La Revue socialiste n°50 L'Entreprise

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    1/85

    Revue

    Socialiste

    La

    50

    Lentreprise2e trimestre

    2013

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    2/85

    Sommaire2 Sommaire

    Edito

    Alain Bergounioux,Entreprise et socialisme p. 5

    Introduction

    Pierre Alain Weil l,Entrepreneur en 2013 p. 9

    Le dossier

    Fleur Pel lerin, Un modle de croissance qui ne nglige pas la dimension socialeet humaine de lentreprise p. 17

    Fabrice Brgier,

    Airbus, les PME et ltat dans la mondial isation p. 23

    Laurent Berger, Le seul lment susceptible de faire bouger les lignes est la ngociation p. 29

    Entreprendre

    Michel Destot,PME / PMI : en avant vers les ETI ! p. 37

    Jacques Huybrechts,Une autre entreprise est souhaitable et possible p. 41

    Philippe Da Costa,Lconomie sociale et solidaire. Le Groupe MACIF : une mutuelleau cur du march p. 45

    Guillaume Bachelay,Redressement, investissement, financement : la production, priorit nationale p. 51

    Philippe Berna,Des entreprises pour linnovation et la croissance p. 59

    Entreprises, Monde, Europe

    Thomas Chalumeau,La France a la capacit de russir dans la mondialisation p. 67

    Guillaume Hannezo,conomie financire, conomie relle p. 75

    Juliette Meadel ,Les relocalisations: comment les soutenir et les consolider ? p. 85

    Rformer lentreprise

    David Chopin,

    Les droits de lentreprise p

    Marc Deluzet,

    Mutations du social et du syndicalismep

    Delphine Mayrargue,Redonner son sens au salaire p.

    Florent L e Bot,Lentreprise : une communaut de travail ? p.

    Bruno Tranchant,

    Ces territoires qui sefforcent de sortir de la crise p.

    Blanche Segre stin,Refonder lentreprise p.

    Roger Godino,

    La nouvelle entreprise et la culture sociale-dmocrate p.

    Grand texte

    Confdration gnrale du travail,Les nationalisations industrialises, Brochure de la CGT, 1920 p

    propos de Laurent Davezies , La crise qui vient, 2012

    Sylvie Robert,Nopposons pas les territoires p.

    Ccile Beaujouan

    Derrire le scnario catastrophe, des raisons desprer p.

    Actualits interna tionales

    Pierre Boilley,Mali, fractures anciennes, chaos actuel p

    Marc Lazar,Une Italie plus incertaine que jamais p

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    3/85

    Alain Bergouest directeur deLa Revue s

    Entreprise et socialism

    entreprise est aujourdhui au centrede nos politiques, mais elle suscite peu

    de rflexions en tant que telle. Cest un para-doxe parce que nous avons consacr beaucoupde temps depuis des annes dterminer ceque doit tre larticulation entre lconomiede march et lintervention de la puissancepublique qui peut dire quelles sont les finsdune socit et les aspirations des citoyens.Or les marchs nexistent pas sans les entre-prises concrtes. Une difficult tient videm-ment la tendance gnraliser la grandediversit du tissu conomique, o coexistent

    les grandes entrepri ses du CAC 40, les PME/PMI, les coopratives, les entreprises artisa-nales avec des structures capitalistiques fortdiffrentes. Ce numro de la Revue socia-liste entend revenir sur ce manque pourtudier la situation prsente des entreprisesdans leur diversit et leur unit et analyserles problmes qu i leur sont poss et qui, parconsquent, nous le sont galement.

    L Lentreprise ne sidentifie pas avec le capitalia exist avant elle. Ce que nous appelons entactuellement est une cration relativement rque lon peut dater surtout de la fin du XIXe

    lorsque des structures de production ont t fexplicitement sur un contrat de travail tablemployeurs et salaris, se sont dotes dundrement et de services spcialiss, ont condirection relativement indpendante des naires. Bref, lentreprise telle quelle sest conau XXesicle, est avant tout une cration colqui associe plusieurs parties prenantes, essement le capital et le travail. Mais les entrepr

    sont pas indpendantes non plus des territoisont les leurs. Elles ont besoin des quipemdes services quapporte la puissance publiqucela a t mis en cause et bouscul par la rvolution librale depuis les annes 198en donnant, le pouvoir aux seuls actionnairedu profit le plus souvent le caractre domingestion au dtriment souvent des salaris maide la capacit dinvestissement pour lavenir.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    4/85

    6

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    ne concerne pas que les grandes entreprises, car,avec la cascade des sous-traitances et le dveloppe-ment de rseaux dentreprises dpendant des plusgrandes, cest tout le tissu entrepreneurial qui at touch. Cette volution a t videmment plusque problmatique. Les drives et la crise du capi-talisme financier doivent donner justement locca-sion de redfinir de nouveaux quilibres en tenantcompte des ralits conomiques mondiales. Ladernire partie de notre dossier analyse les condi-tions qui pourraient permettre de forger un relcollectif entrepreneurial et de dfinir un cadre juri-dique adapt pour les entreprises.Ces rflexions peuvent nous permettre galement dedonner un sens prcis ce quon appelle la social-dmocratie . Le dbat terminologique na pasgrand intrt si lon se contente de gnralits. Cettenotion de social-dmocratie ne veut pas dire simple-

    Entreprise et socialisme

    ment un socialisme modr ou un simple rformismepragmatique.Historiquement, la social-dmocratielorsquelle a pu rellement prendre corps, ne sestpas constitue principalement par une politiquedfinie, le keynsianisme par exemple, mais par uneorganisation et une culture. Elle a voulu tablir descompromis dynamiques entre le capital et le travail,dont le point dapplication concret soit les entre-prises, qui doivent demeurer matresses de leursstratgies et de leurs organisations dans la mesureo les intrts des salaris sont non seulement prisen compte mais garantis. Les forces en prsencedoivent donc accepter de faire droit aux volontsdes diffrentes parties prenantes. La social-dmo-cratie a t grandement aide, dans le pays o elle a

    pu faonner la socit, par linfluence et lorganisa-tion des syndicats. Cest et cela la toujours t une difficult en France. Mais, nous navons pas lechoix si nous voulons conduire une sortie de crise.Celle-ci ne dpend certes pas que de nous, quandla crise a une ampleur comparable aux crises de1929 et de 1974-1979. Elle dpendra videmmentde la conjoncture et de la mise en place progressivedun nouveau rgime de croissance. Mais, pour cefaire, nous avons besoin de la coopration de toutesles forces du pays. Car ne pas manquer la mise enuvre dun nouveau rgime de croissance demandede pouvoir sadapter de nouveaux marchs, denouvelles techniques, de nouvelles formes dorga-nisation. Le volontarisme, aujourdhui, il est l :avec les cultures et les atouts de la France, btir lesnouveaux quilibres conomiques et sociaux dontnous manquons.

    Historiquement, la soc ial-dmocrat ielorsquelle a pu rellement prendre corps,

    ne sest pas constitue principalement parune politique dfinie, le keynesianisme parexemple, mais par une organisation et uneculture. Elle a voulu tablir des compromis

    dynamiques entre le capital et le t ravail,dont le point dapplication concret soit les

    entreprises, qui doivent demeurer matressesde leurs stratgies et de leurs organisations

    dans la mesure o les intrts des salaris sontnon seulement pris en compte mais garantis.

    Le dossier

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    5/85

    rurales dAfrique subsaharienne, Xavier a nla pub a invent Le Gobi une bouteillerutilisable pense pour la vie urbaine et certainement en faire un succs plantaire, dchoisissant la proximit souhaitent tre coants ou artisans dans leur quartier ou dancampagne.Depuis quatre mois, sous la gauche et ppremire fois, une femme prside cette agencla cration dentreprise. Elle a t nomme pautre femme ministre des Petites et moyennesprises. Les femmes sont de plus en plus nomb crer leurs entreprises. Elles sont encore tr

    reprsentes aux conseils dadministration direction des grandes entreprises, cela doit chSi tout le monde doit pouvoir tre chef dentrcela ne signifie pas que tout le monde soit fatre chef dentreprise ou simplement en aitPar laccs facilit aux tudes, le choix assumdiversit des territoires et des origines, la foradapte et laide au financement, nous devontous ceux qui en ont la capacit et le souha

    Pierre Alainest chef dentreprise, ancien dlgu national du PS aux ent

    membre de la commission ent

    Entrepreneur en 20

    n Franais sur trois envisage, unjour, de crer ou de reprendre une

    entreprise, soit un potentiel de quelque15 millions dentrepreneurs gs de plus de18 ans1. lheure o lon nentend parlerque de crise et de difficults commentexpliquer cet engouement pour la cra-tion dentreprise ? Quel le est la motivationpour devenir entrepreneur ? Lambition ?Lindpendance ? Largent ? Le pouvoir ? Lecourage ? Lesprit dquipe ? La pa ssion dunmtier ? Certainement un peu de tout cela.

