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L’Impact de 1’Accord sur la libre-khange entre le Canada et les Etats-Unis sur la marche des produits importes et internes Leonard Arsenault Directeur executif, Courtier en alimentation GambitlSteinberg, 1nc. Quand on m’a demand6 de donner mes observations de l’impact sur nos march& pour les produits importCs et internes suite B I’application du libre-Cchange selon 1’Accord entre le Canada et les Etats-Unis, mon premier rtflexe B CtC d’en revoir les parambtres, de vCrifier les opinions du milieu et par la suite, je suis revenu 2 la bonne vieille formule <<Don’t fence in>>. A ce moment, la reflexion suivante a surgi : Le libre-tchange est-il une entitt en soit ou tout simplement un instrument pour nous servir dans un phCnom&ne Cconomique actuel? Dans un article du Journal des Finances du 14 novembre 1988, Monsieur Bernard Landry Ccrit que l’tconomie est en train de se mondialiser sous nos yeux. Au congrbs de l’ordre des Agronomes du QuCbec, tenu le 30 juin 1989, Monsieur Raymond Whalen, GCrant au dkpartement des Ctudes en Marketing pour les entre- prises Nest16 Ltte, parlait aussi de ce phCnombne ccglobalisationw. A titre d’exem- ple : La Perestroika - McDonald a 20 restaurants 2 Moscou; Pizza Hut et Pepsi y ont rkcemment conclu des marches importants. L‘agro-alimentaire a depuis longtemps Cvolut dans cette orientation. Les producteurs d’ici sont allCs produire dans d’autres pays, les producteurs d’ailleurs ont pris des risques ici. Quelles ouvertures sur le monde n’avons-nous pas juste a se promener devant un Ctalage de fruits et legumes . . .et pour en nommer que quelques-uns : des bananes de Costa Rica, Panama, Equateur, Honduras; des agrumes de la Californie, Floride, BrCsil, Swaziland, Uruguay, Argentine, Maroc, Espagne, Japon, Cuba, Taiwan; des pommes et des poires du Quebec, de I’Ontario, de la Colombie Britanique, Washington, Californie, Chili, Nouvelle Zlande, France, Portugal, Argentine. Tout ceci pour dire que les tchanges internationaux dans le monde de I’agro- alimentaire et la participation aux risques commerciaux se r6alisent d6ji depuis un bon moment. I1 est pourtant vrai qu’aucun pays n’est pr2t 2 dependre d’un autre pays pour son alimentation. Chacun vise une autosuffisance alimentaire. I1 est vrai aussi qu’autrefois, il ne faut pas reculer si loin, les entrepreneurs en agriculture vivaient cette autosuffisance m2me au niveau de la ferme. 11s avaient leurs produits carnCs, laitiers, maraichers, fruitiers, qu’ils reussissaient 5 entreposer pour I’hiver. 11s allaient m&me cueillir des herbes mtdicinales en prtvision d’une urgence. Tout ce d6cor a bien changC. Oh en serions-nous 2 1’Cchelle Cconomique mondiale si nous avions tent6 de poursuivre ce cheminement d’autosuffisance? Revue canadienne d’tconornie rurale 37 (1989) 1283-1286 1283

L' Impact de 1'Accord sur la libre-échange entre le Canada et les États-Unis sur la marché des produits importés et internes

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L’Impact de 1’Accord sur la libre-khange entre le Canada et les Etats-Unis sur la marche des produits

importes et internes

Leonard Arsenault Directeur executif, Courtier en alimentation GambitlSteinberg, 1nc.

Quand on m’a demand6 de donner mes observations de l’impact sur nos march& pour les produits importCs et internes suite B I’application du libre-Cchange selon 1’Accord entre le Canada et les Etats-Unis, mon premier rtflexe B CtC d’en revoir les parambtres, de vCrifier les opinions du milieu et par la suite, je suis revenu 2 la bonne vieille formule <<Don’t fence in>>. A ce moment, la reflexion suivante a surgi : Le libre-tchange est-il une entitt en soit ou tout simplement un instrument pour nous servir dans un phCnom&ne Cconomique actuel?

