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La Lettre de Médecine Maritime Bulletin des membres de la Société Française de Médecine Maritime Numéro 1 Janvier 2005 Editorial La Société Française de Médecine maritime a maintenant presque quatre ans. Elle s’est développée de manière satisfaisante puisque nous sommes actuellement quatre vingt membres. Depuis le tout début, notre organe unique de communication a été le site www.mersante.com qui est le seul site français traitant de la médecine maritime. Plus de quinze mille connexions ont été enregistrées jusqu’à présent. Ce site met à la disposition du public des informations sur la santé et le milieu maritime ainsi qu’une base de données remise régulièrement à jour. Il met aussi à la disposition des membres des pages contenant des informations leur étant exclusivement réservées. Nous avons aussi ouvert une liste de discussions par e-mails. Le Conseil d’Administration a néanmoins estimé que ce n’était pas suffisant et qu’il serait bien de sortir une ou deux fois par an un bulletin papier, certains membres n’étant pas forcément très «web». Il complètera avec bonheur, je l’espère, le support informatique et apportera une touche plus traditionnelle. Mais cela va être un gros travail et nous espérons compter aussi sur chaque membre pour qu’il enrichisse ce bulletin qui n’existera que par ceux qui voudront bien écrire. Donc à vos plumes... Le Conseil d’Administration. Un workshop international à Brest Les 2 et 3 juillet 2004 s’est déroulé à Brest un workshop de l’International Maritime Health Association organisé par la SFMM et l’UBO sur le sujet : «Collection and Validation of Data in Maritime Medicine». Il a rassemblé des représentants de 18 nations qui ont travaillé sur l’élaboration d’une base de données internationale en médecine maritime. Neuvièmes journées espagnoles de médecine maritime Ces journées, sous le patronage de la Société Espagnole de Médecine Maritime (SEMM), se sont déroulées à La Corogne du 7 au 9 octobre 2004. Leur thème était «prévention des risques du travail dans le secteur maritime et le transport des marchandises dangereuses». Les communications ont été en fait surtout ciblées sur les conséquences du naufrage du Prestige, justement au large de La Corogne. La toxicologie des hydrocarbures , les risques toxiques à bord des navires ont été particulièrement abordés. Au nom de la SFMM, nous avons présenté une communication sur les problèmes toxicologiques soulevés pendant la campagne «PRESTINAUT» de l’Ifremer sur le Prestige. Le sous-marin Nautile remontait en effet de ses plongées sur le Prestige souillé d’hydrocarbures. Son nettoyage à bord de l’Atalante avait provoqué en début de mission quelques intoxications aux hydrocarbures. D.J. Laque offerte en cadeau à la SFMM par l’Institut National Vietnamien de Médecine Maritime à l’occasion du workshop de Brest

La Lettre de Médecine Maritime

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La Lettre de Médecine Maritime

Bulletin des membres de la Société Française de Médecine Maritime

Numéro 1 Janvier 2005

EditorialLa Société Française de Médecine maritime a maintenant presque quatre ans. Elle s’est développée de manière satisfaisante puisque nous sommes actuellement quatre vingt membres.

Depuis le tout début, notre organe unique de communication a été le site www.mersante.com qui est le seul site français traitant de la médecine maritime. Plus de quinze mille connexions ont été enregistrées jusqu’à présent. Ce site met à la disposition du public des informations sur la santé et le milieu maritime ainsi qu’une base de données remise régulièrement à jour. Il met aussi à la disposition des membres des pages contenant des informations leur étant exclusivement réservées. Nous avons aussi ouvert une liste de discussions par e-mails.

Le Conseil d’Administration a néanmoins estimé que ce n’était pas suffisant et qu’il serait bien de sortir une ou deux fois par an un bulletin papier, certains membres n’étant pas forcément très «web». Il complètera avec bonheur, je l’espère, le support informatique et apportera une touche plus traditionnelle. Mais cela va être un gros travail et nous espérons compter aussi sur chaque membre pour qu’il enrichisse ce bulletin qui n’existera que par ceux qui voudront bien écrire. Donc à vos plumes...

Le Conseil d’Administration.

