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Centre interuniversitaire
de formation politique
Interuniversitair centrum
voor politieke vorming
Association Royale
Conférence Olivaint de Belgique
Koninklijke Vereniging
Olivaint Genootschap van België
RAPPORT DE SESSION D’ÉTUDERAPPORT VAN DE STUDIESESSIE
MONS - BERGEN 2014
CONFERENCE OLIVAINT DE BELGIQUE Association Royale
OLIVAINT GENOOTSCHAP VAN BELGIE Koninklijke Vereniging
UN APERÇU DE LA VILLE ET DE LA
RÉGION DE MONS
EEN OVERZICHT VAN DE STAD EN DE
REGIO VAN BERGEN
RAPPORT DE LA SESSION D’ÉTUDE 2014 RAPPORT VAN DE STUDIESESSIE 2014
2
3
Association Royale sans but lucratif – Koninklijke Vereniging zonder winstoogmerk rue d’Egmontstraat 11 1000 Bruxelles - Brussel Tél. +32.476.49.04.96 E-mail : [email protected] B.D. 21.365/13 www.olivaint.be BE73 3101 6608 0860 (BIC: BBRU BEBB) Editeur responsable - Verantwoordelijke uitgever : Jean Marsia rue d’Egmontstraat 11 1000 Bruxelles
Avertissement - Waarschuwing
Le contenu des articles n'engage que les auteurs.
Les données reprises dans ce rapport sont à jour en date de la fin de la session d'étude.
De auteurs dragen de verantwoordelijkheid voor de inhoud van hun artikels.
De gegevens van dit verslag zijn geldig op datum van het einde van de studiesessie.
4
5
Préambule - Voorwoord Le présent rapport fait suite au voyage d'étude que la Conférence Olivaint de Belgique a
effectué à Mons du 30 juin au 4 juillet 2014.
Voorliggend rapport brengt verslag uit over de studiesessie van het Olivaint Genootschap van
België te Bergen van 30 juni1 tot 4 juli 2014.
Cette session d'étude n'aurait pas été possible sans les conseils, la collaboration et le mécénat
de nombreuses personnes, entreprises et organismes. Nous tenons ici à les en remercier et
notamment :
Zonder de raadgevingen, de samenwerking en het mecenaat van talrijke personen, bedrijven
en organismen zou deze reis nooit werkelijkheid zijn geworden. Wij bedanken hen allen, en
in het bijzonder :
AKL Myriam APPELMANS Alexander BELGAVIA SA CHEREF-KHAN Chemsi COURTENS Albert DE CORT François DE CRAYENCOUR Gonzague DE GROOTE Pierre DEVOS Anne DHOORE-CHARLIER EEMAN & PARTNERS ASSOCIATION D'AVOCATS FLAMANT Brecht FLAMENT - JONGEN Paul + Bénédicte HEYMANS - DE BOCK LEVIE - DE GREEF LOS Jimmy MASQUELIN Jean-Jacques NOTARIS PEERS Jean-Luc BVBA PIENS Jacques
RIMAC Ante RONSMANS Luc ROTARY BRUXELLES SUD SENY Gaëtan SOLVAY SOMERS S + JANSEN S TIELEMANS - DE BROUWER TONDREAU Emmanuel VAN DEN BERGHE - COCHAUX R + F VANHOUTTE Christophe WARRANT Françoise WAUTERS Anne Marie
6
Le Service public fédéral Affaires Etrangères
De Federale Overheidsdienst Buitenlandse Zaken
La Communauté française de Belgique
De Franse Gemeenschap van België
Les Missions diplomatiques de l’Allemagne à Bruxelles
De diplomatieke Opdrachten van Duitsland in Brussel
7
Table des matières - Inhoudstafel
LISTE DES PARTICIPANTS - LIJST DER DEELNEMERS ................................................................... 9 ITINERARY ............................................................................................................................... 12 RAPPORTS - VERSLAGEN L’histoire de la ville de Mons (Priscilla de Schaetzen & Chloé de Thomaz de Bossierre) ..... 15 Le Grand-Hornu,témoignage présent du passé industriel de la région (Harold Van den Berghe) ......................................................................................................... 29 Le Grand Quartier Général des Puissances Alliées en Europe (Jimmy Los & Auriane Schockaert) ................................................................................................................. 49 The Comprehensive Approach?! NAVO 3.0 (Yvan Dheur) .................................................... 71 L’épopée industrielle du Grand-Hornu (Anais Mattez) ........................................................... 93 Het Marshall Plan (Mapendo Serge D’ambalasa) .................................................................. 103 La culture à Mons: Analyse au travers de deux institutions culturelles majeures (Nicolas Denoël & Jean-Bruno van der Straeten) .................................................................. 121 Le Mundaneum (Arnaud Piers de Raveschoot & Alexis Brabant) ........................................ 147
8
9
Liste des participants
Lijst der deelnemers
Senior Members of the Conference Olivaint accompanying the group of students :
• Mr Marsia Jean
• Mr Crucifix Stephan
Brabant Alexis
d'Ambalasa Mapendo (Serge)
de Schaetzen Priscilla
de Thomaz de Bossierre Chloé
Denoël Nicolas
Dheur Yvan
Los Jimmy
Mattez Anaïs
Piers de Raveschoot Arnaud
Schockaert Auriane
Van den Berghe Harold
van der Straeten Jean-Bruno
Master of Business Engineering
Political Sciences
Master in Law
Bachelor of Economic and
Management Sciences
Master of Sciences in Management
Master in International Conflicts and
Security
Master in Science and International
politics and Compared
Master in Law
Business Engineering
Bachelor in Law
Master in Law
Master in Law
UCL
KU Leuven
UCL
FUNDP
UCL
Kent
KU Leuven
UCL - KU Leuven
EPHEC
FUNDP
KU Leuven
UCL
De gauche à droite / Van links naar rechts: Jean-Bruno van der Straeten, Nicolas D
Anaïs Mattez, Priscilla de Schaetzen, Auriane Scho
olas Denoël, Alexis Brabant, Arnaud Piers de Raveschoot, Jean Marsia, Yvan Dheur,e Schockaert, Harold Van den Berghe et Jimmy Los.
12
Itinerary
Lundi 30.06.2014 – Mons – Saint-Symphorien
14:00 Arrivée à Mons
14:30 – 17:30 Visite du cimetière UK-GE de Saint-Symphorien (Commémoration 1914)
(Avenue de la Shangri 7032 Mons)
Mardi 01.07.2014 – Mons
09:00 – 12:00 Visite pédestre tour de ville avec M. Tindaro Tassone, Eric Ghilain, Yvan
Cancelier
14:30 – 16:30 Conférence d'introduction - Le rôle de la Ville, de la Province et de la
Culture dans le redéploiement de Mons par M. Jean-Paul Deplus (Rue de
Nimy, 106 7000 Mons)
16:30 – 18:30 Visite du musée BAM (Beaux-arts Mons) (Rue Neuve, 8 - 7000 Mons)
Mercredi 02.07.2014 – Mons
08:00 – 09:15 Accueil des étudiants (professeur Calogero Conti, Recteur de l’UMONS),
(Salle Macquet, boulevard Dolez 31 7000 Mons)
Participation à la matinée de la journée des chercheurs de l’Institut
Matériaux "1st Researcher's Day of the Materials Research Institute
University of Mons" (Salle Académique, Boulevard Dolez)
09:20 – 10:00 Invited lecture - Intumescence: a versatile method for the fire protection of
materials, professeur Serge Bourbigot, Ecole Nationale Supérieure de
Chimie de Lille (ENSCL) (Salle Académique, Boulevard Dolez)
13
10:00 – 10:25 High Impact bioplastics by reactive extrusion of poly(lactide), M. Georgio Kfoury, Laboratory of Polymeric and Composite Materials, Materials
Institute (UMONS) (Salle Académique, Boulevard Dolez)
11:00 – 11:30 Visite de l’Institut NUMEDIART (M. Stephane Dupont)
11:30 – 12:00 Visite de la spin-off ACAPELA (M. Olivier Deroo)
14:00 – 15:15 Présentation professeur G. Pagano (Vice-Recteur au Développement
institutionnel et Régional) – "Marshall 2025: une stratégie de croissance
pour l'économie wallonne" (salle Hotyat (Warocqué) 17 place Warocqué
7000 Mons)
15:15 – 16:15 Visite du centre de Recherche agréé Multitel asbl (Mme Geneviève Urbain) (Parc Initialis Rue Pierre et Marie Curie 2 - 7000 Mons)
16:15 – 17:15 Visite du centre de Recherche Materia Nova (M. Luc Langer, Directeur)
(Parc Initialis Avenue Nicolas Copernic, 1 - 7000 Mons)
Jeudi 03.07.2014 – Mons – Casteau - Soignies
09:00 – 09:30 Mouvement vers Casteau
09:30 – 10:00 Rendez-vous au parking visiteurs du SHAPE (Contrôle accès et Mouvement
vers le building 101)
10:00 – 10:45 SHAPE General Briefing par le Colonel BEM (breveté d'état-major) Jean-Luc Pire (Shape)
11:00 – 12:00 Comprehensive Crisis and Operations Management Centre (CCOMC)
Briefing par le Colonel BEM Jean-Luc Pire (Shape)
12.00 – 12.10 Sightseeing Tour Camp CASTEAU par le Colonel BEM Jean-Luc Pire
(Shape)
14.00 – 14.15 Mouvement vers les Carrières du Hainaut (S.C.A., rue de Cognebeau, 245,
B-7060 Soignies GPS rue du Viaduc)
14
14.15 – 16.30 Briefing et visite des Carrières du Hainaut par M. Christophe DAULMERIE Administrateur Délégué (Soignies)
Vendredi 04.07.2014 – Mons – Grand Hornu - Strepy
10:00 – 12:00 Le projet MAC's (Musée des Arts Contemporains de la Fédération
Wallonie-Bruxelles) par M. Laurent Busine, Directeur (MAC's Grand
Hornu).
Visite guidée de l'exposition Patrick Guns par M. Denis Gielen commissaire
(MAC's Grand Hornu).
La gestion économique du MAC’s par M. Dominique Cominotto, directeur
adjoint (MAC's Grand Hornu).
14:30 – 15:30 Visite de l'ascenseur funiculaire (Rue Raymond Cordier, 50 à 7070 Thieu).
15:30 Fin de la session d'étude, départ de Mons.
15
L’histoire de la ville de Mons
Priscilla de Schaetzen
Chloé de Thomaz de Bossierre
16
17
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 18
1. PREHISTOIRE 19
2. MOYEN-AGE 20
3. EPOQUE MODERNE 21
3.1. Période espagnole (1555 – 1713) 21
3.2. Période autrichienne (1713 – 1789) 21
3.3. Période française (1790 – 1815) 22
3.4. Période néerlandaise (1815 - 1830) 22
4. 1831 – 1914 : OPERATION « PORTES OUVERTES » 23
5. 1914 – 1918 : PREMIERE GUERRE MONDIALE 24
6. 1940 – 1945 : DEUXIEME GUERRE MONDIALE 25
7. 1945 – … : EPOQUE CONTEMPORAINE 25
CONCLUSION 27
BIBLIOGRAPHIE 28
18
Introduction
Dans cette partie du rapport, nous vous invitons à voyager dans le temps et à découvrir la
longue histoire qui mena à la ville de Mons telle qu’on la connaît actuellement… A l’aune de
« Mons 2015 », la citation « comprendre son passé pour mieux construire son avenir » prend
tout son sens !
Bien que peu connue du grand public, Mons détient une histoire très riche et variée dont les
effets se ressentent encore aujourd’hui sur la ville. Fondée au 7ème siècle par Sainte-Waudru,
Mons a traversé des années de révolution, d’évolution, de guerres et de paix…
Avant de se plonger dans de plus amples explications, une question préliminaire se pose :
quelle est l’origine du nom de « Mons » ? Afin de comprendre, il convient de remonter
quelques siècles en arrière et de s’arrêter à l’époque du célèbre Jules César… Lorsque ce
dernier est arrivé dans nos contrées, certains évoquent la possibilité qu’un camp romain se soit
installé sur la colline de Mons : « Castri locus » serait l’appellation la plus ancienne connue
pour la butte montoise. Ce lieu fut finalement baptisé « Montes », désignant les cinq monts,
témoins de bordure de la vallée de la Haine (les quatre autres sont : Bois-là-Haut, Monts
Héribus, Panisel et Saint-Lazare). Notons que le Néerlandais applique également le pluriel
avec « Bergen » (« monts » ou « collines »).
L’exposé se divise en plusieurs périodes : nous commencerons par évoquer la Préhistoire
(Chapitre 1) et le Moyen-Age (Chapitre 2), avant de se tourner vers l’Epoque Moderne
(Chapitre 3). Ensuite, on verra de quelle façon les années 1831 à 1914 constituent une
opération de « portes ouvertes » de la ville dans une Belgique fraichement indépendante
(Chapitre 4). Il conviendra également de se pencher sur la Première (Chapitre 5) et la Seconde
Guerre Mondiale (Chapitre 6). Enfin, nous terminerons par un aperçu de la ville de Mons de
1945 à nos jours (Chapitre 7).
19
1. Préhistoire
Les vestiges trouvés par plusieurs agriculteurs (pièces de monnaie, rouelles, tessons de vases,
etc.) remontent au 3ème siècle avant notre ère et sont la preuve d’un habitat et d’une activité
qui devaient être développés à l’époque gallo-romaine compte tenu du nombre d’objets
découverts. Ainsi, à l’époque romaine, une garnison se serait établie sur la colline montoise.
D’après certains auteurs, le quadrillage caractéristique des camps romains se retrouverait dans
la topographie actuelle de la ville. Toutefois, en dépit des sépultures trouvées à proximité de
la ville, l’existence d’un camp romain de Mons reste hypothétique.
Les lieux sont occupés dès le Néolithique, notamment à Spiennes qui fut un site d’habitat
sédentaire. 2.000 ans avant J.-C., des ouvriers spécialisés y façonnent des outils en silex qu'ils
vendent aux régions voisines. Cette économie primitive mais avant-gardiste transforme la
région en véritable centre de transit. Nos ancêtres avaient fait de ce site la plus grosse
exploitation de silex d'Europe.͒͒Patrimoine mondial de l'U.N.E.S.C.O grâce à ses
exceptionnelles minières néolithiques, Spiennes est un haut lieu de la civilisation
préhistorique en Europe (du paléolithique à l'âge de fer). En effet, pendant environ 2000 ans,
des milliers de puits ont été creusés sur une surface de 150 hectares. On y a découvert des
vestiges d'industrie humaine remontant aux époques les plus lointaines de l'humanité : des
puits et galeries d'exploitation, des urnes funéraires, des monnaies en bronze. Mais aussi des
lames, des grattoirs, des os d'animaux, des pics en silex. Mais, la découverte la plus
importante fut sans conteste la trouvaille du squelette d'une femme adulte, daté au carbone 14,
de 3360-3030 avant notre ère. De ce site d'une centaine d'hectares, seuls 500m2 ont été
fouillés… En 1.000 avant J.-C., à Spiennes, on travaille le bronze et la pierre. Lorsque Jules
César amène ses troupes sur les terres fertiles du Hainaut, il comprend rapidement l'intérêt
stratégique de cette colline à la croisée des chemins du pays des Nerviens. Les Romains
bâtissent alors sur la butte montoise un camp dénommé « Castri locus ». Entourée de marais
inondables, la colline est assez aisée à défendre.
20
2. Moyen-âge
La ville est véritablement fondée au 7ème siècle durant l’époque mérovingienne, autour d’un
oratoire érigé par Waldetrude, fille d’un intendant de Clotaire II canonisée à sa mort en 688
sous le nom de « Waudru ». Suivant les conseils de son confesseur Saint-Ghislain, elle fonda
cet oratoire sur le domaine d’Obourg-Nimy-Maisières dans lequel elle se retirait pour prier.
Au fil des ans, ce petit lieu de culte se mue en une puissante institution. Waudru, proclamée
sainte dès sa mort, est également l’objet d’un culte vivace dès le 9ème siècle. Son corps, après
canonisation officielle en 1039, fut alors l'objet de la vénération des Montois et des habitants
de la région.
A la même époque, le Comte de Hainaut construit un château au sommet de la colline afin de
se défendre contre les Vikings implantés à Condé-sur-l’Escaut. Pour la première fois, Mons
devient une agglomération fortifiée avec sa forteresse appelée « Castri Locus ».͒La poussée
démographique exceptionnelle du 13ème siècle accélère le développement de quartiers
périphériques. Le commerce est intense et les activités variées : les marchés, les halles, le
forum sont les lieux du commerce du blé et du vin. Mons acquiert ainsi son autonomie
communale.͒
Par ailleurs, la construction des fortifications de Mons a commencé en 1290 pour s’achever en
1822. Pendant six siècles, les Montois occupent de manière toujours plus dense la surface de
la colline jusqu’à atteindre l’étouffement au 19ème siècle : les 4.700 habitants de la fin du 18ème
siècle étaient déjà 8.900 en 1491 et plus de 20.000 en 1860.
Plusieurs désastres surviendront également au cours de cette période. En 1112, un incendie a
détruit une grande partie de la cité et, en 1348, la peste noire sévit dans la ville. La petite
histoire veut que l’épidémie cesse après la procession de la Trinité, organisée par les autorités,
des reliques de Sainte-Waudru.
L’époque gothique est consacrée à la construction de la Collégiale Sainte-Waudru et de
l’Hôtel de Ville.
21
3. Epoque Moderne
En 1515, Charles Quint est sacré comte de Hainaut. A cette époque, Mons attire un grand
nombre d’artisans (tanneurs, cordonniers, tisserands) et subit également diverses influences
européennes…
3.1. La période espagnole (1555 – 1713)
La ville fait ensuite l’objet de nombreuses convoitises. Peu avant son abdication en 1556,
Charles Quint transmet à son fils, Philippe II d’Espagne, ses possessions non autrichiennes,
notamment les Pays-Bas dont Mons faisait partie. La Guerre des Quatre-Vingts Ans portera
un coup au commerce et à l’industrie de la ville. En 1572, elle est prise par Louis Nassau
(protestant), assiégée et reprise par le duc d’Albe (au nom du roi d’Espagne, catholique). ͒De
1580 à 1584, Alexandre Farnèse installe à Mons le siège du gouvernement des Pays-Bas du
Sud.
En réalité, Mons souffre de sa situation aux portes de la France. Elle fait les frais de la lutte
que se livrent les Valois en France et les Habsbourgs en Espagne.͒Après avoir déjà organisé
un blocus de la ville en 1678, les Français font carrément le siège de Mons en 1691, durant
trois semaines. Il y eu de nombreux dégâts qui expliquent pourquoi la ville n'a conservé que
très peu de bâtiments des 16ème et 17ème siècles.͒͒En 1701, Mons est de nouveau occupée par
les Français, qui n’en démordent pas mais quittent la ville en 1709, suite à la bataille de
Malpaquet, pour céder la place aux troupes hollandaises !
3.2. La période autrichienne (1713 – 1789)
En 1715, les Pays-Bas méridionaux passent sous le régime autrichien par les traités d’Utrecht
(1713) et de Rastatt (1714). Mons devient donc autrichienne. Louis XV a succédé à Louis
XIV mais la tactique n’évolue guère : il y eu un nouveau siège de la ville en 1746 par Louis
XV. Les fortifications sont alors démantelées.͒͒Tous ces événements font de la ville de Mons
un lieu de passage international, où se croisent à cette époque quelques hôtes au nom
prestigieux.
22
3.3. La période française (1790 – 1815)
Le 6 novembre 1792 se déroula la bataille de Jemappes lors de laquelle les armées d’une
République française naissante, dirigées par le général Dumouriez, l’emportèrent face aux
Autrichiens. ͒Une pierre, provenant des murs de la Bastille, démolie par les Français en 1789,
fut envoyée par les Républicains de Paris aux Jacobins de Mons. Cette pierre porte
l'inscription suivante : Pierre de la bastille. La Révolution fit de Mons le chef-lieu du
département de Jemappes (formé de l’ancien Hainaut, de Tournai, du Tournaisis, de Charleroi
et de Fleurus)1.
Bien que des pillages et exactions soient signalés dès cette première conquête française, les
choses s’aggravent avec la seconde consécutive à la victoire de Fleurus, le 26 juin 1794. Des
massacres ont lieu à Mons, Nalinnes et Tiercelet faisant 200 victimes, les religieux étant les
premiers visés.
En 1794 comme en 1792, les révolutionnaires français peuvent compter sur de nombreux
sympathisants à Mons comme à Liège.
En 1800 débutent les travaux du Canal Mons-Condé : il permet d’acheminer le charbon des
mines du Borinage vers le reste de la France (les mines boraines produisaient plus de charbon
que la France entière).
3.4. La période néerlandaise (1815 - 1830)
Suite à la chute de l'Empire français (1814), le roi Guillaume des Pays-Bas opte pour un plan
de défense prévoyant trois lignes de forteresse. Mons en est la première!͒͒La démolition des
vestiges des fortifications antérieures fait place au projet de la nouvelle fortification de la
Ville, établi par le capitaine ingénieur hollandais Van de Polder. Commencés en 1817, les
fortifications sont pratiquement achevées en 1822. Par ailleurs, on construit dans la Ville la
caserne d'infanterie Guillaume (Major Sabbe), aujourd'hui Carré des Arts. On construit aussi
la caserne de cavalerie Léopold, démolie lors de la Seconde Guerre mondiale.͒͒Mons est une
1 Notons que la Belgique indépendante garda les limites fixées par la Révolution et le nom de province du Hainaut adopté depuis 1815.
23
citadelle! Fonctionnaires, juristes, militaires, petits commerçants, religieux peuplent la cité. Le
grand négoce et la haute industrie ont déserté la Ville, de même que la noblesse, qui s'installe
à la campagne.͒͒En s’opposant farouchement à la garnison hollandaise en 1830, les Montois
participent pleinement aux « journées de septembre », qui mèneront à l’indépendance du pays
et à la promulgation de la Constitution belge le 7 février 1831.
4. 1831 – 1914 : opération « PORTES OUVERTES »
La convention des forteresses du 14 décembre 1831 décide le démantèlement partiel des
places fortes belges (puisque la Belgique existe désormais). Ainsi, la ville perd sa fonction de
ville forte. Mais ce n'est que le 8 mai 1861 que le Roi Léopold Ier autorisera la démolition des
fortifications de Mons, Charleroi et Namur. En 1864, les démolitions sont pratiquement
achevées. Deux ceintures parallèles cernant la ville sont créées. Ce sont les futurs boulevards,
c’est-à-dire des avenues tracées vers l'extérieur donnent à la ville la possibilité de s'étendre
« hors de ses murs » : le boulevard intérieur sur le site de la fortification dite « urbaine » et le
grand boulevard sur les fondations du mur néerlandais. Mons s'ouvre au monde...͒͒
Parallèlement, les travaux d'urbanisation du quartier de la gare débutent. C'est aussi le long
des boulevards que s'installent des bâtiments et équipements publics: la prison, l'hôpital civil,
l'école normale, la nouvelle gare, etc.
24
5. 1914 - 1918 : Première Guerre Mondiale
La Première Guerre Mondiale a frappé beaucoup de villes en Belgique, Mons n’y a pas
échappé. Dans cette région, on parle de la Bataille de Mons qui a fait perdre 5.000 hommes
aux Allemands et environ 4.000 aux Britanniques (dont 775 tués).
Les 22, 23 et 24 août 1914, la région montoise fut le théâtre de combats acharnés entre les
troupes de la B.E.F (British Expeditionary Force) et les soldats allemands. Ces derniers
avaient envahi la Belgique depuis le 4 août. Depuis la guerre de Crimée en 1856, les troupes
britanniques n’avaient plus combattu sur le sol européen. Ces dernières tentèrent de maintenir
l’avancée allemande le long du canal Mons-Condé. La poussée massive des soldats du Kaiser,
supérieurs en nombre, couplée au retrait de l’armée française, contraint Sir John French
(commandant en chef du BEF) à organiser la retraite. « The Retreat from Mons » dura près de
deux semaines. La cause semblait perdue. Pourtant, les Britanniques retardèrent la percée
ennemie, permettant ainsi à la défense de se réorganiser au-delà de l’Yser et aux Français de
se ressaisir pour préparer leur victoire de la Marne. Talonnés par les troupes allemandes, les
Britanniques engagèrent le combat à plusieurs reprises, notamment à Le Cateau (26 août),
Etreux (27 août) ou encore Néry (01 septembre). L’intervention britannique à Mons permit
globalement de retarder la progression allemande. La Bataille de Mons donnera naissance à la
légende des Anges de Mons. Cette légende urbaine raconte qu’un groupe d’anges seraient
apparus aux soldats de l’armée britannique pour leur venir en aide dans ce bain de sang
effroyable. Elle fut particulièrement connue à l’époque, surtout dans le monde anglo-saxon.
Pour tous les Britanniques, Mons représente "The First and the Last" de la Grande Guerre.
Car c'est à Mons, que le premier et le dernier soldat Britanniques sont tombés lors de ce
conflit mondial.
La plupart des militaires britanniques et allemands morts pendant la bataille de Mons ont été
initialement enterrés dans des cimetières civils à Mons et dans les villages environnants. Par
la suite, l'armée allemande décide d'exhumer et de ré ensevelir ses morts en un seul endroit.
Un site est choisi juste au sud-est de Mons à Saint-Symphorien, mais son propriétaire, Jean
Houzeau de Lehaie, refuse de vendre son terrain aux Allemands mais donne cependant son
autorisation pour utiliser son terrain à la condition expresse que tant les militaires britanniques
qu'allemands y soient enterrés et commémorés avec une égale dignité. Les autorités
allemandes acceptent cette volonté et commencent le travail de ré-ensevelissement en
25
novembre 1915. Le cimetière est inauguré le 6 septembre 1917 par une cérémonie solennelle
en présence de personnalités allemandes de premier plan, dont Rupprecht, prince héritier de
bavière et Albrecht, duc de Wurtemberg.
6. 1940 – 1945 : Seconde Guerre Mondiale
La Seconde Guerre Mondiale n’a pas non plus épargné cette ville de la province du Hainaut.
En effet, une grande partie des Archives de l’Etat gardées précieusement à Mons ont été
détruites par des bombardements le 14 mai 1940 et l’armée Allemande fait son entrée dans la
ville le 19 mai. Ce n’est que le 2 septembre 1944 que la IIIe division blindée américaine libère
la ville sans résistance : Mons est l’une des premières villes de Belgique à être libérée.
7. 1945 – … : époque contemporaine
Suite aux grands évènements historiques en Belgique, Mons continue et continuera à faire
parler d’elle dans les années à venir. Ci-dessous un aperçu chronologique de l’époque
contemporaine de la ville.
Lors du dénouement de la Question royale en 1950, Léo Collard, député et échevin de Mons,
déclare le 18 juillet que la Wallonie est menacée « d'un mouvement incontrôlable et
irrationnel de nature morale et psychologique ». C'est à Mons qu'ont lieu les premiers attentats
à l'explosif : le 21 à hauteur du Waux-Hall ainsi que sur la ligne vicinale Mons-Charleroi. Le
29, 10 000 manifestants défilent.
En 1967, le SHAPE (Quartier général de l’OTAN), quittant Rocqencourt (France), s'installe à
Casteau.
À partir des années 1970, Mons est en mutation. Il y a tout d'abord l'étape importante des
fusions de communes de 1972 (fusion avec Cuesmes, Ghlin, Hyon, Nimy, Obourgavec des
parties de Baudour et de Jemappes) et de 1977 (fusion avec Ciply, Harmignies, Harveng,
Havré, Jemappes, Maisières, Mesvin, Nouvelles, Saint-Symphorien, Spiennes, Villers-Saint-
Ghislain ainsi que des parties deVille-sur-Haine, de Masnuy-Saint-Jean et de Casteau à
26
l'emplacement du SHAPE). Les fusions permettent à la ville d'atteindre une taille critique en
multipliant par trois sa population.
Aux élections communales de 1970, René Noël, ex-bourgmestre de Cuesmes et sénateur
communiste, mène une liste UDP (Union démocrate et progressiste) qui remporte 21,5 % des
voix et même, en novembre 1971, près de 28 % des voix : il s'agit d'un Rassemblement des
progressistes, réunissant pour la première fois des chrétiens de gauche, des communistes et
des socialistes.
Un mouvement de rénovation urbaine se met en place dans les années 1980: le but est de
mettre en avant les richesses culturelles et patrimoniales de la ville. Conçue à l'origine comme
une place forte et donc fermée, la ville est maintenant ouverte au tourisme et au commerce.
