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République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université El Hadj Lakhdar – Batna- Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Département de Français École Doctorale de Français Mémoire présenté pour obtenir le diplôme de Magistère Option : Sciences du langage LA PRODUCTION DU SENS ENVISAGÉE DANS SES DIMENSIONS LEXICALES ET GRAMMATICALES : CAS DE L’ÉCRITURE CRUCIVERBISTE Sous la direction du : Présenté par : Dr. Bachir BENSALAH Mr. Raouf MANSEUR Membres du jury : Président : Dr : Samir ABDELHAMID, M.C. Université de Batna. Rapporteur : Dr : Bachir BENSALAH, M.C. Université de Biskra. Examinateur : Dr : Gaouaou MANAA, M.C. Université de Batna. Année universitaire : 2006/2007 Annexe du Guide des mots croisés de www.mots-croises.ch

LA PRODUCTION DU SENS ENVISAGÉE DANS ... - mots … · Annexe du Guide des mots croisés de . Remerciements Je voudrais remercier les nombreuses personnes qui ont contribué de différentes

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  • Rpublique Algrienne Dmocratique et Populaire

    Ministre de lEnseignement Suprieur et de la Recherche Scientifique

    Universit El Hadj Lakhdar Batna-Facult des Lettres et des Sciences Humaines

    Dpartement de Franais

    cole Doctorale de Franais

    Mmoire prsent pour obtenir le diplme de Magistre

    Option : Sciences du langage

    LA PRODUCTION DU SENS ENVISAGE

    DANS SES DIMENSIONS LEXICALES ET GRAMMATICALES :

    CAS DE LCRITURE CRUCIVERBISTE

    Sous la direction du : Prsent par :

    Dr. Bachir BENSALAH Mr. Raouf MANSEUR

    Membres du jury :

    Prsident : Dr : Samir ABDELHAMID, M.C. Universit de Batna.

    Rapporteur : Dr : Bachir BENSALAH, M.C. Universit de Biskra.

    Examinateur : Dr : Gaouaou MANAA, M.C. Universit de Batna.

    Anne universitaire : 2006/2007

    Annexe du Guide des mots croiss de www.mots-croises.ch

  • Remerciements

    Je voudrais remercier les nombreuses personnes qui ont contribu de diffrentes faons la

    ralisation de mon mmoire.

    Je tiens, en premier lieu, exprimer mon remerciement au docteur Bachir Bensalah, pour avoir

    accept de diriger mon travail de recherche et pour mavoir orient par ses relectures et ses

    commentaires afin de parachever ce prsent mmoire.

    Je remercie ma femme pour lappui et laide quelle ma prts tout au long de mes tudes en

    post-graduation.

    De mme, je remercie mes parents : mon pre Mohamed et ma mre Schahrazed pour tout ce

    quils ont fait pour moi.

    Mes remerciements vont galement aux enseignants qui nous ont encadr et dirig au cours de

    lanne thorique.

    Mes sincres gratifications Mr Henri, le responsable du site : www.mots-croises.ch pour laide

    que jai reue de sa part.

    Jexprime aussi ma reconnaissance tous ceux qui ont accept de rpondre au questionnaire.

    Mes remerciements sorientent vers mes amis et mes collgues, plus particulirement Hamza

    Hadjar pour son soutient et son encouragement.

    Un grand Merci tous.

  • INTRODUCTION GNRALE

  • 2

    La communication par le langage soit monodirectionnelle ou bidirectionnelle,

    immdiate ou mdiatise implique sans nul doute au moins deux personnes ; lune qui

    exprime et lautre qui coute ou lit ; pour ainsi dire, lune encode et lautre dcode.

    Donc, la premire personne produit du sens tandis que la deuxime essaye de

    linterprter. Egalement pour les mots croiss, qui forment un jeu connu par tout le

    monde , car autour dune mme grille, il y a deux joueurs qui gnralement ne se

    connaissent pas et qui ne se voient pas, lun pose un problme, lautre essaye de le

    rsoudre.

    Nous dirons que les mots dune langue donne servent dsigner ou reprsenter

    une ralit ou quelque chose dimaginaire ; cette particularit sappelle la

    dnotation . Cependant, le sens dun mot est la reprsentation quil appelle

    lesprit quand il est nonc dans un contexte prcis, car le contexte dsambiguse en

    gnral le sens des mots, sauf, sil sagit des jeux de mots. De mme, cette ambigut

    persiste quand on vise un effet rhtorique, comme cest le cas des mots croiss. Ils sont

    donc lart de dissimuler des structures linguistiques sous des formes inintelligibles,

    voire impntrables. En effet, nous observons un temps de chiffrement qui correspond

    lcriture, et un temps de dchiffrement qui est celui de la lecture ; il sagit alors dune

    communication graphique entre un codeur et un dcodeur.

    Certainement, llaboration des dfinitions des mots croiss est une tche ardue. En

    effet, les auteurs de grilles choisissent souvent un sens secondaire dun mot, font appel

    des procds pour proposer des dfinitions spirituelles ou humoristiques et peuvent faire

    usage de plusieurs moyens astucieux pour chiffrer leurs dfinitions afin dloigner leurs

    amateurs de la solution. A leur tour, ces derniers ont une tche aussi difficile que celle

    des auteurs, car pour rsoudre une grille, il faut de la rflexion, de la patience, voire de

    la tnacit et surtout en mettre quelques stratgies et techniques en uvre. Suite ce qui

    vient dtre avanc, nous pensons que la problmatique de cette recherche se fixe autour

    des procds dont se servent les auteurs de grilles pour chiffrer leurs dfinitions et

    autour des stratgies quutilisent les amateurs des mots croiss pour pouvoir

  • 3

    dcrypter ces dfinitions. Cest cette question que nous tenterons dapporter des

    lments de rponse au cours de ce travail et pour lesquels nous avons formul les

    hypothses suivantes :

    1- Nous pensons que les concepteurs des mots croiss franais disposent de

    ressources linguistiques trs riches auxquelles ils peuvent faire appel pour

    produire le sens quils veulent dans le but de dconcerter leurs amateurs.

    Alors, nous avanons lhypothse que, ces concepteurs sappuient largement

    sur leur connaissance de la langue franaise dont ils dploient, et avec une

    gymnastique de lesprit, ils font donc le tour des diffrents sens possibles dun

    mot, cela en utilisant mthodiquement la polysmie, lhomonymie, la

    rhtorique, lanaphore, voire des mots dpourvus de sens.

    2- Mme si notre public denquts est compos damateurs dont, la majorit, ne

    sont pas spcialiss dans la langue franaise, mais ils ont un savoir

    incommensurable en la matire. En considrant le fait de jouer rgulirement

    peut avoir une certaine incidence sur le niveau de matrise de cette langue,

    nous posons lhypothse que les sujets ayant beaucoup pratiqu ce jeu, auront

    moins de difficult quel que soit le niveau de la grille. Nous supposons

    galement que, compte tenu de leur exprience, ces amateurs auront recours

    des stratgies et des techniques pour surmonter leurs ventuelles difficults.

    Notre tude se cantonnera aux mots croiss classiques et laissera de ct les

    nombreux autres jeux de mots et desprit malgr leur intrt certain : mots carrs, mots

    croiss message, mots croiss syllabiques, mots flchs, grilles muettes Lobjectif

    de cette tude est triple :

    1- Permettre aux amateurs et amatrices des mots croiss de mieux comprendre les

    subtilits des dfinitions de ce jeu et de se reconnatre dans leur univers

    nigmatique.

    2- Engager une tude lexicologique des dfinitions des mots croiss (de lauteur du

    Quotidien dOran).

  • 4

    3- Proposer des pistes de recherche en Sciences du langage partir dune activit

    mentale qui intresse le rapport au langage quentretiennent les acteurs de cette

    pratique langagire.

    De ces trois objectifs, dcoule celui que nous considrons comme principal et qui

    concerne bien videmment la description des phnomnes de sens en travaillant sur les

    mots croiss. Il sagit de tenter de dgager non seulement les rgularits, mais aussi

    didentifier des variations dune dfinition lautre en les analysant partir de deux

    dimensions : lexicale et grammaticale en mettant en vidence le ct smantique qui

    sera un moyen de vrifier la vrit ou la fausset de ces dfinitions dans des situations

    diverses.

    En vue de vrifier nos hypothses, nous entreprendrons, dans un premier temps,

    danalyser quelques grilles pour en extraire et dcrire les moyens et les mthodes les

    plus utiliss par les auteurs pour coder leurs dfinitions, cette description sera taye par

    des exemples. Puis, dans un deuxime temps, nous administrerons un questionnaire un

    nombre damateurs de cette pratique ludique, afin de recueillir des donnes sur leur

    assiduit envers ce jeu, sur le profit quils en tirent, sur le type de dictionnaire quils

    emploient et sur les stratgies et les techniques quils mettent en uvre pour pouvoir

    mener succs leur grilles. Ce qui nous permettra dadopter une mthodologie la fois

    descriptive et analytique :

    - Descriptive parce que nous songerons dabord dcrire les procds les plus employs

    par les auteurs de grilles, ensuite dcrire les stratgies recourues par les amateurs.

    - Analytique car la description de ces procds se ralisera suite une analyse plus ou

    moins approfondie de quelques grilles.

    Cette analyse seffectuera sur un corpus constitu dune trentaine de grilles extraites

    du journal national Le Quotidien dOran . Ce choix qui est loin dtre une publicit

    gratuite ce journal, rsulte dun questionnement personnel ; cest--dire en jouant aux

    mots croiss, puisque nous sommes amateur de ce jeu depuis quelques annes, nous

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    nous posons toujours cette question : comment un amateur de mots croiss parvient-il

    pouvoir dcrypter des dfinitions, aussi trompeuses soient-elles, conues par une autre

    personne qui nest pas en face de lui ? Alors nous nous sommes intress faire une

    modeste recherche pour prsenter une analyse de quelques procds destins mystifier

    ces dfinitions. De mme, nous croyons que le sujet de ce mmoire est fort intressant

    par sa fracheur, sa singularit et son aspect ludique finalit dapprendre des mots et

    de se cultiver par le jeu. Dailleurs, la raret des tudes son gard constitue lune des

    raisons qui ont attir notre attention. Egalement, ce sujet est notre avis, dune

    importance majeure et dune grande ampleur voire assez complexe qui dpasse lobjet

    dtude de ce mmoire. Par consquent, cest un sujet probable pour la suite de nos

    tudes.

