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Cours conférences de l'Université du Temps Libre d'Orléans Faits de société 2006/2007 Par Michel Armand, Bernard Castiglioni, Claude Ledoux La chine comprendre sa culture, son histoire, son devenir

La chine comprendre sa culture, son histoire, son devenir

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Page 1: La chine comprendre sa culture, son histoire, son devenir

Cours conférences de l'Université du Temps Libre d'Orléans

Faits de société

2006/2007

Par Michel Armand, Bernard Castiglioni, Claude Ledoux

La chine comprendre sa culture, son histoire, son devenir

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Sommaire

Par Michel ArmandPrésentation ............................................................. P 2 Un aperçu sur la langue chinoise

1- Géograghie par Claude Ledoux P 9La géographie de la ChinePeuplement et population de la Chine

2- son histoire par Michel Armand P 15Des origines au premier empireDe la dynastie des Hans -202/+220 à la dynastie Sui (581) et Tang (618 – 907 )La dynastie des Song 960-1127

3- sa culture par Bernard Castiglioni ............................................................. P 28Une approche de la pensée chinoise Le Confucianisme ou comment maintenir l'homme vertueux?Le taoïsme, les apports du Bouddhisme, et un retour au livre des mutations

4- suite de l'histoire les 3 M par Michel Armand ........................................... P 47Mongols - Ming - Mandchous

5- les morsures de l'occident et le 20è siècle par Michel Armand .......... P 49Morsure de l'Occident et modernisation de la ChineDe la Révolution à la voie chinoise (20° siècle )

6- La démographie. par Michel Armand ................................................................. P 62Chine : démographie, population, société

7- Un peu de géopolitique par Bernard Castiglioni...et Claude Ledoux.......................P 67La montée en puissance de la Chine de 1950 à 2007 La puissance économique de la Chine

Annexes

Une chronologie ................................................... P 77Bibliographie ..................................................... P 81

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Introduction au monde actuel : 2006Par Michel Armand

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Nous assistons aujourd'hui à un basculement du monde qui n'a pas d'égal dans l'Histoire sauf, peut-être la période des grandes Découvertes par Colomb et Magellan entre autres.

En cette charnière du 15°/ 16° siècle, avec la découverte des Amériques, de la route des Indes, de la rotondité de la Terre, l'Occident, qui se trouvait au même stade d'évolution scientifique et technique que les civilisations indiennes, musulmanes et chinoises, va accumuler les progrès scientifiques et technologiques. Les très vieilles civilisation orientales comme musulmanes vont rester sur place et, progressivement s'endormir au point qu'au 18° et 19° siècle et jusqu'au 20°, l'Europe dominera le Monde.

Nous sommes les héritiers en partie déchus de cette grandeur qui fut tout à la fois splendide et prédatrice. Nous allons nous arrêter un instant sur ces deux mots, avant d'analyser le basculement actuel du monde qui fait revenir au premier plan, les civilisations orientales oubliées dont, bien sûr, la Chine.

1° L'Occident somptueuxIl ne saurait être question dans un petit paragraphe de traiter de toutes les facettes de la civilisation occidentale, mais simplement rappeler quelques lignes forces pour mémoire.

a) La pensée et le TempsLa fécondité intellectuelle provient du croisement de la pensée hébraïque (judéo-chrétienne ) et de la pensée gréco-romaine. Cette fécondation mutuelle commence très tôt avec St. Augustin se continue avec, au 13° Siècle, St. Thomas et sa « Somme philosophique et théologique ». C'est, en effet, par les croisades qui mettent en contact (plutôt durs ) chrétiens et musulmans que ces derniers transmettent aux premiers, les écrits d'Aristote ou les commentaires qu'en fait le grand philosophe arabe (andalous ) : Averroès1. Enfin lors de la Renaissance, la totalité des écrits grecs philosophiques ou scientifiques sont redécouverts par l'Occident qui les avaient perdus.. Tout cela a donné une floraison de penseurs de Descartes à Habermas en passant par Kant, Hegel, Marx…..Pour notre propos, retenons que nous avons hérité d'une conception du Temps ouverte. Si nous prononçons le mot Temps, notre imaginaire perçoit une ligne qui monte. Le Temps, c'est à dire l'histoire, a un sens :c'est ce que nous dit le Christianisme, c'est aussi la pensée d'Hegel et tout autant de Marx selon des modes très différents.Certes ! sur cette ligne du Temps qui n'a pas de fin ou en aura une, il y a des cassures mais tout reste ouvert.. J'insiste parce que le monde chinois que nous allons essayés de côtoyer cette année, n'a pas la même conception du Temps. Rapidement, car nous y reviendrons plus au fond, le Temps est pensé sous une forme cyclique :Énergie Yin ou Yang, période faste ou néfaste ; tout meurt et tout revient comme le cycle des saisons ; c'est plus une alternance qu'une ligne.Quoiqu'il en soit, pour nous, occidentaux cette conception linéaire et ouverte du temps va avec notre idée de progrès qui signifie avancée et ouverture vers le futur.

b) Progrès scientifiques et techniquesJe ne m'attarde pas tant le sujet est entendu.. Préparées par les découvertes en sciences fondamentales du 18° siècle ( Lavoisier inventeur de la chimie moderne par exemple ), le 19° connaît une accélération d'inventions scientifiques et techniques. Les révolutions industrielles que nous connaissons sont toutes liées à des changements énergétiques : la vapeur, le moteur à 2 temps et l'utilisation du pétrole, l'électricité produite et surtout transportée, puis au début 20° siècle ce fut Einstein qui posa le principe de l'équivalence Masse –Énergie et dont la théorie de la relativité sert de cadre à toute la réflexion scientifique d'aujourd'hui. Reste que ses travaux ouvraient la voie à la fission de l'atome et qu'il se battit aux USA pour la non utilisation de l'énergie atomique à des fins militaires. Enfin la dernière révolution en date à laquelle nous participons comme acteurs ou comme sujets contraints et forcés est celle des communications qui permet la « globalisation » des activités humaines.Dans le même temps que se profilent ces progrès scientifiques, et ce dès le 18° siècle les gens se nourrissent mieux. La dernière famine en France date de 1709 ; dès lors, en Europe occidentale on peut encore avoir faim, mais on ne meurt plus de faim (sauf en Irlande2 ). Cette stabilisation alimentaire et quelques progrès d'hygiène font reculer la mort. Cette dernière cédera du terrain lorsque Pasteur vers les années 1880 découvrira les microbes et la vaccination. La science 1 Abu'l-Walid Muhammad ibn Rushd de Cordoue (né en 1126 - année supposée de sa naissance - à Cordoue en Andalousie, actuelle Espagne - mort le 10 décembre 1198, à Marrakech, actuel Maroc), latinisé en Averroès, 2 La grande famine de 1846 à 1851, entre 0,5 à 1 million de morts

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biologique est née en ce temps là, et aujourd'hui, elle est en pleine évolution avec la découverte du génome humain et ses possibles applications.Depuis le 18° siècle, pour les raisons que nous avons dites, la population de l'Europe a largement progressé et au 19° il y a un surplus d'hommes qui va être exporté vers de Nouveaux mondes. Ces grandes migrations vers ces pays qui deviendront Canada, Australie, Nouvelle-Zélande et USA où apparemment les terres sont vides, où l'on peut entrer « sans visa » (sauf à se servir du visa winchester lorsqu'on rencontrait quelque obstacle « indigène ») manifeste la force de l'Europe qui voit son aire culturelle grandir et nul ne pourra contester le fait que la langue anglaise a conquis le monde via les USA.Puis, ce sont les colonies d'exploitation ou de peuplement qui feront de l'Europe et singulièrement de la Grande-Bretagne et de la France, une grande puissance hégémonique.

c) La DémocratieC'est un fleuron de l'organisation politique et sociale des sociétés d'Occident ; mais un fleuron fragile.Depuis 2ans, nous avons étudié son histoire et ses faiblesses. Permettez moi d'oser une analogie entre le déclin de la Démocratie athénienne (qui n'était pas parfaite mais avait l'honneur d'exister ) et les difficultés présentes de la Démocratie en Europe. Athènes a développé son modèle politique de participation des citoyens tant qu'Elle put assurer son hégémonie sur ses colonies de la mer Egée et jusqu'en Italie. Cette splendeur économique atteinte, et sa Démocratie est touchée. Y a-t-il analogie avec les pays d'Europe, incapables de s'unifier, et dont la puissance est attaquée par les bouleversements du monde actuel ? La question vaut d'être posée. En tout cas, la Démocratie n'est pas un acquis une fois pour toute, c'est un combat contre les forces de dissolution du populisme engendré par la peur. Et, je rappelle les 2 peurs maîtresses qui taraudent nos sociétés : l'insécurité internationale de type terroriste ; l'insécurité sociale engendrée par les bouleversements de notre monde non régulés.

2° L'Occident prédateurL'Occident a son génie propre mais c'est aussi en se servant de la richesse des autres qu'il a construit sa fortune.

a) Les colonies hispaniques et portugaises au 16°/17° siècleElles ont engendré 2 phénomènes :Une arrivée massive de métal précieux (Pérou –Incas ) dans une Europe qui en manquait terriblement, et cela assura la relance de l'économie ; un transfert massif d'esclaves noirs en Amérique latine d'abord puis dans tout le Sud des USA.Vous le savez, ce problème de l'esclavage , revient à la conscience de Français noirs dans la mesure où ils ont du mal à être ressenti pleinement comme Français.

b) Indonésie – Inde -AfriqueAlors que très rapidement, les Pays- Bas prennent possession de l'Archipel indonésien (d'où ils tirent d'abord les épices et autres produits d'Orient ), l'Angleterre au 18° chasse la France de l'Inde et en prend possession. Ce continent devient le plus beau fleuron de la Couronne royale anglaise .Désormais toute la politique internationale de la Grande Bretagne sera orientée vers la sauvegarde de la route des Indes. Ceci explique sa colonisation de l'Afrique du Sud, et de pays sur la route Ouest africaine tels le Ghana, le Nigeria comme sa volonté de dominer L'Égypte (surtout depuis le percement du Canal de Suez ) et des pays sur la côte orientale de l'Afrique ( Soudan, Ouganda, Kenya ). Devant l'avance de l'Angleterre en Afrique, la France qui, par hasard, possède l'Algérie depuis 1830, se lance dans le dépeçage de ce Continent dès 1871. Et si l'on ajoute l'immense Congo belge et les 2 colonies importantes du Portugal ( l'Angola et la Tanzanie actuels ), l'Afrique ne s'appartient plus.

c) Les rapports Occident –monde MusulmanNous les avons amplement traités dans des cours précédant. Rappelons, pour mémoire, que cette histoire partagée est faite de frustrations. L'Occident dominateur, a humilié ces peuples dont la culture au 10°/12° siècle fut brillante et dépassait celle d'Occident. Et l'on ne peut comprendre les réactions « écorchés vifs » sans prendre en compte ce lot d'humiliation. Encore faudrait-il que les grands de ce monde – y compris les plus hautes Autorités morales – en est une claire conscience .Le Djihadisme est une perversion de l'Islam et n'est pas une attitude religieuse mais politique. Il s'agit, par n'importe quels moyens de porter la guerre à l'Occident. A nous, d'avoir l'intelligence de savoir comment ne pas le nourrir en foulant au pied le territoire d'Islam sous prétexte d'apporter aux peuples une Démocratie « bottée ».

d) L'Orient –ExtrêmeLes puissances européennes depuis longtemps, ont commercé avec la Chine. Cette dernière, au début du 20° siècle a tendance à se refermer sur elle même et un conflit éclate vers 1840 : la guerre de l'opium (dont nous reparlerons ) qui aboutit à la cession de Hong–Kong aux Anglais ; puis des conflits éclatèrent et aboutirent en 1860 à la concession de 11 ports, véritables enclaves européennes au cœur du territoire chinois. Ces derniers ont donc connu la « morsure » de

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l'Occident mais de façon plus légère. Ayant derrière eux une civilisation plus de deux fois millénaire, Ils ont, après bien des convulsions, pris les techniques occidentales tout en gardant leur Culture3 .Ce sera l'objet de notre Cours cette année.

3° Le basculement du mondeDe 1945 à 1989, date de la chute du mur de Berlin, 2 évènements internationaux ont occupé la scène mondiale : la décolonisation et la guerre froide.

a) Colonisation –décolonisationEntre 1947 et 1962 tous les pays colonisés acquièrent leur indépendance.. Que reste –t il ? une langue, quelques institutions démocratiques (qu'il ne faut pas confondre avec la démocratie, celle ci supposant une culture des Droits de l'homme et une culture du Droit qui est loin d'exister même en Occident ) et quelques infrastructures. Mais nos pays ont tiré grand profit des richesses de ces pays, parfois au mépris des droits de l'homme qui sont pourtant notre invention la plus précieuse. On ne peut avoir été colonisé sans en porter des séquelles : le dominant ( même humain ) ne peut que faire sentir sa force ou/ et sa supériorité. Dans le rapport Maître/ Serviteur il y a toujours un mélange d'Amour et de Haine. C'est ce qui explique la susceptibilité forte et l'incompréhension lorsque, par exemple, les maliens se voient refusé l'entrée sur le sol français, alors qu'au temps colonial ils allaient et venaient ;Par certains côtés, la Grande Bretagne comme la France sont liées à leurs anciennes colonies.

b) La guerre froideBienheureuse guerre froide –si je puis dire –où le monde était ordonné selon 2 blocs, tels 2 arcs d'ogive, force et contre force tenu en équilibre par la croisée d'ogive nucléaire qui ne tomba heureusement jamais. Le monde était simple ;2 blocs et un Tiers monde.

En 1989, la fin du Mur de Berlin semblait ouvrir un espace de Liberté, de prospérité d'autant que ce séisme politique allait de pair avec la plus grande révolution des communications que nous ayons jamais connu :internet..En fait, l'arc qui maintenait l'ordre du monde s'est effondré ce jour là et sur les ruines un capitalisme financier sauvage s'est engouffré, porté par la révolution des communications. L'ordre politique fut rayé et les États ont joué leur jeu propre selon leurs intérêts, manipulés souvent par la grande finance. Le désordre politique du monde est à son comble et cela convient au libéralisme échevelé (non régulé ) qui désire limiter le « Politique » à sa plus simple expression. On croyait qu'avec la fin du monde communiste Liberté et Démocratie allaient gagner la planète, il n'en est rien : la Chine, entre autre, nous montre que le capitalisme libéral peut vivre parfaitement sans démocratie. Il lui faut simplement de l'ordre quel qu'il soit ;.

c) Nouvelles puissancesLa puissance américaine fut à son apogée en 50/ 60. Depuis, tout en restant la plus forte, elle décline. L'Europe, tant qu'elle n'aura pas trouvé une union politique restera un amas de peuples sans poids réel. Le monde musulman est hétérogène plus encore que l'Europe mais sa perversion djihadiste fait peser une menace sur l'Occident.

Reste les puissances montantes : Brésil, Inde et Chine. Ces pays que l'Occident avait planté là au 16° siècle et ignoré depuis sont les puissances de demain.

Si la Chine continue son ascension économique comme aujourd'hui, elle pourra damer le pion aux USA à la fin de ce siècle : c'est son objectif.

C'est pourquoi nous vous proposons de connaître ce monde chinois. Il est vraiment « étranger » pour nous ; il est étrange ; il faut s'y plonger

M. Armand 30 09 06 Sommaire

3 Notons au passage que le Japon en 1868 opéra une véritable révolution ; ce fut l'ère Meiji. L'Empereur adoptait les techniques de l'Occident pour ne pas être envahi par lui et conserver sa Culture .

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Un aperçu sur la langue chinoise

Avec le chinois écrit nous avons une langue qui dure quasiment inchangée depuis la normalisation effectué par le premier empereur en 220 BC. Pour nous plonger dans l'ambiance prenons un texte simple en trois langue européenne et en Chinois

La Chine est grande la France est petiteChina is big, France is smallLa Cina è grande la Francia è piccola

中国 大 法国 小 Quelles constatations peut-on faire ? Je peux sans difficultés particulières reconnaître les mots et lire les trois première lignes même si mon accent est déplorable, pour le chinois je n'ai aucune indication de prononciation et de plus je ne distingue pas la césure des mots. Un caractère s'interprète-t-il seul ou en groupement ? Le chinois écrit est donc une langue de caractères. Combien de caractères ? beaucoup pour fixer une idée un décret de 2003 fixe le nombre de caractères utilisables pour former les prénoms à dix mille, et en exclu 50 mille, en fait un érudit possède environ 7000 caractères et en connaissant 2000 caractères on peut lire le journal. Cette langue écrite a été comprise du nord au sud de la chine, par toute la classe des lettrés pendant la succession des dynasties, c'est un peu le latin de l'empire chinois. C'est cette langue qui a contribué à l'unité de la Chine, d'autant que dès le premier siècle avec la découverte du papier les chinois ont mis au point la polycopie. A partir d'un texte gravé sur une stèle, on place une feuille de papier sur le texte et à l'aide d'un tampon imbibé d'encre on obtient une copie de l'original, de la même manière que quand j'étais enfant je recopiais les pièce de monnaie en crayonnant un papier sur le pièce. Ce système était la garantie que les lois impériales étaient transmis dans les provinces sans erreurs.

Mais si la langue écrite est commune la prononciation est diverse, on peut distinguer un parlé du nord le Pékinois et un parlé du Sud le Cantonnais. Le premier parlé a 3 tons ( haut, montant,montant-descendant, descendant) et le second 6 tons.Concrètement le même caractère écrit sera prononcé différemment au nord et au sud mais gardera la même signification.

Venons-en à la transcription alphabétique :Pour la prononciation les européens ont mis en place au XX é siècle divers systèmes de transcription alphabétique, que l'on rencontre encore dans les ouvrages et les cartes ( Wade britannique EFEO « École française d'Extrême Orient » Française). Le gouvernement chinois à défini une translittération officielle le PinYin ( transcription des sons) qui a un inconvénient qui est de ne pas respecter la prononciation mais l'avantage d'être employée partout. 中国 大 法国 小Zhong1guo2 da4 fa3guo2 xiao3

Dans cette transcription vous remarquerez les ton indiqués sur les phonèmes - ton 1 haut, ton 2 ΄montant, ˘ ton 3 descendant-montant, ‛ ton 4 descendant bref.

La chine c'est Zhongguo « le pays du milieu », la France c'est Faguo « le pays de la loi ». L'étude des caractère est fascinante : Guo le pays c'est un roi dans une enceinte, Zhong le centre c'est la flèche au milieu de la cible.

De l'importance des tons

ma1 ma2 ma3 ma4 ma0 妈 麻 马 骂 吗 mère chanvre cheval injurier, ?

Il y a 400 phonèmes en Chinois, donc beaucoup de caractères sont homophones et pour lever l'ambiguïté on voit des interlocuteurs tracer le caractère sur leur paume ou en l'air.

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La transcription en pinyin entraîne pour nous un certain nombre de changements :

Français Pinyin

Pékin -> BeijingNankin -> NanjingYang-Tsé-Kiang -> Chang JiangFleuve jaune -> Houang HoCanton -> Guangzhou Tibet -> XizangHongkong -> Xiangang

Vous me direz comment chercher un caractère dans un dictionnaire ? Il n'y a pas d'ordre alphabétique!Il y a deux sésames le nombre de traits du caractère et les clés ou radicaux du caractère.Les traits : Dans un dictionnaire les caractères et le clés sont classés par nombre de traitsLes clés :Chaque caractère est rattaché à une clé et il y a 214 clés.

Dans le caractère Fa 法 la clé se trouve à gauche elle représente l'eau 氵, les clés sont rangées par nombre de trait, ici il y a 3 traits.

Je me reporte à la page des clés 3 traits et je cherche la clé de l'eau, qui me renvoie à la page 18 récapitulant les caractères correspondant à cette clé.

Dans cette page les caractères sont classés par nombre de traits en plus de ceux de la clé. Ici j'en compte 5, je cherche dans le groupe 5 traits le caractère et j'obtiens la page 127 ou se trouve le caractère et sa signification.

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En conclusion de cet aperçu on peut retenir que la langue écrite est commune à tous les habitants de la chine (excepté aux minorités), quelle a, à travers les siècles, contribué à l'unité de la Chine, mais qu'elle est diverse dans ses parlés, même si la simplification des caractères et l'introduction du pinyin enseigné dans toutes les écoles tend à faciliter l'inter-compréhension entre les différentes provinces.

On verra plus tard l'influence de l'écrit sur la pensée. Quelles associations d'idée peut-on faire à partir d'un caractère comparé aux associations d'idée à partir d'un mot !!

Enfin savez-vous quel est le jeu inventé par les chinois et populaire au Japon ? le jeu de Go. Sa particularité il n'y pas de pièces hiérarchisées mais comme au dame simplement des pions Noirs et blancs. Le plateau (19 lignes horizontales et autant de verticales soit 361 intersections) est vide au début de la partie et chacun pose à son tour une « pierre » sur une intersection. Seulement le but du jeu n'est pas de détruire l'adversaire mais d'occuper du terrain, en construisant une muraille de pions autour de celui-ci... C'est un jeu hautement stratégique et il est toujours en arrière plan des réflexions du gouvernement chinois qui a toujours une vision géo-stratégique de la politique.

et pour finir voir que la Chine se perçoit autre ( vue de chine) Chercher les routes du pétroles4 et les raisons des relations commerciales entre la Chine et le Brésil5 ?

Le jeu de goLe jeu de go (weiqi en chinois) est né en Chine vers le deuxième millénaire avant notre ère. Une légende en attribue la paternité à l'empereur Yao et une autre à l'empereur Shun qui voulaient éduquer leurs fils stupides et bornés.Le yiking, système divinatoire chinois, présente aussi de nombreuses analogies avec le go dont il pourrait être le vecteur matériel.C'est finalement dans les annales Printemps et Automne (entre -722 et -481 av. JC) que l'on trouve les premières références écrites au go. Confucius mentionne ensuite le go dans ses entretiens. C'est vers la fin de la dynastie des Han (25-220 apr. J.-C.) que les premiers traités de go sont écrits.

Bernard Castiglioni (30/09/06) Sommaire

4Ces routes passent par le détroit de Malaca hors de contrôle de la Chine. Nous verrons comment la Chine déploie un collier de perle pour maîtriser cette route.5 Le Brésil est l'arrière cours des USA, territoire protégé, je vais donc poser une pierre pour marquer mes intentions de conquérir du territoire. Sun Zi dit « ne pas craindre de tirer la queue du tigre » ( car ses crocs sont devant)

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Le cadre physique de la Chine et ses contraintesPar Claude Ledoux

La Chine, puissance territoriale par sa grande étendue est située à la limite du continent eurasiatique dans latitudes moyennes et partiellement dans les latitudes tropicales.Problèmes : Quelles possibilités et quelles limites y a-t-il à l'occupation et à la mise en valeurs de ce territoire par les hommes compte tenu des caractères locaux particuliers de l'atmosphère et de la surface de la terre?

1. Caractères et contraintes climatiques :La question de l'eau : la chine dispose de 702% des ressources mondiales annuelles en en douce .

1.1 La « chine des 18 provinces » la plus favorisées, avec des contrastes saisonniers● l'été : les pluies de moussons et les typhons sous des températures élevées● l'hiver sec et souvent froid, de fortes amplitudes thermiques.

1.2 Les fortes contraintes climatiques de la « Chine de l'extérieur » (Xin Jiang, Tibet, Qinghai, Gansu,Neimenggu)● Sécheresse, aridité : ex Taklamakan, « pays d'où l'on ne revient jamais »● froid, très fortes amplitudes thermiques et vents

2 Les trois gradins du relief chinois de l'ouest à l'est. 2.1 Les contraintes topographiques et dynamiques des Hautes terres de l'ouest■ l'arc himalayen, chaîne récente encore en mouvement ■ Le haut plateau tibétain, un milieu géographique d'exception■ Montagnes et plateaux à l'écart, du Nord Ouest ( Xinjiang) au Nord ( Mongolie intérieure)

L'ouest : une mise en valeur d'archipel, un territoire encore enclavé. 2.2 Le gradin intermédiaire et compartimenté du centre■ Le smontagnes et plateaux karstiques du Yunan au GuangXi, « le calcaire travaillé à l'acide »■ Le bassin rouge du Sichuan : des collines en terrasse dans le « grenier du ciel ». Coupure de monts Qin

Ling■ Les pays de la terre jaune (Huang Tu) ou plateau de loess: l'érosion éolienne

2.3 Le gradin inférieur des plaines orientales

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20% du territoire a moins de 500 m d'altitude (80% au USA)■ Les plaines du Nord Est tardivement mises en valeurs■ La grande plaine du Nord, un « don du fleuve »; un cône de déjection fertile■ Du pays des lacs au delta de Chang Jiang : les plaines alluviales■ Les petites plaines littorales du sud au milieu des collines et moyennes montagnes

Beaucoup d'obstacles dûs aux climats et aux reliefs: si les ressources minières sont liées à l'histoire de la formation du relief (roches très anciennes , sédimentation...), la mise en valeur agricole étendue ne peut concerner qu'une partie du territoire. Les contraintes naturelles envisagées jusqu'à maintenant séparent nettement la Chine en deux : partie occidentale avec occupation humaine difficile, partie orientale plus favorisée. Elle est la plus concernée par les fleuves ....

3 Les fleuves : une « calamité naturelle » de plus ? 3.1 diversité et intérêt des cours d'eauOpposition entre endoréisme limité ( 1/3 du territoire) et exoréisme 3.2 le fleuve jaune ou Huang He, un fleuve « chargé » et « suspendu »Une charge alluviale (turbidité) exceptionnelle qui peut entrainer des défluviations en aval 3.3 Le Chang Jiang ( ou Yangzijiang, fleuve bleu), un géant qu'on aménage ■ Grand fleuve de Chine et d'Asie : 6400 Km de puis le Qinhai■ Son régime plus régulier que celui du Huang He reste irrégulier avec des crues consécutives à la mousson .

en Juin -Juillet 1998 les autorités font sauter les digues pour protéger WuHan menacée par les eaux du fleuve ( 300 morts, 5 millions de sinistrés, 215 000 km2 inondés). Ces désastres naturels sont dûs aussi à l'action des hommes : déboisements en amont (Sichuan), poldérisation des lacs du cours moyen qui jouent moins leur rôle de régulateur de crues, insuffisances politiques des gestionnaires régionaux ( les « cycles hydrauliques » selon P Gourou et P. Gentelle)

■ A propos de son utilisation et des aménagements : la navigabilité de fort tonnage ( 15 000T) est possible jusqu'à WuHan ( port ouvert depuis 1861); plusieurs complexes hydrauliques sont réalisés après 1949 dont celui de Gehouba, à l'est de Yichang.

■ Les trois gorges, un aménagement « pharaonesque »● 1919 : premier projet de Sun Yat Sen pour régulariser le débit (lutter contre les inondations), créer une

artère centrale favorisant l'économie des provinces voisines.● 1992 : le principe du barrage est voté malgré l'opposition ou l'abstention d'un tiers des membres du

parlement ( fait rare). Un argument non officiel est avancé : le transfert possible vers la plaine de la Chine du nord, fortement touché par les pénuries ( cf § précédent), des ressources en eau du Yangzi. Il s'agirait de rééquilibrer les les ressources entre le nord et le sud. Le débat est clos après ce vote et les opposants ne peuvent plus s'exprimer.

● 1994 début du chantier pour faire le plus grand barrage du monde : ouvrage de 185 m de haut, long de 2 km, créant une retenue de 64 000 km2 pour 600 km de long.

● 2000 : la déviation du fleuve est réalisée.● 2003 : début de la mise en eau et de la production électrique avec une puissance installée de 18 000

MW; on attende une production de 75 milliards de kWh équivalence à 10 centrale nucléaires, 50 millions de tonnes de charbon = 10% de toute l'électricité chinoise ( ou l'ensemble des centrales hydrauliques françaises)

● 2009 : la mise en eau totale est prévue; avec l'ascenseur à bateaux, une navigation continue de Chonqing à Shanghai pour navires de plus de 10 000 tonnes sera possible.

■ ... mais contesté● 1,5 millions d'habitants seront déplacés; 12 villes ( dont Wanxian, 400 000 hab), 4 500 villages seront

submergés. Les nouvelles conditions agricoles seront-elles équivalentes pour les 60% de ruraux concernés?

● Pollution de l'immense lac par les eaux de ruissellement de l'agriculture intensive du Sichuan, par les grandes villes dépourvues de système d'épuration;

● pollution supplémentaire avec les installations humaines submergées : ex 1300 mines et 4000 hôpitaux concernés : le réservoir sera-t-il un cloaque?

● Risque sismique : la région est est une zone sismique de magnitude 5, la construction est faite pour résister à un séisme de magnitude 7 ou 8

● coût élevé du projet selon les sources françaises de 25 à 30 milliards de $■ Bilan de cet aménagement ● les avantages l'emportent-ils sur les inconvénients pour justifier l'énorme barrage des « trois gorges »?● Explication surtout politique? Dans ce projet rassemblant tous les chinois, il s'agit de montrer la

puissance de la République Populaire de Chine. Donc un enjeu « nationaliste » ? ( à mettre en parallèle avec les JO de Pékin en 2008)

D'après J Bethemont les grands fleuves entre nature et société 1999

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Au total malgré l'inégalité de leur répartition, les fortes contraintes physiques subies limitent l'idée de puissance territoriale énoncée initialement. A cet égard, la RPC apparaît en position moins bonne que les USA, puissance territoriale ou l'Inde, puissance démographique comparable.

On doit alors remarquer que – plus qu'ailleurs- l'un des éléments marquants de la longue histoire de la civilisation a été l'adaptation voire la lutte contre les éléments naturels peu favorables. Cela contribue à expliquer les extraordinaires densités humaines relevées dans les plaines et deltas de la Chine orientale.

Bibliographie:– Atlas : Nathan du XXI siècle, Bordas– manuels de géographie classe de seconde, programme 2001Ouvrages de bases– J.P. Larivière, J.P. Marchand, Géographie de la Chine, Collection U, A Colin 1999– J.F. Doulet et M.A. Gervais Lambony, La Chine et les chinois de la diaspora, Atlande 2000– Utile aussi l'ouvrage ancien de K. Buchanam l'espace chinois, collection U , A Colin 1973Aspects particuliers :– Climats :– G Viers Eléments de climatologie Nathan Fac

– Reliefs– J.M. Caron et Al Comprendre et enseigner la planète terre, Ophrys– revue Annales de Géographie N° 566 de 1992, Géomorphologie du XinJiang et du Tibet– Mattauer et J.L. Mercier article chaîne himalayenne in Encyclopedia Universalistes T11 , 1996

– Fleuves – Revue courrier international la Chine des chinois, hors série , été 2005

Claude Ledoux 18/10/2006Sommaire

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Peuplement et population de la Chine

Dans un vaste territoire aux conditions naturelles souvent hostiles, l'action humaine a été considérable. Cela conduit à deux questions :La première : où et comment les Hans se sont-ils installés? Question d'autant plus pressante que cette population représente 20% de l'humanité, poids relatif constant au cours de l'histoire ou même supérieur jusqu'à atteindre 35% de la population mondiale vers 1850.La deuxième question, plus dynamique et politique interpelle notre vision de puissance et de singularité du monde chinois: les caractères de cette masse humaine dans ce cadre physique sont-ils porteurs de force ou de faiblesse?

1 ....la construction du territoire

1.1 traits généraux○ Au cours de l'histoire, l'état chinois a parfois été plus étendu que la RPC actuelle ○ La croissance du territoire s'est faite vers l'ouest et le sud. Interrogation par rapport à la façade maritime 1.2 deux millénaires de fondation ( -1800 av JC à +200 ap. JC)○ La dynastie Shang ( voir chronologie) : localisée dans les plaines de loess près du HuangHe○ Après les conquêtes, l'empire Qin unifie et organise des espaces étendus = c'est le premier vrai empire en

221 av JC.○ Les Hans, première longue dynastie, avec un empire de 60 millions d'habitants, extension vers l'ouest sur

la route de la soie. 1.3 déplacements du territoire vers le sud et métissages ( du III siècle ap. JC au XIV siècle)○ Déplacements vers la vallée du ChangJiang, pour des raisons multiples, comme sous les Song.○ Populations au contact avec les Hans se sinisent (Miao-Jao), y compris les envahisseurs ( XiongNu =

Huns)○ Les conquérants mongols sont aussi sinisés, la Chine des Yuan appartient au 13è siècle à un immense

ensemble territorial . 1.4 flux et reflux d'une puissance territoriale ( du XIV siècle au XX siècle)○ Sous les Mings, l'empire réaménagé s'ouvre vers l'extérieur.○ L'ouverture se traduit par des conquêtes nombreuses sous les premiers Qing avec une extension maximale,

une puissance économique et démographique sans égales vers 1800 ( 1/3 de la population mondiale, 330 millions d'habitants, plus que l'Europe)

2 .. Un état pluriethnique

2.1 La Chine n'est pas un état nation mais un « état pluriethnique »○ L'opposition entre 91% de Hans et les populations minoritaires est très idéologisée○ Les Hans actuels sont un mélange de population diverses façonné par la communauté de culture et de

civilisation depuis l'empereur Qin. Après 1949, les Hans se répandent encore plus dans les régions périphériques pour y devenir majoritaires.

○ Les populations minoritaires occupent à peu près 60% du territoire dans le cadre d'une coupure majeure NE-SO.

2.2 le minorités nationales 2.2.1 les cultures diverses et dispersées■ 55 groupes difficiles à définir dont le taux de croissance est supérieur à celui des Hans 2.2.2 quelques uns des espaces non Hans

Le XinJiang « les nouvelles frontières » ou Turkestan chinois.■ Diversité des populations comme dans toute l'Asie Centrale. La sinisation y progresse vite ( en 1953

les Hans représentent 12% de la population et 61% en 1990)■ 7 millions de Ouïgours très islamisés depuis le Xvè siècle, agriculteurs et artisans, aujourd'hui soumis

à des influences contradictoires, défendent de plus en plus leurs particularismes culturels.L'espace tibétain 2 millions de km2 (République autonome du Tibet, Qinghai, une partie du Sichuan)

■ Forte homogénéité culturelle d'une société théocratique avec des activités traditionnelles variées selon la grande diversité naturelle.

■ L'emprise chinoise avec la répression des années 1950 a provoqué une grand e émigration d'une diaspora très organisé. Le dialogue Pékin-Dalaï-lama reste incertain et peu efficace.

2.2.3 la question minoritaire■ est préoccupante mais secondaire pour les dirigeants de Pékin dont l'attitude a été inconstante.

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3 La distribution spatiale de 1,3 milliards d'habitants

3.1 Principaux contrastes de répartition et principales explications○ selon une diagonale NE-SO mais avec de forts contrastes locaux○ explications naturelles, topographiques à différentes échelles○ la répartition de la population reproduit celle des surfaces cultivables dans un pays majoritairement

agricole. La surface cultivée représente 15% du territoire.

3.2 Trois types d'occupation de l'espace○ La Chine de la nappe humaine représente 60% de la population sur 15 à 20% du territoire○ Les forts contrastes du reste de la Chine orientale représente 1/3 de la population sur ¼ du territoire○ La Chine du vide soit 6% de la population sur 57% du territoire.

3.3 faible atténuation de ces contrastes par les migrations

○ Depuis 1949, il y a une volonté de rééquilibrage spatial du peuplement; cette possibilité dépend de l'inégalité des excédents naturels et des migrations intérieures.

○ Ces migrations contrôlées jusqu'au milieu des années 1980 puis spontanée dans les décennies suivantes n'ont pas produit de changement majeurs dans la répartition générale de population, sauf au profit du Guandong et dans le cadre des mouvements villes-campagnes.

○ 4 Une urbanisation particulière

4.1 Une urbanisation retardée puis en accélération rapide 4.1.1 Mao contre la ville ? 10% d'urbain en 1949,

15% en 1976■ Mao est favorable à l'industrialisation mais il veut limiter les coûts de l'urbanisation. Les villes

subissent aussi les fluctuations politiques du régime ( voir la révolution culturelle)■ Rééquilibrage du tissu urbain et industrialisation au profit de l'intérieur 4.1.2 Exode rural, redémarrage urbain avec les réformes des années 1980■ Grande mobilité de la population active en rapport avec les changements politiques et économiques.

Mais l'assouplissement du système de contrôle des déplacements des individus, n'évite pas le problème de la population « flottante », 100 millions de Mingong.

■ Nouvelles définitions des espaces urbains en 1984, qui introduit le différence entre les cités et les bourgs.

4.1.3 la situation actuelle de l'urbanisation.

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■ Taux d'urbanisation à 30-40% de la population. Plus de 400 millions d'urbains■ Répartition très contrastées sur le territoire. Peu de très grandes villes

4.2 les enjeux de l'exode rural et de croissance urbaine○ Enjeux sociaux : atteindre « la petite prospérité » pour les ruraux, énormes problèmes dans les villes○ Politiques : canaliser l'exode rural pour maîtriser la croissance urbaine.

Dans le cadre d'une masse énorme de population, les caractères étudiés de composition et de distribution spatiale montrent quelques éléments de fragilité de la RPC. Les réponses évoquées pour dépasser ces faiblesses soulignent le poids constant du politique. Une telle situation devrait apparaître dans l'étude dynamique de la population Sommaire

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PETITE HISTOIRE DE LA CHINE

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Des origines au premier empire

Tous les planisphères que nous pouvons consulter en France place l'Europe au centre. La façon dont on se situe par rapport à l'ensemble des terres n'est pas innocent :nous sommes au centre du monde et, de fait, l'avons été depuis le 16/17° siècle.

