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L’ANALYSE DU LANGAGE RELIGIEUX Jacques Pierre L E TITRE de ce chapitre ne prend son sens qu’en regard du privilĂšge tout spĂ©cial que la philosophie de notre siĂšcle a accordĂ© au langage. Sans cela, il se ramĂšnerait Ă  l’examen des expressions verbales ou Ă©crites de l’expĂ©rience reli- gieuse — ce qu’il n’est pas — et on ne comprendrait pas trop ce que cette problĂ©- matique a de spĂ©cifique par rapport Ă  celle des autres chapitres. Il convient donc de bien situer celle-ci avant — et en vue de — prĂ©senter la contribution de la recherche quĂ©bĂ©coise Ă  ce champ d’étude. La problĂ©matique de l’analyse du langage religieux Le langage en est venu Ă  occuper cette place centrale en sciences humaines, aprĂšs que les tentatives philosophiques des siĂšcles passĂ©s de fonder l’entreprise de la raison sur Dieu, sur le rĂ©el, sur le cogito ou sur l’esprit se soient toutes soldĂ©es par une impasse. Dieu, le rĂ©el, le cogito sont apparus comme n’étant pas ce donnĂ© indubita- ble et premier sur l’assise duquel la raison pourrait se fonder en toute certitude pour construire l’intelligibilitĂ© du monde. Au contraire, la critique a montrĂ© qu’il s’agis- sait d’un donnĂ© construit et dĂ©rivĂ©, dĂ©pendant de dĂ©terminations plus originelles et fondamentales — qui l’inconscient, la volontĂ© de puissance ou les forces de produc- tion Ă©conomiques. Le travail mĂȘme de la pensĂ©e a cessĂ© d’aller de soi dans la mesure oĂč il a cessĂ© d’ĂȘtre transparence du sujet Ă  lui-mĂȘme. De toutes parts, des mĂ©dia- tions sont donc survenues qui ont aliĂ©nĂ© la pensĂ©e et l’ont dĂ©possĂ©dĂ©e d’elle-mĂȘme. En sorte qu’il a fallu trouver une alternative aux fondements successivement mis en examen. Pour diverses raisons et de diverses façons, le langage est apparu comme cette alternative thĂ©orique. Outre le fait qu’il soit susceptible d’une analyse imma- nente — ce qui marquait une rupture qualitative importante par rapport aux procĂ©- dures introspectives et spĂ©culatives de la mĂ©taphysique classique —, le langage apparaissait de plus en plus comme ce qu’il y a de plus caractĂ©ristique et de plus spĂ©cifique Ă  la condition humaine ; il devenait du coup le rĂ©servoir de dĂ©termina- tions homogĂšnes Ă  partir desquelles reconstruire l’ensemble de l’expĂ©rience

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L’ANALYSE DU LANGAGE RELIGIEUX

Jacques Pierre

LE TITRE de ce chapitre ne prend son sens qu’en regard du privilĂšge tout spĂ©cial que la philosophie de notre siĂšcle a accordĂ© au langage. Sans cela, il se ramĂšnerait Ă  l’examen des expressions verbales ou Ă©crites de l’expĂ©rience reli­gieuse — ce qu’il n’est pas — et on ne comprendrait pas trop ce que cette problé­

matique a de spĂ©cifique par rapport Ă  celle des autres chapitres. Il convient donc de bien situer celle-ci avant — et en vue de — prĂ©senter la contribution de la recherche quĂ©bĂ©coise Ă  ce champ d’étude.

La problĂ©matique de l’analyse du langage religieux

Le langage en est venu Ă  occuper cette place centrale en sciences humaines, aprĂšs que les tentatives philosophiques des siĂšcles passĂ©s de fonder l’entreprise de la raison sur Dieu, sur le rĂ©el, sur le cogito ou sur l’esprit se soient toutes soldĂ©es par une impasse. Dieu, le rĂ©el, le cogito sont apparus comme n’étant pas ce donnĂ© indubita­ble et premier sur l’assise duquel la raison pourrait se fonder en toute certitude pour construire l’intelligibilitĂ© du monde. Au contraire, la critique a montrĂ© qu’il s’agis­sait d’un donnĂ© construit et dĂ©rivĂ©, dĂ©pendant de dĂ©terminations plus originelles et fondamentales — qui l’inconscient, la volontĂ© de puissance ou les forces de produc­tion Ă©conomiques. Le travail mĂȘme de la pensĂ©e a cessĂ© d’aller de soi dans la mesure oĂč il a cessĂ© d’ĂȘtre transparence du sujet Ă  lui-mĂȘme. De toutes parts, des mĂ©dia­tions sont donc survenues qui ont aliĂ©nĂ© la pensĂ©e et l’ont dĂ©possĂ©dĂ©e d’elle-mĂȘme. En sorte qu’il a fallu trouver une alternative aux fondements successivement mis en examen. Pour diverses raisons et de diverses façons, le langage est apparu comme cette alternative thĂ©orique. Outre le fait qu’il soit susceptible d’une analyse imma­nente — ce qui marquait une rupture qualitative importante par rapport aux procé­dures introspectives et spĂ©culatives de la mĂ©taphysique classique —, le langage apparaissait de plus en plus comme ce qu’il y a de plus caractĂ©ristique et de plus spĂ©cifique Ă  la condition humaine ; il devenait du coup le rĂ©servoir de dĂ©termina­tions homogĂšnes Ă  partir desquelles reconstruire l’ensemble de l’expĂ©rience

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humaine. Ce qui signifiait que le langage cessait d’ĂȘtre une mĂ©diation instrumentale donnant accĂšs Ă  la pensĂ©e pour devenir la forme mĂȘme de l’expĂ©rience.

À cela s’ajoute le fait que les sciences du langage ont, pour des raisons Ă©pisté­mologiques, connu un prodigieux essor au dĂ©but du XXe siĂšcle. L’immanence de celui- ci, qui mettait la raison Ă  la portĂ©e d’un travail d’analyse non plus introspectif mais sou­mis Ă  une procĂ©dure de contrĂŽle empirique, a coĂŻncidĂ© en effet avec le dĂ©veloppement fulgurant des sciences du langage au dĂ©but du siĂšcle. En proclamant l’autonomie heu­ristique du langage, en donnant Ă  la linguistique un jeu de dĂ©terminations suigeneris et synchroniques, Ferdinand de Saussure1 a assaini les fondations de la discipline, dĂ©limitĂ© son objet, dĂ©gagĂ© ce dernier des enchevĂȘtrements de causalitĂ©s exogĂšnes et cadrĂ© avec clartĂ© le champ d’investigation empirique. Ce qui eut un immense et salutaire retentis­sement sur la recherche qui disposa dĂ©sormais d’une assise conceptuelle lui permettant de cerner les problĂšmes avec plus d’acuitĂ© et de les rĂ©soudre.

1. Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1996, 520 p.2. Friedrich Schleiermacher, Herméneutique, GenÚve, Labor et Fides, 1987, 224 p. ; Discours sur la

religion, Paris, Aubier-Montaigne, 1944, 325 p.

C’est donc de diffĂ©rents points de l’horizon intellectuel que s’est construite la problĂ©matique du langage ; mais, en ce qui concerne l’étude du phĂ©nomĂšne reli­gieux, cette problĂ©matique eut partout le mĂȘme effet : elle transporta la rĂ©flexion fondationnelle d’une spĂ©culation sur l’essence de la religion Ă  une dĂ©construction de son langage. Mythes, rituels, tabous Ă©taient des objets et des opĂ©rations langagiĂšres dont il fallait cerner les propriĂ©tĂ©s. Cela Ă©tant, cette problĂ©matique commune n’en resta pas moins marquĂ©e par la diversitĂ© des prĂ©misses et des provenances thĂ©oriques et, la communautĂ© d’appartenance admise, se ramifia en autant d’écoles de pensĂ©e diffĂ©rentes qu’il importe maintenant de scruter pour elles-mĂȘmes.

Le courant hermĂ©neutiqueDans cette problĂ©matique langagiĂšre, l’hermĂ©neutique occupe une place privilĂ©giĂ©e. HĂ©ritĂ©e de l’AntiquitĂ© classique et relayĂ©e par la chrĂ©tientĂ© Ă  travers le Moyen-Age, l’hermĂ©neutique a commencĂ© par ĂȘtre une discipline auxiliaire consacrĂ©e Ă  la lecture et Ă  l’interprĂ©tation des textes que le christianisme appliqua Ă©videmment au dĂ©chiffrement du texte biblique mais qu’il employa aussi Ă  l’interprĂ©tation de son propre hĂ©ritage juridique dont on sait qu’il est aujourd’hui encore d’origine romaine. Il fallut attendre la Renaissance pour que, sortant peu Ă  peu du giron ecclĂ©siastique, l’hermĂ©neutique s’intĂ©resse Ă  nouveau Ă  la littĂ©rature profane de l’AntiquitĂ© et redé­couvre lĂ  les instruments historicisants qu’avait dĂ©veloppĂ©s la philologie classique.

