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>>> Les Actes
Journée régionale d'échanges et de réflexions sur la
Coopération et la Solidarité internationale
Jeudi 8 juillet 2010 Hôtel de Région
Besançon
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Le CERCOOP Franche-Comté remercie l'ensemble des participants et des intervenants qui ont accepté d'animer cette journée. Ces actes ont été réalisés avec la collaboration d'Annick BÉNÉZET de la Ville de Besançon et Alexandre MINOT, stagiaire au CERCOOP Franche-Comté, étudiant en IUT information et communication. Ces actes présentent un résumé des interventions de chacun. Pour une communication complète, contacter le CERCOOP Franche-Comté.
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Sommaire :
� Séance d’ouverture de la journée :……………….…….…………………… p. 4 Marie-Guite DUFAY, Présidente de la région Franche-Comté Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté et Conseiller régional Antoine JOLY, Délégué pour l’action extérieure des Collectivités Territoriales, Ministère des Affaires Etrangères et Européennes
� Table ronde : « Le travail en réseau en coopération internationale »…………………… p. 5 Modérateur : Jean-Paul RIVIÈRE, journaliste indépendant Intervenants : Nicolas WIT, Directeur adjoint de Cités Unies France Yves ACKERMANN, Président du conseil général du Territoire de Belfort Jean-Paul TARBY, Délégué Académique aux Relations Européennes et Internationales et à la Coopération, au rectorat de Besançon Elisabeth BIOT, adjointe au maire de la Ville de Dijon Antoine JOLY, Délégué pour l’action extérieure des Collectivités Territoriales, Ministère des Affaires Etrangères et Européennes
� Table ronde : « Eau, assainissement et coopération internationale »………………… p. 11
Modérateur : Nicolas WIT, Directeur adjoint de Cités Unies France Intervenants : Christophe LIME, Adjoint délégué à l’eau et à l’assainissement, Ville de Besançon Nicolas FATIN-ROUGE, Maître de conférences, UFR Sciences et techniques, Université de Franche-Comté Pierre MICHAILLARD, chargé de mission au Burkina Faso, communauté d’Agglomération Belfortaine Sophie CHARPENTIER, Programme Solidarité Eau Philippe CLAPÉ, Délégué régional de Besançon, Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse Jean-François GUYONNEAU, Président de l’association Doubs Besançon Samogohiri Marie TSANGA TAB, Chercheur enseignant, UMR GEStion Territoriale de l’Eau et de l’environnement, CEMAGREF-ENGEES, Strasbourg
� Synthèse avec un Grand Témoin
Jean DUMONTEIL, Directeur de la Lettre du Secteur Public……………………………..… p. 16
� Liste des sigles utilisés……………………………………….…………………… p. 20
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� Séance d’ouverture
Intervention de Marie-Guite DUFAY, Présidente de la région Franche-Comté
La Présidente de région adresse un mot d’accueil et de bienvenue aux participants à cette journée.
Après avoir souligné la baisse des finances locales qui vont contraindre à une baisse des investissements et
des moyens de fonctionnement de la région mais aussi de toutes les collectivités, la Présidente du Conseil
Régional insiste sur la nécessité pour les collectivités territoriales d’accompagner les services rendus aux
citoyens et de préserver l’aide aux solidarités. Ce sont des valeurs que la région veut continuer de défendre
en privilégiant la structuration de projets rassembleurs, favorisant la réflexion sur le développement du
territoire. Sur ce point, le CERCOOP Franche-Comté est un très bon outil que la région accompagnera de
façon volontaire et active.
Intervention d’Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté
Le Président du CERCOOP Franche-Comté présente la journée d’échange, qui a pour premier
objectif de contribuer à faire vivre la dynamique régionale. Il rappelle que le dialogue entre organismes et
instances locales et nationales, aux compétences et aux domaines d’intervention multiples, est indispensable.
C’est une condition sine qua non pour permettre l’émergence de synergies porteuses d’initiatives et capables
de dessiner l’avenir de la coopération internationale en Franche-Comté. Comment mettre en œuvre des
projets de coopération et de solidarité internationale, comment solliciter les partenaires « là-bas » : les
autorités locales étrangères, les institutions, la société civile, si nous ne favorisons pas « ici » la concertation
entre acteurs du Nord ?
C’est l’une des missions du CERCOOP Franche-Comté, qui, fort de ses évolutions pour rester au
plus près des attentes de chacun des acteurs, a su trouver sa place comme réseau et centre de ressources pour
les porteurs de projets franc-comtois. La structure a notamment permis l’émergence d’un projet mutualisé au
Burkina Faso entre neuf collectivités franc-comtoises, qui a obtenu le soutien du MAEE à l’occasion de son
appel à projets triennal 2010/ 2012. C’est un travail difficile, qui demande des compromis de la part des
collectivités, mais qui est le gage d’une plus grande qualité des projets. Les temps forts de partage
d’expériences et de débat, comme cette journée de réflexion, permettront ainsi d’éclairer sur les valeurs
d’humanité et d’ouverture à l’autre inhérentes aux initiatives de coopération et de solidarité, et de les rendre
éclairées et rayonnantes dans nos régions.
5
Intervention d’Antoine JOLY, Délégué à l’action extérieure des collectivités, Ministère des Affaires Étrangères et Européennes
La Franche-Comté est une région dynamique dans les domaines de la coopération et de la solidarité
internationale, avec un réseau important qui structure le territoire régional. Situation héritée d’une tradition
historique et d’une position géographique favorisant les échanges transfrontaliers, et d’une tradition franc-
comtoise d’effort de mutualisation.
