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Rpublique Algrienne Dmocratique et Populaire
Ministre de lEnseignement Suprieur et de la Recherche Scientifique
Universit El Hadj Lakhdar Batna-Facult des Lettres et des Sciences Humaines
Dpartement de Franais
cole Doctorale de Franais
Mmoire prsent pour obtenir le diplme de Magistre
Option : Sciences du langage
LA PRODUCTION DU SENS ENVISAGE
DANS SES DIMENSIONS LEXICALES ET GRAMMATICALES :
CAS DE LCRITURE CRUCIVERBISTE
Sous la direction du : Prsent par :
Dr. Bachir BENSALAH Mr. Raouf MANSEUR
Membres du jury :
Prsident : Dr : Samir ABDELHAMID, M.C. Universit de Batna.
Rapporteur : Dr : Bachir BENSALAH, M.C. Universit de Biskra.
Examinateur : Dr : Gaouaou MANAA, M.C. Universit de Batna.
Anne universitaire : 2006/2007
Annexe du Guide des mots croiss de www.mots-croises.ch
Remerciements
Je voudrais remercier les nombreuses personnes qui ont contribu de diffrentes faons la
ralisation de mon mmoire.
Je tiens, en premier lieu, exprimer mon remerciement au docteur Bachir Bensalah, pour avoir
accept de diriger mon travail de recherche et pour mavoir orient par ses relectures et ses
commentaires afin de parachever ce prsent mmoire.
Je remercie ma femme pour lappui et laide quelle ma prts tout au long de mes tudes en
post-graduation.
De mme, je remercie mes parents : mon pre Mohamed et ma mre Schahrazed pour tout ce
quils ont fait pour moi.
Mes remerciements vont galement aux enseignants qui nous ont encadr et dirig au cours de
lanne thorique.
Mes sincres gratifications Mr Henri, le responsable du site : www.mots-croises.ch pour laide
que jai reue de sa part.
Jexprime aussi ma reconnaissance tous ceux qui ont accept de rpondre au questionnaire.
Mes remerciements sorientent vers mes amis et mes collgues, plus particulirement Hamza
Hadjar pour son soutient et son encouragement.
Un grand Merci tous.
INTRODUCTION GNRALE
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La communication par le langage soit monodirectionnelle ou bidirectionnelle,
immdiate ou mdiatise implique sans nul doute au moins deux personnes ; lune qui
exprime et lautre qui coute ou lit ; pour ainsi dire, lune encode et lautre dcode.
Donc, la premire personne produit du sens tandis que la deuxime essaye de
linterprter. Egalement pour les mots croiss, qui forment un jeu connu par tout le
monde , car autour dune mme grille, il y a deux joueurs qui gnralement ne se
connaissent pas et qui ne se voient pas, lun pose un problme, lautre essaye de le
rsoudre.
Nous dirons que les mots dune langue donne servent dsigner ou reprsenter
une ralit ou quelque chose dimaginaire ; cette particularit sappelle la
dnotation . Cependant, le sens dun mot est la reprsentation quil appelle
lesprit quand il est nonc dans un contexte prcis, car le contexte dsambiguse en
gnral le sens des mots, sauf, sil sagit des jeux de mots. De mme, cette ambigut
persiste quand on vise un effet rhtorique, comme cest le cas des mots croiss. Ils sont
donc lart de dissimuler des structures linguistiques sous des formes inintelligibles,
voire impntrables. En effet, nous observons un temps de chiffrement qui correspond
lcriture, et un temps de dchiffrement qui est celui de la lecture ; il sagit alors dune
communication graphique entre un codeur et un dcodeur.
Certainement, llaboration des dfinitions des mots croiss est une tche ardue. En
effet, les auteurs de grilles choisissent souvent un sens secondaire dun mot, font appel
des procds pour proposer des dfinitions spirituelles ou humoristiques et peuvent faire
usage de plusieurs moyens astucieux pour chiffrer leurs dfinitions afin dloigner leurs
amateurs de la solution. A leur tour, ces derniers ont une tche aussi difficile que celle
des auteurs, car pour rsoudre une grille, il faut de la rflexion, de la patience, voire de
la tnacit et surtout en mettre quelques stratgies et techniques en uvre. Suite ce qui
vient dtre avanc, nous pensons que la problmatique de cette recherche se fixe autour
des procds dont se servent les auteurs de grilles pour chiffrer leurs dfinitions et
autour des stratgies quutilisent les amateurs des mots croiss pour pouvoir
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dcrypter ces dfinitions. Cest cette question que nous tenterons dapporter des
lments de rponse au cours de ce travail et pour lesquels nous avons formul les
hypothses suivantes :
1- Nous pensons que les concepteurs des mots croiss franais disposent de
ressources linguistiques trs riches auxquelles ils peuvent faire appel pour
produire le sens quils veulent dans le but de dconcerter leurs amateurs.
Alors, nous avanons lhypothse que, ces concepteurs sappuient largement
sur leur connaissance de la langue franaise dont ils dploient, et avec une
gymnastique de lesprit, ils font donc le tour des diffrents sens possibles dun
mot, cela en utilisant mthodiquement la polysmie, lhomonymie, la
rhtorique, lanaphore, voire des mots dpourvus de sens.
2- Mme si notre public denquts est compos damateurs dont, la majorit, ne
sont pas spcialiss dans la langue franaise, mais ils ont un savoir
incommensurable en la matire. En considrant le fait de jouer rgulirement
peut avoir une certaine incidence sur le niveau de matrise de cette langue,
nous posons lhypothse que les sujets ayant beaucoup pratiqu ce jeu, auront
moins de difficult quel que soit le niveau de la grille. Nous supposons
galement que, compte tenu de leur exprience, ces amateurs auront recours
des stratgies et des techniques pour surmonter leurs ventuelles difficults.
Notre tude se cantonnera aux mots croiss classiques et laissera de ct les
nombreux autres jeux de mots et desprit malgr leur intrt certain : mots carrs, mots
croiss message, mots croiss syllabiques, mots flchs, grilles muettes Lobjectif
de cette tude est triple :
1- Permettre aux amateurs et amatrices des mots croiss de mieux comprendre les
subtilits des dfinitions de ce jeu et de se reconnatre dans leur univers
nigmatique.
2- Engager une tude lexicologique des dfinitions des mots croiss (de lauteur du
Quotidien dOran).
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3- Proposer des pistes de recherche en Sciences du langage partir dune activit
mentale qui intresse le rapport au langage quentretiennent les acteurs de cette
pratique langagire.
De ces trois objectifs, dcoule celui que nous considrons comme principal et qui
concerne bien videmment la description des phnomnes de sens en travaillant sur les
mots croiss. Il sagit de tenter de dgager non seulement les rgularits, mais aussi
didentifier des variations dune dfinition lautre en les analysant partir de deux
dimensions : lexicale et grammaticale en mettant en vidence le ct smantique qui
sera un moyen de vrifier la vrit ou la fausset de ces dfinitions dans des situations
diverses.
En vue de vrifier nos hypothses, nous entreprendrons, dans un premier temps,
danalyser quelques grilles pour en extraire et dcrire les moyens et les mthodes les
plus utiliss par les auteurs pour coder leurs dfinitions, cette description sera taye par
des exemples. Puis, dans un deuxime temps, nous administrerons un questionnaire un
nombre damateurs de cette pratique ludique, afin de recueillir des donnes sur leur
assiduit envers ce jeu, sur le profit quils en tirent, sur le type de dictionnaire quils
emploient et sur les stratgies et les techniques quils mettent en uvre pour pouvoir
mener succs leur grilles. Ce qui nous permettra dadopter une mthodologie la fois
descriptive et analytique :
- Descriptive parce que nous songerons dabord dcrire les procds les plus employs
par les auteurs de grilles, ensuite dcrire les stratgies recourues par les amateurs.
- Analytique car la description de ces procds se ralisera suite une analyse plus ou
moins approfondie de quelques grilles.
Cette analyse seffectuera sur un corpus constitu dune trentaine de grilles extraites
du journal national Le Quotidien dOran . Ce choix qui est loin dtre une publicit
gratuite ce journal, rsulte dun questionnement personnel ; cest--dire en jouant aux
mots croiss, puisque nous sommes amateur de ce jeu depuis quelques annes, nous
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nous posons toujours cette question : comment un amateur de mots croiss parvient-il
pouvoir dcrypter des dfinitions, aussi trompeuses soient-elles, conues par une autre
personne qui nest pas en face de lui ? Alors nous nous sommes intress faire une
modeste recherche pour prsenter une analyse de quelques procds destins mystifier
ces dfinitions. De mme, nous croyons que le sujet de ce mmoire est fort intressant
par sa fracheur, sa singularit et son aspect ludique finalit dapprendre des mots et
de se cultiver par le jeu. Dailleurs, la raret des tudes son gard constitue lune des
raisons qui ont attir notre attention. Egalement, ce sujet est notre avis, dune
importance majeure et dune grande ampleur voire assez complexe qui dpasse lobjet
dtude de ce mmoire. Par consquent, cest un sujet probable pour la suite de nos
tudes.
Le prsent travail comporte deux grands axes (thorique et pratique) implicitement
dsigns: Le premier de son ct se subdivise en deux chapitres. Dans le premier
chapitre, nous tcherons de donner quelques gnralits sur le jeu des mots croiss
(dfinition, histoire, variantes, rgles de bases, caractristiques des dfinitions, crativit
lexicale) ; et dans le deuxime chapitre, nous tenterons de dmontrer les procds
lexicaux et grammaticaux dont se servent les concepteurs de mots croiss dans la
production du sens pour entraner les amateurs sur des fausses pistes (relations
paradigmatiques, relations syntagmatiques, dfinitions polysmiques, quelques
ambiguts grammaticales).
Dans le troisime chapitre qui se veut pratique, nous essayerons de voir les
stratgies et les mthodes quutilisent les amateurs pour pouvoir rsoudre une grille.
Mais avant cela, nous voyons quil est ncessaire de mettre en vidence lintrt
quapporte ce jeu ses amateurs, ainsi que le profit quils retirent de lemploi du
dictionnaire. Afin de confirmer cela exprimentalement, nous nous rservons la
possibilit dtablir un questionnaire qui sera destin des amateurs entrans.