De lĂ , Ă  travers l’Ɠuvre de Friedrich Schleiermacher1 2 au XIXe siĂšcle, l’hermĂ©neu­tique s’émancipa de cette fonction instrumentale et prĂ©alable Ă  la lecture pour prendre le premier rĂŽle, en se donnant dĂ©sormais pour l’acte de lecture lui-mĂȘme. L’hermé­

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neutique valait pour tous les textes dĂšs lors que l’histoire ou la distance en avait obs­curci la signification et rendait nĂ©cessaire la mise Ă  jour de l’intention originelle de leur auteur. L’hermĂ©neutique proposait de remonter jusqu’à l’orient du texte vers la totalitĂ© de sens — qui l’époque, l’auteur, le genre littĂ©raire, la vie — dont elle procé­dait, pour y sĂ©journer. Le sens n’étant Ă  vrai dire que l’enveloppe d’une subjectivitĂ©, l’acte de comprĂ©hension suppose ici que l’on puisse se plonger dans cette subjecti­vitĂ© instauratrice.

Moins d’un siĂšcle plus tard, Wilhem Dilthey3, qui voulait pour les sciences humai­nes une lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mologique comparable Ă  celle dont jouissaient les sciences de la nature Ă  son Ă©poque, donna un nouveau tour Ă  la gĂ©nĂ©ralitĂ© du projet hermĂ©neu­tique en en faisant Xorganon mĂ©thodologique de toutes les sciences humaines. Carac­tĂ©risĂ©e par ce que Dilthey et Droysen avant lui appelaient la «comprĂ©hension», l’hermĂ©neutique, en posant la question du sens comme spĂ©cifique aux sciences humaines, offrait une alternative Ă  la dĂ©marche « explicative » des sciences de la nature.

3. Wilhem Dilthey, Le monde de l’esprit, 2 vol., Paris, Aubier-Montaigne, 1947, 421 et 322 p.4. Martin Heidegger, L’ĂȘtre et le temps, Paris, Gallimard, 1964, 324 p.5. Paul RicƓur, Le conflit des interprĂ©tations, Paris, Seuil, 1969, 505 p.

Et finalement, prenant le relais, Martin Heidegger4, Ă  travers son hermĂ©neutique de la facticitĂ© (analytique du Daseiri), acheva d’étendre la portĂ©e de l’hermĂ©neu­tique. L’interprĂ©tation n’est plus une mĂ©thode localisĂ©e au service du sens mais la caractĂ©ristique la plus essentielle de l’humain, c’est-Ă -dire d’un ĂȘtre qui existe en tant qu’interprĂ©tant. L’homme Ă©tant une crĂ©ature de sens toujours-dĂ©jĂ  immergĂ©e dans le langage, l’hermĂ©neutique devient le mode d’ĂȘtre du Dasein et se confond dĂ©sormais avec l’ontologie. En sorte que l’opposition entre le sujet et l’objet — si caractĂ©ristique des sciences positives — n’étant plus originelle et apparaissant du mĂȘme coup comme un dĂ©veloppement tardif et une spĂ©cialisation dans l’histoire de la pensĂ©e, les sciences de la nature ne peuvent plus revendiquer l’hĂ©gĂ©monie ni mĂȘme l’exemplaritĂ© intellectuelle et rĂ©trogradent au statut d’ontologie rĂ©gionale.

La conscience ne peut prĂ©tendre Ă  une souverainetĂ© par rapport au monde. Elle y est depuis toujours immergĂ©e ; et c’est depuis ce lieu qui la constitue qu’elle com­prend le monde. Aussi, la dĂ©marche hermĂ©neutique a-t-elle une forme circulaire. C’est Ă  partir de lui-mĂȘme que le sujet comprend le monde ; et rĂ©ciproquement, le sujet ne se comprend lui-mĂȘme qu’à travers le monde. La comprĂ©hension part de quelque part, est interminable et, Ă  chaque retour de la boucle, ne laisse jamais le sujet intact. C’est ce que Heidegger, reprenant l’expression Ă  ses prĂ©dĂ©cesseurs, appellera lui-mĂȘme le « cercle hermĂ©neutique ».

Plus prĂšs de nous, Paul RicƓur5 a donnĂ© une tournure plus Ă©pistĂ©mologique Ă  la rĂ©flexion hermĂ©neutique en entreprenant de montrer que les diffĂ©rentes thĂ©ories et

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disciplines en sciences humaines contribuaient toutes d’une façon ou d’une autre Ă  la question du sens et Ă  l’intelligence narrative du monde. Explication et compré­hension ne sont plus deux domaines sĂ©parĂ©s de la pensĂ©e mais deux moments obli­gĂ©s du processus interprĂ©tatif, l’alternance entre la distanciation critique et l’appropriation existentielle du sens.

Dans cette perspective, l’analyse du langage religieux que Paul RicƓur ne s’est pas fait faute de pratiquer lui-mĂȘme sur sa propre tradition, s’intĂ©ressera Ă  la signifi­cation en tant qu’elle renvoie Ă  un sujet intentionnel, Ă  un sujet de la parole qui cherche Ă  s’approprier son existence Ă  travers les signes Ă  sa disposition. L’approche hermĂ©neutique aura donnĂ© naissance Ă  une postĂ©ritĂ© aussi nombreuse que diversi­fiĂ©e. Elle va d’historiens des religions comme Mircea Eliade6 ou Joseph Campbell7 Ă  la thĂ©ologie narrative, en passant par le courant de la dĂ©mythologisation autour de Rudolf Bultmann8.

6. Mircea Eliade, TraitĂ© d’histoire des religions, Paris, Payot, 1968, 393 p.7. Joseph Campbell, Myths, Dreams and Religion, Dallas, Spring Publ., 1988, 255 p.8. Rudolf Bultmann, Foi et comprĂ©hension, Paris, Seuil, 1969, 412 p.9. Claude LĂ©vi-Strauss, Structures Ă©lĂ©mentaires de la parentĂ©, Paris, Mouton, 1967, 591 p.

Le courant structuralisteSe fondant sur la distinction langue/rĂ©el, langue/parole et synchronie/diachronie, Ferdinand de Saussure a posĂ© pour la premiĂšre fois que la langue renvoie non pas au rĂ©el mais Ă  la langue elle-mĂȘme. La signification est donc fondĂ©e sur un rĂ©seau conventionnel de traits diffĂ©rentiels renvoyant les uns aux autres Ă  l’intĂ©rieur de la langue, c’est-Ă -dire sur ce que F. de Saussure appellera une « structure ». Par ailleurs, la langue constitue un systĂšme antĂ©rieur Ă  son effectuation dans un acte individuel de parole, lequel ne rĂ©alise que certaines virtualitĂ©s du systĂšme aux dĂ©pens de toutes les autres — comme il en est de la partie d’échec qui se distingue du jeu en tant que tel et qui n’en Ă©puise pas toutes les combinaisons. La linguistique structurale s’inté­resse aussi au systĂšme et non Ă  l’évĂ©nement. Enfin, ce systĂšme est intelligible comme totalitĂ© actuelle et non par rapport aux Ă©tats qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©.

Ce changement de paradigme eut une influence considĂ©rable d’abord en linguis­tique puis dans l’ensemble des sciences humaines oĂč le courant structural crut reconnaĂźtre dans la culture un analogon du langage. Ce qui caractĂ©rise le plus essen­tiellement la culture, pour le structuralisme, c’est le statut symbolique des objets qu’elle fait circuler et la signification qu’ils reçoivent de par leur position Ă  l’inté­rieur du systĂšme.

On se souviendra du retentissement que provoqua Claude Lévi-Strauss9 avec sa démonstration que les systÚmes de parenté sont une telle structure symbolique. De là, le structuralisme gagna rapidement toutes les autres disciplines, en psychanalyse

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avec Jacques Lacan10 11, en histoire avec Michel Foucault11, en psychologie gĂ©nĂ©tique avec Jean Piaget12, en critique littĂ©raire avec Roland Barthes13, en sĂ©miotique avec Louis Hjelmslev14 et Algirdas J. Greimas15 et dans le marxisme avec Louis Althusser16. Par ailleurs, la sĂ©miotique greimassienne donna aussi naissance Ă  un courant d’exé­gĂšse structurale au premier plan duquel on distingue l’Ɠuvre de Jean Delorme17, spĂ©cialiste de l’évangile de Marc, et les travaux des chercheurs du CADIR (Centre d’Analyse du Discours Religieux)18.