    En allant sur le site de lagence daide la crationdentreprise vous tomberez sur la rubrique tmoi-gnage. Claire et La ont cr une radio pour donnerla parole aux habitants de lArdche, Franoiseancienne cadre a repris une entreprise doutillage,Christine sest lance pour introduire le bio dans lescantines, Alexandre, 26 ans, ingnieur, sest associ deux camarades dtude pour proposer une solu-tion innovante daccs lnergie pour les zones

    U

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    6/85

    10

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    se lancer dans la cration de leur entreprise. Cestaussi notre responsabilit de valoriser lentrepre-nariat afin que nos tudiants trs diplms, noschercheurs, nos ingnieurs aient envie de crer uneentreprise.Souvent, ces dernires annes, cest la difficult trouver un emploi qui pousse le crer soi-mme.Cela pour diverses raisons, la difficult volueren interne comme salari dans les PME, lge, lechmage, le territoire dont sont issues, les discri-minations. Ces difficults peuvent tre moteurpour rejoindre ceux qui choisissent par envie deconstruire un projet dentreprise, de le partageravec les autres, de le porter jusqu son dvelop-pement et de le faire grandir jusqu ce quil vouschappe un peu pour devenir un bien commun. treentrepreneur, cest toujours une aventure mme sielle est bien prpare, une libert, une exprienceformidable mme si elle engendre beaucoup denuits blanches travailler ou mal dormir. tre

    son propre patron, cest gagner son indpendanceen prenant un risque et de lourdes responsabilits.Bruno Arasa, le syndicaliste CGT devenu PDG de laScop Heliocorbeil dclarait rcemment : Avant, jentais pas conscient, par exemple, de la responsa-bilit lgale, je voyais a comme grer un service .Quils deviennent chefs dentreprise en la crant parvolution de carrire, ou par hritage, ils auront encommun de devoir chaque jour prendre des dci-

    sions qui engageront leurs salaris, leurs parte-naires et leurs sous traitants. Certains le feront avecthique et morale, dautres non, au final ils serontplus souvent jugs sur leur succs ou sur leur checque sur leurs mthodes. Les Anglo-saxons jugentmoins svrement que nous lchec, sil nest pasfrauduleux bien sr, il est considr comme uneexprience surmonter. En France, une faillitepour lentrepreneur est souvent la fin de la route.Comme tout chef dentreprise il naura pas droit auxallocations chmage mme si avant de se lancer il at salari et a cotis de longues annes. tre entre-preneur cest une prise de risque.

    Parler de lentreprise en gnralest complexe tant elles sont diverses

    Du plus petit artisan la plus grosse multina-tionale, notre pays compte plus de 3 millionsdentreprises prives. Environ 23 millions de nosconcitoyens y travaillent. Ces entreprises sont trsdiffrentes. Elles diffrent par leur taille. Les TPEde 1 10 salaris, les PME de 11 250, les ETI de250 2000 salaris et les grandes entreprises. Pourdonner une ide de la rpartition, 1,8 million den-treprises nont aucun salari, elles ne rmunrentque leur dirigeant. Environ un million dentreprisescomptent entre 1 et 199 salaris et prs de 7 000entre 200 et 2 000 salar is. Seules 480 entreprisesen France comptent plus de 2000 salaris. Nous

    devons augmenter le nombre de nos entreprisesde taille intermdiaire, il est insuffisant, or ellessont indispensables pour exporter et redressernotre balance commerciale. Il existe en Franceplus dune quinzaine de statuts juridiques dentre-prises prives, auxquels il faut ajouter les statutspublics et mixtes ; chacun de ces statuts impliquantdes modes propres dorganisations, des instancesdcisionnelles, consultatives ou reprsentativesdiffrentes. La cration de statuts dentreprise euro-pens et la prdominance dans le monde des formes

    juridiques et comptables anglo-saxonnes risquentencore de modifier la forme de nos entreprisesdans les prochaines annes. Dans le mme temps,certaines formes juridiques comme les coopratives

    ou scop, plus collectives trouvent face la criseun regain de popularit. Enfin, elles diffrent biensr par leurs mtiers. Parler des entreprises, cestparler des hommes et du monde qui change. Dansla priode de transition actuelle, pour des raisonstechnologiques, de nombreux mtiers disparaissentet de nombreux mtiers vont apparatre. Le mouve-ment est aussi le fait de la mondialisation, deschanges par le Web, du besoin de communica-tion, de la pyramide dge, de la progression dmo-graphique, parce nos ressources spuisent, nosbesoins, nos gots et nos priorits changent. Cequi est ma rquant, ce nest pas simplement le chan-gement, cest lacclration avec lequel il sopre.Les plus grandes progressions boursires de cesdernires annes sont des produits et des mtiersqui nexistaient pas il y a dix ans. Demain, noschampions seront-ils dans lhydrogne, la gnoth-rapie, les nanotechnologies ? Saurons-nous inventerdes produits utiles au succs mondial ou comme

    lannonait Houellebecq la France sera-t-elle ungrand parc dattraction cantonne la gastronomieet au tourisme vert ? Cela dpend de nous et de nosentreprises.

    Revendiquerla production et lemploi

    Il y a quelques mois, loccasion du congParti socialiste, nous tions quelques-uns autour de Guillaume Bachelay un appel sousdune contribution intitule : le parti des pteurs et des entrepreneurs cest nous ! . Ousouhaitons que les chefs dentreprises ad nos valeurs. Ils sont de plus en plus nomartisans, patrons de PME comprendre gouvernement prcdent dfendait en priorises mesures fiscales, la finance et la rente. Cegouvernement de droite qui avait tromp les

    ais en sautoproclamant le dfenseur de la travail . Nous pensons que pour dfendre latravail, il faut valoriser le t ravail par sa justenration, lamlioration des conditions de plus de dmocratie sociale, lavancement dede ceux qui travaillent. Enfin, valoriser le tcest ne pas accepter que plus de 3 millionsconcitoyens en soient exclus, victimes du chet que ceux qui voient leurs salaires bloquspousss faire des heures supplmentairepouvoir maintenir leur pouvoir dachat. Rquer le sens de lentreprise et du managementable, de la production et de lindustrie respoles entreprises sociales et solidaires, cest soc

    Changer de modle de productioengager la responsabilit socitade lentreprise

    En prparant lalternance et pendancampagnes de 2012, nous avons, par nos sitions, souhait encourager un nouveau mde dveloppement conomique, social etronnemental. Il doit tre crateur de ricet demplois tout en construisant un moconsommation plus responsable, et une prodplus sobre nergtiquement. Pour y parvenidevons crer les mtiers et les produits de d

    1,8 million dentreprises nont aucun salari,elles ne rmunrent que leur dirigeant. Environun million dentreprises comptent entre 1 et

    199 salaris et prs de 7 000 entre 200 et2 000 salaris. Seules 480 entreprises en France

    comptent plus de 2000 salaris. Nous devonsaugmenter le nombre de nos entreprises de

    taille intermdiaire, il est insuffisant, or ellessont indispensables pour exporter et redresser

    notre balance commerciale.

    Entrepreneur en 2013 Le Dossier

    Souvent, ces dernires annes, cest ladifficult trouver un emploi qui pousse lecrer soi-mme. Cela pour diverses raisons, ladifficult voluer en interne comme salaridans les PME, lge, le chmage, le territoire

    dont sont issues, les discriminations. Cesdifficults peuvent tre moteur pour rejoindre

    ceux qui choisissent par envie de construireun projet dentreprise, de le partager avec les

    autres, de le porter jusqu son dveloppementet de le faire grandir jusqu ce quil vous

    chappe un peu pour devenir un bien commun.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    7/85

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    8/85

    14 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    tive tout en reconnaissant le rle diffrent et ades patrons et des salaris. Aux politiques de ce que les conditions du dialogue soient toprserves. Nous le savons, le prsident Hoest particulirement attach cette mthodrle des partenaires sociaux. Aux salaris entrepreneurs de relever les nombreux dficonstruire ensemble lentreprise du XXIesi

    ou violent bien au contraire. La ngociation estl pour rgler ces diffrends. Nous devons juste-ment contribuer au renforcement des organismesde reprsentation qui permettent de dbloqueret de faire toujours progresser le dialogue social.Aux partenaires sociaux, qui viennent daboutir un grand accord par la ngociation, de construireensemble une entreprise plus efficace, plus collec-

    aujourdhui la production, fait presque autant de

    mal la classe bourgeoise dans son ensemble qula classe ouvrire. Le patronat a ses misres qui nesont pas les mmes que celles de louvrier, qui sontmoins apparentes, moins tales, mais qui souventsont poignantes aussi. . Jaurs continue son articleen dcrivant la difficult des petites entreprisesface aux grandes industries.Aujourdhui la presse conomique est aux mainsde Tycoon du luxe et de larmement, fortementlis lopposition de droite. Cela nempche pasdes journalistes dtre objectifs et lon sent aussiavec les crises conjugues, un intrt grandissantpour les ides de grands macro-conomistes quidmontrent que nous devons changer de modle.Limage quils renvoient des nombreuses mesuresprises en sept mois de gouvernement socialiste noussemble toutefois partiale. Reconnaissons aussi quenous avons pu commettre des erreurs de commu-nication qui nont pas facilit la comprhension denotre action. Sur le fond il est normal que la gauche

    et le patronat ne soient pas toujours daccord, assu-mons que la confrontation sociale doive exister pourfaire progresser lentreprise et les conditions detravail et de rmunration. Lide librale trs lamode au dbut des annes 2000 selon laquelle cequi est bon pour lentreprise est bon pour tous estsimpliste. Lintrt des salaris est objectivementparfois diffrent voire oppos de celui du patronat.Cela ne signifie pas que le dialogue doit tre rompu

    particulier au texte Les misres du patronat . Ila t publi la Une de la Dpchedu 28 mai 1890.Dans cet article Jean Jaurs nous dresse sa visiondes rapports entre grandes et petites entrepriseset sa vision de lentreprenariat. Cest une erreurgrave de croire que le socialisme ne sintresse quune classe, la classe des ouvriers, des producteursmanuels. Sil en tait ainsi, il remplacerait simple-ment une tyrannie par une tyrannie, une oppressionpar une oppression. Lorsque Danton disait : Nousvoulons mettre dessus ce qui est dessous, et dessousce qui est dessus, ctait le mot dun politicien rvo-utionnaire excitant les convoitises dans un intrt

    passager ; ce ntait pas le mot dun socialiste. Lesocialisme vrai ne veut pas renverser lordre des

    classes ; il veut fondre les classes dans une organi-sation du travail qui sera meilleure pour tous queorganisation actuelle. Je sais bien que les meneurs

    du socialisme le rduisent trop souvent, par desdclamations violentes et creuses, un socialismede classe, dagression, de convoitise ; mais je saisaussi que la vraie doctrine socialiste, telle quees esprits les plus divers lont formule, les Louis

    Blanc, les Proudhon, les Fourrier, est bien plus largeet vraiment humaine : cest le bien de la nation toutentire, dans tous ses lments sains et honntes,quelle veut raliser. En fait, si lon va au fond deschoses, le systme dindividualisme outrance,dpre concurrence, de lutte sans merci qui rgit

    Entrepreneur en 2013

    Cest une erreur grave de croire que lesocialisme ne sintresse qu une classe, la

    classe des ouvriers, des producteurs manuels.Sil en tait ainsi, il remplacerait simplementune tyrannie par une tyrannie, une oppressionpar une oppression () si lon va au fond deschoses, le systme dindividualisme outrance,

    dpre concurrence, de lutte sans merci quirgit aujourdhui la production, fait presque

    autant de mal la classe bourgeoise dans sonensemble qu la classe ouvrire.