Un workshop international à Brest Les 2 et 3 juillet 2004 s’est déroulé à Brest un workshop de l’International Maritime Health Association organisé par la SFMM et l’UBO sur le sujet : «Collection and Validation of Data in Maritime Medicine». Il a rassemblé des représentants de 18 nations qui ont travaillé sur l’élaboration d’une base de données internationale en médecine maritime.

Neuvièmes journées espagnoles de médecine maritimeCes journées, sous le patronage de la Société Espagnole de Médecine Maritime (SEMM), se sont déroulées à La Corogne du 7 au 9 octobre 2004. Leur thème était «prévention des risques du travail dans le secteur maritime et le transport des marchandises dangereuses». Les communications ont été en fait surtout ciblées sur les conséquences du naufrage du Prestige, justement au large de La Corogne. La toxicologie des hydrocarbures , les risques toxiques à bord des navires ont été particulièrement abordés.Au nom de la SFMM, nous avons présenté une communication sur les problèmes toxicologiques soulevés pendant la campagne «PRESTINAUT» de l’Ifremer sur le Prestige. Le sous-marin Nautile remontait en effet de ses plongées sur le Prestige souillé d’hydrocarbures. Son nettoyage à bord de l’Atalante avait provoqué en début de mission quelques intoxications aux hydrocarbures. D.J.

Laque offerte en cadeau à la SFMM par l’Institut National Vietnamien de Médecine Maritime à l’occasion du workshop de Brest

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Nos amis vietnamiens ont réussi à monter un beau symposium qui a été parfaitement réussi. Bien qu’elles aient été pour la plupart présentées en vietnamien, langue qui m’est bien entendu totalement inconnue (j’avais tout de même un traducteur à côté de moi), les communications m’ont paru d’un bon niveau. Beaucoup de ces communications ont été faites par les jeunes médecins de l’Institut de Médecine Maritime, ce qui témoigne d’un dynamisme certain que l’on peut admirer.

L’Institut de Médecine Maritime voit en visite d’aptitude l’ensemble des marins de la marine marchande mais pas encore les pêcheurs. S’il n’est pas très bien installé actuellement et plutôt pauvre en matériel médical, le projet d’un nouvel Institut nous a été présenté. Mais une de leurs préoccupations majeures pour l’heure est de se doter d’un caisson de recompression multiplaces (ils n’ont que des caissons monoplaces chinois à oxygène pur: de vraies bombes). Un jeune médecin de l’Institut va aussi venir passer un an chez nous à Brest pour apprendre à manipuler ce type de caisson. Une coopération s’engage donc. Les organisateurs du symposium avaient prévu une ballade dans la Baie d’Along. Malgré la chaleur étouffante et un soleil de plomb, la navigation autour des îles dans une mer vert émeraude génère toujours une fascination exquise.

Dominique Jégaden

1954 - 2004J’ai eu l’honneur d’être invité au premier Symposium national vietnamien de Médecine Maritime qui a eu lieu les 21 et 22 août derniers à Haiphong. A l’occasion de cet événement, l’IMHA et la SFMM ont parrainé la création de la Société Vietnamienne de Médecine Maritime. Il faut dire que j’ai été très chaleureusement reçu par le professeur Nguyen Truong Son, directeur de l’Institut National Vietnamien de Médecine Maritime et par son adjoint, le Professeur Phan Van Thuc, que nous avions eu le plaisir d’accueillir à Brest en juillet lors du workshop que nous avons organisé.

Il y a juste 50 ans, la présence française en Indochine se terminait avec la bataille de Dien Bien Phu. On ne peut s’empêcher de se demander s’il reste quelque chose de cette présence ou si le régime de Ho Chi Minh, omniprésent encore aujourd’hui, a tout balayé. L’époque coloniale française fait certainement partie de l’Histoire ancienne pour les jeunes Vietnamiens, la langue française n’ayant pas globalement survécu aux départ des Français. Mais j’ai pu constater qu’un certain nombre de jeunes médecins et étudiants en médecine de Haiphong ont choisi d’apprendre le français au lieu de l’anglais et qu’ils s’expriment très bien dans notre langue. Ceci est de bonne augure pour l’avenir de notre coopération. Les noms de Pasteur, Calmette et Yersin leur sont aussi familiers. C’est l’occasion ici de rappeler que Calmette, médecin de marine, a été à l’origine de la création du premier Institut Pasteur à Saigon (il en existe toujours trois en activité aujourd’hui) et que Yersin, ancien médecin de marine et découvreur du bacille de la peste, a ouvert la première école de médecine à Hanoï pour les autochtones au début du siècle. Il est d’ailleurs enterré au Vietnam. Devoir de mémoire…

