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La perspective ethnosociologique prend acte de cette diversité, et propose une mode d’enquête empirique adaptée à la saisie des logiques propres à tel ou tel monde social, ou a telle ou telle catégorie de situation. Elle répond ainsi –je n’ai le compris que récemment- à la demande sociale croissante de connaissances sociographiques et sociologuques sur de tels <<objet>>. (17) Les mondes sociaux… Un monde social se construit autour d’un type spécifique d’activité. La boulangerie artesanale, la batellerie, le taxi, le transport routier, la production et la vente de maisons individuelles, la Poste, la SNCF, la police, l’enseignement primaire, le journalisme, la télévision, tel ou tel monde de l’art (la peinture, la littérature) constituent autant d’exemples de mondes sociaux centrés sur une activité professionnelle. Mais des mondes sociaux se développent également autour d’activités non rémunérées, qu’elles soient culturelles, sportives, associatives ou autres. Au sein du macrocosme que constitue la societé globale, les mondes sociaux constituent en quelque sorte des mésocosmes dont chacun est luimême constitué de nombreux microcosmes : boulangeries, écoles primaires, comissariats, bureaux de poste, consultations, de Protection maternelle et infantile. L’hypothèse centrale de la perspective ethnosociologique est que les logiques qui régissent l’ensemble d’un monde social ou mésocosme sont également à Les catégories de situation Un deuxième type d’objet social à l’étude duquel l’approche ethnosociologique est parfaitment adaptée, c’est ce que nous appellerons des <<catégories de situation>>. Mères élevant seules leurs enfants, pères divorcés, agriculteurs célibataires, jeunes peu diplômés en recherche d’emploi ; toxicomanes, handicapés physiques ou mantaux, personnes atteintes d’une maladie chronique ; chômeurs de longue durée, personnes sans domicile, étrangers en situation irrégulière constituent aux yeux de

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La perspective ethnosociologique prend acte de cette diversité, et propose une mode d’enquête empirique adaptée à la saisie des logiques propres à tel ou tel monde social, ou a telle ou telle catégorie de situation. Elle répond ainsi –je n’ai le compris que récemment- à la demande sociale croissante de connaissances sociographiques et sociologuques sur de tels <<objet>>. (17)

Les mondes sociaux…

Un monde social se construit autour d’un type spécifique d’activité. La boulangerie artesanale, la batellerie, le taxi, le transport routier, la production et la vente de maisons individuelles, la Poste, la SNCF, la police, l’enseignement primaire, le journalisme, la télévision, tel ou tel monde de l’art (la peinture, la littérature) constituent autant d’exemples de mondes sociaux centrés sur une activité professionnelle. Mais des mondes sociaux se développent également autour d’activités non rémunérées, qu’elles soient culturelles, sportives, associatives ou autres.

Au sein du macrocosme que constitue la societé globale, les mondes sociaux constituent en quelque sorte des mésocosmes dont chacun est luimême constitué de nombreux microcosmes : boulangeries, écoles primaires, comissariats, bureaux de poste, consultations, de Protection maternelle et infantile.

L’hypothèse centrale de la perspective ethnosociologique est que les logiques qui régissent l’ensemble d’un monde social ou mésocosme sont également à

Les catégories de situation

Un deuxième type d’objet social à l’étude duquel l’approche ethnosociologique est parfaitment adaptée, c’est ce que nous appellerons des <<catégories de situation>>. Mères élevant seules leurs enfants, pères divorcés, agriculteurs célibataires, jeunes peu diplômés en recherche d’emploi ; toxicomanes, handicapés physiques ou mantaux, personnes atteintes d’une maladie chronique ; chômeurs de longue durée, personnes sans domicile, étrangers en situation irrégulière constituent aux yeux de l’administration et/ou du sens commun autant de catégories présentant des caractéristiques spécifiques. Et il y a beaucoup d’autres.

Une <<situation sociale>> particulière n’implique pas nécessairement la formation d’un monde social : les mères élevant seules leurs enfants n’ont pas d’activité commune, pas plus que les chôneurs de longue durée ou les malades chroniques. C’est la situation sociale elle-même qui leur est commune. Cette situation est sociale dans la mesure où elle engendre, pour toutes celles et ceux qui s’y (re)trouvent, plus ou moins les mêmes contraintes, les mêmes tensions, ñes mêmes logiques (de sintuation, donc), une pression vers des logiques d’action répondant à la situation et à ses tensions. Dans la mesure aussi où elle est percue à travers un même schème discursif, souvent figée en une même <<catégorie administrative>> et traitée par une même institution (pour une enquête remarquable concertant la (catégorie de) situation de <<sans-papiers>>, voir Têtu-Delage, 2009).

Le recours aux récits de vie s’avère ici extraordinairement efficace puisque cette forme de recueil de données empiriques colle à la formation des trajectoires ; elle permet de saisir par quels

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mécanismes et processus des sujets en sont venus à se retrouver dans une situation, et notamment les tensions qui la traversent et la caractérisent ; et comment les personnes qui s’y retrouvent s’efforcent de gérer cette situation sociale, voire d’en sortir.

Les trajectoires sociales

Faut-il considérer les <<trajectoires sociales>> -ou plutôt des types de parcours biographiques- comme un troisième type d’objet social à l’étude duquel les récits de vie seraient particulièrement bien adaptés ? Il est tentant par exemple d’étudier les parcours de mobilité sociale par ce moyen. Comme c’était mon champ de recherches initial, j’ai essayé. Mais l’extraordinaire variété des parcours de vie, ainsi que le degré élevé de contingence (la main du hasard) dans la formation des parcours font de létude générale des phénomènes de mobilité sociale par le moyen d’études de cas une tâche impraticable. Les historiques de familles s’avèrent à cet égard beaucoup plus opérationnels.

Pour parvenir à généraliser dans l’étude de la formation des trajectoires biographiques il faut réduire le champ d’observation à un type particulier de parcours ou de contexte. On peut imaginer de définer une clase de trajectoires sociales en étudiant par exemple << la réussite sociale >>, ou << la chute sociale >> ; mais ce que désignent de telles expressions recouvre encore une telle variété de parcours que l’objet s’avere difficilement maîtrisable. S’il s’agit en revancha d’etudier comment on devient homme ou femme politique, infirmière, institutrice, éducateur, camionneur, informaticien, petit commercant ou artisan dans telle ou telle branche, entrepreneur du bâtiment, industriel ; ou encore toxicomane, en maladie de longue durée, ou SDF, il apparaît que ce qui donne leur cohérance à de tels objets d’étude c’est qu’ils relèvent d’un même monde social (ou pour les derniers exemples, d’une même catégorie de situation). Mais il y a des exeptions : les << immigrés >> par exemple, qui se present comme émigrants économiques ou exilés politiques voire écologiques, restent longtemps définis – aux yeux des autres et à leurs propres yeux – non pas par le monde social dans lequel ils travaillent, ni par leur situation objective (très variable), mais – justement – par leur parcours.

Para Bertaux (2010), la utilización de relatos de vida es una herramienta de gran utilidad para la recolección en campo del conocimiento empírico.