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LA BOITE DU CHAOS - lyc-monod-clamart.ac-versailles.fr€¦ · de bain pour une douche, je m’habille, ... Je vois mon père qui arrive. ... J’ai enfin mes parents, je ne suis

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Sommaire:

Le collier magiqueLe collier magiqueLe collier magiqueLe collier magique p.p.p.p.3333 Par Astrig HancerliPar Astrig HancerliPar Astrig HancerliPar Astrig Hancerli Les juges du trésor Les juges du trésor Les juges du trésor Les juges du trésor p.p.p.p.6666 Par Clara IngargiolaPar Clara IngargiolaPar Clara IngargiolaPar Clara Ingargiola Invitation à la débaucheInvitation à la débaucheInvitation à la débaucheInvitation à la débauche p.p.p.p.9999 Par Camille SabléPar Camille SabléPar Camille SabléPar Camille Sablé Ange ou démonAnge ou démonAnge ou démonAnge ou démon p.p.p.p.13131313 Par Lila MarencoPar Lila MarencoPar Lila MarencoPar Lila Marenco Le masque de Le masque de Le masque de Le masque de l’inconnuel’inconnuel’inconnuel’inconnue p.p.p.p.19191919 Par Annie KasparianPar Annie KasparianPar Annie KasparianPar Annie Kasparian L’L’L’L’oiseau rareoiseau rareoiseau rareoiseau rare p.p.p.p.24242424 Par Adrien DonnadieuxPar Adrien DonnadieuxPar Adrien DonnadieuxPar Adrien Donnadieux HallucinationHallucinationHallucinationHallucination p.p.p.p.26262626 Par Patile JamoussianPar Patile JamoussianPar Patile JamoussianPar Patile Jamoussian L’envoûtanteL’envoûtanteL’envoûtanteL’envoûtante p.p.p.p.28282828 Par Camille BaudaPar Camille BaudaPar Camille BaudaPar Camille Bauda

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Le Collier MagiqueLe Collier MagiqueLe Collier MagiqueLe Collier Magique Par Astrig Hancerli

Le réveil sonne. L’heure affiche six heures quarante-cinq. Le matin est toujours difficile pour moi, mais après ça va mieux, surtout qu’aujourd’hui n’est pas un jour de cours. En effet, aujourd’hui commencent les vacances de Noël, mais je dois me lever tôt pour les préparatifs. Au fait, moi c’est Ashley, Ashley Swan et ma vie n’est pas très intéressante. Mon quotidien c’est le lycée et les amis. A part ça, rien de particulier. Je suis une élève sérieuse et plutôt intelligente, sans vouloir me vanter, donc la semaine je travaille. Je n’ai pas trop le temps de sortir, je suis dans un internat, et les surveillants ne nous laissent pas souvent faire ce qu’on veut, alors j’attends le week-end. Un internat ? Pourquoi ? Tout simplement parce que mes parents sont décédés dans un accident de voiture lorsque j’avais neuf ans.

Passons à autre chose, je n’aime pas trop parler de cela. Je me lève, direction la salle de bain pour une douche, je m’habille, un léger maquillage, et me voilà prête. Je descends rejoindre mes camarades, pour prendre un petit déjeuner. Apres avoir mangé, on rejoint les autres classes pour commencer à décorer la salle où l’on fêtera Noël puis le Nouvel An. J’ai hâte d’ouvrir mes cadeaux. Il ne me reste plus que deux jours .Comme je n’ai pas de parents, c’est l’internat qui m’en offre. Je ne demande rien, ils me donnent ce que je « mérite » comme ils le disent si bien. Ma journée se passe dans le calme, tout comme les deux jours suivants.

Aujourd’hui nous sommes le 24 décembre 2008, ce soir je reçois mes cadeaux. Mes amis, eux, sont allés auprès de leur famille, je me retrouve donc toute seule, mais ce n’est pas grave, je m’y suis habituée, cela fait six ans que c’est la même chose, et pour chaque fête.

Je regarde ma montre et il est sept heures du soir. Je monte dans ma chambre pour me préparer car dans quelques heures commence la soirée. Pendant toute la nuit, je danse, m’amuse avec Laura, une fille de ma classe, qui se trouvait là parce que ses parents devaient travailler.

Minuit sonne, l’heure des cadeaux arrive. Ils nous appellent un par un pour venir les chercher. C’est mon tour. J’y vais et monte dans ma chambre pour les ouvrir. J’ai reçu des vêtements comme toutes les années, quelques bijoux. J’ouvre le dernier paquet : c’est un objet assez étrange, ça ressemble à la fois à une montre et à un collier. Un mot y est joint : Fais en bon usage. Fais en bon usage ? Je n’ai pas compris. Après avoir tout déballé, je vais dans mon lit, trop fatiguée pour examiner cet objet.

Je me réveille à cause du soleil qui tombe sur mon visage. Apres tout mon « rituel » du matin, je repense à ma soirée d’hier et me souviens de cet étrange collier. Je monte dans ma chambre, le trouve et le regarde pendant quelques instants. Il y a des chiffres, mais je n’en vois pas l’intérêt. Je descends donc pour demander l’utilité de ce cadeau à la personne qui est responsable des achats de Noël mais elle se contente de répondre que l’internat n’a jamais offert un tel objet. Tout ceci me paraît assez étrange. Cela me fait même peur : un

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collier avec des chiffres, un mot joint, et en plus de cela un expéditeur inconnu. Je me dis que c’est peut-être pour écrire une date, j’essaie donc le 24 décembre 2008, c’est-à-dire, hier. Je prends de gros risques mais de toute façon je n’ai rien à perdre, j’ai déjà perdu ce que j’avais de plus cher au monde, mes parents… Je confirme donc en appuyant sur le gros bouton du milieu. Et là tout commence à bouger, tout tourne autour de moi, je ne comprends rien, quand soudain, tout s’arrête. Mais je ne remarque rien de différent. Je descends, et en allant vers le réfectoire, je remarque que la décoration de la salle des fêtes n’est pas terminée. C’est à cet instant que je comprends que ce collier est un objet qui permet de remonter le temps. Ayant compris le système, une idée me vient à l’esprit : retourner six ans en arrière, la journée du décès de mes parents. Je marque 14 mars 2002. Tout recommence à bouger. Quand soudain je me retrouve dans mon lit, dans ma chambre, dans ma propre maison. Je ne peux pas m’empêcher de laisser couler une larme. Je vais enfin pouvoir les revoir. D’ailleurs j’entends ma mère m’appeler pour le petit déjeuner. - Bonjour ma chérie, me dit-elle. - Bonjour maman.

Cette odeur m’avait manqué. Je vois mon père qui arrive. Il me fait un baiser sur le front, et part travailler comme toujours. Je me souviens qu’aujourd’hui c’est son anniversaire, et c’est pour cela que ma mère me propose d’aller faire quelques courses, car ce soir, ils organisent une fête. Mais je ne suis pas venue pour ça, je suis ici pour sauver mes parents. Je dois vite trouver une solution pour empêcher cette soirée. - Maman, tu ne penses pas que ce serait mieux de fêter son anniversaire ici à la maison au lieu de payer une salle. Nous pourrions économiser de l’argent. - Ma chérie, je sais que la maison est assez grande, mais après il faudra tout ranger et nettoyer. Et puis nous l’avons déjà réservée. Tu imagines le nombre d’invités à prévenir ! - Je m’en chargerai, ce n’est pas un problème. S’il te plait ! - Pourquoi décides-tu de changer d’avis tout d’un coup ? - Hum…c’est que je … préfère vous avoir près de moi ! Je t’en supplie maman ! - Eh bien puisque tu insistes ! - Je vais faire les courses, occupe-toi des invités et de la salle ! - Merci ma chérie. - C’est toi que je dois remercier maman. Je m’en vais faire les courses, soulagée et espérant que rien ne se produira ce soir !

Il est huit heures du soir, et les invités arrivent un par un. Une fois tous là, nous passons à table. La soirée se passe à merveille. Tout le monde rentre chez soi. Mes parents se couchent. Moi aussi, mais je n’arrive pas à m’endormir. Je pense à ce qui va se passer demain.

Je me réveille étonnée d’être toujours dans ma chambre. Je cours vérifier si mon collier est toujours dans la poche de mon jean. Oui, il y est encore. Il est tant de « retourner » en l’an 2008 pour voir ce qui se passe. Je programme la date : 25 décembre 2008. Mais bien sûr je ne valide pas tout de suite, je ne suis pas venue pour rien. Je descends voir mes parents, je leur prends la main et appuie sur le bouton. Tout tourne, comme d’habitude, mais soudain, je remarque que mes parents disparaissent. Lorsque ça s’arrête, je me retrouve chez moi, dans mon lit. Je vais voir s’il y a

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quelqu'un au salon et je ne vois personne. Je vais voir dans la chambre de mes parents et je les vois en train de dormir, côte à côte. Peut être que le collier n’a pas fonctionné? Une idée me vient à l’esprit : je sors de la maison et vais voir la boîte aux lettres. J’y trouve le journal et regarde la date. Nous sommes bien le 25 décembre 2008. Je rentre chez moi, et saute dans tous les sens. Je n’ai jamais été aussi heureuse. J’ai enfin mes parents, je ne suis plus orpheline, je suis comme la plupart des gens.

A cause du bruit que j’ai fait, mes parents se sont réveillés. Ils me regardent bizarrement, mais je leur fais un signe de tête disant que tout va très bien. Les jours passent, et rien ne change, j’ai toujours mes parents avec moi, je vais au lycée du quartier. Je comprends que tout est bien réel, qu’ils seront avec moi le reste de ma vie. Je n’ai plus rien à craindre. Et puis un jour je me souviens du collier. Je le cherche dans toute la maison mais je ne le retrouve pas. De toute façon cela ne servirait plus à rien, puisque j’ai déjà tout ce que je veux. Un mot était joint avec ce cadeau : Fais en bon usage ! J’en ai fait bon usage et je ne le regrette pas …

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Les juges du trésorLes juges du trésorLes juges du trésorLes juges du trésor Par Clara Ingargiola

Une pièce noire, sans fin, on ne peut en distinguer ni les murs, ni les ouvertures.

Pourtant, je vois comme en plein jour. Le plus étrange c’est que je n’ai pas peur, je ne me demande même pas où je me trouve. Je devrais être terrifiée mais non je suis calme.

Attendez, là, devant moi, des pupitres sont apparus, ils semblent se pencher ou est-ce seulement une impression due au fait qu’il me faut reculer la tête pour en voir le bout. Des hommes sont apparus derrière, trois hommes immenses, trois pupitres immenses et moi. Voilà les seules personnes présentes.

