décédéele 22 novembre, à Paris. Elle avait 87 ans.

JACKYNAEG

ELEN

/REU

TERS

ð DUTIBET

AU KURDISTAN

ET À L’AFRIQUE

(ici, en avril 1988),la fondatrice deFrance Libertésn’avait qu’uneobsession:la défensedes droitsde l’homme.

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Taux moyens annuels de mortsviolentes pour 100 000 habitants,

2004-2009

> 3020-3010-20

3-10< 3Pas de données

I ls sont six en Amérique centraleà figurer parmi les quatorze paysles plus violents de la planète. LeSalvador, leHonduras, laColombie,

le Venezuela, le Guatemala et le Belizecaracolent en tête dumacabre palmarèsétabli par le secrétariat de laDéclarationdeGenève.Lancéeen2008,cette initiativediplomatiqueapourvocationdesoutenirlesÉtats qui se sont engagés à réduire laviolenced’ici à 2015. Sondeuxième rap-port*, publié le 27 octobre, a lemérite delivrer pour la première fois des chiffres,datés de 2009.

Avec un taux moyen régional de29mortsviolentespour100000habitants,l’Amérique centrale devance l’Afriqueaustrale (27,4) et les Caraïbes (22,4). LeSalvador, dont le taux annuel est de 60,est le pays le plus dangereux aumonde,

devant l’Iraket la Jamaïque.EnColombieet auVenezuela, leshommescourentdixfois plus le risque d’être assassinés queles femmes. En revanche, auGuatemala,le « fémicide » est nettement plus élevé,le nombredemeurtres de femmes étantpassé de 383 en 2003 à 720 en 2009.

FAVELAS.LeBrésil et leMexique–classésrespectivement 18e et 51e – sont aussitrès affectés. Chez le second, le taux demorts violentesétait de18,4pour100000habitantsen2009. Il atteintmême170,4àCiudad Juárez (ville duNord, frontalièredes États-Unis), soit vingt fois le tauxmondial. Le pays détient également lerecord des assassinats de journalistes :19 depuis le début de 2011.

Le plus étonnant, souligne le rapport,c’est que les pays les plus touchés ne

sont pas en guerre. « Chaque année,sur 526 000 personnes tuées de façonviolente dans le monde, seules 55 000le sont lors de conflits ou d’actes terro-ristes », note-t-il. Ainsi les pays à fortesdisparités de revenus sont-ils quatre foisplus exposés, et ceuxqui ont traversédesdifficultéséconomiquesontconnuunpicdemeurtresdurant la crisede2008-2009.

Sans surprise, le crime organisé liéau trafic de drogue est la principalecause de l’augmentation des homi-cides en Amérique latine. Au Mexique,le président Felipe Calderón livre uneguerre sans merci aux narcotrafiquantsdont les violences ont fait 45000 mortsdepuis 2006. Il a ainsi déployé 50 000militaires sur le territoire. La disparitiondeFranciscoBlakeMora, sonministredel’Intérieur, dans un crash d’hélicoptère,le 11 novembre, a porté un coup sévèreà cette action. L’omnipotencedes cartelsalimente les soupçons : il y a trois ans,Juan Camilo Mouriño, le prédécesseurde Mora, avait déjà trouvé la mort dansunmystérieux accident d’avion. Depuisle 17 novembre, c’est Alejandro Poiré,jusque-là directeur des services de ren-seignements, qui a repris cette fonctionà haut risque.

AuBrésil, les autorités ontmarquéunpoint. Le 13 novembre, elles ont envoyéarmée et tanks prendre le contrôle dela plus grande favela de Rio de Janeiro.Considéré comme le principal entrepôtde drogue de la ville, avec quelque deuxcents trafiquants, Rocinha a été pacifiésans incident ni coup de feu. Après laréussite de cette opération, le gouverne-ment espère reprendreune vingtainedefavelas avant le Mondial de 2014.

Le 10 novembre, les gouvernementsd’Amériquecentrale se sont accordés surune stratégie régionale destinéenotam-ment à la lutte contre le trafic dedrogue,comprenant des actions de prévention,la professionnalisation des policierslocaux, l'améliorationdes systèmesd’in-vestigationcriminelle etunesurveillancefrontalière accrue. ●

MARIE VILLACÈQUE

* « Fardeau mondial de la violence armée »,consultable sur genevadeclaration.org

ULTRAVIOLENCE

Latin killersCrime organisé, trafic de drogue… L’Amérique centraleest de loin la région la plus dangereuse du monde.

SOURCE : BASE DE DONNÉESDU FARDEAU MONDIAL DE LA

VIOLENCE ARMÉE 2011

Au Mexique, deux ministresde l’Intérieur ont perdu la vie dansde mystérieux accidents aériens…

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L ahore, 30octobre.Préalablementgalvanisées par un concertde vedettes de la pop, plus de100 000 personnes acclament

leur champion. Des jeunes en majorité,tantôtvêtusà l’occidentale, tantôtenhabittraditionnel, pour qui « il » est le recourscontre un gouvernement corrompu etjugé inféodé aux Américains. Play-boyultrabronzéde 59 ans, ImranKhan a desalluresdevieille star. Iln’a jusqu’ici jamaisfait d’étincelles en politique. Le PakistanTehreek-e-Insaf (PTI,Mouvementpakis-tanaispour la justice),qu’il acrééen1996,n’a jamaiseuqu’unseuléluauParlement– lui-même, en 2002 – et n’a jamais pesédansledébat,mêmeautempsoùils’oppo-sait avec virulence au très impopulaireprésident PervezMusharraf.

Mais l’heure a peut-être enfin sonnépour celui dont la carrière sportive etl’action caritative sont connues de tousses compatriotes. Ancienne gloire ducricket, le sportnational, ilmena l’équipedu Pakistan à la victoire lors de la Coupedumonde1992.Enmémoirede samère,emportéeparuncancer, il acrééàLahoreunhôpital-centrederecherchespécialisé

dans la lutte contre cettemaladie. «C’estle seul hôpital du pays où les médecinsne savent pas lesquels de leurs patientspaient leurs soinset lesquels sont soignésgratuitement », souligne-t-il.

DOUTEUX NABABS. Rejeton d’unefamille aisée, Khan joue désormais surla fibre populiste. Spéculant sur l’exas-pération des Pakistanais, il renvoie dosà dos le président Zardari et son princi-

pal opposant, Nawaz Sharif, de la LiguemusulmaneduPakistan-Nawaz.«Publiezle montant détaillé de vos revenus ouapprêtez-vous à affronter la colère dupeuple ! » tonne-t-il à l’adresse de cesdouteuxnababs.Undiscoursquiporte: lepayss’enfoncedans lacrise,enproieàuneinflationgalopante,et l’antiaméricanismey est de plus en plus virulent. Au risqued’être surnomméTalibanKhan, le tribundénonce l’absurdité de la guerremenée

dans les zones frontalières de l’Afgha-nistan, dans laquelle le gouvernementd’Islamabad se retrouve pieds et poingsliéspar lesAméricains. «Notreéconomiey a perdu 70 milliards de dollars, alorsque l’aide atteint à peine 20 milliards,clame-t-il. Et plus de 35000 personnessont mortes, c’est une honte ! »

«Humiliation », «néocolonialisme »…L’ancienétudiantd’Oxford,dont lesdeuxfils vivent à Londres auprès de JemimaGoldsmith, leur riche héritière de mère,n’a pas de mots assez durs pour fustigerl’asservissementde sonpaysaux intérêtsaméricains. Résultat : selon un sondagedu PewResearch Center, il était, en juin,la personnalité politique préférée desPakistanais.Oubliés sonsoutienaucoupd’ÉtatdeMusharrafen1999ainsiquesonboycott de la présidentielle de 2008 quicontribua à sa marginalisation. Oubliéson prétendu « sionisme », étiquetteque lui valut son mariage – aujourd’huirompu – avec Jemima (protestante, elles’était convertie à l’islam,mais son père,le milliardaire Jimmy Goldsmith, étaitd’ascendance juive).

Certains lui reprochent pourtant sonabsencedeprogrammeetd’équipecom-pétente.D’autresdénoncent sa complai-

sanceenvers les talibans– ilpréconisede lespayer etdenégocier avec eux pour lesdétacher d’Al-Qaïda – ousa proximité avec l’arméepakistanaise, dont il ne cri-

tique jamais l’omniprésence. Son succèsest-ilunfeudepailleouunevéritable lamede fond? En attendant les législatives de2013, tout est possible, dans l’instablePakistan. Après avoir assisté à son raoutdeLahore, JenniferRobinson,uneavocatebritannique(quidéfendnotammentJulianAssange, le cofondateur de WikiLeaks),a suavement tweeté : « Yes, he Khan. »Décidément, Imran reste le chéri de cesdames… ● JOSÉPHINE DEDET

PAKISTAN

Il y a une vie après le cricketEx-play-boy et ex-gendre d’un magnat franco-britannique de lapresse, Imran Khan est aujourd’hui l’homme politique le pluspopulaire – et populiste – du pays. Feu de paille ou lame de fond?

MOHSIN

RAZA

/REU

TERS

« Publiez le montant de vosrevenus, ou apprêtez-vousà affronter la colère du peuple. »

1952Naissance à Lahore(capitale du Pendjab)

Années 1970Études à l’AitchisonCollege (Lahore)et à Oxford(Royaume-Uni)

1992Capitaine de l’équipede cricket qui remportela Coupe du monde

1994Inauguration de sonhôpital, le ShaukatKhanum Memorial

1995Mariage avec JemimaGoldsmith, dontil divorce en 2004

1996Crée le Mouvementpakistanaispour la justice

2002Élu député

2007Démissionnedu Parlementpour protestercontre la réélectionprogrammée

du présidentPervez Musharraf.Plusieurs fois arrêté

2008Son parti boycottela présidentielle

ð LE LEADER DU MOUVEMENT PAKISTANAIS

POUR LA JUSTICE lors d’un meetingà Lahore, le 30 octobre.

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W ang a 16 ans, mais ellen’est jamais allée àl’école. Cette jeune filletimide passe le plus clair

de son temps dans sa chambre, entrepoupées et jeux vidéo. Elle est la fillecadette d’un couple de petits commer-çants pékinois qui a préféré la cacherplutôt que de devoir verser une amendede 20000 euros. Le prix d’un deuxièmeenfant. Une véritable fortune, ici.

Trente-deux ans après son introduc-tion, la Chine a décidé de poursuivre sapolitiquede l’enfantunique.Unemesuredeplanning familial qui apermisd’éviterprès d’un demi-milliard de naissanceset laissé enmarge de la société, à l’instardeWang, plusieurs dizaines demilliersd’enfants.

«La surpopulation reste l’undes prin-cipaux obstacles au développementéconomique et social », a tranché laCommission d’État pour la populationet le planning familial. Reste que, pour

de nombreux experts, cette politiqueest une bombe à retardement. En 2015,les plus de 60 ans seront 221 millions,soit 16 % de la population. Chaqueannée, près de 9millions de personnesrejoignent les rangs du troisième âge.

Pour eux, pas ou peu de retraite, unsystème de santé balbutiant et presqueaucun centre d’hébergement. Pour sur-vivre, ils ne peuvent compter que sur lasolidarité familiale.

DÉSÉQUILIBRE.Autre conséquence decettepolitique: ledéséquilibredes sexes.Il naît en Chine 119 garçons pour 100filles. Les familles rurales, notamment,préfèrentunmâle capablede travailler laterre, d’autant que, traditionnellement,

ce sont les garçons qui s’occupent deleurs parents, les filles, elles, partantvivre dans leur belle-famille. Dansles campagnes, il devient de plus enplus difficile pour un homme de semarier, ce qui contribue, semble-t-il,au développement de la prostitution.Dans les provinces du sud du pays, lesimmigrées clandestines, vietnamiennes

ou birmanes, sontlégion…

« On voit bienque cette politiqueest dangereuse,commente PengXizhe, vice-pré-sident de l’Institutde recherche surla population. Si

nous ne faisons rien, nous allons droitdans le mur. » L’appel ne risque pasd’être entendu, le gouvernement étantmanifestement résolu à maintenir lecap coûte que coûte afin d’éviter uneexplosion démographique.

BEAUXQUARTIERS.Le plus fâcheux estque toutes les familles ne sont pas logéesà la même enseigne. Dans les beauxquartiers de la capitale, on croise deplus en plus de familles « nombreuses »prêtes à payer une lourde amende enéchangedepapiers d’identitépour leursenfants. Et à acquitter des frais de sco-larité exorbitants – parfois 10000 eurospar an – dans un établissement privé.

« C’est absolument scandaleux,explique lamère deWang. Quand vousêtes pauvres, vous devez vivre cachés.Mais quand vous êtes riches, toutes lesportes vous sont ouvertes. » Certainesfemmes vont jusqu’à accoucher àHong

Kong ou aux États-Unispourque leur enfantpuissebénéficier d’un passeportétranger et échapper ainsiau couperet.

Il y a quand même desexceptionsà la règle.Quelquesminoritésethniques ne sont ainsi pas tenues d’ap-pliquer lapolitiquede l’enfantunique.Etdans certaines provinces, deux enfantsuniques ont le droit d’avoir undeuxièmeenfant à condition de respecter un délaide quatre ans entre les deux naissances.Mais les adversaires du sacro-saint plan-ning familial ne doivent se faire aucuneillusion : il n’est pas question pour lesautorités de lâcher la bride. ●

STÉPHANE PAMBRUN, à Pékin

CHINE

Bombe (démographique)à retardementEn dépit du vieillissement inquiétant de la population,la politique de l’enfant unique va être poursuivie.

Fille cadette d’un couple decommerçants, Wang a 16 ans.Pour l’état civil, elle n’existe pas.

ð SUR LA PLACE

TIANANMEN,À PÉKIN,LE 1ER OCTOBRE.Il naît en Chine119 garçonspour 100 filles.L’obsessiondes autorités : lasurpopulation.

JASO

NLE

E/REU

TERS

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URBANISME

Fascinantes ou inquiétantes,les métropoles du continentsont l’un de ses premiersmoteurs de développement.Avec elles, c’est l’Afriquede demain qui se construit.

LE PLUSde Jeune Afrique

PANORAMA Celles par qui la croissance arrive

STRATÉGIE L’avenir en capitales

HABITAT Dis-moi où tu vis…

INTERVIEW Guillaume Koffi, architecte ivoirien

NABIL

ZORKO

T

Des racineset des villes

ðABIDJAN, vuesur le quartierdu Plateau.

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PANORAMACelles par qui lacroissance arrive p. 72

STRATÉGIEL’avenir en capitales p. 76

HABITATDis-moi où tu vis… p. 82

SERVICESHistoires d’eau au Gabon

p. 86

INTERVIEWGuillaume Koffi,président de l’ordredes architectesde Côte d’Ivoire p. 89

FONCIERPourquoi faire simplequand on peut fairecompliqué p. 92

IMMOBILIERAkissi-Delta,cité de la joie p. 94

PATRIMOINEMémoire du continent

p. 98

EN 2050, PLUS D’UN MILLIARDd’Africains seront des citadins,contre 400millions actuellementet 20 millions en 1950. Une évo-

lution radicale due à l’expansion démo-graphique (le nombre moyen d’enfantspar femme sur le continent, bien qu’enrégression, est encorede 4,38), auxmigra-tions rurales, économiques et transfron-talières. Pour désigner le phénomèned’urbanisation accélérée, les sociologuesont inventé l’expression « Homo urba-nus ». Et, après l’Europe, les Amériqueset l’Asie, c’est à l’Afrique de mener sarévolution urbaine.

Les régions les plus urbanisées ducontinent sont les zones littorales duMaghreb et d’Afrique de l’Ouest, la valléeduNil, l’Éthiopie, ainsi que, pour l’Afriqueaustrale, la côte reliant Le Cap àMaputo.Quelque 40 % des citadins s’entassentdans les mégalopoles comme Le Caire,Lagos, Kinshasa, Abidjan, Johannesburgou encore Casablanca, les 60 % restantsétant concentrés dans des villes demoinsde 500 000 habitants.

Lieu de rencontre par excellence, laville est le creuset du métissage et deséchanges, culturels et économiques. C’estaussi un espace d’expression de l’indivi-dualisme. On y échappe plus facilementaux pressions sociales. L’infidélité y estplus aisée, le recours au divorce aussi.Les habitudes alimentaires y évoluent.ÀDakar comme à Kinshasa, les repas seprennent de plus en plus sur le pouce,en dehors de la cellule familiale.ÀRabatou à Casablanca, les classes moyennesfont leurs courses dans les grands centrescommerciaux. Le week-end, les parentsemmènent leurs enfants dans des centres

de loisirs, déjeunent au restaurant, serequinquent dans une salle de sport.Des plaisirs coûteux loin de la portéedes plus démunis, qui s’autorisent uncafé en terrasse ou un thé au grin.

La ville africaine, c’est aussi le lieud’expression préféré d’une jeunesse(l’âgemoyen des citadins africains est de18 ans) particulièrement touchée par laprécaritéde l’emploi, la faillite dumodèleéducatif et la fin de l’État providence. Sicertains sont tentés par l’exode, d’autresexplorent denouvelles voies d’affirmationidentitaire, de revendication populaireet de débrouille économique.

À Cotonou, beaucoupont opté pour le métierde zémidjan (moto-taxi),d’autres se proclamentguides touristiques ou

rabatteurs. À Abidjan, ils exorcisentleurs maux dans la pratique du nouchi(argot ivoirien) et du zouglou (genremusical qui relate les réalités sociales). Lemal-être de la jeunesse se traduit aussi,malheureusement, par la recherche dela marginalité, de l’illégalité, dans laconsommation de drogues et parfoispar le vol et la violence.

Un véritable défi pour les dirigeantsafricains. Plus que jamais, les politiquesurbaines doivent définir des schémasdirecteurs d’aménagement et des plansde développement qui prennent encompte à la fois les besoins des cita-dins en matière de services essentiels(eau potable, assainissement, électricité,accès aux soins, à l’éducation, aux sportset loisirs) et leurs attentes en termesde développement économique et decréation d’emploi.

Cette année, la jeunesse a emporté lesrégimes tunisien, égyptien et libyen, eta commencé à souffler le chaud au suddu Sahara. L’Homo urbanus Africanusaime le changement. ●

URBANISME

LE PLUSde Jeune Afrique

Des racineset des villes

Homo urbanus africanus

PréludePascal Airault

Le Plus de Jeune Afrique

Espace d’expression, la ville estle creuset du métissage, deséchanges culturels et économiques.

OLIVIERPOURJ.A.

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plusde90%descitadins soudanais, centrafricainsou tchadiens. Confronté au même processus, leMaghreb (par ailleurs la région la plus urbaniséedu continent, avec 54 % d’urbains), qui bénéfi-cie d’une tradition citadine ancienne, parvientmieux cependant à maîtriser l’habitat précaire.Lequel, à l’issue des programmes d’éradicationet de relogement engagés ces dernières annéesenTunisie, enAlgérie et auMaroc (lire pp. 82-84),ne concerne plus « que » 14 % de la populationurbaine d’Afrique duNord.

Plombant également tous les indicateurs dedéveloppementhumainetéconomique, lesbesoins

En plein bouleversement démogra-phiqueet spatial, lesvillesafricainessont souvent réduitesàuneconcen-tration de malheurs quotidiens etde visions cauchemardesques :anarchie, insalubrité, insécurité,

indigence des infrastructures de base, pauvreté,etc. A contrario, elles fascinent toujours autantpar leur joie de vivre, leur diversité et leur inven-tivité. Auxquelles on peut ajouter, sans être taxéd’optimisme béat, leur potentiel. Car, et cela n’aéchappé ni aux États, ni aux bailleurs de fonds,ni aux investisseurs, les villes africaines génèrentde plus en plus de revenus (80 % enmoyenne duproduit national brut des pays) et sont devenuesl’un des premiers moteurs du développementhumain et économique.

PAUVRETÉ.L’Afriqueestdésormais lecontinentoùla croissance urbaine est la plus forte. Le nombrede ses citadins augmente de 5 % à 7 % par an (àunrythmedeux foisplus rapidequesapopulationtotale).Certainesmétropolesgrignotentduterritoireen plus chaque année, comme Kinshasa (8 km2).Uneévolutionurbainequinepeutêtre comparéeà celle de l’Europeoude l’Asie, tout d’abordparcequelesvillesafricainessontconfrontéesàundoublephénomène de vitesse et de masse: 400 millionsd’Africains vivent en milieu urbain (soit 40 % dela population, contre 3 % il y a cinquante ans),et ils seront 1,2 milliard en 2050 (soit 60 % de lapopulation) selon l’ONU-Habitat.

Parailleurs, contrairementàcequi s’estpasséenEurope et en Asie, cette urbanisation se fait sansdéveloppement industriel. En tout cas dans unpremier temps. Faute d’emplois, de ressources etd’anticipation de la part des pouvoirs publics enmatière d’aménagement, les nouveaux arrivantssontcontraintsdevivredansdes taudis.C’est lecasde 60 % des citadins subsahariens – et même de

CellesCelles par qui la cpar qui la croissance

CÉCILE MANCIAUX

Face à leur expansion accélérée,les villes s’organisent. Logements,infrastructures de base, routes…

Sur tout le continent, oninvestit dans des milliers de

chantiers, qui créent des emploiset dopent l’économie.

PANORAMA

! LA NOUVELLE CITÉ

ADMINISTRATIVE DE

BAMAKO, au Mali,d’inspirationsoudanaise.

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72Le Plus deJeune Afrique

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croissance arrivecroissance arriveet de l’ONU-Habitat) et les actions de coopé-ration décentralisée. Définition d’orientationsstratégiques claires de la part des États et desautorités locales, élaboration de politiques fon-cières, de normes et de règles de constructionréalistes, mise en œuvre de plans directeurs…Les gouvernements (et les collectivités localeslorsqu’elles y sont associées) font de l’aménage-ment et du développement urbain une priorité.Loinde la « ville cruelle »décrite par le romanciercamerounaisMongoBeti dans les années 1950 etau-delàde l’inévitablechaosurbain, c’est l’Afriquede demain qui se construit.

ÀBONNE ÉCHELLE.Les investissements, publicset privés, sont considérables, et les chantiers,qu’ils soient confiésàdesopérateursétrangersounationaux, créent desmilliers d’emplois locaux :logements, infrastructures debase (pour l’appro-visionnement en électricité et en eau, l’assainis-sement), équipements publics, routes, ponts,

immeubles d’affaires, programmes résidentielspour la diaspora, le tourisme, etc. Si certainsgouvernements se cantonnent àunepolitiquedeprestige, menée surtout dans les quartiers chicsde la capitale ou sur « la route de l’aéroport »,la plupart des stratégies urbaines s’attellent àrépondreauxbesoinsactuelset futursdescitoyenset de l’économie.

Autre satisfaction, ces politiques ne sont plusexclusivementcentréessur lescapitales,maisélar-gies à leur agglomération et déclinées à l’échelledes villes plus petites. À l’instar du modèle sud-africain, l’idée de métropolisation fait en effetson chemin (après le Grand Casa ou le GrandDakar s’ébauchent les plans du Grand Alger, duGrand Abidjan, du Grand Libreville…). Enfin,longtemps oubliées dans les schémas globaux,les villes moyennes s’aménagent elles aussi,s’équipent et se relient les unes aux autres. Unetendance plutôt inspirée, sachant que la moitiédes citadins du continent vivent dans des villesde moins de 200 000 habitants et que c’est ausein de ces dernières, selon les projections del’ONU-Habitat, qu’est attendue lamajeure partiede la croissance urbaine en Afrique dans les dixprochaines années. ●

essentiels insatisfaits eneau, enassainissementetenélectricitédemillionsd’urbains: seuls20%sontapprovisionnés en eau potable et moins de 10 %ont accès à un réseau d’assainissement.

Si l’on peut regretter que lesÉtats et les collec-tivités n’aient pas anticipé les besoins et que lesefforts restent encore très inégaux, force est deconstater que, sur tout le continent, les politiquesde la ville s’organisent et les plans d’aménage-ment et de développement urbain deviennent larègle. Largement encouragéspar lesprogrammesmultilatéraux (notamment dans le cadre desObjectifs du millénaire pour le développement

La plupart des gouvernementsne se cantonnent plus à unepolitique de prestige.

EMMANUEL

DAOU

BAKARYPOURJ.A.

400millionsde citadinssur lecontinent

Moyenned’âge:

18 ans

afsoDaGrloles’tededesel’depr

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Des racines et des villes

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L ’AFRIQUE EST ENTRÉE pleinement dansla révolution urbaine. Ce processusconduira lamajorité desAfricains à vivredansunenvironnement urbain à l’horizon

de 2020. L’histoire des villes nous enseigne que lemême processus s’est répété sur tous les conti-nents : lors des révolutions industrielles et desphases de décollage économique, les villes ontété les locomotives du développement territorial.Ce phénomène est d’autant plus important dansune économie mondialisée. Shanghai ou Séoulen sont de belles illustrations.

Bien que récurrent, ce processus de corrélationentre croissances urbaine et économique n’a pour-tant rien d’une mécanique nécessairement ver-tueuse: si le développement urbain est maîtrisé,il devient un levier qui sert et nourrit celui del’économie; mais s’il reste incontrôlé, il devientun frein à une crois-sance économiquedurable.

Quid de l’Afrique?Dans l’ensemble, sacroissance urbaine est décorrélée de son dévelop-pement économique. Les deux dynamiquescoexistent sans s’alimenter. Dans les grandesmétropolesdu littoral ouest-africain, commeDakar,Abidjan ou Lagos, les capacités d’attraction et derayonnement, héritées d’un positionnement géo-graphique, géopolitique ou encore administratifparticulièrement favorable, commencent à êtresérieusement remises en question par l’accumu-lationdesdysfonctionnements résultant d’unurba-nisme désarticulé, d’un étalement non régulé etd’un retard enmatière d’équipements urbains, enparticulier dans les infrastructures de transport.

Pour le dire crûment, les grandes villes africainessont encore loin d’être les moteurs économiquesqu’elles devraient devenir. Elles ne constituent pasles pôles d’attractivité, deproduction et de connais-sance qu’elles pourraient être sur un continent enpleine révolution démographique et économique.Plus grave, le risque de les voir entrer dans descercles nonvertueux existe bien, ceuxoù la gestiondes villes deviendrait un problèmede plus à réglersur le long cheminduprogrès et dudéveloppementdu continent.

Quelles perspectives?Nos expériences croiséesd’opérateurs économiqueshistoriquesde l’Afrique,celle du réseau des chambres de commerce

africaines et francophones et celle des ateliers demaîtrise d’œuvre urbaine, nous autorisent à rap-peler ce que doivent être les grandes lignes et lesleviers d’une action visant à opérer cette rencontreentre l’urbain et l’économie.

