La note des Atterrés sur les réformes du marché du travail

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  • 8/20/2019 La note des Atterrés sur les réformes du marché du travail

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    Réformes du marché du travail

    Des réformes contre l’emploi

    Anne Eydoux

    Anne Fretel

    Janvier 2016

    www.atterres.org

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    Résumé : Dans un contexte de surenchère de réformes néolibérales du marché du travail, présentées comme les remèdes à tous les maux de l’économie et de la société française,cette note soutient que ces réformes ont déjà eu lieu et ont fait la preuve éclatante deleur échec contre le chôma e! "lle revient sur les trente dernières années qui ont vu se

    multiplier ces réformes sans # inverser la courbe $ du chôma e! "lle commence par unretour critique sur l’approche économique néoclassique qui inspire ces réformes! "lleaborde ensuite l’actualité des réformes, à savoir le code du travail qui fait l’objet d’un feu nourri depuis quelques mois, illustrant bien la manière dont se fabriquent lesréformes, à coup de rapports publics dont les contributeurs appartiennent souvent à uncercle restreint d’experts! "nfin, elle anal%se les réformes néolibérales du marché dutravail à l’&uvre depuis trente ans 'flexibilisation du contrat de travail, activation deschômeurs et des allocataires de minima sociaux, baisse du co(t du travail) en montrantque leur inefficacité contre le chôma e est documentée par de nombreuses évaluations!"n conclusion, la note propose des pistes pour d’autres réformes de l’emploi!

    Contenu

    Introduction .................................................................................................................................. 31. Le marché du travail autorégulé, mythe fondateur des réformes ........................................... 5

    La mythologie néoclassique ...................................................................................................... 5Critiquer le mythe, apr s et avec !eynes ................................................................................. "

    2. #éformes $ une actualité dominée par l%urgence de réformer le code du travail .................. 1&La négociation collective comme nouvelle source de régulation........................................... 1&'es assertions économiques ( court d%arguments, voire sans théorie .................................. 12)n droit du travail sous pression ............................................................................................ 1*

    3. +rente ans de réformes néoli érales du marché du travail .................................................... 15La fa rique des réformes ........................................................................................................ 15Comment en sommes-nous arrivés l( ................................................................................. 1/

    *. Les réformes du marché du travail ont dé0( eu lieu sans succ s ......................................... 1"le i ilisation des contrats de travail et remise en cause de la hiérarchie des normes ........ 14ctivation des politiques de l6emploi et des politiques sociales ............................................ 23

    7aisse du co8t du travail ......................................................................................................... 2/9our conclure .............................................................................................................................. 31

    'es réformes contre l%emploi ................................................................................................. 31:ous n%avons pas tout essayé $ rouvrons le dé at sur les réformes ...................................... 33

    #éférences................................................................................................................................... 3*nne e ........................................................................................................................................ 3"+a leau 1 ; +h mes prioritaires a ordés par quelques rapports pu lics .............................. 3"+a leau 2 ; Lois et accords ayant

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    Introduction

    =n assiste ces derni res années en rance ( une surench re de rapports préconisantdes > réformes structurelles du marché du travail ?, au nom de la lutte contre lech@mage, de la > sécurisation ? des tra0ectoires professionnelles, ou de la compétitivité.Ces réformes qui se donnent pour o 0ectif de rendre le marché du travail plus> fle i le ?, plus concurrentiel, sont d%inspiration néoli érale1. Alles entendentdéréguler l%emploi en réduisant le r@le de la loi et de l%intervention pu lique, mais aussi> moderniser ? le service pu lic de l%emploi, en particulier en y intégrant des opérateursprivés et davantage de concurrence. 'énonBant une protection sociale qui rideraitl%activité économique, elles se proposent de la réformer pour la mettre au service de lacompétitivité des entreprises. Les mau franBais2, ( commencer par le tau de ch@mageélevé, seraient donc liés ( une régulation e cessive de l%emploi et ( une protectionsociale mal conBue. '%un c@té, le marché du travail serait trop > rigide ?, entravé par undroit du travail > o se ? et doté d%institutions peu efficaces. 'e l%autre, la protectionsociale serait ( la fois trop co8teuse pour les employeurs et insuffisamment> incitatrice ? ( l%activité pour les travailleurs, que sa > générosité ? découragerait detravailler.

    )ne incursion dans l%histoire des régulations et des politiques de l%emploi rév le lecaract re parado al de cet engouement pour les réformes structurelles et de la

    surench re autour du code du travail. La rance a dé0( mené de tr s nom reusesréformes néoli érales de son marché du travail depuis les années 14"&, réformes quin%ont pas tenu leurs promesses en mati re d%emploi $ loin d%avoir réduit le ch@mage,elles ont alimenté la précarité. Ces réformes sont allées ( re ours de celles qui, apr s14*5, avaient mis en place les institutions de la protection sociale et de l%emploi,consolidé les droits des travailleurs, et ouvert la voie ( trente années de prospéritééconomique, avec des niveau de ch@mage historiquement as démontrant s%il enétait esoin que le renforcement des droits sociau des travailleurs est parfaitementcompati le avec la performance économique et le quasi-D plein emploi.

    1 =n parlera de réformes néoli érales dans la mesure oE ces réformes ne cherchent pas seulement (rendre le marché du travail plus fle i le en le dérégulant mais cherchent aussi ( mettre l%Atat social,l%ensem le des politiques sociales, au service du marché et de la logique concurrentielle.2 Ammanuel Facron n%a pas hésité ( affirmer au lendemain des attentats de novem re 2&15 que les> fermetures ? de l%économie franBaise engendraient des frustrations qui alimentaient le terrorisme, 0ustifiant au passage ses réformes *e +onde , 22 novem re 2&15,http$GGa onnes.lemonde.frGattaques-a-parisGarticleG2&15G11G22Gemmanuel-macron-la-france-a-une-part-de-responsa ilite-dans-le-terreau-du-d0ihadismeH*"15&"/H*"&4*45.htmlD.

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    Ces tr s nom reuses réformes néoli érales ont fait la preuve en trente ans de leurinefficacité. At tout se passe pourtant comme s%il n%y en avait 0amais asse . 'ans uneintervieJ au quotidien *e +onde du K 0anvier 2&1K, le ministre de l%économieAmmanuel Facron affirmait tr s 0ustement qu%>on n’a pas tout fait pour l’emploi ?

    mais loin de proposer une autre politique, il s%accrochait au vieilles recettes $ >une politique de l’offre et de compétitivité ?, avec ) er comme nouvel hori on de sortie del%e clusion. F me antienne du c@té d%économistes néoli érau . 'ans une intervieJpour un article du 1/ 0anvier dans le m me quotidien, curieusement intitulé > -e qu’onn’a jamais essa%é contre le chôma e ?*, 9ierre Cahuc et ndré Myl er erg affirmaientmartialement > aujourd’hui, en .rance, le co(t du travail au niveau du salaire minimumest encore un ennemi de l’emploi ? pour conclure qu%il fallait continuer ( réduire les> charges ? patronales, su ventionner davantage les em auches et utiliser le #N pour

    compenser la fai lesse des salaires. 'ans le m me article, rancis !ramart proposait deraccourcir un peu plus les durées d%indemnisation et de renforcer les sanctions contreles ch@meurs, faisant comme si ces sanctions n%e istaient pas >les ens ne devraient pas pouvoir tout refuser / ?D.

    Cette note se propose de revenir sur ces trente années de réformes néoli érales dumarché du travail qui, comme le montrent les évaluations et l%a sence >d’inversion dela courbe ? du ch@mageD, ont fait la preuve éclatante de leur échec. Alle commence parun retour critique sur l%approche économique néoclassique qui inspire ces réformes, en

    soulignant que la théorie économique offre des approches alternatives qui pourraientutilement inspirer d%autres réformes de l%emploi 1D. Alle revient ensuite sur l%actualitédes réformes, ( savoir le code du travail qui fait l%o 0et d%un feu nourri de la part duFedef, du gouvernement, d%économistes néoli érau et de quelques 0uristes 2D. Allerevient aussi sur la mani re dont se fa riquent ces réformes, ( coup de déclarationspolitiques et de rapports pu lics commandés ( des e perts, souvent choisis dans lem me cercle restreint 3D. Anfin, elle présente un panorama des réformes néoli éralesdu marché du travail ( l%Ouvre depuis trente ans fle i ilisation des contrats de travail,

    activation des ch@meurs et des allocataires de minima sociau , aisse du co8t du travailDen discutant leurs effets qui sont documentés par de tr s nom reuses évaluations *D.An conclusion, la note propose des pistes pour d%autres réformes de l%emploi.

    3 *e +onde , K 0anvier 2&1K,http$GGa onnes.lemonde.frGpolitiqueGarticleG2&1KG&1G&KGemmanuel-macron-on-n-a-pas-tout-fait-pour-l-emploiH*"*2*1*H"23**".html .* *e +onde , 1/ 0anvier 2&1K,http$GGa onnes.lemonde.frGemploiGarticleG2&1KG&1G1/Gce-qu-on-n-a- 0amais-essaye-contre-le-chomageH*"*"///H1K4"K3/.html .

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    1. Le marché du travail autorégulé, mythe fondateur des réformes

    L%idée qu%il faut réformer le marché du travail n%est pas neutre idéologiquement. Allerenvoie au mythe fondateur d6un marché du travail autorégulé, capa le de s6équili rer

    et de résor er le ch@mageD d s lors que les rémunérations, le co8t du travail et lescontrats de travail sont fle i les.