Le 9 février 2010, la ville de Mons est désignée à l'unanimité par les membres du jury
(composée de 6 belges et 7 européens non-belge) pour être Capitale Européenne de la Culture
en 2015.
27
Conclusion
Bien que Mons ait connu des moments forts durant l’Histoire, cette ville reste méconnue des
belges et est trop souvent oublié lors de parcours touristique en Belgique. C’est pourquoi des
évènements comme la commémoration du centenaire de la Première Guerre Mondiale ou
encore Mons 2015, sont des évènements plus qu’important pour cette ville. En effet, elle est
enfin mise en lumière aux yeux des Belges, mais également aux Britanniques, aux Européens,
au monde.
En allant visiter la région montoise, on réalise quel impact historique elle a eu et quel impact
elle aura dans les prochaines années. C’est une ville en pleine expansion qui mérite d’être
connue et reconnue à sa juste valeur.
Hoewel Bergen belangrijke momenten heeft meegemaakt gedurende de Geschiedenis, blijft
deze stad onbekend bij de Belgen en wordt ze te vaak vergeten tijdens toeristische parcours in
België. Dat is de reden waarom evenementen zoals de herdenking van de honderdste
verjaardag van de Eerste Wereldoorlog of nog Mons 2015 zeer belangrijke gebeurtenissen
zijn voor deze plaats. Inderdaad, deze regio wordt eindelijk aan het licht gebracht in de ogen
van de Belgen, maar ook van de Britten, van de Europeanen, van de hele wereld.
Tijdens een bezoek aan de streek van Bergen, realiseren we de de historische invloed het heeft
gehad en welk invloed het zal hebben in de komende jaren. Het is een bloeiende stad die
verdient te worden gekend en gewaardeerd tegen reële waarde.
Although Mons has experienced important moments during the History, this city remains
unknown by Belgian and is too often forgotten during tourist route in Belgium. That is why
events such as the commemoration of the centenary of the First World War or Mons 2015 are
more than important events for this city. Indeed, it is finally brought to light in the eyes of the
Belgians, but also of the British, of the Europeans, of the the world.
While visiting the region of Mons, you realise which historical impact it has had and what
impact it will have in the coming years. It is a booming city that deserves to be known and
recognized at fair value.
28
Bibliographie
Ouvrages :
- DUMONT, G.-H., Beffrois et Hôtels de ville de Belgique, Bruxelles, Ed. Paul Legrain,
1975.
- LES GUIDES BLEUS, Belgique et Luxembourg, Paris, Hachette, 1963, pp. 436 et s.
- MINISTERE DE LA CULTURE FRANCAISE, Le patrimoine monumental de la
Belgique : Province de Hainaut et Arrondissement de Mons, vol. 4, Liège, Solédi,
1975.
Sites internet :
- http://www.mons.be/
- http://www.visitmons.be/
- http://www.1914-1918.be/
- http://www.mons2015.eu/
- http://www.belgique-tourisme.be/
29
Le Grand-Hornu,
témoignage présent
du passé industriel de la région
Harold Van den Berghe
30
31
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ............................................................................................................................................... 32 1. UN SITE CULTUREL TOURNE VERS L’AVENIR ................................................................................. 33 2. UN FLEURON DU PASSE INDUSTRIEL BELGE .................................................................................... 35
2.1. EXTRACTION DE LA HOUILLE .................................................................................................................. 35 2.2. EXTRACTION A HORNU .......................................................................................................................... 36 2.3. L’INDUSTRIE DU CHARBON DE 1830-1856 .............................................................................................. 37 2.4. EVOLUTION DU SITE DE HORNU .............................................................................................................. 38 2.5. L’INDUSTRIE DU CHARBON APRES 1856 ................................................................................................. 39 2.6. LE DECLIN .............................................................................................................................................. 39
3. UN FLEURON ARCHITECTURAL DU PASSE TEMOIN D’UN PROJET SOCIAL ........................... 41 3.1. LA VISION DE H. DE GORGE ................................................................................................................... 41 3.2. LA VISION DE L’ARCHITECTE B. RENARD ............................................................................................... 43
CONCLUSION FR ............................................................................................................................................. 45 CONCLUSIE NL ................................................................................................................................................ 45 CONCLUSION EN ............................................................................................................................................. 45 BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 47
32
Introduction Dans la région qui se situe entre Mons et la frontière française, s’étendait jadis, le bassin
houillier de Mons. Au cœur de ce territoire, mieux connu sous le nom de Borinage, à une
dizaine de kilomètres à l’Ouest de Mons, se trouve l’impressionnant ensemble architectural du
Grand –Hornu, témoin de l’importante activité houillière de la région et de la vitalité de la
Belgique à l’époque industrielle.
Cet ensemble a, récemment, été inscrit avec trois autres anciens sites miniers wallons au
patrimoine mondial de l’UNESCO1. Cette distinction traduit la reconnaissance par
l’UNESCO de l’importance du bassin houiller wallon, et du fait qu’il s’agit d’un des plus
anciens et des plus emblématiques du continent européen2.
Le site du Grand-Hornu est, certes un lieu de mémoire, mais, il fait également admirablement
la synthèse entre le passé et l’avenir d’une région puisqu’il est devenu en quelques décennies,
un lieu culturel incontournable en Belgique et au niveau international.
1 L’UNESCO a inscrit le 1er juillet 2012, les quatre sites miniers belges du Grand Hornu (Mons), du Bois-du-Luc
(La Louvière), du Bois du Cazier (Charleroi) et de Blegny-Mine (Liège) sur la liste du Patrimoine mondial. 2 RTBF Info, « Les quatre sites miniers belges inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco » 1er juillet 2012, page
consultée le 27/10/2014.
33
1. Un site culturel tourné vers l’avenir Laissé à l’abandon lors de la cessation d’activité en 1954, la nature s’est lentement
réappropriée le site du Grand-Hornu qui s’est progressivement effacé, l’oubli prenant peu à
peu place. Après cette lente destruction, l’amnésie est telle, que les pouvoirs publics
envisagent en 1970 de faire table rase de ce passé.
C’est alors qu’un architecte hornutois, Henri Guchez1 achète en 1971 ces ruines industrielles
pour 350.000 francs belges, somme équivalente au coût de la démolition2. Il en assure la
restauration, y établi son bureau d’étude et, relance la réputation du site par des expositions
propres à attirer un large public3.
Dans le prolongement du projet de Guchez et pour développer la vie du site, une asbl « Grand
Hornu Images » est fondée en 1984, sous l’impulsion de la Province. L’asbl se donne une
triple mission: patrimoniale, touristique et culturelle. Elle s’attache à organiser dans cet
ensemble d’une unicité architecturale impressionnante, des spectacles, des manifestations
diverses et des expositions privilégiant les rapports entre l’art et l’industrie4.
La Province de Hainaut acquiert le site à Henri Guchez en 1989 et entame la seconde phase
des travaux de rénovation.
Au début des années ‘90, la Communauté française de Belgique5 décide d’installer son futur
Musée des Arts Contemporains à Hornu, la fin de la rénovation du Grand-Hornu sera ainsi
scellée. Cette décision qui va insuffler un dynamisme supplémentaire au site, s’inscrit dans la
ligne des missions de l’asbl « Grand-Hornu Images ». Le Musée des Arts Contemporains de
la Communauté française, le « MAC’s », a été inauguré en septembre 2002.
Ce dernier se veut un musée « des » arts contemporains dans la variété des propos artistiques
d’aujourd’hui6, sa vocation est éducative, la culture doit être une possibilité pour tous et non
1 Henri Guchez, 1930-2002. On lui doit aussi la Cité Hadès juste à côté du Grand Hornu. 2 A. Bianchi, « Le complexe industriel du Grand-Hornu », in P.I.W.B. Publications, Patrimoine Industriel
Wallonie Bruxelles, n° 54, avril / juin 2003, p. 7. 3 A Bianchi, ibid., p. 7. 4 A. Bianchi, ibid., p. 3. 5 Aujourd’hui « Fédération Wallonie-Bruxelles ». 6 D. Marchal, “Grand Hornu, Patrimoine industriel, création contemporaine”, ed. Archibooks + Sautereau, Paris,
2010, p. 11.
34
réservée à une élite7.
Les expositions de « Grand-Hornu Images » et le MAC’s placent ainsi ce site historique dans
un contexte d’avenir et d’ouverture entièrement dédié à la création contemporaine sous toutes
ses formes.8 La présence de ces deux entitées a permis à ce site prestigieux de revivre, de
continuer à exister en se positionnant au sein des lieux de références culturelles de dimension
internationale9. Le site connaît une nouvelle vie, il attire un nombre de plus en plus important
de visiteurs10 en provenance de toute l’Europe.
Le Château de H. De Gorge ne se visite pas, mais il accueille pour sa part, un centre de
formation aux nouvelles tecnologies.
7 D. Marchal, op. cit., p. 11. 8 D. Marchal, ibid., p. 3. 9 D. Marchal, ibid. p. 12. 10 Près de 100.000 visiteurs en 2013.
35
2. Un fleuron du passé industriel belge Si le site du Grand-Hornu est aujourd’hui un des premiers lieux culturels de la Belgique11; il
fut, avant cela, l’un de ces lieux ‘berceau de la révolution industrielle’, après l’Angleterre.
2.1. Extraction de la houille
Cet ensemble architectural est le témoin d’une industrie à jamais disparue chez nous. C’est en
effet, en 1984 que le dernier charbonnage wallon fermait ses portes au Roton12, alors que tous
les autres sites wallons avaient déjà été abandonnés; au Grand-Hornu, les dernières couches
avaient été exploitées jusqu’en 1953, l’aventure houillère y avait pris fin en 1954.
L’extraction et l’utilisation de la houille comme combustible de chauffage remontent au XIième
siècle. À partir du XVIième siècle, l'usage du charbon se répand parmi toutes les classes de la
population, l'odeur qu'il dégage le rend toutefois impopulaire jusqu’à la naissance du poêle à
charbon qui va sécuriser, rationaliser et favoriser l’utilisation de ce combustible.
La Belgique a été productrice de houille pendant des siècles. Le plus ancien bassin est celui de
Liège dont l’exploitation a commencé au Moyen-Age; progressivement, d’autres sites ont été
mis en exploitation: les houillères du Borinage, de Charleroi et de La Louvière. Le diplomate
et philosophe vénitien L. Guicciardini rapporte en 1567, l’existence, dans le Hainaut, à Liège
et à Namur d'exploitations de celle sorte de charbons, comme pierre noire qu'ils, appellent
"Houille", comme aussi y en ha beaucoup autour de Liège, & de Namur, & s'en faict bon feu,
& est fort chaud, mais de senteur graue, qui nuiroit a la teste de qui n'en fust accoustumé 13.
L’expansion précoce de l’exploitation des mines en Wallonie s’explique par l’affleurement du
charbon dans ces régions. Tandis que, le terrain houiller n’affleurant nulle part en Campine, le
bassin limbourgeois n’a été découvert qu’en 1901. C’est le Professeur André Dumont14, fils
du professeur de géologie André Hubert Dumont15 qui s’est intéressé dès 1877 à la possibilité
11 http://www.grand-hornu-images.be/fr/ , page consultée le 25 septembre 2014. 12 RTBF Info, « Le Roton de Farciennes, le dernier charbonnage wallon fermait ses portes le 30 septembre 1984.
Les 1200 derniers mineurs wallons remontaient une dernière fois de la fosse », http://www.rtbf.be/info/regions/ page consultée le 16/10/2014.
13 L. Guicciardini, « Description de tout le Païs-Bas autrement dict la Germanie inferieure, ou Basse Allemeigne », livre numérique gratuit Google,
http://books.google.be/books?id=iGNbAAAAQAAJ&hl=fr&pg=PP5&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false 14 André Dumont (1847 – 1920), Fondateur de l’Association des Ingénieurs des Mines. 15 André Hubert Dumont (1809 - 1857), ingénieur et professeur de géologie à l’Université de Liège.
36
de trouver du charbon en Campine. Vingt ans plus tard, il a réussi à metre en œuvre de
nouvelles techniques d’exploitation minière qui lui ont permis de mettre à jour, à 541 mètres
de profondeur, le premier site limbourgeois.
L’exploitation des mines de charbon wallonnes a également été favorisée par la présence du
charbon à proximité de voies d’eau et par les importants investissements en travaux publics
réalisés à la même époque par des hommes d’affaires régionaux16. La réfection des canaux de
Saint Quentin et du Crozat, la construction d’écluses sur l’Escaut supérieur, la canalisation de
la Sambre, la réalisation du canal de Sensée en sont l’illustration.
Jusqu’au XIXième siècle, les mines boraines ont un caractère familial. Elles appartiennent aux
propriétaires des terres qui sont pour la plupart des nobles qui octroient des droits d’exploiter
contre une redevance. Ce droit seigneurial fut abolit sous Napoléon 1er et on parla alors de
micro-concessions. De 1750 à 1830, la fonction de production se structure progressivement,
de même que, les relations nouées entre les exploitants et les autorités concédantes ou les
détenteurs des capitaux17. Les micro-concessions sont progressivement remplacées par des
exploitations plus importantes gérées par un investisseur - marchand, financier ou propriétaire
de machines - plus éloigné du travail manuel. Une des conséquences majeures du changement
de taille des exploitations, est la création de nouvelles classes sociales, le patron et l’ouvrier
ne travaillent plus côte-à-côte comme ils le faisaient auparavant.
2.2. Extraction à Hornu
Au Grand-Hornu, c’est un certain Charles de Godonnesche « Fermier général des octrois de la
ville de Valenciennes », français enrichi notamment par le contrôle des gabelles, qui obtint en
1778 de l’Abbaye bénédictine de Saint Ghislain, le droit d’exploiter, en association avec deux
borains, les veines à charbon d’une concession s’étendant de la seigneurie de Quaregnon à
celle de Boussu18. En 1810, la veuve de Charles de Godonnesche qui avait racheté les parts de
16 P. Lefèvre. Le bassin de Mons et le charbonnage du Grand Hornu, du milieu du XVIIIe au milieu du XIXe
siècle. A propos d'un livre récent. In: Revue belge de philologie et d'histoire. Tome 61, fasc. 2, 1983. Histoire médiévale, moderne et contemporaine — Middeleeuwse, moderne en hedendaagse geschiedenis. pp. 373-380. doi : 10.3406/rbph.1983.3422 p. 375.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1983_num_61_2_3422 17 P. Watelet, Une industrialisation sans développement. Le Bassin de Mons et le charbonnage du Grand-Hornu
du milieu du XVIII e au milieu du XIX e siècle, Revue Historique, Tome 276, Fasc. 2 (560), octobre - décembre 1986, ed. Presses Universitaires de France, pp. 461- 466.
18 Dictionnaire, Wikipédia, Mines de charbon de Belgique p. 3, page consultée le 16/10/2014.
37
ses anciens associés, doit faire face à des problèmes d’exploitation et vend la concession à
Henri De Gorge19, un riche commerçant lillois. Profitant de conditions d’exploitation
favorables (faible profondeur des travaux et proximité du canal) ainsi que de l’excellente
conjoncture des années 1818-1824, De Gorge se libéra rapidement de ses dettes et parvint à
constituer en une dizaine d’années une fortune estimée par P. Watelet à près de trois millions
de francs.20
2.3. L’industrie du charbon de 1830-1856
En 1830, le jeune Etat belge est le deuxième producteur de charbon derrière l’Angleterre et
compte 307 mines de charbon. Le nombre de sociétés par actions augmente, la Société
Générale de Belgique investit dans une quarantaine d’entreprises qui sont introduites en
Bourse parmi celles-ci, on relève, sept mines de charbon et une quinzaine d’aciéries. P.
Lefevre relève qu’à partir de 1835, les intérêts du bassin industriel wallon sont
progressivement pris en charge par de grandes puissances financières21. La production de
charbon double de volume entre 1830 et 1840. Les charbonnages de Belgique employaient
46.000 mineurs en 1845. La réputation internationale des mines de charbon de Belgique est, à
ce point importante, que ce seront les premières entreprises industrielles étrangères à
bénéficier dans les années 1840 d’une cotation officielle à la Bourse de Paris. Dans la
première moitié du XIXe siècle c’est l’Angleterre qui a les mines de charbon les plus
développées parce que l’usage des machines y est le plus répandu. Ensuite, vient en seconde
place la Belgique, qui produit énormement mais avec une productivité (quantité extraite par
ouvirer) moindre de environ 30% et donc un prix de revient moins favorable. Les conditions
ouvrières sont plus dures, les Annales des Ingénieurs des mines mentionent que la quantité de
charbon extraite par rapport au nombre d’ouvriers morts au travail, est inférieure d’environ 30
% à ce qui a été constaté à la même époque en Angleterre.22
De 1795 à 1856, la production belge passe de 800.000 tonnes à 8 millions de tonnes, 75% de
ce tonnage était produit dans le Hainaut, le Borinage en était le fer de lance. Le bassin minier
borain était considéré comme le premier d’Europe, tandis qu’au niveau métallurgique c’était
19 Henri De Gorge, 1774-1832. 20 P. Lefèvre, op. cit., p. 377. 21 P. Lefèvre, Ibid, p. 375. 22 Annales des Mines, Tome VI, ed. Carilian-Goeury et V. Dalmont, 1854.
38
le bassin carolorégien qui était considéré comme le plus performant du monde.
2.4. Evolution du site de Hornu
De Gorge était ambitieux et a anticipé ce mouvement, dès qu’il a pu se défaire de
l’endettement contracté pour l’acquisition du charbonnage, il a investit au Grand-Hornu les
immenses bénéfices que lui laissait l’exploitation de ses fosses. Ses innovations furent
spectaculaires pour l’époque; elles s’inscrivent exactement dans ce que l’on dénommera plus
tard, le phénomène de « l’industrialisation » et qui sera décrit comme étant la mise au point de
techniques réorganisant le processus de fabrication afin d’améliorer la productivité du travail.
Parmi ces techniques, le recours à une énergie provenant de machines ainsi que, le
regroupement des travailleurs dans des infrastructures stables avec une réglementation et des
horaires de travail, sont fréquentes. Cette période a commencé dans les années 1820, elle bat
son plein dans les années 1840 avec le développement des voies ferroviaires.
A Hornu, De Gorge a procédé à de remarquables investissements en cherchant à allier la
majesté à la fonctionnalité des lieux.
Pour la productivité et la fonctionnalité, plusieurs investissements majeurs sont à épingler. En
1819, De Gorge achète des quais d’embarquement à Saint-Ghislain et les relie à ses puits par
un pavé. De 1825 à 1828, il fait construire un ensemble de bâtiments articulés autour d’une
cour intérieure elliptique. Parmi ces bâtisses il y a, notamment, l’atelier, éclairé par de grandes
verrières, en face, les bureaux de l’administration et de la direction, un porche surmonté d’une
grande horloge, sans doute pour rappeler au personnel que le temps c’est de l’argent23. De
1825 à 1832, il fait construire un vaste ensemble de 435 maisons regroupant ses ouvriers à
proximité du charbonnage afin de les sédentariser. Ses idéaux l’amèneront à aller au delà en
cherchant également à donner un certain bien-être aux ouvriers.
Ses successeurs à la tête de l’entreprise n’ont plus autant investi, on relève cependant,
l’implantation en 1928 d’une fonderie et d’ateliers de construction de machines et en 1929, le
remplacement par un chemin de fer, des pavés menant aux quais.24
Contrairement à la plupart des autres charbonnages, l’actionnariat de Grand-Hornu est restera
23 A. Bianchi, Le complexe industriel du Grand Hornu, op. cit., p. 5. 24 P. Lefèvre, op. cit., p. 377.
39
indépendant et “familial”, jusqu’à sa fermeture en 1954.
2.5. L’industrie du charbon après 1856
Durant la seconde moitié du XIXe S., on observe de nombreuses fusions d’entreprises
entraînant une augmentation de la rentabilité de celles-ci. Les houillères vont servir de base
ainsi que de rente, à la constitution d’empires bancaires, miniers ou industriels. Le groupe
Cockerill avait ainsi, dès 1835, pris des participations dans des mines de charbon pour
contrôler son propre approvisionnement en matière première.25
Grâce au retard industriel de la France et à l’absence de charbon en Hollande et en Suisse
notamment, le bassin houillier hennuyer exportait énormément. Ces exportations, l’arrivée de
la métallurgie et la diversification de l’utilisation du charbon ont provoqué une seconde grosse
croissance des quantités extraites, de 8 millions de tonnes en 1856, la Wallonie est passée à 17
millions de tonnes en 1880.
En 1926, le nombre de charbonnages en activité avait déjà légèrement diminué en cause le
manque de productivité de certains puits. Toutefois, l’amélioration des techniques a permis de
dégager une productivité accrue des puits, le tonnage belge annuel de charbon s’élève à 25
millions de tonnes dont près de 1 million en Campine. Soixante pourcent de la production
wallonne provenait du Hainaut.
Le personnel employé par les charbonnages wallons était de 96.800 ouvriers en 1902, pour
atteindre un maximum de 113.436 ouvriers en 1919.
Le formidable essor économique de la Belgique au XIXième siècle, son industrialisation, ses
exportations et sa richesse aura eu pour large origine l’industrie du charbon et à son
industrialisation précoce.
2.6. Le déclin
Le déclin s’est amorcé à partir de l’entre-deux guerres, les charbonnages wallons n’avaient
pas été modernisés et le prix de revient élevé de notre charbon a été une opportunité pour des
25 Dictionnaire en ligne Wikipédia, Mines de charbon en Belgique, p. 5, page consultée le 16/10/2014.
40
concurrents étrangers de venir proposer leur combustible à des prix moins élevés. Le bassin
borain a été le premier touché, pour ne pas s’être modernisé, ni diversifié. Le Traité CECA est
tombé comme un couperet sur une industrie charbonnière wallonne déjà en net déclin.
Compte tenu du caractère dangereux du travail dans les mines, les mineurs étaient à l’avant
garde des mouvements syndicaux ouvriers. Dans les années ’20, les chefs du Parti Ouvrier
prêchent aux mineurs la patience, les empêchent de lutter contre les réductions des salaires,
brisent leurs grèves spontanées26. Les salaires des ouvriers belges qui étaient parmi les
salaires les plus bas d’Europe, furent successivement abaissés dans le Borinage pour atteindre
une réduction globale de 35 %. Les chefs réformistes ont accepté toutes ces réductions
réalisées par l'intermédiaire des commissions mixtes paritaires, organes officiels de
collaboration des classes, ils les ont fait accepter à leurs troupes au nom des "sacrifices
communs" pour l'industrie nationale. Mais, la misère et la colère des masses laborieuse sont
devenues à un moment telles, que la lutte ouvrière prendra le dessus, la grande grève de 1932
éclate, affaiblissant encore un peu plus le secteur du charbon.
A Hornu, l’exploitation des mines s’est arrêtée en 1954, l’entreprise restera dans les mains de
la famille jusqu’à sa fermeture.
26 Les "Cahiers du Bolchevisme", 7e année, n°14, 15/07/1932.
41
3. Un fleuron architectural du passé témoin d’un projet social Au-delà, d’être un très beau témoignage de l’ère industrielle, le site du Grand Hornu traduit le
rêve d’une cité parfaite organisée autour de l’industrie.
3.1. La vision de H. De Gorge
Né en 1774, Henri De Gorge a été, jeune adolescent, imprégné27 par les troubles
révolutionnaires et ses principes d’égalité. Plus tard, avec la naissance de l’Empire, les loges
maçonniques ont fait leur retour en France, la Loge de Lille a approché ce jeune homme
ambitieux d’une trentaine d’année et Henri De Gorge va l’intégrer en 1905. L’esprit de
liberté, de fraternité et d’égalité anime les réflexions et les idéaux des membres maçons. Pour
D. Marchal, tout porte à croire que les idées communautaires et d’organisation sociale (de H.
De Gorge), basées sur une industrie prometteuse d’un avenir meilleur, sont nées lors de la
Révolution et de son passage en loge.
Au-delà de la réalisation d’un très beau site industriel, H. De Gorge a également fait
construire une cité ouvrière exemplaire. Il s’agit d’un ensemble de 435 maisons ouvrières
organisées en six rues rectilignes et pavées installées autour des installations industrielles
centrales. Ces maisons de type unifamilial, ont chacune un étage, ce qui les distinguent de
l’habitat ouvrier ou paysan traditionnel, elles ont également chacune un point d’eau, un four à
pain et un jardin cultivable où se trouvaient les commodités. Les maisons ouvrières étaient
toutes identiques mais toutes individualisées. Traduisant les nouvelles classes sociales, les
contremaîtres et les employés disposaient de maisons plus spacieuses que les ouvriers tandis
que Mr De Gorge s’était fait construire une très grosse demeure, « le Château ».
Des équipements collectifs sont mis à disposition des mineurs. Parmi ceux-ci, il y a une école
mixte pour les enfants du personnel et des environs. L’école n’était pas obligatoire à l’époque
de sa construction, mais Madame De Gorge souhaitait que les enfants soient instruits et les
encourageaient à aller à l’école en leur donnant des récompenses. Au cœur de la cité, un
espace vert avec son kiosque à musique et une salle commue sont installés. Dans la salle des
journaux sont mis à disposition du personnel ainsi qu’une bibliothèque, la salle deviendra
progressivement le point de rendez-vous après le travail. Enfin, le site compte une infirmerie
27 D. Marchal, Grand- Hornu, Patrimoine industriel, création contemporaine, op. cit., p. 51.
42
où trois médecins se relaient en permanence afin de dispenser les premiers soins d’urgence
aux ouvriers et soigner les membres de la famille des ouvriers résidant dans la cité.
Au-delà de ses idéaux, un des soucis de H. De Gorge résidait dans la difficulté trouver de la
main d’œuvre. Le charbonnage se trouve en effet, dans une région peu peuplée à l’époque et
la rareté de la main d’œuvre locale l’obligeait à recourir à des ouvriers venant d’ailleurs et qui
avaient une forte propension à la mobilité. La cité a donc été vue comme un moyen de
sédentariser les ouvriers. La construction de logements pour le personnel n’est donc pas un
procédé nouveau mais, l’envergure du projet et le luxe idéologique, sont particuliers à Grand
Hornu.
A partir de 1840 environ, on observe que la prise en charge de la vie quotidienne, sur le site
du Grand-Hornu, est quasi totale. L’entreprise veille à la plupart des besoins de ses ouvriers :
logement, nourriture, scolarité, soins de santé, divertissements28.
En échange de l’organisation et des services mis à sa disposition et à celle de sa famille, le
salarié sera présent en permanence sur son lieu de travail et s’attachera « corps et biens à son
industrie ». Le travailleur perçoit la possibilité d’aller travailler à la mine comme une
opportunité de quitter une vie précaire celle de l’agriculture, pour accéder à une qualité de vie
autour du travail et de l’industrie. De cette organisation va naître une culture d’entreprise
renforcée par la vie en communauté dans la cité.
L’organisation mise en place en faveur des ouvriers est gratuite mais une retenue destinée à la
financer, s’effectue à la source sur l’ensemble des salaires. Il s’agit donc là d’une ébauche de
sécurité sociale qui a été mise en place par De Gorge.
L’attitude paternaliste de H. De Gorge qui s’est traduite dans la construction de la cité
ouvrière, est considérée, par D. Marchal et P. Watelet notamment, comme étant la traduction
de la vision philosophique du dirigeant, toutefois certains auteurs font remarquer que ce
comportement patronal cherche plutôt à servir la recherche du contrôle social et la
conservation de l’ordre établi29.
28 D. Marchal, ibid., p. 57. 29 P. Lefèvre, op. cit., p. 380.
43
3.2. La vision de l’architecte B. Renard
L’architecte Bruno Renard, à qui les travaux sont confiés par H. De Gorge, a conçu un
ensemble harmonieux et uniforme de style néo-classique et d’une sobriété extrême.
Selon les recherches de D. Marchal30, on ne saurait dire si les principes fondateurs de Grand-
Hornu sont directement inspirés des nouveaux modes de pensée de l’architecture et en
particulier des théories organisationnelles et architecturales de Claude Nicolas Ledoux31. Ce
dernier avait réalisé pour Louis XV en 1774, un modèle de cité utopique pour la Saline
Royale d’Arc-et-Senans, projet qui a été nourri par une réflexion sur le quotidien du travail et
sur l’organisation sociale, autour de l’industrie qui en est l’élément fédérateur. A l’aube du
XIXe siècle, l’industrie est en effet, perçue comme salvatrice pour l’humanité. Ancrée dans
une économie agraire, l’Europe évolue vers une société industrielle32. L’architecte se veut,
être créateur mais également, économiste, philosophe et industriel33.