Répondant aux préoccupations des élus, M. JOLY précise qu’il est conscient des difficultés
financières des collectivités et des inquiétudes pour la poursuite de la coopération, qui n’est pas un thème
prioritaire en période de crise. Mais elle répond à une attente d’associations, d’entreprises, d’institutions, qui
souhaitent s’engager à l’international. La seule façon d’en montrer l’importance et l’intérêt est de
promouvoir des projets à fort rayonnement économique et culturel ayant un intérêt direct pour le citoyen. La
difficulté au niveau financier offre cependant un avantage : elle favorise une réflexion sur un territoire, sur le
sens et les moyens que l’on donne à la coopération.
Ces projets ont aussi toute leur importance pour le Sud, notamment depuis la mise en place de la
décentralisation dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. L’amélioration de la gouvernance locale
favorise l’émergence de praticiens des dynamiques territoriales. Dans cet esprit, et parce que l’octroi de
subventions est aléatoire mais la croissance pérenne, il est important de maintenir le soutien aux collectivités
locales qui peuvent favoriser le développement de l’économie.
� Table ronde :
« Le travail en réseau en coopération internationale »
Intervention d’Antoine JOLY, Délégué à l’action extérieure des collectivités, Ministère des Affaires Étrangères et Européennes
Le représentant de la DAECT précise la position du MAEE :
- soutien aux réseaux nationaux représentant des collectivités (CUF, ARF…) ;
- soutien aux réseaux thématiques : notamment dans le domaine du patrimoine (Association
des Villes d’Art et d’Histoire), de la solidarité numérique (Agence mondiale de solidarité
numérique à Lyon), de l’eau et de l’assainissement (pS-Eau) ;
- soutien aux réseaux régionaux (structure juridique GIP ou associative) quand ils fédèrent des
collectivités territoriales et/ou des associations (structuration indépendante de la Région)
Il précise les domaines que le MAEE cible en priorité dans son soutien aux réseaux :
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- l’appui institutionnel : afin de mettre en place de véritables relais de discussion et
d’explication (alors que nombre de collectivités soutiennent de petits projets d’assistance à la
maîtrise d’ouvrage via des subventions aux associations) ;
- le développement économique : en accompagnement ou en partenariat avec les collectivités
du Sud. Les projets de développement doivent s’appuyer sur les forces endogènes de
développement territorial. Ces projets doivent être accompagnés de discussions sur la
signification d’une coopération portant sur le développement économique.
- l’eau et l’assainissement
- la fracture numérique
Face à la critique récurrente du caractère émietté de la coopération, les réseaux recherchent la
mutualisation, gage de plus d’efficacité. Les différents réseaux régionaux de France peuvent travailler
ensemble pour faire un état des lieux global de la coopération. L’aboutissement d’une réflexion collective sur
la gouvernance locale, remonterait vers le national, puis vers l’international.
Antoine Joly souligne également l’importance du travail de recensement des actions de coopération
décentralisée, initié par le MAEE (via notamment l’Atlas de la coopération décentralisée, qui fait désormais
école au niveau européen) et la nécessité de mieux articuler réseaux nationaux et réseaux régionaux. (Les
structures inter réseaux doivent se faire mieux connaître pour jouer leur rôle à l’échelon régional et exprimer
les attentes à l’échelle nationale).
Intervention de Nicolas WIT, Directeur adjoint de Cités Unies France
Le travail des réseaux régionaux est délicat. Ils dialoguent tant avec l’ « élite » qu’avec les structures
microscopiques, dans leur vaste diversité. Le défi est rude : un réseau n’a pas le choix de se limiter à un
domaine ou une zone géographique, il travaille avec des acteurs divers dans un contexte budgétaire restrictif.
Après avoir évoqué les tenants de l’histoire de la coopération décentralisée et de Cités Unies France,
Nicolas WIT insiste sur quelques points clés qui méritent réflexion :
- les réseaux sont nés parce que des hommes et des femmes ont pris l’initiative de les créer
(ex : jumelages en France et en Allemagne), c’est d’abord une affaire de relations humaines ;
- un réseau existe sur la base de valeurs communes à celles et ceux qui le composent et
partagent des manières semblables de voir et de faire ;
- le travail d’un réseau est de comprendre les sphères et les cultures des interlocuteurs du
réseau (associatif, administratif, institutionnel, militant...) ;
- la coopération ne survivra pas à la crise si elle ne montre pas son utilité sur notre territoire et
si elle ne parvient pas à se recentrer autour de quelques thèmes fédérateurs. Elle ne peut plus
se contenter d’actions de générosité individuelle et de satisfactions personnelles mais doit
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progresser pour démontrer son utilité dans la mise en œuvre des politiques publiques
(développement durable, mobilité des jeunes, cohésion sociale…) ;
- la coopération peut déboucher sur la « Diplomatie des villes », qui ne pourra exister que si les
réseaux se l’approprient.
Intervention d’Yves ACKERMANN, Président du conseil général du Territoire de Belfort
Au début des années 2000, la question s’est posée de la poursuite de la coopération après un constat
sur l’importance des sommes investies, l’éparpillement et le manque d’organisation des petits projets. En
effet, beaucoup d’actions ne permettaient pas aux bénéficiaires de prendre leur destin en main. Sur les
territoires, il faut respecter les plans du gouvernement local, regarder les conséquences en amont et en aval
du projet, avoir une accroche avec les programmes nationaux. Il est regrettable que la Maison de la
coopération décentralisée à Ouagadougou soit en veille. Sa mission correspondait à un programme cohérent
et un lieu d’accueil pour ceux qui voulaient investir dans les projets au Burkina Faso, mutualiser,
coordonner leurs actions.