    La mythologie néoclassi ue

    La notion m me de marché du travail renvoie en effet ( un mythe 5 de la théorieéconomique néoclassique, celui d%un marché concurrentiel, oE l%a0ustement des salaires

    pri du travailD et la fluidité des contrats de travail assurent l%équili re. Le mythevéhicule une série de représentations sur le travail et les comportements, réputésrationnels et calculateurs, des offreurs les travailleursD et des demandeurs de travail

    les employeursD. Loin d% tre perBu comme donnant acc s ( une inscription dans uncollectif, ( une reconnaissance sociale, ( un statut, le travail est d%a ord considérécomme une peine pour les travailleurs. Ces derniers n%accepteraient donc de travaillerque s%ils 0ugent leur salaire suffisant pour compenser cette peine la > désutilité ? dutravail, dit la théorieD. )n salaire élevé les disposerait ( l%effort et au heuressupplémentairesD, tandis qu%un as salaire les découragerait, ce d%autant plus qu%ilspourraient se reposer sur des indemnités de ch@mage ou sur des minima sociau pourvivre. 'e la m me mani re, le travail n%est pas perBu comme une sourced%enrichissement et de profit pour les employeurs mais comme un co8t. Ces derniersseraient sensi les ( ce qu%ils doivent dé ourser rémunérations, cotisations sociales,indemnités de licenciements, etc.D et n%em aucheraient que si la productivité du travail

    conBue comme une caractéristique propre du salarié davantage que comme unerésultante de l%organisation du travailD est suffisante pour compenser le co8t du travail.Nelon la théorie, donc, un salaire minimum élevé pourrait les conduire ( refuser de faireappel au travailleurs réputés peu productifs les travailleurs dits > non qualifiés ?D. 'em me, les indemnités de licenciement seraient leur hantise, et pourraient les décider (préférer em aucher en contrat ( durée déterminée plut@t qu%en contrat ( durée

    indéterminée, voire ( ne pas em aucher du tout et ( préférer une com inaisonproductive plus riche en capital. Loin d%eu l%idée que la sta ilité de l%emploi permettraitde former des salariés et de leur permettre d% tre plus productifs et inventifs P

    'ans l%approche dite néoclassique du marché du travail, ces comportements sontreprésentés graphiquement par des cour es $ la cour e d%offre de travail des travailleurs

    5 :ous employons le terme dans sa polysémie $ ( la fois récit e plicatif de phénom nes économiques etsociau , récit fondateur de pratiques et de politiques économiques et sociales, et croyance partagée,représentation idéalisée et déformée d6un phénom ne.

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    est une fonction croissante de la rémunération et la cour e de demande de travail desemployeurs est une fonction décroissante du co8t du travail. Nur le graphique, lescour es se coupent et leur point d%intersection qui définit le salaire d%équili re et leniveau d%emploi correspondant. Q l%équili re, dit la théorie, tous les travailleurs pr ts (

    travailler au salaire en vigueur trouvent un emploi R ceu qui restent inemployés sontdes ch@meurs volontaires, qui préf rent s%a stenir de travailler ( ce niveau de salaire. Ql%équili re, il n%y a pas de ch@meurs involontaires. Cette représentation du marché dutravail est fondée sur l%analyse néoclassique initiée par les travau de Léon Salras etd% lfred Farshall ( la fin du TITe si cle et au dé ut du TTe. Alle est restée dominante ets%est affinée pour tenir compte des évolutions de l%emploi et du développement dethéories hétérodo es voir section suivanteD.

    Car la mythologie est vorace. Alle s%est alimentée depuis de tr s nom reu travau qui

    int grent des hypoth ses de concurrence > imparfaite ? et invoquent la présence de> rigidités ? sur le marché du travailK afin de rendre compte de phénom nes quipouvaient se présenter comme des anomalies pour la théorie $ le ch@mage de longuedurée, l%e istence d%inégalités de salaire, le fait que de nom reu travailleurs fontcarri re dans leur entreprise alors que d%autres se trouvent dura lement dans unesituation d%emploi précaire, le ch@mage de masse,etc. Ces travau se sont développéssurtout ( partir des années 145&-14K&. #eversant le vin nouveau des théoriesUeynésiennes ou institutionnalistes voir plus asD dans les vieilles outres du calculrationnel et du marché, ils ont cherché ( e pliquer ces anomalies en maintenant leshypoth ses de comportement rationnel et la forme des cour es d%offre et de demandede travail.

    Vu%il e iste d%importantes inégalités de salaires entre noirs et lancs, entre femmes ethommes, etc.D Ce n%est que le reflet des choi différenciés de formation de la partd%él ves ou d%étudiants rationnels, qui ma imisent le rendement de leur> investissement ? en formation théorie du capital humainD. =u ien le résultat destratégies de certains employeurs qui cherchent ( inciter leurs salariés ( l%effort en leurversant des salaires plus élevés qu%ailleurs théorie dusalaire d’efficienceD. Vue lesch@meurs mettent plus ou moins de temps ( retrouver un emploi C%est parce qu%ils> investissent ? dans la recherche d%emploi, 0ouant les prolongations dans l%espoir dedégoter une entreprise offrant de meilleurs salaires théorie de la recherche d’emploi D.Vu%il e iste des travailleurs faisant carri re dans leur entreprise au c@tés de ch@meurset de précaires C%est l%effet des pratiques syndicales, les syndicats protégeant leur

    K Il s%agit d%une constellation de théories, souvent rangées sous le voca le de > nouvelles théories dumarché du travail ? voir par e emple la présentation qu%en a fait nne 9errot dans son petit ouvrage de1442D. )ne autre référence importante est l%ouvrage de Layard, :icUell et WacUman 1441D.

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    client le en emploi lesinsidersD au détriment des autres lesoutsiders, ch@meurs etprécairesD. Vu%un ch@mage massif et dura le se soit installé C%est parce que le marchédu travail est emp ché de fonctionner. Nont alors pointés du doigt les effets néfastesdes institutions, matérialisées par e emple par les négociations salariales, le droit social

    ou le droit du travail. =u ien, version moderne, est mise en cause l%inadaptation dumarché du travail au nouvelles e igences de la mondialisation etGou de l%intégrationdans une union monétaire. La concurrence mondiale appellerait une course ( lacompétitivité pri , imposant ( son tour des > réformes structurelles ? / pour permettreau salaires et ( l%emploi de 0ouer le r@le de varia les d%a0ustement ; surtout dans la

    one euro oE la monnaie ne 0oue plus ce r@le du fait de l%impossi ilité de dévaluer. )nenouvelle version pourrait au0ourd%hui invoquer l%adaptation du marché du travail aunouvelles technologies et au nouveau emplois, ceu -ci étant réputés sonner le glasdes anciens et appeler ( une forme d%> u erisation ? du travail ; les travailleurs u erisésdevenant les top-mod les de la dérégulation.

    9our schématiser, cette représentation du marché du travail conduit ( interpréter lech@mage de deu mani res $ soit comme un phénom ne volontaire il est le fait detravailleurs qui répugnent ( travaillerD, soit comme le résultat de > rigidités ? introduitespar la législation ou la négociation salaire minimum, cotisations sociales, indemnités delicenciement, indemnités de ch@mage, minima sociau ,etc.D. Les institutions sont alorsregardées comme autant de > rigidités ? emp chant le marché de fonctionnercorrectement $ la fi ation d%un salaire minimum légal, les négociations salariales, lesindemnités de licenciements emp chent les rémunérations ou le co8t du travail de

    aisser en deB( d%un certain seuil et favorisent l%émergence de déséquili res, (commencer par le ch@mage.

    )ne telle représentation du marché du travail conduit ( chercher des solutions auch@mage du c@té de la > modération salariale ? en particulier par le gel ou la aisse dusalaire minimumD, de la diminution des cotisations sociales employeurs e onérationsD,de l%affai lissement des droits des travailleurs par la mise en cause du code du travailD,ou encore du c@té des réformes de l%indemnisation du ch@mage ou des minima sociau .At c%est l( que le mythe trouve ses héros $ les réformateurs courageu ", qui ont su aller( l6encontre des résistances et des locages. C%est l( aussi que la mythologie s6alimente

    / Xoir par e emple Calmfors 2&&1D." An mai 2&13, ( l%occasion de la célé ration des 15& ans du parti social-démocrate allemand, ranBoisYollande avait vanté en ces termes les mérites du Chancelier NchrZder qui avait mis en place les réformesYart en llemagne au milieu des années 2&&& $ >*e pro rès, c0est aussi de faire des réformes coura euses pour préserver l0emploi et anticiper les mutations sociales et culturelles comme l0a montré 1erhard2chr3der $. At cela sans qu%aucune étude n%ait pu relier la onne tenue de l%emploi allemand ( cesréformes.

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    de récits de réformes qui, ayant sacrifié les salaires ou les droits des travailleurs surl%autel de la fle i ilité, ou ayant réduit les > charges ? pesant sur les entreprises au nomde la compétitivité, auraient porté leurs fruits $ la fle i ilité ritannique ou la> flexicurité $ danoise dans les années 144&, les réformes Yart en llemagne au milieu

    des années 2&&&, le 4obs 5ct italien en 2&1*,etc. +ant pis si ces récits ont avec la réalitéun lien distendu 4. +ant pis si les fruits des réformes ont un go8t amer. La mythologie dumarché du travail est puissante et manipulatrice.

    Criti uer le mythe! a"r#s et avec $eynes

    La mythologie du marché du travail autorégulé a su i des critiques tr s sérieuses, et lathéorie économique fournit de tout autres représentations des déterminants del%emploi et du ch@mage, qui invitent 0ustement ( sortir du mythe. pr s !eynes, denom reuses théories hétérodo es, souvent qualifiées d%institutionnalistes, permettent,tout en restant fid le ( sa pensée, de remettre en cause les cour es d%offre et dedemande de travail et les hypoth ses comportementales qui leur sont associées. Allespermettent aussi de penser que, pour l%emploi, d%autres réformes que néoli érales sontpossi les.

    'ans sa 6héorie 1énérale , Wohn Faynard !eynes 143KD a notamment remis en cause lepostulat néoclassique selon lequel il ne peut e ister ( l%équili re de ch@mageinvolontaire. Nelon lui, le niveau de l%emploi ne résulte pas de la confrontation des offreset des demandes de travail, et encore moins de l%a0ustement des salaires $ il découle duniveau de l%activité économique ; ou plut@t de son anticipation. Il dépend de la> demande effective ?, ( savoir le niveau d%activité anticipé par les employeurs, qui leursert de ase pour décider du niveau de leur production et des emplois dont ils ont esoinpour produire. 9our !eynes donc, la cour e de demande de travail de la théorienéoclassique reliant la demande des employeurs au salaireD ne correspond pas ( laréalité. Nelon lui, m me en l6a sence de salaire minimum, il peut e ister des ch@meursinvolontaires, des ch@meurs qui ne trouvent pas ( s6employer ( un salaire inférieur (celui du marché, simplement parce que les employeurs anticipent des difficultés (

    écouler leur production et ne souhaitent pas em aucher pour produire davantage.'e la m me mani re, la cour e d%offre de travail de la théorie néoclassique qui relie ladécision d%accepter un emploi au salaireD a été tr s t@t critiquée. insi, Woan #o insondans son "ssai sur la théorie de l’emploi 143/D a montré que nom re de travailleurs nechoisissent pas vraiment entre travailler ou ne pas travailler $ ils doivent travailler pourvivre et accepter le salaire et le nom re d%heures fi és par l%employeur. Nelon elle, de

    4 Xoir les pu lications du log des Aconomistes atterrés, > Changer l%Aurope ? sur*ibération $http$GGleseconomistesatterres. logs.li eration.frG.

