4
Ce journal n’a pas été financé par les dons versés à la Chaîne du Bonheur. Il a été imprimé sur du papier fabriqué dans le respect de la protection de l’environnement. La Chaîne du Bonheur remercie: Des chiffres éloquents » » La» catastrophe» du» tsunami» a» fait» 215»400»morts,»47»800»disparus,»envi- ron»100»000»blessés»et»1,7»million»de» sans-abri.» » » Les»pays»les»plus»touchés»ont»été»l’In- donésie»(131»000»morts,»37»000»dispa- rus),»le»Sri»Lanka»(38»000»morts,»4093» disparus)»et»l’Inde»(12»400»morts,»3874» disparus).»La»Thaïlande»a»été»moins» sévèrement» affectée» (5395» morts,» 2481»disparus),»mais»elle»a»attiré»l’at- tention»du»monde»entier»à»cause»des» nombreux» touristes» victimes» de» la» vague.» » » 1,2»million»de»personnes»ont»fait»un» don» à» la» Chaîne» du» Bonheur,» dont» plus»de»1400»écoles,»jardins»d’enfants» et»groupes»de»jeunes.» » » Grâce» à» ces» fonds,» la» Chaîne» du» Bonheur» a» pu» financer» 166» projets» dans»les»5»pays»les»plus»touchés,»qui» ont»été»réalisés»par»26»organisations» suis» ses»d’entraide.»Des»ressortissants» suisses»ont»également»été»aidés,»soit» à»l’étranger»soit»ici»en»Suisse.» Répartition des aides de la Chaîne du Bonheur: » » 8%» aide» d’urgence» (eau» potable,» vivres,»médicaments,»abris,»etc.). » » 79%»reconstruction»et»réhabilitation» (maisons,»écoles,»hôpitaux»et»clini- ques,»infrastructures»d’installations» communautaires,»accompagnement» psychosocial,»réseau»social). » » 13%»consolidation»de»projets»(équipe- ments»et»bateaux»pour»coopératives» de»pêcheurs,»formation,»apprentis- sage,»micro-crédits,»etc.). » » 70»537»enfants»ont»été»traités»pour» traumatisme»psychologique. » » 39»977»personnes»ont»pu»suivre»une» formation» et» 130»351» ont» reçu» une» aide»pour»le»démarrage»d’un»projet. » » 21»265» maisons» ont» été» bâties» ou» rénovées»avec»les»fonds»de»la»Chaîne» du»Bonheur,»dans»5»pays.»Elles»abri- tent»90»000»personnes,»soit»presque» la»moitié»de»la»population»de»la»ville» de»Genève.» » » 34»centres»de»santé»ont»été»créés.» » » A»ce»jour,»218,5»millions»de»francs»de» la»collecte»tsunami»ont»été»engagés» (96%).»Le»solde»des»fonds»est»réservé» pour» la» consolidation» de» certains» projets.» Entretien avec Lars Büchler Coordinateur de projets Page 2 Des actions de solidarité originales et variées Page 3 Qu’est-ce que la Chaîne du Bonheur? Comment travaille-t-elle? C’ est à juste titre qu’on qualifie le tsunami du 26 décembre 2004 d’événement du siècle puisqu’il a frappé 13 pays, faisant plus de 215 000 morts, 100 000 blessés et 1,7 million de sans-abri. Cette catastrophe a déclenché un mou- vement de solidarité unique: 227,7 millions de francs ont été collectés en Suisse par la Chaîne du Bonheur. La population de notre pays a fait preuve d’une solidarité extraordinaire avec les populations affectées. Aujourd’hui, la plupart des projets de reconstruction et de réhabilita- tion sont terminés. Plus de 90 000 personnes ont bénéficié de nouveaux logements, de centres médicaux et de nouvelles infrastructures. L’argent de la Chaîne du Bonheur a également permis de soigner des «blessures intérieures»: plus de 70 000 enfants traumatisés ont bénéficié d’un soutien psychologique. La Chaîne du Bonheur et ses organisations parte- naires ont accordé une grande impor- tance à la durabilité des projets et à leur consolidation à long terme. Parmi les 166 projets réalisés dans 5 pays, il y a des programmes de formation profes- sionnelle pour des dizaines de milliers de personnes et des encouragements aux activités génératrices de revenus telles que les microcrédits, notamment pour les femmes et les plus démunis. merci 21 000 maisons reconstruites: la vie revient dans les villages. La Chaîne du Bonheur dit merci à la Suisse! Cette question doit être considérée sous différents angles. Par compa- raison avec les autres catastrophes, et surtout les catastrophes oubliées, il est vrai que le rapport est dispro- portionné. Une chose est sûre: la grande quantité d’argent à disposi- tion a conduit les organisations inter- nationales à consacrer trop d’argent à l’aide d’urgence et à des projets à court terme, principalement dans des régions faciles d’accès. Si on considère toutefois la reconstruction et surtout les projets à long terme, on pourrait encore financer des nouvelles phases de consolidation de projets. Ainsi, il n’y a pas eu trop d’argent, mais – sous la pression d’un très large public et parfois aussi des victimes – on a assisté à un engagement trop rapide de l’argent, ce qui a conduit à cer- taines erreurs et à une utilisation mal proportionnée. A la Chaîne du Bonheur, ce ne fut pas le cas. 96% des fonds ont été engagés à ce jour: 8% de la collecte pour l’aide d’urgence, 79% pour la reconstruction et la réhabilita- tion et 13% pour des projets de conso- lidation. Le solde des fonds sera utilisé pour des compléments de projets en cours et, si besoin est, pour quelques derniers projets. Trop d’argent pour le tsunami? 5 ans après le tsunami Au total, ce sont plus de 3,1 millions de personnes qui ont, d’une manière ou d’une autre, bénéficié de l’aide de la Chaîne du Bonheur, ce qui correspond à la moitié de la population suisse. 5 ans après le tsunami, le bilan de l’aide est un succès. 1,2 million de personnes ont fait un don pour les victimes: la Chaîne du Bonheur leur dit merci, merci à la Suisse! La» Chaîne» du» Bonheur» est»l’organisation»de»soli- darité»et»de»collecte»de» dons»des»médias»suisses.» Née»en»1946,»fondation» indépendante» depuis» 1983,» elle» est» principa- lement»soutenue»par»les» radios»et»les»télévisions» de»SRG»SSR»idée»suisse.» Elle»collabore»également» avec» la» presse» et» les» médias» privés.» Le» tra- vail»opérationnel»sur»le» terrain»des»catastrophes» est»mené»par»des»orga- nisations» d’entraide» suisses» expérimentées,» sur»la»base»d’un»contrat.» La» Chaîne» du» Bonheur» travaille» aujourd’hui» avec» 30» organisations» partenaires.»Elle»affecte» l’intégralité» des» dons» aux» projets» et» finance» ses» propres» frais» par» les» intérêts» des» fonds» en»attente»d’utilisation.» Elle» cofinance» des» pro- jets»ciblés,»à»hauteur»de» 80%» au» maximum;» les» organisations»qui»réali- sent» le» projet» peuvent» déduire» au» maximum» 10%» de» frais» d’accom- pag» nement.» Une» com- mission» spécialisée» et» des»ex» perts»de»la»Chaîne» du» Bon» heur» analysent,» ap» prou» vent» et» suivent» les»différents»projets.» Pour plus d’informations: www.bonheur.ch «Le bilan de l’aide est un succès.» Participez et gagnez! Prix Solidarité page 3