De la même façon, la Chine s'est appelée « Empire du milieu » et à ses yeux nous ne sommes qu'un infime promontoire de l'extrémité occidentale de l'Asie, plus éloignée d' elle que ne le sont les USA. Et si ces derniers jouent au plus fort au centre du monde actuel, la Chine aspire à redevenir ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être :le Milieu du Monde. Ce n'est pas vaine rhétorique mais l'objectif qu ‘elle s'est fixée et, il faut toujours l'avoir présent l'esprit

Autre considération avant d'entrer dans le vif de l'histoire chinoise :Vu de Fleury les Aubrais (où nous nos trouvons ) la Chine est une très vieille civilisation que l'éloignement et l'ignorance nous font concevoir comme monolithique. Elle a eu un Empereur « Fils du Ciel », et des mandarins ou lettrés qui administraient l'Empire ;puis elle s'est endormie au point d'être bousculée par l'Occident au 19° Siècle. Mao et ses successeurs ayant fait entré –après de nombreux soubresauts – leur pays dans le monde moderne capitaliste, nous ne voyons plus que la puissance plus ou moins agressive d'une Chine réveillée, en oubliant qu'elle demeure aujourd'hui encore, l'héritière d'une civilisation de près de 4000 ans. C'est cela qu'il faut essayer de comprendre au delà des clichés simplificateurs et parfois grotesques qui peuplent notre imaginaire.

4 Millénaires d'histoire sont forcément agités tumultueux. Ce qui donne l'impression d'immobilisme est que cette histoire s'est déroulée sans coupure fondamentale. Il existe deux constantes, au moins .La première consiste en la pression continue des peuples du Nord, de la steppe sur le berceau de civilisation chinoise de la Wei, et ces « barbares » ont enrichi la Chine et se sont sinisés. on pourrait reprendre ici en l'adaptant à la Chine la très belle formule de F. Braudel pour la France« une lente perfusion de sang barbare » ; les barbares étant ceux qui n'étaient pas chinois.

La deuxième constante est, au travers de périodes de centralisation impériale et de sens de l'Etat suivies d'époques d'éclatement en royaumes locaux, la continuité de la pensée chinoise qui n'a cessé de structurer ce monde quoiqu'il en soit des aléas politiques. Au niveau de la civilisation il n'y a pas eu cassure. Pour bien me faire comprendre il faut prendre « a contrario » l'histoire de l'Occident. La chute de Rome en 476 est un effondrement tel, que seules, quelques villes avec leurs Evêques sont un petit centre de savoir. Posséder une dizaine de manuscrits est prodigieux. Il faudra tout reconstruire avec d'autant plus de peine que l'Occident s'est coupé de l'Orient chrétien qui cumule tous les savoirs. Une telle rupture de civilisation n'existe pas en Chine ; au travers des ruptures de l'histoire la continuité l'emporte. 1° Des royautés archaïques aux Royaumes combattants (-6000 ; -450 )

Le néolithique est cette période de l'humanité qui voit naître, de façon très disparate dans l'espace et le Temps, l'agriculture. Cette dernière supplante progressivement la chasse et la cueillette sans l'effacer totalement. ; pour la Chine cette révolution s'étende du 8° au 5 millénaire avant notre Ère1° les foyers de peuplement reconnus

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L'archéologie nous révèle quatre Cultures importantes et ce, dès -5000 c) Dans la Zone du Loess (bassin de la Wei, Shanxi ) l'agriculture se développe avec un début d'élevage du porc et des

chiens –peut-être des buffles. La céramique se diversifie selon les lieues.d) Dans la région du Shandong et du bas Fleuve Jaune, l'agriculture du millet l'emporte et les céramiques sont mieux

travaillées, voire ajourées.6

e) Dans le moyen et bas Yan Tsé dès – 5000 la riziculture est affirmée ; elle est couplée avec l'élevage du porc, chiens, et buffles. Les outils sont en bois et des constructions avec mortaises et tenons existent. C'est aussi là que furent retrouvées les plus anciennes navettes à tissage.

f) Tout récemment furent retrouvées au SiChuan (bassin rouge ) des bronzes nombreux et de qualité datant du 13° siècle av. notre Ere, ce qui implique des établissements humains et une Culture beaucoup plus ancienne.

Toutes ces cultures entretenaient sans doute quelques rapports commerciaux entre elles, mais ne constituaient pas un ensemble homogène ; il faut attendre les premières royautés pour qu'un noyau de culture chinoise apparaisse.

2) Les royautés premières.Elles s'étendent sur 1500 ans ; si la 1° dynastie celle des Xia est pour une part hypothétique, il n'en va pas de même de celle des Shang (1760-1025 ) et des Zhou7 (1025 –450 ) pour lesquelles nous avons de nombreuses sources archéologiques. Nous allons donc nous focalise sur elles.

a) Bases matérielles La grande nouveauté par rapport aux données agricoles évoquées ci –avant, c'est la fabrication du bronze, au moins dès –1600 : grossier d'abord il devient de très grande qualité grâce aux températures de fusion élevée. Au début de notre période il est réservé aux Rois et nobles pour les armes, les harnais de cheval et les pièces de chars (la domestication du cheval et l'invention du char a lieu en Anatolie –Syrie vers le –18° siècle ). Au fil du temps la fonte va progresser parce qu'elle sert surtout à la confection de vases cultuels. Sacrifices et offrandes rythment les grands évènements de la vie. Sous les Shang ils portent des signatures et quelques rares inscriptions, lesquelles se multiplieront sous les Zhou révélant ainsi des pans d'histoire : naissance, mort, mariage, donation de fief …..Quant aux paysans, leurs outils demeurent lithiques ou en bois (dans le Sud ) et il faudra attendre la fin des Zhou pour voir apparaître dans les campagnes, des outils « en fer ».

b) Ville- Palais et pouvoir royalLe domaine des Shang s'étend sur toute la plaine centrale (de la Wei au Shandong ) et déborde vers le Sud en certains points du fleuve Yan tse. Mais il faut concevoir qu'il ne s'agit que d'enclaves chinoises en territoire « barbare », tenues grâce aux armes et aux Villes et singulièrement la Ville- palais du Roi. La première capitale est Anyang ; elle est entourée de rempart en terre damée et abrite le Palais et les nobles qui se distinguent par la possession de chars, des armes et des vases de bronze. C'est que la noblesse est faite pour les sacrifices et la guerre.Le Palais est le centre de toutes les activités. Il y a une indistinction totale entre les fonctions guerrières, politiques, administratives, économiques et surtout religieuses du Souverain.. Ce dernier assure le Culte dû aux ancêtres royaux mythiques des temps anciens. La lignée royale est à la tête d'une organisation clanique où les chefs de lignée s'ils possèdent un territoire analogue à ce que serait un fief, sont en même temps, chefs du culte familial. C'est vers l'an -1000 que s'établira solidement la coutume qui veut que seul, un garçon puisse assurer la pérennité du Culte familial ancestral. Mesurons que le Cultes Ancêtres qui est devenu un véritable Habitus chez les Chinois plonge ses racines au 2° Millénaire av. notre Ère.

6 A la fin du 3° millénaire, la température de cuisson de la céramique atteint 1000 °. cette performance technique permet de comprendre la qualité des bronzes chinois7 dates approximatives

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c) Divination et sacrifices.L'usage est de soumettre au feu, à des fins divinatoires, des os d'animaux sacrifiés (à Rome on pratiquait

l'examen des viscères ). Ces pratiques divinatoires deviennent un des aspects les plus importants de la fonction royale entouré qu'il est d'un collège de spécialistes. Les os comportent des cavités ovales et circulaires qui en se craquelant forment des dessins interprétés. Plus tardivement on employa des carapaces de tortues et l'on inscrivit sur elles les commentaires de la divination. Elles sont ainsi devenues des espèces d'archives de la divination. On en a retrouvé plus de 100 000dont la moitié ont été déchiffré. Or, comme la divination porte sur toutes les activités : culte des Ancêtres, guerres, nominations, construction des villes, campagnes agricoles et météorologiques …ces commentaires nous instruisent sur l'époque. De surcroît les sinologues ont là, les formes les plus anciennes des caractères chinois. Il en existe déjà près de 5000.Certes ! l'écriture est archaïque mais révèle une extraordinaire continuité graphique. Des signes simples stylisent un objet (wen ) mais d'autres sont employés en association (zi ). Là aussi continuité !

Toute divination a aussi partie liée avec le comptage du Temps; il faut savoir à quel moment ( temps ) une expédition militaire peut être favorable….Aussi les collèges de devins étaient-ils préoccupés par des questions de nombres et de calendrier. On trouve sur les écailles de tortues une numération décimale de 1à 10 puis un signe pour 100 et 10 000; La décade et la combinaison de la décade est à la base du découpage du Temps sous les Shang. Mais il existe aussi 2 séries se signes complexes: l'une de 10 l'autre de 12 dont la combinaison devait servir à former un cycle de 60 signes double.8

Les sacrifices sont en grand nombre, à date fixe ou selon les évènements. Les plus grands ont trait au Culte des Rois défunts. Des Offrandes de 30 à 100 bœufs peuvent être faites ( ce qui implique un élevage important ce qui n'est plus le cas dans la Chine d'aujourd'hui ). Incontestablement la mort d'un Roi entraînait une série de sacrifices humains; le Souverain ne pouvant partir seul il entraîne avec lui proches, serviteurs, prisonniers de guerre …..

Un sacrifice important qui porte le nom de Shang Di paraît avoir donné naissance à l'idée d'une divinité supérieure garante de l'ordre politique et de l'ordre naturel. D'autres divinités existent:les seigneurs des quatre directions, le Fleuve Jaune, certaines montagnes sacrées….

C'est le Roi qui préside au banquet du Sacrifice et, dans les territoires plus éloignés c'est au Noble à qui le Roi a confié un pays (guo ). On le voit la fonction politique ne se conçoit pas sans la fonction religieuse et c'est cette dernière qui assure le lien social entre toutes les parties du territoire soumis au Roi. Dans ce contexte l'autorité royale n'est pas remise en cause. Les rites c'est à dire l'enchaînement des gestes qu'il faut accomplir à tel moment, les places et le rang de chacun ont une grande importance. C'est eux qui cimente le corps social.

2° Évolution sous les Zhou Il n'en va plus tout à fait de même sous la dynastie Zhou. Certes !le Roi porte le titre de Fils du Ciel et passe pour tenir sa charge du Seigneur d'en Haut. C'est cette dernière assertion qui, dès –800 va présenter de signes de faiblesse. Si la première partie du règne fut conquérante et expansionniste, dès -750 le pouvoir royal est contrecarré par les grandes Familles nobles qui gouvernent à leur guise les Guo qu'ils tiennent pourtant, du Roi. Ils doivent fournir au Roi des contingents d'hommes armés ; ils ne le font qu'épisodiquement. Et l'on voit apparaître au 5° siècle av. notre ère, les premières contributions en armes ou en céréales en remplacement de la levée des hommes. Par ailleurs les menaces venus des nomades de la steppe se renforcent ; les principautés QUIN et JIN du Nord servent de bouclier au Roi et protège le coeur du monde chinois, au point que vers –500 le pouvoir des Zhou est nominal. Lorsque les facteurs militaires deviennent prépondérants dans une société religieuse et ritualiste, celle-ci est altérée. Apparaît bientôt une époque toute différente où le pouvoir politique va progressivement se dégager de sa gangue familiale et religieuse.

3° Les Royaumes combattants et la formation de l'Empire Han (-450, -221 )

7 puissances vont s'entre déchirer, s'allier, bref se partager le monde chinois. Or, cette période troublée va paradoxalement être d'une grande fécondité. Les différents Prince vont asseoir leur pouvoir sur d'autres couches sociales que celle des grandes familles nobles dont la charge était quasiment devenue héréditaire : les petits gentilshommes (parfois les commerçants ) et les paysans.

a) changement de personnelEn dehors des grands Nobles traditionnels existent de petits gentilshommes, hommes d'armes, gardiens de traditions écrites, spécialistes de divers savoirs, tous issus de petite noblesse, de cadet de Famille ou Fils de femme de 2° rang. C'est sur eux (que l'on appelle Shi ) que les princes vont s'appuyer. Dit autrement, les princes organisent l'ascension sociale dans une société jusqu'alors bloquée9

8 Cette pratique divinatoire très ancienne explique peut être cet habitus social qui veut que l'on calcule selon le calendrier ce qui peut être faste ou néfaste. 9 Je ne puis m'empêcher ici de faire une analogie avec la France de 1789.Toute ascension sociale est bloquée pour la bourgeoisie et, il faudra l'éclatement révolutionnaire pour organiser une société nouvelle. En Chine, la fin de la Royauté permet cette libération d'énergie bloquée par le système familial, rituel et religieux. Ce sont les Shi qui en profite et aussi, nous le verrons, les paysans.

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Au fur et à mesure que le prince (prenons l'exemple du royaume de Qin au Nord qui va tout unifier) se libère de la tutelle des grandes familles ou qu'il annexe de nouveaux territoires, il les transforme non pas en fiefs –feng- qui risquent de devenir héréditaires mais en Xia – circonscription administrative. Il place à leur tête un Shi lettré , révocable et soumis au pouvoir central. Nous avons là vers –330 l'amorce du système administratif chinois à venir.

b) Armes et PaysansLa guerre entre principautés –et non plus avec les gens des steppes – est présente partout et l'armement va changer. La direction de la guerre va revenir non à des nobles mais aux spécialistes de tactique et de stratégie. Du 6° au 3° Siècle av. notre Ère, le développement de l'infanterie et de la cavalerie entraînera la ruine du genre de vie noble lié à l'attelage et au char. Deux armes nouvelles apparaissent : l'arbalète sur pied et à répétition est plus puissante que l'arc; l'épée qui est vraisemblablement un emprunt à la civilisation des steppes tout comme la cavalerie plus mobile et rapide que les chars surtout en relief montueux. Et ce n'est pas un hasard si les Qin au contact direct de la steppe, ses chevaux et ses cavaliers, finira par dominer l'ensemble des principautés, unifiant ainsi le monde chinois.

Dans la mesure où l'infanterie devient pièce maîtresse des combats, les princes vont prêter intérêt aux paysans. Ils vont leur accorder un statut qui jusqu'alors leur était refusé. Si le cultivateur devient combattant, en retour le Prince le fait indépendant. Le droit à la terre et le droit aux honneurs acquis sur les champs de bataille vont de pair. On a ainsi une combinaison de la fonction de production et de la fonction guerrière qui n'existe pas à ce point dans aucune autre civilisation.

c) Essor économique et innovationsLes Princes ont compris que pour soutenir l'effort de guerre, il fallait des ressources économiques solides. Est-ce l'effort des Seigneurs en faveur de l'agriculture qui fit augmenter la population ou bien l'essor démographique qui entraîna défrichage, irrigation, construction de digues sur le Fleuve jaune ? en tout cas, la démographie est en hausse : au 3° siècle av. notre Ère le premier recensement des personnes imposables indique le chiffre de 57671400. Les défrichements permettent de mieux nourrir les hommes mais aussi de les installer sur de nouvelles terres dans des circonscriptions administratives qui ne dépendent que de l'État. Les grandes Familles nobiliaires vont être poussées « hors jeu ».L'accroissement des terres cultivées dépend aussi des progrès agronomiques :emploi d'engrais, distinction de divers types de sol, attention portée à la date des labours et drainage de zones marécageuses.Elle est facilité par deux innovations capitales :La première est la bricole de poitrail qui permet au cheval ou à tout attelage de tirer des charges sans que la bête ne soit étranglé comme c'était le cas avec la simple bride de garrot ; la deuxième est la révolution industrielle que représente le passage de la fonte au fer fondu, aussi résistant que l'acier. Au 3° Siècle la fonte de fer permet de produire :haches, bêches, couteaux, épées. On mesure la distance qui sépare la Chine et l'Occident qui, à pareille époque va bientôt entrer en pleine dépression consécutive aux invasions dites « barbares ».Dans le même temps il va de soi, que l'industrie de la soie, du jade, de la porcelaine, des cuirs et peaux S'accroît elle aussi, et que désormais les artisans ne travaillent plus que pour la Cour ( comme auparavant ) mais ont leur quartier dans les Villes et que les commerçants forment une couche sociale importante.

d) Ébullition intellectuelleL'histoire de la pensée chinoise sera traitée dans les cours suivants. Contentons nous – non sans simplification –de bien situer les courants de pensée

*Le substrat : ce sont les classiques qui vont accompagner la pensée chinoise. Le Livre des changements est le plus fameux d'entre eux ( Yi King ) .C'est un recueil de formules divinatoires et chaque formule est composée de 6 lignes superposées, un hexagramme. Ces lignes sont pleines (yang ) ou brisées (yin ) et la composition différente des hexagrammes en lignes yin ou/ et yang ont un sens. Yang est le principe masculin (le ciel, le dur, la lumière ) : le Yin est Féminin (le mou, l'eau, la fécondité ). C'est le mélange du Yin et du Yang qui engendre tout ce qui est Vivant.

Voilà la trame de toute pensée chinoise ; mais il ne faut pas oublier ce que nous avons dit précédemment, sur la religion et les rites

*Confucius (-551-479 ) Précisément c'est la perte des usages et coutumes anciennes qui est le point de départ de la réflexion Confucéenne. Choqué par la perte des usages et des règles anciennes, Confucius veut un retour à la correction rituelle aussi bien dans les conduites que dans l'emploi des termes. Il s'agit d'acquérir par les rites la maîtrise aussi bien des gestes que des actions et des sentiments :Maîtrise et sagesse tout est dit. Sa morale ne connaît aucun impératif abstrait, elle est pratique et agissante. Ce n'est pas sciences abstraite mais un art de la vie qui embrasse psychologie, morale et politique. A l'esprit de compétition qui anime la noblesse de son époque, Il oppose la probité, la confiance, et la bonne entente .Pour lui l'homme est bon à condition, toutefois, d'être éduqué. On prête au grand Sage cette formule « Si je condamne à mort un homme, sans l'avoir éduqué, je commets un crime ».1

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Il identifie culture personnelle et Bien Public. L'enseignement fut repris par Mencius ( -4° siècle ) et par Xunzi (- 3° siècle ) et connut la gloire sous les Han et surtout les Song (+ 960 )

*le TaoïsmeLao Zi a sans doute vécu dans les années –700 mais la mise en forme de sa pensée et l'adhésion de beaucoup à celle- ci date du –5° siècle.

Si on entend par religion la relation des hommes à un Dieu, le taoïsme n'en est pas une. Et,cependant, il en a quelques traits surtout dans la ferveur populaire qui accompagne les Immortels. Car, il s'agit d'acquérir cette immortalité en étant en Harmonie avec les flux d'énergie qui ne cesse de traverser ce cosmos où nous sommes : énergie Yin, énergie Yang. On peut le faire par une ascèse de vie, par des exercices corporels, sexuels, respiratoires ou autres. Il s'agit toujours de nourrir sa vie d'énergie vitale

Le taoïsme dans sa forme populaire qui vénère les Immortels, les montagnes sacrées…. sera toujours en marge de l'appareil d'Etat, alors que la Confucianisme irriguera l'État.

* les Légistes C'est à une réflexion politique et d'économie politique qu'ils nous invitent. Pour eux la puissance de l'État réside dans les institutions politiques et sociales ; leur originalité est d'avoir voulu que cet État –comme les sujets – soient soumis à la souveraineté de la Loi. Mais la notion de Loi n'est pas ce que nous entendons par là ; elle n'est pas le résultat d'une convention qui traduirait une volonté commune, Destinée à créer un ordre, elle ne peut être en contradiction avec la nature des choses et des êtres. Elle s'impose à tous, publique et connue de tous ; elle doit, dans son application être soustraite aux jugements incertains et variables des hommes.Il existe une échelle de peines et la seule tâche du juge est de définir correctement le délit ; l'application de la peine selon le code est quasi automatique.Mais il existe aussi une échelle de dignités que l'on peut gravir et qui peut le cas échéant, vous sauvez de l'indignité d'une peine. Les 2 échelles sont indissociables et doivent aboutir à la création d'une hiérarchie sociale continue, toujours soumise à révision, mettant les sujets au service de l'État, favorisant les activités tenues pour utiles (combattants, paysans..) et pénalisant les autres (vagabonds, parasites..) elle est le moyen d'une répartition hiérarchique des individus en fonction d'un barème de dignités et d'indignités, des mérites et des démérites.Le Prince, lui même, n'est pas au-dessus de la Loi et on ne peut punir ou gratifier qu'en fonction d'elle.De même les fonctionnaires doivent avoir des fonctions bien déterminées pour qu'ils ne puissent abuser de leur pouvoir.

Cet ensemble de transformations tant matérielles qu'économiques, sociales et politique s'étendent sur deux siècles et ne touchent pas l'ensemble du monde chinois de façon homogène ; il y a des disparités et rien ne serait plus faux que de concevoir une Chine uniformisée ( cela était vrai hier et l'est aujourd'hui ). Mais le Prince Zheng de Qin unifia par les armes les 6 autres Royaumes et devint ainsi le premier Empereur en - 247.

d) Qin :Une dynastie éphémère ( -247 / - 221) mais efficaceL'œuvre du 1° Empereur est considérable mais il l'accomplit sans ménagement pour personne. Il étend le territoire vers le Sud et découpe le monde chinois en circonscription administrative (les Commanderies ). Il opère un travail d'unification et d'aménagement.

*unification : création de monnaie de cuivre à trou central carréunification des mesures de capacité et de longueur selon un système décimalUnification des normes graphiques remplaçant les diverses écritures en usageDestruction des murailles internes qui protégeaient les anciens royaumesInterdiction de posséder des armes (elles furent fondues et transformées en statues ).

*Aménagement : construction de routes impérialesAménagement de canaux d'irrigation construction d'une Grande Muraille qui part de la Mandchourie, passe par le Nord de

la boucle du Hoang He jusqu'à Lao Tse. * Ajoutons à cela Palais et Tombe.

Mais l'Empereur agit avec brutalité et considère comme nuisible la Culture. Il fera, par exemple incendier des livres en 213 ;En outre, le poids financier repose sur l'ensemble de la population qui paye des impôts en numéraire ou nature (corvée, céréales. .) à tel point qu'à sa mort en –212 des soulèvements se produiront contre son Fils. Après quelques années de troubles, en –202, une nouvelle dynastie, celle des Han est instaurée.

M. Armand 05 /11 / 06

Sommaire

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Petite Histoire de la Chine (2)

De la dynastie des Hans -202/+220 à la dynastie Sui (581) et Tang (618 – 907 )

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L'histoire intérieure de la Chine est faite d'une succession de périodes de Centralisation Impériale et de morcellements en Royaumes : après l'éclatement survient une réunification impériale.Nous venons de le voir après la période des Royaumes Combattants, c'est la centralisation de Qin suivi des HAN. Et cette dynastie va durer de –202 à 220 ap. J.Christ, non sans avoir été menacée d'élimination par un usurpateur entre 9 et 24 de notre Ère. On distingue donc avant cette époque troublée les Han antérieurs, puis après 24 les Han postérieurs. Cette dynastie va s'affaiblir et, après 200, on assistera à une autre période de division de la Chine en plusieurs unités politiques, jusqu'à la restauration impériale par les Sui et surtout les TANG en 618 jusqu'en 907. Alors survient une autre division jusqu'à l'arrivée de la Dynastie SONG en 960 – 1127. Notre parcours va donc être jalonné par 3 dynasties centralisatrices et deux périodes de morcellement. Les 3 dynasties : Han; Tang; Song 10

1° L'Empire des Han Chronologiquement, il est antérieur à l'Empire romain mais disparaîtra avant. Toutefois, la fin des Han n'est pas un effondrement de civilisation comme en Occident; c'est un accident politique.Les Han poursuivent l'œuvre des Qin mais de façon plus douce mais tout aussi structurée.

a) l'Administration impériale et locale.L'Empereur réunit autour de lui des Conseillers qui sont les têtes de l'administration : 3 Ducs et 9 Ministres. L'un des Ducs est un véritable 1° Ministre prépare et transmet à l'Empereur toutes les affaires; un autre est Grand Connétable, chef de guerre et le 3° est grand Officier du censorat chargé du contrôle de l'administration. Les 9 Ministres ont des fonction plus délimitées :

* Grand Recteur chargé de l'Instruction et des Cultes

* Commandant des Gardes du Palais* Commandant des gardes accompagnant l'Empereur dans ses déplacements* Le Grand Cocher chargé des Écuries, des haras fournissant l'armée et la Poste ainsi que l'élevage des bœufs pour les sacrifices. 2

* Le Ministre des Affaires étrangères : entendez par là celui qui s'occupe des relations avec les Barbares soumis en voie de sinisation. * Le Grand Juge, directeur des affaires criminelles * Le Préposé à la Maison impériale chargé de la gestion des affaires (et conflits) des Princesses, des princes. * Le Directeur de l'Agriculture qui s'occupait des impôts en nature, des greniers. Il ne faut pas oublier que l'essentiel des rentrées d'impôts viennent de la terre et des paysans d'où deux nécessités :Celle de faire en sorte que l'agriculteur produise (travaux d'irrigation, canaux, méthodes agronomiques d'engrais et autres… ), Que les recensements soient bien faits car il dénombre la population paysanne et permet de calculer les dîmes dont ils sont redevables, les corvées et aussi un impôt tel que la capitation.* Le Petit Trésorier chargé de la Direction du personnel du palais, des Eunuques du Harem Des ateliers impériaux et de leurs artisans….

L'Administration provinciale est calquée sur celle du Centre. L'Empire est divisé en Commanderie (après l'extension du territoire sous les Han il y en aura Cent ) à la tête desquelles se trouvent un Gouverneur détenant les pouvoirs administratifs, militaires et judiciaires. Il a un assistant qui le remplace en cas d'absence. Il est à la tête de 6

10 Han Tang Song comme A TEN TION

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Bureaux ( personnels, militaire, grenier, population, impôts, police ).Un secrétaire général dirige tout ce monde. Un sous échelon territorial existe : la Préfecture, organisée de la même manière que la Commanderie.

Il est évident qu'une telle Administration fait croître le nombre des Lettrés indispensables à son bon fonctionnement

b) Le pouvoir et les LettrésBien sûr, ils entourent l'Empereur et forment, en quelque sorte, une «opinion publique » dont il ne peut faire fi. En ce sens son pouvoir n'est pas absolu, mais, l'idéologie impériale, si elle est légiste, n'est pas encore Confucéenne, elle est plutôt Taoïste. Les Lettrés par leurs avis répétés finiront, avec beaucoup de temps, par faire régner le Confucianisme sans partage ( époque Song ). Pour l'instant, leur pouvoir est, surtout lorsque l'Empereur est un enfant ou un homme faible, contrecarré par deux autres groupes : celui des impératrices ou des concubines (leur clan arrive à prendre le pouvoir), celui des Eunuques qui régente les affaires intérieures du Palais. Ces derniers réunissent souvent entre leurs mains de grandes propriétés et obtiendront -sous les Han postérieurs – le droit d'adopter des Fils : ce qui leur donnera du pouvoir et des raisons supplémentaires d'en accaparer beaucoup plus. Les règlements de compte seront parfois sanglants entre eux et les Lettrés. Mais ces derniers l'emporteront toujours. Ils forment une classe de grands propriétaires, plus importantes – cela va de soi – que les Eunuques, et, en province, les Fils de gros propriétaires n'aspirent qu'à une seule chose : devenir Lettrés et entrer dans l'Administration impériale. C'est le modèle d'ascension sociale que l'on retrouvera chez les Tang et, a fortiori chez les Song.

c) l'expansion territorialeElle sera considérable sous les Han antérieurs et singulièrement sous l'Empereur WUDI (-141 /-87 ).Au Nord les Qin ont déjà construit l'essentiel de la Grande Muraille ; les Han la prolongeront jusqu'au Gansu., très au Nord –Ouest.

Le danger provient des nomades des steppes réunis en une grande Confédération celle des XIONGNU *Mongolie et Asie Centrale. Vers –200 les Xiongnu sont vainqueurs et font des incursions en deça de la Grande Muraille. Les Chinois vont temporiser et pratiquer une politique de cadeaux (soieries, porcelaine, laque, jade ….) qui sont aussi des moyens d'action diplomatiques. Une fois l'Empire affermi, il passe à la contre –attaque. De –124 à –119 des corps expéditionnaires de 100.000 H. écrasent ou refoulent les Xiongnu11. L'Empereur Wudi pousse l'avantage jusqu'au Gansu et de là au Tarim (c'est le contrôle de la route de la soie que des marchands ont déjà emprunté ). Des Commanderies seront crées dans cette province dès –117 où des colonies militaires seront implantées ; ce n'est pas le cas dans toute la Mongolie où les établissements seront plus clairsemés. Il n'empêche que tout le long de la Grande Muraille des postes militaires comportent deux catégories de soldats : ceux du guet en postes avancés qui correspondent entre eux par signaux codifiés en cas d'urgence ; ceux des canaux ou des greniers (entendez des soldats- paysans ) qui, tout en se battant s'il y a lieu, nourrissent les garnisons sur place. C'est que l'armée des Han est fondée sur la conscription de deux ans. Chaque homme passe une année sinon deux dans sa Commanderie et certains soldats sont installés, comme paysans sur la frontière. En ces régions, en période calme les échanges ont lieu entre nomades qui commencent de se sédentariser et chinois. Bref ! le lime entre monde civilisé et barbare reste floue au delà et en de ça de la grande muraille.

Reste que dans ces Commanderies lointaines du Gansu, les hommes ne viennent pas spontanément. On les y installe comme colons –soldats ; on estime à 2 Millions le nombre de colons installés venant du Fleuve Jaune et ce, sous l'Empereur Wudi. Outre l'intérêt stratégique d'une nouvelle occupation cela desserra la pression démographique du Bassin Jaune. Mais on peut noter que les transplantations autoritaires de population sont monnaie courante en Chine depuis longtemps.

*Mandchourie et CoréeL'expansion se fait aussi au Nord Nord-Est. Outre que les victoires entraînent un appétit plus grand encore, il s'agit aussi de contrôler les peuples grands Eleveurs de chevaux de ces régions, chevaux dont nous avons dit toute l'importance pour les armées. De –128 à 106, la Corée est conquise et des Commanderies sont installées.

* La pénétration en pays tropicaux.Cette marche vers le Sud est avec l'ouverture de la route de la Soie au Nord Ouest, le fait le plus marquant de la période Han. Les Chinois ont déjà colonisé ponctuellement le Fleuve bleu ; le Se Chouan devient alors une région prospère. Et les Chinois atteignent la région de Canton au point de créer une Commanderie en –113. Au delà, la progression atteint les limites de la Birmanie et englobe le Viet -Nam Nord et centre. Dans ces régions, la guérilla d'opposants sera quelque peu endémique.

d) Expansion, Commerce, RichesseCette expansion s'appuie sur une incontestable richesse. L'acier apparaît dès le 2° siècle (mélange de différents fers à teneur en carbone différent ) et les épées de bronze disparaissent progressivement .Dans les mêmes moments « la Luzerne » est cultivée en Chine du Nord : outre qu'elle apporte du fourrage, cette plante a pour caractéristique de fixer

11 un peu plus tard les Xiongnu du Sud se rallieront à l’Empire et se siniseront en Mongolie intérieure. C’est un phénomène presque permanent d’intégration où guerres, diplomatie, cadeaux et attraits d’une brillante civilisation jouent un rôle .

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(par ses racines ) l'azote de l'air ; c'est donc un engrais naturel qui entraîne une plus grande productivité des sols et, de surcroît, le monde agricole se dote de la brouette. Enfin dans les années +30 le moulin à eau avec arbre à cames horizontal et roue verticale mue par l'eau est utilisée ; la force hydraulique sert aux souffleries à piston dans les forges.A ces innovations, source de richesse, s'ajoute les apports du commerce. Au Sud, les Han rencontrent la mer et les échanges commencent avec le monde irano –indien. Au Nord, le peuplement du Gansu accompagne la route de la soie vers l'Inde, Samarcande et l'Iran. En fait, les Han ont d'abord mené une politique de cadeaux en faveur des Nomades de la steppe : soieries, porcelaines, laque….Tout cela représente des sommes considérables (et ne doit pas être assimilé à quelque pourboire ) qui font partie d'une stratégie politique et diplomatique visant à « siniser »les Barbares. Ensuite, lorsque la force militaire est prête et que l'on estime qu'à trop donner on renforce l'ennemi, on attaque et consolide la main mise sur le territoire12. Reste que les marchands ont précédé la troupe et les produits chinois par l ‘entremise des pays d'Asie centrale, arrive jusqu'à Rome. Pline l'Ancien, fera allusion aux soieries merveilleuses venant de ces régions c'est à dire, en définitive, de la Chine. Le commerce n'est pas qu'échange de marchandises il est aussi échange d'hommes et d'idées. C'est par la route de la soie que le Bouddhisme va pénétrer ; il s'épanouira après la chute des Han.

e) Société, évolution et chute des Han Les premiers Han ont fondé leur pouvoir sur les soldats –paysans et le soldat pouvait devenir propriétaire. Avec le temps et l'enrichissement du pays, les grands propriétaires vont l'emporter, accaparant les terres et transformant parfois des paysans en esclaves pour dette. Pour tous, la richesse est encore la terre : les Lettrés en achètent comme les Commerçants enrichis et, leurs Enfants deviendront souvent des Lettrés dont le système administratif a besoin. Un pouvoir impérial faible ne promeut plus le soldat –paysan et le livre au contraire, à l'exploitation des puissants .Ce faisant, la dynastie impériale se prive de son meilleur soutien.Déjà, c'est une révolte paysanne qui entre 9 et 23 abattra temporairement la dynastie des Han. Redevenus Empereurs , les Han postérieurs n'auront plus la même force politique pour contre carrer l'emprise des grands propriétaires et, c'est une nouvelle révolte –celle des Turbans jaunes –qui mettra un terme à leur pouvoir à partir de 184.

Il faut ici s'arrêter. Si les Lettrés sont dans l'ensemble confucéens, l'entourage des Empereurs est Taoïste, d'un taoïsme plutôt divinatoire. Quant aux paysans, à la faveur d'une crise agraire et d'importantes crues du fleuve Hoang He (signes que l'Empereur n'est plus en harmonie avec les forces cosmiques ), ils suivent le grand prêtre taoïste de la « Grande Paix » terme qui évoque l'égalité de tous et la communauté des biens. Zhang Jiao est le pape d'une religion dont la divinité est la synthèse du souverain mythique « l'Empereur Jaune », et de Loa Ze divinisé. On voit les dérives d'un Taoïsme populaire qui conduit à un millénarisme.

Quoi qu'il en soit, Les Turbans jaunes (appelés ainsi à cause de leurs coiffes ) réussissent à organiser 360 000 hommes sous les armes en 184.C'est une secte où les chefs ont des fonctions administratives, guerrières et religieuses. Les troubles dureront plusieurs années ; en tout cas ils sont assez puissants pour déstabiliser la dynastie finissante des Han.

2° Période de morcellement (3° / 6° siècle ) Il n'entre pas dans notre intention de vous conter par le menu cette histoire chaotique de 3 siècles. A grand trait, disons simplement trois choses :

a) Au Nord, la pression des Barbares les font entrer à l'intérieur des Murailles ; mais nombre d'entre eux sont déjà très « sinisés »et au 4° siècle période appelée « les 16 royaumes des 5 Barbares » les Etats conservent pour la plupart la structure voulue par les Légistes : tendance centralisatrice et interventionniste de l'Etat ( même pour la répartition de la Population ).

b) Au Sud c'est à dire le Bassin du Yang Tse a un peuplement chinois récent de type colonial :Le pouvoir central est plus faible et la puissance de grandes Familles aristocratiques sont caractéristiques des Empires qui naîtront et se combattront du 4° au 6° siècle. Le cas du Sihouan est un peu différent ; riche par lui même il constituera pendant cette période un Royaume à part et, de temps à autre, d'être réunifié avec un Royaume.Ces différences Nord/ Sud n'empêche aucunement le commerce de se faire ; il n'y a pas rupture entre ces deux parties de Chine. En outre, le Nord continuera de commercer avec l'Asie centrale ; le Sud sera de plus en plus au contact de l'Indonésie, de Ceylan, de l' Inde. Par ces deux voies le Bouddhisme va progressivement imprégner le monde chinois

c) le Bouddhisme en chinePar rapport à la pensée chinoise, le Bouddhisme est un apport étranger qui n'a pas de racines profondes dans le pays et demeurera une « superstructure ». Nous y reviendrons beaucoup plus en détail par la suite. Il a connu ses heures de gloire entre le 4° et le 9°/10° siècle. Certains princes ou rois de cette époque en feront une religion quasi officielle. Le Bouddhisme est celui du Grand Véhicule . A l'origine, le Bouddhisme né au 6° siècle av. notre Ère est une méthode de sainteté pour des hommes qui avaient rompu avec le monde, abolissant en eux tout désir. Ce qui est vrai du point de vue de l'Absolu est faux des vérités d'apparence et inversement les vérités d'apparence ne sont pas vrai du point de vue

12 C’est la pratique même du jeu de go

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de l'Absolu. Pour rejoindre l'Absolu, il faut délaisser tout désir qui nous raccroche aux apparences ; c'est la vacuité du désir qui rend libre et permet de se fondre dans l'Absolu. Pour s'étendre largement, il a fallu, qu'au fil des siècles, cette démarche de sainteté devienne une religion de salut universel ouverte à tous. Pour cela toute une hagiographie du Buddha s'est développée, l'enveloppant d'un halo merveilleux ; il a fallu aussi que se précisent d'autres figures de Buddha semblables à lui, que se multiplient des figures religieuses tels que les Bodhittsatva ( Être d'Eveil ) qui, par compassion pour les Êtres humains retardent leur entrée dans le Nirvâna, afin de les sauver des douleurs de la transmigration. En effet, je me réincarne dans tel ou tel être vivant selon que ma vie a été plus ou moins sainte, c'est à dire esclave plus ou moins enchaîné des désirs et des apparences. A partir de cela, le Bouddhisme devient une religion de salut pour tous.Autour des figures religieuses se constitue un Culte, sous l'autorité de moines et l'on magnifie les statues de Bouddha ; autour d'elles se déroulent des cérémonies faites d'offrandes et de rites.

Je ne prétends pas faire le tour du Bouddhisme, loin de là ! J'espère ne l'avoir pas trop caricaturé mais en avoir dit assez pour faire comprendre pourquoi il put se greffer, au moins temporairement, sur le monde chinois. En effet, il présente quelque analogie avec les courants taoïstes :

* Doctrine du Karman (rétribution des actes au travers de la transmigration ) ----- conception chinoise du Lot (fen ) et du destin ( ming ) qui place l'individu à tel ou tel échelon de la hiérarchie sociale ( cependant la notion de réincarnation est absente.). * altruisme et pureté morale bouddhique-------- morale traditionnelle chinoise

* Vie monacale ----------- Idéal du Sage retiré de la vie publique et du saint retranché du monde. * Thaumaturgie bouddhique et chinoise (divination, médecine et magie ).