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    nom reu phénom nes déso éissent ( la cour e d%offre de travail $ lorsque le salaireaisse, ou lorsque l%insécurité de l%emploi augmente, des personnes qui ne travaillaient

    pas se mettent ( rechercher un emploi pour compenser la perte de revenu ou laprécarité su ie par leur foyer ; l%offre de travail augmente au lieu de diminuer. #o inson

    consid re donc que le plein-emploi n%est pas un reflet des préférences des travailleursmais dépend des conditions sociales et institutionnelles qui prévalent par e emple, leslois qui régissent l%[ge actif ou le temps de travailD, ou pour le dire autrement, que l%offrede travail est faBonnée par des choi et des compromis sociau .

    L%approche Ueynésienne est restée une référence des politiques pu liques pendant lapériode des +rente glorieuses oE les politiques de soutien ( la demande com inées (des politiques sociales généreuses allaient de pair avec des niveau de ch@mage tr sfai les. 'ans un conte te de montée du ch@mage ( partir des années 14K&-14/&, de

    nom reu travau hétérodo es ont cherché ( rendre compte du ch@mage et de laprécarité de l%emploi en insistant sur la spécificité de la relation salariale. Contrairement( la théorie néoclassique qui met sur le m me plan offre et demande de travail, cestravau ont insisté sur l%asymétrie de la relation salariale, dans laquelle le salarié estsu ordonné ( l%employeur, mais aussi sur le r@le déterminant des institutions poursécuriser ou nonD cette relation. insi par e emple, la théorie dite de la segmentationdu marché du travail défend l%idée d%une pluralité des marchés du travail. Alle insiste surle r@le des pratiques d%entreprises en distinguant notamment une logique de > marchéinterne ? au entreprises, régi par des r gles assurant une sta ilité de l%emploi et desperspectives de promotion, et une logique de > marché e terne ? qui soumet lestravailleurs précaires ( des r gles concurrentielles 1&. Nelon cette approche, qui aalimenté de nom reu travau depuis les années 14/&, le niveau de l%emploi, et surtoutsa qualité ou sa précaritéD, dépendent non seulement des pratiques des employeursmais aussi du r@le des politiques pu liques ou des institutions11.

    Il n%est pas anodin que ces approches hétérodo es des déterminants de l%emploi et duch@mage aient été développées d%a ord dans les années qui ont suivi la crise de 1424,durant ce qu%il est convenu d%appeler la > grande dépression des années 143& ?, puis (partir des années 14/&, dans des années de montée du ch@mage. u0ourd%hui, alors queles économies se languissent apr s la crise de 2&&/ et la > grande récession ? qui a suivi,ces approches offrent des perspectives pour déconstruire la mythologie néoclassique dumarché du travail et pour comprendre pourquoi les potions am res dont elle nousa reuve depuis plus de trente ans restent sans effet sur le ch@mage.

    1& Xoir 'oeringer et 9iore 14/1D.11 Xoir #u ery 2&&/D.

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    2. Réformes une actualité dominée par l’urgence de réformer le code du

    travail

    Le dé at pu lic sur les réformes du marché du travail est au0ourd%hui dominé par un

    engouement pour une simplification du code du travail afin de laisser davantage deplace ( la négociation collective. pr s l%ouvrage de #o ert 7adinter et ntoine Lyon-Caen, *e travail et la loi paru en 0uin 2&15, le mois de septem re 2&15 a connu un tirgroupé, avec le rapport de l%Institut Fontaigne au titre évocateur, 2auver le dialo uesocial, 7riorité à la né ociation d’entreprise, le rapport de +erra :ova, rédigé par \il ertCette et Wacques 7arthélémy, 8éformer le droit du travail , et enfin le rapport de lacommission Com re elle faisant des propositions concr tes pour étendre le champ dela négociation collective. Le rapport 7adinter remis au 9remier ministre le 25 0anvier

    2&1K, prélude ( une Commission de refondation du code du travail, va ien dans ce sens.Ces travau , qui convergent dans leurs propositions, s%appuient sur des assertionséconomiques pro lématiques pour mettre le droit du travail sous pression.

    La négociation collective comme nouvelle source de régulation

    Ces travau ont en commun de plaider pour une réforme du code du travail qui feraitde la négociation collective la nouvelle pierre angulaire de la production du droit. Ils sonten phase avec la demande du gouvernement socialiste, elle-m me tr s proche dese igences des organisations patronales. C%est d%ailleurs l( une ironie de l%histoire. An

    1444, le Fedef, tr s f[ché par la politique du gouvernement socialiste de l%époque, etnotamment par les 35 heures, avait réclamé une > refondation sociale ? et uneffacement du droit du travail au profit de la négociation collective moins de lois, plusde négociationsD. Vuin e ans plus tard, ce r ve patronal est devenu le pro0et dugouvernement socialiste. u point que dans sa lettre de mission ( la CommissionCom re elle, le 9remier ministre Fanuel Xalls n%a pas hésité ( dicter ses attentes ( laCommission, ( savoir >une plus rande place à la né ociation collective et en particulierà la né ociation d’entreprise ?.

    Les différents rapports s%accordent ( proposer d%amoindrir la place du code du travail.Cette et 7arthélémy 2&15D proposent de le circonscrire ( ce qu%ils nomment >l’ordre public absolu ?, en lui su stituant sur le reste un > droit conventionnel ? issu de lanégociation collective, et en autorisant des dérogations ( la loi, remettant tr sclairement en question la hiérarchie des normes et le principe de faveur 12. An accord

    12 An vertu du principe de légalité, chaque norme 0uridique doit se conformer ( l6ensem le des r gles envigueur ayant une force supérieure. insi un accord d%entreprise doit se conformer ( l%accord de ranchequi lui-m me doit se conformer ( l%accord interprofessionnel, lui-m me su ordonné ( la loi R c%est la

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    avec 7adinter et Lyon-Caen 2&15D, le rapport Com re elle 2&15, p. /4D propose que ledroit du travail s%en tienne ( de grands principes fondamentau , et laisse les conditionsde travail, l%emploi, les salaires ( la négociation >avec un minimum d’encadrementlé islatif ? en prévoyant des > dispositions du code supplétives, énéralement au niveau

    ré lementaire ?, pour pallier le défaut d%accord. Le schéma serait le suivant $ >à la loide fixer les rands principes du travail et de l’emploi, aux accords de branche de fixerl’ordre public conventionnel et aux accords d’entreprise de définir en priorité le droitconventionnel du travail sur tous les sujets qui ne relèvent pas de l’ordre public ? p. 41D.

    Les rapports s%accordent également sur la promotion de la négociation d%entreprise,cette derni re étant considérée comme le niveau pertinent de la recherche d%efficacitééconomique $ selon les termes du rapport Com re elle 2&15, p. 41D, il y aurait >unbesoin de proximité, de réalité, de rapidité d’adaptation qui ne peut que relever d’uneré ulation au niveau de l’entreprise ?. u détour de ce recentrage se 0oue l%éviction du 0uge, considéré comme une source d%insécurité pour l%employeur $ >en matière dené ociation collective le recours au ju e devrait rester exceptionnel ? p. /2D. Larégulation des négociations d%entreprises serait alors affaire de méthode. #eprenantune proposition de Cette et 7arthélémy en faveur des accords de méthode 13, le rapportCom re elle affirme qu%ils sont >de nature à contribuer à la lo%auté de la né ociationet à restaurer la confiance ? p. 5KD.

    Les rapports prévoient enfin que la négociation d%entreprise intervienne sur desdispositions du contrat de travail 1* et sur les modalités de licenciement. L%institutFontaigne propose que des modifications du contrat de travail puissent tre décidéespar accord collectif sans qu%il soit nécessaire de >recueillir l’accord du salarié $ p. 34D.L%opposition du salarié ( une modification de son contrat de travail rel verait alors dulicenciement pour faute et donnerait lieu ( des indemnités réduites. Cette idée estégalement défendue par Cette et 7arthélémy 2&15D. Le rapport Com re elle adopte ce

    hiérarchie des normes. Les dérogations ne sont en principe possi les qu%( la condition que les conventionsou accords collectifs en question soient plus favora les au salarié articles L. 2253-1 et L. 225*-1 du codedu travailD R c%est le principe de faveur. :otons que le développement de négociations au niveaudécentralisé, notamment sur le temps de travail, a dé0( affai li ces principes.13 Ces accords visent ( créer une entente entre partenaires sociau en s%attachant ( définir des principesgénérau préala les ( une négociation. Il s%agit de donner un cadre de fonctionnement, des r gles et desinstances qui guideront les négociations. 'e tels accords ont été e périmentés dans la loi n] 2&&3-K du 3 0anvier 2&&3 puis élargis et confirmés depuis la loi n] 2&&5-32 du 1" 0anvier 2&&5 concernant la procédured%information et de consultation du comité d%entreprise en cas de licenciement collectif.1* :otons que cette possi ilité de signer un accord d%entreprise ( m me de modifier le contrat de travaila été introduite par l% :I de 0anvier 2&13, dans le cadre de la signature d%accords de maintien dansl%emploi qui peuvent conduire notamment ( réduire les niveau de salaires, au moins temporairement.

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    point de vue > lorsque l’emploi est en cause et que l’accord vise à le proté er, lemaintenir, le préserver et le développer, l’accord et l’intér9t collectif qu’il incarne primentsur l’intér9t individuel concrétisé par le contrat de travail ? p. 1&2D. 'e m me, lesrapports proposent que la négociation d%entreprise puisse aller 0usqu%( la définir les

    modalités de licenciement $ pour l%Institut Fontaigne, >la né ociation collectived’entreprise pourrait fixer sa propre liste de motifs de rupture du contrat de travail ' )et poser des rè les de procédures de licenciement spécifiques ?.