D’abord, réguler etmaîtriser la croissanceurbaineà la source, celle de l’exode rural, par des politiquesd’aménagement du territoire renforçant les villesmoyennes, afin de répartir l’expansion urbaine endifférents points et d’éviter les situations demacro-céphalie des capitales.

Ensuite, poursuivre et amplifier l’équipementet la modernisation des infrastructures de com-munication et de transport, des réseaux de four-nitured’énergie, et continuer également à sécuriserle cadre d’action des opérateurs, qu’il s’agisse del’accèsau foncier constructible, de la réglementationadministrative et fiscale ou de la justice.

Enfin, reconnaître l’enjeu du développementéconomique urbain commeprioritaire au sein despolitiquesnationales,mobiliser les grandsbailleursde fonds sur des programmes de développementintégrés, associer davantage les acteurs écono-miques et démultiplier à l’échelle de chacune desgrandes villes les cadres de concertation entre lesautorités publiques et le secteur privé existant auniveau national.

L’enquête réalisée auprès des membres de laConférence permanente des chambres consulairesafricaines et francophones (CPCCAF) et restituéelors de leur assemblée générale annuelle, àCotonou, du 2 au 4 novembre, démontre que laprise en compte des enjeux du développementéconomique urbain est directement indexée surle niveau de développement du pays: reconnusdans les pays ayant bien amorcé leur décollageéconomique, notamment ceux du Maghreb ouceux dotés d’une grandemétropole urbaine,maisen revanche encore largement sous-estimés dansles autres.

Le défi est donc double. Pour le premier groupede pays, il s’agit de poursuivre la prise en chargedes questions et problèmes posés. Pour le secondgroupe, d’anticiper et de ne pas attendre que lasituation devienne problématique. ●

PIERRE-ANDRÉPÉRISSOL

Président del’Agencefrançaise dedéveloppementet des Ateliersinternationauxde l’urbanisme

OMARDERRAJI

Président dela Conférencepermanentedes chambresconsulairesafricaines etfrancophones(CPCCAF)

TRIBUNE

Leviers ou freins pourle développement?

Pour le dire crûment, les grandes villesafricaines sont encore loin d’être les

moteurs qu’elles devraient devenir.

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L emaréchal Lyautey en était amou-reux. Du temps du protectorat, il yavait faitplanterdespinsmajestueux

et aimait à se promener sur ses avenues,où les immeubles Art déco éclairaient laville de leur blancheur. Mais, pendantles années 1950, Rabat s’est endormi surses lauriers. La capitale administrativea pris des allures de ville de province.Railléepour soncalme, elle apeuévolué,sourdeà l’explosiondémographiqueetàla modernité. Il a fallu attendre l’arrivée

au pouvoir de Mohammed VI, en 1999,pour que s’engage une grande réflexionsur l’organisationde laville auxcigognes.

Premier constat :Rabat tournait déses-pérément le dos à son environnement.À lamer d’abord, et à sa voisine ensuite,la frondeuse Salé, dont elle est séparéepar le fleuveBouregreg. Endix ans, cettedernière a vu sa population passer de630000 à 825000 habitants, la plupartd’entre eux se jetant chaque jourdans lesembouteillagespourquitter leurbanlieue

devenuedortoir et rejoindre leur bureauà Rabat.

Aprèscinqplansqui, encinquanteans,se sont tous soldésparunéchec, leprojetd’aménagementde lavalléeduBouregregs’est engagé en 2006. Portant sur unesuperficie de 6000 hectares et d’un coûtde 6 milliards de dirhams (530 millionsd’euros), il donne un nouveau souffle àl’agglomérationduGrandRabat (Rabat-Salé-Témara), qui compte désormais

2millionsd’habitants.Objectifs : faire ensorte que la régionde la capitale renoueavec sonhistoire, créerdes emplois (déjàprèsde100000depuis 2005) et améliorerl’attractivité touristique d’une agglomé-ration à laquelle les visiteurs préfèrentsouvent la flamboyante Marrakech.

CONTINUITÉ. Au cœur du projet, lepont Moulay-el-Hassan, qui rétablit lacontinuité urbaine entre Rabat et Salé,et sur lequel courtdésormais le tramway,dont le chantier a été lancé en2007pourplus de 3milliards deDH. Il a demandéde véritables prouesses techniques.«Pour établir certaines fondations, noussommesdescendus jusqu’à 36mètres ! »explique Omar Benslimane, directeurde communication de l’Agence pourl’aménagementde lavalléeduBouregreg(AAVB), établissementpublic placé sousla tutelle de l’État et jouissant de l’auto-nomie financière. Inaugurémi-2011, le

S i le processus d’urbanisationimplique des problématiqueset des enjeux communs enmatière d’aménagement, de

développementéconomiqueethumain,ainsi qu’en termes d’organisation (dansle partage des compétences, des res-sources et desmoyens), il doit aussi être

l’occasiondedéfinir la stratégie lamieuxadaptée aux particularités et aux futursbesoins de chaque ville. Le moment oujamais pour les États et les collectivitéslocales,mais aussi pour les acteurs éco-nomiques et les citoyens, de construireleur modèle de « ville durable », quiintègre diversité sociale et culturelle,

soitéconomiquementproductiveetéco-logiquement saine.

Certaines agglomérations ont déjàfranchi le pas, d’autres y réfléchissentencore.DeRabat àLibreville, enpassantparOuagadougouetN’Djamena: quatrestratégies de planification urbaine sontpassées au crible. ●

STRATÉGIE

L’avenir en capitalesAménagement urbain, cohésion sociale, développement économique… Les métropoles planifientleur futur. Certaines sont bien plus avancées que d’autres. Question de moyens. Et de volonté.

HASS

AN

OUAZZ

ANIP

OURJ.A.

� LE TRAMWAY a été inauguré mi-2011.

Maroc Rabat, le projet qui réconcilie la vallée

Le plan d’aménagementporte sur une surfacede 6000 hectares.

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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O uagadougounecessedes’étendre.Et toutà l’horizontal. Elle couvreplusde300km2, quandLyon,qui

compte également 1,5 million d’habi-tants,n’enoccupeque50.L’agglomérationest gérée par un maire métropolitain etcomprend5districts, eux-mêmesdivisésen 30 secteurs et 17 communes rurales.Unmodèle très efficacepourbâtiretmenerunestratégiededéveloppement,enparticulierdans les zones périurbaines.Il vadésormaiss’appliquerau«Grand Ouaga », qui couvre3300 km2, dont la province du Kadiogoet la commune rurale de Loumbila. Àl’horizon2025, leGrandOuagacomptera4,7 millions d’âmes, dont plus de 88 %d’urbains. Ouagadougou couvrira 80 %de son territoire.

Pour organiser celui-ci, la ville s’estdotée d’un outil spécifique, le Schémadirecteur d’aménagement du GrandOuaga (Sdago). Un projet urbain dont

les autorités burkinabè souhaitent faireune référence sur le continent.

Parmi les orientations du Sdago 2025en ligne avec le Cadre stratégique delutte contre la pauvreté, les Objectifs dumillénaire pour le développement et lespolitiques sociales de l’État, on note :améliorer l’accès aux services sociaux

et à un logement décent, développer lesinfrastructures,mieuxrépartir lesactivitésdeproductionoupréserver les ressourcesnaturelles. Autre nouveauté, l’implica-tiondes collectivités locales auxcôtésduministère de l’Habitat et de l’Urbanisme(MHU)dans l’élaborationdudocument.À l’étude, un conseil du Grand Ouaga etunedirectionrégionaledesonurbanismeau sein duMHU. ● MURIEL DEVEY

Burkina Faso Place au Grand Ouaga!tramway relie, sur une vingtaine dekilomètres, lesquartierspériphériquesde Rabat et de Salé aux ministères,universités et hôpitaux. Ses rameset stations ont été dessinées par ledesigner Hicham Lahlou.

Aujourd’hui, les changementsopérés dans l’agglomération se lisentdans le regard fier des Rbatis, pour-tant peu démonstratifs : devant letunnel des Oudayas, la marina ouencore le luxueux quartier de Babal-Bahr… La capitale administratives’estégalementdotéed’undynamiquequartier d’affaires à Hay Riad, et sestours de l’avenueAnnakhil n’ont rienà envier aux plus grands buildingscasablancais. Après sa Bibliothèquenationale à l’architecture époustou-flante, ouverte en 2008, elle acquiertde nouveaux équipements culturels,dontunparczoologique (l’undesplusmodernesdu continent) et unmuséed’art contemporainqui devrait ouvrirses portes en 2013. ●

LEÏLA SLIMANI, envoyée spéciale

À l’horizon 2025, la communautéurbaine concentrera 4,7 millionsd’habitants sur 3300 km2.

Des racines et des villes 77

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I l n’y a pas un chat au ministère del’Habitat. Fait inédit dans l’histoiregabonaise,depuis le1er juin,duchefde

bureauaudirecteur, tous les responsablesde ce département ont été congédiéspar décret présidentiel. Cinqmois aprèsce limogeage collectif, le personnel n’atoujours pas été remplacé. Aubout d’undédale de couloirs sombres, un signedevie : c’est le cabinet du ministre, BlaiseLouembé, lequel a échappé au couperetprésidentiel et expédie les affaires cou-rantes. Il a pu conserver son directeurde cabinet et une demi-douzaine decollaborateurs, « qui, soupire-t-il, [lui]donnent un coup demain ». Rien à voiravec l’effervescence d’antan, où régnaitla mafia du titre foncier trafiqué, desrégies parallèles… Les baronnies ontfait fortune en tirant profit de l’extrêmecomplexitéde la procédure d’obtentiondu titre foncier (nécessitant plus de centsignatures !).

« Des terrains, vierges sur le papier,sont aujourd’hui occupés sur la base detitres provisoires signés par des cadrescorrompus », relate le ministre. Bref, ledécretprésidentiel a tranchédans levif etles enquêtes se poursuivent. La solutionest radicale.

Tout urgente fût-elle, la situationnécessitait-elle d’aller aussi loin? « On

veut repenser les choses, simplifier lesprocédures », explique Blaise Louembé.Dans cette logique, l’administration vase doter d’un outil informatique destinéà rationaliser la gestion du patrimoinefoncier. Les gens disposeront d’un délaide deux ans pour la mise en valeur desterrainsattribués.Resteàmettreenplacedes mécanismes efficaces d’accès à lapropriété, notamment sur laquestiondufinancement,un logement social coûtantenmoyenneà l’achatquelque30millionsde F CFA (environ 45700 euros).

BULLDOZERS.L’urgenceest là. LeGabona besoin de 200 000 logements, dont160 000 rien que pour Libreville, quiaccueille plus de 600000 Gabonais, soit40%de lapopulationdupays. Et comme85 % de celle-ci vit en milieu urbain, lamise enœuvred’unepolitiquede la villeadaptée est indispensable. «Nous nousinscrivons dans une nouvelle optiqued’urbanisme,qui romptavec les installa-tions désordonnées pour laisser la placeàdes espaces planifiés, aménagés, orga-nisés et valorisés », explique le président

gabonais, Ali Bongo Ondimba.Premier défi : parvenir à faire sortir

de terre 5000 habitations par an. Pouratteindre cet objectif, jamais leministèrefantômen’auraétéaussiprésentsur le ter-rain.Plusieursprogrammesde logementssontmenés dans la capitale, notammentlaconstructionde150maisonssur150haà laMondah. Les bulldozers sont égale-ment passés à l’action ces derniers joursdans les quartiers Mveng Ayong, Glass,Lalala, Nomba… Les îlots construits endehorsducadreprévupar lepland’amé-

nagementurbainsontpure-ment et simplement rasés.«C’estpourcette raisonquedes zones de relogementsont préparées sur les sitesd’Angondjé et d’Avorbam,

au nord de la capitale, et de Bikélé, à15 km à l’est. Il faut décongestionnerLibreville, encourager lesgensàs’installerdans la périphérie et réorganiser la villeintra-muros », indique le ministre del’Habitat. Suivant les grandes lignes duplandirecteur, legouvernementprévoit ledéveloppementde lacapitaleendirectionde Ntoum, à 40 km à l’est.

Élaboré conformément aux conclu-sions d’une étude réaliséepar le cabinetaméricain Bechtel, le projet de villesnouvelles est en pleine réalisation.

Gabon Les métamorphoses de Libreville

200000 logements de plussont nécessaires, dont160000 dans la capitale.

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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Page 79: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

dr

Ses concepteurs l’ont imaginé commeun contre-exemple des cités-dortoirsconstruites dans les années 1970 dansla zone des Charbonnages, de la CitéMébiame et de Nzeng-Ayong, et à l’inverseaussi des « PK », ces quartiers spontanésde l’Est librevillois qui se sont développésdans les années 1980 en accueillant lespopulations venues de la campagne.La ville gabonaise du futur ne sera pasverticale et faite de tours mais donnerala priorité à un espace urbain étendu,

fluide et aménagé selon les habitudesde ses usagers. Il prendra en compte lesnotions de loisir, de confort, de plaisir etde mixité sociale. « La femme de ménagedevrait habiter dans le même quartierque son employeur », pense-t-on.

AUTONOMIE.Mixité fonctionnelle aussi,puisque Angondjé comme Bikélé devrontêtre des cités autonomes, dotées de ser-vices publics (hôpitaux, écoles, police,poste…) et d’équipements structurants

(stations d’épuration, stades, etc.). Il estmême prévu un système de collecte deseaux usées qui permettra de diriger leseffluents vers les stations de traitementpar « effet de succion ». Objectif : faire ensorte que les habitants aient accès à tout cedont ils ont besoin à proximité, sans avoirà se rendre dans le centre. L’entreprisechinoise qui a remporté le marché de laconstruction de Bikélé envisage même d’yaménager un parc animalier. l

GEOrGEs DOUGUElI

F ondé par un officier français enmai 1900 sur la rive droite duChari, N’Djamena – l’ancien Fort-

Lamy, qui réunissait alors tout juste troiscases – comptait 11 000 habitants en1911, 80 000 en 1960 et plus de 993 500lors du dernier recensement général,en 2009.

Le premier schéma directeur de lacapitale tchadienne remonte à 1945 et aété révisé en 1962, avant d’être remplacé,en 1996, par le Plan urbain de référence(PUR). Un plan tout théorique.

HOrIzON 2020. En novembre 2008, leministère de l’Aménagement du terri-toire, de l’Urbanisme et de l’Habitat aélaboré un « document de cadrage du

développement urbain de N’Djamena àl’horizon 2020 ». Pas encore un schémadirecteur. Donc, la ville continue des’étendre sans plan d’urbanisation. « Legrand problème, c’est d’abord l’élabo-ration de ce plan, indique N’DiekhorYemadji, urbaniste à N’Djamena. Et si

celui-ci voit le jour, la question de saréalisation restera posée. Or, en dehorsde ce cadre, rien ne peut être fait demanière rationnelle, même si des progrèsont été accomplis ces dernières années. »

Le document de cadrage indique quela ville s’est « principalement développéevers l’est, de façon anarchique, sur desterrains souvent inondables ». Et si, cestrois dernières années, grâce aux revenusdu pétrole, le visage de N’Djamena atout de même changé, les défis restent

nombreux : l’enclavement,un contexte physique dif-ficile, un environnementmenacé, une occupationspatiale anarchique, la fai-blesse des infrastructures

(voirie, ouvrages de franchissement,réseaux de drainage, d’alimentationen eau)… Les chantiers à réaliser sontmultiples. l

TsHITENGE lUbAbU M.K.

Tchad N’Djamena, le schéma manquant

la ville continue de s’étendresans plan, sur desterrains souvent inondables.

p Projet d’aménagement d’Angondjé, en périphérie de la capitale gabonaise.

jeune afrique no 2655 • du 27 novembre au 3 décembre 2011

Des racines et des villes 79

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POTENTIEL 5 Ports

Capacitéslogistiques

multimodales

L e s P r o v i n c e s d u S u d d u R o y a u m e d u M a r o c

5 Aéroports Télécommunications9500 km de Routes

Le désert n’a jamais été un obstacle...

Page 81: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

Laâyoune Guelmim Es-Semara Dakhla

il a toujours été un trait d’union.L e M a r o c s a h a r i e n , p l a t e f o r m e d ’ é c h a n g e s a v e c l ’ A f r i q u e.

Page 82: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

L a lutte contre l’habitat précaireestuncombatde longuehaleine.AuMaroc comme en Algérie, lesautorités se sont lancées ces dix

dernièresannéesdansunevéritablecroi-sade pour le supprimer. Hauts lieux decontestationconcentrantcriminalité, chô-mage etmal-être, les « bidonvilles » sonteneffetdevenusunproblèmepolitiquedepremierordre.Dans lesdeuxpays, ils ontexplosédans les années 1970, à la faveurde l’exode ruralmassif etd’uneurbanisa-tionanarchique.EnAlgérie, les villageoisont aussi quitté leurs terres durant lesannées noires pour fuir l’insécurité. Leterme lui-même est né auMaroc, où il aété utilisé à la fin des années 1930 pourdésigner les quartiers périphériques deCasablanca, dont les logements étaientédifiés àpartir de bidons découpés et dematériaux de récupération.

Au Maroc, les autorités ont lancé en2004 le programme « Villes sans bidon-villes », avec pour objectif l’éradicationde l’habitat insalubre à l’horizon 2012.Il concerne 83 villes et 294000 ménages

résidantdansprèsde1000bidonvilles.Septans après, 42 agglomérations seulementsont déclarées débarrassées de ce fléau.Cependant,en2010, leprogrammeONU-Habitat plaçait le Maroc à la deuxième

placemondiale pour la résorptionde cesderniers sur lapériode2000-2010,durantlaquelle leurpopulationabaisséde45,8%.

RAREETCHER.C’est l’organismepublicAlOmranequi est chargédemenerde frontla réhabilitation, l’assainissement, lamiseàdispositiondeterrainset laconstructiond’habitations.Etsaprincipaledifficultéestde trouver du foncier, qui, « à proximitédes grandes villes, est soit trop cher soitcarrément inexistant», expliqueLamiael-Kadiri, directrice généraledéléguéede lasociétéAlOmrane-Tamesna.Leproblèmedu foncier se pose en particulier dans la

banlieue de Casablanca, où deux villesnouvelles, Lakhyayta et Zenata, sont encours de construction. Pour l’architecteTaoufik el-Oufir, ces cités sont une solu-tion, à condition de ne pas aligner desbarres d’immeubles sans charme. « Lebeau est un droit pour tous. Ce n’est pasparce qu’on fait du logement social qu’ildoit être moche. »

En Algérie, NoureddineMoussa, ministre de l’Habi-tat etde l’Urbanisme, est l’undes principaux acteurs de lalutte contre les logementsprécaires. Depuis 2005, son

objectif est de réaliser en moyenne70 000 nouveaux logements chaqueannée. Plus de 553000 familles viventactuellement dans des conditions diffi-ciles, dont 50000 foyers dans des abrisde fortune autour d’Alger.

ENVELOPPE. Le plan quinquennalalgérien (2010-2014) prévoit une enve-loppe d’environ 204 milliards d’eurospour financer la constructionde2,5mil-lions denouveaux logements, dont 15%seront concentrés dans les quatre villesprincipales que sont Alger, Annaba,Oran et Constantine. Depuis fin

HABITAT

Dis-moi où tu vis…

LAHCÈN

EABIB/SIGNATU

RES

� LE QUARTIER D’ALI MENDJELI, à 20 km de Constantine (Algérie),comptera 300000 âmes dans quelques années.

● ● ●

Préoccupation numéro un de la population et des élus: le logement.Au Maroc et en Algérie, on construit à tour de bras.

« Ce n’est pas parce qu’on faitdu social que ce doit être moche. »

TAOUFIK EL-OUFIR, architecte marocain

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

82 Le Plus de J.A. Urbanisme

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2010, 190 000 logements ont étélivrés, 510000 autres sont en cours deconstruction,et400000nouveauxprojetssont à l’étude. Hafida Brakni, architecteà Mostaganem, rappelle que « l’habi-tat précaire représentait au début de ladécennie près de 10 % du parc nationalde logements. La construction de plus

de 2 millions d’habitations, couplée àla destruction de 150000 logis dans lesbidonvilles, a ramené ce taux à 5%.C’estuneperformanceconsidérable,mais troppeuvisible!»Considérable,puisquel’État,quia réalisé350000 logementsentre1980et 1989, en a créé 820 000 entre 2000et 2009. Mais trop peu visible, parce

que l’offre reste en deçà de la demande,par manque de foncier notamment. Lecontexte reste donc très tendu sociale-ment, et toutedistributionde logementssociauxdonne lieu àdes confrontations,parfoisextrêmementviolentes.Labatailledu logement est loin d’être terminée. ●

LEÏLA SLIMANI

D ans les cités africaines, se logerest souventunvraicasse-tête.Lesloyers sontdeplusenplusélevés,

même loin du centre. À Brazzaville, undeux-piècessanstoilettesdansunquartierpopulaire se loue35000FCFA(53euros)parmois,quandlesalairemensuelmoyenest de 75000 F CFA environ. Pas facilenon plus d’acheter une parcelle : les prixflambent à cause de la spéculation fon-cière,qui rejette lespauvresenpériphérie.

Pour résoudre cesproblèmes, lespou-voirspublicsproposentdes lotissements,avec l’octroi de parcelles à bâtir, ou ledéveloppement des parcs de logementssociaux (qui avait été gelé ces dernièresannéesàcausedelacriseéconomiquedesannées1990etdel’endettementdesÉtats).Ainsi, les programmesde logementsditséconomiques fleurissent unpeupartoutdepuis2000:projetdes«10000logementssociaux » au Burkina, chantiers de l’Étatéquato-guinéen àMalabo et à Bata…

Les institutions changent aussi, avecdesministères couplant habitat et urba-nisme, et des politiques adaptées. Enoutre, on note l’intervention de bail-leursde fonds internationaux, l’essordesbanques de l’habitat et, à côté de l’Étatpromoteur, l’apparition de compagniesprivées – notamment chinoises – dansle capital des entreprises immobilièrespubliques.

Néanmoins, laplupart desprojets réa-lisés au cours des dix dernières années

n’innovent guère. Le modèle reste lamaison, et non l’appartement, lui-mêmeconstruit enduplexdansdes immeublesdedeuxou troisétagesmaximum.Cequifavorise l’extensionhorizontaleau lieudedensifier l’espace bâti. «Pour beaucoupd’Africains,mêmeenville, la concession– terrain etmaison – doit ressembler auvillage », précise unurbaniste congolais.Alors la ville s’étend plus vite que leséquipements et les aménagements.

PROPRIÉTAIRE. Autre caractéristiqueobservée concernant les logementssociaux, l’engouement pour la pro-priété, par la vente directe ou la loca-tion-vente, ne se dément pas au sud

du Sahara. Le statut de locataire est eneffet dévalorisant. Mais pour accéderà la propriété, les bénéficiaires de ceslogements dits sociaux doivent êtresolvables. Ils sont donc souvent issusdes classes moyennes aisées, notam-ment de la fonction publique. C’est lecas des habitants de Buena Esperanza,à Malabo, en Guinée équatoriale. Laraison ? Le prix des villas. Très dissua-sif, même pour les classes moyennes.Au Congo, un logement de la Soprogicoûte entre 10 millions et 16 millionsde F CFA (de 15 200 à 24 400 euros).« Trop cher pour nos bourses », déclareMarie, une couturière. Même les prêtsdes banques de l’habitat s’adressent auxsalariés du secteur privé formel et auxfonctionnaires. Au final, les plus pauvresdemeurent perdants. ● MURIEL DEVEY

Logement social cherche locataire aiséAu sud du Sahara, les prix sontsouvent rédhibitoires.

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�À MALABO, des lotissements ont étéconstruits pour les familles les plusmodestes.

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84 Le Plus de J.A. Urbanisme

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Page 86: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

L e 10 novembre, le Gabon inau-gurait le stade de l’Amitié d’An-gondjé, près deLibreville, par unmatch de football (opposant la

sélection nationale au Brésil) qui a bienfailli ne pas avoir lieu. Faute d’éclai-rage. Encore un mauvais tour dû auxfréquentes coupures d’électricité. Aussirécurrentes que les interruptions dedistribution d’eau courante. Les cri-tiques visentunseul coupable: la Sociétéd’énergie et d’eau du Gabon (SEEG),filiale à 51 % du français Veolia.

En 1997, l’État gabonais a confié lagestion de la SEEG au groupe français.Mais le contrat de concessionest devenudepuis deux ans le symbole d’un parte-nariat public-privé raté. «Dans le cahierdes charges, nous avons négligé de pré-ciser le sens des investissements que laSEEGdevait effectuer », reconnaît RégisImmongault, ministre de l’Énergie.

DÉBORDÉ. Aux yeux des Gabonais,l’opérateur ne se montre pas assezoffensif – comprenez « n’investit passuffisamment » –, surtout dans l’hy-draulique. La SEEGconcentre l’essentielde ses efforts sur lagestion et la mainte-nance des centralesthermiques existantesou, au mieux, l’aug-mentation de leurscapacités. Ainsi, celle de Lambaréné(Moyen-Ogooué) a bénéficié de l’ins-tallation de groupes diesels neufs de1 600 kW en 2010, et celle d’Owendo,près de Libreville, voit réhabiliter sesturbines à gaz.

Chez Veolia, on se défend de ne pasavoir respecté le contrat : « À l’origine,il était prévu que la demande en eau eten électricité augmente de 2,5 % à 3 %,explique un responsable de la filiale.La réalité est tout autre : on est davan-tage proche de 6% à 8%. Et les budgets

disponibles ne sont plus du tout adap-tés. »L’entreprise s’efforcenéanmoinsderemplacer lesmoteurs qui fonctionnentau fioulpardes turbinesàgaz.Cederniersera bientôt acheminé, depuis Port-Gentil, par Perenco. Ce qui permettraà la SEEG de baisser de 3,5 % ses coûtsde production et, dans lemême temps,

dedégagerdesmoyens supplémentairespour investir davantage.

RÉACTUALISATION. Critiqué lui aussisur cedossier sensible, le gouvernementavait décidé, en décembre 2009, de révi-ser ce contrat, qui lie l’État gabonais àla SEEG jusqu’en 2017. En avril 2010, le

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DE 40 KM

entreNtoum etLibreville.

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cabinet Deloitte au Gabon a été chargéde mener un audit dont les résultats,remis en février 2011, n’ont pas entraînéla rupture dudit contrat, mais des pro-messes de réactualisation.