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PREMIER CHAPITRE
AUTOUR DES MOTS CROISS
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Le corpus que nous avons choisi pour dmontrer comment produit-on du sens est,
bien videmment, les mots croiss. Ce jeu est une action la fois mentale et sociale :
mentale, puisque indiscutablement, il met en contribution des activits mentales de
comprhension et de dcodage ; sociale, puisque des lgions de personnes qui sen
intressent. Dans ce chapitre, nous allons parler des mots croiss (leur apparition, leurs
variantes et leurs rgles) et la subtilit de leurs dfinitions en proposant sommairement
les diverses mthodes et astuces que lauteur de ce jeu pourrait employer avec une liste
de mots le plus souvent utiliss.
1- Les mots croiss : conception et apparition
Les mots croiss sont un jeu de lettres et desprit connu dans le monde entier. Son
but est de retrouver les mots dune grille grce aux dfinitions donnes qui sont
proposes pour toutes les lignes (horizontalement) et toutes les colonnes (verticalement)
de cette grille. De cette faon, les mots, dans ces deux directions, sentrecroisent sur des
lettres communes. Ce jeu renferme des cases et des dfinitions numrotes soit par des
chiffres arabes ou romains, soit par des lettres. Chacune de ces cases reprsente une
lettre et chaque suite de lettres constitue le mot quil sagit de trouver.
Le jeu se passe sur une grille compose de cases blanches et de cases noires qui
servent de sparer les mots crits sur ces cases blanches. Les premiers mots croiss
nutilisaient que des mots simples la porte de tout le monde et les dfinitions taient
trs faciles et bien prcises. Progressivement, ces dfinitions sont devenues plus ou
moins nigmatiques la raison de laquelle ce jeu prsente une chelle de niveaux de
difficult qui va de linitiation au casse-tte et mesurs par toiles de une jusqu sept.
Cette dernire est ultra raffine voire insoluble car les concepteurs, au fil des temps, ont
amlior lart de brouiller des combinaisons plus complexes dans des grilles qui
contiennent le moins de cases noires possible.
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La premire grille de mots croiss semble remonter au IIe ou au IIIe sicle de lre
chrtienne selon les dductions des archologues amricains qui ont en dcouvert un
exemplaire Doura-Europos, sur les bords de lEuphrate. En voici lexemplaire :
S A T O R
A R E P O
T E N E T
O P E R A
R O T A S
Comme nous le voyons, cest une grille
de mots carrs (cf. les variantes des mots
croiss). Elle na pas le sens dun jeu parce
quelle ne contient pas de dfinitions. Cette
grille inscrite en latin est trs intressante
car en lisant ses mots respectivement
SATOR AREPO TENET OPERA
ROTAS, on constate quil sagit dun
palindrome(1). Cependant, les vritables
grilles de mots croiss sont apparues, ds
Figure n 1 (2)
le XIXe sicle, dans quelques publications britanniques labores en particulier aux
jeunes qui sont dun niveau peu dvelopp. En dpit de tous ces antcdents, nous
pouvons dire que cest langlais Arthur Wynne qui est le prcurseur des vritables
grilles de mots croiss et cela dans le dbut du XXe sicle ; ses grilles taient destines
un public plus ou moins adulte, mais ctait sans nul succs car il navait pas russi
promouvoir le jeu dans son pays. Cest en migrant aux Etats-Unis que Arthur Wynne a
(1) Mot ou groupe de mots qui peut tre lu indiffremment de gauche droite ou de droite gauche.(2) http://home.citycable.ch/cruci.com/textes/histoires1.htm.
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du succs pour son invention qui figurait dans le supplment dominical du journal New
York World du 21 dcembre 1913. Quelques annes aprs, la quasi totalit des journaux
amricains publiaient constamment des grilles sur lesquelles un grand nombre de public
fait preuve de sagacit.
Juste aprs la premire guerre mondiale, la France importa les mots croiss des
Etats-Unis et le premier journal franais qui accueillit les mots croiss fut Le Gaulois,
suivi peu aprs par LExcelsior, Le Journal, Le Matin et LIntransigeant, autant de
titres aujourdhui disparus .(1) Actuellement, tous les journaux, quotidiens soient-
ils hebdomadaires, ou bimensuels, proposent des grilles des millions de
cruciverbistes(2) de difficult variable, ce qui fait preuve de la progression qua connue
ce jeu de distraction qui est en mme temps instructif et ducatif. Il suffit, aujourdhui,
de ne pas publier un problme de mots croiss un jour pour faire montrer le
mcontentement des lecteurs car, en effet, ils sont nombreux. A vrai dire, nous ne
savons pas exactement le nombre, mais ces cruciverbistes qui se comptent par des
millions son de vrais explorateurs de sens.
2- Les variantes des mots croiss
Il existe plusieurs jeux de mots autres que les mots croiss. Parmi ces jeux, voquons
ceux considrs comme les plus connus par les amateurs.
2.1- Les mots carrs
Avant la cration des cases noires les grilles ne contenaient que des cases blanches et
au format carr avec des mots identiques dans les deux sens horizontal et vertical et ne
contenant quune seule liste de dfinitions quon appelle les mots carrs. Ces derniers
sont donc pris pour les anctres des mots croiss, ils sont constitus de grilles
(1) La FERT R et CAPELOVICI J. : Pratique des mots croiss, Ed. PUF, Paris, 1975, p. 6.(2) Amateurs et amatrices de mots croiss. Ce terme est invent par le dramaturge franais Abric Lon ;par la suite, il a possd un patronyme : verbicruciste (auteur de mots croiss).
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comportant autant de lignes que de colonnes et ne contenant pas de cases noires. Les
mots de ce jeu sont placs dans lordre des lignes successives et se trouvant aussi dans
lordre des colonnes successives. Puisque ce jeu est considr comme la souche des
mots croiss actuels, il a t prfrable pour nous dy commencer cette numration.
2.2- Les mots flchs
Les mots flchs sont une variante des mots croiss imports dAllemagne. Dans
leurs principes, lunique distinction est dans lemplacement des dfinitions car pour les
mots croiss, les dfinitions sont places ct de la grille alors que pour les mots
flchs elles sont cases lintrieur des cases neutres (cases noires) qui indiquent le
dbut du mot trouver et que sa direction est signale par une flche, do on les a
nomms les mots flchs. De mme, en exerant ce jeu, on constate quil est dun degr
de difficult moins lev que les mots croiss parce que, gnralement, il ny a pas de
place dans les cases neutres pour y placer des dfinitions astucieuses et surtout parce
que chacune de ces cases neutres doit contenir plus dune dfinition.
2.3- Les mots croiss muets (grilles muettes)
Ce sont une autre variante de mots croiss que nous trouvons trs intressante et
quil faut dconseiller aux novices ce genre de jeux. Ce sont des grilles o les cases
noires ne sont pas indiques lavance. Par consquent, cest le cruciverbiste qui doit
trouver et les mots et les cases noires. En pratique, on remarque que les dfinitions que
lon possde dans ce genre de grilles ne sont pas dun trs grand degr de difficult,
autrement la solution sera presque irralisable.
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3- Les rgles de base
Pour bien faire, nous commenons par cet extrait : Les mots croiss sont un des
rares jeux nayant pas vraiment de rgles strictes. (1) A vrai dire, ils reposent sur
diffrentes rgles implicites qui restent nanmoins assez respectes. La rgle principale
de ce jeu veut que chaque case blanche soit comble par une lettre, et lensemble de ces
lettres - avoisines ou superposes- constitue les mots recherchs dont on a mentionn
le synonyme ou la dfinition. Chaque mot commence par son dbut et se continue
jusqu ce quil rencontre une case noire ou la fin de la grille. Un concepteur de grilles
en herbe essaye de respecter quelques rgles :
3.1- Le nombre de cases noires
Il ne faut pas trop charger la grille de cases noires. Nous donnons lexemple de notre
corpus (grille du journal : Le Quotidien dOran) qui est, daprs des cruciverbistes
entrans, dune dlicatesse considrable ; alors, cette grille de 10x10, son pourcentage
se situe dans la fourchette de 11 et 14% de case noires. En gnral, ces grilles
commencent souvent par des potences(2) qui occupent souvent toutes les cases
horizontales et verticales. Le verbicruciste astucieux met tous ses efforts joindre ces
deux potences et dans les deux directions les mots les plus longs possible, et il ne place
de cases noires que quand une combinaison de mots savre irralisable. Alors les cases
noires sont en quelque sorte la solution de facilit, cest pourquoi crer une grille avec
le moins de ces cases est, la plupart des temps, la qute des verbicrucistes.
3.2- Le degr de difficult
Comme nous lavons dj signal, il existe plusieurs degrs dans la difficult
mesurs par toiles de une jusqu cinq ; pour les novices, il faut choisir la premire
(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/mots_croises(2) Premiers mots horizontaux et premiers mots verticaux des grilles de mots croiss.
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toile, puis petit petit, il va sengager un peu plus loin en accdant la seconde toile
et ainsi de suite jusqu atteindre le cinquime niveau. Ces degrs, on les mesure selon
la difficult de la dfinition parce quil y a plusieurs faons de dfinir un mot allant du
mot juste (lorthonyme) la priphrase ludique. On trouvera toute cette gamme
dans les dfinitions des mots croiss. (1) Cependant, en ce qui concerne la difficult, il
est difficile de la conjecturer car il nous arrive un jour dtre entravs devant une
dfinition trs simple et un autre jour de dcrypter promptement une autre plus ardue et
cela dpend soit des mots cls trouvs, soit de notre tat desprit.
3.3- Lingniosit des dfinitions
En jouant aux mots croiss, nous rencontrons beaucoup de difficults en lisant la
dfinition car il faut comprendre tous les mots de cette dernire nous parlons ici dun
niveau plus ou moins avanc- car les cruciverbistes chevronns exigent des dfinitions
qui renferment des sous- entendus ou quivoques ie obscurcies par un jeu de mots.