    Jean Jaurs, la Dpchedu 28 mai 1890.

    Nous devons justement contribuer aurenforcement des organismes de reprsentation

    qui permettent de dbloquer et de fairetoujours progresser le dialogue social. Aux

    partenaires sociaux, qui viennent daboutir un grand accord par la ngociation, deconstruire ensemble une entreprise plus

    efficace, plus collective tout en reconnaissantle rle diffrent et assum des patrons et des

    salaris. Aux politiques de veiller ce queles conditions du dialogue soient toujours

    prserves.

    1.Sondage ralis par linstitut Think en ligne ralis du 12 au 14 dcembre 2012 auprs dun chantillon reprde 1 000 personnes.2.Donnes du sondage IFOP 2010.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    9/85

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    10/85

    18 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    pays qui attirent le plus dentreprises tranelles ne sont pas moins de 20 000 tre prsur notre territoire ta ndis que 700 nouveauxdinvestissements ont encore t enregistranne. Bien entendu, il nous faut veiller au sdes projets dinvestissements trangers, et nous livrer une course irraisonne aux catrangers : le nombre et la prennit des ecrs sont des matres mots. Dans le cadrestratgie du gouvernement pour renforcer ltivit de la France, jai dailleurs t chargle Premier ministre de promouvoir le Pacte comptitivit ltranger. Jai donc entreprsrie de dplacements internationaux, auxUnis dans un premier temps mais aussi rceen Australie et Hong Kong, puis en Core et au Japon Partout jexplique aux gouvernet investisseurs les raisons pour lesqueldoivent opter pour une implantation sur notrtoire, dans une logique gagnant-gagnant.

    L. R. S. : Vous tes la fois minis tre deet de lconomie numrique. On prsouvent lconomie numrique commedes start-up et des grandes russites ddernires annes outre Atlantique. GoFacebook, Amazon sont tout la fosuccess storieset cites comme destrucde commerces, de journaux et dem

    de 10 % du PIB : les coopratives, les mutuelles,les associations, les SCOP et toutes les organisa-tions qui poursuivent un but social. Cest lobjet dugroupe de travail pilot par Nicole Notat : promou-voir et valoriser lentrepreneuriat responsable .

    L. R. S. : Comment valoriser lentreprenar iatdans notre pays ? Faut-il favoriser linvestis-sement tranger ? Et quelles conditions ?F. P. : Tous les leviers doivent tre utiliss parnotre pays pour crer le dclic entrepreneu-rial auprs des jeunes, auprs des femmes, au seindes quartiers, afin de rassembler tous les talentsau service de la cration dentreprise. Lune despriorits que le Premier ministre a dailleurs fixe

    aux Assises de lentrepreneuriat est didentifier despistes pour promouvoir et diffuser lesprit dentre-prendre auprs des jeunes. Cest lobjet dun groupede travail spcifique des Assises. Un autre groupetravaille, lui, sur les moyens de mobiliser tous lestalents pour la cration et la reprise dentreprise :les femmes, les jeunes de nos quartiers ou encoreceux qui aprs une premire exprience de cra-tion veulent retenter leur chance. Je crois lentre-preneuriat comme ascenseur social, cest aussi unmoyen de redonner une vitalit des territoiresparfois dlaisss. Quant lattractivit de notreterritoire, je veux le redire : le gouvernement estentirement mobilis pour attirer les investisseurstrangers en France, avec lappui de lAFII, deson rseau de Chambres de commerce interna-tionales ou de Missions conomiques. La Mission Marque France que Pierre Moscovici, ArnaudMontebourg, Nicole Bricq et moi-mme avons miseen place il y a quelques semaines permettra de

    rflchir aux moyens de mieux coordonner tous lesacteurs de la promotion de la France ltranger.Nous partageons tous la responsabilit, citoyens,entrepreneurs et gouvernants de valoriser limage dela France ltranger. Elle dispose, comme chacunsait, dinfrastructures incomparables, de servicespublics de qualit, dune productivit de rfrence.La France na absolument pas rougir de ses atoutspour attirer les investisseurs ! Elle reste parmi les

    pensez -vous concil ier les deux quand lespartenaires sociaux peinent trouver unconsensus sur la question ?F. P. : Je crois que les partenaires sociaux ontmontr loccasion de la signature de lAccordnational interprofessionnel du 11 janvier quilspeuvent tout fait trouver des points dentente, dslors que chacun est dans une optique de compromiset garde lobjectif de redressement de la comptiti-vit franaise en tte. Je pense galement laccordhistorique de comptitivit chez Renault, que FOa dailleurs sign, et qui peut, je crois, constituerun exemple pour dautres entreprises qui souhaitentamliorer la comptitivit de leur organisation touten prservant les intrts de tous les salaris. Le

    Prsident de la Rpublique a voulu initier depuisjuillet dernier, au travers de la Confrence sociale,un grand mouvement de concertation autour dunemthodologie partage qui illustre lobjectif quenous poursuivons : rconcilier les enjeux de crois-sance et de comptitivit avec la dimension socialeet humaine de lentreprise. Je suis persuade que lagauche ne peut pas dissocier ces deux impratifs, ilne nous faut pas baisser la garde sur cette exigence.Jai dailleurs tir parti de la tenue des Assises delentrepreneuriat pour quavec les organisationssyndicales et patronales ainsi quavec le ministrede lconomie sociale et solidaire de Benoit Hamon,nous puissions nous pencher sur la valorisation delentrepreneuriat social, en rfrence lconomiesociale et solidaire qui reprsente un enjeu de prs

    ments alors mme que les contraintes financiresrendent les banques plus rticentes prter. Nosentreprises naissent galement trop souvent sous-capitalises ce qui pnalise leur croissance. La BPI,e Pacte de comptitivit et notamment le Crdit

    dimpt comptitivit emploi, la mobilisation desFonds dpargne, mais aussi le Plan trsorerie joue-ront un rle dterminant pour apporter des capitauxnouveaux aux PME qui en ont le plus besoin pournvestir, pour se dvelopper, pour embaucher.

    Autre levier de croissance dcisif : le numrique.Une entreprise sur deux na pas de site Internet.Cest une lacune que nous voulons combler par lesoutien, lincitation et la formation. Cest pourquoinous avons lanc le programme Transition num-rique des PME qui a pour objectif de recensersur une mme plateforme les formations, les inter-venants labelliss et les conseillers numriquesocaux pour sensibiliser et former les chefs dentre-

    prises aux outils numriques. Son ambition est deconstituer un rseau de conseillers au numriquesur tout le territoire.

    L. R. S. : Sur le site des Assises de lentre -prenar iat , il est indiqu que ces assisesdoivent rconcilier limpratif de crois-sance et de comptitivit avec la dimensionsociale et humaine de lentreprise. Comment

    Un modle de croissance qui ne nglige pas la dimension sociale et humaine de lentreprise

    Le contexte de crise actuel rduit lesdbouchs des entreprises et affecte leurs

    dcisions dinvestissements alors mme que lescontraintes financires rendent les banques

    plus rticentes prter. Nos entreprise snaissent galement trop souvent sous-

    capitalises ce qui pnalise leur croissance. LaBPI, le Pacte de comptitivit et notamment

    le Crdit dimpt comptitivit emploi, lamobilisation des Fonds dpargne, mais aussi

    le Plan trsorerie joueront un rle dterminantpour apporter des capitaux nouveaux aux PMEqui en ont le plus besoin pour investir, pour se

    dvelopper, pour embaucher.

    Nous partageons tous la responsacitoyens, entrepreneurs et gouverna

    valoriser limage de la France ltrangedispose, comme chacun sait, dinfrastruincomparables, de services publics de q

    dune productivit de rfrence. La na absolument pas rougir de ses

    pour attirer les investisseurs ! Elle resteles pays qui attirent le plus dentre

    trangres : elles ne sont pas moins de tre prsentes sur notre territoire tand

    700 nouveaux projets dinvestissemenencore t enregistrs cette

    Le Prsident de la Rpublique a vouluinitier depuis juillet dernier, au travers dela Confrence sociale, un grand mouvementde concertation autour dune mthodologie

    partage qui illustre lobjectif que nouspoursuivons : rconcilier les enjeux decroissance et de comptitivit avec la

    dimension sociale et humaine de lentreprise.Je suis persuade que la gauche ne peut pas

    dissocier ces deux impratifs.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    11/85

    20 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    Un modle de croissance qui ne nglige pas la dimension sociale et humaine de lentreprise

    tions professionnelles. Parmi les chantiers taires, jai voulu que lon mette en place unPME par lequel, avant les projets de loirglement les plus importants pour les entreon tudie sur un panel de PME limpact dune mesure sur leur activit et leur fonctment. Je citerais galement le chantier qubien son nom Dites le nous une seule fois simplifier de nombreux formulaires afin qentreprises naient plus redonner plusieules mmes informations ladministration. Dpart, nous mettrons tout en uvre pour qule plus grand nombre de dclarations soienttrialises. Ds 2013, la C3S ou les dclasociales lies des marchs publics seront

    rement dmatrialises. Enfin, je suis convqu linstar des entreprises, ladministratiodavantage intgrer la dimension numriquetout le sens du Sminaire gouvernementalnumrique que nous avons organis fin dernier et qui associe lensemble des dpartministriels ce dfi.

    dialogue social, elles doivent se faire dans le pluslarge consensus des organisations syndicales.

