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S É Q U E N C E 7 LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE Séverine De Croix Olivier Dezutter Dominique Ledur FICHES 1 À 18 Volume 4 Expression écrite Argumenter

LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

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Page 1: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

S É Q U E N C E 7

LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE

Séverine De Croix

Olivier Dezutter

Dominique Ledur

F I C H E S 1 À 1 8

Volume 4 Expression écrite Argumenter

Page 2: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Etapes Buts Activités Matériel

Mise en situationProduction initiale

• Envisager un projet commun de réalisation d’un ensemble de notes critiques

• Faire part à d’autres oralement d’une lecture personnelle

• Ecrire un premier texte au départ d’une lecture commune (la nouvelle « Le Pont du Diable »)

• Mise en route du premier projet de lecture : une nouvelle

• Evocation orale d’une lecture personnelle

• Lecture du « Pont du diable »• Production d’une note critique à propos

de la lecture commune

• quelques critiques « de référence » (fiche 1)

• reproduction de la nouvelle « Le Pont du diable » (fiche 1)

Module 1

Des critiques en pagaille

• Découvrir la diversité du genre de la « note critique »

• Distinguer la note critique d’autres genres proches

• Repérer les composantes essentielles de la note critique

• Découvrir les différents lieux de diffusion des notes critiques

• Tri de textes • Elaboration d’une grille des

composantes de base de la note critique

• corpus de documents (fiche 2)

• fiches 3 et 4• un ensemble de

quotidiens, de magazines d’intérêt général, de magazines spécialisés

Module 2

Le livre, une « marchandise »

• Découvrir quelques aspects du fonctionnement du « marché » du livre et le rôle des critiques dans ce marché

• Réfléchir sur les attitudes des « consommateurs » de livres

• Distinguer une publicité commerciale d’une critique

• Donner sens aux références bibliographiques

• Mini-enquête sur les pratiques d’achat/emprunt de livres

• Observation et création d’une publicité pour un livre

• guide pour l’enquête (fiche 5)

• publicité pour

L’enfant Océan

de Jean-Claude Mourlevat (fiche 6)

Module 3

Des « traces » de lecture

• Reconstituer la trame du récit au départ de souvenirs de lecture

• Vérifier sa compréhension d’un texte

• Dans le cadre de la lecture d’une œuvre longue, pratiquer des outils de mémorisation et de structuration des impressions, hypothèses et difficultés de lecture

• Apprécier le texte lu• Evaluer sa lecture • Mise en route du second projet

de lecture: une œuvre longue

• Reconstitution orale de la trame du « Pont du diable » et vérification des hypothèses de sens

• Relevé des lieux d’indétermination du texte

• Activité de production et d’exploitation de « traces » de lecture lors de la lecture d’un nouveau texte bref

• Observation des journaux de lecture et repérage des types d’information qu’ils comportent

• Pratique du journal de lecture pour accompagner la lecture d’une œuvre longue

• extraits de différents journaux de lecture (fiche 7)

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Module 4

Faire entrer dans le récit

• Sélectionner adéquatement et intégrer dans la note critique les informations relatives au personnage et à la fable, en tenant compte de la situation du lecteur « ignorant »

• Observer et qualifier la présentation des personnages dans la note critique

• Caractériser le(s) personnage(s) principal(aux) d’un récit

• Repérer le rôle de la partie narrative dans la note critique

• Réduire un résumé de manière à le rendre suspensif et à créer l’attente du lecteur

• Observation de portraits insérés dans des notes critiques

• Réalisation d’une fiche signalétique décrivant le personnage principal d’un récit

• Exercice de réduction/extension d’un résumé

• corpus de notes critiques (fiche 8)

• fiche signalétique à remplir (fiche 9)

• résumé du

Tour du Monde en 80 jours

de Jules Verne (fiche 10)

Module 5

Forger son aviset en faire part

• Distinguer les différents critères d’appréciation d’un récit de fiction

• Développer les justifications des arguments

• Repérer et utiliser différents procédés linguistiques de persuasion-

• Débat oral à propos de l’appréciation du « Pont du diable »

• Elaboration d’une grille des critères d’appréciation

• Identification, au sein d’un corpus, de notes critiques peu justifiées

• Développement de la partie argumentative d’une note critique rédigée à propos du « Pont du diable »

• Observation des procédés linguistiques de persuasion dans un corpus de notes critiques

• Elaboration d’une grille des procédés linguistiques de persuasion

• Réécriture d’une note critique en intégrant (renforçant) les divers procédés repris dans la grille

• Production d’une nouvelle note critique respectant un canevas établi de procédés de persuasion

• caméra et magnétoscope (facultatif)

• fiche 11• extraits de notes

critiques produites par les élèves (fiches 12, 13 et 14)

• fiche 15• texte à farcir

(fiche 16)• canevas à

compléter (fiche 17)

Production finale

• Améliorer la production initiale• Rédiger une nouvelle note

critique sur une œuvre longue

• Réécriture de la production initiale• Rédaction d’une note critique

• grille d’évaluation (fiche 18)

• grilles de constats (fiches 4, 7, 11 et 15)

• textes littéraires concernés

Etapes Buts Activités Matériel

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1 •

Voici quelques notes critiques écrites par des jeunes comme toi au sujet de certains

livres qu’ils ont lus. Découvre-les.

§

Citrouille

, 1999.

Illustration de G. Meyer – En scène les 5e – Rageot.

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2 •

Lis la nouvelle de Régine Detambel, « Le Pont du diable ».

Rédige une note critique de cette nouvelle. Ton texte pourrait paraître dans un

magazine destiné aux adolescents. Il comptera une vingtaine de lignes.

LE PONT DU DIABLE

Régine DETAMBEL

Je rentrais chez moi, comme d'habi-tude, en vélomoteur. Je n'étais jamaistombée en panne. Je surveillais bien leniveau d'essence, je tâtais les pneusavec soin. Mais, ce soir-là, la chaîneavait déraillé, aussi bêtement que surun vélo d'enfant. C'était arrivé justedevant l'église Sainte-Cécile, où j'avaisfait ma communion.

Pour m'abriter de la pluie et du noir, jesuis entrée dans l'église en poussant mamobylette. J'ai reconnu le bruit de laporte aux gonds rouillés, j'avais encoreen mémoire les rangées de bancs et lesbroderies de la nappe de l'autel. Lanappe était la seule tache blanche. Rienn'avait changé.

J'ai posé mes mains sur la chaîne et j'aiessayé de la replacer. Je tirais dans tousles sens. Tout en m'échinant et enm'enduisant de cambouis, je repensaisà ma communion. Là-haut, il y avait unorgue. Je me souvenais de l'organiste. Ilavait mon âge, c'était un jeune prodige.Il paraît qu'il était même un pianistegénial. Nous avions alors dix ou onzeans. Il s'appelait Damien. Il m'effrayait. Ildisait qu'il était sorcier et je le croyaisparce qu'il faisait, devant mes yeux, destours fabuleux. Il pouvait faire passerun œuf dans l'anneau d'une alliance. Ilpossédait une boîte pleine de poils deloup, des limaces rouges hachées menudans un pichet d'huile. Il conservait descervelles de chat dans du papier d'alu-minium. Toutes ces horreurs, il les ran-geait dans une cache, sous l'orgue.

Pour l'œuf magique, il m'avait dit sonsecret. Il suffisait de laisser tremper unœuf cinq jours dans du vinaigre pour

qu'il devienne aussi mou qu'une balle.Malgré tout, j'avais peur. Il disait aussiqu'il pourrait me rendre amoureuse delui rien qu'en me touchant avec sesmains badigeonnées de suc d'orties. Jel'évitais.

Quant à la musique, ce talent extraordi-naire qu'il avait pour l'orgue et le piano,il se vantait d'avoir un secret à base decoquilles d'huîtres et de toiles d'arai-gnées qui rendent les mains fines ethabiles.

Tout en fouillant dans la trousse à outilsque j'avais décrochée de la selle, je sou-riais. Je me disais qu'on a peur de toutquand on est enfant. Je me souvins dema petite robe immaculée de commu-niante et cela me rendit nostalgique.Damien, lui, était toujours habillé denoir. Il n'aimait que les films d'horreur etles livres de Stephen King. Il était fier deson prénom, celui du héros sataniquede L'Exorciste. Dans sa chambre, des affi-ches, au-dessus de son lit, montraientdes vers, des mâchoires de vampire etdes cadavres. Son frère aîné travaillait àla morgue. Damien s'en vantait.

Quelques jours avant la communion, ilétait devenu pâle. Il ne poussait plus laporte de l'église sans blêmir. Il ne parlaitplus. Il jouait follement de l'orgue.

A l'entrée de l'église, je ne sais par quelcaprice de mécène, il y avait la statued'un diable. Nos parents n'avaient pasbesoin d'ogres ou de sorcières pournous terrifier. Ils nous menaçaient sim-plement d'aller voir le diable de l'église,alors nous consentions à tout. Nousdevenions obéissants, des enfantsmodèles.

Ce diable, j'étais presque adossée con-tre, pour réparer ma Mobylette. Biensûr, j'avais grandi. Au lieu du monstrede mon enfance, je ne voyais plus qu'un

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peu de plâtre, des cornes malhabiles,des yeux de verre, et la vieillesse quiécorne, qui éraille, qui écaille. Jepensai : « Pauvre diable ! » et je ris.

Soudain, je levai la tête. J'avais entenduun bruit de papier qu'on froisse. Je scru-tai l'obscurité mais ne vis rien. Je meremis au travail.

Damien aimait le diable de l'église. Ils'asseyait sur ses sabots, il lui caressaitle mufle. Un jour, il m'avait saisie par lespouces pour m'obliger à m'agenouiller.La queue du diable me griffa la joue. Iln'y en a plus trace aujourd'hui, mais magrand-mère s'était signée quand j'étaisrentrée à la maison avec cette érafluresatanique. Quelques jours après,Damien me rejoignit sur le pont du Dia-ble. Je détestais ce pont. Il était en rui-nes, on voyait l'eau entre les pierres, ungrand trou noir. C'était un pont pourtouristes. Moi, j'en avais peur maisj'étais obligée de l'emprunter pour allerà l'église. Sur le pont, Damien me pritpar les poignets et je faillis perdrel'équilibre. Il voulait se coller contremoi, il me poussait, je sentais ses lèvrescontre mon oreille, contre ma tempe.Alors je me suis débattue, j'ai fait tour-noyer mon cartable comme une frondeet j'ai réussi à me sauver. Quelquechose de léger est tombé dans l'eau,sans doute le sac de Damien, ou sessabots suédois. Je ne me suis pasretournée, j'ai simplement entendu lebruit d'une éclaboussure.

J'entendis à nouveau le bruit de papierfroissé et je le reconnus nettement.C'était le craquement d'une partitiondont on tourne les pages. Il y avaitquelqu'un là-haut. Quelqu'un était assisà l'orgue. J'avais les mains pleines decambouis et quand je serrais les poings,mes doigts gras glissaient. J'attendis.

Quand il quitta l'orgue et se tourna versmoi, je ne reconnus pas sa silhouettemais je savais pourtant que c'était lui. Ildit :

– C'est toi, Stéphanie, on peut dire queça fait longtemps.

Je répondis que c'était le hasard, lemalencontreux hasard de la mécaniqueet surtout la malchance qui nous fai-saient nous rencontrer à nouveau. Il sefit charmant :– Que dirais-tu d'une petite promenadeau pont du Diable, en amoureux ?

Il détachait chaque syllabe, en descen-dant lentement l'escalier. Son pas étaitraide. Il avait les bras tendus devant luicomme un nageur. J'avais peur qu'il metouche. Je repensais au suc d'orties. Jeredevins la fillette affolée. Il y avait uncandélabre derrière moi. Je le pris.J'étais prête à me battre.– J'étais un peu fou, reprit Damien.J'avais voulu t'embrasser, ce jour-là, surle pont du Diable, rien de plus, jet'assure, mais tu t'es débattue.

Damien descendit la dernière marche. Ilétait très grand. Je sortis de l'église àreculons.