Bruno Renard — influencé ou non par Ledoux — a répondu aux attentes de H. De Gorge et
s’est inscrit dans cette tendance utopiste post-révolutionnaire. La cour centrale est le cœur
névralgique du projet, l’ensemble des petits ateliers y sont rassemblés mais, c’est là aussi, que
deux constructions importantes en grandeur et en symbolique prennent leur place34 : la
Maison des Ingénieurs et le Grand Atelier. Le complexe se doit d’être fonctionnel,
économique et esthétique. Le style néoclassique répond parfaitement à ce besoin d’ordre et
d’efficacité35.
Contrairement aux maisons des salines qui avaient été construites 70 ans plutôt par Ledoux, et
qui ne comportaient qu’une seule pièce à vivre ainsi que des commodités à partager entre huit
familles ; les maisons de Grand-Hornu était très confortables pour l’époque puisqu’elles
comportaient au minimum deux pièces au rez et à l’étage, elles témoignent ainsi du souci de
De Gorge de veiller au confort et au bien-être des ouvriers.
Les années d’abandon ont durement marqué les constructions. Le sauvetage du site par le
30 D. Marchal, Grand- Hornu, Patrimoine industriel, création contemporaine, op. cit., p. 15. 31 Réflexions qui seront publiées par Ledoux en 1804 dans L'Architecture considérée sous le rapport de l'art, des
mœurs et de la législation. 32 D. Marchal, op. cit., p. 16. 33 D. Marchal, Ibid, p. 51. 33 P. Watelet cité dans P. Lefèvre, op. cit., p. 379. 34 D. Marchal, op. cit., p. 18. 35 D. Marchal, op. cit., p. 19.
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rachat des ruines est le fait d’un visionnaire utopique. Guchez s’est d’ailleurs révélé comme
tel par la suite dans certaines de ses réalisations architecturales majeures. A titre d’exemple, la
cité d’Adès proche du site du Grand-Hornu destinée à accueillir 140 habitations sociales,
conçue début des années ’80 par Guchez, est une cité « utopique » contemporaine.
La rénovation n’a pas été une reconstruction à l’identique d’un patrimoine perdu. Le choix de
Guchez et des architectes qui lui ont succédé, a été de garder les marques de la vie des
constructions et d’inscrire les rénovations dans leur temps. C’est ainsi que le pavillon d’angle
qui avait perdu sa toiture dispose aujourd’hui d’une toiture plate. Aujourd’hui, de nombreux
bâtiments sont encore visibles : notamment autour de l’ellipse, une partie de la cité et le
château de H. De Gorge. Toutefois, les strates des occupations et utilisations successives sont
présentes et témoignent ainsi d’une forme de respect par rapport au passé.
Au-delà d’une restauration respectueuse de l’esprit et de l’histoire des lieux, ce patrimoine qui
a gardé toute sa grandeur et son esthétique, a trouvé aujourd’hui un nouveau lustre à travers sa
réaffectation réussie à des fins culturelles.
45
Conclusion FR Le site du Grand-Hornu opère la synthèse entre le passé et l'avenir de la région.36 Dès le
début du XIXè siècle il a été un lieu d’innovations sociales et technologiques. Le projet
contemporain initié progressivement depuis les années 1970 dans ces lieux, entend se situer
dans la continuité de ce phénomène37.
Aujourd’hui, la Wallonie n'est plus ni charbonnière, ni même dominée par l'industrie lourde,
au point que la part de ses actifs occupés dans l'industrie est devenue moindre qu'en Flandre,
toutefois les marques sociales et environnementales de son passé industriel subsistent38 en
particulier dans la région du Borinage.
Conclusie NL Het domein van Grand Hornu is het toonbeeld van een samenspel tussen het verleden en de
toekomst van de regio. Vanaf het begin van de negentiende eeuw was het een plaats van
sociale en technologische vooruitgang. Het eigentijds project is geleidelijk gestart in 1970 op
deze plaatsen, en is bedoeld om een plaatsje te krijgen in de continuïteit van dit verschijnsel.
Vandaag is Wallonië noch gekenmerkt door steenkool, noch gedomineerd door de zware
industrie. Hierdoor wegen haar voornaamste actieven in de industrie minder zwaar door dan
die van Vlaanderen. Echter, de sociale- en milieukenmerken van haar industrieel verleden
blijven bestaan, in het bijzonder in de Borinagestreek.
Conclusion EN The site of the Grand Hornu is a bridge between the past and the future of the region. From
the early nineteenth century it was a place of social and technological innovations. The
contemporary project, which had been gradually initiated since the 1970s in this place, can be
considered to be in the continuity of this phenomenon.
36 http://www.365.be/attractions/att/cultuur-UNESCO-werelderfgoed-hornu-142-grand-hornu.html 37 F. Foulon, Le grand Hornu aujourd’hui et demain, Patrimoine industriel Wallonie Bruxelles asbl, publication
n° 69 / 70, avril/ septembre 2009. 38 C. Vandermotten, La Belgique, État prospère en décomposition au cœur de l'Europe du nord- ouest ,
EchoGéo, 15 | 2011, mis en ligne le 11 avril 2011, consulté le 30 septembre 2014. URL : http://echogeo.revues.org/12320 ; DOI : 10.4000/echogeo.12320.
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Today, Wallonia is neither coal region nor even dominated by heavy industries, in such an
extent that the prercentage of people employed in the industry has become less than in
Flanders. Nonetheless, social and environmental strains of its industrial past remain, and
particularly in the area of the Borinage.
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Bibliographie Ouvrages cités :
- Guicciardini, L., Description de tout le Païs-Bas autrement dict la Germanie inferieure, ou Basse Allemeigne, livre numérique gratuit Google, http://books.google.be/books?id=iGNbAAAAQAAJ&hl=fr&pg=PP5&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false
- Marchal, D., Grand Hornu, Patrimoine industriel, création contemporaine, ed. Archibooks + Sautereau, Paris, 2010, 63 p.
- Annales des Mines, Tome VI, ed. Carilian-Goeury et V. Dalmont, 1854. - Cahiers du Bolchevisme, 7e année, n°14, 15/07/1932.
Articles repris en référence : - Bianchi, A., Le complexe industriel du Grand-Hornu, P.I.W.B. Publications, Patrimoine
Industriel Wallonie Bruxelles, n° 54, avril / juin 2003, p. 7. 1 F. Foulon, Patrimoine industriel Wallonie Bruxelles asbl, publication n° 69 / 70, avril/ septembre 2009.
- Foulon, F., Le Grand-Hornu aujourd’hui et demain, P.I.W.B. Publications Patrimoine industriel Wallonie Bruxelles asbl, publication n° 69 / 70, avril/ septembre 2009.
- Lefèvre, P., Le bassin de Mons et le charbonnage du Grand Hornu, du milieu du XVIIIe au milieu du XIXe siècle. A propos d'un livre récent, Revue belge de philologie et d'histoire, Tome 61, fasc. 2, 1983. Histoire médiévale, moderne et contemporaine — Middeleeuwse, moderne en hedendaagse geschiedenis. pp. 373-380.
- Vandermotten, C., La Belgique, État prospère en décomposition au cœur de l'Europe du nord- ouest, EchoGéo, 15 | 2011, mis en ligne le 11 avril 2011, consulté le 30 septembre 2014. URL : http://echogeo.revues.org/12320 ; DOI : 10.4000/echogeo.12320.
- Watelet, P., Une industrialisation sans développement. Le Bassin de Mons et le charbonnage du Grand-Hornu du milieu du XVIII e au milieu du XIX e siècle, Revue Historique, Tome 276, Fasc. 2 (560), octobre - décembre 1986, ed. Presses Universitaires de France, pp. 461- 466.
Sites Web
- RTBF Info, « Les quatre sites miniers belges inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco » 1er juillet 2012, http://www.rtbf.be/info/regions/detail_les-quatre-sites-miniers-belges-inscrits-au-patrimoine-mondial-de-l-unesco?id=7797333, page consultée le 27/10/2014.
- RTBF Info, « Le Roton de Farciennes, le dernier charbonnage wallon fermait ses portes le 30 septembre 1984, Les 1200 derniers mineurs wallons remontaient une dernière fois de la fosse », http://www.rtbf.be/info/regions/, page consultée le 16/10/2014.
- http://www.grand-hornu-images.be/fr/, page consultée le 25/10/2014. - http://www.365.be/attractions/att/cultuur-UNESCO-wereldfgoed-hornu-142-
grand-hornu.html. - Dictionnaire, Wikipédia, Mines de charbon de Belgique, page consultée le
16/10/2014.
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Le Grand Quartier Général des Puissances Alliées en Europe
Jimmy Los
Auriane Schockaert
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51
TABLE DES MATIERES
1. INTRODUCTION ....................................................................................................................... 52
2. RELATIONS SHAPE-BELGIQUE ........................................................................................... 53 2.1. L’ARRIVÉE DU SHAPE EN BELGIQUE .................................................................................... 53 2.2. LA LOI DU 22 JANVIER 1970 ................................................................................................... 55
3. VIE PRATIQUE .......................................................................................................................... 55
4. STRUCTURE DE L’OTAN ........................................................................................................ 56 4.1. QUARTIER GÉNÉRAL DE L’OTAN .......................................................................................... 56
4.1.1. Conseil de l’Atlantique Nord (CAN)................................................................................ 56 4.1.2. Comité militaire ............................................................................................................... 56
4.2. COMMANDEMENTS STRATÉGIQUES ........................................................................................ 57 4.2.1. Commandement Allié de Transformation (Allied Command Transformation, ACT) ...... 57 4.2.2. Commandement Allié des Opérations (Allied Command Operations, ACO) .................. 57
5. RÔLE DU SHAPE ....................................................................................................................... 58 5.1. APPROCHE SYMBOLIQUE ........................................................................................................ 58 5.2. GRAND QUARTIER GÉNÉRAL DES PUISSANCES ALLIÉES EN EUROPE (SUPREME
HEADQUARTER ALLIED POWERS EUROPE, SHAPE) ........................................................................ 59
6. OPERATIONS EN COURS ....................................................................................................... 61 6.1. AFGHANISTAN – INTERNATIONAL SECURITY ASSISTANCE FORCE (ISAF) ............................ 61 6.2. CORNE DE L’AFRIQUE – OPÉRATION OCEAN SHIELD ............................................................. 62 6.3. KOSOVO – KOSOVO FORCE (KFOR) ...................................................................................... 62 6.4. MÉDITERRANÉE – OPÉRATION ACTIVE ENDEAVOUR (OAE) ................................................. 63
7. COMPREHENSIVE CRISIS OPERATION MANAGEMENT CENTRE ........................... 64
8. CONCLUSION ............................................................................................................................ 66
9. BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................... 67 9.1. SITES INTERNET DE L’OTAN .................................................................................................. 67
9.1.1. Site de l’OTAN ................................................................................................................. 67 9.1.2. Site du Commandement Allié Opérations ........................................................................ 67 9.1.3. Site du SHAPE ................................................................................................................. 67
9.2. BRIEFINGS LORS DE LA VISITE DE LA COB AU SHAPE .......................................................... 68 9.3. AUTRES DOCUMENTS .............................................................................................................. 68
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1. Introduction Le SHAPE, Supreme Headquarters of Allied Powers in Europe, ou Grand Quartier Général
des Puissances Alliées en Europe, est situé depuis 1967 sur le territoire belge, à Casteau, près
de Mons. Ce quartier général (Q.G.) occupe le rôle de centre de commandement militaire de
l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Europe. Il est chargé de conseiller
en matières militaires le Q.G. politique et militaire de l’OTAN situé à Bruxelles. Comme il le
sera expliqué plus en détail, le SHAPE dirige diverses opérations de l’OTAN et planifie
d’éventuelles nouvelles opérations.
L’OTAN a comme objectif la sauvegarde de la sécurité et de la liberté de chacun de ses Etats-
membres et remplit cette fonction aussi bien sur le plan politique que militaire. Du point de
vue militaire, l’OTAN mène des opérations de gestion de crise, sous mandat de l’ONU ou
conformément au principe de « Défense collective ». Ce dernier est énoncé à l’article 5 du
Traité de Washington, selon lequel: « Les parties conviennent qu'une attaque armée contre
l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée
comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que,
si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense,
individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la charte des Nations Unies, assistera la
partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les
autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour
rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord. Toute attaque armée de cette
nature et toute mesure prise en conséquence seront immédiatement portées à la connaissance
du Conseil de Sécurité. Ces mesures prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les
mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales. » fin de
citation.
Dans ce rapport de session, nous aborderons tout d’abord les relations entre la Belgique et le
SHAPE, la vie pratique au SHAPE, la structure de l’OTAN, le rôle du SHAPE, ses opérations
en cours, puis nous évoquerons son "Comprehensive Crisis and Operation Management
Centre", avant de terminer par la conclusion sur notre visite.
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2. Relations SHAPE-Belgique
2.1. L’arrivée du SHAPE en Belgique
Le SHAPE n’a pas toujours été localisé à Casteau. En effet, avant 1967, il se situait en
France, à Rocquencourt. Cependant, lorsque le Général de Gaulle déclara, en 1966, que la
France souhaitait quitter le commandement militaire intégré de l’OTAN, estimant que le
danger militaire avait décru, cela sous-entendait que les structures de l’OTAN implantées en
France devraient être déplacées. Le Général de Gaulle voulait, par ce geste, se rapprocher de
sa vision d’une France indépendante et souveraine en politique étrangère et de défense.
Le Groupe de Travail D est alors chargé par les 14 membres de l’organisation de s’occuper de
la relocalisation des sièges. Dès le départ, seul le BENELUX est visé par une éventuelle
relocalisation, ceci pour des raisons tant politiques, que géographiques et techniques. Le
Premier Ministre belge de l’époque, Pierre Harmel, se rend vite compte, avant toute demande
officielle, que la Belgique est spécialement visée. Adoptant une attitude d’attente et ne
refusant pas par principe toute éventuelle demande ultérieure d’implantation en Belgique,
Pierre Harmel évoque tout de même la nécessité de redéfinir le concept politique de l’OTAN
avant toute autre décision.
Dès que les premiers échos de ces bouleversements arrivent en Belgique, les réactions
négatives fusent : on évoque le risque militaire, la viabilité incertaine de l’OTAN, le risque de
se mettre Paris à dos, la confusion possible avec les organismes des communautés
européennes situés à Bruxelles, etc. Les arguments contre ce transfert ne manquent pas. Deux
conditions sont dès lors indispensables pour rendre un transfert des structures de l’OTAN
acceptable aux yeux des belges: une preuve de la viabilité de l’OTAN après le retrait des
français et une redéfinition du concept politique de l’OTAN, « un nouvel Evangile » pour
reprendre les mots de Pierre Harmel.
54
Finalement, en juin 1966, une demande officielle pour le transfert du SHAPE émanant du
Conseil de l’Atlantique Nord (CAN), la plus haute instance civile gouvernant l’OTAN,
parvient à la Belgique, demande à laquelle le gouvernement belge répond positivement, sous
plusieurs exigences : que le SHAPE soit la seule installation militaire que le pays ait à
accepter, qu’il s’installe dans une zone non urbaine, que le déplacement du Conseil se fasse
aussi en Belgique et que les frais financiers subis par le pays pour l’installation du SHAPE
soient pris en compte dans le calcul des contributions dues à l’OTAN.
A l’origine, le groupe de travail de l’OTAN préconisait une relocalisation du SHAPE dans la
zone de Bruxelles. Cependant le comité interministériel belge créé pour gérer le transfert,
appelé CISHIC, ne s’est pas vraiment conformé aux exigences premières de l’Alliance lors de
la définition des critères auxquels devrait répondre le site futur du SHAPE : un emplacement
en zone non urbaine, sur un domaine d’Etat (parce que cela engendrerait moins de frais), et
ayant de bonne communication avec la capitale (en précisant que le SHAPE devrait se situer à
environ 50 km de Bruxelles).
Après une brève hésitation entre Chièvres et Casteau, le site de Casteau fut retenu pour les
raisons suivantes : étant situé sur un domaine de l’Etat, l’emplacement est facile d’accès à
partir de Bruxelles et constitue également un moyen d’aider l’économie de la région.
Cependant, comme l’OTAN avait tout d’abord imposé que le SHAPE se situe dans la zone
bruxelloise, une condition qui ne fut pas respectée par la Belgique, des exigences
additionnelles émergèrent afin que l’Alliance accepte le site proposé par la Belgique, ce qui
entraina aussi des coûts plus élevés que prévus pour la Belgique. En effet, en contrepartie, la
Belgique s’engagea notamment à octroyer des privilèges et immunités au personnel, à fournir
une sécurité suffisante, à accélérer la construction de l’autoroute Bruxelles-Mons et à
augmenter le nombre de trains faisant une halte à Mons.
Suite à la décision de transfert du SHAPE à Casteau, la question du transfert du Conseil de
l’Atlantique Nord (CAN) se posa ensuite. Etant un organe bien plus convoité que les sièges
militaires de l’Alliance, le CAN fut finalement déplacé dans la banlieue de Bruxelles, à Evere.
55
2.2. La Loi du 22 janvier 1970
Les relations entre le SHAPE et la Belgique, Etat-Membre de l’OTAN, sont strictement
régulées par la loi belge du 22 janvier 1970. Cette loi règle dans les moindres détails tous les
points qui pourraient poser problème lors de l’installation d’un tel centre de commandement
militaire sur le territoire belge. Parmi l’ensemble des dispositions de cette loi, les points
suivants méritent en particulier d’être mentionnés :
- L’emplacement du SHAPE a été directement déterminé par le gouvernement belge en
accord avec le SHAPE lui-même.
- Ses effectifs doivent être communiqués au gouvernement belge et le SHAPE ne peut
augmenter ceux-ci de plus de 10% sans l’accord du gouvernement.
- Les relations Belgique-SHAPE sont menées par l’intermédiaire du représentant
militaire national belge auprès du SHAPE.
- L’article 7 de la loi prévoit l’inviolabilité des installations et son article 8 octroie
certains privilèges et immunités.
- Enfin, le SHAPE profite d’un régime fiscal et économique très avantageux, d’où la
kyrielle de voitures ...de luxe que l’on peut admirer sur les parkings du site.
3. Vie Pratique En somme, comme une simple lecture de la loi sur les relations entre le SHAPE et la Belgique
le démontrerait, le SHAPE n’est pas seulement un centre de commandement militaire, loin de
là, mais il s’agit plutôt d’une véritable ville à part entière. En effet, lors d’une balade dans la
zone non-sécurisée, on peut observer la présence de toutes les infrastructures nécessaires à la
vie en vase clos : cinéma, supermarché, école internationale, logements, hôtel, centre de soins
médicaux (certes militaire), restaurants, bowling, etc.
Outre ces infrastructures, le SHAPE offre aussi une riche vie associative faite de club de
théâtre, de troupe scout, de groupes de parole et de soutien, de voyages organisés, etc., bref le
SHAPE veille aussi à satisfaire les besoins sociaux de ses membres et de leurs familles.
56
4. Structure de l’OTAN Afin de mieux comprendre le rôle spécifique joué par le SHAPE, il est important de passer en
revue la structure générale de l’Alliance Atlantique.
4.1. Quartier Général de l’OTAN Au sommet de la pyramide hiérarchique de l’Alliance se trouvent deux organes principaux,
l’un civil, représentant la face politique de l’OTAN et nommé Conseil de l’Atlantique Nord,
et l’autre, appelé Comité militaire, chapeaute sa face purement militaire.
4.1.1. Conseil de l’Atlantique Nord (CAN)
Le CAN est composé des représentants des Etats-Membres de l’OTAN, il s’agit de l’organe
de décision le plus élevé de l’Alliance. Le conseil est présidé par le Secrétaire-Général de
l’OTAN, Mr. Jens Stoltenberg (depuis le 01 Octobre 2014). Le rôle de ce dernier est
essentiellement politique puisqu’en plus de sa fonction de représentation et porte-parole de
l’OTAN, il est de sa responsabilité d’aider à la formation d’un consensus entre les divers
intérêts et désirs des Etats-membres de l’Alliance. Ces derniers sont habituellement
représentés au Conseil par leur Représentants Permanents (PERM. REP's), bien qu’il arrive
que les réunions prennent place à un plus haut niveau lorsque les ministres de la Défense ou
des Affaires Etrangères, voire même les Chefs d’Etats et de Gouvernements siègent au
Conseil. Les travaux du conseil sont préparés en amont et supportés par une équipe
internationale de personnel civil qui se répartit dans plus de 300 comités.
4.1.2. Comité militaire
Face au Conseil de l’Atlantique Nord, le Comité Militaire représente son équivalent dans la
sphère militaire en tant que plus haute instance de décision. Il se compose des Chefs de
Défense des Membres de l’OTAN, les plus hauts dirigeants de chacune des armées nationales.
L’interaction entre le CAN et le Comité Militaire est double. Présidé par le Général Knud
Bartels, et assisté par une équipe de personnel militaire international, ce Comité a pour
principale tâche de traduire les considérations politiques et décisions prises par le CAN en
principes directeurs militaires mais aussi de conseiller le CAN dans tout ce qui relève des
affaires militaires.
57
4.2. Commandements Stratégiques
Juste en-dessous du niveau de décision du Conseil de l’Atlantique Nord et du Comité
Militaire se trouvent deux commandements stratégiques : le Commandement Transformation
et le Commandement Opérations.
4.2.1. Commandement Allié de Transformation (Allied Command Transformation, ACT)
Situé à Norfolk, Virginie (USA), le Quartier Général est dirigé par le Général français Jean-
Paul Palomeros, Commandant Allié Suprême pour la Transformation (Supreme Allied
Commander Transformation, SACT). Ce commandement est chargé de la promotion et de la
supervision de la transformation continuelle des forces et capacités de l’Alliance,
principalement en ce qui concerne les questions de recherche sur la formation mais surtout et
aussi le développement des concepts et de la doctrine stratégiques.
4.2.2. Commandement Allié des Opérations (Allied Command Operations, ACO)
Commandé par le Général américain Philip M. Breedlove dans son rôle de Commandant
Suprême Allié en Europe (Supreme Allied Commander Europe, SACEUR), le siège de ce
Commandement se trouve à Casteau, au SHAPE. Le SACEUR est responsable pour toutes les
opérations militaires de l’Alliance, de leur direction générale tout autant que de leur
exécution.
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5. Rôle du SHAPE
5.1. Approche symbolique
Source: Allied Command Operations Website, Home, About SHAPE, Brief History, The Crest
L’esprit du SHAPE se retrouve assez bien résumé par l’identité visuelle qu’a commandée son
premier dirigeant suprême, le Supreme Allied Commander Europe (SACEUR) et Général
d’armée, Dwight D. Eisenhower. Tout d’abord, avec pour devise: « La vigilance est le prix de
la liberté » (Vigila Pretium Libertatis), le SHAPE rappelle que sa mission, en tant qu’organe
suprême du Commandement Allié des Opérations (Allied Command Operations, ACO) est de
préparer, planifier, et exécuter des opérations militaires jointes et combinées afin d’atteindre
les objectifs militaires de l’Alliance Atlantique.
Du côté de la symbolique, le fond vert foncé représente « les paisibles bois et champs
d’Europe ». Dessus, on retrouve au premier plan deux épées d’or dégainées qui évoquent la
force nécessaire à la préservation de la paix et dont le positionnement forme la lettre A pour
« Alliance ». Toutefois, ce symbole guerrier est adouci par la présence de deux rameaux
d’olivier en or qui renvoient à l’engagement des pays membres de l’OTAN pour la paix.
Enfin, derrière les épées se trouvent 12 palmes d’argent qui jaillissent des rameaux d’olivier.
Représentant les 12 membres originaux de l’Alliance qui ont signé le traité de Washington en
1949, leur position reproduit un rayonnement, symbole d’espoir.
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5.2. Grand Quartier Général des Puissances Alliées en Europe (Supreme Headquarter Allied Powers Europe, SHAPE)
Source : Commandement Allié Opérations, La structure de commandement militaire
En tant que siège du SACEUR, le Commandant Suprême des Opérations Alliées, le SHAPE
est l’endroit où se prennent les décisions stratégiques concernant toutes les opérations de
l’OTAN. Le SACEUR est assisté par un Groupe de Commandement, des Directions
Générales et un Personnel Spécial. Au sein du groupe de Commandement, le SACEUR est
aidé par son Député (Deputy SACEUR, DSACEUR) et son Chef du Personnel (Chief of Staff,
COS). Ces dirigeants sont tous des généraux quatre étoiles. Alors que le SACEUR est
américain, les postes de DSACEUR et de COS sont alloués respectivement au Royaume-Uni
et à l’Allemagne, tandis que le COS est suppléé par un Vice Chef du Personnel (Vice COS,
VCOS) qui est un général trois étoiles français. Quant aux Directions Générales (DGs), elles
sont au nombre de cinq (Opérations/renseignements, Plans de capacités/politiques, Force à
disposition, Support, Coopération), chacune dirigée par un Député COS (DCOS) et
supervisant plusieurs départements subordonnés.
Le SHAPE est responsable du niveau de décision stratégique. Il se trouve au sommet de la
pyramide du commandement des opérations. Au niveau inférieur se trouve le niveau opératif,
assuré par l’un des quartiers généraux du commandement des forces alliées qui sont
subordonnés au SHAPE. Enfin, chacun de ces QG supervise une/des opération(s) sur le
terrain au niveau tactique.
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Le SHAPE est donc responsable pour l’ensemble de la gamme des missions militaires de
l’Alliance. Il assure le commandement et le contrôle de tous les quartiers généraux, qu’ils
soient fixes ou déployables, mais aussi, celui des forces interarmées (un commandement
unique mais plusieurs armées, exemple, terre et mer ou mer et air) et des forces
multinationales (agrégat de forces venant de plusieurs pays mais opérant sous un
commandement unique). Le niveau opératif a, quant à lui, principalement deux
commandements de forces interarmées permanents (Allied Joint Forces Centers, JFC) à
Brunssum (JCF-B) aux Pays Bas et à Naples. Ces commandements se chargent de la
planification mais surtout de la conduite et du soutien dans la durée d’opérations de l’OTAN.
Enfin, le niveau tactique comprend des commandements d’armée (terrestre, maritime, aérien)
qui soutiennent le travail des commandements de forces interarmées du niveau opératif.
61
6. Operations en cours
6.1. Afghanistan – International Security Assistance Force (ISAF)
En Afghanistan, la principale mission de l’OTAN est d’aider le gouvernement en place à
parvenir progressivement à une gouvernance effective. L’ISAF, International Security
Assistance Force, a été créée d’après la Conférence de Bonn, celle-ci s’est déroulée en
décembre 2001, après la chute des Talibans. L’objectif de la Conférence était de mettre en
place un pouvoir intérimaire, destiné à être dissous une fois que la "Loya Jirga", l’assemblée
du peuple afghan, aurait constitué un pouvoir transitoire. Le sommet de Bonn a ouvert la voie
vers une coopération tripartite entre l’autorité transitoire afghane, l’ISAF et l’UNAMA-
United Nations Assistance Mission in Afghanistan ou la Mission d’Assistance des Nations
Unies en Afghanistan.
L’on peut considérer l’ISAF comme une opération internationale, menée par l’OTAN, qui
dispose d’un mandat de maintien de la paix prévu dans le chapitre 7 de la charte des Nations
Unies. D’ailleurs 12 résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU ont été votées en lien avec
l’ISAF.
La mission originelle de l’OTAN en Afghanistan était la démilitarisation d’ici la fin de 2014.
Cependant, durant le Sommet de l’OTAN de Chicago, les dirigeants se sont mis d’accord sur
une transformation de la tâche de l’ISAF d’un rôle de combat vers un rôle de formation des
troupes afghanes. L’ISAF aidera donc l’armée nationale à s’entrainer, afin que, dans un avenir
proche, elle puisse se débrouiller seule.
L’ISAF, repose sur 3 piliers : la sécurité, la gouvernance et le développement.
- La sécurité : L’ISAF se charge de mener des opérations de sécurité et de stabilisation, en
soutien à l’armée nationale afghane ainsi qu’à la police. Parmi ses tâches se trouvent le
désarmement des groupes armés illégaux, la facilitation de l’encadrement des dépôts de
munitions et enfin la fourniture d’assistance post-opérationnelle.
- La gouvernance : Grâce à l’ISAF, pour la première fois, des élections transparentes ont été
organisées. Cependant, comme l’histoire le démontre, des élections ne mènent pas
toujours à un résultat désirable. Ainsi, après avoir dûment d’abord recompté des votes
entachés de suspicions de fraudes, voilà que ce 20 août 2014, le New York Times publie
un article dénonçant l’éventualité d’un coup d’état mené par certains membres de
l’administration du président Karzaï. L’Afghanistan semble donc encore loin d’avoir
62
atteint sa destination sur sa quête de la bonne gouvernance, malgré le concours de
l’ISAF.