    L. R. S. : ENA et cole de commerce, vousavez comme Franois Hollande, la foisune formation la haute fonction dtat et lentreprise. Les entrepreneurs reprochentparfois ladmini stration de ne pascomprendre le monde de lentreprise. Quenpensez -vous ?F. P. : Je crois que la rflexion administrativevolue et prend en compte aujourdhui, beaucoupplus que par le pass, les contraintes quotidiennesde lentreprise, particulirement des TPE et desPME. De la mme manire, les entreprises, je le

    crois, peroivent aussi plus clairement quil y a dixans les contraintes de laction publique au quoti-dien. Cest pour tenir compte des attentes trsfortes des entreprises lgard de ladministrationque nous conduisons un chantier trs ambitieux desimplification administrative qui slabore dans laconcertation la plus large avec toutes les organisa-

    entreprises pour donner toute sa force au dialogue social . Faut-il de nouvelles lois Auroux ?F. P. :Dj, le Pacte de comptitivit a initi unerforme non ngligeable de ce dialogue social enouvrant la possibilit dintgrer deux reprsen-tants des salaris au Conseil dadministration desgrandes entreprises. Cela permettra non seulementune meilleure information des salaris, mais aussiun apport avec le regard de ces reprsentants aumoment de prendre certaines dcisions importantes.Le Crdit dimpt comptitivit emplois de son ct,qui donnera de lair la trsorerie des entreprises 4 % de leur masse salariale comprise entre 1 et2,5 SMIC en 2013, 6 % en 2014 saccompagne

    dun rle de suivi des organisations syndicales surlusage qui sera fait du produit de ce crdit dimpt.Dautre part, on le voit, les organisations syndicalessignent sur le terrain des accords tous les jours ! Auniveau national, lANI du 11 janvier a montr quela majorit des organisations pouvaient se mettredaccord sur des avances importantes dans le droitdu travail. Je cite galement nouveau laccord decomptitivit chez Renault car il montre que noussommes loin de ltat desprit purement conflictuelque certains veulent attribuer au dialogue socialfranais. Si des rformes doivent intervenir dans le

    Quelles sont dans ce domaine les filiresdans lesquelles nous devrions investiraujourdhui et les mtiers pour lesquels ilfaut former l es jeunes ?F. P. :Le numrique a vocation sinsrer touses niveaux de la chane de valeur. Dans tous les

    produits de la vie courante, dans les chanes deproduction, dans les services. Les objets eux-mmesdeviennent connects ! La France possde dail-eurs plusieurs fleurons dans ce secteur comme la

    soulign le rcent Consumer Electronics Show 2013.Il nous faut donc investir dans la fil ire numriquedune part, mais aussi amliorer la comptitivitde nos entreprises en les incitant se numriser leplus possible, et tout particulirement les TPE et les

    PME. Mais il nous faut aussi veiller ce que lessordu numrique ne se fasse pas au dtriment desfilires plus traditionnelles de distr ibution : nousdevons tenir compte de ces volutions rapides, etaccompagner la transition de certains secteurs, enveillant transformer et non dtruire des emplois.Cela vaut pour la presse, comme pour le commerceou la culture. Pour favoriser lessor de championsfranais du numrique, il y a dabord la question desnfrastructures numriques, qui est cruciale. Cest

    pourquoi le gouvernement, les Collectivits localeset les acteurs de la filire Tlcom vont mobiliser20 Md pour la mise en uvre du Trs haut dbit enFrance dans les prochaines annes. En ce domaine,e gouvernement a reconduit le programme TIC &

    PME afin de promouvoir lchange de donnes ausein des filires ainsi que le programme Captronicpour accompagner les PME industrielles dans lin-corporation de technologies lectroniques dans lesproduits. Concernant la formation, notre objectif

    est dassurer notre jeunesse la pleine matrisedes outils numriques. Si la France veut se tenir aupremier rang dans ce domaine, elle doit se donneres moyens de former plus de jeunes, voire tous leseunes ! Curiosit, got pour linnovation et envie

    dapprendre, voil les valeurs qui natront de lasso-ciation de lducation et du numrique.L. R. S. : Quelles sont les rformes faireaujourdhui dans la gouvernance des

    On le voit, les organisations syndicales signentsur le terrain des accords tous les jours ! Au

    niveau national, lANI du 11 janvier a montrque la majorit des organisations pouvaient semettre daccord sur des avances importantes

    dans le droit du travail. Je cite galement nouveau laccord de comptitivit chez Renault

    car il montre que nous sommes loin de ltatdesprit purement conflictuel que certains

    veulent attribuer au dialogue social franais.Si des rformes doivent intervenir dans le

    dialogue social, elles doiventse faire dans le plus large consensus des

    organisations syndicales.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    12/85

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    13/85

    24 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    la crise, lEuro a tendance se dprcier fdollar. Cette orientation est favorable pour qui exporte 95 % de sa production hors dEet vend en dollars. La monnaie unique comalgr tout dtre survalue par rappordevise amricaine ce qui g rve notre compDix centimes de dollar en moins, cest 1,2 mde manque gagner pour Airbus. Par aielle confre de facto Boeing un avantage ctitif important. Autant de raisons pour lesq

    jappelle de mes vux une politique monconomique intgre lchelle europennerope doit sorganiser pour avoir les mmesque les autres zones conomiques. Lindustrinautique europenne prtend au leadershipmarch mondial. Elle a besoin dun environnfavorable pour concrtiser ses objectifs.

    L. R. S. : Alors que le taux de chmaFrance senvole plus de 10 %, avez

    des difficults pour recruter ?F. B. :Pour faire face un carnet de commreprsentant prs de huit ans de travail etavions fabriquer, dont 600 en 2013, recrute. Nous prvoyons 3 000 recrutemenle monde en 2013, ce qui portera les crdemplois nettes 8 200 en 3 ans. Nousaugment ces deux dernires annes nos ede 7 000 salaris en enregistrant 10 000

    sance est bnfique lEurope. Ainsi, pour chaqueemploi cr sur ces sites, ce sont quatre emplois quisont crs chez Airbus en Europe, et plus encorechez nos fournisseurs, qui restent majoritaire-ment implants sur notre continent. Quel que soitle lieu dassemblage final Hambourg, Toulouse,Tianjin et bientt Mobile , nos monocouloirs sonttous identiques. Les tronons proviennent tous deSaint-Nazaire et de Hambourg, qui ralisent las-semblage des sections et linstallation des systmes.Les composants les plus importants et les plusdlicats raliser sont produits sur les sites euro-pens dAirbus, et en particulier en France. titredillustration, lusine de Nantes ralise le caissoncentral de voilure et celle de Saint-Eloi, Toulouse,

    les mts racteurs quipant la totalit des appareilsAirbus. La seule exception concerne les ailes desappareils assembls Tianjin. Elles sont assem-bles en Chine, et non au Royaume-Uni, commecest le cas pour tous les autres appareils, de sorteque la valeur ajoute chinoise reprsente de lordrede 7 % de la valeur de lavion. Les avions assem-bls Tianjin contribuent dvelopper lemploidans la filire en France. Nous avons eu un volumedachats en France en 2012 de 7 milliards deuros,en progression de 10 % par rapport 2011.

    L. R. S. : Quel regard portez- vous sur lacrise de lEuro, qui continue de miner lesconomies du Sud de la zone et menacelquilibre europen ?F. B. :Cette crise a pour nous deux faces. Dabord,il sagit dun sujet de proccupation. Au plan global,parce que les actions de sauvetage et mesuresde sauvegarde mobilisent des ressources qui ne

    seront pas consacres de la cration de valeur.Nous sommes trs attentifs limpact de la crisesur certains de nos clients, fournisseurs et sous-traitants, parfois fortement et directement touchs.Airbus nest pas directement affect, nos principalessources de croissance tant rparties dans le mondeet lEurope dans son ensemble ne reprsentent que20 % de notre carnet de commandes. Lautre faceprsente un aspect plus positif. Depuis le dbut de

    L. R. S. : Vous faites la dmonstration quilest possible de russir sur ce march mondialtout en produisant en Europe. Alors pour-quoi dlocaliser en installant des chanesdassemblage en Chine ou aux tats-Unis ?F. B. :Je rfute dans les deux cas le mot dloca-isation , avec la charge ngative quil comporte.

    Lobjectif principal nest pas de diminuer noscots de production, mais de nous rapprocherde nos marchs. Il sagit daccrotre notre part demarch en renforant notre prsence sur place eten la rendant plus visible aux yeux de lensembledes acteurs qui prennent ou influencent les dci-sions dachats dappareils. Cette stratgie paye ! EnChine, depuis la signature en 2005 de laccord poura cration dune ligne dassemblage final (FAL, en

    anglais) dA319 et dA320 Tianjin, notre part demarch globale est passe de 27 % 48 % ceour, sachant que ce march a cr de 9 % par an

    en moyenne de 2005 2012. Aux tats-Unis grce

    la FAL que nous construisons Mobile, dansAlabama, notre objectif est datteindre une part

    de march dau moins 40 % terme. Elle se situeaujourdhui 17 %.

    L. R. S. : Pourquoi avoir cibl ces pays etpas dautres ?F. B. : Pour lenjeu majeur quils reprsentent. Lestats-Unis sont et resteront le principal march

    davions monocouloirs pour Airbus, la familleA320 avec une demande estime 4 600 appa-reils dici 2031. Dans ce pays, limplantation duneFAL constitue la suite logique des investissementset partenariats dj raliss depuis une quaran-taine dannes. Nous y avons une partie impor-tante de nos fournisseurs, des centres dingnierie,de formation et de support client, tout commedes partenariats de R & D avec des universits.Limportance du march chinois peut se rsumeren quelques chiffres : sa population est estime 1,3 milliard dhabitants. Le transport arien ycrotra en moyenne de 7 % par an dans 20 ans,100 millions de Chinois voyageront chaque anne ltranger. La Chine sera sur cette priode le second

    march mondial des monocouloirs et le premiermarch mondial des avions long-courrier famillesA330 et A350 XWB et des gros porteurs A380.La Chine est donc un march absolument capitalpour Airbus.