Au bout du compte, l’audit sembleavoirmotivé le retour en première lignede l’État dans la fourniture des servicesde base. Ce dernier entend exercer plusde contrôle sur le concessionnaire, etl’annonce de son entrée, en tant qu’ac-tionnaire majoritaire, dans le capitalde la Société d’électricité, de téléphoneet d’eau du Gabon (Seteg) va dans lemême sens.

RECADRAGE. Les dettes de l’Étatenvers la Seteg – 11,5milliards de FCFA(17,5millions d’euros) – ont été apuréeset, pouraméliorerplus rapidement l’offreeneaupotable, uneenveloppede94mil-

liardsdeFCFAvientd’êtredébloquée.Auprogramme, notamment, la réalisationd’un réseau de canalisations de 40 kmentre Ntoum et Libreville (par la Seteg)et d’une septième station de pompage àNtoum (par la SEEG) pour 60milliardsde F CFA ; la pose d’une autre conduiteentre le camp De-Gaulle (Libreville) etAngondjé, où va être construit un nou-veau château d’eau (par la Sogea, filialedu français Vinci), pour 12 milliardsde F CFA ; et des travaux effectués parla Seteg pour renforcer les capacitésde production et de distribution d’eaudans certaines localités de l’intérieur(12 milliards de F CFA). Une étude surle réseau de distribution d’électricitéduGrand Libreville est également prévue.

La reprise enmain vamêmeplus loin,avec la création d’une agence de régula-tion des secteurs de l’eau et de l’électri-cité, véritable signal d’un renforcementde l’autorité administrative et d’uneplusgrande ouverture à la concurrence. Unfonds de financement des infrastruc-tures a également été créé, de mêmequ’une société de patrimoine. Cettedernière aurapour objet la gestion, pourle compte de l’État, des biens et droitsaffectésauservicepublicde l’eaupotableet de l’électricité. ●

GEORGES DOUGUELI

L A CAMEROUNAISE DES EAUX(CDE) est une coentreprise entreles marocains Onep, Delta

Holding et la Caisse de dépôt et degestion. Retour sur ses trois ans decollaboration avec la compagnienationale camerounaise, laCamwater.

JEUNEAFRIQUE: Le Cameroun està la traîne enmatière d’accès à l’eaupotable…

BRAHIMRAMDANE: C’est en effetun motif de préoccupation pour lespopulations,Yaoundé en particuliersubissant une forte pénurie. Pour yremédier, le gouvernement a entre-pris de renforcer la desserte dansune centaine de centres d’affermageà travers le pays, dont la mise enservice, engagée depuis 2009, doitse poursuivre jusqu’en 2015. L’objectifest de porter le taux d’accès à l’eaupotable en milieu urbain de 35 % à60 %.

Plusieurs projets, d’un montanttotal estimé entre 300 milliards et400milliards de F CFA [entre 457mil-lions et 610millions d’euros, NDLR],sont en cours, dont un programmed’adduction d’eau àYaoundé et danstrois villes secondaires. La construc-tion d’une usine d’eau potable surlaMefou, d’un coût évalué à 72,2mil-liards de F CFA, doit notammentpermettre d’augmenter de 50 % laproduction d’eau à Yaoundé, pourpasser de 100000 à 150000 m3 parjour. À Douala, la réhabilitation desinfrastructures et la création de nou-veaux équipements de production

ont déjà permis de porter la produc-tion journalière à 180 000 m3 parjour.

Comment s’articule le partenariatavec l’État?

L’Onep [Office national de l’eaupotable marocain] intervient dans lecadre d’un contrat d’affermage, safiliale, la CDE, étant désignée commesociété d’exploitation, aux côtés desprincipaux acteurs nationaux quesont le ministère de l’Énergie et del’Eau et la CameroonWater UtilitiesCorporation [Camwater].

La CDE apporte son expertise tech-nique pour la gestion de l’eaupotable, le renouvellement de l’outilindustriel et le développement dusecteur. La Camwater s’occupe, elle,du volet investissement. Ce schémade partenariat présente l’avantaged’être jugé crédible par les bailleursde fonds.Trois ans après l’arrivée de

l’Onep, sur un programmed’investissement de plusde 300milliards de F CFA,la Camwater en a déjàmobilisé les deux tiers.

Quelles sont les répercussions pourles populations?

Notre partenariat a permis au paysd’améliorer son offre. La qualité del’eau est meilleure, les délais d’at-tente pour les branchements ont étéréduits de plusieurs mois à deux outrois semaines. La densification duréseau aidant, le nombre de clientsa nettement augmenté. L’activitéd’assainissement de base reste enrevanche embryonnaire, mais desprojets sont à l’étude, et la CDE pour-rait être sollicitée. ●

Propos recueillis par

CLARISSE JUOMPAN-YAKAM

QUESTIONS À | Brahim Ramdane

La qualité estmeilleure, les délais

d’attente sont réduits.CDE

Un partenariat jugé crédiblepar les bailleurs de fonds

Directeur généralde la Camerounaise des eaux

Pour améliorer l’offre,une enveloppe de94 milliards de F CFAa été débloquée.

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Des racines et des villes 87

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JEUNE AFRIQUE : Le gouvernement al’intention d’engager la réhabilitationde cinquante villes dès l’an prochain. Lesarchitectes ivoiriens sont-ils consultés?

GUILLAUME KOFFI : Pas encore. Maisc’est un souhait. Il est évident que laconcertation doit associer ministèrestechniques, collectivités locales, urba-nistes et architectes, pour doter le paysde vrais schémas directeurs.

Élaboration de plans d’urbanisme etde restructuration, aménagement desespaces publics et communautaires…La planification est indispensable à uneurbanisationmaîtriséeet,endonnant leurapprocheglobalede lacitéetde l’habitat,les architectesontun rôle centralà jouer.Nous devons réfléchir et proposer, enpartenariat avec l’ensemble des autresacteurs, des solutions créatives, inno-vantes, qui intègrent les quatre piliersd’un urbanisme durable : le culturel, lesocial, l’environnementalet l’économique.

Pouvez-vous contribuer à la réconcilia-tion, au « mieux vivre ensemble »?

Il est évident qu’une ville bien penséepermet de mieux vivre ensemble. Il faut

réintroduirede lamixité socialedansnosquartiers, ainsiquede lamixité fonction-nelle, c’est-à-dire l’ensembledes serviceset commodités auxquels les citoyens ontdroit : eau, assainissement, électricité,chausséesetcheminements,équipements

publics, transports…Chacunedenosvillesdoitoffrirà sescitoyens lapossibilitéd’unhabitat adapté à leurs besoins et à leursressources. Pour cela, il faut une volontépolitique et un choix affirmé en matièred’urbanisme.

Ya-t-il une réflexion sur l’environnementurbain africain?

L’État est responsable de la planifica-tion. Son désengagement, depuis plusd’une décennie, est l’une des causes dudéveloppement sauvage de nos villes.Il faut revenir à plus de cohérence, demaîtrise de l’expansion urbaine et de laconsommationd’espace.Pourrépondreà

l’évolutiondémographique,il fautdensifieret créer des îlots plus compacts. Il fautaussimieuxgérer les réseaux, levoisinageetmutualiser leséquipements.Cepartagedesressourcesetde l’espacepasse,encoreune fois, par l’innovation.

Comment faire cohabiter le fonctionnelet l’esthétique?

Ils ne sontpas incompatibles, pasplusque le logementdequalitéet l’habitat demasse. Aux architectes de proposer uneoffre diversifiée permettant un parcoursurbain harmonieux. Nous devons aussiencourager la qualité et la durabilité deslogements,etparticiperà l’efforten faveurdes exclus en mettant notre savoir-faireet notre réflexion à la disposition desacteurs sociaux. Enfin, il faut sensibiliserles Ivoiriens, dès le plus jeune âge, auxenjeuxde l’urbanismeetde l’architecture.

Quelsmodèlesurbainsfaut-ilpromouvoir?Il n’y a pas de recette universelle en

matièred’urbanisme.Lesréponsesdoiventêtre localesetadaptéesaucontexte.Notreprioritéestdeprivilégierunprojeturbainglobal. Ce principe doit être consacrépar l’État et inscrit dans le marbre, avecnotamment la rédactiond’unechartedel’environnement.

Le rôle de l’architecte est d’accompa-gner les autorités, au niveau national et

local, pour les aider à définir leur poli-tique de la ville et les différents projetsd’aménagement.

Le plan d’urbanisme d’Abidjan date desannées 1970.Sur quelles bases le revoir?

Lavilleaétépenséeà l’époquecolonialeautour de grands pôles de développe-ment: unquartierd’affaires (LePlateau),deux quartiers indigènes (Treichvilleet Adjamé), une zone commerciale etindustrielle (la Zone 4) et une d’habitatmoderne (Marcory). Dans les années1970, l’Étataconstruit lespremiersgrandsensembles immobilierset sociaux,àPort-Bouët, aux « 220 Logements » ou dans

Guillaume Koffi « Une ville bien penséepermet de mieux vivre ensemble »En Côte d’Ivoire, l’aménagement urbain est un chantierprioritaire. Entretien avec le président du Conseil nationalde l’ordre des architectes.

OLIVIERPOURJ.A.

�À SON CABINET, dans la commune de Cocody (Abidjan).

Toutes nos stratégies doivent intégrerle concept de développement durable.

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le grand quartier-dortoir de Yopougon,la commune de Cocody restant la zonerésidentielle. Ces quartiers, qui ont unequarantaine d’années, ont besoin d’unerestructuration, sur labasededocumentsd’urbanismequiprendrontencompte lesnouveaux enjeux économiques, sociauxet culturels.

Le gouvernement a l’ambition deconstruire 50000 logements sociaux paran. Est-ce réaliste, et est-ce suffisant?

Historiquement, les autorités ontcréé des sociétés publiques, la Sogefihaet la Sicogi [lire p. 94, NDLR], afin deconstruire plus de 90000 logements àAbidjan et à l’intérieur du pays. Lamiseenœuvredes programmesd’ajustementstructurel amis fin à cette politiquedansles années 1980.

Aujourd’hui, l’engagementdunouveaugouvernementdeconstruire 50000 loge-mentssociauxparanestunpariambitieuxqui, avec unemoyennede 10personnespar famille, devrait permettre de logerou reloger quelque 500000 habitants.

Dans la situation actuelle, les groupesimmobiliers ivoiriens ne sont pas en

mesure de réaliser, à eux seuls, ce pro-gramme. Il faut donc penser à un autretypedeproduction, enayantnotammentrecours aux logements préfabriqués. Ilfaut également envisager des formesinnovantes de promotion immobilière,comme le partenariat public-privé. Celanécessite une forte implication de l’Étatdans lamaîtrise des questions foncières[lire p. 92], la sélection des intervenantscompétents, la réalisation d’une plani-fication urbaine pertinente et adaptée,la conception des projets innovants, larecherche des ressources financières,l’élaborationd’unaccompagnementfiscaladapté, la mise en place de banques dematériaux bonmarché, etc.

Abidjan est une ville lagunaire. Est-ceun atout ou un inconvénient?

Site unique au monde, la « perle deslagunes » est devenue un espace deconstructionanarchiqueet insalubre. Leréseaumaritime fait figurededépotoir…Faisons un état des lieux et mobilisonsles compétencesd’urbanistes, depaysa-gistes, d’architectes, pour faire d’Abidjanune ville durable.

Comment transformer Yamoussoukropour qu’elle joue réellement son rôle decapitale politique?

L’État doit mener, avec les profession-nels, une réflexionglobale sur la capitaleet sondevenir, enprenantencompte sonévolutiondémographique,économique,culturelle,socialeetenvironnementale.Enplusdesédificesabritant les institutions, ilfaudraprivilégier la créationdequartiersintégrant lesdifférentes fonctionsnéces-saires : travail, logement, services, loisirs,etc., tout en évitant l’étalement urbain etle mitage. Yamoussoukro, ville-jardin etville durable…C’est une idée à creuser.

Comment le pays peut-il s’inscrire dansla dynamique d’urbanisme durable?

Toutesnosstratégiesdoivent intégrer leconceptdedéveloppementdurable.C’estunimpératif,auXXIesiècle.Pourrépondreaux enjeux de développement du terri-toire, il faut faire des choix structurants,fixer un cap clair et partagé, sur la based’états des lieux réalisés par les experts.Développement durable et architectureresponsable doivent guider nos pas. ●

Propos recueillis par PASCAL AIRAULT

H uit cents hectares (8 km2) dezones précaires vont disparaîtreà Abidjan. « On ne veut plus de

villesetdequartiersquipoussentcommede petits champignons », a expliqué, enseptembre,MamadouSanogo, leministrede la Construction, de l’Assainissementet de l’Urbanisme en annonçant cettedécision. Dans toutes les grandes villesdu pays, les pouvoirs publics ont com-mencé à raser les habitations ne respec-tantpas lesnormesdeconstruction.Sansoublier les installations informelles decommerçants.À lamanœuvre, leministreSanogo et sonhomologue chargée de laSalubritéurbaine, AnneDésiréeOuloto,surnommée «Maman Bulldozer » pourses actions spectaculaires de « déguer-pissement », notamment celui des

commerces, restaurants et night-clubsde la rue Princesse, à Abidjan.

Objectif : faire respecter les normes enmatièred’urbanismeetd’aménagement,un secteur àmême de favoriser la créa-tionde100000emplois, selonMamadouSanogo. Le gouvernement prévoit aussid’ouvrir des guichets uniques dans les

grandes villes du pays et de mettre enplaceunsite internetafinque les sociétésimmobilières et d’aménagement suiventendirect lesétapesd’avancementde leurdossier. Pour obtenir leurs agréments,elles devront dorénavant employer ungéomètre, un urbaniste et un ingénieuren assainissement. ● P.A.

En finir avec leschampignons…L’État souhaite lutter efficacementcontre la construction sauvage.Et en profite pour cadrerle secteur.

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

.

� DANS LE QUARTIER D’ATTÉCOUBÉ, à Abidjan.

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Créée en 1995, la Société de Construction Immobilière (SCI les Rosiers), a pour objetprincipal, la promotion immobilière et la construction.

À ce titre, la SCI Les Rosiers a réalisé et livré plusieurs programmes immobiliers àAbidjan (environ 5 000 logements).

Élue meilleur promoteur immobilier en 1999, la SCI Les Rosiers, se démarque parl’audace de son architecture ; la qualité de ses services et matériaux ; le dynamisme etl’expertise de son personnel. Elle apporte un véritable renouveau dans le paysage de lapromotion immobilière en Côte d’Ivoire.

La SCI Les Rosiers construit :● des logements économiques et évolutifs,● des villas demoyen et grand standing,● des résidences entièrement clôturées et équipées de postes de gardes auxdifférentes entrées, d’espaces verts, d’écoles primaires, de commerces deproximité, de terrains de sports et de parkings.

La SCI les Rosiers réalise un chiffre d’affaires de 3,5 milliards de F CFA (soit environ5333000 euros). Elle emploie une cinquantaine de personnes à temps complet et faitappel à un nombre important d’artisans qualifiés du bâtiment dans le cadre de ses dif-férents projets.

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Q uinze ans après sa création, laBanquedel’habitatdeCôted’Ivoire(BHCI)serecentreenfinsursamis-

sion originelle: le financement de l’habi-tat social et des BTP. Pour l’occasion, labanqueaété recapitalisée.Soncapital estpassé de 2,8 à 5,7 milliards de F CFA (de4,3 à 8,8 millions d’euros), son directeurgénéral, Souleymane Dogoni, espérantle voir atteindre 12milliards de F CFA en2012. L’objectif principal est demobiliserdes ressources durables pour financerl’accession au logement dans un pays oùle salaire minimum interprofessionnelgaranti (Smig)estde36607FCFA.«L’Étatestentréauconseild’administrationetest

devenumajoritaire,expliqueSouleymaneDogoni. Désormais, la BHCI devient uninstrument stratégique importantdans lefinancement de la politique du logementenCôte d’Ivoire. »

La BHCI adapte sa stratégie de finan-cement à deux niveaux. En amont, ellefinancelespromoteurspourlaproductiondelogementssociaux;enaval,elleaccordedes financements aux particuliers pour

l’acquisitiondesdits logements.ÀAbidjan,la banque négocie avec des propriétairesterriens pour constituer une réserve fon-cière. Au moins cinq projets pilotes delogements sociaux sont en cours, dontun de 134 logements dans la communepopulaire d’Abobo. Des programmes delogementsdehautstanding, tels lesHautsdelaDjibi,danslequartierchicdeCocody,serontaussibientôt lancés.Labanqueestégalementactiveà l’intérieurdupays.Ellea par exemple acquis un terrain de 30 haà Korhogo, dans le Nord, sur lequel ellecompte financer un programme mixte,alliant immobilier économique et destanding.

Reste à espérer que ces activités pour-ront,à terme, influencer leprixdecessiondes terrains en ville, qui est extrêmementélevé– jusqu’à25000FCFAlemètrecarréàAbidjan. ● A.S.K.

A u cœur du conflit militaro-politiquequiperturbe l’ouestdelaCôted’Ivoire: laquestionfoncière.Depuisprèsdevingt

ans, les autorités tentent d’adapter lesdispositions juridiquesorganisant lestatutdes terresauxréalitéssocioéconomiques.« La loi sur le foncier, votée en 1998, estl’une des rares en Côte d’Ivoire qui fassel’unanimitéauniveaudespartis, indiqueMamadouSangafowaCoulibaly,ministrede l’Agriculture.Ellepartduprincipequeles droits coutumiers doivent être trans-formés en droitmoderne. »

Selon le régime en vigueur, la pro-priété d’une terre est établie à partir deson immatriculationauregistre foncieret

aprèsacquisitiond’untitrefoncier.Celui-ciest inattaquable – c’est l’une des parti-cularités du système ivoirien. En clair, lajusticen’accepteaucuneaction tendantàremettreencause ledroitdepropriétéparla revendication d’undroit non révélé aucoursde laprocédured’immatriculation.

«GHETTOÏSATION».Autreparticularité :l’Agence de gestion foncière (Agef), dontla mission principale est d’acquérir desterrainsurbains jusqu’ici soumisaudroitcoutumier, afinde remplacer celui-ci pardes titres de propriété en bonne et dueforme. L’Agef doit ensuite viabiliser lesparcelleset lesmettreà ladispositiondesopérateurs économiques.

En pratique, dans les grands centresurbainscommeAbidjan, l’Étatautorise lespropriétairesterriensàprocéderàdeslotis-sementsquin’entrentpastoujoursdans leplangénérald’urbanisation.Conséquence:

les quartiers dits pré-cairespoussentcommedeschampignons.Et lastratégiegouvernemen-talequi tendait, jusqu’àprésent,à les repousser

vers la périphérie des villes « n’est pas lasolution car elle est source demarginali-sation et de “ghettoïsation” d’une partiede la population », indique l’architecteRobertDaoud,directeurgénérald’ArchiboDesign. Ilpréconise leur« intégrationdanslepaysageurbainpardesprouessesarchi-tecturales, sans altérer l’harmonie et labeauté des villes ».

Pour réussir ces «prouesses », les auto-rités – même si elles estiment, à l’ins-tar de Mamadou Sangafowa Coulibaly,que la loi sur le foncier « règle 90 % desproblèmes » – doivent alléger les pro-cédures d’immatriculation des terrains.Selon Bernard N’Guessan, membre del’ordre des géomètres-experts de Côted’Ivoire, « le particulier ne s’y retrouvepas dans la grande diversité des docu-ments et les lourdeurs administrativesqui retardentd’abord lacréationdes titresfonciers, ensuite ladélivrancedespermisdeconstruireexigéspour lamiseenvaleurdes lots ». Alors, un guichet unique dufoncier, pourquoi pas? ●

ANDRÉ SILVER KONAN, à Abidjan

PROPRIÉTÉ

Pourquoi faire simple quandon peut faire compliqué

Accélérateur de développement

Le système foncier ivoirien et ses procédures sont d’une rarecomplexité.Décryptage.

Recapitalisée, la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire se recentresur sa mission principale : faciliter l’accès au logement.

NABIL

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entre Abidjanet Bingerville.

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No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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Page 93: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

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À unedizainedekilomètresdeGrandBassamet plus d’unetrentaine d’Abidjan, la CitéAkissi-Delta – du nomde la

célèbre actrice et productrice ivoiriennede séries télévisées – prend corps. Il ya quatre ans, les 5 hectares de terrainsur lesquels sont désormais bâties sesmaisons étaient encore un vaste champde cocotiers.

En2008,ProximFinancesConstruction,uneentreprisedepromotionimmobilière,a acheté l’espace, et la cité a commencéà sortir de terre. Coût de l’opération :1,3 milliard de F CFA (2 millions d’eu-ros). « Le programme est divisé en deuxtranches, expliqueBensonYed,directeurgénéraldeProximFinancesConstruction.La première, de cinquante logements,est achevée à 80 % et sera livrée au plustard en mars. La deuxième tranche, decinquante autres logements, commen-cera aussitôt et sera livrée au premiertrimestre 2013. »

PRIVILÉGIÉS. Petite particularité :« L’alimentation en eau sera assuréepar une station de traitement pour l’eaupotable, et par une station d’épurationpour celle destinée aux travaux ména-gers », indique Benson Yed. Les acqué-reurs des cent maisons de 400 m2 de la

Cité Akissi-Delta – dont le promoteurestimequ’elles sont «modestes »– serontdoncprivilégiéspar rapportauxhabitantsd’Abidjan, victimes des délestages régu-liers opéréspar la Sociétédedistributiond’eaude laCôte d’Ivoire (Sodeci, qui a lemonopole de la distribution d’eau cou-rante dans lamétropole). Ce privilège aun prix. Les acheteurs devront en effetdébourser entre 15 millions de F CFA,pourun trois-pièces, et 22millions, pouruncinq-pièces.Logements«modestes»?Assurément, puisque dans le quartierchic des Deux-Plateaux (à Abidjan),ProximFinancesConstruction venddes

appartements demêmesuperficie pour35à40millionsdeFCFA–desprix relati-vement élevés qui nedécouragent guèreles candidats à la course au logementdans la capitale économique.

COURT TERME.De fait, enCôte d’Ivoirecommedans beaucoupd’autres pays, lademande de logements est plus forteque l’offre. «D’après nos estimations, lesbesoins se sont accumulésdans le tempspour atteindre environ 400 000 loge-ments, révèleNialéKaba,ministre de laPromotiondulogement.Cesbesoinsaug-mententàunrythmede40000 logementspar an, qui se répartissent àparts égalesentre Abidjan et l’intérieur du pays. »

Les promoteurs immobiliers n’ontdonc pas besoin de nombreux agentscommerciaux pour vendre desmaisonspayées, pour certaines, avant mêmed’avoir été bâties. À Abidjan, les opé-rateurs optent presque tous pour lamême stratégie : leurs clients ouvrentun comptedansunebanquepartenaire,souscrivent à l’opération immobilière,s’acquittent du quart du prix de venteet contractent un prêt auprès de leurétablissement financier, qui verse direc-tement la somme due au promoteurselonunéchéancierarrêtéd’uncommunaccord. Tant et si bien que, générale-ment, la fin du paiement et celle destravaux interviennent enmême temps.Un systèmebienhuilé et un gage à courtterme,quiempêchentmalheureusementles nombreuses personnes aux revenusmodestes d’avoir accès àdes logementsdignes de ce nom. ●

ANDRÉ SILVER KONAN

IMMOBILIER RÉSIDENTIEL

Akissi-Delta, cité de la joieÀ une trentaine de kilomètres d’Abidjan, un nouveau lotissementvoit le jour sur un ancien champ de cocotiers.

NABIL

ZORKO

TPOURJ.A.

ILY A LONGTEMPS que la Société ivoirienne de construction et de gestionimmobilière (Sicogi) a appris à se passer du financement de l’État. Grâce àun prêt de 27 milliards de F CFA (41 millions d’euros) de China Exim Bank,elle pourra livrer, fin 2011, la première tranche de logements sociaux duprogramme Concorde (au nord d’Abidjan), soit 400 maisons (sur 2690),vendues entre 10 et 22 millions de F CFA l’unité. D’autres fonds récoltésauprès de banques privées ivoiriennes et africaines lui ont permis derelancer le programme Jules-Ferry, à San Pedro (Sud-Ouest), dont380 logements sociaux doivent être livrés d’ici à 2013. Enfin, du côté del’immobilier de standing, la Sicogi boucle la première tranche duprogramme Espérance, sur la route de Bingerville, à l’est d’Abidjan,financé par la Banque Atlantique Côte d’Ivoire : 50 maisons (sur 150),dont les prix varient de 50 à 100 millions de F CFA, seront livrées aupremier semestre 2012. ● MALIKA GROGA-BADA

LA SICOGI EN PROGRAMMES

ð LES CINQUANTE PREMIÈRES MAISONS serontlivrées au plus tard en mars 2012.

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J usqu’en août dernier, seuls lespoids lourdssedémarquaient surles routesdéfoncéesdeSanPedro(deuxièmepoumonéconomique

de Côte d’Ivoire, à 350 km au sud-ouestd’Abidjan), acheminant fèves de cacao,latex ou huile de palme depuis les plan-tationsde l’Ouest jusqu’auportautonomede laville.Maisdepuis cetété, onycroiseaussi les bus de la Société de transporturbaindeSanPedro(Sotus),quichangentle quotidien des 500000 habitants.

Habitués à s’entasser à cinq ou sixdans les taxis, jusqu’alors seul mode detransport en commun, les Pétrussienspréfèrent désormais patienter aux abri-bus qui jalonnent les six itinéraires déjàen service. Quant aux autorités locales,elles se réjouissent de ce changement.«Maintenant, onpeutdirequeSanPedroest une grande ville. Comme Abidjan »,s’enthousiasme le préfet de région,Jacques Obouo N’guessan.

Depuis l’échec de la Société detransport urbain de Bouaké (Centre),San Pedro est la seule ville du pays àdisposer d’une compagnie de transporturbain, avec Abidjan. À une différenceprès : contrairement à la Société des

transports abidjanais (Sotra), entreprisepublique, la Sotus est une sociétéprivée.

Son directeur général, VassiafaDiomandé, reste discret sur les investis-sements en cours, mais un rapide calculdonne une idée de leur importance. LaSotus dispose déjà de douze bus d’occa-sion, acquis pour 300 millions de F CFA

(457000euros) l’unité,etdouzeautressontenchemin.Elleemploiecentquinzesala-riés : chauffeurs, receveurs, contrôleurs,mécaniciens, et même agents de voiriequi mènent, aux côtés de la mairie, lestravaux de réfection des routes.

