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La mine Canadian Malartic, partie sud de la Ceinture de l'Abitibi, Québec, Canada : découverte et mise en valeur d'un gisement aurifère archéen à fort tonnage
Robert Wares, D.Sc., géo., géologue en chef, Corporation minière Osisko et Sylvie Prud’homme, B.Sc., géo., directrice des Relations aux investisseurs, Corporation minière Osisko
Corporation minière Osisko, 1100 av. des Canadiens, bureau 300, Montréal, Québec, Canada H3B 2S2
Personne‐ressource : Robert Wares, Corporation minière Osisko ([email protected])
Résumé
La mine Canadian Malartic de Corporation minière Osisko est située immédiatement au sud de la prolifique Zone de faille de Cadillac‐Larder Lake dans la partie sud de la Ceinture de roches vertes archéenne de l'Abitibi où plus d'une centaine de millions d'onces d'or ont été produites depuis les années 1920. Le projet Canadian Malartic a démarré en octobre 2004 avec l'acquisition, auprès du fiduciaire liquidateur de Mines McWatters, du bloc de claims initial couvrant le site minier de l'ancienne Canadian Malartic, une mine d'or souterraine qui a produit environ un million d'onces d'or de 1935 à 1965. À l'époque, la plupart des sociétés minières considéraient le site comme un camp minier entièrement vidé de son potentiel qui nécessitait des travaux de restauration environnementale, ni plus ni moins,.
En 2004, Exploration Osisko ltée était une société d'exploration junior ne comptant que trois employés à temps plein et dont la capitalisation boursière ne dépassait pas les 5 millions de dollars. Le succès de l'entreprise repose d'abord et avant tout sur sa stratégie innovatrice : découvrir et délimiter un gisement aurifère à fort tonnage et faible teneur exploitable par fosse à ciel ouvert, en appliquant un modèle géologique inhabituel pour la région de l'Abitibi, soit celui d'un gisement d'or porphyrique archéen. Dès le début de l'année 2004, Osisko a concentré ses efforts sur la partie québécoise de la Province archéenne du Supérieur. Une compilation ciblée des données publiques, pour la plupart tirées de la base de données géoscientifiques du gouvernement du Québec disponible en ligne (SIGEOM), a été réalisée pour rechercher des secteurs présentant les caractéristiques de systèmes porphyriques aurifères. Ces recherches ont fait ressortir le site de l'ancienne mine Canadian Malartic comme une cible hautement prioritaire. De plus, l'acquisition du bloc de claims initial a permis d'obtenir une importante base de données non publiées en format papier, documentant les opérations minières historiques à Canadian Malartic ainsi que des programmes d'exploration plus récents effectués sur la propriété, en particulier dans les années 1980 alors que Minéraux Lac ltée avait tenté de définir un petit inventaire de ressources à faible profondeur exploitables par fosse à ciel ouvert. La numérisation, la compilation et l'analyse de cette vaste base de données au cours des quatre mois suivants, incluant notamment les journaux de plus de 4 500 forages de surface et souterrains, ont permis à Osisko de préciser son modèle géologique pour la propriété et de confirmer le potentiel pour un gisement à fort tonnage.
La décision d'aller de l'avant avec ce projet était difficile à prendre, puisque même si les phases d'exploration et de définition des ressources s'avéraient un succès, la construction et
l'exploitation éventuelle d'une mine à ciel ouvert adjacente à la ville de Malartic nécessiteraient la relocalisation d'un quartier complet de la ville, le quartier sud. De prime abord, le projet a été reçu avec beaucoup de scepticisme de la part de la communauté minière de l'Abitibi, tant pour des raisons économiques que sociales.
Sept ans après l'acquisition du bloc de claims initial, plus de 750 000 mètres de forage, le dépôt d'une étude de faisabilité positive en novembre 2008, le décret gouvernemental autorisant le projet en août 2009 et l'obtention d'un milliard de dollars canadiens en financement, la construction et le démarrage de la mine d'or à ciel ouvert Canadian Malartic ont été menés à terme. La production commerciale, à 60 % de la capacité nominale, a été atteinte en mai 2011 et s'accroît graduellement depuis. La pleine capacité de production de 55 000 tonnes par jour devrait être atteinte d'ici la fin du deuxième trimestre de 2013, permettant de produire annuellement entre 450 000 et 600 000 onces d'or, ce qui en fera l'une des plus grosses mines d'or au Canada. Les réserves prouvées et probables (à 1 200 $ US l'once d'or) totalisent présentement 10,7 millions d'onces d'or (343,7 Mt @ 0,97 g/t Au), lesquelles sont incluses dans les ressources mesurées et indiquées globales in situ estimées conformément au Règlement 43‐101 à 11,80 millions d'onces d'or (352,7 Mt @ 1,04 g/t Au), ce qui en fait un gisement aurifère de calibre mondial.
L'histoire de Canadian Malartic illustre parfaitement comment l'application de modèles métallogéniques empiriques modernes dans des secteurs ayant déjà fait l'objet d'exploitation minière, même en utilisant de vieilles bases de données, peut mener à la réussite et se solder par des découvertes de calibre mondial.
Introduction
Corporation minière Osisko s'affaire à l'exploration, la mise en valeur et la production aurifère de son projet en propriété exclusive Canadian Malartic depuis le mois de mars 2005, à la suite de l'acquisition des premiers titres miniers formant la propriété en octobre 2004. Huit ans après l'acquisition du bloc de claims initial, plus de 750 000 mètres de forage, le dépôt d'une étude de faisabilité positive en novembre 2008, le décret gouvernemental autorisant le projet en août 2009 et l'obtention d'un milliard de dollars canadiens en financement pour le projet, la construction, le démarrage et la mise en production de la mine d'or à ciel ouvert Canadian Malartic ont été menés à terme. La production commerciale, à 60 % de la capacité nominale, a été atteinte en mai 2011 et s'accroît graduellement depuis. La pleine capacité de production de 55 000 tonnes par jour devrait être atteinte d'ici la fin du deuxième trimestre de 2013, permettant de produire annuellement entre 450 000 et 600 000 onces d'or, ce qui en fera l'une des plus grosses mines d'or au Canada. Les réserves prouvées et probables (à 1 200 $ US l'once d'or) totalisent présentement 10,7 millions d'onces d'or (343,7 Mt @ 0,97 g/t Au), incluses dans des ressources mesurées et indiquées globales in situ estimées conformément au Règlement 43‐101 à 11,80 millions d'onces d'or (352,7 Mt @ 1,04 g/t Au), ce qui en fait un gisement aurifère de calibre mondial.
Le projet est constitué de 212 titres miniers d'exploitation ou d'exploration contigus totalisant 8 761 hectares situés au cœur de la Ceinture aurifère de l'Abitibi, dans le nord‐ouest du Québec (figure 1). Adjacent à la ville de Malartic, il se trouve à environ 25 km à l'ouest de Val‐d'Or et à environ 550 km au nord‐ouest de Montréal, au Québec. La ville de Malartic est accessible par une route provinciale pavée soit de Rouyn‐Noranda ou de Val‐d'Or, toutes deux desservies par des vols commerciaux sur une base quotidienne.