La lumière me surprit. Dehors, garéedevant le parvis, tous phares allumés,une 4L attendait, pleine de rires et degarçons qui buvaient de la bière enfumant. Ils me demandèrent si Damienétait toujours dans l'église. Je dis oui.Un des garçons ajouta :– Il adore l'orgue, vous savez. On allaitau cinéma mais il a voulu s'arrêter là. Ilparaît que l'orgue est superbe.

Damien sortit de l'église. Il portait unsac en plastique. Je pensais qu'il conte-nait la boîte de poils de loup, les lima-ces, les cervelles. Mais il me prit tendre-ment le bras. Ses mains étaientbronzées, chaudes et sèches.– Je t'ai fait peur, hein ? Tu viens avecnous au cinéma ?

Il me tendit une cigarette, il avait de bel-les dents et une chevelure magnifique.J'oubliai le passé. J'avais envie de rire.J'étais à la fois tentée et soulagée. Lesgarçons insistèrent pour que je lesaccompagne, ils proposaient de mettre

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§

Detambel R., « Le Pont du Diable », dans

Solos

, Paris,Gallimard Jeunesse, 1998, Coll. « Page blanche », pp. 5-11.

ma Mobylette dans le coffre de la 4L.Pourtant je refusai. Il fallait vraimentque je rentre, j'avais des examens à pré-parer.

– A une autre fois, dit Damien.

Il avait réparé la chaîne. Je partis en fai-sant un signe de la main.

Le lendemain matin, je m'aperçus quej'avais oublié ma trousse à outils et jedus retourner à l'église. C'est le curé quim'ouvrit la porte. Je me présentai, luirappelai que j'avais fait ma communionici, quelques années auparavant. J'énu-mérai les prénoms de mes amis d'alors,je citai même Damien.

– Je me souviens de lui, dit le curé,c'était mon meilleur organiste. Il n'a paspu faire sa communion pour raisons desanté, asthme ou anémie, je ne saisplus. Il était si pâle.

– Je l'ai rencontré hier soir, dis-je. Il esten pleine forme. C'est un garçonrobuste maintenant. En riant, j'avouai :J'ai même failli sortir avec lui.

Le curé fronça les sourcils.

– Damien ? Sûrement pas ! Il est mortnoyé, il y a huit ou neuf ans, au pont duDiable. Un vagabond ou un fou a dû lepousser par-dessus le parapet. Tenez,sa tombe est là-bas. Il avait douze ans.Pauvre gosse. Oui, un vagabond ou unfou…

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Voici un ensemble de textes divers, parmi lesquels plusieurs notes critiques.

1 •

Remplis le tableau en répondant aux questions suivantes :

– de quoi parlent ces textes ?

– à quoi servent-ils ?

2 •

Dans le tableau, fais une croix à côté des textes qui, d’après toi, sont des notes criti-

ques.

3 •

Ensuite, en sous-groupe, tu préciseras pourquoi tels documents ont été identifiés

comme des notes critiques et pourquoi tels autres pas.

Textes De quoi ça parle ? A quoi ça sert ? A cocher

1.

2.

3.

4.

5.

6.

7.

8.

9.

10.

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§ Je bouquine, no80.

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Texte 1 Texte 2

§

Citrouille

, 11/1999.

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Texte 4

Texte 5

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§

La Lanterne

, 2/11/2000.

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Texte 8

Texte 7

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Texte 6

§

Le Soir

, 23/8/2000.

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Sombres citrouilles

Malika Ferdjoukh, Médium de l'École des Loisirs

L'homme était allongé sur la terre du potager.« Il dort ? demanda Colin-six ans.– Il a les yeux ouverts, nota Violette.– Monsieur, vous faites la sieste ? demanda Annette.– Il y a du rouge sur son polo.– Y'a du vert aussi.– C'est de l'herbe écrabouillée, le vert.– Le rouge…– C'est du sang. »J'ai soufflé aux petits :« Allez ! On le planque, faut pas qu'on le trouve. »Et c'est ainsi qu'Hermès, Colin-six ans et les jumelles ont caché le mon-sieur mort derrière le noisetier et ont décidé de trouver le coupable.J'ai adoré ce livre plein d'humour et de suspens.Anaïs.

§ Kraft, 01/2000.

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Texte 9

Texte 10

§

Le Soir

, 21/8/2000.

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Voici un texte que tu as déjà rencontré : il s’agit d’une critique d’un roman de R.-L.

Stine,

Chambre noire

. Note ici les différents éléments d’informations que tu trouves

dans cette critique. Par exemple : le titre du livre…

§

Citrouille

, 11/1999.

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1 •

Reprends les textes n˚ 1, 2, 3 et 9 de la fiche 2. Remplis le tableau suivant en cochant

les cases qui correspondent aux éléments que tu retrouves dans ces textes.

2 •

En fonction des éléments qui apparaissent dans le tableau ci-dessus, remplis la grille

de constats 1. Tu devras regrouper certains éléments en catégories.

Eléments présents Texte 1 Texte 2 Texte 3 Texte 9

Nom de l’auteur

Titre

Lieu d’édition

Maison d’édition

Nom de la collection

Prix de l’ouvrage

Présentation du contenu de l’ouvrage

Appréciation personnelle

Informations sur l’auteur

Comparaison avec une autre œuvre

Conseil au lecteur

Grille de constats 1

Les composantes d’une note critique

Indispensables

1.

2.

3.

Facultatives

4.

5.

6.

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GUIDE POUR L’ENQUÊTE AUPRÈS DE LECTEURS

1 •

Complète le document en ajoutant deux ou trois questions que tu souhaites poser

aux personnes interrogées.

2 •

Utilise le document pour interroger six adultes.

Quelques mots sur la personne interrogée

Nom :Age :Sexe :Aime lire : occasionnellement — beaucoup — énormémentN’aime pas lire : du tout — dans certaines conditions

Q

UESTIONS

R

ÉPONSES

DE

L

INTERLOCUTEUR

1.

Quel est le dernier livre que vous avez acheté ou emprunté ?

2.

Quel est l’élément déterminant qui vous a poussé à acheter ou à emprunter ce livre en particulier ?

La renommée de l’auteur

Le fait d’avoir vu ou entendu l’auteur parler de son livre dans les médias audiovisuels (radio, télévision)

Le fait d’avoir entendu parler du livre par un ami, une connaissance

Le fait d’avoir reçu le livre en cadeau

Le conseil d’un libraire

Le fait d’avoir lu une autre œuvre du même auteur, de la même collection

Le fait d’avoir lu ou entendu une critique

Autre :

3.

Que souhaiteriez-vous apprendre grâce à une note critique ?

4.

5.

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Observe attentivement le document reproduit ici et réponds aux questions

suivantes :

— Quelle est la fonction de ce document, à quoi sert-il ?

— Quels sont les différents éléments d’information fournis ?

— Quelle relation peut-on établir entre ce document et une note critique ?

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Voici quelques extraits de journaux de lecture tenus par des jeunes. D’après ce que

tu peux observer, établis, en complétant la grille de constats 2, une liste du type

d’informations qui peuvent être consignées dans un journal de lecture.

Grille de constats 2

Un journal de lecture peut comporter :

Contenu

Forme

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Mercredi 5 avril 2000 et jeudi 6 avril 2000

Voici un plan du quartier que j’avais envie

de dessiner parce que j’entends plein de

gens qui disent qu’ils ne connaissent pas la

rue.

Je viens de finir le chapitre 3 et je crois

que l’attitude de Joséphine n’a toujours pas

changé. Voici un petit mot croisé avec le

nom des personnages qu’on a rencontrés

jusque ici. Il sera bien sûr plus grand à la

fin du livre. Enfin, je suppose.

(Journal de A.)

Conclusion de notre discussion

Benoît, Kurtulus et moi partageons lemême avis : ce livre ne nous a rienapporté de nouveau. Nous avons lu notrequotidien, nous le connaissons donc. Unautre genre de lecture sera peut-être +approfondie…Ce fut un livre facile à lire, mais nousl’avons lu sans envie.Il est fini. Pensée générale : ouf !Benoît dit que ce livre a sans douteéveillé notre esprit sur certaines réalités,mais censurées…Comment pouvons-nous ignorer l’intolé-rance, le racisme, etc. nous qui sommeségalement sujets à des discriminations etdiscriminons, parfois, aussi les autres…Il est facile de remettre en question unpeuple, une société, un certain étatd’esprit, une culture… mais soi-même ?Nous nous plaignons de ce que les autresnous font parfois vivre ! certes. Et nous,que faisons-nous vivre aux autres ? Nousfaisons partie de la pensée commune etpourtant…

(Journal de O.)

Le 20.03.00

J’ai déjà une bonne impression sur le livre, même si on ne nous a laissé lire que 2 minuscules pages.

Le 22.03.00 (=>28)

Quel drôle de bouquin ! On passe d’une citation à une autre sans prévenir ? Mais ce n’est pas grave, j’aime bien celivre, même si Joséphine commence à me taper sur les nerfs avec son racisme. Mais j’aime bien le personnage deRachid, j’ai l’impression qu’il pense comme moi : « il préfère rêver qu’affronter un refus ».

Je vais vous résumer le personnage de Joséphine : emmerdeuse publique (excusez mon langage). Mais heureuse-ment que l’auteur se rattrape en parlant d’autre chose. A propos, je m’étais trompée au sujet de Rachid. Il sort avecAlexandra et ont l’air de bien se plaire ensemble. Je trouve ça bien de pouvoir avouer ses sentiments, car la plupartdu temps, ce n’est pas le plus facile ! Mais peut-être qu’un jour, j’arriverai à faire comme lui !

Le 25.03.00 (=>83)

Je me demande vraiment qui est donc ce Monsieur K. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il est un peu taré sur lesbords. Même si j’admire sa façon de s’exprimer.

(Journal de E.)

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22.03.2000 Dans le salon

La suite de la lecture du livre tant attendu aboutit peu à peu. Ce livre ne m’ouvre pastant les yeux. Je croyais m’identifié à l’un d’entre eux. Mais les différences font que celachange.

Dans le salon. En revenant d’une promenade, une dame m’intercepte, elle me parle d’une bronzée en posses-sion d’une fausse carte d’identité. Elle avait de sérieux problèmes. J’y fais allusion car c’est à peu près lemême problème que dans le livre. Les étrangers ont toujours des problèmes civils et socials. C’est à croire quetous les étrangers ont ces problèmes. Aussi bien dans la fiction que dans la réalité.

24.03.2000 En classe

Cette journée ne se passe pas comme prévu. J’espérais me retrouver seul. A d’autre la même idée leur estvenue. La société n’est pas toujours gaie. J’aurais préféré rester seul dans mon coin. Ecouter de la musique etmettre de côté la réalité. Personne ne voit, ne comprend la réalité. Mon âme est si embrouillée. Que faire detoutes ces pensées ? Je me demande ce que j’ai. Il est difficile de pensée que quelqu’un peut m’aider. Mais enattendant je peux cacher. C’est au sommet que je dois arriver. C’est là que je trouverai mon chemin.Vivre c’est tuer pour manger, ce faire tuer pour ce faire manger. C’est l’équilibre de la nature. Je ne sais pourquelle raison nous avons « évoluer ». La nature a voulu qu’on évolue.

24/03/2000 En classe

La fin est proche. Peu de chose reste à découvrir. J’ai presque fini de le lire. C’est dommage qu’il y ait tant degrossièreté. Mais quelque chose m’a marqué. P. 80 journal de K. : « Je ne participe pas au passé ». C’estplutôt bien trouvé.

(Journal de V.)

Jeudi 30 mars 2000

On vient de lire le premier chapitre en classe. Nous sommes obligés delire ce livre. Les autres chapitres, nous devons les lire seuls, je préfère. Jetrouve que ce qu’on a déjà lu en classe est assez bizarre. Je n’aime pastellement, mais je suis qu’au premier chapitre, donc j’espère que ça vachanger. Ce que je n’aime vraiment pas, c’est qu’au premier paragraphe,on parle de Joséphine Ladent, ensuite au deuxième paragraphe, on parledu groupe de jeunes et après on parle de nouveau de madame Ladent etainsi de suite… et en plus je dois toujours me souvenir de l’autre paragra-phe (celui d’avant), c’est ennuyant.

(Journal de B.)

