La prison à la maison ?

8/14/2019 La prison la maison ?

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Le contrLe judiciaire a t cren 1970. Prsent lpoque commeune alternative la dtention pro-visoire, il permet au juge de garderune personne sous la main de la justice en attente du procs sanspour autant remplir les prisons.Souvent prsent comme une faondchapper la prison, il permet ltat davoir le contrle sur une per-sonne suspecte. En ce sens, il cons-

titue une autre forme de sanction,qui vient sajouter lincarcrationet tend les possibilits de la justice

pour contrler et punir. En fait, lecontrle judiciaire sajoute double-ment la prison : dabord parce que,de fait, les prisons sont toujoursaussi pleines, on nenvoie pas moinsde gens en prison, ensuite parce quela priode passe sous contrle judi-ciaire nest pas comptabilise dansla condamnation (contrairement la dtention provisoire), elle sajoute la priode dincarcration.

Concrtement, le juge choisit parmiun panel de rgles et dobligations :pointages rguliers dans un com-

La prison

a la maison ?quelques notes sur le controle judiciaire...


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missariat (de une fois par mois unefois par jour), suivi social (obliga-tion de travailler ou de rechercherun emploi), interdiction de se ren-dre dans certaines parties du terri-

toire, interdiction de voir certainespersonnes, restrictions dhoraires,interdiction de quitter son domicile,obligation de soin, interdiction de sedplacer hors du cadre autoris sanslavis du juge dinstruction Toutesses rgles personnalises multiplientles raisons dtre incarcr (ou rin-

carcr) car ne pas les respecterpeut tre puni de plusieurs mois deprison. Elles sont des contraintes quiagissent sur le quotidien : une partieassure linsertion sociale , lautrela surveillance pure et simple.

Lesdispositifsvous la mise au

travail et au contrle se dveloppentsur toute la population.

La fonction sociale de la prisonest de grer la misre et dtre unrepoussoir pour tous an daccepterlexploitation. Sous couvert dobjec-tifs dinsertion, le suivi social ressem-ble bien souvent une mise au tra-

vail force. Ainsi, les dispositifs ducontrle judiciaire sont similaires ceux du contrle des chmeurs, ole moindre faux pas peut tre suividune suppression dAssedic ou aut-res allocations. Ce sont autant derendez-vous qui rappellent lordreet contraignent accepter nimportequel boulot. Bien du celui quipense y trouver une activit panou-issante, il ny trouvera que travail demerde et discipline.

LecontrLejudiciaireest toujoursun contrle des dplacements et desfrquentations, dans une dpen-dance permanente aux instances judiciaires. Les projets personnels

sont, ds lors, placs sous leur surveillance et soumis leur accord.Ainsi, dans beaucoup daffaires, desproches sont considrs comme descomplices et il est interdit de les ren-contrer, ce qui a pour consquencedisoler et de briser les liens. Parfoismme, le contrle judiciaire inter-

dit de se rendre dans le territoire deson lieu dhabitation.

Cette surveillance est facilite etrenforce par un maillage poli-cier resserr sur tout le territoire.Lensemble de la population estrgulirement contrl : la vidosur-veillance se dveloppe encore, jusquedans les rames de mtro et les hallsdimmeuble, les tlphones portablespermettent de suivre la trace et deconnatre le carnet dadresse ; dansles transports en commun la puce du pass navigo permet dobtenir desinformations sur lidentit, les droitssociaux, les stations empruntes ;sur les routes la scurit routire est

un bon prtexte aux contrles ; dansles rues les contrles au facis vont bon train. Les contrles de douanene se font plus seulement aux fron-tires mais sur tout le territoire. Lesfrontires se matrialisent chaquecontrle de papier au travers duquelcertains passent et dautre non.

en prison, les interdictions etlabsence de libert sont palpables


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chaque instant travers les murs et lesbarreaux. Avec le contrle judiciaire,chacun est somm dintrioriser lesinterdits et les obligations. A linstarde bien dautres aspects de notre

socit au premier rang desquels lesalariat, le contrle judiciaire par-ticipe de cette intriorisation de larsignation, de cette auto-disciplinequi doit faire accepter chacun derester sa place et de ne pas faire devagues. Ceci a pour objectif de neu-traliser toute volont dmancipation

et de rvolte face au fonctionnementde cette socit. Les assignations rsidence et les interdictions derencontrer des proches favorisentlisolement, le repli sur soi et la limi-tation des dplacements au trajetdomicile/travail, ce qui reprsentepour le pouvoir le mode de vie idalpour contrler et grer la population.

commefacetoutemesure visant soumettre et contrler chacun, quece soit dans les transports, au travail ou la CAF, il existe de multiples formesde rsistances et de contournementsdes mesures du contrle judiciaire.Toutes sortes darrangements, demagouilles et desquives permettent dene pas se soumettre en permanence,de continuer vivre et donnent pleinsde raisons de ne pas se rsigner.Dans chaque procd de contrle, ily a toujours des failles et ce nest paslaccumulation de ces mesures coer-citives qui entameront la dtermina-

tion lutter pour une socit librede lexploitation et de lenfermement.