La stratégie et les critères d'exploration qui ont mené à la découverte du gisement sont décrits plus en détail dans cet article. Cette étude de cas illustre parfaitement comment l'application de modèles métallogéniques empiriques modernes dans des secteurs ayant déjà fait l'objet d'exploitation minière, même en utilisant de vieilles bases de données, peut mener à la réussite et se solder par des découvertes de calibre mondial.
Figure 1
Historique d'exploration et de production à Canadian Malartic
Les frères Gouldie ont été les premiers à découvrir de l’or dans la région de Malartic en 1923, à l’endroit maintenant connu comme la zone Gouldie, un petit gîte situé immédiatement au sud du gisement Canadian Malartic (figure 2; Trudel et Sauvé, 1992) et qui fait maintenant partie des réserves exploitables de la mine. En 1925, à environ 1,6 km au nord‐ouest du prospect Gouldie, un nouvel indice a été découvert à l'emplacement de la mine actuelle et jalonné par un syndicat de prospecteurs d’Ottawa. Cette propriété a été vendue en 1927 à la société Malartic Gold Mines alors récemment constituée. Malartic Gold Mines exécuta des tranchées, des forages et des travaux sommaires de développement souterrain sur le gisement jusqu’à ce que le projet soit suspendu au début de la Grande Crise en 1929.
En 1933, la société d’origine Canadian Malartic Gold Mines prit possession de la propriété de la Malartic Mines ainsi que des claims couvrant le prospect Gouldie et y a développé une nouvelle mine. La production à la mine Canadian Malartic d’origine a débuté en 1935 et s’est poursuivie de façon ininterrompue jusqu’en 1965. Le gisement a été exploité principalement par des méthodes souterraines de chantiers en longs trous et constituait à l'époque la seule mine d'or souterraine à procéder par abattage en masse au Québec. L’extraction s’est limitée aux zones minéralisées à haute teneur (> 3 g/t Au) au sein d’une large enveloppe minéralisée de basse teneur (inconnue à l’époque), sur neuf niveaux répartis jusqu'à une profondeur approximative de 350 m. Au total, 9 931 376 tonnes de minerai, d’une teneur moyenne de 3,37 g/t Au, ont été extraites pour une production totale de 33 468,3 kg d’or (1,08 Moz Au). En 1964, Falconbridge Nickel ltée a acheté la mine Canadian Malartic d'origine et, à la suite de la fin de la production d'or en 1965, a réaménagé l'usine afin de traiter le minerai nickélifère de sa mine Marbridge. Ces opérations ont cessé en 1968, après quoi l'usine Canadian Malartic a été mise hors service et démantelée.
Figure 2
Le succès de la mine Canadian Malartic d’origine a entraîné de l’exploration additionnelle, des découvertes ainsi que de la mise en valeur sur des terrains situés immédiatement au nord et à l’est. Le camp minier aurifère de Malartic qui en a résulté inclut six anciennes mines d'or, dont trois (Canadian Malartic, Sladen et East Malartic, exploitées d'ouest en est respectivement) faisaient partie d'un seul et même système minéralisé continu s'étirant sur 4 000 mètres de longueur. De 1935 à 1979, ces mines souterraines ont produit un total de 159 451 kg (5,13 Moz) d'or1. La mine Sladen, ou le prolongement vers l'est du gisement Canadian Malartic, est entrée en production en 1938. D'autres petits gisements aurifères immédiatement au nord ont été mis en valeur et exploités pendant la même période par Barnat Mines Ltd. Lorsque la production de la mine Sladen s'est tarie en 1948, Barnat Mines Ltd a fait l'acquisition de Sladen Mines Ltd ainsi que des terrains au nord détenus par National Malartic Mines Ltd. Les opérations minières aux mines fusionnées Barnat/Sladen se sont poursuivies sous la gouverne de Barnat Mines Ltd jusqu'en 1970, bien que la zone Sladen ait été épuisée en 1951. Lake Shore Mines Ltd a fait l'acquisition de la mine Barnat/Sladen en 1970 et a rouvert la mine en 1976 pour l'exploiter jusqu'en 1979. La production à la mine East Malartic a débuté de façon indépendante en 1938 et s'est poursuivie avec quelques interruptions mineures jusqu'en 1979. En 1974, les titres miniers couvrant une partie des terrains historiques de la Canadian Malartic ont été acquis par East Malartic Gold Mines.
Après la fin des activités d'exploitation minière en 1979, Long Lac Exploration Ltd a fait l'acquisition de l'ensemble du camp minier aurifère de Malartic, un secteur couvrant la partie résiduelle des terrains de Canadian Malartic ainsi que les anciens producteurs miniers Barnat/Sladen et East Malartic. Relativement peu de travaux d'exploration avaient été effectués avant la mise en valeur des gisements. Les documents produits pendant l’exploitation minière, tels que les rapports géologiques, de forage, de développement et de production, sont demeurés internes et non publiés. Les archives collectives des anciennes mines productrices ont été acquises par Long Lac Exploration Ltd lors de sa prise de contrôle de la propriété et entreposées dans les bureaux administratifs de la mine East Malartic. Long Lac Exploration Ltd, East Malartic Mines Ltd et une troisième société d'Ontario ont fusionné en 1982 pour former Minéraux Lac ltée (Lac Minerals Ltd), laquelle a continué à explorer la propriété pendant la décennie suivante dans le but d'y définir des ressources aurifères près de la surface pouvant être exploitées à ciel ouvert. Minéraux Lac a d'ailleurs produit de l'or de 1981 à 1983 à partir de deux petites fosses ciblant les piliers de surface et a traité le minerai à l'usine East Malartic.
De 1980 à 1988, Minéraux Lac a exploré le secteur du gisement Canadian Malartic dans le but d'y définir des ressources près de la surface (à moins de 100 mètres de profondeur) exploitables par fosse à ciel ouvert. Ces travaux comprenaient le forage d'environ 500 trous en surface sur et autour du site de l'ancienne mine Canadian Malartic. Plusieurs autres campagnes de forage ont été complétées dans les secteurs de Barnat/Sladen et d’East Malartic sur la propriété jusqu’en 1990. La majorité des données de forage générées par Minéraux Lac ont été déposées comme travaux statutaires auprès du gouvernement du Québec et sont disponibles pour consultation publique.
Minéraux Lac a réalisé plusieurs levés géophysiques au sol sur la propriété, notamment des levés de polarisation provoquée pôle‐dipôle et dipôle‐dipôle, des levés magnétiques et
1 Les données détaillées sur la production historique sont tirées de Grant et al. (1987), Sansfaçon et al.
(1986) et Trudel et Sauvé (1992).
électromagnétiques à boucle horizontale ainsi que des levés électromagnétiques VLF, mais les résultats se sont avérés décevants ou non concluants puisqu'aucune signature géophysique, particulièrement les anomalies de polarisation provoquée, n’a pu être corrélée aux zones minéralisées connues. Compte tenu du peu d'utilité des différentes techniques géophysiques, Minéraux Lac a préféré cibler ses travaux de forage d’exploration en fonction des résultats historiques de forage, de développement souterrain et de cartographie géologique en surface.