    Le prsent travail comporte deux grands axes (thorique et pratique) implicitement

    dsigns: Le premier de son ct se subdivise en deux chapitres. Dans le premier

    chapitre, nous tcherons de donner quelques gnralits sur le jeu des mots croiss

    (dfinition, histoire, variantes, rgles de bases, caractristiques des dfinitions, crativit

    lexicale) ; et dans le deuxime chapitre, nous tenterons de dmontrer les procds

    lexicaux et grammaticaux dont se servent les concepteurs de mots croiss dans la

    production du sens pour entraner les amateurs sur des fausses pistes (relations

    paradigmatiques, relations syntagmatiques, dfinitions polysmiques, quelques

    ambiguts grammaticales).

    Dans le troisime chapitre qui se veut pratique, nous essayerons de voir les

    stratgies et les mthodes quutilisent les amateurs pour pouvoir rsoudre une grille.

    Mais avant cela, nous voyons quil est ncessaire de mettre en vidence lintrt

    quapporte ce jeu ses amateurs, ainsi que le profit quils retirent de lemploi du

    dictionnaire. Afin de confirmer cela exprimentalement, nous nous rservons la

    possibilit dtablir un questionnaire qui sera destin des amateurs entrans.

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    PREMIER CHAPITRE

    AUTOUR DES MOTS CROISS

  • 7

    Le corpus que nous avons choisi pour dmontrer comment produit-on du sens est,

    bien videmment, les mots croiss. Ce jeu est une action la fois mentale et sociale :

    mentale, puisque indiscutablement, il met en contribution des activits mentales de

    comprhension et de dcodage ; sociale, puisque des lgions de personnes qui sen

    intressent. Dans ce chapitre, nous allons parler des mots croiss (leur apparition, leurs

    variantes et leurs rgles) et la subtilit de leurs dfinitions en proposant sommairement

    les diverses mthodes et astuces que lauteur de ce jeu pourrait employer avec une liste

    de mots le plus souvent utiliss.

    1- Les mots croiss : conception et apparition

    Les mots croiss sont un jeu de lettres et desprit connu dans le monde entier. Son

    but est de retrouver les mots dune grille grce aux dfinitions donnes qui sont

    proposes pour toutes les lignes (horizontalement) et toutes les colonnes (verticalement)

    de cette grille. De cette faon, les mots, dans ces deux directions, sentrecroisent sur des

    lettres communes. Ce jeu renferme des cases et des dfinitions numrotes soit par des

    chiffres arabes ou romains, soit par des lettres. Chacune de ces cases reprsente une

    lettre et chaque suite de lettres constitue le mot quil sagit de trouver.

    Le jeu se passe sur une grille compose de cases blanches et de cases noires qui

    servent de sparer les mots crits sur ces cases blanches. Les premiers mots croiss

    nutilisaient que des mots simples la porte de tout le monde et les dfinitions taient

    trs faciles et bien prcises. Progressivement, ces dfinitions sont devenues plus ou

    moins nigmatiques la raison de laquelle ce jeu prsente une chelle de niveaux de

    difficult qui va de linitiation au casse-tte et mesurs par toiles de une jusqu sept.

    Cette dernire est ultra raffine voire insoluble car les concepteurs, au fil des temps, ont

    amlior lart de brouiller des combinaisons plus complexes dans des grilles qui

    contiennent le moins de cases noires possible.

  • 8

    La premire grille de mots croiss semble remonter au IIe ou au IIIe sicle de lre

    chrtienne selon les dductions des archologues amricains qui ont en dcouvert un

    exemplaire Doura-Europos, sur les bords de lEuphrate. En voici lexemplaire :

    S A T O R

    A R E P O

    T E N E T

    O P E R A

    R O T A S

    Comme nous le voyons, cest une grille

    de mots carrs (cf. les variantes des mots

    croiss). Elle na pas le sens dun jeu parce

    quelle ne contient pas de dfinitions. Cette

    grille inscrite en latin est trs intressante

    car en lisant ses mots respectivement

    SATOR AREPO TENET OPERA

    ROTAS, on constate quil sagit dun

    palindrome(1). Cependant, les vritables

    grilles de mots croiss sont apparues, ds

    Figure n 1 (2)

    le XIXe sicle, dans quelques publications britanniques labores en particulier aux

    jeunes qui sont dun niveau peu dvelopp. En dpit de tous ces antcdents, nous

    pouvons dire que cest langlais Arthur Wynne qui est le prcurseur des vritables

    grilles de mots croiss et cela dans le dbut du XXe sicle ; ses grilles taient destines

    un public plus ou moins adulte, mais ctait sans nul succs car il navait pas russi

    promouvoir le jeu dans son pays. Cest en migrant aux Etats-Unis que Arthur Wynne a

    (1) Mot ou groupe de mots qui peut tre lu indiffremment de gauche droite ou de droite gauche.(2) http://home.citycable.ch/cruci.com/textes/histoires1.htm.

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    du succs pour son invention qui figurait dans le supplment dominical du journal New

    York World du 21 dcembre 1913. Quelques annes aprs, la quasi totalit des journaux

    amricains publiaient constamment des grilles sur lesquelles un grand nombre de public

    fait preuve de sagacit.

    Juste aprs la premire guerre mondiale, la France importa les mots croiss des

    Etats-Unis et le premier journal franais qui accueillit les mots croiss fut Le Gaulois,

    suivi peu aprs par LExcelsior, Le Journal, Le Matin et LIntransigeant, autant de

    titres aujourdhui disparus .(1) Actuellement, tous les journaux, quotidiens soient-

    ils hebdomadaires, ou bimensuels, proposent des grilles des millions de

    cruciverbistes(2) de difficult variable, ce qui fait preuve de la progression qua connue

    ce jeu de distraction qui est en mme temps instructif et ducatif. Il suffit, aujourdhui,

    de ne pas publier un problme de mots croiss un jour pour faire montrer le

    mcontentement des lecteurs car, en effet, ils sont nombreux. A vrai dire, nous ne

    savons pas exactement le nombre, mais ces cruciverbistes qui se comptent par des

    millions son de vrais explorateurs de sens.

    2- Les variantes des mots croiss

    Il existe plusieurs jeux de mots autres que les mots croiss. Parmi ces jeux, voquons

    ceux considrs comme les plus connus par les amateurs.

    2.1- Les mots carrs

    Avant la cration des cases noires les grilles ne contenaient que des cases blanches et

    au format carr avec des mots identiques dans les deux sens horizontal et vertical et ne

    contenant quune seule liste de dfinitions quon appelle les mots carrs. Ces derniers

    sont donc pris pour les anctres des mots croiss, ils sont constitus de grilles

    (1) La FERT R et CAPELOVICI J. : Pratique des mots croiss, Ed. PUF, Paris, 1975, p. 6.(2) Amateurs et amatrices de mots croiss. Ce terme est invent par le dramaturge franais Abric Lon ;par la suite, il a possd un patronyme : verbicruciste (auteur de mots croiss).

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    comportant autant de lignes que de colonnes et ne contenant pas de cases noires. Les

    mots de ce jeu sont placs dans lordre des lignes successives et se trouvant aussi dans

    lordre des colonnes successives. Puisque ce jeu est considr comme la souche des

    mots croiss actuels, il a t prfrable pour nous dy commencer cette numration.

    2.2- Les mots flchs

    Les mots flchs sont une variante des mots croiss imports dAllemagne. Dans

    leurs principes, lunique distinction est dans lemplacement des dfinitions car pour les

    mots croiss, les dfinitions sont places ct de la grille alors que pour les mots

    flchs elles sont cases lintrieur des cases neutres (cases noires) qui indiquent le

    dbut du mot trouver et que sa direction est signale par une flche, do on les a

    nomms les mots flchs. De mme, en exerant ce jeu, on constate quil est dun degr

    de difficult moins lev que les mots croiss parce que, gnralement, il ny a pas de

    place dans les cases neutres pour y placer des dfinitions astucieuses et surtout parce

    que chacune de ces cases neutres doit contenir plus dune dfinition.

    2.3- Les mots croiss muets (grilles muettes)

    Ce sont une autre variante de mots croiss que nous trouvons trs intressante et

    quil faut dconseiller aux novices ce genre de jeux. Ce sont des grilles o les cases

    noires ne sont pas indiques lavance. Par consquent, cest le cruciverbiste qui doit

    trouver et les mots et les cases noires. En pratique, on remarque que les dfinitions que

    lon possde dans ce genre de grilles ne sont pas dun trs grand degr de difficult,

    autrement la solution sera presque irralisable.

  • 11

    3- Les rgles de base

    Pour bien faire, nous commenons par cet extrait : Les mots croiss sont un des

    rares jeux nayant pas vraiment de rgles strictes. (1) A vrai dire, ils reposent sur

    diffrentes rgles implicites qui restent nanmoins assez respectes. La rgle principale

    de ce jeu veut que chaque case blanche soit comble par une lettre, et lensemble de ces

    lettres - avoisines ou superposes- constitue les mots recherchs dont on a mentionn

    le synonyme ou la dfinition. Chaque mot commence par son dbut et se continue

    jusqu ce quil rencontre une case noire ou la fin de la grille. Un concepteur de grilles

    en herbe essaye de respecter quelques rgles :

    3.1- Le nombre de cases noires

    Il ne faut pas trop charger la grille de cases noires. Nous donnons lexemple de notre

    corpus (grille du journal : Le Quotidien dOran) qui est, daprs des cruciverbistes

    entrans, dune dlicatesse considrable ; alors, cette grille de 10x10, son pourcentage

    se situe dans la fourchette de 11 et 14% de case noires. En gnral, ces grilles

    commencent souvent par des potences(2) qui occupent souvent toutes les cases

    horizontales et verticales. Le verbicruciste astucieux met tous ses efforts joindre ces

    deux potences et dans les deux directions les mots les plus longs possible, et il ne place

    de cases noires que quand une combinaison de mots savre irralisable. Alors les cases

    noires sont en quelque sorte la solution de facilit, cest pourquoi crer une grille avec

    le moins de ces cases est, la plupart des temps, la qute des verbicrucistes.

    3.2- Le degr de difficult

    Comme nous lavons dj signal, il existe plusieurs degrs dans la difficult

    mesurs par toiles de une jusqu cinq ; pour les novices, il faut choisir la premire

    (1) http://fr.wikipedia.org/wiki/mots_croises(2) Premiers mots horizontaux et premiers mots verticaux des grilles de mots croiss.

  • 12

    toile, puis petit petit, il va sengager un peu plus loin en accdant la seconde toile

    et ainsi de suite jusqu atteindre le cinquime niveau. Ces degrs, on les mesure selon

    la difficult de la dfinition parce quil y a plusieurs faons de dfinir un mot allant du

    mot juste (lorthonyme) la priphrase ludique. On trouvera toute cette gamme

    dans les dfinitions des mots croiss. (1) Cependant, en ce qui concerne la difficult, il

    est difficile de la conjecturer car il nous arrive un jour dtre entravs devant une

    dfinition trs simple et un autre jour de dcrypter promptement une autre plus ardue et

    cela dpend soit des mots cls trouvs, soit de notre tat desprit.