10. Jacques Lacan, Ecrits, Paris, Seuil, 1966, 923 p.11. Michel Foucault, Les mots et les choses, Paris, Seuil, 1966, 400 p.12. Jean Piaget, Le langage et la pensĂ©e chez l’enfant, Paris, DenoĂ«l-Gonthier, 1984, 292 p.13. Roland Barthes, Le degrĂ© zĂ©ro de l’écriture, Paris, Seuil, 1972, 187 p.14. Louis Hjelmslev, ProlĂ©gomĂšnes Ă  une thĂ©orie du langage, Paris, Minuit, 1971, 231 p.15. Algirdas Julian Greimas, SĂ©mantique structurale, Paris, Presses Universitaires de France, 1986,

262 p.16. Louis Althusser, Écrits philosophiques et politiques, Paris, Librairie gĂ©nĂ©rale française, 1999, 605 p.17. Jean Delorme, Parole, figure, parabole, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1987, 394 p.18. Jean Delorme, Jean Calloud, François Martin, Louis Panier, François Genyuit, Jean-Claude

Giroud. Le CADIR s’est Ă©galement donnĂ© un organe de diffusion, la revue SĂ©miotique et Bible.19. Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus suivi de Investigations philosophiques, Paris,

Gallimard, 1986, 364 p.20. Rudolf Carnap, Alfred Jules Ayer, Moritz Schlick.

La philosophie analytiqueLudwig Wittgenstein19 consacrera la deuxiĂšme partie de son Ɠuvre Ă  ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler la « philosophie analytique». Pour Wittgenstein, les diffĂ©rentes sphĂšres de la culture sont autant de jeux de langage assortis soumis dans chaque cas Ă  des rĂšgles particuliĂšres, valant pour une aire circonscrite de langage et correspondant aussi Ă  une « forme de vie » singuliĂšre. Science, art, Ă©thique, religion sont autant de ces jeux de langage pour lesquels la tĂąche de la philosophie est alors d’élucider les rĂšgles. Pour Wittgenstein, aprĂšs la fin de la mĂ©taphysique, c’est mĂȘme la seule utilitĂ© qui reste Ă  la philosophie que d’élucider ces rĂšgles et ces formes de vie Ă  dessein de dĂ©construire les effets de sens spĂ©cifiques Ă  ces diffĂ©rents jeux, de cir­conscrire leur domaine de validitĂ© et de dĂ©senchevĂȘtrer les faux problĂšmes consĂ©cu­tifs Ă  une mauvaise intelligence de ces rĂšgles.

En ce qui concerne l’étude de la religion, la philosophie analytique a Ă©videm­ment voulu Ă©claircir le statut Ă©pistĂ©mologique des Ă©noncĂ©s de foi et du rĂ©gime de vĂ©ritĂ© auquel il prĂ©tend : vĂ©ritĂ© dont on sait par ailleurs qu’elle avait Ă©tĂ© sĂ©rieusement mise Ă  mal par le positivisme en gĂ©nĂ©ral et celui de l’école de Vienne20 en particu­lier, et la nĂ©cessitĂ© qu’on y fait Ă  tous les Ă©noncĂ©s d’avoir un rĂ©fĂ©rent empirique pour pouvoir prĂ©tendre Ă  un sens. On s’est donc penchĂ© sur le fonctionnement des Ă©non­cĂ©s de foi, sur le rapport entre la croyance et le savoir, entre la vĂ©ritĂ© et la pratique.

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Pour autant donc que l’étude du langage religieux soit seule concernĂ©e, la philoso­phie analytique a, du cĂŽtĂ© anglo-saxon, donnĂ© lieu par exemple aux travaux de Ian Thomas Ramsey21, de Richard Bevan Braithwaite22, de Richard Mervyn Hare23. Du cĂŽtĂ© francophone, la philosophie analytique aura le sort moins heureux et connaĂźtra une diffusion beaucoup plus modeste surtout en ce qui concerne l’analyse du langage religieux. L’Ɠuvre de Jean LadriĂšre24 et, dans une moindre mesure, celle de Jacques Bouveresse25 feront toutefois exception Ă  cette rĂšgle.

21. Ian Thomas Ramsey, Religious Language. An Empirical Placing of Theological Phrases, London, SCM Press, 1973, 191 p. ; Words About God: the Philosophy of Religion, New York, Harper & Row, 1971, 244 p. ; Religion and Science: Conflict and Synthesis, some Philosophical RĂ©fections, London, Society for Promoting Christian Knowledge, 1964, 98 p.

22. Richard Bevan Braithwaite, «An Empiricist’s View of the Nature of Religious Belief », dans S.M. Cahn (dir.), Philosophy of Religion, New York, Harper & Row, 1970, p. 140-163.

23. Richard Mervyn Hare, Sorting out Ethics, Oxford, Clarendon Press, 1997, 191 p.; Applications of Moral Philosophy, Berkeley, University of California Press, 1972, 115 p. ; Essays on the Moral Con­cepts, Berkeley, University of California Press, 1972, 109 p. ; Practical Inferences, Berkeley, Uni­versity of California Press, 1972, 120 p.; The Language of Morals, Oxford, Clarendon Press, 1952, 202 p.

24. Jean Ladriùre, Discours scientifique et parole de la foi. L’articulation du sens, Paris, Cerf, 1984, 256 p. ; La science, le monde et la foi, Tournai, Casterman, 1972, 225 p.

25. Jacques Bouveresse, Wittgenstein : la rime et la raison — science, Ă©thique et esthĂ©tique, Paris, Minuit, 1973,239 p.

*

VoilĂ  qui campe la portĂ©e de ce qu’il faut entendre ici par «analyse du langage religieux». On ne s’étonnera donc pas que n’y figurent pas les Ă©tudes exĂ©gĂ©tiques tra­ditionnelles fondĂ©es sur la philologie, la doxographie Ă©rudite et les prĂ©misses histo- rico-critiques. Ces Ă©tudes, mĂȘme si elles portent sur le langage religieux, considĂšrent ce dernier comme une « expression » ; seconde donc — et en quelque sorte dĂ©rivĂ©e — par rapport Ă  la vĂ©ritĂ© de l’expĂ©rience, celle de l’intention de l’auteur ou de l’époque. Et le travail de comprĂ©hension du texte s’épuise ainsi dans la recherche de son acte de naissance, lequel est investi d’une autoritĂ© positive, d’une Ă©vidence indubitable de la signification qui tient lieu de tout commentaire.

Compte tenu aussi de la portĂ©e que ces trois Ă©coles donnent Ă  leur projet d’intel­ligibilitĂ© du langage religieux, on comprendra qu’il dĂ©borde largement les formes verbales ou Ă©crites du religieux. Une architecture religieuse est une totalitĂ© signi­fiante et appartient au langage au mĂȘme titre qu’un Veda ou qu’une Ă©pĂźtre de Paul. La physiologie mystique, Ă  son tour, peut ĂȘtre homologuĂ©e Ă  la structure du cosmos dans l’hindouisme, et la nomenclature vĂ©gĂ©tale peut ĂȘtre isomorphe Ă  la structure clanique d’une tribu d’Amazonie. Ce sont tous des systĂšmes symboliques dont le fonctionnement calque celui des langues naturelles.

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Par ailleurs, le langage ici n’est pas un auxiliaire expressif et second par rapport Ă  la chose ; en sorte qu’analyser le langage religieux c’est entreprendre d’expliquer la chose mĂȘme. Il n’y a pas d’une part une expĂ©rience et d’autre part son expression dans des Ă©crits, des rituels ou des institutions religieuses. Le langage Ă©tant structu­rant en regard de l’expĂ©rience, il est la forme de celle-ci. MĂȘme la mystique, qui invoque si volontiers l’expĂ©rience de l’indicible et l’impossibilitĂ© de la traduire dans des mots, est une expĂ©rience langagiĂšre en ceci que l’infini auquel prĂ©tendent les mystiques est corrĂ©latif d’une expĂ©rience langagiĂšre de la finitude. L’indicible n’est pas un au-delĂ  du langage mais l’expĂ©rience de son Ă©vĂ©nement et, par lĂ , d’une limite qui, d’un cĂŽtĂ©, donne certes sur le patrimoine du sens, sur la socialitĂ© de toutes les paroles dites et dĂ©jĂ  Ă©changĂ©es mais, de l’autre, donne sur l’inaccompli, sur l’ouvert. Or, c’est dans/par l’expĂ©rience du langage seul que s’ouvre cet espace vir­tuel et indĂ©fini de l’impensĂ©. C’est dans la mesure oĂč le langage, par son Ă©vĂ©nement, ne peut coĂŻncider avec lui-mĂȘme, et par consĂ©quent ne peut totaliser l’expĂ©rience, que se creuse en lui l’espace de l’Autre26. L’expĂ©rience mystique n’intervient donc que pour autant que les mystiques sont des ĂȘtres de langage. Dit autrement : n’ont une « Ăąme » que les ĂȘtres de langage.