- Le développement : La communauté internationale craint que l’Afghanistan ne cesse de se
développer après le retrait des troupes internationales. Le défi consiste donc à créer une
structure économique propre à l’Afghanistan. Des systèmes de contrôle
d’investissement sont d’ailleurs en cours d’élaboration afin d’éviter et même de réduire
la corruption présente dans le pays.
6.2. Corne de l’Afrique – Opération Ocean Shield
A côté de l’ISAF, le SHAPE mène également des opérations pour contrer la piraterie dans la
Corne de l’Afrique. En effet, les attaques des pirates menacent le commerce international en
empêchant l’accès sain et sauf aux voies du commerce maritime. Cette Opération "Ocean
Shield" n’est pas la première opération menée par l’OTAN pour lutter contre les pirates dans
l’ouest de l’Océan Indien. Elle succède aux opérations Allied Provider et Allied Protector.
Pour parvenir à ses fins, l’OTAN déploie non seulement des navires destinés à intimider les
éventuels pirates présents dans les parages, mais elle sécurise également les bateaux d’aide
humanitaire, souvent victimes de ces criminels, afin de s’assurer qu’ils parviennent à bon
port. L’opération fournit aussi de l’assistance aux pays de la zone touchée pour que ceux-ci
puissent lutter eux-mêmes contre ces actes de piraterie.
Avec l’évolution de la technique et les interventions croissantes de divers organismes (dont
l’UE), l’Opération Ocean Shield se focalise dorénavant sur certains points de la lutte anti-
pirate, tels l’usage de la force et le placement de balises sur des navires suspects.
6.3. Kosovo – Kosovo Force (KFOR)
En 1999, la Résolution 1244 du Conseil de Sécurité de l’OTAN autorisait une intervention
militaire et civile au Kosovo suite à la guerre qui avait éclaté entre Serbes et Albanais.
L’objectif de cette résolution était, selon Bernard Kouchner, « [non] pas uniquement de
rétablir la paix et d’assurer le retour des populations chassées par la guerre, mais de
reconstruire une société complètement disloquée, de créer un environnement démocratique,
de remettre sur pied une économie ruinée et d’assurer la renaissance d’une culture dont le
63
droit à l’existence a trop longtemps été nié. »
Cette Résolution était l’amorcement de la création de la KFOR ou Force internationale de
sécurité. Cette opération de l’OTAN, mandatée par l’ONU, a pour mission de sécuriser et
pacifier la région. Ses objectifs sont l’instauration de l’ordre pour recouvrir un environnement
sécurisé, le soutien de l’aide humanitaire internationale, l’assistance d’une démocratie et
l’appui au développement des forces de l’ordre. Pour ce faire, la KFOR disposait de larges
pouvoirs, qui allaient jusqu’à la possibilité de détenir des personnes ou établir des couvre-
feux.
Au départ, sa mission était principalement de désarmer l’armée libératrice du Kosovo et de
dissuader d’éventuelles attaques serbes ou yougoslaves. Toutefois, maintenant que le calme
est revenu et que l’Alliance est parvenue à installer un climat plus sécurisé, la présence des
troupes de l’OTAN diminue progressivement.
6.4. Méditerranée – Opération Active Endeavour (OAE)
La mission de l’OAE est de contrer le terrorisme dans la Méditerranée. Depuis fin 2001, après
les attentats du 11 septembre, l’OTAN y mène donc des opérations maritimes. L’OAE est la
seule mission en cours de l’OTAN que l’on puisse classer sous l’article 5 du Traité. Sa
fonction de contre-terrorisme a pris de l’ampleur et a été de plus en plus détaillée au cours des
dernières années.
Dans le cadre de cette opération, l’OTAN inspecte les bateaux suspects, ce qui assure une
plus grande sécurité non seulement dans la région du pourtour de la Méditerranée, mais
également en haute mer. Actuellement, l’opération mène davantage une approche axée sur les
réseaux, et ne se base plus sur des unités permanentes. En effet, aujourd’hui on compte plus
de 63 pays faisant partie d’un réseau de partage d’information. A la place de ces unités
permanentes, ce sont donc des équipes de secours et des troupes de renfort qui les remplacent.
64
7. Comprehensive Crisis Operation Management Centre
Source: Colonel BEM Jean-Luc Pire, NATO UNCLASSIFIED CCOMC Briefing, 03.07.2014
A la suite du Sommet du Conseil de l’Atlantique Nord à Lisbonne en 2010, l’OTAN a adopté
un nouveau Concept Stratégique, définissant la voie que l’Alliance prendrait pour les dix
prochaines années. Afin d’opérationnaliser ce mandat, le SHAPE a établi le CCOMC
(Comprehensive Crisis Operation Management Centre). Le défi pour le SHAPE et cette
nouvelle structure reste d’améliorer la gestion de l’OTAN des évènements internationaux
alors que la tendance en matière budgétaire et de ressources reste à la baisse.
L’objectif de ce nouveau centre est donc de promouvoir une approche globale et intégrée de la
gestion des crises afin de renforcer les capacités du commandement de l’OTAN, dirigé par le
SACEUR, de penser (être prêt à réagir), de planifier (donner les instructions et directives) et
d’agir stratégiquement (donner les ordres pratiques).
Le processus développé par le CCOMC se définit en cinq éléments. Il ne s’agit pas d’étapes
ou de paliers ou même de phases mais plutôt d’éléments principaux « au cœur » du processus.
La réalité du développement d’une crise ainsi que l’élaboration de la réponse à lui apporter
passent donc d’un élément à l’autre, de manière assez libre en fonction des évènements et des
ordres et/ou directives reçues du CAN et/ou du SACEUR. Il se peut donc que chaque élément
principal recouvre des questions multiples.
65
Par exemple, une crise émergente peut être identifiée mais ne jamais se développer plus loin
ou elle peut au contraire directement passer à l’estimation des moyens et options avant de
revenir à l’élément d’identification… ou même rester indéfiniment au sein de l’estimation des
moyens et options sans jamais plus évoluer plus loin. Ce détail est particulièrement important
pour l’OTAN depuis que l’Alliance essaie d’augmenter son efficacité en matière
d’identification des crises mais aussi en matière d’évaluation de sa propre approche des crises.
Ceci reste cohérent avec sa volonté de mettre en avant les actions préventives et de précaution
afin d’endiguer à un stade précoce l’évolution d’un risque en crise voire et même de
rechercher des alternatives à l’intervention militaire.
L’identification de la crise : grâce à des équipes de monitoring spécialisées par espace
stratégique (Moyen-Orient, Afrique du Nord, etc.), le CCOMC remet des rapports et
conscientise le SACEUR sur l’état d’une situation dans une région.
L’estimation des moyens et les différentes options de réponse : Le CCOMC évalue les
moyens adaptés à la situation qui sont à la disposition de l’OTAN. Il évalue également
la situation de manière stratégique et élabore les différentes options de réponses
stratégiques.
La décision sur la manière d’aborder la crise : Parmi les options présentées par le
CCOMC, le SACEUR choisit un plan d’action et lui demande de le développer ou de le
réviser. Il s’agit aussi de planifier et de transmettre ces directives stratégiques aux
quartiers généraux subordonnés.
Les opérations en cours : Cet élément passe en revue les opérations et les missions
périodiques afin d’adapter si nécessaire leurs directives stratégiques, ce qui peut résulter
soit en l’arrêt de l’opération ou de la mission, soit en des dispositions transitoires visant
à l’arrêt progressif de l’opération.
La procédure d’évaluation constante et de révision : Cette fonction, contrairement aux
autres, est transversale. Il s’agit de remettre en question l’ensemble du processus et de
chercher à améliorer chaque élément grâce au feedback de la société civile, mais aussi
celui des évaluations d’opérations et des leçons tirées de l’expérience du terrain.
66
8. Conclusion FR : Peut-être est-ce parce qu’il est arrivé en Belgique dans des conditions historiques plutôt
précipitées mais le SHAPE y reste méconnu alors qu’il joue un rôle majeur au sein de
l’Alliance Atlantique. Pourtant, ce quartier général constitue la tête pensante de
l’organisation, contrôlant au plus haut niveau les opérations de l’OTAN. Sa contribution le
situe au cœur de la structure de décision, car le SHAPE fait directement le lien entre le niveau
de décision politique et l’opérationnalisation sous forme d’opérations menées sur le terrain
par l’Alliance. De plus, avec la création du CCOMC, le SHAPE s’est doté des outils adéquats
afin de prendre en compte la dimension globale et intégrée de la gestion des crises, ce qui
devrait aider l’OTAN d’améliorer la qualité de ses opérations en cours.
NL: Misschien is de historische context van de SHAPE de reden waarom hij zozeer miskend
is gebleven, maar het is een feit dat deze instelling voor het grote publiek verborgen blijft,
alhoewel het een belangrijke rol speelt binnenin de NAVO. Nochtans vormt dit hoofdkwartier
het "brain" van de organisatie, het controleert inderdaad op hoogste niveau de operaties
binnen de NAVO. Zijn bijdrage bevindt zich in het hart van het beslissingsproces, aangezien
de SHAPE rechtstreeks de link maakt tussen het niveau van de politieke beslissing en het tot
stand brengen van operaties (door de NAVO uitgevoerd) op het terrein. Verder is de SHAPE,
met de oprichting van het CCOMC, uitgerust met de nodige instrumenten om de globale
dimensie van het crisisbeleid in rekening te houden, wat de NAVO zou moeten helpen zijn
huidige operaties te verbeteren.
EN: Maybe is it due to its arrival in Belgium under rather hasty historical circumstances but
the SHAPE remains largely unknown to the general public while it plays a major role within
the Atlantic Alliance. Although its Headquarters can be considered as the mastermind of the
organization, overseeing NATO operations at the highest level. Its input places the SHAPE at
the very heart of the decision-making process since it constitutes the direct link between the
highest political level and the Alliance’s operations taking place on the ground. Moreover,
with the creation of the CCOMC, the SHAPE acquired adequate tools to take into account the
global and integrated dimension of crisis management, which should in turn help NATO to
further improve the quality of its future operations.
67
9. Bibliographie
9.1. Sites Internet de l’OTAN
9.1.1. Site de l’OTAN
• Commandement Allié Opérations (ACO), Site Internet de l’OTAN, Page d’accueil,
L’OTAN de A à Z, http://www.nato.int/cps/fr/natolive/topics_52091.htm, consulté le 10
Octobre 2014.
• Déclaration du Sommet de Chicago concernant l’Afghanistan, Site Internet de l’OTAN,
Page d’accueil, Digithèque, Documents officiels,
http://www.nato.int/cps/fr/natolive/official_texts_87595.htm?mode=pressrelease,
consultée le 10 Octobre 2014.
9.1.2. Site du Commandement Allié Opérations
• About ACO, NATO Allied Command Operations Website, Home, About ACO,
http://www.aco.nato.int/about.aspx, accessed on 10 October 2014.
• Current Operations, NATO Allied Command Operations Website, Home, Operations,
Current Operations, http://www.aco.nato.int/ongoingoperations.aspx, accessed on 10
October 2014.
• Military Command Structure, NATO Allied Command Operations Website, Home, About
ACO, Organisation, Military Command Structure,
http://www.aco.nato.int/military_command_structure.aspx, accessed on 10 October 2014.
• NATO Allied Command Operations Website, http://www.aco.nato.int, accessed on 10
October 2014.
9.1.3. Site du SHAPE
• About SHAPE, NATO Allied Command Operations Website, Supreme Headquarters
Allied Powers Europe, Home, About SHAPE,
http://www.aco.nato.int/page12962545.aspx, accessed on 10 October 2014.
68
• The Crest, NATO Allied Command Operations Website, Supreme Headquarters Allied
Powers Europe, Home, About SHAPE, Brief History, The Crest,
http://www.aco.nato.int/page146105015.aspx, accessed on 10 October 2014.
• SHAPE, NATO Allied Command Operations Website; Supreme Headquarters Allied
Powers Europe, Home, http://www.aco.nato.int/shape.aspx, consulté le 10 October 2014.
• Structure, NATO Allied Command Operations Website, Supreme Headquarters Allied
Powers Europe, Home, Structure, http://www.aco.nato.int/page15433057.aspx, accessed
on 10 October 2014.
9.2. Briefings lors de la visite de la COB au SHAPE
• Colonel BEM Jean-Luc Pire, NATO UNCLASSIFIED ACO Briefing, présenté au
SHAPE le 03 Juillet 2014.
• Colonel BEM Jean-Luc Pire, NATO UNCLASSIFIED CCOMC Briefing, présenté au
SHAPE le 03 Juillet 2014.
9.3. Autres documents
• Accord Belgique-SHAPE, Loi du 22 janvier 1970, in: Moniteur belge, 26 juin 1970,
http://diplomatie.belgium.be/nl/binaries/6e Akkoord België-Shape 1967_tcm314-
209953.pdf, consulté le 10 octobre 2014.
• Agreement on Provisional Arrangements in Afghanistan pending the re-establishment of
permanent government institutions, UN Talks on Afghanistan, Bonn, 5 December 2001,
http://www.un.org/News/dh/latest/afghan/afghan-agree.htm, accessed on 10 October 2014
(Version française: http://mjp.univ-perp.fr/constit/af2001.htm, consultée le 10 octobre
2014).
• CRISP, « Le transfert du Shape et du Conseil de l'Otan en Belgique », in: Courrier
Hebdomadaire, n°357, 1967, pp. 347-368.
• Kouchner, B., « Le défi posé par la reconstruction du Kosovo » [archive], in: Revue de l'OTAN, Edition Web, Vol. 47 - No. 3, Automne 1999, p. 12-15.
69
70
71
The Comprehensive Approach?!
NAVO 3.0
Yvan Dheur
72
73
INHOUDSTAFEL 1. INLEIDING ..................................................................................................................... 74 2. WAAROM DE COMPREHENSIEVE AANPAK ? .................................................... 75 3. STRUCTUUR EN ORGANISATIE. ............................................................................. 77 4. BACKGROUND INTEL. ............................................................................................... 79 5. CONCLUSION FR / CONCLUSIE NL / CONCLUSION GB ................................... 80
5.1 CRITISCHE CONCLUSIE. ................................................................................................. 80
5.2 CONCLUSION CRITIQUE. ................................................................................................. 82
5.3 CRITICAL CONCLUSION. ................................................................................................. 86
BIBLIOGRAPHIE / BIBLIOGRAFIE ................................................................................ 90
74
1. Inleiding
De wereld evolueert exponentieel in complexiteit, zo ook de NAVO.
De basisstructuur evenals de historische context van de NAVO is inmiddels in vorige
rapporten uitvoerig beschreven geweest. In zeer kort, de NAVO is een militaire unie van
landen die de verbintenis aangaan om elkaar te beschermen indien één van de landen van de
Unie word aangevallen. De organisatie is historisch gegroeid tijdens de Koude Oorlog. Ze
heeft recent een existentiële crisis doorgemaakt en heeft intern een debat gevoerd van hoe
zichzelf te actualiseren en hoe de toekomst aan te pakken. De zakenwereld heeft zich sinds de
jaren ’90 geconcentreerd op kwaliteitsverbetering. De staatssector heeft snel daarna gevolgd
met een periode van kwaliteitsevaluatie en kwaliteitszorg. Het is nu de beurt aan de militairen.
Zij dienen thans beter en efficiënter te kunnen inspelen op moderne conflicten en gevaren in
de wereld.
De ‘Comprehensive Approach’ is een mutatie van de NAVO om op een meer efficiënte
manier te kunnen inspelen op de toekomst, met andere woorden, hoe het onvoorspelbare toch
nog te kunnen voorspellen. De aanpak werd door de NAVO van de EU overgenomen die dit
aanwendt als stimulans om internationale samenwerkingsverbanden aan te maken of te
versterken.
Is de NAVO up to date? Kan de NAVO een efficiënte aanpak bieden op de toenemende
complexiteit waarmee wereldcrisissen en dreigingen evolueren? Kan men een hoofdzakelijk
militaire defensieve alliantie omvormen in een modern instrument van verandering van de
wereld?
75
2. Waarom de Comprehensieve Aanpak ? Indien men de geschiedenis van conflicten en oorlogen bestudeerd kan men niet anders dan
opmerken dat er grote verschuivingen plaatsvinden in de wijze waarop groeperingen, landen,
legers, burgers, ‘terroristische’ groeperingen, cybercriminelen, maffia’s, staten, religieuze
groeperingen, ethnieën, volkeren, taalgroepen enzomeer met elkaar in conflict treden. De
redelijk eenvoudige schakering van Duitsers tegen het verzet of Russen tegen Amerikanen
zoals we die in het verleden hebben gekend blijkt ver weg te zijn van de ingewikkelde realiteit
van hedendaagse conflicten. Conflicten blijken een conglomeraat te zijn van de verschillende
potentiële hierboven vernoemde doelgroepen waaraan andere variabelen toegevoegd zijn
zoals soevereiniteit van staten, zeggenschap van internationale geledingen, internationaal
recht en rechtspraak, Mensenrechten mechanismes, de “rule of law”, verschuiving van de
macht en decentralisatie, controle mechanismes over verkiezingen, humanitair recht en
crisissen, computergestuurde instabiliteit, en nog vele anderen die de vroeger eenvoudige
militaire strategie hebben omgevormd tot een complex technocratisch en diplomatisch
schouwspel. De regels van het spel zijn veranderd maar de “rules of engagement” zijn lang
onveranderd gebleven. Deze vaststelling heeft geleid tot een invraagstelling van het leger, en
meer specifiek de NAVO.
De NAVO is gaan beseffen dat ze veel nauwer moet samenwerken met internationale en
lokale actoren. De NAVO is eveneens tot het besef gekomen dat ze zich meer zou moeten
toespitsen op een efficiëntere ‘crisis management’, op constructieve state-building,
ontwikkelingssamenwerking, Cyber bescherming, politiewerking en de rechtstaat in plaats
van een eenvoudig militaire offensieve of defensieve strategie.
Deze vaststelling is al in 2008 tijdens de Bucharest Summit Declaration1 (deel 4, 6, 11, 16,
37, 44, 45) besproken maar de eerste formele teksten die deze verschuiving heeft bekrachtigd
dateren van 2010, de Lisbon treaty2(deel 2, 8, 9) en tenslotte nogmaals herbevestigd in de
Chicago Summit Declaration van 2012 (deel 5 en 18).
Dit concept werd zeer uitvoerig besproken in NAVO-kringen, het bewijs zijn de 713 links die
men verkrijgt bij het uitvoeren van een zoekopdracht in het publieke NAVO zoeksysteem3. De
1 http://www.nato.int/cps/en/SID-D1453C0E-DCF302EF/natolive/official_texts_8443.htm?selectedLocale=en 2 http://www.nato.int/cps/en/natolive/official_texts_68828.htm?selectedLocale=en 3 http://www.nato.int/cps/en/natohq/search.htm
76
basisteksten zijn beperkter in aantal en kunnen tot 8 teksten herleid worden4.
4 http://www.natolibguides.info/comprehensiveapproach/documents
77
3. Structuur en Organisatie. In haar communicatie verduidelijkt de NAVO Comprehensive Approach5 in vijf elementen:
1. de NAVO draagt haar steen bij aan de alomvattende aanpak van de internationale
gemeenschap in militaire operaties en crisismanagement.
2. Politieke, burgerlijke en militaire instrumenten moeten worden geïntegreerd in de
planning en uitvoering van de operaties.
3. De samenwerking met partnerlanden, internationale organisaties, niet-
gouvernementele organisaties en lokale autoriteiten moet worden versterkt.
4. Dit verschuivend werk baseert zich op de ervaring van de operaties in de Balkan, Libië
en Afghanistan.
5. Institutionele partners zijn: UN, EU, OSCE, African Union, ICRC, IOM.
Dit plan wordt geoperationaliseerd in vier actiegebieden6:
1.Planning en uitvoeren van operaties.
De NAVO wenst zich ten volste te engageren betreffende alle militaire en niet militaire
aspecten van crisismanagement en wenst praktische samenwerking te bevorderen door middel
van het duidelijk stellen van doelstellingen en strategieën evenals verbeterde coöperatieve
planning. De NAVO onderschrijven het feit dat stabilisatie en reconstructie het best word
ondernomen door gespecialiseerde instanties, hoewel afhankelijk van omstandigheden de
mogelijkheid moet worden voorzien dat dit zonder NAVO-hulp zou moeten kunnen worden
gerealiseerd. Een database van civiele experten werd in 2009 aangemaakt om te benutten
waar nodig (Comprehensive Approach Specialist Support7).
2.Geleerde lessen, training, opleiding en oefeningen.
De alomvattende aanpak betekent een verschuiving van hoe de NAVO werkt. Ten gevolge
zou de nadruk worden verschoven naar training van burger en militaire personeel. Deze
opleidingen weerhouden een nauwere vertrouwensopbouw met de internationale partners en
de lokale actoren met als doel een meer efficiënte coördinatie te bewerkstelligen. Deze aanpak
biedt tevens de mogelijkheid om internationale partners uit te nodigen in NAVO oefeningen
5 http://www.nato.int/cps/en/natolive/topics_51633.htm 6 http://www.nato.int/cps/en/natolive/topics_51633.htm 7 http://www.nato.int/cps/en/natohq/official_texts_78314.htm punt 14.
78
om kennis en ervaringen uit te wisselen.
3.Implementatie van de samenwerking met externe actoren.
Duurzaam wederzijds begrip, vertrouwen, zelfzekerheid en respect verkrijgen tussen de
relevante actoren zal de inspanningen van alle actoren efficiënter maken. De NAVO werkt in
die zin aan meer hechte bindingen door op regelmatige basis, en in respect met, de autonome
besluitvormingsprocessen van alle externe actoren.
Samenwerkingsverbanden worden in deze optiek aangesterkt tussen NAVO en de VN, VN-
agentschappen, de EU, de OSCE, de Wereldbank, de ICRC, de IOM, de Afrikaanse Unie en
de liga voor Arabische Staten.
4. Communicatie naar het grote publiek.
Deze alomvattende aanpak moet vervolledigd worden met een duurzame en coherente
communicatie indien het effectief wenst te zijn.
De aanzet is een duidelijke actualisering van de NAVO.
79
4. Background Intel. Texte Relevante teksten die de aanpak verder uitdiepen;
-Tekst die het ontstaan van de beweging in beeld brengt:
http://www.NAVO.int/docu/review/2007/Military_civilian_divide/NAVO_cooperation_intern
ational_organizations/EN/index.htm
-Zeer communicatieve pagina van de NAVO ten gevolge van de voornoemde ‘publieke
communicatie’ http://www.NAVOlibguides.info/comprehensiveapproach
- Crisismanagement dimensie van Comprehensive Approach:
http://dspace.africaportal.org/jspui/bitstream/123456789/27690/1/Comprehensive%20Approa
ch%20-
%20Challenges%20and%20opportunities%20in%20complex%20crisis%20management.pdf?
1
-EU versie van Comprehensive Approach: http://europa.eu/rapid/press-release_IP-13-
1236_en.htm
-Vertaling van concept naar daden:
http://kina.um.dk/en/~/media/Kina/AmbassadorCorner/2013/The%20Comprehensive%20App
roach%20Initiative/From%20Comprehensive%20Approach%20to%20Comprehensive%20Ca
pability.pdf
-Pdf dossier over de operationalisering:
www.arrc.NAVO.int/systems/file_download.ashx?pg=3312&ver=1
80
5. Conclusion FR / Conclusie NL / Conclusion GB 5.1 Critische Conclusie.
Kritische Conclusie.
Jullie uitleggen wat online kan gevonden heeft weinig zin. Wel hoort men bij Olivaint een
redenering te leren opbouwen die in de richting van beter bestuur zou moeten gaan,
vergelijkbaar met de finaliteit van Comprehensive Approach en zichzelf kritisch analyseren
om te verbeteren.
Vooreerst enkele details van de publieke informatie. De pagina op de NAVO website
(http://www.NAVOlibguides.info/comprehensiveapproach) die als doel heeft de
Comprehensive Approach begrijpelijk te maken voor het grote publiek verwijst naar een
wetenschappelijke tekst waarvan de link niet werkt (error scherm verschijnt).
(http://www.humansecuritygateway.com/documents/IRSEM_TheComprehensiveApproachto
CivilMilitaryCrisisManagement.pdf ). Een zeer slecht begin.
De andere teksten die men terug vind op NAVO websites zijn stroef en stijf, ze vertellen
weinig of niets nieuws of relevant, tenzij deze geschreven door academici die dan vaak weer
veel te veel woorden gebruiken om een eenvoudige context zo complex mogelijk te
verwoorden. Evenwicht tussen een doelgerichte en efficiënte communicatie, maar toch met
een zeker gehalte aan innovatieve informatie is zoek. Voorstanders van eenvoud en
voorstanders van complex academisch rationalisme zouden deze kritiek weinig gefundeerd
vinden. Innovatieve vooruitstrevende ideeën kort en bondig aanbrengen blijkt een moeilijke
intellectuele oefening, met het oog op een ‘publieke communicatie’.
De NAVO is op zoek naar haar identiteit en naar een doel. Het instrument is zeer sterk en had
een belangrijke functie tijdens de koude oorlog maar vandaag beleven ze een existentiële
crisis. Deze “comprehensive approach” komt over als een zoeken naar een redding, als
zoeken naar een reden van bestaan voor de organisatie. Het feit van zoeken naar een finaliteit
is op zich niet slecht maar voor een organisatie dat zo veel geld kost aan de gemeenschap en
niet echt meer weet waarvoor het bestaat roept vragen op: moet een dergelijke alliantie
behouden blijven. Het concept van ‘Responsability to Protect’ liet toe om in te grijpen in
landen die geen deel uitmaken van de NAVO. Zou het dan niet nuttiger zijn in dergelijke
omstandigheden de alliantie te laten versmelten met de “Peace Keeping Operations” van de
81
VN of te laten integreren in een Europese krijgsmacht?
Een militaire unie an sich vind ik als grote voorstander van de Universele Verklaring van de
mensen en van de Verenigde Naties (minstens een leider van alle landen van de wereld die
gezamenlijk de wereld vrede betrachten) een bedenkelijk concept in de zin dat het vertrekt
vanuit een militaire, gewapende visie van de wereld en men kan hopen dat door middel van de
evolutie van de mensheid men ooit zou moeten kunnen samenleven zonder de behoefte te
hebben geschillen met wapens te beslechten. Hoewel het ontegensprekelijk is dat er in de
wereld ontelbare maatschappelijke visies bestaan die vaak moeilijk verenigbaar zijn met
elkaar, toch kan ik me niet van het idee ontdoen dat de diplomatische weg productiever is dan
die van de getrainde wapendragers. Naast het verwerpelijke en verfoeibare van de oorlog vind
ik het bedenkelijk om een militaire alliantie te handhaven als reactie op het bestaan van een
(politieke) vijand. Dat een kapitalist een communist niet wilt begrijpen en omgekeerd wijst op
een kortzichtige politiek wetenschappelijk kleingeestigheid maar dat men een militaire
krachtig orgaan aanmaakt op basis van dat politicologische onbegrip, dat getuigd van weinig
goed bestuur en weinig rationele culturele inzichten. Hiermee word niet bedoeld dat
communisme noch kapitalisme juist of fout zijn. Integendeel! Deze twee visies op de
organisatie van de maatschappij leven in vele staten sinds eeuwen naast elkaar, maar dat men
die dichotomie zo uitspeelt dat het een vijandigheidgevoel creëert bij medemensen is het
bewijs van een regressieve opbouw van de maatschappij in de ontstaansjaren van de NAVO.
Los van de bestaansredenen van de NAVO zou ik nu de Comprehensive Approach willen
kritisch belichten. Comprehensive, ‘compréhensible’, verstaanbaar of begrijpbaar enerzijds en
anderzijds Approach, approche, aanpak. Een begrijpende aanpak als basis filosofie om de
toekomst van een zeer dure organisatie. Dit zou perfect passen in een humoristische show
eigenlijk. Klinkt het niet vanzelfsprekend? Is het niet té vanzelfsprekend dat men een
‘begrijpbare’ of ‘begrijpende’ aanpak wenst te gebruiken als ontologisch model? Alsof men
voordien niet begrijpend de zaken aanpakte? Ik stel me vragen of de gekozen terminologie
niet té voor de hand liggend is? Uiteraard wenst men crisissen te begrijpen, oorlogen en
mutaties in stijlen van conflicten te begrijpen maar durven een richting te geven aan de
NAVO in functie van een ‘’begrijpende’’ aanpak lijkt me een affront ten eerste aan wat men
daar eerder deed, ten tweede aan het feit dat men het willen begrijpen als centrale term
gebruikt en tenslotte aan het feit dat het tegendeel van de gebruikte term niet denkbaar is voor
een internationale institutie. Alsof de NAVO opeens wenst te begrijpen waar het om gaat. Ik
begrijp dat de militaire wereld soms moeite heeft vooral de operationele mensen om vat te
82
krijgen op de complexiteit van het internationaal schouwspel maar de hele organisatie richten
naar het begrijpen van de situatie lijkt me een overdreven simplificatie van de realiteit. Zoals
Shakespeare zei: “What’s in a name?”