La source de la lumière, je la distingue enfin! Il y a comme des soucoupes par terre, lumineuses, irréelles, imprécises. Je peux voir les ronds mais impossible de voir les projecteurs ou les lampes qui rendent cette lumière. Elle pourrait venir du sol mais non, il serait de toute façon impossible qu’un sol en pierre fasse passer de la lumière. Mais le sol est-il vraiment en pierre? Il est froid et semble solide mais pour autant je n’ai jamais senti cette matière. Elle n’est pas rugueuse comme le béton, pas inégale comme le plâtre, ni douce comme le marbre.

Les trois hommes se regardent, chuchotent, l’un d’eux fait un geste large et gracieux, un fauteuil apparaît, je comprends que je dois m’asseoir. Une fois assise, le fauteuil grandit, grossit, me voilà à la même hauteur que les pupitres, c’est haut, et je me sens pourtant en sécurité malgré mon vertige.

Combien de temps s’est écoulé? Impossible de le dire, ils me regardent, prennent des notes, sans jamais parler, sans jamais me demander qui je suis. De toute façon quelque chose me dit qu’ils connaissent déjà ma vie, mon passé, mon présent et peut-être mon avenir.

Pour ce qui est de ma vie, rien d’intéressant à dire : je suis d’une famille aisée, enfant polie mais un peu bizarre selon les voisins, adolescence sans heurt, maintenant je porte le titre de jeune femme ou étudiante à la fac cela dépend des personnes fréquentées. Je suis fascinée par les mystères et les mythes. Ils ont arrêté d’écrire, ils me regardent de leurs yeux noirs, le plus à gauche prend la parole. Il est jeune et semble avoir encore douze ans même si son attitude montre qu’il n’est plus un enfant. « Mademoiselle Neve Estate, est-ce votre nom? » « Oui, en effet je m’appelle ainsi. Mais que fais-je ici? Où sommes nous? » Mes mots sont comme englués dans ma bouche, pour poser ces questions il m’a fallu combattre le silence qui me semble imposé. Cette situation commence à m’inquiéter. C’en est fini de la tranquillité du début. Les trois juges, du moins leurs habits le laissent penser, semblent irrités. Le jeune reprend la parole : « C’est à nous de poser les questions. Mais vous êtes ici pour être jugé. » Le deuxième, celui du milieu se met à parler, il est plus vieux, la trentaine et semble être le plus assuré de tous :

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« Est-ce vrai que vous êtes allés à Rosslyn1, en Écosse, cette été ? » - Oui, mais… - Avez-vous visité la chapelle? - Oui. Le jeune reprend la parole. - Vous y avez trouvé un parchemin, que vous avez gardé, n’est-ce pas? - Oui, mais… - Et vous aviez l’intention de le donner au conservateur du musée? - Oui, je ne l’ai pas encore ouvert et je me suis dit que ça l’intéresserait. - MENSONGES! C’est le troisième qui a crié ce mot. - Vous l’avez ouvert, vous avez lu le parchemin et décidé de le garder après avoir vu ce qu’il renfermait. Comment avait-il fait pour savoir ? Même mes amis ne sont au courant de rien. Ce parchemin renferme le secret d’un trésor, le trésor des templiers. J’ai donc décidé de le garder pour moi. Le troisième reprend. Il est vieux, semble un peu fou et me regarde d’un air féroce. - Vous êtes dans ce tribunal pour que l’on vous juge. - Les accusations portées sont graves, très graves. - Vol de parchemin... - Détention de celui-ci... - Lecture... - Et projet de s’emparer du trésor des templiers.

La peur commence à m’envahir. Ce trésor était pour moi une légende, un beau rêve, et pourtant, en visitant un lieu qui pour certains est rattaché directement aux templiers, je n’avais pu m’empêcher de tout fouiller Le parchemin se trouvait entre deux dalles comme posé là, attendant d’être pris. Quand je l’ai ouvert, j’ai tout de suite compris qu’il menait au trésor. Je l’ai gardé en espérant trouver le moyen de me rendre à Oak Island2 et surtout de descendre dans le puit.

Ils me regardent, je dois parler mais je n’y arrive pas, je devrais me défendre mais à quoi bon, ils savent déjà tout. Le troisième semble emporter par la folie. Il marmonne des chiffres et des sons. Ça ressemble à une comptine que je chantais lorsque j’étais enfant.

Il s’est tu, les deux autres semblent lire les notes qu’ils ont prises pendant que l’autre délirait.

Ils se lèvent, mon fauteuil diminue, me voilà bien plus petite et leur hauteur me terrifie. Mon vertige est revenu! - Nous avons décidé de la sentence. Vous devrez remettre le parchemin à sa place et ne

jamais tenter de récupérer le trésor. - Sous peine de mort.

1 En langue gaélique signifie « Antique connaissance transmise de génération en génération ». Se trouve en Écosse à 15 km d'Edimbourg. La chapelle fut construite par le conte William Saint Claire. La construction commençât le 21 septembre 1446 (jour de l’équinoxe de printemps) et se termina exactement quatre ans après. Dans la chapelle plusieurs œuvres ont un lien avec les francs maçons et les templiers. 2 Oak Island: est une île qui se trouve dans le Canada oriental et qui selon la légende à un lien avec les templiers.

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Je panique, je suis affolée, je voudrais partir, m’enfuir, me retrouver loin de ce lieu. Le juge du milieu fait un geste. Autour de moi des couleurs sont apparues, elles se

mélangent deviennent floues.

Je suis dans le tramway, je me souviens de tout mais impossible de savoir si j’ai rêvé ou si tout cela était bien réel. Les gens autour de moi vaquent à leurs occupations. Je regarde par la fenêtre, là, devant moi, le tribunal, et dans mon sac, le parchemin. Je le serre au point de me faire mal aux phalanges. Une chose est sûre, je vais le remettre à sa place et m’éloigner le plus possible de Oak Island.

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Invitation à la débaucheInvitation à la débaucheInvitation à la débaucheInvitation à la débauche Par Camille Sablé

Je me nomme Indigo, Indigo Maes. Jeune lycéen de dix sept ans, une vie banale. Etude, sport, et quelques flirts. Je ne suis pas particulièrement intéressant. Du moins pas autant que mon meilleur ami, Raziel de Valachie. Il est tout mon opposé. Il est grand, les cheveux rouges cendrés, les yeux dorés et un regard de braise. Il est froid, hautain et détaché de tout et pourtant il attire les filles comme des aimants. Je n’ai jamais compris comment il faisait. Son statut au sein du lycée est tel qu’il lui suffit de claquer des doigts pour que ses désirs soient exaucés. Ce soir, soir du 31 octobre, il a organisé une fête assez importante. Et je suis le seul du lycée à être invité. Toutes les autres personnes seront des connaissances antérieures à notre rencontre. Enfin, passons. Cette fois-ci, exceptionnellement, nous ne nous préparons pas ensemble. Il doit encore finir les préparatifs. Ma tenue est plutôt classique : chemise blanche en lin, légèrement ouverte, jean noir à reflet or, boucles d’oreilles au lobe droit et converses noires faussement abîmées. Je ressemble plus ou moins à ces mannequins des magazines que les filles reluquent sans arrêt avec un air idiot sur le visage. Ne manque plus qu’une touche de noir autour des yeux afin d’accentuer leur profondeur, une touche de gel et je suis fin prêt. Peut-être ai-je oublié de le préciser, mais Raziel est riche. Riche au point de louer une limousine juste pour venir me chercher, moi. Je sors et trouve sans surprise un véhicule d’une longueur telle que je n’en vois même pas le bout. Direction la maison de mon meilleur ami. Rien que le portail en fer forgé est impressionnant. De taille immense, il ne laisse en aucun cas pénétrer dans l’intimité des maîtres des lieux. Sa maison, ou plutôt son palace, est entouré de deux tours toutes deux imposantes, ornées chacune de piques. Elles s’élèvent dans le ciel telles les cornes du bougre qui habite les enfers. Une façade froide, peu accueillante, sans doute à l’image de Raziel. La porte vers laquelle je me dirige à présent est en bois massif, majestueuse, empêchant l’accès à tout inconnu. Sa couleur rouge bordeaux, sa forme en arc voûte, ses gravures et son incroyable hauteur me rappellent la porte de l’enfer vue jadis, lorsque j’étais enfant, dans un livre de contes. Je donne mon nom au videur engagé pour l’occasion. Il acquiesce, coche mon nom et me fait entrer de sa voix grave et quelque peu hautaine. En me voyant pénétrer dans le salon, tous les yeux se sont tournés vers moi. Des regards tantôt froids, tantôt amusés, sans que je ne sache pourquoi. A croire que j’ai un énorme bouton sur le point d’exploser en plein milieu du visage. Je remarque aussi que mon choix vestimentaire est unique. Les autres convives ont opté pour des smokings et de longues robes, style James Bond. Les femmes portent de nombreux bijoux, de véritables chefs-d’œuvre, uniques en leur genre. Aucun doute quant à leur origine sociale. Je feins l’indifférence et me dirige vers le centre. L’ambiance est plutôt soft. C’est complètement différent des fêtes où j’ai l’habitude d’aller. Le bar est riche en alcool. Les boissons sont toutes plus colorées les unes que les autres. La seule chose de moderne, ici. Je prends une boisson d’une couleur pourpre plutôt