La personne mise en examen sera

astreinte se soumettre aux obliga-tions suivantes :

Art. 138 1 - Ne pas sortir sans auto-risation pralable des limites territori-ales suivantes : ...

Art. 138 2 - Ne pas sabsenter de sondomicile ou de sa rsidence quauxconditions ou pour les motifs suiv-

ants : pour lexcution de son activitprofessionnelle, se rendre chez sonconseil, rpondre aux convocationsde lautorit judiciaire et des servicesdsigns dans la prsente ordon-nance.

Art. 138 5 - Se prsenter une fois parsemaine au Service de lExcution des

Dcisions de Justice.Art. 138 6 - Rpondre aux convo-cations de lautorit judiciaire et dela personne dsigne ci-dessous :Service du contrle judiciaire,

Justier de ses activits profession-nelles ou son assiduit un enseigne-ment, un rapport trimestriel nous sera

adress.Art. 138 7 - Remettre les documents justicatifs de son identit suivants

au greffe du juge dinstruction, enchange dun rcpiss valant justi-catif didentit : sa carte didentit etson passeport.

Art. 138 9 - Sabstenir de recevoir,

rencontrer ou dentrer en relationde quelque faon que ce soit avec lespersonnes suivantes : x, y & z

ContrlejudiCiairedunepersonnemiseenexamen :

queLquesexempLesdeLtenduedespossibiLitsdastreintes...


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Paris. Cest la veille du jour o je pensais voir mon contrle judiciaire (CJ)descendre dun cran, important, celui de lassignation rsidence, que jaiappris que des rapports de police bidonns me signalaient des manifs etrassemblements de solidarit avec Farid (surnom), rincarcr depuis hiermercredi 11 la Sant. Les procureurs voulaient nous voir enferms tout

comme la juge dinstruction qui nous avait promis la taule la prochaineinfraction de CJ. Jai choisi de leur chapper.

Que dire de cet acharnement, sinon que le CJ au-del de tenir dispositionde la Justice, leur permet de sanctionner bien au-del des faits jusqu nosattitudes. Et les juges dargumenter sur la base de commentaires psycha-nalysant dune assistante sociale la fonction de contrle ainsi explicite.

Que cest de ne pas avoir renonc participer aux luttes qui nous traversentque la Justice se venge.

Cest avec autant de joie que de douleur que je me soustrais la fois leur dcision et la vie que je menais. Je ne compte pas me cacher troplongtemps, ni mme trop me cacher.

"Le cadeau" de la juge antiterroriste :

durcissement du controle judiciaire d'Ivan et Farid

septembre 2008

Vendredi 19 septembre, la juge du ple antiterroriste Marie-AntoinetteHouyvet convoque en urgence Ivan et Farid suite un rapport de policeconstatant une violation agrante de leur contrle judiciaire. La juge metla pression : elle demande de renoncer au dlai de cinq jours pralable toute convocation pour assurer les droits de la dfense (accs au dossier).Menaant en cas de refus, de faire un mandat damener doubl dun mandat

de dpt.Lundi 22 septembre, alors quIvan et Farid se prsentent lun aprs lautredevant la juge, ils apprennent que le procureur demande leur incarcrationmotive par un rapport de lature des RG. Une photo les montre ensemblequelques jours auparavant alors que leur contrle judiciaire leur interdisaitdentrer en contact de quelque manire que ce soit.

Lors des interrogatoires, la juge use de son pouvoir pour infantiliser et fairela morale tout en laissant croire pendant plus dune demi-heure quelle va,

comme le procureur, demander lincarcration. Elle nit par dcider dudurcissement de leur contrle judiciaire prsentant son choix comme uncadeau. Elle maintient les obligations prcdentes : interdiction de commu-


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niquer entre mis en examen, pointage chez les ics, chez lassistante sociale,travail, etc. ; et les assigne rsidence de 21h 6h la prison la maison. Unavant-got des assignations rsidence, principale mesure du projet de loipnitentiaire destine augmenter le nombre de dtentions prventives touten conomi-sant les places de prison.

Pourquoi je me suis fait la malle. Lettre ouverte de Brunojuillet2008.

Je me suis fait arrter en janvier et aprs quatre mois et demi de prison,et de luttes aussi pour obtenir des conditions dcentes de dtention, me voil

dehors en contrle judiciaire depuis un mois. Le contrle judiciaire, cest uneespce de loi individuelle qui te dit ce que tu dois faire et ce quil tes interditde faire. Moi je ne devais pas sortir du territoire de Belfort, ni du dparte-ment de la Haute-Sane (Est de la France) o tait xe ma rsidence, chezmon pre. Mes dplacements taient thoriquement limits la recherche et lexcution dun travail ou alors pour les besoins de lenqute. Lide, cestun contrle social fort et une mise disposition de son corps la police et la justice. Moi je devais par exemple aller chaque semaine montrer ma face

la gendarmerie locale et tre suivi deux fois par mois par un ic social de lapnitentiaire, sorte de relais local avec le juge dinstruction. En gros les chosessont simples, tu te tiens carreau, on/tu te trouves une place et tu y restes oualors tu retournes en prison, et tas pas intrt dconner avec a.