De finaliteit van Comprehensive Approach is om samenwerking met internationale instituties
te bevorderen. In 2005 is de NAVO begonnen zich vragen te stellen over hoe beter
samenwerken? De Berlijnse muur is in 1989 gevallen. Wat heeft men gedaan tussen 1989 en
2005 in het internationaal schouwspel? Deze ondervinding doet vragen reizen over de
efficiëntie en het nut van de NAVO. Men kan blij zijn dat ze 16 jaar nodig hebben gehad om
te merken dat hun doel was verdwenen en dat ze zichzelf moesten herpakken, maar tot dan
wachten om met de rest van de wereld te onderhandelen lijkt mij een beetje lang.
Het tweede doel van de Comprehensive Approach is actualisering. Alweer lijkt het mij
vreemd dat een internationale organisatie van die omvang het als hoofddoel durft te stellen dat
ze zich wenst te actualiseren. Wie niet evolueert regresseert per definitie omdat de wereld
evolueert. De meest omvangrijke militaire alliantie van de wereld die als centrale beleidslijn
stelt dat ze zich wensen aan te passen aan de hedendaagse tijden zegt hiermee ten eerste niet
up to date te zijn, ten tweede niet te hebben geëvolueerd in de afgelopen decennia en tenslotte
geeft blijk van nog minder relevant te zijn daar het nog altijd niet aangeeft welke richting ze
willen uitgaan. Ze zijn in een existentiële crisis en het enige dat ze vinden is dat ze graag mee
met de ontwikkelingen zouden willen evolueren, dit is naar mijn denken nog altijd geen reden
van bestaan, noch een richting waar men naar toe wil.
Ik besef dat ik harde woorden gebruik maar het doel van kritiek is niet de afbraak van een
concept maar een uitnodiging tot groei en evolutie. Het doel van de mensheid bestaat erin in
vrede samen te leven, onze verschillen in zeden en moraal zo te kunnen relativeren dat
samenleven mogelijk wordt. Is een militair instrument daarvoor noodzakelijk? Is een
begrijpende dimensie geven aan dit militair instrument de beste manier om ze te richten?
Ik dank de Olivaint genootschap om mijn geest te hebben helpen aanscherpen naar beter
bestuur en publiek spreken toe.
5.2 Conclusion Critique.
Vous expliquer ce qui peux être lu en ligne n’as pas ou peu de sens. La finalité de
83
l’expérience de la conférence Olivaint consiste à construire une opinion, à former un avis afin
d’intenter à une gouvernance plus responsable et critique. Cette finalité cohére avec la finalité
du ‘Comprehensive Approach’ de l’OTAN qui intente également à l’amélioration de la
qualité par l’analyse critique.
Pour commencer analysons le site d’information publique de l’OTAN qui nous informe sur la
‘Comprehensive Approach’ (http://www.NAVOlibguides.info/comprehensiveapproach). A
l’heure où ce texte a été produit la page réfère à un texte scientifique qui justifie comme une
clef de voute toute l’approche compréhensive. Malheureusement le lien ne fonctionne pas et
un écran d’erreur apparait ce qui pour une analyse critique constitue un très mauvais début.
(http://www.humansecuritygateway.com/documents/IRSEM_TheComprehensiveApproachto
CivilMilitaryCrisisManagement.pdf ).
Les autres textes que l’on retrouve sur le site de l’OTAN sont assez rigide et lourd voir quasi
indigérable, ils ne racontent peu ou rien d’innovant ou d’instructif sur le sujet à l’exception
des textes écrit par les académiciens qui eux à leur tour sont trop complexe et indigérable pour
un public non scientifique. En d’autre terme l’équilibre entre une communication efficace
avec un certain contenu innovant et instructif n’est pas présent. Les défenseurs de
communication ultra simpliste et ultra scientifique ne se retrouveront pas dans cette analyse.
L’idée est de promouvoir des idées innovantes, voir avant-gardistes et visionnaires de façon
limpide et clair semble être un des exercices les plus difficile pour un intellectuel mais
constitue l’essence de la communication publique.
L’OTAN est à la recherche d’une identité et d’un but. L’Instrument fut très puissant et
efficace pendant la guerre froide mais subit aujourd’hui une sorte de crise existentielle. Le
‘Comprehensive Approach’ donne l’impression d’une opération de sauvetage de l’OTAN,
d’un dernier ressort d’un organisme à la recherche de sa propre identité, d’un but dans la vie,
d’un raison d’être. Rechercher une raison d’être n’est en soit pas négatif, que du contraire,
cela reste l’activité la plus fondamentale de chaque être vivant, mais quand ce processus est
initialisé dans une organisation de cette envergure, qui coute autant d’argent à la communauté
et qui se demande bien à quoi elle sert, l’on est en droit de se demander si elle a vraiment une
raison d’être viable?! Le concept de responsabilité de protéger (Responsability to protect) a
permis d’intervenir dans les pays ne faisant pas partie de l’alliance. N’aurait-il pas été plus
judicieux à ce moment de fusionner l’alliance avec les PKO (Peace Keeping Operations de
l’ONU) ou bien encore de l’intégrer dans une “force armée Européenne”?
84
Le concept d’un ‘union militaire’ en soit est pour un fervent défenseur des droits Humains et
des Nation Unies (un chef d’état de tous les pays du monde qui se rassemble afin de tenter de
coexister en paix mondialement) un concept plus que questionnable dans le sens ou cet union
militaire implique une conception armée et militarisé du monde et que dans une perspective
d’évolution de la civilisation humaine l’on puisse se demander si la lutte armée, que les
conflits armée doivent impérativement faire partie du mode organisationnel du monde. En
d’autre terme, comme citoyen du monde, comme co-architecte de la société de demain je
répugne le paradigme sécuritaire, conflictuel qui organise les fondements de la société sur des
base militarisé et armée, la conception que je propose a comme fondement les droits l’homme
et les valeurs des Nations Unies avec pour première finalité la coexistence pacifique.
L’humain est-il donc capable de coexister sans avoir ce besoin immature et immorale de
régler ces différents en se battant stupidement ou pire en entamant un conflit armé. En
concédant que le monde soit peuplé par des personnes avec des valeurs et interprétation de la
raison pour laquelle l’ont vis d’une incroyable diversité, je ne puis néanmoins me défaire de
l’idée que la voie diplomatique et royale soit plus productive que celle d’homme et femme
entrainer a tuer et porter les armes pour la patries. Mis à part l’abjecte tee et le nauséabonde
de la guerre je trouve questionnable de maintenir une alliance militaire créée en réaction a
l’existence d’un “ennemi” politique (les communistes de l’époque). En d’autre terme une
union militaire en réponse à une réalité politique semble irrationnelle comme
réponse/réaction. Qu’un capitaliste ne comprennes pas le communiste et inversement
démontre d’une immaturité intellectuelle de connaissance et compréhension en politicologie,
mais de la a créé un organe militaire ultra puissante pour résoudre cette incompréhension
politico logique prouve d’une capacité à gouverner intelligemment très limitée et d’une
compréhension du monde immature. Ce n’est pas le but ici vous comprendrez de débattre sur
le bienfondé du communisme ni du capitalisme, de toute évidence et ce dualisme en science
politique est totalement futile, archaïque et n’apporte rien au débat de la construction de la
société moderne. Ces deux modèles d’organisation de la société coexiste dans la plus grande
partie du monde depuis des siècles, par contre exacerber ce dualisme de façon a créer la haine
et le sentiments que l’autre en devienne un “ennemis” fait preuve d’une conception régressive
et rétrograde de la société dans les années de la création de l’OTAN et donc dans la
conception fondamentale de l’OTAN.
Indépendamment de la raison d’être et de création de l’OTAN je voudrais me concentrer sur
la ‘comprehensive approach’ en tant que telle. ‘Compréhensive’, compréhensible, qui a pour
85
but de comprendre d’une part et d’autre part ‘Approach’, l’approche ou la façon d’approcher.
Une approche qui a pour but de comprendre, comme grand but et finalité d’une organisation
très couteuse et puissante. Ceci pourrait faire l’issu d’un sketch humoristique dans un show
de comédie. Cela ne sonne-t-il pas d’une évidence presque puérile? Cela ne choque-t-il pas
d’utilisé une ‘approche compréhensible’ comme model ontologique de justification de
l’existence de l’OTAN? La question devrait plus tôt être si la terminologie utilisée n’est pas
un peu trop simpliste et évidente. Bien sûr que l’on veuille comprendre les conflits, les
guerres et les mutations dans les modes conflictuels, mais de la a justifié la finalité principale
de l’OTAN en fonction de cette volonté d’approché en comprenant ou de comprendre
comment approcher me semble surréaliste dans la simplicité idéologique. Ça sonne presque
insultant par rapport à ce que l’OTAN faisait avant l’approche compréhensive (comme si ça
implique que avant il ne comprenais pas le mode d’approche ou ils approchais sans
comprendre quoi ou comment) mais également et surtout par rapport au faite qu’un
organisation internationale se donne comme but principale de comprendre mieux semble
impliquer que le contraire puisse être possible, comme si l’on décide de comprendre à
l’inverse d’une approche ou l’on ne comprendrais pas (impensable, irrationnel et
inacceptable). La présentation pendant notre visite et sur le site de l’OTAN donne
l’impression que maintenant l’OTAN aimerait vraiment comprendre de quoi il s’agit. Je puis
comprendre que le monde militaire, surtout les équipes opérationnels et non gradés puissent
avoir des difficultés à concevoir et comprendre la complexité du grand théâtre internationale
mais axer l’entièreté de l’institution militaire la plus puissante du monde sur le concept
d’approche compréhensible me semble être un simplification trop exacerbée par rapport au
besoin du théâtre international en matière de sécurité et de soutiens armés au processus de
pacification. Comme Shakespeare disait: “What’s in a name?”
Le premier but de l’approche compréhensible est d’améliorer les relations avec les autres
institutions internationales. En 2005 l’OTAN à commencer à se poser des questions sur
comment mieux collaborer? Le mur de Berlin est tombé en 1989. Mais qu’as t’ont fait entre
1989 et 2005 dans le théâtre international? Cette constatation affligeante invite à se poser des
questions sur l’efficacité et la finalité de l’OTAN. L’ont peux se réjouir du fait qu’ils aient eu
besoin de 16ans pour se rendre compte que leur raison d’être a disparu et qu’ils doivent se
reprendre mais attendre tout ce temps pour annoncer qu’ils vont collaborer avec les autres
institutions internationale semble être du surréalisme a l’état pur.
La deuxième finalité de l’approche compréhensive est l’actualisation. A nouveaux il puit
86
paraitre étrange qu’une institution internationale se donne pour but de s’actualiser dans le sens
où il est absolument évident que si l’ont intente assurer à la sécurité internationale qu’on
essaye au moins d’aller avec son temps. Comme si avant cette décision organisationnelle
l’OTAN ne s’actualisait pas et l’institution restait figé dans le passé et n’évoluait surtout pas,
cela fait pourrait suggérer que l’organisme n’était pas utile et cela n’indique toujours pas dans
quelle direction elle veut évoluer. Qui n’évolue pas régresse! En pleine crise existentielle
proposer de se mettre à jour ne me semble toujours pas être une vrai raison d’être ni une
direction vers quoi évoluer.
Je suis conscient que mes mots peuvent choquer des militaires ou des architectes de cette
mutation de l’OTAN. Loin de moi l’envie de choquer de façon destructives mais bien
d’inviter à la réflexion en toute franchise afin d’insister le lecteur à se remettre en question et
qui sait à faire évoluer sa conception d’une réponse à une crise existentielle d’une institution
internationale. La finalité de l’humanité consiste à coexister et à relativiser nos différence
morales, éthiques, religieuses ou d’interprétation socio-économique afin de se tolérer, voire de
s’accepter les uns les autres. Un arsenal militaire est-il utile dans ce contexte? Donner une
vocation de compréhensibilité à cet arsenal est-ce là la meilleure manière de l’utiliser?
Je remercie la Conférence Olivaint de m’avoir aidé à aiguiser mon esprit vers une
gouvernance plus juste, plus intelligente, plus évolutionelle ainsi que vers une oraison
publique plus efficace.
5.3 Critical Conclusion.
It has no point in explaining whatever you can read on line for yourself. The Olivaint
Conference is an invitation to reflect on good governance. This finality is comparable to the
report on: "Comprehensive Approach of the NATO" aiming at critical self- analyses to allow
one to evolve, grow and develop.
First we should take a closer look at the public information on the ‘comprehensive approach’.
The web site of the NATO (http://www.NAVOlibguides.info/comprehensiveapproach ) which
aims to inform the public and explain what this strategy implies refers to a ‘scientific’ text
that at the moment of my analysis is not working and gives an error message.
(http://www.humansecuritygateway.com/documents/IRSEM_TheComprehensiveApproachto
87
CivilMilitaryCrisisManagement.pdf ). This can be called a ‘bad start’ if you wish to
comprehend the comprehensive approach.
The other texts that are proposed on the website of the NATO are rather stiff and rough. They
do not really inform or tell anything new on the topic, unless written by academics in which
case they are as good as indigestible due to the unheard level of complexity of their
composition. An equilibrium between efficient communication with a certain level of
innovation is nowhere to be found. Proponents of extreme simplicity and hyper complexity
will not appreciate this critic. To bring innovative, progressive and constructive ideas is one
of the toughest exercises for intellectuals but it is so fundamental in the skill of ‘public
information and communication’.
Let's take a closer look at the content. The NATO is searching for an identity, for a goal or a
reason to exist. The NATO as an instrument was a very strong and powerful strategic tool
during the cold war but is now experiencing an existential crisis. This ‘Comprehensive
Approach’ is appearing as a rescue operation in this existential crisis, comparable to a ‘reason
of existence’ to save the institution. The fact of searching for a reason to exist as such is
rather positive, but for an organization that costs such a huge amount of money from the
community and that factually does not really know why they exist may possibly raise some
questions on whether the institution should really continue to exist. The concept of
‘Responsibility to protect’ (R2P) allowed the NATO to intervene in countries that were not
part of the alliance. Would it then not be more useful to merge the NATO with the peace
keeping operations of the UN or to integrate it in a European Defense force?
The concept of ‘military union’ as such is for someone who is in favor of the " Universal
Declaration of Human Rights" and of the United Nations (one leader of every country of the
world in one room aiming to realize world peace) a rather questionable concept in the sense
that it implies a mindset where humanity is indisociable linked to war and militarized
frameworks, as if humanity could not co-exist in a peaceful and respectful way, having the
need to solve differences in culture by the use of weapons and violent conflicts. Indeed we
have to admit that the world withholds a thriving variety of cultures, moral values,
interpretations of the reason why we exist that are not always coercive with each other.
Never- theless we cannot undo ourselves of the maybe idealistic hope that the diplomatic way
is being much more preferable and productive compared to military trained weaponed squads.
Apart from the hateful conflicting warfare we still find it questionable that we keep a military
88
alliance alive that has as only reason of existence one single (political) enemy. The fact that a
capitalist does not understand a communist and the other way around proves of a near-
sightedness of political sciences narrow mindless. The fact of creating a powerful military
union on the basis of this political science naive interpretation of world politics proves of very
limited capacity of good government and rational cultural understanding capacity. Do not
misunderstand the statement; it is not the aim to express on the value of communism or
capitalism. On the contrary, these two societal models co-exist since centuries in most states
of the world, but to expand this dichotomy to justify the hatred that these two political schools
have towards each other prove of a regressive interpretation of world powers in the years of
creation of the NATO.
Independently from the questionable reason of existence of the NATO we would now want to
reflect critically on the ‘comprehensive approach’ as such. ‘Comprehensive’ meaning to
understand to comprehend on the one hand and ‘approach’, to address or to handle. An
‘understanding way of addressing’ as fundamental philosophy to define the future of a huge
powerful and very expensive military organization? This observation would suit perfectly in
a comedy show actually. Does it not sound quiet obvious? Maybe rather evident that we wish
to use an approach that understands the situation. As if before this mindset of the NATO we
did not understand situations. The question emerges if the terminology is not a bit too
simplistic? Of course we approach conflicts, wars, and crisis in a comprehensive way, but
giving a new direction to the institution using this mindset as a new reason for existence first
comes over as an insult to what has been done before, secondly it is quiet ubiquitous that the
fact of ‘understanding’ becomes central and thirdly the contrary would not be acceptable for
an international powerful institution. As if the NATO all of a sudden whished to understand
what happens in and around its territory. It can be understood that military trained personnel
who is more operational and less busy with strategy may have some issues understanding the
great complexity of the international diplomatic theatre with its rules of engagement that
differ from the military rules and procedures, but to focus the entire institution on the
‘understanding’ aspect seems a bit exaggerated and not quiet strategic. As Shakespeare said:
“What’s in a name?”
The finality of the "Comprehensive Approach" consists in enhancing cooperation with
international institutions. In 2005 the NATO started to ask itself questions on how to
collaborate with other international institutions? The Berlin wall fell in 1989. What happened
between 1989 and 2005 in the international theatre? This observation raises questions on the
89
finality and the efficiency of the institution. We can be happy that they took 16 years to
observe their reason of existence disappeared and that they should find a new finality, but
waiting so long to discover they have to work together with other entities seems rather slow
and inefficient.
The second finality of the "Comprehensive Approach" is to refresh and update the
organization. Again this sounds surrealistic that the strongest military union search for a new
reason of existence and concludes it would to be more up to date? Who does not evolve,
regress and dies because the world keeps evolving. Again this implies they where not up to
date and that questions the work they did in the last decades but it also implies they are not up
to date and thus not useful and finally it implies they do not really know where to go to in the
future. In an existential crisis give a direction by claiming one wishes to be up to date implies
they do not know yet what their role in the global security will be.
I realize my words may sound harsh and rude but the aim of criticism is not to destruct but to
allow looking honestly at flaws to allow correcting and solving them. It should be seen as an
invitation to evolve, to grow, to learn from mistakes and to enhance the quality. The goal of
mankind should be to co-exist peacefully, to settle differences in a rational and intelligent
way, to relativate moral, religious and ethical differences so we the people can live together
constructively. Is a military instrument a necessity in this world vision? Is giving an
understanding finality to that military instrument the best way to do so?
I thank the Olivaint conference to have thought me the critical thinking, to have taught me
how to bring it publicly and to have sharpened my understanding of good governance.
90
Bibliographie / Bibliografie Sites Web
Toutes les sources furent consultés le 14/10/2014
• http://www.nato.int/cps/en/SID-D1453C0E-
DCF302EF/natolive/official_texts_8443.htm?selectedLocale=en
• http://www.nato.int/cps/en/natolive/official_texts_68828.htm?selectedLocale=en
• http://www.nato.int/cps/en/natohq/search.htm
• http://www.natolibguides.info/comprehensiveapproach/documents
• http://www.nato.int/cps/en/natolive/topics_51633.htm
• http://www.nato.int/cps/en/natolive/topics_51633.htm
• http://www.nato.int/cps/en/natohq/official_texts_78314.htm
91
92
93
L’épopée industrielle du Grand-Hornu
Anais Mattez
94
95
TABLE DES MATIERES / INHOUDSTAFEL
1. INTRODUCTION / INLEIDING ............................................................................................................. 96
2. L’EPOPEE INDUSTRIELLE DU GRAND HORNU ............................................................................ 97
3. CONCLUSION FR / CONCLUSIE NL / CONCLUSION GB ............................................................ 100
4. BIBLIOGRAPHIE / BIBLIOGRAFIE .................................................................................................. 101
96
1. Introduction
La Région du borinage qui entoure Mons a joué un rôle primordial dans l’histoire de la
Belgique. C’est particulièrement vrai à partir du 19eme siècle, lors de la révolution
industrielle. Le Site du grand Hornu, que les étudiants de la Conférence Olivaint de Belgique
ont visite en juillet 2014, est un lieu unique et singulier pour la Belgique des mines et de
l’industrie.
97
2. L’épopée industrielle du Grand-Hornu
Lorsqu’on explore l’ancien site industriel du Grand-Hornu, et plus largement la région du
Mons et du borinage, nous sommes souvent hantés par une ambigüité singulière. Comme si le
paysage lui-même hésitait sur la direction qu’il devrait prendre. Mons noue une relation
difficile avec son passé industriel, puisque c’est bien de ce passé là qu’il s’agit. Les hommes
et les femmes de cette partie de la Wallonie sont nés dans un environnement directement
hérité du bouleversement de la grande industrie. Un bon nombre d’entre eux sont des fils et
petits-fils d’ouvriers qui ont durement travaillé dans les mines, les usines et les fabriques.
D’une part, les souvenirs de la grande époque ravivent de la curiosité et de la tendresse,
puisqu’ils touchent au passé de beaucoup de familles. On trouve une fierté éprouvée dans le
succès de l’industriel wallon sur le plan international mêlé le sentiment d’avoir joué un rôle
dans l’Histoire de la Belgique. D’autre part, cependant, ces souvenirs raniment aussi de la
révolte et de l’indignation. Les abus du machinisme et la misère ouvrière sonnent comme un
écho lourd et sombre.
L’histoire du Grand-Hornu synthétise parfaitement cette tension. Le Grand-Hornu est un site
industriel situé sur le territoire de la commune de Hornu. Tel qu’il existe actuellement, il est
l’œuvre de la vie de Henri De Gorge qui commanda ses plans à l’architecte Bruno Renard en
1819.1 L’exploitation des veines de charbon aurait vraisemblablement déjà commencé en
1747. Mais c’est bien l’intervention de Henri De Gorge qui a fait entrer Hornu dans l’ère
industrielle. Son travail de rationalisation de la production aura permis l’édification du
complexe entamée en 1819 et poursuivie jusqu’à 1832. La cité industrielle reflète l’esprit
social voir humain de son commanditaire. Ces motivations étaient rares et visionnaires pour
l’époque. De Gorge a voulu donner aux ouvriers un confort de vie allant de l’électricité et
l’eau courante jusqu'à donner aux enfants un enseignement qui ferait d’eux des citoyens
utiles.
L’important fondateur, Henri De Gorge est un homme resté malgré tout assez mystérieux.
Doté d’un caractère fascinant et secret, il s’est institué comme véritable acteur de la révolution
industrielle. Il est l’ainé de douze enfants d’un cultivateur français. Il commence sa carrière à
1 J.DEMELLE, Témoin remarquable de l'épopée industrielle : le Grand-Hornu, Mons : Fédération du tourisme du Hainaut,
1980.
98
Lille comme garde magasin de chauffages tout en possédant quelques biens. Il aurait ensuite
fait bonne fortune dans le commerce lillois comme marchand de charbon. Cette activité l’a
attiré vers Hornu. Il en achète le contrat d’exploitation pour commencer son règne. Il
comprend très vite le potentiel du sous -sol et développe une industrie efficace.
En 1830, la révolution pour l’indépendance de la Belgique risque de compromettre De Gorge
qui est orangiste, comme beaucoup d’industriels de la région. Mais il a eu la prudence de ne
pas s’en réclamer de manière ostentatoire et il finit pas applaudir le succès de l’insurrection
indépendantiste. Cette même année, une émeute éclate à Hornu, le feu est mis aux poudres par
les charretiers. Ils crient à la foule de courir au château. Toute la foule obéit et furieuse et se
dirige d’abord vers le charbonnage, vers la cité abritant le personnel de l’entreprise et puis
vers le château dans lequel réside De Gorge et son épouse. La foule pille avec rage l’intérieur
du château en se croyant l’âme d’un justicier. Les portes sont arrachées de leurs gonds, les
coussins sont éventrés, les meubles renversés et leur contenu est déversé sur le parquet.2 Ce
n’est que grâce à un habit de maçon que De Gorge échappe à la colère de ses travailleurs.
En 1831, De Gorge obtient la nationalité belge qu’il avait demandée et il devient sénateur.
Simultanément, les travaux du Grand-Hornu accomplissent la vision de ses créateurs. On
termine le grand atelier comportant une fonderie de fer, une fonderie de cuivre, un séchoir
vouté, deux fourneaux au coke et d’autres objets de production impressionnants. De Gorge est
reconnu et apprécié pour le rendement de son industrie qui produit 111 000 tonnes de charbon
et occupe 550 travailleurs. Le roi Léopold 1er rend une visite au Grand-Hornu et il ne cache
pas ses félicitations à Henri De Gorge. Il arrive au terme de sa vie en 1832. Il est victime du
choléra et meurt sans enfant. Sa veuve, Eugénie Legrand lui succèdera à la tête de l’entreprise
et sa famille proche constitue une société pour veiller à la bonne gestion du patrimoine. La
société est d’ailleurs un réel succès en partie grâce à l’édifice conçu pour résister à l’évolution
rapide des technologies et des outillages.3
Bien qu’il se passe plus d’un siècle entre la mort de De Gorge et la fin de l’ère industrielle, la
construction des bâtiments est à peine revue. Les grèves de 1869 dans le borinage ne touchent
2 J. DEMELLE, Une dynastie de cheminots, Le Rail, Bruxelles, 1960. 3 R. G. W MAHIEU., Le Grand-Hornu : monument industriel exceptionnel du Borinage, Imprimerie Ledent, Hornu, 1978, p. 24.
99
pas le Grand-Hornu. Par contre, le mouvement revendicatif de 1877 et en 1886 paralysera
partiellement le site. Certaines dépendances seront même occupées par l’armée. Un coup de
grisou se produit en 1898 mais ne fait que quatre blessés. En outre, on peut trouver des traces
de l’attrait touristique vers le site industriel du Grand-Hornu dès le 19ème siècle. La
collaboration de plusieurs auteurs permettra, vers 1845, la publication d’un ouvrage "La
Belgique monumentale, historique et pittoresque" dans lequel on peut trouver deux pages qui
décrivent les activités de son industrie. On peut y lire, je cite: « Un monument d’un autre
genre attire à Hornu les étrangers et les touristes. Ce magnifique jet d’eau, cette pompe à feu
d’un aspect si grandiose, cette longue suite de constructions dont l’élégante simplicité, frappe
tous les voyageurs qui se rendent en France par la route de Mons, ces chemins si bien tenus,
ces grands bâtiments répandus dans la campagne, ce village si propre dont toutes les
maisons, de construction uniforme, sont entourées de jardins ; ces ouvriers robustes qui se
rendent au travail en chantant, ces paysannes actives au visage épanoui, ces enfants qui
sortent de l’école en bon ordre, le maître d’école lui-même, tout appartient à l’établissement
de madame veuve Degorge-Legrand ». Bref, le tableau dépeint un paradis de la révolution
industrielle qui ne connaît ni grève, ni émeute, ni coup de grisou.
L’exploitation du site s’est perpétuée jusqu’à la fin de juin 1954. Les commandes restaient
importantes mais l’exploitation ne pouvait pas survivre au plan Schuman, exécuté par la
Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Une enquête technique a montré
que la rentabilité des ateliers était insuffisante. A sa fermeture, le Grand-Hornu a été déserté et
les machines sont vendues au prix le plus bas alors que les bureaux sont désertés. Il s’en est
fallu de peu pour que le site ne soit pas définitivement rasé en 1971. Il a été sauvé par des
passionnés que nous pouvons aujourd’hui remercier. Le public et le gouvernement n’avaient
pas encore compris l’importance de l’édifice qu’ils devaient vouloir préserver. Le Grand-
Hornu est un de ces documents incontestablement le plus significatif et le plus éloquent
d’urbanisme industriel, selon les mots de Joseph Demelle, historien qui s’est donné pour
devoir de transmettre l’importance du site au grand public et lui donner une mission dans sa
conservation.
100
3. Conclusion FR / Conclusie NL / Conclusion GB
L’histoire du Grand Hornu, son importance pour l’histoire de la Belgique et son architecture
exceptionnelle en font un site qui merite une attention academique equivalente. Les pierres
qui composent l’edifice ont aussi construit la Belgique.
De geschiedenis van Grand Hornu, het belang voor de geschiedenis van België en zijn
uitzonderlijke architechturale stijl maakt de site verdienen een gelijkwaardige academische
aandacht. De stenen van de gebouwen hebben ook België gebouwd.