Donc proposer dans la mesure o cest faisable des dfinitions habilement construites,
fait plaisir aux joueurs exigeants, par exemple la dfinition: Poules au P ; alors, il
faut analyser les mots de la dfinition pour pouvoir trouver le dfini : dans le registre
familier de la langue, le mot poule dsigne Un terme daffection adress une
femme, une petite fille (2) ; et P est un fleuve dItalie. Donc, en analysant les
diffrentes parties de la dfinition, on va se rendre compte quil sagit du dfini :
ITALIENNES . Alors, la difficult peut provenir des jeux de mots, des mots rares ou
des termes qui font partie de notre vocabulaire passif et inerte. Elle peut provenir aussi
par le style de la dfinition en recourant la polysmie, lvocation des connaissances
littraire, la rhtorique, des termes de spcialit, etc. Il existe encore un procd qui
est souvent employ par les auteurs de grilles pour crer de nouveaux mots qui nont
pas de sens juste (suites de lettres sans signification apparente) afin de pouvoir croiser
les mots.
(1) POTTIER B. : Smantique gnrale, Ed. PUF, Paris, 1992, p. 42.(2) Dfinition du Petit Larousse Dictionnaire multimdia, 2007.
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3.4- La rsolution dun problme de mots croiss
Hormis les mots croiss, nous rsolvons quotidiennement des dizaines de problmes
et pour dfinir la notion de problme, nous croyons que le psychologue Godefroid la
bellement dfini : Un problme est une tche dans laquelle un but doit tre atteint,
dans un contexte donn, sans toutefois que nous en possdions les moyens. La
rsolution de problmes consiste donc laborer des procdures permettant datteindre
le but. (1) Pour lui, il y a deux sorte de problmes : ceux qui sont bien dfinis et ceux
qui sont mal dfinis ; et son avis, les mots croiss font partie des problmes bien
dfinis parce quil est facile tre compris tant donn les informations qui concernent
la situation du commencement, de mme que le but atteindre, sont nettement
nonces. Nous sommes humblement avec son avis car un problme de mots croiss
contient toujours une situation de commencement (tant une grille vide avec un
inventaire de dfinitions) et un but atteindre, celui de remplir correctement cette grille
qui exige lappui dune solide culture et dune bonne intelligence.
3.5- Quelques rgles en ce qui concerne la dfinition
La dfinition se ralise soit par expansion (rsoudre = trouver une solution un
problme), soit par condensation (trouver une solution un problme = rsoudre), soit
par isomtrie (rsoudre = solutionner). La premire catgorie est une spcificit du
dictionnaire monolingue tandis que la deuxime est un procd favoris des concepteurs
de mots croiss ; de mme pour la troisime catgorie. Dans ce sens, Greimas pense qu
en parlant des mots croiss, nous avons volontairement interverti les termes : en effet,
si le lexicographe-cruciverbiste qui prpare les mots croiss part dun smme et lui
cherche une dfinition, le problme, tel quil se prsente au lecteur (cest--dire au
niveau de la rception), est compos dun corpus de dfinitions partir desquelles il
sagit de retrouver les termes dfinis. Autrement dit, si nous reconnaissons dans
(1) GODEFROID J. : Psychologie science humaine et science cognitive, Ed. De Boeck Universit, Bruxelles, 2001, p. 491.
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lexpansion un des modes du fonctionnement mtalinguistique du discours, elle a pour
corollaire la condensation, qui doit tre comprise comme une sorte de dcodage
compressif des messages en expansion. (1)
Donc, la dfinition cruciverbiste doit tre onomasiologique (partir du concept et
rechercher le mot qui lui correspond) ou synonymique ; elle est gnralement une
proposition renvoyant au dfini par des allusions, des jeux de mots ou dautres
rapprochement plus ou moins tirs par les cheveux. Egalement, il y a quelques rgles
qui caractrisent les dfinitions des mots croiss que nous allons numrer comme suit :
Utilisation de toutes les formes dun mot :
- pour un nom : masculin fminin, singulier pluriel
Exemple : ruptures = DIVORCES.
- pour un verbe : tous les temps (prsent, imparfait, futur, etc.) et
tous les modes (indicatif, conditionnel, etc.).
Exemple : prirent = ENLEVERENT.
La solution doit se trouver dans un dictionnaire (si cest possible dun usage
gnral comme Le Petit Larousse) ou dans une autre documentation qui prouve
la validit de la dfinition.
Les lettres sont toutes reprsentes dans la grille en majuscule sans accents ni
cdille ni tirets ni apostrophe ni espaces. Exemple : pomlo = GRAPEFRUIT
pour (grape-fruit).
Un mot accentu peut donc croiser un mot qui ne lest pas avec la mme lettre
(ns tes peuvent se croiser sur le E).
Une seule lettre par case blanche, donc pas de ligature : est plac dans deux
cases.
Pas de mots dune seule lettre.
La ponctuation est autorise dans les dfinitions pour mettre le cruciverbiste sur
une fausse piste. Exemple : (font comme ci, comme a = IMITENT). La virgule
qui se trouve dans cette dfinition est un pige car la locution adverbiale
(1) GREIMAS A. J. : Smantique structurale, Ed. PUF, Paris, 1986, p. 74.
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comme ci comme a et qui veut dire ni bien ni mal ne contient pas de
virgule et cela peut nous entraner sur des fausses pistes.
Le verbicruciste peut donner plus dune dfinition pour nous dconcerter par
exemple : On le dit fendard et grimpant = PANTALON. Les deux expressions
qui font partie du registre familier fendard et grimpant ont le mme sens qui
est un pantalon.
Une seule fois pour chaque mot, mais cest une rgle qui nest pas respecte car
certains verbicrucistes apprcient la rptition mais dans tous les cas, pas plus
dune fois la mme dfinition pour le mme mot.
Pas trop de cases noires et cela cest juste pour lauteur, puisque le cruciverbiste
pratique avec ce quon lui propose.
De lhumour mais pas de la vulgarit. La dfinition humoristique nest pas
obligatoire mais elle est toujours la bienvenue ; cependant, les mots vulgaires ou
les dfinitions canailles sont proscrire. Nous proposons cet exemple qui est
rest dans notre mmoire : si un lphant a trompe, lui a bosse =
DROMADAIRE.
4- Le choix des dfinitions
Chaque verbicruciste a son propre style de donner des dfinitions aux mots de sa
grille ; pour un mot dusage courant, il peut lui donner une dfinition simple comme il
peut la compliquer et cela selon le degr de difficult quil a choisi. Lauteur que nous
avons choisie, la plupart du temps, opte pour un sens secondaire dun mot, il fait appel
une astuce et propose une dfinition vive et intelligente et qui fait preuve dun sens de
lhumour trs fin. Nous pouvons citer cet gard les analyses de Perec G. : [] la
recherche des dfinitions est un travail fluide, impalpable, une promenade au pays des
mots o il sagit de dcouvrir, dans ces alentours imprcis qui constituent la dfinition
dun mot, le lieu fragile et unique o il sera la fois rvl et cach. (1) Ainsi, par
souplesse de lesprit, lauteur de grilles sillonne les diffrents sens possibles dun mot (1) PEREC G. : Les mots croiss, prcds de considrations de lauteur sur lart et la manire de croiser les mots, Ed. POL, Paris, 1999, pp. 9-10.
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pour pouvoir le chiffrer. Tous les artifices sont permis : emprunt une langue trangre,
rfrence largot, mots composs, proverbes, mtaphore, homonymie, etc.
Autrement dit, les mots croiss comptent deux catgories en gnral, il y a des mots
accepts et des mots tolrs :
a- Les mots accepts sont :
- Les noms communs et les verbes.
- Les formes plurielles et conjugues de ces noms et verbes.
- Les mots composs dont les traits dunion ne sont pas reprsents dans la grille.
- Les locutions dont les espaces ne sont pas reprsents.
- Les noms propres (noms des personnages clbres, des villes, des pays, des
capitales, des personnages mythologiques, etc.)
b- Les mots tolrs sont :
- Les mots crits dans le dsordre.
- Les mots crits lenvers, criture de droite gauche.
- Les lettres lintrieur dun mot.
- Les extrmits dun mot, la premire et la dernire lettre.
- Les sigles, les abrviations, les symboles chimiques, les acronymes, les chiffres
romains, les lettres grecques, les notes de musique, etc.
- Lettres qui une fois prononces donnent le mot recherch (rbus).
Presque la plupart de ces mots sont une suite de lettres sans signification apparente.
5- Les caractristiques des dfinitions des mots croiss
Le cruciverbiste dispose dune dfinition indiffremment exacte car elle nest pas
sous forme dune squence en expansion. Par consquent, le dfini, quil doit trouver,
sera un petit peu flou ; ce nest quen dcortiquant la dfinition quil peut, et pas dans
tous les cas, dpister ce dfini. Cette dfinition, lauteur la nonce avec plus ou moins
dadresse, de faon brouiller les pistes de dcryptage que la clairvoyance du
cruciverbiste doit supprimer. Dans cette optique, Perec G. explique que ce qui []
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caractrise une bonne dfinition de mots croiss, cest que la solution en est vidente,
aussi vidente que le problme a sembl insoluble tant quon ne la pas rsolu. Une fois
la solution trouve, on se rend compte quelle tait trs prcisment nonce dans le
texte mme de la dfinition, mais que lon ne savait pas la voir, tout le problme tant
de voir autrement []. (1)
Il est clair donc pour Perec G. la bonne dfinition est celle o la dnomination(2) est
implicitement exprime, ie la solution est masque dans la dfinition ; aussi on y
utilise des locutions o entre le mot en question, mais nanalyse pas la notion (3) Afin
dillustrer cette ide, nous proposons cette dfinition : (On en joue dans tous
restaurants), Dans cette dfinition, il y a deux mots- cls : joue et restaurant le
lieu o lon mange , par consquent, la rponse est : MANDIBULES, relative la
locution verbale jouer des mandibules qui veut dire manger . Une telle dfinition,
mme pour un cruciverbiste en herbe, va le plonger dans lindcision et lhsitation car
quelle que soit la virtuosit du cruciverbiste, il ne savre pas ais de trouver facilement
les mots se rapportant aux dfinitions l o lambigut et lamphibologie priment.