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inquiétante et examine les lieux. La pièce s’accorde parfaitement avec l’extérieur du château. Les murs sont tapissés de vieux draps, le plafond est peint comme à l’ancienne et les meubles sont d’époque. Un style trop vieillot à mon goût. Mais je n’ai pas le temps de m’attarder sur des détails de ce genre. Je dois retrouver Raziel. Je ne l’ai toujours pas vu. Je me dirige vers la première porte accessible, celle de la cuisine. J’arrive dans une immense pièce blanche toute illuminée qui contraste tout à fait avec le reste de la demeure. Les placards sont couleur rouge vif. Un rouge perturbant. Un rouge sang. Un rouge sang humain. Cela aurait été la demeure de Lucifer que je n’en aurais pas été étonné. Mon regard est attiré par deux hommes se situant au milieu de la pièce. L’un est penché sur l’autre, sa main parcourant librement le torse mis à nu de l’autre. Leurs langues mènent un ballet dansant, tantôt mené par l’un, tantôt dominé par l’autre. En y regardant de plus près, je reconnais mon meilleur ami dans le rôle du dominant. Je recule, tentant ainsi de me soustraire à cette scène. J’ai la fâcheuse impression d’être un intrus, que je ne devrais pas être là. Malheureusement, je trébuche et tombe. Et, manque de bol, Raziel m’entend et se retourne vers moi. Son regard a une lueur enjouée. Il semble amusé de la situation et ne semble en aucun cas embêté par sa tenue vestimentaire : une chemise noire entièrement déboutonnée et des cheveux en bataille. Il s’avance vers moi, toujours le même sourire aux lèvres … et me tend la main. Je la prends et me relève. « Oh mec, c’est quoi ce bordel ? » je lui demande. Il ne me répond pas, mais me regarde l’air quelque peu ennuyé. L’autre homme, qui s’amusait avec Raziel il y a quelques minutes, ne semble pas le moins du monde gêné. Au contraire, il part dans un fou rire incontrôlable. Et Raziel aussi. Je les regarde tour à tour, sans arriver à poser mon regard sur l’un ou sur l’autre. Tout à coup, l’homme s’arrête et se met à décompter de soixante à zéro. Je me rends alors compte que la musique s’est arrêtée et qu’il est en synchronisation avec les autres invités du salon. Raziel me prend par la main et m’emmène vers la pièce principale. Les serveurs se sont mis dans un coin et semblent attendre quelque chose … ou quelqu’un. Nous arrivons au salon, mon ami s’avance alors et chaque invité, quel qu’il soit, s’incline. J’en suis tout abasourdi. Je savais qu’il avait une autorité naturelle, mais jamais je n’aurais imaginé que c’était à ce point. Il lève la main, et minuit sonne. Les douze coups de l’horloge retentissent, envahissant tout le château. Au dernier coup, lorsque mon meilleur ami prend la parole, je perçois comme un changement d’attitude chez tous les invités : « Mes amis, ce soir est la nuit d’Halloween. Ce soir, nous avons un invité de marque. (Il me désigna.) Il se nomme Indigo, et ce soir, nous allons l’inviter à la dépravation. Je compte sur vous mes amis. Passez une bonne soirée … » Je regarde les invités. Si moi je n’ai rien compris du tout, eux en revanche, semblent être satisfaits. Ils ont un grand sourire aux lèvres. Raziel sourit lui aussi. Il se tourne vers moi, devant les autres invités, comme s’il était leur chef, leur dieu. Il s’adresse à moi, et je sursaute : « Serais-tu étonné, Indigo ? Aurais-tu peur ? (Comment pourrais-je avoir peur, puisque je n’ai rien compris ?) Ne t’en fais pas Indigo, aucun mal ne te sera fait. Ne détourne pas les yeux de ce que tu verras ce soir s’il te plaît. Nous sommes comme toi sauf que nous aimons faire la fête, boire, fumer, danser … Ne t’éloigne pas de moi ce soir,

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suis moi tout au long du chemin de la perversion. » Je le regarde ébahi. Je crois bien que la boisson rouge bizarre que j’ai bue tout à l’heure me monte à la tête. Sinon comment mon meilleur ami pourrait-il dire ça ? Je n’aurais pas du être aussi curieux et boire un liquide connu ni d’Eve ni d’Adam. Tout semble flou. Raziel me prend par la main, et me dirige vers une pièce, à droite du salon. « La première salle de la décadence » me dit-il, d’une voix qui se veut chaude, suave et envoûtante. Il me pousse vers le centre. Un lit, deux femmes. Elles ne semblent pas m’avoir vu et s’adonnent à des jeux de perversion. Un acte interdit, un vice permit par l’enfer, et c’est tout. Le culte de la religion se perd apparemment. Je tourne la tête vers Raziel, toujours à coté de moi. Il les regarde en souriant, comme s’il voulait les rejoindre. Il tourne la tête vers moi, et pendant deux secondes, je crois reconnaître dans ses yeux un démon qui aurait pris possession de lui. Je secoue la tête. Le démon a disparu. Mon meilleur ami me prend par le bras, et m’emmène dans la deuxième salle. Cette fois-ci, il y a deux hommes et un canapé. Même scène. Pourquoi tout le monde ici semble trouver cela normal ? N’est-ce pas un pêché ? Raziel a dû lire dans mes pensées parce qu’il me force à tourner la tête vers la scène et à regarder. « Regarde. Admire. Tout ce que tu vois ici n’est pas immoral. Ils s’aiment, et ne font que montrer l’attachement qu’ils se portent mutuellement. Est-ce mal ? Ne pouvons-nous donc pas aimer ceux que nous chérissons ? Pourquoi Dieu empêche-t-il l’épanouissement des sentiments ? » Quoi ? « Alors selon toi tout ceci est moral ? Le fait que ces hommes, et avant eux ces femmes, couchent ensemble est normal ? Je lui demande, un certain ton de mépris dans la voix. - Exact. Pourquoi ne pas te joindre à eux ? En essayant, tu saurais si c’est moral ou pas. - Nn…non, je ne le veux pas… » Je bafouille. Et puis pourquoi j’hésite moi ? Je n’ai aucune raison de bafouiller. Nous commençons à nous diriger vers la sortie et un jeune homme qui porte l’uniforme des serveurs entre dans la pièce. Il est chétif, petit et maigre. Je m’arrête et le suis des yeux. Il se dirige vers le canapé et les deux hommes l’accueillent à bras ouvert. Leur sourire est mauvais, fourbe, comme s’ils connaissaient quelque chose que nous ignorons. Ils prennent l’homme dans leurs bras, comme s’il était une poupée. Leurs lèvres se retroussent, laissant paraître une rangée de dents pointues, blanches, luisantes. Raziel me tire par le bras, me forçant à sortir. Je ne réussis pas à détourner le regard, comme hypnotisé par les yeux profonds des deux hommes et la peur lisible sur le visage du jeune serveur. La porte se referme et un cri retenti. Un cri strident, aigu, déchirant. Je veux aller le sauver, mais Raziel m’en empêche. « Tout ceci n’est que le cours normal des choses. Les humains tels que le jeune homme que tu viens de voir, ne sont là que pour nous servir, pour ME servir. Nous en faisons ce que nous voulons, comme par exemple de la nourriture, peu importe. » Il avait dit tout ça d’une voix froide, tranchante, habituelle. Je le fixe, en espérant que ce que j’ai entendu n’est qu’une blague, comme celles du 1er avril. Mais non. A l’intérieur de moi, tout se chamboule. Comment mon meilleur ami a-t-il pu dire ça ? Incompréhensible. Je n’ai pas le temps d’y réfléchir davantage parce qu’en même temps Raziel m’emmène dans une troisième salle, comme pour m’empêcher de penser. « La troisième et dernière. » Dans cette chambre, se trouvent un homme et une femme. Ils ne sont pas humains. Du

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moins leur peau rouge, leurs ongles acérés, leurs dents aussi pointues que celles d’un vampire, leurs yeux d’un noir plus effrayant que l’enfer et les ailes qu’ils ont sur le dos ne le laisse aucunement paraître. Ils tiennent en leurs mains un petit être : un enfant. Celui-ci est tout autant humain qu’eux sont des monstres. « Ces personnes n’ont pas le droit d’avoir d’enfant, Dieu le leur a interdit. Alors ils l’ont volé. Ils l’ont pris à un couple d’humains méprisant leur propre fils. Et regarde comme ils sont heureux à présent. Pourquoi ce bonheur leur a été interdit ? Pourquoi n’ont-ils pas le droit d’être comme tous ces êtres inférieurs qui foulent la terre ? Pourquoi Indigo, pourquoi ? » Je regarde le couple. Malgré ce que me dit mon ami, je ne peux accepter ça. Voler un enfant est la pire chose au monde. Voler un enfant est puni par la loi et bien sûr par Dieu, alors comment peuvent-ils enlever le bonheur à des personnes innocentes ? J’hallucine ! Et Raziel qui trouve ça normal ! Ce soir, j’ai vraiment tout vu. Je ne veux pas rester une seule minute de plus. Cet endroit va me rendre dingue, si ce n’est déjà fait. Et puis qui sont-ils tous ? Des démons, des serviteurs du diable peut-être ? Et Raziel qui est-il ? Tout ceci ne peut être vrai ! Je ne peux y croire. Mon cœur se sert, mon ancien ami approche. Il sourit. Tous les invités sont là, derrière lui. Ils me regardent, semblent m’inviter, mais à quoi ? « Rejoins-moi, Indigo. Sois comme moi. Sois comme nous. Tu nous ressembles plus que tu ne le crois. La vie n’est pas aussi simple que tu sembles le penser et je t’offre la possibilité de t’en échapper. Rejoins-moi, mon ami et tu connaîtras une vie exaltante pleine de joie, de rires, de fêtes. Une liberté sans limite, sans barrière pour t’emprisonner, sans personne pour te dicter tes actes. Une vie dont tout le monde rêverait. Et je te l’offre. Rejoins-moi mon meilleur ami et alors, tu me ressembleras … » Il me tend la main. Une main qui se veut généreuse, gentille, amicale, sauveuse. Il s’avance vers moi. Tous le suivent. Ils ont des sourires sur les lèvres qui ne me disent rien qui vaille. Je ne peux accepter la proposition de Raziel, ce n’est pas dans mes principes, ce n’est pas bien … L’éducation que m’ont donnée mes parents ne m’autorise pas à présent à faire un seul faux pas, même si celui-ci est pour un ami. Mais Raziel est là, à seulement quelques centimètres de moi. Je ne sais que faire, jamais je n’aurais le temps de m’enfuir. Il se penche, je peux voir mon reflet au fond de ses yeux, il se penche, et c’est le trou noir… Je me nomme Indigo, Indigo Maes. Jeune lycéen de dix-sept ans, et meilleur ami du fils du diable …

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Ange ou démonAnge ou démonAnge ou démonAnge ou démon Par Lila Marenco

Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing ! ! ! ! A cet instant précis, trente-cinq élèves relevèrent la tête en même temps et un sourire joyeux se dessina sur leurs visages. Ce son signifiait beaucoup pour eux. C’était le signal de la délivrance : la fin des cours et qui plus est la fin de la semaine.

Tout le monde se bousculait à la sortie afin d’être le premier à se sentir libre. Libre de faire ce que bon leur semblait sans qu’un adulte les rappellent à l’ordre et on aurait dit que les grilles du lycée expulsaient les élèvent comme ferait l’hippocampe avec ses enfants et dans cette foule on pouvait distinguer une jeune fille qui comme les autres était contente de rentrer chez elle : Lucine. C’était une jeune fille âgée de 15 ans qui était en classe de seconde mesurant environ un mètre cinquante huit. Elle n’était ni trop grosse, ni trop mince, elle avait des formes là où il fallait. Des yeux couleur chocolat qui laissaient apparaître une brillance ressemblant étrangement à un feu se consumant de l’intérieur, les reflets de ses cheveux noirs faisaient penser à une nuit sans lune mais parsemée d’étoiles luisantes. A chaque fois qu’elle posait les yeux sur sa figure de fille effacée, elle détournait le regard comme gênée. Elle discutait tranquillement avec Camille l’une de ses amies lorsqu’elle le vit.