Le Pr Nguyen Truong Son et le Dr Luisa Canals (IMHA)

Le projet européen de formation en médecine maritime n’a pas été retenu en 2004Si la sécurité maritime a vu un développement important ces dernières années en Europe, la santé en milieu maritime n’a pas eu le même succès. Or, le développement important de la flotte mondiale avec des équipages multi-ethniques, la réduction de ces équipages causant des problèmes de stress, de troubles de la vigilance et du sommeil sources d’accidents maritimes, la possible diffusion des épidémies par voie maritime, la pollution des mers (par hydrocarbures, par pollution bactérienne, virale ou par algues toxiques), mais aussi le développement de techniques médicales telles que la télémédecine maritime, impliquent une harmonisation des pratiques en médecine maritime. La réglementation en Europe est en effet disparate, s’appuyant sur les conventions OIT 73 et 164 différemment appliquées. Par ailleurs, aucun texte européen ne prévoit l’exigence d’un diplôme spécifique en médecine maritime. La convention 164 stipule que la médecine maritime doit faire l’objet d’une formation appropriée. L’objet de ce projet est donc de proposer une harmonisation de cette formation entre les Universités européennes travaillant dans ce domaine.

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Projet européen de formation (suite)C’est pourquoi, à la suite d’un workshop de l’IMHA à Barcelone en novembre 2003, nous avions décidé, en collaboration avec l’European Medical Association (EMA) de déposer un projet auprès de la Communauté européenne pour travailler sur ce sujet. Les universités de Brest, de Tarragone, du Danemark, de Gdansk et de Rijeka (Croatie), les sociétés française, espagnole et allemande de médecine maritime s’étaient associées à ce projet ainsi que l’IMHA. Nous venons d’apprendre que ce projet n’a pas été retenu pour cette année.Nous avons déposé un nouveau projet pour 2005, augmenté de nouveaux partenaires (Italiens, Grecs, Roumains)

Le Dr Vincenzo Costigliola est le Président de l’European Medical Association (EMA) . Il est associé au projet Med mar (formation européenne en médecine maritime) et est notre interlocuteur auprès des instances communautaires. Il a participé au workshop de juillet à Brest.