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Grille de constats 2

Un journal de lecture peut comporter :

Contenu

Des indications sur les conditions de lecture Lieux et dates

Lecture imposée ou libre

Contexte (environnement, entourage, humeur…)

Des éléments de mémorisation Noms des personnages principaux

Lieu(x), époque(s) où se déroule l’histoire

Phrases-clés

Passages importants

Des éléments d’appréciation du récit portant sur…

Les personnages

L’écriture

Le langage

Les valeurs véhiculées par le récit

L’action et son déroulement

Des émotions et impressions de lecteur Liens avec la réalité et les expériences vécues

Interrogations personnelles

Difficultés de lecture

Forme

Plusieurs formes de traces Schémas

Dessins

Mots croisés

Notes écrites

Extraits

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Voici un ensemble de notes critiques réalisées par des jeunes.

1 • Observe la façon dont ils présentent les différents personnages.

2 • Précise dans le tableau, pour chaque texte, si tu penses disposer de suffisamment

d’informations à propos du(des) personnage(s) principal(aux). Sinon, indique ce que

tu souhaiterais savoir de plus.

TextesNombre d’informations

Ce que je voudrais savoir en plusSuffisant Insuffisant

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Texte 2

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§ Citrouille, 06/1999.

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Texte 3

Sombres citrouilles

Malika Ferdjoukh, Médium de l'École des Loi-sirs

L'homme était allongé sur la terre du pota-ger.« Il dort ? demanda Colin-six ans.– Il a les yeux ouverts, nota Violette.– Monsieur, vous faites la sieste ? demandaAnnette.– Il y a du rouge sur son polo.– Y'a du vert aussi.– C'est de l'herbe écrabouillée, le vert.– Le rouge…– C'est du sang. »J'ai soufflé aux petits :« Allez ! On le planque, faut pas qu'on letrouve. »Et c'est ainsi qu'Hermès, Colin-six ans et lesjumelles ont caché le monsieur mort derrièrele noisetier et ont décidé de trouver le coupa-ble.J'ai adoré ce livre plein d'humour et de sus-pens.Anaïs.

Texte 4Texte 5

§ Citrouille, 04/2000.

§ Kraft, 01/2000.

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§ Citrouille, 11/1999.

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Fiche 9

En lisant la nouvelle « Seb » de Régine Detambel, remplis la fiche signalétique à pro-

pos de Clara.

Eléments d’identification Personnage : Clara

Nom et/ou Prénom

Âge

Apparence physique

Milieu de vie

Situation de famille

Principales relations/fréquentations

Goûts personnels

Dons particuliers

Projets

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Fiche 9

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SEB

Régine DETAMBEL

A dix-sept ans, Clara vivait seule, dansun studio, au troisième étage. Elle étaitgrande, avec des cheveux roux. Elleaimait Beethoven, Schumann, FranzSchubert. Les orchestres symphoni-ques ou de chambre, le clavecin, lesorgues, elle les adorait.

Lui était brun et sensible. Il se prénom-mait Jean-Sébastien et les mauvaiseslangues de la classe disaient que Clarane l'avait choisi que pour son prénom.D'ailleurs, Jean-Sébastien exigeait qu'onl'appelle simplement Seb. C'est une mar-que de cocotte-minute. Il le savait maiss'en moquait.

Pour Clara, Seb se ruinait en disquescompacts. Et ce jour-là, il lui en avaitacheté deux. C'était un anniversaire. Ilss'étaient rencontrés voilà un an exacte-ment, un mercredi de pluie, au café,devant le lycée.

Clara ouvrit le premier disque, la Sym-phonie alpestre de Richard Strauss. Elleembrassa à peine Seb qui souriait,timide et ennuyé. Il finit par s'asseoirsur le tapis en croisant les bras, pen-dant qu'elle écoutait, religieusement, lepremier accord de si bémol.

– Tu entends, Seb, les marcheurs par-tent, ils vont escalader la montagne, lesoleil s'est levé. Là, ils se fraient un che-min dans les fourrés, et là, tu entends lacascade ? Ils traversent. Et le glacier, tuentends comme il est majestueux ? Et lebrouillard ? Le brouillard monte. C'estmagnifique, hein, Seb ?– Oui, répondit Seb, en souriant triste-ment. Clara, tu es sûre qu'il fonctionne,ton téléphone ?– Tu entends ces roulements detonnerre ? reprit Clara.– Non, répondit Seb. Tu sais bien que jene comprends rien à la musique.Réponds-moi. II y a la tonalité sur ton

téléphone ? Il est bien branché ? Tu l'asvérifié ?– Et la pluie sur les rochers, tu1'entends ?– Non, dit Seb. Mais j'entends des sirè-nes, des alarmes, des coups de klaxon,des pneus qui crissent. J'entends aussigargouiller mon estomac parce que tune m'as rien offert, ni à manger ni àboire. Tiens, j'entends aussi une scènede ménage chez tes voisins. C’est unvéritable opéra. Je peux te répéter lesparoles, si tu veux.

Sébastien décroisa les jambes, essayade s'approcher de Clara et lui dit :– Je n'ai rien contre la musique et cen'est pas très grave si tu ne fais pas tou-jours attention à moi. J'aime te regarderjouer au chef d'orchestre. Mais je croisque tu me mens, que tu mens depuis ledébut. Tu me dis de te téléphoner etquand j'essaie, tu n'es jamais là. Je neveux pas savoir où tu vas, je vaisessayer de ne pas être jaloux. Au moins,ne joue pas avec moi. Hier soir, j'aiappelé à onze heures, tu n'étais tou-jours pas rentrée. Pourquoi me deman-der de te téléphoner si tu sors avecd'autres gars ? Tu crois que çam'amuse ?

Clara ne prêtait pas attention au dis-cours embarrassé de Seb. A tue-tête,elle imitait les roulements de tonnerrede Strauss tout en déballant ledeuxième disque, la Symphonie fantasti-que d'Hector Berlioz, qu'elle posa sur laplatine.

– Tu l'entends, Seb, c'est l'amour fou.Berlioz était amoureux d’une actrice.Elle s'appelait Harriet je ne sais quoi.Écoute comme il est furieux, il estjaloux. Là, il pleure. Cette mélodie, c'estvraiment de la solitude pure.

Mais Seb n'écoutait pas. Il avait les lar-mes aux yeux. Il était vexé. La solitudepure, oui, il allait partir pour toujours etelle ne le remarquerait même pas.

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Fiche 9

§ « Seb », R. Detambel, in Solos, Paris,Gallimard, Coll. Page blanche, 1996.

Imperturbable, Clara continuait :– Tu sais que Berlioz a voulu se suiciderà cause d'elle ? Écoute ce passage, il faitdes cauchemars affreux. Écoute ce glasfunèbre, il se croit au sabbat.

Seb s'était levé. Il était si malheureuxque chacune de ses boots pesait quinzekilos. Chaque fois qu'il faisait un pas, ilpensait : « C'est difficile de partir, trèsdifficile. » Il pensait aussi : « Je com-prends mieux pourquoi on dit s'arra-cher. Il faut que je m'arrache mais, vrai-ment, c'est douloureux, j'ai l'impressiond'être en fonte. » Et il pensait même :« Je comprends mieux ce que signifieporter tout le malheur du monde surses épaules. Je suis lourd comme undocker, je suis un déménageur qui porteun piano sur le dos. »

Au moment où Seb posait les doigts surla poignée de la porte, le téléphonesonna. Il haussa les épaules et se dit,simplement : « Tiens, c'est son nouveaucopain. » Il se massa les genoux. Le plusdur, ce fut de franchir le seuil. C'étaitdéjà terrible quand elle l'aimait encore,mais là, ses boots étaient plus lourdesque des semelles de scaphandrier. Parcuriosité et puis aussi parce que ledésespoir le clouait là, il resta sur leseuil. Il attendit pour savoir qui appe-lait. Il voulait entendre Clara, savoir sielle serait heureuse de ce coup de fil,savoir comment elle est quand elleparle au téléphone à quelqu'un qu'elleaime. Mais Clara ne décrochait pas. Sebcompta sur ses doigts commequelqu'un qui écoute sonner onze heu-res ou minuit à une église. Il était perdu.

Maintenant, la sonnerie résonnait pourla quinzième fois au moins. Il y en eutencore une seizième et le téléphone setut. On n'entendit plus que Berlioz et lefrottement des pieds nus de Clara bat-tant la mesure sur la moquette.

Alors Seb, sur le seuil de la porte, sentittout à coup ses chaussures s'alléger. Ilremontait à la surface. Il retrouvait l'airet le bonheur. Les mains dans lespoches, il riait, mais pas assez fortcependant pour couvrir le bruit de laronde du sabbat et du Dies irae queClara écoutait, la tête dans les mains, ense balançant. Le visage hilare, il se ras-sit tranquillement à côté d'elle. Même ilsifflota. Maintenant, il savait que ça nela dérangerait pas. Il songea à sonarrière-grand-père qui pouvait dormirsans peine au pied d'une mitrailleuse etque les obus même ne réveillaient pas.Il songea également à ce qu'on appellela concentration du mathématicien.Clara se concentrait tellement sur lamusique que le monde alentour s'éva-nouissait. Seb se consola, elle l'aimaitdonc toujours. Il était rassuré. Claraétait une authentique mélomane, pasune menteuse. Et tant pis pour le télé-phone. Il viendrait la voir plus souvent.Il la prit dans ses bras et la berça aurythme de la musique.

Le téléphone touchait presque la cuissede Clara. Elle continuait à battre lamesure, les yeux fermés. Et trois foisencore, à huit heures, à huit heures etdemie et à dix heures, devant Seb inter-dit, le téléphone sonna, sonna et conti-nua de sonner.

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Fiche 10

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Voici le résumé complet et détaillé d’un célèbre roman de Jules Verne. Réécris ce

résumé en vue de l’insérer dans une note critique. Le nouveau résumé ne dépassera

pas dix lignes et comprendra au moins 50% de mots ‘personnels’. Sois attentif aux

informations qui intéresseront le futur lecteur de ta note critique.

RÉSUMÉ DU TOUR DU MONDE EN 80 JOURS DE J. VERNE

Un gentleman anglais, Phileas Fogg, parie avec des camarades de club qu’ileffectuera le tour du monde en 80 jours. En compagnie de son fidèle domesti-que, Jean, dit Passepartout, il se met donc en route. Mais, soupçonné d’avoirdévalisé une banque anglaise, il se trouve de ce fait sous la surveillance d’unpolicier qui s’acharne à le suivre au cours de ses pérégrinations. Aux Indes,Fogg a l’occasion de sauver la vie d’Aude, jeune veuve d’un maharadjah, qui,selon la tradition hindoue, est destinée au bûcher. De nouvelles aventuresl’attendent en Chine. Cependant, le policier continue de s’attacher aux pas duvoyageur qui, accompagné d’Aude, poursuit son périple : il ne peut toutefoisl’arrêter, le mandat d’amener tardant à lui parvenir en raison de sesdéplacements incessants. Parvenu en Amérique, Fogg réussit à déjouer uneattaque des Indiens Sioux dans le train qui relie la côte est à la côte ouest. Maisune violente tempête survient, qui cloue au port les navires en partance pourl’Europe : Fogg n’hésite pas à fréter pour son compte personnel un bateaudont il se voit obligé de sacrifier la mâture, le combustible étant venu à man-quer au cours de la traversée. Au terme de son périple, il est arrêté par le poli-cier, qui a enfin reçu son mandat d’amener. Relâché, une fois la preuve faite deson innocence, Fogg convaincu tout d’abord qu’il a un jour de retard surl’horaire prévu, croit avoir perdu son pari ; mais il s’aperçoit bientôt que sonvoyage en direction de l’est lui a fait gagner 24 heures, et, par conséquent, sonpari. Au comble de la joie, il demandera — et obtiendra — la main d’Aude.

§ Extrait de Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays,LAFFONT-BOMPIANI (1968). Paris : Robert Laffont (Bouquins).

Mon résumé :

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Fiche 11

Au terme du débat oral, vous avez identifié quelques critères d’appréciation d’un

récit. Reportez-les dans la grille de constats ci-dessous.

Identifiez le critère dans la première colonne et précisez dans la deuxième comment

faire pour l’observer dans un texte.