Dans un article du Journal des Finances du 14 novembre 1988, Monsieur Bernard Landry Ccrit que l’tconomie est en train de se mondialiser sous nos yeux. Au congrbs de l’ordre des Agronomes du QuCbec, tenu le 30 juin 1989, Monsieur Raymond Whalen, GCrant au dkpartement des Ctudes en Marketing pour les entre- prises Nest16 Ltte, parlait aussi de ce phCnombne ccglobalisationw. A titre d’exem- ple : La Perestroika - McDonald a 20 restaurants 2 Moscou; Pizza Hut et Pepsi y ont rkcemment conclu des marches importants.

L‘agro-alimentaire a depuis longtemps Cvolut dans cette orientation. Les producteurs d’ici sont allCs produire dans d’autres pays, les producteurs d’ailleurs ont pris des risques ici. Quelles ouvertures sur le monde n’avons-nous pas juste a se promener devant un Ctalage de fruits et legumes . . .et pour en nommer que quelques-uns : des bananes de Costa Rica, Panama, Equateur, Honduras; des agrumes de la Californie, Floride, BrCsil, Swaziland, Uruguay, Argentine, Maroc, Espagne, Japon, Cuba, Taiwan; des pommes et des poires du Quebec, de I’Ontario, de la Colombie Britanique, Washington, Californie, Chili, Nouvelle Zlande, France, Portugal, Argentine.

Tout ceci pour dire que les tchanges internationaux dans le monde de I’agro- alimentaire et la participation aux risques commerciaux se r6alisent d6ji depuis un bon moment. I1 est pourtant vrai qu’aucun pays n’est pr2t 2 dependre d’un autre pays pour son alimentation. Chacun vise une autosuffisance alimentaire. I1 est vrai aussi qu’autrefois, il ne faut pas reculer si loin, les entrepreneurs en agriculture vivaient cette autosuffisance m2me au niveau de la ferme. 11s avaient leurs produits carnCs, laitiers, maraichers, fruitiers, qu’ils reussissaient 5 entreposer pour I’hiver. 11s allaient m&me cueillir des herbes mtdicinales en prtvision d’une urgence. Tout ce d6cor a bien changC. Oh en serions-nous 2 1’Cchelle Cconomique mondiale si nous avions tent6 de poursuivre ce cheminement d’autosuffisance?

Revue canadienne d’tconornie rurale 37 (1989) 1283-1286 1283

1284 REVUE CANADIENNE D’ECONOMIE RURALE

Our eating habits have also changed; demographic changes and urbanization have been creating new needs. The stress of cities with asphalt and cement have been building in consumers’ minds a new feeling of the need for a sound environ- ment. We have also heard more and more nutritionists talking about better eating habits; and we see smaller families with more women working outside the house with less time to prepare meals. This represents a change in family habits and traditions. Improved transportation modes, refrigeration, conditioning, and pre- cooling have taken us quite a distance from our traditional orange in the Christmas stocking, having now year-round availabilities from all over the world.

MCme si nous avons vu la consommation de fruits et ltgumes frais grimper de 350 livres par personne en 1972 jusqu’i 504 livres par personne en 1988, cer- tains produits ont subi une autre tendance, a titre d’exemple : la rhubarbe et les pommettes. Les principales raisons sont a I’ordre de trois : les difficultCs pour obtenir la main-d’oeuvre agricole, le prix du sucre qui a CtC trks Cleve pendant un certain moment, le changement dans la vie familiale et le temps accord6 a la prkparation des aliments.

Notre pomme McIntosh a aussi connu certaines difficultes; plusieurs aiment croire que la prCsence de la Granny Smith en est responsable. Mais, je ne suis pas de cet avis. I1 est vrai que le consommateur voulait une pomme ferme et que la Granny Smith est ferme. Mais la McIntosh pourrait aussi conserver pour un certain temps cette qualitC. Le reflexe du temps a CtC de chercher a Ctre competitif avec la pomme de couleur rouge prononcie comme la Spartan ou la DClicieuse, cher- chant par tous les moyens possibles donner a la Mclntosh ce qui n’est pas dans sa caracteristique naturelle de base - la couleur rouge prononcee. Ce qui par voie de conskquence en a affaibli la texture, favoriste les meurtrissures et orientCe la faveur de plusieurs consommateurs vers la Granny Smith. Par contre, nous avons aussi pu constater des augmentations substantielles pour la consommation de champignons, brocoli, choux-fleur, kiwi, mangue, poire d’avocat, etc. I1 nous serait difficile de responsabiliser I’entente du libre-echange pour ces rkactions commerciales .