D.U. de Médecine Maritime : nouvelle moutureLe programme du diplôme d’université de médecine maritime vient d’être redéfini et augmenté. Il passe à 220 heures étalées sur deux années universitaires. Dorénavant, pour obtenir ce DU, il faudra avoir validé deux certificats d’université, le certificat général de médecine maritime et le certificat de médecine d’urgences maritimes. Depuis deux ans, nous savions que le temps imparti était trop court pour pouvoir adapter le diplôme aux réalités du terrain. C’est à l’occasion de la refonte du système de secours en mer avec la création de SAMU de coordination d’urgences maritimes (Le Havre, Brest, La Rochelle et Toulon) et l’obligation de former spécifiquement de nouveaux médecins que nous avons saisi cette opportunité pour revoir l’ensemble de l’enseignement. La collaboration avec l’Université de Tarragone, qui met en ligne un cours de médecine maritime en espagnol (mais bientôt aussi en anglais) nous incite aussi à réfléchir sur une harmonisation du nombre d’heures et des programmes. Nous avions lancé un projet européen l’année dernière à ce sujet, mais nous avons appris récemment que ce projet n’avait pas été retenu pour 2004. La partie n’est que remise. Donc le module 3 de l’ancien diplôme, qui traitait des urgences maritimes s’émancipe et devient un certificat qui développera en théorie et en pratique l’ensemble des problèmes posés par ce thème. Ce certificat sera sous la responsabilité du Pr C. Arvieux, du SAMU de Brest, avec bien entendu la collaboration du CCMM de Toulouse, de la faculté de médecine de Bordeaux, de la Marine Nationale et évidemment, de Daniel Carcaillet. Le certificat général de médecine maritime, sous la responsabilité du Pr J.D.Dewitte, regroupera en trois modules toutes les autres matières enseignées dans l’ancien diplôme: connaissance du milieu maritime, pathologies en milieu maritime et réglementations. Le Service de Santé des Gens de Mer apportera un concours important à ce certificat. Nous allons pouvoir développer un peu plus les notions d’océanologie et de climatologie (avec les chercheurs d’Ifremer), qui nous semblent importantes à connaître dans le contexte général de réchauffement de la planète et ses conséquences sur le milieu marin et la santé humaine. Nous introduisons aussi deux autres nouveautés: des visites de navires de commerce et de pêche et des travaux pratiques. Il y aura des travaux pratiques de métrologie d’ambiances (mesures de bruit par sonomètre, mesures de vibrations, d’éclairage et utilisation de pompes Draëger pour la dosimétrie d’exposition chimique à des toxiques) et des travaux pratiques de biologie(TP de bactériologie avec apprentissage de colorations de lames, TP de parasitologie, TP de biologie avec reconnaissance de poissons et de coquillages toxiques). Il est vrai qu’à Brest, nous avons de quoi mettre en place toutes ces modifications, en relation avec les chercheurs d’Ifremer, de l’Institut Universitaire Européen de la Mer et d’Océanopolis. Bien sûr, l’effort qui sera demandé aux étudiants sera conséquent, notamment l’étalement sur deux ans du cursus, mais, j’en suis sûr, ils seront bénéficiaires d’un enseignement haut de gamme, certainement unique au monde actuellement et d’un intérêt culturel, médical et pratique important. La SFMM s’efforcera de contribuer à la notoriété de ce diplôme. Vous trouverez l’ensemble des informations sur notre site.

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Premier Congrès de Dermatologie Maritime (9 juillet 2004)

La prise de conscience générale par notre société des effets de l’environnement sur la santé humaine est devenue très importante. Le milieu maritime, dans toute sa diversité, est une composante majeure de notre environnement. Bien entendu, les problèmes de santé liés à la mer ne sont pas nouveaux. Ils remontent à la plus haute Antiquité, et même au-delà, quand l’homme a commencé à vouloir voyager sur mer et à tirer sa subsistance de ce riche milieu liquide. La création récente de la Société Française de Médecine Maritime, affiliée à une société internationale, et d’un Diplôme d’Université de Médecine Maritime à Brest rend compte d’une préoccupation accrue.La dermatologie maritime est la partie de la dermatologie qui s’intéresse aux relations entre la peau et le milieu maritime. Sa définition est récente. Mais depuis quelques années, on note un intérêt croissant, avec plusieurs publications et communications. Brest 2004 est un événement maritime de niveau mondial: une extraordinaire flottille de quelques 2000 voiliers traditionnels venus de 30 nations différentes, du petit misainier breton au prestigieux trois-mât, du yacht classique à la pirogue primitive, est présente dans la ville et la rade. C’est aussi l’occasion de manifestations culturelles et sportives et de fêtes multiples. Nous avons profité de l’occasion pour organiser le premier congrès de dermatologie maritime.Professeur Laurent MISERYLes actes du congrès sont publiés dans les Nouvelles Dermatologiques, octobre 2004

Premier symposium «Molécules marines et activités anti-tumorales»Le Premier Symposium «écules marines et activités anti-tumorales» a été organisé au Centre Ifremer de Brest du 15 au 17 septembre 2004. Il a rassemble des chercheurs en biologie marine et des médecins cancérologues afin de faire le point sur ces tous nouveaux et très prometteurs axes de recherche. Inutile de vous dire qu’il s’agissait d’un congrès de très haut niveau.