Journal merci - 5 ans après le tsunami

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Ce journal n’a pas été financé par les dons versés à la Chaîne du Bonheur. Il a été imprimé sur du papier fabriqué dans le respect de la protection de l’environnement.

La Chaîne du Bonheur remercie:

Des chiffres éloquents»» La» catastrophe» du» tsunami» a» fait»

215»400»morts,»47»800»disparus,»envi-

ron»100»000»blessés»et»1,7»million»de»

sans-abri.»

»» Les»pays»les»plus»touchés»ont»été»l’In-

donésie»(131»000»morts,»37»000»dispa-

rus),»le»Sri»Lanka»(38»000»morts,»4093»

disparus)»et»l’Inde»(12»400»morts,»3874»

disparus).»La»Thaïlande»a»été»moins»

sévèrement» affectée» (5395» morts,»

2481»disparus),»mais»elle»a»attiré»l’at-

tention»du»monde»entier»à»cause»des»

nombreux» touristes» victimes» de» la»

vague.»

»» 1,2»million»de»personnes»ont»fait»un»

don» à» la» Chaîne» du» Bonheur,» dont»

plus»de»1400»écoles,»jardins»d’enfants»

et»groupes»de»jeunes.»

»» Grâce» à» ces» fonds,» la» Chaîne» du»»

Bonheur» a» pu» financer» 166» projets»

dans»les»5»pays»les»plus»touchés,»qui»

ont»été»réalisés»par»26»organisations»

suis»ses»d’entraide.»Des»ressortissants»

suisses»ont»également»été»aidés,»soit»

à»l’étranger»soit»ici»en»Suisse.»

Répartition des aides de la Chaîne du Bonheur: »» 8%» aide» d’urgence» (eau» potable,»

vivres,»médicaments,»abris,»etc.).

»» 79%»reconstruction»et»réhabilitation»

(maisons,» écoles,» hôpitaux» et» clini-

ques,»infrastructures»d’installations»

communautaires,»accompagnement»

psychosocial,»réseau»social).

»» 13%»consolidation»de»projets»(équipe-

ments»et»bateaux»pour»coopératives»

de» pêcheurs,» formation,» apprentis-

sage,»micro-crédits,»etc.).

»» 70»537»enfants»ont»été» traités»pour»

traumatisme»psychologique.

»» 39»977»personnes»ont»pu»suivre»une»

formation» et» 130»351» ont» reçu» une»

aide»pour»le»démarrage»d’un»projet.

»» 21»265» maisons» ont» été» bâties» ou»

rénovées»avec»les»fonds»de»la»Chaîne»

du»Bonheur,»dans»5»pays.»Elles»abri-

tent»90»000»personnes,»soit»presque»

la»moitié»de»la»population»de»la»ville»

de»Genève.»

»» 34»centres»de»santé»ont»été»créés.»

»» A»ce»jour,»218,5»millions»de»francs»de»

la»collecte»tsunami»ont»été»engagés»

(96%).»Le»solde»des»fonds»est»réservé»

pour» la» consolidation» de» certains»»

projets.»

Entretien avec Lars Büchler Coordinateur de projetsPage 2

Des actions de solidarité originales et variées Page 3

Qu’est-ce que la Chaîne du Bonheur? Comment travaille-t-elle?

C’est à juste titre qu’on

qualifie le tsunami

du 26 décembre 2004

d’événement du siècle

puisqu’il a frappé 13 pays, faisant plus

de 215 000 morts, 100 000 blessés et

1,7 million de sans-abri.

Cette catastrophe a déclenché un mou-

vement de solidarité unique: 227,7

millions de francs ont été collectés en

Suisse par la Chaîne du Bonheur. La

population de notre pays a fait preuve

d’une solidarité extraordinaire avec

les populations affectées.

Aujourd’hui, la plupart des projets

de reconstruction et de réhabilita-

tion sont terminés. Plus de 90 000

personnes ont bénéficié de nouveaux

logements, de centres médicaux et de

nouvelles infrastructures.