Grille de constats 3

Les critères d’appréciation d’un récit

Le critère Comment l’observer dans un texte ?

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Fiche 12

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Voici trois notes critiques rédigées par des jeunes à propos du « Pont du diable ».

— Soulignez en vert les phrases dans lesquelles les auteurs donnent leur avis sur la

nouvelle.

— En utilisant la grille de critères d’appréciation d’un récit de fiction construite en

classe, encadrez en bleu les arguments utilisés par les jeunes. Parmi ces argu-

ments, faites la différence entre ceux qui sont simplement énoncés et ceux qui

sont développés et justifiés.

Stéphanie retourne par hasard dans l’église où, des années auparavant, elle avait fait sacommunion. Elle y revoit une ancienne connaissance, Damien, qui l’avait toujours effrayée.Il se disait sorcier et était un dévoué du culte du diable. En le revoyant, Stéphanie ressentnéanmoins une certaine attirance pour lui. Le lendemain des retrouvailles, elle retourne àl’église où le curé lui annonce que Damien est mort il y a plusieurs années …C’est une nouvelle facile à lire et surprenante, mais dont la fin est malheureusement trèsdécevante. Le début est intéressant et donne au lecteur l’envie de connaître la suite. Onreste attentif à tous les détails et la curiosité augmente au fil des pages. Le suspense estprésent dès le début. La fin laisse beaucoup à désirer ; elle est trop facile. Elle évoque, chezle lecteur, encore plus de curiosité, et ne donne aucune explication de plus.C’est un livre à conseiller aux amateurs de nouvelles à suspense et, vu la facilité de la lec-ture, également aux personnes n’aimant pas spécialement lire. (Anne-Claire)

Lorsque Stéphanie fit sa première communion, elle devait avoir 10 ou 12 ans, elle rencontraDamien. Damien était un garçon bizarre, amoureux de l’orgue et du diable. Un jour Damienme rejoignit sur le pont du Diable, il prit son poignet, elle se débattu en entendant quelquechose tomber.Huit ans ont passé et voilà que Stéphanie revoit Damien, à l’église. Elle réparait son vélo-moteur, il lui proposa avec ses copains d’aller au cinéma, mais il fallait qu’elle prépare sesexamens. Le lendemain, elle s’aperçut qu’elle avait oublié sa trousse à outils. Là, elle ren-contra le curé, elle lui dit qu’elle avait vu Damien hier, mais le curé lui dit que ce n’était paspossible car il était mort noyé sur le pont de diable, il y a huit ans …On a l’impression de rentrer tout à fait dans l’histoire, elle est intrigante et passionnante.Cette nouvelle est facile à lire et à comprendre. Mais toutefois, je le déconseille à ceux quine croient pas à la magie et aux rêves. (Olivia)

Ce n’est pas sans surprise que l’on découvre que Damien serait mort il y a maintenant 8-9 ans, alors que Stéphanie l’aurait revu la veille.Cette nouvelle se présente comme satanique, effectivement histoire de diable, d’église, demalédiction. Cette nouvelle peut être lugubre comme banale, même si la plupart du temps,on reste dans le milieu de l’église. Durant la lecture de cette nouvelle, le lecteur reste atten-tif, puisque le suspense, grandement présent dans ce texte, donne l’envie au lecteur de lireet de connaître la suite.Le vocabulaire étant simple, la lecture est fluide et facile. Cette nouvelle est donc accessi-ble à tous.A conseiller aux amateurs d’histoires remplies de suspense et où l’idée du texte se base surune histoire satanique.En plus ce récit est d’un réalisme impressionnant, c’est donc avec joie que je vous convie àlire et à relire cette nouvelle. (Antoine, 15 ans)

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Fiche 13

Voici une note critique rédigée par un jeune à propos du « Pont du Diable ».

La partie appréciative est limitée à l’énoncé de quelques arguments.

1 • Encadre cette partie.

2 • Identifie les quatre critères d’appréciation évoqués

3 • Développe chaque critère en choisissant de défendre un avis positif ou négatif.

L’ensemble de ton développement ne dépassera pas dix lignes.

Mon développement :

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Stéphanie est tombée en panne, un soir, alors qu’elle rentrait chez elle enmobylette. Ce jour-là, la chaîne de sa mobylette avait déraillé devant l’égliseSainte-Cécile où elle avait fait sa communion. Alors, elle a décidé de rentrerdans l’église avec sa mobylette pour essayer d’y trouver un outil. Tout en mar-chant, elle se souvenait de la robe qu’elle avait portée le jour de sa commu-nion et aussi de Damien. Ce garçon disait être un sorcier. Elle le croyait parcequ’il faisait des tours fabuleux. Stéphanie avait peur de lui parce qu’il disaitqu’il pouvait me faire tomber amoureuse de lui. Un jour Damien l’emmena surle pont du diable, il essaya de l’embrasser, mais elle s’est débattue et s’estenfuie.

Cette histoire est passionnante et agréable à lire. Je trouve que Damien est trèsbien décrit. Il y a beaucoup d’imagination. (Marie)

Critères d’appréciation

1.

2.

3.

4.

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Observe attentivement ces notes critiques.

1 • Souligne une fois les passages où l’auteur cherche à persuader le lecteur de la note

critique.

2 • Souligne deux fois ceux qui te paraissent les plus efficaces.

Texte 1

Texte 2

Texte 3

§ Citrouille, 11/1999.

§ Citrouille, 11/1999.

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§ Citrouille, 11/1999.

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Fiche 15

Voici un tableau présentant quelques procédés de persuasion. Coche, dans la

colonne restée libre, ceux qui apparaissent dans les fragments que tu as soulignés.

Voici les trois procédés que je choisis d’utiliser dans ma production finale :

Grille de constats 4

Les procédés linguistiques de persuasion

1. Implication du destinateur par l’utilisation de la première personne

2. Interpellation du destinataire par l’utilisation de la deuxième personne, par la désignation explicite du public-cible

3. Formulation d’un conseil de lecture

4. Interpellation du destinataire par l’utilisation des formes interrogatives et/ou impératives

5. Utilisation de certains points de ponctuation : le point d’exclamation peut contribuer à souligner la force de l’idée, les points de suspension peuvent exprimer une connivence entre les destinateur et destinataire, ils peuvent aussi intriguer le destinataire

6. Utilisation du futur

7. Recours à des énumérations d’adjectifs, trace d’une pensée qui cherche l’expression la plus « juste »

8. Choix d’un lexique relevant de l’émotion, de l’affectif

9. Recherche de l’adhésion, de la connivence par l’humour

1.

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3.

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Voici une note critique rédigée par un jeune à propos du « Pont du Diable ».

Ce jeune n’a pas nettement marqué son opinion.

Réécris ce texte en y intégrant quelques procédés de persuasion repérés lors de

l’activité précédente.

Ton texte comportera au maximum quinze lignes.

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Stéphanie est une jeune fille de 19 ans qui rentrait chez elle en vélomoteur,quand, soudain, la chaîne du vélomoteur déraille. Pour se mettre à l’abri de lapluie et du noir, Stéphanie rentra dans l’église où elle avait fait sa communion.Tout en essayant de réparer son vélomoteur, elle se souvint de Damien, un gar-çon bizarre dont elle avait peur car il disait que c’était un sorcier. Damienaimait les films d’horreur et tout ce qui se rapprochait du diable, il était fier deson prénom, celui du héros satanique de La malédiction. Elle se souvint aussiqu’ils avaient été sur le pont du diable dont elle détestait. Alors que Damienessayait de l’embrasser, Stéphanie se débattait et réussit à partir en entendantun bruit qui venait dans l’eau.

J’ai aimé cette nouvelle et je vous conseille de la lire.

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Fiche 17

Relis attentivement la critique rédigée à propos de L’histoire du monstre des neiges

(fiche 1). Nous avons extrait de cette critique un certain nombre d’expressions et de

signes de ponctuation pour constituer le canevas reproduit ci-dessous.

En remplissant ce canevas, rédige une critique d’une quinzaine de lignes à propos de

la nouvelle « Seb » de Régine Detambel.

« Vous aimez les histoires qui vous ___________________ ? ______________ les aimez

_________________ , _________________ , ou ________________________ , alors surtout,

un conseil, _________________________________________________

_________________________________________________________________________________

Je _________________________________________________________________ !

_________________________ ce livre m’a __________________________ Je pense

____________________________________________ , je

_________________________________________________________________________________

_________________________________________________________________________________

_________________________________________________________________________________

_________________________________________________________________________________

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Fiche 18

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Cette grille va t’aider à rédiger ta production finale : elle est en effet un précieux

aide-mémoire.

Lorsque tu auras élaboré ton texte, utilise-la pour évaluer ta note critique : coche

dans la colonne « élève » les critères que tu penses avoir respectés.

Ton professeur vérifiera ensuite et te donnera son avis sur ta production.

Critères d’évaluation Élève Professeur

JE REPRENDS LES RÉFÉRENCES COMPLÈTES DE L’OUVRAGE CONCERNÉ

Je note :

1. la totalité du titre

2. le nom de l’auteur

3. le nom de la maison d’édition

4. le titre de la collection

5. le prix de l’ouvrage (facultatif)

JE FOURNIS QUELQUES INFORMATIONS SUR LE CONTENU DE L’OUVRAGE

1. Je présente les caractéristiques principales du personnage

Je reprends :

1. son nom ou son prénom

2. son âge

3. son apparence physique

4. sa situation de famille

5. son milieu de vie

6. ses relations et fréquentations

7. ses goûts personnels

8. son projet

2. Je suspends le résumé du récit

JE FAIS PART D’UNE APPRÉCIATION PERSONNELLE ET J’ARGUMENTE CET AVIS

1. J’utilise des critères d’appréciation variés

Ils portent sur :

1. la lisibilité du récit

2. sa vraisemblance ou son côté imaginaire

3. son thème / son genre

4. le style de l’auteur

5. le suspense

6. le personnage

1/2

Page 36: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

7. La note critique de lecture

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Fiche 18

7. l’originalité de l’histoire

8. les valeurs véhiculées

9. la fin du récit

10. l’objet-livre

2. Je justifie mes arguments

3. J’utilise trois procédés linguistiques de persuasion (à choisir parmi ceux-ci)

– quelques exemples d’adjectifs qui traduisent mon avis sur l’œuvre

– quelques interpellations du destinataire par des formes impératives, interrogatives ; par l’utilisation de la 2e personne

– quelques exemples de mots qui traduisent mes émotions

– quelques signes de ponctuation ( !, …) qui soulignent la force des idées que je mets en évidence

– quelques notes d’humour destinées à rechercher l’adhésion du destinataire

Critères d’évaluation Élève Professeur

2/2

Page 37: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Vers la rédaction d’une critique en 4e générale…

La critique littéraire

en classe

de français

Page 38: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

1. Mise en situation (50’)

Petite recherche

Recherche des exemples de critiques littéraires (dans des journaux, sur Internet, dans des

magazines ou revues plus spécialisées…). Réponds ensuite aux questions suivantes :

- Où as-tu trouvé ces critiques ?

- As-tu éprouvé des difficultés ou as-tu trouvé facilement ces critiques ?

- Qu’est-ce qui t’a permis d’affirmer qu’il s’agit de critiques ?

- Ces critiques se ressemblent-elles toutes ou sont-elles fort différentes ?

- Une de ces critiques t’a-t-elle donné l’envie de lire le livre dont elle parle ? Oui ? Non ? Pourquoi ?

Questionnaire : quel est ton profil de lecteur ?

« Je suis la somme des livre que j’ai lus. Ce n’est pas si simple : je suis aussi la somme des livres

que j’ai refusé de lire ».

A. BOSQUET

Chacun a ses propres goûts, nous n’aimons pas tous les mêmes livres, nos avis diffèrent et nos

critères de jugement également. Réponds aux quelques questions1 qui suivent et justifie tes

réponses, elles te permettront d’établir ton « profil de lecteur ».

� Choisis-tu un livre en fonction de sa longueur ?

� Refuses-tu a priori de lire un livre parce que le genre littéraire auquel il appartient ne

t’inspire pas (roman policier, roman de science fiction, autobiographie…) ?