À titreexpérimental, cinqbusont roulédurant trois mois. « Les premiers jours,nous n’avons transporté qu’une dizainedepersonnes,expliqueledirecteur.Début

novembre,noussommespassésàplusde1500passagersquotidiens.Avec larentréescolaireet la traitecacaoyère, cechiffrevaencore augmenter. » Il a donc décidé demettreencirculation lesvingt-quatrebusde la compagnie avant la fin de l’année.« Si tout se déroule selon nos prévisions,explique-t-il, nousdevrionsatteindre trèsvitenosobjectifs,qui sontde3millionsdeF CFA de recette quotidienne. »

MOINSCHER.BlaiseGouanou,directeurtechnique adjoint de la mairie, recon-naît que les busont transformé la vie deshabitants : « Pour aller du quartier Dasciau port, il fallait emprunter trois taxis etdépenser600FCFA, soit 1200FCFAavecleretour.Enbus, lemêmetrajetaller-retourne coûte que 400 F CFA. Conséquence:puisqu’ils savent que c’estmoins cher etqu’en outre c’est confortable, les gens sedéplacent plus ! »

VassiafaDiomandéne s’ar-rêterapas là. «Lesautoritésetles usagers nous ont réservéun si bon accueil que nousréfléchissons déjà aux autresvilles oùdévelopper lemême

service. » À Sassandra et Soubré, dans lamême région, puis peut-être à Korhogo(Nord). « Le transport est un facteur dedéveloppement.Et si lesautorités sontenmesurede fairedeseffortspourentretenirles routes,nous, lesentrepreneursprivés,ferons en sorte d’aider les populations àse déplacer. » Seuls mécontents pour lemoment: les chauffeurs de taxi. ●

MALIKA GROGA-BADA

TRANSPORTS EN COMMUN

Ça roule à San PedroLa capitale du Bas-Sassandra est la deuxième ville ivoirienneà se doter d’un réseau de bus. Une initiative privée qui changele quotidien des Pétrussiens.

Confort, fréquence des trajets…En quelques mois, la Sotus atransformé la vie des habitants.

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96 Le Plus de J.A. Urbanisme

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Bâtir aujourd'huila richesse de demain

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«L a ville offre à l’hommel’image de la civilisationqui l’a édifiée », écrivait lesociologue camerounais

Jean-Marc Ela, en 1983. Et, à l’heure oùl’urbanisation accélère la croissancedes métropoles et où les solidarités s’ef-facent, la protection et la mise en valeurdu patrimoine architectural deviennentpourcertainesvillesunoutilprivilégié.Ellespeuventainsiaméliorer le cadredeviedeleurshabitants, renforcer lacohésionsocialeetrecréer lelienentre lesquartiers,entrehéritagecultureletambitionsdedévelop-pement.L’attentionportéeaupatrimoineest en outre unmoyen de promouvoir larichesse des cultures locales. Ainsi qued’attirer les financements et les touristes.

Les médinas du Maghreb, les palaisroyaux d’Abomey et les maisons « desBrésiliens » auBénin, les forts portugaisd’Accra, au Ghana, la ville sainte desmusulmansd’Éthiopie,Harar, ouencorela citédeDjenné et lesmosquées enpiséde Tombouctou, au Mali, constituent

quelques beaux exemples de la diversitépatrimoniale des villes africaines.

Desrichesses,hélas,souventmenacées.Le manque d’entretien, la spéculationfoncière, la pression démographique etles conflits fontdisparaître chaqueannéedes dizaines demonuments historiquessur lecontinent.Enfévrier2010,auMaroc,le minaret d’une vénérable mosquée de

Meknèss’esteffondré sur la foule.Lemoissuivant, enOuganda, les tombesdes roisKabakasdeKampalapartaienten fumée.En juin dernier, l’antique cité berbère deGhadamèsétait pilonnéepar les troupesdeKaddafi.Troissitesclasséspar l’Unesco.

En première ligne pour défendre lepatrimoine, la société civile essuie sou-ventdesdéfaitescontre les intérêts finan-ciers et les pouvoirs publics : en juillet, lamobilisation des riverains et de l’asso-ciation Casamémoire n’a pas protégé

l’immeublePiot-Templier,emblématiquedu Casablanca Art déco, rasé alors queson classement était à l’étude. Mais elleremporteaussidesvictoiressymboliques:à la findesannées1980, lamobilisationdel’opinion publique avait sauvé le théâtremunicipal de Tunis de la démolition. Enjanvier-février dernier, ses marches ontété un haut lieu de la révolution. Dansla même ville, des architectes ont créél’association Patrimoine 19/20, fin sep-tembre, pour protéger et promouvoir lepatrimoine contemporain.

Lesbénéficessociauxet,biensûr, touristiquesque génère la restau-ration du patrimoineurbain n’échappentplus aux municipa-lités. La médina de

Casablanca est l’objet d’un vaste plande réhabilitation. À Rabat, candidat àl’inscription au patrimoine mondial,l’agence urbaine valorise le centre histo-rique en s’inspirant de la résurrectiondelavillebasquedeBilbaoautourdumuséeGuggenheim.Lesprojetsd’aménagementsont conçus en continuité avec le bâtiexistant.Lenouveau tramway fluidifie leséchanges entre le centre-ville et l’agglo-mération. L’architecture des nouveauxquartiers intègremotifs etmatériaux tra-ditionnels aux volumes contemporains,et les autorités y développent la mixitésociale qui caractérise lesmédinas.

GÉNÉRATIONS FUTURES. Car c’est auxpopulations locales que doivent, avanttout, s’adresser les plans de valorisa-tiondupatrimoine. Elles sont l’âmeet lamémoiredesvilles,qu’ellesentretiennentet transmettent aux générations futures.«C’est au bout de la corde tressée par lepère que le fils tisse la nouvelle corde »,dit le proverbe béninois.

Alorsque lesproblématiquesde l’urba-nisation sont désormais indissociablesde celles du développement durable, lesactivités rurales inscrites dans l’espaceurbain, au-delà de leur intérêt vivrier,constituentégalementunatoutentermesdepaysageetdequalitédevie.C’est lecasdans certains quartiers de Kinshasa, deBamako, ou encore àAntananarivo, uneville construite aumilieu des rizières, oùl’agriculture intra-urbainefait l’objetd’unepromotion.Desespacesprécieuxque lesélus locaux seraient bien avisés de tenirhors de portée des promoteurs. ●

LAURENT DE SAINT PÉRIER

HÉRITAGE

Mémoire du continentDe la Casbah d’Alger à la vieille ville de pierre de Zanzibar,vingt-deux ensembles urbains africains figurentsur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

SVEN

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D’ELMINA,construit en1482, domineAccra.

La valorisation des sitesclassés attire financementsinternationaux et touristes.

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

98 Le Plus de J.A. Urbanisme

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Économie GABONL’effetCAN 2012

à ratifier) au traitéde l’Organisationpour l’harmo-nisation en Afrique du droit des affaires (Ohada)ou la transformation des entreprises publiquesen sociétés de droit privé, le pays recule de deuxplaces (178e sur 183) dans le classement « DoingBusiness »2012de laBanquemondiale. «Lasitua-tions’estbeaucoupaméliorée,mais il resteduche-min », concèdeAlbertYumaMulimbi.Cethommed’affaires incontournableanalyse lesperspectivesde l’économie de son pays.

JEUNEAFRIQUE:À l’approchede la présidentielle,craignez-vousquedenouvelles tensionsaffectentle développement économique du pays?

ALBERT YUMA MULIMBI: Je suis serein, et je nesuispas leseul. Ilyaurapeut-être, icioulà,quelquescontestations locales, mais je ne crois pas à des

Un géant économique en éterneldevenir. C’est la réputation quicolleàcepaysaupotentieldifficileà dompter. Car si les indicateurséconomiques s’améliorent, lestensions politiques qui agitent à

nouveau le pays à l’occasion de la présidentielledu28novembreauraient, si elles s’amplifiaient,unimpactnégatif sur l’activité. «Les résultatsmacro-économiques ont été solides en 2010. Le taux decroissanceduPIBréel adépassé7%, l’inflationestdescendue en dessous de 10 % pour la premièrefois depuis plusieurs années et la situation exté-rieure s’est améliorée.Unepolitiquebudgétaire etmonétaireprudenteacontribuéàceboncompor-tement» : c’est lebilanpositif tiréauprintempsparle Fonds monétaire international (FMI). Malgréla présidentielle et la hausse des coursmondiauxdes matières premières, qui risque de peser surles finances publiques et de relancer l’inflation,l’institution prévoit une croissance de 6,5 % en2011 et de 6% en 2012.

Insuffisant:« Il fautunecroissanceàdeuxchiffrespour que la population commence vraiment àbénéficier de changements durables et qualita-tifs », expliqueAlbert YumaMulimbi, le présidentde la Fédération des entreprises duCongo (FEC).« Au-delà des mines, tous les autres secteurs, del’agriculture aux services en passant par l’indus-trie, sont capables de générer de quatre à cinqpoints de croissance supplémentaires par an »,assure pourtant Jean-Paul Mvogo, auteur d’unerécenteEncyclopédiede l’industrie etducommercede laRDC.Le freinmajeur: la rudessedesaffaires.Malgrédesavancées, commel’adhésion (qui reste

Propos recueillis par JEAN-MICHEL MEYER

Kinshasa a vu les indicateurss’améliorer en 2010. Mais le retardaccumulé est énorme et l’approchede l’élection présidentielle raviveles tensions politiques. Le pointde vue du patron des patrons surl’état de l’économie et celui dela Gécamines, l’entreprise qu’il préside.

«LaRDCongoest lepays d«LaRDCongoest lepays d’

! LE PRÉSIDENT

DE LA FÉDÉRATION

DES ENTREPRISES

DU CONGO a lancé larédaction d’un livreblanc qui sera prêten décembre. Il doitêtre remis augouvernement.

ALBERT YUMA MULIMBI

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

.

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ÉLECTRICITÉLa Côte d’Ivoiremonte en puissance

TOURISMEEnTunisie,Yadisnargue la crise

PORTRAITAbdelhamid ZerguinePDG de Sonatrach

TÉLÉPHONIEChahuté à domicile, MarocTélécom brille à l’extérieur

Nous les rassemblerons dans un document deréférence qui sera remis au gouvernement. Ilsera prêt en décembre. En suivant ce livre blancde la FEC, nous arriverons à un véritable déve-loppement du pays.

Dans le secteur agricole, par exemple, nousattendons depuis des années la promulgation dunouveaucodequenousavonscorédigé.Qu’onnesefocalisepas sur lesmines: leCongoestd’abordunpaysd’agriculture.C’est ce secteurqui amènera leplusviteledéveloppementauplusgrandnombre.Etilne fautpasoublier l’agro-industrie,quidemandedes investissements lourds et spécifiques et quinécessite une fiscalité particulière et incitative.

On dit qu’une agriculture congolaise intensivepourrait nourrir 1 milliard d’êtres humains…

C’esttoutà faitvrai.Aprèsl’Argentine, laRDCongoa leplus importantpotentiel de terres agricoles aumonde.C’est pour celaque jem’oppose formelle-mentà laventedeterresagricolesàdesinvestisseursétrangers. Nous avons d’ailleurs posé ce principecomme préalable dans le code agricole.

Exsangue, l’industriecongolaisepeut-elle retrouversa vitalité passée?

L’industrie congolaise estprincipalement fragi-liséepar leproblèmedes infrastructuresd’énergieetde transport, indépendammentdes freins liésàla fiscalité ou à l’insécurité juridique et judiciaire.Autre problème, le financement des investisse-ments. Laplupartdes industriesqui résistent sontdes filialesd’entreprisesétrangèresquibénéficientde financements intra-groupes. On peut relancerl’activité, car nous disposons de la plupart desmatièrespremières surplace. Saufqu’aujourd’huiil estpluscompétitif d’importer les intrantsquedeles produire localement !

Mais la RDCongo est aussi le principalmarchéd’Afrique centrale ou australe, celui que tout lemonde vise. Sur la base des propositions de laFEC, elle sera bel et bien, avec la population dontelledisposeet la stabilitépolitiquequi commenceà être là, le pays d’avenir en Afrique.

Pour lemoment, deux éléments clés du dévelop-pement fontdéfaut: l’énergie et les financements.

Pour l’énergie, tout lemonde–bailleursde fondset gouvernement–est enfind’accordpour réaliserles grands projets Inga II et III. Les sources de

tensions postélectorales. Début novembre, lorsdudernier conseil d’administrationde la FEC, j’aidemandéauxchefsd’entreprisedenepas réduireleur activité, ce qui aurait été un mauvais signaldonné à la population. Cette demande est bienobservée. Sincèrement, je ne crois pas àune crisepostélectorale.

La FEC a-t-elle profité de cette période électoralepour faire passer desmessages sur ses prioritéséconomiques?

La FEC est une organisation apolitique, et nosmessages sont connus et répétés chaque jour. J’aipar ailleurs été réélu pour un troisième mandatenmai dernier et j’ai demandé à toutes les com-missions nationales de la FEC d’établir chacuneun programme sectoriel d’actions sur trois ans.

s d’avenir enAfrique»ys d’avenir enAfrique»

Profil

• 55 ans

• Président du conseild’administrationde la Gécamines

• Président du conseild’administrationde Texico

• Directeur généralCongo de Texaf

• Président dela Fédérationdes entreprisesdu Congo

• Président du comitéd’audit de laBanque centraledu Congo

• Président dela Conférencepermanentedes chambresconsulairesafricaines etfrancophones

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

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financement semettent enplace,à la faveur aussidu projet d’un opérateur privé qui veut faire uneusined’aluminiumdansleBas-Congo[BHPBilliton,pour près de 4,5 milliards d’euros, NDLR] et quiaurabesoinà lui seulde lamoitiéde lacapacitédeproduction actuelle d’Inga. LaBanquemondiale,quiavait traînédespieds,accompagnemaintenantle projet. Mais il ne faut pas tout concentrer surInga. Il faut installer oumoderniser des centraleshydroélectriquesdanspresquetoutes lesprovinces.C’est en train d’être fait.

Et les banques? Comment faire pour qu’ellesfinancent enfin l’économie?

C’est vrai, le secteur bancaire ne joue pas sonrôle,mais ce qui est étonnant c’est qu’il grandit àunevitesse extraordinaire.De septàhuit banquesil y a quelques années, on est passé à près devingt, dont, effectivement, les fonds propres etles capacités de financement restent très faibles.Mais toutes ces banques viennent parce qu’ellessont convaincues que c’est au Congo qu’il y auraunbooméconomiqueenAfrique.Nousallonsvoirrevenir très rapidement des banques françaises,commeBNPParibas,ouanglaises,commeBarclays.

Encore faut-il convaincre les Congolais.Lastabilitémonétaire lesa rassurés.Désormais,

les usagers peuvent garder leur argent indistinc-tement en francs congolais ou en dollars. Et il eststrictement interditde saisiruncompte, ycomprisenmonnaieétrangère.Cequiafaitpasser lenombredecomptesde30000àprèsde1million.Lesdépôtsaugmentent, donc lesmoyensdesbanques aussi.

Pourtant, le pays recule encore de deux placesdans le classement « Doing Business » 2012. Neprésentez-vous pas une vision trop optimiste duclimat des affaires?

Cela fait six ans que je suis président de la FEC.Àmon arrivée, le climat et l’environnement desaffaires étaient exécrables. Nous avons créé un

partenariat avec le gouvernement, et les pointsde vue de la FEC sont audibles. Grâce à notreaction, le Congo a adhéré au traité de l’Ohada.Il reste à déposer les instruments de ratification.La situation s’est beaucoup améliorée, mais il ya encore du chemin.

Reste ce classement…Il faut savoir que de nombreux critères de

«Doing Business »ne sont pas directement opé-rationnels pour le secteur privé dans le pays, ouqu’ils n’ont pas réellement d’impact chez nous.Ce qui nous préoccupe – je l’ai dit aux équipes de«DoingBusiness » –, c’est la sécurité juridique et

judiciaire, les infrastructures, une administrationetdesentreprisespubliques faibles, etune fiscalitéqui reste encore trop lourde. Et quand je dis qu’ily a une amélioration du climat des affaires, c’estpar rapport aux critères de la FEC et à ceux quiimportent aux opérateurs économiques dansleur activité de tous les jours. Ce qui est certain,c’est que le jour où on déposera les éléments deratification du traité de l’Ohada, la RD Congogagnera vingt places dans le classement.

Autredéfimajeur: laGénéraledes carrières et desmines (Gécamines).Endécembre,vous terminerezvotre première année en tant que président duconseil d’administration.Quel bilanen tirez-vous?

La Gécamines est dans une situation drama-tique. J’ai pratiquement consacré les premiersmois à faire un état des lieux sur lequel on a bâtiun business plan à cinq ans. Ce plan devrait per-mettre de passer d’une production de plus oumoins 18000 tonnes de cuivre par an à plus de100000 tdanscinqans.Nousvoulonsaussimettrefinauxrésultatsdéficitaireschroniquesdepuisunequinzaine d’années pour afficher des bénéficesconséquents à partir de 2015.

Pouvez-vous détailler ce plan à cinq ans?La stratégie est de refaire de la Gécamines un

opérateur minier indépendant. Il est hors dequestion d’accepter le plan – qui n’était pas local,d’ailleurs – qui consistait à en faire un holdinggérant des participations minoritaires dans desjoint-ventures et n’ayant plus d’activités minièresen propre. Nous allons relancer la prospection etlesrecherchesafindecertifierdesréservesminièrespermettant plus de dix ans d’activité.

Allez-vous exploiter de nouveaux gisements?Exactement. Nous ne toucherons pas à la tren-

tainede joint-ventures conclusdepuis 2000.Nous

Notre plan: refaire de la Gécaminesun opérateur minier indépendant.

À PARTIR DU 1ER JANVIER 2012, AlbertYumaMulimbi sera le nouveauprésident de la Conférence permanente des chambres consulairesafricaines et francophones (CPCCAF). Il succède au Marocain OmarDerraji, ancien président de la Chambre de commerce, d’industrieet des services de Rabat-Salé. La CPCCAF, qui a vu le jour en 1973à l’initiative de Léopold Sédar Senghor, Félix Houphouët-Boignyet Georges Pompidou, regroupe aujourd’hui 560 organisationsconsulaires de 27 pays: 24 États africains, ainsi que la France,la Belgique et le Québec. « C’est un réseau d’hommes d’affairesqui partagent la même langue et s’appuient sur les chambresconsulaires. C’est un moyen d’être plus compétitif dans un mondetrès concurrentiel », assure le futur président. L’Union européenneen sera bientôt partenaire. Des cadres bénéficieront de formationset pourront, par exemple, monter pour le compte des entreprisesdes dossiers éligibles à des financements européens. ● J.-M.M.

UN VIRAGE INTERNATIONAL

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102 Entreprises marchés

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allons toutefois réaliserdesaudits financiers limitéspourvoirsicequiaétésignéabienétémisenplace.

Comment financer cette stratégie? On dit quevous devez trouver 962 millions de dollars (soitplus de 716 millions d’euros)?

Oui, et il y a trois sources de financement. Toutd’abord,cellequi fait leplusparlerd’elle: lacessionde participations non stratégiques. Nous avonsdéjàcédénotreparticipationde20%dans le joint-ventureMumi [Mutanda yaMukonkotaMining].Nousenavonsretiré137millionsdedollars,réservésauxpremiers investissementsdemodernisationetà la reprise de la prospection. Deuxième source,qui pourrait totaliser 200 millions de dollars : lesystème bancaire non traditionnel, comme lesbanquesdecoopérationinternationales.Troisièmesource, utilisée par tous les miniers : la mise engage des titres miniers sur la base de la certifica-tion des gisements. Nous espérons certifier plusde 4 millions de tonnes de cuivre dans les troisans. Auprix actuel du cuivre, c’est unpotentiel deplusieursmilliards de dollars.

Et en termes de chiffre d’affaires?En 2011, nous espérons un chiffre d’affaires,

non lié àdes partenariats ou opérations spécialescommedescessions,de260millionsdedollars.Etnousespéronsatteindreplusde1milliarddedollarsen2016.Nousavonsuneprojection trèsprudente,avecunetonnedecuivreà6500dollars,contre8500aujourd’hui.Nouspensons reveniràdes résultatsbénéficiairesdès2015, avec99millionsdedollars,puis passer à 145millions en 2016.

Et comment comptez-vousgérer le passif colossalde 1,6 milliard de dollars?

C’est le passif à fin 2010. Dans le cadre du plande transformation des entreprises publiques ensociétésdedroitcommercial [opérationréalisée fin2010], lepassifnonassurable,autourde800millionsde dollars, devrait être pris en charge par l’État.Nous négocions par ailleurs un allègement signi-ficatif (environ70%)desdettes financières.Notrepassif devrait se situer entre 300et 400millionsdedollars à fin 2012. Cequi est tout à fait viable pourune entrepriseminière comme la Gécamines.

Vous êtes patron d’une entreprise privée avecl’État comme seul actionnaire. Est-ce vivable?

Cela neme pose pas de problèmes. Le proces-sus de transformation des entreprises publiquesen sociétés commerciales précise bien qu’il n’ya plus de tutelle administrative et financière dugouvernement.Aujourd’hui, laGécaminesestgéréepar son conseil d’administration et une directiongénérale; lecontrôlede l’État se fait via l’assembléegénérale des actionnaires, que je préside. Nousallons publier tout ce que nous faisons dans unsoucidetransparencetotale.Deplus,cettephaseesttransitoire.Lebutestderedresser l’entreprisepourpouvoir, à l’initiative de l’État actionnaire, ouvrirson capital à des partenaires privésminoritaires.

Vous y réfléchissez déjà? À quelle échéance?Absolument.Sidanscinqansnousatteignons les

objectifsdubusinessplan,nousseronsenpositionfavorable pour cela. La Gécamines est appelée àredevenir une grande entrepriseminière. ●

� Le plan à cinq ansélaboré pour LA

GÉNÉRALE DES CARRIÈRES

ET DES MINES prévoit deporter la productionannuelle de cuivre de18000 t à 100000 td’ici à 2016.

GWEN

NDUBOURTH

OUMIEU

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

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D es dameuses vont etviennentpouraplanir lesol des futurs parkings.Des camions-citernes

se faufilentaumilieudesmachinespour ravitailler le chantier en eauet en carburant. Aux alentours dustade de l’Amitié-sino-gabonaiseoù se jouera, le 12 février, la finalede la Coupe d’Afrique des nations(CAN)2012de football – coorgani-séeavec laGuinéeéquatoriale–, lesouvriers s’activent. Ils sont environ200 (150 Chinois et 50 Gabonais)à se relayer, jour et nuit, pour finirla construction. L’infrastructuredoit être livrée au plus tard débutdécembre.Auplus fortdecechan-tier de vingt-deuxmois, ils étaient

environ un millier, dont près de750 Chinois et 250 Gabonais.

«Lesgrosouvragessontachevés,il ne reste plus que les parkings,les cabines médias, le systèmeélectronique de la billetterie etl’aménagement paysager à finir »,assureThierryRoussillon, ledirec-teur des projets de la CAN 2012.Autrementdit,malgré leretard, toutsera prêt pour le début de la com-pétition. Construit par ShanghaiConstructionGroup, ce stade–quiaaccueilli le 10novembre sonpre-miermatch,unerencontreamicaleentre le Gabon et le Brésil, perdue0-2par lesPanthères–adavantagefait appel à des ouvriers gabonaisqu’aux PME et PMI locales.

Ce joyau architectural de40000 places est « un cadeau dugouvernement chinois au Gabonau nomde l’amitié qui lie les deuxpays », affirme Henri Ohayon,le directeur général de l’Agencenationale des grands travaux(ANGT). Un cadeau qui aura toutde même coûté, d’ici à la fin de lacompétition, près de 37 millionsd’euros à Libreville. Ce montant,financé par l’ANGT, sera essen-tiellement consacré aux travauxde finition. L’éclairage a ainsi étéchangépour répondreauxnormesde la Fédération internationale defootball association (Fifa), et lapelousevaêtreentièrement refaite.Libreville a fait appel à la sociétésud-africaineEverdream,quiadéjàtravaillé sur les stades de laCoupedumonde 2010.

Crééeenfévrier2010enpartena-riatavecl’américainBechtel, l’ANGTestchargéedeveilleraubonavance-mentdesprojets d’infrastructures.Au total, le Gabon, qui surfe sur labonne tenue des cours du pétrole,aura investi, par l’intermédiairede l’agence, 370 millions d’eurosdans les équipements destinés àla CAN. « Globalement, le budgetinitialement arrêté a été respecté.Les dépassements observés surcertains projets ont été amortispar les économies réalisées surd’autres », expliqueHenriOhayon.Parmi les chantiers dont le budgetaétédépassé, la réfectionde l’hôtelLeconiPalace,àFranceville:évaluéeà10,7millionsd’euros, elleenauracoûté environ 2,3millions de plus.

HÔTELS, HÔPITAUX… Ces inves-tissements massifs ont stimulé lacroissance.De–1,4%en2009, elleest passée à 5,5 % l’an dernier etdevrait atteindre4,2%cette annéeet 4,9 % en 2012, selon la Banqueafricainededéveloppement. Ilsontprofitéauxentreprises gabonaisescomme aux étrangères. Socoba,l’une des principales sociétés deBTPdupays, a ainsi remporté, auxcôtésdegroupesétrangerscomme

GABON

L’effet CAN2012À moins de deux mois du coup d’envoi, les chantiers touchentà leur fin. Libreville y a consacré quelque 370 millions d’euros, qui ontprofité aux entreprises locales comme étrangères.

40 000 placesMatchs du groupe C

et finale

LIBREVILLEStade de l’Amitié-sino-gabonaise

22 000 placesMatchs

du groupe D

FRANCEVILLEStade deFranceville

35 000 placesMatch d’ouverture

et matchs du groupe A

BATAStade

Enkoantoma

15 200 placesMatchs dugroupe B

MALABOStade deMalabo

ð LE STADE DE L’AMITIÉ-SINO-GABONAISE doit être livré débutdécembre. La compétitioncommence le 21 janvier.

JOAN

BARDEL

ETTI

Les sites de la Coupe d’Afrique des nations

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Colas et Ramez, la constructiondes routes d’accès au stade del’Amitié-sino-gabonaise, ainsi qued’hôtels et d’hôpitauxàproximité.En fait, c’est tout le quartier d’An-gondjé (nord de Libreville), où sesitue le stade, qui est en chantier.Ce réaménagement entre dans lecadredesprojetsdedéveloppementd’infrastructures prévus pour lescinq prochaines années et pourlesquels le gouvernement entendinvestir 8,7milliards d’euros.