6- Les mots usuels des mots croiss
Lexprience et la pratique rgulire des mots croiss nous laissent constater quil y
a des mots qui sont trs frquents, mme si lun dentre eux peut avoir plusieurs
dfinitions qui arrivent des fois des centaines. Tous les cruciverbistes connaissent par
exemple RA dfinit par dieu solaire ou roulement de tambour ; ou RU
dfinit par petit ruisseau . Il existe encore plusieurs mots qui se rptent
rgulirement, qui sont si faciles disposer dans une grille et qui servent de facilitateurs
car ils nous aident positionner des lettres dans la grille afin que nous puissions
dvoiler les mots les plus difficiles et qui pourraient dbloquer une grille. Bien sr, nous
(1) PEREC G. : Op.cit , p ; 15.(2) GREIMAS A. J. : Du sens. Essais smiotiques, Ed. Seuil, Paris, 1970, p. 285.(3) PICOCHE J. : Prcis de lexicologie franaise ltude et lenseignement du vocabulaire, Ed. Nathan, Paris, 1977, p. 176.
18
vous indiquons quelques exemples dune prsence courante : le mot IO qui contient
daprs (Le carrefour des cruciverbistes : cruci.com)(1) 497 dfinitions entre autres
amour de Zeus victime de Hra gnisse aurait pu faire meuh cur de lion a
fini sur le pr on la envoye patre belle bte alla de mle en pis djeuna sur
lherbe Il existe encore des mots frquents que nulle grille ne peut sen passer :
6.1- Les mots dpourvus de sens
Ce sont des successions de lettres sans aucune signification que lon appelle des
chevilles dans le lexique des mots croiss et dont le verbicruciste est souvent oblig
de mettre dans sa grille ; et cest lun des procds utiliss soit pour leurrer le
cruciverbiste dans la mesure o il doit deviner cette srie de lettres, soit pour crer un
nouveau terme qui ne figure pas dans le dictionnaire juste pour pouvoir croiser les mots
dune grille. Le cruciverbiste entran le sait trs bien, les premiers signes pour attaquer
une grille ce sont gnralement les s du pluriel, les adjectifs possessifs de deux
lettres pour placer la deuxime le a , les terminaisons des verbes conjugus,
pareillement pour les lettres dnues de sens Bref, pour les plus aguerris, il y a des
mots de deux parfois de trois lettres qui comblent des cases servant comme facilitateurs
pour trouver les mots les plus longs et les plus difficiles. Dans ce qui suit,nous
prsentons quelques cas avec des propositions de diverses techniques de dfinitions
propres au verbicruciste du Quotidien dOran et avec une liste plus ou moins exhaustive
de quelques mots :
6.1.1- Des lettres au milieu dun mot
Cest une suite de lettres trouve au milieu dun mot, cest facile trouver, mais
parfois il faut tre ingnieux pour dcrypter ce genre de dfinitions qui semblent si
abordables.
(1) http://home.citycable.ch/cruci.com/
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Exemple : Prire au cur = IE (ici, on doit voir le milieu du mot prire ). Il existe
maintes expressions qui indiquent quil sagit de donner les lettres du milieu dun mot,
entre autres : en plein en plein centre au milieu au sein au cur
6.1.2- Des lettres lenvers
Ce sont des mots crits de droite gauche. Dans ce cas, les lettres peuvent signifier
rellement quelque chose si lon les lit lenvers, soit de droite gauche ou de bas en
haut.
Exemples : Revient dsappoint = UCED ( du lenvers de droite gauche. Ici
lastuce est dans le mot revient de la dfinition).
Part en cte = AV ( va en inversant les lettres mais cette fois-ci de bas en haut et
lexpression qui lindique est en cte cest--dire en montant. Les expressions qui
signalent ce procd sont plus particulirement : monte pied le fond se mord la
queue tire au flanc les pieds devant en un sens pas dans le bon sens avec la tte
en bas en marche arrire rtrograd
6.1.3- Des lettres lintrieur dun mot
Il sagit dune srie de lettres que lon doit trouver dans un mot, ou un bout de ce
mot : soit ses extrmits, soit son dbut ou sa fin. Cest un procd dont le
verbicruciste emploie en cas de ncessit absolue, ou pour jeter dans lembarras les
joueurs ; et dans ce cas, il faut bien lire la dfinition pour savoir la position des lettres
que lon doit placer sur la grille.
Exemples : semes en octobre = OCT (des lettres tires du mot octobre ).
En quantit = QT (des lettres tires effectivement du mot quantit ).
Dans une telle situation, les ventualits de rponse sont alors nombreuses et varies.
Dans le premier exemple, on pourrait avoir : OBR, BRE, OCB, OTO
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Il y a aussi une ambigut incontestable surtout quand le cruciverbiste ignore sil sagit
du mot ou de la chose surtout quand on a pas les cases noires (cas de la grille muette),
parce que de pareilles dfinitions peuvent aboutir plusieurs possibilits de rponses,
comme est le cas de cette dfinition : Etre sans cur ; la rponse tait : EE (cest--dire
le mot tre sans les lettres du milieu), alors que la rponse pourrait tre : DUR,
IMPITOYABLE, FEROCE, BRUTAL
6.2- Les mots porteurs de sens
Parfois, il y a des mots de deux ou de trois lettres que les cruciverbistes sont habitus
trouver dans des grilles et dont les auteurs ont conus par cration lexicale. Le dfini
de ce jeu est donc livr par nimporte quel procd de cration entre autres :
6.2.1- les allographes (mots en phontique)
Ce genre de mots est dune utilisation courante. Ce procd consiste dcomposer le
mot en prononant ses lettres comme elles se prononcent dans lalphabet.
Exemple : test daudition = EC (les deux lettres une fois prononces donnent le mots :
essai ). Les procds utiliss sont : phontiquement, lcoute, daudition, chez les
portugaises, etc.
6.2.2- Les sigles, les abrviations et les acronymes
Ces procds, galement, sont souvent utiliss par la majorit des verbicrucistes ; ils
sont constitus dune suite dinitiales de plusieurs termes, employs gnralement pour
une rduction graphique. Le mme rle pour les acronymes, sauf que ceux-l sont plus
ou moins lexicaliss, on les prononce comme sil sagit dun nouveau mot.
Exemples : - Pense bte = SPA (sigle relatif lorganisation qui dfend les animaux :
Socit Protectrice des Animaux).
- Bref, cest pareil = ID (abrviation du mot idem qui veut dire cest pareil).
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- Transport parisien = RER (sigle qui signifie : Rseau Express Rgional).
- Bande des Dalton par exemple = BD (sigle de la bande dessins).
- Corps sportif = CIO (sigle de Comit International Olympique).
- Heureuse fin de problme = CQFD (abrviation de : Ce Quil Fallait Dmontrer).
6.2.3- Les symboles chimiques
Il est quelquefois commode, voire ingnieux pour les auteurs, de faire appel des
symboles chimiques pour pouvoir complter leurs grilles. Ce procd exige aux
cruciverbistes davoir en tte le tableau de classification de Mendeleev Dmitri
Ivanovitch(1).
Exemples : - Symbole empoisonnant = AS (symbole de larsenic, lment chimique
utilis comme poison).
- Prcieux de chimiste = AU (symbole de lor, mtal prcieux).
6.2.4- Les chiffres romains et les lettres grecques
Il est aussi trs frquent de rencontrer, dans les mots croiss, des chiffres romains
puisquils sont composs de lettres (I V X L C D M). Notre verbicruciste a souvent
recours ce genre de procd.
Exemple : Equipe de Rome = XI (dfinition qui inspire le doute parce que a peut tre
des chiffres comme cest le cas de la solution, et a peut tre lquipe de football de
Rome, connue sous le nom de AS Rome).
Il en est de mme pour les lettres grecques car la quasi-totalit des concepteurs de
grilles emploient cette technique car le nombre de lettres de lalphabet grec varie entre
deux et sept. Cela permet au verbicruciste de pouvoir leurrer ces joueurs.
Exemple : O hellne ! = OMEGA (la dernire lettre de lalphabet grec).
(1) Chimiste russe, en 1869 il a procd la classification priodique des lments chimiques.
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Il existe aussi quatre lettres qui comptent le nombre de deux lettres : MU NU PI XI, et
cela permet aux cruciverbistes de suggrer des probabilits de rponse pour les mots
longs et dune dlicatesse considrable.
6.2.5-Les interjections et les onomatopes
Ce sont des mots invariables et isols qui expriment, respectivement, un sentiment
violent, une motion ou un ordre ; ou une cration de mots par imitation phontique de
ltre ou de la chose dsigne. Cette technique est utilise, mais rarement, par des
verbicrucistes pour combler leurs grilles. Et puisquil existe plusieurs interjections dans
la langue franaise, ce genre de dfinitions nous entrane dans lembarras. Par exemple,
la dfinition : interjection dont la solution tait : EH alors quelle pouvait tre : OH,
AH, HA, HOil y a nuance. Autre dfinition : coup de feu dont la solution tait
lonomatope : PAN alors quelle pouvait tre le nom : TIR. Donc cette manire de
procder peut nous entraner toujours dans lincertitude. Et encore ! Une onomatope
plus longue dont la dfinition tait : roulement de tambour = RANTANPLAN
(onomatope de dix lettres).
6.3- Inventaire de quelques mots frquents
Avant de prsenter cet inventaire, nous allons rpondre dabord la question
suivante : pourquoi avons-nous dit mots frquents ? Cest parce que les dfinitions
de ces mots paraissent insolubles surtout pour les novices, alors que pour les aguerris,
elles sont si simples quils peuvent placer la rponse spontanment dans la grille,
tellement ils ont souvent rencontr ces dfinitions et ces mots.
Voici le petit inventaire des mots usuels et leurs dfinitions rcolts de notre petite
exprience avec les grilles 10x10 du journal national Le Quotidien dOran :
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GO = casse-tte chinois. OC = ancienne langue.
IF = conifre. NO = drame nippon.
LI = mesure chinoise. DAN = ceinture.
DA = renforce le oui (affirmation). DOL = fraude.
RU = petit ruisseau. EGO = autre moi.
RA = dieu solaire ou roulement de tambour. EON = espion travesti.
NA = mot enfantin. OBI = ceinture.
OIL = ancienne langue. EVOE = cri des bacchantes.
OPE = trou mural. IBIS = oiseau chassier ou sacr.
OST = arme mdivale. IGNE = qui est en feu.