Au CG90, il est fait en sorte que les échanges internationaux soient riches et que les services soient
ouverts à l’international. Le CERCOOP Franche-Comté a été mis en place pour répondre, au moins en partie,
à ces interrogations. Les lieux de rencontre et de discussion sont en effet indispensables pour permettre la
coordination et la mutualisation des actions. Faute de cette démarche, l’effet de repli sur les problèmes
internes français risque de s’accentuer de la part de collectivités territoriales, confrontées à des contraintes
budgétaires de plus en plus lourdes.
Il serait donc bon que les collectivités sachent ouvrir leurs services aux questions internationales et
travaillent plus étroitement avec le MAEE (exemple des dossiers d’adoption traités par les départements, qui
sont liés à des questions de relations internationales. Les pays originaires des enfants sont souvent
demandeurs en retour de projets et d’investissements français).
Intervention de Jean-Paul TARBY, Délégué Académique aux Relations Européennes et Internationales et à la Coopération, au rectorat de Besançon
Dans la région Franche-Comté, le réseau permet un lien fort entre coopération et éducation, et
stimule un travail en synergie avec les collectivités. Il donne une impulsion officielle aux actions de
coopération de l’Éducation nationale et les place dans un contexte incitatif.
Dans l’idéal, chaque établissement pourrait mettre en place un partenariat avec un établissement
scolaire étranger (l’enjeu étant que tous les enfants aient pu avoir un contact avec des enfants étrangers
pendant leur scolarité). Il existe des conventions de coopération éducative entre l’académie de Besançon et
des autorités éducatives étrangères, les collectivités territoriales étant fortement impliquées. Par ailleurs, un
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fonds régional d’appui aux initiatives internationales des lycées est en place. De même, le dispositif
« Tandem solidaire » permet le travail entre des classes de collège et des associations de solidarité
internationale.
Le rectorat participe aux instances de concertation, aux comités de pilotage de projets fédérateurs
(ex. : Comenius Regio), aux commissions de l’Université, aux groupes de travail du CERCOOP Franche-
Comté … La mise en place d’un référent académique sur les questions d’éducation à la solidarité
internationale, en partenariat avec le CERCOOP Franche-Comté, favorise la prise en compte de l’éducation
dans la coopération. Ces actions de coopération ont un impact fort ici en France. Elles favorisent tout
particulièrement :
- la réussite, l’intégration, l’insertion humaine, sociale et professionnelle des enfants et plus
généralement l’acquisition des bases de la citoyenneté (objectif de diversité culturelle,
solidarité internationale, citoyenneté européenne, francophonie…) ;
- l’alimentation d’un socle commun de connaissance et de compétences ;
- la pratique d’une langue vivante dans un contexte authentique ;
- la préparation à la mobilité étudiante, professionnelle (Stratégie éducative à l’international :
pilotage d’un projet, partenariat, parcours de mobilités qualifiantes).
Intervention d’Élisabeth BIOT, Adjointe au maire de la Ville de Dijon
Adjointe en charge des relations internationales depuis 2008, Mme BIOT fait part du foisonnement
de la vie associative dijonnaise (une centaine d’associations regroupant près d’un millier de bénévoles et
l’organisation d’environ 200 événements par an autour des questions de coopération et de solidarité
internationale).
Jusqu’à présent la Ville de Dijon apporte aux associations un appui méthodologique, logistique,
financier. Elle propose aussi des modules de formations avec la région Bourgogne. Il existe notamment un
réseau (collectif d’ASI qui organise la Semaine de la Solidarité Internationale) et un conseil d’associations,
ce qui divise les stratégies et orientations des uns et des autres, éparpillées. Comment faire pour mutualiser ?
Une enquête a été menée auprès des ASI, qui montre l’intérêt de ces associations pour cette réflexion. Les
informations recueillies ont prouvé la méconnaissance des acteurs entre eux, avec pourtant des
préoccupations communes. Cette enquête a révélé que 84% des ASI sont intéressées par la démarche de
mutualisation, qui permettrait une plus grande qualité des projets et une meilleure lisibilité des actions de
solidarité internationale.
Le terrain est donc favorable à une réflexion sur la mutualisation et sur la création d’un réseau type
CERCOOP Franche-Comté (qui n’existe aujourd’hui ni en Bourgogne ni à Dijon), en réfléchissant à la place
des institutions et des différents acteurs.
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Débat avec la salle
Interventions de la salle
Jean EBERHART, association SPACE à Bruxelles
Quelle participation de la sphère privée aux actions de coopération et de solidarité internationale ?
Historiquement, les entreprises sont présentes sur les actions de solidarité par le mécénat. Mais comment les
impliquer autrement ? Ne faudrait-il pas initier une réflexion pour que leur engagement ne soit pas seulement
financier ? Ne faut-il pas dépasser les clivages pour que les acteurs ne se cantonnent pas dans leur espace
mais rencontrent d’autres interlocuteurs ?
Jean-Pierre AMIOTTE, Président de la plate-forme des Associations de Solidarité
Internationale
Comment faire mieux vivre la solidarité internationale ? Ne faudrait-il pas imposer un
positionnement cohérent et donner une plus grande place à l’éducation au développement ?
André BONVALOT, Président de l’Association Solidarité Pérou
Le désengagement à l’étranger de la France est regrettable, d’autant qu’elle reste un modèle pour de
nombreux pays d’Amérique latine. La culture française à l’étranger disparaît, que faut-il en penser ?