C’est aussi Socoba, créée etdirigée par un Gabonais d’originefrançaise, Jean-Claude Baloche,qui a eu en charge le gros œuvrede l’autre stade qui accueillera lacompétition, celui de Franceville(provinceduHaut-Ogooué,dans leSud-Est).Reconstruitàplusde80%– un investissement de 76,2 mil-lionsd’euros –, il aunecapacitéde22000places, contre8000aupara-vant. Couvert à 65%, il a été conçupar le cabinet 2G, une société de

droitgabonaiscrééeen2003etdiri-gée par un Serbe, Goran Gogov.Bienplusavancésqu’àLibreville, lestravaux,quiontdurédeuxans, sontpresque terminés. Sur ce chantier,Socoba a travaillé aux côtés de lafiliale localedu françaisETDE,quis’est occupée de l’électricité et ducourant faible,etde lasociétéserbeAmiga,quiaétéchargéede l’instal-lation de la charpentemétallique.Autre entreprise gabonaise ayanttiré son épingle du jeu: le groupeKabi,quiadécroché laconstructiond’unhôtelde100 litsetdeplusieurs

résidences de 50 chambres desti-nées à accueillir les équipes.

Des chantiers de rénovation etde modernisation ont aussi étélancés. L’aéroport international

Omar-BongodeMvengué,à25kmde Franceville, est en pleine réha-bilitationavec laconstructiond’unpavillonprésidentiel, l’extensionetla modernisation de l’aérogare etde la piste d’atterrissage. Le tout,cofinancéparleGabonet laBanqueislamiquededéveloppement(BID),représente unmontant de près de15millions d’euros.

ETAPRÈS?Sitoutsemblebienpartipour la compétition, reste laques-tion de l’utilisation qui sera faitede ces infrastructures par la suite.Selon Henri Ohayon, des contratssont en cours de finalisation avecdes sociétés internationales pourles administrer et les rentabiliser.Il affirme qu’une partie du stadede l’Amitiéquidevait accueillirdesbureauxaété transforméeenhôteltroisétoilesetdevraitêtreconcédéeà un spécialiste. ●

STÉPHANE BALLONG,

envoyé spécial à Libreville

« Globalement, le budget arrêtéa été respecté. »

HENRI OHAYON, Agence nationale des grands travaux

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L a Côte d’Ivoire vivait dansla hantise des délestagesélectriques. D’ici à la fin2013, avec le troisième

groupe de la centrale thermiqued’Azito (commune de Yopougon,àAbidjan), le pays devrait dispo-ser de ressources énergétiquessuffisantes pour faire face à unedemande sans cesse croissante.Azito III va fournir150MWsupplé-mentaires ; avec l’énergie produitepar les deux premières turbines à

gaz, la capacité totale de la cen-trale thermique (entrée en serviceen 1999) atteindra 450 MW. Lestravauxd’extension, dont le lance-mentaétéannoncéenoctobreparle président Alassane Ouattara,vontdébuterendécembreetdurerdeux ans. Le coût de l’extensionest estimé à 208milliardsdeFCFA(317 millions d’euros). Le finan-cement est assuré par la Sociétéfinancière internationale (SFI,filiale de la Banque mondiale),et par les partenaires financiersd’Azito Énergie, l’entreprise quiopère la centrale.

Les principales sources éner-gétiques (centrales hydroélec-triques et thermiques) ivoiriennesont une capacité de productiontotale de 1 390 MW. Cependant,du fait de l’interconnexion et despertes d’énergie dues à la fraude,la puissance disponible auxheures de pointe (entre 19 heureset 22 heures) est de 856 MWh,alors que la demande nationalesur cette plage horaire culmine à876MWh. Ledéficit s’élève donc à20MWh. Il sera largement comblépar Azito III.

BOURSERÉGIONALE.Mieux:àencroireAlassaneOuattara, le projetva permettre « non seulement defournir de l’électricité àmoindrecoût pour soutenir la relance éco-nomique,mais également de faireface [aux] engagements enversles pays voisins [Mali et BurkinaFaso, notamment, NDLR] aveclesquels [la Côte d’Ivoire a] signédes accords pour leur fournir de

ÉLECTRICITÉ

LaCôte d’Ivoiremonte enpuissanceLa capacité de la centralethermique d’Azito seraportée à 450 MW d’icià 2013. De quoi assurerl’indépendanceénergétique du payset lui permettre d’exportervers les États voisins.

CED

RIC

FAVER

O

ð L’INSTALLATION ACTUELLE, miseen service en 1999, utilise deuxturbines à gaz.

LETROISIÈME GROUPE de la centrale d’Azito n’estpas le seul chantier programmé en Côte d’Ivoire.La construction d’un barrage hydroélectrique à Soubré,d’une capacité de 275 MW, fait partie des projetsdu gouvernement ; l’investissement est évalué à300 millions d’euros.

Mais c’est dans toute l’Afrique de l’Ouest qued’importantes installations ont vu ou verront le jourpour contrer les délestages. Après des travaux deréhabilitation, la centrale thermique d’Egbin, dans la

banlieue de Lagos, devrait atteindre en décembre unecapacité de 1200 MW. Au Nigeria toujours, à Obité,une centrale de 430 MW alimentée en gaz naturelfournira ses premiers kilowattheures d’ici deux à troisans. Au Ghana, la centrale d’Aboadze, d’une capacitéde 400 MW et qui utilisera, comme Azito III, la techniquedu cycle combiné, ne sera mise en service qu’en 2014.Et auTogo, la centrale thermique de Lomé, exploitée parl’américain ContourGlobal depuis 2010, doit atteindre àterme une capacité maximale de 100 MW. ● A.S.K.

L’AFRIQUE DE L’OUEST SURVOLTÉE

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l’électricité ». L’ambitiond’Abidjanest de créer, d’ici à cinq ans, uneBourse régionale de l’électricitépour favoriser l’interconnexionentre les pays de la CommunautééconomiquedesÉtats de l’Afriquede l’Ouest (Cedeao).

Le plan d’extension avait prisun nouvel élan il y a quelquesmois. Globeleq – le producteurbritannique d’électricité spé-cialisé dans les pays émergents

(gérant une capacitéde 4000MWdans plus de 20 États) et quicompte dans son capital CDCGroup, la banque de dévelop-pement du Commonwealth – arepris fin mars la participa-tion d’EDF, puis en juin cellede l’équipementier suisse ABB

dans le capital d’AzitoÉnergie(32,85 % du capital chacun)pour en devenir l’actionnairemajoritaire. Selon MikaelKarlsson, directeur généralde la société Globeleq, après laréalisation de la phase 3, la cen-trale thermique de Yopougonsera la plus moderne et la pluspuissante d’Afrique de l’Ouest.

Azito III va en effet utiliser unetechnique de cycle combiné :

une turbine à vapeurest ajoutée aux tur-bines à gaz afin deréutiliser les gaz decombust ion pourproduire de l’énergie.

«Cela permettra de produire plusd’électricité sans augmenter laconsommation de gaz », expliquePascal Drouhaud, directeuradjoint chargéde l’Afrique subsa-harienne du groupe Alstom, par-tenaire financier d’Azito Énergieet fournisseur de la technologie.

Grâce à cette technique,le pays devrait « réaliser uneéconomie sur la consom-mation de gaz de l’ordre de20 milliards de F CFA par

an », selon Adama Toungara,ministre des Mines, du Pétroleet de l’Énergie.

Afin de profiter pleinement dusurcroît de puissance apportéparAzito III, la Côte d’Ivoire doitcependant résoudre les difficultésliées au transport de l’électricitéavant lamise en service des nou-velles turbines. Les lignesdegrandtransit n’ont qu’une capacité limi-tée, et denombreuses lignes 90 kVàAbidjan sont en surcharge. C’estaussi le cas de plusieurs transfor-mateurs de puissance, dans lacapitale économique comme àl’intérieur du pays. « Le gouver-nement y travaille », répond-onauministère desMines, duPétrole etde l’Énergie. ●

ANDRÉ SILVER KONAN, à Abidjan

LE MOT QUICONSOMMEMOINS

CYCLECOMBINÉTechnologiede centralethermiquequi utilisela chaleurrésiduelledes gaz decombustion pourproduire plusd’électricité

Les travaux d’extensiondoivent durer deux ans. Coûtestimé: 317 millions d’euros.

Afrique du Sud, Algérie, Angola, Burkina Faso, Burundi,Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon,Gambie, Ghana, Guinée Conakry, Liberia, Mozambique, Nigeria,Soudan, Tanzanie, Togo, Uganda, Zambie, Zimbabwe.

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A vec l’annonce de l’ou-verturededeuxhôtelsen Tunisie au moisde mars prochain, le

groupeYadisaurasurprisplusd’unobservateur, jouant avec brio ducontre-pied dans un secteur tou-ristique en plein doute. Sur les dixpremiersmoisdel’année,lenombredevisiteursaeneffetchutéde33,3%(à4millions)et lesrecettesde36,2%(1,9milliarddedinars, soit966mil-lions d’euros) par rapport à 2010.Faisant fi du marasme ambiant,«nousn’avonsnigelé,ni reportécesprojets », se réjouit Jalel Bouricha,PDG de Yadis.

À Djerba, l’entreprise familialeinaugurera un établissement cinqétoiles,acheté ilyadeuxansetrefaitàneuf.«Avecprèsde500chambres,il seraparmi lesplusgrandsdecettezone », explique Karim Kamoun,responsable du développementde Yadis en Europe. L’autre ouver-ture concernera un quatre-étoilessitué dans l’oasis de Tozeur (Sud-Ouest). Son acquisition en 2006,comme celles, la même année,

du trois-étoiles de Tabarka (Nord-Ouest)etduquatre-étoilesdeKébili(à l’est deTozeur), avait concrétiséles ambitions nationales de JalelBouricha, faisant de son groupele quatrième acteur tunisien dusecteur. Outre sept hôtels, YadisHolding contrôle un campementde luxeàKsarGhilane,dans leSud,un restaurant à Tataouine et unemaisontraditionnelleàDjerba.«Entout, nous avons une capacité de3600 lits », préciseKarimKamoun.

OFFRE VARIÉE. Pour bâtir sonempire, Jalel Bouricha n’a paslésiné sur les investissements :

« 45 millions d’euros entre 2006et 2012 », précise-t-il. Unmontantfinancésur fondspropresàhauteurde40%.Grâceàcet effort, il espèreà termegénérerenviron30millionsd’eurosdechiffred’affairespourunbénéfice de 3% à 5%. Le pari n’estpasencoregagné.Compte tenuducontexte, Yadis devrait voir cetteannéesesrevenusfondredemoitié,passantde20à10millionsd’euros.

Le groupe présente néanmoinsl’avantagedeproposeruncataloguediversifié. Il anotammentmisé surla thalassothérapieenéquipant seshôtelsdeKébili,DjerbaetTozeurdespas.Unprojetgéréeninternegrâce

TOURISME

EnTunisie, Yadis nargue la criseAlors que l’activité esten chute libre depuisla révolution, le groupes’apprête à inaugurerdeux nouveaux hôtels.Un pari qui porte sacapacité à 3600 lits.

DAVID

LEFR

ANC

! La société gère également UN CAMPEMENT DE LUXE À KSAR GHILANE.

UN SECTEUREN PLEINMARASME

De janvierà octobre,

la fréquentationdu pays

a baissé de

33,3 %et les recettes de

36,2 %par rapportà 2010

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aurecrutement, l’andernier, d’unemanageusespécialiséeetaucentrede formationdugroupe, installé àDjerba. Le tourisme d’affaires, lesexcursionsculturelleset les séjoursdestinés auxgolfeurs sont aussi auprogramme. Autant de produitsà valeur ajoutée qui permettrontde limiter l’importance des tour-opérateurs commeThomasCook,Marmara, TUI ou Jahn Reisen.« Aujourd’hui, ils apportent 75 %denotreclientèle.Maisparcequ’ilsgarantissent de gros volumes, lesnégociations tarifaires sont trèsdures », reconnaîtKarimKamoun.

LOBBYING. « Changer le modèlede l’industrie touristique passeinévitablement par l’ouverture duciel tunisien»,plaideJalelBouricha,également vice-président de laFédération tunisiennede l’hôtelle-rie.Pour lui,multiplier lesdessertesaériennespermettraitparexemplede développer les courts séjours,commeasulefairelerival turc,etdeprofiter davantage de la proximité

avec l’Europe.Mais la signaturedel’accordde libéralisationOpenSkya été repoussée (lire J.A. n° 2654).Faut-il encoreménagerTunisairaudétrimentd’unsecteur toutentier?semble s’interroger le PDG.

AutrecombatdupatrondeYadis:obtenir de l’État la possibilité derégionaliser les campagnes depromotion du pays à l’étranger,pourmieux vendre les spécificitéslocales. «LaTunisie a plus de sitesclassés au patrimoinemondial del’Unescoque l’Égypte!Qui lesait?»surenchérit Karim Kamoun. Encas de succès, le lobbying de JalelBouricha ouvrirait, il en est sûr, debelles perspectives au tourismetunisien.Optimiste, il a en tout casdéjà en tête la prochaine étape dedéveloppementdesongroupe.D’iciàdeuxans, il aprévude l’introduireà la Bourse de Tunis. ●

JULIEN CLÉMENÇOT

BANQUEUNICREDIT INTÉRESSETOUJOURS LA LIBYE

Alors que l’heure est à l’inventairedes avoirs libyens à l’étranger, lesnouvelles autorités du pays ontmanifesté leur intérêt pour laprochaine augmentation de capitald’UniCredit, une opération de7,5 milliards d’euros. C’est ce qu’a

annoncé DieterRampl, le présidentde la premièrebanque italienne,dont les pertes ontatteint 10,6 milliardsd’euros au troisièmetrimestre 2011.Rampl a indiqué quedes mesures sonten train d’être prisespour permettre àTripoli de participerà cette opération

prévue pour début 2012. Comptantdéjà parmi les principaux actionnairesd’UniCredit – avec près de 4,6 % ducapital détenus par sa banque centraleet 2,6 % par la Libyan InvestmentAuthority (LIA) –, la Libye entendainsi maintenir son influence dansla gestion de la banque. En 2010, samontée en puissance dans le capitalavait provoqué de vives inquiétudesdes autres actionnaires. ●

AÉRIEN BRUSSELS AIRLINESMISE SUR L’AFRIQUE

La compagnie belge, qui devraitannoncer une perte de 80 millionsd’euros pour 2011, a présenté un plande restructuration visant à économiserentre 40 et 60 millions d’euros dansles dix-huit mois à venir. Ce planprévoit un renforcement de l’offreafricaine, priorité du transporteur. ●

CÔTE D’IVOIREL’OFFENSIVE DE SAMSUNG

Même s’il a implanté son bureaurégional à Accra, le sud-coréenSamsung Electronics veut faired’Abidjan son hub commercial pourl’Afrique de l’Ouest. En mars prochain,il y ouvrira un show-room d’unesuperficie de 540 m2. Coût del’investissement : environ 1,3 milliond’euros.Treize autres show-roomsseront construits dans le pays avant

la fin janvier 2012 pour prèsde 2 millions d’euros. Kyung-heonKim, vice-président du groupe, s’estrendu en Côte d’Ivoire mi-novembrepour annoncer l’implantationprochaine d’une usine de montage detéléviseurs et de climatiseurs. ●

ALGÉRIECAP SUR LE RENOUVELABLE

« Nous encourageons les opérateursnationaux à investir dans les énergiesrenouvelables, l’État lesaccompagnera dans l’aide àl’investissement, a déclaré le ministrealgérien de l’Énergie et des Mines,YoucefYousfi, lors de l’assembléeexécutive du Conseil mondial del’énergie, à Oran. Nous les aideronsà écouler l’électricité dans le réseaunational. » Le pays prévoit de sedoter d’une puissance de 22000 MWd’origine renouvelable entre 2011 et2030, dont 10000 MW pour l’export. ●

ANDREHUBER

/MAXPPP

Coulisses Entreprises marchés

•MAROC Le groupe d’ameublement Kitea ouvrira trois magasins, à Rabat, Fès

et Tanger, au premier trimestre • ASSURANCE Le marocain Saham, qui a vu

la SFI (Banque mondiale) entrer dans son capital, envisage d’acquérir un groupe

angolais • CÔTE D’IVOIRE La filiale de la Société générale annonce 6 M€ de

bénéfice au premier semestre (– 53,4 %) • JUSTICE La filiale suisse d’Alstom a

été condamnée à payer 31,5 M€ pour corruption, notamment en Tunisie

SMS

Les établissementsouvriront en mars,à Djerba et dansl’oasis de Tozeur.

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I ntègre, rigoureux et profes-sionnel. Depuis son instal-lation à la tête de Sonatrach,les cadres de la compa-

gnie ne tarissent pas d’éloges àl’adresse de leur nouveau PDG.Certains voient même en lui le« sauveur » du groupe pétrolier.À 61 ans, Abdelhamid Zerguineaccèdedoncau sommetde laplusimportante entreprise d’Algérie(près de 44,4milliards d’euros dechiffre d’affaires en 2010). Cellequi assure le développement detout un pays.

Originaire de Guelma, petiteville de l’Est, il suit des étudesd’ingénieur à l’Institut algériendu pétrole (IAP) de Boumerdès.Il débute sa carrière au terminalpétrolier de Skikda, puis intègrel’Entreprise nationale de géniecivil etbâtiment (ENGCB),unedesfiliales de Sonatrach. Enquelquesannées, l’ingénieur gravit tous leséchelons pour devenir directeur

général de l’ENGCB en 1990. Saprise de fonctions coïncide avecle lancement d’un dispositif légalet réglementaire visant à encou-rager l’intervention des compa-gnies étrangères dans le secteurpétrolier. Abdelhamid Zerguineen profite et fait de l’ENGCB unpartenaire incontournable dansplusieurs projets réalisés avec desgroupes étrangers.

Des résultats qui lui permet-tront d’entrer, en 2001, dans l’état-major de Sonatrach en qualité device-président chargéde l’activitéde transport par canalisation. Samission : suivre la réalisation dugazoducMedgaz (qui relie l’Algé-rie à l’Espagne) et des projets de

gazoducsGalsi (Algérie-Sardaigne-Italie) et Nigal (Nigeria-Algérie-Europe).Mais la gestion imposéepar Chakib Khelil, omnipotentministrede l’Énergie et desMines,ne convient pas àZerguine. Khelil

met fin à ses fonctionsde vice-président et lenommesimpleconseil-ler auprès du PDG deSonatrach.Une traver-séedudésert qui pren-dra fin en mai 2010,

avec l’arrivée de NoureddineCherouati à la tête de la compa-gnie nationale. Direction Lugano(Suisse),oùZerguinedirigeSamco,une société spécialisée dans lecommercedegaznaturel, détenueconjointement par Sonatrach etl’italien Eni.

RUMEURS.Etle jeudi17novembre,Abdelhamid Zerguine prend offi-ciellement ses fonctions de PDGde Sonatrach. Il a été nomméle jour même par décret prési-dentiel. Une décision qui, avantd’être officielle, avait été relayéepar plusieurs médias. Le départdeNoureddineCherouati, sonpré-décesseur, n’était un secret pour

personne, sauf… pour Cherouatilui-même. La veille de sondépart,en marge du Congrès du syndi-cat d’entreprise, il a organisé uneconférencedepressepourdénon-cer « les rumeurs »persistantes surson limogeage. «Ces rumeurs nesont pas innocentes. Cela signifiequequelque chose sepasse.Nousdérangeons certaines habitudes,

certaines pra-tiques, à traversl’applicationd’unplande redresse-ment et de miseen ordre. Il nepeut pas y avoirautre chose. Jedoisdérangerdespersonnes et des

intérêts », a-t-il dénoncé.« Cherouati a été nommé pour

une période déterminée. Il devaitassurer une formed’intérimaprèsle limogeage de l’équipe impo-sée par Chakib Khelil, expliquele responsable d’une unité deproduction au sud du pays. Pouréviter les risques de corruption, ila imposédesmécanismesdedéci-sion centralisés. Mais ce systèmede gestion a montré ses limites.Il a bloqué de nombreux projets,notamment ceux en partenariatavec des compagnies étrangères,et a créé un climat de suspicionparmi les cadresdeSonatrach. Lesplaintesont finiparaboutirenhautlieu, et le gouvernement a décidédemettre un terme aumandat deCherouati. »AbdelhamidZerguineest parfaitement conscient de lamission qui l’attend. Il devra ras-surer ses partenaires, instaurerun climat de confiance au seindu groupe et relancer les activitésde recherche et de production.Mission quasiment impossibles’il n’a pas les coudées francheset s’il n’obtient pas le soutien dupouvoir politique. ●

AHMED BEY, à Alger

ALGÉRIE

Succession éclair à SonatrachNommé PDG le 17 novembre, Abdelhamid Zerguine a pris ses fonctions le jour même. Il remplaceNoureddine Cherouati, dont le limogeage inattendu pose question.

DR

!À 61 ANS,l’ingénieurétaitadministra-teur-gérantde Samco,filiale deSonatrach etd’ENI.

44,4milliardsd’euros de

chiffre d’affairesen 2010

Près de

48 000salariés

1recompagniedu continent

12eau niveaumondial

Un géantpétrolier

Le nouveau dirigeant devrarassurer ses partenaireset relancer les activités derecherche et de production.

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C’estgrâceà luiqueBHPBilliton prend réelle-mentpiedauGabon,avec le démarrage,

courant 2012, de la production demanganèse.Récompenseoucoïn-cidence,GabrielKamga,directeurgénéral de la filiale gabonaise dugroupe, devrait prendre de nou-velles responsabilités. En plus deses fonctions au Gabon, il devraits’occuper du développementstratégique du groupe australienà l’international.

paran,d’avoisiner les5millionsdetonnes en 2012.

Très mesuré dans ses propos ets’interdisant « de tomber dans laspéculation»,GabrielKamgarefusepour l’heure de dater le démar-ragedelaproduction,oudechiffrerle montant qui sera investi à ceteffet. Il confirme toutefois que laphase d’exploration a coûté envi-ron 32 millions de dollars (prèsde 24 millions d’euros) et que lesite emploie aujourd’hui quelque200 personnes.

AGUERRI.Legéologue,diplômédel’universitédeBesançon (France),est un vieux routier du secteur quisillonne l’Afrique depuis plus deseizeans.Reconnucommeunbonnégociateur, il aobtenudespermisd’explorationetdéveloppédespro-jets dans plusieurs pays, dont leBurundi, laCentrafrique, leCongoet le Cameroun…

Avantde rejoindreBHPBilliton,il anotamment travailléentre1996et2005pour lenumérounmondialdu secteur,DeBeers.Au seindecegroupe, il a occupé divers postesde responsabilité, dont le dernierétait la direction des explorationssur le continent. Au Gabon, oùses équipes d’exploration restentactives, Gabriel Kamga entendétendre sonportefeuille àd’autresminerais. ● STÉPHANE BALLONG

Ce Camerounais de 49 ans aconduit pourBHPBilliton,àpartirde 2006, les activités d’explorationayant abouti à l’annonce, l’annéedernière, de la découverte d’ungisement de 60millions de tonnesde manganèse dans la région deFranceville. L’entrée en exploita-tion prochaine de cette mine etd’un autre site à Ndjolé (concédéauchinoisCICMHuazhouGabon)devraitpermettreaupays,deuxièmeproducteurmondialdemanganèseavecenviron3,2millionsde tonnes

ON EN PARLE

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

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BILT;D

R

MINES

Gabriel Kamga, la têtechercheuse deBHPBillitonLe directeur général de la filiale gabonaise a joué un rôle central dansl’exploration d’un vaste gisement de manganèse, qui entrera en productionen 2012. Il devrait prendre des responsabilités à l’international.

! LE GÉOLOGUE CAMEROUNAIS sillonnel’Afrique depuis plus de seize ansà la recherche de minerais.

TIPHAINESA

INT-CRIQ

POURJ.A.

60millions de tonnes

Ce sontles réservesde manganèse

découvertes prèsde Franceville

ABDERRAHMANE BERTHÉAFRAAÀ 49 ans, le directeur général d’AirMali est élu président de l’Associationdes compagnies aériennes africaines(Afraa). Cet ingénieur en aéronautiquesuccède à Driss Benhima, le PDG deRoyal Air Maroc.

DRISS CHATERUNION INTERNATIONALEDES AVOCATSL’ancien bâtonnier de Fès a été éluprésident de l’Union internationaledes avocats lors du congrès annuelqui s’est tenu à Miami (États-Unis). Ilest le premier Marocain élu à ce poste.

YOUNES ZRIKEMASMEXLe président de l’Associationmarocaine des exportateurs (Asmex)a présenté sa démission pour« raisons personnelles ». MohamedTazi, président-fondateur de l’Asmex,assurera l’intérim.

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

Décideurs 111

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M aroc Télécom va-t-il enregistrer cetteannée le premierrecul de son chiffre

d’affaires (CA) depuis l’entrée deVivendi dans son capital en 2001?Probable, si l’on en croit les ana-lystes de la banque d’affaires CFGGroup,quiprévoientpour2011unrevenuconsolidéde30919millionsdedirhams(2728millionsd’euros)contre 31655millions de dirhamsl’an dernier. Dans le royaume, labaisseestdéjàde3,4%sur lesneufpremiersmoisde2011par rapportà lamêmepériode en 2010.

Lacontre-performancedemeurecependant relative.D’ailleurs, si lecours de l’action Maroc Télécomaccuse un repli de 7 % depuis ledébut de l’année, il ne s’effondrepas.À raison: l’opérateur conserveuneexcellenteprofitabilité.Mêmesi elle va baisser, sa marge Ebitda– indicateur proche de la margebrute d’exploitation – tourneraautourde55%findécembre,cequiclasselasociétéparmilesmeilleuresd’Afrique dans son secteur. RestequeMaroc Télécom évolue sur un

marché national de plus en plusmature, où le taux de pénétrationdutéléphonemobileatteint112%.

À preuve, si l’opérateur, leaderdans le royaume (46,9 % du mar-ché),voit lenombred’abonnésàsesoffresmobileprogresserlégèrementsurdouzemois (+1,4%)etpresqueatteindre17millions,sesrevenusnesuiventpas.Pis, ilsbaissentde6,2%autroisièmetrimestre.Unreculquis’explique par la fin des exonéra-tionspartiellespourlacontributionauserviceuniversel, lahaussedestarifsd’interconnexionoulafindespromotions limitées aux appelspassés sur son propre réseau.