The history of The Grand Hornu, its importance to the history of Belgium and its exceptional
architectural style makes the site deserving an equivalent academic attention. The stones
composing the buildings also built Belgium.
101
4. Bibliographie / Bibliografie
Ouvrages cités :
- DEMELLE J., Une dynastie de cheminots, Le Rail, Bruxelles, 1960.
- DEMELLE J., Témoin remarquable de l'épopée industrielle : le Grand-Hornu, Mons : Fédération
du tourisme du Hainaut, 1980.
- MAHIEU R. G. W., Le Grand-Hornu : monument industriel exceptionnel du Borinage, Imprimerie
Ledent, Hornu, 1978
Sites Web:
Le 18 Septembre 2014 http://www.grand-hornu.eu/
102
103
Het Marshall Plan
Mapendo Serge D’ambalasa
104
105
Inhoudstafel 1. INLEIDING ................................................................................................................... 106 2. ECONOMISCH VERVAL IN WALLONIË .............................................................. 108
2.1. INEENSTORTING VAN DE TRADITIONELE SECTOR ..................................................... 108
2.2. NEGATIEF IMAGO VAN WALLONIË INTRA EN EXTRA BELGIË .................................. 110
2.3. INADEQUATE OPLEIDING ........................................................................................... 111
3. MARSHALPLAN ......................................................................................................... 113 3.1. BUDGET VAN HET MARSHALLPLAN ........................................................................... 113
3.2. BEDRIJFSNETWERKEN ..................................................................................... 114
3.3. ERVARING BERGEN .................................................................................................... 118
4. CONCLUSIE ................................................................................................................. 119
106
1. Inleiding
Naar aanleiding van de jaarlijkse studiesessie van Het Olivaint Genootschap van België
(O.G.B.), worden de Student-Leden uitgenodigd om een rapport op te stellen over hun
gekozen onderwerpen. Dit jaar vond de studiesessie plaats in Bergen. Gedurende deze
vierdaagse kregen we de kans om Bergen te ontdekken op economisch, sociaal, cultureel en
politiek vlak.
In dit werkstuk staat de economische heropleving van Wallonië centraal. Deze heropleving
zou gerealiseerd moeten worden via het Marshall plan (MP), dat geïnitieerd werd door de
Waalse overheid op 30 augustus 2005. Dit MP is niet de eerste poging om de economische
heropleving van Wallonië waar te maken, maar eerder een consolidatie van voorgaande
projecten. Bijgevolg situeren de wortels van het MP zich in deze projecten. Men kan zich dan
de vraag stellen waarom het MP nog vereist was? Het antwoord op deze vraag is velerlei,
maar twee belangrijke aspecten zijn primordiaal.
Vooreerst, de economische stagnatie. In Franstalig België sloeg men er niet in om de
economische discrepantie weg te werken. Verder waren de vrijgemaakte financiële middelen
ter realisering van een economisch inhaalmanoeuvre, niet voldoende. Deze tekortkomingen
gaven aanleiding tot een nieuw plan met name het MP. Maar liefst 1 miljard euro zou worden
vrijgemaakt voor het MP.
Dit plan bestaat uit vijf belangrijke thema’s: ten eerste, het organiseren van een netwerk van
bedrijven. Op die manier probeert de Waalse overheid synergiën te stimuleren door bedrijven
die actief zijn in dezelfde sector te concentreren op een bepaald territorium. Onderzoek en
innovatie zijn de belangrijkste sectoren. Ten tweede is onderwijs een uiterst belangrijke pijler
binnen het MP. Ten derde is er de belastingvermindering waar bedrijven beroep op kunnen
doen. Ten vierde zet het MP in op vorming. Het MP heeft de manifeste wil om meer
talenkennis te promoten in de Waalse Regio. Dit komt duidelijk tot uiting door de beurzen die
worden verleend door de service public Wallon de l’emploi et de la formation (FOREM) aan
studenten, die hun laatste jaar secundair onderwijs hebben afgemaakt. Deze beurs geeft hen de
107
kans om in het buitenland een bepaalde taal te gaan leren1. Ten slotte wordt het MP
gedomineerd door één specifiek principe: een doordachte coördinatie van beleid. Aangezien
de implementering van het MP verschillende politieke actoren en instellingen vereist, is een
goed structureel en gecoördineerd beleid een noodzaak. 2
In 2010, werd le Plan Marshall 2 vert (MP2) gelanceerd. In het verlengde van het initieel MP,
vond de Waalse overheid dat duurzame ecologie te weinig aan bod kwam. Bijgevolg werd dit
in de nieuwe MP geïncorporeerd. Verder moest er ook een oplossing worden gevonden voor
de nieuwe bevoegdheden die de Waalse regio verkreeg naar aanleiding van de zesde
staatshervorming. Ook hier was dus een nieuwe aanpak vereist die de doordachte coördinatie
politiek niet in het gedrang zou brengen, die al werd gevoerd bij het lanceren van de eerste
MP.
Dit werkstuk is samengesteld uit vier grote thema’s. Meer specifiek zal eerst gepeild worden
naar de teloorgang van de Waalse industrie. Vervolgens worden de oplossingen van het MP
aangereikt en eveneens MP2. Voorts zal ik mijn eigen ervaringen uiteenzetten over de MP en
de MP2 en in laatste instantie zal er een conclusie geformuleerd worden.
1 http://www.informationplanet.be/bourses/plan-marshall 2 Accaputo, Aurelien ; Bayenet, Benoit ; Pagano, Giuseppe In: CRISP. Courrier hebdomadaire, (2006)1919-1920
; p. 5-71
108
2. Economisch verval in Wallonië
De verschillende factoren die geleid hebben tot de teloorgang van de Waalse industrie hebben
veel inkt doen vloeien. Uiteenlopende determinanten werden naar voren geschoven door een
resem wetenschappers. In dit werkstuk zal men zich beperken tot de determinanten die
volgens Prof. Dr. G. Pagano een belangrijk aandeel hadden. Naar mijn inziens is het
fundamenteel om deze problematieken te beschrijven, daar zij de basis vormen voor de
oplossingen die naar voren worden geschoven door het MP en MP2. Volgens Pagano (2006)
zijn er vier belangrijke redenen voor het verval van de Waalse economie. Ten eerste, boette de
traditionele sector aanzienlijk in. Onder de traditionele sector wordt verstaan de steenkool- en
de staalindustrie. Ten tweede, merkt Pagano op dat Wallonië kampt met een negatief imago.
Ten derde, blijkt uit de analyses van de auteur dat het onderwijssysteem de wensen over laat.
Bijgevolg hebben de voorgaande problematieken gezorgd voor het uitblijven van
economische groei, waardoor Wallonië, in vergelijking met Vlaanderen, België en de
Europese Unie (EU), in algemene termen aanzienlijk minder groeit. Daarenboven zorgt deze
laatste dus voor een economische kloof tussen, enerzijds Wallonië en Vlaanderen, en
anderzijds tussen Wallonië en België én andere regio’s in de EU. Deze factoren worden één
per één uiteengezet.
2.1. Ineenstorting van de traditionele sector Prof. Pagano (2006) argumenteert dat de staal- en steenkoolindustrie een belangrijk aandeel
hadden in het Bruto Binnenland Product (BBP). Toen deze twee industrieën in elkaar stortten,
betekende dit dan ook een forse daling van het Waalse BBP. Dit wordt aangetoond via de
volgende tabel:
109
Uit voorgaande tabel blijkt dat tussen 1955 en 1979 het BBP van Wallonië aanzienlijk daalt
en dit wordt voor een significant deel toegeschreven aan de ineenstorting van de staal- en
koolmijnindustrie. Immers, er waren in die periode twee grote economische crisissen.
Bijgevolg was de impact op het BBP niet te onderschatten. Echter dient er opgemerkt te
worden dat deze crisis verregaande gevolgen had op andere sectoren. Voorts zorgde dit er
eveneens voor dat talrijke bedrijven zich buiten België zouden vestigen. Ook de stagnatie van
de economische groei zorgde ervoor dat Wallonië geen nieuwe investeerders meer kon
Années Bruxelles Flandre Wallonie Années Bruxelles Flandre Wallonie
1955 218,44 80,85 92,19 1980 211,66 92,36 78,74
1956 219,06 81,09 91,59 1981 216,46 91,39 79,09
1957 220,13 81,21 91,03 1982 216,02 91,89 78,56
1958 224,99 81,28 89,30 1983 213,16 92,30 78,94
1959 223,95 81,94 88,56 1984 214,22 93,07 77,35
1960 225,82 83,20 85,86 1985 212,28 93,75 76,86
1961 226,65 83,44 85,19 1986 213,95 93,57 76,81
1962 230,02 83,41 84,12 1987 214,24 94,16 75,82
1963 231,85 83,53 83,31 1988 211,22 95,23 75,07
1964 226,85 84,56 82,98 1989 208,65 96,18 74,45
1965 229,43 84,83 81,66 1990 209,16 96,62 73,82
1966 228,99 85,58 80,44 1991 207,89 96,22 75,36
1967 229,27 86,02 79,63 1992 208,07 96,42 75,14
1968 229,03 86,89 78,45 1993 208,69 96,45 75,06
1969 218,61 88,61 79,35 1994 204,96 97,44 74,39
1970 215,26 89,76 78,71 1995 202,98 98,00 74,10
1971 211,29 90,35 78,85 1996 203,85 97,90 74,00
1972 209,16 90,77 79,20 1997 203,27 98,43 73,20
1973 206,57 92,26 77,84 1998 204,88 98,31 72,96
1974 206,72 91,95 78,76 1999 203,42 98,63 72,73
1975 208,25 91,70 78,94 2000 200,21 98,97 72,96
1976 205,49 92,33 79,09 2001 199,66 98,89 72,94
1977 208,70 92,30 78,65 2002 197,42 99,36 72,44
1978 211,59 92,05 78,65 2003 197,03 99,44 72,30
1979 210,47 92,72 78,15
Tableau 1: PIB par habitant des régions de Belgique(1955-2003, indices à prix croissants, base Belgique = 100)
Les chiffres du tableau 1 peuvent être résumés par les taux de croissance annuelle par
période (cf. tableau 2). Ceux-ci mettent clairement en évidence l'incapacité
structurelle de la Wallonie à suivre, en termes de croissance du PIB.
110
aantrekken.3
2.2. Negatief imago van Wallonië intra en extra België Dat Wallonië het slachtoffer is van een negatief imago in Vlaanderen is geen geheim meer.
De gevolgen hiervan worden vaak onderschat. Imago speelt een belangrijke factor bij de
vestigingskeuze van bedrijven. Althans bleek dit uit onderzoek van het federaal planbureau.4
Bijgevolg kan men op intuïtieve wijze besluiten dat regio’s die een slecht imago genieten en
daarenboven in een negatieve economische conjunctuur zitten, weinig binnen- en
buitenlandse investeerders kunnen aantrekken. Verder heeft Wallonië nog steeds te kampen
met braakliggende industriële zones. Door de teloorgang van de traditionele industrie en het
uitblijven van nieuwe investeringen, bleven vele gronden braak liggen. Ook dit draagt bij tot
een negatief imago. Het dus primordiaal dat dit negatief imago teniet wordt gedaan.
Dit brengt natuurlijk een fundamentele vraag met zich mee: hoe kan dit weggewerkt worden?
Er dient gewerkt te worden op verschillende beleidsdomeinen. Eerst en vooral moet er een
adequaat investeringsklimaat worden geïmplementeerd. Dit wil o.a. zeggen dat deze
braakliggende gronden opgewaardeerd moeten worden zodat nieuwe industriële zones
ontstaan uitgerust met de vereiste infrastructuur en waarop bedrijven zich kunnen vestigen.
Voorts heeft Wallonië nog steeds een groot werkloosheidcijfer. Bijgevolg moet er absoluut
worden ingezet in onderwijs en opleiding. Deze inactieve groep heeft immers veel potentieel
voor nieuwe bedrijven die op zoek zijn naar werkkrachten. Uiteraard hangt dit af van welke
sectoren zich zullen vestigen in de Waalse regio.
Verder, dient ook opgemerkt te worden dat de talrijke beschikbare gronden een meerwaarde
bieden voor de regio.
3 B. Hertveldt, C. Kegels, B. Michel, B. Van Den Cruyce, J. Verlinden, F. Verschueren),
« Déterminants de la localisation internationale, avec application aux secteurs Agoria », op. cit., p. 51. 4 Institut des comptes nationaux, Les comptes régionaux, Bruxelles, 2005.
111
2.3. Inadequate opleiding
Het is vanzelfsprekend dat onderwijs en opleiding een determinante rol spelen bij de
vestigingskeuze van bedrijven. Het is namelijk zo dat uit het rapport van het Federaal
Planbureau blijkt dat de vaardigheden en vakkundigheid van het personeel zeer belangrijk
zijn. Indien een regio of land niet beschikt over de voldoende geschoolde werkkrachten, is het
onmogelijk om buitenlandse investeerders aan te trekken.
Een ander element dat wijst op een inadequate opleiding kan teruggevonden worden in het
PISA rapport van de OESO van 2012. Hieruit blijkt dat het onderwijs in Franstalig België
t.o.v. het Vlaams onderwijs nog steeds problemen te ondervindt voor wat de effectiviteit.
Bijgevolg observeren we een gigantische kloof tussen de twee regio’s.5 Pagano (2006) stelt
eveneens dat de Waalse jongeren klaarblijkelijk niet in staat zijn om het Nederlands te leren,
terwijl de economische ontwikkeling zich in Vlaanderen volop ontplooit. Dit valt echter te
betreuren omdat deze Waalse jongeren er enkel baat bij zouden met een goede kennis van het
Nederlands. De resultaten van het Federaal Planbureau over de determinanten om zich als
bedrijf te gaan vestigen, kan u hieronder weervinden:
5
112
113
3. Marshalplan Het MP van 30 augustus 2005 kwam er niet zonder slag of stoot. Zoals al eerder in de
inleiding geschetst, waren er voorheen al plannen om de economische achteruitgang van
Wallonië te keren. In het bijzonder werd Le contrat d’avenir pour la Wallonie in 1999
geïnitieerd. Het was de regering van Elio Di Rupo die op de proppen kwam met dit plan.
Ze had als doel om een grotere jobcreatie en een positief investeringsklimaat te
bewerkstelligen. Voorts was het ook de bedoeling om het BBP/ capita te doen toenemen
en een daling van de werkloosheid te realiseren. Dit plan kreeg veel kritiek te verduren.
Sommige beweerden dat het plan te weinig prioriteiten stelde en eveneens een gebrek aan
financiële middelen vertoonde.
Het MP werd naar voor geschoven om de bovenstaande problemen op een coherente en
efficiënte wijze aan te pakken. Initieel was het MP voorzien voor de periode 2004-2009,
waarna het in 2009 werd herzien aangezien er zich nieuwe uitdagingen stelden. Vooreerst,
zal er in dit werkstuk een weergave gegeven worden van de verschillende punten die het
MP behelsd. Nadien zullen we ingaan op de bijkomende punten die het MP2 heeft
toegevoegd aan het oorspronkelijk plan.6
3.1. Budget van het Marshallplan
Het budget van het MP wordt gefinancierd door 100% Waalse middelen. Ten eerste heeft
de Waalse regering beslist om haar aandelen van Arcelor Mittal te verkopen. Dit zou 180
miljoen euro moeten opleveren. Ten tweede kan de Waalse regering ook rekenen op
dividenden die worden uitgekeerd door de Société régionale d’investissement pour la
Wallonie (SRIW). Deze dividenden brachten 40 miljoen euro op. Ten derde besliste
Waalse regering om te besparen aan de uitgavezijde en kon zij eveneens rekenen op de
financiële contributies van paragewestelijke instituten. Deze leveren samen 301 miljoen
euro op. Ten slotte bracht een wijzing van de bijzondere financieringswet betreffende de
financiering van de Gemeenschappen en de Gewesten 473 miljoen euro op. In totaal
beschikt de Waalse overheid over 1,054 miljard euro om haar project te financieren. De
onderstaande tabel geeft weer hoe de financiële middelen zijn onderverdeeld:
6 http://www.investinwallonia.be/pourquoi-la-wallonie/economie-et-plan-marshall/
114
3.2 Bedrijfsnetwerken
Bedrijfsnetwerken zijn vandaag meer dan ooit bijzonder in trek. Zij bieden een ongelooflijke
grote meerwaarde. Het is namelijk zo dat men bedrijven gaat clusteren binnen dezelfde sector
op een specifiek territorium. Deze bedrijven vormen dan een netwerk die elkaar gaan
versterken en op termijn uitgroeien tot uitmuntende centra. Bijgevolg biedt dit al een
oplossing voor de braakliggende gronden in Wallonië. Verder zijn dergelijke
115
bedrijfsnetwerken gericht op het creëren van een grote toegevoegde waarde. Dergelijke
bedrijfsnetwerken worden vooral gevormd in de sectoren van onderzoek en innovatie. Denk
maar aan Silicon Vally in de V.S. Ook zijn deze bedrijfsnetwerken enorm belangrijk voor de
export van een gegeven regio. De synergiën die ontstaan doorheen deze bedrijfsnetwerken
brengen met zich mee dat de topkwaliteit die zij kunnen bieden ook buiten de Belgische
grenzen wordt gevraagd. Denk maar aan de luchtvaartsector die volop in bloei is in Wallonië.
Verder kunnen we onmogelijk de positieve externaliteiten onderschatten. Dergelijke
bedrijfsnetwerken zijn zeer belangrijk voor de uitstraling van Wallonië. Want via deze weg
realiseert zij ook een zekere aantrekkingskracht voor jonge afgestudeerden en in het bijzonder
van buitenlandse investeerders.
Aangezien de financiële middelen beperkt zijn, kon de Waalse regering niet anders dan een
selectie maken van bedrijfsnetwerken. Bijgevolg was zij verplicht om zich te concentreren op
een aantal sectoren die, via metingen en prognoses, het meest winstgevend zouden zijn. De
weerhouden sectoren konden rekenen op financiële steun vanwege de Waalse overheid. Deze
financiële steun bedroeg 280 miljoen euro voor een periode van vier jaar. We kunnen zes
vormen van steun onderscheiden: ten eerste zijn er de publieke investeringen in kapitaal
(gebouwen), welke gerealiseerd wordt door de Société Wallonne pour le Financement des
infrastructures Poles de Competivités NV. Zo’n 50 miljoen euro werd hiervoor uitgereikt. ;
ten tweede werden ook budgetten vrijgemaakt voor onderzoek. Het budget voor deze hulp
werd geraamd op 120 miljoen euro; ten derde zorgt de Waalse overheid voor hulp wat de
investeringen betreft; ten vierde wordt ook bijzonder veel aandacht gegeven aan opleiding.
Deze investering bedraagt 55 miljoen euro, ten vijfde is er eveneens hulp voorzien voor het
begeleiden van buitenlandse investeringen vanwege de Waalse overheid. Deze hulp is een
investering van 4,5 miljoen euro; ten slotte voorziet de Waalse overheid hulp voor Waalse
bedrijven die willen exporteren naar het buitenland. Deze hulp bedraagt 5,5 miljoen euro. 7
Om deze zaken vlekkeloos te laten uitvoeren is coördinatie vereist. Daarom werd eveneens in
het MP werk gemaakt van een efficiënt beheer. Om dit te realiseren werd een task force op
poten gezet en een speciaal ministerieel comité. Deze twee organen werden respectievelijk
bevolkt met administratie-verantwoordelijken die op de ene of andere manier betrokken
7 H. CAPRON, Les pôles de compétitivité wallons, Dulbea - ULB, Rapport de recherche financé par le
Ministère de la Région wallonne pour l’Économie, l’Emploi et le Commerce extérieur, 2006, p. 3.
116
waren in het MP, en ook het maatschappelijk middenveld is in dit orgaan vertegenwoordigd.
De taken van de taskforce zijn eng gedefinieerd. Haar belangrijkste taak is om de genomen
beslissingen door het speciaal ministerieel comité te evalueren. Zodoende dat zij erin slaagt
om minder goede beslissingen aan de kaak te stellen en een alternatief voor te stellen. Verder
dient zij ook periodiek te rapporteren aan de Waalse overheid wat de uitvoering van het MP
betreft. De Taskforce wordt voorgezeten door een afgevaardigde die politiek onafhankelijk is.
Wat het speciaal ministerieel comité betreft, bestaat zij uit de relevante regionale ministeries
die betrokken zijn bij het MP. Dit comité wordt voorgezeten door de Minister-President en de
volgende ministeries: “du ministre du Logement, des Transports et du Développement
territorial, du ministre du Budget, des Finances, de l’Équipement et du Patrimoine, de la
ministre de la Recherche, des Technologies nouvelles et des Relations extérieures, de la
ministre de la Formation et du ministre de l’Économie, de l’Emploi et du Commerce
extérieur."8 Bijgevolg kan men niet genoeg benadrukken hoe fel de Waalse regering het
onderste uit de kan heeft gehaald om een nieuwe approach te bewerkstelligen, om de
uitvoering van de MP vlekkeloos te laten verlopen. Ook dit moet bijdragen tot een zekere
rationalisatie van de administratie. Dit werd door verschillende binnenlandse- en buitenlandse
investeerder aangekaart. De administratieve rompslomp die er vroeger was, heeft
langzaamaan plaats gemaakt voor een meer efficiënt en effectief beleid. Maar dit ambitieus
plan kon eveneens op heel wat kritiek rekenen vanuit Franstalige en Nederlandstalige hoek.
Zo vonden de Franstalige liberalen dat er sectoren werden geselecteerd die in se niet zo
winstgevend waren. Zij hebben dus hun twijfels geuit over de criteria van de selectie van de
bedrijfsnetwerken. Uit Nederlandstalige hoek werd vooral de subsidie politiek gecontesteerd.
Volgens de Warande is het MP nog teveel gestoeld op subsidies.9
Aangezien het MP liep tot 2009, was een herziening van dit plan ongetwijfeld nodig. Dit werd
dan ook gerealiseerd. De verschillende actoren die betrokken waren in het MP hebben dus een
diepte analyse uitgevoerd van de resultaten van de uitvoering van het plan. Deze analyses
gaven aanleiding tot het consolideren van de positieve resultaten en het vervangen van
programma’s die niet het gewenste resultaat bereikten. Om een antwoord te bieden op deze
8 G. Pagano, Le Plan Marshall pour la Wallonie, Umons, p. 63. 9 G. PAGANO, M. VERBEKE et A. ACCAPUTO, « Le Manifeste pour une Flandre indépendante en
Europe », op. cit., pp. 38-39 ; Groupe In De Warande, Manifest voor een zelfstandig Vlaanderen in
Europa, Bruxelles, 2005, pp. 234 et 240-241.
117
uitdagingen, werd het MP2 ingevoerd. Nieuwe elementen die toegevoegd werden hadden
vooral betrekking op duurzaamheid. De Waalse overheid was en is nog steeds overtuigd van
het feit dat zij een meerwaarde kan creëren door investeringen aan te trekken die in harmonie
met het milieu kunnen leven. Verder zet het MP2 in op een goede werkomgeving relatie.
Voorts, was de Waalse regering ook verplicht om een antwoordt te bieden op de transfer van
bevoegdheden die zij kreeg in navolging van de zesde staatshervorming. Verschillende
bevoegdheden werden overgeheveld en deze werden via het MP2 aangepakt.
118
3.3 Ervaring Bergen
Hoewel weinig data beschikbaar is om na te gaan in welke mate Bergen heeft kunnen
genieten van het MP en het MP2, kan ik enkel afgaan op mijn eigen ervaring tijdens de
studiesessie van 2014. We hadden het genoegen om een gloednieuw industriepark te
bezoeken, in casu, Multitel en Materia Nova. Deze twee excellente onderzoekscentra hebben
een diepe indruk op mij nagelaten. De spin-offs die er opgericht werden door een
samenwerking tussen de privé sector en de Universiteit van Bergen was bijzonder. Zo kregen
we te horen dat zij behoren tot wereldtop wat innovatie en onderzoek betreft. Dit is exact wat
het MP en MP2 trachten te bewerkstellingen: op een afgebakend gebied een aantal bedrijven
samenbrengen die in dezelfde sector opereren. En op die manier synergiën gaan realiseren die
een grote meerwaarde leveren voor de regio.
We waren eveneens te gast in de Universiteit van Bergen, waar zich eveneens
hoogtechnologische experimenten uitgevoerd werden voor de privé-sector. Bijgevolg kan
men hier mooi waarnemen hoe het MP dergelijke activiteiten heeft gestimuleerd.
119
4. Conclusie De Waalse regering heeft, naar mijn inzien, moed getoond om de economische situatie te
keren. Het MP heeft aangetoond dat, mits veel opofferingen, een economisch herstel mogelijk
is. De prognoses die werden gemaakt op basis van het MP en MP2 tonen dit ook aan. Echter,
deel ik in zekere mate de kritiek van de Warande en de MR dat dit plan nog fel gestoeld is op
subsidies. Maar dan kan men zich de vraag stellen welke andere middelen dan aangewend
zouden kunnen worden? Volgens mijn bescheiden mening is dit een noodzakelijk kwaad.
Verder was ik zoals al eerder aangegeven onder de indruk van het economisch klimaat. Zowel
aan de universiteit van Bergen en de bedrijven van het industriepark heerst een ambitieuze
sfeer om hun doelen te realiseren. Bijgevolg ben ik ervan overtuigd dat men moet stoppen met
Wallonië af te schilderen als een regio waar er niets valt te beleven.
Le gouvernement Wallon, a à mon sens, montré beaucoup de courage pour realiser le
redressement economique. Le Plan Marshall a demontré, que ce redressement economique est
possible à condition que beaucoup de sacrifices doivent être faits. Les prognoses du Plan
Marshall et du Plan Marshall 2 ont également démontrés cela. Toutefois, je partage la critique
du MR et du Warande, qui ont exprimé leurs mécontement a propos des subsides royaux qui
sont octroyés dans le Plan Marshall et le Plan Marshall 2. Mais on pourrait se poser la
question suivante : quels autres moyen financiers peuvent être utilisés pour réaliser ce projet,
étant donné que le secteur privé est encore trop faible. A mon humble avis, c’est un mal
nécessaire. Je dois également avouer que j’étais très surpris de l’activité économique et
surtout du climat économique. À l’université de Mons j’ai été témoin des experiments de haut
niveau et également du parc industriel qu'on a pu visiter, à savoir le " Materia Nova". Je dois
dire que les personnes qui nous ont accueillis étaient très ambitieuses. C’est pour ces raisons
que je pense qu’on doit cesser de décrire la Wallonie comme une région où il n’ya rien qui s'y
fait.
The Wallonian government has in my opinion, showed a lot of courage to realize the
economic recovery. The Marshall Plan has demonstrated that the economic recovery is
possible if and only sacrifices are being made. The forecasts of the Marshall Plan and the
Marshall Plan 2 have also proved that argument. Nevertheless I agree with the critics of the
Walloon liberal party and the Warande. They stated that the Marshall Plan contained too
many subsidies that are being given to the companies at stake. But we can put forward the
question of plausible financial alternatives, given that the private sector is not ready yet to
120
invest in big infrastructural projects. According to my humble opinion, those subsidies are a
necessary evil. I also have to admit that I was supprised about the economic climate in
Wallonia. I also had the opportunity to observe at the University of Mons that great
expirements are being realized at a very high level.. That was also the case when we visited
the site of "Materia Nova". That is also the reason why I believe that people should stop
talking in a negative way about that region where nothing is being done.
121
La culture à Mons:
Analyse au travers de deux institutions
culturelles majeures
Nicolas Denoël
Jean-Bruno van der Straeten
122
123
Table des matières
Inroduction 124
1. Le BAM 124
2. Le Grand-Hornu 129
2.1 Histoire industrielle 130
2.1.1 Les prémisses 130
2.1.2 Reprise par Henri De Gorge 131
2.1.3 Succesion et poursuite de l’exploitation 134
2.2 Reconversion du site 134
2.2.1 Fin de l’exploitation et abandon 134
2.2.2 Rachat et réhabilitation 135
2.2.3 L’ASBL Hornu Image 136
2.2.4 Le Musée des Arts Contemporains (MAC’s) 137
3 Conclusion 140
Bibliographie 144
124
Introduction
1. Le BAM (ou Beaux-arts Mons)
Genèse et construction :
L’origine du BAM date de la fin du 19ème siècle. En avril 1895, Henri Glépin (1848-1898),
montois d’origine, légua à la ville de Mons la somme de 1,5 millions de francs belges. A
l’époque, cela représente un montant considérable. Sur base d’estimations raisonnables, cela
revient à un montant minimum de 5,5 millions exprimé en euros d’aujourd’hui1. Il souhaite
qu’une partie de ce legs soit affecté à la création d’un musée destiner à accueillir ses propres
collections de porcelaines et faïences anciennes ; l’autre partie sera destinée à un hospice pour
personnes âgées. Henri Glépin était un homme généreux, soucieux de faciliter l’accès à la
culture. Il écrivit ainsi dans son testament: « Je désire que le public soit admis certains jours
à visiter les collections, moyennant une modique rétribution, qui sera distribuée aux
pensionnaires de l’hospice pour leur menu plaisir ». Cet homme occupe véritablement une
place à part dans le patrimoine montois2.