Certes ! malgré les apparentes convergences, il existe des différences ( la vacuité totale des apparences ou du monde phénoménal entre autres ) qui expliqueront la non permanence du Bouddhisme. Mais, 6 siècles de présence laisseront des traces dans la pensée et dans l'art. Ce dernier, se fera plus monumental (les grandes statues de Bouddha y seront pour quelque chose ), plus riche en ornements, en motifs répétitifs…

Pour l'heure, dans un premier temps, les princes vont accueillir le bouddhisme, participer à l'édification de monuments et de statues, doter les monastères qui vont se multiplier et, au fil du temps, devenir des puissances. La puissance n'est pas que spirituelle, elle est aussi temporelle. Il faut savoir que les religieux ne sont pas soumis à la juridiction commune, ni pour le droit pénal ni pour les obligations publiques : corvée, capitation, impôts. Les biens du clergé sont tenus pour inaliénables et protégés contre toute appropriation. Ainsi, une partie de la richesse publique est attribuée par legs, dons ou autres largesses aux moines 13. Beaucoup de paysans cherchent la protection des monastères et deviennent des dépendants, eux aussi exemptés d'impôts et de service militaire. Ils travaillent sur les domaines monastiques de plus en plus étendus et leurs maîtres possèdent aussi moulin, pressoir….Au fil des temps, et quelquefois malgré le pouvoir politique des abus se multiplièrent ainsi : dons et ventes simulés (qui mettaient cette richesse à l'abri de l'impôt ) dépenses considérables de construction religieuse, pénurie de métaux accaparés par la fonte des cloches ….. Et puis et surtout le pouvoir occulte des moines en relation avec le gynécée impérial ou royal. Plus fondamentalement, peut-être, les accusations qui se profileront contre le Bouddhisme : atteinte à la morale traditionnelle chinoise par les dépenses somptuaires, la rupture des liens familiaux et la dispense des devoirs envers l'Etat.Ce faisceau de faits explique les essais de contrôle du clergé par l'Etat et, en définitive le rejet du bouddhisme, d'abord sous les Tang et, définitivement par les Song.

3° Sui (581) et Tang (618 – 907 )

S'ouvre maintenant, une période de centralisation et cela se passe de façon analogue à l'établissement du 1° Empire : les Quin éphémère avaient précédé les Han ; ici les SUI précède la solide dynastie des Tang. Mais entre l'un et l'autre, il s'agit bien d'une même action politique.

Ces Dynasties auront deux capitales : Chang'An (sur la Wei ) et Luoyang à proximité du basHouang He. L'apogée de la Dynastie Tang se situe vers 750 ( en Occident nous en sommes à Charlemagne ). De façon synthétique, voici ce qui nous paraît essentiel

a) Le Sud de la Chine est vraiment incorporé à l'ensemble de l'Empire et commence à lui apporter une contribution économique irremplaçable : L' ouverture maritime vers l'Asie du sud Est vers l' Insulinde, le Cambodge, l' Inde et ce dès le premier Empereur Sui qui fera construire des flottes ; et surtout le riz. Dès le 8° Siècle, on innove en pratiquant le repiquage du riz ; cela permet de moins user la terre et d'augmenter les rendements. Apparaissent alors les outils nécessaires : la roue à godets et pédalier pour élever l'eau d'un niveau à l'autre, la Herse et la charrue des rizières.

13 Au temps des premiers Han, une partie de la richesse publique était donnée, à des fins diplomatiques, aux Barbares des steppes. Du 4° au 8° siècle c’est au monastère bouddhique que sont faits les « cadeaux », cette fois pour motifs religieux.

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De ce fait, la population du bassin Yangzi augmente : entre 600 et 742, elle passe de 3 à 10 millions d'habitants., soit plus du triplement . Du fait de sa richesse agricole et commerciale cette région de Chine permettra le rétablissement de la Puissance des Tang après les années de révolte armée de An Lushan ( 755- 763 ) qui ravagea surtout le Nord.

b) Les Sui puis les Tang ont construit le Grand Canal La construction d'un Grand Canal reliant lee Houang He au Yangzi de Luo Yang à Hangszhou au Sud de Nankin débute en 587 ; il sera prolongé au Nord jusqu'à Beijing en 607.C'est un ouvrage de 1500 Km de long (1, 5 fois la France ) de 60 Mètres de large. Une route impériale suit ce tracé, jalonné de relais et, au Nord de greniers. En effet, le volume de riz transporté va décupler entre 600 et 730 passant de 12 000 Tonnes à 1, 2 Millions de tonnes. Et ceci permit au Tang de résister aux révoltes militaires que nous avons évoquées.

c)Administration et Droit. L'Administration impériale à quelques changements près visant à une rationalisation, est semblable à celle des Han que nous avons dépeinte dans un cours précédent .En province, les Xia (préfecture ) sont chapeautées par des Lu (régions ). Pour la nomination des fonctionnaires c'est toujours la recommandation qui fonctionne mais le premier concours de recrutement fut organisé en 669 pour essayer de briser la puissance de grandes Familles détentrices des places. Ce principe moderne ne fait que des débuts modestes. Une des œuvres majeurs des Tang est d'avoir mise en forme les divers aspects du Droit pénal et d'avoir ainsi tout réuni dans un Code de 500 articles et 12 sections. Il met en forme plus qu'il n'innove ; nous avons déjà parlé de l'échelle continue des peines, dans laquelle la gravité du délit est fonction de sa nature mais aussi de la position du coupable par rapport à la victime. Selon les cas, il existe de façon stricte une augmentation ou une diminution de peines .Mais la caractérisation du délit = peine ; d'ailleurs, pour délit et peine la langue ne connaît qu'un seul mot : Zui.

d) Législation agraire C'est un des systèmes les plus originaux : la répartition des terres qu'il comporte est liée au système d'imposition. Les Ordonnances agraires datées de 624 visent à fournir à chaque famille paysanne les superficies de terre indispensables à sa subsistance et au paiement des impôts fondés sur les personnes : Impôt en céréales, corvées, impôt en tissus. Les terre sont données en viager. Mais tout ce système suppose un recensement très exact de la population et une connaissance très précise du cadastre, toute chose retrouvée dans des Commanderies du Gansu, avec les différents âges sous un même toit, la limite précise des terres….e) L'Armée

L'Empereur est entouré d'une aristocratie à traditions militaires. La cavalerie est la puissance de frappe rapide qui lui permet de vaincre. Les paysans forment l'infanterie, les nécessaires postes de guet, les relais, l'approvisionnement des armées en nourriture et en foin. Tant que la dynastie Tang les terres du Nord N. Est, N. Ouest, il y aura dans les haras impériaux jusqu'à 700 000 chevaux. Que les terres d'élevage viennent à être perdues ( au 9° siècle par exemple ) et la force militaire sera gravement amoindrie.

f) Puissance et fragilité de l'EmpireA l'apogée de sa puissance au 8° siècle, le domaine Tang recouvre celui des Han sauf la Corée qui leur échappe ; par contre, ils établissent au N .Ouest, des Commanderies du Gansu jusqu'à la Passe de Kachgar et mettent un terme à la progression des Khalifes Omeyyades, à proximité de Tachkent en 750. Ils prennent possession du Sud et en font un pays prospère avec la soie, la laque et le riz. Malgré la remarquable organisation des postes, des relais et de l'armée, les distances sont considérables. De Kashgar (extrémité Ouest de la route de la soie chinoise ) oasis du Tarim jusqu'à la capitale Chang'an il y a 5000 Km. Et 3000 jusqu'au Nord Viet Nam . Pour l'époque, l'Empire est immense. Cette difficulté jointe à celle de contrer en permanence la tentation de Pouvoir des généraux ou des grande familles, entraîneront la dislocation de l'Empire. Il résiste à une 1° Tentative de renversement dont nous avons parlé en 750 mais la deuxième, jointe à une terrible jacquerie paysanne suscitera l'anarchie et la dislocation progressive de cet Empire M. Armand 03 12 06 Sommaire

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Petite Histoire de le Chine (3)

La dynastie des Song 960-1127 --------------------------------------§-------------------------------------

Après une période chaotique suivant la chute de la dynastie Tang, les Song vont réunifier Le monde chinois dès 960. S'ouvre alors, une des plus brillantes période de la civilisation chinoise.Toutefois, les Song vivent sous la menace permanente d'invasions. Notons qu'au Sud, pour ne plus en parler, le Viet Nam en 939 se constitue en Royaume unifié et indépendant (dynastie des Dinh ). Cela marque la fin de la domination chinoise sur la péninsule Mais c'est du Nord que proviennent tous les dangers. Au Nord Est, l'Empire kitan des Liao est victorieux au Shanxi et Hebei et en 1004 les Song sont obligés de signer un traité de Paix et de verser tribut au Liao. Au Nord Ouest, les Xia forment un Royaume et menace aussi les Song. En fin de compte, ce sont les Jin venus de l'extrême N-Est qui bousculeront tout : en 1127, les Song se replieront sur le Sud du Yantse, les Jin occuperont tout le Nord Chinois, les Xia le Gansu et une partie de la route de la Soie.

Il y a donc les Song jusqu'en 1127 et à partir de cette date 3 Chines : celle des Jin, et de Xia ( mais ces deux nouvelles Unités politiques sont constitués de barbares très sinisés ) puis la Chine des Song du Sud seule véritable héritière de la civilisation des Han.

960-1127 Song Jin Bassin du

fleuve Jaune, Mandchourie

1127--------- Xia Chine du Nord

Song méridionauxJusqu'à ce que Gengis khan n'occupe les 2 Royaumes du Nord et que son descendant (Kubilay Khan ) n'envahisse l'Empire des Song en 1276 et ne transporte sa capitale à Beijing actuelle.

1° L'Organisation de l'Empire des SongL'administration est dans la continuité des

époques précédentes mais fait preuve d'une modernité extraordinaire. C'est le triomphe d'un Confucianisme épuré, vertueux.

a) Les Conseillers du PrinceAutour de l'Empereur existent 2 conseils et 3 services

* Conseil d'État : 6 à 9 Membres qui discutent en présence du souverain lequel suit les décisions prises après délibérations ou parfois, tranche après avoir entendu tous les avis. * Conseil de l'Académie est chargé de rédiger les conclusions, avis et actes juridiques (tel membre peut être influent ).

* Trois Services sont chargés de recevoir et collecter les plaintes, les avis et suggestions des Fonctionnaires ou des simples particuliers. Ces trois services sont indépendants les uns des autres et leurs membres jouissent d'une immunité absolue que l'Empereur, lui même ne peut remettre en cause.

C'est ainsi que des propositions seront mises en œuvre surtout dans la période réformiste au 11° siècle, dont nous parlerons. En tout état de cause, la méthode de saisie directe est remarquable, tout comme les garanties données aux membres de ces services.

b) L'Administration centralePlus simple est divisée en 3 Services :

* Economie et Finances en 3 sous sections :Service des monopoles d'Etat (sel, alcool …)

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Service du budget Service de la Population (recensement –imposition..)

* Armée * Secrétariat chargée des affaires judiciaires et celle du personnel (concours de recrutement ; nominations, promotions ).

c) les provinces

Sont une réplique du centre autour du Gouverneur mais certaines régions ont un caractère militaire et d'autres plus économiques

Ce qui caractérise cette organisation toute entière c'est l'existence d'organisme d'informations et de contrôle indépendants les uns des autres, de la séparation extrêmement stricte des pouvoirs et des compétences ; de ce point de vue nous sommes bien dans une certaine modernité.

d) Les Concours de recrutement.Apparus timidement sous les Tang, les concours sont généralisés sous les Song.Il y eut d'abord 3 niveaux de concours : celui de Préfecture, du Secrétariat impérial, celui du Palais. En définitive, on ne conserva qu'un seul type de concours dont les épreuves sont pour l'essentiel basés sur la connaissance des Classiques. Pour garantir l'objectivité on inventa, par exemple, l'anonymat des copies. Ce système allait donner aux Fonctionnaires un poids moral et politique très important et pendant la période du 10° au 13° siècle la Famille, les favorites, les eunuques ne parvinrent jamais à influencer les affaires de l'Etat. 2° Économie et société Souvenez vous ! au 8° siècle la population atteignait 53 Millions ; au 11° elle atteint 100 Millions. Un tel doublement, malgré des périodes troublées et peu favorables signifie que l'économie est en expansion.La base en Chine est toujours l'agriculture

a) les progrès agricolesLe repiquage du riz fut une 1° innovation remarquable. Notons que toute l'Asie du Sud Est va pratiquer entre 11° et 13° la riziculture intensive. Cette période est aussi celle de la splendeur d'Angkor contemporaine des Song

Le progrès décisif consiste en la création d'une variété précoce de riz qui va permettre de faire une double récolte par an dans les régions méridionales et une récolte de riz + une de blé dans les pays plus au Nord ( la limite étant le Yangzi ). Si l'on ajoute à ce doublement de productivité, la mise en valeur des terres marécageuses autour des fleuves et des lacs, on comprend que l'empire des Song, bien qu'ayant perdu la Chine du Nord en 1127 assure une base solide aux autres activités commerciales, artistiques et/ ou intellectuelles. D'autant que les plantes textiles gagnent du terrain :jute, mûrier pour l'élevage du vers à soie, le coton au 13° Siècle, ainsi que le thé.

b) Commerce, artisanat, industriesSous les Song du Nord la houille se substitue au charbon de bois et en 1078 la production de fonte dépasse 114 000 T ; ( à titre de comparaison, en Angleterre la production sera de 68 000 T. fin du 18° ). Il y a de petites entreprises mais aussi de très grandes appartenant à l'État pouvant rémunérer jusqu'à 3600 ouvriers.La céramique atteint la perfection au 12° siècle ; les centres de fabrication sont partout au Nord comme au Sud. Des régions se spécialisent : ainsi le Se Chouan avec la Ville de Chengdu qui fabrique le papier et imprime des Livres. L'utilisation large des caractères mobiles en étain date de la mi 11° siècle. Quant au premier papier découvert, il date du 2° Siècle après notre Ère et se répandra progressivement.Toutefois l'imprimerie n'a pas révolutionné la Chine comme elle le fit du monde Occidental qui passa subitement des Manuscrits à l'imprimerie. La Chine, avec ses milliers de caractères se prête mal au classement de ces derniers. Mais, depuis longtemps, la xylographie est pratiquée et celle-ci ne sera détrônée qu'au 19° siècle avec la mécanisation de l'imprimerie même si cette dernière a coexisté avec la xylographie pendant 800 ans.

Toutes ces productions s'échangent d'une région à l'autre. Le trafic sur le Yanze et ses affluents est considérable ; si l'on y adjoint celui du Grand Canal, on a un des réseaux navigable le plus étendu de la terre (près de 50 000Km ). A ce commerce interne s'ajoute le commerce extérieur . Les exportations consistent en produits de luxe déjà évoqués ; les importations sont constituées de pierres précieuses, d'ivoire, de corne de rhinocéros ….Pour ce trafic les Song dispose d'une flotte de jonques remarquables. Les plus grandes peuvent transporter jusqu'à 1000 hommes, disposent de 4 ponts, d'ancres, de gouvernail, de dérive amovible, de voiles en toile ou en natte (selon le vent ), de voilures pivotantes qui évitaient de modifier le gréement et faisait l'admiration des Arabes. Ajoutons à cela la boussole et des cartes plus précises que les portulans hérités des mêmes Arabes.A partir de 1127, les Song se replient au Sud, ils n'ont plus du tout la maîtrise de la route de la soie ; en conséquence le commerce deviendra presque exclusivement naval en direction de l'Insulinde, de l'Inde et de l'Iran (la jonction se fera

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alors directement avec le monde musulman ). La Chine que l'on conçoit comme une puissance continentale et repliée sur le « Milieu » est, contre toute attente, une force maritime.L'activité commerciale est fort grande dans tous les ports de la côte Sud de la Chine ; c'est qu'en effet, la demande en produits d'une véritable bourgeoisie urbaine formée de propriétaires fonciers (résidant en ville ) et de riches marchands, tire la croissance. La richesse des constructions et de l'ameublement, l'aménagement des jardins, le raffinement des bains et des cuisines signent l'aisance d'une bourgeoisie riche qui, par sa consommation, devient ( avec l'accroissement de la population )le moteur de l'expansion économique

3° État, économie. L'Etat s'adapte aux changements économiques au moins de trois façons

a) l'État est entrepreneur et n'a pas peur de l'être. Nous avons déjà mentionné son action dans la métallurgie mais les grande usines fabriquent aussi céramiques, des jonques, des meubles. . ..Il tire profit de ces industries mais laisse les entreprises privées libres de confectionner et de vendre ce qu'elle veulent 1

b) la restructuration de la fiscalitél'État garde des monopoles du sel, des alcools, des parfums et du théIl instaure des taxes commerciales intérieures, Il lève des droits de douane aux frontières ; ainsi les taxes à l'arrivée des navires vont de 10 à 40% selon la marchandise.Il garde les corvées ( qui peuvent être converties en impôt ) et la capitation mais instaure un impôt sur a terre et non plus sur les personnes.Il convient de noter que les taxes commerciales = les taxes agraires et ce dès le 12° siècle ; Au 13° les premières dépasseront les secondes. L'image traditionnelle d'une Chine entièrement occupée à repiquer le riz est donc fausse et ce, en un temps où en Europe, débutaient tout juste, les foires de Champagne.

c) l'économie monétaire Il ne peut y avoir expansion économique sans moyens de paiement. Il vont se multiplier.En l'an 1000 les Song imposeront l'emploi d'un seul type de monnaie en cuivre et en un siècle le chiffre d'émission de monnaie triplera passant de 1 million à 3. Mais, ce qui est le plus remarquable est la première impression de billets d'État en 1024 (imprimés à Chengdu) Au 12°/13° cette monnaie l'emportera sur la monnaie de cuivre. Dans le même temps, se développe : le chèque, le billet à ordre et la lettre de change. Bref ! toutes activités financières contrôlées par des boutiques de change qui constitue un secteur important de l'économie marchande.

4° Société, Armée, et débats politiques.Les transformations économiques modèlent la société. Les Villes qui n'étaient que des Villes- Palais accroissent leur population et deviennent de vraies Cités avec toutes sortes d'activités, des quartiers d'artisans, de loisirs…Y vit une société de fonctionnaires, de marchands enrichis et de rentiers. Ces derniers sont de gros propriétaires qui laissent la gestion à des régisseurs et vivent des rentes de la terre. Ce phénomène est plus marqué dans la Chine du Sud où les progrès de la riziculture ont favorisé la concentration des terres.Ce processus d'accumulation pose le problème agraire.

a) problèmes agrairesDans les cantons qui réunissent plusieurs villages, on distingue les familles résidantes (qui ont un peu de terre ) et les familles étrangères qui n'ont pas de terre et sont non imposables. Les plus aisés (> 100 mu ) fournissent les gardes du maintien de l'ordre et servent de représentants auprès de l'Administrateur du District. Le plus souvent les grands propriétaires échappent à l'impôt : on estime que sur 24 Millions Ha cultivés, 30% seulement sont soumis à la fiscalité. Ces grands vont dominer la société Song. Malgré des essais de réformes entre 1068- 1083 les problèmes de petits paysans ou de sans terre conduit à des révoltes paysannes avec un mélange de revendications égalitaires et de religiosité de type bouddhique.

b) Armée La période des Song ( qu'ils soient du Nord puis du Sud ) a toujours été confrontée aux invasions extérieures. L'organisation de l'armée est donc cruciale. Or, depuis la fin des Tang, délaissant la formule du paysans –soldat, l'armée est composée de mercenaires. Si les ressources des Song, avec la richesse économique, permet le paiement des troupes, ce système ne permet pas l'équilibre social qui prévalait lors du système paysan –soldat où, les combattants étaient honorés d'une terre. Les paysans sans ressource partent vers les Villes en expansion et y font tous les métiers

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possibles ou bien, comme nous l'avons vu se révoltent ou s'enrôlent comme soldats. Il y a donc des liens très forts entre une société rurale dominée par les grands propriétaires et l'organisation d'une armée de mercenaires. Il est vrai que les formes de combat commencent de changer. La découverte et l'emploi des explosifs à des fins militaires est la grande innovation . Dès 1044, mention est faite d'armes nouvelles. Contrairement à une idée reçue, la poudre ne servit pas qu'aux feux d'artifice : d'abord employée pour ses propriétés fumigènes ou incendiaires, elle servit ensuite comme propulseur dans un tube guidé. Les premiers essais de mortiers ou roquettes datent du début 13° Siècle. Et l'usage s'en répandit très vite puisque les Mongols en firent usage en Chine et en Europe à portée de Kiev.

c) Les débats : réformiste /conservateurs. La société doit se protéger de l'extérieur mais elle est aussi fragilisée de l'intérieur. Et, phénomène remarquable, les tensions sociales vont avoir une traduction politique par la création de deux « partis ». Certes ! pas au sens où nous les connaissons mais par le biais des Fonctionnaires très nombreux. Tous passent un concours mais cela ne donne pas obligatoirement une place. Il faut, souvent, être parrainé par personne bien placée qui engage son honneur (sa « face ») sur vous et réciproquement. Qu'à la faveur d'une changement politique, votre protecteur perde son pouvoir, vous pouvez perdre le vôtre.Or, deux courants s'affrontent :

*Wang Anshi (1021-1086 ) C'est la figure proue du Réformateur Il est hostile au despotisme et est persuadé de la fonction régulatrice des Lois dans le domaine social et politique. Pour lui, la faiblesse de l'État provient de ce que les petits paysans sont les seuls à supporter la charge de l'impôt. Si les lois établissent plus de justice on pourra associer plus efficacement la paysannerie à la défense du territoire menacé. De même, pense-t-il les artisans et petits commerçants souffrent des corporations dominés par les riches marchands.Il existe une finesse d'analyse sociologique chez Wang Anshi : les tension sociales fragilisent tout le tissu de la nation qui aurait besoin d'être fortifié pour faire face aux menaces extérieures. Par ailleurs, il a une vue dynamique de l'économie et estime que l'un des maux est la thésaurisation par les plus riches ; il voudrait une circulation des richesses.Au pouvoir dans les années 1068 1085 (avec des éclipses dues à ses rivaux conservateurs ), Il fait accepter des Réformes : Loi de répartition de impôts ; loi créant des prêts d'État à prix modique pour contrer l'usure (laquelle amenait les paysans à sombrer dans l'esclavage pour dette ),loi instituant le contrôle du prix des céréales afin d'éviter stockage et spéculation, loi créant des milices paysannes par groupement de 10 Familles2 afin de réduire les dépenses militaires traditionnelles. Wang Anshi, sur le modèle des fondations charitables des monastères bouddhiques, crée des institutions de secours populaire, des orphelinats, hôpitaux, dispensaires, greniers de prévoyance. Pourquoi un tel mouvement de réformes ? Et là je cite J. Gernet dont l'ouvrage sur le Monde Chinois fait autorité « n'est ce pas à cause de cette disposition typique du 11° siècle qui donnait le droit à chacun, quelle que fût sa position, de faire parvenir en haut lieu, ses suggestions ? »Sima Guang, chef des Conservateurs obtiendra dès 1087 l'abrogation de ces Lois pour le plus grand bénéfice des grands propriétaires. Malgré des débats et des « alternances », jamais on ne retrouvera les lois de Wang Anshi. Et les tensions sociales qui sont au fondement de ces déchirements politiques vont fragiliser les Song au moment où la force brutale des Mongols menés par Gengis Khan va assaillir la Chine.

M. Armand 14 12 06 Sommaire

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Une approche de la pensée chinoise

Je voudrais d'abord dire d'où je parle, je ne suis pas sinologue mais sinophile comme on dit francophile. Dans une vie antérieure je fus professeur de physique, puis informaticien, puis responsable académique pour les nouvelles technologies. Mais depuis la nuit des temps je suis passionné par les civilisations extra-européennes, c'est donc avec l'inconscience de l'amateur que je vais essayer de faire avec vous un bout de chemin sur les voies d'un civilisation toute autre.

Introduction :Quelques éclairages pour montrer les différences fondamentales entre la pensée chinoise classique et la pensée européenne14.

1. Ce que la langue nous dit sur la pensée :● Chaque civilisation crée des mots pour habiller les concepts dont elle à besoin: Ainsi nous avons vu apparaître les

mots ou expressions Raison, Liberté, Droit de l'Homme, Altermondialisme, globalisation, radioactivité, quanta. .. A contrario l'absence de mot pour désigner un concept indique que ce concept n'est pas nécessaire, ou utile à la civilisation concernée.

● Dans la langue classique chinoise le verbe être n'existe pas, ni non plus les pronoms personnels. Descartes qui pensait avoir fait table rase et fonder la pensée sur un postulat universel : « Je pense donc je suis 15» tombe à coté pour le pensée chinoise. Pas de sujet JE et pas de verbe ÊTRE.

● La langue chinoise classique ne connaît ni les déclinaisons ni les conjugaisons ni les conjonctions, c'est la position des caractères dans la phrase qui tient lieu de grammaire. (De là les difficultés de traduction) Il est difficile au premier abord de distinguer le verbe dans une phrase. Un substantif peut aussi être un verbe suivant le contexte. Nous le verrons avec la Voie « Dao » chemin mais aussi mise en chemin.

● Il n'y a pas de structure de base de type sujet prédicat, qui dirait quelque chose à propos de quelque chose et qui poserait implicitement le question de savoir si la proposition est vraie ou fausse.

En Europe la logique s'est établi à partir du langage, voir le syllogisme 16. Nous verrons que quand il y a débat il n'est jamais frontal, argument contre argument comme en Grèce sur l'agora, mais de biais, par allusion. ● La chine connaît la notion de Ciel, au sens d'un processus qui gouverne l'alternance des saisons et qui est le garant

du bon déroulement de la vie, mais à partir de la dynastie des Zhou n'a pas formalisé le notion d'un Dieu transcendant.

Elle a connu la déportation et le bannissement, mais malgré ses grand travaux, elle n'a institué pas l'esclavage au sens où je suis esclave parce que fils d 'esclave17.

● Privé de ces situations la notion de liberté18 n'a pas émergé, car inutile. En effet on est toujours libre en s'opposant soit aux dieux soit à l'oppresseur soit par rapport à l'esclave.

2. des associations d'idées● Quand un auteur chinois pense à la nature il pense au caractère (Xing 4) 性 qu'il décompose en radical du

coeur 忄 et le caractère sheng 生 naître, il a donc une vision organique de la nature. ● La bienveillance vertu cardinale en chine renvoie pour un européen à l'idée de Bien, mais en chinois ren 仁

c'est l'homme et deux, la bienveillance renvoie à l'homme en société.

Il n'y a pas en Chine un monde des idées (Platon) comme en Grèce et donc pas de notion de l'idée de Beau, de Bon, de Bien, de Vérité toutes notions distinctes en Europe de la réalité. Ne parle-t-on pas de canon grec de la beauté.

● De par la spécificité de son écriture, la pensée chinoise peut se figurer qu'elle s'inscrit dans le réel au lieu de s'y superposer.( voir annexe 1 l'origine de quelques sinogrammes).

● le mot est bien sûr une représentation mais le réel est toujours sous-jacent, et quasiment visible comme l'illustre l'évolution des sinogrammes.

3. Connaissance et action

14Je dois beaucoup à « Histoire de la pensée chinoise » par Anne Cheng Points Seuil 199715principes de la philosophie (article 7) 164416Socrate est mortel, Socrate est un homme, tous les hommes sont mortels.17Il y un esclavage de misère : vente des enfants pour survivre.18Pour pécher il faut être libre sinon c'est le destin voilà l'apport du Dieu transcendant. Pour la démocratie athénienne on a l'opposition esclave homme libre.

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Dans une pensée de plein pied avec les choses, comme nous venons de le voir, ce qui compte c'est la réflexion sur le rapport de la connaissance à l'action, et non sur la connaissance en soi19. Deux grandes orientations se dégagent une vision Confucéenne et une vision Taoïste:

● La première orientation ( vision Confucéenne) c'est l'action comme horizon de la connaissance. Elle est animée par un souci constant de rechercher une connaissance cautionnée par l'action. En Chine la connaissance n'est pas un savoir quoi qui renvoie à l'idée de vrai, mais est un savoir comment : comment faire des distinctions pour diriger sa vie et aménager l'espace social et cosmique à bon escient. Cette relation connaissance-action se retrouve aussi bien dans la politique que dans l'art, et l'on verra souvent des lettrés exceller dans les deux aspects20.

● La deuxième orientation (vision Taoïste) n'établit aucun rapport entre la connaissance et l'action. Ici on favorise l'amont du visible, pas d'engagement dans la politique, mais retraite sur les montagnes. Par contre recherches alchimiques pour prolonger la vie.

● La voie dao4 道 : Un courant de pensée en chine propose non pas un système clos mais un Dao, c'est à dire une voie, ou mieux une mise en chemin. Chaque école propose son Dao, fondé non sur une théorie mais sur un ensemble de pratiques. La pensée chinoise est de l'ordre du processus.

En Occident la connaissance est toujours de l'ordre de la recherche de la vérité, vérité historique21, vérité scientifique, vérité juridique, vérité religieuse, si on est en dehors de la vérité on devient hérétique. Les scientifiques ont même inventé une vérité provisoire, mais incontournable, et celui qui ne la partage pas est hérétique22.

4. Le Souffle qi4 气 : (énergie vitale)En chine tôt le matin on rencontre souvent sur les places des personnes qui font de l'exercice.

Mais que font-elles donc ? elles cultivent leur souffle vital Qi. En Chine l'homme est vu comme un conglomérat d'énergies et pour aider cette énergie à circuler il faut animer le

corps. Cette énergie est l'énergie cosmique, en conséquence c'est le souffle/énergie qui assure la cohérence organique de l'ordre des vivants à tous les niveaux. Toute réalité, physique ou mentale, n'étant rien d'autre qu'énergie vitale, l'esprit ne fonctionne pas séparé du corps.

En Chine il n'y a pas d'âme et donc pas d'immortalité ( Donc. .. voici une belle déduction causale inconnue des chinois ). D'où pour les taoïstes l'importance de la recherche de l'immortalité ici et maintenant.

L'Europe est dualiste âme et corps, pas besoin d'être croyant quand je dis «Je suis bien dans mon corps» qui est JE ?.

Cette vision cosmique de la vie l'enracine dans un rapport de confiance de l'homme à l'égard du monde dans lequel il vit, et dans la conviction qu'il possède la capacité d'embrasser la totalité du réel par sa connaissance et son action. Le monde en tant qu'ordre organique ne se pense pas en dehors de l'homme et l'homme ne se pense pas hors du monde ou il trouve naturellement sa place. La Chine pense le monde en terme d'harmonie ( de déroulement harmonieux des saisons, des années...) et cette harmonie23 和 qui prévaut dans le cours naturel des choses est à maintenir dans l'existence et les relations humaines.

L'Europe pense le monde en terme de domination « croissez, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la ». Et c'est bien ce que fait la science24.

5. Le visible et le latent, le Yin 阴 et le Yang 阳, le processusDéroulons le fil de l'Harmonie de l'homme et du monde, comment me direz-vous l'harmonie peut-elle évoluer?

Dans la racine de l'énergie chinoise il y a une dualité le Yin25 et Yang. C'est cette opposition /attraction qui explique pour un chinois la circulation de l'énergie, et la naissance du monde. La naissance n'est autre qu'une condensation de l'énergie (Yang dominant), et la mort la dispersion de cette énergie (Yin dominant). Il y a dispersion et non anéantissement, donc le Yang pourra réapparaître puisqu'il n'est pas retourné au néant. Le Yang n'est pas la cause du Yin pas plus que l'inverse. La Chine ne connaît pas la pensée causale, mais elle a inventé la pensée procédurale, le processus.

19Le but de la science comme de la philosophie occidentale est la connaissance. 20Un mandarin se retire de la cour et construit un jardin où il écrit de poèmes et médite sur les classiques avec des amis21Parfois la loi indique même quelle est la vérité historique, voir esclavage et génocide arménien. 22 Maintenant tout le monde tient pour irréfutable la théorie de la dérive des continents. Wegener (1880-1930) le premier à la proposer en 1915 a toujours été considéré comme un hérétique sur ce sujet.23Harmonie, c'est le mot d'ordre actuel de la Chine pour les relations internationales et intérieures. 24Voir la détérioration du climat et les risques industriels, Tchernobyl, Seveso, Toulouse 25Le Yin : féminin, réceptif - Le Yang : masculin, actif

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Essayons de développer, dans une pensée causale on cherche par exemple la cause de l'accident dans la vitesse, le taux l'alcoolémie, dans une pensée procédurale on dira l'accident est en germe (latent) dans le taux d'alcoolémie, ou la vitesse. Le pensée causale renvoie à un monde des idées avec la recherche de la cause première. On peut toujours remonter la chaîne des causes, pourquoi a-t-il bu, parce il était malheureux, pourquoi était-il malheureux. ..... La pensée en terme de processus nous dispense de cette recherche, et l'on a vu que la chine ne connaît qu'un seul mot pour le délit et la peine, il n'y a pas de circonstances atténuantes qui dépendrait d'une série de causes. ...

Vous me demandez où est le Yin quand le Yang triomphe?Il est invisible, mais présent le terme utilisé est latent (sous-jacent), il se forme un opposition visible/latent. Il n'y a pas il ne peut y avoir d'opposition comme en Occident entre être/néant, esprit/corps, sujet/objet, Bien/Mal. ..

Et ce processus d'alternance fait-il du sur place? Nous avons une alternance non pas cyclique comme en Inde, mais qui se renouvelle en spirale. La spirale indique un centre zhong1 中, ( celui que nous avons déjà rencontré dans ZhongGuo 中国 le pays du milieu), ce centre en mouvement est réel, ce Zhong c'est la manifestation de la relation, de ce qui naît entre. Ce n'est pas comme on le dit souvent un voie moyenne, le juste milieu romain 'in medio stat virtus'

Et quelle est la place de l'homme dans l'univers ? Nous venons de voir qu'il s'insère dans le processus de la nature. Si nous regardons le couple Ciel (Yang) /Terre (Yin), il intègre la circulation du souffle/énergie qui relie les deux termes26. Ce couple génère un troisième terme la relation organique, vivante et créatrice qui les constitue l'un par l'autre, jamais l'un sans l'autre, soit visible soit latent. Ce 3ème terme n'est autre que l'homme qui par sa participation active, parachève l'oeuvre cosmique. L'homme en Chine s'accomplit en se coulant dans le processus de la nature, comme un barque dans la flot de la vie. Et par le culte des ancêtres s'inclut dans un lignée.

En Europe on pourrait dire que l'homme se construit en s'opposant, crise de l'adolescence, compétition pour survivre, pour réussir, domination de la nature, lutte contre l'oppression, lutte qui culmine dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui sont des droits individuels. Aucune vision harmonieuse des rapports entre les hommes et entre les hommes et la nature.

... Comme une barque dans le flot de la vie, mais l'homme vit en société comment articuler les deux, voyons comment la Chine se débrouille avec la morale.

6. Le fondement de la morale d'après Mencius disciple de Confucius27.

Voici une première anecdote Mencius 28 I.I.7: J'ai entendu raconter à (votre ministre) Hou He le fait suivant. Pendant que le roi siégeait au haut (à l'extrémité septentrionale) de la cour, des hommes traînant un bœuf à l'aide d'une corde vinrent à passer à l'autre extrémité de la cour. Le roi les ayant vus, dit : Où menez-vous ce bœuf ? » Ils répondirent : « On va l'immoler, pour frotter de son sang les ouvertures d'une cloche. » « Laissez-le aller, dit le roi ; je ne puis supporter de le voir trembler comme un innocent qui serait conduit au supplice. » « Faudra-t- il donc, répliquèrent-ils, omettre de frotter de sang les ouvertures de la cloche ? » « Conviendrait- il d'omettre cette cérémonie, dit le roi ? Prenez une brebis à la place du bœuf. »

Deuxième anecdote :MENCIUS II.I.6. MangZi dit :« Voici un exemple qui prouve ce que j'avance, à savoir, que tous les hommes ont un cœur compatissant. Supposons qu'un groupe d'hommes aperçoive soudain un enfant qui va tomber dans un puits. Ils éprouveront tous un sentiment de crainte et de compassion. S'ils manifestent cette crainte et cette compassion, ce n'est pas pour se concilier l'amitié des parents de l'enfant, ni pour s'attirer des éloges de la part de leurs compatriotes et de leurs amis, ni pour ne pas se faire une réputation d'hommes sans cœur.

« Cet exemple nous montre que celui-là ne serait pas homme dont le cœur ne connaîtrait pas la compassion, ou n'aurait pas honte de ses fautes et horreur des fautes d'autrui, ou ne saurait rien refuser pour soi et rien céder à autrui, ou ne mettrait aucune différence entre le bien et le mal.

26 En chinois l'objet, la chose se dit dongxi 东西 Est Ouest, est sous-jacente la relation et l'idée d'alternance: aller à l'ouest, revenir à l'est. 27François Jullien Dialogue sur la morale ed. Livre de poche 1995. F Jullien Penser d'en dehors (La Chine). ed. Seuil 200028Les 4 livres: Livre IV Mencius traduction de Séraphin Couvreur. LES BELLES LETTRES, Paris. Traduit par Séraphin COUVREUR (1835-1919). La traduction est encore empreinte de la vision européenne de la Chine. Elle a un immense avantage c'est d'être numérisée et libre de droit.

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Dans la première le roi a pitié de l'animal qu'il voit et pas de celui qu'il ne voit pas. Dans la seconde l'enfant au bord du puits, on agit sans réfléchir.Ces anecdotes montrent que pour Mencius et les confucéens la morale est naturelle à l'homme. C'est le sentiment de compassion (pitié) qui rend humain. Si un homme voit un enfant au bord d'un puits il agit. S'il n'agit pas il n'est pas humain.