OVE = ornement en forme duf. IULE = mille-pattes.
AIS = planchette de reliure. LOIR = rongeur dormeur.
LUT = enduit. NEVE = futur glacier.
LAD = garon dcurie. OUED = cours deau.
ALE = bire anglaise. AEDE = pote grec.
ANA = recueil plaisant. ANEE = charge de baudet.
ARA = perroquet. ANTE = pilier ou pilastre cornier.
ARS = point de saigne. AVEN = puits naturel.
ERS = lentille. ECOT = quote-part.
RES = chose latine. ELFE = gnie scandinave.
MIR = station spatiale russe. EMEU = ratite de lAustralie.
ERG = unit de travail. ERSE = de la haute Ecosse.
HIE = demoiselle. ERSE = anneau de cordage.
IDE = poisson rouge. ETOC = tte de rocher.
ION = atome. PITE = agave dAmrique.
RAI = rayon. REER = bramer ou raire.
REA = roue gorge. STUC = imitation de marbre.
RIA = valle inonde. SUEE = transpiration.
RIS = thymus de veau. TUNE = pice de cinq francs.
SIL = argile. UBAC = versant de montagne.
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TAN = corce de chne. URUS = ancien taureau (ure).
TEE = cheville de golf. INNE = naturel.
URE = ancienne bte. IRIS = dans lil ou plante.
IRE = ancienne colre. UNAU = paresseux.
ITE = fin de messe. REVE = idal.
IVE = bugle jaune. RETS = filet de pche.
ODE = pome lyrique. METS = repas.
CEP = pied de vigne. ESSE = crochet.
SOC = pice de charrue. IENA = ville doptique.
ACE = balle de service. ADRET = autre versant de montagne.
ILE = petite terre. ENTER = greffer.
NOE = patriarche ou homme de dluge. ERINE = carteur (outil de chirurgie).
UNE = manchette. ETIER = canal ctier.
UTE = vieil indien. ILEON = partie dintestin.
ULM = petit avion. IPECA = racine vomitive.
ENA = cole des cadres. EMERI = matire abrasive.
LEV = monnaie bulgare. STELE = monument funraire.
SAI = capucin. ESERINE = alcalode.
Nous esprons que nous ayons pu donner un maximum de mots les plus employs
par la plupart des verbicrucistes et surtout celle que nous sommes en train dtudier ses
grilles. Ces mots servent daide-mmoire pour pouvoir combler quelques cases dune
grille par des lettres, si nous pouvons dire, jalonneuses qui servent de leur ct trouver
les mots les plus ardus. Cette liste de mots frquents ne sera jamais exhaustive parce
quil y a et il y aura dautres mots qui se rptent souvent.
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7- La crativit lexicale comme mode de formation des mots
Les verbicrucistes font aussi appel dautres modes de formation de mots et plus
particulirement la crativit lexicale. Le nologisme et parfois larchasme, lemprunt
dautres langues, la composition sont galement des procds faisant partie de cette
crativit lexicale. Ce sont, dailleurs, les modes utiliss par tous hormis les
verbicrucistes ; car sans des mots nouveaux pour exprimer la modernit et prsenter des
changements sociaux, la langue naura plus davenir comme estiment Gaudin F et
Guespin L : Le portrait que nous avons dress des diffrentes faons de crer des
units lexicales nouvelles est orient de faon rendre plus facile la crativit. Il
regroupe les crations par drivation, par composition, par abrviation, par emprunt et
par mutation du sens de mots existants ou nologie smantique. (1)
Cest pour cela que la langue franaise est assujettie la nologie, la crativit
lexicale continuelle et attentive. Cependant, il faut mentionner quen pratiquant le jeu
des mots croiss, nous constatons que le mot trouver est livr par nimporte quel
procd de cration lexicale. Cest ainsi que Kocourek R. dans son ouvrage essais de
linguistique franaise et anglaise, mots et termes, sens et textes pense qu il y a
dabord la fonction dnominatrice de la dfinition. Pour un dfinissant, pour un
concept donn, on propose, indique, trouve une tiquette, une unit lexicale particulire
(le dfini). Ce processus de dnomination a recours aux vastes ressources de la
cration lexicale, ancienne et nouvelle cest--dire aux ressources de la motivation de
la formation lexicale, de la nologie. (2)
Si on veut leurrer le cruciverbiste, on a plusieurs possibilits de le faire, puisquil y a de
nombreuses solutions qui peuvent tre suggres pour une seule dfinition. Ces
dfinitions sont dites ouvertes. Cest ce qui rend la dfinition des mots croiss, surtout
(1) GAUDIN F et GUESPIN L. : Initiation la lexicologie franaise. De la nologie aux dictionnaires, Ed. De Boeck. Du Culot, Bruxelles, 2000, p. 9.(2) KOCOUREK R. : Essais de linguistique franaise et anglaise, mots et termes, sens et textes, Ed. Peeters Publishers, Paris, 2001, p. 88.
26
dun niveau avanc, trs difficile rsoudre car, contrairement au lexicographe qui
cherche faciliter la comprhension du mot en donnant une dfinition aussi spcifique
que possible, le verbicruciste formule sa dfinition avec plus ou moins dingniosit, de
manire enchevtrer les pistes et crer une distance entre la dfinition et le dfini.
Pour cela, comme nous lavons dj signal, le verbicruciste emploi quelques procds
de cration lexicale (comme lont mentionn Gaudin et Guespin) qui se fait par
composition, par abrviation, par emprunt, par nologisme vs archasme .
7.1- La composition
Est une formation de mots par assemblage de racines ou de mots radicales. Elle
prend deux formes diffrentes par lorigine de ces racines, soit franaises soit grco-
latines, et leur ordre dans le mot compos qui est fond de deux racines ou plus. Pour ne
pas entrer dans les dtails sur cette section, nous proposons une dfinition au concept de
composition selon Anglard V : La composition permet de crer des mots nouveaux
soit en combinant des mots dj existants soit en ajoutant un nom un lment qui a un
sens en lui-mme. []. La plupart des lments entrant dans la composition sont
dorigine grecque. Certains peuvent tre placs soit devant soit aprs le mot avec lequel
ils entrent en composition. (1)
Aussi, pour les verbicrucistes, la composition est une autre subtilit car ils en usent
souvent. Les cruciverbistes, de leur ct, peuvent galement rencontrer des mots rares
appartenant un domaine de spcialit ; ces mots ncessitent la connaissance de
certaines racines dorigine grecque ou latine, produisant des mots savants, pour pouvoir
retrouver les mots viss par lauteur ; parfois, ils rencontrent mme des composs, dits
populaires qui sont bases franaises et lis par des traits dunion qui sont inexistants
dans la grille.
(1) ANGLARD V. : Matriser le vocabulaire franais, Ed. Ellipses, Paris, 1997, p. 52.
27
Plusieurs exemples extraits de notre corpus pour tayer notre point de vue sur cette
section entre autres les deux dfinitions suivantes :
1- Fait des tudes btes dont la solution est un mot de 8 lettres. Pour pouvoir
rpondre cette dfinition, il faut une double rflexion :
- la premire est de savoir si le mot bte est un adjectif ou un nom ; dans le premier
cas, il sagira dune personne qui fait des tudes sans intelligence et qui peut dboucher
sur les dfinis suivants : IMBECILE, SAUGRENU, BALOURDE (dans la dfinition le
genre nest pas explicite), LOURDAUD, CORNIAUD
Dans le deuxime cas, il sagira dune personne ou dune science qui fait des tudes des
btes (des animaux) et ici nous avons affaire une ellipse (celle du dterminant des )
dont nous avons rserv une section dans le chapitre suivant.
- la deuxime rflexion qui consiste utiliser la composition de certaines racines
grecques ou latines pour nous permettre de retrouver le dfini et cest vraiment le cas
dans cette dfinition. Nous avons les deux mots tudes et bte dont nous
pouvons proposer respectivement les racines suivantes logie et zoo pour aboutir
au mot savant ZOOLOGIE qui tait la solution cette dfinition.
2- Tenue militaire qui propose un dfini de 10 lettres. A premire vue de la
dfinition, nous croyons quil sagira dun habillement mais au bout du compte, nous
constatons quil sagissait de la position rglementaire dun militaire. La dfinition
suggrait le mot compos GARDEAVOUS (garde--vous) dont les traits dunion
sont absents.
7.2- Lemprunt dautres langues
Lemprunt est lune des techniques de formation de mots utilises par les
verbicrucistes car de temps autre, nous trouvons dans les grilles de mots croiss des
mots provenant dautres langues que le franais, le plus souvent langlais, figurant dans
les dictionnaires ou non. Cependant cette formation de mots nest pas comme la
composition qui emploie des bases existantes dj en franais ; en ralit, sont des mots
considrs comme des lments isols, ceux qui sincorporent dans une langue, comme
28
le souligne Niklas-Salminen : Lemprunt, contrairement aux autres processus de
formation de mots [] (drivation, composition, abrviation, siglaison), prsente la
particularit de faire surgir des units nouvelles sans recourir des lments lexicaux
prexistants dans la langue. En effet, les mots demprunt sintgrent dans la langue
comme des lments isols ; ils ne sont pas du tout motivs. (1)
En tout tat de cause, le concepteur de grilles peut parfois avoir recours aux
emprunts, et la langue laquelle ils empruntent beaucoup cest bien langlais. Ces
emprunts, appels des anglicismes, assurent le dynamisme des pays anglo-saxons dans
de divers domaines. A titre dexemple, le domaine de laviation dans la dfinition
suivante : Tourne en avion qui avait comme dfini le mot anglais : LOOPING
qui est une acrobatie effectue par un avion en plein vol. En conomie, dans la
dfinition : Dcollage conomique qui avait comme solution le terme anglais, et qui
est compos : TAKEOFF (take-off). Notamment, il existe plusieurs mots puiss des
langues autres que langlais : de litalien, de lallemand, de larabe, de lespagnol, du
russe, etc. et cela suivant les formes dart, les inventions, les traits de civilisation des
pays parlant ces langues. En illustrant cela, nous donnons les exemples suivants :
1- Cest l quon peut voir le moujik endormi , lintrieur de la dfinition, il y a un
terme tranger la langue franaise : (moujik) emprunt de la langue russe et qui veut
dire un Paysan, dans la Russie dancien rgime (2); pareillement, le dfini tait un mot
russe se rfrant au moujik : ISBA qui est une Habitation des paysans russes, faite
de rondins de bois de sapin (3) .