Le programme d'exploration a mené à la définition de cinq zones de minéralisation aurifère près de la surface, formant des ressources globales non classées (antérieures au Règlement 43‐101) d'environ 8 160 000 tonnes à une teneur moyenne de 1,98 g/t Au (520 000 oz Au), selon un seuil de coupure de 1,03 g/t Au. Sans le savoir, les zones minéralisées définies par cette société étaient l'expression en surface d'un système aurifère minéralisé à basse teneur beaucoup plus étendu, s'étirant jusqu'à une profondeur d'au moins 400 mètres.
En 1989, Minéraux Lac a estimé des ressources non classées (antérieures au Règlement 43‐101) de 27 210 000 tonnes métriques à une teneur moyenne de 1,95 g/t Au (1 706 100 oz Au) sur le gisement Canadian Malartic, jusqu'à une profondeur verticale de 305 mètres. Cette estimation était basée sur un seuil de coupure de 1,03 g/t Au, mais le prix de l'or à l'époque ne justifiait pas, selon la société, l'exploitation par fosse à plus de 100 mètres de profondeur.
Alors que Minéraux Lac complétait une étude de faisabilité sur le projet, Barrick Gold Corp. a pris le contrôle de la société en 1994. Barrick n’a pas fait d’exploration sur la propriété, mais a effectué, durant les années 1990, une recompilation partielle des données historiques à des fins d’estimation de ressources et diverses études sur l’environnement et la stabilité des chantiers d’abattage. Barrick a foré une quantité limitée de sondages géotechniques afin de déterminer l’épaisseur et la stabilité des piliers de surface à la mine Canadian Malartic, dans le secteur situé sous les résidences du quartier sud de la ville de Malartic. La principale activité de Barrick sur la propriété a été de traiter jusqu’en 2002 du minerai de sa mine Bousquet à l’usine d’East Malartic. Barrick a vendu tous ses intérêts dans le camp de Malartic à Corporation minière McWatters en février 2003. À la suite de son acquisition en 2003, il n’existe aucune indication que McWatters aurait réalisé des travaux d’exploration sur la propriété. Enfin, à l’automne de 2004, Osisko Exploration fit l’acquisition d’une partie de l’ancien camp minier du syndic de faillite de McWatters.
Géologie régionale
Les premières cartes géologiques de la région de Malartic (canton de Fournière) ont été dressées en 1925 par la Commission géologique du Canada et par le géologue O'Neill (1935) du Service des mines du Québec. Ce dernier a recartographié en détail la propriété Canadian Malartic et a fourni les premières descriptions pétrographiques des roches minéralisées. Derry (1939) et Derry et Herz (1948) ont publié des articles décrivant la structure et l'altération et présentant un modèle métallogénique pour le gisement aurifère Canadian Malartic. Des rapports géologiques portant sur le camp minier aurifère de Malartic ont été publiés par Gunning et Ambrose (1940), Eakins (1962), Sansfaçon (1986), Grant et al. (1987), Sansfaçon et Hubert (1990), Trudel et Sauvé (1992), et Fallara et al. (2000).
La propriété Malartic chevauche la limite méridionale de la partie est de la Sous‐province de l'Abitibi, une ceinture de roches vertes archéennes située dans la partie sud‐est de la Province
du Supérieur, dans le Bouclier canadien. La Sous‐province de l'Abitibi est constituée d'une zone volcanique plus ancienne au nord (2730‐2710 Ma) et d'une zone volcanique plus jeune au sud (2705‐2698 Ma), séparées par la Zone de faille Porcupine‐Destor d'envergure régionale (Card et Poulsen, 1998). La Sous‐province de l'Abitibi est bordée au nord par les gneiss et plutons de la Sous‐province d'Opatica et au sud par les roches métasédimentaires et intrusives de la Sous‐province de Pontiac. Le contact entre la Sous‐province de Pontiac et les roches vertes de la Ceinture de l'Abitibi est caractérisé par la présence d'une faille majeure orientée est‐ouest, la Zone de faille de Cadillac‐Larder Lake (figure 1). Cette structure aurifère prolifique s'étire de Matachewan, en passant par les camps miniers aurifères de Kirkland Lake et de Larder Lake en Ontario puis ceux de Rouyn‐Noranda, de Cadillac, de Malartic et de Val‐d’Or du côté québécois, après quoi elle est tronquée plus à l'est par le Front de Grenville. Le corridor délimité par la Zone de faille de Porcupine‐Destor et la Zone de faille de Cadillac‐Larder Lake, généralement connu comme le camp Timmins–Val‐d'Or (Robert et al., 2005), renferme un grand nombre de gîtes minéraux qui englobent la majeure partie de la production historique et actuelle de métaux usuels et de métaux précieux de la Province du Supérieur (Spooner et Tucker Barrie, 1993).
La stratigraphie régionale du sud‐est de l'Abitibi est divisée en une alternance de groupes de roches volcaniques et sédimentaires clastiques, généralement orientés N280° jusqu'à N330° et séparés par des zones de failles. Les grandes divisions lithostratigraphiques dans ce secteur sont, du sud vers le nord : le Groupe de Pontiac dans la Sous‐province de Pontiac et les groupes de Piché, de Cadillac, de Blake River, de Kewagama et de Malartic dans la Sous‐province de l'Abitibi. Le Groupe de Pontiac comprend des grauwackes, des shales avec quelques unités de conglomérats (sédiments clastiques turbiditiques) ainsi que de minces bandes de roches volcaniques ultramafiques qui sont possiblement allochtones. Le Groupe de Piché, confiné à l'intérieur de la Zone de faille de Cadillac, se compose de plusieurs lentilles de schistes à talc‐chlorite‐carbonate représentant des roches volcaniques fortement déformées et altérées d'une composition variant de basaltes magnésiens à komatiites. Les schistes englobent de nombreuses intrusions irrégulières et déformées de diorite et de porphyre feldspathique, dont plusieurs sont minéralisées en or. Le Groupe de Cadillac est constitué de grauwackes et de conglomérats polygéniques; le Groupe de Blake River est dominé par les basaltes; le Groupe de Kewagama comprend des grauwackes, des shales, des formations de fer oxydées et des conglomérats tandis que le Groupe de Malartic se compose de roches volcaniques ultramafiques.
Les différents groupes lithologiques au sein de la Sous‐province de l'Abitibi sont métamorphisés au faciès des schistes verts. Le grade métamorphique augmente en s'approchant de la limite sud de la Ceinture de l'Abitibi, où les roches du Groupe de Piché et de la partie nord du Groupe de Pontiac ont été métamorphisées au faciès supérieur des schistes verts. Ces roches ont aussi subi un métamorphisme rétrograde, probablement en raison de la circulation de fluides hydrothermaux associée à la Faille de Cadillac, comme l'indiquent la chloritisation de la biotite, le développement d'actinote aux dépens du hornblende et l'albitisation du plagioclase plus calcique. Le métamorphisme augmente rapidement au sud de la Zone de faille de Cadillac à l'intérieur du Groupe de Pontiac. Les roches sédimentaires à l'extrémité sud de la propriété Canadian Malartic sont métamorphisées en paraschistes à grenat‐staurotide et en gneiss migmatitiques plus au sud. Ce terrane à plus haut grade métamorphique est également ponctué de nombreuses intrusions de granite hyperalumineux, issues de la fusion partielle des roches métasédimentaires pendant l'orogenèse.