Mais aussi par labaisse impor-tante du prix moyen par minute(–25%sur lesneufpremiersmoisde 2011 par rapport à la mêmepériode l’anpassé)décidéepourrésisterà sesconcurrents InwietMéditel.Malgréceteffort–enpartie (ré)compenséparunehausse de 24 % des minutesconsommées–,MarocTélécomconserve un prix bien supérieur àses challengeurs (0,97 dirhamparminute contre 0,76 enmoyenne).

D’après Fayçal Allouch, analystechez CFG, « la pression sur lestarifs devrait rester forte au coursdes prochains mois du fait deleur niveau actuel, encore supé-rieur à ceux pratiqués en Égypte(0,16 dirham par minute) et enAlgérie (0,25 dirham) ».

SOTELMA EN VEDETTE. PourMaroc Télécom, les bonnes nou-vellesviennentplutôtdeses filialessur le continent (20%des revenusconsolidés du groupe de janvier àseptembre 2011, contre 17 % surla même période en 2010). Vuede Bamako, la réussite est mêmeimpressionnante. Sur un an, à finseptembre, le nombre d’abonnésde laSotelmaabondide87%pourla téléphoniemobile, 21%pour lefixe et 99 % pour les offres inter-net. Résultat : le CA du troisièmetrimestre a grimpé de 31,5%pouratteindre555millionsdedirhams.Lesobservateursjugent lesrésultatsde la filiale malienne si convain-cants qu’ils lui prédisent àmoyenterme une rentabilité similaire àcelle de samaisonmère.

Encomparaison, leBurkinaFasoaffiche des performances moinsétourdissantes.Maissi leCAd’Ona-tel neprogressequede4%au troi-sième trimestre 2011 (442millionsde dirhams) par rapport à 2010, sarentabilité s’améliore en dépit delaconcurrenceagressivedeBharti.En revanche, les opérations enMauritanie(Mauritel)etauGabon(GabonTélécom)sontdécevantesetvoient leurprofitabilités’effondrer.

Selon les analystes, l’avenir dugroupe se joue pourtant toujoursausudduSahara.Comptetenudeson faible niveau d’endettement,ils appellentmêmede leursvœuxune acquisition en 2012. Mais,pourl’heure,selonFayçalAllouch,

l’opérateurdoitavanttoutpui-ser dans ses ressources pour

poursuivre ses campagnes depromotion et ainsi protéger ses

partsdemarché, auMaroccommeà l’étranger. ●

JULIEN CLÉMENÇOT

TÉLÉPHONIE

Chahuté àdomicile,MarocTélécombrille à l’extérieurLe groupe devrait voir son chiffre d’affaires diminuer en 2011.En repli dans le royaume, il réalise en revanche de belles performancesau Mali et au Burkina Faso.

CÉC

ILETR

ÉALPOURJ.A.

ð SI L’OPÉRATEUR RESTE LEADER DANS

SON PAYS, avec 46,9 % de parts demarché, ses revenus y baissent.

Coursà la Boursede Casa

22 nov. 2011139,5 dirhams

31 déc. 2010150 dirhams

– 7%

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Baromètre Marchés financiers

CRUELLE DÉSILLUSION: les bluechips d’Afrique subsaharienne (dixpremières capitalisations horsAfrique du Sud) n’ont pas joué leurrôle d’amortisseurs. La plus grandecapitalisation de la zone, DangoteCement, abandonne 14,8 % depuis ledébut 2011. Du côté des déceptionsaussi, la Sonatel, qui n’a pas profitédu retour des investisseurs étrangerssur la Bourse régionale des valeursmobilières (BRVM). La société pâtit

du durcissement de l’environnementconcurrentiel au Sénégal, où lenouveau venu (Expresso) tireles revenus unitaires à la baisse, etau Mali, où Orange a vu sa part demarché passer de 81 % à 63 %.Seules bonnes nouvelles: la santéde GuarantyTrust Bank, une des raresbanques nigérianes à échapperà la déprime boursière locale, et desbrasseurs nigérians, qui ont vu leurscours s’envoler ces derniers mois. ●

Depuis notre dernière étude sur l’industriede la bière au Nigeria, en juillet 2010, les

deuxprincipauxbrasseursquenouscouvrons–NigerianBreweries (NB) etGuinnessNigeria (GN) – ont vu leurscours progresser fortement, atteignant leur plus-hauthistorique. Le marché étant toujours en situation deduopole, nous n’anticipons aucunemenace réelle surle court ou moyen terme. Les craintes d’une compé-tition plus franche, consécutive à l’arrivée deSABMiller(2009), ne se matérialiseront que si celui-ci investitmassivement en capacité de production. Bien posi-tionnés pour profiter de la croissance potentielle dumarché,NB etGNont renforcé leurs capacités, accentuant leur domination.Notrepréférence va aujourd’hui à NB, le leader en parts de marché. Notre objectif decours passe de 82 à 101 nairas. La société devrait afficher des bénéfices en hausse(22 % de croissance moyenne du bénéfice par action entre 2011 et 2016), grâce àl’effet volume qui devrait lui permettre d’améliorer ses marges, mais aussi auxretombées positives de l’acquisition récente deSonaSystemset Life Breweries. »●

VALEUR SECTEUR COURSau 23 novembre(en dollars)

ÉVOLUTIONdepuis le débutde l'année (en %)

Nigerian Breweries BIÈRE 0,59 + 19,3Nestlé Nigeria AGROALIM. 2,58 + 9,9Guaranty Trust Bank BANQUES 0,09 + 7,4Guinness Nigeria BANQUES 1,29 + 6Mauritius Com. Bank BANQUES 6 + 4,2Dangote Cement CIMENT 0,64 – 14,8East Af. Breweries BIÈRE 1,91 – 15,4

Zenith Bank BANQUES 0,08 – 15,9Sonatel TÉLÉCOMS 266,38 – 17,8First Bank of Nigeria BANQUES 0,06 – 30,1

Top 10 subsaharien: prime à la bière

Andy GbokaAnalyste chez Exotix

Valeur en vueNIGERIAN BREWERIES Une domination renforcée

BOURSE Lagos • CA 2010 914,6 millions d’euros (+ 13 %)

COURS 92 nairas (23.11.2011) • OBJECTIF 101 nairas

L aclientèleduleaderkényandestélécomsaprogresséde8%entreseptembre2010etseptembre2011,atteignant

18,1millions d’abonnés. Mais sonchiffre d’affaires sur le semestreclos au 30 septembre n’augmenteque de 5,3 % entre 2010 et 2011, à49,63 milliards de shillings (prèsde 362 millions d’euros). Détenuà 40 % par l’anglais Vodafone, legroupe amême vu ses revenus enprovenancedesappelstraditionnelschuter de 5,5 %.

Pourexpliquer cette contre-per-formance, les analystes mettentnotamment en avant la baisse destarifs de communication sous lapression de la concurrence. Ladépréciationdu shilling, la haussedu coût de l’énergie, des intercon-nexions, des taux d’intérêt et destaxessur les licencesexpliqueaussila dégradation de la marge bruted’exploitation (Ebitda), passée endouze mois de 40 % à 29,7 %. Unniveau de rentabilité inférieur de15%auxprévisions, pourtant déjànégatives, deRenaissanceCapital.Preuvedel’inquiétudedes investis-seurs : le cours enBoursede l’opé-rateurs’esteffondrédeplusde30%sur les douze derniersmois.

Un tableau sombre qui recèlecependant quelques bonnes sur-prises. Ainsi les revenus tirés desservicesàvaleurajoutée(échangesde données, SMS, services finan-ciersM-Pesa)progressent. Ils repré-sentent 31,7%duchiffred’affaires,contre 25,2 % un an auparavant.Par ailleurs, l’externalisation decertaines opérations techniqueset la hausse récente des tarifs deSafaricomdevraient lui permettredemaîtrisersescoûtsopérationnelsetd’améliorersarentabilitédanslesprochainsmois. ● J.C.

KENYA

Safaricomà la peineEn difficulté, le numéro undu marché voit le boutdu tunnel.

FAMILYARCHIVES

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(Tanzanie). Il accepte. Une vocation est née – unstyle aussi : celui du journalisme littéraire. Car«Kapu » a beau être agencier, la dépêche qu’il luifautécrire, sèche,plateetconcise, luiconvientpeu.Enmission, il emporte toujours deux carnets : surle premier, il couche ses observations factuelles.Sur le second, sescommentairesetnotesplusper-sonnellesqui servirontà la fabricationdeses livres.

ROCAMBOLESQUE. Six cents pages durant,Domoslawskicolleauxbasquesdesonpersonnage.Ilremontesonparcours,personneletprofessionnel,et raconte avec lui pays et continents. Journalistesans le sou, Kapuscinski fréquente les hôtels detroisièmecatégorie, voyageen taxi-brousse et gri-gnote lemaigresalairedesonépouse, infirmièreenPologne. Il apprend leswahili, contracte lamalaria,négligesa fille restéeàVarsovieetséduit les femmesàgrands coupsde récits rocambolesques. «Chersamis, écrit-il en 1961 à ses collègues de Polityka.Je vous écris en vitesse, juste avant de quitterKhartoum. Dans la nuit de demain (27 janvier),je franchirai la frontièreduCongo.De la frontièrejusqu’à Stanleyville, la route traverse les junglesles plus épaisses d’Afrique. […]Allez savoir ce quiva arriver. Pour l’instant, je n’ai pas peur. La peurpeutvenirplus tard, jepense.» Il est Indiana Jones,il est James Bond. Toujours, le danger le guette ;toujours, il en réchappe.

Mais écrire sur Kapu, fouiller dans les recoinsde sa vie, c’est aussi « essayer de percer ses petitssecrets, ses petites ruses et ses petits trucages »,prévient le préfacier de l’ouvrage, Jan Krauze.Kapuscinski acommencépar réinventer sonpère,enseignant à Pinsk dont il laisse entendre qu’ilfut arrêté par les Soviétiques et n’échappa quede justesse au massacre de Katyn, en 1940 – uneversiondémentiepar lapropresœurdujournaliste.Aux femmesqu’il veut séduire, il raconte l’enfancedifficile qu’il n’a pas eue, là-bas, dans les grandsfroids de Polésie. Plus tard, sous sa plume, uneroute large et lisse en Angola devient un dange-reux sentier plein d’ornières et de nids-de-poule.

Kapu se laisse emporter par son imagination.Ainsi cette scène glaçante sise dans l’Ouganda

C’estl’Afriquequil’afaitconnaître,mais c’est en Indequ’il a com-mencé.Noussommesen1956.Ryszard Kapuscinski a 24 anset une petite expérience dejournaliste militant. Pour le

SztandarMlodych, le journal des jeunes commu-nistespolonaisqui l’emploie, il décrit avec talent laviedesouvriers, suit les réunionsduparti et couvred’obscurs festivals àPrague ouBerlin.ÀVarsovie,où il s’est installé, « Rysiek » trépigne. Il demandeàpartir pour laChine.Est expédiéen Inde.C’est lapanique. Il ne connaît rien de ce pays et ne parlepas anglais. Au bout d’une journée à New Delhi,« il n’aplusqu’uneenvie, c’estde repartir. Il est trèséprouvé par la chaleur et l’humidité tropicales,la solitude lui pèse, il est choqué par le spectaclemassif de ces foulesmisérables ».

Lascène,c’estunautre journalistepolonais,ArturDomoslawski, qui la raconte dans Kapuscinski,le vrai et le plus que vrai, biographie parue auxéditions Les Arènes. Les premières observationsdu petit reporter de province né à Pinsk (citépolonaise aujourd’huibiélorusse) sontd’unenaï-vetédésarmante. Kapuscinski n’est pas encore legrand «Kapu »dont les journauxdumondeentiersalueront plus tard le talent,mais il apprend vite.Surtout, il se sait le témoinprivilégiéd’unehistoireenmarche – celle du « tiers-monde ».

Lesmoispassent.Kapuscinskirejoint larédactiondePolityka, l’hebdomadaireduparti communiste,et s’envole pour le Ghana, qui vient de proclamerson indépendance.TémoindesdébutsdeKwameNkrumah, Kapuscinski se prend de passion pourl’Afrique. En 1962, l’Agence de presse polonaise(PAP) lui propose d’ouvrir son premier bureausur le continent, àDar es-Salaam, au Tanganyika

LeLe roman vrairoman vraidede KapuscinskiKapuscinski

ANNE KAPPÈS-GRANGÉ

Cinq ans après la mort du fameux reporter polonais,une dense biographie revient sur le mythe. Précédée d’unerumeur de scandale, elle n’est finalement guère iconoclaste.

JOURNALISME

Kapuscinski, le vraiet le plus que vrai,d’Artur Domoslawski,Les Arènes,541 pages, 27 euros

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Culture& médias

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ses liens (réels mais finalement limités) avec lesservicesderenseignementsde laPolognecommu-niste. Contacté, un premier éditeur déclina, tantil lui parut risquéde s’enprendre au «monumentKapuscinski ». Lors de la sortie de l’ouvrage enPologne,en2010,Domoslawski tentadese justifierdanslescolonnesduMonde:«Ilnefautpasl’accuserdemensonges oudedistorsions. Il s’agit de textesdont lamatière est réuniede façon journalistique,car Kapuscinski était fantastiquement informé,mais dont la fabrication repose plus sur un soucid’expérimentationquedeprécision factuelle. »Lavérité s’en trouva-t-elledéformée?Certainement.Sa crédibilité en souffrit-elle? Probablement pas.«LesrécitsdeKapuscinski (ouplutôt sesréactions),s’enthousiasmeSalmanRushdiedansTheGuardian,accomplissent ce que seul l’art peut accomplir :donnerdesailesànotre imagination.Kapuscinskivautà lui seulunmillierdegribouilleursgeignardsen peine d’imagination. »

Après l’Afrique, il y aura encore l’Amérique duSud,l’Asieet leMoyen-Orient.DeretourenPologne,il dira avoir été témoin de vingt-sept révolutionset coups d’État, été emprisonné quarante fois etavoir survécu à quatre condamnations à mort.C’est sans doute vrai… et plus que vrai. ●

d’Idi Amin Dada et racontée dans Ébène : « Unebande de gosses a déboulé d’une rue venant dulac encriant : “Samaki ! Samaki !” (en swahili : “Dupoisson !”). Aussitôt les gens se sont rassemblés,fous de joie d’avoir quelque chose à se mettresous la dent. Les pêcheurs ont jeté leur proiesur une table et lorsque les gens l’ont vue, ils sesont tus et se sont figés. Le poisson était énormeet gras. Le lac n’avait jamais hébergé d’espècesaussi gigantesques. Or tout le monde savait queles sbires d’Amin jetaient dans les eaux du lac lescorpsde leurs victimes et que les crocodiles et lespoissons carnivores s’en nourrissaient. Autourde la table régnait un silence de mort. » Mais ceque Kapuscinski n’ignorait pas, c’est que dansles années 1950 les colons britanniques avaientintroduit la percheduNil dans le lacVictoria –unprédateurquiprit desdimensionsextraordinaireset extermina les espèces plus petites.

ARRANGEMENTS. Après avoir autoriséDomoslawski à consulter ses archives, la veuvedu journaliste mort en 2007 tenta vainement des’opposer à la publication de sa biographie. Ellene voulait pas de ce texte qui évoquait les petitsarrangements de Kapuscinski avec la vérité et

CRÉD

ITPHOTO

� LE JOURNALISTE GLOBE-TROTTEUR a fait ses débuts en Inde avant d’être happé par l’Afrique.

D’une guerre l’autre,Angola, 1975,Flammarion, rééditéen septembre 2011,17 euros

D’D’ l’l’

Le Négus,Flammarion, rééditéen 2010, 17 euros

Le Shah,Flammarion, rééditéen 2010, 17 euros

Ébène, aventuresafricaines,Pocket, rééditéen 2002, 6 euros

ÉbèÉbèÉbè

FAMILYARCHIVES

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G alerie 127,sur l’avenueMohammed-V, àMarrakech.Ce lieu ouvert en 2006 parNathalie Locatelli est la pre-

mière galerie maghrébine spécialiséeenphotographie contemporaine. Y sontprésentéesdes imagesd’artistes venusdetoushorizons, jeunesouconfirmés : l’Es-pagnol Toni Catany, les Français SarahMoon et Denis Dailleux, la MarocaineDeborahBenzaquen… «Beaucoupd’ar-tistes viennent prendre des photos auMaroc puis rentrent chez eux, expliqueNathalie Locatelli. Mon but est de fairerevenir ces images et de les faire entrerdans lepatrimoineprivéet institutionneldu pays. »

Autre ville, autre numéro : bienve-nue à l’Atelier 21, rue Abou-Mahassine-Arrouyani,àCasablanca.Fondéeen2008,cette galerie a choisi une lignemoderneet contemporaine.Elle expose les artistesles plus en vogue, comme MohamedEl Baz, héritier de Warhol et de Dalí, lepeintreMahi Binebine, célèbre pour sestoiles aux silhouettes anonymes, Fouad

Bellamine ou encoreChouroukHriech,connue pour son graphismepointu auxlignes fluides et à la perspective trou-blante. «C’est nous qui allons chercherles artistes, expliqueAïchaAmor, codirectrice. Ilssont exclusivement maro-cains, la plupart établis àl’étranger. Ils apportent unregardneufetuneacuitédecréation. Lemarchémarocain n’est pasencore mûr pour accueillir des artistesétrangers. »

EXPLOSION. La Galerie 127 et l’Ate-lier 21 ne sont que deux exemplesparmi d’autres. Ces dernières années,le royaumea vu fleurir les galeries – ellessont une soixantaine aujourd’hui – ainsiquecinqmaisonsdeventesauxenchères.Parmi celles-ci, la Compagnie maro-cainedesœuvresetobjetsd’art (Cmooa),fondée par Hicham Daoudi à Rabat enavril 2002 et aujourd’hui installée àCasablanca, a ouvert deux ans plus tardunespaceconsacréàdesexpositions.Elle

yprésentedes artistesdéjà confirmés surla scène internationale, mais n’exclutpas de soutenir des talents en devenir.

Car auMaroc, le rôle des galeries restefondamentalpouraider lesartistesà trou-ver leur place sur unmarché de l’art enpleineexplosion,estiméentre50millionset 60 millions d’euros par an. Depuis ledébut des années 2000, les toilesmaro-caines les plus prisées ont vu leur cotemultipliée par neuf selon le baromètred’Artprice, la banque de données sur lacotation et les indices de l’art. Le peintre

et romancierMahiBinebine abattu tousles records en vendant une toile pour1,8 million de dirhams (160214 euros).

Sur ce marché émergent, les galeriespeuvent offrir aux artistes une véri-table reconnaissance… à condition dedéfendre leur visionde l’art. «Lesgaleriesd’art contemporaindoiventcombattreungoûtartistiquedominéparnotre traditionarchitecturale, constate ainsi HichamDaoudi. La nouvelle scène artistique estécrasée par le poids de ce patrimoine. »

SÉDUIRE. En 2010, le fondateur de laCmooa, infatigable entrepreneur, a crééunévénementderéférence, laMarrakechArt Fair, devenue une véritable vitrinepour les artistes nationaux encore peureconnus à l’étranger. Du 30 septembreau3octobredernier,Nathalie Locatelli ya participé pour la seconde fois, afin derenouer avec une clientèle clairsemée.«Pendant lessixmoisquiontsuivi l’atten-tat de Marrakech, je n’ai vu quasimentpersonnedansmes locaux, raconte-t-elle.Ce n’est pas tant d’être galeriste qui estcompliqué, c’est la situationgéopolitiquequiestdifficile.Cesdernièresannées, l’artétait une valeur refuge au Maroc, maisaujourd’hui cen’estplus tellement le cas.Avec le Printemps arabe et la crise, onest dans une situation de souffrance. »Bienquecette année60%desachatsà laMarrakechArtFairaientétéconsacrésà laphotographie,Nathalie Locatelli affirmedevoir séduire un public encore peuenclin à acheter ce type d’œuvres d’art.

LaGalerie 127 se targue tout demêmede conserver une fidèle clientèle depuisses débuts. « La moitié de mes ache-teurs sontmarocains », souligneNathalie

ARTS PLASTIQUES

Vitrines marocainesAvec un marché en plein essor, les galeries du royaumecherchent à promouvoir leurs artistes à l’international. Un pari rendudifficile par l’absence de structures et de mesures adaptées.

LE PRINCE DU QATAR – quia raflé la quasi-moitiédes œuvres exposéesà la Marrakech Art Fair l’anpassé – et le roi Mohammed VIont été ces derniers mois lesplus importants acheteurs d’artau Maroc. Et dans leur sillage,on constate un engouementgrandissant de la jet-setdu pays pour les œuvrescontemporaines. Entrepreneursquadragénaires issusd’une bourgeoisie férue d’art,ou grands collectionneurs plusâgés et plus installés, sillonnentainsi tous les événementsen vogue, des vernissagesde galeries aux foiresen passant par les ventesaux enchères. ● M.V.

QUI SONT LES COLLECTIONNEURSD’ART CONTEMPORAIN?

� Œuvres du Français JEAN-FRANÇOIS

FOURTOU à la Marrakech Art Fair 2011.

MARRAKEC

HARTFA

IR

Pour que les œuvres puissentrayonner hors du pays, une baissedes taxes serait nécessaire.

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Culture médias116

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Locatelli. Pouracquérir l’unedes photographies qu’elleexpose, les visiteurs peuventlaisser jusqu’à 80 000 ou90000 dirhams, les prix desœuvres les moins chèresdémarrant à 1600 dirhams.Caro l le Beni tah, uneMarocainevivantàMarseilleet dont les photographies ennoir et blanc constellées detâches rouges sont exposéesà laGalerie 127, commente :« J’ai affaire àdes collection-neurs qui ont un vrai pou-voir d’achat, ils dépensentfacilement car ils savent cequ’ils veulent. Mais c’estvrai que mon travail est unpeu “violent”, il faut vouloirl’accrocherdans son salon! »

Les tarifs de la MatisseArt Gallery, à Marrakechéga l ement , o s c i l l en tquant à eux entre 12000 et500000dirhams.Ony trouveles clichés du MarocainHassan Hajjaj, connu pourphotographier avechumourdes femmes en niqab.L’Atelier 21, à Casablanca,comptepour sa part denombreux ache-teurs prêts à débourser entre 19000 et240000 dirhams, le galeriste s’octroyant50%du fruit de la vente. «Les acheteurssontmajoritairement desMarocains. Ilsont l’œil et ne se trompent pas », relèveAïcha Amor.

OBSTACLES.Des artistesmarocains deplus enplus reconnus, des acheteurs deplus en plus intéressés…Mais pour quelesartsplastiquesdupayspuissentmain-tenant rayonner endehors du royaume,

un certain nombre d’obstacles restentà abattre. Une baisse des taxes sur lesventes à l’étranger serait ainsi plus quenécessaire, la TVA culturelle s’élevantactuellement à 23,5 %. « Les autoritéspensent que les tableaux sont des pro-duits de luxe, donc elles les taxent for-tement, se lamente Mahi Binebine. Il ya une certaine peur que le patrimoinenational quitte le pays. Mais prenonsPicasso,parexemple, c’estune trèsbonnechose qu’il ne soit pas exposé qu’enEspagne ! »

Les restrictions fiscalesne constituent pas la seuledifficulté rencontrée par lesgaleries marocaines. Ellesregrettent aussi l’absencede structures et du soutien,privé ou public, qui pour-raient donner une visibilitéinternationale aux artistes.Faute d’en avoir sur le ter-ritoire national, elles sontcontraintes de faire officedemusées. Ainsi, la ville deRabat attend toujours sonmusée d’art contemporain.Depuis que les travaux ontdébuté, en 2006, le projetdemeure en suspens.

MÉCÈNES. Ailleurs auMaghreb, même son decloche.«Il fautêtreconvaincudecequ’on fait quandonestgaleriste. Il n’y a ni argent nistructures»,déploreLiliaBenSalah,de laGalerieElMarsa,à Tunis. Hicham Daoudiconfirme: «Lespolitiquesneconsidèrent pas les muséescomme quelque chosed’utile. » Le directeur de la

MarrakechArt Fair s’est d’ailleurs engagéàdonner, viadesmécènes locauxetgrâceaubénéficede sesactivités, 450000eurossur trois ans auCentrePompidou (Paris)pour l’acquisition d’œuvres d’artistesmaghrébins.

«Avec le Printemps arabe, les regardsse tournent plus vers nous, mais est-ceque les choses vont changer? Je l’espère.Les artistes réagissent et produisent,souligne Lilia Ben Salah. Mais le plusimportant reste à venir. » ●

MARIE VILLACÈQUE, envoyée spéciale

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�WINK,œuvre du photographe marocain Hassan Hajjaj,représenté par la Matisse Art Gallery.

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Culture médias 117

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■ ■ ■ Décevant ■ ■ ■ Pourquoi pas ■ ■ ■ Réussi ■ ■ ■ Excellent

MUSIQUE

Déjà grandeLONGTEMPS, AVEC SA GUITARE, ellea chanté dans les bars de São Paulo, savillenatale.Une tournéeavec l’immenseCaetanoVeloso l’ayantconsacréecommeune « nouvelle grande » de la musiquepopulaire brésilienne, Maria Gadúlivre aujourd’hui, à 25 ans, son premieralbum.Un très bel opus tout en douceuret rythmes lents que sa voix chaude etdenseparfumedenostalgie.Commedans« Shimbalayé » (c’est déjà un succès enItalie), ousur «Nemequittepas », qu’elleasurevisitersanstrahir legrandJacques.●

VINCENT FOURNIER

Maria Gadú, Som Livre/SonyMusic ■ ■ ■

Dictionnaire de citationsfrancophones, de Jean-MichelDjian, éditions JC Lattès, 210 pages,17 euros ■ ■ ■

DICTIONNAIRE

En françaisdans le texte

AU SORTIR DE RÊVERLE FRANÇAIS, unetrilogie réalisée pourTV5 Monde, lejournaliste Jean-MichelDjian semblait frustréde n’avoir pas pu yloger toutes lesrichesses de lalangue française. Le

Dictionnaire de citations francophonesest une manière d’y remédier. Djian abutiné dans les œuvres d’auteurs des63 pays francophones et sélectionné500 citations qui plaident pour la surviedu français. Comme celle de BernardPivot: « C’est magnifique de défendredes causes perdues, surtout quand ellesne le sont pas… Il est vrai que le françaisbaisse dans certaines parties du monde,mais il se porte mieux dans d’autres. » ●

CLARISSE JUOMPAN-YAKAM

rande

L es amateurs du film ethno-graphique connaissent bienJean Rouch (1917-2004), cetingénieur des travaux publics

françaisqui,aucontactde l’Afrique, finitpar devenir ethnologue et réalisateur.Caméraaupoing, il aparcouru leNigeret leMali pour y saisir desmomentsdela vie des peuples. Il a également été àl’origine de nombreusesvocations d’acteur etde réalisateur. En 1982,il a créé, au musée del’Homme(Paris), leBilandu film ethnographique,devenu, quatre ans aprèssamort, le Festival inter-national Jean Rouch.