2- Pour un artiste, cest son type de concert , cette dfinition suggrait un mot de dix
lettres qui tait le mot italien IMPRESARIO .
(1) NIKLAS-SALMINEN A. : La lexicologie, Ed. Colin, Paris, 1997, p. 83.(2) ) Dfinition du dictionnaire : Le Petit Larousse, 1995.(3) Ibid.
29
7.3- Le nologisme vs larchasme
En plus de lemprunt dautres langues, les auteurs crent parfois des mots
nouveaux en utilisant la prfixation ou la suffixation, mme si ces mots ne sont pas
attests par le dictionnaire ; nous donnons lexemple du mot : AEROPHOBIE qui ne
figure pas dans les dictionnaires dont nous disposons (Le Petit Larousse 1995, Le Petit
Larousse multimdia 2007, Dico Encarta 2007) ; ce mot tait la rponse la dfinition :
Nature qui a horreur du vide . L, le verbicruciste a bas sur le prfixe et le suffixe
grecs aro et phobie qui veulent dire respectivement (air) et (craindre) ; en
assemblant ces deux bases, nous obtiendrons un nouveau mot dont le sens est (la crainte
de lair) et qui renvoie la dfinition (horreur du vide). Dailleurs, le nologisme nest
pas uniquement des mots nouveaux mais aussi des sens nouveaux des mots dj
existants. Nous distinguons donc deux sortes de nologisme : nologisme de forme et
nologisme de sens. Ce sont deux procds utiliss souvent par les verbicrucistes les
plus chevronns pour exprimer leur imagination potique et rhtorique pour rendre la
langue plus nuance et plus riche. Cest aussi que tous les locuteurs crent
constamment des nologismes. On peut les trouver dans les livres, les journaux, comme
dans les parlers de tous les jours. Une grande partie de ces nouvelles units lexicales
continue exister et entre vite dans le grand courant de la langue parle. Dautres
nologismes sont des crations de circonstance qui ne tardent pas disparatre, ne
trouvant pas demploi hors de la situation toute spciale qui les a provoqus (1)
Il faut noter par ailleurs que les nologismes des mots croiss sont des crations
occasionnelles qui ne trouvent pas dutilisation hormis la situation du cruciverbisme.
Contrairement au nologisme, il y a le procd de larchasme qui est dfini par la
plupart des dictionnaires comme un mot ou/et une forme lexicale vieillis qui ne sont
plus employs dans le langage courant. Les auteurs de mots croiss ont de temps en
temps besoin, en effet, de quelques mots peu courants pour complter leurs grilles, et
grce eux, ces mots passifs et vieillis reprennent un semblant de subsistance parce que
(1) NIKLAS-SALMINEN A. : Op.Cit, p. 87.
30
les mots tombs dans la dsutude se retrouvent dans les grilles de mots croiss ;
puisque leurs concepteurs sont des ramasse-tout qui emploient tous les moyens
possibles pour provenir finir leurs grilles, entre autres larchasme ou les mots vieillis.
Les deux exemples suivants illustrent ces mots vieillis :
1- Vieille porte archasme explicite par le mot (vieille) ; cette dfinition avait pour
solution : HUIS qui est un vieux mot qui dsigne la porte extrieure dune
maison.(1)
2- Ysengrin qui avait pour rponse : LEU ; ici, on a utilis la forme ancienne du
mot (loup) parce que Ysengrin est un nom souvent donn au loup dans la littrature
mdivale, notamment le Roman de Renart. (2) et qui dit mdivale dit ancien.
Aujourdhui, le mot (leu) nest employ que dans la locution adverbiale : la queue
leu leu qui veut dire la suite les uns des autres la manire des loups.
7.4- Le registre familier
Il existe encore une catgorie de mots qui entrent, parfois, dans les grilles de mots
croiss : ce sont les mots de la langue familire quon utilise lorsquon parle librement
avec une personne que lon connat bien. Ces mots sont relchs, argotiques, parfois
mme grossiers et qui font partie essentiellement de la langue orale, mais qui sont, de
temps autre, employs lcrit notamment dans les mots croiss. Les auteurs de
grilles emploient aussi largot qui est une faon de passer outres les tabous tablis par la
socit et qui est utilis dans des milieux relativement ferms. Quant ses procds, il y
en a deux types : smantiques et formels (i.e. une modification et un jeu sur le sens des
mots, une invention et une modification de mots).
Nous en avons extrait quelques exemples illustratifs de notre corpus notamment les
dfinitions suivantes :
(1) Dfinition du dictionnaire : Le Petit Larousse multimdia, 2007.(2) Ibid.
31
1- Documentation courante qui suggrait un mot de trois lettres : DOC qui est un
procd de type formel par apocope.
2- La fte des mecs cette dfinition exige un mot de quatre lettres : TEUF , de
mme cest un procd de type formel par le verlan qui consiste retourner le mot
lenvers (do le terme verlan ) syllabe par syllabe.
Donc, pour pouvoir solutionner une grille de mots croiss dun niveau plus ou moins
lev, comme celui dont nous sommes en train dtudier, il faut tre dot dun savoir
incommensurable voire dune culture gnrale considrable puisquil sagit dun jeu
culturel et spirituel.
Aprs avoir prsent, dans ce chapitre, un aperu gnral li au monde des mots
croiss qui est, si nous pouvons le dire, un monde ludoducatif, puisque, en les jouant,
nous sommes en train dduquer ou de dvelopper la mmoire et laptitude rflchir,
comprendre et tablir des liens logiques et smantiques entre une dfinition et un
dfini recherch, et cela par le jeu. Dans le prochain chapitre, nous tentons dtablir une
analyse taye par des illustrations sur les procds lexicaux et grammaticaux
quemploient les verbicrucistes pour drouter les cruciverbistes et les entraner dans de
fausses pistes. Ces illustrations, nous les avons extraites des grilles conues par la
verbicruciste du journal national dexpression franaise Le Quotidien dOran et qui
contiennent des dfinitions plus ou moins tires par les cheveux et dun degr lev que
les novices de ce jeu ne parviennent plus les dcrypter.
32
DEUXIME CHAPITRE
LES PROCDS LEXICAUX ET GRAMMATICAUX
DANS LA PRODUCTION DU SENS
33
Avant de dcrire les procds, lexicaux soient-ils ou grammaticaux, employs par les
verbicrucistes en herbe pour chiffrer leurs dfinitions, est-il souhaitable de commencer
par effleurer les notions de lexique et de grammaire . Ensuite, serait-il galement
indispensable de dterminer ces procds parce quactuellement, ces concepteurs de
mots croiss ne se limitent pas utiliser les dfinitions des dictionnaires classiques
tels Le Petit Larousse, le Petit Robert, mais ils font plutt preuve de crativit en
inventant parfois de nouvelles dfinitions que nous illustrerons au fur et mesure
travers quelques exemples extraits des grilles qui appartiennent intrinsquement notre
corpus.
1- Lexique et grammaire : lments de dfinition
1.1- Le lexique
Le lexique est une notion dfinie et explique par plusieurs linguistes. Dans notre
travail nous adoptons la dfinition de Picoche J. : On conviendra dappeler lexique
lensemble des mots quune langue met la disposition des locuteurs. (1) En dautres
termes, il est lensemble des mots dune langue donne, inventoris dans les
dictionnaires. Le lexique franais rassemble les mots de la langue franaise et il compte
parmi ces mots tous les vocabulaires de spcialit(2) ; certes, nous confessons la grande
simplicit voire mme la superficialit de cette dfinition. En effet, la notion de lexique
nest pas isole, il existe en fait une autre notion qui lui est intimement lie, cest bien
celle de vocabulaire qui renferme seulement les expressions connues activement ou
passivement par un locuteur, comme la signal Eluerd R. : Tout locuteur a une
exprience pratique du mot : le connatre ou non, lavoir sur le bout de la langue , le
chercher dans le dictionnaire ; avoir appris ses emplois, avoir appris lassembler
(1) PICOCHE J. : Op. Cit, p. 44.(2) On les appelle aussi les jargons , ils sont employs dans un domaine donn par un groupe socialspcifique.
34
avec dautres mots pour dire quelque chose et savoir reconnatre et juger les
assemblages produits par dautre locuteurs ; [] ; savoir plus ou moins jouer avec les
mots, les croiser, les dcomposer, les recomposer, les associer de manire surprenante
[]. (1)
Pour Eluerd, le locuteur apprend une langue par la pratique, en tant toujours en
contact avec elle. Nous avons crit activement et passivement car chacun de
nous possde un vocabulaire, soit actif, soit passif ; le premier correspond aux mots
connus et employs par le locuteur, tandis que le second, il concerne les mots dont le
locuteur connat le sens mais quil nutilise que rarement. Pour nous, les mots croiss
aident activer ce vocabulaire, si nous pouvons dire, inerte ou de lenrichir par des
mots nouveaux.
1.2- La grammaire
Afin que la dfinition soit tout fait satisfaisante, nous avons choisi ce passage de
Saussure qui la dfinissait comme suit : La grammaire tudie la langue en tant que
systme de moyens dexpression ; qui dit grammatical dit synchronique et significatif
[]. Cest en effet la morphologie et la syntaxe runies quon est convenu dappeler
grammaire, tandis que la lexicologie ou science des mots en est exclue. (2) En lisant
cette dfinition, on constate que Saussure a divis la grammaire en deux parties :
1- La syntaxe, parce que Les mots sont rarement traits de faon isole. La plupart
du temps nous les combinons dans des phrases. Lorsque nous combinons des mots, leur
agencement est primordial. Ces combinaisons entre les mots obissent des contraintes
prcises spcifies par les rgles de la syntaxe. (3) Selon cette citation, la syntaxe
contient des rgles quil faut respecter pour agencer correctement des mots. Ces rgles,
(1) ELUERD R. : La lexicologie, Ed. PUF, Paris, 2000, pp. 34 35.(2) SAUSSURE (de) F. : Cours de linguistique gnrale, Ed. ENAG, Alger, 1990. p. 213.(3) SPINELLI E et FERRAND L. : Psychologie du langage : Lcrit et le parl, du signal la signification, Ed. Colin, Paris, 2005, p. 10.