On est loin de la recherche européenne pour fonder une morale qui échappe à la transcendance. Tant que la morale repose sur la volonté d'une divinité on comprend pourquoi elle s'impose. Mais si on peut être d'accord sur le « tu ne tueras pas », contenu de la morale, au nom de quoi peut-on la rendre légitime, c'est à dire sur quoi la fonder. Les philosophes n'ont toujours pas de réponse satisfaisante. Ceux qui se rapprochent le plus de la position chinoise sont Rousseau et Scopenhauer, mais nous parlons de la Chine car le temps nous est compter. Ici la morale coule de source, c'est l'humanité le ren 仁 « l'homme et deux » que nous avons déjà vu.

Une remarque ce n'est pas parce que la morale est fondée que l'homme est vertueux. Nous verrons dans une prochaine intervention par quels mécanismes la Chine cherche à rendre l'homme vertueux.

7. Les personnages chinoisQuels sont les modèles que la Chine propose en exemple ? Il y a deux personnages caractéristiques de la Chine, le sage et le stratège, nous avons tous entendu parlé du sage Confucius et de l'art de la guerre de Sunzi.La grande différence avec la pensée européenne est que la personnalité est en situation. C'est le moment qui décide des options à prendre, nous y reviendrons dans une partie ultérieure. Tout choix préconçu est une limitation.

L'occident est traumatisé par le fuite du temps, l'éphémère, la peur de vieillir, « mignonne allons voir si la rose...», Chronos le dieu du temps est celui qui mange ses enfants, pourtant il y un autre approche du temps que l'on trouve dans « c'est un bon moment », on ne se demande pas combien de temps cela a duré, on échappe à la dictature du temps.

La chine vit dans le moment, Confucius dit « prendre une charge ou la quitter », on est loin des plans de carrière. C'est aussi le moment qui fait la moralité d'un acte comme le montre l'anecdote suivante:

Mencius II.II.3.Tch'enn Tchenn (disciple de MengZi) dit : Dans la principauté de Qi le roi de Qi vous a offert deux mille onces d'un or très pur; vous les avez refusées. Ensuite, dans la principauté de Song, le prince de Song vous a offert mille quatre cents onces d'or; vous les avez acceptées. Dans la principauté de Sie, le prince de Sie vous a offert mille onces d'or; vous les avez acceptées. Si précédemment vous avez bien fait de refuser, plus tard vous avez mal fait d'accepter; ou, si plus tard vous avez bien fait d'accepter, précédemment vous aviez mal fait de refuser. Maître, certainement vous avez eu tort dans l'un ou l'autre cas.

MengZi répondit :

J'ai bien agi dans les trois cas. Quand j'étais dans la principauté de Song, je me préparais à faire un long voyage. On offre toujours des présents à ceux qui partent pour un voyage. Le prince me dit : « Je vous offre des présents pour votre voyage. » Comment aurais-je refusé ? Quand j'étais dans la principauté de Sie, j'avais l'intention de me prémunir contre une attaque (et de me faire escorter par des hommes armés). Le prince me dit : « J'ai entendu dire que vous vous prémunissez. » Et il m'offrit un présent pour payer mon escorte. Comment aurais-je refusé ?

« Quand j'étais dans la principauté de Qi, je n'avais pas de dépense à faire. Offrir des présents à un homme qui n'a pas de dépense à faire, c'est l'acheter. Se pourrait-il qu'un homme sage se laissât prendre par des présents ?

● Le sage chinois sheng 聖 est, sans idées (privilégiées), sans nécessité (prédéterminée), sans position (arrêtée), sans moi (particulier )

En un mot le sage est fade comme le sont les paysages de la peinture chinoise. Mais cette fadeur lui permet de s'adapter à toutes les situations et par là d'en tirer le meilleur parti. Toute idées préconçues risquent de masquer les germes qui vont faire évoluer la situation vers de nouveaux développements.

Un court propos des Entretiens (IX, 4) de Confucius nous dit : «Les quatre choses dont le Maître était exempt : il était sans idée (privilégiée), sans nécessité (prédéterminée), sans position (arrêtée), et sans moi (particulier) ». Le sage est sans idée, non pas seulement parce qu'il n'a pas d'idées toutes faites, mais parce qu'il se

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refuse à s'engager dans une idée au détriment d'une autre. Il est sans nécessité parce qu'il ne se soumet à aucun « il faut ». Il est sans position parce qu'il ne s'ancre nulle part dans la pensée. Il est sans moi, non pas seulement parce qu'il est sans égocentrisme, mais parce que rien ne peut caractériser sa pensée, parce qu'il est l'homme sans qualités. La formule se lit en boucle : parce qu'il est sans moi constitué, le sage est sans idée arrêtée. Quand on demande qui est Confucius, il n'y a rien à répondre. Quand on lui demande s'il est intransigeant ou s'il est accommodant, il répond : « il n'y a rien que je puisse ou que je ne puisse pas » (Entretiens, XVIII, 4). Il est dit dans un autre passage : « L'homme de bien, dans le monde, ne se braque ni pour ni contre, mais incline vers ce qu'exige la situation » (Entretiens, IV, 10). Le sage préserve sa capacité d'évoluer d'un bout à l'autre de lui-même en fonction de la situation. François Jullien.

● Le stratège La stratégie: la bataille se gagne en amont dans la modification du cours des choses. Inutile de détruire l'ennemi, gardez-le intact, faites-le basculer de votre coté; plutôt que de l'affronter brutalement, cherchez à l'infléchir en douceur, et même sans qu'il s'en aperçoive. Si on force on suscite de la résistance. La vertu morale est aussi une force29. La vertu c'est l'amont le plus en amont de la stratégie si le prince est vertueux il est inattaquable.Il n'y pas de héros héroïque dans la Chine classique,

Le héros indo-européen est celui qui force la situation: Gilgamesh, Alexandre le grand, Bonaparte au pont d'Arcole, Roland à Roncevaux, Jeanne d'Arc, D'artagnan. Ce qui est inconcevable en Chine.

Malgré tout il y des batailles pour y faire face on recourt à des stratagèmes, il y en 36 qui couvrent toutes les batailles possibles, les batailles déjà gagnées, les batailles indécises, pour les batailles offensives, les batailles à partis multiples, les batailles d'union et d'annexion, pour les batailles presque perdues. Six types de batailles et 6 stratagèmes par type cela fait 36

✗ Faire du bruit à l'ouest pour attaquer à l'est. Utilisé en négociation commerciale, focaliser le débat sur un point secondaire et céder sur ce point au dernier moment, pour obtenir un gain sur un point qui nous importe.

✗ Injurier l'acacia en désignant le mûrier : S'attaquer à un sous-fifre pour donner un coup de semonce.✗ Le 36ème si tous les autres ont échoué il reste la fuite. ... et je crois que c'est l'heure de conclure

Conclusion Avant de conclure je voudrais lire avec vous « l'éducation de Mencius » encore appelé MengZi :

Dans l'Histoire des Femmes Célèbres, Liou Hiang dit: «La mère de MengZi habitait près d'un cimetière. MangZi encore enfant allait au milieu des

tombes, et imitait par amusement les cérémonies et les lamentations qui s'y faisaient. Sa mère se dit: « Ce n'est pas un endroit convenable pour la demeure de mon fils. »

Elle alla demeurer auprès d'un lieu de marché. Son fils imita par jeu les marchands qui criaient et vendaient leurs marchandises. Elle se dit encore : « Ce n'est pas un endroit convenable pour la demeure de mon fils. » Elle changea de nouveau,

et alla demeurer auprès d'une école. Son fils imita par jeu les écoliers qui apprenaient à disposer les supports et les vases de bois pour les offrandes, à saluer, à témoigner du respect, à se présenter et à se retirer avec politesse. Elle se dit : « Cet endroit est vraiment convenable pour la demeure de mon fils. » Elle s'y fixa.

« Lorsqu'il commença à étudier, un jour qu'il revenait de l'école, elle lui demanda où en étaient ses études. Voyant qu'il s'abandonnait à la paresse, elle prit un couteau, brisa son métier à tisser, et dit : « Mon fils traite ses études comme je traite mon métier à tisser. » MangZi, plein de crainte, se mit à étudier avec ardeur et sans relâche du matin au soir. »

On trouve dans ce passage toute l'importance de l'éducation si l'homme est naturellement bon il faut le maintenir dans le droit chemin. Et la manière de faire passer un message,de biais, mais avec force briser un tissage cela peut anéantir plusieurs semaines de travail.

29 voir en français en vertu de la loi, la vertu curative d'une plante

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A la fin de cette première approche nous avons relevé les différences fondamentales suivantes entre la pensée chinoise et la pensée européenne :

➢ Pas de verbe être donc pas de logique du type ceci est vrai ceci est faux. ➢ Pas de sujet constitué, donc pas de « Je suis donc Je pense » ➢ Pas de dualisme, le corps est la totalité de l'être, donc pas d'immortalité après la disparition du corps. ➢ La vie comme processus alimenté par un souffle vital, avec une alternance de phases Yin et Yang. ➢ Le rapport Ciel/Terre n'est pas causal. Il y a une interaction latent/manifeste.➢ Il n'y a pas d'origine au temps mais une alternance spiralé autour d'un centre. L'origine de l'univers est une non

question.➢ La morale est innée à l'homme. C'est ce qui rend l'homme humain. Aucune nécessité de transcendance

( monde des Idées ou Dieu. .. )➢ L'homme ne se pense pas en dehors de la nature, la vie est un processus, quel universel peut-il y avoir hors la

nature ?➢ La pensée occidentale est Logos, la pensée chinoise processus. François Jullien dirait création et procès, nous

aurons l'occasion d'y revenir.➢ Une pensée chinoise sans être, sans Dieu, sans Liberté.

Je voudrais terminer cette introduction par une citation de Léon Vandermeersch30 dans la Voie Royale:«Si la pensée grecque est empreinte de l'esprit du potier, lequel travaille la masse amorphe de l'argile rendue d'abord parfaitement malléable puis tournée entièrement à l'idée de l'artisan, nous avons vu que la pensée chinoise est marquée par l'esprit du lapidaire, lequel fait l'expérience de la résistance du jade et emploie tout son art seulement à tirer parti du sens des strates de la matière brute pour dégager de celle-ci la forme qui y préexistait et dont nul ne pouvait avoir l'idée avant de la découvrir»

Orléans le 06/01/07 Bernard Castiglioni Sommaire

annexe 131 origine de quelques de sinogrammes :

30Léon Vandermeersch, né en 1928, est sinologue et professeur émérite à l'école pratique des hautes études. 31Extrait de : Caractères Chinois par Edoardo Fazzioli Flammarion 1987

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Une approche de la pensée chinoise 2 Le Confucianisme ou comment maintenir l'homme vertueux?

A – Un survol historique du point de vue de la pensée chinoiseJe ferai un survol des dynasties en essayant de montrer les évolutions significatives dans la pensée chinoise.

Ce sera une vision complémentaire à celle développée par Michel Armand. Puis nous verrons le mécanisme des rites.

1-La dynastie des Shang -1700/-1027Animisme, culte des ancêtres et Seigneur d'en hautOn a une société animiste, qui pratique l'exogamie entre villages voisins. Les villages échangent les fils et les filles, qui servent à renforcer les liens (otages?). L'apparentement passe par le nom.La vie agraire est marquée par les grandes fêtes de printemps et d'automne, moment des mariages. Le Dieu du sol est honoré dans un lieu sacré. Au bord de la rivière les filles sont du coté sud face au nord le coté à l'ombre le côté Yin, les garçons sont du côté nord face au sud, le coté éclairé, le côté Yang.La ville est sous la domination d'un chef qui est l'officiant du culte l'ancêtre fondateur de la ville. Il est le seul à pouvoir rendre ce culte. Pour que le rite fonctionne il faut le Yang et le Yin, donc le mariage du chef est le gage de la réussite des sacrifices. Le roi seul sacrifie au seigneur d'en haut Shandi son ancêtre.

La vie sous les ShangLe mariage et le clan territorial

Selon un adage chinois, le principe de la séparation des sexes est le fondement de l'exogamie. De tout temps en Chine les jeunes gens n'ont pu s'unir qu'à condition d'appartenir à des familles différentes. Plus encore qu'à fonder un ménage, le mariage sert à rapprocher des familles. Ce rapprochement s'obtient à l'aide de rites diplomatiques. Il faut employer un héraut. La règle d'exogamie a une portée domestique; elle a aussi une portée territoriale. Elle interdit le mariage aux jeunes gens nés dans le même hameau. Dès qu'il entre en ménage, l'un des conjoints, abandonnant sa famille, va vivre dans un village étranger. Unis par la communauté de nom, ils formaient une parenté. Une vieille tradition prétend qu'entre l'habitat et le nom devait exister une espèce de consonance . Marqués par l'emblème du nom, que tous peuvent posséder intégralement, uniformément identifiés au champ héréditaire dont tous tirent constamment les mêmes principes communiels, les membres du clan territorial forment un groupe indivis et singulièrement homogène. Seuls l'âge et la différence des générations apportent un élément de distinction. Pour la famille (utérine ou agnatique32) qui les reçoit, les gendres ou les brus sont comme les gages toujours renouvelés d'un pacte anciennement conclu. Ils sont des otages. Leur présence atteste des solidarités séculaires. Aux temps féodaux, un même mot servit à désigner les rites de l'ambassade et ceux de l'alliance matrimoniale...Les fêtes de printemps et d'automne•Hommes et femmes se relayent au travail, mais les uns et les autres changent ensemble de genre de vie. Ils en changent au début et à la fin de l'année agricole. Ce sont, dans les plaines de la vieille Chine, deux moments bien marqués. Citadins et paysansLa ville seigneuriale est l'héritière du Lieu-saint. Le Chef est le double d'une puissance sacrée qui, d'abord impersonnelle, méritait la vénération d'une communauté. Réalisée par la suite sous l'aspect d'un ancêtre, elle reçut le culte d'un groupe hiérarchisé.Le Yin et le YangDe sa ville et par de simples proclamations mensuelles, le Chef, maître du calendrier, détermine cette collaboration des hommes et de la nature que réalisaient jadis les noces équinoxiales des Lieux-saints. Telle est la théorie rituelle. Mais les Rites affirment, d'autre part, que la plus grande affaire de l'État est le mariage du Prince. L'ordre du monde et de la société en dépendent. L'univers est déréglé dès qu'entre le roi et la reine l'union n'est point parfaite. Si l'un ou l'autre outrepasse ses droits, la Lune ou le Soleil s'éclipse. « Le Fils du Ciel dirige l'action du principe masculin (Yang), sa femme celle du principe féminin (Yin) » Leur bonne entente est indispensable. Un roi n'est rien sans sa reine, un seigneur n'est rien sans sa dame. Les sacrifices ne sont valables que s'ils sont célébrés par un couple d'époux...Le culte des ancêtresMais, si un chef de culte doit être propre, un ancêtre futur doit être bien nourri. Le premier devoir de la piété filiale est de veiller à la nourriture qui enrichit la substance des parents. Un bon fils, a dit Tseng tseu, « pourvoit à ce que rien ne manque dans la chambre à coucher des parents (c'est surtout quand on est vieux et frileux qu'on ne peut dormir seul) et leur fournit la nourriture et la boisson avec une affection sincère »In Marcel GRANET — La civilisation chinoise

2-La dynastie des Zhou -1100/-711Le mandat du cielQuand les Zhou renversent les Shang, ils remplacent aussi Shandi le seigneur d'en haut, par Tian le Ciel. Il dégage la notion de mandat du ciel, donné par le Ciel mais qui peut aussi être repris par lui. La transmission peut donc concerner un autre lignage.

32Descendance par les mâles

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Ce mandat du ciel restera le fondement des diverses dynasties chinoises. On remarquera que l'aménagement de l'univers est aussi et surtout un aménagement de l'espace humain: ordre social (Terre) et ordre cosmique (Ciel) se rejoignent. Toutes les choses, composés variables des cinq éléments (wuxing): le feu, l'eau, le bois, le métal et la terre, se partagent la force cosmique, l'énergie vitale (qi) qui, par son ambivalence négative et positive (yin yang), les maintient en continuelle évolution cyclique. On peut noter que l'on passe d'un Dieu personnel à une entité impersonnelle. Dans notre civilisation européenne c'est entre autre l'existence d'un Dieu transcendant qui à permis l'émergence du « Je » sujet et aussi de la liberté comme nous l'avons vu. On commence à comprendre pourquoi le Chine classique ne dégage pas ces notions.

Le Ciel ne fait rien et les saisons se déroulent normalement, le printemps succède à l'hiver, l'été au printemps et l'automne à l'été. Ici contrairement à l'Europe pas de Verbe (Logos) « Dieu dit que la terre soit et le terre fut . ..». Pas de révélation le Ciel ne parle pas et n'agit pas.

Un texte du Tai hio, traité attribué au petit-fils de Confucius ou à l'un des disciples du Sage, contient la substance de la philosophie chinoise du gouvernement :

« Les anciens Rois qui désiraient faire resplendir le Dao (l'Efficace) dans l'empire commençaient par bien gouverner leur domaine ; désirant bien gouverner leur domaine, ils commençaient par mettre de l'ordre dans leurs familles ; désirant mettre de l'ordre dans leurs familles, ils commençaient par se cultiver eux-mêmes ; désirant se cultiver eux-mêmes, ils commençaient par rendre conforme aux règles leur vouloir (leur coeur) ; désirant rendre leur vouloir conforme aux règles, ils commençaient par rendre sincères leurs sentiments ; désirant rendre sincères leurs sentiments, ils commençaient par pousser au plus haut degré leur sagesse.— Pousser sa sagesse au plus haut degré, c'est scruter les êtres. Quand ils avaient scruté les êtres, leur sagesse était poussée au plus haut degré ; quand leur sagesse était poussée au plus haut degré,leurs sentiments étaient sincères ; quand leurs sentiments étaient sincères, leur vouloir était conforme aux règles ; quand leur vouloir était conforme aux règles, eux-mêmes étaient cultivés ; quand eux-mêmes étaient cultivés, leurs familles étaient en ordre ; quand leurs familles étaient en ordre, leur domaine était bien gouverné ; quand leur domaine était bien gouverné, l'empire jouissait de la Grande Paix.— Depuis le Fils du Ciel jusqu'aux gens du peuple, tout le monde doit avoir pour principe : cultiver sa personne. » Ce texte nous montre que tout est lié, de l'humain au cosmique il faut mettre en ordre. Le Ciel étant le garant que la nature fera sa part de collaboration à l'harmonie, en évitant les inondations, et en assurant le bon déroulement des saisons.

3- Printemps Automne -721/-481 Les royaumes combattants -403/-221Le corpus canoniqueLe premier livre connu est le livre des mutations, dont nous reparlerons plus tard. Il se présente sous la forme de baguettes de bambou large de 1 ou 2 cm reliées par des cordelettes, l'écriture se trace verticalement, imaginer le travail des archéologues pour remettre de l'ordre dans des lamelles de bambou éparpillées dans une tombe.Le corpus des livres canoniques a été mis en ordre par Confucius, et arrêté sous les Hans.

Le corpus qui comprend les 5 classiques33 n'a aucun fondement religieux. La révélation à laquelle il se rapporte est humaine, elle est le fruit de l'insigne sagesse des premiers rois de l'antiquité, armés des techniques quasi scientifiques de la divination, sur les os puis les carapaces de tortues, elles mêmes mises au point par la science de ces sages rois, développée à partir de l'observation et de l'analyse des mécanismes de fonctionnement de l'univers.Ces textes traitent de l'harmonie de la société et de sa bonne intégration à l'univers tout entier, à partir d'une d'une conception de l'homme et du monde, d'une construction des valeurs et de la morale, d'une organisation des institutions et de l'économie, qui forment la tradition chinoise lettrée.On constate que le livre des rites et premier par rapport au code pénal, en Chine le droit est second par rapport aux rites. Quelques date de code civil et pénal.Espace Indo-Européen:2050 avant JC : le code d'Ur-Nammu. Premier code juridique écrit connu, il s'appuyait sur un système où les témoins déposaient sous serment devant des juges professionnels, qui pouvaient ordonner au coupable de verser des indemnités à la victime.1700 avant JC : le code d'Hammourabi. L'expression "œil pour œil" symbolise son principe de base.Europe621 avant JC : les lois de Dracon. Le Grec Dracon fut chargé de rédiger un code juridique pour Athènes450 avant JC : les Douze Tables. Ces lois, pour gouverner les Romains, constituent la base d'une grande partie du droit moderne.La chine sur un chemin différent les codes sont uniquement pénaux

33Le livre des odes, le livre des documents, le livre des mutations, le livre des rites, les annales des printemps et des automnes. Ils sont la matière des examens mandarinaux.

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350 avant JC : le code chinois de Li Kui. Premier code impérial chinois traitant du vol, du brigandage, de la prison, de l'arrestation et de règles générales, il a servi de modèle au code Tang.653 : le code Tang. Il dresse la liste des crimes et de leurs sanctions en 501 articles, Vers un droit modernisé1911 un code privé en 1949 abolition de toutes les codes sans les remplacer, sauf pour le mariage pour libérer la femme. juin 1979 code pénal et code de procédure pénale.

4- Le premier empereur -221/-207Pendant les royaumes combattant, l'école des légistes préconise l'abandon de rites et l'application à tous d'une loi pénale rendue plus efficace par l'aggravation de la sévérité des châtiments. C'est le régime draconien qui fut appliqué à toute le Chine pendant la première dynastie impériale. Avec un autodafé de tous les livres sauf celui des mutations.

5 - Les Hans -207/+220Les Hans abolissent la loi pénale des Qin et la remplace par un code limité aux infraction graves. Comment les documents ont-ils survécus à l'autodafé ? Par la mémorisation, le régne du premier empereur a été bref. On apprenait par coeur des oeuvres entières.Le mécanisme de rites est remis en marche, et touche toute la société par la diffusion du culte des ancêtres, qui était réservé aux nobles jusqu'alors.Toutes les dynasties depuis ce temps ont eu un ministère des rites et un ministère des châtiments.

B- Les rites (li 禮)1-Que représentent les rites pour les chinois34 ?Le rite li ressemble à une pratique cultuelle, avec un célébrant mais pas de prêtre. ➢ Le rite acte purement formel, constitue une forme vide dans laquelle il suffit de couler pour ainsi dire les conduites

réelles, pour que celles-ci ipso facto soit dirigées dans le bon sens. Suivant un jeu de mot relevé dans le Livre des Mutations sur le sens de li, « le rite li est la chaussure li de la conduite morale, il fait marcher vers le bien sans entorse ».

➢ Les rites se manifestent à travers des cérémonies qui représentent les exemples symboliques de comportement à observer dans toutes les circonstances de la vie, pour chaque membre du corps social.

➢ Le rite pour être efficace suppose que son accomplissement soit sincère. Le rite « agit de l'extérieur vers l'intérieur ». On rejoint le notion de face. Ce sentiment de face en intériorisant en honte les manquements aux rites, ouvre le voie à leur accomplissement sincère. C'est le ressort de l'efficacité du rite, qui repose sur un contrôle social intériorisé, la peur du quand dira-t-on.

➢ Les rites transforment les participants, en le prédisposant à agir spontanément dans le sens de l'ordre social.

« Quand on guide le peuple vers la voie par les moyens de la force publique et en régulant ses actes par la loi, il trouve des échappatoires sans être retenu par la honte; quand on le guide vers la voie par l'exemple de la vertu et en régulant ses actes par les rites, il est retenu par la honte et se conforme aux principes » Confucius Entretiens ch2.

Rôles des rites ou règlesLes rites servent à former l'homme. Elles le conduisent à la plus grande perfection. La plus grande perfection c'est la vertu à son plus haut degré. A l'aide des règles, l'homme corrige ses défauts et développe ses bonnes qualités. Au repos, il est irréprochable; dans l'action, rien ne l'arrête. Les rites sont à l'homme ce que l'écorce est au bambou mince, ce que le cœur est au pin ou au cyprès. Ces deux genres de plantes sont les plus remarquables qui existent dans l'univers. Elles traversent les quatre saisons sans changer de branches ni de feuilles. Ainsi le sage observe les règles; et au dehors les étrangers sont en bonne intelligence avec lui, dans sa famille aucun de ses parents ne se plaint de lui. Chacun admire et imite sa bonté, et les esprits aiment sa vertu (ou agréent ses offrandes). LiJi Ch 47 §1

2-Les divers rites Les cérémonies codifiées, mettent en jeu les comportements codifiés comme modèles➢ les rites fastes: toutes les liturgies sacrificielles, dont le culte des ancêtres➢ les rites néfastes : tous les rituels funéraires➢ les rites d'hospitalités : les protocoles d'audiences et de visites diverses➢ les rites militaires: la guerre, la chasse, l'exécution des hautes oeuvres➢ les rites joyeux : tous les cérémonials qui entoure les événements familiaux et sociaux.

De cette énumération on peut déduire qu'aucun domaine de la vie sociale n'échappe au rites

34In le fait religieux : Le Confucianisme Léon Vandermeersch

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Avec un plus âgé :1. Quand vous allez consulter un homme plus âgé que vous ou plus élevé en dignité, vous devez le suivre en lui portant

son escabeau et son bâton. S'il vous interroge à son tour, et que vous lui répondiez aussitôt sans vous excuser modestement (en avouant votre ignorance), vous manquez aux convenances. Liji Ch2 §1

Père et fils 2. Pour tous les fils de famille, la règle est de chauffer le lit de leurs parents en hiver, de le rafraîchir en été, de

disposer la literie le soir, de saluer leurs parents le matin, et d'éviter les querelles avec leurs compagnons et leurs égaux. Liji Ch2 §2

Avec un invité27. Toutes les fois que (le maître de la maison) entre chez lui avec un étranger, à chaque porte il l'invite à entrer le

premier. Quand l'étranger est arrivé à la porte de la cour qui est devant les appartements particuliers (où le repas doit avoir lieu), le maître de la maison demande la permission d'entrer le premier et de disposer les nattes. Ensuite il revient inviter l'étranger à entrer. Celui-ci refuse plusieurs fois (d'entrer le premier). Le maître de la maison salue profondément l'étranger et entre le premier, (ou bien, introduit l'étranger, et ils entrent tous deux) Liji Ch2 §2730. Le maître de la maison et l'étranger s'invitent l'un l'autre à monter. (Enfin) le maître de la maison monte le premier; l'étranger le suit immédiatement; (à mesure que le maître de la maison monte un degré, l'étranger en monte un immédiatement après): Sur chacun des degrés qu'ils montent, ils posent les deux pieds; c'est toujours le même pied qui suit l'autre en montant. Le maître de la maison, qui monte à l'est, part du pied droit; l'étranger, qui monte à l'ouest, part du pied gauche. Liji Ch2 §30

3-Qui officie ?Il y a beaucoup d'auxiliaires spécialistes, (devins- exorcistes- invocateurs. ..) autour du célébrant car celui-ci est soit l'empereur pour les grands rites, soit le chef ce famille pour les autres rites, l'officiant est donc un non spécialiste. Il n'y a pas de corps sacerdotal constitué35. Donc il n'y pas d'élaboration d'une théologie. 4-Le rôle des rites :36

● D'après Confucius : les rites c'est ce qui mets de l'ordre dans ce que l'on fait:« Quand l'homme de bien agit suivant les rites il ne manque pas de le faire suivant l'ordre qu'il faut. Sans rite il n'y aurait plus de distinction entre jeunes et vieux, plus de bonnes relation entre les différentes branches des parentés par le sang et par alliance, plus de hiérarchie dans l'administration gouvernementale, plus de discipline dans la chasse et les exercices militaires, plus de modèles dans la fabrication des ustensiles, on mangerait sans se soucier de ce qui convient à la saison, la musique serait déréglée, les voitures ne serait plus adaptées aux voies de circulation, le deuil ne serait plus accordé aux différents degrés d'affection, les décisions politiques ne serait plus pesées selon les attaches politiques de leur auteurs, les affaires de l'état ne serait plus gérées, les intérêts personnels serait placés au-dessus de tout, d'une manière générale le sens du devoir serait perdu dans toutes les activités sociales et donc il ne resterait aucun principe qui permette de faire régner l'ordre social entre tous... ». On retrouve dans cette énumération les différents rites cités plus haut. ● La musique fait partie intégrante des ritesMusique15. La musique établit la conformité (des sentiments), les cérémonies maintiennent la différence (des rangs et des

conditions). La conformité (des sentiments) produit l'affection mutuelle ; la différence (des rangs et des conditions) engendre le respect. Lorsque la musique l'emporte sur les cérémonies, chacun suit le courant (par une lâche complaisance) ; lorsque les cérémonies l'emportent sur la musique, on se désunit. Les cérémonies et la musique ont pour effets la conformité des sentiments et leur élégante manifestation à l'extérieur.

16. Lorsque les cérémonies maintiennent l'ordre et la justice, les divers degrés de noblesse et de dignité sont observés. Lorsque la musique entretient l'harmonie des sentiments, les grands et les petits sont d'accord. Lorsque, (grâce aux cérémonies et à la musique), on distingue clairement ce qu'il faut aimer de ce qu'il faut haïr, il est facile de discerner les bons des méchants. Lorsque la violence est réprimée par les châtiments et la vertu élevée aux honneurs, le gouvernement est impartial. Si, de plus, le prince montre sa bonté en aimant ses sujets, et sa justice en les corrigeant, le gouvernement du peuple est en bonne voie. Liji Ch 27-I §15-16

6-Quelle différence entre rite et système juridique:Dans le deux cas il s'agit de montages de formes qui appliqués aux actes des personnes moulent ces actes dans des modèles qui ne leur laisse de jeu que dans la cadre de l'ordre social déterminé par les institutions. La formalisation est dans les deux cas le détour qui permet d'objectiver la volonté des acteurs sociaux pour pouvoir la placer sous l'emprise des règles institutionnelles, lesquelles sont des règles objectives, ce qui les distingues des règles purement morales.

35Nous parlerons des Taoïstes plus tard.36Je dois beaucoup pour ce passage à Léon Vandermeersch Conférence disponible sur internet.

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Entre les rites et le droit le différence est que si la forme juridique est conçue pour s'appliquer à l'acte37, au moment où cet acte s'accomplit sur un objet réel, la forme rituelle elle est conçue pour s'appliquer à des comportements qui n'ont pas d'autres objets que leur forme elle même38. La forme juridique est la forme d'un acte effectif alors que la forme rituelle est une forme d'une forme d'acte.

7-Comment ce mécanisme rituel de pure forme peut-il agir?Les pièces principales sont les rites canoniques i.e. des cérémonies codifiées qui sont mise en place pour toutes circonstances de la vie pour mettre en évidence les comportements exprimant les principes de l'ordre social.Sur le modèle de rites canoniques étaient calqués pour la vie courante les rites circonstanciels i.e. des formes de comportement qui s'appliquaient à toutes les pratiques de la vie. Toute la philosophie des rites revient à ceci que le moule de la bonne conduite s'il est suffisamment renforcé par la pratique bien suivie de toutes les cérémonies codifiées empêche les mauvaises actions. Intériorisation de la bonne conduite que les rites figurent extérieurement.Dans les rites comme dans les actes juridiques il faut une intention sincère, si l'intention fait défaut39, l'acte rituel comme l'acte juridique est sans effet. C'est l'origine religieuse du rite (Li au début c'est la libation des cérémonies animistes) qui lui donne sa force opérationnelle sociale, de transformation du participant, en agissant de l'extérieur vers l'intérieur.Mais l'aspect transcendant est gommé, la chine ne retient de la ritualité que la finalité sociale. L'évolution des rites n'a pas entraîné comme dans le cas du droit leur laïcisation40. Les rites n'agissent pas seulement sur la psychologie de celui qui les observent. Plus la société est ritualisée plus s'exerce sur chacun une forte pression sociale dans le sens de l'observance des rites. L'extériorisation de la forme de tous les rapport sociaux donne une très forte prégnance au sens de la honte autrement dit au sentiment de la face de la personnalité sociale. Sentiment de la face qui est si caractéristique des sociétés confucianisées.

Ainsi si le ressort du droit juridique est l'intérêt canalisé en droit subjectif, le ressort du ritualisme est la pression sociale qui s'exerce à travers la crainte de perdre la face.

Le respect que l'on inspire est fonction du respect que l'on témoigne et c'est en respectant la dignité d'autrui que l'on acquière sa propre dignité. Mais la pression sociale même dans un état ritualisée ne suffit pas a empêcher que se commette aucun acte contraire à l'ordre social. De tels actes ont toujours été sanctionnés en chine par la loi pénale. « Les rites sanctionnent par avance, la loi sanctionne par après » « Quand on a perdu le sens des rites, on tombe sous l'emprise des châtiments » En Chine la loi pénale censée avoir été crée pour sanctionner les barbares, est appliquée au peuple inaccessible à l'intelligence des rites, mais aussi aux membres de l'aristocratie dont les méfaits constituent une forfaiture par rapport à l'ordre rituel.41

C- Les relations économiques échappent au double mécanisme rituel et pénal.

Dans la Chine antique où les relation économiques sont rudimentaires, les rapports féodaux très ritualisés suffisent à réguler l'économie.L'apparition d'une économie développée nécessite la mise en place de règles pour réguler cette économie. Du simple fait du développement des règles coutumières sans intervention de l'état, si ce n'est marginalement au plan fiscal et au plan pénal, s'est constitué en Chine en dehors de rites un véritable droit privé qui n'en avait pas le nom, ce droit a des particularité liées à l'histoire de l'économie chinois. La propriété privée des terre apparaît tardivement IVè siècle av. JC, la redistribution des terres aux paysans se maintient jusqu'à l'époque des Tang (VIII s) le droit de propriété sur la terre n'a jamais eu le caractère absolu qu'il a acquis très tôt en occident. La propriété est feuilletée entre la propriétaire du fond et le propriétaire de la surface. Le second paye un loyer au premier, mais chacun ayant la pleine propriété peut revendre sans l'accord de l'autre42. Dans les transactions immobilière il y a toujours un tiers garant du bon déroulement de la transaction, peut-être pour parer à l'absence le législation publique.Le fondement de cet régulation économique est le contrat, qui suppose l'égalité des co-contractant, ce qui explique qu'il n'a jamais été digne d'être ritualisé comme instrument de l'ordre social. 37Acte de transmettre un bien, acte d'épouser, 38Le comportement du fils devant son père, de l'époux devant l'épouse, du maître de maison devant son hôte. ..39 signature sous contrainte, dans le domaine juridique 40Le temple du ciel construit en 1420, a été reconstruit en 189041 Les premiers codes pénaux ont scandalisé les lettrés, dont Confucius. 42A Londres la propriété du terrain est dissociée de la propriété de l'immeuble. Le bail du terrain est 99 ans. Voir Hong Kong

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En Europe le droit a été élevé d'autant plus haut dans l'idéologie socio-politique que le rejet de la conception théologique de la légitimité du pouvoir a conduit à rechercher dans le contrat social la clé de voûte de la construction de la société. Le droit qui culmine avec les droits de l'homme est devenu le fondement de l'état. En Chine le contrat étant le propre des marchands, traditionnellement placés tout en bas de l'échelle, ne peut fonder les relations sociales. La culture rituelle restée prévalente jusqu'à la fin de l'ancien régime, est une culture ou les relations sociales ont pour modèles les relations de parenté. Ces relations sont fondée non pas sur l'égalité des co-contractant, mais sur le respect mutuel entre personnes de la même famille.

contrat : On a retrouvé des exemplaires de contrats dans les oasis de la route de la soie, voici le résumé d'un contrat. Un marchand emprunte des coupons de soie (grosses coupures) à un monastère de Duhang pour aller chercher du

coton à Torfou. Les intérêts seront payés dès le retour de Torfou en coton. Le capital sera remboursé un mois plus tard ( il faut laisser au marchand le temps de vendre sa marchandise ). Le frère du marchand est garant du capital, un témoin appose sa signature.

ConclusionNous sommes assez avancé dans l'histoire de la chine pour dégager l'armature de la société chinoise :✗ la garantie morale d'un minimum de subsistance (différentes réformes agraires : royaumes combattants Han

Tang)✗ l'expression des relations interpersonnelles suivant le culte des ancêtres. (Zhou et Shang. ...)✗ le recrutement des fonctionnaires par les concours mandarinaux. (Han, Tang, Song)✗ les rites et le sentiment de la face

on constate que le droit est absent de cette énumération.

➢ Nous sommes en présence d'une civilisation qui n'a pas connu l'existence d'un droit civil constitué. Sur ce plan la Chine a suivi un chemin différent de celui de l'Europe qui depuis les lois de Dracon en passant par le droit romain en a fait un fondement de ses rapports interpersonnels. La Chine a trouvé dans les rites et la notion de face un moyen de régulation sociale qui a fonctionné jusqu'en 1912, et qui est encore visible maintenant.

➢ Le droit pénal s'applique quand les rites sont défaillants, et aux barbares qui n'ont pas de rites.○ Le droit des marchands est un droit parallèle qui suppose un tiers de confiance.

➢ Le mandat du ciel est universel. La Chine a toujours considéré ses rapports avec les autres états dans les termes de tribut jamais d'égalité. Il faut lire l'entrevue de Lord Macartney 43et du fils du ciel, le 14 septembre 1793 pour comprendre la différence de point de vue. L'ambassadeur échappe de peu à la triple prosternation.

➢ L'empereur recherche l'Harmonie universelle ( ordre dans la nature et l'empire), thème qui est encore d'actualité, aussi bien en politique intérieure qu'extérieure.

Bernard Castiglioni07/01/07

Sommaire

43Alain Peyrefitte L'empire immobile Fayard 1989

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Une approche de la pensée chinoise 3 Les autres pensées

Il faut faire des choix en si peu de temps je ne parlerai pas de MOZI le logicien,ni des légistes44 du premier empereur qui pratiquaient la tolérance zéro,ni des nominalistes pour qui « cheval blanc n'est pas cheval ». Pour en savoir plus voir « Histoire de la pensée chinoise » de Anne Cheng – 1997 Seuil

Je ne parlerai pas de l'importance des nombres dans la pensée chinoise : cinq éléments,cinq vertus, cinq instructions, cinq influences atmosphériques, cinq félicités, cinq sortes de deuils, cinq céréales, cinq métaux, cinq couleurs, cinq sons, cinq planètes, les cinq procédés de taxation des Song, les cinq lacs, les cinq livres canoniques, les cinq hégémons, les deux séries de cinq dynasties (avant et après les Tang), etc . Les huit trigrammes, les neuf palais où se déplace les trigrammes, les dix troncs terrestres les douze branches célestes, la combinaison des deux derniers donnant le calendrier sexagésimal.