Christine SILVAIN, association RéCiDev, association Coup de Pouce Burkina, Oxfam France
Quelles articulations existent entre les réseaux ? Comment faire pression sur les décideurs politiques
pour qu’ils s’impliquent davantage dans les projets de solidarité internationale ? Par exemple, selon
l’association Survie, 90% de l’APD ne sert en rien au développement : (coût de l’anniversaire des
indépendances, allégement de la dette, aide à l’installation d’entreprises françaises….). Ne devrait-on pas
avoir plus accès aux comptes et plus de transparence de l’APD?
Sylvie GUYENOT, association Tourisme Solidaire / Survie
En matière d’aide au développement, et dans un contexte de diminution des aides, ne faut-il pas
revoir les critères d’attribution ?
Réponses des intervenants
Nicolas WIT, Directeur adjoint de Cités Unies France
Historiquement, les entreprises n’étaient pas très présentes dans la coopération décentralisée.
Pourtant, il est primordial de travailler ensemble et de partager les intelligences. Quand il y a des marchés,
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on espère que ce soit les entreprises françaises qui en bénéficient, c’est un tabou mais une réalité pour tous
nos administrateurs et ce ne doit pas être une insulte. Un exemple concret : la loi Oudin qui permet de
consacrer 1% du budget eau et assainissement à des projets de coopération, ne concerne pas que des budgets
publics. Il y a un fonds commun avec le pS-Eau, pour que l’entreprise participe à l’effort de la coopération.
Idem pour les entreprises en nouvelles technologies, dans les programmes de coopération afin de dépasser la
fracture numérique. Ces ouvertures sont nécessaires. En Hollande, tout le monde est dans la même mouvance
(« ce qui est bon pour Philips est bon pour la Hollande »). En France, chacun son espace, il n’y a pas de
communauté globale. Quelque chose est à inventer pour que puisse avoir lieu un échange d’idées.
Les partenaires du Sud nous interpellent d’ailleurs souvent pour mieux négocier avec les entreprises
(accompagnement des contrats, gestion de la délégation…), certains demandent à créer des pépinières
d’entreprises. Ils font part d’un besoin de franchir des portes nouvelles.
Antoine JOLY, Délégué à l’action extérieure des collectivités territoriales, Ministère des
Affaires Étrangères
Le sport favori français est la flagellation. La France a le 2è rang international derrière les États-Unis
en matière d’aide au développement et l’APD de l’Europe représente 55% de l’aide au niveau mondial. La
France a fait le choix de l’universalité, ce qui la conduit à être présente partout, mais avec une dispersion de
moyens qui nuit parfois à la qualité de son engagement. A cela s’ajoute son appartenance à l’Europe, qui
répartit les coopérations. (Par exemple, l’Espagne, à plus forte raison que la France, conserve l’essentiel des
projets de coopération en Amérique latine).
Comment améliorer la situation ? Voici plusieurs pistes : construire un véritable outil de mobilisation
des collectivités territoriales, en mettant en place des pôles d’excellence autour de certaines thématiques ;
organiser des séminaires de capitalisation des expériences pour accompagner et démultiplier les soutiens et
favoriser une stratégie de rayonnement pour convaincre le Nord du bien-fondé de la coopération et pour
partager au Sud les expériences de la coopération ; aider au développement de la coopération Sud-Sud et de
la coopération transfrontalière (ex : Brésil-France-Haïti).
La coopération décentralisée sera plus forte si elle convainc les citoyens qu’elle agit en faveur du
rayonnement de la France. D’autre part, en mutualisant côté français, on mutualise aussi au Sud.
Le système d’allégement de la dette est un dispositif qui libère l’argent qui devait servir au
remboursement de la dette, le rendant au pays disponible et utilisable à bon escient, donc cet argent est
considéré comme de l’APD. Dans l’APD des USA, les dépenses budgétaires militaires en Irak sont
comptabilisées, tout est relatif. Par ailleurs, depuis plusieurs années, la France travaille sur les financements
innovants. (Exemple de la taxe de solidarité sur les billets d’avion, la loi Oudin…..). Un autre point
important, est que les ONG et l’ensemble des acteurs jouent le jeu de la responsabilité des États.
Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté
Le CERCOOP Franche-Comté n’est pas un levier politique mais il est là pour mutualiser et
capitaliser les initiatives et donner aux élus les outils permettant de mettre en place des actions de solidarité
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internationale, de les fédérer afin de réaffirmer avec plus de force la nécessité de s’engager dans la
coopération.
Yves ACKERMANN, Président du Conseil général du Territoire de Belfort Les périodes de crise économique ne doivent pas pour autant faire céder à la tentation du
repli sur soi mais être au contraire l’occasion de défendre des valeurs utiles à la société (laïcité par
exemple) et ainsi que d’autres formes de coopération insuffisamment connues comme les
coopérations Nord-Nord avec des partenariats Sud-Sud. Ce type de relations sera plus intéressant
que les relations de jumelage qui tournent en rond.
� Table ronde : « Eau, assainissement et coopération internationale » Intervention de Christophe LIME, Adjoint délégué à l’eau et à l’assainissement, Ville de Besançon
Présentation du programme de coopération entre la Ville de Besançon et le camp palestinien
d’Aqabat Jabr (à côté de Jéricho) sur le programme de rénovation du réseau d’eau et d’assainissement du
camp. Au départ, une forte volonté politique a permis d’avoir une coopération avec un camp palestinien. Les
attendus du projet étaient d’abord la mise en œuvre d’un accès à l’eau, puis une attente symbolique forte
d’une manifestation de soutien, de reconnaissance de la part d’autorités politiques extérieures de leur État.