26. Michel de Certeau, La fable mystique, Paris, Gallimard, 1982, 414 p. ; Steven Katz, « Language, Epistemology and Mysticism », dans S. Katz (dir.), Mysticism and Philosophical Analysis, Oxford, Oxford University Press, 1978, p. 22-74 ; «The Conservative Character of Mystical Expérience », dans S. Katz (dir.), Mysticism and Religious Traditions, Oxford, Oxford University Press, 1983, 279 p. ; S. Katz, Mysticism and Language, Oxford, Oxford University Press, 1992.

L’analyse du langage religieux au QuĂ©bec

Nous diviserons l’ensemble des travaux sur l’analyse du langage religieux en deux pĂ©riodes, de 1970 Ă  1985 et de 1985 Ă  l’an 2000. Cette pĂ©riodisation a Ă©videmment quelque chose d’arbitraire comme toutes les frontiĂšres, d’autant plus que le travail de nombreux chercheurs a rĂ©solument enjambĂ© cette limite pour s’échelonner sur toute la pĂ©riode visĂ©e de trente ans. Mais elle n’est pas non plus complĂštement gra­tuite dans la mesure oĂč l’annĂ©e charniĂšre 1985 clĂŽt une pĂ©riode de baisse dans le recrutement universitaire et en ouvre une autre — de reprise — dans l’embauche de chercheurs, marquant ainsi un clivage gĂ©nĂ©rationnel.

SchĂ©matique, aussi, le portrait que nous ferons des chercheurs dans la mesure oĂč nous ne retiendrons de leur oeuvre que ce qui correspond Ă  notre problĂ©matique — en passant sous silence tout le reste ; dans la mesure aussi oĂč nous les cataloguerons en compagnie d’autres chercheurs avec lesquels ils s’étonneront peut-ĂȘtre qu’on leur trouve quelque chose de commun.

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Les annĂ©es 1970 Ă  1985Les chercheurs francophones de cette pĂ©riode, issus pour la plupart de la filiĂšre catholique, doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s, en ce qui concerne les sciences des religions et l’analyse du langage religieux, comme une gĂ©nĂ©ration fondatrice. Pour les uns, l’espace nouveau et libre crĂ©Ă© par le concile Vatican II a permis de s’émanciper de la thĂ©ologie scolastique et de s’ouvrir aux mĂ©thodes exĂ©gĂ©tiques du monde protestant et de la nouvelle critique littĂ©raire. Pour les autres, la requĂȘte d’ƓcumĂ©nisme et d’ouverture aux autres religions va signifier plus radicalement une sortie du monde de la thĂ©ologie, l’adhĂ©sion aux mĂ©thodes et aux problĂ©matiques des sciences des reli­gions (ReligionswissenschafĂź) et la revendication d’un lieu institutionnel ad hoc pour une telle approche. On assistera ainsi, dans les facultĂ©s de thĂ©ologies catholiques, Ă  une dĂ©rive libĂ©rale, comparable Ă  maints Ă©gards, bien qu’avec un siĂšcle de retard, Ă  celle intervenue plus tĂŽt dans les facultĂ©s protestantes en AmĂ©rique du Nord et en Europe (Angleterre et Allemagne, principalement) ; avec pour consĂ©quence une ouverture aux sciences humaines en gĂ©nĂ©ral et un intĂ©rĂȘt fluctuant et circonstanciel pour les sciences des religions. On verra donc Ă  certains endroits, bien que minori­taires, toujours Ă  la merci d’un recentrage des prioritĂ©s thĂ©ologiques de l’institution, quelques noyaux de chercheurs autour de la problĂ©matique visĂ©e.

En 1969, on assistera Ă©galement Ă  la naissance de l’U. du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al et Ă  la crĂ©ation d’un dĂ©partement des sciences religieuses libre de toute attache confes­sionnelle, vouĂ© Ă  l’étude des diffĂ©rentes traditions religieuses ainsi que des nouvelles formes de religiositĂ© dans le monde moderne, et dont les chercheurs, pour la plu­part, se rĂ©clameront, Ă  un titre ou un autre, de la filiĂšre hermĂ©neutique.

a) Le dĂ©partement des sciences religieuses de l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al C’est sans doute la filiĂšre hermĂ©neutique qui, au Canada français en gĂ©nĂ©ral, et Ă  l’UQÀM en particulier, a Ă©tĂ© la plus prolifique. FormĂ© Ă  l’école de la sociologie d’Emile Durkheim27 et de Max Weber28, Ă  l’école phĂ©nomĂ©nologique en histoire des religions29, Ă  la thĂ©ologie de Paul Tillich30 ou Ă  la psychologie humaniste31, ce groupe de chercheurs32 s’intĂ©ressa d’entrĂ©e de jeu Ă  la question du sens. C’est dans

27. Émile Durkheim, Les formes Ă©lĂ©mentaires de la vie religieuse, coll. « Livre de poche », Paris, 1991, 758 p; Sociologie et philosophie, Paris, Presses Universitaires de France, 1974, 121 p. ; Religion, morale, anomie, Paris, Minuit, 1975, 507 p.

28. Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Flammarion, 1967, 394 p.; Sociologie des religions, Paris, Gallimard, 1996, 545 p.

29. Mircea Eliade, Joachim Wach, Gerardus van der Leeuw, Raffaele Pettazoni.30. Paul Tillich, Philosophie de la religion, GenĂšve, Labor et Fides, 1971, 129 p. ; Le christianisme et les

religions, précédé de Réflexions autobiographiques, Paris, Aubier-Montaigne, 1968, 172 p.31. Cari Rogers, Abraham Maslow.32. Raymond Bourgault, Yvon Desrosiers, François Rousseau, Anita Caron, Louis Rousseau, Roland

Chagnon, Denis Savard.

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L’ANALYSE DU LANGAGE RELIGIEUX

une perspective hermĂ©neutique et non plus seulement historiographique ou Ă©rudite que les diffĂ©rentes confessions religieuses y furent abordĂ©es et Ă©tudiĂ©es. Les tradi­tions Ă©taient autant de totalitĂ©s de sens cohĂ©rentes en elles-mĂȘmes, ancrĂ©es chez l’ĂȘtre humain dans un souci pour l’« ultime» et l’« inconditionné» et qui prĂ©sen­taient une morphologie d’une Ă©tonnante rĂ©gularitĂ© dont la rĂ©manence dans des manifestations culturelles, politiques ou artistiques rĂ©solument sĂ©culiĂšres permet­taient de conclure, en ce qui concerne le monde moderne, Ă  un « dĂ©placement du sacrĂ©33 ». A l’époque, la thĂšse rencontra, Ă  l’exception de thĂ©oriciens comme Peter Berger, Thomas Luckman34, Robert Bellah35 ou Mircea Eliade, un scepticisme assez gĂ©nĂ©ralisĂ©, tout particuliĂšrement chez les sociologues europĂ©ens de la religion. Or, force est d’admettre que la thĂšse est aujourd’hui largement admise chez les cher­cheurs en sciences des religions36 et que cette Ă©quipe eut le simple tort de le soutenir avec trente ans d’avance.

33. Voir, dans ce collectif, l’article de G. MĂ©nard consacrĂ© Ă  l’étude de cette derniĂšre perspective.34. Peter L. Berger et Thomas Luckmann, La construction sociale de la rĂ©alitĂ©, Paris, MĂ©ridiens-

Klincksieck, 1996, 288 p.35. Robert N. Bellah, The Broken Covenant: American Civil Religion in Time of Trial, New York,

Seabury Press, 1975, 172 p.36. À ce propos, voir l’ouvrage de Danielle Hervieux-LĂ©ger, La religion pour mĂ©moire, Paris, Cerf,

1993,273 p.37. Notamment Manon Lewis, L’enfer de l’envers, mĂ©moire de maĂźtrise (sciences des religions), U. du

Québec à Montréal, 1987, 165 p.

CorrĂ©lativement Ă  cette thĂšse du dĂ©placement, cette Ă©quipe plaida aussi pour la crĂ©ation d’une discipline sui generis qu’elle appela la « religiologie», transversale Ă  toutes les manifestations « traditionnelles » aussi bien que « sĂ©culiĂšres », et consacrĂ©e Ă  l’étude de ces structures intentionnelles du religieux, qu’elle appliqua Ă  l’analyse des manifestations contemporaines du langage religieux.