Le taoïsme, les apports du Bouddhisme, et un retour au livre des mutations

1-Le taoïsme

1-1 les sources :Lao Zi 老子 VIè siècle avant JC. Il aurait écrit avant de se retirer dans les montagnes de l'ouest le Dao45 de Jing, le traité de la voie et de la vertu. On a retrouvé des oeuvres de son disciple Zhuangzi ( 380-280?), qui a vécu pendant les royaumes combattants. Le taoïsme a toujours été depuis l'empereur WU des Hans (141-87 av. JC), tenu hors du pouvoir et des fonctionnaires, entièrement confucianisés. Le mouvement taoïste prend de la vigueur avec la secte du maître céleste vers 142. 1-2 Doctrine, le dao : Au début est le vide ( le chaos) puis le Dao, puis l'un et le deux puis les dix mille être.L'homme est un conglomérat d'énergie. La maîtrise du Qi (l'énergie) est à la base de toute la pratique Taoïste, elle a conditionné la médecine chinoise, acupuncture et phytothérapie, le but étant de permettre la circulation de l'énergie dans le corps, on y trouve aussi l'origine des arts martiaux. La maîtrise des désirs permet d'éviter de déséquilibrer les énergies du corps, et donc de durer indéfiniment. Car le but de la vie pour un taoïste est d'atteindre l'immortalité du corps puisqu'il n'y a pas d'âme.On peut distinguer trois courant principaux :● le courant plus philosophique et mystique de Laozi ; ● le courant thérapeutique en quête de santé et de longévité, tourné vers la géomancie et les secrets de la nature, vers

l'art divinatoire des chamanes et des astrologues, vers les prodiges des magiciens et des alchimistes ;● le courant naturaliste, anarchiste et apolitique de Yang-zhu (440-360 avant J.C.), victime dans l'histoire chinoise du

jugement injuste du plus grand disciple de Confucius, Mencius, qui a fait de lui le promoteur d'un hédonisme débridé.

Au premier siècle de notre ère se produit le fait principal de l'histoire du taoïsme, son organisation en deux "Eglises" ayant chacune sa structure, sa hiérarchie, son propre rituel pour exprimer le repentir, le jeûne, la réconciliation, le renouveau..., en dépit de leurs désaccords avec le pouvoir impérial pour conquérir leur propre espace géographique. Apparaissent une "Eglise" de l'ouest dans le Sichuan et dans le Shaanxi et une "Eglise" de l'est dans le Shandong.

les huit immortels taoïstes• Zhongli Quan, est souvent représenté grassouillet, la robe échancrée sur un ventre nu. On le reconnaît à l'éventail qui

lui sert à ranimer les âmes des morts.• Li Tieguai à la Béquille de Fer, représenté avec un bâton et une calebasse, était un mendiant très habile en

connaissances magiques taoïstes. Il est le patron des pharmaciens. C' était un ascète qui fut instruit par Laozi lui-même; il était capable d'envoyer son âme hors de son corps dans des voyages qui duraient plusieurs jours. Une fois qu'il était ainsi parti en recommandant à son disciple de garder son corps, six jours et de le brûler le septième s'il n'était revenu, le disciple, apprenant soudain que sa mère était malade, brûla le corps avant la date fixée, et, quand l'âme revint, il lui fallut en chercher un autre: il ne trouva que celui d'un vieux mendiant laid et infirme qui venait de mourir de froid et dut s'en contenter.

• Lan Caihe, homme ou femme, selon les croyances, vécut sous les Tang. Il/elle déambule dans les rues en chantant à tue-tête, vêtu d'une robe bleue et d'une seule chaussure. Il/elle porte toujours un panier de fleurs.

• He Xiangu, fille de commerçant, aurait vécu au VIIe siècle (Tang). Une pêche la rendit Immortelle. Elle vécut en ermite, cachée dans les montagnes, se nourrissant de nacre et des rayons de lune. Menacée par un démon, elle fut sauvée par Lü Dongbin. He Xiangu disparut lorsque l'impératrice Wu Zetian la convoqua à sa cour. Elle est représentée une fleur de lotus à la main.

44Déjà vu avec Michel Armand45Dao ou Tao la voie,ou le mise en chemin

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• Lü Dongbin, futur fonctionnaire, renonça à la carrière après un rêve qui lui en montra toutes les futilités. Son attribut est une épée dont Zhongli Quan lui apprit le maniement.

• Han Xiangzi, neveu du lettré Han Yu (768-824), vécut auIXe siècle sous les Tang. Son maître fut Lü Dongbin. Il l'initia en l'obligeant à monter dans un pêcher. Han Xiangzi tomba… et c'est ainsi qu'il devint immortel. Il ne se sépare jamais de sa flûte. Il est le patron des musiciens.

• Zhang Guolao, se déplaçait sur un âne blanc. Quand il n'avait plus besoin de sa monture, il la pliait comme un simple morceau de papier. Il est souvent présenté avec un yugu, instrument de musique à percussion. C'est le patron des peintres et calligraphes.

• Cao Guojiu, prince de la famille impériale de la dynastie Song. Il aurait vécu au Xe siècle. On le reconnaît à ses superbes habits de cour et à la paire de castagnettes qu'il tient à la main. Il est le dieu protecteur des acteurs.

1-3 Les pratiquants● les initiés

La recherche de l'immortalité passe par des pratiques: médiations, maîtrise du souffle, gymnastique, diététique, alchimie et recherche de drogue d'immortalité à base de mercure, calligraphie et peinture. Il y a des souvenir de chamanisme, le sage peut quitter son enveloppe charnelle et voyager dans l'univers et le temps. Voir ci dessus l'immortel à la béquille de fer. Le sage est un vagabond et ne consomme pas de céréales, mais se nourrit d'air et de rosée.Le sage se retire du monde on retrouve le Non Agir (wuwei 無為). Là où est un sage (xian 贤 ) sa présence agit d'elle même, et la prospérité s'installe.● le peuple

Pour le peuple agricole qui est exclu des pratiques du culte lettré, hormis celui des ancêtres et qui est corseté dans les rites, le taoïsme représente une voie de recours personnelle. Une liturgie s'est mise en place, avec un clergé et des temples. On dresse des temples en l'honneur des Immortels, toujours sur les montagnes, il ne faut gaspiller l'espace cultivable. Les cérémonies se pratiquent à la consécration du temple, en cas de catastrophes naturelles, pour les enterrements. La liturgie ne contient pas de sacrifice, mais des offrandes d'encens et de monnaie de papier que l'on brûle. Il y a des monastères vers le VI è siècle avec célibat.● Pas de hiérarchie taoïste

Les communautés sous isolées les unes des autres autour d'un temple.

1-4 Le déclinSous les dynasties Ming et Qing (1368-1911) le néo-confucianisme a prédominé en Chine et le taoïsme perd son prestige, surtout auprès des intellectuels qui ne voient plus en lui que basse superstition tant il est mêlé de pratiques de la religion populaire. Les sectes, officiellement excommuniées, restent quant à elles tout à fait libres d'agir au niveau du peuple, tout en s'organisant secrètement à des fins politiques et subversives.

Les cinq montagnes sacrées○ Le mont de l'Est : Taishan, situé dans le Shandong, province du nord-est de la Chine. ○ Le mont central : Songshan, situé dans la province de Henan, à l'Est de la Chine.○ Le mont de l'Ouest : Huashan, situé dans le Shaanxi, au centre de la Chine. ○ Le mont du Nord : Hengshan Bei Hengshan, est situé dans le Shanxi, province du Nord-Est de la Chine. ○ le mont du Sud : Hengshan ou Nan Hengshan, est situé dans le Hunan, au Sud de la Chine.

L'acupuncture qui a du succès en Occident, a permis au régime communiste de dédouaner le Taoïsme. Si la circulation du Qi est attesté par la science moderne alors véracité de l'intuition chinoise est confirmée, et donc sa particularité culturelle, différente de la pensée européenne.

2- le Bouddhisme 46:Il s'introduit d'abord par la route de la soie.

la route de la Soie:qu'est-ce qui circule : vers la chine : les chevaux, le carthame47 pour le rouge au joue, le lapis-lazuli, la vigne et les idées c'est ainsi qu'est arrivé le Bouddhisme, par étape dans les oasis.Vers l'occident : la soie et le tissu de chanvre.qui fait des transactions

46Déjà vu en détail avec Michel Armand, je ne m'étendrai par sur le Bouddhisme. 47Espèce de chardon tinctorial

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Les marchandises partent de la capitale vers ouest par le Gansu, elles sont vendues aux sogdiens48 contre des marchandises qui viennent d'occident après plusieurs transactions. Aucun marchand ne parcoure la route entièrement. comment payer: il n'y a pas que du troc il faut donc avoir des liquidités, il n'y a pas encore de lettre de change, et la monnaie de bronze est lourde, la solution le coupon de soie, ou de tissu, (chanvre) qui sont l'équivalent de grosses coupures. De monnaie du coté chinois la soie devient marchandise du coté occidental.

2-1 Doctrine: Le Bouddhisme n'est pas une «religion» révélée. C'est suite à un éveil que le Bouddha a perçu la vacuité des choses. Pour l'homme une suite de renaissances qui s'enchaînent ( la roue du samsara), chaque renaissance dépendant des actions (Karma) des vies antérieures, les actions de la vie présence déterminant la future renaissance. L'être humain est formé de cinq agrégats : forme corporelle, sensations, perceptions, formation mentale, conscience, derrière cet agrégat il n' y a pas de moi permanent. Le but de la vie est de briser le cycle des renaissances et d'accéder au Nirvana (le néant). Pour rompre le cycle des renaissances il faut éteindre les désirs. La voie pour sortir du cycle des désirs peut prendre 3 chemins :● la pratique morale ( 5 préceptes : ne pas détruire la vie, ne pas voler, ne pas commettre l'adultère, ne pas

mentir, s'abstenir de boisson enivrant)● la discipline mentale que l'on peut résumer au yoga● la sagesse aboutissement du chemin spirituel, elle est la capacité de voir la réalité telle qu'elle est, c'est-à -dire

illusion, agrégat de phénomènes impermanents.

Le bouddhisme comporte deux grandes branchesLe petit véhicule le premier à s'installer en Chine à l'époque des Hans : insiste sur l'aspect monastique, seuls les moines qui peuvent pratiquer suffisamment les exercices (Yoga) accèdent au salut. La règle pour les moines non violence, pauvreté, célibat, pose un problème pour les chinois qui célèbre le culte des ancêtres; les monastères prospèrent quand même les fidèles donnant pour améliorer leur Karma. Le sage est l'arhat il a pratiqué la discipline du Yoga et atteint la sagesse il entre au nirvana.Le grand véhicule : le salut pour tous, insiste sur les Bodhisattva, les sages qui refusent l'entrée en Nirvana pour aider les mortels à acquérir la sainteté. La plus célèbre étant Guanyin, la bodhisattva de miséricorde. (féminisation d'un bodhisattva indien, place du Yin)

Le Bouddhisme ne dit rien sur la vie familiale, sociale ou politique, ce qui peut expliquer son adaptation à des civilisations diverses.

2-2 la sinisation progressive du BouddhismeLe Bouddhisme sous les Hans et les trois royaumes à d'abord été perçu comme une forme de taoïsme, on voit les analogies avec le Taoïsme : Chaos initial /Nirvana, discipline du Qi / Yoga, l'homme comme agrégat d'énergie/ de cinq agrégats. Les traductions utilisent les termes Taoïste pour traduire les notions Bouddhiques.Puis sous les Tang une recherche des textes sacrés directement en Inde permet une approche plus Indienne des notions bouddhiques. Avec le Bouddhisme c'est la première fois que les Chinois sont confronté à une culture étrangère et il y a une grande effervescence autour des textes Bouddhiques les sutras et de leur traduction.

La recherche des textes Entre 624 et 645 le moine Xuanzang va chercher en Inde les textes originaux du bouddhisme la triple corbeille, Tripitaka. Ce voyage a donné lieu à un roman « Pérégrinations vers l'ouest »ou le moine est entouré de trois compagnons, le singe, le pourceau et le bonze des sables. Les exploits du singe sont célèbres en Chine.

Il y a une multiplicité d'écoles bouddhiques, dû à une masse de texte importante en provenance d'Inde et au fait que le bouddhisme n'est pas une « religion » centralisé et hiérarchisée.

Mais la sinisation tire le Bouddhisme de la transcendance vers l'immanence, on peut obtenir la sortie du cycle des renaissances en une seule vie, ce qui au passage résout la querelle du corps et de l'esprit. Le but recherché est la libération de l'esprit de tous les cadres, et de toutes structures mentales, pour atteindre l'illumination totale et instantanée.

On voit le glissement pragmatique ( le moment contre l'éternité) depuis le Bouddhisme Indien qui place la délivrance éventuelle au termes de nombreuses réincarnations.

48Sogdien, peuple installé autour de Boukhara

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2-3 Les apports du Bouddhisme :● apports artistiques

Le Bouddhisme introduit la représentation des divinités en opposition à la vision chinoise des livres classiques, sans illustration (voir les grottes de Dunhuang et de Longmen ). L'édification collective de sculptures participe à l'obtention de mérites. Le Bouddhisme participe aussi au développement de la reproduction par xylographie pour propager les sutras.

Grottes de LongmenSituées au bord de la rivière Yi, à 13 km du sud de Luoyang (Henan), les Grottes de Longmen (Porte du Dragon) sont considérées comme l'un des plus importants sites rupestres chinois. Aujourd'hui les falaises abritent encore 1 352 grottes bouddhiques, quelques 700 niches et près de 100 000 statues. Débutée en 494, la construction des grottes de Longmen a duré plus de 400 ans. En 494, Xiaowen de la dynastie des Wei du Nord (386-534) transporta sa capitale de Pingcheng (aujourd'hui Datong) à Luoyang et entreprit de faire réaliser un sanctuaire bouddhique sur le modèle de celui de Yunggang. Après les Wei, les différentes dynasties (Sui, Tang, Cinq Dynasties et Song du Nord) continuèrent les travaux. La grotte Fengxian, l'une des plus remarquables du site, fut exécutée de 672 à 675 par l'impératrice de Wu Zetian.

● apport conceptuel :➢ La notion salut individuel. Les chinois imaginent un moi qui subsiste à travers les transmigrations.

Mais cela se heurte à leur idée de l'humain comme agglomérat d'énergie, qui se disperse avec la disparition du corps et alimente un débat, d'où la recherche de l'accès au nirvana en une seule vie.

➢ Introduction de la notion de clergé, indépendant du pouvoir. ● Institution de monastères puissants et des « champs de compassions » pour secourir les pauvres.● Le Bouddhisme Chan introduit la prédication et les recueils de prêches en langue vulgaire ( Baihua) alors que

les sutra sont en langue des lettrés. C'est le plus sinisé et le seul qui résistera à la purge des Song. Ses moines sont astreint au travail et ne passent pas pour des parasites. La Bouddhicité potentielle de chacun rejoint la bonté naturelle de l'homme vue par Mencius, et marque la convergence avec les lettrés.

● Le Bouddhisme se propage en Corée et au Japon où il introduit la civilisation chinoise.

La chute de Bouddhisme qui était devenu un un état dans l'état49 entraîne une restauration du confucianisme et surtout une mise en forme de la doctrine officielle, pendant la dynastie Song, avec une réflexion sur les racines de pensée chinoise.

3 Aux racines de la pensée chinoise : les rites de divination et le processus de mutation

Comment si tout est illusion construire un vivre ensemble? Pour revivifier la pensée Chinoise, les « intellectuels » Confucéens ou Taoïste de la dynastie Song passent au dessus des siècles et remontent aux origines, au livre de mutations.3-1 Un rappel historique : Scapulomancie sur omoplate puis sur carapace de tortue50 dès la dynastie des Shang.Les pratiques de divinations débouchent sur un calendrier lunaire dans une économie agraire et sur cycle cérémoniel complet dont la durée correspond à une année lunaire. On rassemble les oracles positifs et on les classe. Puisqu'il y a des archives autant les consulter, cela se fait par un tirage aléatoire. Le classement donne après décantation 64 cas qui sont les hexagrammes dont nous allons parler, ainsi est naît le livre des mutations ( Yi Jing 易经 )au début simple recueil de prévisions.

Pour graver les inscriptions des carapaces de tortue ou des omoplate de boeufs sont les plus employés dans la scapulomancie. Il faut d'abord enlever la chair et le sang qui y sont attachés, puis la découper et la polir. Ensuite, à l'aide d'un outil, on taille à l'intérieur ou au travers de ces ossements des creux, qui sont alignés selon des ordres préétablis. Le diseur d'aventure ou le sorcier grave également sur l'écaille son nom, la date divinatoire et les questions à poser avant de passer les creux au-dessus du feu. Sous l'effet de la chaleur, des craquelures apparaissent alors sur la carapace. Se basant sur les tracés d'orientation des craquelures, le sorcier fait des analyses et en tirent des conclusions de sa divination. On grave par la suite le résultat de la divination. Si les prévisions s'avèrent confirmées, l'écaille ou l'omoplate doivent être conservés comme archives officielles. Pendant la Dynastie des Zhou :de la carapace de tortue au Yi Jing ( le livre des mutations51.) 易经

A l'époque de la fondation de la dynastie des Zhou, au tournant du dernier millénaire avant notre ère, l'antique système des brûlages a été progressivement abandonné et remplacé par une consultation directe des archives. La procédure de

49Persécution de 845, les moines sont rendus à l'état laïque, et les terre des monastères sont confisquées.50 On a encore un exemple d'utilisation sous le dernier Empereur PuYi en 191551 Seul livre ayant échappé à l'autodafé de premier empereur.

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détermination de l'archive correspondante s'appuyait sur la conception cyclique du temps. L'interrogation portant sur la configuration énergétique d'un moment ne pouvait être unique, il y avait forcément déjà une tortue portant les mêmes types de fissures que celles qui seraient apparues si on avait procédé à un brûlage. Il suffisait de déterminer laquelle selon un procédé aléatoire, la méthode des tiges d'achillée.

Par la suite, on chercha à alléger le système. Remarquant que finalement les appréciations portées sur les carapaces de tortue étaient le fait d'un petit nombre de caractères, on les regroupa par similitude et on les retranscrivit sur un support plus maniable, des baguettes de bambou. Il ne restait plus aux lettrés de l'époque qu'à polir le texte et à réduite la variété des circonstances à soixante-quatre situations-types qui deviendront, vers le IIIe siècle les hexagrammes52. Ce sera le livre des mutations.

3-2 Comment naît le cycle des hexagrammesLa base c'est la complémentarité Yang figuré par un trait plein _____ et Yin figuré par un trait interrompu __ __Le yang, impair, représente le masculin la propension à l'action, le Yin,pair, représente le féminin, le réceptif. On a vu que pour le bon accomplissement des rites Yin et Yang sont indispensables. ● La combinaison du Yin et du Yang donne 4 digrammes On est déjà dans la transformation.

Vieux Yang -> Jeune Yin -> Vieux Yin -> Jeune Yang ->

le 1er trait yang mute en Yin Le 2ème trait Yang mute en Yin Le 1er trait Yin mute en Yang Le 2e trait Yin mute en Yang

● Si on ajoute un trait par le bas on obtient les 8 trigrammes déjà connus sous la dynastie Shang.

Nom Kunle réceptif

Qianle créateur

Zhenl'éveilleur

Kanl'insondable

Genl'immobilisation

Xunle doux

Lice qui adhère

Duile joyeux

Attribut abandonné fort En mouvement dangereux En repos pénétrant lumineux joyeux

image La terre Le ciel Le tonnerre l'eau La montagne Le vent Le feu Le lac

Famille mère père 1er fils 2é fils 3è fils 1è fille 2è fille 3è fille

Figure

3 traits discontinus 3 traits pleins En forme de tasse Plein au milieu Tasse renversée Divisé en bas Vide au milieu Lacune en haut

Ce qu'il convient de comprendre c'est que l'on est dans une dynamique les traits des trigrammes peuvent muter c'est à dire se transformer en leur contraire. Qian le créateur se transforme en Xun le doux par mutation du premier trait Yang en trait Yin.

● L'hexagramme combine deux trigrammes. Il y a 64 combinaisons possibles. Les hexagrammes sont comme les trigrammes, ils forment un cycle de transformation. Résultat d'au moins un millénaire de supputation, la pensée chinoise sur le livre de mutations a produit une littérature innombrable. Nous allons essayer d'en dégager l'essentiel.

La méthode de tirage par les pièces de monnaies plus simple que par les tiges d'achillée1. Prendre trois pièces semblables et, après les avoir faites sauter dans ses mains, les laisser tomber sur une surface plane.2. Attribuer à pile la valeur yin et le chiffre 2, attribuer à face la valeur yang et le chiffre 3. 3. Faire la somme des trois chiffres correspondant aux côtés sur lequel chaque pièce est tombée et noter le résultat. Il

correspond au premier trait de l'hexagramme (celui du bas). On obtient 6,7,8,9 voir interprétation ci-dessous.4. Recommencer cinq autres fois de manière à déterminer ainsi les six traits de l'hexagramme-réponse. 5. Transformer les six chiffres obtenus en un hexagramme en utilisant le tableau suivant :

2+2+2 = 6 soit Yin mutant noté :

2+2+3 = 7 soit Yang naissant noté :

2+3+3 = 8 soit Yin naissant noté :

3+3+3 = 9 soit Yang mutant noté :

3-3 Signification d'un hexagramme :52 Hexagramme : 6 traits, soit continu Yang, soit discontinu Yin. On commence par le trait du bas.

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Le principe de l'interrogation du livre des mutations, on pose une situation. Supposons que le tirage renvoie à l'hexagramme 63

Hexagramme 63 Après l'accomplissement

L'eau en haut

Le feu en bas

654321

Hexagramme 39l'obstacle

L'eau en haut

La montagne en bas

654321

Que trouve-t-on à ce renvoi53

➢ Un titre : Après l'accomplissement➢ Une analyse de l' hexagramme : l'eau en haut, le feu en bas.

Ici les traits forts/Yang sont au bonnes places 1,3,5 et les traits faibles aussi 2,4,6. ➢ le jugement (Roi Wen de la Dynastie Zhou): Succès dans les petites choses. La persévérance est avantageuse. Au

commencement fortune, à la fin troubles○ Le changement est fait, il reste les petites chose à faire. Mais comme ce changement est accompli, le processus

continue et les troubles sont déjà en germe, un situation n'est jamais figée.➢ L'image : L'eau est au dessus de feu. Image de la situation « après l'accomplissement. » Ainsi l'homme noble

réfléchit sur le malheur et s'arme contre lui par avance.○ Si la bouilloire est au-dessus du feu tout est en ordre, il y a création d'énergie, mais il faut être vigilant, si l'eau

déborde le feu s'éteint.➢ Les traits ( Duc Zhou de la Dynastie Zhou) : suivant le tirage les traits peuvent évoluer, Yang en Yin et vie-versa

ce qui modifie la situations○ Neuf commencement (1 trait du bas Yang mutant donne l'hexagramme 39) : signifie : il freine ses roues, il met

sa queue dans l'eau. Pas de blâme.■ Interprétation : Dans le temps du changement tout pousse en avant dans la direction du progrès mais cette

poussée en avant risque de faire dépasser le but. C'est pourquoi un caractère ferme ne se laisse pas gagner par le vertige, mais freine à temps sa course. Sans doute il n'évitera pas d'être touché par les conséquences fâcheuses de la pression générale, mais celle-ci ne l'atteindra que par derrière comme un renard qui a traversé l'eau et n'y met plus que la queue.

4- Que peut-on comprendre ?Nous ne sommes pas chez une voyante qui vous dit l'avenir. Le dispositif est tout autre. L'hexagramme est le reflet de la situation et non d'un destin. Il est donc légitime de scruter les tendances. Une situation n'est pas figée elle est issue d'une autre et conduira à une autre. Que faut-il faire pour éviter de s'enfoncer sur la mauvaise voie, sachant que quoi que l'on fasse la situation évoluera. L'ensemble du dispositif permet de gérer au mieux la situation et son devenir encore en germe.Si on prend un peu de la hauteur on retrouve que tout est de l'ordre du processus. Le latent attend de se manifester et le manifeste de retourner au latent.

AntigoneSituation Grecque : Antigone s'oppose à son oncle Créon qui à l'issue d'une bataille fratricide entre les deux frères d'Antigone donne une sépulture à l'un et pas à l'autre. Antigone s'élève contre cette décision et va enterrer son frère. Elle est prise et emmurée vivante.Qu'aurais fait une Antigone chinoise, elle aurait pesé la situation, à travers les hexagrammes, on peut supposer qu'elle aurait tiré l'hexagramme 5 l'attente. Jugement : Si tu es sincère, tu possèdes lumière et réussite. La persévérance apporte la fortune. Commentaire : l'attente n'est pas un espoir vide. Ici Créon est vieux, Antigone jeune si elle est patiente elle enterrera Créon et alors elle pourra faire des funérailles à son frère.

En conclusion de ce survol du livre des mutations On peut commencer à comprendre ● Pourquoi le sage est sans idées, sans nécessité, sans position et sans moi. ● Pourquoi le moment est important, ● Pourquoi le stratège, le médecin54 cherchent les germes qui dans cette situation vont lui donner l'avantage, ● Pourquoi il n' y a pas de héros façonnant l'avenir, puisque tout est dans la situation et ses potentialités. ● Pourquoi l'important n'est pas de savoir quoi mais de savoir comment.

Dans le livre des mutations aucune situation n'est mauvaise elle est simplement porteuse d'avenir.53Yi King Richard Wilhems 54 La médecine chinois ne soigne pas elle maintient en bonne santé, d'où l'importance de déceler les germes(!!) de la maladie.

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4 Trois « religions » Comment les chinois s'y retrouvent-ils ? Aucune de trois n'ayant été révélée elles se prêtent à la fabrication d'un syncrétisme. Le confucianisme avec les rites, la notion de face et le respect des ancêtres c'est pour la vie en société, le taoïsme avec l'acupuncture, le gestion du Qi et la pharmacopée c'est pour la vie personnelle et l'entretien du corps, le Bouddhisme c'est pour acquérir des mérites et obtenir un secours dans les épreuves55. Mais on va aussi en pèlerinage sur les monts sacré du taoïsme, on fait appel au prêtre taoïste en cas de besoin et on brûle de l'encens dans les temples bouddhiques. Il n'y a pas eu de guerre de religion en Chine même la purge Bouddhique n'en était pas une.

En conclusion de cette approche de la pensée chinoise

J'emprunterai ma conclusion à Michel Volle qui s'inspire de François Jullien.http://www.volle.com/opinion/sagesse.htm#_ftn5

Alors que la pensée grecque s'est fondée sur le concept, la pensée chinoise considère le processus. A celui qui pense par concepts les choses paraissent posées les unes à côté des autres selon un découpage.

Même s'il sait qu'elles évoluent, il lui sera difficile de penser cette évolution. Ainsi nous savons que les entreprises sont mortelles, mais nous y vivons comme si elles étaient éternelles ; nous savons qu'à l'origine de toute institution s'est trouvé un germe fragile, mais nous avons du mal à discerner aujourd'hui les germes des institutions futures.

Celui qui pense par processus a, lui, du mal à se représenter la stabilité des choses ; pour sa pensée, qui se projette spontanément à la fois vers le futur et dans le passé, le présent n'est qu'un point de mesure nulle, pratiquement imperceptible. Il est sensible au caractère éphémère de toute chose et attentif aux germes du futur.

Le sage chinois sait que devant un monde qui s'offre à nous entièrement, mais dont nous ne connaissons pas les clés, notre regard peut être altéré par les préjugés, la présomption, les oeillères d'une spécialisation. Il pense que nous ne pouvons entretenir un rapport vivant avec le monde, c'est-à-dire agir sur lui, que si nous restons disponibles pour percevoir et interpréter les signaux qu'il émet de façon à pouvoir l'orienter de façon favorable tout en respectant la propension spontanée des choses (shì 勢).

ll cherche ainsi à se rendre capable de produire une réponse pertinente en face de chaque situation. Il privilégie une position médiane (dàn 淡), non par goût du juste milieu ou de la médiocrité, mais pour mobiliser commodément, selon les exigences de la situation, chacun des extrêmes de la pensée et de l'action. Il saura ainsi être, selon les exigences de la situation, violent, soumis, actif, paresseux, etc.

François Jullien a décrit le contraste entre les valeurs grecques et chinoises : le Grec, dont la valeur suprême est l'héroïsme, agit pour imposer au monde le concept qu'il affirme. Le Chinois, dont la valeur suprême est la sagesse, agit en sélectionnant, dans le flux du processus en cours, ceux des germes du monde futur qu'il entend favoriser.

Que reste-il maintenant de cette pensée chinoise classique ? :chez les personnes :

● La sentiment de face● le respect de la hiérarchie● le respect des personnes âgées ● le discours indirect, allusif.

au niveau de l'état :● la vision géo-stratégique ( jeu de go et stratégie)● la place de la Chine comme empire du milieu, avec mandat universel du ciel.● la recherche d'un développement harmonieux (interne et externe)

Les questions sont nombreuses :la culture chinoise est-elle soluble dans le capitalisme ?Quelle peut-être la place des droits de l'humain en Chine ? La critique directe est-elle possible ?

Bernard Castiglioni Sommaire

55 Le Falungong est essentiellement un mouvement de gymnastique respiratoire, imprégné de théories bouddhistes et taoïstes, qui prend appui sur les plus anciennes traditions culturelles chinoises. Ce terme de Falungong peut être ainsi traduit : « pratique de la roue de la loi (ou du Dharma) ».

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Mongols - Ming - Mandchous

( survol historique jusqu'au 18° siècle )

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La période Song est l'apogée de la civilisation chinoise. Celle-ci ne disparaît pas mais va être brutalement modifiée par les Mongols.

1° Les Mongols Leur poussée paraît irrésistible : A l'ouest ils arrivent aux portes de Kiev ; à l'Est la Chine toute entière tombe dans leur escarcelle. Pékin est pris dès 1204 ; le Sud en 1273. Ces arrivants n'ont pas subi auparavant l'influence chinoise. Ils arrivent avec leur culture de la steppe. Ils vont avoir l'intelligence de s'entourer de conseillers chinois et d'adopter le luxe1, les techniques et certaines des pratiques administratives de l'Empire.Mais le pouvoir impérial va être profondément transformé : l'empereur (même si la dynastie prend le nom chinois de Yuan ) est désormais tout puissant et son entourage dirige et espionne des Fonctionnaires lettrés qui sont totalement coupés et méfiants à l'égard du Pouvoir central ( il y a un véritable retour en arrière par rapport à l'exercice d'un pouvoir sinon « démocratique », à tout le moins libéral des Song ). D'ailleurs chaque Administrateur de province est flanqué d'un Mongol. Et nous touchons là une autre caractéristique du régime : les différenciations ne sont pas entre riches et pauvres, ils sont entre ethnies .4 par ordre de préséance :Mongols, Semuren (ni Mongol, ni Chinois= minorités du Nord Turcs, ouïgours…), Hanren (chinois du Nord) puis les Xin furen (nouveaux sujets ) de la Chine du Sud. Ainsi lorsqu'en 1308 des Concours sont rétablis 25% des postes sont réservés à chacune des 4 catégories sus mentionnées.Pouvoir autoritaire + ethnicisation + mise en coupe réglée des richesses = bilan des Mongols.Il n'est pas étonnant qu'ils aient été perçus comme des occupants et que dès 1300 des révoltes populaires se soient multipliées. Lorsque le Pouvoir ordonnera de niveler les tombes (creusées à même les champs ) pour gagner en superficie cultivée en 1315, ce sera une révolte générale. Après des années de chaos, la révolte sera menée par les turbans rouges à la fois troupe et secte syncrétique entre influence bouddhique, manichéenne et mazdéenne. Un chef victorieux se dégage et, en s'emparant de Beijing en 1368 se proclame Empereur sous le nom de Hongwu. 2° La dynastie Ming (1368 –1644 )Hongwu va redresser le Pays mais sa façon de gouverner s'apparentera à celle des Mongols et non des Song. En ce sens, les envahisseurs chassés ont profondément marqué la pratique du pouvoir.

a) Restauration de l'économieDigues écroulées lors de crues du Fleuve jaune, canaux non entretenus, terrasses agricoles éboulées, réservoirs à l'abandon, tout cela est restauré. Du même coup les rendements agricoles augmentent et la rentrée d'impôt aussi.Ajoutons à cela des déplacements de population pour mieux équilibrer la pression démographique, la plantation obligatoire d'un Milliard d'arbres (essentiellement pour reconstruire une marine ), l'œuvre du Souverain est grande. Mais, la méthode est autoritaire.

b) Un pouvoir autocratiqueC'est bien là l'héritage mongol qui se transmettra de prince en prince. L'Empereur décide seul ou avec ses proches fidèles. le Secrétariat général est supprimé ; le Prince commande directement aux ministères .Avec le temps, ce sont les Eunuques qui s'imposeront. Conseillers du Prince, ils deviendront les agents secrets, chargés d'espionner le peuple et les fonctionnaires ; Ils se chargent ou font exécuter les basses œuvres.C'est de ce temps que date la coupure entre l'empereur et le pays. Il devient de plus en plus invisible pour le commun des mortels

c) le contrôle de la population .Il ne s'agit pas seulement de quadriller la population pour mieux percevoir l'impôt ; il s'agit de la contrôler policièrement. Hongwu décidera que des populations seront paysannes et leurs enfants aussi ; que d'autres seront soldats et leurs descendants aussi, que d'autres seront artisans (soit en travaillant dans les ateliers d'État ; soit librement en devant des heures

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de travail au manufacture d'État ) et le resteront. Le système perdurera un certain temps avec l'aide de la police secrète mais cette espèce de fixisme de la population ne peut durer à terme. La société corseté –presque totalitaire – va se déliter et l'on verra des gens abandonnant la condition qui leur était fixée, errer dans le pays. A la fin du 15° siècle la désorganisation sera grande surtout aux frontières où des soldats ont vendu leur terre à de plus riche et n'exercent plus la tâche assignée .la monnaie de papier est totalement dévaluée et l'argent prend sa place de fait sinon de droit .Le marché « noir » ou argenté, comme il vous convient se fait avec le Japon (grand producteur d'argent ) et la piraterie devient une institution en Mer de Chine. Face à cette désagrégation les Mandchous guettent.

3° Les MandchousEn 1644 ils sont à Beijing et proclame la dynastie des Qing (lumière ). Quelques années plus tard la Chine du Sud tombera et les Qing reconstruisent le grand Empire avec Chine du Nord Ouest et même le Tibet.Ils sont plus sinisés que leurs cousins Mongols ; ils s'entourent de conseillers chinois solides et avisés. Les Trois Empereurs qui régneront au 18° siècle seront d'une grande finesse et ils veilleront à ce que les paysans soient relativement bien traités.Mais les mandchous sont Mandchous . La Mandchourie est interdite au Han afin de conserver un territoire pur et les mariages mandchous- han sont prohibés. Certes ! les Empereurs parlent chinois et même certains ont une grande sympathie pour la culture chinoise mais la langue du Palais est mandchou. Plus que jamais, l'empereur est coupé du peuple. Par ailleurs, les chinois devront porter la natte ; ainsi le veut la tradition mandchou.Les Mandchous vont s'appuyer sur un Confucianisme comme principe d'ordre, d'obéissance, de discipline. Des manuels spécifiques de morale publique doivent être connus de tout candidat à un concours. Pour éviter toute corruption les souverains éclairés du 18° augmenteront les salaires des Fonctionnaires .Toutefois la corruption fera son retour en fin 18° et 19°. Dans le même temps l'Occident, par les Jésuites entrent en contact avec la Chine.

4° Contacts avec l'occident.Certes ! Marco Polo avait fait connaître une certaine Chine en Occident ; celle qu'il avait pu voir au travers du prisme de la Cour mongole du Khan. Toute autre est la présence des Jésuites en Chine. Ils y seront de la fin des Ming jusqu'à la terrible persécution qui s'abattit sur eux comme sur tout étranger en 1784 dans une « folie » xénophobe qui s'empara des Mandchous. Dans cette histoire le plus important d'entre eux est sans conteste Matteo Ricci. Il y fut en 1577 et y mourut à Beijing en 1610. Outre son œuvre missionnaire ( des conversions eurent lieu mais en petit nombre ) il fut, comme ses confrères un passeur .Connaissant très bien la langue et la culture chinoise, admis à la Cour (non en tant que prêtre mais comme astronome, mathématicien et cartographe ), il écrivit de nombreux ouvrages historiques, un livre sur la philosophie morale chinoise et des Commentaires, témoignage sur la Chine du début 17° siècle. Bref ! Ricci est le premier grand sinologue occidental et ses ouvrages font encore autorité, un peu comme l'ouvrage de Tocqueville fait autorité aujourd'hui sur l'Amérique. Mais le christianisme, en tant que tel, rencontrait de sérieux obstacle culturel. Le monde chinois n'offre que peu de prises à une religion qui exigeait un engagement total et, surtout impliquait l'existence d'un Absolu. Si la ferveur religieuse ne lui était pas inconnu, il ignorait la catégorie du transcendant en raison de sa conception d'un ordre immanent, tout à la fois cosmique, humain, naturel et social.

De ce fait, et compte tenu d'une rigidité vaticane sur ce qui aurait pu être le début d'une inculturation ( prise ne compte de la langue chinoise dans la liturgie, prise en compte du culte de Ancêtres….) le christianisme, sous sa forme catholique ne fit que peu de progrès.Par contre, les aventures jésuites en Chine sont celles de passeurs entre civilisations.

Au 19° siècle la Chine allait connaître d'autres contacts avec l'Occident qui, cette fois, seraient plus rugueux et allaient tenir du rapport de force.