    L. R. S. : Tout de mme, ces usines horsdEurope vont avoir des consquences surlactivit et lemploi en EuropeF. B. :Oui, et ces consquences seront positives !Ces usines crent de la croissance, et cette crois-

    Airbus, les PME et ltat dans la mondialisation

    Ces usines crent de la croissance, et cettecroissance est bnfique lEurope. Ainsi,

    pour chaque emploi cr sur ces sites, ce sontquatre emplois qui sont crs chez Airbus en

    Europe, et plus encore chez nos fournisseurs,qui restent majoritairement implants sur notre

    continent. Quel que soit le lieu dassemblagefinal Hambourg, Toulouse, Tianjin etbientt Mobile , nos monocouloirs sont tousidentiques. Les tronons proviennent tous deSaint-Nazaire et de Hambourg, qui ralisent

    lassemblage des sections et linstallation dessystmes. Les composants les plus importants

    et les plus dlicats raliser sont produitssur les sites europens dAirbus, et en

    particulier en France.

    La monnaie unique continue malgr toutsurvalue par rapport la devise amr

    ce qui grve notre comptJappelle de mes vux une politique monet conomique intgre lchelle europLEurope doit sorganiser pour avoir les

    armes que les autres zones conomLindustrie aronautique europenne p

    au leadershipsur le march mondial.besoin dun environnement favorabl

    concrtiser ses obj

    Les plus pessimistes pensent quau coursdes vingt prochaines annes, le trafic arien

    mondial va progresser un rythme moyen deprs de 5 % pour le transport de passagers

    et de 5,8 % pour le transport de fret. Airbusprvoit que la demande dappareils de plus de100 places atteindra plus de 27 800 units surcette priode, le tout pour une valeur globale

    de 3 500 milliards de dollars. La flotte mondialedavions de passagers aura ainsi plus que

    doubl en 2030, passant 31 500 appareils,contre 15 000 aujourdhui.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    14/85

    26 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    Lachat des matires premires reprsentposte particulirement sensible, nous avonsment contribu la cration dAerotrade,forme dachats de matires premires. Rasseaujourdhui dix des fournisseurs darostrudAirbus et dAerolia, elle a pour objectifs deturer et fiabiliser les approvisionnements enant des rductions de prix consquentes. Lede la filire ont aussi besoin dtre accompdans leur stratgie damlioration continue performance industrielle. Cest lobjet de Aero (Supply Chain Progress towards AerCommunity Excellence), lassociation quet les donneurs dordres du secteur ont c2007, soutenue par des financements public

    Rgions. Dans les faits, Space Aero met sition des ressources et propose des diagndes outils logiciels adapts ou encore, toupalette de formations pour soutenir lamliindustrielle.En parallle, le GIFAS* pilote le Pacte mances Aro, qui concernera 700 entreprisePME, ETI ). Ce programme lchelle de lende la supply chain franaise et qui devrait moquelque 34 millions deuros sur 4 ans (fipartiellement par ltat via Oso et la DGles Rgions et la fi lire) vise deux axes damtion : ladquation charge/capacit et le pilotflux de production, avec un volet formation quent. Une premire phase du programme ptre dploye avant la fin de lt prochain.

    L. R. S. : Comment concevez-vous le rltat vis-- vis dAirbus ?F. B. : Airbus est une entreprise ne de la

    des tats europens de crer une filire atique forte et structure. Il est indniable qula dtermination de la France et de lAllepuis du Royaume-Uni et de lEspagne, lentAirbus telle quelle est aujourdhui nexpas. Nous avons besoin quun dialogue poconstant entre la France et lAllemagne soutien Airbus dans la comptition internatcontentieux lOMC, relation transatlantiqu

    culier grce au travail du GIFAS*. Pour autant,beaucoup de nos fournisseurs sont fragiles, notam-ment en raison de leur taille insuffisa nte et de leurincapacit grandir. On estime 10 000 le nombrede PME franaises ayant le potentiel pour devenirchampionnes dans leur domaine. Au sein de PactePME, dont jassure la prsidence, des donneursdordres se mobilisent pour permettre une partiedentre elles datteindre la taille critique. Lune desforces des grandes entreprises allemandes est dedisposer denviron cinq fois plus dEntreprises detaille intermdiaire (ETI) que nous, capables din-vestir et dexporter davantage.

    L. R. S. : Au sein dAirbus, bien que vous

    soyez le patron dune entreprise euro-penne, que fai tes-vous pour aider les PMEfrana ises ?F. B. :Nous les aidons dabord se financer, carlaccs au financement est leur premire sourcede fragilit. Renforcer les fonds propres de nossous-traitants, cest les aider pour des oprationsde consolidation ou de retournement. Cette anne,Airbus remet au pot 40 millions deuros, pour lancerAerofund III. Ce fonds dinvestissement, cr en2004 pour Aerofund I avec Safran, la Caisse desDpts et les conseils rgionaux de Midi-Pyrneset dAquitaine, avait dj t renouvel en 2008avec Aerofund II et le soutien supplmentaire desRgions Pays de la Loire et Centre. Depuis 2004,quelque 115 millions deuros ont t injects dansune trentaine dentreprises de toutes tailles, de lagrosse ETI comme Daher, lentreprise familialecomme Mecahers. Il a permis de retourner remar-quablement la situation catastrophique de Meca-

    chrome ou dernirement de financer des oprationsde consolidation comme le rachat dIndustronpar Sotip. Laccs au financement bancaire passeaussi par une meilleure visibilit. Lt dernier,nous avons instaur, avec le soutien de Safran etdu GIFAS*, une garantie de paiement six moispour les sous-traitants qui ont du mal faire faceaux besoins de trsorerie suscits par les montesen cadence.

    Airbus, les PME et ltat dans la mondialisation

    fixant des rgles de bonne conduite pour le recru-tement par Airbus de comptences dans les rangsde nos sous-traitants. Ensuite, en accompagnantnos partenaires, par exemple dans le cadre de lafilire aronautique du GIFAS*, lassociation desindustriels de laronautique, ou encore de PactePME, qui comprend notamment un volet consacrau dveloppement des comptences. Airbus met enuvre une politique de formation par alternancequi vise prparer les comptences dont toutela filire aronautique aura besoin et maximiserles chances dinsertion de ces diplms dans lesbassins demplois correspondants. En 2012, nousavons form en France prs dun millier dalter-nants et nous devrions dici 2014 en accueillir 700

    supplmentaires.

    L. R. S. : Dans la relation des donneursdordres avec les PME, nest-ce pas le rgnede la l oi du plus fort ?F. B. :Il est dans notre intrt davoir nos cts uncosystme de fournisseurs comptitifs, capablesde nous accompagner sur la dure un programme,cest une trentaine dannes en moyenne et pourdes cots de recherche et dveloppement levs auregard des quantits davions produites, trs inf-rieures celles du secteur automobile, par exemple.En France, la filire est bien structure, en parti-

    tements et 3 000 dparts naturels en 2011-2012 -pour atteindre ce jour 59 000 employs. Comptetenu de notre structure internationale, 45 % desembauches ont lieu en France et 80 % de celles-ci Toulouse. Elles concernent des compagnons, destechniciens ou ingnieurs de qualit. Nous sommese premier choix des jeunes ingnieurs en qute

    demploi. En France, nous ne rencontrons pas dedifficults notables trouver les comptences dontnous avons besoin, mais pour certains profils trsspcifiques, le march est tendu. Cest le cas, parexemple, des ingnieurs systmes ou structures,mais galement des ingnieurs Supply Chain. Laforte demande dingnieurs dans le monde impliqueque lindustrie doit attirer un rservoir de talents

    de plus en plus diversifis pour poursuivre linno-vation et la construction du monde de demain. Celasignifie davantage dquit entre les hommes et lesfemmes, plus de diversit sociale et culturelle etune galit des chances niveaux de comptencecomparables pour les personnes handicapes. Nousavons galement notre propre lyce Toulouse quiforme plus de 300 lves par an, dont une centainesort chaque anne diplme (Bac Pro, BTS aro-nautique). une chelle plus locale, et avec laidede la fondation Airbus nous menons des actions enfaveurs des jeunes collgiens des zones dducationprioritaire sur Toulouse et son agglomration : visitede nos sites, rencontres et tutorats de nos salarisvolontaires.

    L. R. S. : Par contre, les PME de la filireconnaissent des difficults attirer lesprofils dont elles ont besoin . Quelle aideAirbus peut-il l eur appor ter ?

    F. B. :Comme nous, nos fournisseurs ont besoin decomptences pour faire face la croissance. Or, ilspeuvent avoir plus de mal que nous les attirer et les garder. Dune part, leur pouvoir dattractionest moins grand. Dautre part, il peut y avoir unphnomne daspiration de leurs meilleurs talentsvers des entreprises plus emblmatiques, dontAirbus. Cela peut avoir un impact sur leur propreactivit. Do notre volont de les aider. Dabord, en

    Beaucoup de nos fournisseurs sont fragiles,notamment en raison de leur taille insuffisante

    et de leur incapacit grandir. On estime 10 000 le nombre de PME franaises ayant le

    potentiel pour devenir championnes dans leurdomaine. Au sein de Pacte PME, dont jassure laprsidence, des donneurs dordres se mobilisent

    pour permettre une partie dentre ellesdatteindre la taille critique. Lune des forces

    des grandes entreprises allemandes est dedisposer denviron cinq fois plus dEntreprises

    de taille intermdiaire (ETI) que nous,capables dinvestir et dexporter davantage.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    15/85

    28

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    Airbus, les PME et ltat dans la mondialisation

    la DGAC est au niveau minimum pour permettrede prparer lavenir (actuellement de 60 m/an).Les 7 plateformes de dmonstration du CORAC*soutenues par le PIA* ont jusqu prsent comblce dficit, mais cet effet cesse ds 2014. En parti-culier, le programme A350 a pu tre lanc grce lengagement de la France financer 1 400 millionsdavances remboursables sur la priode 2010-2017. Aprs un premier financement budgtaire de730 millions deuros entre 2010 et 2014, il restedonc honorer 670 millions pour la priode 2015-2017 ! En France, sur nos territoires dimplanta-tion, nous sommes partenaires au sein de multiplesinitiatives de coopration. Je peux citer les Ples decomptitivit en particulier le Ple AESE et le Ple

    EMC *ou les Instituts rgionaux de technologies,mais galement une initiative comme TARMAC* qui sont de puissants catalyseurs de linnovation,ce qui nous permettra de continuer construireles meilleurs avions du monde, dans les meilleuresconditions possibles et les plus respectueuses delenvironnement.