    3.3- Lingniosit des dfinitions

    En jouant aux mots croiss, nous rencontrons beaucoup de difficults en lisant la

    dfinition car il faut comprendre tous les mots de cette dernire nous parlons ici dun

    niveau plus ou moins avanc- car les cruciverbistes chevronns exigent des dfinitions

    qui renferment des sous- entendus ou quivoques ie obscurcies par un jeu de mots.

    Donc proposer dans la mesure o cest faisable des dfinitions habilement construites,

    fait plaisir aux joueurs exigeants, par exemple la dfinition: Poules au P ; alors, il

    faut analyser les mots de la dfinition pour pouvoir trouver le dfini : dans le registre

    familier de la langue, le mot poule dsigne Un terme daffection adress une

    femme, une petite fille (2) ; et P est un fleuve dItalie. Donc, en analysant les

    diffrentes parties de la dfinition, on va se rendre compte quil sagit du dfini :

    ITALIENNES . Alors, la difficult peut provenir des jeux de mots, des mots rares ou

    des termes qui font partie de notre vocabulaire passif et inerte. Elle peut provenir aussi

    par le style de la dfinition en recourant la polysmie, lvocation des connaissances

    littraire, la rhtorique, des termes de spcialit, etc. Il existe encore un procd qui

    est souvent employ par les auteurs de grilles pour crer de nouveaux mots qui nont

    pas de sens juste (suites de lettres sans signification apparente) afin de pouvoir croiser

    les mots.

    (1) POTTIER B. : Smantique gnrale, Ed. PUF, Paris, 1992, p. 42.(2) Dfinition du Petit Larousse Dictionnaire multimdia, 2007.

  • 13

    3.4- La rsolution dun problme de mots croiss

    Hormis les mots croiss, nous rsolvons quotidiennement des dizaines de problmes

    et pour dfinir la notion de problme, nous croyons que le psychologue Godefroid la

    bellement dfini : Un problme est une tche dans laquelle un but doit tre atteint,

    dans un contexte donn, sans toutefois que nous en possdions les moyens. La

    rsolution de problmes consiste donc laborer des procdures permettant datteindre

    le but. (1) Pour lui, il y a deux sorte de problmes : ceux qui sont bien dfinis et ceux

    qui sont mal dfinis ; et son avis, les mots croiss font partie des problmes bien

    dfinis parce quil est facile tre compris tant donn les informations qui concernent

    la situation du commencement, de mme que le but atteindre, sont nettement

    nonces. Nous sommes humblement avec son avis car un problme de mots croiss

    contient toujours une situation de commencement (tant une grille vide avec un

    inventaire de dfinitions) et un but atteindre, celui de remplir correctement cette grille

    qui exige lappui dune solide culture et dune bonne intelligence.

    3.5- Quelques rgles en ce qui concerne la dfinition

    La dfinition se ralise soit par expansion (rsoudre = trouver une solution un

    problme), soit par condensation (trouver une solution un problme = rsoudre), soit

    par isomtrie (rsoudre = solutionner). La premire catgorie est une spcificit du

    dictionnaire monolingue tandis que la deuxime est un procd favoris des concepteurs

    de mots croiss ; de mme pour la troisime catgorie. Dans ce sens, Greimas pense qu

    en parlant des mots croiss, nous avons volontairement interverti les termes : en effet,

    si le lexicographe-cruciverbiste qui prpare les mots croiss part dun smme et lui

    cherche une dfinition, le problme, tel quil se prsente au lecteur (cest--dire au

    niveau de la rception), est compos dun corpus de dfinitions partir desquelles il

    sagit de retrouver les termes dfinis. Autrement dit, si nous reconnaissons dans

    (1) GODEFROID J. : Psychologie science humaine et science cognitive, Ed. De Boeck Universit, Bruxelles, 2001, p. 491.

  • 14

    lexpansion un des modes du fonctionnement mtalinguistique du discours, elle a pour

    corollaire la condensation, qui doit tre comprise comme une sorte de dcodage

    compressif des messages en expansion. (1)

    Donc, la dfinition cruciverbiste doit tre onomasiologique (partir du concept et

    rechercher le mot qui lui correspond) ou synonymique ; elle est gnralement une

    proposition renvoyant au dfini par des allusions, des jeux de mots ou dautres

    rapprochement plus ou moins tirs par les cheveux. Egalement, il y a quelques rgles

    qui caractrisent les dfinitions des mots croiss que nous allons numrer comme suit :

    Utilisation de toutes les formes dun mot :

    - pour un nom : masculin fminin, singulier pluriel

    Exemple : ruptures = DIVORCES.

    - pour un verbe : tous les temps (prsent, imparfait, futur, etc.) et

    tous les modes (indicatif, conditionnel, etc.).

    Exemple : prirent = ENLEVERENT.

    La solution doit se trouver dans un dictionnaire (si cest possible dun usage

    gnral comme Le Petit Larousse) ou dans une autre documentation qui prouve

    la validit de la dfinition.

    Les lettres sont toutes reprsentes dans la grille en majuscule sans accents ni

    cdille ni tirets ni apostrophe ni espaces. Exemple : pomlo = GRAPEFRUIT

    pour (grape-fruit).

    Un mot accentu peut donc croiser un mot qui ne lest pas avec la mme lettre

    (ns tes peuvent se croiser sur le E).

    Une seule lettre par case blanche, donc pas de ligature : est plac dans deux

    cases.

    Pas de mots dune seule lettre.

    La ponctuation est autorise dans les dfinitions pour mettre le cruciverbiste sur

    une fausse piste. Exemple : (font comme ci, comme a = IMITENT). La virgule

    qui se trouve dans cette dfinition est un pige car la locution adverbiale

    (1) GREIMAS A. J. : Smantique structurale, Ed. PUF, Paris, 1986, p. 74.

  • 15

    comme ci comme a et qui veut dire ni bien ni mal ne contient pas de

    virgule et cela peut nous entraner sur des fausses pistes.

    Le verbicruciste peut donner plus dune dfinition pour nous dconcerter par

    exemple : On le dit fendard et grimpant = PANTALON. Les deux expressions

    qui font partie du registre familier fendard et grimpant ont le mme sens qui

    est un pantalon.

    Une seule fois pour chaque mot, mais cest une rgle qui nest pas respecte car

    certains verbicrucistes apprcient la rptition mais dans tous les cas, pas plus

    dune fois la mme dfinition pour le mme mot.

    Pas trop de cases noires et cela cest juste pour lauteur, puisque le cruciverbiste

    pratique avec ce quon lui propose.

    De lhumour mais pas de la vulgarit. La dfinition humoristique nest pas

    obligatoire mais elle est toujours la bienvenue ; cependant, les mots vulgaires ou

    les dfinitions canailles sont proscrire. Nous proposons cet exemple qui est

    rest dans notre mmoire : si un lphant a trompe, lui a bosse =

    DROMADAIRE.

    4- Le choix des dfinitions

    Chaque verbicruciste a son propre style de donner des dfinitions aux mots de sa

    grille ; pour un mot dusage courant, il peut lui donner une dfinition simple comme il

    peut la compliquer et cela selon le degr de difficult quil a choisi. Lauteur que nous

    avons choisie, la plupart du temps, opte pour un sens secondaire dun mot, il fait appel

    une astuce et propose une dfinition vive et intelligente et qui fait preuve dun sens de

    lhumour trs fin. Nous pouvons citer cet gard les analyses de Perec G. : [] la

    recherche des dfinitions est un travail fluide, impalpable, une promenade au pays des

    mots o il sagit de dcouvrir, dans ces alentours imprcis qui constituent la dfinition

    dun mot, le lieu fragile et unique o il sera la fois rvl et cach. (1) Ainsi, par

    souplesse de lesprit, lauteur de grilles sillonne les diffrents sens possibles dun mot (1) PEREC G. : Les mots croiss, prcds de considrations de lauteur sur lart et la manire de croiser les mots, Ed. POL, Paris, 1999, pp. 9-10.

  • 16

    pour pouvoir le chiffrer. Tous les artifices sont permis : emprunt une langue trangre,

    rfrence largot, mots composs, proverbes, mtaphore, homonymie, etc.

    Autrement dit, les mots croiss comptent deux catgories en gnral, il y a des mots

    accepts et des mots tolrs :

    a- Les mots accepts sont :

    - Les noms communs et les verbes.

    - Les formes plurielles et conjugues de ces noms et verbes.

    - Les mots composs dont les traits dunion ne sont pas reprsents dans la grille.

    - Les locutions dont les espaces ne sont pas reprsents.

    - Les noms propres (noms des personnages clbres, des villes, des pays, des

    capitales, des personnages mythologiques, etc.)

    b- Les mots tolrs sont :

    - Les mots crits dans le dsordre.

    - Les mots crits lenvers, criture de droite gauche.

    - Les lettres lintrieur dun mot.

    - Les extrmits dun mot, la premire et la dernire lettre.

    - Les sigles, les abrviations, les symboles chimiques, les acronymes, les chiffres

    romains, les lettres grecques, les notes de musique, etc.

    - Lettres qui une fois prononces donnent le mot recherch (rbus).

    Presque la plupart de ces mots sont une suite de lettres sans signification apparente.

    5- Les caractristiques des dfinitions des mots croiss

    Le cruciverbiste dispose dune dfinition indiffremment exacte car elle nest pas

    sous forme dune squence en expansion. Par consquent, le dfini, quil doit trouver,

    sera un petit peu flou ; ce nest quen dcortiquant la dfinition quil peut, et pas dans

    tous les cas, dpister ce dfini. Cette dfinition, lauteur la nonce avec plus ou moins

    dadresse, de faon brouiller les pistes de dcryptage que la clairvoyance du

    cruciverbiste doit supprimer. Dans cette optique, Perec G. explique que ce qui []

  • 17

    caractrise une bonne dfinition de mots croiss, cest que la solution en est vidente,

    aussi vidente que le problme a sembl insoluble tant quon ne la pas rsolu. Une fois

    la solution trouve, on se rend compte quelle tait trs prcisment nonce dans le

    texte mme de la dfinition, mais que lon ne savait pas la voir, tout le problme tant

    de voir autrement []. (1)

    Il est clair donc pour Perec G. la bonne dfinition est celle o la dnomination(2) est

    implicitement exprime, ie la solution est masque dans la dfinition ; aussi on y

    utilise des locutions o entre le mot en question, mais nanalyse pas la notion (3) Afin

    dillustrer cette ide, nous proposons cette dfinition : (On en joue dans tous

    restaurants), Dans cette dfinition, il y a deux mots- cls : joue et restaurant le

    lieu o lon mange , par consquent, la rponse est : MANDIBULES, relative la

    locution verbale jouer des mandibules qui veut dire manger . Une telle dfinition,

    mme pour un cruciverbiste en herbe, va le plonger dans lindcision et lhsitation car

    quelle que soit la virtuosit du cruciverbiste, il ne savre pas ais de trouver facilement

    les mots se rapportant aux dfinitions l o lambigut et lamphibologie priment.