� Qu’attends-tu de tes lectures ?

o L’évasion

o Qu’elles te fassent rêver

o Qu’elles te fassent réfléchir sur des problèmes importants

o Qu’elles fassent naître en toi des sentiments violents (haine, colère, révolte,

pitié…)

o Qu’elles fassent naître en toi des sentiments tendres (l’amour, la passion…)

1 La plupart des questions de ce questionnaire sont tirées de DUMORTIER (J-L.) (dir.), Ecrire pour les autres, 4e année de l’enseignement secondaire, Ed. Labor, Bruxelles, 2003, p.100.

Page 39: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

� Aimes-tu suivre les aventures de héros ou héroïnes qui te ressemblent par l’un ou l’autre

trait (âge, situation, milieu social, caractère…) ?

� Penses-tu qu’il soit indispensable d’admirer le héros ou l’héroïne pour apprécier un livre ?

� Préfères-tu que l’action se tienne dans un univers similaire au tien ou, au contraire,

préfères-tu t’évader de ton univers familier (romans historiques, de science-fiction,

fantastiques…) ?

� Préfères-tu que les évènements racontés soient exceptionnels (un meurtre, une intrigue

hors du commun…) ou qu’ils appartiennent à la vie quotidienne ?

� As-tu besoin de suspense pour continuer ta lecture ?

� Aimes-tu trouver une forme d’humour dans tes lectures ?

� Aimes-tu les histoires qui finissent bien ?

� Aimes-tu enrichir tes connaissances du monde en lisant un roman (connaissances

culturelles, géographiques, historiques…) ?

Page 40: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

CONTEXTUALISATION

2. Production initiale (50’)

A vos plumes

Cet exercice fait appel au lecteur qui est en toi. Rédige la critique de la nouvelle qui suit.Une

alternative d’offre à toi : conseiller cette lecture ou la déconseiller. N’oublie pas de toiletter ton

texte et de l’organiser correctement, car celui-ci sera posté sur internet.

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Page 41: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

� Retour sur ta production : Au sujet de ta lecture

o J’ai adoré

o J’ai beaucoup aimé

o J’ai bien aimé

o Je n’ai pas trop apprécié

o J’ai détesté

A ton avis, quels sont les points forts et les points faibles de ce roman ?

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En as-tu parlé dans ta production ? Sur quel(s) élément(s) as-tu mis l’accent ? Pourquoi ?

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Relis ta critique. Est-elle plutôt négative ou plutôt positive ? Est-elle révélatrice de ton opinion ou

as-tu occulté certains points ? Donne-t-elle envie de lire le roman ?

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Page 42: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

DECONTEXTUALISATION

3. Exercices de structuration

� Exercice 1 , à la découverte des critiques

A présent, nous allons nous pencher sur différentes critiques et nous les comparerons par la suite

à la production initiale.

Objectifs :

- repérer les composantes essentielles de la critique ;

- repérer les critères sur lesquels se basent les critiques pour porter un jugement sur une

œuvre ;

- évoquer l’influence de la critique dans l’acte de lecture ;

- sensibiliser au caractère subjectif de la note critique.

Les trois critiques qui suivent concernent La consolante d’Anna Gavalda. Lis-les

attentivement avant de répondre aux questions (50’).

TEXTE 1:

Gavalda: chronique d'un best-seller annoncé

Une critique de Danielle Laurin

Oui, il est là, il arrive, enfin. Le nouveau Gavalda. Et vous savez quoi? C'est du pur et dur... du pur et dur Gavalda. Dans la foulée d'Ensemble, c'est tout, quoi! Ensemble, c'est tout: une bande d'éclopés qui s'en sortent grâce à l'entraide, la fratrie. Vous vous souvenez? C'était il y a quatre ans. Le livre, adapté au cinéma avec Audrey Tautou, s'est vendu à plus de deux millions d'exemplaires. En passant: le premier roman d'Anna Gavalda, Je l'aimais, qui dépasse le million d'exemplaires vendus, est en cours d'adaptation. Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze se partageront la vedette dans le film, dont le tournage commence à la fin du mois.En tout, Anna Gavalda a vendu cinq millions de livres. Dans la francophonie seulement. Traduite en 38 ans langues, elle connaît un succès impressionnant en Russie et en Allemagne, notamment. Autant dire que La consolante (Le dilettante) était un livre attendu. Paru il y a quelques semaines en France, où l'ex-enseignante de 37 ans figure parmi les auteurs les plus lus, le livre se vend comme des petits pains chauds. Mais divise la critique. Parmi les détracteurs de Gavalda, beaucoup lui reprochent encore une fois de faire dans les bons sentiments, d'en faire trop, tout simplement. Qu'en est-il exactement?

D'une consolante à l'autre

On suit un architecte de 47 ans, Charles, qui a réussi sur le plan professionnel, mais pas dans sa vie privée, sentimentale. Il est au bout du rouleau, au bord de la dépression. Très vite, les

Page 43: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

choses vont se précipiter.Une lettre lui apprend que la mère de son meilleur ami est morte. Il y a longtemps, Charles a eu avec cette femme, beaucoup plus âgée que lui, une relation privilégiée. Il se demande maintenant si elle n'était pas la femme de sa vie...Et voilà qu'il remonte le fil de son histoire à elle, cette Anouk qu'il a perdue de vue depuis 20 ans. Une infirmière, toute dévouée aux autres, quitte à s'oublier elle-même. Une consolante, donc, qui avait les valeurs à la bonne place.Sans tout dévoiler, on peut indiquer que le héros rencontrera sur sa route une autre consolante, plus jeune, qui a pris sous son aile de petits éclopés. Une consolante d'aujourd'hui, avec qui il pourrait bien refaire sa vie.

Les contes de fées d'Anna Gavalda

Même si la première partie du livre est très sombre, le happy end est au rendez-vous. Comme Ensemble, c'est tout, La consolante a des allures de conte de fées pour adultes. Et encore

une fois, la petite musique Gavalda se fait entendre.Bon, il y a bien quelques effets de style qui font tiquer: des phrases sans pronoms, des verbes sans sujets, beaucoup de points de suspension. Beaucoup de digressions aussi, les descriptions se multiplient, s'éternisent par bouts.Pour tout dire, l'intérêt baisse un moment, l'action n'avance plus. Mais, mais, mais: les dialogues sont savoureux, vivants. Et l'émotion nous gagne, nous prend à la gorge plus d'une fois.Il y a cette touche d'humour, aussi. Cette touche de magie à la Gavalda. Magie du quotidien, des petites choses. Et il y a, oui, les valeurs d'entraide, d'humanité profonde, derrière.Surtout, il y a les personnages. À commencer par les deux consolantes, plus grandes que nature, mais auxquelles on croit, auxquelles on veut croire, absolument.

Anna Gavalda elle-même est une consolante. Elle écrit en quelque sorte pour consoler. Et n'en déplaise à ses détracteurs, c'est ce qui fait son succès.

(critique tirée du site http://www.radio-canada.ca).

- Qu’apprend-on au sujet de l’auteur ?

- Qu’apprend-on au sujet de l’histoire ?

- Les sous-titres « d’une consolante à l’autre » et « les contes de fée d’A.Gavalda » structurent

le texte. De quoi parle-t-on dans chacune des trois parties ?

- Dans l’ensemble, cette critique est-elle plutôt positive ou plutôt négative ?

Page 44: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

TEXTE 2 :

Ce n'est pas un hasard si Charles, le personnage principal de La consolante, est un architecte: à

l'approche de la cinquantaine, il va devoir se reconstruire, ou plutôt se construire pour de bon.

Voilà pourtant un type brillant, qui passe son temps entre deux avions, entre deux chantiers. Seule

sa jeune soeur Claire, avocate, arrive à le faire parfois atterrir. Laurence, sa compagne, jolie femme,

a plus de mal. Ils vivent ensemble dans un bel appartement parisien du Ve arrondissement, avec la

fille de Laurence, une ado très... ado. Un jour, Charles apprend le décès d'une certaine Anouk, la

mère d'Alexis, un ami d'enfance. Elle est morte dans la misère et dans la solitude. Charles l'avait

perdue de vue depuis longtemps. Il culpabilise, vacille. Il veut savoir pourquoi cette Anouk, gaie et

fantasque, qui lui a tant apporté, a fini par s'autodétruire. Charles va donc chercher à revoir Alexis,

pour comprendre. Contre toute attente, il trouvera une autre héroïne: Kate, la trentaine, d'origine

anglaise, marquée par un sale fatum mais s'appliquant à chouchouter une ribambelle de gamins

dans une propriété enchanteresse où folâtre une vraie ménagerie. La propriété est en ruine. Grands

travaux en perspective pour Charles...

La consolante (un terme emprunté à la pétanque, qui désigne une partie pour rien, pour «consoler»

les perdants, après la revanche et la belle) ne commence pas très bien: un début trop long, on perd

souvent le fil, notamment à cause de la suppression presque systématique des pronoms devant les

verbes. Par ailleurs, la douleur de Charles est trop délayée, le pathos souvent insistant. Mais on

oublie! On s'accroche - notamment aux réunions de famille, très réussies - parce qu'on sent, on sait

que ça en vaut la peine, parce que la patte Gavalda fait de nouveau des miracles. Elle vous scotche

en moins de deux avec ses incises inimitables, son art de la mise en scène et de l'autodérision. Oui,

c'est encore plein d'émotions et de bons sentiments. Et alors? Il carbure à quoi d'autre, le palpitant?

Comme l'écrit Gavalda à la fin de La consolante, «tout est histoires». Les siennes ne ressemblent

qu'à elle. Et cette histoire-là, elle la livre avec une sincérité qui ne trompe pas.

- Que reproche l’auteur de ces quelques lignes au roman d’A.Gavalda ?

- L’auteur de cette critique a-t-il la même opinion que celui de la critique précédente ?

TEXTE 3 :

Page 45: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Le retour d'Anna Gavalda en librairies, après trois ans d'absence, est en soi un événement. Parce que, depuis l'inaugural Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, il y a neuf ans, la romancière et nouvelliste occupe indéniablement une place à part dans le paysage, ayant su comme nul autre auteur nouer avec ses lecteurs une relation durable de complicité. Parce qu'aussi - mais tout est lié - son précédent roman, Ensemble, c'est tout, affiche à ce jour au compteur près de trois millions d'exemplaires vendus, grands formats et poches confondus - qui dit mieux ? Parce qu'enfin, dès avant sa parution le 11 mars, La Consolante, son nouvel opus, s'annonçait comme un succès monumental, l'enthousiasme des libraires ayant entraîné un tirage initial de 300 000 exemplaires. Alors, face à un tel phénomène, qu'importe la critique et que pèse-t-elle ? Pas grand-chose, sinon rien. Les amateurs iront en toute confiance vers cette histoire - un homme, Charles, architecte presque quinquagénaire et mal dans sa vie, incité par la mort d'une femme autrefois aimée à mettre en cause les rails sur lesquels est lancée son existence. Et, même si la romancière a injecté cette fois un peu de gravité dans son univers, lesdits amateurs n'auront aucune peine à s'y installer confortablement. Les autres, une fois encore, se lasseront vite de ce mou bien-être. L'ambiguïté, le sens de l'équivoque, l'acceptation d'une certaine opacité des êtres et des destinées, c'est sans doute ce qui manque le plus à la généreuse Anna Gavalda. Défaut auquel on pourrait ajouter l'absence de tension narrative, un goût très excessif pour les dialogues (et pour les points de suspension censés figurer hésitations et silences...), et quelques autres initiatives stylistiques peu probantes. Mais à quoi bon ? On sait d'avance que, de tout cela, ses lecteurs ne lui tiendront nulle rigueur. Il ne reste qu'à s'incliner. Nathalie Crom

(critique tirée du site http://www.telerama.fr)

- Cette critique est-elle plutôt positive ou plutôt négative ?

- Quel est le point de vue de l’auteur ? Peut-on dire qu’elle a adoré le nouveau roman

d’A.Gavalda ? A deux reprises, elle émet un jugement sur sa pratique, la critique littéraire.

Que dit-elle exactement ? Pense-t-elle que la critique ait une quelconque influence sur le

succès d’un livre ? Es-tu d’accord avec ses affirmations ?