Le programme de coopération était centré sur la rénovation de l’infrastructure, la sensibilisation de la
population, sur une rénovation qui devait s’opérer avec une maîtrise d’œuvre locale pour s’assurer que, si
l’accompagnement devait cesser, les habitants puissent se débrouiller seuls. Ce doit être, à terme, l’ambition
de tout projet de qualité. Les difficultés rencontrées furent la mise en place du système de facturation et la
sensibilisation à l’assainissement, jugé peu important par la population. La coopération s’est beaucoup faite
avec les femmes du camp, qui dirigent dans les foyers. Les supports pédagogiques ont été réalisés par les
Palestiniens eux-mêmes.
Le contexte israélo-palestinien ne favorisant pas la souplesse des missions, des transactions, des
apports de matériel, les ruses et astuces ont été constantes pour détourner les frontières. Toujours est-il qu’il
y eut une vraie attente en Palestine par rapport aux Français (ex : souvenir de Jacques Chirac et de ses
remontrances au chef de la sécurité lors d’un séjour à Jérusalem).
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Intervention de Pierre MICHAILLARD, chargé de mission au Burkina Faso, Communauté d’Agglomération Belfortaine
Présentation de l’expérience de la Communauté de l’Agglomération Belfortaine sur la gestion de
l’eau au Burkina Faso, notamment depuis le transfert de la compétence eau-assainissement aux communes
(travail en appui institutionnel et intercommunalité).
La réhabilitation de forages, animés par un comité de gestion, est une passerelle intercommunale
(adjoints à l’eau, techniciens détachés du ministère de l’hydraulique, autres partenaires éventuels…) qui doit
à terme, faire émerger un véritable service public de l’eau.
L’eau reste gratuite, mais son extraction ne l’est pas. Pierre MICHAILLARD donne des précisions
sur le tarif de l’extraction de l’eau : le prix de l’eau est de 1000 francs CFA pour un foyer moins de 5
enfants, 3000 francs CFA de 5 à 12 enfants. Avec une intercommunalité de 75 000 habitants, on peut espérer
avoir 14 millions de CFA par an, ce qui permet de financer la maintenance, les réparations, le
fonctionnement de la cellule (forages défectueux ou en panne).
.
Intervention de Sophie CHARPENTIER, programme Solidarité Eau
Les objectifs de pS-Eau sont de faciliter les interventions locales en matière d’eau et
d’assainissement ; d’offrir un appui conseil aux collectivités et associations ; de diffuser des documents
présentant les politiques nationales sectorielles ; d’informer les porteurs de projets ; de mettre à disposition
des publications et des études de capitalisation ; d’animer des groupes de dialogue.
Étant donné le nombre croissant de projets dans ce secteur, il est capital que les acteurs se
rassemblent pour mieux se coordonner et que les programmes nationaux et les projets des collectivités
territoriales soient en cohérence. Les réunions organisées par pS-Eau sont effectivement l’occasion de faire
se rencontrer des associatifs et acteurs institutionnels. PS-Eau a pour mission également la création d’espace
de concertation au Sud, et de favoriser l’inscription des projets dans les politiques nationales. Il est
nécessaire de respecter les priorités d’une commune et d’impliquer les élus.
PS-Eau met à jour une base de données consultable par tous, avec 700 fiches actions de projets dans
ce domaine.
Intervention de Philippe CLAPÉ, Délégué régional de Besançon, Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse
Philippe CLAPÉ rappelle qu’avant la loi Oudin, l’Agence de l’eau finançait déjà des projets de
collectivités territoriales. Depuis, 2005, la loi Oudin permet de consacrer 1% du budget à des actions de
coopérations dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. Depuis 2009, l’Agence de l’eau prévoit des
aides pour les ONG qui travaillent sur le bassin d’intervention Méditerranée, Afrique, Haïti. Pour cette
raison, le travail en réseau avec des structures comme le CERCOOP Franche-Comté permet la construction
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de projets pérennes. Le soutien de l’Agence de l’eau est important (jusqu’à 50% du budget total du projet),
l’ingénierie financière doit être particulièrement solide ; c’est notamment l’association porteuse du projet qui
doit avancer les fonds, la subvention de l’Agence de l’eau n’étant versée qu’à la réalisation du projet.
Intervention de Jean-François GUYONNEAU, Président de l’association Doubs Besançon Samogohiri
Présentation concrète du travail de l’association Doubs Besançon Samogohiri. Dès 1997, l’intérêt
s’est fait sentir de travailler avec d’autres interlocuteurs que ceux, confidentiels, des opérations conduites par
l’association. Une transparence totale est nécessaire pour être clair avec la population, et se fait via des
réunions d’information et de sensibilisation.
Le projet de mise en place d’un service de l’eau dans une commune du Burkina Faso par une
association bisontine suppose des questions habituelles sur un dossier de cette nature : comment gérer la
lourdeur technique du projet, comment affronter les difficultés à avancer des sommes importantes pour une
association aux moyens modestes ? L’association doit apporter 20% des ressources pour le projet, sachant
que 50 000 € d’investissement sont nécessaires par an, et avancer l’argent qui est versé à terme du projet par
l’Agence de l’eau. Il y a nécessité de trouver des partenaires. Quel est le compromis à trouver entre la
conception du service public de l’eau au Nord (paiement de la taxe) et l’habitude des villageois au Sud de
bénéficier de l’eau gratuite ?
Intervention de Nicolas FATIN-ROUGE, Maître de conférences, UFR Sciences et techniques, Université de Franche-Comté
Enseignant dans un laboratoire spécialisé sur les questions de l’eau et de l’assainissement, se tient à
la disposition des porteurs de projets en relation avec ces questions, et souligne les bénéfices d’un travail
entre acteurs différents, associatifs et scientifiques, travaillant sur des projets dans ces domaines.