    6- Les mots usuels des mots croiss

    Lexprience et la pratique rgulire des mots croiss nous laissent constater quil y

    a des mots qui sont trs frquents, mme si lun dentre eux peut avoir plusieurs

    dfinitions qui arrivent des fois des centaines. Tous les cruciverbistes connaissent par

    exemple RA dfinit par dieu solaire ou roulement de tambour ; ou RU

    dfinit par petit ruisseau . Il existe encore plusieurs mots qui se rptent

    rgulirement, qui sont si faciles disposer dans une grille et qui servent de facilitateurs

    car ils nous aident positionner des lettres dans la grille afin que nous puissions

    dvoiler les mots les plus difficiles et qui pourraient dbloquer une grille. Bien sr, nous

    (1) PEREC G. : Op.cit , p ; 15.(2) GREIMAS A. J. : Du sens. Essais smiotiques, Ed. Seuil, Paris, 1970, p. 285.(3) PICOCHE J. : Prcis de lexicologie franaise ltude et lenseignement du vocabulaire, Ed. Nathan, Paris, 1977, p. 176.

  • 18

    vous indiquons quelques exemples dune prsence courante : le mot IO qui contient

    daprs (Le carrefour des cruciverbistes : cruci.com)(1) 497 dfinitions entre autres

    amour de Zeus victime de Hra gnisse aurait pu faire meuh cur de lion a

    fini sur le pr on la envoye patre belle bte alla de mle en pis djeuna sur

    lherbe Il existe encore des mots frquents que nulle grille ne peut sen passer :

    6.1- Les mots dpourvus de sens

    Ce sont des successions de lettres sans aucune signification que lon appelle des

    chevilles dans le lexique des mots croiss et dont le verbicruciste est souvent oblig

    de mettre dans sa grille ; et cest lun des procds utiliss soit pour leurrer le

    cruciverbiste dans la mesure o il doit deviner cette srie de lettres, soit pour crer un

    nouveau terme qui ne figure pas dans le dictionnaire juste pour pouvoir croiser les mots

    dune grille. Le cruciverbiste entran le sait trs bien, les premiers signes pour attaquer

    une grille ce sont gnralement les s du pluriel, les adjectifs possessifs de deux

    lettres pour placer la deuxime le a , les terminaisons des verbes conjugus,

    pareillement pour les lettres dnues de sens Bref, pour les plus aguerris, il y a des

    mots de deux parfois de trois lettres qui comblent des cases servant comme facilitateurs

    pour trouver les mots les plus longs et les plus difficiles. Dans ce qui suit,nous

    prsentons quelques cas avec des propositions de diverses techniques de dfinitions

    propres au verbicruciste du Quotidien dOran et avec une liste plus ou moins exhaustive

    de quelques mots :

    6.1.1- Des lettres au milieu dun mot

    Cest une suite de lettres trouve au milieu dun mot, cest facile trouver, mais

    parfois il faut tre ingnieux pour dcrypter ce genre de dfinitions qui semblent si

    abordables.

    (1) http://home.citycable.ch/cruci.com/

  • 19

    Exemple : Prire au cur = IE (ici, on doit voir le milieu du mot prire ). Il existe

    maintes expressions qui indiquent quil sagit de donner les lettres du milieu dun mot,

    entre autres : en plein en plein centre au milieu au sein au cur

    6.1.2- Des lettres lenvers

    Ce sont des mots crits de droite gauche. Dans ce cas, les lettres peuvent signifier

    rellement quelque chose si lon les lit lenvers, soit de droite gauche ou de bas en

    haut.

    Exemples : Revient dsappoint = UCED ( du lenvers de droite gauche. Ici

    lastuce est dans le mot revient de la dfinition).

    Part en cte = AV ( va en inversant les lettres mais cette fois-ci de bas en haut et

    lexpression qui lindique est en cte cest--dire en montant. Les expressions qui

    signalent ce procd sont plus particulirement : monte pied le fond se mord la

    queue tire au flanc les pieds devant en un sens pas dans le bon sens avec la tte

    en bas en marche arrire rtrograd

    6.1.3- Des lettres lintrieur dun mot

    Il sagit dune srie de lettres que lon doit trouver dans un mot, ou un bout de ce

    mot : soit ses extrmits, soit son dbut ou sa fin. Cest un procd dont le

    verbicruciste emploie en cas de ncessit absolue, ou pour jeter dans lembarras les

    joueurs ; et dans ce cas, il faut bien lire la dfinition pour savoir la position des lettres

    que lon doit placer sur la grille.

    Exemples : semes en octobre = OCT (des lettres tires du mot octobre ).

    En quantit = QT (des lettres tires effectivement du mot quantit ).

    Dans une telle situation, les ventualits de rponse sont alors nombreuses et varies.

    Dans le premier exemple, on pourrait avoir : OBR, BRE, OCB, OTO

  • 20

    Il y a aussi une ambigut incontestable surtout quand le cruciverbiste ignore sil sagit

    du mot ou de la chose surtout quand on a pas les cases noires (cas de la grille muette),

    parce que de pareilles dfinitions peuvent aboutir plusieurs possibilits de rponses,

    comme est le cas de cette dfinition : Etre sans cur ; la rponse tait : EE (cest--dire

    le mot tre sans les lettres du milieu), alors que la rponse pourrait tre : DUR,

    IMPITOYABLE, FEROCE, BRUTAL

    6.2- Les mots porteurs de sens

    Parfois, il y a des mots de deux ou de trois lettres que les cruciverbistes sont habitus

    trouver dans des grilles et dont les auteurs ont conus par cration lexicale. Le dfini

    de ce jeu est donc livr par nimporte quel procd de cration entre autres :

    6.2.1- les allographes (mots en phontique)

    Ce genre de mots est dune utilisation courante. Ce procd consiste dcomposer le

    mot en prononant ses lettres comme elles se prononcent dans lalphabet.

    Exemple : test daudition = EC (les deux lettres une fois prononces donnent le mots :

    essai ). Les procds utiliss sont : phontiquement, lcoute, daudition, chez les

    portugaises, etc.

    6.2.2- Les sigles, les abrviations et les acronymes

    Ces procds, galement, sont souvent utiliss par la majorit des verbicrucistes ; ils

    sont constitus dune suite dinitiales de plusieurs termes, employs gnralement pour

    une rduction graphique. Le mme rle pour les acronymes, sauf que ceux-l sont plus

    ou moins lexicaliss, on les prononce comme sil sagit dun nouveau mot.

    Exemples : - Pense bte = SPA (sigle relatif lorganisation qui dfend les animaux :

    Socit Protectrice des Animaux).

    - Bref, cest pareil = ID (abrviation du mot idem qui veut dire cest pareil).

  • 21

    - Transport parisien = RER (sigle qui signifie : Rseau Express Rgional).

    - Bande des Dalton par exemple = BD (sigle de la bande dessins).

    - Corps sportif = CIO (sigle de Comit International Olympique).

    - Heureuse fin de problme = CQFD (abrviation de : Ce Quil Fallait Dmontrer).

    6.2.3- Les symboles chimiques

    Il est quelquefois commode, voire ingnieux pour les auteurs, de faire appel des

    symboles chimiques pour pouvoir complter leurs grilles. Ce procd exige aux

    cruciverbistes davoir en tte le tableau de classification de Mendeleev Dmitri

    Ivanovitch(1).

    Exemples : - Symbole empoisonnant = AS (symbole de larsenic, lment chimique

    utilis comme poison).

    - Prcieux de chimiste = AU (symbole de lor, mtal prcieux).

    6.2.4- Les chiffres romains et les lettres grecques

    Il est aussi trs frquent de rencontrer, dans les mots croiss, des chiffres romains

    puisquils sont composs de lettres (I V X L C D M). Notre verbicruciste a souvent

    recours ce genre de procd.

    Exemple : Equipe de Rome = XI (dfinition qui inspire le doute parce que a peut tre

    des chiffres comme cest le cas de la solution, et a peut tre lquipe de football de

    Rome, connue sous le nom de AS Rome).

    Il en est de mme pour les lettres grecques car la quasi-totalit des concepteurs de

    grilles emploient cette technique car le nombre de lettres de lalphabet grec varie entre

    deux et sept. Cela permet au verbicruciste de pouvoir leurrer ces joueurs.

    Exemple : O hellne ! = OMEGA (la dernire lettre de lalphabet grec).

    (1) Chimiste russe, en 1869 il a procd la classification priodique des lments chimiques.

  • 22

    Il existe aussi quatre lettres qui comptent le nombre de deux lettres : MU NU PI XI, et

    cela permet aux cruciverbistes de suggrer des probabilits de rponse pour les mots

    longs et dune dlicatesse considrable.

    6.2.5-Les interjections et les onomatopes

    Ce sont des mots invariables et isols qui expriment, respectivement, un sentiment

    violent, une motion ou un ordre ; ou une cration de mots par imitation phontique de

    ltre ou de la chose dsigne. Cette technique est utilise, mais rarement, par des

    verbicrucistes pour combler leurs grilles. Et puisquil existe plusieurs interjections dans

    la langue franaise, ce genre de dfinitions nous entrane dans lembarras. Par exemple,

    la dfinition : interjection dont la solution tait : EH alors quelle pouvait tre : OH,

    AH, HA, HOil y a nuance. Autre dfinition : coup de feu dont la solution tait

    lonomatope : PAN alors quelle pouvait tre le nom : TIR. Donc cette manire de

    procder peut nous entraner toujours dans lincertitude. Et encore ! Une onomatope

    plus longue dont la dfinition tait : roulement de tambour = RANTANPLAN

    (onomatope de dix lettres).

    6.3- Inventaire de quelques mots frquents

    Avant de prsenter cet inventaire, nous allons rpondre dabord la question

    suivante : pourquoi avons-nous dit mots frquents ? Cest parce que les dfinitions

    de ces mots paraissent insolubles surtout pour les novices, alors que pour les aguerris,

    elles sont si simples quils peuvent placer la rponse spontanment dans la grille,

    tellement ils ont souvent rencontr ces dfinitions et ces mots.

    Voici le petit inventaire des mots usuels et leurs dfinitions rcolts de notre petite

    exprience avec les grilles 10x10 du journal national Le Quotidien dOran :

  • 23

    GO = casse-tte chinois. OC = ancienne langue.