Questions globales (30’)

1. Avant toute chose, complète le tableau suivant. Il s’agit de comparer les trois critiques.

Critique 1 Critique 2 Critique 3

Points positifs soulignés par l’auteur

Page 46: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Points négatifs soulignés par l’auteur

2. Pour porter un jugement sur une œuvre, les critiques se basent sur un certain nombre de critères.

Quels sont-ils ? Pour répondre à cette question, base-toi sur le tableau que tu viens de remplir.

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3. Les critiques ont-ils tous le même point de vue au sujet de La consolante ? A ton avis, laquelle des

trois critiques est la plus positive ? Et la plus négative ? Qu’est-ce qui te permet de l’affirmer ?

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4. Après avoir lu ces critiques, que sais-tu au sujet de La consolante et de son auteur ?

- Connais-tu l’histoire du roman ? Les critiques racontent-ils toute l’histoire ? Sait-on comment se

termine le roman ?

Page 47: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

- Qu’as-tu appris au sujet du style d’A.Gavalda, de son écriture ?

- Selon toi, quel est le but de ces critiques ? L’auteur cherche-t-il à convaincre les lecteurs ou à les

informer ? Justifie ta ponse.

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� Exercice 2, avis aux lecteurs…(20’)

Objectifs :

- repérer les facteurs de plaisir et de déplaisir ;

- évoquer l’influence de la critique dans l’acte de lecture ;

- sensibiliser au caractère subjectif de la note critique.

Avec l’avènement du web, le savoir s’est démocratisé. Désormais, tout le monde est libre de créer

un site, d’être lu par des milliers de personnes, de s’exprimer et même de donner son avis personnel

sur l’actualité. Ce phénomène concerne également le monde de la littérature. Ainsi, sur le net,

nombreux sont ceux qui commentent leur dernière lecture ; les critiques et débats littéraires

foisonnent. C’est pourquoi, il est important que tu puisses t’exprimer au sujet d’une lecture, mais

tu dois également être capable de faire preuve d’esprit critique face à toutes ces prises de position.

Entrons dans le vif du sujet et analysons l’avis de quelques lectrices au sujet de La consolante

d’A.Gavalda. Ces notes critiques ont été tirées du site http://www.femmeactuelle.fr.

Nathalie, 36 ans, enseignante, Provin

Empreinte du succès de "Ensemble, c’est tout", j’ai commencé à lire "La Consolante" à la recherche du même état d’esprit, du même style, persuadée d’y trouver un calque du premier chef -d’œuvre. Les premières pages m’ont cependant déstabilisée : ce roman me faisait plutôt penser au célèbre "Rebecca" de Daphné du Maurier, autre ouvrage dont la trame entière tourne

Page 48: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

autour d’une héroïne absente car disparue. Et puis soudain, le phénomène Anna Gavalda est revenu et avec lui les thèmes si chers de l’amour, de l’union, du carpe diem. "La Consolante" est un hymne à la vie destiné à tous ceux et celles qui ont compris que vivre, ça veut dire exister et faire siennes les valeurs essentielles de l’existence. Ce roman est une pure merveille, un mélange d’amour et de poésie, un roman dont on sort grandi.

Caroline, 28 ans, Juriste, Reims

"La Consolante" relate le travail de deuil de Charles, qui, à l’aube de sa cinquantaine, voit s’effriter peu à peu la vie qu’il pensait avoir solidement construite ; en pleine tourmente conjugale, il apprend une nouvelle dévastatrice : le décès de la femme qui a marqué sa jeunesse et son adolescence. Architecte de son état, il va alors s’employer à rebâtir sa vie en affrontant les fantômes de son passé mais c’est surtout la rencontre avec Kate, elle aussi confrontée à la perte d’un être cher, qui va lui redonner le goût de vivre et d’espérer de nouveau. « Obsédé par la mort», il va devenir « stupéfait par la vie ». Une jolie trouvaille syntaxique, révélatrice de l’état d’esprit du héros, ponctue les étapes de ce renouveau intérieur, on passe en effet du « je » de narration au début du roman à la troisième personne du singulier puis on a un retour au « je » à la fin, prétexte à un dénouement final teinté d’espoir.

Avec son indéniable talent de conteuse et sa plume acérée, Anna Gavalda embarque le lecteur dans un roman bouleversant de sincérité où la prose se fait tour à tour sombre, légère, émouvante mais toujours d’une incroyable lucidité et d’un réalisme poignant.

Anna Gavalda n’enjolive pas la réalité et ne fait aucune concession à la cruauté du destin mais conclut néanmoins sur une note d’optimisme qui nous réchauffe les coeurs. A lire absolument !!

Solenn, 32 ans, sans profession, Bretagne

J’attendais avec impatience ce nouveau roman d’Anna Gavalda, car j’avais particulièrement apprécié dans ses précédents livres son talent pour composer des personnages fragiles et à fleur de peau. De ce point de vue "La Consolante" a comblé mes attentes, c’est une explosion de sentiments où s’enchevêtrent subtilement amour et amitié, désirs et tendresse, ruptures et pardon. Au milieu de tout ça il y a Charles, qui après avoir appris le décès d’une femme qu’il a bien connue dans sa jeunesse, entame un long travail de deuil qui lui permettra de se réconcilier avec lui-même. Si ce personnage complexe et attachant est à la hauteur de ce que peuvent attendre les fans d’Anna Gavalda, l’univers dans lequel il évolue est assez décevant. Le roman peine d’abord à démarrer, trop de non-dits et de fantômes entourent le personnage. Puis quand Charles se décide à retourner sur les traces de son passé, il emprunte trop de chemins de traverse, s'écarte de son objectif, divague, et la route m’a parue un peu longue jusqu’au dénouement… Le récit manque de densité et de rythme, on tourne en rond, on s’ennuie, on s’impatiente. Malgré l’attachement que j’ai pu éprouver pour Charles, je pense qu’Anna Gavalda a vu un peu grand en lui consacrant presque 640 pages !

- Quelles sont tes impressions ? Les lectrices ont-elle le même avis que les critiques ? Quels

sont les points négatifs soulignés par celles-ci ? Et les points positifs ? (facteurs de plaisir et

de déplaisir) ?

- Ces lectrices te donnent-elles envie de lire le roman ? Pourquoi ?

Page 49: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

- A ton avis, ces commentaires sont-ils dignes de foi ? Te fierais-tu plus facilement aux

lectrices ou aux critiques ? Pourquoi ? Par qui te laisserais-tu influencer pour le choix d’un

livre ?

- Désormais, si tu dois choisir un livre, t’intéresseras-tu aux critiques écrites à son sujet ?

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Page 50: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Petite synthèse : (25’)

Le terme critique désigne un texte contenant un jugement sur une œuvre d’art (cela peut être

un roman, une chanson, un film…). Il désigne également l’auteur de ce texte (ainsi, Jacques

Cheesex est critique littéraire à la revue Le magazine littéraire).

� Quel est l’objectif d’un critique ? Le texte qu’il écrit est-il purement informatif ou

persuasif ?

� Que contient une note critique ?

1. Des éléments informatifs :

2. Des éléments narratifs :

3. Des éléments argumentatifs :

� Quels autres éléments peuvent apparaître dans une critique sans toutefois être indispensables ?

� La note critique est-elle objective ?

� Quels sont les critères sur lesquels se basent les critiques pour porter un jugement

sur une œuvre ? (facteurs de plaisir et déplaisir).

Page 51: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

� Le destinataire : à qui est destinée la critique ?

A l’instar d’un article de presse, la critique communique une information. Son auteur a lu

un roman, et il nous en parle. La prise en compte du destinataire est donc très importante, il

faut, en effet, que la critique soit à la portée de tous. Produire un texte accessible est donc

un impératif. Comment doit se présenter une critique ? Quelles doivent être ses

caractéristiques ?

Soulignons également qu’un critique qui parle d’une œuvre littéraire va tâcher de soigner

sa prose, faire attention à son style.

Page 52: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

� Exercice 3 : Facteurs de (dé)plaisir (25’)

Objectif : réfléchir sur ses goûts en matière de lecture, parler des facteurs de (dé)plaisir.

Les extraits ci-dessous sont de brèves présentations de roman. Lis-les. Quels sont ceux qui te

tentent ? Et ceux qui ne t’intéressent pas du tout ? Quels sont les facteurs de (dé)plaisir potentiels

que tu as décelés ?

2. Guy de Maupassant, Bel-ami

Un homme au physique avantageux parvient

au succès grâce aux femmes et au milieu du

journalisme Ici se mêle critiques de la société et

de l’arrivisme et question majeure de l’auteur,

la peur de la mort et de l’insignifiance de

l’homme.

5.Wells Herbert George, La guerre des mondes Début du XXe s. L’histoire s’ouvre sur un narrateur anonyme, qui a été invité par un astronome pour être témoin d’une explosion devant se produire sur la planète Mars. Tout le gratin scientifique, en émoi, assiste à l’évènement. Peu de temps après, on aperçoit une météore dans les environs de Londres. Le narrateur, qui habite tout près de là, voit le cylindre de l’engin spatial s’ouvrir et de nombreux Martiens en descendre. Attaque des extra-terrestres. Le héros s’enfuit avec famille et ce qu’il peut saisir au passage. Il ne regagnera sa maison que lorsque tous les Martiens auront été mis liquidés. Mais ceux-ci disposent d’une arme redoutable : « la fumée noire ».

4.Vercors, Le silence de la mer

En 1941 au début de l’Occupation, un officier allemand,épris de culture française, est logé de force chez une famille comprenant un vieil homme et sa nièce. Par des monologues prônant le rapprochement des peuples et la fraternité, il tente, sans succès, de rompre le mutisme de ses hôtes dont le patriotisme ne peut s’exprimer que par ce silence passif. Mais, un jour, l’officier se rend compte que le rapprochement des peuples, prétendu par la propagande nazie de l’époque, n’est qu’une

duperie…

3. Sollers Phillipe, L’étoile des

amants

Un homme et une femme, seuls, sur une île déserte. Le récit fait transparaître les modalités du bonheur, autour du thème de l’idyllique.

1.Pagnol Marcel, La gloire de mon père Grâce à son talent de conteur, Pagnol restitue les joies simples de l’enfance, la famille, les bêtises…et la découverte émerveillée des collines entourant Marseille…

Page 53: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Le roman de mon choix est le numéro ….

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� Exercice 4 : après le contenu, la forme…

Objectifs :

- repérer les différents éléments présents dans une note critique ;

- observer la présentation d’une critique ;

- repérer les termes appréciatifs et dépréciatifs ;

- sensibiliser les élèves à l’écriture de la critique littéraire.

TRAVAIL DE GROUPE (50’)

Ce travail s’effectuera par groupes de trois ou quatre. Chacun des groupes devra lire une critique

et compléter le tableau suivant. Tout en vous offrant une vision synthétique du livre critiqué, ce

tableau vous permettra de voir si la critique est complète ou si certains éléments font défaut. Après

avoir réalisé cet exercice, chaque groupe répondra à une série de questions relatives à son extrait.

Lors du prochain cours, nous procéderons à une mise en commun.

6.Albert Cohen, Belle du Seigneur Ariane, jeune aristocrate protestante, a épousé Adrien,un petit bourgeois dont Solal, juif séducteur, est le responsable hiérarchique. Solal voudrait qu’elle l’aime vieux et laid. C’est sous l’apparence d’un vieillard édenté qu’il essaie de la séduire. Pour satisfaire son ambition, Adrien va tout faire inconsciemment pour favoriser leurs amours.

7.William Peter Blatty, L’exorciste,

Une fillette de douze ans est atteinte d’un mal

étrange et inexplicable qui ronge peu à peu sa

personnalité. Devenue un monstre

d’agressivité, elle est soumise à divers tests

médicaux et psychiatriques qui se révèlent

tous inutiles Deux prêtres vont tenter

d’exorciser la jeune fille qui répand autour

d’elle mort, effroi et sacrilèges.

Page 54: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Eléments Critique n°……

Références du livre (auteur, titre, édition,

éventuellement le prix, le nombre de

pages…)

Histoire :

- cadre spatio-temporel

- personnages

- intrigue

- genre du récit

Manière de raconter l’histoire:

- ton : marrant, intrigant, sérieux… ?