‱ Yvon DesrosiersOn pense ici aux travaux de Yvon Desrosiers sur la littĂ©rature quĂ©bĂ©coise (voir bibliographie) qui, avec des moyens hermĂ©neutiques, parfois sĂ©miotiques, ont mon­trĂ© que certaines oeuvres majeures et exemplaires de la littĂ©rature quĂ©bĂ©coise sont traversĂ©es par des structures initiatiques, que le thĂ©Ăątre de Michel Tremblay, par exemple, est travaillĂ© de bout en bout par une sotĂ©riologie collective, par des figures avortĂ©es de messie qui augurent du drame identitaire Ă  l’Ɠuvre dans le peuple qué­bĂ©cois. Il faut toutefois prĂ©ciser que l’essentiel de l’influence qu’Yvon Desrosiers exerça sur les sciences religieuses au QuĂ©bec et tout particuliĂšrement sur le projet religiologique de ce dĂ©partement passa par l’enseignement qu’il dispensa Ă  plusieurs gĂ©nĂ©rations d’étudiants et par l’enthousiasme et les vocations de chercheurs qu’il suscita chez plusieurs d’entre eux37. Lui qui eut toujours une conscience aiguĂ« de la

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JACQUES PIERRE

limite des moyens avec lesquels il avait abordĂ© tardivement le nouveau continent, n’eut de cesse d’indiquer la voie en encourageant les plus jeunes Ă  aller chercher les instruments thĂ©oriques nĂ©cessaires Ă  l’établissement rigoureux des bases Ă©pisté­mologiques de notre discipline.

‱ Louis RousseauOn pense Ă©galement aux travaux de Louis Rousseau sur l’histoire religieuse du Qué­bec. L’enquĂȘte de Louis Rousseau, appuyĂ©e tantĂŽt sur des instruments phĂ©nomĂ©no­logiques et sĂ©miologiques tantĂŽt sur des instruments quantitatifs comme l’analyse des correspondances, s’est attachĂ©e successivement Ă  analyser l’organisation symbo­lique de l’espace dans une paroisse quĂ©bĂ©coise (1983), celle du temps liturgique (1989), Ă  dĂ©crire les constellations thĂ©matiques dans les reprĂ©sentations de Dieu (1971), dans la prĂ©dication Ă  MontrĂ©al (1977) ou dans la rĂ©flexion des thĂ©ologiens (1976). En parallĂšle Ă  ce travail, Rousseau s’est aussi intĂ©ressĂ© Ă  la « fabrication » pas­sĂ©e de l’histoire religieuse et Ă  la construction du mythe d’origine des QuĂ©bĂ©cois (1973) dans notre propre historiographie. Et enfin, plus rĂ©cemment, de 1990 Ă  2000, il s’est consacrĂ© avec d’autres chercheurs (Remiggi et Rousseau, 1998) Ă  la pré­paration d’un atlas religieux du XIXe siĂšcle montrĂ©alais en vue d’éclaircir quelque peu l’énigme d’un brutal renouveau religieux dans la sociĂ©tĂ© canadienne-française de cette Ă©poque et de dĂ©gager un sol empirique pour les travaux d’analyse et d’inter­prĂ©tation en histoire et en sociologie religieuse.

b) La facultĂ© de thĂ©ologie de l’UniversitĂ© de MontrĂ©alÀ la mĂȘme Ă©poque, Ă  la facultĂ© de thĂ©ologie de l’U. de MontrĂ©al, un groupe de profes­seurs lança une initiative pĂ©dagogique qui, en dĂ©pit de sa relative briĂšvetĂ©, marquera durablement toute une gĂ©nĂ©ration de jeunes thĂ©ologiens. NIET (Nouvelle introduc­tion aux Ă©tudes thĂ©ologiques), comme on l’appela, Ă©tait une dĂ©marche thĂ©ologique essentiellement fondĂ©e sur la pratique dialectique et rĂ©flexive de l’interprĂ©tation — interprĂ©tation des Ă©critures, de la tradition et de la culture ambiante, rĂ©troagissant les unes sur les autres, en vue d’en arriver Ă  une lecture chrĂ©tienne de l’expĂ©rience et Ă  un agir correspondant dans le monde. Bien qu’assez isolĂ©e dans l’institution, la rĂ©flexion qui se pratiquait lĂ , en ce qui concerne au moins l’hermĂ©neutique de la culture ambiante, Ă©tait Ă  maints Ă©gards comparable Ă  celle qui se faisait Ă  l’UQÀM, en empruntant semblablement ses fondements Ă  la thĂšse d’un dĂ©placement du sacrĂ© dans le monde contemporain. Malheureusement, le manque de discernement des autoritĂ©s ecclĂ©siastiques contribua Ă  mettre fin prĂ©maturĂ©ment Ă  l’expĂ©rience avant qu’elle n’eĂ»t donnĂ© sa pleine mesure intellectuelle et portĂ© tous ses fruits.

‱ Pierre LucierPierre Lucier, membre de cette Ă©quipe fondatrice de NIET, s’intĂ©ressa d’emblĂ©e aux problĂšmes fondationnels et Ă  la spĂ©cificitĂ© du langage religieux dans la perspective

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de la philosophie analytique. Sa thĂšse de doctorat d’État (Lucier, 1976), soutenue Ă  l’U. des sciences humaines de Strasbourg, portait sur l’empirisme logique. Elle visait, d’une part, Ă  intĂ©grer dans la rĂ©flexion thĂ©ologique les apports critiques de l’empirisme logique et, d’autre part, Ă  situer la pertinence du langage religieux en Ă©largissant le domaine de recevabilitĂ© des propositions assignĂ©es par l’empirisme, Ă  savoir la consistance logique et la vĂ©rifiabilitĂ© empirique. C’est ainsi que Pierre Lucier fit valoir la nĂ©cessitĂ© d’une thĂ©orie gĂ©nĂ©rale de l’interprĂ©tation (Lucier, 1972a, 1972b) dont l’empirisme logique et sa conception du fait ne seraient qu’un cas de figure particulier et local. De la mĂȘme façon, la conception de la vĂ©rification et de la rĂ©fĂ©rence d’une proposition dans l’empirisme demanderait Ă  ĂȘtre Ă©largie pour incorporer une dimension praxĂ©ologique (Lucier, 1973, 1974) — laquelle permettrait de situer la vĂ©ritĂ© d’une proposition dans l’avenir d’un agir qu’elle com­mande et oriente. Enfin, la conception beaucoup trop restrictive de la raison dans l’empirisme logique demanderait, Ă  son tour, Ă  ĂȘtre repensĂ©e pour y inclure d’autres formes de raisonnement (affectif, intuitif) dont il nous appartiendrait toutefois de dĂ©terminer les rĂšgles.

‱ Michel-M. Campbell38

38. Il convient aussi de souligner la thĂšse doctorale de Georges Tissot (1978), rĂ©digĂ©e sous la direction de M. Campbell. Cette thĂšse d’inspiration structurale dĂ©construit le systĂšme interprĂ©tatif du jĂ©suite Joseph-François Lafitau concernant les AmĂ©rindiens et montre l’isomorphie rigoureuse qu’il Ă©tablit entre la religion amĂ©rindienne et la religion grĂ©co-romaine, tout particuliĂšrement la place centrale qu’il attribue au calumet de paix d’une part et au caducĂ©e d’autre part dans les dis­positifs religieux respectifs.

Michel Campbell, Ă©galement membre de cette Ă©quipe pĂ©dagogique, et prĂ©occupĂ© quant Ă  lui par l’opĂ©rationalisation des thĂšses fondationnelles Ă©voquĂ©es plus haut, contribua Ă©troitement Ă  la conception d’une dĂ©marche mĂ©thodique de la praxĂ©olo- gie en contexte pastoral et Ă  la mise en Ɠuvre d’une telle thĂ©orie de l’interprĂ©tation. Ce dernier s’attacha en effet Ă  une hermĂ©neutique du temps prĂ©sent en procĂ©dant Ă  l’analyse du langage religieux sous-jacent Ă  des Ɠuvres cinĂ©matographiques ou musicales de la culture ambiante (Campbell, 1972, 1977) pour montrer chaque fois la perdurance, sous l’habillage sĂ©culier, d’une quĂȘte de salut. Comme Yvon Desrosiers dont nous Ă©voquions le travail un peu plus haut, Michel Campbell a eu sur l’orien­tation intellectuelle de sa facultĂ© une influence qui dĂ©passe largement le cadre de sa production Ă©crite. On peut dĂ©plorer toutefois qu’à une Ă©poque oĂč la rĂ©flexion sur le rapport Ă  la pratique et Ă  l’intervention dans les sciences humaines n’en Ă©tait qu’à ses premiers balbutiements, celui-ci n’ait pas publiĂ© avec vingt ans d’avance les rĂ©sultats de sa rĂ©flexion et n’ait pas pris dans la mĂ©moire Ă©crite la place qui lui revient de droit.