La majeure partie de la propriété Canadian Malartic couvre des unités métasédimentaires du Groupe de Pontiac, situées juste au sud de la Zone de faille de Cadillac (figure 2). La portion
centre‐nord de la propriété couvre une section du couloir de faille d’environ 3,5 km de long et est constituée de métavolcanites mafiques et ultramafiques du Groupe de Piché recoupées par de nombreuses intrusions porphyriques ainsi que de roches métasédimentaires du Groupe de Cadillac au nord de la zone de faille. La Zone tectonique de Cadillac montre une orientation de N320°E au niveau de la ville de Malartic et de N280°E – N290°E plus à l’est. Ce changement abrupt de direction a été interprété par Gunning et Ambrose (1940) et par Eakins (1962) comme une bifurcation de la zone de faille. La portion de la zone de faille orientée N280°E – N290°E est localement appelée la zone de faille de Malartic et s’étend sur une distance latérale d’environ 9 km avec une largeur variant entre 600 et 900 mètres. La zone de faille de Malartic inclut plusieurs failles subsidiaires avec des orientations variant de subverticales à subhorizontales. La portion de ceinture volcanique du Groupe de Piché qui traverse la propriété Canadian Malartic a une largeur d’environ 650 mètres. Deux structures majeures, les failles Malartic (Cadillac) et Sladen, définissent les limites nord et sud de la zone tectonique dans le secteur immédiat de Malartic. Sur la propriété, la faille Malartic est d’orientation N260°E ‐ N280°E avec un pendage de 75° vers le nord, tandis que la faille Sladen est orientée à N090°E ‐ N100°E avec un pendage variant de 70°S à subvertical. Les métavolcanites ultramafiques du Groupe de Piché n’affleurent pratiquement pas sur la propriété et leur existence est connue par les rapports historiques et les chantiers miniers; elles sont présentement exposées dans la fosse Buckshot. Les roches du Groupe de Piché sont typiquement de couleur gris‐bleu foncé à noir, montrant une schistosité marquée avec de nombreuses veinules de talc‐carbonate. Un autre faciès moins altéré est également rencontré, soit une roche ultramafique massive, serpentinisée et de granulométrie aphanitique.
Les roches métasédimentaires du Groupe de Pontiac se trouvant sur la propriété sont constituées de grauwackes turbiditiques, de schistes argileux et de quelques siltites, généralement sous forme de rythmites, avec des lits d’épaisseur variant de un centimètre à un mètre. Typiquement, les roches sédimentaires montrent une foliation bien développée et sont gris foncé à noirs, présentant occasionnellement une teinte brunâtre causée par le développement de biotite par métamorphisme ou altération potassique à proximité des intrusions porphyriques felsiques.
Les roches des groupes de Pontiac et de Piché sont recoupées par plusieurs corps porphyriques felsiques épizonaux, décrits comme des syénites, syénites quartzifères, monzonites quartzifères, granodiorites et tonalites. La géométrie de ces intrusions felsiques est très variable et on retrouve sur la propriété des filons‐couches, des dykes, des lentilles discontinues et de petits massifs isolés.
Les porphyres contiennent tous des phénocristaux de feldspath (1 à 5 mm) dans une matrice gris pâle à moyen, aphanitique à finement grenue. Dans le Groupe de Pontiac, les intrusions porphyriques sont particulièrement abondantes dans un secteur limité au sud par la faille Raymond. Au sud de la faille Raymond et dans la partie sud‐ouest de la propriété Canadian Malartic, on retrouve un essaim de corps tabulaires ultramafiques serpentinisés (possiblement des coulées de komatiites ou des corps chevauchés) au sein des roches métasédimentaires. Le pluton de granodiorite/tonalite Fournière touche l’extrémité sud‐est de la propriété.
Minéralisation et géologie du gisement
La minéralisation dans le gisement Canadian Malartic se présente sous la forme d’une enveloppe semi‐continue de 1 à 3 % de pyrite, disséminée et en stockwerk, contenant de l’or
natif microscopique formant des inclusions arrondies d'un diamètre moyen de 15 microns. La pyrite est associée à des traces de chalcopyrite, de sphalérite, de molybdénite et de tellurures aurifères‐argentifères et argentifères (Eakins, 1962; Fallara et al., 2000). Le minerai de l'ancienne mine Canadian Malartic était anormalement riche en argent, comparativement au reste du camp minier aurifère de Malartic et aux autres gisements filoniens mésothermaux le long de la Zone de faille de Cadillac, avec un ratio or/argent variant de 4:1 à 1:1, en raison de l'abondance relative de tellurures argentifères associés à la minéralisation aurifère.
Les ressources aurifères se retrouvent principalement à l’intérieur des roches sédimentaires clastiques altérées du Groupe de Pontiac (70 %) qui recèlent une intrusion épizonale de monzodiorite porphyrique. Une partie du gisement est également encaissée dans les parties supérieures de l'intrusion porphyrique (30 %) sous‐jacente aux roches métasédimentaires encaissantes. L’intrusion porphyrique s’amincit dans la partie est du gisement et la minéralisation disséminée se poursuit dans les roches métasédimentaires fortement altérées, formant un corps tabulaire subvertical (Extension Sladen) qui est tronqué par la Faille de Cadillac à l’extrémité ouest de l'ancienne mine East Malartic. Cette partie tronquée du gisement, ainsi qu'une autre minéralisation au sein des roches du Groupe de Piché au nord de la faille, forment ce que l'on appelle la zone Barnat Sud de la nouvelle mine Canadian Malartic.
Les enveloppes semi‐continues de minéralisation à plus haute teneur (> 1 g/t Au) à Canadian Malartic définissent une structure en synforme ouvert orienté N110°E et plongeant à environ N20° vers l'ESE (figure 3). Cette structure se forme à l'extrémité ouest du gisement et a été interprétée par le passé comme une structure de plissement post‐minéralisation ayant déformé le gisement (Derry, 1939; Derry et Herz, 1948; Fallara et al., 2000). Malgré la géométrie du gisement en synforme plongeant, les opérations dans la fosse depuis le printemps de 2011 à Canadian Malartic ont permis d'exposer les parties supérieures du gisement et ont révélé très peu d'indications de plissement et de l'existence d'un véritable synforme. Les strates sédimentaires clastiques sont systématiquement subverticales dans le gisement et sont communément tronquées subparallèlement au litage et à la schistosité pénétrative alors que les dykes porphyriques minéralisés subverticaux sont couramment boudinés. Ceci suggère un style de déformation dominé par le glissement dans le plan des couches et le chevauchement à pendage abrupt plutôt que du plissement, de telle sorte que la morphologie du gisement demeure inexpliquée pour l'instant.
Sur presque toute l'étendue latérale du gisement Canadian Malartic, la minéralisation le long du flanc nord du synforme suit le contact entre les roches porphyriques et sédimentaires. La structure devient tabulaire, avec un pendage abrupt vers le sud, là où le dyke porphyrique se pince et disparaît dans l'Extension Sladen. Ce prolongement du gisement vers l'est représenterait le flanc nord du synforme. Des embranchements inclinés vers le nord à partir du gisement principal le long du flanc sud du pli sont structurellement reliés à de nombreuses zones minéralisées subhorizontales présentes à faible profondeur. Une vaste enveloppe sporadique de minéralisation à plus basse teneur (0,3 à 1,0 g/t Au) forme un halo mal défini autour du gisement principal et est associée à une vaste zone d'altération potassique bien développée.