    IF = conifre. NO = drame nippon.

    LI = mesure chinoise. DAN = ceinture.

    DA = renforce le oui (affirmation). DOL = fraude.

    RU = petit ruisseau. EGO = autre moi.

    RA = dieu solaire ou roulement de tambour. EON = espion travesti.

    NA = mot enfantin. OBI = ceinture.

    OIL = ancienne langue. EVOE = cri des bacchantes.

    OPE = trou mural. IBIS = oiseau chassier ou sacr.

    OST = arme mdivale. IGNE = qui est en feu.

    OVE = ornement en forme duf. IULE = mille-pattes.

    AIS = planchette de reliure. LOIR = rongeur dormeur.

    LUT = enduit. NEVE = futur glacier.

    LAD = garon dcurie. OUED = cours deau.

    ALE = bire anglaise. AEDE = pote grec.

    ANA = recueil plaisant. ANEE = charge de baudet.

    ARA = perroquet. ANTE = pilier ou pilastre cornier.

    ARS = point de saigne. AVEN = puits naturel.

    ERS = lentille. ECOT = quote-part.

    RES = chose latine. ELFE = gnie scandinave.

    MIR = station spatiale russe. EMEU = ratite de lAustralie.

    ERG = unit de travail. ERSE = de la haute Ecosse.

    HIE = demoiselle. ERSE = anneau de cordage.

    IDE = poisson rouge. ETOC = tte de rocher.

    ION = atome. PITE = agave dAmrique.

    RAI = rayon. REER = bramer ou raire.

    REA = roue gorge. STUC = imitation de marbre.

    RIA = valle inonde. SUEE = transpiration.

    RIS = thymus de veau. TUNE = pice de cinq francs.

    SIL = argile. UBAC = versant de montagne.

  • 24

    TAN = corce de chne. URUS = ancien taureau (ure).

    TEE = cheville de golf. INNE = naturel.

    URE = ancienne bte. IRIS = dans lil ou plante.

    IRE = ancienne colre. UNAU = paresseux.

    ITE = fin de messe. REVE = idal.

    IVE = bugle jaune. RETS = filet de pche.

    ODE = pome lyrique. METS = repas.

    CEP = pied de vigne. ESSE = crochet.

    SOC = pice de charrue. IENA = ville doptique.

    ACE = balle de service. ADRET = autre versant de montagne.

    ILE = petite terre. ENTER = greffer.

    NOE = patriarche ou homme de dluge. ERINE = carteur (outil de chirurgie).

    UNE = manchette. ETIER = canal ctier.

    UTE = vieil indien. ILEON = partie dintestin.

    ULM = petit avion. IPECA = racine vomitive.

    ENA = cole des cadres. EMERI = matire abrasive.

    LEV = monnaie bulgare. STELE = monument funraire.

    SAI = capucin. ESERINE = alcalode.

    Nous esprons que nous ayons pu donner un maximum de mots les plus employs

    par la plupart des verbicrucistes et surtout celle que nous sommes en train dtudier ses

    grilles. Ces mots servent daide-mmoire pour pouvoir combler quelques cases dune

    grille par des lettres, si nous pouvons dire, jalonneuses qui servent de leur ct trouver

    les mots les plus ardus. Cette liste de mots frquents ne sera jamais exhaustive parce

    quil y a et il y aura dautres mots qui se rptent souvent.

  • 25

    7- La crativit lexicale comme mode de formation des mots

    Les verbicrucistes font aussi appel dautres modes de formation de mots et plus

    particulirement la crativit lexicale. Le nologisme et parfois larchasme, lemprunt

    dautres langues, la composition sont galement des procds faisant partie de cette

    crativit lexicale. Ce sont, dailleurs, les modes utiliss par tous hormis les

    verbicrucistes ; car sans des mots nouveaux pour exprimer la modernit et prsenter des

    changements sociaux, la langue naura plus davenir comme estiment Gaudin F et

    Guespin L : Le portrait que nous avons dress des diffrentes faons de crer des

    units lexicales nouvelles est orient de faon rendre plus facile la crativit. Il

    regroupe les crations par drivation, par composition, par abrviation, par emprunt et

    par mutation du sens de mots existants ou nologie smantique. (1)

    Cest pour cela que la langue franaise est assujettie la nologie, la crativit

    lexicale continuelle et attentive. Cependant, il faut mentionner quen pratiquant le jeu

    des mots croiss, nous constatons que le mot trouver est livr par nimporte quel

    procd de cration lexicale. Cest ainsi que Kocourek R. dans son ouvrage essais de

    linguistique franaise et anglaise, mots et termes, sens et textes pense qu il y a

    dabord la fonction dnominatrice de la dfinition. Pour un dfinissant, pour un

    concept donn, on propose, indique, trouve une tiquette, une unit lexicale particulire

    (le dfini). Ce processus de dnomination a recours aux vastes ressources de la

    cration lexicale, ancienne et nouvelle cest--dire aux ressources de la motivation de

    la formation lexicale, de la nologie. (2)

    Si on veut leurrer le cruciverbiste, on a plusieurs possibilits de le faire, puisquil y a de

    nombreuses solutions qui peuvent tre suggres pour une seule dfinition. Ces

    dfinitions sont dites ouvertes. Cest ce qui rend la dfinition des mots croiss, surtout

    (1) GAUDIN F et GUESPIN L. : Initiation la lexicologie franaise. De la nologie aux dictionnaires, Ed. De Boeck. Du Culot, Bruxelles, 2000, p. 9.(2) KOCOUREK R. : Essais de linguistique franaise et anglaise, mots et termes, sens et textes, Ed. Peeters Publishers, Paris, 2001, p. 88.

  • 26

    dun niveau avanc, trs difficile rsoudre car, contrairement au lexicographe qui

    cherche faciliter la comprhension du mot en donnant une dfinition aussi spcifique

    que possible, le verbicruciste formule sa dfinition avec plus ou moins dingniosit, de

    manire enchevtrer les pistes et crer une distance entre la dfinition et le dfini.

    Pour cela, comme nous lavons dj signal, le verbicruciste emploi quelques procds

    de cration lexicale (comme lont mentionn Gaudin et Guespin) qui se fait par

    composition, par abrviation, par emprunt, par nologisme vs archasme .

    7.1- La composition

    Est une formation de mots par assemblage de racines ou de mots radicales. Elle

    prend deux formes diffrentes par lorigine de ces racines, soit franaises soit grco-

    latines, et leur ordre dans le mot compos qui est fond de deux racines ou plus. Pour ne

    pas entrer dans les dtails sur cette section, nous proposons une dfinition au concept de

    composition selon Anglard V : La composition permet de crer des mots nouveaux

    soit en combinant des mots dj existants soit en ajoutant un nom un lment qui a un

    sens en lui-mme. []. La plupart des lments entrant dans la composition sont

    dorigine grecque. Certains peuvent tre placs soit devant soit aprs le mot avec lequel

    ils entrent en composition. (1)

    Aussi, pour les verbicrucistes, la composition est une autre subtilit car ils en usent

    souvent. Les cruciverbistes, de leur ct, peuvent galement rencontrer des mots rares

    appartenant un domaine de spcialit ; ces mots ncessitent la connaissance de

    certaines racines dorigine grecque ou latine, produisant des mots savants, pour pouvoir

    retrouver les mots viss par lauteur ; parfois, ils rencontrent mme des composs, dits

    populaires qui sont bases franaises et lis par des traits dunion qui sont inexistants

    dans la grille.

    (1) ANGLARD V. : Matriser le vocabulaire franais, Ed. Ellipses, Paris, 1997, p. 52.

  • 27

    Plusieurs exemples extraits de notre corpus pour tayer notre point de vue sur cette

    section entre autres les deux dfinitions suivantes :

    1- Fait des tudes btes dont la solution est un mot de 8 lettres. Pour pouvoir

    rpondre cette dfinition, il faut une double rflexion :

    - la premire est de savoir si le mot bte est un adjectif ou un nom ; dans le premier

    cas, il sagira dune personne qui fait des tudes sans intelligence et qui peut dboucher

    sur les dfinis suivants : IMBECILE, SAUGRENU, BALOURDE (dans la dfinition le

    genre nest pas explicite), LOURDAUD, CORNIAUD

    Dans le deuxime cas, il sagira dune personne ou dune science qui fait des tudes des

    btes (des animaux) et ici nous avons affaire une ellipse (celle du dterminant des )

    dont nous avons rserv une section dans le chapitre suivant.

    - la deuxime rflexion qui consiste utiliser la composition de certaines racines

    grecques ou latines pour nous permettre de retrouver le dfini et cest vraiment le cas

    dans cette dfinition. Nous avons les deux mots tudes et bte dont nous

    pouvons proposer respectivement les racines suivantes logie et zoo pour aboutir

    au mot savant ZOOLOGIE qui tait la solution cette dfinition.

    2- Tenue militaire qui propose un dfini de 10 lettres. A premire vue de la

    dfinition, nous croyons quil sagira dun habillement mais au bout du compte, nous

    constatons quil sagissait de la position rglementaire dun militaire. La dfinition

    suggrait le mot compos GARDEAVOUS (garde--vous) dont les traits dunion

    sont absents.

    7.2- Lemprunt dautres langues

    Lemprunt est lune des techniques de formation de mots utilises par les

    verbicrucistes car de temps autre, nous trouvons dans les grilles de mots croiss des

    mots provenant dautres langues que le franais, le plus souvent langlais, figurant dans

    les dictionnaires ou non. Cependant cette formation de mots nest pas comme la

    composition qui emploie des bases existantes dj en franais ; en ralit, sont des mots

    considrs comme des lments isols, ceux qui sincorporent dans une langue, comme

  • 28

    le souligne Niklas-Salminen : Lemprunt, contrairement aux autres processus de

    formation de mots [] (drivation, composition, abrviation, siglaison), prsente la

    particularit de faire surgir des units nouvelles sans recourir des lments lexicaux

    prexistants dans la langue. En effet, les mots demprunt sintgrent dans la langue

    comme des lments isols ; ils ne sont pas du tout motivs. (1)

    En tout tat de cause, le concepteur de grilles peut parfois avoir recours aux

    emprunts, et la langue laquelle ils empruntent beaucoup cest bien langlais. Ces

    emprunts, appels des anglicismes, assurent le dynamisme des pays anglo-saxons dans

    de divers domaines. A titre dexemple, le domaine de laviation dans la dfinition

    suivante : Tourne en avion qui avait comme dfini le mot anglais : LOOPING

    qui est une acrobatie effectue par un avion en plein vol. En conomie, dans la

    dfinition : Dcollage conomique qui avait comme solution le terme anglais, et qui

    est compos : TAKEOFF (take-off). Notamment, il existe plusieurs mots puiss des

    langues autres que langlais : de litalien, de lallemand, de larabe, de lespagnol, du

    russe, etc. et cela suivant les formes dart, les inventions, les traits de civilisation des

    pays parlant ces langues. En illustrant cela, nous donnons les exemples suivants :

    1- Cest l quon peut voir le moujik endormi , lintrieur de la dfinition, il y a un

    terme tranger la langue franaise : (moujik) emprunt de la langue russe et qui veut

    dire un Paysan, dans la Russie dancien rgime (2); pareillement, le dfini tait un mot

    russe se rfrant au moujik : ISBA qui est une Habitation des paysans russes, faite

    de rondins de bois de sapin (3) .