L’argent de la Chaîne du Bonheur

a également permis de soigner des

«blessures intérieures»: plus de 70 000

enfants traumatisés ont bénéficié d’un

soutien psychologique. La Chaîne du

Bonheur et ses organisations parte-

naires ont accordé une grande impor-

tance à la durabilité des projets et à

leur consolidation à long terme. Parmi

les 166 projets réalisés dans 5 pays, il y

a des programmes de formation profes-

sionnelle pour des dizaines de milliers

de personnes et des encouragements

aux activités génératrices de revenus

telles que les microcrédits, notamment

pour les femmes et les plus démunis.

merci

21 000 maisons reconstruites: la vie revient dans les villages.

La Chaîne du Bonheur dit merci à la Suisse!

Cette question doit être considérée

sous différents angles. Par compa-

raison avec les autres catastrophes,

et surtout les catastrophes oubliées,

il est vrai que le rapport est dispro-

portionné. Une chose est sûre: la

grande quantité d’argent à disposi-

tion a conduit les organisations inter-

nationales à consacrer trop d’argent

à l’aide d’urgence et à des projets à

court terme, principalement dans des

régions faciles d’accès. Si on considère

toutefois la reconstruction et surtout

les projets à long terme, on pourrait

encore financer des nouvelles phases

de consolidation de projets. Ainsi,

il n’y a pas eu trop d’argent, mais –

sous la pression d’un très large public

et parfois aussi des victimes – on a

assisté à un engagement trop rapide

de l’argent, ce qui a conduit à cer-

taines erreurs et à une utilisation

mal proportionnée. A la Chaîne du

Bonheur, ce ne fut pas le cas. 96% des

fonds ont été engagés à ce jour: 8% de

la collecte pour l’aide d’urgence, 79%

pour la reconstruction et la réhabilita-

tion et 13% pour des projets de conso-

lidation. Le solde des fonds sera utilisé

pour des compléments de projets en

cours et, si besoin est, pour quelques

derniers projets.

Trop d’argent pour le tsunami?

5 ans après le tsunami

Au total, ce sont plus de 3,1 millions

de personnes qui ont, d’une manière

ou d’une autre, bénéficié de l’aide de la

Chaîne du Bonheur, ce qui correspond

à la moitié de la population suisse.

5 ans après le tsunami, le bilan de

l’aide est un succès. 1,2 million de

personnes ont fait un don pour les

victimes: la Chaîne du Bonheur

leur dit merci, merci à la Suisse!

La» Chaîne» du» Bonheur»

est»l’organisation»de»soli-

darité»et»de»collecte»de»

dons»des»médias»suisses.»

Née»en»1946,»fondation»

indépendante» depuis»

1983,» elle» est» principa-

lement»soutenue»par»les»

radios»et»les»télévisions»

de»SRG»SSR»idée»suisse.»

Elle»collabore»également»

avec» la» presse» et» les»

médias» privés.» Le» tra-

vail»opérationnel»sur»le»

terrain»des»catastrophes»

est»mené»par»des»orga-

nisations» d’entraide»

suisses» expérimentées,»

sur»la»base»d’un»contrat.»

La» Chaîne» du» Bonheur»

travaille» aujourd’hui»

avec» 30» organisations»

partenaires.»Elle»affecte»

l’intégralité» des» dons»

aux» projets» et» finance»

ses» propres» frais» par»

les» intérêts» des» fonds»

en»attente»d’utilisation.»

Elle» cofinance»des»pro-

jets»ciblés,»à»hauteur»de»

80%» au» maximum;» les»

organisations»qui»réali-

sent» le» projet» peuvent»

déduire» au» maximum»

10%» de» frais» d’accom-

pag»nement.» Une» com-

mission» spécialisée» et»

des»ex»perts»de»la»Chaîne»

du» Bon»heur» analysent,»

ap»prou»vent» et» suivent»

les»différents»projets.»

Pour plus

d’in for ma tions:

www.bonheur.ch

«Le bilan de l’aide est un succès.»

Quadri:

Pantone:

Participez et gagnez!

Prix Solidarité page 3

merci 2

Je me suis occupée d’une femme qui a été surprise par la vague avec son bébé et son fils de 5 ans. D’une main, elle a serré son

bébé dans ses bras et de l’autre, elle a tenu son fils. Au bout de 50 mètres, elle s’est aperçue qu’il lui était impossible de tenir les

deux enfants. Elle n’en avait simplement plus la force. Elle a donc dû se résigner à lâcher un de ses enfants. Elle a ouvert son bras

et laissé partir le bébé. Peu de temps après, elle a compris qu’elle n’arriverait jamais à s’en sortir si elle continuait à tenir son fils.

Et elle a aussi dû lâcher son deuxième enfant.»

Mousoumi Kar de l’organisation d’entraide ASED s’occupe des personnes traumatisées, sur les îles d’Andaman (Inde)

«Les bons résultats exigent du temps»La Croix-Rouge suisse a choisi de

financer avec les fonds de la Chaîne du

Bonheur un nouveau type d’aide, les

projets «Cash for Rehabilitation and

Reconstruction». De quoi s’agit-il?

Lars Büchler: Les victimes du tsu-

nami ont reçu directement des fonds

qui leur permettaient de reconstruire

leur propre maison. L’argent était

versé en plusieurs tranches, en fonc-

tion de l’avancée des travaux (fonda-

tions – murs – toits – aménagements

intérieurs). Ce concept part du prin-

cipe que les bénéficiaires de l’aide

connaissent mieux leurs propres

besoins et peuvent fixer leurs priori-

tés. Certains ont construit leur maison

eux-mêmes, d’autres ont fait appel à

des spécialistes de la construction.

Nous les avons également aidés pour

les questions de propriété foncière et

de permis de construire. Nous avons

en outre collaboré avec les autorités

pour tout ce qui concerne les infra-

structures (eau potable, eaux usées,

électricité, etc).