1 - 1 FEB = 1 FF « En 1901, il y a une quasi parité entre les francs français et belges. Pour preuve, en 1913,
100 francs belges valent 99,39 francs français, le franc belge étant le jumeau du franc français depuis sa création ». http://www.harscamp.be/index.php/Du-testament-a-l-ouverture-de-l-hospice-d-Harscamp/equivalence-entre-les-francs-et-leuro.html - 1 FF en 1900 = 3,821 EUR d’aujourd’hui http://www.lerevenu.com/guide-pratique/les-placements/201001290050758/le-cote-euro-franc-du-revenu-2010-1900
=> 1,5 millions FEB époque * 1 * 3,821 = 5,7 millions EUR d’aujourd’hui 2 NB: en novembre 2013, la ville de Mons a mis en place une exposition temporaire intitulée (Legs Glépin:
collections de céramiques et numismatiques).
125
La ville de Mons se voit alors confiée la responsabilité de la construction du musée. La
construction commencera en 1908 et va durer cinq ans. C’est l’architecte Rau, professeur à
l’Académie de Mons qui prend en charge le projet. Les autorités décident de bâtir cet édifice
rue Neuve, en plein centre de Mons, à deux pas de la grand place. Le Musée des Beaux-arts
de Mons est inauguré en 1913 en présence du Roi Albert Ier. Le bâtiment est alors composé
de cinq salles et permet d’accueillir environ deux cent œuvres (sculptures, peintures, gravures
et objets) disposées en plusieurs rangées superposées.
En 1935, Jules Destrée (1863-1936), wallon d’origine, Ministre des Sciences et des Arts de
l’époque écrivit : « Une conception régionaliste devrait se doubler d’une ambition éducative,
il faut y attirer les enfants (…) il faut que l’écolier puisse acheter des cartes postales
reproduisant l’œuvre qui l’a charmé ou celle dont on lui a parlé (…) il y a là toute une
éducation du sentiment (…) ».
Malheureusement, les autorités de la ville se rendent vite compte que le musée, en raison de
sa taille réduite, n’est plus capable de répondre à l’augmentation des collections permanentes
et des expositions. Des propositions d’agrandissement du bâtiment sont proposées mais les
projets sont écartés. « L’insuffisance des salles obligera ainsi les autorités communales à
aménager la pièce latérale gauche du musée en réserve et de continuer à placer certaines
œuvres dans divers locaux administratifs »3.
3 Website, http://www.bam.mons.be/presentation/historique
126
Années soixante, première rénovation :
Au milieu des années soixante, l’échevin de la culture, Abel Dubois (1921-1989), va
augmenter le nombre d’expositions temporaires au Musée des Beaux-arts. Comme le désirait
Henri Glépin, l’objectif est d’initier le grand public à l’art (contemporain). Les autorités
montoises arrivèrent à la conclusion définitive que le musée n’était plus assez grand.
L’architecte Vanderstraete se voit alors confier la responsabilité d’agrandir le musée. Ces
travaux vont durer plusieurs années et le musée rouvrira ses portes en septembre 1970. Le
musée s’agrandit désormais de manière drastique. Il compte alors trois niveaux, douze salles
(dont une salle de projection).
Les expositions permanentes des années soixante à nonante :
Entre les années soixante et nonante, le musée accueille essentiellement les peintures,
gravures et sculptures des artistes belges des XIXème et XXème siècles, avec une place
importante consacrée aux artistes hennuyers. L’école montoise Nervia, crée par Antonio Carte
(1886-1955), et Louis Buisseret (1888-1956) vont apporter énormément au musée. L’objectif
de ce groupe d’artistes était de manifester la présence de l’art wallon et d’épauler les jeunes
artistes hennuyers de valeur.
En 1987, Armand Simon (1906-1981) va léguer une partie de ses œuvres au musée. Il fait
partie des surréalistes du Hainaut.
Outre son penchant pour les artistes belges, le musée des Beaux-arts de Mons présente
également un panorama exceptionnellement complet de l’art international des années 60 à 90
où se côtoient, en un joyeux mélange, des abstraits lyriques (Mortier, Lanskoy), les tenants de
la figuration libre et de la nouvelle figuration (Atila, Baj, Bertini, Davie, Chaissac, Weiss,
Octva), les partisans de la figuration narrative (Adami, Klasen), des nouveaux fauvistes
(Castelli, Bach)4.
En ce qui concerne les collections, le musée sera également enrichi par le dépôt de la
Collection Thomas Neirynck par la Fondation Roi Baudouin en 2004. Il s’agit d’une
collection de 700 œuvres, abstraites majoritairement, dans la lignée de la Jeune Peinture Belge
et du CoBrA. Il s’agit de la collection de référence pour l’art abstrait en Belgique. Pendant
quarante ans, Thomas Neirynck va constituer une collection unique de peintures abstraites de
la seconde moitié du XXe siècle. Marqué par la Seconde Guerre mondiale, il entretenait
4 Website, http://www.bam.mons.be/presentation/historique
127
certaines affinités avec les artistes ayant souffert de la privation de liberté d'expression. La
collection est née de sa fascination pour l’art abstrait et de son affection pour les artistes dont
il fréquentait les ateliers. Cette collection est reconnue internationalement. De nombreuses
œuvres ont fait l’objet d’expositions temporaires à l’étranger.
2003-2007 : une deuxième rénovation et un nouveau nom
Au début des années 2000, les autorités montoises arrivent de nouveau à la conclusion que le
Musée des Beaux-arts est trop étroit. De plus, il ne répond plus aux normes muséales
européennes en vigueur. Dès lors, en mai 2003, la Ville de Mons lance un appel à projet. Face
à quatre concurrents, c’est l’architecte parisien Christian Menu qui l’emporte. Les travaux
commencent en janvier 2005 et vont durer deux ans. La ville va bénéficier de subsides
européens. Le musée ré-ouvre en mars 2007. L’architecte français « a fait le pari d’un
contraste saisissant entre un bâtiment à l’architecture ultra contemporaine, tout en
transparence, et les vieilles pierres, les beffrois et les ruelles du quartier historique dans
lequel il se situe. Ce contraste permet de mettre en valeur le quartier historique de Mons qui
se caractérise notamment par la présence de nombreux jardins arborés 5». Christian Menu a
opté pour une structure métallique légère, avec très peu de béton, respectant les dernières
normes muséales. Une terrasse à exposition panoramique en plein air a également été crée.
Parallèlement à cette deuxième rénovation, quatre étudiants de la Faculté Polytechnique de
Mons (Benjamin Bulot, Denis De Backer, Marta Dromaradska et Laëtitia Cicirettiun)
proposent en juin 2004 un projet pour un nouveau musée des Beaux-arts. Désormais, on
l’appellera BAM, ou Beaux-arts Mons.
2010 : Mons, comme capitale européenne de la culture
En novembre 2010, la candidature de Mons comme ville européenne de la culture est
acceptée. Elle partagera ce titre avec la ville de Pilsen en République Tchèque. Mons succède
ainsi à d’autres villes belges telles que: Anvers (1993), Bruxelles (2000) et Bruges (2002).
Au cœur d’un bassin industriel très affaibli, Mons espère (comme ce fut le cas pour sa
« voisine » Lille qui a été ville de la culture en 2004) de : « se relancer » grâce à la culture.
Pour illustrer cela, le bourgmestre Elio di Rupo dira: « Nous nous appuyons sur les chiffres de
Lille : un euro investi en rapporte six ».
5 http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_2021
128
2012-2013 : troisième rénovation
Dans le cadre de Mons 2015, les autorités montoises désirent alors rénover le BAM pour la
troisième fois afin de pouvoir accueillir des expositions d’ampleur internationale. Le musée
ré-ouvre ses portes en octobre 2013. Il est inauguré en grande pompe avec une exposition
consacrée à Andy Warhol.
129
2. Le Grand-Hornu
Le Grand-Hornu, complexe industriel de charbonnages fondé en 1810 par l’industriel
français Henri de Gorge possède un caractère unique. De par ses aspects techniques,
urbanistiques et architecturaux, il est un témoignage historique emblématique de la révolution
industrielle qui s’est déroulé dans nos régions à partir du début du 19e siècle. Par ailleurs, ce
projet d’avant-garde peut être considéré comme visionnaire : pour preuve la création d’une
cité ouvrière modèle offrant un confort inégalé – à l’époque – pour la main d’œuvre présente
sur le site.
Par après, l’exploitation industrielle du Grand-Hornu s’est terminée en 1954. Le site a été
ensuite abandonné jusqu’en 1971 : date de la reprise par un architecte de Hornu, Henri
Guchez. Par l’intermédiaire de deux institutions gouvernementales, premièrement la province
du Hainaut, ensuite la Communauté Française, l’ensemble du complexe sera l’objet d’une
reconversion muséale fort bien réussie, particulièrement dans le domaine artistique.
En premier lieu l’analyse portera sur l’histoire et le développement industriel du site à partir
de la fin du 18e siècle (2.1). Ensuite, elle s’attachera à décrire la reconversion du site opérée
depuis 1954 jusqu’à aujourd’hui (2.2).
130
2.1 Histoire industrielle6
2.1.1 Les prémisses
Le Grand-Hornu a été fondé en 1777-1778 par Charles Sébastien Godonnesche7. Il a obtenu
une concession d’exploitation en association avec deux borains, Ignace Dubuisson et Nicolas
Colmant. C’est le 19 janvier 1778 que l’abbaye de Saint-Ghislain leurs octroie le droit
d’exploitation des veines à charbon situées entre la Seigneurie de Quaregnon et celle de
Boussu.
Il est intéressant de noter que cette exploitation ne faisait pas partie des nombreuses mines
qui, souvent en se gênant l’une l’autre, se développaient dans les couches régulières – et
généralement bien situées du point de vue géologique – du centre du vieux Borinage. Le
Grand-Hornu était situé en bordure du Borinage. A l’époque, la réalité géologique du terrain
était très mal connue. Cette exploitation houillère étant établie dans une zone périphérique,
elle était considérée comme très difficile à exploiter.
L’association de Charles S.Godonnesche avec Dubuisson et Colmant ne durera pas longtemps
et il pourra acquérir leurs parts pour devenir unique propriétaire de l’affaire. Son fils Jean-
Louis commencera à travailler avec lui et deviendra petit à petit son bras droit. Il faut noter
que les deux premiers puits ont été creusés sous la période de la Compagnie d’Hornu, dirigée
par la famille Godonnesche.
Au cours de la période de la révolution, les activités doivent malheureusement être
suspendues à partir de 1791 pour reprendre sous le directoire. Eu égard aux conditions
géologiques mais aussi à la technique de l’époque, l’exploitation du Grand-Hornu a présenté
de très nombreuses difficultés aux Godonnesche. En effet, les couches rencontrées ne sont
généralement que des couches brisées. De plus, le gisement n’appartenant pas aux exploitants,
les frais de location de la concession dont il faut s’acquitter régulièrement auprès de l’abbaye
sont très lourds.
6 La source principale du point 2.2 est la suivante : Hubert Watelet, « Une industrialisation sans développement.
Le bassin de Mons et le charbonnage du Grand-Hornu du milieu du XVIIIe au milieu de XIX siècle », Editions de l’université d’Ottawa, 1980.
7 Charles Sébastien Godonnesche était fermier général des octrois de la vielle et banlieues de la ville de Valanciennes.
131
Ces contraintes non négligeables sont de nature à réduire fortement la profitabilité de
l’entreprise et sa capacité à dégager des bénéfices. Malgré des investissements très importants
l’exploitation peine à croitre. Les conditions d’exploitation ne changeant pas entre 1778 et
1810 Jean Godonnesche prend la décision de vendre la mine.
2.1.2 Reprise par Henri De Gorge
Débuts et premières expériences
Henri De Gorge entre en relation avec les
exploitants de Grand-Hornu à partir de 1804.
De Gorge est originaire d’Orsinval dans la
région du Quesnoy. Il nait en février 1774 dans
une famille de cultivateurs français. Ses parents
lui donnent la chance d’accéder à l’éducation
en lui payant sa scolarisation. Au cours de la
révolution, il occupe différents postes dans
l’armée française. Par exemple en 1794 il est
attaché au service des vivres de l’intendance
générale de l’armée du Nord. Par après il sera
amené à exercer la profession de garde des
magasins des chauffages militaires.
Après un premier mariage qui se termine par le
décès de son épouse, Henri De Gorge épouse
17 août 1800 la fille d’un important négociant Lillois ; Eugénie Désirée Legrand. Il a 26 ans
et son contrat de mariage prouve qu’il possède déjà un patrimoine évalué à 13.833 livres, ce
qui peut être considéré comme une fortune intéressante. A la même époque, De Gorge est
reçu dans la loge maçonnique « Les Amis Réunis ».
Fort de ses différentes expériences, De Gorge va prendre conscience de l’importance que
prend le charbon dans la vie commerciale de l’époque et il décide de se concentrer sur le
commerce de cette matière première. Son activité de revente progresse et s’étend non
seulement à l’agglomération Lilloise mais à l’ensemble de la région du Nord dans laquelle Il
envoie de nombreux bateaux. C’est dans ce contexte qu’il entame une relation commerciale
avec les Godonnesche et qu’il apprend à connaître le site minier du Grand-Hornu.
132
Acquisition et exploitation du Grand-Hornu
Peu avant qu’il acquiert le charbonnage du Grand-Hornu - après avoir réalisé de nombreuses
opérations commerciales - la fortune de De Gorge est estimée en 1810 entre 200 000 et 300
000 francs. Conscient de l’essor de l’industrie, du développement des innovations
technologiques, de la création de nouvelles voies de communications 8 et enfin la mise en
place de politiques favorables, Henri De Gorge prend la décision d’investir son capital pour
devenir industriel. C’est ainsi qu’il saisit l’opportunité d’acquérir le site du Grand-Hornu dont
se séparait la famille Godonnesche.
Dès son arrivée, De Gorge va donner l’impulsion nécessaire pour relancer et moderniser le
site, tant grâce à son dynamisme qu’aux capitaux qu’il injecte dans l’exploitation.
Plusieurs éléments contribueront au succès et à la renommée du Grand-Hornu.
Premièrement, la prospection et la découverte de nouveaux gisements porteront rapidement
des fruits. Même si au départ l’activité reste déficitaire, la découverte de gisements plus
profitables permettra à l’entreprise de réaliser des bénéfices.
Deuxièmement, en tant qu’ancien vendeur de charbon, De Gorge comprend l’intérêt
stratégique que revêt la vente du charbon. Il fera ainsi le maximum pour procéder à
l’intégration verticale des activités de transformation de la matière première, de transport et de
commercialisation au gros. En les intégrant, il pourra ainsi augmenter ses marges de profits.
Cela lui permettra d’autofinancer totalement son activité, ce qui est exceptionnel pour une
activité de cette ampleur. Il pourra ainsi rester indépendant vis-à-vis des institutions de
crédits.
8 Par exemple, l’achèvement du canal de St-Quentin joignant le bassin de Mons et Valenciennes vers
l’agglomération parisienne.
133
Troisièmement, le Couchant de Mons, spécifiquement dans la région de Hornu, connaissait
une très faible densité de population. Cela posait à De Gorge le problème d’un manque criant
de main d’œuvre. A titre d’exemple, en 1812, tandis que le l’entreprise occupait 425 ouvriers,
la localité ne comptait que 800 habitants. Ainsi pour attirer la main d’œuvre, De Gorge pris la
décision de construire une cité d’habitation pour les travailleurs du charbonnage. Le début de
la construction fut entrepris en 1819 pour terminer en 1832. Le coron (quartier ouvrier)
comprenait 435 maisons offrant un confort de vie jusque-là inégalé dans le monde industriel.
Photo de la cité ouvrière du Grand-Hornu91994, Vincent Vincée.
Ces maisons disposaient notamment d’un jardin, d’un accès à l’eau chaude ainsi que plusieurs
pièces de vie. Il est important de souligner le caractère précurseur et innovant de cette
réalisation. Cet ensemble a été réalisé par deux architectes notoires, en premier lieu
l’architecte Lillois François
Obin, ensuite Bruno
Renard10
Quatrièmement, le succès
de l’exploitation houillère
du Grand-Hornu est aussi
dû à l’usage et au
développement des
technologies de pointe.
Ainsi en octobre 1826,
Henri De Gorge rencontre
John Cockerill et lui fait la
commande d’un atelier afin
de mettre au point et de construire les machines à vapeur les plus adaptées à ses besoins, ce
qui lui permet aussi d’en fournir aux charbonnages voisins. Par ailleurs, le chemin de fer a été
vite adopté. Ce goût pour l’innovation a été longtemps présent au sein de l’entreprise. Par
exemple, en 1903 un chemin de fer aérien a été créé afin d’accélérer la liaison entre la mine et
le canal.
9 Disponible sur http://www.leborinage.be/hornu.html, consulté le 20 octobre 2014.
134
2.1.3 Succession et poursuite de l’exploitation
Le 22 août 1832, Henri De Gorge décède soudainement lors d’une épidémie de choléra. En ce
qui concerne sa succession, elle va pour moitié à sa veuve, Eugénie Legrand, et pour le reste à
sa propre famille. En 1843, lors de son décès, la famille Legrand parvient à réunir dans ses
mains l’ensemble de l’exploitation. A cette occasion, une société civile est constituée par les
héritiers de Madame De Gorge. Ensuite, par un jeu d’alliance la société passera dans les
mains de la famille des Marquis de Moustier, qui elle-même était apparentée à de nombreuses
familles de la noblesse comme les Ligne.
2.2 Reconversion du site
2.2.1 Fin de l’exploitation et abandon
A la fin de la seconde guerre mondiale, la production commence à se réduire.
A partir de 1950, de commun accord avec la SA des Charbonnages du Hainaut, un projet de
fusion est engagé. Cette société possède l’exploitation charbonnière d’Hautrage qui se situe
dans le voisinage immédiat du Grand-Hornu. Il est intéressant de constater que l’arrêté royal
de fusion de ces deux entités distinctes mentionne que, je cite: « les installations que possède
la Société civile [exploitant le site du Grand-Hornu], tant en ce qui concerne la surface que
les puits et les travaux souterrains, sont vétustes et manifestement insuffisantes pour exploiter
le gisement que contient la concession. D’autre part la situation de cette société ne permet
pas d’envisager le renouvellement et la modernisation des installations »11. Cela prouve bien
que l’industrie du Grand-Hornu, autrefois glorieuse, est, cinq années après la fin de la seconde
guerre mondiale, à bout de souffle.
En 1954, l’activité d’extraction charbonnière est arrêtée et l’on commence à démanteler les
ateliers12.
On peut relever quatre causes principales au déclin et à la fermeture de l’exploitation du
Grand-Hornu. En premier lieu, le charbonnage qui était une activité extrêmement rentable et
profitable jusqu’au début du 20e siècle a connu entretemps plusieurs crises qui ont contribuées
à rendre l’exploitation plus difficile. Ensuite, les vaines de charbon les mieux pourvues et
11 Assunta Bianchi, « Le complexe industriel du Grand-Hornu. Témoin remarque de l’épopée industrielle du
bassin du Couchant de Mons. », p.7. 12 Jean Barthélémy, « Les leçons du Grand-Hornu pour l’architecture contemporaine », Actes du colloque « Y a-
t-il une architecture industrielle contemporaine ? », 3e édition, 1999, p. 14.
135
faciles d’accès du Grand-Hornu se sont épuisées. Parallèlement, l’investissement et
l’innovation qui avaient fait la marque de fabrique de l’exploitation à ses débuts ont petit à
petit été abandonnés. D’une part, cela a occasionné une baisse de compétitivité de
l’entreprise, et d’autre part cela a abouti à la vétusté et au déclassement du matériel industriel
d’exploitation, des facteurs de production. Quatrièmement, les mesures de rationalisation de
production édictées par la nouvelle CECA (Communauté Européenne du Charbon et de
l’Acier) marquent l’arrêt de l’exploitation minière du Grand-Hornu et poussent ses
propriétaires à la fermeture définitive du site.
Photo de l’atelier, Steve Fouqueart, 2013
Par ailleurs, en 1959, la société Anonyme des Charbonnages du Borinage est constituée dans
l’objectif de récupérer les actifs de tous les charbonnages étant mis en liquidation. Elle prend
la décision de réaliser les actifs qui peuvent encore l’être. Ainsi elle met en vente les
différents immeubles du site
d’exploitation du Grand-Hornu.
Concernant les habitations ainsi
que les facilités du coron
l’entourant, elles font
majoritairement l’objet d’une
acquisition pour leurs occupants
de l’époque.
Le site industriel est donc
abandonné à partir de 1954. En
1969, la décision de démolition du
site est prise par arrêté royal.
2.2.2 Rachat et réhabilitation
En 1968, après qu’une période de déshérence prolongée se soit passée, deux professeurs
d’université donnent une impulsion nécessaire à la sauvegarde du site qui est en proie au
vandalisme et à la détérioration. Christiane Piérard et Marinette Bruwier créent donc un
comité de sauvegarde. Par la suite en 1971, un repreneur se profile à l’horizon. Un architecte
local, Henri Guchez, prend la décision d’acquérir le site. Il doit s’acquitter d’une somme de
136
350 000 BEF13, montant qui équivaut au cout de la destruction du site.
C’est sur cette base que la réhabilitation du complexe commence. Ainsi il y établit son bureau
d’étude et entreprend la restauration de plusieurs éléments architecturaux du Grand-Hornu.
Par ailleurs, il contribue à rétablir le prestige du site en y proposant différentes expositions
artistiques dans le but d’y attirer un nouveau public.
Profitant de la dynamique ainsi créée, un député socialiste permanent de la Province de
Hainaut prend l’initiative de fonder « une cellule d’étude pour la mise en
valeur et le développement du site dans la continuité de sa vocation
première, associant innovations technologique et sociales »14
2.2.3 L’ASBL Hornu Image
2.2.3.1 Création
Cette intervention d’une politique dans la réhabilitation du complexe industriel du Grand-
Hornu va aboutir en 1984 à la fondation de l’ASBL Grand-Hornu image. Cette association
place ses bureaux au sein du site industriel afin de poursuivre au mieux son objet social.
Tout en respectant l’histoire et les spécificités du lieu, l’objet social de cette ASBL se décline
en trois missions principales : la défense du patrimoine, le tourisme et la culture15.
Pour permettre à cette association de mener au mieux son projet au sein du Grand-Hornu
(expositions, visites, activités pédagogiques centrées sur le passé historique du lieu ainsi que
sur le lien entre la culture et l’industrie) divers travaux sont engagés. On procède notamment à
la restauration de la cour centrale ainsi que de l’aile l’entourant. De plus, la lampisterie et le
pavillon d’angle Sud sont remis à neuf pour mettre en place l’accueil et la cafeteria.
En outre, toujours dans un souci de réhabilitation, mais aussi de rentabilisation de l’ancien site
industriel, l’aile nord de la cour est mise en location à la société de télécommunication
ATEA-SIEMENS tandis que le château De Gorge est mis à la disposition de l’ASBL
« Technocité » dont l’objectif consiste à la formation aux technologies de pointe. Cela permet
donc de remplir une mission axée dans le développement économique et technologique, ce
qui contribue à la richesse et à la visibilité du projet.
13 Roland Matthu, « Reconversion, de la Cité industrielle du Grand-Hornu », Eurocultures, 2004, p. 1. 14 Roland Matthu, « Reconversion, de la Cité industrielle du Grand-Hornu », Eurocultures, 2004, p. 1. 15 Disponible sur http://www.grand-hornu-images.be/fr/Grand-Hornu/L_histoire/8/, consulté le 13 octobre 2014.
137
2.2.3.2 Missions
L’ASBL Grand-Hornu image a deux objectifs principaux. D’une part elle s’occupe de
l’accueil et de la prise en charge des visiteurs venant découvrir le site. D’autre part, elle donne
lieu à différents événements ayant attrait à l’art et à l’industrie. Elle prend ainsi part au projet
européen « Culture 2000 » qui a pour objectif de soutenir la création de lien entre un
monument historique et son environnement socioculturel. En mettant en évidence l’héritage
social dont témoigne l’industrie minière qui se développait sur le site du Grand-Hornu,
l’ASBL contribue significativement à ce projet.
2.2.4 Le Musée des Arts Contemporains (MAC’s)
2.2.4.1 Arrivée du MAC’s
En 1989, la province du Hainaut apporte sa pierre à l’édifice et prend la décision de racheter
l’ensemble du site sous l’impulsion du
député provincial Claude Durieux.
Elle permet de poursuivre les travaux
de réhabilitation du site. Cela aboutit à
ce que plus de 60 % du site puisse être
utilisé de manière adéquate par les
ASBL gravitant autour de celui-ci16.
Dès lors, à partir des années 1990,
l’orientation du site est clairement
définie. Il est reconvertit
officiellement en un pôle de
développement touristique, culturel et
scientifique.
« La chasse aux moustiques », Cheri Seba, 1993.
C’est dans ce contexte favorable que la Communauté Française prend la décision de retenir le
site du Grand-Hornu pour implanter son Musée des Arts Contemporains (MAC’s). Les
16 Dossier de présentation. Grand-Hornu – Bois-du-Luc – Bois du Cazier – Blegny-Mine. Disponible sur
www.sitesminiersmajeursdewallonie.be , consulté le 13 octobre 2014.
138
travaux d’aménagement ont débuté en 1999 pour finir en 2002.
Il est important de souligner que le MAC’s comportes des caractéristiques atypiques sur
différents plans.
Au niveau social, il relève un double défi. D’une part il a pour objectif de sensibiliser la
population aux arts nouveaux. D’autre part, puisqu’il se situe dans une région souffrant d’un
développement économique relativement faible par rapport aux provinces wallonnes, il peut
directement toucher des couches de populations défavorisées financièrement, qui sont
généralement éloignée d’une offre culturelle.
Par ailleurs, sur le plan politique et culturel, le MAC’s s’inscrit dans un ensemble de mesure
destinés à redynamiser la région, notamment
dans le cadre du programme Mons 2015. Au
terme de cette année, Il sera important de
constater et d’évaluer les effets positifs
qu’auront eu ces mesures.
Enfin, concernant les aspects historiques et
architecturaux du lieu il est intéressant de
constater qu’un bâtiment qui était autrefois
destiné à l’industrie lourde a pu être modernisé
et reconvertis pour répondre à des besoins
nouveaux tout en permettant la sauvegarde et la
transmission de notre patrimoine historique.
C’est probablement là que réside l’essentiel de l’originalité et de l’intérêt du site du Grand-
Hornu.
« Les registres du Grand-Hornu », Boltanski, 1997.
2.2.4.2 Offre culturelle
L’offre culturelle du MAC’s s’articule autour de quatre domaines déterminés : sa collection,
ses expositions, l’animation culturelle ainsi qu’une production artistique et littéraire qui se fait
sous forme de publications.
En premier lieu, le MAC’s dispose d’une collection propre qui a été constituée au fur et à
mesure des différentes expositions accueillies au Grand-Hornu. Même si la gestion de la
139
collection ressort de la compétence du MAC’s, la Communauté Française reste légalement
propriétaire de œuvres qui la composent. En ce qui concerne la procédure d’acquisition de
nouvelles œuvres, un comité consultatif 17 nommé par le gouvernement de la Communauté
Française soumet des propositions au ministre qui prend in fine lui-même la décision. A titre
d’exemple d’acquisition nous pouvons citer l’œuvre de Christian Boltanski : « Les registres
du Grand-Hornu », ou encore « La chasse aux moustiques » de Chéri Samba, illustrées dans
ce rapport de session.
En deuxième lieu, le MAC’s a pris la décision stratégique de ne produire que des expositions
temporaires. Ainsi la politique déterminée par le musée limite le nombre d’expositions
temporaires à trois par ans, qui durent donc chacune entre trois et quatre mois.
Troisièmement, l’offre du MAC’s est élargie par l’organisation d’animations culturelles
supplémentaires aux expositions temporaires. Elles sont mises en place par le service culturel
du musée dont un objectif qui est principalement pédagogique et s’adaptent généralement aux
différents âges18.