    2- Pour un artiste, cest son type de concert , cette dfinition suggrait un mot de dix

    lettres qui tait le mot italien IMPRESARIO .

    (1) NIKLAS-SALMINEN A. : La lexicologie, Ed. Colin, Paris, 1997, p. 83.(2) ) Dfinition du dictionnaire : Le Petit Larousse, 1995.(3) Ibid.

  • 29

    7.3- Le nologisme vs larchasme

    En plus de lemprunt dautres langues, les auteurs crent parfois des mots

    nouveaux en utilisant la prfixation ou la suffixation, mme si ces mots ne sont pas

    attests par le dictionnaire ; nous donnons lexemple du mot : AEROPHOBIE qui ne

    figure pas dans les dictionnaires dont nous disposons (Le Petit Larousse 1995, Le Petit

    Larousse multimdia 2007, Dico Encarta 2007) ; ce mot tait la rponse la dfinition :

    Nature qui a horreur du vide . L, le verbicruciste a bas sur le prfixe et le suffixe

    grecs aro et phobie qui veulent dire respectivement (air) et (craindre) ; en

    assemblant ces deux bases, nous obtiendrons un nouveau mot dont le sens est (la crainte

    de lair) et qui renvoie la dfinition (horreur du vide). Dailleurs, le nologisme nest

    pas uniquement des mots nouveaux mais aussi des sens nouveaux des mots dj

    existants. Nous distinguons donc deux sortes de nologisme : nologisme de forme et

    nologisme de sens. Ce sont deux procds utiliss souvent par les verbicrucistes les

    plus chevronns pour exprimer leur imagination potique et rhtorique pour rendre la

    langue plus nuance et plus riche. Cest aussi que tous les locuteurs crent

    constamment des nologismes. On peut les trouver dans les livres, les journaux, comme

    dans les parlers de tous les jours. Une grande partie de ces nouvelles units lexicales

    continue exister et entre vite dans le grand courant de la langue parle. Dautres

    nologismes sont des crations de circonstance qui ne tardent pas disparatre, ne

    trouvant pas demploi hors de la situation toute spciale qui les a provoqus (1)

    Il faut noter par ailleurs que les nologismes des mots croiss sont des crations

    occasionnelles qui ne trouvent pas dutilisation hormis la situation du cruciverbisme.

    Contrairement au nologisme, il y a le procd de larchasme qui est dfini par la

    plupart des dictionnaires comme un mot ou/et une forme lexicale vieillis qui ne sont

    plus employs dans le langage courant. Les auteurs de mots croiss ont de temps en

    temps besoin, en effet, de quelques mots peu courants pour complter leurs grilles, et

    grce eux, ces mots passifs et vieillis reprennent un semblant de subsistance parce que

    (1) NIKLAS-SALMINEN A. : Op.Cit, p. 87.

  • 30

    les mots tombs dans la dsutude se retrouvent dans les grilles de mots croiss ;

    puisque leurs concepteurs sont des ramasse-tout qui emploient tous les moyens

    possibles pour provenir finir leurs grilles, entre autres larchasme ou les mots vieillis.

    Les deux exemples suivants illustrent ces mots vieillis :

    1- Vieille porte archasme explicite par le mot (vieille) ; cette dfinition avait pour

    solution : HUIS qui est un vieux mot qui dsigne la porte extrieure dune

    maison.(1)

    2- Ysengrin qui avait pour rponse : LEU ; ici, on a utilis la forme ancienne du

    mot (loup) parce que Ysengrin est un nom souvent donn au loup dans la littrature

    mdivale, notamment le Roman de Renart. (2) et qui dit mdivale dit ancien.

    Aujourdhui, le mot (leu) nest employ que dans la locution adverbiale : la queue

    leu leu qui veut dire la suite les uns des autres la manire des loups.

    7.4- Le registre familier

    Il existe encore une catgorie de mots qui entrent, parfois, dans les grilles de mots

    croiss : ce sont les mots de la langue familire quon utilise lorsquon parle librement

    avec une personne que lon connat bien. Ces mots sont relchs, argotiques, parfois

    mme grossiers et qui font partie essentiellement de la langue orale, mais qui sont, de

    temps autre, employs lcrit notamment dans les mots croiss. Les auteurs de

    grilles emploient aussi largot qui est une faon de passer outres les tabous tablis par la

    socit et qui est utilis dans des milieux relativement ferms. Quant ses procds, il y

    en a deux types : smantiques et formels (i.e. une modification et un jeu sur le sens des

    mots, une invention et une modification de mots).

    Nous en avons extrait quelques exemples illustratifs de notre corpus notamment les

    dfinitions suivantes :

    (1) Dfinition du dictionnaire : Le Petit Larousse multimdia, 2007.(2) Ibid.

  • 31

    1- Documentation courante qui suggrait un mot de trois lettres : DOC qui est un

    procd de type formel par apocope.

    2- La fte des mecs cette dfinition exige un mot de quatre lettres : TEUF , de

    mme cest un procd de type formel par le verlan qui consiste retourner le mot

    lenvers (do le terme verlan ) syllabe par syllabe.

    Donc, pour pouvoir solutionner une grille de mots croiss dun niveau plus ou moins

    lev, comme celui dont nous sommes en train dtudier, il faut tre dot dun savoir

    incommensurable voire dune culture gnrale considrable puisquil sagit dun jeu

    culturel et spirituel.

    Aprs avoir prsent, dans ce chapitre, un aperu gnral li au monde des mots

    croiss qui est, si nous pouvons le dire, un monde ludoducatif, puisque, en les jouant,

    nous sommes en train dduquer ou de dvelopper la mmoire et laptitude rflchir,

    comprendre et tablir des liens logiques et smantiques entre une dfinition et un

    dfini recherch, et cela par le jeu. Dans le prochain chapitre, nous tentons dtablir une

    analyse taye par des illustrations sur les procds lexicaux et grammaticaux

    quemploient les verbicrucistes pour drouter les cruciverbistes et les entraner dans de

    fausses pistes. Ces illustrations, nous les avons extraites des grilles conues par la

    verbicruciste du journal national dexpression franaise Le Quotidien dOran et qui

    contiennent des dfinitions plus ou moins tires par les cheveux et dun degr lev que

    les novices de ce jeu ne parviennent plus les dcrypter.

  • 32

    DEUXIME CHAPITRE

    LES PROCDS LEXICAUX ET GRAMMATICAUX

    DANS LA PRODUCTION DU SENS

  • 33

    Avant de dcrire les procds, lexicaux soient-ils ou grammaticaux, employs par les

    verbicrucistes en herbe pour chiffrer leurs dfinitions, est-il souhaitable de commencer

    par effleurer les notions de lexique et de grammaire . Ensuite, serait-il galement

    indispensable de dterminer ces procds parce quactuellement, ces concepteurs de

    mots croiss ne se limitent pas utiliser les dfinitions des dictionnaires classiques

    tels Le Petit Larousse, le Petit Robert, mais ils font plutt preuve de crativit en

    inventant parfois de nouvelles dfinitions que nous illustrerons au fur et mesure

    travers quelques exemples extraits des grilles qui appartiennent intrinsquement notre

    corpus.

    1- Lexique et grammaire : lments de dfinition

    1.1- Le lexique

    Le lexique est une notion dfinie et explique par plusieurs linguistes. Dans notre

    travail nous adoptons la dfinition de Picoche J. : On conviendra dappeler lexique

    lensemble des mots quune langue met la disposition des locuteurs. (1) En dautres

    termes, il est lensemble des mots dune langue donne, inventoris dans les

    dictionnaires. Le lexique franais rassemble les mots de la langue franaise et il compte

    parmi ces mots tous les vocabulaires de spcialit(2) ; certes, nous confessons la grande

    simplicit voire mme la superficialit de cette dfinition. En effet, la notion de lexique

    nest pas isole, il existe en fait une autre notion qui lui est intimement lie, cest bien

    celle de vocabulaire qui renferme seulement les expressions connues activement ou

    passivement par un locuteur, comme la signal Eluerd R. : Tout locuteur a une

    exprience pratique du mot : le connatre ou non, lavoir sur le bout de la langue , le

    chercher dans le dictionnaire ; avoir appris ses emplois, avoir appris lassembler

    (1) PICOCHE J. : Op. Cit, p. 44.(2) On les appelle aussi les jargons , ils sont employs dans un domaine donn par un groupe socialspcifique.

  • 34

    avec dautres mots pour dire quelque chose et savoir reconnatre et juger les

    assemblages produits par dautre locuteurs ; [] ; savoir plus ou moins jouer avec les

    mots, les croiser, les dcomposer, les recomposer, les associer de manire surprenante

    []. (1)

    Pour Eluerd, le locuteur apprend une langue par la pratique, en tant toujours en

    contact avec elle. Nous avons crit activement et passivement car chacun de

    nous possde un vocabulaire, soit actif, soit passif ; le premier correspond aux mots

    connus et employs par le locuteur, tandis que le second, il concerne les mots dont le

    locuteur connat le sens mais quil nutilise que rarement. Pour nous, les mots croiss

    aident activer ce vocabulaire, si nous pouvons dire, inerte ou de lenrichir par des

    mots nouveaux.

    1.2- La grammaire

    Afin que la dfinition soit tout fait satisfaisante, nous avons choisi ce passage de

    Saussure qui la dfinissait comme suit : La grammaire tudie la langue en tant que

    systme de moyens dexpression ; qui dit grammatical dit synchronique et significatif

    []. Cest en effet la morphologie et la syntaxe runies quon est convenu dappeler

    grammaire, tandis que la lexicologie ou science des mots en est exclue. (2) En lisant

    cette dfinition, on constate que Saussure a divis la grammaire en deux parties :

    1- La syntaxe, parce que Les mots sont rarement traits de faon isole. La plupart

    du temps nous les combinons dans des phrases. Lorsque nous combinons des mots, leur

    agencement est primordial. Ces combinaisons entre les mots obissent des contraintes

    prcises spcifies par les rgles de la syntaxe. (3) Selon cette citation, la syntaxe

    contient des rgles quil faut respecter pour agencer correctement des mots. Ces rgles,

    (1) ELUERD R. : La lexicologie, Ed. PUF, Paris, 2000, pp. 34 35.(2) SAUSSURE (de) F. : Cours de linguistique gnrale, Ed. ENAG, Alger, 1990. p. 213.(3) SPINELLI E et FERRAND L. : Psychologie du langage : Lcrit et le parl, du signal la signification, Ed. Colin, Paris, 2005, p. 10.