On ne voyait que lui ou du moins son sourire, son merveilleux sourire qui la paralysait à chaque fois qu’il le faisait apparaître, il brillait de mille feux, et le contraste avec ses cheveux d’or faisait penser à un ange arraché à son nuage, et cet ange c’était Wallace. A chaque fois qu’elle le voyait, Lucine n’avait qu’une envie : courir vers lui et l’embrasser comme autrefois, l’enlacer et mettre sa tête dans son cou et respirer le parfum fruité qui émanait de lui et qu’elle aimait tant. Toucher une nouvelle fois sa peau, faire parcourir ses doigts sur celle-ci. Mais tout ceci n’était que rêve, cela était impossible, Wallace l’avait quitté sans aucune explication et bien qu’elle se fût persuadée d’avoir tourné la page, elle espérait toujours au fond d’elle-même qu’ils se remettraient ensemble. Sortant de ses rêveries, elle fit la bise à Camille et rentra chez elle.

Lucine marchait d’un pas lent dans la nuit noire seulement. Il faisait froid et Lucine essayait tant bien que mal de se réchauffer sans pour autant se hâter de rentrer chez elle. Petit à petit elle remarqua qu’il y avait de moins en moins de monde dans la rue et elle commença à s’en inquiéter, accéléra le pas, et marcha de plus en plus vite. Ses pas raisonnaient dans les rues vides de la ville. Et ces bruits la faisaient trembler. Elle avait la terrible impression qu’on la suivait, elle sentait un regard lourd posé sur son dos. Elle se retourna pour s’assurer que cette impression n’était que le fruit de son imagination puis continua à marcher. Soudain un bruit sourd retentit et de peur elle fit un bond en arrière. Elle se figea et retint

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son souffle, cessa de respirer, et écoutait, à l’affût du moindre bruit. Quelques minutes s’écoulèrent sans qu’elle ne bouge et à nouveau un bruit retentit mais cette fois ci il fut différent. C’était un bruit rauque comme le rugissement d’un animal… A cette pensée Lucine partit en courant quand une personne l’attrapa par le bras et la tira violement vers elle. Lucine regarda avec surprise l’homme qui la retenait. Il devait avoir environ vingt-cinq ans, grâce à la lumière que la lune diffusait Lucine pouvait voir la blancheur de sa peau qui brillait sous les astres. Il avait des yeux d’un marron clair légèrement doré, ses cheveux étaient longs et châtains et ils s’illuminaient sous le scintillement des étoiles. Il fixa longtemps la jeune fille et lui dit :

- Ou vas-tu petite ? Et tout en lui disant ça, il lui caressa les cheveux. - Lâche-moi, dit-elle d’une toute petite voix et commença à se débattre. - Tsss … doucement ma chérie, on n’est pas pressé. Il se pencha vers elle et posa sa

tête dans son cou et pris une profonde inspiration. Lucine, morte de peur, ne disait pas un mot. Elle ne savait que faire, le regardait apeurée tout en essayant de s’extirper de son emprise.

- Hum … ton odeur … Il releva sa tête et commença à tourner autour d’elle tout en continuant à lui tenir le bras.

- Tu es enivrante … - Lâche-moi, dit-elle en chuchotant. - Chut, calme-toi.

Il cessa de lui tourner autour. A présent il était en face d’elle. Il la regardait droit dans les yeux. Il souleva la mèche de cheveux qui cachait sa nuque et recommença à pencher sa tête.

- Julius ! Arrête-toi tout de suite ! Julius s’arrêta net et regarda étonné la personne qui l’interpellait. Lucine reconnut immédiatement cette voix, elle lui était si familière. Elle regarda avec surprise et ravissement son sauveur.

- Tiens, tiens, tiens … dit Lucius d’un ton amusé. Mais c’est ce très cher Wallace. - Laisse-la tranquille, dit-il d’un air grave. - Oh … Ne sois pas rabat-joie. Sens-la.

Il tira Lucine et la plaça devant Wallace afin qu’il la sente. Celui-ci ne la regarda même pas, il resta de marbre. Son visage angélique était accompagné d’un regard froid. Il la contourna tout en évitant de la regarder et se plaça devant Julius.

- Lâche-la !!! dit-il en articulant. - Calme-toi mon ami. Goûte-la un peu, je suis sûr qu’elle doit avoir bon goût. Ah,

oui ! Non, c’est vrai, tu n’y touches pas, tu es comment déjà … une sorte de végétarien, c’est ça ? Il regarda Wallace avec interrogation tout en affichant un grand sourire. Bon puisque tu n’en veux pas, je vais m’en charger, ça en fera plus pour moi.

Il se tourna à nouveau vers Lucine, lui releva sa mèche et se pencha sur son cou tout en grognant. Lucine terrifiée commença à pleurer et regarda Wallace. Elle cherchait désespérément de l’aide et se demandait pourquoi celui-ci n’intervenait pas. Tout à coup, la pression qu’exerçait Lucius sur son bras cessa, et elle le vit propulsé en arrière. Etonnée elle recula de quelques pas et regarda le spectacle qui se déroulait sous ses yeux.

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Après s’être relevé, Julius se rua sur Wallace et ils commencèrent à se battre et se fut au tour du « sauveur » d’être propulsé. Lucine, le souffle coupé, regardait celui qu’elle aimait se relever sans aucune difficulté après s’être cogné contre le mur. Elle ne comprenait pas et se demandait comment Wallace pouvait encaisser tous ces coups sans rien ressentir alors que sa carrure ne l’avantageait pas. Et qui plus est, comment pouvait-il avoir une telle force pour pouvoir envoyer dans le décor son adversaire bien que celui-ci fasse le double de sa taille. Elle se retourna en entendant un grognement. Elle remarqua avec effroi que le visage de Julius avait changé : sur son front on pouvait voir apparaître de nombreux plis fortement marqués, ses pommettes étaient remontées, son nez s’était retroussé et ses yeux s’étaient un peu enfoncés. Le combat durait toujours mais aucun des deux hommes ne semblait fatigué. En les regardant tous les deux, on pouvait constater que rien ne pouvait les arrêter, ils échangèrent de multiples coups quand Wallace se positionna derrière Julius et à l’aide d’une grande barre métallique frappa de toutes ses forces la tête de son adversaire. Lucine vit avec stupeur la barre courbée par la puissance de frappe de son bien-aimé. Wallace regarda le corps étendu par terre, essuya son front du revers de sa main et s’avança vers Lucine.

- Dépêchons-nous, allons nous en! Lucine le regarda avec des yeux ronds.

- Mais … TU, tu viens de l’achever là !!? dit-elle en pointant du doigt l’homme à terre. - Tu rigoles, je l’ai à peine assommé. Allez, dépêche-toi !

Tout en parlant il prit Lucine dans ses bras et la porta. - Mais tu FAIS quoi, là !!? Repose-moi de suite ! Je suis trop lourde, dit-elle en

piaillant. - Oh, arrête de gesticuler ! Reste tranquille, je n’ai pas envie qu’il se réveille.

Il commença à courir tout en la tenant. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant chez lui. Il posa délicatement Lucine au sol et il l’invita à entrer. Lucine reconnut tout de suite cette maison et une succession de souvenirs se bousculèrent dans sa tête.

- Wallace, c’est bien toi ? Une grande et belle jeune femme apparue devant eux. Elle avait de longs cheveux blonds, le teint aussi clair que Wallace. Elle était d’une incroyable beauté, des yeux d’un bleu étincelant et sa voix … oui sa voix était mélodieuse.

- Oh tu n’es pas seul à ce que je vois. Bonjour, je suis la mère de Wallace, Carmeline. - Nous avons un problème. Julius est de retour. - COMMENT ??

Un homme et une jeune fille firent leur apparition. L’homme était élancé. Il avait les cheveux gris, pareil à de l’argent, et tout comme sa femme, il avait la peau très blanche. Lucine supposa qu’il était le père de famille. Quant à la jeune fille, elle avait également le teint clair, ses cheveux étaient comme ceux de la mère de Wallace.

- Tu es sûr de ce que tu avances, fils ? demanda l’homme. - Oui, il s’est attaqué à nous tout à l’heure. Je l’ai assommé mais à l’heure qu’il est il

doit être en train de nous pister. D’un même mouvement, Lucine vit quatre têtes se tourner vers elle et, gênée, rougit.

- Oh Wallace, vas avec ton amie dans ta chambre s’il te plaît, dit Carmeline.

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Elle adressa un magnifique sourire à Lucine qui ne pu s’empêcher de lui répondre. Son hôte lui prit la main et l’emmena dans sa chambre. Une fois dans la pièce, Wallace invita Lucine à s’asseoir sur le canapé, et elle s’aperçut que rien n’avait changé. Tout était comme dans ses souvenirs. Un grand silence régnait dans la pièce.

- Wallace. - Oui ? - Hum … J’aimerais quelques explications. Toi et ta famille vous avez l’air de

connaître l’homme qui nous a attaqués. Et puis son visage … J’ai peut-être rêvé ... mais il n’aurait pas changé durant la bagarre ? … et puis ta force …

- Non, tu n’as pas rêvé. Ecoute, j’ai quelque chose à te dire. Il se plaça devant Lucine, et en un instant son visage changea. Il ressemblait à si méprendre à celui de Julius. Lucine le regarda bouche bée et recula d’un pas.

- Je suis désolé de te montrer cela. Elle ne disait rien, s’avança vers lui et toucha son visage. Il la regardait tristement et en un éclair, son visage repris sa forme habituelle.

- Alors, tu es … tu es un … - Un vampire, oui. Moi ainsi que toute ma famille. - Et l’homme dans la rue, c’est aussi … - Un vampire, oui. Ecoute je suis vraiment désolé de t’infliger tout ceci.

Lucine le regarda. Pendant quelques minutes un long silence s’installa et Lucine brisa la glace en se raclant la gorge.

- Toi et ta famille, vous avez l’air de connaître assez bien Julius non ? - C’est une longue histoire, enfin pour faire court, ma famille le connaît depuis

longtemps et on a déjà eu affaire à lui. Ce que tu dois savoir sûr lui, c’est que c’est un être méprisable, dès qu’il veut quelque chose il l’obtient et peu importe la manière. Et donc dans ton cas … il va essayer de te retrouver et je ne serais pas étonné qu’il arrive bientôt car comme tout vampire c’est un traqueur hors pair, il doit être en train de pister ton odeur à l’heure qu’il est. Mais ne t’inquiète pas, tu es en sécurité ici. Ma famille et moi sommes là pour te protéger.