    (EU emissions trading system) ; soutiens publics exportation (assurance-crdit) ou encore accords

    de libre-change ngocis entre lUE et des paystiers (Japon, Inde, etc.).La longueur des cycles, la complexit des produits,importance de la certification crent un contexte

    spcifique de linnovation dans notre secteur : lin-tervention institutionnelle est indispensable du faitde la dfaillance de march (retours sur investisse-ment trs lointains, marges faibles chez les opra-teurs/clients qui ne peuvent soutenir la recherche).De plus, le transport arien possde une dimensionde souverainet conomique reconnue et affichepar les grandes nations et les mergents.De fait, la comptitivit et lexcellence technologique

    de notre secteur rsultent de lengagement fort etconstant de ltat, avec un historique qui donne uneun poids particulier la partie franaise. Pour treefficace, cette politique doit tre dote de budgetsde R & D (prparation amont des programmes entre5 et 15 ans) un niveau suffisant et constant dansa dure. Or actuellement, le budget de soutien de

    nariat. Elle sest traduite par un renforcemeingalits. Les vnements qui ont suivi la c2008-2009 nont, cet gard, fait quampliphnomne. Avec, pour consquence inluun surpoids du capital conjugu au court-teret une relle faiblesse de linvestissemequi est nfaste pour notre conomie. Cette lsest clairement dveloppe au cours des deannes, dans certaines entreprises, et sest apagne dun loignement des centres de dTant et si bien que les salaris ont parfois duidentifier leurs dirigeants. Ceci complique si

    rement la donne en terme daction syndicaleJai travaill sur de nombreux sites induen difficult et me souviens tout particulidune socit spcialise dans la fabricatcaoutchouc, dont la direction tait invisibpoint que les salaris taient incapables de un visage derrire des noms Je constatailleurs, un partage des risques assez ingala chane conomique. Avec, dun ct, lem

    Laurent Best secrtaire gnral de

    Le seul lment susceptible de faibouger les lignes est la ngociation

    Alain Bergounioux : Depuis unetrentaine dannes, deux volu-

    tions majeures se sont dessines : dabord, lamonte en puissance du pouvoir des action-naires, qui a fortement pes sur la nature dutravail, la gouvernance, le mode de rmun-ration et les ingalits ; ensuite, la tentation lclatement des entreprises sous forme derseaux, avec laccroissement de la sous-traitance. Tant et si bien que les salarisprouvent de relles difficults pour identifierles responsabilits et nouer un rel dialogue

    social.Laurent Berger : Lentreprise est un vocablequi regroupe une telle diversit de statuts et depratiques organisationnelles quil est difficile desy retrouver. Elle est souvent perue sous la formedune entit informelle dont le syndicalisme, lui-mme, est prisonnier. Jen viens votre question.La premire volution est marque par une monteen puissance de la financiarisation et de laction-

    A

    Glossaire.

    *Le CORAC Comit dorientation de la recherche de laronautique civile, est une instance unique et privilgie de dia-ogue entre tous les acteurs du transport arien (les oprateurs du transport arien : compagnies ariennes et aroports,es industriels de laronautique) et ltat. Cette plateforme anime, oriente et structure lavenir de la filire aronautiquepar ses visions technologiques et les enjeux de recherche qui les sous-tendent. Elle est porteuse de vision long termeautour de feuilles de route technologiques qui canalisent les efforts et construisent une cohrence. Son efficacit a pu treapprcie dans la mise en place des Programmes dinvestissement davenir (PIA), vritables fdrateurs de la rechercheet de linnovation en France.

    *GIFAS :

    Groupement des industries franaises aronautiques et spatiales*Ple AESE :ple de comptitivit Aronautique, Espace et systmes embarqus soutenu par les Rgions Aquitaine etMidi Pyrnes, et Communaut urbaines de Bordeaux et Toulouse*Ple EMC :ple de comptitivit sur les technologies avances de production soutenu par la Rgion Pays de la Loire eta communaut urbaine de Nantes*DGCIS : Direction gnrale la comptitivit, de lindustrie et des services*TARMAC: socit cre en 2008, localise Tarbes, dont les diffrents associs Airbus, Sita France, Snecma, EquipAe-ro souhaitaient apporter une rponse innovante dans le secteur du dmantlement daronefs, tout en proposant unmodle conomique performant tout en anticipant la rglementation en matire de respect de lenvironnement. Sa crationfaisait suite au succs du projet PAMELA (Process for Advanced Management of End-of-Life of Aircraft), pilot par Airbus,retenu comme un des projets europens LIFE Environnement 2005* et soutenu par la prfecture des Hautes Pyrnes.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    16/85

    30 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    Le seul lment susceptible de faire bouger les lignes est la ngociation

    Jinsiste sur lide que nous ne sommes paun processus de cogestion, mais de codcisqui ncessite de renforcer le rle de salarisinforms et en capacit dagir sur la stratlentreprise. Cest ce que nous voulons. Au-dresponsabilit sociale doit devenir un outil syCest une affaire de volont politique que lsur lemploi nous permet dsormais de meuvre. Tout cela ne se fera naturellement pheurts. Lentreprise nest pas un monde idplus que la socit, dailleurs. Tout est affrapports de force. Notre souhait est dinfluer choix.

    A. B. : On retrouve l le dbat des a

    1960, dans les mmes termes, avec la pution de rapports sur la rforme de lentret les rflexions de la CFDT qui se heurdj aux mmes objections que celleont prvalu en janvier 2013. cinqannes de distance, les grandes lignpartage nont gure vari , les contradirestant les mmes. Quon le veuille oula rforme de lentreprise est un combane se rsume videmment pas lassoc capital travail , mais la recherccompromis, ce qui caractrise une dmsociale-dmocrate. Pour avancer sur ldun projet collectif, il faut encore qpatronat en prenne conscience et entreun rapport de ngociation. Cest ce qudistingue, dailleurs, des pays nordiqueslAllemagne, en particulier. Comment vous ltat desprit franais au regard perspectives ?

    L. B. :Ce que vous dites est trs intressadiffrence, cependant, entre les anneet 2010, cest que les lignes ont boug, gaulchiquier politique. Cest sans doute la prfois, dans notre pays, que la social-dmoctrouv un espace dexpression. Ce, parce qpersonnes qui lincarnent en sont elles-convaincues et que la situation conomique cette volution. Laquelle est favorable un

    mode de gouvernance de lentreprise. De ce pointde vue, laccord sur la scurisation de lemploiconsacre de nouveaux droits. Pour la premire fois,des reprsentants des salaris non-actionnairesferont leur entre dans le conseil dadministrationdes grandes entreprises. Ils y disposeront dunevoix dlibrative. Nous ne sommes naturellementni dans la cogestion ni dans lautogestion, mais ilsagit dun premier pas. Nous souhaitons aller plusloin encore, en assurant la prsence des salarisdans les comits de rmunration, en intgrant,dans le revenu des dirigeants, dautres critres quela rentabilit financire. Ce qui va de pair avec lerespect du maintien de lemploi, de la reconnais-sance des comptences, de la formation, du temps

    de travail et de prvention, du respect de la sous-traitance ou de la lutte contre les discriminations oules risques professionnels.Nous souhaitons galement associer davantage lesreprsentants du personnel aux choix oprs parlentreprise, en amont des dcisions. charge, pourles comits dentreprise, dinformer et dimpliquerpleinement leurs reprsentants dans la stratgiemise en uvre par les dirigeants. Un exemple parmidautres : le groupe lectromnager Electrolux.Depuis quatre mois, les salaris de lusine de Revinse battent pour que le plan NiVer empche la dlo-calisation de leur outil de production en Pologne.La section CFDT a travaill avec un expert surcette question, avant de formuler des proposi-tions auxquelles la direction na pas jug utile dedonner suite. Les reprsentants du personnel ontfait la dmonstration que le maintien dune partiede lactivit tait possible. Tant et si bien que lesdirigeants sudois du groupe semblent aujourdhui

    revenir sur leur dcision, grce la pugnacit desreprsentants qui ont su formuler des proposi-tions sur la stratgie mener. Ce faisant, ils ont eurecours au droit lexpertise dont ils disposent, touten anticipant sur les mutations, en se montrant bienplus efficaces sur ce point que leurs dirigeants.Lesquels avaient les yeux rivs sur la rentabilitfinancire, quand les salaris se souciaient priori-tairement de lemploi.

    A. B. : Jen viens au syndicalisme franais quia t marqu par deux visions : la premiresemploie dmontrer quon ne peut agirque de lextrieur du monde de lentreprise,en privilgiant essentiellement les conven-tions collectives. La seconde, soutenue par laCFDT, la CFTC dfend lide quil est possiblegalement dagir de lintrieur. Le rle histo-rique de la CFDT, en 1968, pour porter lasection syndicale dentreprise est cet gardsignificatif. Cest lide que lentreprise est unprojet collectif, en lien avec tous ses parte-naires. Est-il possible, cependant, dans lecontexte actuel, de rformer lentreprise etdinventer un nouveau droit de lentreprise ?