    Ces propositions d%e tension de la négociation collective sont toutefois périlleuses dansle conte te franBais des relations professionnelles, avec un tau de syndicalisation del%ordre de "^D parmi les plus as de l%)nion européenne et une fai le implantationsyndicale dans les petites entreprises. Le rapport Com re elle en particulier y estsensi le, émettant de discr tes mais cruciales réserves quant ( la possi ilité de mise enOuvre de ses propositions compte tenu des fai lesses du dialogue social. Il se prévautnéanmoins de la demande du gouvernement et de l%urgence de la situation pourénoncer ses préconisations ; de simples > recommandations à destinations ;des acteurs< pour qu’ils transforment eux=m9mes leurs pratiques ? p. */D.

    %es assertions économi ues & court d'arguments! voire sans théorie

    La lecture des rapports cités frappe par la pauvreté des arguments économiques qu%ilsmo ilisent. =n a souvent affaire ( de simples assertions, parfois sans théorie.

    La premi re assertion, est un grand classique de la ligne de défense des réformesnéoli érales du droit du travail $ le caract re pléthorique du code du travail 0oueraitcontre l%emploi. +rop étoffé, il se serait mué en épouvantail, effarouchant lesemployeurs qui veulent em aucher. u lieu de protéger les travailleurs, il les plongeraitdans l%insécurité en alimentant le ch@mage. Les discours contre les lois qui prot gent lestravailleurs ne sont pas nouveau , ils remontent ( la fin du TITe si cle et ressurgissentréguli rement15. Ils ont fait leur grand retour au milieu des années 2&&& $ reprenant unedes antiennes du patronat, d%> éminents économistes ? comme =livier 7lanchard et

    Wean +irole 2&&3D ou 9ierre Cahuc et rancis !ramar 2&&*D avaient ainsi plaidé, au nomde l%efficacité économique, pour une simplification du code du travail, un contrat detravail unique et des licenciements facilités.

    7arthélémy et Cette 2&13D reprenaient cette idée selon laquelle > le droit social françaisse caractérise par un haut niveau de ri idités préjudiciable à la performance

    15 Le code du travail date de 141&. uparavant, la législation protégeant les travailleurs faisait partie ducode civil R tel était le cas de la loi réglementant le travail des enfants en 1"*1, de celle autorisant lessyndicats en 1""*, ou de celle instaurant le contrat de louage de service sans limitation de durée.

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    macroéconomique du pa%s ?. F me idée sous la plume de 7adinter et Lyon-Caen2&15D $ >la vision d’un droit du travail perçu comme une for9t trop obscure et hostile

    pour qu’on s’% aventure joue contre le recrutement des salariés complémentaires dansles petites et mo%ennes entreprises ?. Cette et 7arthélémy 2&15D enfoncent le clou $ le

    droit du travail en rance serait > essentiellement ré lementaire, basé sur une profusionde textes constituant un ensemble d’une complexité sans équivalent parmi les pa%sdéveloppés ?, > préjudiciable simultanément à la fonction protectrice du droit social et àl’efficacité économique ?. L%approche du rapport Com re elle est plus su tile, reflétantpeut- tre le compromis délicat entre les rapporteurs 1K. Le code du travail y est mis encause, mais de mani re indirecte, avec l%emploi du conditionnel $ >le code du travailserait l’illustration de l’économie administrée et ré lementaire dans laquelle se situenotre pa%s ? p. 31D. Il est présenté comme négatif pour l%emploi mais de mani re

    diffuse $ >notre code est sans doute l’une des causes des évolutions précédemmentsi nalée ? p. 3KD, appelant ( une réforme ne se limitant pas au >code du travail si elleveut avoir des effets sur l’emploi, le travail et les entreprises ? p. *5D.

    La deu i me assertion met en avant l%idée que le droit du travail favoriserait les> insiders ? au détriment des > outsiders ?, opposant ceu qui sont installés dans unemploi sta le au précaires, au ch@meurs ou au 0eunes sans emploi. utrement dit, ledroit social protégerait les sta les, a andonnant les plus précaires ( leur sort. L%InstitutFontaigne dénonce ainsi une > tradition française d’interventionnisme lé islatif,

    récurrente et envahissante ' ) privilé iant le toujours plus au détriment des outsiders ?p. 15D. Le rapport Com re elle avance quant ( lui que >la né ociation collective a

    tendance à accentuer la dualité du marché du travai l ? p. 3&D. =n retrouve l( unargument de l%approche économique néoclassique considérant que les institutions sontune rigidité emp chant l%équili re du marché du travail et la résorption du ch@mage. Ici,c%est la législation et l%action des salariés les >insiders ?D eu -m mes pour protéger leuremploi qui seraient en cause.

    La troisi me assertion consiste ( dire qu%il faudrait favoriser la négociation d%entrepriseau nom de l%efficacité. C%est la plus fragile, car elle n%a aucun fondement théorique. Lesrapports convergent néanmoins pour faire de la négociation d%entreprise le nouvelespace de dialogue social ( privilégier. L%Institut Fontaigne affirme que l%entreprise estle > cadre naturel ;sic< de la né ociation sociale ? p. 25D et qu%il faut sortir l%accord

    1K La rédaction de ce type de rapport rel ve souvent de l%équili risme, ( la recherche d%un compromisentre les mem res du groupe de travail et les points de vue des personnes auditionnées. La lecture durapport peut laisser une impression de flou, d%assertions contradictoires. Le fil directeur donné par lespréconisations est néanmoins sans am igu_té.

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    d%entreprise d%une > position de soumission juridique ne favorisant ni l’efficacitééconomique ni la recherche de compromis équilibrés ? p. 31D. Vuant au rapportCom re elle, on a noté plus haut qu%il invoque la > proximité ? et la > rapiditéd’adaptation ? ( l%appui de la négociation d%entreprise. Fais l%assertion est l( encore

    servie toute crue, sans argument ni théorie. La performance qu%il s%agit d%atteindre n%estpas définie $ une performance comment et pour qui

    (n droit du travail sous "ression

    Ces différents rapports montrent ( quel point le droit du travail se trouve au0ourd%huisous la pression d%impératifs néoli érau , énoncés par le patronat, repris par legouvernement et ses e perts, 0uristes comme économistes, sous couvert des argumentsde l%économie néoclassique.

    =r l%approche économique néoclassique du marché du travail, ramenant lescomportements sur ce marché ( des calculs d%individus rationnels, est aveugle nonseulement au r@le du niveau de l%activité économique, mais aussi ( celui des rapports deforce, des rapports entre travail et capital. Lui échappe en particulier ce qui est aufondement m me du droit du travail $ le rapport de su ordination du salarié ( sonemployeur, qui e erce sur lui un contr@le hiérarchique. C%est précisément la premi reraison d% tre du droit du travail que de > c̀iviliser’ le pouvoir patronal, en le dotant d’uncadre juridique là o> il s’exerce, c’est=à=dire dans l’entreprise ? Nupiot, 144*D. Ce

    fondement du droit du travail lui échappant, la théorie économique néoclassique et lasérie de rapports qu%elle a inspirésD consid re le droit comme une source de co8t plut@tque comme un cadre de la prise de décision économique permettant de réduirel%incertitude Aymard-'uvernay, 2&&*D. 9ourtant, la réduction de l%incertitude est unesource du droit du travail $ soucieu de se prémunir contre des proc s ( l%issueincertaine, notamment sur le plan pénal, le patronat a Ouvré ( la construction d%unprincipe de responsa ilité sans faute, donnant naissance ( la notion de risque social etfondant le principe de su ordination AJald, 14"KD.

    veugles au relations de su ordination qui se nouent dans les entreprises, les rapportscités plus haut font de l%effacement du code du travail au profit des accords de rancheet d%entreprise une urgence pour simplifier le droit. C%est une remise en cause sanséquivoque de la hiérarchie des normes et du principe de faveur 1/ . =r ces dernierstrouvent précisément leur raison d% tre dans la su ordination des salariés ( leuremployeur. Car c%est au niveau de l%entreprise que la su ordination des salariés les

    1/ -f! supra, note 11.

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    affai lit le plus, notamment lorsqu%il s%agit de négocier des compromis autour dequestions présentées comme mettant en 0eu la survie de l%entreprise ou la sauvegardedes emplois.

    =n peut enfin s%étonner que les partisans des réformes s%inqui tent autant despro l mes que poserait le droit du travail au employeurs, sans pr ter attention aur gles fiscales ou commerciales, pourtant elles aussi particuli rement comple es. Cesr gles sont un appui au fonctionnement de l%entreprise. 9ourquoi en irait-il autrementdu droit du travail

    u0ourd%hui, le rapport 7adinter 2&1KD va 0usqu%( proposer, d s le premier article surles K1 que compte son rapportD, que >les nécessités du bon fonctionnement del’entreprise ? puissent 0ustifier de limiter >les libertés et droits fondamentaux ? dessalariés. Nouvenons-nous qu% ntoine Lyon-Caen, au0ourd%hui ardent réformateur,estimait auparavant que le droit du travail ne pouvait tre réduit > à un simpleinstrument au service de l’efficacité économique, ou à en ensemble de contraintes quientraveraient la liberté des acteurs! ;*es juristes qui ne s’inscrivent pas dans une visiondéterministe du droit< refusent aussi de le voir comme l’instrument tout puissant de laréforme, comme si la rè le de droit produisait mécaniquement des effets! De façon pluscomplexe, ils font valoir le pluralisme des visées du droit du travail, et la difficulté à isolerdes effets spécifiques d’une rè le, dont la mobilisation par les acteurs échappe auxintentions de ses auteurs $ Lyon-Caen, ffichard, 2&&", p. 2KD. Fais c%était ( l%époqueoE il considérait que le droit du travail était protecteur et permettait de participer (l%accepta ilité des décisions prises au sein de l%entreprise.

    !. "rente ans de réformes néoli#érales du marché du travail

    Il est de on ton de dire que la rance est frappée d%immo ilisme, que ce pays ;contrairement ( ses voisins européens ; est impossi le ( réformer. 9ourtant, en faisantun retour sur les réformes engagées depuis le milieu des années 14"&, et plus encoresur celles qui se sont succédé ( un rythme accéléré ( partir de la fin des années 144& etdu dé ut des années 2&&&, on ne peut qu% tre saisi par leur nom re et leur ampleur.

    vant d%a order les réformes elles-m mes, cette section analysera la mani re dont ellessont fa riquées par les e perts et interrogera les raisons qui peuvent e pliquer lamultiplication de ces réformes.