L’altération dans les roches métasédimentaires est dominée par le métasomatisme potassique et se compose de biotite‐feldspath potassique‐carbonate à laquelle se surimpose, au cœur du gisement, de la silice‐carbonate cryptocristalline. La biotite et le feldspath potassique sont directement associés à la minéralisation aurifère. Les plagioclases détritiques dans les
grauwackes sont remplacés par du feldspath potassique. Les carbonates se composent de calcite et d’ankérite. Les zones hautement silicifiées montrent une texture cherteuse et sont fréquemment bréchifiées (figure 4); elles sont plus abondantes aux contacts entre les roches porphyriques et métasédimentaires. On observe aussi, en phases mineures, de la séricite, de la chlorite et de l'hématite ainsi que des traces de rutile, de célestite, de baryte, de chalcopyrite et de sphalérite. L’altération potassique dans le porphyre consiste principalement en un remplacement des plagioclases par des feldspaths potassiques avec quelques veines mineures de quartz contemporaines. Le remplacement de quartz cryptocristallin et d’un peu de carbonate se surimpose également à l’altération potassique dans le porphyre, oblitérant les textures porphyriques à un niveau suffisamment avancé. Des veines tardives, de texture grossière, composées de quartz‐albite‐muscovite et minéralisées en or natif forment des stockwerks relativement petits, mais à plus haute teneur le long de la bordure nord du gisement (Eakins, 1962; Derry, 1939). Ces veines tardives sont associées à une altération en hématite de couleur rouge brique, particulièrement bien développée dans les roches porphyriques. De l’altération rétrograde en chlorite‐calcite des assemblages précédents, surtout la biotite, est présente à travers tout le gisement, mais est particulièrement intense le long des zones de cisaillement ductile, où elle forme des schistes à chlorite‐calcite.
Figure 4
Stratégie d'exploration
Fondée en 1998 par Robert Wares, Osisko était au départ engagée en exploration générale pour les métaux précieux et usuels au Québec. Sean Roosen (actuel président et chef de la direction d'Osisko) et John Burzynski (vice‐président au développement corporatif) se sont joints à Osisko au printemps de 2003, amenant une injection de nouveau capital provenant d'investisseurs allemands dans la société. L'idée était de faire un investissement stratégique dans une société junior d'exploration aurifère prometteuse et peu coûteuse, mais en bonne position pour tirer profit de ce qui était alors perçu comme un marché haussier à long terme pour l'or. Ce concept a souri aux actionnaires de la société de portefeuille allemande et ils ont été convaincus d'investir dans Osisko.
La nouvelle équipe d'Osisko a stratégiquement choisi de concentrer ses efforts d'exploration et d'acquisition sur les gisements d'or à fort tonnage exploitables par fosse à ciel ouvert, puisque ces gisements caractérisent la majorité des grandes mines d'or de calibre mondial, c'est‐à‐dire celles qui comptent plus de 5 millions d'onces d'or en réserves. Sur le plan de l'exploitation minière, la perception populaire au Canada à l'époque était que ce type de mine d'or, où l'on procédait par abattage en vrac, ne pouvait être rentable que dans des environnements tropicaux ou désertiques, là où l'oxydation des tranches supérieures des gisements facilitait l'extraction minière, le broyage ou la lixiviation en tas, ce qui avait une grande incidence sur la rentabilité de ces mines. Toutefois, une analyse de la mine Fort Knox de Kinross en Alaska a convaincu l'équipe d'Osisko des mérites des opérations minières à fort tonnage dans les climats nordiques et la décision a été prise d'inclure le Canada dans le terrain de chasse pour la définition des cibles d'exploration.
À la suite de quelques programmes d'exploration sur des projets infructueux au Québec et au Brésil, le premier auteur a orienté ses efforts de génération de cibles sur la Province archéenne du Supérieur à l’hiver 2004. En effet, historiquement, le craton du Supérieur a fait l'objet de peu d'exploration pour les gisements aurifères à fort tonnage, même si les modèles métallogéniques connus à l'époque suggéraient qu'un tel potentiel existe. Les gisements d'or filoniens archéens de la Province du Supérieur au Canada et de la Province de Yilgarn en Australie comprennent plusieurs types de gisement, mais sont dominés par les gisements épigénétiques mésothermaux de veines et de brèches contrôlées par la structure, c'est‐à‐dire des gisements « orogéniques » au sens attribué à ce terme par Hagemann et Cassidy (2000). Parmi les autres types, citons les gisements disséminés et les stockwerks encaissés dans des roches granitoïdes ou dans des zones de cisaillement, avec ou sans superposition filonienne, les gisements disséminés associés à des porphyres alcalins, les brèches et les zones de remplacement riches en sulfures, les gisements de sulfures massifs volcanogènes riches en or et les exhalites pyriteuses riches en or (Robert, 2001; Robert et Poulsen, 1997; Card et Poulsen, 1998; Robert et al., 2005). Avant 2004, soit avant l'acquisition de la propriété Canadian Malartic en, des systèmes filoniens mésothermaux avaient été exploités avec plus ou moins de succès par fosse à ciel ouvert dans le camp minier de Timmins (fosse Dome) et dans le camp de Val‐d'Or (fosse Sigma), l'exploitation minière par fosse à ciel ouvert de ces systèmes filoniens devant composer avec des ratios de décapage très élevés et de sérieux problèmes au niveau du contrôle des teneurs et de la dilution. Par conséquent, il a été préconisé de cibler les efforts d'exploration sur les types de gisement aurifère disséminé de plus grande envergure, puisque de tels gisements seraient plus homogènes et présenteraient moins de risque dans le cadre d'un scénario d'exploitation minière en vrac. Les gisements disséminés associés aux porphyres alcalins à calco‐alcalins riches en potassium, tels que décrits par Robert (2001), ont été prioritairement ciblés pour l'exploration
dans le craton du Supérieur. Le premier auteur était d'avis que ces gisements pourraient représenter des analogues archéens aux gisements d'or porphyriques modernes (Sillitoe, 2000) qui, par définition, sont des systèmes à fort tonnage et faible teneur.
Ciblage
Après avoir pris la décision de rechercher des gisements d'or de type porphyrique, ou du moins leurs analogues archéens dans le craton du Supérieur, les efforts de recherche et de compilation se sont portés sur la définition de cibles du côté québécois du craton, en raison de l'abondance de renseignements disponibles dans une base de données géoscientifiques facilement accessible en ligne pour consultation publique, mise sur pied et gérée par le gouvernement du Québec (SIGEOM). Cette base de données et ce moteur de recherche puissant ont été exploités et peaufinés pour compiler, en format SIG, les caractéristiques des systèmes d'or porphyriques, notamment en recherchant la présence de longues (> 50 m) intersections aurifères à basse teneur (0,5 à 2,0 g/t Au) dans les forages carottés ainsi qu'une étroite association spatiale entre la minéralisation, les intrusions porphyriques felsiques à intermédiaires et l'altération potassique répandue. Ces recherches ont immédiatement fait ressortir le site de l'ancienne mine Canadian Malartic comme une cible hautement prioritaire.