Aujourd’hui, la plupart des molécules d’origine marine susceptibles d’être utilisées dans le domaine de la santé est destinée au traitement des cancers. En trente ans, de 1969 à 1999, près de 300 brevets ont été pris, la moitié concerne des propriétés antitumorales. Cette prédominance est essentiellement le résultat des moyens mis dans la recherche de nouveaux anticancéreux, par le NCI aux Etats-Unis, par les instituts universitaires comme le Harbor Branch Oceanographic Institution en Floride ou le Cancer Research Institute dans l’Arizona et par des firmes pharmaceutiques spécialisées comme PharmaMar en Espagne. Quelques anticancéreux d’origine marine pourraient être commercialisés dans les années à venir.

Ont été abordés, entre autres sujets , l’action des glycolipides issus d’éponges marines, l’activité antiproliférative de substances extraites de microalgues marines produites en culture contrôlée, les effets antitumoraux d’alkylglycérols d’origine marine (huile de foie de requin), l’étude des polysaccharides algaux sur les cellules tumorales en culture…

Porphyra contient des molécules anti-tu-morales et anti-virales

La revue de la Société Espagnole de Médecine Maritime , jusqu’à présent bilingue espagnol/anglais

MEDICINA MARITIMA

accepte depuis peu de publier des articles en espagnol/français.

Nous incitons les membres de la SFMM à s’abonner à cette revue, et à y publier.

MEDICINA MARITIMA

C/General Mola, 33 bajo, der.

39004 Santander (Spain)

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Evaluation des risques à bord des naviresLe 5 février dernier s’est tenu à Paris une journée de la Médecine des Gens de Mer consacrée à l’évaluation des risques en milieu maritime professionnel à laquelle un certain nombre d’entre nous ont participé. Ce sujet est en effet extrêmement important compte tenu des implications réglementaires, techniques et humaines qu’il comporte et c’est pourquoi il ne faut pas le prendre à la légère. Rappelons d’ailleurs que c’est un sujet qui a été négligé par les employeurs et par l’état pendant plus de douze ans car la Directive-cadre européenne 89/391/CEE qui impose une évaluation des risques par l’employeur date du 12 juin 1989 et que, malgré la transcription dans le droit français de cette directive européenne par la Loi du 31 décembre 1991, ce n’est que depuis le Décret du 5 novembre 2001 imposant des sanctions que les choses ont commencé à bouger. Bien que la Directive-cadre européenne soit applicable au milieu maritime professionnel, la complexité et la spécificité des réglementations maritimes a permis de maintenir le flou artistique sur l’obligation ou non d’appliquer au monde maritime le décret de novembre 2001. «Armateurs de France» a d’ailleurs contribué à retarder le processus en posant la question l’année dernière de savoir si, après tout, l’application du code ISM (International Safety Management code), obligatoire depuis le 1er juillet 2002 ne suffisait pas. La réponse a été clairement apportée au cours de la journée du 5 février: les armateurs doivent bien procéder à une évaluation des risques telle qu’elle est décrite dans le décret du 5 novembre 2001 et doivent bien consigner cette évaluation dans un document dit «unique» suivant les dispositions de la circulaire DRT du 18 avril 2002. Confronté à cette évaluation des risques dans les entreprises terrestres, je sais qu’il s’agit d’un problème ardu, qui a généré une grande cacophonie dans son application: quelle finalité? quelle méthode utiliser? comment rédiger le fameux document unique? De multiples descriptions ont vu le jour en même temps que nombre de cabinets qui n’avaient de «conseils» que le nom. Le champ de dangers du milieu maritime est tel qu’il est hors de question de se tromper ou de se disperser quant à la méthodologie à appliquer en matière d’évaluation des risques. J’ai été satisfait de constater que l’Institut Maritime de Prévention proposait une méthodologie cohérente avec des définitions terminologiques validées (notion de danger, de dommage, d’accident, de risque.), conforme à la méthodologie préconisée par l’INRS: analyse des dangers, description des dommages, évaluation des risques selon la gravité et l’occurrence, qualification du risque en risque acceptable, modifiable ou inacceptable. Cette méthodologie est tirée en réalité de travaux antérieurs très poussés sur ce sujet et initiés par le Commissariat à l’Energie Atomique pour les centrales nucléaires. La méthode originale s’appelle méthode MOSAR ou Méthode Organisée et Systémique d’Analyse des Risques. En l’étudiant de plus près, cette méthode s’applique particulièrement bien aux navires. Mais ce que l’on peut regretter, autant dans la méthode préconisée par l’INRS que dans celle – similaire - mise au point par l’IMP, c’est de n’avoir pas perçu l’essence dynamique de la méthode MOSAR. Cette méthode s’appuie sur une théorie qui met en scène la notion de «de danger». Sans entrer dans les détails, la méthode se base sur l’élaboration de scénarii d’accidents, mettant en jeux et associant des éléments initiateurs (par exemple la houle) à un ou à des éléments initiaux (les sources de danger) qui, associés entre eux dans une vision dynamique (le flux de danger) vont provoquer des «événements non souhaités» sur des cibles à l’origine d’effets supposés. Une deuxième notion fondamentale de la méthode MOSAR est l’étude des phénomènes en cascade. La modélisation initiale du système (le navire en l’occurrence) en sous-systèmes fonctionnels (passerelle, machines, pont.) permet en effet, toujours dans une notion dynamique, d’étudier les répercussions supposées (nous sommes, ne l’oublions pas, dans une étude a priori des risques) d’un scénario d’accident d’un sous-système sur les autres sous-systèmes, susceptibles d’être à l’origine eux-même de nouveaux scénarii d’accidents.