Intervention de Marie TSANGA-TAB, Chercheur enseignant, UMR GEStion Territoriale de l’Eau et de l’environnement, CEMAGREF-ENGEES Strasbourg
L’un des rôles du chercheur dans les questions de coopération est de mettre à disposition les
éléments permettant d’expliquer les phénomènes observés et de proposer des connaissances nouvelles. Une
introduction des sciences humaines et sociales dans la science « dure » amène à se poser des questions du
type : qu’est-ce que la performance dans la gestion d’un service public de l’eau ?
Définissons le rôle du chercheur : il mène des investigations pour mettre à disposition des éléments
de connaissance factuels et pertinents, contribuant à la prise de décision éclairée et pertinente des
responsables. L’IRCOD a sollicité le laboratoire pour conduire une action au Cameroun. Trois chercheurs
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sont donc membres d’une équipe dont le but est d’accompagner l’intercommunalité dans sa gestion de l’eau.
La même question se pose : comment les populations vont-elles financer les services ? 4 points
fondamentaux permettent de guider la réflexion :
1/ le rôle particulier de l’institutionnel qui fonde la légitimité des interventions (Les projets peuvent-
ils être portés valablement dans un contexte de désordre institutionnel ?)
2/ le rôle des partenaires locaux, dans une relation de confiance. À défaut de « rentrer dans la culture
de l’autre », ne faut-il pas que les partenaires harmonisent leurs notions du monde et leurs critères
comportementaux ?
3/ l’attente des bénéficiaires des projets : les projets doivent être fédérateurs et capables de porter des
valeurs.
4/ l’évaluation des projets et le suivi, en amont et en aval : mise en place de bilans réguliers qui
permettent d’éloigner les éléments qui mettent en péril le projet. (« Politique du ventre » versus intérêt
collectif). Concernant la problématique eau/ assainissement, comment mettre en place des projets viables
alors que le consentement à payer est quasi nul ?
Quelques mots clefs qui contiennent les enseignements de leur action :
Responsabilité (ou responsabilisation) – intérêt collectif – valeurs – comportements humains.
Débat avec la salle
Interventions de la salle
Jean-Michel N’ZIKOU, chargé de mission, Conseil régional de Franche-Comté
Que cherche-t-on dans les actions de coopération décentralisée ? Ne néglige-t-on pas la question de
l’altérité et de la relation à l’autre ? Ne devons-nous pas craindre un traitement vertical de la coopération ?
Michel POMMATAU, association SOlidarité ENfance CAmeroun (SOLENCA)
Jusqu’où ne pas aller trop loin dans ses projets ? Les interventions des associations favorisent le
déséquilibre quand l’État n’est pas présent.
Michel REVERCHON, Président de l’association Eau Soleil Franche-Comté
La question de l’assainissement dans les villages est culturellement très difficile à aborder. Les
projets de coopération n’ont donc pas seulement un aspect technique et financier. Le temps est un facteur clé
de la réussite, le temps d’entendre les personnes auxquelles s’adressent ces projets et d’attendre qu’ils soient
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partagés (Quand on installe des puits, les villageois regardent couler l’eau, mais peut-être qu’il faut un
certain temps pour qu’ils s’approprient le système)
Jean-Paul RIVIÈRE, journaliste indépendant, ancien salarié du CCFD
Le partenariat avec la société civile au Sud est un gage de qualité. L’ONG du Nord favorise la
structuration des acteurs de la société civile du Sud. La réussite des projets est tributaire de cette capacité à
les aider à se structurer.
Jean-François GUYONNEAU, Président de l’association Besançon Doubs Samogohiri
L’appropriation des réalisations en eau et assainissement se fait sur un temps long (utilisation des
installations, bien-fondé du système de financement, fonctionnement d’un service public de l’eau). Seule
l’utilisation des compétences locales peut assurer la pérennité des projets.
Réponses des intervenants
Philippe CLAPÉ - Délégué régional, Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse
On doit ramener quelque chose dans notre « savoir être » après avoir mené de tels projets :
(ex : projet avec des élèves d’un lycée professionnel pour réaliser l’installation de panneaux solaires et d’un
puits. Au bout d’un an de fonctionnement, il s’agissait de céder les installations à ceux qui en ont la charge).
Le projet a été une véritable formation de nos élèves, qui a changé leur vision de la société. Ce n’est pas rien
de créer un chantier à l’étranger avec des paysans du Haut Atlas. L’échange a contribué à l’amélioration de
nos enfants, qui savent désormais dire autrement ce que c’est que le travail. On essaie aussi d’éviter aux
autres de reproduire des erreurs et d’équilibrer les relations global /local.
Pierre MICHAILLARD, chargé de mission au Burkina Faso, Communauté d’Agglomération
Belfortaine
Le vertical du bas vers le haut, ça marche ! Exemple de la décentralisation au Burkina et des comités
villageois de développement.
Sophie CHARPENTIER, pS-Eau
Il y a des compétences locales à mobiliser, comme les acteurs associatifs et bureaux d’études locaux.
Quelques chiffres de pS-Eau lors d’une évaluation de la contribution financière de la coopération
décentralisée dans le domaine de l’eau : 18 millions d’euros sont engagés par les collectivités et les agences
de l’eau dont 13.2 millions issus de la loi Oudin, (6% de l’APD française, 405 millions d’euros versés pour
le Burkina Faso). Elle invite les associations à se faire connaître des institutions à l’étranger.
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Marie TSANGA TAB, chercheur enseignant, CEMEGREF Strasbourg La valorisation des compétences locales est primordiale, comme le partenariat entre universités
techniques, étudiants et ingénieurs qui travaillent sur place, comme les contrats avec des sous-traitants
locaux.