Il fut une époque où l’on disait qu’il

ne fallait pas distribuer de l’argent

directement aux bénéficiaires pour

éviter toute fraude ou corruption …

La réflexion à ce sujet a progressé.

Lorsque le choix des bénéficiaires est

bien fait, lorsque la planification et les

contrôles sont effectués de manière

rigoureuse et lorsque les objectifs sont

clairement établis avec les personnes

concernées, ce système est efficace. A

condition que ces personnes sachent

comment se débrouiller avec l’argent

Lars Büchler, coordinateur des projets tsunami

Lars Büchler (41 ans) a été durant trois

ans responsable de la Croix-Rouge suisse

et autrichienne, coordinateur de l’aide

post-tsunami à Colombo (Sri Lanka). Ses

activités étaient vastes allant de l’aide

d’urgence et des travaux de déblaiement

jusqu’à la construction de 7 500 maisons

dans plusieurs villages, en passant par des

projets à plus long terme dans le domaine

de la santé, de la formation profession-

nelle et de la création d’emplois.

cash et que le système bancaire fonc-

tionne bien.

Quelles sont les difficultés de ce

système?

Les points sensibles ont été le choix

équitable des bénéficiaires, les chan-

gements répétés des conditions impo-

sées par les autorités (par exemple

la distance entre les constructions

et la mer) et les différences entre les

méthodes de travail du gouvernement

central de Colombo et les autorités

régionales.

Comment avez-vous fait avec la

guerre civile entre cinghalais et

ta mouls? Est-ce qu’on ne risquait pas

de se retrouver entre les fronts?

Nous avons dû sans cesse répéter que

le mouvement de la Croix-Rouge est

impartial et que nous réalisions des

projets aussi bien dans le sud que

dans l’est et dans le nord. Il y avait

au nord du pays une sorte de gouver-

nement parallèle, nous devions donc

toujours mener des négociations sépa-

rées. Mais lorsque nous nous réunis-

sions l’après-midi avec une des par-

ties, nos interlocuteurs savaient déjà

ce que nous avions négocié le matin

avec l’autre partie … Chacun savait

toujours ce qui se passait chez l’autre.

Il fallait donc faire très attention et

faire preuve d’une grande diplomatie

afin de trouver des solutions prati-

cables.

Le travail devait être dangereux par-

fois – comment saviez-vous si vous

pouviez vous déplacer ou non?

Nous disposions de deux canaux

d’informations: d’une part l’ONU et

d’autre part le CICR. Ils avaient tous

deux accès aux offices militaires et

gouvernementaux et nous fournis-

saient un bulletin de sécurité quoti-

dien, qui indiquait ce qu’on pouvait

faire et là où on ne devait pas aller.

Vous étiez là-bas avec votre femme et

votre fille d’un an – est-ce qu’il vous

arrivait d’avoir peur?

Il y avait parfois des attentats et, si on

avait été au mauvais endroit au mau-

vais moment, les choses auraient pu

mal se passer. Mais il y avait peu de

chances pour que ça arrive. On aurait

tout aussi bien pu avoir un accident

de voiture. En tant que délégué, on

court toujours un certain risque qui

reste toutefois minime si on adopte

un comportement raisonnable.

Les touristes considèrent les Sri Lan-

kais comme des personnes très cha-

leureuses et souriantes. Comment se

fait-il qu’une telle haine mutuelle se

soit développée dans ce pays?

C’est une question difficile. Moi aussi

je trouve ces gens très amicaux et

serviables. Les tamouls ont toujours

représenté une minorité dans ce pays

et ils l’ont toujours ressenti. Cette

haine sanglante est le fruit des actes

extrémistes commis depuis des années

de part et d’autre.

Après 5 ans d’aide sur le terrain, les

organisations font le bilan. Quelles

sont les leçons que vous avez person-

nellement tirées de cette expérience?

Les actions d’aide menées suite au

tsunami ont atteint des dimensions

jamais vues auparavant. Tous ont fait

de nouvelles expériences. Ça a com-

mencé avec le succès de la collecte, les

immenses quantités d’argent mises à

disposition, et la pression que cela a

engendré de la part des donateurs et

des médias. Il se peut que certaines

organisations aient sous-estimé l’am-

pleur de la tâche. Par ailleurs, certains

partenaires locaux étaient trop faibles

et on aurait dû commencer par renfor-

cer leurs structures. Une fois de plus,

on s’aperçoit que, pour atteindre de

bons résultats, il faut plus de temps

qu’on ne pense au départ. En tant que

coordinateur, j’étais sans arrêt entre

deux mondes: entre la réalité du ter-

rain et la réalité des responsables en

Suisse, qui souvent ne se rendaient

pas compte de la difficulté de la situa-

tion sur place. Faire le joint n’a pas été

facile. Dans l’ensemble, l’aide suisse a

été un succès et elle tient tout à fait

avantageusement la comparaison avec

l’aide d’autres pays.

On entend souvent dire qu’il y a eu

trop d’argent …

Qu’est-ce que ça veut dire trop d’ar-

gent? S’il avait uniquement été ques-

tion de l’aide d’urgence, alors oui, il

y aurait eu trop d’argent. La Chaîne

du Bonheur et les organisations

suisse d’entraide ont mis l’accent sur

la reconstruction, la réhabilitation et

la consolidation de projets durables.

Pour cela, il n’y a jamais trop d’ar-

gent! Ce sont surtout les projets à long

terme qui constituent une nouvelle

chance pour les populations touchées

par une catastrophe.

Privations, situations de guerre, cli-

mat inhabituel, frustrations, difficul-

tés avec les autorités locales, surme-

nage … comment un délégué fait-il

face à toutes ces difficultés?