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JACQUES PIERRE

‱ Maurice Boutin

Dans la mĂȘme institution, Maurice Boutin (qui est par la suite devenu professeur Ă  la facutltĂ© des sciences religieuses de l’U. McGill) a travaillĂ© dans la filiation de pen­seurs comme Heidegger et Gadamer Ă  la question hermĂ©neutique. Ses nombreux travaux (voir bibliographie), dialoguant avec Rudolf Bultmann, Paul RicƓur, Enrico Castelli et d’autres, ont d’abord voulu prendre en compte les critiques de Heidegger Ă  l’égard de ce que ce dernier appelait l’onto-thĂ©ologie et y rĂ©pondre en pensant autrement — et plus originellement — la dĂ©marche thĂ©ologique en rapport avec la condition fondamentalement langagiĂšre de l’ĂȘtre humain. Plus spĂ©cifique­ment, Boutin a rĂ©flĂ©chi Ă  la question de l’altĂ©ritĂ© de Dieu, non plus dans les termes habituels de la mĂ©taphysique, c’est-Ă -dire d’un au-delĂ  de la parole qui rĂ©voque Ă  l’avance toute prĂ©gnance des signes dans l’expĂ©rience de l’indicible, mais dans ceux d’une pragmatique du langage (selon la distinction classique de Charles Morris entre syntaxe, sĂ©mantique et pragmatique) attachĂ©e plutĂŽt Ă  la question de l’énon­ciation et de l’évĂ©nementialitĂ© de la signification.

‱ Olivette Genest39

39. Olivette Genest a aussi dirigĂ© un certain nombre de mĂ©moires de maĂźtrise et de thĂšses doctorales dans le domaine de l’exĂ©gĂšse structurale. Voir Mailhot, 1993 ; Poitvin, 1991 ; Lamarre, 1990; Doutre, 1982; Ladouceur, 1982.

Dans le domaine de l’exĂ©gĂšse structurale, il faut citer aussi les travaux d’Olivette Genest (voir bibliographie). Venue Ă  la sĂ©miotique structurale (Algirdas Julian Greimas) Ă  travers la frĂ©quentation des travaux de Roland Barthes pendant sa thĂšse doctorale, Genest a Ă©tĂ© associĂ©e aux travaux du CADIR (Centre d’analyse du dis­cours religieux — voir plus haut) et fut l’une des membres fondateurs au QuĂ©bec du groupe ASTER (Atelier de sĂ©miotique sur texte religieux — voir ci-aprĂšs). S’étant rendu compte des insuffisances du paradigme historico-critique dans l’étude du texte biblique, Genest a introduit dans sa recherche les modĂšles thĂ©oriques de la critique littĂ©raire pour ĂȘtre en mesure de poser vĂ©ritablement la question du sens. En effet, ou bien le paradigme historico-critique diffĂšre indĂ©finiment la question du sens du texte en le renvoyant Ă  un contexte historique proprement inĂ©puisable ; ou bien il le considĂšre naĂŻvement comme allant de soi et, de lĂ , le refile en sous-main Ă  une lecture thĂ©ologique naĂŻve. Incapable de rĂ©tablir la continuitĂ© entre l’interprĂ©ta­tion et son fondement textuel, et parce qu’elle dispose du texte Ă  sa guise, la thĂ©olo­gie peut alors continuer de fonctionner sur des a priori thĂ©ologiques non critiquĂ©s tout en pensant par ailleurs s’appuyer sur les fondements exĂ©gĂ©tiques les plus solides. Or, c’est le rĂ©tablissement de la question du sens qui permet d’assurer le trait d’union entre la rĂ©flexion thĂ©ologique et son fondement scripturaire tout en sauve­gardant altĂ©ritĂ© du texte. Olivette Genest a donc appliquĂ© la mĂ©thode structurale

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sur les textes de la mort de Jésus pour en renouveler la lecture et en déplacer la problématique.

c) La facultĂ© de thĂ©ologie et de sciences religieuses de l’UniversitĂ© Laval

‱ Raymond LemieuxD’entrĂ©e de jeu, il faut souligner l’abondance de la production de Raymond Lemieux (voir bibliographie) sur les croyances religieuses au QuĂ©bec, sur l’éthique de la recherche, sur l’épistĂ©mologie des sciences des religions. Il faut Ă©galement sou­ligner le rayonnement de ce dernier dans notre discipline. Outre le fait qu’il ait fondĂ© et animĂ© (avec RĂ©ginald Richard et Jean-Paul Rouleau) les Cahiers de recherche en sciences de la religion, qu’il ait Ă©tĂ©, avec Arthur Mettayer, parmi ceux qui ont introduit la psychanalyse lacanienne dans la rĂ©flexion de notre discipline, la thĂ©olo­gie quĂ©bĂ©coise lui doit aussi d’avoir fait entendre jusqu’au cƓur de sa dĂ©marche la radicalitĂ© du questionnement en sciences humaines. De cette production abon­dante, nous ne retiendrons cependant que ce qui concerne plus Ă©troitement notre problĂ©matique.

La rĂ©flexion Ă©pistĂ©mologique et fondationnelle de Raymond Lemieux, largement inspirĂ©e par l’Ɠuvre de Michel de Certeau et, au-delĂ  de cette derniĂšre, par la psy­chanalyse lacanienne, considĂšre la religion comme un opĂ©rateur sĂ©mantique dont la fonction dans le langage est moins de fournir des contenus de croyance particuliers que de « produire de la valeur, c’est-Ă -dire de la coexistence entre les humains40 ». La religion se trouve de la sorte adossĂ©e Ă  l’imaginaire oĂč sa position limitrophe la des­tine Ă  la fois Ă  assurer la sauvegarde de l’ordre symbolique par les rĂ©cits fondateurs de la mythologie et Ă  rĂ©itĂ©rer indĂ©finiment l’impossibilitĂ© de ceux-ci Ă  saisir vrai­ment le rĂ©el. La religion est alors Ă  la fois lieu d’instauration, d’expression et dAssomption du sujet pour ce qu’il est, un ĂȘtre dont la fĂźnitude le destine Ă  la libertĂ© dans la parole avec l’autre.

40. Raymond Lemieux, « Foi et religion : une relecture sĂ©miologique », dans La religion dans l’histoire. Le mot, l’idĂ©e, la rĂ©alitĂ©, Waterloo (Ont.), Wilfrid Laurier University Press, 1992, p. 176.

41. Notamment RĂ©mi Savard (1973).42. JĂ©rĂŽme Rousseau, « Quel est l’objet de l’anthropologie religieuse ? », Recherches amĂ©rindiennes au

Québec, 3, 2, p. 99-101.

d) L’anthropologie de la religionIl ne faut sans doute pas attribuer au hasard le fait que, Ă  quelques exceptions prĂšs41, l’anthropologie de la religion ait Ă©voluĂ© en parallĂšle aux sciences des religions et qu’elle n’en ait guĂšre frĂ©quentĂ© les lieux. Le fait qu’en anthropologie le terme « religion » soit le plus souvent absent du vocabulaire42 et qu’on lui prĂ©fĂšre les ter­mes de « mythe » ou de « rituel » trahit bien les prĂ©supposĂ©s de la discipline et le sta­tut accordĂ© ici au religieux. Il n’y a ni unitĂ©, ni autonomie, ni spĂ©cificitĂ© du champ

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religieux par rapport au reste du social. PlacĂ© le plus souvent Ă  la place de la variable dĂ©pendante, ce que nous appelons le « champ religieux » n’est qu’une facette parmi d’autres du social et ne saurait en tant que tel se mĂ©riter pour lui-mĂȘme une appella­tion sui generis. Par ailleurs, sciences des religions et anthropologie sont issues, au Canada, et plus particuliĂšrement au QuĂ©bec, de traditions acadĂ©miques diffĂ©rentes et ont, jusqu’à un passĂ© rĂ©cent43, consacrĂ© cette diffĂ©rence par des appartenances corporatives distinctes. NĂ©es pour l’essentiel des humanitĂ©s, les sciences des reli­gions appartenaient en effet Ă  la FĂ©dĂ©ration des sciences humaines, et l’anthropologie, d’orientation plus « scientifique », avait choisi quant Ă  elle la FĂ©dĂ©ration des sciences sociales. NĂ©anmoins, pour autant qu’il s’agisse de la problĂ©matique ici discutĂ©e, sciences des religions et anthropologie ont un certain nombre de choses en com­mun. Largement influencĂ©es par l’anthropologie culturelle et linguistique amĂ©ri­caine44 et l’anthropologie structurale europĂ©enne45, les recherches ont donnĂ© en effet une place absolument centrale au langage. Ici encore, le langage n’étant pas conçu comme un moyen d’expression de la pensĂ©e et de la culture mais comme la matrice de toutes les significations, l’anthropologie a conçu sa tĂąche d’intelligence de la culture comme la reconstruction d’un systĂšme symbolique. Les limites de cet exposĂ© ne nous permettant pas de nous attarder trĂšs longtemps au compte rendu des recherches en ce domaine, nous tenons nĂ©anmoins Ă  citer quelques noms et quelques titres pour au moins maintenir intacte sinon faire valoir l’idĂ©e d’une collaboration beaucoup plus Ă©troite entre nos deux champs disciplinaires46.