La Société Française de Médecine Maritime, lieu de débats scientifiques sur tous les aspects de la médecine maritime, est, par là-même, un forum de discussions positives avec tous les acteurs impliqués pour faire avancer les idées. Je vous invite donc à étudier plus précisément les partitions de la méthode MOSAR pour y faire entendre dans le milieu maritime une musique harmonieuse et sans fausses notes. D.J.

Incendie du Panam Serena en 2003

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Un de nos membres publie plusieurs livres

Le docteur Luc Christophe GUILLERM, psychiatre à Brest et membre du Conseil d’Administration de la SFMM a récemment publié plusieurs livres en rapport avec le milieu maritime.Le premier livre intéressera particulièrement les membres de la SFMM. Il est intitulé : «Naufragés à la dérive. Le défi psychologique de la survie en radeau» ( édité chez L’Harmattan). A travers une cinquantaine de naufrages et survies en radeau, l’ouvrage se propose d’étudier une des situations extrêmes les plus exceptionnelles, celles d’hommes et de femmes perdus dans l’immensité océane et dérivant pendant de longues semaines ou mois dans des conditions de vie souvent épouvantables où le danger de mort domine le quotidien. Certaines de ces avantures humaines sont célèbres, comme la dérive des marins de la Bounty, le radeau de la Méduse, la dérive de la famille Robertson ou encore les naufrages du Vendée Globe 1997. D’autres sont moins connues, comme le naufrage de J.F.Kennedy avec son patrouilleur, la dérive des marins de l’Essex en 1820, la terrible épreuve des rescapés du Lullworth-Hill en 1943, ou encore le cauchemard des cinq marins de Trashman en 1982. Quelques situations de mer volontaires sont également reprises en raison de leurs enseignements, telles les aventures d’Alain Bombard ou de Gérard d’Aboville. Cette épreuve représente en outre une sorte de modèle de survie en milieu extrême. L’accent est porté avant tout sur les aspects psychologiques de cette épreuve, qui dévoile les capacités d’adaptation tout à fait exceptionnelles de certains êtres humains.Le deuxième livre qui veint de paraître est un livre sur la Jeanne d’Arc, «La Jeanne de ma jeunesse» (éditions du Télégramme).Bravo à notre ami Luc Christophe

Adhérez à l’IMHA !L’International Maritime Health Association (IMHA) regroupe les spécialistes internationaux de médecine maritime. L’association est conseiller auprès de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) et du Bureau International du Travail (BIT) en matière de santé dans le milieu maritime. Elle a également des liens particuliers avec l’ITF Seafarer’s Trust et l’International Comittee on Seafarer’s Welfare. L’IMHA compte actuellement environ 300 membres . Les Français sont seulement au nombre de 4 ou 5, ce qui est peu pour peser sur les décisions. Nous invitons donc les membres de la SFMM qui seraient intéressés à adhérer à l’IMHA.L’IMHA organise un Symposium international de médecine maritime tous les deux ans. Le prochain se déroulera en Croatie en mai 2005. Nous espérons que des membres de la SFMM pourront présenter des communications. Renseignements sur le site www.mersante.com IMHA, Italiei 51, Antwerp, Belgium B-2000 [email protected]

www.mersante.com

Votre site sur la médecine maritime et la Société Française deMédecine maritime

Vous trouverez sur les pages réservées aux membres :- l’éditorial mensuel du Président- les dates des réunions du Conseil d’Administration avec les compte-rendus- les statuts de l’association- la liste des membres - des NEWS- et ce bulletin en ligne.