- Si tu le dis ! répondit-elle en affichant un petit sourire au coin des lèvres. Wallace regarda Lucine assise sur le canapé et progressivement il se rapprocha d’elle. Ils se regardèrent tous les deux droit dans les yeux et restèrent quelques minutes comme ça à se contempler. Wallace se pencha vers Lucine et déposa sur ses lèvres un baiser. Lucine étonnée le regarda et à son tour, se pencha vers Wallace et tous deux échangèrent un long et tendre baiser. Ils auraient aimé rester ainsi l’éternité entière mais la jeune fille que Lucine avait vue un peu plus tôt dans la soirée fit éruption dans la pièce.

- Gaëlle ! Tu pourrais frapper avant d’entrer ! dit Wallace - Pas le temps les tourtereaux dit-elle Montez vite, apparemment il y aura de l’action

en haut. Lucine, Wallace et Gaëlle se précipitèrent à l’étage et retrouvèrent le couple de vampires

- Wallace, tu as tout expliqué à Lucine ? demanda sa mère - Oui.

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- Très bien, dit-elle en se tournant vers Lucine. Ma chérie, tu veux bien suivre Friedrich et Wallace dans le jardin de derrière s’il te plait. Gaëlle et moi nous resterons à l’entrée.

Lucine fut conduite comme l’avait demandé Carmeline dans le jardin et s’installa sur une chaise. Elle regarda son amour se baisser devant elle. Il avait dans les mains des jerricanes d’essence. Curieuse, Lucine interrogea Friedrich

- Friedrich, que fait-il avec ces jerricanes ? - Oh, je vois qu’il ne t’a pas expliqué comment on tuait un vampire. - Non mais d’après ce que je sais, un pieu dans le cœur ou la décapitation ferait

l’affaire non ? - Oui, dit-il avec sourire. Cependant pendant un combat, ce n’est pas facile d’empaler

son adversaire. Le moyen le plus radical pour tuer un vampire c’est de le brûler. C’est sûr ce n’est pas joli à voir mais c’est efficace, dit-il en rigolant puis il tourna rapidement la tête vers sa maison et son visage se crispa. Il est là.

On put entendre un grand fracas qui provenait de la maison, Lucine commença à être terrifiée. Dans tout ce brouhaha on pouvait distinguer les grognements bestiaux que faisaient les vampires. Lucine morte de peur serrait de toutes ses forces la main de Wallace, celui-ci ne sentait rien et tout comme son père, concentré, il écoutait attentivement ce qui se passait dans la maison. Puis d’un coup, ce fut le calme plat. Un grand silence régna et Lucine, l’oreille aux aguets, se demanda ce qui allait se passer, personne ne bougeait, Friedrich, Wallace et Lucine regardaient la maison et ils virent Julius arriver d’un pas lent.

- Bonsoir Friedrich, ça fait longtemps qu’on ne s’était pas vu. Je ne tiens pas vraiment à te faire du mal Friedrich, j’aimerais juste prendre la petite.

Il pointa du doigt Lucine et Wallace s’avança vers Julius - Hors de question - Oh tiens mais c’est celui qui m’a pris mon repas. Tu es parti comme un voleur tout à

l’heure, tu as profité que j’étais à terre pour prendre la fille avec toi. On doit finir ce que l’on a commencé.

Et il donna un violent coup de poing dans la figure de Wallace, celui ci fut projeté au sol. Il releva la tête et Lucine constata qu’il s’était transformé en vampire. Wallace ce rua alors sur Julius et Friedrich fit de même. Lucine s’était cachée derrière la cabane à outils qui était dans le fond du jardin et de sa cachette, elle regardait terrorisée le spectacle qui se produisait devant ses yeux : Wallace et Julius échangèrent des coups de plus en plus violents sans pour autant paraître fatigués. Donnant alors un coup pour le moins brutal au jeune vampire, Julius se tourna et frappa si fort que Friedrich s’encastra dans la baie vitrée qui ornait sa maison. Wallace voyant son père au sol, frappa de toutes ses forces Julius qui fut à son tour projeté en l’air et atterrit sur la table qui se trouvait dans un coin du jardin. La table se brisa et des débris volèrent un peu partout. Julius se releva un peu sonné mais n’eut pas le temps de réagir car Wallace qui se trouvait à quelques mètre de lui le rejoignit en faisait un bond et dans son élan, se précipita sur lui et lui sauta à la gorge. Wallace appuya de toutes ses forces. Il exerça une telle pression qu’il arriva à soulever d’une seule main Julius. Lucine pouvait voir avec stupeur les pieds de Julius qui peu à peu se décollèrent du sol. Julius se trouvait en mauvaise posture : il n’arrivait pas à se défaire de

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l’emprise de son ennemi. Wallace le plaqua alors contre le mur, lui cogna la tête plusieurs fois de façon brutale et avec l’aide de Friedrich qui s’était remis de sa chute, le cloua au sol. Lucine regarda son adorable vampire jeter son ennemi au sol, prendre les jerricanes d’essence et les déverser sur lui, Friedrich quant à lui, sortit de sa poche un briquet, l’alluma et le jeta sur le monstre à terre. Lucine vit alors le corps prendre feu et Julius hurlait de douleur, on pouvait voir son corps se courber sous les flammes. Wallace revint vers Lucine. Il la prit dans ses bras et ils s’embrassèrent fougueusement. Après avoir échangé ce merveilleux baiser, Wallace releva avec sa main la tête de son amoureuse et la regarda dans les yeux.

- Lucine - Oui - Je t’aime ………

Lucine, en sudation, se réveilla en sursaut dans son lit.

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Le Masque de l’inconnueLe Masque de l’inconnueLe Masque de l’inconnueLe Masque de l’inconnue Par Annie Kasparian La pluie cessait d’affluer, la nuit se laissait choir et recouvrait comme une grande cape noire la belle ville de Paris. Sur l’avenue des Champs-Élysées, dans une agréable maison patientait Edouard De Montais un jeune homme d’une trentaine d’années, grand, svelte, doté de cheveux d’ébène et dont les yeux semblaient aussi noirs que l’abîme le plus profond. Il attendait son vieil ami Lucien Blanc, un journaliste renommé avec qui il devait se rendre à un bal masqué. A sept heures précise, une calèche attelée de chevaux anglais s’arrêta devant sa porte, son ami en sortit et l’invita dans sa voiture qui se dirigea droit vers le bal. En arrivant ils furent éblouis par tant de richesses, de splendeurs. La salle était rigoureusement ensevelie sous les tentures de velours bleu qui revêtaient tout le plafond et les murs et retombaient en lourdes nappes sur des tapis de même couleur. Edouard observait attentivement cette magnificence quand il l’aperçut, debout, au premier étage, c’était elle. Bien qu’elle portât un masque et qu’il n’ait jamais réellement entrevu son visage il l’avait tout de suite reconnue : la femme qu’il n’avait aperçue qu’une seule fois. Mais une fois avait suffit pour tourner son esprit vers une seule et unique pensée. En réalité, cette femme reflétait la beauté grecque dans toute sa splendeur. Son visage d’une pâleur pareille à celle des vampires montrait un nez droit, des lèvres de corail, des dents de perles, des yeux noirs ténébreux et un regard impénétrable. Elle pouvait avoir dix-neuf ou vingt ans. Munie d’un corps céleste elle ne marchait pas, elle donnait l’impression de voler. Elle ne riait pas mais esquissait un sourire presque imperceptible. Elle ne rougissait pas, elle semblait indifférente, ignorante dans sa blancheur de peau qui lui était si naturelle comme si elle venait de naître aussi innocente qu’un nouveau-né. Son charme irrésistible avait conquis le cœur d’Edouard. Et comme il l’observait depuis un long moment maintenant, Lucien, à qui la jeune femme n’était pas non plus indifférente, prit la parole : « Elle doit être magnifique derrière ce masque rouge qui contourne ses yeux. Mais attends, n’est-elle pas en train de t’observer ? Car il me semble que nombreux sont les hommes qui s’arracheraient une main dans le but ultime d’avoir l’honneur, le privilège de savourer son regard, de mériter ses yeux insaisissables, enfin ils seraient plus que nombreux à désirer ta place Edouard. » Edouard, surpris devant les propos de son ami resta ébahi quand il remarqua que cette inconnue l’épiait tout autant que lui et se retournant pour la première fois vers les autres invités il observa que la plupart, comme lui, n’avait pu se soustraire à ses charmes envoûtants semblables à ceux des sirènes.

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« Bon sang, tu as bien raison Lucien et je ferais bien d’aller me présenter à elle avant que quelque autre prétendant ne le fasse.» Alors Edouard monta les marches de l’escalier et s’avança vers l’inconnue. Au grand étonnement d’Edouard cependant, celle-ci s’approcha tout autant que lui et avant même qu’il n’eut daigné ouvrir la bouche, elle s’exclama : « Quelle charmante nuit n’est-ce pas ? Et quel plaisir que d’assister à ce fastueux bal ! » Edouard resta pétrifiée devant cette voix, car jamais il n’avait entendu plus belle voix, jamais il n’avait senti une voix le faire frissonner comme elle venait de le faire comme si elle germait de quelque étrange abîme bien lointain. Mais il se reprit et répondit avec une intonation qu’il ne se connaissait pas: « En effet, cette fête m’enchante tout autant que vous bien que toute cette splendeur ne reflète en rien la réalité. - Vous avez tort, répondit la jeune femme dont la voix sembla résonner. Au contraire, comme le disait Emerson, la réalité est un bal masqué où chacun cache sa vraie nature et la dévoile par le choix de son masque. » Stupéfait de cette réponse qui paressait si vraie Edouard tenta de se reprendre. « Ainsi mademoiselle, excusez mon indiscrétion, mais quelle nature révèle votre masque mystérieux ? Car voyez-vous aussi somptueux, aussi grandiose que soit ce bal il n’est nullement comparable à votre beauté remarquable en tout point. » Et Edouard avait légèrement rougi devant ses paroles et s’attendait à la même réaction chez sa partenaire, mais elle n’en fit rien. Contrairement à ce qu’avait imaginé Edouard l’étrangère était restée impassible. Ainsi la situation se renversait : ce qui avait pour but d’impressionner la belle inconnue intimida davantage le pauvre Edouard. Mais la jeune femme laissa tout de même apparaître un léger sourire en signe de remerciements et répondit dans un calme presque inquiétant : « Ma véritable nature n’existe pas car elle ne peut vivre. » Cependant, au grand désappointement d’Edouard qui paraissait toujours tout autant subjugué devant cette femme, elle dut précipitamment prendre congé car elle avait quelques autres obligations qui l’empêchait de rester à la soirée. Elle s’excusa devant Edouard qui essayait tout de même de la retenir et partit. Après cette brusque sortie, Edouard remarqua qu’il n’avait pas même eu l’occasion de connaître le prénom de cette femme, ni de voir véritablement son visage évidemment caché par le masque. A ce même instant un valet lui remit une missive. Edouard, après avoir remercié le messager et vérifié que la lettre lui était bien adressée, commença à lire les mots suivants :

Rendez-vous demain sur l’avenue Général De Gaulle

au restaurant La Rosette à midi précisément.