The Canada-U. S, Trade Agreement should build aprogressive attitude toward the globalization of the economic trends. The government and its employees have given a lot of positive cooperation to the industry. As an example, in preparing for the implementation of the Canada-U.S. Trade Agreement, each department of the federal government wanted its own form covering its own requirements for information at the time of entry of goods into Canada. As a result of communication among all of us, the proof of origin form can be presented as a blanket statement if everything remains the same; the Canadian customs invoice, anti-dumping requirements, anti-consignment requirements, snap-back provision and confir- mation of sale can now all be presented on only one form, which is the modified confirmation of sale form.

L‘IMPACT DE L‘ACCORD SUR LE MARCHE DES PRODUITS 1285

The custom tariff elimination on our fresh fruits and vegetables will take place on a ten-year basis with one tenth being removed every year. Will this create a major impact on our trade? Were those tariffs a real barrier stopping imports at time of local production and availabilities? I personally do not think so, as many criteria are falling into play, such as: varieties, freshness, risks of fluctuating markets and the proximity of our local supplies. Other factors would be: costs of transportation, currency exchange rates, the promotion and publicity on the locally grown products, and recognition of the consumer’s interest. On the other hand, some of our local production has had some difficulty in finding markets in the U.S. because of high tariffs, such as for broccoli and for melons.

For many years, the U.S. market has been looked upon as a safety valve only to send surplus when an oversupply situation occurred. Fortunately, this attitude has changed over the years, and we could see a growth pattern in our exports to the U.S. on a regular basis. Some of the items favored by this positive commercial attitude are carrots, celery, lettuce, cauliflower and cabbage.

Le brocoli est un article qui s’est mtritt une popularitt accrue et nous le produisons en excellente qualitt . Les dksirs d’exportation de nos entrepreneurs etaient certainement gents par le tarif douanier amiricain de 25 % ad valorem. I1 est donc tvident que nos possibilites d’exportation seront avantagtes en autant que les exigences commerciales des marchts de destination soient respecttes. Nous reviendrons sur ce demier point un peu plus loin.

L‘tquilibre des marches et de la production sera aussi favorist par le code anti-dumping qui est maintenu en plus de la nouvelle clause sur le <enap-back provisionu. La rtglementation anti-consignation, les accords de reciprocitt pour le service de l’inspection, du systbme harmonist de designation et de codification des marchandises pour fin douanikre et statistique.

Les points sur lesquels nous devrons demeurer vigilant : la restriction de la main-d’oeuvre pour extcuter toutes ces mesures et le risque des barribres non- tarifaires. Les marches importants 2 proximitt - New York, Boston, Philadel- phie, etc. - offrent une nouvelle dimension.

Les marches outre-mer ou intemationaux en offrent aussi, en autant que nous restions toujours a l’tcoute du consommateur et de leurs exigences qui peuvent varier selon le marcht de destination. A titre d’exemple, en general le consom- mateur nord-amtricain pr6fere un raisin vert plut6t que le raisin dore qui est nor- malement plus sucrt et prtftrt par les europ6ens. Par contre, l’orange devrait Ctre plus sucree pour avoir la prtftrence du nord-amtricain et l’orange ltgbrement acidulte, celle des europiens. I1 est donc trks important avant de mettre un pro- gramme sur pied de reconnaitre ces exigences et de connaitre aussi les rdglemen- tations du marcht de destination.

La prise de conscience du consommateur pour I’environnement et la salubritt ou l’innocuitt des aliments ne doivent pas non plus Ctre ntgligtes.

I286 REVUE CANADIENNE D‘ECONOMIE RURALE

Au dtbut des annees 70, le Quebec prenait position en mettant sur pied un plan de contr6le inttgrt pour la reduction de I’utilisation des pesticides. Nous pouvons retrouver cette m&me orientation dans la majoritt des districts de pro- duction aux E.-U. et au Canada. Pour les autres origines, les fournisseurs ayant la mCme forme de penste sont selectionnts, et encouragts dans cette orientation.

De nouvelles technologies aussi favorisent notre dtveloppement . Le nouveau projet de salade mixte dtchiquette prCte a servir est en train de s’installer chez nous. Un autre projet, dans les produits semcoles, la production d’oignons verts est en train de se confirmer, et ceci toujours avec la proximitt de marchts importants.

En conclusion, notre industrie se dtveloppe bien et le cheminement de nos entrepreneurs est positif. Le librelchange n’est qu’un instrument additionnel qui actualise un positionnement crucial dans ce monde de l’agro-alimentaire.