M.Armand 14 12 06Sommaire

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Morsure de l'Occident et modernisation de la Chine

Cette page de l'histoire chinoise qui couvre la fin du 18° siècle jusqu'au milieu du 20° est chaotique. Ce décousu marque la difficile marche de l'Empire du Milieu vers la modernité; difficile parce que l'Empire se heurte aux Empires coloniaux européens. En ce point, peut être faudrait il expliquer les termes que nous employons car un même mot recouvre des réalités fort différentes.

L'empire peut être une construction politique rassemblant sous une même autorité légitime des nation différentes à qui on laisse une autonomie linguistique, culturelle: ainsi en allait il de l'empire des Habsbourgs. On pourrait en dire autant de l'Empire Ottoman où les communautés religieuses étaient reconnues et vivaient librement.

L'Empire chinois est celui du Milieu, c'est à dire qu'il domine l'ensemble de la terre et tous les pays environnants sont ses tributaires :la Corée, l'Annam, le Japon un temps...Lorsque les représentants occidentaux se présenteront à Pékin ils ne seront pas considérés comme ambassadeur (c'est à dire comme représentant d'une puissance traitant d'égal à égal avec l'Empire ) mais comme des tributaires devant normalement allégeance à l'unique Empereur qui détient un mandat du Ciel. Certes! ce Mandat peut lui être retiré par le Ciel : ainsi lorsque l'harmonie ne règne plus (inondations, famines, tensions sociales fortes...) mais l'Empereur ou son successeur reste celui du Milieu de la terre et du Ciel.L'ambassadeur anglais Maccarteney en fit l'amère expérience lorsque en1793, il voulut conclure un traité commercial avec l'Empereur tout en refusant de se plier au rite qui consistait à se courber jusqu'à terre 9 fois pour signifier son allégeance. Le représentant de sa Majesté britannique ne put s'abaisser de la sorte et fut chassé bien qu'il eût apporté des cadeaux somptueux.

Tous les Lettrés et une grande partie de la population chinoise est pétrie de cette idéologie et il n'est pas facile de s'en déprendre. Et c'est cette Chine qui va se heurter à un autre type d'Empire : les Empires coloniaux européens. Ceux là, nous le savons, sont le fruit d'une conquête armée afin de dominer d'autres peuple (techniquement moins avancés ) afin de tirer de leur territoire main d'oeuvre et/ou richesses minières ou commerciales. L'Europe domine le monde et est persuadée de détenir la civilisation, ce qui lui donne le droit d'assujétir (selon des formes diverses ) d'autres populations. Elle aussi est au centre du monde et le restera jusqu'en 1918. Aujourd'hui encore, il n'est pas facile de réaliser qu'il n'en est plus ainsi( surtout lorsqu'on est la Patrie des Droits de l'Homme, c'est à dire d'une certaine Universalité)Ce que nous allons voir c'est donc le choc d'un Empire vieux de 4000 ans avec les empires commerciaux marchands en expansion: rappelons qu'en 1913, 250 Millions d'hommes de racine européenne dominaient 550 Millions de colonisés.

1° Japon et ChineC'est à la même époque que la pénétration occidentale se finit violente et forte dans les deux pays. Or, chacun le sait le Japon se mit rapidement aux techniques modernes venues d'ailleurs; la Chine mit du temps. Pourquoi cette différence entre deux pays de civilisation voisine?

a) Le territoirela superficie du Japon comparée à la Chine est minuscule ;il est plus facile de gouverner un ensemble ramassé qu'un vaste

continent. Ajoutons que le Japon est un ensemble d'îles et que cette situation conforte une identité bien spécifique.b) la structure du Pouvoir

Les deux pays ont à leur tête un Empereur: l'un est "Fils du soleil" ; l'autre a un "Mandat du ciel".Autant dire que leur légitimité est forte ; sauf que le 1°a abdiqué ses pouvoirs entre les mains du chef de la féodalité: le shogun ; le second gouverneavec une administration - séculaire qui peut être efficace- mais l'Empereur doit faire oublier qu'Il est, pour certains Chinois, un "envahisseur" mandchou. Et ces derniers ne se mêlent pas au Han. Alors que la pratique du pouvoir par les Mandchous est devenue autoritaire, leur légitimité se fragilise.

c) Une révolution politique au Japon.En 1867 le Mikado ne gouverne pas et c'est le Shogun qui doit accepter les humiliations de l'Occident ( surtout du fait des USA ). Le jeune Empereur Mutsu Hito, appuyé par des féodaux renverse le Shogun et, de façon symbolique forte, quitte

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Kyoto la Ville de la Tradition pour établir sa Capitale à Tokyo Il a toute la légitimité d'un pouvoir quasi "sacré"et se présente comme celui qui peut éviter les empiètements occidentaux à condition d'en emprunter les techniques.. En 1868 c'est le début de l'ère Meiji(du progrès ) qui s'ouvre par une réforme agraire importante( base de tout en Orient ), suivi de l'introduction, au pas de charge, de toutes les techniques occidentales qu'elles soient administratives, fiscales, bancaires et bien sûres industrielles. Pour garder sa culture et son indépendance, le Japon se modernise sous la direction d'un Empereur retrouvé.

d) Faiblesse des Empereurs en ChineL'Empereur du Japon a tout d'un homme d'état ; ce n'est pas le cas au 19° siècle en Chine. Bousculés par l'Occident, ils réagissent mal ou à contre temps, n'arrivent pas à fixer une ligne politique ferme. A partir de 1861 c'est une ancienne concubine qui deviendra Impératrice douairière, régente à la place de son Fils ; Tseu Hi (Cixi ) gardera le pouvoir jusqu'à sa mort en 1908 et malgré quelques bouffés réformistes, c'est le conservatisme qui l'emportera.

2°La crise de l'État chinoisComment se fait il qu'une brillante civilisation, en avance sur toutes ait pu ne plus avancer et rester sur place. Essayons de tracer précautionneusement des pistes.

a) La populationElle était de 120 M au 13° Siècle; elle semble atteindre les 250 M; en 1770 et les 420 M. en 1850.Les données démographiques sont toujours cardinales, pour la Chine encore plus. La pression sur l'environnement et singulièrement la nécessité où les chinois sont de déboiser, entraîne des crues importantes du Haong He, entre autre. De la même façon, les aléas climatiques peuvent générer des famines que les greniers de l'Empereur ne peuvent juguler. Tout cela peut être interpréter comme des signes de disharmonie. En outre, le surcroît de population permet la création de masse de population errante, prête à se structurer en sociétés secrètes.

b) La secte du Lotus blanc (1780-94 )Elle est symptomatique de ce que nous disons. A la frontière entre 3 zones administratives Hubei, Shaanxi Se Chouan, le lotus blanc est le principe d'organisation et de solidarité. pour la population qui est arrivée dans ces régions montagneuses, boisées. C'est une variante messianique et populaire du Bouddhisme. Classé comme hétérodoxe, elle est illégale et la remise en ordre de cette région durera 10 ans. Il est vrai que certains fonctionnaires et surtout chefs militaires s'évertueront à faire traîner les choses par intérêt. Nous touchons là, la crise de l'État qui y perdit énormément d'argent.

c) Trop d'État ou pas assez.Vu de France ( et c'est la thèse sous-jacente au livre de Peyrefitte dans "l'Empire immobile" Fayard ) la bureaucratie a étouffé la Chine. Or, les spécialistes ont tendance à penser qu'il y a eu sous administration de l'Empire.Le nombre de fonctionnaires n'a pas augmenté en proportion de l'augmentation de la population C'est un vieux principe mal appliqué de Confucius qui veut de la part de l'État: frugalité et vertu. Or, le nombre de postulants au mandarinat augmente et les places rares ne peuvent être obtenues que par clientèle; en outre, les fonctionnaires sont mal payés et voient autour d'eux des commerçants ou hommes d'affaires plantureux. La corruption n'est pas loin. Par ailleurs, les hauts fonctionnaires de province traite directement avec l'Empereur et vont être plus ou moins impliqués dans les coteries surtout sous le long règne de Cixi.

d) Peut-on répondre à la question première de l'immobilité chinoise?Modestement!La thèse qui fait autorité est celle de Mark Elvin où il parle du "piège de l'équilibre à haut niveau".Expliquons, c'est le piège où se trouverait prise une économie aux procédures (façon de faire ) très sophistiquées, qui possède une abondante main d'oeuvre à bon marché d'où son peu d'intérêt pour les innovations technologiques. C'est une explication purement économique qui ne me convient qu'à moitié. Il faut y faire intervenir une crise du politique qui remonte à l 'invasion mongole puis mandchoue lesquelles ont,à la longue dénaturé l'exercice du Pouvoir; Sous les Song, l'appareil administratif servait de contre pouvoir à l'Empereur lui même; sous les mandchous l'empereur gouverna seul ou avec son clan et l'administration s'est progressivement délitée. Dans un paradoxe qui n'est qu'apparent, le mouvement réformateur qui veut allier tradition et modernité ( s'appuyer sur Confucius pour entrer dans un monde moderne) naît chez les grands Administrateurs de province dont certains réaliseront avec, ou contre, le Centre Impérial des réformes ( telle celle de l'impôt du sel en 1830 dans les provinces au Nord et Ouest de Nankin.). Ce qui manquera est l'impulsion centrale qui, comme au Japon, eût pu généraliser, coordonner et décupler la force des réformes.

3° Les guerres de l'opium. a) l'agressivité commerciale anglaise

La Chine a toujours exporté la soie, la porcelaine, la laque...Elle était payée en argent sonnant l'Angleterre, outre les cotonnades, exportent par le biais de l'East Indian Company, l'opium (le pavot est produit en Inde ; région du Pakistan actuel ) jusqu'aux 5 marchands cantonnais qui ont le monopole de ce commerce en Chine .Protestations impériales :le monopole de la Compagnie et de Canton est aboli formellement mais alors, des firmes anglaises et américaines se lancent dans le trafic qui, sur le territoire chinois ne peut être que de contrebande tout en réclamant la "liberté de commerce" et ils organisent la pression sur le Gt. britannique. Celui ci n'interviendra que s'il y a incident.

b) l'Opium

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Il fait des ravages ; son emploi aurait décuplé de 1819 à 1839: santé publique, économie sont touchées et la pratique du racket se développe: c'est une crise morale. Mais, l'opium entraîne aussi une crise économique et financière. L'opium vendu finance amplement les achats de thé, de laque, de porcelaine et de soie et la Chine ne reçoit plus d'argent de son commerce extérieur mais en perd. Il y a contraction monétaire et la crise des moyens de paiement entraîne celle de l'économie.Ce sont des réformateurs qui voient le danger et persuadent l'Empereur de mener un combat radical

c) La Première guerre de l'opium (1840/41 )Le Commissaire impérial à Canton (un réformateur) encercle les entrepôts, les Anglais font livrer l'opium; il est brulé publiquement et puis...un incident entraîne des coups de feu; la marine anglaise intervient, c'est le début de la guerre où les forces chinoises ne pèsent pas. Le 29 Août 1842 par le traité de Nankin l'Angleterre obtient l'ouverture de 5 ports, l'égalité entre fonctionnaires chinois et étrangers de même rang, la présence de consuls et...Hong Kong. Deux ans plus tard, France et USA signent des traités parallèles et on y ajoute la clause de la nation la plus favorisée ( tout avantage concédé à l'une revient de facto à l'autre ).C'est la grande solidarité des puissances.

d) Incidents et 2° guerre (1858 /60 )Non seulement les Occidentaux ont des ports mais la Douane chinoise officielle est composée dès 1854, d'étrangers employés par le Gouvernement chinois! Dans le même temps, l'empereur doit faire face à une des révoltes les plus importantes: celle des Taïpings (dont nous reparlerons). Les tiraillements entre fonctionnaires et consuls conduisent à une 2° guerre et un nouveauTraité de Tianjin. Celui ci n'étant pas honoré une expédition franco-anglaise en Septembre 1860 ira jusqu'à Pékin et le Palais d'été sera brûlé. Désormais les puissances possèdent en Chine des ports, des concessions qui jouissent de l'extra territorialité. Dans les années suivantes des zones d'influence se dessinent qui, à terme seront celles que nous indiquons dans la carte en annexe. La force militaire supérieure des Franco-Anglais n'explique pas entièrement la capitulation des Qing. Ils passent par les fourches caudines car, ils ont besoin des Européens pour venir à bout de la Révolte Taiping.

4° les Taiping : le royaume céleste de la grande Paix (1851- 1862 )

a) un mouvement "révolutionnaire"Le mouvement naît dans la province jouxtant Canton qui a connu les 1° affrontements de l'Opium et où se réfugient nombre d'anciens soldats, de gens sans travail....En Chine, quand la pouvoir central n'assure plus sa fonction d'Harmonie, les sociétés secrètes fleurissent. Elles correspondent à la nécessité de trouver un cadre, des solidarités plus vastes et plus fortes que familiales et sont facilitées par le fait qu'il n'y a pas de droit civil. En affaire,, nous l'avons dit, il faut pour conclure une tierce personne qui soit garante des engagements de chacun. Ainsi se constituent des réseaux qui peuvent expliquer ou bien les sectes ou bien les mafia.En l'occurrence, il s'agit d'un mouvement très cohérent initialement et qui porte un message social combinant égalitarisme chrétien et tradition messianique chinoise avec une dose de nationalisme anti-mandchou Il faut sauver l'humanité et délivrer la nation chinoise des mandchous. Avant tout,.il s'agit d'un syncrétisme entre Taoïsme et prédication chrétienne, vraisemblablement évangélique, teinté de nationalisme.. Ainsi, le programme abolit la propriété privée et la terre est considérée comme propriété de la dynastie Céleste ou mieux encore de Jéhovah. Elle est donc redistribuée à l'ensemble des travailleurs, sans distinction de sexe (originalité très grande ). La population est organisée en unités de 25 familles dont les biens, autre que de nécessité courante, sont mis dans un trésor commun. Le chef d'unité est aussi chef religieux (à n'en pas douter Mao a repris ce type d'organisation, le Parti étant le dieu du royaume terrestre apportant la Paix.).Partis 20.000 du Guangxi les Taiping sont 2 Millions lorsqu'ils arrivent à Nankin et ils établissent dans la vallée du Yang tse un véritable royaume qui est organisé pyramidalement. Les Taiping peuvent ils tenir leur programme?Il semble qu'ils aient reculé devant la puissance des propriétaires et, plus que dans les campagnes, ce sont dans les villes qu'ils se maintiendront pendant près de 12 ans (le programme de redistribution des terres sera tenu par Mao ce qui lui permettra d'instaurer son régime ).Les Taiping veulent établir des relations avec les frères chrétiens ce qui fait la modernité de ce mouvement et son ouverture à l'Occident. Mais je ne sais si les grandes firmes marchandes sont peuplées de chrétiens en tout cas, la fraternité ne fait pas bon ménage avec les affaires. Ayant conclus les accords (traités inégaux ) avec la Chine, ils sont prêts à aider les autorités chinoises à en finir avec cette"révolte"dès 1861 et le feront surtout dans la zone de Shanghai; il faudra 3 ans pour en terminer vraiment.

b) conséquences* les ruines sont nombreuses dans tout l'Est centre Est chinois*les Taïping était peut-être, dans leur ouverture positive à l'Occident, une voie vers la modernisation chinoise.En soutenant l'Empereur Mandchou,les puissances retarde l'agonie d'un moribond avec les conséquences que nous verrons. *Cette révolution jointe aux exactions occidentales fait que les finances impériales sont désastreuses.Les impôts rentrent mal et le Trésor va recourir à la vente des diplômes donnant droit à la fonction publique.* Les provinces vont prendre plus de liberté par rapport au Centre qui, lui, hésite encore et demeurera immobile.Par

contre, les gouverneurs prendront des initiatives réformistes. Cette espèce de décentralisation, qui ne dit pas son nom, prélude au

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démembrement des "seigneurs de la guerre" dans les années 20.Avec une différence fondamentale: les gouverneurs du 19° siècle finissant sont encore - pour la plupart- (je pèse les termes ) pétrie de Confucianisme et de vrais serviteurs de l'Etat. leurs efforts pour moderniser leurs provinces ainsi la construction d'une flotte moderne dans les provinces maritimes du Nord Est ) ne seront pas relayés et coordonnés par le Centre et la Chine va s'enfoncer dans les désastres.

5° Shimonoseki (1895) et la puissance japonaiseLa période est marquée par une morsure supplémentaire et un désastre

a) En 1884/ 85 la France qui conquiert le Tonkin se heurte aux Chinois qui ont toujours considéré de territoire comme leur. Cela aboutira à la destruction, de la flotte chinoise moderne et de l'arsenal de Fuzhou. La France de ce fait, assure sa

prédominance en Chine du Sudb) La Corée

Elle a toujours été un État tributaire de Chine. Or, dés le début du Meiji, les japonais veulent échanger des Consuls, ouvrir des ports. La rivalité est rude pendant les 10 ans qui précèdent la guerre. En 1894, une révolte (fomentée en sous main par les sociétés secrètes japonaises) éclate; alors qu'elle va être écrasée les chinois se heurtent à l'armée japonaise. Deux désastres s'en suivent: sur terre et surtout sur mer où la nouvelle flotte chinoise du Nord Est est entièrement coulée.

c) le traité de Shimonoseki outre l'indemnité de rigueur, le Japon obtient :

les mains libres en Corée ( 10 ans plus tard elle sera intégrée au Japon )Taïwan les pescadoresla liberté d'entreprendre dans tous les ports ouverts par d'autres PuissancesLe LiaodongToutefois, la Russie qui a de gros intérêts en Mandchourie et qui tient à conserver Port Arthur (car son port sur le Pacifique :Vladivostok est pris par les glaces en Hiver) va contraindre le Japon avec l'appui de la France et de l'Allemagne

à laisser le Liaodong.

le Japon n'oubliera pas et attaquera la Russie en 1905. La défaite russe marque, comme un coup de tonnerrel'entrée en scène du Japon comme grande puissance internationale. Quant à la Chine, humiliée et en, voie de dislocation, elle glisse vers une Révolution.

M. Armand 19 02 07 Sommaire

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De la Révolution à la voie chinoise (20° siècle )

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Le Traité de Shimonoseki sanctionnant la défaite chinoise est plus grave qu'il n'y paraît.A partir de là, 1895, on peut dire que la Chine n'est plus maîtresse de son destin.

1° Humiliations et Révolution (1911)La Chine doit 200 millions de liang à titre d'indemnité de guerre soit trois années de ressources du

Gouvernement impérial. Autant dire, que l'économie ne s'en remettra pas, d'autant que le Japon prend Formose et s'installe au Sud de la Mandchourie.

a) Le dépeçage (voir carte 1840)Devant cette avancée, les puissances vont accroître leur pré- carré: la France au Sud, la Grande

Bretagne au centre et au Shandong, l'Allemagne au même Shandong, la Russie dans le Liodong ( Port Arthur ). Nous savons que ce même port fera l'objet d'un conflit russo-japonais en 1905 et que la victoire du Japon fera de ce pays, une Puissance que l'Occident commencera de surveiller.

Mais ce même Occident installe ses entreprises manufacturières, bancaires et autres dans les zones franches et les territoires à « bail » et profitent ainsi d'une main d'oeuvre misérable, donc peu chère.56. Ces poches de modernité ne rapportent presque rien à la Chine et nous avons ainsi, la création d'une économie artificielle qui, s'il en était besoin, facilitera la corruption dans une période où l'état s'effondre.

En outre, ces territoires sont des bases et des points d'appui militaires, jouissant, nous le savons de l'extraterritorialité. Comme nous le disions : la Chine peut-elle être maîtresse d'elle même ?

b) Réactions impériales et Boxeurs Au lendemain de Shimonoseki, le Gouvernement Impérial va soutenir des réformateurs. Mais il est trop tard!Quelles réformes pourraient s'appliquer dans un pays qui n'a de souveraineté que le nom? Par tempérament, l'Impératrice va se raidir dans un conservatisme étroit qui n'est que la façade dérisoire de son désarroi et de son impuissanceDans le même temps, la misère s'accroît : les travaux d'entretien des canaux nécessaires à l'agriculture se font mal; le chômage entraîné par les importations de tissus, de pétrole. .augmente.La révolution des transports modernes ( chemin de fer, navigation à vapeur ) bouscule la population. De ce fait, le comportement des étrangers (qui peuvent tout se permettre) et surtout des missionnaires dont la prédication est jugée agressive à l'égard des façons de penser chinois, entraînent une xénophobie grandissante. Une nouvelle branche du Lotus blanc, les Yihequan (qui pratiquent la Boxe ) entraîne les populations. Fanatisés par des pratiques magiques qui les rendent invulnérables, les Boxeurs sont violemment xénophobes et s'attaquent aux intérêts occidentaux, à leurs produits et aux Chinois convertis au christianisme. Ils déferlent par Milliers, du Shandong (où inondations et famines se sont produits dès 1898 ) vers Pékin -Tianjin où les étrangers sont nombreux. La Cour impériale prend le parti des Boxeurs. C'est donc un soulèvement populaire et gouvernemental contre les étrangers, au point que la guerre est officiellement déclarée par les Qing contre les puissances occidentales

Mais les gouverneurs locaux soucieux de « leur » avenir et jugeant que cette guerre était un acte de désespoir ne soutinrent pas le pouvoir central. Entre Juin et Août 1900 Pékin57 est prise, pillée et l'impératrice en fuite et les boxeurs détruits. Le régime impérial n'est plus qu'une apparence.

c) La fin du régime impérial

56La puissance de l'Europe au 19° fait que nous avons pratiqué une « globalisation » à notre profit. Aujourd'hui, le phénomène est, pour l'instant, inverse.57Les 55 jours de Pékin

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Le 10 Octobre 1911 se déclenche un vaste mouvement de sécession : une à une les provinces rompent avec Pékin. Tout se délite et le 1° Janvier 1912 Sun Yat Sen est proclamé Président de la République. Il devra très rapidement céder la place à un Général Yuan Shikai Comment expliquer cela ?. En fait, c'est un changement de régime politique plus qu'une révolution au sens où nous l'entendons. Le pouvoir n'existe plus, il est à prendre. Cette décomposition provient évidemment de la déliquescence de l'économie et de la nécessité où se trouvait le Gouvernement, de « vendre la Chine aux étrangers » en empruntant aux banques occidentales. Et cet abaissement ne peut que renforcer le discrédit du régime. Précisément l'action des courants anti-mandchous et anti-monarchistes est seconde mais non secondaire.Parmi les nombreuses sociétés secrètes de cette mouvance existe une tendance républicaine incarnée par Sun Yat Sen. Pour l'heure, il développe trois thèmes : nationalisme, démocratie libérale, justice sociale. Dés Avril 1911, il organisa un soulèvement à Canton qui fut rapidement réprimé (72 morts; 72 martyrs ). C'est pourquoi, lorsque la sécession fut de proche en proche proclamée, Sun fut élu Premier Président de la République

2° De Sun Yat Sen au Guomindang 国民党, le parti du peupleLa Présidence de Sun ne dura pas; les notables locaux ou les intellectuels qui veulent la République n'ont aucun moyen financier (et ce ne sont pas les Puissances occidentales qui leur feront crédit ) ni force réelle. Celle ci appartient à l'armée ; c'est donc le rapport de force du moment qui tranchera.

a) Yuan shikai ( 1912-1916 )Général des armées du Nord, il transporte la capitale à Pékin et instaure une dictature. Toutefois, le Sud lui échappe et Sun continue de gouverner une république dans le Guangdong. Il n'est pas le seul car Yuan, sous la pression des Japonais doit faire des concessions. Les Japonais ont pris le parti des Anglais contre l'Allemagne et dès le début de la 1° guerre mondiale, ils s'emparent des ports et chemins de fer allemands du Shandong. Yuan Shikai est obligé de reconnaître l'emprise japonaise sur cette province et sur celle de la Mandchourie. De ce fait, il n'établira jamais son pouvoir sur des régions nationalistes qui n'acceptent pas ces « reculades ».Il mourra courant 1916.

b) les Seigneurs de la guerreLa Chine se morcelle alors en une multitude de territoires dominés par un chef de guerre ayant une armée moderne à sa disposition mais se comportant le plus souvent comme un brigand. C'est évidemment la paysannerie qui supportera la plus lourde charge, les plus lourdes exactions ( est-il besoin d'insister ; que peut faire une armée vivant sur le pays?), générées par ce chaos.Il est inutile ici de rapporter cette histoire faite de guerres, d'alliances, de ruptures...Il suffit toutefois de bien marquer que ces évènements se déroulent alors que les bolcheviques ont consolidé leur pouvoir en Russie depuis 1917 et entendent répandre la révolution dans d'autres pays. De ce point de vue la Chine, qui se trouve dans un chaos comparable à celui de la Russie quelques années plus tôt semble être un terrain tout préparé. D'autant que la fin de la guerre n'amène que déboires pour elle. Alors que la Chine s'est rangée du côté des Alliés, c'est le Japon qui reçoit le Shandong, autrefois dévolu à l'Allemagne. En effet, les Occidentaux voient dans ce dernier le seul rempart contre le bolchevisme. Si certains chinois avaient vu dans le Japon, à partir de 1905, un modèle de développement possible (au point que beaucoup d'étudiants allaient terminer leurs études au pays du soleil levant), il était maintenant perçu comme une puissance coloniale à l'instar des Occidentaux.

c) La révolte des Étudiants le 4 Mai 1919Devant ces affronts et humiliations, ce sont les Étudiants qui se lèvent au nom du Nationalisme et de la Liberté. Leur révolte est suivie par de nombreuses grèves et manifestations en villes, par le boycott des produits japonais.....Ces cris d'exaspération devant l'injustice d'une situation, seront vite réprimés. Mais, dans la mémoire des hommes, il est des symboles qui demeurent. Ne l'oublions pas, c'est un 4 Mai 89 que des Étudiants se dresseront Place Tien An Men pour la Liberté et la démocratie. A 70 ans de distance, la date n'est pas choisie au hasard.

d) Le Guomindang

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Sun Yat Sen devient le chef de ce parti. La vie de Sun est compliquée. En exil sous Yuan shi kai, il tente d'établir un république à Canton ; les Anglais s'opposeront à lui mais en 1923 il est enfin établi dans cette Ville. C'est alors qu'il trouve un nouvel allié -le seul qui ait intérêt à aider un républicain- : l'Union Soviétique.Chiang Kai-shek, futur beau frère de Sun, qui fit des études militaires au Japon est dépêché à Moscou où il fera un stage dans l'armée rouge. Dans le même temps, arrive à Canton une mission soviétique avec Borodine qui va réorganiser le parti Guomindang sur le modèle soviétique. Ce sera donc, un parti centralisé, hiérarchisé, appelé à étendre son contrôle sur tous les rouages de l'état et de l'armée. En 1924 sera crée avec l'aide de conseillers militaires russes, l'académie militaire de Huangpu (près de Canton ). La nouvelle armée est placée sous commandement de Chiang. Or, le 12 Mars 1925 Sun Yat Sen meurt.

3° Chiang, les Communistes et la Chine. Chiang Kai Shek accepte l'organisation bolchevique mais n'adhère pas à son idéologie. Cependant, les idées marxistes se répandent rapidement en Chine Pourquoi?

a) la Chine et le MarxismeEn fait, c'est en 1920 que fut fondé le Parti communiste chinois. Les Chinois n'ont plus alors de

modèle et, devant la perte des valeurs traditionnelles cherchent un sens à leur histoire. Précisément le marxisme donne une clef de lecture de l'histoire. L'impérialisme est décrypté ; depuis la guerre de

l'opium, les Chinois savent ce qu'il est ( culte de l'individu, recherche du profit pour lui même, libre entreprise, exploitation des pays). Et voilà que les japonais aussi sont impérialistes.!Mais il n'y a pas que la situation géopolitique qui soit en cause. La marxisme nie toute réalité transcendante ;par là, il semble rejoindre une des constantes de la pensée chinoise.Par ailleurs, les 5 stades (antiquité esclavagiste, féodalité, bourgeoisie, socialisme, communisme ) qui jalonnent selon Marx la marche inéluctable (quasi mécanique ) de l'histoire rappelle les visions eschatologiques de la « Grande harmonie »58 En outre, l'abolition de la propriété privée mise en

pratique par les Taïpings répond à une des aspirations profondes de la tradition révolutionnaires chinoises. De toute les idéologies, le marxisme est sans doute, celle qui se rapproche le plus de la pensée chinoise. Il apporte, en outre, un modèle d'organisation révolutionnaire qui n'est pas sans parenté avec certaines sociétés secrètes chinoises. L'essor du marxisme s'explique fort bien et les Communistes seront nombreux dans le Guomindang.

b)Chiang à la reconquête du Nord (voir carte) Le nouveau régime s'installe à Nankin. Une insurrection populaire éclate à Shanghai en Avril 27.Le Guomindang la réprimera dans le sang. Chiang a donné des gages aux entreprises étrangères : il est l'homme fort qui peut assurer l'ordre en Chine et la plupart des possédants se rallie à lui. En fait, Chiang est admirateur des régimes forts qui se multiplient (national-socialisme, fascisme mussolinien...)

Fort de ses appuis il stabilisera les finances (au moins jusqu'en 1930) et par ailleurs, entre 1928 et 31 le Gouvernement. de Nankin reconquerra une partie des droits abandonnés par les Mandchous: réduction du nombre des ports et concessions, recouvrement des droits sur les douanes, le sel et la poste.

Très rapidement Chiang marche vers le Nord et reprend Pékin. Même si son autorité n'est pas tout à fait assurée dans ces provinces la Chine semble à nouveau réunifiée..

c) La menace communiste et la Longue Marche(1934) (voir carte)Le communisme chinois va rapidement abandonner le modèle bolchevique qui veut que la révolution soit urbaine et ouvrière. En Chine, elle sera paysanne et les premiers pionniers du Parti sont destitués.

58N'oublions pas que Marx, bien que totalement athée est de culture juive. Or, les prophètes d'Israël envisage la fin des temps comme présence de Dieu qui engendre une réconciliation entre les hommes et entre les hommes et la nature : « Le loup couchera avec l'agneau ; l'enfant jouera sur le nid de la vipère » écrit Isaïe. Mais tout en tonnant pour que les hommes pratiquent ici bas, justice et fraternité, ces prophètes savent que la plénitude de cette « harmonie » de Dieu, n'est pas de ce monde.

Marx n'a pas oublié les prophètes d'Israël mais pense que la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme se réalisera en ce monde (car il n'y en a pas d'autre) et que c'est la finalité même de l'histoire. Il y a chez lui, un espèce de Messianisme temporel. Et ce n'est pas un hasard si les pays qui ont connu un parti communiste fort en Europe, soient des pays de tradition catholiques (organisation hiérarchisée et royaume de Dieu ramenés entièrement sur la terre des hommes. ) Cette interprétation personnelle peut, évidemment être discutée.

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Dans la période qui suit la marche vers le Nord de Chiang, les Communistes créent des enclaves paysannes où ils organisent et gouvernent. De cela, Chiang ne veut pas mais son implantation est beaucoup plus urbaine que rurale. Il encercle les poches communistes entre 1931 -34, essayant de les réduire. En Octobre 34 les Communistes se replient vers l'ouest et entreprennent la Longue Marche qui les conduira, à travers le Sichuan jusqu'au Shaanxi où ils établirent à Yan'an une base qui leur servit de laboratoire pour la conquête de la Chine. Partis 100 000 ils arrivèrent 8000. Les vétérans de la Marche jouirent d'un grand prestige et il fallut la Révolution Culturelle de 1966 pour qu'une partie d'entre eux disparaisse.

d)L'avancée du JaponTout à sa lutte contre les communistes Chiang dut aussi contrer les empiètements du Japon en Mandchourie. Il ne le put guère et certains lui reprochèrent d'avoir sacrifier la défense au profit de la chasse aux ennemis intérieurs. Les Japonais prennent pied dès 1931 en Mandchourie et en 32 instaurèrent le Mandchoukouo avec à sa tête le dernier Empereur de Chine Pu Yi, véritable marionnette entre les mains du régime nippon.

Ainsi pris en tenaille, le Gouvernement de Nankin eut un budget militaire énorme et dut s'appuyer sur les firmes étrangères. Cela n'alla pas sans corruption, à tous les échelons de la hiérarchie militaire et du Gouvernement

4° La 2° guerre mondiale et la prise de pouvoir communisteC'est en 1937 que le Japon déclenche son offensive contre la Chine.

a) La 2° guerre mondialeLes troupes gouvernementales, malgré le harcellement des partisans communistes, furent rapidement bousculées. Chiang Kai Shek avec son gouvernement dut se réfugier dans le Sichuan à l'abri derrière les gorges du Yan tse Kiang.. Ce n'est qu'après Perl Harbour en Décembre 1941 que Chiang fut aidé par les Américains. Mais l'injection de Millions de dollars servit à gonfler une armée pléthorique et une bureaucratie envahissante. L'inflation fait rage et en 1944 le dollar chinois vaut 500 fois moins qu'au début de la guerre. Tous ces facteurs facilitent la corruption. Sur un autre plan, les USA contraignirent les nationaliste à coopérer avec les forces communistes de Mao. et l'occupation nipponne fut terrible pour les populations d'un grand tiers Est du territoire chinois. Les atrocités japonaises marquent encore les esprits aujourd'hui59.

b) Fin de guerre et guerre civile 1946-49La Chine nationaliste est comptée parmi les vainqueurs de la guerre et Chiang obtient pour son pays un siège permanent au Conseil de l'ONU. C'est un moment d'euphorie, vite passée car inflation et corruption sont les deux mamelles du régime et il faut vaincre les communistes. L'armée nationaliste compte plus de 5 millions d'hommes, elle bénéficie beaucoup plus que les communistes d'armes confisquées aux japonais. Mais sa supériorité n'est qu'apparente. Les lignes de communication des nationalistes sont trop étendues alors que les Communistes sont plus groupés au centre Nord, ils sont d'une grande discipline, ne pillent pas, ne violent pas et même apportent quand nécessaire, la nourriture qui manque. Une fois, un territoire conquis, il est administré et les terres sont redistribuées aux paysans. De mémoire d'homme on avait jamais vu miracle pareil. Si l'on ajoute les connivences possibles entre pensée chinoise et marxisme, on comprend que la population rurale -fortement majoritaire ait basculé dans le communisme.Face à eux, les troupes nationalistes qui ne tiennent que les villes sont face aux attaques communistes, démoralisées. Les défections de soldats se comptent par milliers, par unités entières.Bref! En Octobre 48 tout le Nord Est est conquis par Mao et les nationalistes perdent 400 000 hommes; Dans l'hiver 48/49 c'est la grande bataille où Chiang perd 550 000 hommes (non pas tous tués mais prisonniers sans s'être vraiment battus). En Mai Shanghaï est prise, Canton en Octobre 49 tandis que la République populaire de Chine est proclamée le 1° Octobre 1949 60.

59Massacre de Nankin, qui débuta le 13 décembre 1937, dura six semaines et fit entre 150 000 et 300 000 victimes chinoises, 60Chiang Kai Shek se réfugie sur Formose (Taïwan) avec le reste de ses troupes; Taïwan garde le siège au conseil de sécurité de l'ONU.

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La force de Mao est d'avoir forgé une armée populaire de paysans et de soldats dans les territoires occupés par le Japon, alors que Chiang était dans un refuge au Sichuan. La génie de Mao est d'avoir renoué avec des traditions anciennes datant de Han et des Tang où les paysans soldats obtenaient des terres en raison même de leur service

5° Les débuts du Régime et les Cent FleursLe parti chinois est organisé à l'image du parti bolchevique. Si l'organisation est semblable, des divergences de nature idéologique existent.

a) Spécificité chinoiseLa révolution s'est faite à partir et avec les ppaysans ce qui est assez contraire à la vulgate marxiste.L'originalité provient surtout de l'importance accordée à l'endoctrinement et à la conversion des esprits.De 1950 à 75 la vie des Chinois a sans cesse été bouleversée par des évènements destinés à mobiliser tout ou partie de la population par un recours obsédant aux moyens de communication( affiches, radio, journaux, exposés, discussions...). Par ailleurs, l'étude de la pensée de Mao ou du quotidien du Peuple, l'examen de conscience, la confession, le repentir devait élever la conscience politique de chacun. On retrouve là, de façon quelque peu tordue, l'importance de l'éducation, de la morale et du groupe qui doit s'assurer de la bonne « moralité politique » de tout un chacun. Paradoxalement pour un marxiste, la transformation de la société a toujours eu le pas sur l'économie : priorité est donné au politique sur l'économique. Lorsqu'on a cela à l'esprit, on comprend mieux ce qui peut apparaître comme des foucades -parfois gravissimes – du Grand Timonier

b) La ReconstructionOn peut dire qu'en 1952 la reconstruction est à peu près terminée. Le Gouvernement a stabilisé la monnaie, permis à tout le monde de manger et de se vêtir, sommairement peut-être mais personne ne fut dans le besoin grave. Comment parvenir à reconstruire les chemins de fer, les usines...Certes! L'aide soviétique est là; mais elle n'est pas gratuite : il faut payer les machines, entretenir les conseillers. Incontestablement, ce tour de force provient du peuple lui même. L'adhésion à un régime qui apporte la paix, l'ordre n'est pas feinte et permet cet effort gigantesque.

c) reprise en main et Cent Fleurs (février-juin 1957)A partir de 1952 le Direction va procéder à la création des Communes populaires ; c'est une organisation semblable aux kolkhozes soviétiques. Dans le domaine industriel, comme, en URSS priorité est donnée à l'industrie lourde, industrie d'état, mais avec souplesse on admet des capitalistes comme chef d'entreprise et il y a des entreprises mixtes mi privé - mi État. Toutefois, le pouvoir se rend compte que l'effort demandé depuis la fin de la guerre et la réforme des Communes engendrent une tension. Il décide d'attribuer des jardins aux agriculteurs et lance en direction des urbains et des intellectuels, le slogan « que Cent fleurs s'épanouissent »

Après hésitations les critiques de la politique menée furent plus dures et nombreuses que prévues par les dirigeants. En particulier une émeute éclata chez les étudiants à Whuhan (Juin 57 ). Au bout de 5 semaines les cent fleurs furent brisées61. Dans les campagnes les lopins particuliers prirent le pas sur le travail collectif et un certain marché libre vit le jour: incontestablement le Parti devait réagir. Ce ne fut pas un retour en arrière mais une autre politique.