    L. B. :Il est toujours possible dagir. conditionde respecter leur juste mesure les droits des sala-ris, en matire de travail, de rmunration et dor-ganisation. Nous croyons ainsi dans la ncessitde progresser dans le domaine de la codcision etdu respect des salaris en tant que partie prenantede lentreprise, dans la mesure o ils forment unerichesse et un vritable investissement sur lavenirpar le biais de la formation et le besoin dlvationet de qualification. Faute de quoi, un nombre nonngligeable dtablissements continuera de fermerses portes.Le rle du syndicaliste est donc dinfluer sur le

    salaris de faible niveau, justifiant lusage de tempspartiels imposs, de CDD ou de contrats prcaires,et de lautre, des emplois stables qui relventdentreprises recourant frquemment lexterna-isation. Lorsque Jean-Marc Ayrault sest rendu,e 22 janvier dernier, Saint-Nazaire, pour visiteres installations lies la fabrication du paquebot

    MSC, il na eu accs quaux deux seuls lots sous-traits des socits locales, sur un total de 75 !Cette organisation de la sous-traitance constitue unvritable dfi pour les organisations syndicales.Au-del des sagas et autres belles histoires quees dirigeants dentreprises se plaisent raconter,

    subsiste lide que le capital est un moteur. Un peufacile, dautant quil y a des salaris qui sont attachspar-dessus tout leur entreprise et leur travail.Patrons, syndicalistes et politiques ont parfoistendance loublier. Lobjet dune entreprise est de

    crer des biens et services, en respectant ses diff-rentes parties prenantes, ainsi que les acteurs qui setrouvent en dehors de son primtre. Ce qui justifiea dfense du principe de responsabilit sociale qui a

    malheureusement disparu des esprits. Pour lheure,volution se traduit par une financiarisation accrue

    de notre conomie. Sans oublier que prs de 50 %des salaris travaillent dans des TPE/PME.

    Le rle du syndicaliste est dinfluer sur lemode de gouvernance de lentreprise. De ce

    point de vue, laccord sur la scurisationde lemploi consacre de nouveaux droits.

    Pour la premire fois, des reprsentants dessalaris non-actionnaires feront leur entredans le conseil dadministration des grandes

    entreprises. Ils y disposeront dune voixdlibrative. Nous ne sommes naturellement nidans la cogestion ni dans lautogestion, mais ilsagit dun premier pas. Nous souhaitons allerplus loin encore, en assurant la prsence des

    salaris dans les comits de rmunration.

    Je constate un partage des risques assez ingaldans la chane conomique. Avec, dun ct,

    lemploi de salaris de faible niveau, justifiantlusage de temps partiels imposs, de CDD ou

    de contrats prcaires, et de lautre, des emploisstables qui relvent dentreprises recourant

    frquemment lexternalisation. Lorsque Jean-Marc Ayrault sest rendu, le 22 janvier dernier,

    Saint-Nazaire, pour visiter les installationslies la fabrication du paquebot MSC, il naeu accs quaux deux seuls lots sous-traits des socits locales, sur un total de 75 ! Cetteorganisation de la sous-traitance constitue un

    vritable dfi pour les organisations syndicales.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    17/85

    32 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    Le seul lment susceptible de faire bouger les lignes est la ngociation

    le dialogue social, en mettant laccent sobjectifs concrets. La situation est plus dencore lchelle internationale. Lune denous permettant daller de lavant transite entreprises. Cest bien ce niveau, en effse nouent les accords-cadres et que de vrprogrs se dessinent. Il nous faut donc allecette direction, en nous projetant sur l lheure o la CES doit faire face des indivergents. Exemple parmi dautres, le minimum. Le temps ncessaire un accordlong, mais nous y sommes parvenus. Rien neet les situations varient sensiblement dun lautre. charge, pour nous, de lutter efficacontre le dumping social et fiscal, et dharm

    les rgles et les politiques industrielles et miques qui prvalent en Europe. Nous ne pas en vase clos. Le syndicalisme est confronmmes difficults que le politique.

    A. B. : Les mmes contradictions apparaau niveau du socialisme europen. Deles dclarations communes et les distransparaissent des intrts divergentpart et dautre du Rhin, les socialistesais et allemands ont encore un chefaire pour construire de relles rpcommunes. La construction de compexige donc du temps, gnrant souvencomprhension des salaris et des lecNy a-t-il pas cependant ncessit de prdes risques ?L. B. : Il nous faut devenir un peu pluspens, en tant un peu moins replis surmmes. Cest difficile. Et le constat politiq

    vous dressez vaut tout autant pour le syndic Bruxelles, le consensus est de mise. Malors que les discussions doivent dboucher sapplications concrtes, les difficults survieDo un reflux du sentiment europen seaussi chez nos adhrents, un an des leeuropennes. Lesquelles doivent se prpareplus tarder, dans le cadre dune campagne demit. Pourquoi, dans ces conditions, ne pa

    tants efforts et linstauration dun discours nouveau,

    lheure o le chmage dpasse le taux de 10 %de la population active. Pour cela, il nous fauttourner le dos une conception du syndicalismequi a abandonn une partie des salaris sur le borddu chemin. Dans un contexte conomique et socialparticulirement tendu, nous devons travaillerdiffremment. Il est certes plus facile de saisir desbanderoles pour dfiler, au risque de finir dans lemur. La vritable question rside dans llaborationde nouvelles formes de syndicalismes, en les adap-tant aux exigences du monde de lentreprise.

    A. B. : La prsence sur le march mondial estune ncessit pour une conomie moderne.La dimension internationale rend, cependant,la situation plus complique que par le pass.Cest un facteur dinterrogation pour le syndi-calisme, dautant que la coopration euro-penne, jusqu prsent, na pas permis defortes mobilisations. Quelles sont les rponses

    du syndicalisme franais ces dfis ?L. B. : La situation de la Confdration euro-penne des syndicats (CES) et de la Confdra-tion syndicale internationale (CSI) est complexe,en raison de la diversit des situations auxquellesnous sommes confronts, lchelle europenne.Si tout le monde adhre au principe de solidarit,les tentations de repli nen demeurent pas moinsfortes. Il parat donc indispensable de privilgier

    les moyens allous aux organisations syndicales.Dans un rapport de subordination, il est essentielde disposer dun pouvoir dintervention, par le biaisdes reprsentants du personnel. Le dialogue socialest dterminant. Cest cela que nous avons consacrdans laccord du mois de janvier.

    A. B. : Pour que laccord de janvier 2013ait des suites, il convient dtablir un rapportde forces lchelle nationale. Ce qui poseclairement le problme du syndicalisme fran-ais dans sa diversit. Les nouvelles rglesde reprsentativit qui se mettront en place,en 2013 et dans les prochaines annes, voussemblent-elles propices la mise en place

    dobjectifs communs et llaboration dunrapport de force digne de ce nom lchellesyndicale ?L. B. :Oui. Nous sommes dans un moment histo-rique. Et ce, pour deux raisons : la nouvelle liste dessyndicats reprsentatifs a t annonce le 29 mars.La vertu premire des rgles de reprsentativitissues de la loi du 20 aot 2008 est de lgitimerlacteur syndical. Ce qui prvaut dj au sein desentreprises fera lobjet dune application au niveauinterprofessionnel. Par ailleurs, les parlementairesvont transcrire dans la loi un accord qui fait de lan-ticipation par le dialogue social le meilleur moyende maintenir lemploi. Le gouvernement prend acte,ainsi, de la dmocratie sociale et de la reprsentati-vit propice une nouvelle forme de syndicalisme.La CFDT a, de ce point de vue, une part de respon-sabilit, au mme titre que lUNSA, la CFTC, laCGC, jusqu FO et la CGT. Au-del du travail quenous devons mener en commun, il va nous falloir

    rflchir aux pratiques syndicales que nous enten-dons mettre en uvre. Ce qui passe par une refontedes pratiques et le renforcement de la formationdes reprsentants du personnel, en privilgiant untravail daccompagnement, leur gard. Lavenirdu syndicalisme nest pas tant dans lexpressionde ses dirigeants que dans limplication des adh-rents pour rpondre aux exigences formules sur leterrain. Cest un gros travail qui ncessite dimpor-

    modle de gouvernance de lentreprise, au dialoguesocial et un rapport de forces qui se joue dsor-mais sur des choix et non sur les consquences.Dun point de vue syndical, les choses ont cepen-dant peu volu. Quant au patronat, il ne ragit queorsquil se sent press . Lide selon laquelle le

    dtenteur du capital en conserve la proprit resteprgnante. Il est donc trs rtif lide de partagere pouvoir. Ceci tait particulirement perceptibleors des ngociations portant sur la participation

    de salaris au conseil dadministration. Le seullment susceptible de faire bouger les lignes, ceste principe de ngociation. Entendons-nous bien :laboration dun compromis issu dune ngocia-

    tion est toujours un rapport de forces.

    Lautre facteur cl, cest la comptitivit. Sur cepoint, le rapport Gallois est parfaitement clair,voyant dans le dialogue social une source deperformance et defficacit. Les entreprises lesplus comptitives sont prcisment celles o ledialogue est prsent. Ds lors que les salaris eteurs reprsentants agissent sur le pouvoir de dci-

    sion, les rsultats de lentreprise sen ressentent.Le patronat nen manifeste pas moins des rserves.Lanti-syndicalisme reste, en effet, trs puissant enFrance. Plutt quune loi sur lamnistie sociale, ilme parat donc essentiel davoir un vrai regard sur

    Les entreprises les plus comptitives sontprcisment celles o le dialogue est prsent.

    Ds lors que les salaris et leurs reprsentantsagissent sur le pouvoir de dcision, les rsultats

    de lentreprise sen ressentent. Le patronatnen manifeste pas moins des rserves. Lanti-

    syndicalisme reste, en effet, trs puissanten France. Plutt quune loi sur lamnistie

    sociale, il me parat donc essentiel davoirun vrai regard sur les moyens allous auxorganisations syndicales. Dans un rapport

    de subordination, il est essentiel de disposerdun pouvoir dintervention, par le biais des

    reprsentants du personnel.

    Il nous faut tourner le dos une conceptiondu syndicalisme qui a abandonn une partiedes salaris sur le bord du chemin. Dans un

    contexte conomique et social particulirementtendu, nous devons travailler diffremment. Ilest certes plus facile de saisir des banderoles

    pour dfiler, au risque de finir dans le mur. Lavritable question rside dans llaboration de

    nouvelles formes de syndicalismes,en les adaptant aux exigences du monde

    de lentreprise.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    18/85

    34

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    Le seul lment susceptible de faire bouger les lignes est la ngociation

    L. B. :Absolument. Cette exigence fait dailleursconsensus. Nous bnficions, pour la premire foisdepuis longtemps, dune relle opportunit pourfaire vivre la dmocratie sociale. Laccord sur lem-ploi dmontre, lvidence, quun compromis estpossible, en tenant compte des souhaits formulspar les acteurs sociaux, avant que ne dbute ledbat parlementaire. Nous sommes la croise deschemins. Si laccord est retranscrit en ltat, je suisconvaincu que nous parviendrons faire bouger leslignes sur dautres sujets.

    niser des dbats pdagogiques mensuels et sansvote, au Parlement ? Il y a urgence, dautant quee repli sur soi est un puissant levier de crise poli-

    tique. LEurope nest pas un problme, mais unesolution pour les salaris et le reste de la popula-tion. Prenons garde, le danger nous guette.