43. Suite aux coupures gouvernementales dans le financement de la recherche, la Fédération des sciences humaines du Canada et la Fédération des sciences sociales du Canada ont dû fusionner leur activité à partir de 1995.

44. Edward Sapir, Le langage: introduction à l'étude de la parole, Paris, Payot, 1967, 232 p. ; Benjamin Lee Whorf, Linguistique et anthropologie, Paris, Denoël-Gonthier, 1971, 228 p.

45. Claude LĂ©vi-Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1985, 450 p. ; Edmund Ronald Leach, The Structuralstudy ofMyth and Totemism, London, Tavistock, 1967, 185 p. ; Mary Douglas, De la souillure, Paris, La DĂ©couverte, 1992, 193 p.

46. Voir notamment les travaux de Marie-Françoise GuĂ©don (U. d’Ottawa), Robert CrĂ©peau (U. de MontrĂ©al), Guy Lanoue (U. de MontrĂ©al), John Leavitt (U. de MontrĂ©al), Kevin Trite (U. de MontrĂ©al), Pierre Maranda (U. Laval), dont certains apparaissent en bibliographie.

Les annĂ©es 1985 Ă  2000Dans la mesure oĂč les problĂ©matiques mises en place par la gĂ©nĂ©ration fondatrice ont pris racine dans l’institution, on doit s’attendre Ă  ce que la relĂšve formĂ©e reprenne les intuitions inaugurales lĂ  oĂč l’autre les a laissĂ©es et, en fonction de ses nouvelles spĂ©cialisations et de sa sensibilitĂ© propre, leur donne sa propre inflexion. La thĂšse d’un dĂ©placement et d’une recomposition du religieux Ă©tant maintenant largement admise, la relĂšve peut se consacrer Ă  la consolidation Ă©pistĂ©mologique et thĂ©orique de cet acquis de mĂȘme que, l’accĂ©lĂ©ration de cette recomposition aidant,

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vouer une part grandissante de ses Ă©nergies Ă  suivre ces nouvelles formes dĂ©sormais prolifĂ©rantes. Sur le plan institutionnel, on eĂ»t pu s’attendre Ă  ce que la place de l’étude scientifique de la religion et le principe d’un lieu acadĂ©mique ad hoc soient enfin Ă©tablis. Il n’en est rien. La conjoncture Ă©conomique aussi bien que sociocultu­relle menace l’ensemble du dispositif dĂ©partemental et facultaire, dans les collĂšges aussi bien que dans les universitĂ©s, qui subit Ă  partir des annĂ©es quatre-vingt-dix des replis importants. On assiste Ă©galement Ă  des rĂ©gressions Ă©pistĂ©mologiques tout aussi importantes dans la mesure oĂč, la conjoncture poussant certaines institutions Ă  un clientĂ©lisme tout azimut, on gomme opportunĂ©ment la diffĂ©rence entre sciences des religions et thĂ©ologie en prĂ©tendant faire l’une quand on fait l’autre.

a) Le dĂ©partement des sciences religieuses de l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al Dans la mesure oĂč la thĂšse d’un dĂ©placement du sacrĂ© reposait sur une apprĂ©hen­sion plutĂŽt intuitive de ce qu’est le religieux, les travaux engagĂ©s ici ont voulu asseoir du cĂŽtĂ© de l’épistĂ©mologie ce que la conjoncture socioculturelle avait com­mencĂ© Ă  confirmer de son cĂŽtĂ© par une abondance de faits. Or, l’assise recherchĂ©e se trouve ici dans le langage.

‱ Jacques PierreIl n’est pas toujours possible de dĂ©linĂ©er les avenues de la filiation intellectuelle, tant leur intrication est parfois complexe. Pour autant ici que la personne concernĂ©e est aussi auteur du texte, elle peut assumer le risque de la simplification en hasardant quelques Ă©clairs rĂ©trospectifs de luciditĂ© reconnaissante. S’il faut parler ici d’ascen­dance, il convient de mentionner les noms47 de Michel Campbell, de Pierre Lucier, de Maurice Boutin et d’Olivette Genest Ă  qui l’auteur doit Ă  la fois sa sensibilitĂ© hermĂ©neutique et sa rencontre prĂ©coce avec la sĂ©miotique et la philosophie analyti­que. D’entrĂ©e de jeu donc, la recherche doctorale de Jacques Pierre s’est placĂ©e Ă  l’intersection de la tradition hermĂ©neutique française et de la thĂ©orie sĂ©miotique de A.J. Greimas, Ă  la fois pour donner une assise formelle et textuelle plus rigoureuse Ă  l’hermĂ©neutique du langage religieux et pour montrer en retour ce qui, de cette der­niĂšre, excĂšde le cadre de la sĂ©miotique standard. C’est ainsi que la recherche sur l’Ɠuvre de Mircea Eliade (Pierre, 1989), butant dans l’étude de la structure sur la compacitĂ© irrĂ©ductible de l’évĂ©nement, en est venue Ă  penser celle-ci Ă  la fois, et paradoxalement, comme limite instauratrice du MĂȘme et bĂ©ance de l’Autre, ce par quoi le langage laisse entendre en lui le flux de la temporalitĂ© et ouvre sur l’affect.

47. Étendant le cercle des influences en direction de l’Europe, nous y ajouterions les noms de Algirdas Julian Greimas et Gilbert Durand.

À partir de lĂ , la recherche (voir bibliographie) s’est attachĂ©e Ă  montrer en quoi le religieux, dans l’ensemble du langage et de la culture, avait en propre la fonction de

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JACQUES PIERRE

gĂ©rer le rapport de la signification avec son propre Ă©vĂ©nement (dafĂź), c’est-Ă -dire d’établir et d’en maintenir les conditions de possibilitĂ©.

L’évĂ©nement se trouve en effet placĂ© Ă  la jointure du MĂȘme et de l’Autre, Ă  la croisĂ©e de la signification et de tout ce qui Ă  la fois la fonde, la traverse et l’inquiĂšte. En tant que tel, l’évĂ©nement marque l’intersection de la forme et de la substance du langage (substance et forme du contenu, substance et forme de l’expression) et requiert des modes spĂ©cifiques d’expression (mythe, rituel, symbole) pour asseoir le fondement et faire bord par rapport Ă  l’impensable.

La derniĂšre partie de la recherche s’attache prĂ©sentement Ă  dĂ©crire la morpholo­gie de ces conditions de possibilitĂ© de la signification, Ă  montrer en quoi elles font systĂšme et rĂ©capitulent les caractĂ©ristiques les plus essentielles du religieux.

‱ Eric VolantEric Volant s’est surtout fait connaĂźtre au QuĂ©bec par ses travaux en Ă©thique appli­quĂ©e et son implication Ă  l’U. du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al dans le programme d’étude sur la mort. Il a toutefois poursuivi pendant quelques annĂ©es, avec une Ă©quipe de chercheurs travaillant sous sa direction, une recherche sur les lettres de suicidĂ©s (Volant, 1990). Cette recherche reposait sur l’intuition inaugurale que la lettre lais­sĂ©e par le suicidĂ© Ă©tait un dispositif performatif Ă  maints Ă©gards comparable Ă  un objet religieux et qui induisait autour de lui des comportement similaires. En d’autres mots, la lettre avait quelque chose de sacrĂ© pour les survivants Ă  qui elle Ă©tait adressĂ©e. La recherche fondĂ©e en partie sur l’analyse sĂ©miotique d’un large cor­pus de lettres a permis de cerner un certain nombre de procĂ©dĂ©s langagiers par les­quels le statut de la lettre devient proprement paradoxal et, ce faisant, aurĂ©olĂ© d’une autoritĂ© et d’un prestige Ă©nigmatique qui ressort habituellement aux ĂȘtres sacrĂ©s. Dans un certain nombre de cas, par exemple, un processus d’embrayage et de dĂ©brayage aux niveaux des temps verbaux donne au destinateur de la lettre une ubi­quitĂ© temporelle dans laquelle, anticipant la position Ă©nonciative qui sera la sienne au moment oĂč le destinataire recevra la lettre, le prĂ©sent aliĂ©nĂ© et souffrant de la personne qui va mourir coĂŻncide avec l’avenir post mortem de l’au-delĂ . En sorte que, pour le destinataire de la lettre, celui qui lui envoie le message le lui fait parve­nir d’outre-tombe et, de ce fait, est lui-mĂȘme Ă  la fois mort et vivant.