6° Le grand bond en avant (1958-1962)Dans l'esprit de Mao si les mesures de libéralisation pouvaient se retourner contre le régime, c'est que la réforme des mentalités n'avait pas été assez profonde : une fois encore le Politique et le volontarisme allait l'emporter sur l'économique.Le grand bond fut un essai utopique pour refondre complètement les communautés rurales et urbaines, pour rattraper en quelques années les pays industrialisés.En 1958-59 ce fut une prodigieuse mobilisation. Les kolkhozes sont abandonnés au profit de super communes populaires de 2000 à 20 000 personnes. Ces dernières doivent se suffirent et régler les problèmes : agriculture, industrie (les petits hauts fourneaux ) commerce, affaires sociales, défense. ..

61Il faut laisser s'épanouir les germes afin de les mieux voir et les extirper

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Tout est mis en commun; la Famille ne se retrouve que le soir pour dormir. On veut aussi supprimer ce qui distingue la Ville de la campagne.La récolte de 58 fut bonne, celle de 59 médiocre et les suivantes de 60 et 61 catastrophiques. Les cultures ont été négligées au profit d'entreprises industrielles hasardeuses. Ce fut la famine et l'évaluation du nombre de morts dû à la faim oscille entre 13 et 30 Millions.Dans le même temps irritée par l'indépendance de la Chine l'URSS retire brutalement toute son aide y compris technique en 1960. D'où provient cette rupture? des divergences idéologiques dont nous avons déjà parlé mais qui sont portées au paroxysme avec l'aventure du grand Bond en avant. Mais il y a aussi un changement de contexte. En 1950 c'est un pic de la guerre froide ; l'URSS a besoin de la Chine - en particulier pour intervenir en Corée. En 1960, on s'engage vers une coexistence pacifique et l'allié chinois devient alors « insupportable ».

7°La Révolution culturelle (1966-1976)La Chine une fois de plus doit effacer les ravages d'une inconséquence

a) La transition Il y a toujours eu dans le Parti un courant réaliste. C'est lui qui prend la tête de la reconstruction avec dans ses rangs un certain Deng xiao Ping. Et en 1965 la paysannerie retrouve sa prospéritéMis sur la touche et de plus en plus accusé d'erreurs graves, Mao Ze Dong commence alors à ré-attaquer. Il a toujours auprès des Jeunes l'aura du père fondateur; il sait aussi que la jeunesse voudrait des places que la vieille hiérarchie du Parti ne leur donne que parcimonieusement, il va jouer sur l'antagonisme générationnel. Les Étudiants sont invités à dénoncer les déviations idéologiques qui se cachent dans les oeuvres d'intellectuels qui critiquent Mao. La révolution culturelle est lancée.

b) Le grand chambardement Vous savez tous ce qu'elle fut : romans, film l'ont dépeinte. Les jeunes embrigadés en gardes rouges dénoncent d'abord les Intellectuels qui sont renvoyés aux champs pour rééducation. Le cadres du Parti sont à leur tour dénoncés publiquement et obligés de « confesser » leurs erreurs voire leurs crimes.Dans le même temps le Plenum du Comité Central en 1966 met à l'écart Deng. La violence se déchaîne au point que d'autres groupes se réclamant aussi de Mao combattent les premiers gardes rouges. C'est l'anarchie.Seule l'armée est restée à l'abri et c'est elle qui va reprendre la situation en main. A partir de 1967, une double administration civile et militaire est mise en place, on fait appel à d'anciens cadres pourtant déchus quelques mois plus tôt ; et l'armée fait la chasse aux ultra -gauchistes.Quels buts voulaient atteindre Mao? Certes! Ressaisir le pouvoir qui était en train de lui échapper mais plus encore. Il s'agissait d'empêcher la révolution de s'endormir et d'aller vers un chemin semblable à celui de l'URSS. Et puis, toujours, opérer une mutation radicale de la société et des comportements, la disparition des distinctions entre travail manuel et et intellectuel, l'extinction de toute classe et de tous privilèges.

A partir de 1968 ce fut une remise en ordre de la Chine ( au grand dam de ceux qui avaient cru accomplir une révolution radicale ) et Mao vieillissant gérera le pays avec la bande de 462.

*Mao Ze Dong meurt en 1976 tout en douceur Deng Xiao Ping prendre progressivement le pouvoir pour mener une politique aux antipodes de celle de Mao.

Deng c'est le primat de l'économique. Certes! Le Parti tient le pays d'une main de fer mais les entreprises sont libres. Et sous couvert de « socialisme de marché » nous avons, pour le moment, un vrai capitalisme débridé.

Gorbatchev en URSS voulut réformer le Parti sans toucher aux dogmes économiques; Deng fit l'inverse : maintenir l'outil de fer qu'est le Parti et mettre à bas tout dogme d'économie marxiste.

Deng a réussi ; Gorbatchev a perdu.M.Armand 12 03 07

Sommaire

62La femme de Mao, Jiang Qing, appartenait à ce groupe, avec trois de ses proches, Zhang Chunqiao (membre du comité permanent du Bureau politique), Yao Wenyuan (membre du Comité central), et Wang Hongwen (vice-président du Parti). Deux autres personnalités du Parti, Kang Sheng et Xie Fuzhi, qui étaient morts avant 1976, furent accusés d'avoir participé à l'activité de cette « bande ».

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Chine : démographie, population, société

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Introduction:La démographie manque de reconnaissance, même de la part des économistes qui n'en traitent qu'à la

marge. Elle est pourtant une science qui permet de comprendre le présent, de lire l'histoire sociale d'un pays et de prévoir un futur avec une grande fiabilité.

Examinons quelques données générales qui nous permettront de mieux approcher l'originalité chinoise en matière de population.

Le monde entier est en train d'opérer ce que l'on appelle la transition démographique. C'est le passage d'un régime de croissance lente de la population avec une natalité forte ( 30 ‰ ) mais une mortalité non moins forte, à une croissance faible ou nulle avec natalité et mortalité très basses.

Nous voyons que dans les deux premiers temps la mortalité s'effondre rapidement alors que la natalité tout en diminuant un peu reste très forte. Ces deux temps engendrent une croissance considérable de la population. Dans un troisième temps, la mortalité cède à son tour et s'effondre. Nous entrons alors dans un quatrième temps où natalité et mortalité sont faibles au point même que les morts l'emportent sur les naissances63. L'Europe fit cette transition en douceur sur 150 ans, de la fin du 18° à la mi 20° siècle. Par exemple ce fut au 19° que la Grande Bretagne connut une croissance considérable de sa population qui lui permit et d'accomplir la première révolution industrielle et de peupler abondamment les Nouveaux Mondes. Le développement hégémonique de la langue anglaise vient de là. Quant à la France, elle connut une transition atypique car (voir annexe 2 ) au 19° siècle, la natalité baisse autant que la mortalité : il n'y a donc qu'une croissance très faible qui ne permet pas l'émigration de population et le peuplement des colonies (sauf Algérie avec l'aide d'italiens et d'espagnols ).Que l'on ne vienne pas dire ensuite que la démographie est anodine : les faits que je rapporte ont façonné le monde jusqu'à aujourd'hui.

Tous les pays du monde sont en transition démographique. Presque tous, atteignent depuis peu le 3° temps où la natalité recule à son tour. Mais comme il y a eu grande croissance, le nombre de jeunes est important. En conséquence, même si les naissances sont contrôlées, elles demeurent nombreuses.A ce schéma général, deux exceptions : l'Afrique sub-saharienne qui est en retard et la Chine qui a accompli en 25 ans ce que l'Europe a mis 150 ans à faire.

1° Évolution de la Population chinoise

63C'est le cas aujourd'hui des pays riches et singulièrement de l'Europe à l'exception de l'Irlande et de la France

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La Chine est un des rares pays du monde pour lequel nous puissions reconstituer avec une relative précision, l'évolution de la population (voir annexe N° 2 ).

De l'ordre de 60 Millions de personnes en notre ère, elle se maintint à ce niveau jusqu'en l'an 1000 non sans marquer d'importantes fluctuations imputables aux épidémies mais surtout aux luttes internes.Sous les Song ( riz dans la vallée du YangZi....) nous atteignons un pic : 120 Millions ; puis avec les Mongols s'amorce une diminution suivie d'une remontée. Vers 1600, Matteo Ricci évalue la Population à 200 Millions. Elle montera régulièrement sous les premiers Qing au 18° siècle continuera avec des à coups dûs aux guerres pendant le 19° sans toutefois commencer la transition démographique. C'est en 1950 que cette dernière s'enclenchera.

2° Première Phase de la transition Elle consiste en une baisse de la mortalité au lendemain des guerres. Le régime nouveau ct -nous l'avons vu – apporte ordre et mieux être. Les rendements, grâce à la redistribution de la terre aux paysans, sont meilleurs. Par ailleurs, l'encadrement qui fait suite avec la création des Communes amène un progrès de l'hygiène, un minimum de soins, la vaccination de base et une éducation -si nécessaire- pour faire reculer la mort des nourrissons, entre autres. Cette organisation forte maintenue par le parti, permet d'organiser des campagnes d'action telle celle qui consista à éradiquer les mouches. Cet insecte était aussi redoutable en chine ancienne que les moustiques dans les pays tropicaux. Un peu plus tard, le régime lancera les médecins aux pieds nus ( hommes ou femmes dont la formation est intermédiaire entre infirmiers et médecins ) qui permettront à tout le monde dans les campagnes d'accéder aux soins de base.

La mortalité va baisser rapidement de 1950 à 60, mais non la natalité; pourquoi?A cela il y a des raisons générales valables pour l'ensemble des Pays du Tiers Monde (ainsi les appelait- on ) et spécifiques à la Chine.

a) La familles est nombreuse parce que la mortalité infantile ( de 0 à 1 an ) est forte, sans compter la mortalité juvénile ( de 1 à 5 ans). Il arrivait souvent que la moitié des enfants disparussent avant cet âge. La vie côtoie la mort en permanence. Dans ces conditions, une famille ne pouvait pas même envisager de limiter les naissances.b) En l'absence de machinisme-impossible d'ailleurs sur des parcelles petites -il faut de la main

d'oeuvre: l'enfant travaille jeune et est don précieux pour la Famille. c) En l'absence de retraites institués par une quelconque Sécurité sociale, ce sont les enfants qui doivent assurer les vieux jours de leurs parents. Le couple doit être sûr de garder au moins un enfant mâle jusqu'à l'âge adulte. Rien n'est moins sûr avec des taux de mortalité trop importants, avec les aléas des guerres, des épidémies....Il faut donc ne pas compter les enfants.d) En Chine, la Fille part de sa Famille et va servir sa belle -famille; elle n'est d'aucune utilité pour les vieux jours. Seuls, les garçons restent -parfois sous un même toit – et sont en charge de leurs parents. Si vous ajoutez à cela, le fait que seul un Fils peut assurer le Culte des Ancêtres et combler ainsi le lignage, il faut garder des Fils et donc ne pas compter les naissances, quand bien même aurait- on la possibilité de les limiter.Ainsi comprend-on la malédiction qui tombe sur la Femme qui ne peut avoir d'enfant ou sur celle qui ne met au monde que des Filles. Dans ce cas là ce sont les concubines qui prennent le pas. Le sort de la Femme en général dans la Chine ancienne (comme dans bien d'autres civilisations) n'est pas enviable 64.

Toutes ces raisons expliquent que le nombre d'enfants par femme (taux de fécondité) reste très élevé de l'ordre de 5 à 6.65Mais il existe une explication supplémentaire : Mao n'a pas voulu. Le marxisme -et sur ce point, il l'est demeuré -est anti Malthusien : les hommes ne sont jamais trop nombreux par rapport aux richesses, ce sont ces dernières qu'il faut augmenter et surtout mieux répartir. Il semble donc, que Mao ait passé un pacte tacite avec la paysannerie : moyennant une liberté d'allure politique, Il n'interviendra pas dans les affaires familiales intimes.

64Voir les romans tel que les Cygnes sauvages ; Yung Chang collection Pocket65C'est ce que les démographes appellent le Taux de fécondité: soit, le nombre d'enfants qu'une femme met au monde dans sa vie génétiquement féconde ( 15- 49 ans). Si le taux est égal à 2,1, le remplacement d'un couple par un autre est assuré. La population se renouvelle sans avoir besoin de faire appel à l'immigration. Ce ne sera pas le cas de l'Europe où sauf Irlande et France les taux sont de l'ordre de 1, 4 ou 1, 6

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Cela est si vrai que lorsque il déclenchera la marche forcé du grand bond en avant, le slogan sera aussi « un enfant de plus n'est pas une bouche à nourrir mais deux bras pour travailler »66

En tout cas, l'écart grandissant entre une mortalité en baisse (sauf accident sérieux du grand bond en avant) et une natalité qui demeure forte entraîne une croissance exponentielle de la population que nous constatons sur le graphique de l'annexe 3.

2° Le recul de la Natalité

Avant 1970 il y eut quelques tentatives de restriction de la natalité mais-comme je l'ai dit -la volonté politique n'y était pas.

Après les chambardements de la révolution culturelle, Zhou En Lai promulgue en Juillet 1971 la campagne de restriction des naissances qui sera menée à bien sans relâche.

a) Wan, Xi, ShaoC'est le slogan et la réalité pour nombre de chinoisWan signifie : tard ; mariage tardif et 1° enfant aussi Xi signifie : espacé ; espacement des naissances Shao signifie: peu ; réduction de la descendance.

C'est la politique nationale fondamentale.Toutefois, la réglementation distinguait 3 catégories de population:• Population urbaine soumise à une règle stricte : mariage 25 an /Femme et 28 /homme et pas plus de 2

enfants. Intervalle entre les enfants 3 ou 4 ans.• population rurale Age au mariage un peu plus jeune (23/25 ). Nombre maximal d'enfants :3• minorités ethniques restent exclues du programme.

• Il faut bien réaliser que le territoire chinois est immense et que le pouvoir central ayant édicté le cadre ce sont les autorités régionales et locales qui appliquèrent et quelquefois modifièrent la réglementation. Les résultats furent là : le taux de natalité qui était de 33‰ en 1970 passa à 18‰ en 1979. Ce fut jugé insuffisant car les génération nombreuse arrivaient en âge de se marier.

• Hua Guofen oremier Ministre décréta en 1979 la norme drastique de l'enfant unique. Cette politique va à l'encontre de toute la culture chinoise -surtout dans les campagnes qui représentent encore plus de 60% de la population. Aussi, en 1984 fut-il permis aux ruraux d'avoir un 2° enfant si le 1° était une Fille.

• En tout cas, voici quelques extraits de la Loi sur le mariage de 1980• « Le mari comme la femme ont le devoir de pratiquer le planning familial »• « un couple ayant un enfant doit adopter des mesures contraceptives à efficacité longue, telle

que le stérilet et un couple ayant deux enfants ou plus doit pratiquer la stérilisation »• en cas de grossesse non planifiée les règlements requièrent l'adoption de « mesures y

remédiant » (IVG bien sûr ).

b) 1980 et la décade 90Les années 80 vont marquer une pause dans le recul de la Natalité. C'est en effet, le début des grandes réformes économiques; elles desserrent le cadre politique qui enserrait les gens mais ne donnent pas encore de résultat en terme de consommation.67

Il n'en va pas de même dans les années 90 où la baisse reprendra avec moins de coercition car, surtout les urbains seront happés par la consommation et feront le moins d'enfants possibles.

c) les résultatsC'est l'indice synthétique de fécondité qui est le plus parlant; il était de 5,7 enfant/femme en 1960; Il est tombé selon les sources officielles à 2, 8 en 1979.

66 Ce slogan ne peut que remporter l'adhésion d'une paysannerie qui a toujours pensé ainsi.67Je pense en effet, que c'est l'arrivée d'une société consumériste qui fait régresser les idéologies et/ou les religions; sans apporter, pour autant, un quelconque sens à la vie. L'humanisme lui aussi est menacé car il s'est bâti en miroir par rapport aux croyances religieuses.

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En 1990 l'indice serait de 2, 3 enfants/femme et en 92 atteindrait le taux de 2 soit celui du remplacement du couple par un autre.

Toutefois, certains mettent en doute la validité de statistiques; certaines naissances seraient sous-évaluées parce que, non enregistrées. Par ailleurs une statistique moyenne ne veut pas dire grand chose humainement. Ainsi, c'est à Shanghai que le taux est le plus bas 1, 62 (c'est un taux allemand ) et dans les ethnies de l'Ouest qu'il est le plus haut : 2,4 avec des variantes régionales fortes.

3° transition démographique réussie; avec quels moyens? En 25 ans la Chine a fait chuté le taux de natalité et réussi sa transition démographique alors que l'Inde est encore en chemin, que l'Afrique a beaucoup de mal et que l'Europe a mis 150 ans pour l'achever.

a) la coercition des années 70/80Elle apparaît dans les textes de loi que nous avons cités. Mais dans les faits? Ce sont les région qui décident des moyens.

Dans la décennie 70/ 80 l'encadrement politique et social est très fort. En Ville, chacun est attaché à une entreprise dont il dépend : dépasser le quota d'enfants s'est s'exposer à des amendes, des privations de droits sociaux, de logement. ..Ici comme dans les Communes rurales le Planning familial devient l'institution que le parti surveille. En campagne, certaines administrations ( qui veulent plus que jamais sur ce point, remplir le cahier des charges du Plan ) lancent des opérations « coup de poing » (prohibée par la loi ) : ainsi, faire le décompte des couples ayant 2 enfants et procéder à des stérilisations masculines et/ou féminines sur le champ.

b) Les années 80 C'est le décret sur l'enfant unique. Le pouvoir reviendra en arrière en permettant 2 enfants dans les campagnes si l'aînée est fille. Mais en 1984 c'est l'ouverture aux capitaux étrangers de 14 villes côtières, c'est l'introduction d'une part de marché dans les campagnes. Ce sont les premiers pas vers le « socialisme de marché ». Même si le parti est toujours omniprésent, le cadre qui enserre la paysannerie se desserre et la natalité ne va plus reculer.Lorsque le socialisme de marché sera installé et portera ses fruits économiques, alors, pris d'une frénésie de consommation, la natalité baissera sans grande contrainte;

c) Quelles sont les conditions pour qu'une population régule ses naissances librement ?Je ne serai pas exhaustif mais citerai quelques fondamentaux nécessaires.• * Une mortalité infantile et juvénile faible ( de 0 à 5 ans )• En 1957 la mortalité infantile était de 137‰. Aujourd'hui, nous en sommes à 45‰. La baisse est forte

mais le taux est encore trop élevé (Corée du sud = 11‰ ). Bien sûr, la moyenne cache des disparités entre Ville et campagne du centre chinois. Ce que dit ce taux est que les paysans ne sont pas assurés de leur descendances finale.

• Par ailleurs, l'évolution économique libérale de la Chine fait que les soins aussi ont tendance à se libéraliser. Tout le monde ne peut pas tout se payer surtout dans les campagnes. Il se peut qu'il y ait des surprises fâcheuses dans l'avenir.

• * L' Éducation des Femmes• Dans toute population, plus le niveau d'éducation des Femmes est élevé, plus la libre régulation des

naissances peut se faire.• La Chine a fait d'immenses progrès dans l'éducation et le statut des femmes, surtout lorsqu'on sait d'où

elles viennent 68. Toutefois, dans l'ensemble les Femmes sont moins bien soignés que les hommes et sont moins éduquées. Ce sont les années 80 qui ont vu les progrès les plus rapides.

• En 1997, 23% des Femmes étaient analphabètes et ces 23% constituait les 71% de la totalité des analphabètes en Chine. Le taux des hommes est de 9%..Il y a donc un retard féminin qui est en train, semble-t-il de se combler.

• Mais en matière sexuelle, le planning familial a beaucoup éduqué. • * Une retraite assurée

68Voir le roman les cygnes sauvages déjà indiqué

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• Nous avons vu le rôle du garçon dans l'économie familiale. Pour que les paysans acceptent la limitation de la famille, il faut qu'ils soient, au moins sûr,de finir leu jour dignement. Or, rien n'est assuré puisque les cadres sociaux et familiaux sont en train de voler en éclat alors que la population vieillit.

• Avec le problème féminin, nous touchons là deux graves problèmes de la Chine.

4° Vieillissement et déficit de FillesLe déficit de Filles en Chine est incontestablement parmi les problèmes les plus durs et criants aujourd'hui.

a) Déficit croissant de FillesIl peut être mesuré par le taux de masculinité. Celui ci mesure le nombre de garçons pour 100 filles. Dans une population normale, il naît 105 garçons pour 100 Filles. Mais la mortalité infantile des garçons est plus élevée que celle des Filles ce qui fait que rapidement il existe naturellement un équilibre des sexes. Cet équilibre sera ensuite rompu au profit de Femmes car, il y a généralement une surmortalité masculine à partir de 60 ans environ. En bref! On a un équilibre des sexes dans les tous premiers âges et aux âges féconds et un déséquilibre en faveur des Femmes aux âges élevés.

Or, il naît 117 garçons pour 100 filles en chine et, dans certaines provinces du Jiangxi et du Guangdong on atteignait le taux de 138 pour 100.Incontestablement ce sont des Filles qu'on empêche de naître en pratiquant les avortements sélectifs69. La politique de l'enfant unique n'a pas effacé la culture du garçon seul capable de transmettre le nom, le culte des Ancêtres et surtout de venir en aide aux parents âgés. En principe, il est interdit de révéler le sexe d'un foetus mais il suffit de payer et un geste du médecin suffit pour renseigner les parents. Lorsque la Fille ne disparaît pas ainsi (dans les campagnes par exemple ) le nourrisson est abandonné et meurt. Dans le meilleur des cas, elle est recueillie ce qui fait que l' Office officiel d'adoptions ne fournit que des Filles.

On constate en outre, une surmortalité des petites filles : elle sont moins bien soignées, moins nourries, moins éduquées que les garçons qui sont l'objet de toutes les attentions.

Le résultat est qu'en Chine (comme en Asie ) il y a curieusement 103,9 Hommes pour 100 Femmes, alors que dans tous les pays du monde on trouve environ dans la population globale 92,7 Hommes pour 100 femmes.

La loi proclame l'égalité des sexes. Mais la Culture ancienne et profonde est plus forte que la loi; et quand, celle-ci violente les couples dans leur intimité, ces derniers sont conduits à des pratiques inhumaines. Il faut dire qu'en Chine il n'y a pas de transcendance, il n'y a pas (ou difficilement ) de sujet mais que seule s'impose la lignée patrilinéaire. Nous savons qu'ils ont du mal à dire « Je »alors qu'ils sont dans un « nous » familial. Tout ceci explique cela. 70

Reste que en 2020 -ce n'est pas si loin – 30 Millions de Chinois en âge de se marier ne trouveront pas d'épouses. Dans une société où le célibat n'existe pas, c'est encore plus grave qu'ailleurs.

Les Autorités se sont rendus compte de la gravité des choses et ont lancé un programme «se soucier des Filles ». Dans les campagnes les couples ayant 1 ou 2 Filles touchent depuis 2006, un pécule de 5 Euros71 par mois à partir de 50 ans. Dans un pays où la retraite est mince, quand elle existe, ce n'est pas négligeable. Et surtout cela indique bien qu'un des problèmes est celui du vieillissement et des retraites.

b) vieillissement de la population La fécondité a baissé de 5,0- à 1,8 enfant par femme et l'espérance de vie est passée de 41 ans en 1950 à 71 en 2000.

C'est la rapidité de ces deux mouvements qui entraînera un vieillissement de la population redoutable parce que rapide.Les Plus de 65 ans comptaient pour : 6, 5 % de la population en 2000

Ils seront : 15,7 en 2030 soit 187 Millions22,6 en 2050 soit 405 Millions, quant aux très âgés ils passeront de 38

millions en 2030 à 160 millions en 2050.Le problème des retraites se posent déjà. Une enquête menée en 1992 relevait que seuls 5, 9 % des personnes âgées de 60 et plus recevaient une pension en milieu rural, contre 73,7 dans les villes. De la même manière, 69Isabelle Attané de l'INED, spécialiste de la démographie en Chine estime que 500 000 foetus filles sont supprimées par an (voir son livre « une Chine sans Femmes? » Édition Perrin)70D'où la difficulté de parler des Droits de l'homme tels que nous les entendons. Ils supposent que la personne, le sujet existe. 71Le revenu moyen par habitant en 2005 dans les campagnes est de 325 euros /mois

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on relève que 66,6% des personnes âgées bénéficient de soins à la charge de l'état ou des entreprises contre seulement 9,5% en milieu rural. Avec ces données, je pense que tout est dit. Ou bien, l'état fait un gros effort en matière de retraite (qui pourrait inciter les couples à réguler librement les naissances ) ou bien il assouplit sa politique de restriction des naissances; peut-être les deux à la fois.

5° les mouvements de population

Jusque dans les années 80, la population était étroitement contrôlée et ne pouvait migrer d'un village vers une ville fût-elle petite que les paysans munis de Hukou (livret de résidence ). Aujourd'hui, ce livret existe encore mais l'encadrement est moins strict et les besoins d'une économie capitaliste « ultra libérale »fait que l'on tolère des mouvements de population autrefois réprimés.On estime à environ 200 Millions le nombre de migrants campagne-ville; une petite moitié migre avec un hukou en règle et peut ainsi bénéficier des services officiels ( soins et autres ). C'est une réserve de salariés à moindre coût, car les urbains sont plus exigeants.Mais il semblerait qu'environ 120 Millions de personnes (presque 10% de la population ) arrivent dans les villes irrégulièrement et, eux, n'ont droit à rien. Ces migrants là, sont entassés sur le pourtour des grandes villes, dépourvus d'infrastructures. Ils occupent les emplois sales ou dangereux dont personne, en ville, ne veut et font l'objet de mesures discriminatoires leur interdisant officiellement l'accès à certains métiers. La Chine a aussi ses sans-papiers régulièrement victimes de rafles; A Beijing en 2000 la police aurait arrêté et renvoyé chez eux, 295 000 migrants en situation irrégulière.

Jusqu'à présent ce système a permis à la chine de ne pas gonfler démesurément ces mégalopoles:En 2000 Beijing compte 10,8 Millions d'habitants

Shanghai 12,9 Chiffres raisonnables à côté de Sao Paulo (22 M.) ou Bombay (18 )

Mais le mouvement peut s'accélérer avec la libéralisation économique. Pour le moment, il permet d'apporter un surplus de richesse dans les campagnes car, tout comme les immigrés chez nous, une part de ce qu'ils gagnent fait retour au Pays.

Conclusion. ...provisoire

D'ici à 2050 la Chine verra la croissance de sa population ralentir puis glisser vers une croissance négative. Elle ne devrait pas dépasser 1,6 Millards d'hommes. La principal défi sera celui du vieillissement : l'état et les familles devront le supporter. Il y a actuellement 90 Millions de fils ou fille unique qui devront aider 180 Millions de vieillards, sans compter les jeunes hommes qui risquent de ne pas trouver d'épouses.Le vieillissement sera très fort dans les villes de l'Est mais les migrations venant du centre ouest continueront de rajeunir ces populations; en tout état de cause ce sont les régions paysannes du Centre qui subiront le plus le vieillissement du fait du départ des jeunes.Le travail restera une ressource abondante : la population d'âge actif passera de 846 Millions en 1999 à 995 en 2025 et redescendra à 895 Millions en 2050. Mais cette population chutera à 60%.

Les structures sociales notamment l'enseignement et les structures vieillesse sont insuffisantes. La Chine devra dans les années qui viennent instaurer un système rationnel et équitable de Sécurité sociale.

Le vieillissement est le problème principal de la Chine.M. Armand 26 03 07

Sommaire

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La montée en puissance de la Chine de 1950 à 2007

IntroductionNous avons vu avec M Armand l'histoire de la chine au 20 è siècle d'un point de vue interne, aujourd'hui nous allons voir l'histoire de la 2è moitié du 20è siècle dans son environnement asiatique, pour arriver à la situation actuelle. Pourtant en 1950 le monde occidental ne donne pas cher de l'Asie, René Dumont prévoit des famines à cause de la croissance démographique et cependant l'Asie s'est développée à son rythme et suivant une voie propre.

1. La reconstruction en Chine dans un milieu hostile Création de l'ONU, qui attribue le siège permanent du conseil de sécurité72 à Taïwan (Formose). La guerre de Corée (1949-53) est déclenchée aux portes de la Chine, celle-ci y envoie des volontaires et non l'armée régulière73. L'Indochine est en feu (1949-54) puis (1954-73). les frontières issues des traités inégaux ne sont pas stabilisées. C'est la guerre froide et le théorie de « l'endiguement » du secrétaire d'état Foster Dulles, qui tend à envelopper le monde communiste d'un glacis de bases et d'états favorable à l'ouest.

La conférence de Bandung essaie de faire émerger un troisième force les pays non alignées sous l'impulsion conjointe de Nasser l'égyptien, de Néhru l'indien, de Tito le yougoslave, Zou Enlai, assiste à ces réunions.

Création de l'OTASE 1954 : membres, USA,GB, Australie, Nlle Zélande, Pakistan, Philippines, Thaïlande; elle fait partie de la politique de « containment », elle est dissoute en 1977.Création de l'ASEAN en 1967 : Associations des nations de l'Asie du Sud Ouest. Membres Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, et Thaïlande, en 1984 Brunei, Vietnam 1995, Lao Myanmar 1997, Cambodge 1999.

C'est dans ce contexte hostile que se déroule la reconstruction, puis les « cents fleurs ». Vient la rupture des relations sino-soviétiques, nous sommes en pleine guerre du Vietnam allié de l'URSS, les USA sont omniprésents74, une psychose s'empare des dirigeants chinois qui craignent une guerre sino-russe où une invasion occidentale comme au siècle précédent. Ils décident le développement auto-centré (1966-1976), et la mise en place d'une troisième ligne de défense vers la chine centrale75, en même temps c'est le « grand bond en avant » et « la révolution culturelle ».

Le pays se retrouve exsangue à la mort de Mao en 1976, tout cela nous l'avons vu avec M Armand. Comment s'insérer dans la prospérité de l'Asie du Japon des 4 dragons et des 4 tigres, tel sera le défi de Deng Xiaoping ? Mais voyons d'abord l'environnement économique

2. le décollage du Japon et de l'Asie des 4 dragons et des 4 tigres :

Pendant la période qui va de 1950 à 1995, la communauté internationale va vivre la décolonisation et la fixation de règle pour la vie en commun à travers l'ONU pour le politique et le GATT76 pour l'économie. Les barrières douanières existent, elles sont hautes, les états sont protectionnistes et interventionnistes. Le capitalisme est avant tout industriel, monopole nationaux et sociétés nationalisée sont la norme, les firmes multinationales vont prendre leur essor dans cette période. L 'agriculture est protégée 77.78 ➢ l'essor du Japon une voie asiatique ?

Dès 1937 le japon avec Akamatsu développe la stratégie en vols d'oies sauvages. 3+1 vagues successives: importation, substitution par production locale, quand ( le marché est saturé) exportation, puis délocalisation de la production (1982).Le Japon redistribue les terres aux paysans en 1946 pour contrer le communisme. Ce qui permet d'augmenter les rendements et de dégager de la main d'oeuvre pour l'industrie.Cette stratégie en vol d'oies sauvages est mise en action avec la création du MITI79 en 1949. Elle repose sur l'alliance état/entreprise. « le gouvernement est le capitaine et le monde des affaires la boussole. » Les priorités sont définies dans 12 plans successifs, avec une insistance sur l'éducation 95% classe d'âge au bac 50% en université80 (Un pays Confucéen attache de l'importance à l'éducation ). Une structure productive est construite autour de grands groupes « Keiretsu 81» qui associent une banque, des activités industrielles et des sociétés commerciales les « sôgô shôsha. ». Cette voie japonaise est incarnée par le Toyotisme*. En 1955 le courant conservateur PLD s'installe au pouvoir pour quelques décennies 725 membres permanents : Usa, Urss, GB, France, Chine- Formose73Ce qui évite une confrontation directe avec les USA74 Voir carte bases USA en annexe75Industrialisation de la province du Sichuan au delà des 3 gorges.76General Agreement Trade Tariff 77 Japon en 2000, le prix du riz est fixé par l'état, l'OMC oblige le Japon à importer 8% de sa production, ces importations ne sont pas commercialisées 78 Tout a changé depuis la création de l'OMC en 1995. 79Ministère de l'industrie et du commerce extérieur80L'importance de l'éducation supérieure est une constante dans le développement de l'Asie occidentale voir annexe81Reconstitution des « zaibatsu » d'avant guerre, démantelés car trop proche des militaristes japonais.

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( 1955-1994). La mécanique est en place ( pouvoir politique fort et stable, association état/entreprise, planification, conglomérat-banque-industrie-commerce).L'industrialisation monte en gamme au fur et à mesure de la qualification professionnelle et de l'amélioration des conditions de vie.

✗ 1950 textile✗ 1960 sidérurgie✗ 1970 automobile, construction navale (48% tonnage monial produit)✗ 1980 électronique robotique✗ 1990 Bio-industrie,informatique, nucléaire,cosmétiques✗ 2005 nano-technologie,engineering, génome humain82

Japon : 116 millions hab en 1980 et 128 en 2004. C'est un marché intérieur suffisant pour assurer un débouché à l'industrie.* Toyotisme : les trois trésors, emploi à vie, avancement à l'ancienneté, domestication des syndicats.Mais aussi des méthodes de gestion de la production : le juste à temps / flux tendu ( qui élimine les stocks)- l'amélioration continue - flux tirés <> flux poussés américains -Aller voir sur le terrain- Zéro défaut : la pièce défectueuse est la plus importante -

➢ Les 4 dragons dans le sillage du JaponDans les années de la décennie soixante il y a émergence des 4 dragons (Hong-Kong, Taïwan, Singapour, Corée du sud).On retrouve les conditions d'émergence de l'industrialisation du Japon, un régime fort donc stable 83, un capitalisme d'état, chaebol en Corée,Taïwan 4 entreprises d'état, Hong-Kong, une protection douanière. S'y ajoute des investissements asiatiques, les excédents japonais servent à financer le développement des 4 dragons84.

Au début une modernisation de l'agriculture pour dégager des surplus, financier et de main d'oeuvre. Le Japon qui voit son niveau de vie augmenter et donc ses salaires, sous-traite un partie de sa fabrication et passe au stade supérieur d'industrialisation. Les investissements nécessaires aux quatre dragons sont à la fois interne et externes Japon essentiellement.

Les Quatre DragonsPopulation en millions : Hong-Kong: 7 Taïwan: 22,2 Corée du sud : 47 Singapour: 4,3Les marchés intérieurs sont trop petit, le développement passe par exportation, d'abord comme sous traitant du Japon puis à part entière.Quelques firmes :Corée :Chaebol: Samsung ( télécom, électro-ménager, semi-conducteurs), Hyundai ( automobiles,construction navale, écran plat), LG ( domotique, téléphone portable, pétrochimie). Chantier naval.Taïwan : IGS (internationnal game système) jeu vidéo.Hong-kong :Singapour : singapore airline. Caltex, raffinage. Flextronic Internationnal Ltd, 1er mondial en sous traitance électronique.

➢ Les quatre tigresDans la décennie 70 émergence des 4 tigres (Malaisie, Indonésie, Philippines, Thaïlande) mêmes recettesvoir tableau du développement en vol d'oies sauvages.

NPI : Nouveau Pays Industrialisé, une part importante de sa population travaille dans le secteur manufacturier, ses exportations croissantes comportent une part croissante de produit manufacturé, son agriculture consomme ses intrants industriels, son économie passe d'une phase extensive à une phase intensive, le taux de croissance de son PIB s'élèvent rapidement.Pays atelier : faibles coût de main d'oeuvre peu spécialisée, législation sociale peu contraignante.

● La réaction de la communauté internationaleLe Japon croule sous les excédents commerciaux. Il est devenu la 3ème puissance économique, en

1985 les accords de Plaza (NY) réunissant les USA, GB, France, Japon, Allemagne Ouest, décident une réévaluation du Yen, qui met bon ordre (occidental !?) En 1990 Consensus de Washington* est mis en oeuvre par le FMI et la Banquemondiale gérer les pays émergents,1995 Création de l'OMC 1997 Crise financière en Thaïlande

82On peut résumer en une formule : Exportation de la tonne, du kilo, du gramme et de rien.83Corée du sud : Park Chung-Hee 1963-1987 – Singapour Lee Kuan Yew 1965-1990– Taïwan Guomindang 1950-2000 – Hong-Kong gouverneur anglais jusqu'en 1997.84Notion de co-développement, prôné par le Japon, zone de co-prospérité asiatique.

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Sur ces exemples ont voit que les états ont une marge de manoeuvre réduite surtout s'ils sont faibles

* Consensus de Washington John Williamson 1990:1 discipline budgétaire2 réorientation dépense publique3 réforme fiscale4 libéralisation financière5 taux change unique et compétitif6 libéralisation des échanges7 privatisation des entreprises publiques9 dérégulation des marchés pour assurer l'élimination des barrières à l'entrée et à la sortie10 Sécurité des droits de propriétésCe sera le socle des politiques d'ajustement structurel appliquées par le FMI et la Banque Mondiale en Amérique latine et ailleurs Personne n'a l'idée ou le courage intellectuel d'aller voir en Asie comment s'est fait le développement.

3. Deng Xiao Ping (1905-1997), franchir le gué :Quand Deng arrive au pouvoir en 1978, deuxième génération de dirigeant politique, il y a un environnement

proche qui montre qu'il y a une voie « asiatique » vers le développement. L'humiliation du XIX et XX siècle s'est estompée. Depuis le dégel des relation avec les USA en 1971 la Chine est à l'ONU et membre du conseil de sécurité avec droit de veto, mais le problèmes des frontières n'est pas encore réglé. Son premier défi sera comment passer du sous développement à une économie de développée, Vaclav Havel 12 ans plus tard dira pour les pays de l'est85 « on ne franchit pas un précipice en deux bonds ». .. ce à quoi Deng, pragmatique répond par avance « pour traverser le gué tâter chaque pierre ».