- suspense ou absence de suspense

Ecriture

- style de l’auteur : écrit-il bien ?

- Est-ce facile à lire ?

- Autres

Problèmes soulevés :

- est-ce un récit exemplaire ?

- Soulève-t-il certaines questions ?

- Met-il en scène des problématiques

sociétales importantes ?

Arguments :

- l’auteur a-t-il apprécié le livre ?

- Nous invite-t-il à le lire ?

- Pour ce faire, quels sont les

arguments qu’il avance ?

La critique contient-elle d’autres éléments

(informations sur l’auteur, sur d’autres

ouvrages…) ?

Es-tu convaincu par sa critique ?

La critique est-elle bien écrite ? As-tu

repéré certaines figures de style ? Quelles

sont-elles ? Quel effet produisent-elles ?

Page 55: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

CRITIQUE N°1

CLAVEL (A.), « Amis chez les Soviets » in Le Vif l’express n° 2963, 18 avril 2008, p.130.

Le trop médiatique romancier britannique se refait une santé dans les neiges de Sibérie, sur les

traces de Soljenitsyne...

Très médiatisé dans son pays, inventeur du «déprimisme» en version British, Martin Amis est un

écrivain assez médiocre qui gère le tiroir-caisse d'une oeuvre largement surcotée. Cela lui a permis

d'exiger, en septembre 2007, un salaire faramineux (4 200 euros de l'heure) pour donner des cours

de creative writing à l'université de Manchester. En était-il d'ailleurs capable? Ses deux derniers

livres prouvaient le contraire. Dans Expérience, il exhibait son calamiteux ego sans la moindre

retenue. Et, dans le pitoyable Chien jaune - bon pour la fourrière! - il nous servait une intrigue

gélatineuse, à la limite de la logorrhée.

Surprise: La Maison des rencontres est beaucoup moins mauvais que ses prédécesseurs. Pas un

chef-d'oeuvre, certes, mais un roman qui gagne en gravité, en authenticité, même si le Britannique

a pas mal pompé Soljenitsyne pour décrire le totalitarisme soviétique. Nous sommes en effet au

goulag, où le narrateur fut enfermé au lendemain d'une guerre qui avait fait de lui un monstre,

comme tant d'autres soudards de l'Armée rouge. Il raconte comment il débarqua ensuite en Sibérie,

dans un camp de travail où son demi-frère Lev fut également interné. A ce calvaire s'ajouta une

autre malédiction: les deux hommes furent amoureux de la même femme, et leur rivalité fut un

fardeau tout aussi pesant que les humiliations quotidiennes dont ils firent l'objet dans les camps.

Ecrit au carrefour de l'Histoire et de l'intime, La Maison des rencontres s'essouffle parfois dans le

dédale d'un scénario surchargé, mais c'est sans doute ce qu'Amis a signé de plus crédible. Avec le

secours charitable des grands auteurs russes, auxquels il a décidé de se mesurer.

- Que pense le critique de Martin Amis ? Visiblement, l’apprécie-t-il ? Et son œuvre ? Repère

les termes (noms, adjectifs…) qui révèlent le point de vue d’André Clavel (tant sur l’œuvre

que sur l’auteur).

- Comment le critique a-t-il construit son texte ? Combien y a-t-il de paragraphes ? Quel est

le thème de chacun de ceux-ci ?

- As-tu repéré certaines figures de style ou encore certaines formulations originales ?

Page 56: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

CRITIQUE N°2

LIGER (B.), « Le pote et l’assassin » in Le Vif l’express n°2965, 2mai 2008, p.77.

Un jeune juif égorgé par son copain musulman: s'inspirant d'un fait divers réel, Eric Zemmour

règle son compte à l'antiracisme béat.

De Madame Bovary à De sang-froid,la littérature s'est toujours nourrie des faits divers. Mais, effet

boomerang, l'inverse est également vrai, tout du moins pour la chronique judiciaire. Après Mazarine

Pingeot et Philippe Besson, c'est au tour d'Eric Zemmour de se retrouver au rang des accusés. Pour

son troisième roman, Petit Frère, le journaliste du Figaros'est inspiré du meurtre de Sébastien

Selam, en 2003, par l'un de ses amis, musulman, qui se serait exclamé après les faits: «J'ai tué un

juif! J'irai au paradis!» Choquée, la famille de la victime a cherché à faire interdire le livre. Le TGI

de Paris la débouta le 15 janvier dernier. Hasard, presque au même moment, la cour d'appel a

ordonné un supplément d'information sur cet assassinat, en particulier sur l'état psychologique du

meurtrier, déclaré irresponsable en première instance.

Il ne faudrait pas pour autant réduire Petit Frère à un simple objet de polémique. Jeune DJ juif en

pleine ascension, Simon Sitruk a été égorgé par un ex-copain musulman, Yazid. La nouvelle

débarque en plein dîner chez un ministre gaulliste, qui charge l'un de ses convives, journaliste - et

narrateur du récit - d'éclaircir l'affaire. De l'étouffer, aussi. Commence alors une enquête dans le

XIXe arrondissement de Paris, où tout se passait (presque) bien dans les années 1980. Ce prétexte

donne l'occasion à Zemmour de régler ses comptes avec la montée du communautarisme,

l'antiracisme béat, l'héritage de Mai 68, etc. Par moments, les formules gratuites (comme «[L'islam]

devint la nouvelle religion des pauvres») prennent malheureusement le pas sur l'intrigue et les

personnages. Mais ce portrait glaçant de la France contemporaine, plutôt bien écrit, remet en

question bien des certitudes. C'est déjà beaucoup.

- Comment est structurée cette critique ? Combien y a-t-il de paragraphes ? Quel est le thème

de chacun de ceux-ci ?

- As-tu repéré certaines figures de style ou encore certaines formulations originales ?

Page 57: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

CRITIQUE N°3

LIGER (B.), «L’homme aux cents qualités » in Le Vif l’express n°2965, 2mai 2008, p.76.

2666, le chef-d'oeuvre posthume du grand écrivain chilien.

L'homme aux cent qualités

La littérature est parfois une question d'addition. Prenez 2666, le dernier roman (posthume) du

Chilien Roberto Bolaño. Sans doute faut-il interpréter le titre de ce pavé de plus de mille pages

comme la somme de 2000, symbolisant le début d'un nouveau millénaire, et de 666, le chiffre du

diable. Il résume en tout cas parfaitement la vie et l'oeuvre de cet auteur décédé il y a cinq ans à

l'âge de 50 ans, considéré dans le milieu des lettres hispaniques comme l'héritier direct de Borges.

Pas moins.

Fils d'un camionneur, et boxeur n'ayant jamais perdu un combat, et d'une enseignante, Roberto

Bolaño a beaucoup fui, pendant toute sa vie. Né au Chili, il émigra avec ses parents au Mexique,

qui accueillait alors tous les contestataires d'Amérique latine. Là-bas, il se découvrit une passion

maladive pour la littérature, et en particulier pour la poésie européenne - Baudelaire, Mallarmé, le

surréalisme... Lors du coup d'Etat de Pinochet, il retourna dans son pays natal - où il fut emprisonné

et torturé - avant de s'installer en Espagne, dans les années 1970. Ce nomadisme se retrouve dans

son oeuvre, qui passe de l'onirisme baroque à la réalité la plus crue, de la noirceur à un humour

aussi burlesque que grinçant. Par exemple, l'écrivain a rédigé une sorte de Lagarde et Michard

imaginaire de La Littérature nazie en Amérique, dans lequel on croise notamment un maître

guatémaltèque de la SF aryenne ou un spécialiste des poèmes naïfs sur les camps de concentration.

A la mort de Bolaño, la critique espagnole pensait qu'il avait signé son chef-d'oeuvre avec Les

Détectives sauvages, vertigineux jeu de marelle à la Cortazar autour d'une mystérieuse «secte»

littéraire mexicaine, le «réalisme viscéral» (sic). Mais l'auteur avait gardé quelques secrets: cinq textes

se répondant les uns les autres, que sa famille et son éditeur ont décidé de réunir en un seul volume.

Soit 2666, considéré dès sa sortie en Espagne comme un classique à la Tristram Shandy ou L'Homme

sans qualités.

Cet épais volume s'ouvre sur les investigations d'une bande d'universitaires cherchant à retrouver

la trace de Benno von Archimboldi, sorte de Thomas Pynchon allemand caché on ne sait où. Puis

le lecteur se retrouve à Santa Teresa, au Mexique, clone fictionnel de Ciudad Juarez, célèbre pour

ses meurtres de femmes inexpliqués pendant les années 1990. De multiples personnages viennent

Page 58: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

s'intégrer dans le récit - un philosophe cosmopolite, sa fille, un journaliste afro-américain chargé de

couvrir un match de boxe, etc. Le savoir-faire de Bolaño prend alors une ampleur hallucinante: les

registres littéraires s'entrechoquent (roman noir, fantastique, récit de guerre, fable philosophique...),

la narration éclatée se révèle d'une virtuosité rarement lue, et on ne peut qu'être estomaqué devant

certains morceaux de bravoure - une mention spéciale pour la succession de rapports sur les

assassinats de jeunes femmes, à la fois magnifique et insoutenable. Et ne disons rien de la

«résolution» de cet infernal 2666, roman-monde où la puissance des mots triomphe de la sauvagerie.

- Comment est structurée cette critique ? Combien y a-t-il de paragraphes ? Quel est le thème

de chacun de ceux-ci ?

- As-tu repéré certaines figures de style ou encore certaines formulations originales ?

- Repère les termes utilisés (noms, adjectifs…) par le critique pour qualifier l’œuvre.

CRITIQUE N°4

Critique intitulée « Le dictateur et le hamac » tirée du manuel Repérages 3(cahier), Wavre, 2004 p.27.

- Comment est organisée cette critique ?

- Est-elle plutôt positive ou plutôt négative ? Repère dans ce texte tous les éléments qui

formulent une appréciation (noms, adjectifs, verbes, adverbes, expressions… )

Le dictateur et le hamac aurait pu s'appeler On ne devient pas si Daniel Pennac n'avait offert

ce titre à une amie pour son propre roman. On ne devient pas... on est ce qu'on fait, telle

reste la devise de cet écrivain qui revient à la fiction après cinq ans de silence à peine

interrompu par une ou deux nouvelles. L'homme aurait pu, une fois encore, sortir la tribu

Malaussène de son Belleville natal pour une nouvelle aventure. Il a préféré tenter le grand

saut dans l'inconnu en commençant son premier chapitre par un conditionnel («Ce serait

l'histoire de...») et en y installant un héros prémonitoire au nom long comme le bras: Manuel

Pereira da Ponte Martins, dictateur agoraphobe. Ce personnage, terrifié par la foule et par

une prédiction catégorique, décide de prendre un sosie qui mourra à sa place. Mais, telle la

Vache qui rit - souriante car éternellement mise en abyme -, le sosie prendra à son tour un

sosie qui prendra un sosie. Divin prétexte! Ce héros effrayant au visage ordinaire se nourrit

de la réalité pennacienne: celle d'un vrai dictateur brésilien, celle d'un vrai voyage au Brésil

qui fut la révélation d'un jeune homme plus intéressé par le hamac que par la création. La

prétendue fiction qui introduit le livre s'éclaire peu à peu dans une seconde partie qui, elle,

se nourrit d'anecdotes, de personnages réels. Dès lors, seule l'écriture donne encore la

Page 59: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

sensation de la fiction. Et comme Pennac est un vicieux, il ne se gêne pas pour introduire

des personnages complètement imaginaires qui ressemblent à des personnes réelles.

Toujours la grande illusion.