b) La facultĂ© de thĂ©ologie de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al

‱ Guy-Robert Saint-Arnaud

FormĂ© Ă  la psychanalyse et intĂ©ressĂ© aux problĂšmes de la thĂ©ologie fondamentale, Guy-Robert Saint-Arnaud a introduit dans la rĂ©flexion christologique et trinitaire (1998) ce que la perspective langagiĂšre de la thĂ©orie lacanienne apporte sur la con­naissance du sujet, sur l’indĂ©passable et inaugurale division de celui-ci oĂč l’impos­sible Ă  dire (le RĂ©el), sur l’évĂ©nement duquel viennent achopper les figures du

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discours (Symbolique), travaille le langage et l’ouvre Ă  l’imaginaire, reconduisant du mĂȘme coup la possibilitĂ© du dĂ©sir et du sujet. Il va sans dire que cette rĂ©flexion est susceptible d’apporter des Ă©clairages extrĂȘmement intĂ©ressants, notamment sur la question de la conscience divine de JĂ©sus-Christ mais aussi et surtout sur le fonc­tionnement d’un dispositif symbolique comme celui de la TrinitĂ©, sur l’établisse­ment des conditions de possibilitĂ© du sujet et de la communautĂ© intersubjective des croyants.

Plus rĂ©cemment, Saint-Arnaud (1996a, 1996b) s’est intĂ©ressĂ© aux figures discur­sives du croire dans le rituel et dans les nouveaux mouvements religieux. Se dĂ©marquant des approches normatives qui, Ă  un titre ou Ă  un autre (lĂ©gal, politique, psychologique), fondent leur dĂ©nonciation ou, au mieux, leur suspicion Ă  l’égard de ces mouvements sur une conception idĂ©ologique de la pathologie comme dĂ©viance que rien dans la rĂ©flexion Ă©pistĂ©mologique ne vient Ă©tayer, Saint-Arnaud prĂ©fĂšre essayer de comprendre les discours des croyants et les bifurcations que leur impose l’évĂ©nement de conversion (entrĂ©e ou sortie des groupes religieux) comme des modifications du rapport Ă  la satisfaction du dĂ©sir. À charge pour la recherche, par la suite, de montrer dans le processus des transformations figuratives une forme ou l’autre de pathologie.

c) La facultĂ© de thĂ©ologie et de sciences religieuses de l’UniversitĂ© Laval

‱ Anne FortinRĂ©flĂ©chissant aux conditions de possibilitĂ© de l’acte thĂ©ologique, les recherches d’Anne Fortin envisagent de renouveler l’abord des problĂšmes en thĂ©ologie fonda­mentale Ă  partir d’une perspective langagiĂšre. Venue Ă  cette prĂ©occupation depuis l’horizon de l’hermĂ©neutique allemande (voir bibliographie), Anne Fortin a com­mencĂ© par interroger le rapport de la rĂ©flexion thĂ©ologique Ă  son fondement exĂ©gé­tique traditionnel pour se rendre compte que ce rapport s’élaborait sur un double aveuglement : occultation, d’abord, du travail de lecture des thĂ©ologiens comme si le sens qui leur Ă©tait retransmis par l’exĂ©gĂšse historico-critique Ă©tait transparent et allait de soi ; occultation, ensuite, du travail de lecture des exĂ©gĂštes, comme si les faits qu’ils exhumaient de l’histoire Ă©taient Ă©vidents et avaient d’emblĂ©e du sens. Double conception rĂ©fĂ©rentielle et instrumentale du sens, oĂč ce dernier Ă©tait destinĂ© Ă  s’effacer au-devant de la pensĂ©e qu’il exprime et du fait qu’il relate : conception positiviste, donc, et extra-langagiĂšre du rapport sujet/objet qui mĂ©ritait d’ĂȘtre ques­tionnĂ©e justement par une rĂ©flexion sur les conditions d’émergence du sujet et du sens dans le langage. DĂšs l’abord appuyĂ©e sur la thĂ©orie hermĂ©neutique de J. Habermas, plus philosophique, toutefois, que linguistique et technique, cette rĂ©flexion a ensuite trouvĂ© dans la sĂ©miotique de A.J. Greimas les modalitĂ©s concrÚ­tes de son entrĂ©e dans le texte lui-mĂȘme. Sous l’impulsion des travaux de Louis Panier et de François Martin dans le CADIR (voir plus haut) qui ont permis d’intĂ©grer

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JACQUES PIERRE

l’apport de la psychanalyse lacanienne et les recherches sur la pragmatique de l’énonciation dans une thĂ©orie de l’acte de lecture, cette sĂ©miotique a permis de montrer en quoi les Ecritures mettent moins en Ɠuvre un contenu de sens qu’une dĂ©marche salutaire, voire salvifique, de lecture et de parole Ă  travers laquelle le sujet advient par l’assomption du manque au commencement de la chaĂźne signifiante — le renoncement Ă  ĂȘtre tout, qui fait dire — et par l’exercice d’un dĂ©sir qu’il ne pos­sĂšde pas et qui le traverse depuis le mystĂšre d’une origine indĂ©chiffrable. Double mouvement de flux et de reflux oĂč le sujet se constitue par le manque et s’évanouit par le dĂ©sir.

d) Le groupe ASTERLe groupe ASTER (Atelier de SĂ©miotique sur TExte Religieux) a pris naissance en 1982 autour de l’idĂ©e de rĂ©unir des chercheurs de divers horizons disciplinaires pour faire en commun l’analyse de textes religieux. RattachĂ© Ă  ce que d’aucuns ont appelĂ© l’Ecole de Paris, c’est-Ă -dire l’équipe de chercheurs rĂ©unis autour de la personne et du projet thĂ©orique de Greimas, le groupe ASTER a nĂ©anmoins cultivĂ© des affinitĂ©s beaucoup plus Ă©troites avec le CADIR Ă  Lyon, avec lequel il partageait une double prĂ©dilection Ă  la fois pour la mĂ©thode greimassienne et pour le langage religieux. Ce groupe d’exĂ©gĂštes et de thĂ©ologiens de l’U. de Lyon, extrĂȘmement dynamique dans le domaine de la sĂ©miotique, a durablement influencĂ© en effet les recherches en sĂ©mio­tique — Ă  telle enseigne que Greimas se plaisait parfois Ă  dire Ă  leur propos qu’ils lui avaient enseignĂ© le bon usage de sa propre mĂ©thode — et en exĂ©gĂšse oĂč ils ont donnĂ© Ă  l’exĂ©gĂšse structurale ses lettres de crĂ©ance. C’est donc en Ă©troit dialogue avec le CADIR que deux gĂ©nĂ©rations de chercheurs et de chercheuses48 se sont relayĂ©es au groupe ASTER pour travailler autour de divers objets comme les figures de femmes dans les Ă©vangiles (ASTER, 1987), l’épĂźtre aux Colossiens (ASTER, 1991), les rĂ©cits de vocation (ASTER, 1999) et le thĂšme du dĂ©luge dans la littĂ©rature.49

48. AdĂšle ChenĂ© (pĂ©dagogie, 1982-1985), Pierrette Daviau (communications, 1982- -), Marcel Dumais (1982-1988), Frances Fortier (Ă©tudes littĂ©raires, 1994- -) Anne Fortin (thĂ©ologie, 1994- -), Olivette Genest (exĂ©gĂšse, 1982-1995), ClĂ©ment LĂ©garĂ© (Ă©tudes folkloriques, 1982-1994), Sylvain Mailhot (thĂ©ologie, 1994-1999), AndrĂ©e Mercier (Ă©tudes littĂ©raires, 1994- -), Jean-Paul Michaud (exĂ©gĂšse 1982-1996), Louise Milot (Ă©tudes littĂ©raires, 1982-1996), Jacques Pierre (sciences des religions, 1986-1994, 1999- -), Maryse Poirier, (Ă©tudiante en Ă©tudes littĂ©raires, 1999—), Étienne Pouliot, (Ă©tudiant en thĂ©ologie, 1999- -), Richard Rivard (exĂ©gĂšse, 1982-1996), Jean-Yves ThĂ©riault (exĂ©gĂšse, 1982- -), Walter Vogels (exĂ©gĂšse, 1982-1988).

49. Voir Ă©galement, en bibliographie, les travaux de François Nault (1995, 1998, 2000), rĂ©cemment arrivĂ© Ă  la facultĂ© de thĂ©ologie et de sciences religieuses de l’U. Laval. Ceux-ci portent notamment sur la possibilitĂ© du discours sur Dieu aprĂšs la « dĂ©construction » 0. Derrida, etc.)

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