    La )a*ri ue des ré)ormes

    L%actualité qui est celle de l%urgence ( réformer le droit du travail illustre ien la mani redont se sont mises en place les réformes néoli érales du marché du travail ces trente

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    derni res années en rance, ( coup de déclarations gouvernementales, et de rapportspu lics soulignant l% indiscuta leD urgence ( réformer tel ou tel aspect du marché dutravail. Les contri utions, tr s convergentes des rapports, sont portées par des e perts,souvent économistes mais aussi dans le cas des propositions de réformes du droit du

    travail, par des 0uristes.

    L%offensive récente sur le code du travail s%est, on l%a dit, ouverte par la pu lication de lacontri ution de 7adinter et Lyon-Caen en 0uin 2&15 R elle a été suivie par les propositionsportées par l%Institut +erra :ova Cette, 7arthélémy, 2&15D, par l%Institut Fontaigne, etpar le #apport Com re elle fin septem re 2&15, puis par le #apport 7adinter en 0anvier2&1K. La communauté des points de vue e primés dans ces travau n%est sans doute passans lien avec la circulation d%un petit nom re de contri uteurs entre les instances. insile groupe de travail de l%Institut Fontaigne a auditionné Wacques 7arthélémy. Le groupede travail appuyant la rédaction du rapport Com re elle était constitué, entre autres,d% ntoine Lyon-Caen ainsi que de 9ierre Cahuc et de Wean-'ominique Nimonpoli, tousdeu mem res de l%Institut Fontaigne. La commission Com re elle a auditionné, entreautres, #o ert 7adinter. Anfin, les rapports se citent les uns les autres

    Le mode d%éla oration des réformes suit fréquemment un sem la le schéma. 'ese perts souvent des économistes néoli érau D contri uent ( mettre sur le devant de lasc ne un pro l me prioritaire, présenté comme un mal franBais qu%il est urgent detraiter par une réforme $ remise ( l%emploi > activation ?D des ch@meurs ou allocatairesde minima sociau qui seraient piégés dans des allocations trop généreuses,modernisation d%un service pu lic de l%emploi trop comple e, réduction du co8t dutravail qui p serait sur la compétitivité des entreprises, simplification du droit du travaildans les méandres duquel les employeurs se perdraient au risque de ne plus oserem aucher Ces e perts en petit nom re contri uent de mani re récurrente aurapports demandés par l%administration notamment au0ourd%hui rance stratégieD oupar des thin? tan? comme +erra nova ou l%institut Fontaigne. Leur e pertise, tr s ienrelayée par les médias, circonscrit les priorités politiques, limitant de fait les dé atspu lics autour des réformes.

    Ces réformes, alimentés par des rapports o éissant souvent ( une commande pu liquesont ( l%agenda depuis une trentaine d%années. Vuelques e emples de la longue litaniedes rapports pu lics ayant inspiré des réformes néoli érales du marché du travailsuffisent ( illustrer la variété des priorités politiques depuis la fin des années 14"& voirle +a leau 1 en anne e, qui illustre ce point ( partir de quelques e emples de rapportspu licsD.

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    Comment en sommes+nous arrivés l& ,

    Les réformes du marché du travail se sont peu ( peu attaquées au protections destravailleurs qui s%étaient renforcées apr s la seconde guerre mondiale. Ni elles sontau0ourd%hui en t te de l6agenda gouvernemental, elles ne se sont imposées quelentement entre le milieu des années 14"& et le dé ut des années 2&&&. Alles ontparticipé de la rupture avec le mod le d%intervention des politiques pu liques des+rente glorieuses.

    La période des +rente glorieuses était caractérisée par un mod le d%interventioncom inant des politiques macroéconomiques d%inspiration Ueynésienne soutenant lareconstruction, la croissance et l%emploi, et des politiques de l%emploi qui étaientd%a ord des politiques de main d%Ouvre privilégiant la formation et la mo ilité afin desatisfaire les esoins de qualification des entreprises. Ce mod le d%intervention s%esttrouvé confronté ( partir du milieu des années 14/& au chocs pétroliers et ( la crise, (la montée du ch@mage, mais aussi ( l%ouverture croissante des économies et (l%approfondissement de la construction européenne, autant d%éléments qui ontcontri ué ( le fragiliser. An rance, au dé ut des années 14"&, les mesures de l%emploi,ci lées sur les 0eunes et les ch@meurs de longue durée se sont développées, tandis queles droits ( indemnisation du ch@mage ont commencé ( se réduire. La politiquemacroéconomique de relance menée en 14"1 a eu des effets positifs sur l%emploi, maiselle a aussi, l%ouverture de l%économie franBaise sur l%Aurope aidant, creusé le déficite térieur. C6est dans ce conte te que le gouvernement socialiste a décidé du tournantde la rigueur udgétaire en 14"* pour se convertir au capitalisme et au marché.

    'ans les trente années qui ont suivi, le processus de mise en place d%une monnaieunique, les crit res de convergence, le 9acte de sta ilité et le 9acte udgétaire, ont privéla rance ; comme les autres tats mem res de la one euro ; de l%instrumentmonétaire, tout en verrouillant l%usage des instruments udgétaires. La crise financi reaidant, c%est l%ensem le des tats mem res de la one euro voire de l%)nion

    européenneD qui s%est trouvé piégé dans l%austérité. Antre temps, la protection socialeet l%emploi étaient dé0( devenus des varia les d%a0ustement. Les > réformesstructurelles ? néoli érales du marché du travail avaient notamment fait leur entréedans la coordination des politiques de l%emploi, ( la faveur de la mise au pas de lastratégie européenne pour l%emploi, désormais e plicitement su ordonnée au crit resmacroéconomiques de sta ilité. Lors de la récession, ( défaut de pouvoir mener despolitiques de relance de l%activité et de la demande intérieure, et dans un conte ted%atonie de la demande e térieure, les tats mem res ont cherché ( se lancer dans unecourse ( la compétitivité par les pri . aute de pouvoir décider d%une dévaluation

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    monétaire, certains au sein de la one euro ont mené parfois sous la contrainte de la+ro_UaD des politiques de > dévaluation interne ? com inant aisse des salaires, haussedu temps de travail et coupes sociales et approfondissant la crise.

    An rance, le tournant du milieu des années 14"& a été celui du renoncement aupolitiques de relance Ueynésiennes et au plein emploi, renoncement illustré par lareprise du slogan énoncé en 14/* par le chancelier Yelmut Nchmidt $ > les profitsd’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après=demain ?. Il aaussi été celui de la montée en puissance de politiques de l%emploi donnant la priorité (un traitement démographique et compta leD du ch@mage $ développement despréretraites pour favoriser une sortie plus précoce des travailleurs vieillissant etallongement de la durée des études pour retarder l%entrée des 0eunes sur le marché dutravail et améliorer leurs chances d%insertion. Les politiques de l%emploi en plein essorse sont aussi diversifiées, alternant des mesures relevant dé0( de ce qui constitue lecOur des réformes structurelles néoli érales actuelles et des mesures qu%on pourraitqualifier de réformes structurelles de gauche, comme la réduction du temps de travail.

    insi, on trouve d s les années 14"& et 144& des mesures de fle i ilisation du marchédu travail fin de l%autorisation administrative de licenciement en 14"K, soutien audéveloppement du temps partiel, facilitation du recours au C''D, d%intéressement ( lareprise d%un emploi pour les ch@meurs possi ilité en 14"K de com iner un revenud%activité de /" heures dans le mois avec une indemnité de ch@mage, dégressivité de

    l%assurance ch@mage en 1442D, ou de aisse du co8t du travail par la réduction descotisations sociales employeurs d s 1443D.

    'ans la deu i me moitié des années 144&, les politiques de réduction de la duréecollective du temps de travail loi de #o ienD puis de réduction de la durée légale dutravail lois u ry sur les 35 heuresD ont constitué une singularité des politiques del%emploi franBaises, sans équivalent en Aurope. Ces politiques qui ont contri ué ( créerdes emplois sans dégrader la compétitivité des entreprises et ( un co8t raisonna le pourles finances pu liques Arhel, 2&&KD ont pourtant été a andonnées au dé ut des années2&&&, au profit des réformes néoli érales promues dans toute l%)nion européenne. Anmultipliant ces réformes visant notamment ( fle i iliser le marché du travail et ( réduirele co8t du travail, la rance est entrée de plain-pied dans la course européenne ( lacompétitivité et au moins disant social sans succ s.

    $. Les réformes du marché du travail ont dé%& eu lieu' sans succ(s

    Les réformes néoli érales du marché du travail, qui touchent au contrat de travail et aurelations professionnelles et qui travaillent les politiques de l%emploi, les politiques

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    sociales et les institutions de l%emploi, donnent l%image d%un mille-feuille. pparemmentanodines lorsqu%elles sont prises isolément, ces réformes convergent dans une m medirection, celle de la mise en place d%un marché du travail de moins en moins régulé parles pouvoirs pu lics et de plus en plus régi par des interventions privées, au nom de

    principes tels que la > flexicurité ?, la > dé-se mentation ? du marché du travail quidésigne ici un nivellement par le as des contrats de travailD, la >modernisation ? de laprotection sociale et du service pu lic de l%emploi ou la aisse des >char es ?patronales. utant de principes défendus par les institutions de l%)nion européenne etrepris avec le par les e perts néoli érau qui en rance écrivent l%agenda desréformes.

    :ous e aminerons ici ce mille-feuille de réformes en commenBant par celles qui ontcherché ( fle i iliser les contrats de travail et ( laisser plus de place ( la négociationcollective 1D. Ansuite, nous analyserons les réformes dites >d’activation ? visant ( agirsur l%offre de travail pour remettre les ch@meurs en emploi 2D et celles misant sur lademande de travail et sur la compétitivité des entreprises par la réduction du co8t dutravail pour les employeurs 3D. Cet e amen montrera que les réformes néoli érales nesont ni des instruments efficaces ni des instruments pertinents de lutte contre lech@mage. Alles secr tent des fruits amers $ précarisation des emplois, appauvrissementdes ch@meurs et des allocataires de minima sociau , fragilisation du financement de laprotection sociale.