Pourcélébrer les30ansdu festival, le Comité dufilm ethnographiquepublie un coffret de10 DVD intitulé Filmerle monde et contenant25 films primés depuis1982.Cetagréablevoyage

à travers l’humanité nous conduitde la France au Kenya, de la Russieà l’Éthiopie, du Japon au Venezuela.Il offre des images saisissantes sur lavariété des activités humaines. Ondécouvrira ainsi l’art de la boucaneenFrance,quiconsisteen la fabricationdeharengs fumés,mais aussi l’état desmusiques urbaines en Afghanistan

et la manière dont onélève les chèvres chez lesHamers d’Éthiopie – quipratiquent la divinationet le sacrifice.

En regardant cesscènesde la vieordinairefilmées chez ceux quinous semblent lointains,noussentonsàquelpointils nous sont, en réalité,très proches. En bonus :un film inédit de JeanRouch, tourné en 1953,qui raconte son voyagedans laboucleduNiger.●

TSHITENGE LUBABU M.K.

ETHNOLOGIE

Si loin si prochesFilmer le monde, une compilation de 25 documentaires primés auFestival Jean Rouch, offre un regard unique sur la diversité humaine.

FONDATION

JEAN

ROUCH

Filmer le monde,les prix duFestival JeanRouch, éditionsMontparnasse,Paris

■ ■ ■

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

Culture médias En vue118

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CINÉMA

MilitantismeesthétiqueCURIEUX CHOIX que celuideprivilégier l’esthétiquepouraborder un sujet politiquecontroversé.Enrésulteunbeaufilm tourné par un amoureuxde l’Afrique du Nord doubléd’un humaniste ému par lesort tragique des Sahraouisréfugiés dans les camps dela frontière algérienne. MaisPierre-Yves Vandeweerd estincapabledefairecomprendreau spectateur les tenants etles aboutissantsduconflit quitouche le Sahara occidental,ce « territoire perdu » par lesréfugiés après le départ ducolonisateur, son annexionpar le Maroc et l’enlisement

ducombatindépendantisteduPolisario.Aveclesmêmesqua-lités « plastiques », les précé-dentsfilmsduréalisateurbelgeévitaientcetécueildunon-dit,transformantde facto l’œuvreendémonstrationmilitante.●

RENAUD DE ROCHEBRUNE

Qui sème le vent…, de Fred Garson(téléfilm diffusé sur Arte le 2 décembre à 20h40) ■ ■ ■

TÉLÉVISION

Thriller françafricainDIFFICILE DE NE PAS SALUER L’INTUITION des scénaristes de cetéléfilm. Une bonne partie de ce qu’ils avaient imaginé s’estplus ou moins réalisée depuis avec, notamment, un coup d’Étatet une prise d’otages européens au Niger, dans la région oùopère la principale entreprise française du nucléaire. Mais sansdoute ne faut-il pas se focaliser sur le réalisme de ce thrillerpolitique bien mené, parfois caricatural, qui implique lesgouvernements français et nigérien, le lobby du nucléaire, uneONG écologiste, des Chinois à la recherche de matièrespremières et des rebelles touaregs. Ce qui en ressort, c’estsurtout une image accablante de ce qu’il reste de laFrançafrique et des manœuvres prétendument apolitiques destrès pragmatiques Chinois. ● R.R.

Territoire perdu,de Pierre-YvesVandeweerd(sortie à Paris le30 novembre) ■ ■ ■

L e Printemps arabe està la mode, et ActesSud compte bien en

profiter en publiant latraduction de cinquantechroniques d’AlaaEl Aswany, célèbre écrivainégyptien, auteur deL’ImmeubleYacoubian etde J’aurais voulu êtreégyptien. À la lecture del’introduction, on s’attendà arpenter la place Al-Tahriravec les révolutionnairesfin janvier 2011. À vivre,au rythme de l’auteur,le soulèvement d’unepopulation, à ressentirses peurs, ses joies, et àcélébrer avec lui sa victoire.Mais le cœur du livren’est pas là…

Parues pour l’essentieldans les quotidiensAl-Shorouk et Al-MasriAl-Youm au cours destrois dernières années, sesChroniques de la révolutionégyptienne racontent enfait une révolution engestation, une colèresourde qui monte. Lesanalyses sont pointues,documentées, souventdrôles et merveilleusementécrites par un auteur quisait manier la fable aussibien que le pamphlet.Il y a du La Fontaineet du La Bruyère chezEl Aswany! À ceux quiveulent comprendrecomment on en est arrivélà, l’auteur fournit desréponses précieuses. Ondécouvre ainsi une Égypteubuesque, gouvernéepar des vieillards et desarrivistes, où la lâchetédes courtisans le disputeà la vénalité de la jeuneélite. Une Égypte misérableaussi, où 40 millionsd’Égyptiens vivent avecmoins de 2 dollars par jour.

Le lecteur découvre,derrière le romanciercélèbre, un journaliste plein

de courage, un humanistequi n’hésita jamais, malgréles pressions, à publier destextes sans concession.Déterminé, intransigeant,il dénonce, moque etprêche dans le désert sonintime et ultime conviction:« La démocratie est lasolution! » Cette phrase,qui conclut chaquechronique, est le battementde cœur du livre, quiva s’accélérant, jusqu’àl’emballement dusoulèvement, enfin abordédans la dernière partie.El Aswany a vécu dix-huitjours dans la rue, auxcôtés de la foule. Lucide,il prévient contre leséventuelles dérives

de cette révolution qui,loin d’être finie, doit êtreprotégée. À distance desgros titres de la presseoccidentale, qui parled’islamisme et de démo-cratie comme de conceptssimples, El Aswany nousinvite à penser, à jugerà l’aune de l’Histoire,pour ne pas dire que nousne savions pas… ●

LEÏLA SLIMANI

… EL ASWANYEt il est comment le dernier…

Chroniquesde la révolutionégyptienne,Actes Sud, 368 pages,23 euros ■ ■ ■

CHRISTO

PHEHEN

RY/M

AHA

PRODUCTIONS

JEUNE AFRIQUE No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

119Culture médias

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Après le « printemps arabe »,l’« automne islamiste ».Expression facile, mais quia le mérite d’indiquer une

évidence. De la Tunisie à la Libye enpassant par l’Égypte, le vide créé parla chute des dictatures ouvre un bou-levard à l’islam politique, seule forceorganiséedansdespaysoù toute formed’opposition était tuée dans l’œuf.

En attendant que la déferlante isla-miste franchisse la mer Rouge, unpremier constat s’impose : les isla-mistes de 2011 ne sont pas ceux desannées 1970-1980. C’est dans les urneset non par la violence qu’ils espèrentrallier la population à leur cause. Maispeut-on les croire sur parole quandils promettent de respecter les règlesde la démocratie ? Pour répondre àcette question, le dossier que publieLa revue offre un certain nombre declés essentielles.Tout d’abord, qu’estdonc cette charia, dont le seul énoncédonne des sueurs froides à beaucoupde monde? Étymologiquement, elledésigne le sentier qui conduit les ani-maux à l’abreuvoir. Appliquée à lareligion, c’est la voie fixée par Dieu àl’homme pour qu’il organise sa vie etcelle de la société.

Autrement dit, la charia n’est pas uncode juridique mais un ensemble devaleurs soumises à l’interprétation desdocteurs de la loi. La quasi-totalité despays musulmans, au demeurant, fontréférence à la charia, et la plupart enfont une source de loi, y compris laLibye, où Kaddafi a réintroduit la légis-lation islamique pour les affaires fami-liales en 1993.

Les islamistes auraient-ils en têtele rétablissement du califat ? Si leretour à un État musulman unique etuniversel n’est ouvertement prônéque par les salafistes, il reste un hori-zon à atteindre pour la plupart d’entreeux – les plus raisonnables, à l’instardu leader d’Ennahdha, RachedGhannouchi, ayant conscience que

les circonstances actuelles ne s’yprêtent pas.Autre éclairage sur l’islampolitique dans le « printemps arabe »,les alliances que les États-Unis ontsecrètement nouées avec les Frèresmusulmansdepuis le début des années1950, dans le contexte de la lutte contrele communismed’abord, dans le cadrede la guerre antiterroriste dans unsecond temps. Avec ce constat édi-fiant : chaque fois que lesAméricainsont cherché à utiliser les Frères pourservir leurs intérêts, ces derniers onttiré profit de la manœuvre.

Dans ce numéro double particulière-ment riche –pasmoinsde196pages! –,La revue innove enouvrant une sectionconsacrée aux sujets scientifiques. Cemois-ci, il y est question, entre autres,des drones, ces engins téléguidés deplus en plus présents sur les champsde bataille, et de la zone tampon entreles deux Corées, qui, classée réservede biosphère mondiale par l’Unesco,deviendra l’un des plus riches sanc-tuaires écologiques d’Asie.

Une autre nouvelle, cette fois sur lefront de la santé, intéresse tout parti-culièrement le continent africain. Lalutte contre le paludismea fait ungrandpas. Destiné à entraîner l’organisme àlutter efficacement contrePlasmodiumfalciparum, le vaccin RTS,S est testéactuellement à une vaste échelle: plusde15500enfants âgésentre 6 semaineset 17 mois sont suivis dans sept paysafricains. Les résultats sont si encou-rageants que l’OMS pourrait recom-mander le RTS,S dès 2015.

On ne saurait oublier dementionnerles deux figures exceptionnelles queLa revue a longuement interviewéesdans cenumérode find’année: l’ancienPremier ministre malaisien MahathirBinMohamadet l’écrivainesud-africaineNadine Gordimer, qui, il y a vingt ansexactement, a été la premièreAfricaineà recevoir le prix Nobel de littérature.Elle demeure la seule à ce jour. ●

DOMINIQUE MATAILLET

Ì Le numéro 18 du mensuel est en vente depuis le 24 novembre

Faut-il avoir peur des islamistes?

EN KIOSQUE | La revue

�LA REVUE N° 18,décembre 2011-janvier 2012,196 pages, 4,90 euros(3000 F CFA dans la zone franc).

larevu

e.info

Algérie 500 DA • Allemagne 5,50 € • Belgique 5,50 € • Canada 7,95 $ CAN • DOM 5 €• États-Unis 7,95 $ US • Espagne 5,50 € • Finlande 5,50 € • Italie 5,50 € • Maroc 40 DH• Portugal 5,50 € • Royaume-Uni 5 £ • Suisse 7,50 FS • Tunisie 9 DT • Zone CFA 3000 F CFA3:HIKTPJ=\UY^UX:?a@a@l@s@a;

M 09597 - 18 - F: 4,90 E - RD

NO 18 – DÉCEMBRE 2011-JANVIER 2012 – 4,90 €

Premier MENSUEL généraliste de langue françaisePOLITIQUES

ÉCONOMIES

SCIENCES

CULTURES

NUMÉRO DOUBLE

LES ISLAMISTESÀ L’ÉPREUVEDU POUVOIR

Tunisie, Égypte, Libye…

✓ L’islam politiqueen 2012

✓ Charia :fantasmes et réalités

✓ Le vrai visage desFrères musulmans(DOSSIER DE 26 PAGES)

PALUDISMEBIENTÔTUN VACCIN !

PORTRAITPIERRE PÉAN,OU TINTIN CHEZLES GAULOIS

DOCUMENTACADÉMIEFRANÇAISEQuellehistoire !

SCIENCESLA GUERREDES DRONES

ISRAËLINDIGNÉSÀ TEL-AVIV

ART DE VIVRESPÉCIAL LUXE

NOUVEAU

À LIRE AUSSI DANS CE NUMÉRO:

AFRIQUE DU SUD: LE GRAND ÉCHEC DE LA RÉFORME AGRAIREVingt ans après la fin de l’apartheid, 77 % des terres sont encore la propriétédes Blancs

PALUDISME: BIENTÔT UN VACCINAprès quatre décennies de recherche, le but devrait être atteint dans moinsde quatre ans

ACADÉMIE FRANÇAISE: QUELLE HISTOIRE !Heurs et malheurs, grandeurs et petitesses d’une institution bientôtquadricentenaire

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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ANNONCES CLASSÉESConcernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre -Tél. : 01 44 30 18 76 - Fax : 01 44 30 18 77 - Email. : [email protected]

DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris - France

JEUNE AFRIQUE N° 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

Appeld’offres

La Société des Télécommunications du Togo (TOGO TELECOM) se propose d’utiliser ses fonds propres pour financer le coût du projet d’acquisition de MatérielRéseau et Outillage. Il est prévu qu’une partie de ces fonds alloués au titre d’investissement sera utilisée pour effectuer les paiements prévus au titre du mar-ché de fourniture de Matériel Réseau et Outillage pour lequel le présent Appel d’Offres International est lancé.

1. L’appel d’offres est ouvert à toutes les entreprises ou sociétés remplissant les conditions requises.

2. La société TOGO TELECOM, représentée par son Directeur Général, invite, par le présent avis d’appel d’offres, les soumissionnaires intéressés à présenterleurs offres sous plis fermé, pour la fourniture de Matériel Réseau et Outillage.L’appel d’offres concerne la fourniture de Matériel Réseau et Outillage. L’ensemble des fournitures est reparti en deux (02) lots.Le dossier d’Appel d’Offres pourra être retiré à la Direction Générale de TOGO TELECOM au secrétariat du Département Moyens et Logistique, Porte 006 aurez-de-chaussée, moyennant paiement en espèce, à la caisse de régie d’avance de TOGO TELECOM, d’une somme non remboursable de Cent Mille(100 000) F CFA à l’adresse suivante :

Direction Générale de TOGO TELECOMPlace de la Réconciliation ; quartier Atchanté - BP : 333 Lomé – Togo

Tél : (228) 22 21 44 01 / 22 53 44 01 - Télex : 5245 TG - Fax : (228) 22 21 03 73 - E-mail : [email protected]

3. Les offres rédigées en langue française, doivent être accompagnées d’une garantie de soumission pour chaque lot :Lot 1 : Quarante Six Millions Six Cent Dix Mille (46 610 000) FCFALot 2 : Cinq Millions Soixante Quinze Mille (5 075 000) FCFA.Toutefois, les spécifications techniques peuvent être rédigées en français ou en anglais.

4. Chaque candidat peut soumissionner pour un ou pour les deux lots. Un soumissionnaire peut être attributaire des deux (02) lots.

5. Le délai de livraison des fournitures est de trois (03) mois maximum à compter de la notification du marché.

6. Les clauses des instructions aux soumissionnaires et celles du cahier des clauses administratives générales sont les clauses du Dossier type d’Appel d’Offres.Toutes les offres des soumissionnaires seront déposées à la Direction Générale de TOGO TELECOM au Secrétariat Administratif (Direction des RessourcesHumaines), Porte N° 12, au rez-de-chaussée, au plus tard le 30 décembre 2011 à 09h 00mn.Les offres remises hors délai ne sont pas acceptées.

7. Les soumissionnaires doivent satisfaire aux critères de qualification suivants :a) Etre une entreprise régulièrement inscrite au registre du commerce et du crédit mobilier ;b) Expérience minimale de trois (03) ans dans la fourniture du matériel similaire demandé ;c) être en règle avec les administrations fiscale et sociale (pour les nationaux) ;d) Avoir des liquidités ou des facilités de crédit pour l’ensemble du matériel soumissionné.

8. Les plis seront ouverts en présence des soumissionnaires ou de leurs représentants qui souhaitent assister à cette ouverture,le 30 décembre 2011 à 9h 30mn dans la salle de réunion de la Direction Générale de TOGO TELECOM du rez-de-chaussée.

9. Les soumissionnaires restent engagés par leur offre pour une durée de quatre vingt dix (90) jours calendaires à compter de la date limite de remise desoffres. La garantie de soumission reste valable vingt huit (28) jours après l’expiration de la garantie de l’offre.Les pièces à fournir et les critères de qualification ci-dessus mentionnés sont plus détaillés dans le dossier d’appel d’offres relatif au présent avis.Pour tous renseignements complémentaires, consulter le site Internet de TOGO TELECOM : www.togotelecom.tg ou s’adresser au Département Moyenset Logistiques, Direction Générale, sis à la Place de la Réconciliation quartier Atchanté, Tél.: 23 38 55 92 /22 53 40 05.

LA DIRECTION GÉNÉRALE DE TOGO TELECOM

MINISTÈRE DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS

DIRECTION GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ DES TÉLÉCOMMUNICATIONS DU TOGO (TOGO TELECOM)

AVIS D’APPEL D’OFFRES OUVERT

POUR LA FOURNITURE DE MATÉRIEL RÉSEAU ET OUTILLAGEFINANCEMENT : FONDS PROPRES AOI n°002/2011/TGT/DG/PRMP/DML

Date de lancement de l’avis : 15 novembre 2011

RÉPUBLIQUE TOGOLAISETravail-Liberté-Patrie

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Annonces classées

N° 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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AVIS DE CONSULTATION

N° 61/PLAN BEN/CO/UCFM/PO 4172/NOV/FY12POUR LA SÉLECTION D’UN CONSULTANT INTERNATIONAL CHARGÉ DE RÉALISER L'ANALYSE DE LA SITUATION DES

MSM (HSH) ET DES IDU (CDI) EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA AU BÉNIN

Plan est une organisation humanitaire internationale de développement commu-nautaire centré sur l’enfant sans affiliation confessionnelle, politique ou gouver-nementale. La mission de Plan est d’apporter des améliorations durables dansla qualité de vie des enfants défavorisés des pays en développement, à traversun processus qui unit les personnes de cultures différentes et donne un sens etune valeur à leur vie.Plan Bénin a obtenu la subvention du Fonds Mondial de lutte contre le sida, latuberculose et le paludisme, pour le compte du 9ème tour afin de mettre enœuvre le projet dénommé : « Accélération de l’accès aux services de préventionde l’infection par le VIH, de soins et traitement et de soutien à base communau-taire ».La présente consultation vise la sélection d’un consultant international pour laréalisation de l'analyse de la situation des MSM (HSH) et des IDU (CDI) enmatière de lutte contre le VIH/SIDA au Bénin.La mission du consultant international consistera à mettre à la disposition dePlan Bénin un rapport d’étude comportant les réponses aux éléments énumérésdans le TDR.La consultation est ouverte à égalité de conditions aux consultants internatio-naux disposant d’une expérience pertinente pour la conduite professionnelle dela prestation dans le respect des spécifications techniques exigées dans laDemande de Propositions.Les personnes intéressées par le présent avis peuvent retirer la Demande dePropositions contre paiement d’une somme non remboursable de trentemille (30.000) FCFA, ou obtenir de plus amples informations à partir du mardi29 novembre 2011 à 9h00, (heure locale, GMT+1) à l’adresse suivante :Plan Bénin - Bureau National08 BP 699 CotonouTél. : 21303951/21305442 - Fax : 21305442Courriel : [email protected]

Plan Bénin enverra la version électronique de la Demande de Propositions auxpersonnes intéressées, résidant hors du Bénin, après confirmation du virementde la somme de trente mille (30.000) FCFA au crédit du compte bancaire sui-vant :Intitulé du Compte : PLAN BENIN FONDS MONDIAL FCFACODE SWIFT : ECOCBJBJIdentité BANcaire : B00620100114110085540349Adresse : 08 BP 0699 COTONOU BENINAucune soumission ne doit porter l’identification du soumissionnaire, conformé-ment aux dispositions de la Demande de Propositions. Seule la mention« Proposition pour la réalisation de l'analyse de la situation des MSM(HSH) et des IDU (CDI) en matière de lutte contre le VIH/SIDA auBénin/CONSULTANT INTERNATIONAL » doit figurer sur le pli. Toutes lesoffres doivent parvenir sous plis fermés au Bureau National de Plan Bénin àl'adresse indiquée ci-dessus, au plus tard le mercredi 28 décembre 2011 à17h30.L'ouverture des offres aura lieu le jeudi 29 décembre à 10h00, heure locale,dans la salle de réunion du Bureau National de Plan Bénin sis à Cadjèhoun der-rière la station Sonacop, à côté du Restaurant CASANOVA.Les soumissionnaires qui le souhaitent peuvent assister ou se faire représenterà la séance d'ouverture des offres.Les offres seront valables pendant une période de quatre vingt dix (90) joursà compter de la date d’ouverture des plis.Pour tout renseignement complémentaire, se rapprocher de la réception duBureau National de Plan Bénin.Plan Bénin se réserve le droit de ne pas donner de suite à cette consultation.

Bell’Aube HOUINATO,Représentant Résident

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGOMINISTÈRE DES INFRASTRUCTURES,TRAVAUX PUBLICS ET RECONSTRUCTION

Cellule Infrastructures - Projet de Réouverture et d’Entretien des Routes Hautement Prioritaires, (PRO-ROUTES)

AVIS GÉNÉRAL DE PASSATION DES MARCHÉSDate de l’Avis : 14 Novembre 2011

Cet avis général de passation des marchés constitue une mise à jour de l’avis général de pas-sation des marchés du projet indiqué ci-dessus publié dans le DGMarket, paru le 12 février2008 et le 21 mai 2009.Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu un don de l’AssociationInternationale de Développement (IDA) et un don de DFID qui totalisent 123 millions US$ eta également sollicité un don additionnel de 125,2 millions US$ auprès des mêmes bailleurspour financer le Projet de Réouverture et d’Entretien des Routes Hautement Prioritaires (PRO-ROUTES).Il se propose d’utiliser les fonds sus mentionnés pour régler des fournitures, des travaux et desservices devant être acquis dans le cadre de ce projet, qui comprend les quatre composantesci-après, qui :a. réouverture et entretien des routes ;b. renforcement institutionnel et formation ;c. mesures sociales et environnementales ;d. suivi et évaluation.Les marchés de services, de fournitures et de travaux, à lancer prochainement, sont résumés ci-après :A. Services de Consultants* Marchés prévus pour être lancés dans le cadre du financement en cours :1. Recrutement d'une firme pour le Contrôle et le Suivi des Travaux de Gestion d’Entretien par

Niveau de service sur le tronçon Kasomeno – Kambu dans la province du Katanga ;* Marchés prévus pour être lancés dans le cadre du financement additionnel :2. Recrutement d’une firme pour le Contrôle et le suivi des travaux d’aménagement et d’entre-

tien de la route AKULA-GEMENA-ZONGO (376 km)3. Recrutement d’une firme pour Contrôle et la surveillance des travaux de mise en état et d’en-

tretien de la route KISANGANI-BENI (741 km)4. Recrutement d’une firme pour Contrôle et le suivi des travaux de remplacement de 11 ponts

sur l'axe Kisangani-BENI5. Recrutement d’un Cabinet Auditeur Financier ExterneB. Marchés de Travaux* Marchés prévus pour être lancés dans le cadre du financement en cours :

6. Travaux de réhabilitation et entretien GENIS sur le tronçon de route Kasomeno – Kambu(630 km) :

* Marchés prévus pour être lancés dans le cadre du financement additionnel :7. Travaux de réhabilitation et entretien de route axe Akula-Gemena-Libenge-Zongo (376 km)8. Travaux de remise à niveau et entretien GENIS de l'axe KISANGANI-BENI (741 km)9. Travaux remplacement de 11 ponts le long de l'axe KISANGANI-BENILes marchés des travaux et fournitures susmentionnés seront passés conformément aux procé-dures spécifiées dans les Directives de la Banque mondiale pour la « Passation des marchésfinancés par les prêts de la BIRD et les crédits de l’IDA, édition de Mai 2004 et révisée enOctobre 2006 et Mai 2010 » et à l’annexe 2 des accords de don du Projet, et ouverts à tous lescandidats qui remplissent les conditions stipulées dans les directives. Les consultants serontchoisis conformément aux Directives « Sélection et emploi de consultants par les emprunteursde la Banque mondiale, édition Mai 2004, révisées en Octobre 2006 et Mai 2010 » et à l’annexe2 des accords de don du Projet.Les avis relatifs aux différents marchés qui doivent être passés conformément aux procéduresd'appel à la concurrence internationale de la Banque mondiale seront publiés dès leur com-munication, dans Development Business (UNDB), dans dgMarket, dans les journaux locaux etdans d’autres publications internationales et diffusés auprès des représentations diplomatiquesaccréditées auprès de la République Démocratique du Congo.Les soumissionnaires potentiels, satisfaisant aux critères de provenance intéressés ou ayantbesoin de renseignements complémentaires, devront s'adresser à :

Cellule InfrastructuresMinistère des Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction

70A, Avenue Roi Baudouin, Commune de la Gombe / Ville de KinshasaRépublique Démocratique du Congo.

Tél : (+ 243) 81 03 764 94 - E-mail : [email protected] site: www.celluleinfra.org

Fait à Kinshasa, le 10 novembre 2011Pour le Coordonnateur en Congé, Billy TSHIBAMBE

Chef de Section Routes

Page 123: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

Annonces classées

JEUNE AFRIQUE N° 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

Recrutem

ent

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Managers Senior : Burkina Faso,Côte d’Ivoire, Mali et Maroc

I. INFORMATIONS GÉNÉRALESTechnoServe, Inc. (www.technoserve.org) est une organisation internationale à but non lucratif créée en 1968 et dédiée au développe-ment économique. Elle a pour mission d’encourager les entrepreneurs hommes et femmes vivant dans les zones rurales pauvres des paysen développement à créer des entreprises.II. DESCRIPTION DES POSTESTechnoServe recherche des cadres de gestion chevronnés de premier plan pour démarrer, gérer et étendre des programmes au BurkinaFaso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Maroc. Les postes proposés sont ceux de Directeurs Pays, Directeurs Pays adjoints et Chefs de pro-grammes. Les Directeurs Pays et leurs adjoints guideront la stratégie pays de TechnoServe. Ils superviseront en outre l’exécution des pro-grammes et le suivi/évaluation. Ils gèreront le personnel, développeront les relations avec les bailleurs de fonds et les partenaires et diri-geront les activités locales de levée de fonds. Les Chefs de programmes prépareront, exécuteront et superviseront les programmes par-ticuliers visant à promouvoir des entreprises dans les pays ciblés.III. QUALIFICATIONS ET PROFILDirecteur pays• Maîtrise en administration des affaires ou diplôme équivalent.• Dix années au minimum d’expérience en tant que cadre supérieur dans le secteur privé (de préférence dans l’agroalimentaire ou comme

consultant en gestion).• Succès reconnu dans la levée de fonds et aptitude avérée à développer et motiver une équipe.Directeur pays adjoint• Maîtrise en administration des affaires ou en gestion exigée.• Cinq années au minimum d'expérience dans la gestion (et/ou la gestion de programme) au sein d'une entreprise à but lucratif.• Forte orientation commerciale et bonnes capacités rédactionnelles (propositions, plans d'affaires).• Leadership, aptitudes à la direction d’équipes et à la formation.Chef de programme• Maîtrise en administration des affaires ou gestion exigée.• Cinq années au minimum d’expérience en gestion de programmes : organisation du travail, capacités d’analyse et de synthèse, anima-

tion des équipes.• Minimum de deux ans d’expérience dans le développement économique, la comptabilité et la levée de fonds.En outre, les qualifications suivantes sont indispensables :• Bonne connaissance du développement agricole ou de l’entrepreneuriat dans le contexte africain.• Excellentes compétences en communication (orale et écrite) et en relations interpersonnelles.• Parfaite maîtrise du français exigée ; très bon niveau en anglais écrit et oral.• Connaissances en informatique indispensables (MS Office/Windows).