Il y a certainement eu quelques délé-

gués qui étaient mal préparés à leurs

tâches et qui ont été dépassés par la

situation. Personnellement, je m’ef-

force toujours de prendre les choses

avec une certaine dose d’humour;

j’essaie de prendre de la distance pour

analyser ce qui se passe vraiment.

Quand ça ne suffit plus, et qu’on se

sent devenir fragile, il faut s’éloigner,

prendre quelques jours de congé, res-

pirer. De nombreuses organisations

font attention à leurs collaborateurs

et les forcent à prendre une semaine

de repos après un certain temps sur

le terrain, afin qu’ils puissent repar-

tir avec un nouvel élan. On appelle ce

repos «restant recovery».

Vous retournez ces jours au Sri

Lanka pour aller évaluer pour la DDC

des projets consacrés aux dépla-

cés internes dans le nord du pays.

Qu’est-ce qui vous plaît à l’idée de

retourner là-bas?

Le Sri Lanka est un pays tropical

magnifique. Il y a là-bas des couleurs,

des odeurs, de la chaleur, des fruits. Et

les gens sont si chaleureux. Pour moi,

c’est un peu comme si je rentrais à la

maison.

«Les actions d’aide menées suite au tsunami ont atteint des dimensions jamais vues auparavant.»

Au début, les critiques étaient mul-

tiples à l’idée de remettre du cash

à des victimes du tsunami au Sri

Lanka afin qu’elles puissent organi-

ser elles-mêmes la reconstruction de

leur maison. Nombreux étaient ceux

qui avaient des doutes sur ce projet.

Finalement, le programme «Cash for

Rehabilitation and Reconstruction

CfRR» a été un succès. L’expérience

a montré que les bénéficiaires qui

étaient responsables de la reconstruc-

tion de leur maison s’impliquaient

davantage et que cette occupation

les aidait beaucoup à vivre les mois

difficiles qui suivaient la catastrophe.

La»Chaîne»du»Bonheur»et»ses»organisations»

partenaires»ont»analysé»et»ont»tiré»certains»

enseignements»de»l’aide»post-tsunami:»

»» l’étendue»de»la»catastrophe»et»le»volume»

de»l’aide»ont»été»quelque»peu»sous-esti-

més»au»début»

»» la»sélection»des»responsables»de»projets»

doit»être»améliorée»–»ceci»dès»le»début,»

malgré»le»temps»qui»presse

»» les»organisations»doivent»être»limitées»à»

leurs»domaines»de»compétence

»» les» structures» des» partenaires» locaux»

doivent»être»renforcées

»» les»grands»projets»devraient»être»seg-

mentés»en»différentes»parties»pour»per-

mettre»un»meilleur»suivi»

»» pour» éviter» que» l’aide» se» concentre»

dans» les» régions» faciles» d’accès» et»

que» les» victimes» les» plus» vulnérables»

n’en»reçoivent»qu’une»petite»partie,»la»

Chaîne»du»Bonheur»et»ses»organisations»

partenaires»doivent»apprendre»à»se»dis-

tancier»de»la»pression»des»donateurs»et»

des»médias.

Richard» Munz,» médecin» allemand» spé-

cialisé» dans» l’urgence,» résume» bien» la»

situation:»«En»matière»d’aide»en»cas»de»

catastrophes,»on»a»tous»chaque»fois»quel-

que»chose»à»apprendre:»les»organisations»

d’entraide,»les»médias,»mais»aussi»les»dona-

teurs».

Histoire d’un succès: du cash pour la reconstructionLe projet se déroulait en plusieurs

étapes: de l’argent était tout d’abord

mis à disposition pour les fondations

des maisons. Lorsqu’elles étaient ter-

minées, des collaborateurs de l’orga-

nisation d’entraide venaient sur le

chantier pour vérifier l’avancement

des travaux. Si tout était en ordre,

le bénéficiaire recevait l’argent pour

construire les murs, puis dans un troi-

sième temps, le toit et enfin les amé-

nagement intérieurs. Une vérification

avait lieu avant chaque versement

d’argent. Plus de 3000 maisons ont

été construites de cette façon au Sri

Lanka.

Tirer des leçons du tsunami

Nouvelle maison: regard d’espoir

3 merci

«Les bons résultats exigent du temps»

Des gestes de solidarité variés Les dons à la Chaîne du Bonheur:

Les plus petits et les plus grands

victimes»de»cette»catastrophe»»dit»Ivo.»

Sa»soeur»Nina»ajoute:»«Cette»immense»

vague,»c’était»de»la»folie.»Beaucoup»de»

personnes»ont» tout»perdu.»Nous»vou-

lions»simplement» faire»quelque»chose»

pour»elles.»»

4,5 millions versés par la PosteDe» son» côté,» en» ce» début» de» janvier»

2005,» la» Poste» suisse» encourage» ses»

55»000»collaborateurs»à»participer»à»l’ac-

tion»de»solidarité.»Le»directeur»général»

d’alors,»Ulrich»Gygi,»promet»de»doubler»

leurs»dons.»Il»ne»se»doute»pas»que»ses»

collaborateurs»vont»donner»plus»de»2,25»

millions» de» francs!» Au» final,» la» Poste»

verse»4,556»millions»de»francs»à»la»Chaîne»

du»Bonheur»pour» le» tsunami.»Comme»

c’est» le»cas» lors»de»chaque»collecte,» la»

Poste» renonce» également» à» percevoir»

les»taxes»sur»les»bulletins»de»versement,»

soit» l’équivalent» de» 900»000» francs.»»