L’inconnue au masque rouge, Kyrène Empério

Il relut une deuxième puis une troisième fois. Il n’en croyait pas ses yeux. Comment ? Comment se faisait-il qu’elle connaisse son prénom ? Comment avait-t-elle pu envoyer ce message aussi rapidement ? S’attendait-elle à ce qu’il vienne la voir pendant le bal…? Enfoui dans ses pensées Edouard rentra chez lui. Oh Kyrène, quel nom si majestueux!

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Fatigué, il s’endormit en figeant l’image de cette si belle femme dans sa tête. Le lendemain, vers midi, Edouard attendait tranquillement Kyrène au restaurant quand il la vit au seuil de l’entrée. Elle n’avait plus de masque et il pouvait admirer son visage gracieux dans toute sa volupté. Seulement, en la saluant et la remerciant de cette invitation qu’il n’aurait pu refuser, bien que cela le dérangeait de ne pas avoir eu l’honneur lui-même de le faire, il commença à pâlir si intensément qu’il éveilla les inquiétudes de sa partenaire. Mais il la rassura et lui déclara qu’il n’avait pas lieu de s’en préoccuper. Et la conversation commença. Edouard ne fit aucune remarque quant aux questions qu’il se posait la veille. Et au bout de trois heures, ils se quittaient heureux d’avoir partagé ce moment ensemble. Depuis cette nouvelle rencontre ils se retrouvaient régulièrement, discutant de choses et d’autres, ils commençaient à s’apprivoiser : il connaissait ses projets, elle savait son enfance. Ils étaient amis, mais les semaines passant, leur relation devenait de plus en plus sérieuse : leur affection prenait peu à peu de l’ampleur, ils décidèrent de vivre ensemble et se fiancèrent. Seulement, au fil des mois, Edouard qui avait déjà manifesté à plusieurs reprises des signes de faiblesse devenait de plus en plus malade, il pâlissait, perdait la notion du temps, sa mémoire fléchissait et plusieurs fois d’ailleurs il s’était évanoui. Les médecins ne détectaient aucune maladie et ignoraient la cause de ses symptômes. Edouard qui aimait passionnément sa fiancée se troublait seulement de la voir si courageuse dans cette situation car elle ne montrait aucunement sa peine, au contraire son sang froid exerçait un ascendant chez lui si fort qu’il pouvait croire à n’importe quel miracle. Pourtant les jours s’assombrissaient, les nuits se faisaient plus longues, depuis quelques temps les orages s’enchaînaient, si incroyable que ce fut on était au mois de mai et dehors il grêlait, sans cesse il pleuvait. Edouard avait bien remarqué ce temps ténébreux qui s’acharnait sur lui. La nuit l’étreignait, sa maladie l’oppressait. Il avait des hallucinations, il croyait voir des fantômes cependant il n’avait pas peur, il sentait les dieux tout proches de lui et alors il avait confiance : il attendait et espérait. Bien que tombé dans l’étreinte des circonstances il ne se plaignait pas, bien que blessé il redressait la tête. Quant à sa fiancée, elle s’absentait pendant de longues heures en prétextant qu’elle allait chercher quelques soins qui pourraient le guérir. Edouard caché sous le voile de l’amour fou ne voyait rien. Que voulez-vous l’amour ne rend-il pas aveugle ? Un jour, Lucien vint lui rendre visite pour prendre comme à son habitude de ses nouvelles : « Oh mon dieu! Mon pauvre Edouard, tu me fais beaucoup de peines et d’ailleurs je ne sais comment à cet instant où je te parle tu réussis à m’esquisser ce semblant de sourire pour me réconforter. Oh mon dieu ! Edouard tu as une générosité sans égale et tu ne mérites pas ce qui t’arrive. Vois-tu, sans ton insistance je serais en train de blasphémer le dieu qui s’amuse à jouer de la vie des hommes comme un véritable bourreau. -Non quelles paroles tu prononces là ! Je te prie de l’estimer davantage, répondit Edouard. - Bien je ferai comme tu voudras, cependant, voilà je suis venu te rendre visite pour une chose très importante, j’ai un important aveu à te faire. Je suis venu en véritable ami et l’opinion qui mûrit de jour en jour en mon cœur concerne ta fiancée. Voilà, tu ne connais

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pas la nature de ta maladie et je pense que ce n’est pas une maladie ; tu penses que ton épouse prend soin de toi, je pense qu’elle te guette jour et nuit; tu penses que son état impassible n’est que signe de courage, je pense que c’est dans sa nature ; enfin tu crois qu’elle t’aime, je crois plutôt qu’elle te repousse et qu’à travers sa beauté immuable il se cache un cœur dur comme le fer. » Edouard l’écouta paisiblement durant ces accusations et répondit d’un calme surprenant sans la moindre ironie : « Bien, tu penses qu’elle m’empoisonne. » Lucien resta interdit, il s’attendait à un éclat, à des reproches, à des récriminations mais aucunement à une soudaine compréhension de sa part. « Tu comprends, répondit Edouard toujours aussi calme, cette idée m’est venue à moi aussi seulement, je n’ai pas eu le courage de la voir en face, je n’ai pas eu le pouvoir de l’admettre. » Et il se tut de peur de laisser apparaître quelque émotion devant son ami car au fond il souffrait, il souffrait si terriblement, si horriblement qu’il aurait mille fois préféré être mort à cet instant. Lucien comprit que son ami avait besoin de solitude, de recueillement dans cette situation. Il salua avec grande tristesse son brave ami qui ne semblait déjà plus de ce monde et sortit par la même porte par laquelle il était entré quelques minutes auparavant. Après ce départ, Edouard pleura, il pleura et puis quand il vit que sa tristesse s’atténuait et qu’elle disparaissait peu à peu il eut faim, mais faim de justice et de vengeance. Dehors, la nuit était déjà là, il pleuvait paisiblement, les rues étaient désertes et on n’entendait que le sol crier sous les gouttes d’eau. Edouard, quant à lui se préparait à accueillir sa fiancée, son empoisonneuse, son assassin. Enfin, elle arriva. Elle descendit de sa calèche. Elle ouvrit la porte de la maison, la referma derrière elle. Elle posa son parapluie, retira son manteau. Elle ôta ses chaussures, les rangea dans le meuble à coté des autres et entra dans la salle de séjour. Et elle le découvrit, elle le vit debout, pointant son pistolet sur elle. Edouard avait vaincu sa maladie et il pensait que plus rien ne pouvait l’arrêter désormais. « Je sais tout, s’exclama Edouard, ton secret, ton plan, ton complot, tes projets, tout ce que tu mijotes depuis notre rencontre, je connais la cause de ma maladie ou plutôt de ma souffrance car ce n’est pas une maladie c’est un poison, un poison que tu me verses chaque soir avant que je me couche, moi, imbécile que je suis, je n’ai pas voulu l’admettre car je t’aimais oui, je vous aimais car maintenant je ne sais plus qui vous êtes, vous ! Non, je crois que je me trompe…oui, c’est ça… je me trompe. En fait je ne vous ai jamais connu donc je n’ai jamais su qui vous étiez ! » Il prononça ces derniers mots dans un tel paroxysme de souffrance que la créature devant lui le regarda encore plus fixement comme si elle essayait de comprendre cet homme qui était son fiancé. « Bien, puisque vous commencez à me vouvoyer je vais en faire autant, répondit Kyrène. Vous ne me reconnaissez plus en votre fiancée, en votre amour, je ne dirais pas que j’en ferais de même tout simplement parce que je ne vous ai jamais porté aucune affection. Mais, ne m’en voulez pas pour cela car je suis sans cœur, ma nature est si froide que je ne peux contenir en moi aucune émotion. Je comprends votre désarroi et je ne peux que l’approuver dans une telle circonstance, je vois que vous souffrez, mais n’est-ce pas dans la

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nature humaine ? Mais avant que vous vous décidiez à faire quelque chose qui pourrait vous compromettre, je dois vous prévenir que vous vous trompez à mon égard, je ne vous ai jamais empoisonné comme je n’ai jamais été une empoisonneuse ! » Edouard ne savait plus que penser, que croire ! Il croyait être devenu fou. Il pensait qu’elle allait s’apprêter à tout avouer sous le coup de la fatalité mais décidément elle était plus forte que lui, lui qui jusqu'à maintenant essayait de paraître calme mais il n’en pouvait plus et s’écria : « Que voulez-vous de moi ? Qui êtes vous? » Alors au moment où ces paroles furent prononcées, la pluie ne gronda pas, non, elle rugit tel un lion venant d’être capturé. Et même cette femme, ou plutôt cette créature avait réagi car elle tomba sur le fauteuil. « Qui êtes-vous ?répéta Edouard pétrifié car il avait senti qu’il avait touché la corde sensible de cette créature. - Je suis…, répondit la créature d’une voix indescriptible. Je suis celle qu’on appelle accomplissement dans un pays, tandis que dans un autre on la prend pour une traversée. Je suis celle que certains condamnent, que d’autres approuvent, que certains cauchemardent tandis que d’autres rêvent de me trouver. Je suis…je ne suis rien de concret. Je suis un état revêtu d’une chair qui vous cache à vous et aux autres mon identité. Au-delà de ce prénom, de ce nom que je me suis acquise, de cette faculté de parler, d’entendre je ne sens rien car enfin, je suis le maître des ténèbres qui vient t’arracher de la vie. Tu es l’élu, le seul, l’unique, toi seul tu mérites un traitement particulier et c’est pourquoi dans un monde qui n’est pas le mien dans un corps qui ne me sied pas, je te dis que je suis LA MORT !! » Tout à coup, les lumières s’éteignirent, la pluie brisa son grondement, et Edouard, Edouard, lui, tomba à la renverse. Il venait de mourir. Le lendemain, on retrouva le corps d’Edouard. Et ni les policiers, ni les médecins ne purent donner un avis quant à ce mystérieux évènement. Lucien, lui savait ce qui s’était passé et tentait désespérément de retrouver la trace de cette femme. Mais rien, il ne trouva rien. Et un soir, il aperçut un journal qui n’était pas là auparavant ; il datait de quelques mois. Il la feuilleta et découvrit à la sixième page, la photo de Kyrène Empério, étudiante en biologie. Il resta interdit quand il lut que le 5 octobre soit sept jours avant le grand bal, sept jours avant la rencontre de son ami Edouard avec Kyrène, cette femme était déjà morte.