La pensée Deng XiaoPing● Qu'importe que le chat soit blanc ou gris, pourvu qu'il attrape les souris● La pratique est le seul critère de la vérité ● Ne pas débattre est une de mes inventions● Traverser la rivière en tâtant du pied chaque pierre● Cacher ses intentions et dissimuler ses forces● Il faut s'abstenir de brandir des drapeaux ou de conduire dans le vague● Une nation faible n'a pas de diplomatie● La pauvreté n'est pas le socialisme. Être riche est glorieux

● des objectifs, une méthode, un pilotageQuand Deng lance ses 4 modernisations ( agriculture, industrie, sciences et technologie, défense) il a des objectifs

doublement du PIB entre 1980 et 1990 et une méthode ouvrir progressivement vers l'extérieur, expérimenter à l'intérieur et garder le contrôle depuis le PCC.

Comme nous l'avons vu la chine est un pays de rites et de face, son approche traditionnelle de l'entreprise et du commerce se fait plutôt par le système des relations ( guanxi), ceci est resté valable pendant la période Mao. C'est le système des relations qui permet à un directeur d'usine de satisfaire ses quotas et de garder sa place. Le droit des entreprises est inexistant, ainsi que le droit de propriété. Il faudra donc tout mettre en place progressivement dans les ZES*. Droit du commerce, de la propriété matérielle et intellectuelle, établissement des contrats, gestion moderne des entreprises.

• Zone économique spéciale ZES : ouverte aux investissement étranger. Localisation en 1980 dans la Guangdong, face à Hong-Kong et Macao : (Shenzhen, Santou, Zhuhai) et face à Taïwan dans le Fujian ( Xiamen). Ces zones seront le sas de contact entre la Chine et l'extérieur. Elle sont aussi destinées à tester les méthodes, et les législations nécessaires au bon fonctionnement de la ZES. Le pouvoir politique est piloté par le parti depuis Pékin. Les « joint venture »permettent des transferts de technologie et la découverte des méthodes de managements.

➢ Les étapes de l'ouverture et de la mutation interne

✗ 1978 On expérimente en agriculture, abolition des communes populaires : les quotas sont livrés à la commune, l'excédent appartient au cultivateur qui peut le vendre à son prix.

✗ 1980 Industrie ouverture de 4 zones économiques spéciales, face à Taïwan et près de Hong-Kong et Macao, et dans l'île de Hainan86.

85Voir annexe consensus de Washington86Zhuhai ( Macao), Shenzhen (Hongkong), Shantou, Xiamen (Taïwan)

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✗ Le réseau de bambou : La diaspora chinoise des 4 tigres et des 4 dragons investit dans les ZES✗ 1984 ouverture de 14 villes côtières 87.✗ 1985 ouverture des 3 deltas, rivière des perles, YanzZi, Fujian.✗ 1989 ouverture des presqu'îles du Shandong et du Liaodong autour de Dalian, ainsi que la totalité de l'île de

Hainan.✗ 1990 ouverture de la Zone de Pudong en face de Shanghai.

On est dans une partie de Go, il faut surveiller le territoire de l'adversaire, d'où les premières localisation face à Hongkong, Macao,Taïwan. Il faut pouvoir surveiller les chinois des ZES ( laisser passer spéciaux pour y travailler) et accéder facilement aux importations et exportations d'où la façade maritime. La diaspora chinoise des tigres et dragons joue son rôle d'apporteur de capitaux et d'expériences, car elle est de même culture et connaît les règles. Depuis des générations la province du Fujian est une terre d'émigration d'où son ouverture rapide.

✗ La méthode de modernisation interne La réforme agraire ayant donné de bon résultats on peut passer à la modernisation de l'industrie88 hors ZES. Il faut libérer les prix, améliorer la productivité en un mot moderniser. Mais si le peuple paye trop cher l'addition il va se révolter ( la notion de mandat du ciel est toujours d'actualité, si la prospérité fait défaut il faut changer les dirigeants et non le régime). Il faut donc y aller en douceur. Dès 1984 on institue un double système de prix, des prix administrés pour les quotas de production et des prix libres pour les excédents. Il « suffit » de rapprocher progressivement les prix administrés et les prix du marché.Les événements de la Place Tiananmen en Juin 1989 rappelle au peuple que la 5è modernisation, la démocratie n'est pas à l'ordre du jour. « Enrichissez-vous mais laissez-nous la politique »● Le passage de génération de dirigeants

En 1991 après la désagrégation de l'URSS, qui fait beaucoup réfléchir l'équipe dirigeante chinoise, mais dans la foulée le problème des frontières sino-russe est réglé. En 1993 la troisième génération de dirigeants accède au pouvoir dans la personne de Jiang Zemin (1926-..), les objectifs sont atteint la chine a doublé son PIB et elle s'insère dans l'économie mondiale, la même politique continue.● Suite de la mutation interne : 1997 le secteur d'état commence à être privatiser.

La grande difficulté est là, privatiser un secteur encore peu productif avec un risque d'augmentation de chômage élevé.En 1997 retour de Hong-Kong à la Chine permet de tester « un pays, deux systèmes » garanti pour 50 ans, HongKong devient une région administrative spéciale. La même année surgit la crise de croissance des tigres en 97-98 la Thaïlande flanche la crise se propage en Asie, la Chine en maintenant la parité yuan-dollar, évite un effondrement de la croissance mondiale même si sa croissance en souffre. Elle joue un rôle stabilisateur et montre par là qu'elle est un puissance responsable.

● En 1999 retour de Macao, et accord frontalier Vietnam Chine.● 2002 la parti abandonne officiellement la luttes des classes,et instaure la triple représentation89 ● En 2001 la Chine entre à l'OMC● 2003 la frontière sino indienne est stabilisée.

En 2003 la quatrième génération reçoit le pouvoir, dans la personne de Hu Jintao (1942-...). Les Objectifs deviennent « vers une société harmonieuse », ils recentrent les moyens sur les paysans qui sont depuis deux décennies en dehors du développement. Mais la méthode ne change pas la modernisation marche sur 3 pieds « parti unique, croissance, stabilité ». Le spectre de la division entre les provinces est dans tous les esprits, (royaumes combattants, trois royaumes, cinq dynasties) Les réformes formelles se succèdent à grands pasLa propriété privée entre dans la constitution chinoise en 2005, et à travers le XIè plan qui prévoit « une croissance à ressource rare et économie de matière » les données géo-stratégiques et écologiques sont prises en compte, au moins au niveau national. Il y a toujours un pilote dans l'avion. .. Pour finir, voyons le bilan de 25 ans de développement

Évolution du PIB total de la Chine en PPA en milliards de $90

1980 : 414 1990 : 1520 2003 : 6574 2004 : 7334

87Beihai ( Guangxi); Zhanjiang, Canton ( Guangdong); Fuzhou (Fujian); Wenzhou et Nongbo ( Zhejiang);Shanghai; Nantong, Lianuyngang (Jiangsu), Qingdao, Yantai (Shandong); Taijin; Qinhuangdao (Heibei); Dalian (Liaoning). 88Les ouvriers des entreprises d'état bénéficie « du bol de riz en fer » i.e. L'emploi à vie.89« le PCC doit toujours représenter les exigences du développement des forces productives progressistes, l'orientation du progrès de la culture chinoise avancée et les intérêts fondamentaux de l'écrasante majorité de la population de la Chine. » 90In « l'état du monde 2006 »

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PIB par Hab. 2003 en PPA ( parité de pouvoir achat) 91

Occident USA: 34 498 Japon : 29 906 France : 27 913 Pologne : 12 244

4 dragons Hong-Kong : 30 558 Singapour : 26 799 Taïwan : 25 614 Corée du S : 21 305

4 tigres Malaisie : 10 423 Thaïlande : 7 901 Philippines : 4 561 Indonésie : 3 622

Chine 5 642

PVD Inde :3 029 Vietnam : 2 570 Cambodge : 2 079 Madagascar : 854

En conclusion La Chine a planifié son décollage dans un environnement plutôt hostile, elle sait où elle veut aller, retrouver sa position d'avant les humiliations du XIX è siècle. Son mode de gouvernement lui permet de voir loin, mais des problèmes demeurent à la mesure de ses ambitions, et c'est Claude Ledoux qui va vous en parler.

Bernard Castiglioni

Annexes 1- La diffusion de l'industrialisation dans l'Asie orientale

2 les Zones d'ouvertures aux investissements étrangers et au commerce.

91ibidem

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Évolution des positions portuaires dominantes• Années 1970: domination des ports de la mégalopolis japonaise, développement des ZIP, baie de Tokyo, couple Osaka-Kobé, Nagoya• Années 1980: avec l'essor de laconteneurisation, montée en puissance des ports des NPI, Hong Kong, Singapour, Kaohsiung (Taïwan) Busan (Corée du Sud)• Fin des années 90: nouveaux concurrents dans les PVD (Malaisie…) et en ChineRapidité du développement portuaire des nouveaux venus: l'exemple de la Corée du Sud• Essor du transbordement à Busan: 5% du trafic en 1989, 25% en 1999, 41% en 2003• Installations portuaires insuffisantes d'où construction du New Busan Port 10 km àl'ouest et essor de Gwangyang à 140 km devenu le 2è port de Corée du sud (124,4 Mt)En 20 ans la Chine rattrape un énorme retard• 1er terminal à conteneurs entré en service en 1981 à Xingang près de Tianjin• 1er train bloc à conteneurs fin 1994• Les trafics s'envolent:Shanghaï traite 0,575 M EVP92 en 1991; 1,950 M EVP en1996; 6,340 M EVP en 2001; 11,280 M EVP en 2003 et 14,500 M EVP en 2004

En guise de conclusionFlux matériels et immatériels en Asie occidentale et à travers le monde :● flux immatériels les investissements direct étranger IDE

voir carte en annexe. De 1987 à 1997 Le Japon, la Corée, Taïwan et Hong-Kong sont les principaux investisseurs, Hg Kg servant de plate forme financière pour les investissements occidentaux.● les flux matériels

Pour exporter il faut des ports plus que des aéroports. Et des ports de porte conteneur. Cela pose le problème de la sécurité dans les détroits, notamment le détroit de Malacca*. 20 des30 premiers ports à conteneur du monde sont asiatiques. Japon ( Yokohama, Chiba, Kobé, Nagoya, Kawasaki). Singapour, Chine ( Shanghai, Shenzen). Palmarès des ports tout trafic confondu : Singapour, Rotterdam, Shanghai, Hongkong, Ningbo, 3 sont chinois.

* Depuis la convention de Montago Bay en 1982 la souveraineté nationale sur les mer côtières est portée à 2 fois 12 miles et une Zone Économique Exclusive de 200 milles est créée. Du coup le détroit de Malacca est devenu un détroit privé avec un droit de passage, c'est à dire que la sécurité doit en être assuré par les marines nationales. Le détroit est devenu un nid de pirate, avec des détournements de tanker, facilité par la réduction des effectifs de marins et leur multinationalité.

1. Un jeu de go à l'échelle mondiale● L'Asie et l'Inde : le collier de Perle

L'océan Indien est capital pour la Chine, c'est l'accès au pétrole et aux marchés de l'UE. La stratégie se dessine dans ce qu'on appelle le collier de perle, une succession de points d'appui en Malaisie, au Myanmar, au sud du Sri Lanka et au Pakistan. La construction des ports en eau profonde se fait avec des capitaux chinois et de la main d'oeuvre chinoise.● Les investissements pétrolier de la Chine :L'Afrique L'Amérique du sud

Trois sociétés nationales chinoises se partage le monde Sinopec, CNPC/Petrochina, CNOOC (China National Offshore Oil Corporation ).● les pays développés et les centres confucius.

Pour les pays occidentaux la stratégie est de se faire connaître et apprécié. Enseigner le chinois et sa culture, communiquer sur la vision chinoise du développement mondial. Pour cela il y a création des instituts confucius.

2. En conclusionLes problèmes à résoudre.Internes● Trouver un équilibre entre le pouvoir central et le pouvoir régional ● Inventer une forme asiatique de la démocratie ● Maîtriser le développement durable et écologique

Externes● Gérer pacifiquement le retour de Taïwan et la stabilité de la région● S'insérer positivement dans le jeu des grandes puissances● Jouer une carte non antagoniste avec l'Inde ●

Bernard Castiglioni (2/05/2007)Sommair e

92 EVP Équivalant 20 pied ( les conteneurs font 20 ou 40 pieds de long,8 pieds de large et 6 ou 8 pieds de haut )

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La puissance économique de la Chine

1 Une nouvelle puissance économique mondiale 1.1 niveau de puissance et croissance économique récenteJusqu'en 1820, la Chine est la1ère puissance économique du monde dont le PIB représente 30% du PIB mondial. En 1949 la Chine c'est 1% du PIB mondial et en 2005 5% avec l'Union Européenne 20% et les USA 25%. La Chine est la 4è puissance économique du monde. La 2è en parité de pouvoir d'achat, elle devrait dépasser l'Allemagne en 2010, puis le Japon en 2020.Le dirigeants chinois après Mao ( Deng Xiaoping et ses successeurs) ont entrepris des réformes progressives, comme nous l'avons vu, pour passer d'une économie fermée et dirigiste à une économie ouverte et de marché en s'inspirant d'expérience voisines et en profitant d'un contexte international favorable ( la mondialisation). Il s'agit d'un rattrapage pour effacer les taches historiques du 19è et 20è siècle et de rétablir le rang mondial de la Chine.● Une croissance caractérisée par :

Une rapidité exceptionnelle, le taux de croissance annuel du PIB est de 9/10%. cette croissance entraine l'économie mondiale et elle est soutenue par des investissements massifs : 32% du PIB eb 1978-2003 puis 40% en 2004-2005.Cette croissance est basée sur une augmentation de la main d'oeuvre en 1950 environ 200 millions d'actif en 2003 environ 760 millions , c'est un atout mais aussi une forte pression sur les pays riches (délocalisation).Elle est aussi basée sur de gains de productivités : meilleures gestion; meilleures technologie, transfert de population entres les activités.

1.2 la chine devient une économie extravertie: par quel choix et quels moyens? La puissance économique de la Chine

○ Le rôle des capitaux étrangers ou Investissements Direct Étranger IDEEn 1979 la Chine autorise la création de sociétés à capitaux mixtes, avec au moins 25% de capitaux étrangers, dans certaines activités et dans certains lieux (ZES93 du Guandong et du Fujian). Les entreprises bénéficient de conditions fiscales et commerciales très favorables aux investissements.Après les succès initiaux ,les ZES connaissent une extension géographique, puis une extension du genre d'activité . La Chine entre dans l'OMC en 2001 , elle devient le le premier pôles mondial des investissements. Ces investissements sont concentrés ; les activités bénéficiaires sont l'industrie à 59%; des lieux provinces côtières à 80% ( Gangdong, Jiangsu, Fujian, Shanghai)Les investissements proviennent d'abord d'Asie (Hong-Kong, Taiwan,Corée du sud, japon puis USA et Union Européenne). Les intentions sont différentes suivant les pays investisseurs : pour l'Asie voisine c'est un moyen de développer les exportations vers les marchés mondiaux, pour l'occident c'est l'importance du marché chinois qui attire. Pour la Chine c'est une accumulation de capital (co-entreprise) avec acquisition de compétences en gestion , en emplois et en technologie.

○ Les efforts en matière de transportLa Chine est un grand état aux conditions naturelles difficiles, où la révolution des transports n'a pas encore eu lieu, il y a donc peu d'équipements. Avec une forte croissance économique il faut faire face à une forte demande d'équipement et une grande augmentation du trafic. Le gouvernement manifesta une volonté de modernisation d'où découle des investissements importants pour les routes:en 1980 0,3% du PIB et en 2004 2,5% du PIB. Les resultats ne se font pas attendre:en 2002 transport des passagers route 55%, fer 35% ( en 1980 le fer 60%)

transport des marchandises route 13%, der 31%, eau ( fleuve, mer) 55%Les transports maritimes sont prioritaires, car ils sont les moyens principaux des échanges internationaux. La Chine équipe ses ports : en 2005, 8 ports chinois ont un trafic annuel supérieur à 100 millions de tonnes (trafic du port de Marseille). Shanghai est le premier port mondial avec un trafic de 433 millions de tonnes devant Singapour et HongKong, qui le précède encore pour les conteneurs. Des travaux importants sont entrepris en aval pour valoriser l la position de Shanghai comme principal carrefour chinois. La mise en eau du barrage des trois gorges, avec son ascenseur à bateau, accroit l'arrière pays de Shanghai vers l'ouest et Chonqing.

1.3 Le commerce extérieur , manifestation de la puissance économique mondiale En 25 ans, la part de la Chine dans le commerce mondial a été multiplié par 5. ( la rapidité du progrès égale celle du

Japon des années 50)

○ les exportations de la Chine, usine du monde, pivot de la division internationale du travail en Asie

93 Zone Économiques Spéciales

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A partir des réformes de 1979, il y a croissance des exportations dans un marché intérieur protégé. La Chine exporte d'abord des produits à faible contenu technique ( textiles, habillement, jouet). Le succès est au rendez-vous et il entraîne l'accroissement des IDE asiatiques. Puis dans les années 1990, les exportations évoluent vers de produits plus sophistiqués ( électriques, électroniques) en profitant de la main d'oeuvre à bas coût et des facilités commerciales chinoises.Ainsi se met en place une redistribution régionale du travail : les économies avancées des « tigres et dragons » délocalisent une partie de leur capacités de production en Chine. La Chine transforme, assemble, pour exporter vers le spays les plus développés, Union Européenne, USA voire Japon, faisant baisser les exportations des Dragons.La situation s'amplifie en 2001 avec l'entrée de la Chine dans l'OMC. En 2005, ces exportations place la Chine au premier rang mondial.Un problème reste , c'est la fragilité du système de division du travail en Asie orientale. Si la Chine réalise des percées technologique strop rapide elle devient dangereuse pour ses partenaires.

○ ImportationsLa Chine est le premier marché de l'Asie. Elle importe des puces électroniques et des semi-conducteurs, base de sindsutrie d'assemblage de matériels électroniques. Elle importe aussi des produits de base ou primaire s ( céréales, minerais, produits énergétiques, bois ..) en rapport avec ses énormes besoins pour alimenter sa croissance. Cette augmentation rapide des importations se répercute sur les prix du marché mondial.

○ bilans du commerce extérieur■ économique et social

La balance commerciale est structurellement positive, depuis 10 ans ( Les excédents ont été multiplié par 3 entre 2005 et 2004). Ces excédents constituent des atouts financiers qui pose le problème de la sous évaluation du Yuan.Mais ces excédents viennent surtout de produits à faible contenu technologique, qui demande une main d'oeuvre peu payée. De plus l'intégration dans le commerce régional et mondial n'a pas que des effets bénéfiques ( entre1998 et 2003, la Chine a subi une détérioration des termes de l'échange de 20% !les salariés des industries exportatrices, en renouvellement constant et en concurrence, venant fréquemment de la campagne, n peuvent recevoir que de bas salaires. Cette situation est encouragée par le gouvernement.

■ GéographiqueLes destinataires : D'abord l'Asie , qui a une croissance exceptionnelle et devient le ournisseur de la Chine. Un cas particulier HongKong, région autonome depuis 1997, qui réexporte les produits assemblés en Chine vers le reste du monde. Le sdeux gran ds clients étant les USA et l'Union Européenne.Les lieux de départs : Il y a une quasi exclusivité des régions côtières, surtout le centre et le sud.

2 Les contrastes des activités économiques

2.1 l'agriculture, maillon faible de l'économie

○ la première production agricole du mondeDans une civilisation du végétal où la nourriture est basée sur les céréales,avec des particularités démographique et environnementales, l'agriculture est forcément intensive. Pour éviter les famines, pour amorcer le développement rural , les successeurs de Mao on mis en oeuvre un retour à l'agriculture familiale, avec la décollectivisation des terres et le système de « la responsabilité » .La production végétale sur 70% de la surface ensemencée (80% avant 1980) réalise 56% de la valeur agricole produite.La décollectivisation a entraîné une diversification de la production (les céréales moins rémunératrices ont diminuées, la demande s'est elle aussi diversifié )

Riz : 1er rang mondial avec 30% de la production mondialeBlé : 1er rang mondial avec 15% de la production mondialeMaïs : 2ème rang mondial après les USA

la Chine n'a pas atteint l'auto suffisance alimentaire, il reste des importations même si elles sont réduites et conjoncturelles.Nouveauté : On note un essor rapide des productions animales. La consommation de viande a été multiplié par 3 entr e1984 et 2004. Cette production est intégrée au système agricole qui permet au cultivateur de vendre sur le marché libre 1/3 des céréales produites. La production de viande est pour les 2/3 d'origine porcine ( la Chine est au premier rang mondial avec 50% de la production porcine). Cette production est localisée dans l'st et un peu au sud.Originalité :La production aquatique a été multipliée par 6 depuis 1978 , dont 40% en eau douce,dans la vallée du Chang Jiang et au GuangDong.

○ limite de la puissance agricole– Problèmes financiers et sociaux : les revenus des paysans sont faibles et les différences de revenus entre les ruraux et les

urbains se creusent. Le premier ministre Wen Jia Bao promeut une politique de priorité aux campagnes, avec un relèvement des prix à la production de 40% en 2004, la suppression des impôts agricoles et le financement des équipements.

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– La gouvernement lutte contre la surpopulation rurale par une augmentation des emplois non agricoles ( 70 millions en 2002), emploi de faible productivité, contrôlé par les autorités locales, mais qui sont essentiels pour procurer un complément de revenu familial .

Quels avenir pour l'agriculture ?Il y a une interrogation sur son efficacité économique ( rapport actifs et poids dans le PIB).Les autorités chinoise réfléchissent, dans le cadre de l'insertion de la Chine dans le commerce mondial, à diminuer la part de l'autosuffisance alimentaire, pour accroitre les importations alimentaire et contribuer à rééquilibrer les exportations chinoises.

2.2 mutations de l'industrie

○ bases et organisationLa Chine dispose de ressources naturelles importantes ( énergie, minerai, eau?)Mais elle a un problème historique de développement, et accuse un retard par rapport à l'occident qui a réussi sa révolution industrielle . Le régime communiste a entrepris avec détermination de combler ce retard avec l'aide de l'URSS, en commençant par les industries lourdes. Selon une vision stratégique ces industries ont été réparties sur le territoire.La libéralisation économique de la fin des années 70 , amène un flux d'IDE qui entraîne un changement d'organisation, un changement de priorité que nous avons vu plus haut.Diversité d'organisation:entreprises d'état: souvent de grande taille, elles sont en diminution 40% des emplois et 30% à 40% de la production industrielle contre 90% en 1978. Ces entreprises assurent en plus de la production et la protection sociale des salariés et de leur famille et un accès au technologie modernes ( exemple les groupes pétroliers , CNOOC et SINOPEC ou informatiques LENOVO.Entreprises collectives : elle appartiennent aux salariés, dépendent des autorités locales, dans des industries légères et dans le tertiaire, elle sont plus productives que les entreprises d'état et représentent 40% de l'emploi industriel.Entreprises privées chinoises : ce sont des micro-entreprises du secteur informel, aussi dans le tertiaire souvent individuelle. Elle sont importante aux yeux de l'état car elle aide à la stabilité sociale. Leur rôle a été reconnu, en 2005, par l'inscription de la propriété privée dans la constitution. Elle représentent 15% de la production pour 15% des emplois. Elle sson tfaiblement exportatricesEntreprises étrangères : elle dominent les nouveaux secteurs de l'industrie électronique et élctrique et jouent un rôle essentiel dans les exportations.

○ DiversitésLa production se déploie dans toutes les directions.Les industries lourdes , souvent d'état, du secteur énergétique placent la Chine au 2 rang mondial pour la consommation d'énergie après le USA et au 3è rang mondial pour la production après les USA et la Russie.

Charbon : 1er rang mondial, 1e consommateur mondial, 60% de la consommation d'énergie ( chimie, électricité, transport) et 13% des réserves mondiales. Se pose le problème de pollution et les problèmes technologiques d'exploitation de ces ressources ( mines sauvages de charbon). Les solutions possibles liquéfaction du charbon pour améliorer le rendement et capture du CO2 .Il y a des déséquilibres géographique la production est au nord et à l'ouest et les besoins sont au sud et à l'ouest.

Pétrole : il y a des ressources réduites dans l'ouest et le Nord Est. La consommation augmente plus vite que prévu; du à une croissance plus rapide et à une faible efficience énergétique des systèmes. Actuellement la Chine importe 40% de sa consommation ( les importations ont été multipliées par deux entre 2001 et 2004. La Chine est devenue le 2è importateur mondial de pétrole après le USA. Ce fait a de grandes répercussions économiques et stratégiques sur la marché mondial. La volonté de la Chine de sécuriser ses approvisionnements et de les diversifier explique son intérêt pour l'Afrique ( 30% du pétrole chinois pour 40% venant du Moyen Orient), et aussi son intérêt pour le gaz du Kazakhstan et le nucléaire ( acaht d'uranium à l'Australie et le marchés avec AREVA)Industrie automobile : La montée en puissance est très rapide depuis 1990, en 2005 elle se hisse au 3è rang Mondial devant l'Allemagne.Le secteur est verrouillé, les firmes étrangères ne peuvent pas détenir plus de 50% du capital des entreprises communes. Sont déjàimplanté GM, VW; Toyota, Nissan, PSA ) il y a peu d'importation ,moins de 5% du marché intérieur.

○ avenir industriel: les problèmes de recherche, de technologie.L'action de l'état reste importante : il finance la recherche et développement à auteur de 1,3 % du PIB en 2004, plutôt en privilégiant l'innovation au détriment de la recherche fondamentale.. Il mène une politique retour au pays des chercheurs expatriés. Il cherche aussi à imposer des normes chinoise au niveau international.

Claude Ledoux

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Sommaire

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Chronologie

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Chine Période Personnages/art Découverte Adm inistrationCulture YANGSHAO -4000 Céramique rouge Fleuve jauneDynastie XIA 2100/1700 Jeu de go Carapace de tortuesDynastie SHANG 1700/1027 Bronze et jade Acupuncture 64 HexagrammesDynastie des ZHOU -1100/-771 Charrue soc de fer Yi Jing (oeuvre)

Féodalité 500 ansPrintemps et automne -721/-481 Lao zi -536 Code pénal ZhengLuttes internes Confucius -551/-479 Bride de poitrail Mine sel métallurgie nationalisé

Sunzi art de la guerre Cadastre (serf)Royaumes combattants -403/-221 Zhuangzi -350/-275 Arbalète: soldat ->paysan libreLuttes internes Mencius 380-289 Laque

60 millions hab 1ère unification 300 ansQin 1er empereur -221 -207 Hanfeizi -290/-234 Unif ication écriture Grande muraille , Xian Tombeau

Qin -213 Auto daféDynastie HAN -207/220 Céram. Glaçure verte Route de la Soie Lettrés administrationWudi Empereur -141/-87 Bouddhisme Invention papier 105 -128 Code pénal Han

Sima Qian -185/-86 Roue hydraulique irrigation EunuquesRévolte turban jaunes : paysans Manivelle moulin à vent forgeStèle et photocopie

1ère division 400 ansTrois royaumes 220/280 83 cuiller du sud Shu (ouest) 221/264 Huang Fumi (215-281) AcupunctureWei (nord) 220/265 « T raité des pouls » Sédentarisation des Huns Wu (sud-est) 222/277 Nankin Dynastie du Nord et du sud 317-589 Bouddhisme G. V. /taoïsme Règlement agraireSeize Royaumes des 5 barbares Domination des barbares sinisés au nordWei du nord 431-523

Au sud 5 Dynasties JIN orientaux 317/420 Yue Céladon Étrier Indianisation du BouddhismeLiu/ Qi/ Liang/ Chen 420/589 Poudre à canon

80 millions hab 2ème unification 300 ansdynastie SUI 581/688 Dif fusion du papier Sinisation du BouddhismeDynastie TANG 618/907 Fresque de Dunhuang 606 examensExtension comme les Han 630 Victoire sur Turcs Khan Tardu Grand canal/ Luoyang Code pénal TangLuoyang Capitale Li Bai 701-762Façade maritime /route soie 751 Samarkande victoire musulmane Musulman/ nestorienRébellion An Lushan 755 Voyage en Inde Xuanzang 629-45 +

2 ème division 60 ansCinq dynasties au Nord 907/96010 royaumes au Sud 902-979

3 ème unification 150 ansDynastie SONG 960/1127 Forage trépan fer / mine selExamen anonymeCode SongTraité avec Liao 1004 et XiaXia 1044 Lutte antibouddhisme

3 ème division 100 ansLiao du nord 916/1125 Invasion Kitan 1044 poudre à canonJin 1115/1227 Invasion Jurchen HouilleSong du Sud 1127/1279 Jonque de mer 1000 p, Essor du riz 2 récoltes

Bateau à roue Jingdezhen porcelaine 110 millions hab 4 ème unification 700 ans

Dynastie YUAN (mongol) 1279/1368 Kubilay/ Marco Polo CéladonAristocratie Mongole et administration chinoise lutte <> Han 1271 Construction Pékin

60 millions habDynastie Ming (Han) 1368/1644 Capitale NankinInsdustrialisation 1421 Pékin capitale Métier à tisser 3 dévidoirsJésuite à la cour 1582 Vers Europe : Porcelaine, Soie 1440 Cité Interdite

140 millions habDynastie Qing (Mandchou) 1644/1912 La Chine atelier du monde Port de la natte /Han

410 millions hab Pénétration EuropéenneRépublique 1912/1949

550 millions hab Communisme 1949

Le Classique Interne de l'Empereur Jaune

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1600 QING 1644/1911Mandchous Conquête de Pékin 1644Rétablissement des examens 1656Conquête du sud 1660Une aristocratie Mandchous gouverne avec une administration chinoiseChine impérialisteProtectorat sur Tibet 1757

Kangxi 1662-1722 1716 Grd dictionnaire 42000 caractèresOingzhen 1723-1735 ConfucianismeQianlong 1736-1795Expansion démographique 200 Millions en 1762 Colonisation Han du XianJiang

Colonisation Han du Guangxi et YunanRévolte Islam 1758-1759Corruption des fonctionnaires 1775 autodafé Censure des barbares 1774

Poursuite industrialisation : atelier de tissage 20 000 ouvriers Atelier du mondeSoie, Porcelaine, Laque , Fonte d'alliage L'or des Amériques se retrouve en chine

Vers la confrontation avec occident1731 Opium interdit dans l'empire -> Contrebande par Canton vient des Indes Anglaises

1 ère guerre de l'opium1839 interdiction importation 20 000 caisse brûlée à CantonFlotte anglaise devant Nankin 18421842 Traité de Nankin 1er traité inégal

Hong-Kong, ports francs Canton, Fuzhou, Shanghai, Ningbao,Amoy1844 Macao Amérique traité inégal1844 Canton France traité inégal

Révolte des Taïping 1850-18641853 prise de Nankin Répression tardive des Qing

2 ème guerre de l'opium1856 Anglais prennent Canton1858 la flotte Anglo-française devant Tianjin1858 Traité Tainjin ouverture de 10 villes en plus1859 Embuscade de Tainjin la flotte Anglo française est mise en déroute

3 ème guerre de l'opium1860 marche sur Pékin Sac du Palais d'été1860 traité de Pékin Pas de droit de douane pour les textiles européens

France au Vietnam1 ère tentative de modernisation Chemin de fer, industrie, chantier naval, télégrapheGuerre avec Japon

1894 traité de Shimonoséki , Taiwan au Japon2 ème Tentative de réforme 1898Les cents jours de Pékin Essai de copier l'ère MiejiRévolte des Boxers 1899

1900 les 55 jours de PékinMort de Cixi 1909 Désagrégation de l'empireLa république 1912-1949 Le japon s'implante en Mandchourie et en MongolieLa Chine des seigneurs de la guerre 1921 parti communiste chinois : Mao, Zhou Enlai, Liu Shaoqi, Lin Biao, Chen Yi 1927 Guomingtang Chiang Kai-shek rupture avec communiste Massacre de Shanghai1931 Le Japon envahit la Mandchourie1937 le japon attaque la ChineGuerre civile 1946-19491949 la Chine communiste

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La chine communiste 1949-2007Japon : MITI 1949La reconstruction 1949-1955Japon début croissance 1950Guerre de Corée 1950-53 Partition 38è parallèleGuerre Vietnam 1954-1973

1955 Les non alignés1955-1980 3 trésors+ organisation Parti PLD 1955-1994

Les cents Fleurs 1955Le grand bond en avant 1958-1959

1960Émergence 4 dragons 1960-70Le développement auto centré 1960-1976 Industrialisation chine centraleCorée : dictature 1963-19871er bombe atomique chinoise 1964Japon Entrée OCDE 1964Indépendance Singapour 1965La révolution culturelle 1965-1969Création ASEAN 1967 Anti communismePremière bombe H 1967

1970-1976 Le petit liv re rougeChine à l'ONU 1971Émergence des 4 tigres 1970-80 Thaïlande, Malaisie, Philippines, Indonésie

1976- ....2 ème génération 1978 Quatre modernisationsExpérimentation réf orme agrairePrintemps Pékin 1979

1979Politique enf ant unique 1979 4 zone économiques spéciales 1980Réseau de bambou 1980 .... La diaspora chinoise investit en ChineRéf orme économique urbaine 1984 14 v illes côtières ouv ertes Double sy stème prix 1984 Prix administrés quotas , excédent prix marchéOuv erture 3 deltas 1985

1985 Dév aluation du YenTrouble au Tibet 1987-88Victoire chine/Vietnam 1988Théorie : La f in de l'histoire 1989 Le marché a vaincu , le démocratie doit triompherOuv erture ZES 1989

19891990

Consensus de Washington 1990Désagrégation URSS 1991

1991Économie socialiste de marché 19923 ème génération 1993Missile vers Formose 1996

1997 Un pays deux sy stèmessecteur état -> au marché 1997Crise asiatique 1997-98 Thaïlande , chine contrôle capitauxRétrocession de Macao 1999Réf orme agraire 1999 Responsabilité indiv iduelle productionAccord chine-Vietnam f rontières 1999

2001Entrée OMC 2002Abandon lutte des classes 2002 Triple représentativ ité :4 ème génération 2003 Société harmonieuse . Modernisation 3 pieds: Parti unique, croissance, stabilité

2003Mise en eau barrage 3 gorges 2003Santé 2003Notion droit de l'homme / constitution 2004Propriété priv ée: constitutionnelle 2005

2006Jeux olympiques Pékin 2008

Mao Zedong 1893-1976

Sy ngman Rhee 1952-60

Conf érence de Bandung Néhru,Nasser,Soekarno,Zhou EnlaiJapon Toyotisme

Zhou Enlai (1898-1976)

Schisme Russo-ChinoisHong-Kong, Taiwan,Singapour, Corée sud

Park Chung-hee

Lee Kuan Yew 1er ministre 1965-1990

La f in de Mao

DémaoïsationDeng XiaoPing1905-1997)

Wei Jinsheng 5ème modernisationGuerre sino-Vietnamienne

Zhuhai,Shenzhen,Santou, Xiamen

Delta perle, Yangzi, FujianJapon: Accord de Plaza

F Fukuy amaHainan, Shandong, Liaidong

Manif estation TiananmenCréation NZ Pudong

John Williamson

Accord sino-russe f rontière

Jiang Zemin (1926-...)

Rétrocession de Hong Konk

Attentat Twin Tower

Hu Jintiao (1942-...)Taikonaute

Sras et Sida

XI è Plan croissance à ressources rares

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BibliographieGénéralitésThierry SanJuan Dictionnaire de la Chine contemporaine Armand ColinVincent Thébault Géopolitique de l 'Asie NathanJ.F. Doulet /M.A. Gervais-Lambony La Chine et les chinois de la diaspora AtlanteEric Meyer Voir la Chine du haut de son cheval L'aube

HistoireJosé Frèches Il était une fois la Chine 4500ans d'histoire XO éditionsAlain Peyrefitte L'empire immobile FayardLouise Levathes les navigateurs de l'empire céleste Filipacchi

CivilisationClassiques chinoisAnonyme Yi King Librairie médicisLao Tzeu La voie et se vertu Tao-Te-King SeuilThomas Cleary les pensées de Confucius PocketWou Cheng-En le singe pèlerin PayotLe point Hors série Confucius, Lao-Tseu, Tchouang-Tseu

les textes fondateurs de la pensée chinoiseLiou Kia-Hway Philosophes taoïstes La pléiadeAnonyme les trente-six stratagèmes Payot/rivagesRoman chinois ClassiquesShi Nai-an Au bord de l'eau T1à T3 FolioCao XueQin le rêve dans le pavillon rouge La pléiade

Approche de la pensée chinoiseAnne Cheng Histoire de la pensée chinoise seuil PointsFrançois Jullien Penser d'un dehors ( la Chine) SeuilFrançois Jullien Dialogue sur la morale Livre de pocheFrançois Jullien Figure de l'immanence Livre de pocheFrançois Jullien Procès ou création Livre de pocheMarcel Granet La religion des chinois Albin Michel

Romans Modernes (auteurs chinois)Gao Xingjian Le livre d'un homme seul L'aube PocheGao Xingjian La montagne de l'âmeFrançois Cheng Le Dit de Tianyi Albin MichelLuxun Le journal d'un fou /

La véritable histoire de AhQ StockLao She Le pousse-pousse Picquier PocheDai Sijie Balzac et la petite tailleuse chinoise FolioShan Sa La joueuse de go FolioYa Ding La jeune file Tong FolioWang Chao L'orphelin d'Anyang Chine en pocheRomans Policiers (auteurs chinois)Qiu XiaoLong Le très corruptible mandarin Liana LeviRobert Van Gulik L'énigme du clou chinois 10/18Romans documents (auteurs chinois)Lin Yutang L'impératrice de Chine Philippe PicquierJin yi Mémoire d'une dame de cours dans la cité interdite Picquier PocheFrank Ching Ancêtres ( de l'an mil à nos jours) Presses de la renaissanceFabienne Verdier passagère du silence Albin Michel

EssaisJ. F. Susbielle Chine-Usa la guerre programmée First éditionsGérard Marie Henry Quand la Chine s'essouflera Studyrama perspectivesAlain Peyrefitte la tragédie chinoise France loisirs

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