  • 35

    on les a par le capital de notre exprience en tant que locuteurs parce que tout usager

    possde un savoir appel comptence grammaticale.

    2- La morphologie, car cest une discipline qui tudie les morphmes considrs comme

    des units minimales significatives ; donc, cest un domaine dtude li la fois la

    syntaxe et/ou la smantique.

    Egalement, Saussure, jusque l, a cart la notion de lexicologie de la grammaire.

    Do surgit notre esprit le questionnement suivant : est-ce quon peut vraiment valider

    cette exclusion ? Nous nous sommes parfaitement inform que la lexicologie tudie le

    lexique dans sa signification, sa frquence, sa structure et son volution. (1), que le

    lexique est lensemble des units qui constituent le matriau de base dune langue et que

    la grammaire fournit les rgles qui permettent dagencer ces units pour former des

    phrases correctes. Donc, partir de cela, nous concluons quil y a une certaine

    complmentarit entre ces notions. Saussure, lui-mme, a ainsi rpondu ce

    questionnement : A premire vue les mots, tels quils sont enregistrs dans le

    dictionnaire, ne semblent pas donner prise ltude grammaticale, quon limite

    gnralement aux rapports existants entre les units. Mais tout de suite on constate

    quune foule de ces rapports peuvent tre exprims aussi bien par des mots que par des

    moyens grammaticaux. (2) Aussi pour illustrer les rapports entre ces units de la langue,

    lauteur crit : On attribue gnralement les prpositions la grammaire ; pourtant la

    locution prpositionnelle en considration de est essentiellement lexicologique,

    puisque le mot considration y figure avec son sens propre. (3)

    En tout cas, pour ne pas sexprimer btons rompus, ce qui compte pour nous, ce

    nest pas de scruter les deux disciplines, mais cest de dmonter, autant que possible, les

    ficelles et les astuces quemploie le verbicruciste que nous sommes en train danalyser

    ses dfinitions aussi fallacieuses soient-elles. Cest pourquoi, nous proposons dtudier

    un corpus de grilles de mots croiss parus (dans le Quotidien dOran ) et adresss

    des cruciverbistes plus ou moins en herbe.

    (1) Dfinition extraite de Dicos Encarta, 2007.(2) SAUSSURE (de) F. : Op. Cit, p. 214.(3) Ibid. p. 215.

  • 36

    Pour ce faire, nous avons choisi de travailler sur les mots dont leur traduction est

    interlinguale qui selon Jakobson R. se sert dun autre mot, plus ou moins synonyme,

    ou recourt une autre circonlocution. (1) Par consquent, lexercice du traducteur

    interlingual est semblable celui dun auteur de grilles de mots croiss, car ce dernier

    emploie des dfinitions qui se prsentent sous une forme synonymiques, polysmiques,

    quivoques, amphibologiques

    A ce moment, nous allons commencer examiner les procds lexicologiques

    utiliss dans les dfinitions des mots croiss lun aprs lautre, en esprant que nous

    soyons aussi exhaustif dans cette tude et nous commenons par examiner la double

    nature de la dfinition(2) (sur les deux axes paradigmatique et syntagmatique):

    2- Lorganisation des relations smantiques entre les units lexicales

    Les relations smantiques entre les units lexicales sont reconnues au niveau

    linguistique et considres comme dichotomiques : celles des deux axes paradigmatique

    et syntagmatique. Ces relations permettent dessayer dorganiser le lexique en termes de

    signifis plutt quen termes de signifiants.

    2.1- Les relations paradigmatiques

    Les relations paradigmatiques peuvent nous clairer les connotations du mot

    retrouver. En effet, ces relations sont celles qui existent entre des units lexicales in

    absentia dans une dfinition, mais susceptibles dapparatre dans la grille. Les relations

    paradigmatiques sont donc la rponse que puis-je mettre la place de ce mot ? ;

    les plus habituelles ou videntes dans les mots croiss sont : la synonymie,

    lhyperonymie vs lhyponymie, la mronymie vs lholonymie ; comme la prcis

    (1) JAKOBSON R. : Essais de linguistique franaise, Ed. Seuil, Paris, 1963, p. 79.(2) ZAOUI M. : Smantique et tude de langue, Ed. OPU, Alger, 1993, p. 142.

  • 37

    Tamba I. Il est communment admis aujourdhui que les units lexicales sont relies

    entre elles par trois grands types de relations structurales : la synonymie, lantonymie

    et lhyperonymie, lhyponymie, laquelle on joint parfois la mronymie (1)

    2.1.1- La synonymie

    Dans le cadre de notre recherche, nous dirons que deux mots sont synonymes

    lorsquils sont substituables lun par lautre ; dune faon non complique, cela veut

    dire quils partagent un ou plusieurs lments de significations, ce qui entretient une

    possibilit de pouvoir mettre un mots dans la grille des mots croiss la place dun

    autre mot qui constitue la dfinition. Ici, nous avons affaire des mots isols (pas de

    contexte) ce qui rend la tche du cruciverbiste plus ardue. Mme avec un contexte, il y a

    une ambigut car la vraie synonymie est rarissime. Niklas-Salminen A. estime : En

    fait, les cas de synonymie absolue sont extrmement rare. Ils ne se rencontrent gure

    que dans le langage technique ou scientifique. (2)

    Dans les mots croiss, la synonymie donc cause souvent une grande perplexit pour

    les amateurs parce que la langue franaise contient plusieurs synonymes approximatifs

    ou partiels, lexemple le plus illustratif est celui de Mandarins = ERUDITS. Puisque

    la majorit des mots sont polysmiques. Or, parmi les quatre acceptions figurant dans le

    dictionnaire Le Petit Larousse du mot mandarin , il y a celle qui est dusage plus

    souvent pjoratif et spcialement pour un professeur duniversit ; et puisque nous

    savons dexprience quun professeur luniversit est une personne qui a de

    lrudition dans son domaine. Par consquent, la rponse de la dfinition tait

    ERUDITS . Or la synonymie, quand elle se rencontre dans de tels mots, ne

    concerne gnralement quune partie des sens. (3)

    (1) TAMBA I. : La smantique, Ed. PUF, Paris, 2005, p. 80.(2) NIKLAS-SALMINEN A. : Op. Cit, p. 111.(3) BAYLON C et MIGNOT X. : Initiation la Smantique du langage, Ed. Nathan, Paris, 2000, p. 107.

  • 38

    2.1.2- Lhyperonymie vs lhyponymie

    Les termes techniques dhyponymie et dhyperonymie napparaissent en

    smantique qu la fin des annes 1960. (1). Ces deux procds appartiennent aux

    relations o les ides sont relies entre elles par des relations de genre/espce, cest--

    dire des relations entre un mot gnrique et un mot spcifique. Ces relations permettent

    de construire une hirarchie smantiques entre deux signifis : A est hyperonyme de B

    si nous pouvons dire que A est genre de B . Cest pourquoi, ces procds

    dichotomiques engendrent une structure smantique hirarchise du genre lespce ; et

    ces derniers sont parfois employs par le verbicruciste, par exemple la dfinition :

    Patates ou pommes de terre est hyponyme du dfini TUBERCULES parce que

    pomme de terre est une espce de tubercules . Un autre exemple qui va entraner

    plus dambigut dont la dfinition tait : Echassier qui avait pour rponse

    CIGOGNE . Pourquoi pose-t-elle plus dambigut ? Parce quil y a un embotement

    de classes les une dans les autres. En ornithologie, chassier est hyponyme de

    oiseau et hyperonyme de cigogne , et encore nous avons saut dautres classes

    intermdiaires comme ciconiiformes (2), gruiformes (3), charadriiformes (4)

    Nous nallons conserver que les trois premiers mots : cigogne, chassier et

    oiseau , nous allons immdiatement constater que chacun est hyponyme du suivant et

    hyperonyme du prcdent ; la susmentionne cigogne appartient au superordre

    dchassier, qui appartient son tour la classe des oiseaux. Donc pour pouvoir

    rpondre une telle dfinition, le cruciverbiste doit se munir dun grand savoir en

    matire dornithologie.

    (1) TAMBA I. : Op. Cit, p. 94.(2) Ordre de grands oiseaux chassiers des rgions tropicales et tempres, tels que la cigogne, le hron, leflamant, libis.(3) Ordre doiseaux chassiers au plumage terne, tels que la grue, loutarde, le rle.(4) Ordre doiseaux chassiers ou palmipdes, tels que le pluvier, le goland, lavocette, le pingouin et labcasse.

  • 39

    Les deux smanticiens Baylon C. et Mignot X. ont bellement dit en ce qui concerne

    ces deux procds : Hyponyme veut dire en effet nom subordonn et hyperonyme

    nom superordonn . Un nom est considr comme subordonn un autre quand son

    application est plus restreinte, quand la classe des rfrents auxquels il sapplique est

    in cluse dan celle des rfrents auxquels le second sapplique. Dans le sens inverse, on

    a superordination. []. Lhyperonyme est donc plus pauvre smantiquement, mais plus

    riche rfrentiellement, que ses hyponymes. (1)

    Cette superordination est souvent considre comme un des outils importants et un des

    procds ncessaires de la dfinition cruciverbiste.

    2.1.3- La mronymie vs lholonymie

    La mronymie et lholonymie sont des relations o les concepts sont relis entre eux

    par celles de partie/tout, o la mronymie traduit un phnomne dinclusion. De mme,

    pour lhyponymie qui traduit de son ct le mme phnomne dinclusion i.e. une partie

    est incluse dans un tout. La seule distinction entre ces deux procds, cest

    que lhyponymie correspond une hirarchie en tre-un, fonde sur la relation est

    une sorte / espce de, tandis que la mronymie est une hirarchie en avoir-un, fonde

    sur la relation est une partie / un lment de. (2) note Tamba.