«Nous»avons»vidé»notre»porte-monnaie»

=» Frs.» 8.50»…» Meilleures» salutations,»

Nina»et»Ivo.»»Le»5»janvier»2005,»ce»mes-

sage»est»faxé»à»la»Chaîne»du»Bonheur»

depuis»l’hôpital»de»l’Ile»à»Berne.»Il»est»

envoyé»par»un»infirmier,»père»de»deux»

enfants» qui» lui» ont» confié» cette» mis-

sion.»Nina»et» Ivo,» âgés»à» l’époque»de»

8» et» 7» ans,» se» souviennent» très» bien»

aujourd’hui»encore»de»la»terrible»nou-

velle.» «Nous» pensions» beaucoup» aux»

L’équipe de basket Geneva Devils,

détentrice de la coupe suisse de bas-

ket à l’époque, a attribué la recette du

match des quarts de finale en faveur

des victimes du tsunami: plus de 4000

francs ont été versés à la Chaîne du

Bonheur.

Dans l’enveloppe on a trouvé un

joli ange colorié par Emilie, 4 ½ de

Veyras (VS). Un mot de la maman ajou-

tait que la petite l’avait dessiné pour

les enfants du tsunami. Emilie a aussi

cassé sa tirelire et donné CHF 10.–.

Les écoliers de Kriens se sont privés

pendant une semaine de chocolat, de

chewing-gum, de Coca, de cinéma

et de téléphone portable. Une petite

fille de 6 ans a déposé 20 centimes

dans la caisse, prix du bonbon auquel

elle a renoncé. Montant total pour la

Chaîne du Bonheur: CHF 7200.–

Madame Z., Suissesse émigrée en

Thaïlande, a été grièvement blessée

D’où vient le concept même de «soli-

darité»?

Jürg Krummenacher: De la Rome

antique. Le droit romain connaissait

l’expression «obligatio in solidum», ce

qui recouvre la notion de «responsa-

bilité collective». La signification de

ces mots a évolué au cours des siècles.

Au XIXème siècle, le mot «Solida-

rité» signifiait en France la respon-

sabilité de ses pairs. La solidarité est

ensuite devenue un concept défendu

par le mouvement ouvrier. Ce n’est

que récemment, avec les débuts de la

coopération au développement après

la deuxième guerre mondiale, que le

mouvement a traversé les frontières.

Aujourd’hui, solidarité signifie res-

ponsabilité entre toutes les couches

sociales et toutes les cultures.

Vous avez dit qu’on devrait veiller sur

ce concept. Que vouliez-vous dire?

L’homme ne peut pas exister pour

lui seul. Cela commence dès la nais-

sance: il a besoin que ses parents

s’occupent de lui. La nature ne suffit

pas. La solidarité avec les étrangers,

avec des hommes dans une situation

de vie différente, doit être constam-

ment réaffirmée, notamment grâce

aux médias. Les images émouvantes

des catastrophes provoquent un senti-

ment de compassion pour les victimes

même si elles nous sont étrangères. Les

articles ou les reportages permettent

de comprendre pourquoi certaines

personnes tombent dans la misère, ce

que cela signifie pour elles et comment

on peut les aider. La Chaîne du Bon-

heur et les organisations d’entraide

jouent un rôle essentiel pour dévelop-

per cette solidarité. Lorsque l’on voit

des familles dévastées par le tsunami,

qui ont tout perdu – leurs enfants, leur

«Nous vivons dans un village planétaire»Que signifie solidarité? Nous avons posé la question à Jürg

Krummenacher, ancien directeur de Caritas Suisse, aujourd’hui

maître de conférences à l’Université de Lucerne.

maison, leur bateau, et qui se retrou-

vent devant un vide immense – cela

donne les frissons. La solidarité va de

pair avec les sentiments et la notion

d’identification: il se pourrait que

je me trouve un jour dans la même

situation, ceci pourrait aussi m’arriver

et j’aurais alors besoin d’aide.

Est-ce que la solidarité a aussi quel-

que chose à voir avec l’égoïsme?

Oui. Et c’est légitime. On le voit lors

de troubles politiques ou lors de

guerres. Si nous aidons les gens sur

le terrain, il y aura peut-être moins

de demandeurs d’asile qui viendront

chez nous. Cette réflexion joue tou-

jours un rôle. Aujourd’hui, nous ne

vivons pas isolés, nous vivons dans

un village, un village planétaire

parce que nous sommes tous dans le

même bateau. Nous voyons ça avec

le changement climatique, à travers

les risques environnementaux. Nous

sommes un village planétaire dans

lequel la solidarité est cruciale. Il est

aujourd’hui de plus en plus évident

que, pour que les choses aillent bien

pour nous, elles doivent aller bien

pour la population du sud, pour les

habitants de tel ou tel pays. A cette

condition seulement nous irons bien.

Jürg Krummenacher

Marc»Santschi,»directeur»du»sponso-

ring»de»la»Poste,»se»souvient:»«Nous,»

postiers,»étions»fiers»de»pouvoir»sou-

tenir» une» institution» aussi» impor-

tante,»honnête»et»digne»de»confiance»

que»la»Chaîne»du»Bonheur.»»

Solidarité de SwisscomIl» en»va»de»même»chez»Swisscom,»

qui» met» à» disposition» un» numéro»

de»téléphone»gratuit»et»installe»les»

lignes»pour» la» journée»de»collecte.»

Comme» pour» la» Poste,» les» 20»000»

collaborateurs» de» Swisscom» sont»

solidaires»des»victimes»du»tsunami»

et»collectent»1,162»million»de»francs.»

L’entreprise»double»ce»montant.»Les»

deux» entreprises» sont» partenaires»

logistiques»de»la»Chaîne»du»Bonheur»

depuis»ses»débuts,»il»y»a»plus»de»60»

ans,»réunies»à»l’époque»sous»un»seul»

sigle,»les»PTT.

Ivo et Nina ont vidé leur porte-monnaie.