Une compilation plus poussée a révélé que les gisements aurifères du secteur de Malartic avaient déjà été considérés comme étant associés à des systèmes porphyriques (lssigonis, 1980; Robert, 2001) et possiblement d'origine orthomagmatique. Les porphyres épizonaux de Malartic sont généralement considérés comme étant de composition syénitique à calco‐alcaline riche en potassium et d'âge syntectonique, du Témiskaming précoce (Fallara et al., 2000; Robert, 2001; A.E. Williams‐Jones, Université McGill, comm. pers.). Les résultats de la compilation ont mis en lumière un élément particulièrement intéressant, soit le fait que l'empreinte de la minéralisation disséminée ou de l'altération potassique sur le site de l'ancienne mine Canadian Malartic semblait couvrir une superficie d'au moins deux kilomètres carrés, délimitant ce qui était de toute évidence un vaste système hydrothermal qui n'avait jamais été vérifié par forage ni évalué comme gisement exploitable par fosse à ciel ouvert par des méthodes d'extraction en vrac. Compte tenu de ces caractéristiques favorables, Osisko a ciblé ce secteur au début de l'année 2004 comme un système d'or porphyrique probable représentant une cible d'acquisition hautement prioritaire.
Acquisition de la propriété
Aucun effort n'a été fait pour acquérir la propriété Canadian Malartic au début de l'année 2004 puisqu'Osisko croyait que le camp minier était toujours la propriété de Barrick Gold Corp. Bien que Barrick avait cessé ses opérations d'usinage à Malartic en 2002, il était hautement improbable qu'Osisko puisse signer une entente d'acquisition avec Barrick compte tenu de sa situation financière limitée à l'époque et de son statut de société junior d'exploration. Des recherches plus poussées ont toutefois révélé que Barrick avait vendu l'ensemble du camp de Malartic à Mines McWatters inc. en 2003, dans le cadre d'une transaction peu publicisée. McWatters était une société minière aux prises avec d'importants problèmes financiers à l'époque, en raison de l'exploitation infructueuse de la fosse Sigma dans la ville voisine de Val‐d'Or. Les raisons pour lesquelles McWatters a fait l'acquisition du camp de Malartic demeurent mystérieuses pour les auteurs et la vente était passée pratiquement inaperçue au départ puisque le gouvernement du Québec n'a transféré les titres de propriété à McWatters qu’à la mi‐2004. En raison des délais dans le transfert des titres de propriété et des coûts potentiels de
remise en état associés à l'ancien camp minier, Osisko, encore une fois, n'a fait aucun effort pour acquérir la propriété.
Mines McWatters inc. s'est placé sous la protection de la loi sur les faillites en janvier 2004 et a conclu une entente avec ses créanciers en juillet 2004. Le moment décisif s'est produit aux alentours de septembre 2004, lorsqu'il a été découvert que la propriété de Canadian Malartic était à vendre par le biais du fiduciaire liquidateur. Des communications avec le fiduciaire ont révélé que le prix demandé pour l'ensemble de la propriété, incluant l'usine East Malartic, était de 2 000 000 $ CA. Compte tenu du prix demandé pour la propriété, des coûts importants de restauration environnementale qui y étaient associés et de la perception générale qu'il s'agissait d'une propriété minière « finie » avec très peu de potentiel minéral résiduel, Osisko a fait le pari qu'aucun compétiteur ne ferait d'offre pour acquérir la propriété. Cela laissait le champ libre à Osisko qui a saisi l'occasion et pris le risque de participer au processus en offrant un prix très bas, par le biais d'un intermédiaire, sur une partie relativement restreinte de la propriété. Cette partie était critique toutefois, puisqu'elle couvrait la majeure partie du gisement Canadian Malartic tout en évitant toutes les aires d'accumulation de résidus miniers. La loi sur les faillites, en ce qui a trait à la liquidation d'actifs dans la province de Québec, stipule qu'aucune offre raisonnable ne peut être refusée par le fiduciaire et que le fiduciaire doit accepter la meilleure offre raisonnable. Bien que le fiduciaire avait clairement indiqué que seules des offres portant sur l'ensemble de la propriété seraient considérées, il a été jugé que la stratégie fonctionnerait s'il n'y avait aucune autre offre sur la table. Le fiduciaire serait alors forcé d'accepter l'offre d'Osisko, puisqu'elle serait considérée comme raisonnable étant donné qu'elle ne visait qu'une petite partie de la propriété ne comportant aucune infrastructure. Osisko a aussi supposé que dans tout ce processus, le fiduciaire n'avait pas engagé d'expert‐conseil pour évaluer de façon indépendante le potentiel minéral des titres miniers visés.
La stratégie a fonctionné et, vers la fin du mois d'octobre 2004, l'offre a été acceptée. Osisko a payé 80 000 $ CA pour acquérir un intérêt de 100 % dans six claims et une concession minière couvrant l'ancienne mine Canadian Malartic. Une redevance variable de 2 % à 3 % des revenus nets de fonderie (NSR) payable à Barrick était rattachée à ces titres, dont la moitié pouvait être rachetée pour la somme de 1,5 M$ CA. Le reste de la propriété est passé sous le contrôle du gouvernement du Québec en décembre 2004, le fiduciaire liquidateur n'ayant pas réussi à trouver un acheteur. Les bureaux de la mine et les archives sont aussi passés sous le contrôle du gouvernement du Québec lorsque celui‐ci a pris en charge cette portion de la propriété.
À la suite de l'acquisition de la propriété Canadian Malartic, Osisko a acquis les claims avoisinants auprès de différents prospecteurs et sociétés juniors d'exploration (principalement en 2005) et a aussi jalonné d'autres terrains plus à l'ouest. Vers la mi‐2005, le gouvernement du Québec a procédé à la dissolution des concessions minières résiduelles de la propriété Malartic qu'il avait héritées du fiduciaire liquidateur et a converti ces terrains en claims. Les claims ont été rendus disponibles par le biais du système électronique de gestion des titres miniers du gouvernement du Québec et huit différentes parties ont simultanément soumis un avis de désignation pour les titres lorsqu'ils ont été ouverts au jalonnement à l'automne 2005. Afin de départager les détenteurs, le gouvernement a procédé à un tirage au sort pour chacun des claims le 15 février 2006. Osisko a réussi à faire l’acquisition de deux de ces claims lors du tirage. Le 2 mars 2006, Osisko a annoncé la signature de lettres d’entente avec un groupe de 4 parties indépendantes afin de faire l’acquisition d’un intérêt de 100 % sur les 14 titres restants. Sept de ces titres ont été acquis de deux individus, sans condition, restriction ou supplément. Les sept
autres claims ont été achetés de deux autres individus et sont assujettis à une redevance dérogatoire brute de 2,5 %.