    Dans cette dfinition illustrative (dj vue) : Si un lphant a trompe, lui a

    bosse , l, il est question dune mronymie parce que la trompe est une partie de

    llphant (holonyme), et le mot recherch dans la dfinition figure dans sa

    deuxime partie lui a bosse , le terme bosse est une partie dun chameau ( mot

    de huit lettres) et la rponse exige un mot de dix lettres, ici, il sagit donc du mot

    DROMADAIRE qui tait vraiment la solution. Alors, il sagit dun couple de

    situations, lune des deux est occupe par une classe de mronymes (noms de parties :

    trompe et bosse), lautre par une classe dholonymes (noms de tout : lphant et (1) BAYLON C et MIGNOT X. : Op. Cit, p. 112.(2) TAMBA I. : Op. Cit, p. 101.

  • 40

    dromadaire). Observons aussi cette dfinition : On la lil qui avait comme

    solution : RETINE (mot de six lettres) qui est une partie de lil

    (mronyme/holonyme) ; mais, elle peut avoir une autre solution quand nous prenons en

    considration lexpression lil qui peut tre fige (cf. procd des expressions

    figes) sous forme de locution adverbiale et qui signifie : GRATIS (de mme, mots

    de six lettres).

    2.2- Les relations syntagmatiques

    Les relations syntagmatiques sont complmentaires aux relations paradigmatiques ;

    elles rendent compte des liens qui existent entre les diffrents segments prsents dans

    une phrase parce que les mots sont agencs, relis de faon linaire, comme la signal

    Saussure dans son CLG : Le rapport syntagmatique est in praesentia ; il repose sur

    deux ou plusieurs termes galement prsent dans une srie effective. (1) Nous voulons

    en venir par ltude des liens syntagmatiques dsambiguser les dfinitions floues,

    surtout celles qui contiennent des expressions figes, analyser les units lexicales qui

    les composent car parfois, une expression fige subit un dfigement par les concepteurs

    de grilles pour loigner les cruciverbistes de la solution idoine.

    2.2.1- Procd des expressions figes

    Les expressions figes, appeles aussi locutions, expressions idiomatiques,

    expressions toutes faites(2), locutions toutes faites(3), expressions figures(4), occupent

    une place privilgie parmi les procds et les processus employs par les concepteurs

    de mots croiss car elles procurent une certaine ambigut, par exemple, quand nous

    nous sommes en face dune dfinition telle que Taillable et corvable merci qui est

    une locution adjectivale et dont la solution tait : ILOTE. En faisant une premire

    (1) SAUSSURE (de) F. : Op. Cit, p. 198.(2) BAYLON C et MIGNOT X. : Op. Cit, p. 152.(3) SAUSSURE (de) F. : Op.Cit, p. 199.(4) MORTUREUX M-F. : La lexicologie entre langue et discours, Ed. Colin, Paris, 2001, p. 124.

  • 41

    lecture de cette dfinition, surtout quand nous ne connaissons pas le sens global de

    lexpression, nous allons nous retrouver dans une situation bloque car les locutions ou

    les expressions figes renvoient un sens qui doit tre appris en bloc(1) plutt qu celui

    de chaque unit ; nous pouvons citer cette gard lopinion de Saussure : On

    rencontre dabord un grand nombre dexpressions qui appartiennent la langue ; ce

    sont les locutions toutes faites, auxquelles lusage interdit de rien changer, mme si lon

    peut y distinguer, la rflexion, des parties significatives []. (2) Donc ces expressions

    sont apprises de mmoire.

    Prenons deux autres exemples : 1- Bien leve qui avait pour rponse : POLIE.

    2- Instruit et bien lev qui avait pour rponse : CALE (cal de bas en haut). Dans la

    premire dfinition, il sagit dune locution adjectivale qui a un sens global : bien

    leve toute lexpression veut dire une personne polie . Alors que dans le

    deuxime exemple qui contient de son ct lexpression bien lev na pas le sens

    dune locution adjectivale, mais elle est employe en guise dune feinte, il y a donc un

    dfigement de la locution. Ce procd de dfigement est souvent utilis par les

    verbicrucistes titre dexemple, nous prenons la locution adverbiale Entre chien et

    loup qui signifie la tombe de la nuit , lors dune dfinition des mots croiss,

    avait pour rponse : CANIDES qui est une famille de mammifres carnivores tels

    les chiens et les loups. Ainsi, il faut oprer un dfigement de la dfinition pour trouver

    la rponse qui reprsente un procd dj vu (cf. hyperonymie vs hyponymie).

    2.2.2- Procd se rfrant des expressions proverbiales

    Le mode de dfinitions de notre verbicruciste est vraiment un rgal pour ceux qui

    veulent se distraire avec les mots, et nous pouvons admirer tout au long de ses grilles

    une magnifique galerie de jeux de mots, parfois qui se rfrent des expressions ou des

    locutions proverbiales qui sont extraites de la socit. Ces dernires sont similaires aux

    (1) Ibid. p. 124.(2) SAUSSURE (de), F. : Op. Cit, p. 199.

  • 42

    expressions figes, bien que leur signification soit certainement fonde sur une

    mmorisation pralable, chacun, possdant une culture omnisciente, sait que lhabit ne

    fait pas ? Le moine.

    Observons la dfinition suivante : Faux brillant dont la rponse tait OR ; ici

    la rponse fait rfrence au proverbe qui dit : Tout ce qui brille nest pas or . Certes,

    il y a une disparit de sens et cest ce qui entrane les cruciverbistes sur de fausses

    pistes. Avec les expressions proverbiales, on peut galement trouver lhomonymie

    comme dans cet exemple : Cest--dire quune foi nest pas coutume dont le dfini

    tait RELIGION ; ici le verbicruciste a jou sur le proverbe une fois nest pas

    coutume qui veut dire quun acte isol est sans consquence, et sur lhomonymie du

    mot fois du proverbe car il a employ foi qui veut dire religion. Alors, le

    caractre de ce genre de dfinitions est facilement identifiable par les aguerris des mots

    croiss et qui possdent un savoir tendu et universel voire un capital culturel trs riche.

    Il y a aussi un autre procd identique celui des proverbes, ce sont les dfinitions qui

    font rfrence des citations connues comme celle-ci : Pensez donc. qui avait pour

    rponse ETES , en se rfrant la fameuse citation de Shakespeare Je pense donc

    je suis ; pour leurrer les lecteur, lauteur a chang de personne (vous au lieu de je).

    3- Les dfinitions polysmiques

    Aprs avoir vu, dans le chapitre prcdent, quelques stratgies classiquement

    employes par les verbicrucistes (cf. les mots dpourvus de sens), nous allons voir,

    maintenant, le rle de la polysmie dans le chiffrement des dfinitions ; parce que ce

    genre de dfinitions dites polysmiques dsigne un manque de clart, mais lauteur

    indique ce manque avec des nuances diverses. Ce sont donc des dfinitions dites

    ouvertes car elles suggrent linsight(1) plusieurs rponses et nous en avons plusieurs

    cas de dfinitions polysmiques que nous proposons quelques uns dans ce qui suit :

    (1) WITTWER J. : Mots croiss et psychologie du langage, Ed. LHarmattan, Paris, 2004, p. 42.

  • 43

    3.1- La dfinition contient un seul mot polysmique

    Dans toute langue, les mots et les phrases tentent de dsigner et signifier des choses

    relles, mais gardent toujours une certaine ambigut (plusieurs sens). Cette pluralit de

    sens reprsente en fait une difficult importante pour les cruciverbistes qui se trouvent

    confronts ce problme nomm polysmie et issu de la difficult de crer des

    nouveaux mots, comme le montre Niklas-Salminen A. : Puisquil est trs difficile de

    crer autant de mots nouveaux quil y a de rfrents nouveaux dans des situations elles-

    mmes indites, les usagers de la langue augmentent considrablement, laide de la

    polysmisation, les possibilits des units lexicales qui existent dj. (1) La tche de la

    dsambigusation peut alors tre plus ou moins lourde selon la dfinition laquelle on a

    affaire. Aussi et cause de la grande frquence des termes polysmiques dans la langue

    franaise, la rsolution dune dfinition nous introduit dans une grande perplexit,

    surtout quand il sagit dun mot isol. Pour que cette situation soit illustre, nous

    proposons cet exemple dont le nombre de lettres est six: Lacs = LACETS (nud coulant

    pour prendre le gibier). Lambigut parat vidente quand nous commenons donner

    les diffrentes acceptions de la dfinition. Le mot lacs veut dire :

    1- Le pluriel du mot lac qui est une tendue deau.

    2- Le singulier et le pluriel du mot lacs ; de son ct, ce mot peut avoir

    plusieurs solutions : PIEGES, COLLET, FILETS ou la solution trouve

    LACETS (des mots soit au pluriel, soit au singulier i.e. une nuance de genre).

    Cette dfinition peut en ralit dboucher maintes acceptions et cest ce qui

    dsoriente les cruciverbistes.

    3.2- La dfinition contient un mot univoque li un mot polysmique

    Dans ce cas, nous avons affaire des dfinitions qui ne contiennent pas un seul mot,

    mais celles qui comportent deux mots voire plus. Mais, lorsque nous cherchons un

    (1) NIKLAS-SALMINEN A. : Op. Cit, p. 123.

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    dfini partir dune telle dfinition, la premire chose faire cest disoler tous les mots

    pour que nous puissions savoir dans lequel se manifeste lambigut. Cette dernire est

    un problme que le cruciverbiste doit surmonter afin de pouvoir rsoudre sa dfinition ;

    puisquil est dur voire impossible de trouver le dfini sil na pas, auparavant, isol de la

    faon la plus prcise possible les diffrentes parties de la dfinition sur laquelle il

    travaille.

    En effet, cette ambigut est un phnomne qui dcoule de la polysmie des

    vocables ou de lhomonymie, puisque daprs Charaudeau P. [], il sagit du

    phnomne gnral des changements de sens dun signe qui produit cette multiplicit de

    rapports entre un signifiant et diffrents sens. Dans ce cas, la polysmie recouvre

    lhomonymie qui nen devient quun cas particulier. (1) En face dune telle dfinition,

    nous nous retrouvons dans lobligation de faire un effort de mise en conformit sur le

    sens que veut vhiculer notre verbicruciste qui joue au plus fin pour essayer de nous

    leurrer.

    Prenons lexemple suivant : Bte de somme dont la solution tait : LOIR. Lors de la

    premire lecture, cest la totalit de la dfinition apprhende en tant quexpression

    fige, que nous donnons un sens. Mais en dissociant les units de la dfinition, le sens

    devient tout autre. Nous pouvons donc proposer :

    Sens 1 : Bte de somme = locution nominale qui signifie un animal domestique utilis

    pour porter de lourds fardeaux(2) tel : lne, la mule, le chameau, etc.

    Sens 2 : Bte de / somme = bte dans le sens dun animal ; et somme dans le sens de

    sommeil. La solution de cette dfinition est, comme cest indiqu ci-dessus,

    LOIR qui est un rongeur qui hiberne pendant lhiver.

    Cet exemple