Enfin, le musée comporte une activité d’édition. Elle se décline en une revue « DITS » axée
sur les arts contemporains. Ainsi elle contribue à la visibilité et à la promotion du musée. De
plus, une revue « Minimac’s » est publiée à destination des enfants afin d' intéresser ceux-ci
de manière ludique aux expositions en cours. Ensuite divers ouvrages et articles en rapport
avec les expositions sont publiés régulièrement.
17 La Commission Consultative des Arts Plastiques 18 Broche de présentation MAC’s, juillet 2014.
140
3. Conclusion
Pour conclure, nous avons développés et analysé deux éléments majeurs du patrimoine
culturel de la ville de Mons. D’une part, le BAM, bâtiment moderne symbolisant le
développement culturel de la région montoise. D’autre part le Grand-Hornu, symbole de
l’héritage industriel de la région et de son renouveau qui passera une reconversion sur base
d’un héritage brillant.
Le BAM, Beaux-arts Mons, autrefois appelé musée des Beaux-arts Mons est donc un musée
qui a constamment évolué au cours des deux derniers siècles. Il fut l’œuvre en 1895 d’un
généreux mécène, Henri Glépin. Il a accueilli de nombreuses œuvres et de nombreux courants
artistiques, avec un penchant particulier pour les artistes belges et plus particulièrement
hennuyers. Il fut rénové à trois reprises (1970-2007-2013), dû au fait que le musée n’était plus
capable de répondre à son succès et aux normes muséales en vigueur. Il a été rénové en 2013
avec pour perspective Mons 2015, Mons, ville européenne de la culture. Lors de la visite du
BAM, les membres de la Conférence Olivaint de Belgique (COB) ont pu apprécier le
caractère novateur de ce lieu.
BAM, schone kunsten Bergen, voorgaands museum voor schone kunsten van Bergen
genaamd, is dus een museum die deze twee laatste eeuwen een constante evolutie heeft
meegemaakt. In die mate heeft hij genoten in 1895 van de donatie van een genereuze
mecenas, Henri Glépin. BAM Bergen heeft meerdere werken opgenomen in zijn collectie
alswel verschillende kunststromingen, met een voorkeur voor belgische artiesten en meer
specifieke van Henegouwen. Als gevolg van zijn succes is BAM Bergen driemaal
gerenoveerd geweest (1970- 2007- 2013), te wijten aan het feit dat ze niet meer konden
opleven aan de museale normen in werking. Het museum is in 2013 gerenoveerd geweest in
opleving naar Bergen 2015, waarin Mons europese hoofdstad voor cultuur zal zijn.
Gedurende het bezoek van de BAM hebben de leden van het Olivaint Genootschap van
België (OGB) het moderniserende aspect van dit instituut kunnen apprecieren.
The BAM, Gallery of Mons, previously named Fine Arts Museum of Mons, is a museum
which has constantly evolved in the two last centuries. It is the result of the generous mecenas
of Henri Glépin in 1895. It received numerous works of art and various artistic currents, with
141
a preference for the Belgian artists and more specifically these from the province of Hainaut.
As a result of its own success it has been renovated for over three times (1970-2007-2013).
As such, the museum was not able to meet the museal standards in current application. It was
renovated in 2013 in preparation for Mons 2015 in which Mons has been elected European
City of Culture for the year of 2015. During the visit of the BAM, the members of Olivaint
Conference of Belgium have been able to appreciate the modern approach of the institute.
Concernant le Grand-Hornu ; en 2012, le site minier a été reconnu et inscrit au patrimoine
mondial de l’humanité par l’UNESCO, ce qui témoigne de l’importance majeure qu’il a pu
représenter tout au long de son histoire. Cela montre à quel point le bassin houiller de
Wallonie a compté et a été emblématique lors de la période de la révolution industrielle. De
plus, il a été inscrit au même titre que trois autres sites miniers et industriels belges (Bois-du-
Luc, Bois du Cazier et Blegny-Mine).
En outre, cette reconnaissance offre une visibilité et un statut international qui donnent par
conséquent une autre dimension au site. Dans le même temps, l’inscription du Grand-Hornu
au patrimoine mondial de l’UNESCO constitue aussi en un réel défi et implique donc
beaucoup pour l’avenir en termes d’entretien, d’accès et qualité des visites offertes.
Deux ans après la reconnaissance du Grand-Hornu par l’UNESCO, nous avons pu visiter cet
élément de notre patrimoine dans le cadre de la session d’étude de la conférence Olivaint en
juillet 2014. C’est avec beaucoup d’agrément que nous avons pu constater de visu la manière
dont ce lieu chargé d’histoire avait pu être rénové et adapté.
En conclusion, citons Jean Barthélémy: « La dernière leçon que le Grand-Hornu nous donne
: grâce à la qualité constructive, au bon ordonnancement des structures et à la richesse
architectonique de ses espaces intérieurs, un grand monument industriel peut transcender le
temps et continuer à s’adapter avec brio aux nécessaires changements fonctionnels d’une
société en perpétuel mouvement. »19.
Concerning the Grand-Hornu, in 2012, the mine site has been recognized and listed as World
19 19 Jean Barthélémy, « Les leçons du Grand-Hornu pour l’architecture contemporaine », Actes du colloque « Y
a-t-il une architecture industrielle contemporaine ? », 3e édition, 1999, p. 14.
142
Heritage by UNESCO, which reflects the great importance it could represent throughout its
history. This shows how the coal fields in Wallonia counted and was emblematic during the
period of the industrial revolution. Moreover, it was enrolled as well as three other Belgian
mining and industrial sites (Bois-du-Luc, Bois du Cazier et Blegny-Mine).
In addition, this worldwide recognition provides visibility and international status and gives
therefore another dimension to the site. At the same time, the entry of the Grand-Hornu in the
UNSECO Heritage also constitutes a challenge and therefore involves a lot of efforts in terms
of maintenance, access and quality of tours offered.
Two years after that decision , we visited this important part of the Walloon heritage as part of
the the study session of the Olivaint Conference in July 2014. It was a real pleasure that we
have seen how this historical place had been renovated and adapted to our current society.
As conclusion, we have to recall what John Barthélémy said: "La dernière leçon le Grand-
Hornu nous donne: grâce à la qualité constructive; au bon ordonnancement des strucutres à
et la richesse architecturale de ses espaces intérieurs, un grand monument industriel peut
transcander le temps et continuer à s'adapter avec brio aux nécessaires changements
fonctionnels d'une société en pérpétuel changement".
Wat betreft de Grand-Hornu, in 2012, was de mijn site erkend en opgenomen als
werelderfgoed door de UNESCO, die grote belang heeft dat hij heel haar geschiedenis kon
vertegenwoordigen. Die toont aan hoe het bekken Wallonië telde en was emblematische
tijdens de periode van de industriële revolutie. Daarnaast werd hij ook ingeschreven als die
andere Belgische mijnen en industrieterreinen ( Bois-du-Luc, Bois du Cazier et Blegny-
Mine).
Daarnaast, biedt deze herkenning een internationale status dan ook een andere dimensie aan
de site. Op hetzelfde moment, de intrede van de Grand-Hornu vormt ook een challenge op het
gebied van onderhoud, toegangkelijkeheid en kwaliteit van de rondleidingendie aangeboden
zijn.
Twee jaar daarna, hebben wij dit deel van ons erfgoed bezochten in het kader van onze
jaarlijkse studiereis van de Olivaint Genootschap van België (OGB) . Het is met groot
genoegen dat wij zagen hoe deze historische plek was gerenoveerd en aangepast.
Tot slot, nog een citaat van Jean Barthélémy : "La dernière leçon le Grand-Hornu nous
donne: grâce à la qualité constructive; au bon ordonnancement des structures à et la richesse
143
architecturale de ses espaces intérieurs, un grand monument industriel peut transcender le
temps et continuer à s'adapter avec brio aux nécessaires changements fonctionnels d'une
société en pérpétuel changement".
144
Bibliographie
• Auteur non cité, « Un musée de Christian Menu, et BAM ! »,
http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_2021
• Barthélémy Jean, « Les leçons du Grand-Hornu pour l’architecture contemporaine »,
Actes du colloque « Y a-t-il une architecture industrielle contemporaine ? », 3e
édition, 1999, p. 14.
• Bianchi Assunta, « Le complexe industriel du Grand-Hornu. Témoin remarque de
l’épopée industrielle du bassin du Couchant de Mons. », p.7.
• Doiezie Mathilde, « Mons, le programme de la capitale européenne de la culture », le
Figaro, http://www.lefigaro.fr/culture/2014/10/09/03004-20141009ARTFIG00174-
mons-2015-le-programme-de-la-capitale-europeenne-de-la-culture.php
• Dossier de présentation. Grand-Hornu – Bois-du-Luc – Bois du Cazier – Blegny-
Mine. Disponible sur www.sitesminiersmajeursdewallonie.be , consulté le 13 octobre
201 4.
• Fondation Roi Baudouin, « La collection Thomas Neirynck », http://www.patrimoine-
frb.be/collection/la-collection-thomas-neirynck
• Mambour José, « Le groupe Nervia », http://www.art-
memoires.com/lettre/lm2123/23nervia.htm
• Matthu Roland, « Reconversion, de la Cité industrielle du Grand-Hornu », Euro
cultures, 2004, p. 1.
• Watelet Hubert, « Une industrialisation sans développement. Le bassin de Mons et le
charbonnage du Grand-Hornu du milieu du XVIIIe au milieu de XIX siècle », éditions
de l’université d’Ottawa, 1980.
145
146
147
Le Mundaneum
Arnaud Piers de Raveschoot
Alexis Brabant
148
149
TABLE DES MATIERES
1. Introduction 150
2. Le Mundaneum 151 2.1. Le visionnaire d'internet 151 2.2. La recherche 153 2.3. Un réseau et une mission 153 2.4. Un système d'information dématérialisé. 154 2.5. Un manque d'investissement et l'invasion nazie 155 2.6. Une redécouverte 155
3. Un réseau sémantique ? 157 4. Conclusion 158 5. Bibliographie 160
150
1. Introduction
« The Web Time Forgot », c’est ainsi que fut décrit par le New-York Times l’ambitieux projet
initié par Paul Otlet (1868-1944) et Henri La Fontaine (1854-1943) durant la première moitié
du 20ième siècle.
Ce projet visait à rassembler et à classifier l’ensemble des connaissances de l’humanité pour
que celles-ci soient facilement consultables et utilisables et ce, dans le but de permettre aux
hommes de mieux se connaître, de ne plus avoir peur les uns des autres et donc de vivre en
paix.
L’origine de l’extraordinaire entreprise fut une rencontre fortuite en 1890 dans le cabinet de
l’avocat Edmond Picard. Les deux hommes s’y découvrirent une passion commune pour la
bibliographie.
C’est véritablement en 1985 avec la première Conférence internationale de Bibliographie qui
se tint à Bruxelles que les bases du projet furent élaborées et l’Office internationale de
Bibliographie créé. Cet organisme devait servir de fondement à la conception du ‘Répertoire
bibliographique universel’.
C’est pour ce répertoire que Paul Otlet et Henri La Fontaine ont développé la Classification
Décimale Universelle ou CDU, système de classification qui se voulait un langage universel
de classification. Il est d’ailleurs encore aujourd’hui utilisé par un grand nombre de
bibliothèques de par le monde.
Mais germait aussi dans l’imaginaire de Paul Otlet et d’Henri la Fontaine une autre idée : le
rassemblement de l’ensemble des connaissances mondiales en un seul et même endroit. Cet
endroit devait mettre à disposition du monde entier les connaissances de l’humanité.
Plusieurs lieux furent envisagés mais ce fut finalement en 1920 à Bruxelles au Palais de
Cinquantenaire que s’ouvrit le ‘Palais Mondial’ ou ‘Mondaneum’. Au sein de cet édifice
étaient hébergées diverses institutions créées par Paul Otlet et Henri La Fontaine ainsi que ‘le
Musée international’ qui réunissait des collections internationales et permettait d’illustrer le
monde et ses connaissances. Des congrès, conférences et évènements étaient aussi organisés
au palais Mondial. Celui-ci ferma néanmoins ses portes en 1930.
La même année, l’Institut International de Bibliographie, qui avait été créé à la suite de
l’Office internationale de Bibliographie, fut rebaptisé Institut International de Documentation.
Il sera renommé ‘Fédération Internationale de Documentation’ en 1937.
151
En 1980, la fédération a été abrogée, le Répertoire bibliographique universel fut confié à la
Bibliothèque royale et l’ensemble des collections furent cédées à la Communauté française
par les Amis du Palais mondial. Elles seront ensuite transférées, en 1993, à l’initiative d’Elio
Di Rupo alors ministre de l’Education, à Mons où un nouveau musée est en construction en
vue d’abriter et d’exposer les collections du Mondaneum.
En 2012, Google a annoncé son soutien au nouveau projet de ‘Mondaneum’ reconnaissant
ainsi le fabuleux travail réalisé par Paul Otlet et Henri La Fontaine en tant que précurseurs du
‘World Wide Web’.
2. Le Mundaneum
2.1 Le visionnaire d'Internet L’Internet est souvent appelé à juste titre le réseau de réseaux. Il constitue en effet un centre
névralgique, composé de millions de réseaux aussi bien publics que privés, universitaires,
commerciaux et gouvernementaux.
Mais l'Internet est aussi l'aboutissement de plusieurs innovations technologiques. Tout a
commencé par un vieux rêve, celui de Paul Otlet (1868-1944).
S’intéresser à un réseau d'information qu’est le cerveau humain, c’est découvrir rapidement la
mystérieuse puissance de la nature. Suite a une évolution de millions d'années, la nature a été
capable de constituer une matière biologique fonctionnant grâce à des impulsions électriques
et capable d'interagir avec son environnement de manière inédite.
C'est à l'homme d'étendre cette capacité exceptionnelle mais certes limitée afin de créer un
réseau de plus en plus intelligent.
Les sens de l’homme sont son interface avec son environnement. Ils envoient des signaux
électriques au cerveau pour solliciter son incroyable capacité de mémorisation et d'utilisation
de l'information stockée. Le cerveau humain sait où trouver l'information, mais celle-ci est
souvent trop restreinte pour assouvir la curiosité de l’homme.
Le modèle du cerveau humain a permis à Otlet d’élaborer ses théories fracassantes sur
l’élaboration d’un cerveau collectif toujours plus grand et modifiable par tous.
Otlet propose en plus un moyen pour retrouver l'information recherchée de manière rapide,
simple et efficace.
Au 21ème siècle, nous pouvons bénéficier d’un Internet plus rapide que le cerveau humain.
Ce dernier fonctionne à une vitesse de l'ordre de grandeur de la microseconde, variable en
152
fonction de l’individu, alors qu’Internet fonctionne à la nanoseconde. A l'époque d'Otlet, les
moyens de communication électronique étaient le téléphone et le télégraphe. Il s'agissait donc
d'une version extrêmement lente d'Internet.
Les systèmes de recherche actuels permettent de retrouver de l'information par des mots clés.
A l'époque, le système utilisé était similaire. Ainsi le Mundaneum comptait 16 millions de
cartes d'index ce qui rendait la recherche déjà efficace.
Malgré les contraintes techniques de l'époque, l'idée d’Otlet était donc déjà grandiose
Lorsque nous parlons de réseaux, le concept de « l’électricité’ intervient souvent vu qu’il est
transporteur d'informations pour le cerveau humain. En effet, les neurones communiquent
entre eux grâce à cette onde-matière. Un ordinateur a, de son côté, la capacité de stocker des
petites charges électriques dans des accumulateurs ou dans des transistors rétrécissant avec les
années en fonction d’une loi logarithmique.
Dans les années 1920, le concept d’électricité n’avait pas encore développé tout son potentiel
et l’électricité n’avait pas encore remplacé l’énergie mécanique. C’est ainsi de ses propres
mains, et de celles de son personnel, que Paul Otlet stockait les connaissances venant du
monde entier sous forme de papiers dans des petites armoires.
A cette époque le télégramme existait déjà et facilitait ainsi grandement la tache de
transmission de l'information de n'importe quel pays dans le monde vers la Belgique et
réciproquement.
1500 lettres ou télégrammes arrivaient par an à Bruxelles. Il s'agissait essentiellement de
demandes d'information provenant de chercheurs et d'étudiants du monde développé d'avant-
guerre.
En plus du travail épistolaire, la recherche de chaque requête représentait un travail
titanesque.
Les services postaux de l'époque étaient lents ce qui prolongeaient les délais de réponse à une
requête. De nos jours l’information se déplace dans des fibres optiques à la vitesse de la
lumière à travers le globe.
Même si la vitesse n’est pas comparable entre les deux époques, l’idée d’information à partir
d’un noyau universel était bien présente chez Otlet.
Si c’est en Belgique que les idées de Paul Otlet et d’un réseau d’information universel ont
germé, c’est de l'autre côté de l'Atlantique, aux USA, que les fruits de ses études ont été
récoltés. C’est en effet là-bas qu’Internet s'est développé durant la deuxième Guerre mondiale.
Le Mundaneum a vu naitre son petit frère dans la Silicon Valley et le vieux temple du savoir
153
fut oublié par l'humanité jusque dans les années 1960.
Du succès d’Internet sont nées plusieurs inventions. Larry Page, l'inventeur du système de
recherche ‘Google’ peut donc tirer son chapeau à Paul Otlet, inventeur belge qui ne connut
qu'un succès posthume, car la toute première idée d'Internet appartient bel et bien à ce dernier.
Il est indéniable que cette idée en a suscité d’autres dans les brillants esprits de l'époque
durant les nombreux colloques internationaux.
Paul Otlet sentait que son idée était prometteuse. Il misa tout ce qu’il avait dans sa réalisation
mais il ne parvint jamais à la commercialiser Cette entreprise audacieuse, mégalomane,
brillante et futuriste n'eut dès lors pas été possible si Paul Otlet n'avait pas été issu d'une
famille aisée.
2.2 . La recherche
Lorsque s’effectue une recherche sur Google, le système de recherche affiche des
documents/vidéos/chansons dans lesquels se retrouve le mot recherché, classé par fréquence
d'apparitions.
Le résultat de la recherche est le fruit de l’utilisation d'un algorithme extrêmement complexe
mais drôlement efficace.
C'est de par son efficacité qu’il est devenu le système de recherche le plus utilisé de par le
monde et que ses inventeurs en sont devenus célèbres.
De son côté, limité par les moyens techniques de son temps, Paul Otlet utilisait l’archivage
pour effectuer des recherches de documents.
Divisé en thèmes, le savoir du monde était facilement retrouvable par une suite logique de
déduction à partir d'un thème central. Paul Otlet en fit l’expérience quand un jour, se baladant
sur la plage, il ramassa une étoile de mer et qu’il put rapidement en ordonner le référencement
tant il avait travaillé à son entreprise.
2.3. Un réseau et une mission
En 1934, la radio et la télévision étaient encore rudimentaires.
Otlet cherchait pourtant déjà à constituer un réseau basé sur la nouvelle technologie qui était
encore très peu développée.
154
Il encourageait le développement des télécommunications afin d'améliorer les opportunités de
développement parmi les chercheurs.
Passant de longues heures à chercher des nouveaux moyens de télécommunication, Otlet
s’intéressa à la combinaison de cartes d'index, au téléphone et à d’autres équipements.
Il eut l’intuition de réseau Internet. Son projet a ainsi souvent été considéré comme un
« Internet de papier » où les fiches standardisées pourraient constituer les nœuds de
l’hypertexte ; les liens étant assurés par la classification.
Les applications connues aujourd'hui du travail d'Otlet sont par exemple Wikipedia ou Web
2.0.
Le Mondaneum que ses instigateurs, Paul Otlet et Henri Lafontaine, imaginaient depuis 1895,
a ouvert ses portes à Bruxelles en 1920. Ce projet constituait une idée novatrice et grandiose.
L'endroit était un musée où les étudiants passaient de longues heures à assouvir leur soif de
connaissance tant le catalogue d'informations était déjà important à cette époque.
Les archives documentaires d’Otlet étaient constituées de livres, d’un nombre gigantesque de
journaux, de posters et de plus de 200 000 cartes postales, ainsi que de catalogues de
téléphones, d'avions, etc.
La quantité de matériel était tellement conséquente que le projet faillit chavirer.
La mission que s’étaient fixés Henri Lafontaine, futur prix Nobel de la Paix, et Paul Otlet était
claire : diffuser le savoir afin de promouvoir la paix dans le monde. Pour réaliser leur objectif,
ils travaillèrent de concert avec des instituts de recherche internationaux.
2.4. Un système d'information dématérialisé.
Outre sa passion de collection de l'information, Otlet développait et cherchait de nouvelles
idées pour la diffusion de la connaissance. Il estimait que l'information se trouvant dans les
livres n’était qu’un ensemble d'idées. Son rêve était de dématérialiser toute cette information
en utilisant des médias pratiques et efficaces.
Il commença par faire des graphes et des diagrammes. Ces derniers permettaient de
rassembler des idées sur une plus petite surface et de les enregistrer plus facilement sur des
microfilms. L'avantage des microfilms était qu'ils étaient compréhensibles peu importait la
langue. Otlet rêvait d'utiliser l'audio et le film pour encore mieux diffuser l'information.
155
L'inventeur du Mundaneum rassembla toutes ces idées dans un livre de 400 pages qu’il appela
« Traité de Documentation ». Durant une conférence internationale, il affirma qu'il serait
possible d’un jour diffuser des images par téléphone qu'il appellerait « la radio
téléphotographie ». Otlet envisageait également le gramophone comme canal de
communication pour l'information sonore.
Récemment d’ailleurs des chercheurs d'une université américaine ont découvert un de ses
textes écrit en 1907 où il était question de téléphones mobiles.
La radio était une nouvelle technologie à l'époque et constituait une porte ouverte à tous ses
rêves.
Cette nouvelle technologie permettait de diffuser de l'information sans canal matériel à
grandes distances tout en permettant d'atteindre un nombre illimité de récepteurs. Pour lui,
c'était la première étape pour une dispersion illimitée de l'information à travers un canal
d'information standard.
Tout le monde pourrait ainsi bientôt accéder à de l’information illimitée depuis son chez soi.
Ce dispositif permettrait d'accéder à une information flexible sur le monde, à l'image d'un
grand cerveau collectif qui pourrait se transformer, se reconstituer, s'améliorer.
2.5. Un manque d'investissement, l'invasion nazie.
Malgré les idées visionnaires de son inventeur, le Mundaneum ferma ses portes en 1934
lorsque le gouvernement belge ne voulut plus subsidier le projet. Lorsque les nazis envahirent
Bruxelles en 1940, ils déplacèrent la collection du « Palais Mondial » dans le centre ville et y
installèrent à la place une collection d'art nazi.
2.6. Une redécouverte
La vision d'Otlet pour la paix n'avait pas fonctionné et il mourut en 1944, appauvri et aigri. En
1968, un chercheur américain au nom de W. Boyd Rayward redécouvrait certaines parties de
la collection.
Rayward décida de rouvrir une petite version du Mundaneum. En 1998, il décida, avec les
autorités belges, de l'établir dans la province du Hainaut à Mons. Les archives actuelles,
étudiées par un chercheur au nom de Gillen, sont estimées à plus de six kilomètres de
longueur.
156
Plus de 60 ans après sa mort, de nombreuses idées de Paul Otlet se sont réalisées. Des
chercheurs ainsi que des experts dans le domaine d'internet s'intéressent encore à celles qui
concernent le « cerveau mécanique ».
La conception d'Otlet d'un corps dynamique de connaissance globale, qui implique une
addition constante des données et qui est constitué collectivement, présente de nombreuses
similarités avec le site internet Wikipedia. Otlet avait également pensé à un système
d'annotations permettant la correction de fautes dans les documents.
Charles van den Heuvel de l'Académie Royale des Beaux Arts des Pays-Bas estime cependant
qu'une comparaison avec Wikipedia n'est pas entièrement correcte dans la mesure où Otlet
ne proposait qu’un système hiérarchique de la connaissance : seul un groupe restreint
d'étudiants était chargé d’organiser et de modifier l'information.
157
3. Un réseau sémantique ? Le réseau proposé par Otlet dépassait largement le World Wide Web et sa structure
d'hypertexte. Otlet ne se limitait pas uniquement à relier les informations entre elles. Il
espérait en plus qu’elles se lient les unes les autres pour apporter un nouveau sens. De
nombreux experts soulignent d'ailleurs que cette idée est très proche d'un « réseau
sémantique ». Ce réseau permettrait aux ordinateurs d'interpréter l'information actuelle et d’en
déduire des processus automatiques.
Les projets modernes de tentatives de création d'un réseau sémantique pourraient se baser sur
les travaux d'Otlet, ses idées de hiérarchie et de centralisation dans son contexte.
Le personnel du Mundaneum à Mons est actuellement en train d'informatiser le travail d'Otlet,
afin qu'il soit disponible et accessible gratuitement en ligne. Ce travail risque de prendre un
certain temps étant donné la quantité d'archives. Mais lorsqu'il sera prêt, la vision d'Otlet nous
apparaitra enfin.
158
4. Conclusion 4.1 (FR) Le but du Mondaneum était de partager l’ensemble des connaissances de l’humanité. Ces
connaissances pouvaient ainsi donner l’opportunité à chacun de bénéficier du progrès. Paul
Otlet et Henri La Fontaine espéraient qu’en ayant une meilleure connaissance du monde et de
ces divers peuples, ceux-ci auraient moins d’entrain à se faire la guerre.
Leur projet n’atteignit pas son but, les moyens techniques de l’époque étant sans doute trop
restreints, le Mondaneum ne put prévenir les deux grands plus grands drames du 21ième siècle
en 1914 et 1939.
Mais l’idée perdura et démontra tout son potentiel avec l’avènement de l’informatique et de
ses réseaux.
Pouvons-nous un seul instant imaginer vivre dans un monde sans moteurs de recherche ?
Paul Otlet et Henri La Fontaine l’avaient bien compris, la connaissance ne sert à rien si elle
n’est pas classée de manière à y avoir accès facilement et rapidement et d’ainsi l’avoir à
disposition au moment opportun.
Espérons que le monde, devenu moins ignorant, usera de cette mine d’informations mise à sa
disposition pour répondre avec sagesse aux prochains défis auxquels il devra faire face.
4.2 (NL) Het doel van het Mondaneum was om alle kennis van de mensheid te delen. Deze kennis zou
dan aan iedereen de kans geven om van de vooruitgang van de mensheid te kunnen genieten.
Paul Otlet en Henri La Fontaine hoopten dat de verschillende volkeren door een beter begrip
te hebben van elkaar en de wereld, ze minder neiging zouden hebben om oorlog te voeren.
Hun project heeft zijn doel niet bereiken, de technische middelen die ze ter beschikking
hadden waren destijds waarschijnlijk te beperkt, het Mondaneum kon dat twee grote grootste
tragedies van de 21e eeuw in 1914 en 1939 niet voorkomen.
Maar het idee ging haar gang en toonde zijn potentieel met de komst van computers en
netwerken.
Kunnen we ons nu even voorstellen om in een wereld te leven zonder zoekmachines om op
het internet te surfen?
Paul Otlet en Henri La Fontaine hadden ingezien dat kennis die niet ingedeeld is nutteloos is.
Indeling maakt dat informatie en kennis gemakkelijk en snel bereikbaar zijn om op het juiste
159
moment te kunnen gebruikt worden.
Hopelijk zal de wereld, nu minder onwetend, deze ter beschikking gestelde schat aan
informatie verstandig gebruiken om geschikt te reageren op de toekomstige uitdagingen.
4.3 (ENG) The purpose of the Mondaneum was to share all the knowledge of mankind. This knowledge
could then be used to provide an opportunity for everyone to benefit from progress. Paul Otlet
and Henri La Fontaine hoped that by having a better understanding of the world and the
different peoples living on it, these would have less enthusiasm to go to war.
Their project did not reach its goal, the technical means for the time being were probably too
limited and the Mondaneum could not prevent the two large tragedies of the 21st century in
1914 and 1939.
But the idea lasted and demonstrated all its potential with the advent of computers and
networks.
Can we now imagine for a moment living in our world without search engines to surf on the
internet?
Paul Otlet and Henri La Fontaine did understood that knowledge is useless if it is not
classified so as to be easily and quickly accessible and have it available at the right time.
Hopefully the world, now less ignorant, will use all of this information made available to
wisely respond to the future challenges it will face.
160
5. Bibliographie
Henri La Fontaine, Prix Nobel de la Paix en 1913. Un belge épris de justice, Éditions Racine, 2012.
L'homme qui voulait classer le monde, Paul Otlet et le Mundaneum. Françoise Levie.
www.mundaneum.org/ consulté le 5/10/2014 www.mons.be consulté le 5/10/2014