Le mot de passe pour l’accès aux pages réservées aux membres : pourquoipas

Page 7: La Lettre de Médecine Maritime

Un projet communNous avons peut-être la possibilité de faire publier un ouvrage qui parlerait de médecine maritime. En quelques mots, le projet consisterait à évoquer les grands thèmes de médecine maritime au travers de courts récits, sans qu’il s’agisse pour autant d’articles de style universitaire. Il pourrait ainsi s’agir d’expériences personnelles de situations maritimes ayant trait avec la santé, mais également de tout ce qui peut concerner des rencontres avec des marins, ou encore des travaux scientifiques, à condition qu’ils soient relatés de manière simple et un peu littéraire. Je pense qu’on peut tout à fait aborder la naupathie par exemple ou une maladie tropicale à travers une observation ou plutôt une histoire de patient ou de marin. Il peut aussi s’agir d’un texte assez théorique, à condition qu’il soit pédagogique et de style fluide.

Le sujet a été abordé lors du dernier Conseil d’administration de la société et a été approuvé par tous les membres. L’objectif est que le maximum des thèmes soient réalisés par des membres de la SFMM, un des buts de l’ouvrage étant de faire parler de la société (les éventuels droits d’auteurs lui reviendront).

Vous trouverez dans le fichier ci-joint un résumé de tous ces éléments de base, ainsi qu’une liste de quelques thèmes possibles, en sachant que tout autre thème de médecine maritime ou de santé en lien avec la mer peut être intéressant et surtout des expériences personnelles. Noter également que les textes peuvent être courts, et on pourrait dire de 2 à 8 pages. Le style compte peu à ce stade, n’hésitez donc pas à m’envoyer même quelques lignes de projets ou une histoire intéressante à mettre en page si vous n’en avez pas le temps ou l’énergie !

Certains d’entre vous me posent la question du ton de l’ouvrage et du style. Bonne question. je pensais y avoir répondu en partie en précisant que le style ne devait pas être universitaire ou académique, mais plutôt anecdotique et vécu, donc à priori plutôt distrayant, un peu pédagogique (il faut apprendre quelque chose peut-être), et en fait plutôt tout public que public spécialisé en médecine ou sur le monde de la mer. Ceci dit, tout dépendra beaucoup de ce qui me sera adressé, mais à priori il ne faut pas faire compliqué, bibliographique, rigide. L’objectif est d’amener à découvrir cet interface entre les marins et leur santé, mais de manière divertissante, d’où plutôt des textes relativement courts, mais on peut avoir besoin de plusieurs pages pour traiter des chirurgiens navigans (et même développer ce côté historique) et à côté avoir un texte très court (même une page) évoquant une petite histoire de mer! seule la diversité des thèmes pourra être intéressante. A titre d’exemple, je pense écrire deux ou trois pages sur mon premier embarquement comme médecin sur un bateau de la Marine (surveillance des pêches, 15 jours de naupathie!) ou encore sur deux bouffées délirantes dont j’ai du m’occuper en mer (un d’entre eux se prenait pour un dauphin!)...N’hésitez pas à me communiquer vos impressions. Luc Christophe Guillerm(Extraits de messages parus sur la liste de discussion medecinemaritime)

Inspections dans le cadre du Mémorandum de ParisLe Mémorandum de Paris sur le contrôle des navires par l’Etat du port vient de lancer pour le dernier trimestre 2004 une campagne de contrôle des conditions de vie des équipages à bord des navires inspectés. Chaque navire inspecté devra prouver que les conditions de logement de nourriture et de travail des marins sont bien conformes aux normes des conventions du BIT, à partir d’une check list de 12 points. En cas d’anomalies constatées, les sanctions pourront aller de l’observation au capitaine jusqu’à l’arrêt du navire, conduisant à l’inscription sur une « liste noire ». Cette campagne est saluée par l’International Transport Workers Seafarers Section et par l’International Shipping Fédération (armateurs).