Gagnez le «Prix Solidarité» de la Chaîne du Bonheur, un vol dans le plus

gros avion du monde et la visite d’un projet post-tsunami financé par la

Chaîne du Bonheur en Asie!

Qu’est-ce que la solidarité? Que signifie-t-elle pour vous? Rédigez votre

réponse sur une page A4. Ou répondez par un dessin, une photo ou

une vidéo que vous aurez réalisés vous-même, ou encore par un enre-

gistrement sonore (max. 4 minutes, mp3). Un jury composé d’experts

de la solidarité sélectionnera les meilleures contributions.

1er au 3ème prix: un vol pour Singapour (y.c. visite de la ville) et visite

d’un projet de reconstruction en Indonésie ou en Inde organisée par

Globetrotter. Remise d’un certificat pour l’obtention du Prix Solidarité!

Le billet est valable pour 2 personnes, vol sur le nouvel Airbus A380,

offert par Singapour Airlines. Singapour Airlines a activement soutenu les

actions de la Chaîne du Bonheur et de ses organisations partenaires depuis

2005. Et 100 prix de consolation.

Envoyez votre contribution à: Chaîne du Bonheur, Prix Solidarité, CP 132,

1211 Genève 8 ou par mail à: [email protected].

Délai d’envoi: 31 décembre 2009.

Prix Solidarité: Que signifie pour vous la Solidarité?

lors du tsunami et a tout perdu. Elle

est revenue en Suisse où elle vit main-

tenant sans beaucoup de moyens.

Elle verse quand même 20 francs à la

Chaîne du Bonheur. Elle ne peut hélas

pas donner davantage, écrit-elle à la

Chaîne du Bonheur.

Un propriétaire immobilier est à tel

point bouleversé par le tsunami qu’il

modifie son testament. Le produit de

la vente de sa maison – un million de

francs – ira à la Chaîne du Bonheur

en faveur des victimes de cette catas-

trophe.

«Jusqu’à ce jour, j’ai aidé à mettre au

monde 1780 enfants. Voilà pourquoi

je verse 1780 francs. Meilleures saluta-

tions» Dr. K., gynécologue.

«Suite à cette catastrophe, la sta-

tion grisonne de St Moritz annule

son traditionnel feu d’artifice du

Nouvel An et invite touristes et habi-

tants à se montrer solidaires avec les

victimes. Tous les dons seront ver-

sés à la Chaîne du Bonheur.» Com-

muniqué de presse de la commune

de St Moritz, décembre 2004.

«J’élève des chèvres et ce mois,

je dois amener trois chèvres à

la boucherie. Je vends la viande.

Le bénéfice est pour vous (environ

100.–.) La vie de ces bêtes prend

ainsi une autre signification.» B.H.

Les détenus de l’établissement

pénitentiaire de Lenzburg ont

démontré leur solidarité avec les

victimes du tsunami en collectant

6560 francs.

Sur l’enveloppe, il est écrit «Pour

les victimes du tsunami/Chaîne

du Bonheur». Elle contient un

dessin d’enfant avec deux beaux

soleils qui baignent dans la mer.

Sur le dessin, on a collé une pièce

de 2 francs. «De la part de Svenja».

merci 4

En collaboration avec Handicap Inter-

national, la Chaîne du Bonheur a sou-

tenu des organisations locales d’aide

aux handicapés dans la région de la

province d’Aceh (Indonésie) touchée

par le tsunami. Des architectes locaux

ont bénéficié d’une formation sur les

constructions adaptées aux handica-

pés et des orthopédistes ont suivi des

cours sur la fabrication de prothèses.

Au Sri Lanka, Handicap International

a formé du personnel hospitalier pour

qu’il accompagne les handicapés sur

les plans psychologiques et physiques.

Objectif crucial: aider les personnes

vivant avec un handicap à défendre

leurs droits et à s’intégrer aussi bien

que possible dans la société.

A Aceh, en Indonésie, la Croix-Rouge

suisse a reconstruit les infrastructures

médicales utilisées par 15 000 per-

sonnes dans 15 villages. Des centaines

de sages-femmes et d’infirmières

locales ont pu suivre une formation.

Dans le sud de l’Inde, la Chaîne du

Bonheur et la Croix-Rouge suisse ont

construit plus de 2 000 maisons dans

cinq nouveaux villages. Dans cette

région, les organisations ont aussi

soutenu des groupes de femmes pour

la vente du poisson sur les marchés.

Caritas Suisse attache également

de l’importance à la durabilité de

l’aide qu’elle apporte. Parallèlement

à la construction de 1850 maisons

à Aceh, sur l’île indonésienne de

Sumatra, elle a lancé un programme

de culture de riz qui permet d’assu-

rer un revenu aux habitants. Dans

le nouveau village de Blang Beuran-

dang, les femmes apprennent à gérer

les déchets et à faire du compost. «Le

principal défi c’est que tous ces gens

parviennent à cohabiter dans ces

nouveaux villages» précise Bettina

Iseli, responsable de projets pour

Caritas. Après le départ de Caritas,

les autorités doivent prendre le relais

et veiller au développement durable

de la commune.

Qu’est-ce»qu’il»faut»faire»si»un»nouveau»

tsunami»survient?»Comment»apporter»

les» premiers» soins» à» ses» camarades»

blessés?» A» l’école» d’Inshafuddin,» à»

Banda» Aceh,» on» apprend» à» répondre»

à»ces»questions.»Ces»cours»ont»été»mis»

sur»pied»par»la»Croix-Rouge»suisse»qui»a»

également»supervisé»la»construction»de»

l’école»qui»accueille»plus»de»300»élèves.»

Un»type»de»construction»très»particulier,»

avec»des»piliers»profondément»enfon-

cés»dans»le»sol,»conçu»pour»résister»aux»

tsunamis.»Si»une»nouvelle»catastrophe»

devait»se»produire,»l’école»servirait»de»

radeau»de»sauvetage»pour»les»écoliers»

et»les»habitants»du»quartier.