Découverte et mise en valeur
L'acquisition du bloc de claims initial a aussi permis de mettre la main sur une importante base de données non publiques en format papier portant sur les opérations minières de l'ancienne Canadian Malartic ainsi que sur les programmes d'exploration réalisés sur la propriété, particulièrement les travaux effectués dans les années 1980 par Minéraux Lac. La numérisation, la compilation et l'analyse de cette vaste base de données au cours des quatre mois qui ont suivi, incluant les journaux de plus de 4 500 forages de surface et souterrains, ont permis à Osisko de raffiner son modèle géologique pour le gisement aurifère et de confirmer son potentiel pour un gisement à fort tonnage. Il s'en est suivi une première vérification par forage du modèle : en mars 2005, Osisko a foré son premier sondage à l'extrémité ouest du gisement. Le secteur ciblé était celui où Minéraux Lac avait antérieurement défini une importante zone minéralisée située à faible profondeur, encaissée entièrement dans les roches porphyriques et montrant des teneurs de 1,5 g/t Au jusqu'à 100 mètres de profondeur. Ce premier sondage vertical a recoupé 93,9 mètres à une teneur de 1,01 g/t Au, et les 19 sondages qui ont suivi ont tous recoupé de la minéralisation significative, tant dans le porphyre que dans les roches métasédimentaires clastiques altérées (tableau 1). Ces sondages ont permis de vérifier l'étendue latérale dans l'axe est‐ouest du gisement (sur une distance de 1 140 mètres) se trouvant à l'intérieur du petit groupe de claims détenu à l'époque, confirmant ainsi le potentiel de la propriété et mettant la table pour le programme d'exploration majeur qui a suivi.
Les autres travaux de forage réalisés en 2005 (totalisant 7 400 mètres) ont vérifié, avec succès, des sections dans l'axe nord‐sud du gisement, établissant la largeur du gisement entre 500 et 700 mètres jusqu'à une profondeur d'environ 250 mètres. Ces excellents résultats ont permis à Osisko de clôturer son premier grand financement public par l'entremise d'un courtier à la fin de 2005, lui procurant le financement requis pour entreprendre un programme de forage de définition selon une grille de 60 x 60 mètres en 2006. Ce premier programme de forage de définition totalisant 75 000 mètres, combiné à la base de données historiques, a permis de calculer une première estimation de ressources présumées de 6,5 millions d'onces d'or, laquelle a été annoncée à l'automne 2006. Un programme de définition élargi, toujours selon une grille de 60 x 60 mètres et totalisant 90 000 mètres de forage, a été réalisé à l'hiver 2006‐2007 et a permis la publication d'une nouvelle estimation de ressources présumées de 8,4 millions d'onces d'or à l'été 2007.
Un levé géophysique aéroporté a aussi été réalisé en 2006 pour recueillir des données sur le champ magnétique total ainsi que des données radiométriques et électromagnétiques en domaine temporel dans le but de définir, à des fins d'exploration régionale, la signature géophysique aéroportée associée au gisement. Cela a été un échec sur tous les plans puisque :
1) Ni les intrusions porphyriques ni la minéralisation ne sont magnétiques (très peu de magnétite et pas de pyrrhotite dans les assemblages minéralogiques), ce qui signifie qu'il n'y a que peu ou pas de contraste magnétique avec les grauwackes non altérés qui forment l'encaissant;
2) Une forte anomalie radiométrique en potassium a été obtenue au‐dessus du gisement, mais celle‐ci était associée au parc à résidus, indiquant la présence d'altération potassique dans les
roches hôtes du gisement (confirmé par la pétrographie), mais malheureusement masquant la signature primaire du gisement;
3) Le gisement n'a généré aucune signature lors du levé électromagnétique, ce qui était prévisible puisqu'il ne renferme que 1 à 3 % de pyrite disséminée et pas de graphite.
Les succès cumulés en forage en 2006 et 2007 ont mené à d'autres financements pour Osisko, ouvrant la voie pour un programme de forage majeur lancé à l'automne 2007 : un programme de forage de définition de 330 000 mètres selon une grille de 30 x 30 mètres couvrant la totalité du gisement et ayant pour but de convertir les ressources présumées en ressources mesurées et indiquées (M+I) conformes au Règlement 43‐101. En septembre 2008, Osisko avait réussi à définir des ressources M+I in situ de 7,69 Moz d'or, auxquelles s'ajoutent 0,72 Moz dans la catégorie présumée (6,42 Moz M+I dans la fosse en se basant sur un modèle de fosse Whittle à 775 $ US l'once). À l'automne 2008, l'étude des impacts sur l'environnement et l'évaluation économique préliminaire étaient terminées et le programme de relocalisation dans la ville de Malartic avait été amorcé.
L'étude de faisabilité s'est terminée en décembre 2008, indiquant la présence de réserves prouvées et probables de 6,28 Moz d'or (183,3 millions de tonnes @ 1,07 g/t Au avec un seuil de coupure de 0,36 g/t Au et un prix de 775 $ US l'once d'or). L'étude envisageait un scénario d'exploitation de 55 000 t/j avec un ratio de décapage de 1,78 sur une durée d'exploitation de 10 ans, ce qui permettrait de récupérer 5,4 Moz (récupération de 85,9 % par lixiviation du minerai en vrac). Les dépenses en immobilisations étaient évaluées à 790 M$ US et les coûts d'exploitation à 320 $ US/oz.
L'année 2009 a été axée sur le forage de définition du gisement Barnat Sud, qui représentait en bonne partie le prolongement vers l'est du gisement Canadian Malartic, là où celui‐ci est tronqué par la Faille de Cadillac (figure 3). Environ 180 000 mètres de forage ont été réalisés dans l'Extension Sladen et le gisement Barnat Sud. La première estimation de ressources à Barnat Sud a permis d'ajouter 2,04 millions d'onces M+I dans la fosse (37,1 Mt @ 1, 71 g/t Au). En janvier 2010, cette nouvelle extension a été ajoutée au gisement principal Canadian Malartic; la nouvelle estimation intégrée établit des réserves prouvées et probables de 8,97 Moz d'or (245,8 Mt @ 1,13 g/t Au), en utilisant un modèle de fosse aménagée basé sur un prix de 825 $ US l'once et un seuil de coupure de 0,34 g/t Au.
Entretemps, les permis de construction pour l'usine de traitement de Canadian Malartic et les ouvrages civils sur le site minier ont été obtenus en août 2009. Au début de l'année 2010, les travaux de construction allaient bon train et un permis a été accordé pour une fosse satellite (fosse de départ). Le programme de relocalisation du quartier sud était terminé à la mi‐2010, impliquant la relocalisation de 200 résidences dans un nouveau quartier aménagé au nord de la ville et la construction de cinq nouveaux bâtiments institutionnels : une école primaire, un centre de la petite enfance, un centre de soins de longue durée, un centre de formation pour adultes et un centre culturel/récréatif. Le prédécapage du site de la future mine a débuté en novembre 2010. Enfin, 110 000 mètres de forage d'exploration et de définition ont été réalisés sur la propriété Canadian Malartic en 2010.
La construction du complexe de traitement de 55 000 t/j, de l'aire de stockage des résidus miniers, du bassin de polissage de 5 millions de mètres cubes et du réseau routier était terminée en février 2011 et l'usine a été mise en service en mars 2011. Une nouvelle estimation a par
ailleurs été publiée en mars 2011, faisant état de réserves prouvées et probables de 10,71 Moz d'or (343,7 Mt@ 0,97 g/t Au). Ces nouvelles réserves ont été estimées en utilisant un modèle de fosse aménagée à 1 000 $ US l'once et avec un seuil de coupure de 0,30 g/t Au. Environ 40 % de l'accroissement des réserves, comparativement à l'estimation de janvier 2010, était attribuable à la hausse du prix de l'or, le reste étant le résultat de la définition de ressources additionnelles dans le prolongement vers l'est du gisement Barnat Sud. Ce prolongement demeure d'ailleurs ouvert vers l'est.