    Flexi*ilisation des contrats de travail et remise en cause de la hiérarchie des normes

    orce est de constater que le code du travail n%a pas été gravé dans le mar re. :onseulement il a été réécrit plusieurs fois depuis son origine entre 141& et 142/

    notamment en 14/3 et en 2&&/-2&&"D mais il a contin8ment évolué sous l%influence deschangements de la législation les lois urou de 14"2 ont conduit ( revoir plus de 3&&articles du code de 14/3D ou de la négociation collective les accords nationauinterprofessionnels, comme l% :I du 11 0anvier 2&13D.

    Le code du travail est ien une mati re vivante, il a été souvent réformé en lien avec lanégociation collective et les demandes des organisations patronales et des syndicats desalariés. Fais en période de ch@mage massif, comme c%est le cas en rance depuis lesannées 14"&, le patronat s%est trouvé en position de force dans les négociations pourréclamer et o tenir des réformes ( son avantage. 'e fait, ces trente derni res années,le droit du travail a été réformé et s%est comple ifié avant tout pour satisfaire ( desdemandes patronales. Il a surtout remis en cause des protections qui avaient étéaccordées au salariés pour contre alancer leur su ordination ( l%autorité de

    l%employeur. La mise en place et l%assouplissement des régimes dérogatoires sur les

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    contrats de travail atypiques intérim, C'', travailleurs détachés, etc.D ou sur lafle i ilité du temps de travail en fournissent de onnes illustrations. vec le Contratnouvelles em auches mis en place en 2&&5, le patronat avait m me réussi ( o tenir uncontrat de travail 0ugé ensuite non conforme au droit international par l%=rganisation

    internationale du travail du fait de sa période d%essai de deu ans permettant unlicenciement sans cause réelle et sérieuseD. Ce contrat a finalement été a rogé en 2&&".

    u total, les multiples dérogations demandées et o tenues par le patronat sont (l%origine d%une tr s grande part de la comple ité actuelle du code du travail et de sonLivre 2D. 9our reprendre les termes de \érard iloche, on pourrait dire que > laséparation du +edef et de l’@tat est donc la première des conditions à l’obtention d’uncode du travail et d’un code de la sécurité sociale qui ne soient ni obèses, ni obscurs, niinquiétants ?1" P

    Vuels sont les effets de ces réformes L%un des arguments mo ilisé par des économistesnéoli érau est qu6il e isterait une relation positive entre le niveau de la législationprotectrice de l%emploi14 et celui du ch@mage. utrement dit, la législation protégeantles salariés détruirait des emplois, et la détricoter en créerait. =n ne dispose pasd%évaluation de l%impact sur l%emploi des réformes franBaises qui ont contri ué (fle i iliser les contrats de travail, mais les études comparatives menées, y compris parles institutions ( la pointe du néoli éralisme comme l%=C'A, ne permettent pas demettre en évidence un effet énéfique. An 144*, l%=C'A plaidait dans ses >7erspectives

    de l’emploi ? pour la mise en place de réformes structurelles, un mot dou pour parlerde l%assouplissement du droit du travail en mati re d%em auche et de licenciement. 'ians plus tard, l%institution était plus nuancée, constatant que si les indicateurs deprotection de l%emploi s6étaient >améliorés ? le niveau de protection s%étant réduitDdans la plupart des pays, il n%était possi le d%en inférer aucun effet sur le niveau duch@mage $ >il est encore difficile de déterminer si les réformes structurelles ont induitune ré ression durable du chôma e ?2&. C%est dire si le niveau du ch@mage et lescréations d%emploi dépendent d%autres facteurs que du droit du travail P

    Cette conclusion de l%=C'A peut se lire comme un aveu d%échec. Les réformes réduisantla protection des salariés n%ont pas induit de régression du ch@mage. 9ourquoi

    u0ourd%hui, il est clair que le ch@mage est d%a ord alimenté par la récession et par les

    1" Xoir le illet de son log intitulé > Le code du travail = se, o scur, inquiétant ? en réponse ( FF.7adinter et Lyon-CaenD ? 1er 0uillet 2&15.14 Xoir #aphabl 'almasso 2&1*D et +hierry !irat 2&&/D pour une analyse critique des indicateurs de lalégislation protectrice de l%emploi.2& =C'A 2&&*D,7erspectives de l’emploi , Introduction.

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    politiques d6austérité qui réduisent le pouvoir d%achat des populations et vident lescarnets de commande des entreprises. Vuant au conséquences de la déréglementationde l%emploi, elles sont dé0( tr s visi les. '%une part, celle-ci a contri ué ( la lente montéede la précarité qui touche au0ourd%hui plus particuli rement certaines catégories de

    salariés, notamment les 0eunes de 15 ( 2* ans en rance, moins de la moitié de ceuqui sont en emploi ont un C'ID, et les femmes 3&^ des femmes en emploi travaillent (temps partielD. '%autre part, elle incite les entreprises ( ne s%a0uster au évolutions del%activité économique que sur un registre quantitatif, celui de la fle i ilité e terne, en 0ouant sur les flu d%em auche et de licenciement. Cela se fait au détriment d%autresmodes d%adaptation relevant de l%innovation ou de la fle i ilité interne et mo ilisant desstratégies de plus long terme $ montée en gamme, formation des salariés, valorisationde leurs savoir-faire, réduction du temps de travail, ch@mage partiel, etc!. =r ces

    derniers modes d%a0ustement sont essentiels ( la compétitivité économique. C%est ienune stratégie de fle i ilité interne et non les réformes Yart D qui a permis ( l% llemagned%éviter une forte montée du ch@mage lors de la récession de 2&&" et de conserverune main-d%Ouvre opérationnelle autorisant la reprise rapide de l%activité d s que lese portations sont reparties 'uval, 2&13 R Lehndorff, ed. 2&12, 2&15D. An revanche, lesréformes italiennes de li éralisation du marché du travail ont incité les entreprises ( desa0ustements privilégiant la aisse des co8ts ( l%investissement dans l%innovation, ce quia conduit ( une stagnation de la productivité et ( une perte de compétitivité ana,

    \uarascio, Cirillo, 2&15D.9ourtant, les tenants des réformes néoli érales continuent ( réclamer davantage defle i ilité. Considérant que le code du travail ne se transforme pas asse vite et resteune source de > rigidités ? sur le marché du travail, ils demandent qu%il soit réduit au> grands principes ? 7adinter et Lyon-Caen, 2&15D ou ( des r gles >d’ordre publicabsolu ? Cette et 7arthélémy, 2&15D. Il s%agit ici de laisser une plus grande place ( lanégociation en allant tou0ours plus loin dans la remise en cause des protections dessalariés, de la hiérarchie des normes et du principe de faveur. Cette remise en cause

    n%est pas une nouveauté. Nans entrer dans une description détaillée des réformestouchant au droit du travail, on peut noter qu%elle est ien entamée depuis les années14"&, des lois urou de 14"2 ( la loi illon de 2&&* en passant par les lois u ry de144" et 2&&& +a leau 2 en anne eD.

    Nouvent présentées comme favorisant des accords donnant-donnant au niveauinterprofessionnel, au niveau des ranches ou de l%entreprise, les réformes du droit dutravail ont ouvert la voie ( une précarisation accrue des salariés. +el accord ou telle loia réaffirmé la primauté du C'I mais en étendant les possi ilités de recours au C''

    d%usage et en instaurant une nouvelle modalité de rupture > rupture conventionnelle ?D

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    du contrat de travail :I du 11 0anvier 2&&" et loi du 25 0uin 2&&" > portantmodernisation du marché du travail ?D, qui a de fait considéra lement > fle i ilisé ? lesC'I 21. +el autre a renforcé les droits individuels et leur porta ilité mais en introduisantplus de fle i ilité au nom de la compétitivité :I du 11 0anvier 2&13, traduit dans la mal

    nommée loi du 1* 0uin 2&13 relative ( la sécurisation de l%emploiD. Loin de renforcer ler@le des salariés dans le dialogue social, ces réformes l%ont affai li, ( l%image de la loiFacron du K ao8t 2&15 qui remet en cause le r@le des 9rud%hommes. u total, lesréformes ont ainsi tr s sensi lement accru la fle i ilité de l%emploi, avec parfois demodestes et incertaines contreparties s%agissant de la sécurisation des salariés.

    aut-il aller plus loin en donnant plus de place au négociations d%entreprises Celles-cipeuvent tre utiles pour s%entendre de mani re concr te sur l%organisation du travail.Fais si elles portent sur les salaires et le temps de travail en étant dérogatoires ( la loi,du fait de la position de fai lesse des salariés dans la négociation, elles risquent deconduire ( des accords en leur défaveur. Vuant au créations d%emploi ( en attendre,les accords de maintien de l%emploi mis en place par la loi dite de sécurisation de l%emploidu 1* 0uin 2&13 sont un cas d%école. La loi prévoit que les entreprises en difficultépuissent négocier et signer un accord pour réduire temporairement le temps de travailet les salaires. Ces accords ont été un flop $ seulement une di aine a été signée. Lesemplois dont on nous promettait la sauvegarde n%ont évidemment pas été au rende -vous.

    Le législateur légitime depuis longtemps la production de normes ( tous les niveau , ycompris celui de l%entreprise. La négociation d%entreprise a deu caractéristiques $ c%estune pratique de grandes entreprises et elle induit au sein d%un m me > métier ? untraitement différencié des salariés. Comme le montrent les chiffres du minist re dutravail 'ares, 2&1*D, si pr s de 45 ^ des entreprises de plus de 5&& salariés négocientau moins une fois dans l%année, c%est le cas de seulement " ^ de celles de moins de *4salariés ; oE travaillent plus de *& ^ des salariés. La régulation au niveau de la ranchepermet de contre alancer ce déséquili re $ en régulant les relations professionnelles auniveau du > métier ?, elle en fait énéficier l%ensem le des salariés de la ranche. Cettepratique de négociation de ranche, si elle a été encadrée par le législateur, a une 0ustification économique qui est, en se donnant des r gles de fonctionnement propres

    21 )n rapport récent du Centre d%études de l%emploi 'almasso et al! 2&1KD montre ( quel point lesruptures conventionnelles, qui rencontrent un grand succ s, facilitent les ruptures de contrats de travailen C'I.

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    ( une communauté de métier, d%emp cher que la concurrence ne soit faussée par desr gles sociales qui ne s%appliqueraient pas ( toutes les entreprises.