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L’oiseau RareL’oiseau RareL’oiseau RareL’oiseau Rare Par Adrien Donnadieux Par un beau matin d'été, dans un petit studio prés de Paris un homme appelé Tristan RUFFORT préparait son voyage. Cet homme âgé de vingt-cinq ans était grand, mince, avec des cheveux bruns et courts et des yeux couleur marron. Ces épaules étaient aussi carrées qu'un grand nageur. Il aimait beaucoup travailler avec des jeunes car lui même avait aimé sa période d'adolescent. Tristan préparait un Master sur la vie des étudiants en France car il rêvait de devenir ministre de l'éducation, mais le problème était que pour pouvoir financer ses études il devait travailler comme accompagnateur durant les colonies d’été. Il en cependant profitait pour interviewer les jeunes gens. Tristan avait été dans son passé un jeune qui ne sortait pas de l'ordinaire et n'aimait pas beaucoup les études mais quand il avait vu que peut-être il pouvait donner l'envie aux autres de travailler (car il avait été plusieurs fois délégué de classe et tout le monde adorait sa façon de diriger la classe) il s’était mis au travail pour pouvoir accéder à la place de ministre de l'éducation, et il était sur la bonne voie !!

Ce matin là il allait à la gare Montparnasse pour accompagner des adolescents à leur colonie de vacances. Tout le monde avait l'air heureux et impatient d'être à destination, mais pour Tristan ce n'était pas de tous repos car il devait lui et les deux autres animateurs (Alex DUTRONT et Astrid TRUNET) gérer vingt adolescents. Après six heures de trajet, tout le monde était très content d'arriver à Bordeaux et de pouvoir se reposer et faire connaissance. Au moment de l’extinction des feux, moment préféré des petits plaisantains, les ennuis commencèrent. Les premiers à agir furent des garçons qui voulaient sortir du centre. Tristan les intercepta une première fois mais il dut sortir la seconde fois. C’est alors qu’il entendit comme un bruit de pas très léger et il s'approcha de ce bruit jusqu’à ce qu’il s’intensifie. Soudain il vit un oiseau avec une aile blessée et il se dit qu'il ne pouvait pas laisser cet oiseau ici. Mais comme il ne pouvait pas non plus laisser partir les jeunes, il décida de prendre l'oiseau sous son bras et de rattraper les jeunes. Tristan retrouva enfin les jeunes après dix minutes de recherche et les envoya directement dans leurs chambres avec une corvée à faire le lendemain.

Tristan alla voir Alex et Astrid pour leur demander leur avis sur ce qu'il devait faire de cet oiseau. Ils décidèrent de le soigner et demandèrent au directeur l’autorisation de le garder au centre le temps de sa guérison. Ce dernier accepta de bon cœur car il était passionné d’ornithologie. Il s’étonna d’ailleurs de ne pas reconnaître l’espèce.

Plusieurs jours s’écoulèrent et en pleine matinée il entendit l'oiseau. Il se pressa

d'aller voir ce qui se passait et vit l'oiseau au bord de la fenêtre qui voulait sortir. Comme l'oiseau avait l'air rétabli, Tristan lui ouvrit la fenêtre. Tristan était très heureux d'avoir pu rendre service à cet oiseau. Alors l'oiseau partit au loin et Tristan ne le vit plus à cause du

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brouillard. Tristan annonça la nouvelle aux deux autres animateurs qui furent contents et tristes à la fois car ils commençaient à avoir de l'affection pour cet oiseau. Les animateurs commencèrent à parler de cet oiseau. Il ressemblait à un aigle mais en plus petit, sa couleur était rouge avec des nuances orangées. Son bec était ni trop pointu ni trop courbé et ses serres ne faisaient pas mal quand il allait sur le bras de quelqu'un.

Après une semaine les moniteurs ne pensaient plus à cet oiseau mais Tristan lui ne l'avait pas oublié car il paraissait tellement mignon et tellement inoffensif que c'était inoubliable pour lui. Un soir Tristan vit une silhouette apparaître dans le ciel. Il se rendit compte que c’était un oiseau qui se rapprochait de plus en plus. L’oiseau réussit son atterrissage avec succès. Tristan lui ouvrit la fenêtre et il vit un oiseau aussi gros qu'un aigle mais avec des couleurs qui viraient au rouge orangé, il avait un bec ni trop pointu ni trop courbée et un regard doux et un air de déjà vu. L'oiseau se rapprocha de lui. Tristan reconnut en lui celui qu’il avait soigné, il voulut sortir pour le dire à Alex et à Astrid. Mais il avait à peine franchi la porte que l'oiseau poussa un cri. Tristan pensa que l'oiseau ne voulait pas qu'il s’en aille et il prit son téléphone pour tenter d'appeler Alex et Astrid mais l'oiseau poussa un autre cri. Tristan pensa que l'oiseau ne voulait pas qu'il appelle quelqu'un, il prit l'oiseau avec lui et sortit du centre .Il le contempla mais après quelques minutes l'oiseau commença à s'agiter. Tout à coup il s’enflamma et se consuma jusqu’à former un tas de cendres. Tristan eut peur et partit se cacher derrière un arbuste. Il attendit le temps qu’il lui fallut pour retrouver son calme. Il commençait à se rapprocher des cendres lorsqu'il entendit un bruit d'aspiration. Peu à peu il vit se reconstituer un petit oiseau de la même taille que celui qu'il venait de soigner. Tristan était à la fois surpris et heureux de revoir l'oiseau qu'il adorait tant. Il prit l'oiseau dans ces bras pour le conduire dans sa chambre. Mais sur le chemin il se dit que l'oiseau préférerait peut-être rester en liberté. Alors cette nuit là Tristan décida de lui construire un nid. Aux environs d’une heure du matin le nid était construit là où personne ne pourrait le déranger mais à proximité de la chambre de Tristan. Ce dernier y laissa l'oiseau et partit se coucher.

À la fin de la colonie de vacances tout le monde retourna à Paris en train et Tristan se demanda si l'oiseau accepterait de rester dans une cage pendant six heures de trajet. Il alla acheter une cage et t fit entrer l'oiseau. Etrangement l'oiseau accepta. Tristan était fier de la confiance que lui témoignait l’oiseau. Le retour se fit sans difficultés.

Tristan garda l’oiseau auprès de lui durant toute sa vie et il le confia à sa mort à ses enfants.

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HallucinationHallucinationHallucinationHallucination Par Patile Jamoussian

Par un soir d’hiver, une adolescente âgée de quinze ans, nommée Roxane Dupuis arriva devant une foire. Il y avait beaucoup de vent. Elle se demanda si elle devait rentrer dans cette foire ou repartir chez elle, car ses parents lui avaient interdit de sortir, surtout la nuit. Elle portait un bonnet, des moufles, un écharpe de couleur marron, clair et un cardigan. Après quelques minutes, elle se décida. Elle rentra dans la foire puis elle acheta un billet et elle se mit à courir dans toute la foire. Elle s’arrêta et vit deux nains et trois elfes. Elle eut une frayeur. Comme-ci elle était dans un autre monde. Ils s’avancèrent et se retournèrent près de Roxane. Sa bouche grande ouverte se referma d’un coup. Le premier nain se déplaça et retira son chapeau en lui disant : « Bonsoir jeune fille, je m’appelle Gustave mais tout le monde me surnomme Gugu ». Le deuxième nain s’avança près de Gugu et lui dit : « Moi c’est Ponpon ». Roxane n’avait jamais vu des personnes aussi étranges. Elle frotta ses yeux pour voir si elle rêvait puis elle s’arrêta et regarda Gugu et Ponpon. Hélas, elle ne rêvait pas. Elle tourna les yeux et vit les trois elfes. Elle se dit qui c’était des personnes comme les autres et qu’ils ne faisaient rien de mal. Le premier des elfes lui dit : « Je me nomme Atchourie », puis le deuxième n’osa pas s’approcher de Roxane. Il lui dit d’un ton aigu : « Je m’appelle Timide ». Roxane se dit dans sa tête : « Il est vrai que ce prénom lui convient car il est très timide cet elfe ». Le dernier des elfes était le plus petit et il dit à Roxane : « Appelles-moi Sussi ». Elle sourit et les regarda en leur disant : « Et moi c’est Roxane ». Ils la regardèrent avec un petit sourire au coin des lèvres puis ils lui dirent tous en même temps : « Ravis de faire ta connaissance Roxane ! ». Elle leur sourit puis leur parla : « Que faites-vous ici ? ». Ils se regardèrent d’un air gêné car ils ne voulaient pas lui dire qu’ils habitaient dans cette foire. L’un d’entre eux hésita mais il se jeta à l’eau. C’était Sussi. Il lui dit : « Nous habitions ici depuis que nous sommes nés, nous restons ici et nous ne sortons pas de la foire ». Roxane ébahie leur répondit : « Mais pourquoi vous ne sortez pas ? - Car nous n’avons pas envie de faire fuir les gens, répondit Sussi, nous sommes des elfes et des nains, tout le monde sait que les gens ont peur de nous ». Sussi aimait bien parler. C’était lui qui prenait les choses en mains. Après quelques secondes, Roxane reprit la parole: « Voyez-vous, je n’ai pas peur de vous, c’est vrai qu’au début j’ai eu peur en vous voyant mais après vous avoir parlé, ma frayeur est partie. Ne vous inquiétez pas pour ça. Si vous voulez, je peux rester avec vous ce soir et demain je retournerai chez moi ». Les nains et les elfes dirent tous en même temps : « Mais parle nous un peu de toi. Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Quel âge as-tu ? ». Roxane ria puis leur rétorqua : « Je suis une personne comme les autres, je viens d’un petit quartier et j’ai quinze ans ». Gugu lui dit : « Mais tu n’as pas de parents ? ». « Oh que oui j’en ai, mais ils ne savent pas que je suis allée à la foire ».