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on les a par le capital de notre exprience en tant que locuteurs parce que tout usager
possde un savoir appel comptence grammaticale.
2- La morphologie, car cest une discipline qui tudie les morphmes considrs comme
des units minimales significatives ; donc, cest un domaine dtude li la fois la
syntaxe et/ou la smantique.
Egalement, Saussure, jusque l, a cart la notion de lexicologie de la grammaire.
Do surgit notre esprit le questionnement suivant : est-ce quon peut vraiment valider
cette exclusion ? Nous nous sommes parfaitement inform que la lexicologie tudie le
lexique dans sa signification, sa frquence, sa structure et son volution. (1), que le
lexique est lensemble des units qui constituent le matriau de base dune langue et que
la grammaire fournit les rgles qui permettent dagencer ces units pour former des
phrases correctes. Donc, partir de cela, nous concluons quil y a une certaine
complmentarit entre ces notions. Saussure, lui-mme, a ainsi rpondu ce
questionnement : A premire vue les mots, tels quils sont enregistrs dans le
dictionnaire, ne semblent pas donner prise ltude grammaticale, quon limite
gnralement aux rapports existants entre les units. Mais tout de suite on constate
quune foule de ces rapports peuvent tre exprims aussi bien par des mots que par des
moyens grammaticaux. (2) Aussi pour illustrer les rapports entre ces units de la langue,
lauteur crit : On attribue gnralement les prpositions la grammaire ; pourtant la
locution prpositionnelle en considration de est essentiellement lexicologique,
puisque le mot considration y figure avec son sens propre. (3)
En tout cas, pour ne pas sexprimer btons rompus, ce qui compte pour nous, ce
nest pas de scruter les deux disciplines, mais cest de dmonter, autant que possible, les
ficelles et les astuces quemploie le verbicruciste que nous sommes en train danalyser
ses dfinitions aussi fallacieuses soient-elles. Cest pourquoi, nous proposons dtudier
un corpus de grilles de mots croiss parus (dans le Quotidien dOran ) et adresss
des cruciverbistes plus ou moins en herbe.
(1) Dfinition extraite de Dicos Encarta, 2007.(2) SAUSSURE (de) F. : Op. Cit, p. 214.(3) Ibid. p. 215.
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Pour ce faire, nous avons choisi de travailler sur les mots dont leur traduction est
interlinguale qui selon Jakobson R. se sert dun autre mot, plus ou moins synonyme,
ou recourt une autre circonlocution. (1) Par consquent, lexercice du traducteur
interlingual est semblable celui dun auteur de grilles de mots croiss, car ce dernier
emploie des dfinitions qui se prsentent sous une forme synonymiques, polysmiques,
quivoques, amphibologiques
A ce moment, nous allons commencer examiner les procds lexicologiques
utiliss dans les dfinitions des mots croiss lun aprs lautre, en esprant que nous
soyons aussi exhaustif dans cette tude et nous commenons par examiner la double
nature de la dfinition(2) (sur les deux axes paradigmatique et syntagmatique):
2- Lorganisation des relations smantiques entre les units lexicales
Les relations smantiques entre les units lexicales sont reconnues au niveau
linguistique et considres comme dichotomiques : celles des deux axes paradigmatique
et syntagmatique. Ces relations permettent dessayer dorganiser le lexique en termes de
signifis plutt quen termes de signifiants.
2.1- Les relations paradigmatiques
Les relations paradigmatiques peuvent nous clairer les connotations du mot
retrouver. En effet, ces relations sont celles qui existent entre des units lexicales in
absentia dans une dfinition, mais susceptibles dapparatre dans la grille. Les relations
paradigmatiques sont donc la rponse que puis-je mettre la place de ce mot ? ;
les plus habituelles ou videntes dans les mots croiss sont : la synonymie,
lhyperonymie vs lhyponymie, la mronymie vs lholonymie ; comme la prcis
(1) JAKOBSON R. : Essais de linguistique franaise, Ed. Seuil, Paris, 1963, p. 79.(2) ZAOUI M. : Smantique et tude de langue, Ed. OPU, Alger, 1993, p. 142.
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Tamba I. Il est communment admis aujourdhui que les units lexicales sont relies
entre elles par trois grands types de relations structurales : la synonymie, lantonymie
et lhyperonymie, lhyponymie, laquelle on joint parfois la mronymie (1)
2.1.1- La synonymie
Dans le cadre de notre recherche, nous dirons que deux mots sont synonymes
lorsquils sont substituables lun par lautre ; dune faon non complique, cela veut
dire quils partagent un ou plusieurs lments de significations, ce qui entretient une
possibilit de pouvoir mettre un mots dans la grille des mots croiss la place dun
autre mot qui constitue la dfinition. Ici, nous avons affaire des mots isols (pas de
contexte) ce qui rend la tche du cruciverbiste plus ardue. Mme avec un contexte, il y a
une ambigut car la vraie synonymie est rarissime. Niklas-Salminen A. estime : En
fait, les cas de synonymie absolue sont extrmement rare. Ils ne se rencontrent gure
que dans le langage technique ou scientifique. (2)
Dans les mots croiss, la synonymie donc cause souvent une grande perplexit pour
les amateurs parce que la langue franaise contient plusieurs synonymes approximatifs
ou partiels, lexemple le plus illustratif est celui de Mandarins = ERUDITS. Puisque
la majorit des mots sont polysmiques. Or, parmi les quatre acceptions figurant dans le
dictionnaire Le Petit Larousse du mot mandarin , il y a celle qui est dusage plus
souvent pjoratif et spcialement pour un professeur duniversit ; et puisque nous
savons dexprience quun professeur luniversit est une personne qui a de
lrudition dans son domaine. Par consquent, la rponse de la dfinition tait
ERUDITS . Or la synonymie, quand elle se rencontre dans de tels mots, ne
concerne gnralement quune partie des sens. (3)
(1) TAMBA I. : La smantique, Ed. PUF, Paris, 2005, p. 80.(2) NIKLAS-SALMINEN A. : Op. Cit, p. 111.(3) BAYLON C et MIGNOT X. : Initiation la Smantique du langage, Ed. Nathan, Paris, 2000, p. 107.
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2.1.2- Lhyperonymie vs lhyponymie
Les termes techniques dhyponymie et dhyperonymie napparaissent en
smantique qu la fin des annes 1960. (1). Ces deux procds appartiennent aux
relations o les ides sont relies entre elles par des relations de genre/espce, cest--
dire des relations entre un mot gnrique et un mot spcifique. Ces relations permettent
de construire une hirarchie smantiques entre deux signifis : A est hyperonyme de B
si nous pouvons dire que A est genre de B . Cest pourquoi, ces procds
dichotomiques engendrent une structure smantique hirarchise du genre lespce ; et
ces derniers sont parfois employs par le verbicruciste, par exemple la dfinition :
Patates ou pommes de terre est hyponyme du dfini TUBERCULES parce que
pomme de terre est une espce de tubercules . Un autre exemple qui va entraner
plus dambigut dont la dfinition tait : Echassier qui avait pour rponse
CIGOGNE . Pourquoi pose-t-elle plus dambigut ? Parce quil y a un embotement
de classes les une dans les autres. En ornithologie, chassier est hyponyme de
oiseau et hyperonyme de cigogne , et encore nous avons saut dautres classes
intermdiaires comme ciconiiformes (2), gruiformes (3), charadriiformes (4)
Nous nallons conserver que les trois premiers mots : cigogne, chassier et
oiseau , nous allons immdiatement constater que chacun est hyponyme du suivant et
hyperonyme du prcdent ; la susmentionne cigogne appartient au superordre
dchassier, qui appartient son tour la classe des oiseaux. Donc pour pouvoir
rpondre une telle dfinition, le cruciverbiste doit se munir dun grand savoir en
matire dornithologie.
(1) TAMBA I. : Op. Cit, p. 94.(2) Ordre de grands oiseaux chassiers des rgions tropicales et tempres, tels que la cigogne, le hron, leflamant, libis.(3) Ordre doiseaux chassiers au plumage terne, tels que la grue, loutarde, le rle.(4) Ordre doiseaux chassiers ou palmipdes, tels que le pluvier, le goland, lavocette, le pingouin et labcasse.
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Les deux smanticiens Baylon C. et Mignot X. ont bellement dit en ce qui concerne
ces deux procds : Hyponyme veut dire en effet nom subordonn et hyperonyme
nom superordonn . Un nom est considr comme subordonn un autre quand son
application est plus restreinte, quand la classe des rfrents auxquels il sapplique est
in cluse dan celle des rfrents auxquels le second sapplique. Dans le sens inverse, on
a superordination. []. Lhyperonyme est donc plus pauvre smantiquement, mais plus
riche rfrentiellement, que ses hyponymes. (1)
Cette superordination est souvent considre comme un des outils importants et un des
procds ncessaires de la dfinition cruciverbiste.
2.1.3- La mronymie vs lholonymie
La mronymie et lholonymie sont des relations o les concepts sont relis entre eux
par celles de partie/tout, o la mronymie traduit un phnomne dinclusion. De mme,
pour lhyponymie qui traduit de son ct le mme phnomne dinclusion i.e. une partie
est incluse dans un tout. La seule distinction entre ces deux procds, cest
que lhyponymie correspond une hirarchie en tre-un, fonde sur la relation est
une sorte / espce de, tandis que la mronymie est une hirarchie en avoir-un, fonde
sur la relation est une partie / un lment de. (2) note Tamba.
Dans cette dfinition illustrative (dj vue) : Si un lphant a trompe, lui a
bosse , l, il est question dune mronymie parce que la trompe est une partie de
llphant (holonyme), et le mot recherch dans la dfinition figure dans sa
deuxime partie lui a bosse , le terme bosse est une partie dun chameau ( mot
de huit lettres) et la rponse exige un mot de dix lettres, ici, il sagit donc du mot
DROMADAIRE qui tait vraiment la solution. Alors, il sagit dun couple de
situations, lune des deux est occupe par une classe de mronymes (noms de parties :
trompe et bosse), lautre par une classe dholonymes (noms de tout : lphant et (1) BAYLON C et MIGNOT X. : Op. Cit, p. 112.(2) TAMBA I. : Op. Cit, p. 101.