    9rivilégier la négociation d%entreprise ; c%est le cas depuis plusieurs années sur uncertain nom re de th mes comme le temps de travail, l%épargne salariale, mais aussil%égalité entre les femmes et les hommes ; c%est prendre le risque d%accentuer un régime( deu vitesses, entre d%un c@té des grandes entreprises en mesure d%accorder des droitssupplémentaires ( leurs salariés et de l%autre des petites entreprises relevant du droitcommun. 9our faciliter la négociation d%entreprise au sein des petits éta lissements oEles délégués syndicau sont peu ou pas présents, le législateur a ouvert la possi ilité denégociations atypiques, en mo ilisant par e emple des élus du personnel ou enproposant des pratiques référendaires. Fais une étude récente rance stratégie, 2&1*Da mis en évidence le fai le recours ( ces négociations dérogatoires.

    9romouvoir la négociation d%entreprise nécessiterait un travail préala le de réfle ionsur les transformations du pouvoir économique, sur les lieu de décision le groupe leterritoire D. Q occulter cette question, on court le risque de créer les conditions d%unenégociation formelle qui transforme le dialogue social en une > autoré lementation patronale ? Nupiot, 144*, p. 1/5D. Fiser sur la négociation collective au niveau des

    ranches ou des entreprises dans le conte te franBais des relations professionnelles,c%est mettre la charrue avant les Oufs $ ce n%est pas comme s%il e istait en rance unecodétermination dans les entreprises, comme c%est le cas en llemagne par e emple oEla négociation collective 0oue un plus grand r@le.

    Activation des "oliti ues de l-em"loi et des "oliti ues sociales

    )ne deu i me tendance des réformes du marché du travail en rance est celle del6activation des ch@meurs et des allocataires de minima sociau . 'epuis les années 14"&,et plus encore depuis la fin des années 144& sous l6influence de la stratégie européennepour l6emploi, on a assisté ( une série de réformes ayant pour o 0ectif affiché de rendrela protection sociale plus favora le ( l6emploi. L6idée qui sous-tend ces réformes est qu6il

    vaut mieu que les dépenses pu liques soutiennent une personne qui travaille plut@tqu6une personne qui ne travaille pas.

    'ans les années 14"&, cette idée s6est surtout traduite par la recherche d6une activationdes seules dépenses pour l6emploi, consistant ( en consacrer une plus grande part aumesures dites > actives ? emplois aidés, formationsD tout en réduisant la part desdépenses d6indemnisation du ch@mage dites > passives ?D. Q partir des années 144&,l6activation s6est concentrée sur les demandeurs d6emploi, c6est ( dire sur l6offre detravail. Alle a d6a ord donné lieu ( une série de reformatages des allocations de ch@mage

    afin de renforcer les incitations ( reprendre un emploi. Alle s6est ensuite étendue dans

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    les années 2&&& ( tous les adultes en [ge de travailler tout en faisant reculer l%[ge actifD $femmes, travailleurs vieillissant > seniors ?D, et allocataires de minima sociau . Anfin,elle a mo ilisé une > modernisation ? du service pu lic de l6emploi, l%appelant ( seréformer pour mener une politique dite > préventive ?, passant notamment par

    un accompagnement systématique des ch@meurs et des allocataires de minima sociaupour favoriser leur retour ( l6emploi.

    Cette tendance ( l%activation s6est déroulée en rance comme en Aurope dans un climatd%urgence ( réformer. ' s les années 14"&, la montée du ch@mage a mis les comptessociau , notamment celui de l6assurance ch@mage géré par l6)nedic, dans le rouge,conduisant ( un durcissement des r gles d%indemnisation. 'ans ce conte te, qui étaitaussi celui d%une lente montée des emplois atypiques, permettre au demandeursd6emploi de com iner plus facilement leurs indemnités de ch@mage avec un revenud6activité cette activité fut-elle un petit oulotD, est apparu comme offrant desperspectives de rationalisation des dépenses d6indemnisation. Cette possi ilité quie istait ( titre dérogatoire et sur autorisation d%une commission paritaireD d s l6originede l6assurance ch@mage a été étendue en 14"K $ les demandeurs d6emploi travaillant auplus /" heures dans le mois ont été autorisés ( com iner un revenu d6activité souventun emploi ( temps partiel ou de courte duréeD avec leurs indemnités de ch@mage. Lesr gles de cumul n6ont cessé d6 tre modifiées au fil du temps, généralement dans le sensd6un assouplissement plut@t que l6inverse $ rel vement du seuil horaire ou du seuil de

    rémunération permettant le cumul, etc. voir +a leau 3 en anne eD. =n a ainsi assisté (l%institutionnalisation de situations intermédiaires entre l%emploi et le ch@mage, lesdemandeurs d%emploi devenant plus nom reu ( effectuer une activité précaire tout enpercevant des indemnités de ch@mage.

    Q partir des années 144&, les politiques d%activation ont changé de forme, passant d%uneactivation des dépenses ( une activation des personnes d%[ge actif, avec des discours etdes dispositifs tendant ( faire de ces personnes les responsa les de leur situation et deleur retour ( l%emploi. L%activation des demandeurs d6emploi a en ainsi été soutenue parun discours présentant l%indemnisation du ch@mage comme porteuse du risque dedécourager l%emploi, de piéger les ch@meurs dans le ch@mage. La montée du ch@magea alors été présentée non comme la raison d6 tre de la protection sociale mais commesa conséquence. At les mesures d6incitation ( l6emploi sont devenues l%alpha et l%omégade la lutte contre le ch@mage.

    L%idée qu%il fallait inciter économiquement les demandeurs d%emploi ( reprendre unemploi a été avancée ( l%appui de la transformation en 1442 de l6 llocation de ase del6assurance ch@mage 7D en une llocation unique dégressive )'D, la dégressivité

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    réduction par palier tous les quatre moisD des allocations étant censée pousser lesch@meurs indemnisés ( rechercher plus rapidement un emploi. Cette réforme atoutefois vraisem la lement été décidée avant tout pour réta lir l6équili re descomptes de l6)nedic, en quoi elle s6est avérée tre un succ s, davantage que dans la

    lutte contre le ch@mage ; sur lequel elle n%a pas eu d%effet22. An 2&&1, l6 )' a étéremplacée par l6 llocation de retour ( l6emploi #AD mettant fin ( la dégressivité. Cechangement n6a pas marqué la fin de l6activation des demandeurs d6emploi, ien aucontraire, la contrepartie de la fin de la dégressivité étant un renforcement del6activation sous la forme d6un accompagnement systématique et o ligatoire versl6emploi dans le cadre du 9lan d6aide au retour ( l6emploi 9 #AD. 'écidé dans unconte te de croissance, cet accompagnement devait amener les demandeurs d6emploi( accepter des emplois dans les secteurs en tension le patronat parlant ( l6époque de

    > pénuries de main-d%Ouvre ?D. Fis en Ouvre en période de ralentissementéconomique, le 9 #A n6a pas plus que l% )' constitué un succ s dans la lutte contre lech@mage. An effet, si l%accompagnement personnalisé des demandeurs d%emploi peutfavoriser l%insertion ( court terme de ceu qui en énéficient, sa généralisation se traduitsurtout par des > effets d%éviction ? les demandeurs d%emploi accompagnés o tiennentun emploi les premiers, au détriment de ceu qui ne le sont pasD R il n%a pas d%effet sur levolume glo al des emplois 7ehagelet al!, 2&13D.

    Q la fin des années 144& et au dé ut des années 2&&&, l6activation s6est étendue au

    femmes, au > seniors ? et au allocataires de minima sociau ces derniers n%étaientpas 0usqu6alors considérés comme des demandeurs d6emploiD. Comme l6indemnisationdu ch@mage, les minima sociau ont été soupBonnés d6e ercer un effet désincitatif auretour ( l6emploi et d6enfermer leurs allocataires dans l6assistance sans les sortir de lapauvreté ; ( tort Ma0dela, 2&&4D. Les mécanismes d%intéressement au retour ( l%emploiont ainsi été renforcés pour l6 llocation spécifique de solidarité NND qui indemnise souscondition des demandeurs d%emploi ayant épuisé leur droit ( l6assurance ch@mage, le#evenu minimum d6insertion #FID et l6 llocation de parent isolé 9ID. La création

    #evenu de solidarité active #N D qui a remplacé le #FI et l6 9I en 0uin 2&&4 marque lepoint culminant de cette tendance $ le dispositif incitatif le #N activitéD a été reformatéafin que chaque heure travaillée rapporte, un accompagnement systématique desallocataires en dessous d6un certain seuil de revenu d6activité a été mis en place, et le

    22 'ormont et al! 2&&1D ont m me estimé que la mise en place de l% )' avait ralenti le retour ( l%emploi,surtout pour les plus qualifiés. 9our ces demandeurs d%emploi qui ont moins de difficulté ( retrouver unemploi, le syst me précédent provoquait une perte importante de revenu apr s un an et se traduisait parun pic de retour ( l%emploi. vec l% )', la aisse progressive de leur revenu de remplacement a supprimécet effet. L%effet de l% )' a été glo alement ( l%opposé de celui recherché.

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    #N activité a été étendu au travailleurs pauvres. Comme l6ont montré les évaluationsdu #N , le dispositif n6a eu aucun impact sur le tau glo al de retour ( l6emploi desallocataires et pratiquement aucun effet sur la pauvreté 7ourguignon, dir. 2&11, Aydouet \omel, coord. 2&1*D.

    Cette stratégie d%activation s%est appuyée sur le service pu lic de l%emploi chargé de lamettre en Ouvre. An rance comme dans de nom reu pays d%Aurope van 7erUelet al!,2&11, Aydou , 7éraud, 2&11D, elle a mo ilisé une e ternalisation des services vers unegamme variée d%intermédiaires associatifs ou privés, transformant la nature du servicepu lic de l%emploi pr s qu%une série de rapports pu lics Farim ert, 2&&* R 7almary,2&&* R Cahuc et !ramart , 2&&5 R 7oulanger, 2&&" Retc.D ait souligné la sa comple ité etait préconisé une > modernisation ? pour améliorer ses performances.