Les candidats intéressés sont invités à envoyer un CV, une lettre de motivation et trois références à[email protected] avant le 18 Décembre, 2011.

CEIBA Intercontinental, a state airline owned by the Government of Equatorial Guinea, operates ATR aircraft in domestic and international flights to surrounding countries. We areplanning to expand our present network and the first long-range Boeing 777 has already been ordered. We are looking for candidates for the following full-time positions at the ear-liest possible starting date based at our Malabo, Equatorial Guinea headquarters:Director Commercial (Chief Commercial Officer)The Director Commercial leads the Sales, Marketing, Pricing & Revenue Management, Network Planning & Scheduling teams, the Director Commercial will be responsible for thecommercial success of the airline.Head of Global SalesThe Head of Global Sales is responsible for the development and implementation of the commercial strategy, of the sales and distribution strategy, as well as of the airline’s salesand revenue budgetHead of Marketing and Product ManagementThe Head of Marketing is responsible for the marketing & communication plan as well as the product & brand strategy.Head of Network ManagementThe Head of Network Management is responsible for the pricing and revenue management strategy and the airline’s network strategy as well as the corresponding network plan-ning and scheduling processes.Director Flight OperationsThe Director Flight Operations is responsible for the development and companywide implementation of Flight Operations standards according to industry best practice especiallyEASA standards.Ground Operations OfficerThe Ground Operations Officer establishes and updates the Ground Handling Manuals on a regular basis to ensure full compliance with internal and external requirements.Maintenance EngineerThe Maintenance Engineer is responsible for the development of a CEIBA Joint Agreement with Third Parties performing maintenance services and the preparation of the Mainte-nance Department in its functions as B777 Maintenance Holder.All positions mentioned above require an adequate university degree as well as in-depth knowledge of their area of expertise with at least 5 years industry experience. All candida-tes have to be business fluent in English and in Spanish or French.For further information about each of the positions please contact:

Maria Estrella Ayecaba, Human Resources CEIBA ([email protected]) +240 333 040 923 (9 am – 4 pm West Africa Time)

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Annonces classées

N° 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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Unité de Gestion du Programme

AVIS POUR LE RECRUTEMENT DES CONSULTANTSLa Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) a obtenu un Don auprès du Fonds Africainde Développement (FAD) en différentes monnaies pour financer le coût du Programme d’Appui à la Conservationdes Ecosystèmes du Bassin du Congo (PACEBCo) et entend utiliser une partie des sommes dudit Don pour effec-tuer les paiements autorisés au titre des contrats à conclure dans le cadre des consultations suivantes :I - Consultant chargé de l’élaboration de la stratégie régionale de la recherche forestière ;Profil du consultantLe consultant en charge de la mission doit répondre aux exigences suivantes :• Chercheur ou enseignant-chercheur en Sciences Forestières ou une autre matière relevant, titulaire d’un Docto-

rat ou d’un PhD ;• Justifier d’une expérience d’au moins 10 ans dans le domaine des recherches forestières ;• Avoir une connaissance de la sous-région d’Afrique centrale.Durée de la consultation : La consultation s’étendra sur une période de trois (03) mois.II - Consultant chargé du Renforcement des capacités en communication ;Profil du consultantLe consultant en charge de la mission doit répondre aux exigences suivantes :• Diplôme Bac+4 au moins en Communication, Marketing et gestion, ou tout autre domaine reconnu équivalent ;• Justifier d’une expérience d’aux moins cinq (05) ans dans l’élaboration des stratégies de communication institu-

tionnelle et de masse ;• Justifier d’une expérience avérée dans le domaine de la gestion de l’environnement et du développement durable ;• Justifier d’une expérience avérée dans la connaissance des médias sous-régionaux et internationaux pour établir

un meilleur média planning ;• Avoir une connaissance des nouvelles technologies de l’information et de la communication.Durée de la consultation : La consultation s’étendra sur une période de trois (3) mois.III - Consultant chargé du renforcement des capacités en législation.Profil du consultanta) Internationalisation des directives de la COMIFAC.Le consultant en charge de la mission doit répondre aux exigences suivantes :

• Diplôme Bac+5 au moins en droit, ou tout autre domaine reconnu équivalent ;• Justifier d’une expérience d’aux moins cinq (05) ans dans la sous région sur les négociations internationales ;b) Production d’un projet de directive COMIFAC sur les études d’impacts environnementaux.• Diplôme Bac+5 au moins en droit, ou tout autre domaine reconnu équivalent ;• Justifier d’une expérience d’aux moins cinq (05) ans en formation et activités sur les études d’impact ;• Justifier d’une expérience avérée dans le domaine de la gestion de l’environnement ;c) Formation sur le protocole de NAGOYA et aspects connexes : Bio-prospection et droit de propriétésintellectuelles.• Diplôme Bac+5 au moins en droit, ou tout autre domaine reconnu équivalent ;• Justifier d’une expérience avérée sur les droits de propriété intellectuelle ;Durée de la consultation : Les consultations s’étendront sur une période globale de quinze (15) jours maxi-mum.La date limite de soumission des CV détaillés pour les trois (3) consultations est fixée au 20 décembre 2011à 15 heures à l’adresse ci-dessous.NB : Les consultants intéressés peuvent consulter en ligne les termes de référence (objectifs généraux,objectifs spécifiques et les résultats attendus) sur les sites suivants : [email protected] ;[email protected] ; [email protected] ; [email protected] ;Contact : Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires à l’adresse mentionnéeci-dessous aux heures d’ouverture de bureaux suivants : de 08 heures à 17 heures, heures locales.

A l’attention de : Monsieur le Secrétaire Général de la Communauté Economiquedes Etats de l’Afrique Centrale, Représentée par l’Unité de Gestion du Programme

PACEBCo. B.P. 35 133 Bastos, Yaoundé - CamerounTél : (+237) 22 20 48 01/22 20 48 02 - Fax : (+237) 22 20 48 03.

Courriel : Site Internet : [email protected]é le 14 novembre 2011

POUR LE SECRETAIRE GÉNÉRAL DE LA CEEACBIHINI WON wa MUSITI, Coordonnateur Régional du PACEBCo.

Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC)Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC)

Programme d’Appui à la Conservation des Ecosystèmes du Bassin du CongoBanque Africaine de Développement (BAD)

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Groupe international de presse et d’édition (30 millions € C.A. – 120 collaborateurs) spécialisé sur l’Afriqueet le Moyen-Orient recherche, dans le cadre de son développement :

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Envoyer C.V., lettre de motivation et prétentions sous références REDJA 0110 à :Jeune Afrique – Service Ressources Humaines – 57 bis, rue d’Auteuil 75016 PARIS ou par email : [email protected]

MISSIONS:Doté(e) d’une très bonne connaissance des acteurs et de l’en-vironnement politique et social du continent (Afrique subsaha-rienne et/ou Maghreb), de sérieuses capacités d’enquêteur etde contacts sur la zone, vous viendrez enrichir notre équipe dejournalistes, composée d’une quarantaine de personnes, aveccomme missions premières :• Le suivi de l’actualité des pays dont vous aurez

la responsabilité;• La proposition d’enquêtes et de reportages;• La rédaction d’articles pour nos différentes publications

(papier et web).Une réelle maîtrise des enjeux et de l’actualité d’un ou plusieurspays du continent est indispensable.

PROFIL :Idéalement issu(e) d’une école de jour-nalisme, sciences politiques ou littéraire,vous avez au minimum 3 ans d’expérien-ce dans la presse écrite quotidienne oumagazine.Dynamique, rigoureux(se) et méthodi-que, vous savez faire preuve de créativi-té, de disponibilité et d’esprit d’équipe.Vous possédez un réel sens d’investiga-tion, une réactivité face à l’information etdes qualités rédactionnelles et relation-nelles. Un très bon niveau d’anglais estexigé, la connaissance de l’arabe seraitun plus. Réf. : REDJA 0411

Journalistes (H/F) spécialisés sur l’Afrique subsaharienne et/ou le Maghreb

Page 125: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

Annonces classées

JEUNE AFRIQUE N° 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011

Recrutem

ent

125

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) recrute un(e) Spécialiste du développe-ment du secteur privé pour le projet régional de ‘African Facility for Inclusive Markets’ (AFIM)(l’Initiative africaine pour les marchés inclusifs). Le / La Spécialiste couvrira la Région de l’Afrique occiden-tale et centrale et sera basé au Centre Régional de PNUD en Dakar, Sénégal.

L’AFIM a été créé en novembre 2010 a pour objectif de développer les marchés inclusifs pour la réduction dela pauvreté et les OMD en Afrique.

Le candidat idéal, parfaitement bilingue (français/anglais), disposera d’une maîtrise en développement inter-national ou dans une autre discipline ; et justifiera d’un minimum de sept ans d'expérience dans le dévelop-pement ou l’engagement du secteur privé, ainsi que d’une expérience dans le domaine des affaires dans larégion.

Pour de plus amples informations, les termes de références détaillées et le processus d’application sontdisponibles sur le site du PNUD http://jobs.undp.org sous la section de ‘Poverty Reduction’.

Le dernier délai de dépôt de candidature est fixé au 5 Décembre 2011.

AAvviiss ddee vvaaccaannccee ddee ppoosstteeSSppéécciiaalliissttee ddee pprrooggrraammmmee

ddéévveellooppppeemmeenntt dduu sseecctteeuurr pprriivvéé //pprrooggrraammmmee ssppeecciiaalliisstt pprriivvaattee sseeccttoorr ddeevveellooppmmeenntt

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Désignation du poste : Directeur ExécutifGrade : Cadre de haut niveau ou Enseignant-chercheur de rang magistralDurée de l’engagement : Quatre (4) ans renouvelable une foisLieu de travail : IFORD (Yaoundé, Cameroun)Date d’entrée en fonction : 1er avril 2012Date limite de dépôt de candidature : 15 Janvier 2012Eligibilité : Etre ressortissant de l’un des 23 pays d’Afrique d’expression française, mem-bres de l’IFORD.Les attributions, la formation et l’expérience requises pour ce poste sont disponibles sur le siteWeb de l’IFORD / www.iford-cm.orgCONNAISSANCES LINGUISTIQUESTrès bonne connaissance du français exigée. Connaissance de l’anglais hautementsouhaitable et constitue un atout.RÉMUNÉRATIONL’IFORD, en tant qu’institution intergouvernementale africaine, offre une rémunération et des

avantages similaires aux autres Institutions africaines de même nature.COMPOSITION DU DOSSIER- un formulaire de candidature dûment rempli (fourni directement par l’IFORD ou à

télécharger sur son site web : www.iford-cm.org) ;- un curriculum vitae ;- une copie d’acte de naissance ;- un certificat de nationalité ;- copies de diplômes ou attestations ;- copies des nominations au grade académique ou de recherchePrière d’envoyer toutes les candidatures par courrier postal et électronique à l’adresseci-après en rappelant le numéro de référence de cette vacance de poste :

Monsieur le Directeur ExécutifIFORD B. P. 1556 Yaoundé, Cameroun.

E-mail : [email protected]

L’IFORD est une institution intergouvernementale africaine de formation, de recherche et d’appui au développement en matière de sciences de la population. Sans préjudice de son caractèreinternational, il est rattaché sur le plan académique à l’Université de Yaoundé II. L’Institut qui jouit d’une entière autonomie administrative et financière dessert prioritairement ses 23 pays mem-bres : Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Congo (R.D.), Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée, Guinée Equatoriale, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger,Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo, Union des Comores. L’IFORD, conformément à ses statuts et règlement intérieur, est le seul employeur de toute personne recrutée sur la base de la présentevacance de poste.

AVIS DE VACANCE DE POSTE N° Référence : IFORD/DE/11/P01 P01-CEC

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N° 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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ADMISSIONS : Le Master Professionnel en ligne en Régulation et Politique des TIC est ouvert auxprofessionnels ayant une expérience d’au moins 3 ans dans le secteur des TIC et titulaires d’un Bac+4 outout diplôme équivalent, dans les domaines suivants : Télécommunications, Economie, Gestion, Droit.DUREE : 4 semestres (2 ans)DIPLOME ET DEBOUCHES : Les spécialités couvertes par le Master Professionnel en ligne enRégulation et Politique des TIC :

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Ce diplôme est équivalent à un Master 2 (BAC+5) et permet d'exercer entre autres, les fonctions suivantes :- Directeur d’autorité de régulation- Responsable de la régulation chez les opérateurs- Expert consultant en régulation

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Technologies de l’Information et de la CommunicationL’Ecole Supérieure Multinationale des Télécommunications (ESMT), en partenariat avec l’UnionInternationale des Télécommunications (ITU) recrute la première promotion de son cycle MasterProfessionnel en ligne en Régulation et Politique des Technologies de l’Information et de laCommunication (eMRP-TIC). L’objectif de ce Master pluridisciplinaire, est de doter les profes-sionnels du secteur des TIC des compétences requises et d’un diplôme de troisième cycle dansla conception des politiques et la régulation du secteur.

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Page 128: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

Monsieur François SoudanCOMMENTUNE PLUME deréférence comme vous peut écrire

un papier (« Nous n’irons pas àKinshasa », J.A. no 2654, du 20 au26 novembre) dans lequel suinte,sans lamoindre dissimulation,une susceptibilité qu’on ne vousconnaissait pas? Vous êtes un habituédes incompréhensions et autresmalentendus qui ponctuent, demanière toujours accidentelle,les rapports, généralement excellentspar ailleurs, que Kinshasa entretientavec Jeune Afrique.

Comment pouvez-vous ne pas savoirque dans cette affaire, qui n’en est pasune, Kinshasa ne cherche pas à fairemarcher J.A. ? Il n’est pas dans l’intérêtde la RD Congo, qui souhaite mieuxvendre son image, de se brouillerintentionnellement avec J.A. La RDCsait ce qu’elle doit à votre groupe,qui ne l’a jamais abandonnée, même

dans les piresmoments deson histoire.

Qu’il y ait iciet là quelquesincidents,comme il s’enproduit danstoutes lescampagnesélectoralesdumonde,ne signifienullementque l’électiondu 28 novembre

est de tous les dangers, commevous l’écrivez.

Enfin, vous exagérez en faisant cettemalheureuse comparaison, aux alluresde mauvaise prophétie, avec Kaddafi,qui avait interdit, pour sonmalheur,à vos journalistes l’entrée sur sonterritoire.

Les Congolais vous savent gré pourla qualité de votre accompagnementdans la marche de la RD Congo versson destin inévitablement meilleur. ●

MANKENDA VOKA,

éditeur de L’Observateur, Kinshasa, RD Congo

Réponse:CEQUI EST POUR VOUS, cherconfrère, un «malentendu », relèveà nos yeux d’une forme de censure,et ce ne serait pas rendre service à« lamarche de la RDC vers un destinmeilleur » que de la passer par pertes etprofits. Je veux bien croire qu’il s’agisselà de l’excès de zèle d’unministre, maisalors pourquoi ce responsable est-ilautorisé à persister en se réfugiantdans le déni (lire p. 14)? Quant à lacomparaison avec la Libye de Kaddafi,elle ne concerne que la chronologie –ce régime ayant été le dernier à refuserle visa d’entrée à nos journalistes –et ne signifie rien au-delà. ● F.S.

Kabila a montré ses limitesDANS VOTRE ÉDITION du 13 au19 novembre (J.A.no 2653), j’ai lu

avec beaucoup d’intérêt votre analyse

Nous n’irons pasà Kinshasa

POLITICIENSETJOURNALISTES: lesdeuxespècesn’ontjamais fait bon ménage. Surtout quand les premiersont de la liberté de la presse une conception tout droitsurgie du tempsdesmachettes.Qui n’est pas avecnous

est contre nous. Soit on lèche, soit on lynche. Parce qu’il refusede se plier à ce chantage, parce qu’il n’est pas domptable, JeuneAfrique vient donc de se voir signifier par les autorités de laRépubliquedémocratique (?) duCongo l’interdictionde fait devenir couvrir sur place les élections générales du 28 novembre.L’histoire, subtile, est la suivante.Débutoctobre, J.A.désigneunenvoyé spécial, en l’occurrence Philippe Perdrix, qui connaîtla RD Congo, où il s’est déjà rendu à plusieurs reprises, pourrendrecomptede la campagneélectorale jusqu’au jour J inclus.Il lui faut pour cela un visa, lequel est conditionné à une lettre,mi-invitation, mi-accréditation, délivrée par le ministre de laCommunication et porte-parole du gouvernement, LambertMende, lettre elle-même soumise à une requête écrite de notrepart. Laprocéduren’estpas spécialementagréable,mais c’est larègle,etnosconfrèresquis’ysontpliésontobtenuleursésamesansencombre. Pasnous. Lesdeuxe-mails quenousavonsadressésen ce sens au directeur de cabinet du ministre puis le courrierofficiel adressé à Lambert Mende lui-même le 20 octobre sontà ce jour restés sans réponse. Ce n’est pas faute d’avoir relancé,ni même, histoire d’en avoir le cœur net, frappé à la porte ducabinet présidentiel. Jamais, bien sûr, on ne nous a notifié uneinterdiction formelle – les censeurs ne sont plus si primaires –,maisdes «c’est à l’étude»,des «c’est sur lebureauduministre »,lequel «estendéplacement»,etmêmeun«c’estenbonnevoie»totalement fictif.

Suivrelevoleurjusquedanslachambre…L’adageestéprouvéà for d’insister onnionsa fini

ÉditorialFrançois Soudan

6

Le courrier des lecteursEnvoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœurà [email protected] ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.

DE LA CRISE IVOIRIENNE à la tragédie libyenne,l’Union africaine s’est distinguée par des prises

de position chaotiques, marquées par des clivages.Sur les dossiers ivoirien et libyen, son point de vuea été arrogamment ignoré. Et, comme à l’accoutumée,elle s’est résignée, s’est faite toute petite et a assisté,

impuissante, au déploiement de forces occidentalesvenues « régler » un problème africain.

Reste à savoir si ces interventions, qui remettenten cause sa raison d’être, ont offert à l’UA l’occasiond’une introspection. L’a-t-elle saisie pour réfléchir plussereinement à sa mission, aux moyens dont elle devraitse doter pour arrêter sa marche vers l’extrême ridicule?Comment, alors, donner plus de souffle à cetteorganisation dont on n’est finalement pas prêtsà se passer ?

La candidature de Nkosazana Dlamini-Zumaà la présidence de la Commission de l’UA peut êtrel’une des solutions. Ceux qui la connaissent voientdéjà en elle une bouée de sauvetage pour uneorganisation qui a toujours souffert d’un manquede personnalités fortes.

La Sud-Africaine permettrait à l’UA de comblercette lacune et de parer au plus pressé pour se sauver.Après avoir fait ses preuves dans l’ANC, aux ministèresdes Affaires étrangères et de l’Intérieur, elle est prêteà mettre son expérience et son efficacité au servicedu continent. Si l’Union africaine se montreassez lucide pour saisir cette chance, elle aura toutà y gagner ; le continent aussi. ●

ALOIS RWIYEGURA, Johannesburg, Afrique du Sud

PLAIDOYER POUR UNE CANDIDATURE DE NKOSAZANA DLAMINI-ZUMA À L’UA

! Seizième session ordinaire du Parlement de l’Unionafricaine, ÀADDIS-ABEBA (Éthiopie), LE 30 JANVIER 2011.

! J.A. NO 2654du 20 au26 novembre

YINGQYA

NZH

AO/C

HINENOUVEL

LE/SIPA

No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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128

Page 129: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

éclairée de la situation politique enRDCongo. Bien que le peuple aspireau changement, je reste persuadé quele sort demon pays est scellé par lesgouvernements occidentaux. Ainsi,en dépit de la situation désastreuseque connaît ce pays, les États-Unispersistentmalheureusement à soutenirKabila. Je suis également désolé de voirque lesmédias occidentaux critiquentsi peu son bilan politique etéconomique exécrable. En dix ans,Joseph Kabila amontré ses limites.Le peuple congolais ne peut pas sepermettre de le réélire – si ce n’est par lafraude. ● WILLY P. KABULA, Amsterdam, Pays-Bas

L’ONU vidéeJE SUIS FIERDE J.A., en particulierpour sa longévité. Mais dans votre

édition du 9 au 15 octobre (J.A. no 2648),l’article de Béchir Ben Yahmed, « Lemonde d’aujourd’hui, l’Afrique de

demain », m’inter-pelle. On ne peutcondamner JeanPing pour sagestion desdifférentes crises(ivoirienne etlibyenne) qui

ont secoué le continent récemment.En effet, avec la disparition de la Russiesoviétique et l’effondrement du campsocialiste, les puissances occidentalesvictorieuses s’évertuent à viderl’Organisation desNations uniesde sa substance.

Créée notamment pourmaintenirla paix et la sécurité internationales,elle est devenue un tribunal appeléà légitimer les agressions des pluspuissants et à condamner, via sa Courpénale internationale, les dirigeants etpeuples des pays qui refusent dese soumettre. ●GEORGES KANEFU MOUTULWA, Kinshasa, RD Congo

SOS pour le BurundiÉTUDIANT AU BURUNDI,j’admire votre professionnalisme

et j’apprécie votre hebdomadaire.Toutefois, je suis frustré – et je nesuis pas le seul – de constater queles drames (assassinats ciblés,disparitions de militants del’opposition…) qui se jouentquotidiennement chez nous sontpassés sous silence par les médiasétrangers. Le Burundi n’est pas leSénégal, le Mali ou la RD Congo.C’est un petit pays qui a connu seizeannées de guerre civile et qui a vécule génocide au Rwanda voisin.Nous n’aimerions pas que celarecommence. Aidez le peupleburundais à faire face à la dictaturequi s’installe petit à petit. Vousintéresser davantage à ce payspeut être utile. ●

MPUNDU LOUIS MARCEL,

Bujumbura, Burundi

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Page 130: JA 2655 DU 27 NOVEMBRE AU 3 DECEMBRE 2011

Entraide

NOUS SOMMES EN 1973, AU XXE SIÈCLE. À cause dusempiternel conflit israélo-arabe, le monde est frappéde plein fouet par une crise consécutive au renchérisse-ment des prix du pétrole. C’est le sauve-qui-peut !Mais,

mêmedans lesmoments de désespoir collectif, il y a toujours uneâme noble, charitable, altruiste, désintéressée. Cet oiseau rares’appelle Idi AminDada,maréchal, président à vie de l’Ouganda(il ne régnera que huit ans), roi d’Écosse, conquérant de l’Empirebritannique. Il apprend que le gouvernement de Sa GracieuseMajesté regarde du côté du Fondsmonétaire international (FMI)pour s’en sortir. Shocking !

Idi Amin Dada réagit. Il organise une collecte nationale quirapporte 100000 shillings ougandais. L’équivalent de… 3 livressterling ! Vous riez ? Vous avez tort : crise ou pas, seul l’acte dedonner compte. Le maréchal, président à vie, conquérant del’empire britannique, roi d’Écosse, annonce la bonne nouvelle auPremierministre EdwardHeath endécembre 1973.Évidemment,Heath ne bronche pas. En janvier 1974, Idi Amin, toujours aussidéterminé à aider Londres, revient à la charge. Cette fois, il a uncamionpleinde légumeset de farine. Il demandeauxBritanniquesde venir le chercher. Londres s’étrangle de rage. Et Idi AminDada reçoit, en récompense, les injures classiques en pleinefigure : fou, bouffon, tyran sanguinaire, dictateur, assassin… Ilrit jusqu’aux larmes.

Noussommes le16novembre2011,auXXIe siècle. PedroPassosCoelho, Premier ministre du Portugal depuis juin, débarque àLuanda. Le camarade JoséEduardodos Santos,maître de l’Angoladepuis 1979 –PedroPassosCoelho avait alors 15 ans –, l’accueille àbras ouverts. Le chef du gouvernement lusitanien a vécu et étudiéen Angola entre 5 ans et 10 ans. Il est rentré au Portugal en 1974,après la chute de la dictature d’António deOliveira Salazar. Cettefois, il est allé à Luanda solliciter l’aide de l’ancienne colonie pourson pays économiquementmalade. Le 17 novembre, dos Santoslui dit : « L’Angola est ouvert et disponible pour aider le Portugal àfaire face à cette crise, au bénéfice et à l’avantage des deux pays. »Vous avez bien lu : « aider ». Et c’est le président d’une anciennecolonie qui parle au Premier ministre de l’ex-métropole. Face àLuanda, Lisbonne est un poids plume. L’Angola va donc investirau Portugal pour l’aider à rester en vie. Qui l’eût cru ?

Qui a osé dire que l’histoire des peuples était définitivementécrite ? Certainement pas ma grand-mère luba, qui me disait :« Kusekiseki mwineba, kumanyimanyi tshiyiya. » Traduction :« Ne te moque pas de ton prochain car tu ne connais pas l’ave-nir. »D’autant qu’en politique les dirigeants africains pourraientaussi jouer un rôle dans les affaires métropolitaines. Voilà plusde cinq cents jours que le petit royaume de Belgique n’a pas degouvernement. Pourquoi Joseph Kabila ne s’est-il pas renduà Bruxelles pour intimer l’ordre aux deux tribus belges, qui sedétestent cordialement, de s’entendreunebonne fois pour toutes?Les Belges ne sont-ils pas nos tontons, comme disaitMobutu ? ●

Post-scriptumTshitenge Lubabu M.K.

HEBDOMADAIRE INTERNATIONALPOLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE

Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (52e année)

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No 2655 • DU 27 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 2011 JEUNE AFRIQUE

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