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Tous étaient choqués : « J’espère qu’ils ne vont pas venir te chercher car tu vas rester avec nous cette nuit et si on était à la place de tes parents, nous serions terrifiés ». Elle leur répondit : « Oh, ce n’est pas grave, je leur parlerai demain mais je ne leur dirai pas que je suis allée à la foire et que je vous ai vus parce qu’ils vont me prendre pour une folle ». Les heures passèrent et Roxane continuait à parler avec Gugu, Sussi, Ponpon, Atchourie et Timide. Elle les regarda un par un, tout en souriant. L’effet que produisait les elfes et les nains était très inattendu. Les deux nains allèrent chercher des bijoux pour les montrer à Roxane et les lui tendirent. Elle était bouche bée devant toutes ces richesses. Elle garda le sourire aux lèvres puis leur dit : « Que c’est beau ». Les deux nains sourirent. Elle rendit ses bijoux aux nains et ils partirent les remettre à leur place. Pendant que Gugu et Ponpon partaient, Roxane s’approcha des elfes et leur dit : « Et vous, qu’aimez-vous ? ». Seuls deux elfes parlèrent, c’était Atchourie et Sussi. « Nous aimons … la nature ». Elle leur sourit et regarda Timide en lui disant : « Et toi, pourquoi ne parles-tu pas ? ». Il ne répondit pas, il était plus que timide. Dès que Roxane lui parlait ou le regardait, il devenait toute rouge. Elle n’avait jamais vu une personne aussi timide que cet elfe et elle se disait que si elle continuait à lui parler, il resterait timide avec elle alors que si elle ne lui parlait pas, il se pourrait qu’il vienne vers elle. Gugu et Ponpon revinrent en sautillant de joie. Roxane était toute heureuse de les voir ainsi. Elle pouvait continuer à leur parler des heures et des heures dans le froid. Cela ne la gênait pas. A ce moment-là, elle ne pensait guère à ses parents. Elle se moquait de savoir s’ils étaient inquiets ou non. Roxane vivait dans un monde parallèle. Elle pouvait même rester toute sa vie avec eux, ça lui était égal. Pour la première fois de sa vie elle se sentait heureuse. Avant elle était triste, ses notes au lycée n’étaient pas très bonnes et ses parents ne voulaient jamais qu’elle sorte dehors. Ce soir-là elle avait enfreint le règlement. Une heure plus tard, elle parlait toujours avec eux. Ils racontèrent leurs vies et ce qu’ils avaient l’intention de faire dans les années à venir. Soudain Roxane eut une idée : « Et si on se donnait rendez-vous dans un an, cela pourrait être super car j’ai très envie de vous revoir mes amis ». Ils ne voulaient pas dire oui car ils avaient un secret. Sussi, le soi-disant chef des elfes et des nains lui dit : « Oui, avec plaisir ». Ils regardèrent tous Sussi car ils ne voulaient pas accepter sa proposition mais Sussi devait accepter pour ne pas qu’elle les soupçonne de quelque chose. Roxane était tellement heureuse qu’elle les enlaça un par un. Ils se regardèrent avec un sourire. Gugu la regarda et lui dit : « Tu sais, nous sommes heureux que tu n’aies pas peur de nous ». Soudain elle entendit de grands pas. Elle sauta dans les bras d’Atchourie. Tout le monde vit un dinosaure vert avec de grandes cicatrices. Ils coururent avec Roxane. Ils crièrent de toutes leurs forces. Le chemin pour sortir de cette foire était long. Ils coururent et s’arrêtèrent pour se cacher dans un petit arbuste, puis ils dirent à Roxane de s’en aller mais celle-ci ne voulait pas les quitter. Elle voulait rester avec eux et leur dit en chuchotant : « Non je ne veux pas m’en aller, je vous ai dit que je resterais jusqu’à demain alors je vais rester ». Le dinosaure s’avança et s’arrêta devant l’arbuste où étaient Roxane et ses amis. Ils coururent en criant et en appelant de l’aide : « Au secours, au secours !!! ». Ils dirent à Roxane: « Va t’en, va t’en, nous nous reverrons demain ». Et elle courut jusqu’à ce qu’elle arrive à la sortie de la foire. Elle se retourna, essoufflée, et ne vit plus personne derrière elle.

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L’envoûtanteL’envoûtanteL’envoûtanteL’envoûtante Par Camille Bauda Toutes les semaines, je retrouvais mon grand père près du port de Saint Malo, et nous discutions de toutes ces choses formidables qu’il avait vécues durant son enfance. J’étais admiratif de son histoire, sous le charme et impatient chaque semaine d’en savoir un peu plus. C’était mon exemple, mon héros et surtout ça devenait une passion de l’écouter, pour rien au monde je n’aurais raté nos rendez vous qui devenaient vital pour moi. C’est d’ailleurs pour ça que j’écris ses récits, pour ne pas en oublier une miette, pour me souvenir de chaque détail. Je vais rédiger l’histoire la plus extraordinaire et la plus passionnante qu’il m’ait racontée ces cinq dernières années… Mon grand-père disait toujours qu’il fallait seulement croire ce que l’on voyait de ses propres yeux mais j’avais une telle confiance en lui que je n’ai jamais douté une seconde de ses mots. Et la suite me prouva que j’avais eu raison. C’était l’été de ses dix huit ans, il partait comme tous les ans au bord de mer pour profiter pleinement des marées hautes et du soleil. Mais cette année fût différente. Au début rien n’avait changé, il profitait du sable chaud la journée et le soir du doux vent et du silence que lui amenait la mer. Il pêchait également de temps en temps pour le dîner du soir, il adorait cette vie si simple loin de la ville. Il s’était d’ailleurs toujours promis de venir habiter plus tard au plus près de son seul refuge, la mer. Mais pour l’instant le temps passait et il appréhendait le jour du départ qui le ramènerait à la dure réalité de sa vie quotidienne. Alors il décida de louer un petit bateau et de partir quelques jours à l’aventure en haute mer. Il prépara donc quelques affaires, le nécessaire, puis il alla directement récupérer son bateau loué la veille. Le temps était magnifique, tout était parfait. Le lendemain dans l’après-midi, le vent était si doux qu’il s’endormit à l’avant de son bateau en laissant sa canne à pêche dans l’eau munie d’un hameçon et d’un appât. Il ne se réveilla que tard dans la soirée et il découvrit à sa grande surprise qu’un poisson avait mordu. Fier de sa prise et heureux de se dire qu’il aurait de quoi manger ce soir, il alla le préparer soigneusement, mais au moment de lui couper la tête le poisson se transforma en une femme-sirène d’une beauté troublante. Ebahi, mon grand père se demanda s’il ne rêvait pas. Mais il ne dormait pas et il avait bien devant lui cette créature extraordinaire. Tout d’abord elle le remercia de l’avoir sauvée en la pêchant, et lui expliqua que si elle était là avec lui c’est qu’il était l’élu. L’élu qui avait été choisi pour elle. Mon grand-père ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait mais ce qu’il savait surtout c’est qu’il était sous le charme de sa splendeur et se sa beauté fantastique.

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Elle lui fit comprendre qu’elle était une créature féerique mais réelle, elle lui dit qu’elle était quasiment la seule de son espèce car chaque fois qu’une créature comme elle donnait la vie, elle en mourrait. Elle lui affirma aussi qu’elle ne pouvait rester hors de l’eau qu’une semaine exactement à moins qu’elle ne donne la vie. Mon grand-père n’avait pas d’autre solution que de la croire car elle était bien là, sous ses yeux. Ils apprirent à se connaître, elle lui raconta toute son histoire fabuleuse. Mon grand-père lui en apprit beaucoup sur lui et il m’expliqua qu’il n’avait jamais rencontré de femme aussi formidable et aussi passionnante. Ce fut inexplicable cette passion qui s’installa en si peu de temps, une folie qui dépassait toutes les choses du monde, il rallongea même son voyage en haute mer pour passer la semaine entière à ses cotés. Il appréhendait le septième jour de la semaine, celui où sa bien-aimée devrait retourner à l’eau. Il essayait malgré tout de ne pas y penser, ils passèrent des nuits de rêve à s’enlacer, des journées à rire et à prendre du bon temps. Ils ne virent ni l’un ni l’autre le temps s’écouler, mais le septième jour arriva à grande vitesse. Effectivement le septième jour fut triste et maussade. Ils devaient se quitter pour de bon. Ils préférèrent ne rien dire et laisser le temps passer jusqu'à la dernière minute. La dernière minute arriva et à cet instant mon grand-père se mit à pleurer à chaudes larmes. La femme-sirène disparut peu à peu mais elle laissa derrière elle un enfant : leur enfant. Tout à coup des larmes d’émotion coulèrent de ses yeux, qui firent place à des larmes de tristesse quand il comprit que la venue de cet enfant annonçait la mort de l’amour de sa vie. Il reprit le dessus et rentra en emportant sa progéniture avec lui. Les années passèrent, il s’occupa de son fils mieux que personne. Il l’aimait chaque jour plus fort et il se promit que quand son fils grandirait il lui expliquerait l’histoire formidable de sa mère. Ce jour venu, son fils ne le crut point. Comme mon grand père disait toujours « ne croit que ce que tu vois de tes propres yeux », il le pria de prendre un bateau et d’aller revivre lui-même ces instants magiques qu’il avait vécus l’été de ces dix huit ans. Car il avait la certitude que son fils pourrait revivre la même aventure. La magie fonctionna de nouveau et mon grand-père me dit les larmes aux yeux qu’une semaine après mon père revint le cœur brisé me portant dans ses bras. Alors je compris soudain pourquoi je n’avais jamais connu ma mère. A cet instant des larmes s’échappèrent également de mes yeux. Mon grand-père bien aimé ajouta un dernier mot : « tu vois, je m’étais promis de vivre près de la mer, maintenant je ne le fais plus pour moi mais pour ta grand-mère qui malgré sa mort reste j’en suis sûr au plus près de mon cœur… »

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Dans ce recueil, aucune nouvelle n’est semblable à une autre.

Et pour cause, la plume est chaque fois renouvelée, le regard est toujours différent.

Vous ne serez pas au bout de vos surprises.

Découvrez et traversez des contrées toutes plus extraordinaires les unes que les autres.

Retrouvez l’amour, vos racines : l’émotion sera au rendez vous.

Voyagez dans ces univers et vous remonterez le temps.

Ouvrez la boîte et vous trouverez des trésors.

Tentez les vampires, le diable ou encore la mort …

C’est une invitation à l’inconnu, l’inimaginable, l’incroyable.

Ecoutez l’oiseau, voix de la raison, de la passion qui murmure à votre oreille, que déjà les

bourrasques du fantastique vous entraînent, que déjà elles vous aspirent, que déjà vous êtes

Pandore.

Astrig Hancerli

Clara Ingargiola

Camille Sablé

Lila Marenco

Annie Kasparian

Adrien Donnadieux

Patile Jamoussian

Camille Bauda

Illustration : Camille Sablé Seconde 10