Jean-François GUYONNEAU, Président de l’association Doubs Besançon Samogohiri
Deux aspects psychosociologiques auxquels le porteur de projet est confronté : d’abord, la tradition
(si l’on a pris l’eau au puits depuis toujours) et secondement : il faut habituer les gens à utiliser l’eau pour ce
à quoi elle doit servir. C’est pour ça qu’il faut fixer un prix et mettre en place un système de gestion. Chaque
fontaine à un fontainier, qui ouvre à une certaine heure, perçoit l’argent, tient la comptabilité. Un système
participatif existe au Burkina où chacun cotise pour la pérennité technique (voir l’Association ADAO).
Nicolas WIT, Directeur adjoint de Cités Unies France
Les collectivités seront bientôt devant l’État français en termes de dons dans les domaines de l’eau et
de l’assainissement. En 2012, un forum de l’eau aura lieu à Istanbul.
� Synthèse de la journée par un Grand témoin
Jean DUMONTEIL, Directeur de la Lettre du Secteur Public
Le rôle du réseau
- Le réseau est à mettre en lien avec un territoire et des acteurs. Il est donc un outil pour inventer un monde
différent dans lequel prennent place l’altérité et la rencontre. Dans cet esprit, le CERCOOP Franche-Comté
n’est pas seulement un centre de ressources ou un guide pour des financements. C’est une structure qui
assure le va-et-vient entre le local et le global et qui aide à construire la confiance.
- Le réseau permet l’intéressante mise en relations des acteurs, en dehors de leurs stricts champs de
compétence. Le réseau de la coopération est pluridisciplinaire (compétence en ingénierie, compétence
universitaire…. Approche systémique). Nous sommes tous multi réseaux, de réseaux puissants, de réseaux
dans les réseaux, du local au global, nous avons tous besoin de cette complexité, malgré le fantasme qui
court d’un monde relationnel en circuit court.
- Le réseau a une compétence d’envergure : le partage des connaissances. Les réseaux du Nord et réseaux
du Sud, mêmes institutionnels, ou les associations d’élus (CGLU d’Afrique…) apprennent à donner du sens
à la relation entre acteurs.
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- Il pose le problème central de la confiance. Accepter le réseau, c’est accepter le partage, la transparence et
la confrontation, c’est donc se mettre en vulnérabilité par rapport à ses propres projets et à sa propre
réflexion mais c’est aussi se rendre plus fort et faire valider la pertinence de son action.
Le réseau et le territoire
- Il n’existe pas de réseau « hors-sol ». Le réseau, c’est un point d’appui pour que deux territoires se parlent
et apprennent l’un de l’autre.
- Le réseau se construit entre égaux, qui doivent partager des valeurs communes. La coopération n’est pas
l’apanage des collectivités ou de techniciens, elle doit se construire dans l’échange, sans négliger les réseaux
au Sud qui donnent du sens à la relation, et pourquoi pas les autres façons de coopérer (voir les réseaux
espagnols par exemple)
- L’Atlas de la Coopération en ligne sur le site du MAEE, permet de recenser tous les projets portés par les
collectivités locales françaises par territoire , approche capitale.
- La coopération type jumelage « on a bu des bières et on a bu du vin » nous a permis de faire l’Europe.
Aujourd’hui, la coopération décentralisée doit être la volonté des élus locaux et des cadres des collectivités.
L’argent dépensé doit être également bien justifié. Les migrants sont également un trait d’union en tant
qu’acteurs de territoires différents.
La place des Conseils Régionaux
- La Région est une collectivité qui a une place à part, à côté du territoire qu’est la Ville. Les Conseils
Régionaux, sont des collectivités plus jeunes. Ce sont les premières collectivités dont les membres ont été
élus à la proportionnelle, ce qui a permis à des partis jusque là sans représentants de développer et de mettre
en œuvre des idées qui n’avaient pas leur place jusqu’alors. C’est une des raisons pour lesquelles,
aujourd’hui, de nombreuses régions portent des activités de coopération, d’économie sociale et
solidaire et de développement durable, (thèmes sur lesquels elles se sont beaucoup investies) très
complémentaires les unes des autres.
- Il y a deux ans le Grenelle de l’environnement, apportait une nouveauté dans la concertation, en mettant
autour de la table toutes les parties prenantes : associations, État, collectivités locales, entreprises, partenaires
sociaux (« gouvernance à 5 »). Aujourd’hui peut-on imaginer que ce mode de gouvernance se généraliserait
dans la coopération ? Rien n’est possible sans confiance, à l’intérieur de son propre réseau, mais aussi avec
les autres réseaux. La confiance se construit dans la durée. Il faut consolider les projets avec des phases
d’évaluation, de validation. S’ils marchent, ces projets à leur échelle peuvent peser sur l’avenir du monde,
comme nous l’avons vu dans des régions aussi « chaudes » qu’en Palestine. On voit se mettre en place une
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diplomatie des villes, qui ne sera pas que l’apanage des élus locaux, si les populations y adhèrent. Il est
crucial que chaque membre des collectivités puisse pleinement être citoyen de sa ville.
Débat avec la salle
Jean-Pierre THABOUREY, association Cercle des Apprentis SOLidaires 70 (CASOL 70)
Un « réseau » a une connotation « Françafrique ». Je suis une petite association. On côtoie de grosses
associations dans les réseaux, va-t-on tenir compte de mon avis ?
Jean-François GUYONNEAU, Président de l’association Doubs Besançon Samogohiri
Le problème du financement du projet oblige le passage par les réseaux qui permettent d’avoir les
bonnes informations pour accéder à des financements inaccessibles sans mutualisation. Les réseaux
apprennent à identifier les ressources possibles.
Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté
Est-ce qu’une association œuvre pour les gens qui sont militants, ou pour la cause qu’elle défend ? Si
vous restez seuls, lorsque vous vous arrêtez, votre savoir-faire, vos connaissances, sont perdues. Le réseau se
sert de votre expérience, pour éclairer d’autres projets. Le réseau sert à mettre en relation des associations qui
œuvrent sur les mêmes sujets, qui peuvent être complémentaires, et à valider la pertinence de votre action.
Jean DUMONTEIL , Directeur de la Lettre du Secteur Public
On n’est pas tous obligés de demander la même chose à un réseau. Le mot a été galvaudé, mal
employé, la mafia est en effet un réseau, mais il y a des réseaux qui sont positifs, comme les réseaux de
résistance.
Éric DURAND, Président du CERCOOP Franche-Comté
Le CERCOOP Franche-Comté a été crée pour être ouvert aux ONG et aux associations. Trois sièges
au Conseil d’Administration leur sont réservés. Il y a peu de temps, nous avons ouvert la possibilité aux
associations de solidarité internationale d’adhérer au CERCOOP Franche-Comté. Ainsi, elles participent à
l’assemblée générale et font entendre leur voix. Leur présence et la rencontre entre les associations et les
autres structures favorisent déjà la mutualisation, qui se fait avant tout par l’humain.
Concernant les collectivités, le CERCOOP Franche-Comté essaie de les amener vers un dispositif standard
d’accompagnement des associations : Région Franche-Comté, Ville de Besançon, Conseil général du Jura,
Conseil général du Doubs… se posent tous la question de la modalité de réponse à ces sollicitations. Le but
est que l’accompagnement se fasse sur le modèle partagé d’un appel à projet, avec des critères qui ne soient
pas décidés au gré d’un élu par connaissance des porteurs de projets et connivences personnelles. Le
CERCOOP accompagne les associations de solidarité internationale dans leur réponse aux appels à projets.
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Mot de Clôture d’Éric DURAND,
Président du CERCOOP Franche-Comté
La journée d’échanges et de réflexions sur la coopération et la solidarité internationale est clôturée
par les remerciements du Président du CERCOOP Franche-Comté à l’ensemble des participants et des
intervenants qui ont animé cette journée.
Les échanges ont permis de faire l’éclairage sur les intérêts de la mise en réseau des acteurs de la
coopération et de la solidarité internationale. Le réseau est un « relais », pour le territoire régional mais
également au niveau national et un relais pour nos pays partenaires. Le travail quotidien d’un réseau régional
comme le CERCOOP Franche-Comté, confronté à une diversité de projets, de porteurs de projets et de
domaines d’action avec des retombées intéressantes sur le territoire franc-comtois, permet d’affirmer la
nécessité pour les collectivités d’œuvrer pour la coopération. Celle-ci a des impacts d’ordre social, culturel,
de mobilité des jeunes, de développement durable, d’échange, d’innovation, qui sont fructueux pour les
populations.
La table ronde sur l’eau et l’assainissement a permis de mettre en relief les aspects concrets de cette
coopération et les enjeux financiers, techniques et institutionnels de ce domaine spécifique. L’ingénierie
nécessaire à la mise en œuvre des projets doit pousser les acteurs à mobiliser les ressources à travers le
réseau, pour bénéficier de l’expérience et du regard de praticiens avertis.
Une prochaine journée de réflexion sur la coopération pourrait être organisée sur la problématique
d’un relais du savoir-faire et du patrimoine des associations. Cette question, qui n’est pas spécifique à la
Franche-Comté et à ce domaine, interroge de nombreuses structures connaissant la crainte de voir leur
activité s’arrêter sans transmission. Le rôle d’un réseau est aussi de contribuer aux échanges permettant la
connaissance, la mémoire et l’évolution des projets.
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� Liste des sigles utilisés :
APD Aide Publique au Développement ARF Association des Régions de France ASI Association de solidarité Internationale CCFD Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement CERCOOP Centre de Ressources pour la COOPération décentralisée CG Conseil Général CUF Cités Unies France DAECT Délégué à l’Action Extérieure des Collectivités GIP Groupement d’Intérêt Public MAEE Ministère des Affaires Etrangères et Européennes ONG Organisation Non Gouvernementale pS-Eau Programme Solidarité Eau
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Le
en quelques lignes… Le CERCOOP Franche-Comté est un outil de service public en faveur de la coopération décentralisée et de la solidarité internationale. Animé par un réseau de collectivités territoriales, d’associations, également d’institutions… oeuvrant ici et là-bas. Son objectif est de contribuer à améliorer la qualité des actions de coopération et de solidarité internationale tout en facilitant les synergies, les échanges d’expériences, et en fédérant le savoir-faire des acteurs et favorisant la concertation, la mutualisation et la cohérence des actions dans le domaine de la coopération et de la solidarité internationale. Pour cela il met à disposition des services et outils : Site Internet : www.cercoop.org Ressources et informations Base de données Des acteurs en région et de leurs actions Organisation de réunions, forums, rencontres…en région Thématiques ou géographiques Groupes de travail Animation, concertation, mutualisation et production d’outils pédagogiques Appui-conseil aux porteurs de projets Accompagnement, mise en relation… Étude, recherche Expertise, évaluation et capitalisation de bonnes pratiques Cycles de formations Renforcement des capacités des acteurs Bulletin d’information électronique - Lettre de lia ison Actualité de la coopération internationale Service questions/réponses À la demande, par courriel ou téléphone
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CLA - La City
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