Le dictateur et le hamac serait donc un roman sur l'écriture, sur la toute-puissance du

romanesque, sur l'interpénétration permanente de la fiction dans le réel et de la réalité dans

l'imaginaire. Vaste programme mieux dissimulé dans la série des Malaussène et tout à coup

mis à nu, tel un écorché en classe de sciences naturelles. Mais il ne faut surtout pas imaginer

que Daniel Pennac, auteur de Comme un roman, se met à rédiger ici une oeuvre théorique. Le

romanesque prime, l'humour est au pas de la porte, l'aventure devant nos yeux de lecteurs

qui se demandent à chaque page ce que le garnement va encore inventer pour nous épater,

nous séduire, nous dérouter. Si Georges Perec n'avait pas choisi d'indiquer «Romans» au

pluriel pour La vie mode d'emploi, Pennac aurait osé l'inscrire, car il nous offre une quantité

de romans potentiels, un feu d'artifice de personnages qui traversent le monde, se mettent

à disserter sur Chaplin dans Le dictateur, traversent la France en lisant Philip Roth à voix

haute... Des enchaînements subtils permettent au lecteur de s'installer aux côtés de l'écrivain

et d'entrer dans son intimité créative. «On écrit pour en finir avec soi-même mais dans le

désir d'être lu, pas moyen d'échapper à cette contradiction, dit le narrateur, c'est comme si

on se noyait en criant: «Regarde maman, je nage.»» Daniel Pennac propose un roman dont

le coeur est l'écriture et ses effets. Un livre qui se lit une première fois pour en saisir les

contours et se relit presque aussitôt pour en comprendre les effets.

MISE EN COMMUN (30’)

Nous allons maintenant réfléchir sur la spécificité de la critique :

- Comment présente-on une critique (longueur, illustrations, paragraphes…) ?

- Comment le critique qualifie-t-il une œuvre (noms, adjectifs, verbes, adverbes,

expressions…) ?

Chaque groupe présentera donc la synthèse de son analyse. Le but est de faire découvrir

aux autres le plan de la critique que vous avez observée et de leur expliquer comment le

critique s’y prend pour porter un jugement appréciatif ou dépréciatif sur une œuvre ou sur

son auteur. Durant cette mise en commun, vous parlerez également des techniques

d’écriture qui rendent le texte convaincant et attrayant.

Page 60: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Petite synthèse : (20’)

� En général, comment est présentée une critique ? (titre, illustrations… ?)

� Une critique est souvent composée de différents paragraphes. Quels peuvent être

les thèmes développés dans chacun de ceux-ci ?

Exemple : La première critique que nous avons lue (p.) obéit au schéma suivant :

§1 : Introduction, on parle du succès des précédents romans d’A.Gavalda et on nous précise que

sa dernière parution divise la critique.

§2 : résumé de l’histoire.

§3 : l’auteur expose les facteurs de plaisir et de déplaisir : écriture (style, dialogue), personnages…

Qu’en est-il de la critique que tu as analysée ?

� Dans la plupart des critiques, les termes appréciatifs et dépréciatifs abondent.

Quelques exemples : narration originale, humour savoureux, récit insipide, livre soporifique.

Complète ce tableau à l’aide de quelques exemples tirés de la critique que tu as analysée :

Termes appréciatifs Termes dépréciatifs

Page 61: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

� Exercice 5 : les jugements appréciatifs et dépréciatifs (20’)

Objectifs :

- enrichir la palette des termes appréciatifs et dépréciatifs

- -sensibiliser l’élève à la réversibilité des critères.

Lorsque nous nous exprimons, nous recourons à différents termes qui manifestent notre opinion.

Ainsi, le choix des noms, verbes ; adjectifs ou encore des expressions, est très important, surtout

dans une critique.

Cf. Une phrase de type « J’ai été ébloui par ce roman » aura plus d’impact sur le lecteur que «J’ai

bien aimé ce roman ».

Cf. « Ce trésor a été écrit par A.Gavalda » , « ce livre a été écrit par A.Gavalda »

Cf. « Un récit soporifique » , « un récit ennuyeux »

Cf. « Pour bronzer sans dormir, ce sera parfait », « un livre passe-temps »

Les termes ci-dessous sont tirés des critiques que nous avons déjà analysées :

- Place-les dans la colonne adéquate.

- -Selon toi, que signifient ces appréciations (uniquement celles qui sont suivies

d’une astérisque) ?

- Par la suite, trouve une appréciation voulant dire exactement le contraire de celles-

ci (exemple : le trop médiatique romancier � le romancier inconnu).

Le trop médiatique romancier- un écrivain assez médiocre- son calamiteux ego- une intrigue

gélatineuse à la limite de la logorrhée*- un scénario surchargé- on ne peut être qu’estomaqué

devant- des effets de style qui font tiquer*- des dialogues qui s’éternisent- un goût très excessif

pour les dialogues- une palette narrative qui perd en couleurs*- un total délice- saveur du langage

et des situations- une parodie désopilante*- un roman dont on sort grandi- son indéniable talent

de conteuse- sa plume acérée*- d’un réalisme poignant*.

Jugements appréciatifs Jugements dépréciatifs

Page 62: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

� Exercice 6 : Que signifient ces quelques adjectifs ? (5’)

Une histoire originale, savoureuse, contemporaine extravagante, facétieuse, insolite.

Une écriture novatrice, agaçante, très musicale, essoufflée, dépouillée.

p

p

p

� Exercice 7 : à toi de jouer … (5’)

Lis cet extrait. Trouve ensuite deux adjectifs (autres que ceux que nous avons déjà vus) pour

qualifier l’histoire et deux adjectifs pour qualifier l’écriture.

� Exercice 8 : à toi de jouer … (5’)

Objectifs :

- Enrichir la palette des termes appréciatifs et dépréciatifs

� Exercice 9 :

Voici une série de phrases extraites de critiques littéraires :

- Détermine si ces opinions sont positives ou négatives.

- Rédige ensuite l’idée inverse.

« Ce fut par une lugubre nuit de novembre que je contemplai mon œuvre terminée. Dans une anxiété proche de l’agonie, je rassemblai autour de moi des instruments qui devaient me permettre de faire passer l’étincelle de la vie dans la créature inerte étendue à mes pieds. Il était déjà une heure du matin ; une pluie funèbre martelait les vitres et ma bougie était presque consumée, lorsqu’à la lueur de cette lumière à demi éteinte, je vis s’ouvrir l’œil jaune et terne de cet être ; sa respiration pénible commença, et un mouvement convulsif agita ses membres. » tiré de Shelley (M.), Frankenstein, Flammarion.

Page 63: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

1. Les disparus appartiennent à la famille des livres qui laissent une trace indélébile.

p

p

2. Sous la plume nostalgique et enchantée du Nobel 2006, ces pages magnifiques sont à la fois

un autoportrait et un hommage à Istanbul.

p

p

3. Magistrale peinture de l’Amérique interraciale, Les belles choses que porte le ciel parlent sans fard

ni cliché.

p

p

4. Pétillante d’ironie, cette sociologie historique des commencements.

p

p

5. L’auteur nous donne beaucoup de plaisir, à nous, humbles lecteurs. D’une certaine façon,

il signe là son meilleur livre…

p

p

6. Un excellent polar dont les Britanniques ont le secret.

p

p

7. Une satire burlesque, qui perd de son charme à force d’être répétitive.

p

p

8. Sarcastique à souhait, on ne sait si cette histoire nous choque ou nous fait sourire.

p

p

9. Ce livre nous donne quelques clés sur les Otakus, à défaut d’ouvrir toutes les portes…

p

p

10. Un roman soporifique, où la toile de fond historique est envahissante, erronée et confuse.

p

p

Page 64: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

� Exercice 10 : accroches et chutes… (15’

Lorsque tu écris un texte, et notamment un critique, tu dois veiller à capter l’attention du lecteur.

Pour ce faire, les critiques utilisent l’accroche :

- l’accroche : première phrase d’un article qui doit donner au lecteur l’envie de continuer sa

lecture.

- La chute : derniers mots d’un article, qui le concluent si possible brillamment, par une

formule ou un argument percutant. Le mot de la fin est très intéressant, car il restera dans

la tête du lecteur…

Considère les accroches et chutes ci-dessous. Par quels moyens les accroches attirent-elles

l’attention du lecteur ? Comment les chutes concluent-elles brillamment la critique?

Cf.critique n°1, p.

« Oui, il est là, il arrive, enfin. Le nouveau Gavalda. E vous savez quoi ? » (accroche)

« Anna Gavalda elle-même est une consolante. Elle écrit en quelque sorte pour consoler. Et n'en

déplaise à ses détracteurs, c'est ce qui fait son succès. » (chute)

Cf.critique n°2, p.

« A la pétanque, la « consolante » est une troisième partie… » (accroche)

« Pauvre Grimm ! Pauvre Perrault ». (chute)

Cf. MASSON (J-Y.), « Les élégies de Duino » in Le magazine littéraire, n°475, mai 2008,

p.33.

« Qui ne le sait ? Philippe Jacottet est l’un des très grands poètes de notre langue… » (accroche)

« Avec l’humilité qui est la marque des plus grands » (chute)

SANCHEZ (S.), « Le Montespan » in Le magazine littéraire, n°475, mai 2008, p.30.

« Les cornards, les trompés, les cocus, … » (accroche)

« alors pourrait-on, sans déchoir, crier enfin : gloire aux cocus… » (chute)

� Exercice 9 : à ton tour…

Reprends ta production initiale. Rédige pour celle-ci une accroche digne de ce nom qui donnera

aux internautes l’envie de poursuivre sa lecture. Lis-la ensuite à ton voisin qui sera chargé de te dire

ce qu’il a pensé de ton acccroche.

Page 65: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

RECONTEXTUALISATION

Reprends ta production initiale et améliore-la en tenant compte de tout ce que nous avons dit.

Veille à être cohérent, à rendre ton propos attrayant et à le doter des trois parties constitutives de

la critique. Lorsque tu auras terminé, rédige un bref texte dans lequel tu expliqueras les

modifications que tu as apportées à ta critique et les raisons de ces modifications.

Bon travail !

Page 66: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

4. Production finale

Ecris la critique du roman que tu as lu pour aujourd’hui (roman choisi dans la liste distribuée

précédemment).

Compétences : - écrire un texte argumenté (fiche 1 du programme) - porter une appréciation personnelle sur un texte et faire part de son interprétation (fiche 5 du programme).

Critères Indicateurs Note

1. Aspects spécifiques : informer, raconter et convaincre

Qualité de la partie informative

- le lecteur dispose-t-il d’informations sur le roman, voire sur la vie de l’auteur, son œuvre (ou encore le contexte historique…) ? - Les informations données sont-elles justes ? - Les informations données sont-elles pertinentes ?

/5

Qualité de la partie narrative

- Le lecteur peut-il se faire une idée de l’histoire sans l’avoir lue ? - Le lecteur dispose-t-il d’informations relatives au cadre spatiotemporel, aux personnages principaux et à l’intrigue ? - Le suspense est-il maintenu ou la fin de l’histoire nous est-elle révélée ?

/5

Qualité de la partie

argumentative

- L’avis de l’auteur est-il identifiable ? - Les arguments, qu’ils soient positifs ou négatifs, sont-ils développés, fondés et illustrés ?

/5

2. Caractéristiques du texte

Originalité du titre - le titre est-il bien choisi et fait-il allusion à la thèse ?

/1

Page 67: LA NOTE CRITIQUE DE LECTURE - Culture-Enseignement

Originalité de l’accroche et de la chute

- L’accroche donne-t-elle envie de poursuivre la lecture ?

- La chute clôture-t-elle bien le texte ?

/3

L’énonciation - L’énonciation est-elle adaptée au genre de la critique ?

/1

Les paragraphes - Le texte est-il divisé en paragraphes ? - Ces paragraphes sont-ils correctement délimités ? - La transition entre les différents paragraphes est-elle fluide ? (cohérence textuelle)

/5

3. Respect des normes linguistiques

Orthographe

- Le texte est-il correctement orthographiée ? (-0,5 points par faute, ne pas pénaliser deux fois la même faute).

/5

Vocabulaire - Le registre de langue est-il adapté ? ( /2) - Le vocabulaire est-il riche, nuancé et utilisé à bon escient ? ( /3) - Y a-t-il des termes appréciatifs et dépréciatifs qui soutiennent la thèse de l’auteur ? ( /5)

/10

Syntaxe -Le texte est-il bien écrit (concordance des temps, formules et figures de style qui lui donnent un niveau soutenu, formulation correcte, phrases grammaticales)

/5

Total : /40

Bon travail ! Si vous reprenez les paroles d’autrui, vous devez impérativement citer vos sources. Le plagiat est

interdit et sera donc sanctionné (-20 points)