Établi sur l’initiative de la France, et signé en 1982, le Memorandum de Paris établit un contrôle coordonné des navires étrangers afin de lutter contre la prolifération des navires non conformes, tous les états ne respectant pas leurs engagements internationaux en ce qui concerne la surveillance de la sécurité des navires battant leur pavillon. Actuellement, 19 pays sont signataires (14 pays de l’Union Européenne qui ont un littoral, la Croatie, la Norvège, la Fédération de Russie, le Canada et l’Islande ) de cet accord qui a pour objet d’harmoniser et de coordonner les contrôles portuaires des navires. Le Mémorandum de Paris a pour objectifs la sauvegarde de la vie humaine en mer, la prévention des pollutions marines par les navires, et le respect des normes de vie et de travail à bord des navires.

Page 8: La Lettre de Médecine Maritime

Responsable de la publication : D. JégadenSociété Française de Médecine MaritimeFaculté de médecine de Brest22 avenue Camille Desmoulins CS 958529 238 Brest cedex

Conseil d’Administration de la SFMM

Dr Dominique Jégaden, Président

Pr Arnaud Cénac, Vice-président

Pr Jean Dominique Dewitte, Trésorier

Melle Ghislaine Tirilly, secrétaire générale

Dr Yves Eusen, secrétaire général-Adjoint

Dr Daniel Carcaillet, membre

Dr Luc-Christophe Guillerm, membre

Dr Christèle Delecourt, membre

Dr Marc Brehon, membre

Dr Francis Rollot, chef du SSGM, membre permanent

Travaux et communications

«Professionnels non-marins ...qui navi-guent» D. Jégaden, J.D.Dewitte, 9è Congrès national de médecine du travail, Bordeaux, 3-6 juin 2004«Organisation de la médecine maritime en France» D. Jégaden, 1er Symposium National Vietnamien de médecine maritime, Haïphong, 23-24 août 2004 «Maladies professionnelles en milieu maritime» J.D.Dewitte, D.Jégaden, B.Loddé, Les Nouvelles Dermatologiques, octobre 2004, 23, 8, 454-457«Maladies professionnelles cutanées maritimes» B.Loddé, J.D.Dewitte, B.Eniafe, D.Jégaden, Les Nouvelles Dermatologiques, octobre 2004, 23, 8, 458-464«Pathologie cutanée due à la faune ma-rine» G.Guillet, P.Milochau, P.Labouche, Les Nouvelles Dermatologiques, octobre 2004, 23, 8, 465-469 «Dermatoses aquatiques» J.P.Poirier, Les Nouvelles Dermatologiques, octobre 2004, 23, 8, 470-477«Problèmes toxicologiques posés lors de l’opération Prestinaut» D. Jégaden, 9e Journées nationales espagnoles de méde-cine maritime, La Corogne, 7-9 cotobre 2004«Actes du 2 ème colloque «Mer et Santé»,Novembre 2004, éditions Ifremer

Asia-LinkNous avons en projet de monter un dossier européen de coopération avec cer-tains pays asiatiques dans le domaine de la médecine maritime (formation et recherche).Sont d’ores et déjà partants pour ce projet de grande envergure (s’il est accordé) l’UBO, l’Université de Tarragone, l’Université du Sud-Danemark, l’Institut de Méde-cine Maritime du Vietnam, une université des Philippines et une université d’Indo-nésie. Il est possible que nous ayons également un partenaire chinois. Le dossier sera à déposer avant mai 2005. Gros travail en perspective.

CotisationPour des raisons pratiques, nous revenons à la cotisation annuelle de janvier à décembre, plutôt que de septembre à août comme auparavant. La cotisation sera donc exigible à compter du premier janvier 2005 pour l’année 2005-2006. Son montant reste inchangé à 20 €.

Chalutier au Guilvinec