Jai eu, pendant le mois o je suis rest en contrle judiciaire, la dsagrablesensation dtre en dehors de tout espace de luttes, dassister ma propremort en tant que sujet politique. En acceptant leurs rgles du jeu, cest commesi je signais ma propre soumission, ma rdition en tant que rvolt, mme si

parfois nous pensons quil est possible de se dire je joue le jeu un moment etaprs je serais tranquille ou alors je joue le jeu en faade. Voil, je me suissenti dpossd du comment je choisis de me battre avec lexistant, je me suissenti dpossd du comment je lutte pour une transformation radicale desespaces o nous vivons, et contre la mdiation capitaliste de nos vies.

Alors mon geste est le geste simple de ma rvolte contre ce que lon tente demimposer. Je ne possde rien sinon ma propre vie et je pouvais choisir entreme laisser broyer et annuler tout ce que javais fait jusqualors ou bien mebattre, ne pas accepter la situation qui nous est faite, prendre les espaces quisouvrent moi. Il me restait comme marge de manuvre que lillgalit, laclandestinit et la fuite. Dabord pour mettre un peu de distance entre les icset moi. Ensuite pour oser vivre au prsent, sans regrets. Je sais que ce chemin


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est dur, que bien souvent, cest la prison qui nous rattrape, que les griffesde la rpression nissent par sabattre sur celles et ceux qui luttent danslillgalit. Je sais aussi que je prfre quelques heures de libert vole,arrache ceux qui nous oppressent plutt que respirer au compte-goutteet de la main du matre.

Fuir aujourdhui au contrle judiciaire, cest me replacer avec celles et ceuxqui luttent, cest afrmer que je ne suis pas un corps grer, qui on imposesa volont, cest dire que je nen ai pas ni avec la critique de loppression, dupouvoir du capitalisme, que je nen ai pas ni dtre un parmi des centaineset des milliers qui luttent dans les espaces qui sont les leurs contre la foliede notre poque. Je nen ai pas ni de penser que cest dans la lutte, cetterappropriation quotidienne de nos vies, que se trouve la libert.

extraitduneordonnancedemiseenlibertassortieducontrlejudiciaire

Attendu (...) que le non respect dupremier contrle judiciaire a t sanc-

tionn par une rvocation dudit con-trle qui a conduit (x) a revenir endtention pour presque deux mois ;quil aura ainsi pu vrier la ractivit

de lautorit judiciaire, ractivit dont ildoit tre dsormais conscient et qui lecas chant en cas dun nouveau man-quement aux obligations xes ce jour,

pourrait se rpter.

extraitduneordonnancederejetdemodificationducontrlejudiciaire

Attendu que si la relation sentimentalede (x) et (y) ne doit pas tre ignore, ilnen demeure pas moins que linstructionde ce dossier nest pas acheve et queleur relation chappant tout contrle

serait de nature compromettre ledroulement de linformation.

extraitdeconvocationdunmisenexamen

Je vous invite vous prsenter moncabinet (...) Si vous ne comparaissez pas,

vous pourrez y tre contrainte par laForce Publique.

extraitduneordonnancederejetdemodificationducontrlejudiciaire

Par sa demande de modication de

contrle judiciaire portant sur deuxpoints essentiels de notre ordonnance[interdiction de voir sa sur, et domicil-

iation chez ses parents], Monsieur cher-che rduire au maximum les obliga-tions du contrle judiciaire et obtenirdes choses qui, si elles avaient t con-tenues dans une demande de mise enlibert auraient fait obstacle sa miseen libert ; quil sagit l dune demandesans fondement rel, plus proche dunemanuvre visant vider de son sensle contrle judiciaire, manuvre dontnous ne serons pas dupe (...)

libertConditionnelle, ContrlejudiCiaire, ConvoCation...

queLquesformuLationsjudiciaires...


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Les personnes mises en examen voques dans cette brochure fonttoutes lobjet dune mme affaire juridique qui a dbut en janvier2008 notamment pour transport de fumignes et de clous tordus,et tentative dincendie dune dpanneuse de police lors des lectionsprsidentielles.

Une brochure relate plus prcisment ces affaires et esquissequelques analyses : Mauvaises intentionsn 1 et 2.

Vous pouvez la recevoir gratuitement par courrier en envoyant un mail

[email protected] la consulter directement sur internet ladresse :

http://infokiosques.net/mauvaises_intentions

Cette adresse permet aussi de se tenir au courant des dernires nouvelles.

brochureraliseenjuillet2009

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La prison à la maison ?