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dromadaire). Observons aussi cette dfinition : On la lil qui avait comme
solution : RETINE (mot de six lettres) qui est une partie de lil
(mronyme/holonyme) ; mais, elle peut avoir une autre solution quand nous prenons en
considration lexpression lil qui peut tre fige (cf. procd des expressions
figes) sous forme de locution adverbiale et qui signifie : GRATIS (de mme, mots
de six lettres).
2.2- Les relations syntagmatiques
Les relations syntagmatiques sont complmentaires aux relations paradigmatiques ;
elles rendent compte des liens qui existent entre les diffrents segments prsents dans
une phrase parce que les mots sont agencs, relis de faon linaire, comme la signal
Saussure dans son CLG : Le rapport syntagmatique est in praesentia ; il repose sur
deux ou plusieurs termes galement prsent dans une srie effective. (1) Nous voulons
en venir par ltude des liens syntagmatiques dsambiguser les dfinitions floues,
surtout celles qui contiennent des expressions figes, analyser les units lexicales qui
les composent car parfois, une expression fige subit un dfigement par les concepteurs
de grilles pour loigner les cruciverbistes de la solution idoine.
2.2.1- Procd des expressions figes
Les expressions figes, appeles aussi locutions, expressions idiomatiques,
expressions toutes faites(2), locutions toutes faites(3), expressions figures(4), occupent
une place privilgie parmi les procds et les processus employs par les concepteurs
de mots croiss car elles procurent une certaine ambigut, par exemple, quand nous
nous sommes en face dune dfinition telle que Taillable et corvable merci qui est
une locution adjectivale et dont la solution tait : ILOTE. En faisant une premire
(1) SAUSSURE (de) F. : Op. Cit, p. 198.(2) BAYLON C et MIGNOT X. : Op. Cit, p. 152.(3) SAUSSURE (de) F. : Op.Cit, p. 199.(4) MORTUREUX M-F. : La lexicologie entre langue et discours, Ed. Colin, Paris, 2001, p. 124.
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lecture de cette dfinition, surtout quand nous ne connaissons pas le sens global de
lexpression, nous allons nous retrouver dans une situation bloque car les locutions ou
les expressions figes renvoient un sens qui doit tre appris en bloc(1) plutt qu celui
de chaque unit ; nous pouvons citer cette gard lopinion de Saussure : On
rencontre dabord un grand nombre dexpressions qui appartiennent la langue ; ce
sont les locutions toutes faites, auxquelles lusage interdit de rien changer, mme si lon
peut y distinguer, la rflexion, des parties significatives []. (2) Donc ces expressions
sont apprises de mmoire.
Prenons deux autres exemples : 1- Bien leve qui avait pour rponse : POLIE.
2- Instruit et bien lev qui avait pour rponse : CALE (cal de bas en haut). Dans la
premire dfinition, il sagit dune locution adjectivale qui a un sens global : bien
leve toute lexpression veut dire une personne polie . Alors que dans le
deuxime exemple qui contient de son ct lexpression bien lev na pas le sens
dune locution adjectivale, mais elle est employe en guise dune feinte, il y a donc un
dfigement de la locution. Ce procd de dfigement est souvent utilis par les
verbicrucistes titre dexemple, nous prenons la locution adverbiale Entre chien et
loup qui signifie la tombe de la nuit , lors dune dfinition des mots croiss,
avait pour rponse : CANIDES qui est une famille de mammifres carnivores tels
les chiens et les loups. Ainsi, il faut oprer un dfigement de la dfinition pour trouver
la rponse qui reprsente un procd dj vu (cf. hyperonymie vs hyponymie).
2.2.2- Procd se rfrant des expressions proverbiales
Le mode de dfinitions de notre verbicruciste est vraiment un rgal pour ceux qui
veulent se distraire avec les mots, et nous pouvons admirer tout au long de ses grilles
une magnifique galerie de jeux de mots, parfois qui se rfrent des expressions ou des
locutions proverbiales qui sont extraites de la socit. Ces dernires sont similaires aux
(1) Ibid. p. 124.(2) SAUSSURE (de), F. : Op. Cit, p. 199.
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expressions figes, bien que leur signification soit certainement fonde sur une
mmorisation pralable, chacun, possdant une culture omnisciente, sait que lhabit ne
fait pas ? Le moine.
Observons la dfinition suivante : Faux brillant dont la rponse tait OR ; ici
la rponse fait rfrence au proverbe qui dit : Tout ce qui brille nest pas or . Certes,
il y a une disparit de sens et cest ce qui entrane les cruciverbistes sur de fausses
pistes. Avec les expressions proverbiales, on peut galement trouver lhomonymie
comme dans cet exemple : Cest--dire quune foi nest pas coutume dont le dfini
tait RELIGION ; ici le verbicruciste a jou sur le proverbe une fois nest pas
coutume qui veut dire quun acte isol est sans consquence, et sur lhomonymie du
mot fois du proverbe car il a employ foi qui veut dire religion. Alors, le
caractre de ce genre de dfinitions est facilement identifiable par les aguerris des mots
croiss et qui possdent un savoir tendu et universel voire un capital culturel trs riche.
Il y a aussi un autre procd identique celui des proverbes, ce sont les dfinitions qui
font rfrence des citations connues comme celle-ci : Pensez donc. qui avait pour
rponse ETES , en se rfrant la fameuse citation de Shakespeare Je pense donc
je suis ; pour leurrer les lecteur, lauteur a chang de personne (vous au lieu de je).
3- Les dfinitions polysmiques
Aprs avoir vu, dans le chapitre prcdent, quelques stratgies classiquement
employes par les verbicrucistes (cf. les mots dpourvus de sens), nous allons voir,
maintenant, le rle de la polysmie dans le chiffrement des dfinitions ; parce que ce
genre de dfinitions dites polysmiques dsigne un manque de clart, mais lauteur
indique ce manque avec des nuances diverses. Ce sont donc des dfinitions dites
ouvertes car elles suggrent linsight(1) plusieurs rponses et nous en avons plusieurs
cas de dfinitions polysmiques que nous proposons quelques uns dans ce qui suit :
(1) WITTWER J. : Mots croiss et psychologie du langage, Ed. LHarmattan, Paris, 2004, p. 42.
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3.1- La dfinition contient un seul mot polysmique
Dans toute langue, les mots et les phrases tentent de dsigner et signifier des choses
relles, mais gardent toujours une certaine ambigut (plusieurs sens). Cette pluralit de
sens reprsente en fait une difficult importante pour les cruciverbistes qui se trouvent
confronts ce problme nomm polysmie et issu de la difficult de crer des
nouveaux mots, comme le montre Niklas-Salminen A. : Puisquil est trs difficile de
crer autant de mots nouveaux quil y a de rfrents nouveaux dans des situations elles-
mmes indites, les usagers de la langue augmentent considrablement, laide de la
polysmisation, les possibilits des units lexicales qui existent dj. (1) La tche de la
dsambigusation peut alors tre plus ou moins lourde selon la dfinition laquelle on a
affaire. Aussi et cause de la grande frquence des termes polysmiques dans la langue
franaise, la rsolution dune dfinition nous introduit dans une grande perplexit,
surtout quand il sagit dun mot isol. Pour que cette situation soit illustre, nous
proposons cet exemple dont le nombre de lettres est six: Lacs = LACETS (nud coulant
pour prendre le gibier). Lambigut parat vidente quand nous commenons donner
les diffrentes acceptions de la dfinition. Le mot lacs veut dire :
1- Le pluriel du mot lac qui est une tendue deau.
2- Le singulier et le pluriel du mot lacs ; de son ct, ce mot peut avoir
plusieurs solutions : PIEGES, COLLET, FILETS ou la solution trouve
LACETS (des mots soit au pluriel, soit au singulier i.e. une nuance de genre).
Cette dfinition peut en ralit dboucher maintes acceptions et cest ce qui
dsoriente les cruciverbistes.
3.2- La dfinition contient un mot univoque li un mot polysmique
Dans ce cas, nous avons affaire des dfinitions qui ne contiennent pas un seul mot,
mais celles qui comportent deux mots voire plus. Mais, lorsque nous cherchons un
(1) NIKLAS-SALMINEN A. : Op. Cit, p. 123.
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dfini partir dune telle dfinition, la premire chose faire cest disoler tous les mots
pour que nous puissions savoir dans lequel se manifeste lambigut. Cette dernire est
un problme que le cruciverbiste doit surmonter afin de pouvoir rsoudre sa dfinition ;
puisquil est dur voire impossible de trouver le dfini sil na pas, auparavant, isol de la
faon la plus prcise possible les diffrentes parties de la dfinition sur laquelle il
travaille.
En effet, cette ambigut est un phnomne qui dcoule de la polysmie des
vocables ou de lhomonymie, puisque daprs Charaudeau P. [], il sagit du
phnomne gnral des changements de sens dun signe qui produit cette multiplicit de
rapports entre un signifiant et diffrents sens. Dans ce cas, la polysmie recouvre
lhomonymie qui nen devient quun cas particulier. (1) En face dune telle dfinition,
nous nous retrouvons dans lobligation de faire un effort de mise en conformit sur le
sens que veut vhiculer notre verbicruciste qui joue au plus fin pour essayer de nous
leurrer.
Prenons lexemple suivant : Bte de somme dont la solution tait : LOIR. Lors de la
premire lecture, cest la totalit de la dfinition apprhende en tant quexpression
fige, que nous donnons un sens. Mais en dissociant les units de la dfinition, le sens
devient tout autre. Nous pouvons donc proposer :
Sens 1 : Bte de somme = locution nominale qui signifie un animal domestique utilis
pour porter de lourds fardeaux(2) tel : lne, la mule, le chameau, etc.
Sens 2 : Bte de / somme = bte dans le sens dun animal ; et somme dans le sens de
sommeil. La solution de cette dfinition est, comme cest indiqu ci-dessus,
LOIR qui est un rongeur qui hiberne pendant lhiver.
Cet exemple