L’Entraide»Protestante»Suisse»(EPER)»a»

lancé»un»projet»intéressant»en»collabo-

ration»avec»son»partenaire»local»indien»

CASA.» Dans» le» village» reconstruit» de»

Thoduvai»(Tamil»Nadu),»des»membres»

de» la» caste» des» intouchables» (dalits)»

ont»reçu»la»même»aide»que»les»autres,»

ce»qui»semble»normal»mais»qui»ne»l’est»

pas»en»Inde.»Les»14»familles»dalits»ont»

pu»emménager»dans»le»même»genre»de»

maisons»que»celles»des»membres»des»

castes» supérieures.» Habituellement,»

les»dalits»vivent»dans»des»cabanes»misé-

rables»aux»abords»des»villages»indiens:»

ils»font»les»sales»boulots,»ont»rarement»

accès»à»l’éducation,»ne»possèdent»pas»

de»terrain»ni»aucun»bien.»Vijaya»Kalia-

perumal,»une»femme»dalit»de»Thoduvai»

nous» raconte:» «Avant» le» tsunami,» on»

vivait»dans»de»simples»cabanes»en»terre.»

Aujourd’hui,»on»a»les»mêmes»maisons»

que»tous»les»autres.»On»réalise»qu’on»fait»

partie»de»la»société»au»même»titre»que»

les»autres.»

Rédaction:

Peter»Jaeggi,»Roland»Jeanneret,»»

Caroline»de»Palézieux

Photos:

Keystone,»Peter»Jaeggi,»»

Chaîne»du»Bonheur

Version française:

Catherine»Baud-Lavigne

Conception graphique:

raschle»&»kranz»GmbH,»Berne

Impression:

Stämpfli»Publikationen»AG,»Berne

L’épicentre» du» tremblement» de» terre»

qui»a»causé»le»tsunami»du»26»décembre»

2004» se» situait» à» quelques» kilomètres»

de»la»côte»de»la»province»indonésienne»

d’Aceh,»au»nord»de»Sumatra.»Les»infras-

tructures»du»système»éducatif»ont»subi»

d’énormes» dommages.» L’organisation»

«Swisscontact»» a» eu» l’idée» de» mener»

dans»cette»région»un»projet»particulier,»

en»collaboration»avec»la»Chaîne»du»Bon-

heur:» trois» grands» camions» ont» servi»

d’atelier»mobile»pour»la»formation»pro-

fessionnelle.

Muslim,»25»ans,»se»tient»devant»le»petit»

mur»de»briques»rouges»qu’il»apprend»à»

construire.» Il»exulte:»«Je» suis»heureux»

d’être»ici.»J’aime»le»mélange»de»théorie»

et»de»pratique».»En»l’espace»de»trois»ans,»

plus»de»6000»jeunes»ont»pu»suivre»un»

cours»de»deux»semaines.»Onze»différents»

cours»étaient»proposés:»mécanicien»sur»

autos,» soudeur,» électricien,» ébéniste,»

Un avenir meilleur pour les handicapés

Des programmes durables et variés

L’école, un radeau de sauvetage

Intégrer les intouchables

Impressum

Des ateliers mobiles de formation

Les nouveaux propriétaires apprennent à

gérer la fosse septique de leur maison.

Elles ont réalisé les projets sur le terrain16» organisations» d’entraide» parte-

naires»(voir»ci-dessous)»et»10»autres»

organisations» humanitaires» ont»

fourni»une»aide»d’urgence»ou»parti-

cipé»à»la»reconstruction,»sur»contrat»

avec»la»Chaîne»du»Bonheur,»en»Indo-

nésie,» en» Inde,» au» Sri» Lanka,» en»

Thaïlande»et»en»Somalie:

informaticien,» etc.» Les» trois» camions»

offraient» la» possibilité» de» suivre» des»

cours»intensifs»dans»les»régions»les»plus»

touchées»par»le»tsunami.»Ces»camions»

ont» ensuite» été» remis» aux» autorités»

locales»qui»veulent»mettre»en»place»à»

Aceh»un»système»d’apprentissage»simi-

laire»à»celui»qui»existe»en»Suisse.»

Les»cours»étaient»couronnés»par»un»cer-

tificat»reconnu»par»l’Etat.»Plus»de»la»moi-

tié»des»participants»ont»déclaré»vouloir»

lancer»leur»propre»petite»entreprise.»Ils»

Plus d’informations sur www.bonheur.ch

Le tsunami m’a pris ma femme et mes deux filles. La

religion m’aide beaucoup à accepter cette situation.

Elle nous dit que le moment de la mort ne repose pas

entre nos mains. Le jour où nous allons mourir est écrit.

Nous devons l’accepter. Extérieurement, la douleur paraît aujourd’hui

surmontée. Mais à l’intérieur, c’est autre chose. La nuit, les cauchemars

me poursuivent. Il me faudra encore un peu de temps.»

Syamsul Rizal, océanographe, Banda Aceh

pourront»alors»profiter»d’un»programme»

qui»accorde»un»capital»de»départ»et»des»

prêts»pour»le»lancement»de»start»ups.»A»

cette»offre»viennent»d’ajouter»les»aides»

à»la»reconstruction»pour»les»petites»et»

moyennes»entreprises»détruites»par»le»

tsunami.»«Un»des»objectifs»de»ce»pro-

gramme»est»de»maintenir»des»emplois»

ou»d’en»créer»de»nouveaux»,»explique»

Manfred» Borer,» le» responsable» de»

«Swiss»contact»»à»Sumatra.»A»coup»sûr»

un» programme» avec» un» effet» à» long»

terme.

Décembre»2009»|»Tirage»500»000