    Ces réformes les principales sont résumées dans le +a leau * en anne eD dont l%o 0ectifest d%améliorer l%efficacité du service pu lic de l%emploi dans la lutte contre le ch@mageont été dans plusieurs directions $ décentralisation des compétences et des politiquesvers les régions et les départements, développement de politiques de la performance etd%un nouveau management pu lic, e ternalisation des services vers des opérateursprivés mis en concurrence, et développement de partenariats, de rapprochement ou defusions entre intermédiaires de l%emploi ; la fusion de l% :9A et des ssedics en 2&&4en étant une illustration. Les rares évaluations de ces réformes en ont montré les fai lesrésultats $ elles ont manifestement eu peu d%effet sur le niveau du ch@mage. insi, ladécentralisation des politiques d%insertion des allocataires du #FI en 2&&*, puis du #Nen 2&&4, n%a pas donné lieu ( une dotation suffisante des départements pourdévelopper les politiques d%insertion dans un conte te de crise. 'e la m me mani re,l%arrivée en force d%opérateurs privés dans le service pu lic de l%emploi n%a pas amélioréla qualité du service au demandeurs d%emploi, au contraire puisque les évaluations ontmontré que l%opérateur pu lic l% :9A, au0ourd%hui 9@le emploiD faisait mieu que leprivé 7éhagelet al! 2&&4, 'ivay, 2&&4D. Vuant ( la fusion de l% :9A et des ssedic, seseffets sont difficiles ( apprécier. Les o 0ectifs de la réforme étaient de faciliter lesdémarches des demandeurs d%emploi et d%accro tre la capacité de 9@le emploi (accompagner les demandeurs d%emploi. vec un recul de quelques années, il appara tque les difficultés mal anticipéesD de la réorganisation se sont con0uguées ( la crise et (la hausse du nom re des demandeurs d%emploi ( accompagner pour emp cherl%atteinte de cet o 0ectif Aydou , 7éraud, 2&11D.

    u total, la stratégie d6activation a largement reposé sur une politique visant ( stimulerl6offre de travail des demandeurs d%emploi et des allocataires de minima sociau par lesincitations monétaires ( l6emploi et par un accompagnement renforcé. Alle ne s6est

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    gu re accompagnée d6une politique de stimulation de la demande de travail visant (favoriser les créations d6emploi, si ce n6est au moment des trente-cinq heures. Le volantdes emplois aidés disponi les pour répondre ( cette politique d6activation despersonnes privées d6emploi n6a 0amais été ( la hauteur de leurs esoins d6emploi.

    Comme l6ont montré les différentes évaluations, cette stratégie n6a pas porté ses fruitsdans la lutte contre le ch@mage. Alle n%a pas non plus permis de réduire l%e position ( lapauvreté des demandeurs d%emploi et des allocataires de minima sociau , au contraire,puisque l%évolution de leurs allocations n%a suivi ni celle du salaire minimum le NmicD, nicelle du revenu médian. An revanche, elle a sans doute o tenu de meilleurs résultatsdans la ma trise des co8ts de la protection sociale des personnes privées d6emploi, lesréformes s6affichant souvent ( co8t constant réforme #N en 2&&4, 9rime d6activité en2&1KD. Le choi de calquer la nouvelle 9rime d6activité sur le mod le du #N activitéplut@t que d%un crédit d%imp@t comme la 99A traduit ien cette préférence dulégislateur $ un droit quéra le faisant l%o 0et d%un important non-recours a été choisi, aumotif qu6un crédit d6imp@t aurait été trop co8teu pour les finances pu liques. 'u pointde vue du retour ( l6emploi comme de la lutte contre la pauvreté, les résultats de lastratégie d%activation sont aussi décevants en rance que dans le reste de l%)nioneuropéenne Cantillon, 2&1&D.

    .aisse du co/t du travail

    Les réformes structurelles du marché du travail en rance ont enfin recherché une aissedu co8t du travail. Cela s%est traduit par une tendance de long terme ( la > modérationsalariale ?, et par le développement des e onérations de cotisations socialesemployeurs23.

    An rance, oE les cotisations sociales sont la source principale du financement de laprotection sociale, il e iste un dé at récurrent sur le caract re trop élevé du salaireminimum et sur la lourdeur des > charges ? sociales pesant sur les entreprises. 'euarguments sont fréquemment avancés contre le Nmic et les cotisations sociales. Le

    premier est qu6en renchérissant le co8t du travail, notamment pour les as salaires, leNmic et les cotisations dissuaderaient les employeurs d6em aucher une main-d6Ouvrenon qualifiée devenue trop ch re. Le second est que Nmic et cotisations constitueraientun désavantage compétitif par rapport au pays n%ayant pas de salaire minimum ou unsalaire minimum plus fai leD etGou par rapport ( ceu qui financent leur protectionsociale autrement que par les cotisations ou dépensent moins pour leur protection

    23 :ous avons dé0( présenté une note des conomistes atterrés ( ce su0et Aydou , Fath, NterdyniaU,2&1*D, dont nous reprenons ici certains des arguments.

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    socialeD. lors que la dévaluation monétaire est devenue impossi le dans les pays de laone euro, les entreprises franBaises seraient en difficulté dans la concurrence mondiale

    du fait d%un Nmic et de > charges ? sociales trop élevés.

    N%agissant des salaires, un dé at a eu lieu en rance sur le lien entre l%évolution du salaireminimum et de l%emploi. 'eu économistes néoli érau ont ainsi avancé qu%une haussedu Nmic ( hauteur de 1^ > détruit ou emp che la création de 3& &&& ( *& &&& emplois ?

    Cahuc et Carcillo, 2&12D. Ni ce chiffre était fondé, on imagine ien l%effet délét requ%auraient pu avoir les revalorisations réguli res du salaire minimum franBais surl%emploi. Fais, m me en cherchant ien, il n%est pas possi le de lui trouver unfondement solide dans la littérature économique Yusson, 2&1KD. Ampiriquement, onn%o serve pas un tel effet du salaire minimum. u #oyaume-)ni, l%instauration d%unsalaire minimum en 1444 n%a pas détruit d%emplois. An llemagne oE un salaireminimum légal a été mis en place en 0anvier 2&15, avec une revalorisation sensi le des

    as salaires, des dé ats ont ien eu lieu autour d%éventuels effets négatifs sur l%emploi Rmais de tels effets n%ont pas été o servés. u contraire, la revalorisation des as salairescontri ue dans ce pays ( soutenir la demande intérieure.

    An rance, oE la progression des salaires a été ralentie sur le long terme Yusson, 2&12D,il est difficile de défendre politiquement le gel ou la aisse du Nmic. La aisse descotisations sociales a été envisagée comme une solution pour stimuler la compétitivitéet l6emploi sans agir directement sur les salaires, et m me, selon certains, sans nuire aupouvoir d%achat des salariés. At les entreprises ont o tenu d%importantes réductions de> charges ?, tant sociales cotisationsD que fiscales imp@ts sur les sociétésD ; en rancecomme d%ailleurs dans d%autres pays d%Aurope.

    La rance m ne depuis plus de vingt ans des politiques de aisse des cotisations socialesemployeurs voir +a leau 5 en anne eD, dont le poids dans la valeur a0outée des sociétésa aissé de 1",2 ^ en 1442 ( 1K,/ ^ en 2&12.

    Le premier dispositif d6e onération sur les as salaires a été créé en 0uillet 1443. Il

    prévoyait alors une e onération des cotisations familiales employeurs, totale pour lessalaires allant 0usqu6( 1,1 Nmic et de moitié entre 1,1 et 1,2 Nmic. Il a été peu ( peu élargi( des salaires de plus en plus élevés avant d6 tre remplacé en 2&&3 par le dispositif ditd6all gements > illon ?. Antre temps, les lois de #o ien 144KD et u ry 144" et 2&&&Dsur la réduction du temps de travail avaient prévu des aisses de cotisations socialesréservées au entreprises ayant mis en place la réduction du temps de travail. Ledispositif illon de 2&&3 a étendu les e onérations conditionnelles des lois u ry (toutes les entreprises, qu6elles soient ou non passées ( 35 heures. 'ans ce dernier

    dispositif, les salaires versés inférieurs ( 1,K fois le Nmic ouvraient droit ( des

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    e onérations de cotisations employeurs famille, mais aussi maladie, maternité,invalidité, vieillesse et déc s. Les entreprises de plus de 2& salariés énéficiaient d6unee onération correspondant ( 2K ^ du salaire rut, augmenté ( 2",1 ^ pour lesentreprises de moins de 2& salariés. Nuite au rapport \allois 2&12D préconisant une

    politique plus active de réduction du co8t du travail au nom de la compétitivité, ce seuila été étendu en 0anvier 2&13, dans le cadre du Crédit d6imp@t pour la compétitivité etl6emploi CICAD, ( des salaires plus élevés, 0usqu%( 2,5 fois le Nmic il concernerait ainsi"& ^ des salariésD. Le 9acte de responsa ilité a ensuite prévu une aisse de 1," pointsdes cotisations famille employeurs 0usqu%( 3,5 Nmic.

    u total, les e onérations de cotisations sociales employeurs, a0outées au autresaisses de > charges ?, représentent des montants considéra les. pr s les 22 milliards

    d%e onérations de cotisations employeurs par an pour l%année 2&1&D issus del6empilement des dispositifs des années 144& et 2&&&, les K milliards du Crédit imp@t-recherche CI#, un dispositif créé dans les années 14"& et progressivement étenduD, lesK milliards de aisse de la ta e professionnelle, les entreprises ont o tenu, suite aurapport \allois 2&12D, la mise en place du CICA qui devait leur rapporter 2& milliardsd6euros par an en année pleine, puis celle du 9acte de responsa ilité qui devait y a0outer1& milliards d6euros par an.

    Les évaluations de ces dispositifs de aisse des cotisations montrent des résultatsdécevants. Alles divergent dans leurs méthodes et hypoth ses d%estimation, et ontdonné lieu ( des résultats contrastés. insi, les évaluations du dispositif de 1443 oscillententre une estimation haute de *K& &&& emplois créés ou sauvegardés en 5 ans, dont22& &&& emplois peu qualifiés et 2*& &&& emplois qualifiés Crépon et 'esplat 2&&1D,et une estimation asse de 15& &&& emplois créés ou sauvegardés en faisant l6hypoth sed6un effet de su stitution plus important entre le travail qualifié et le travail non qualifié

    \afsi et al! 2&&*D. Les évaluations des effets du dispositif > illon ? de 2&&3 donnent desrésultats tout aussi contrastés. lors que les premi res évaluations estimaient le volumed6emplois créés ou sauvegardés en 5 ans entre *&& &&& et