La première coulée d'or a eu lieu en avril 2011 et la production commerciale, à 60 % de la capacité nominale, a été atteinte en mai 2011 et s'accroît graduellement depuis. La pleine capacité de production de 55 000 tonnes par jour devrait être atteinte d'ici la fin du deuxième trimestre de 2013, permettant de produire annuellement entre 450 000 et 600 000 onces d'or, ce qui fera de la mine Canadian Malartic l'une des plus grosses mines d'or au Canada.
Conclusions
L'histoire de Canadian Malartic illustre parfaitement comment l'application de modèles métallogéniques empiriques modernes dans de nouveaux secteurs, même en utilisant de vieilles bases de données, peut mener à la réussite et se solder par des découvertes de calibre mondial. Ce n'est pas un nouveau concept en soi de trouver de nouvelles mines à l'ombre d'anciennes, mais cela nécessite un « changement de paradigme », non seulement au niveau des idées préconçues quant au potentiel d'exploration, mais à savoir ce qui constitue un gisement rentable dans un secteur géographique donné.
Le gisement à fort tonnage Canadian Malartic a été découvert en appliquant le modèle de porphyre aurifère dans le secteur de Malartic, en supposant que l'extraction minière en vrac de matériel à 1,0 g/t Au pouvait être rentable en Abitibi et en utilisant des bases de données établies pour générer la cible. Ainsi, l'exploitation de bases de données axée sur l'application d'un nouveau modèle et de simples vérifications par forage de la cible géologique ont été les outils qui ont mené à cette découverte. Le gisement ne peut être décelé par des levés magnétiques, électromagnétiques ou de polarisation provoquée au sol et il est invisible sur les levés géophysiques aéroportés, à l'exception possible de la radiométrie qui devrait en théorie révéler une signature en potassium, bien que ceci n'ait pu être prouvé à Canadian Malartic en raison des parcs à résidus qui masquaient les signatures primaires.
Depuis la réussite du projet Canadian Malartic d'Osisko, qui était bien connu en 2007 et qui est passé de la découverte à la production en seulement 6 ans, un « changement de paradigme » s'est bel et bien installé dans le monde des sociétés juniors d'exploration au Canada. Les gisements aurifères à fort tonnage et faible teneur exploitables en vrac étaient auparavant peu recherchés par les sociétés explorant dans le craton du Supérieur, pourtant aujourd'hui un nombre important de découvertes aurifères de ce type ont eu lieu. Ces dernières en sont à différents degrés d'avancement et comprennent toutes des ressources près de la surface d'au moins 3 millions d'onces d'or à des teneurs variant de 0,8 à 1,5 g/t Au. Il est intéressant de noter que la vaste majorité de ces gisements montrent des caractéristiques différentes de celles de Canadian Malartic et n'ont pas nécessairement d'affinités évidentes avec les magmas porphyriques. Nous sommes donc témoins d'une nouvelle ère dans le domaine de l'exploration pour l'or dans le Bouclier canadien qui, sans aucun doute, se soldera par de nouveaux modèles métallogéniques pour les gisements aurifères archéens et une renaissance, nous l'espérons, pour les camps miniers aurifères historiques au Canada.
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Figure 1. Géologie régionale de la partie sud de la Ceinture de roches vertes de l'Abitibi, au Québec, montrant la localisation du gisement Canadian Malartic.
Figure 2. Géologie locale du secteur de Malartic montrant les infrastructures en surface et le tracé des zones minéralisées en or.
Figure 3. Projection en 3D du gisement Canadian Malartic (à gauche) et du gisement adjacent de Barnat Sud (à droite). Tous les domaines colorés, à l'exception du rose pâle, présentent des teneurs supérieures à 1 g/t Au et définissent une structure en synforme plongeant vers l'ESE dans le gisement Canadian Malartic. Le domaine en rose pâle représente l'enveloppe diffuse de minéralisation à basse teneur (0,3 à 1,0 glt Au) qui suit la charnière du synforme. Le flanc nord du synforme se poursuit jusque dans la Zone de faille de Cadillac (Extension Sladen en hachuré) où il est démembré et, combiné aux zones de minéralisation subverticales et tabulaires encaissées dans les roches porphyriques au nord de la faille, forme le gisement Barnat Sud.
Figure 4. Échantillons de carottage de calibre NQ montrant l'altération progressive des roches métasédimentaires clastiques du Groupe de Pontiac qui encaissent la majeure partie du gisement. A) altération potassique initiale (teinte brunâtre attribuable à la présence de biotite) le long d'une fracture dans un grauwacke au faciès des schistes verts, à 500 mètres au sud‐ouest du gisement; notez les grains aplatis de pyrite authigène précoce dans le grauwacke; B) altération potassique avancée du grauwacke montrant une silicification superposée au cœur de l'échantillon qui est bréchifié par des veinules tardives de biotite‐calcite; cet échantillon a titré 1,30 g/t Au et présente une minéralisation typique sous forme de pyrite aurifère disséminée; C) silicification (+ ankéritisation) avancée du grauwacke, qui a oblitéré toute texture primaire et qui se solde par une roche aphanitique « cherteuse »; cet échantillon renferme beaucoup moins de pyrite que l'échantillon (B), mais présente néanmoins une teneur de 1,15 g/t Au.
SONDAGE# SECTION DE (m) À (m) LONGUEUR (m) Au (g/t)
CM05‐651 3320E 31,3 125,2 93,9 1,01
CM05‐652 3350E 30,4 175,6 143,2 1,01
CM05‐653 3380E 30,6 117,8 87,2 1,68
CM05‐654 3412E 27,3 99,0 71,7 2,50
CM05‐655 3426E 2,5 149,9 147,4 1,03
CM05‐656 3444E 0,8 98,6 97,8 1,64
CM05‐657 3502E 1,0 140,5 139,5 1,16
CM05‐658 3550E 2,5 165,5 163,0 1,15
CM05‐659 3581E 0,8 115,1 114,3 1,20
CM05‐660 3626E 0,9 138,6 137,7 1,65
CM05‐661 3674E 129,0 322,0 193,0 1,22
CM05‐662 3642E 5,9 57,2 51,3 1,01
CM05‐663 3288E 3,00 100,9 97,9 1,70
CM05‐664 3674E 133,0 258,6 125,0 0,82
CM05‐665 3610E 29,6 288,6 259,0 1,00
CM05‐666 3550E 58,0 116,8 58,8 1,07
CM05‐667 3610E 111,5 188,5 77,0 0,70
CM05‐668 3730E 154,5 301,5 147,0 1,02
CM05‐669 3610E 41,2 310,7 269,5 1,04
CM05‐670 4460E 40,1 238,1 198,0 1,01
Tableau 1. Résultats d'analyse regroupés en composites tirés des vingt premiers sondages forés sur le projet Canadian Malartic au printemps et à l'été 2005. Ces sondages verticaux ont été forés le long d'une section est‐ouest de 1 140 mètres de long suivant l'axe long (l'étendue latérale) du gisement. C'était le test ultime pour vérifier le potentiel pour un gisement à fort tonnage, et tous les sondages ont recoupé de la minéralisation significative.