    A. B. : Il ne saurait y avoir de politiquesyndicale sans un environnement politiquequi prenne vritablement la mesure de lasituation

    Entreprendre

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    19/85

    que les PME et les ETI (Entreprises de Intermdiaire) reprsentent aujourdhui 66lemploi marchand franais et seulement 15dpenses en R&D.Les grands groupes fradimension internationale (industriels, finou de services) sont nombreux et souvendun rapprochement, dune fdration oufusion dETI/PME ( lexemple dAxa, VVeolia, Casino). Ces groupes se sont conen absorbant les ETI, contrairement lAllequi sest dveloppe sur une base plus rgCe processus explique pour partie que notreallemand compte actuellement 16 000 ETI

    4 600 en France. Ce s ETI (entreprises de5 000 salaris et dont le chiffre daffaires erieur 1,5 Md) reprsentent ce jour p3,9 millions demplois en Franc e (2,2 mde salaris pour les ETI de 500 2 000ris). Elles restent insuffisantes en nombrecroissance. Dans le mme temps, nos PMaffaiblies et peinent se transformer en Eexporter en Europe et dans le monde.

    Michel est dput-maire de Grenoble, et prsident de lAssociation des maires de grandes villes de Fra nce (A

    Il est lauteur de lessaiETI et PME : pour une innovation c omptitive (Fondation Jean-Jaurs, septembre

    PME / PMI : en avant vers les ET

    ntre rcession conomique et crisesociale, la France doit imprative-

    ment repenser sa stratgie de dveloppementconomique. Plus prcisment, elle doitmettre en uvre au plus vite une politiqueindustrielle de linnovation et encouragerlexportation afin de favoriser la compti-tivit de ses entreprises, des start-up auxgrands groupes, en passant par les PME etETI.

    Dune faon gnrale, grce aux avances tech-nologiques, la puissance de notre recherche et

    aux savoir-faire des salaris, nous sommes tout fait capables aujourdhui de rgnrer notreindustrie (biens et services), notamment dansles secteurs des nanotechnologies, de laronau-tique, des biotechnologies, des technologies delinformation en intelligence collective. Mais untel dessein ne peut tre poursuivi sans un chan-gement rsolu de notre modle de production etde notre tissu industriel. On observe concrtement

    E

    Corinne Bord

    Lconomie socialepour transformer la socit

    pMR. pMME. pMLLE. PRNOM

    ADRESSE

    CODEPOSTAL VILLE

    E-MAIL

    Souhaite recevoir exemplai re(s) de louvrageLconomie sociale pour transformer la socit

    au prix 7,5 e, + 1 e de participation au frais de port. (franco de port partir de 10 exemplaires commands)

    Ci-joint mon rglement de la somme de Euros lordre de Encyclopdie du socialisme

    DATE: SIGNATURE :

    BONDECOMMANDEA retou rner sous en velopp e affr anchi e : ENCYCLOPDIEDUSOCIALISME, 12, CIT MALESHERBES 75009 PARIS

    28 pages - Ft : 10,5 x 15 cm - Prix public : 7,5 e- ISBN : 979-1091006-02-6

    Lconomie sociale et solidaire reprsente 8 %du PIB en France et dans lUnion europenne,

    14 % de lemploi priv en France. Ces deux

    chiffres permettent de mesurer ce que reprsente

    ce secteur conomique en pleine expansion, trop

    longtemps cantonn dans une approche caritative

    de la pauvret.

    Sera-t-il loutil de rforme de la socit ? La

    cration dun ministre dlgu, dcide par

    Franois Hollande, peut le laisser penser. Face

    la crise systmique de notre socit, il apparat

    comme une alternative au libralisme.

    Clair, concis, illustr par des exemples concrets

    et des chiffres clefs, cet ouvrage (prfac par

    Jacques Landriot, prsident du Groupe Chque

    Djeuner) constitue une synthse indispensable

    pour comprendre les prochaines mutations

    conomiques.

    Corinne Bord est vice-prsidente de la Fdration Lo

    Lagrange, membre du Conseil suprieur de lconomie

    sociale, et conseillre rgionale dIle-de-France.

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    20/85

    38 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    Une stratgie privilgiant les ETI

    Au vu de ce constat, il faut tout mettre en uvreaujourdhui pour que les ETI deviennent les fersde lance de linnovation afin dtre vritablementcomptitives. Car malgr leur nombre rduit et lesfreins existants, elles sont des acteurs performants,fleurons du made in France : 100 dentre ellessont des leaders mondiaux. Elles reprsentent33 % des exportations franaises et constituent lacatgorie dentreprises la moins endette. Ellesreprsentent un levier dcisif pour notre avenirconomique et industriel, limage de lentrepriseRadiall qui sest dveloppe dans la rgion greno-

    bloise. Mais les ETI de grande taille restent lemaillon faible : seules 380 dentre elles ont plus de1 000 salaris, et 1 800 plus de 500. La puissancepublique doit donc accompagner et renforcer lac-tion de ces ETI en faveur de linnovation, de la crois-sance, de lexport et de lemploi. Lobjectif vis doittre clairement le doublement des entreprises deplus de 1 000 salaris dici 2020/2025 en misant terme sur un CAC 400 plutt que sur le seul CAC 40

    tre rquilibrs au profit de ces dernires. Lasous-traitance doit tre mieux encadre et rguledans la dure.Le travail remarquable de Pacte PME doit tre misen valeur et gnralis : relations plus partena-riales, chasse en meutes des grands groupes, ETIet PME lexportLes rsultats obtenus en ce sens avec EADS ouSchneider Electric doivent tre valoriss et servirdexemples. Dans cet esprit, le rle des directeursdes achats et des finances des grandes entreprisesdoit tre contenu, lexemple de lAllemagne, o lastratgie industrielle lemporte dans les entreprisessur la stratgie financire.

    Une gouvernance repense de notrepolitique industrielle et dinnovation

    La gouvernance de notre politique industrielleet dinnovation doit tre repense. Ltat doit sepositionner en stratge, en dfinissant les grandesorientations de la politique industrielle, en orches-trant la veille technologique, en sassurant dunemeilleure coopration entre grands groupes etPME/ETI. Il pourrait sappuyer pour ce faire sur un Comit France , structure stratgique composede dirigeants dentreprises de toutes dimensions,des organisations syndicales, de parlementaires,des associations dlus locaux Sous l a prsidence

    du Premier ministre, ce Comit France charg du suivi de la comptitivit franpermettrait de (re)crer un rel dialogue enentreprises et le monde politique.Naturellement, il faudrait aussi que lEsengage dans la dfinition dune politique trielle et dinnovation lchelle du continqui na jamais exist), avec la constitution dde comptitivit multisites. Par ailleurs, leet ETI ptissent particulirement de la comet du cot lev du brevet communautaireimpratif de sorienter vers un allgement procdures, dassurer une meilleure circdes connaissances et de valoriser les fruitsrecherche. Les rgions et les mtropoles ddevenir les territoires privilgis de linnovade la croissance, avec pour objectif le redresproductif de la France.La carte conomique sest transform

    DATAR revisite la carte de France lauces espaces o lurbain prend une place tielle (avec les zones priurbaines notamSi le monde est multipolaire, la Francgalement : les grandes zones urbaines clessentiel de la croissance conomique et graphique. La richesse conomique est dsmajoritairement produite dans les mtrcomme en tmoigne limplantation des

    actuel, ce qui permettrait denglober plus compl-tement le tissu industriel et conomique franais.La reconstitution de filires fortes sur initiativenationale ou europenne est aussi imprativepour articuler le dveloppement des technologiesdavenir avec la constitution de niches favorables lexpansion des PME et particulirement desETI. Lexemple du CEA, dabord avec la filirenuclaire, aujourdhui avec la filire micro et nanolectronique, montre la voie, avec la cration denombreuses PME/ETI (CORYS, SOITEC) dontcertaines sont de vritablessuccess stories. Il seraitainsi raisonnable de fixer trois ou quatre programmesambitieux de filires pendant le quinquennat. Danscette logique, il conviendrait naturellement de

    rduire le nombre des ples de comptitivit aidspar ltat en se concentrant sur les plus perfor-mants en termes dinnovation et de cration dETI, linstar de Saclay, Grenoble et Toulouse.Le Crdit impt recherche, dfaut dedevenir un vritable Crdit impt innovation,devrait tre plus fortement encore orient versles PME dynamiques et donc vers les ETI.La Banque publique dinvestissement, avec lappuides missions dOSEO, et le nouveau Crdit dimptpour la comptitivit et lemploi devraient tremobiliss avec pragmatisme et discernement. Leproblme nest pas tant de savoir qui de ltat oudes Rgions doit diriger le dispositif que daidersans dlai les entreprises qui disposent dunebonne gouvernance et dune bonne implantation,les deux seuls critres incontournables pour sedvelopper, exporter et crer des emplois. Cesnouveaux outils, complmentaires laction menepar Ubifrance pour le dveloppement linterna-

    tional, devraient permettre aux dirigeants de cesPME/ETI daccrotre relativement court termeleur part de march et de devenir leaders surleur segment au niveau europen voire mondial, linstar de lentreprise ACTIA dans le domainedes logiciels et systmes embarqus, qui emploieaujourdhui 3 000 salaris avec un chiffre daffairesde 300 millions deuros.Les rapports entre grands groupes et PME devraient

    PME / PMI : en avant vers les ETI !

    Les grands groupes franais dimensioninternationale (industriels, financiers ou

    de services) sont nombreux et souvent issusdun rapprochement, dune fdration ou

    dune fusion dETI/PME ( lexemple dAxa,Vivendi, Veolia, Casino). Ces groupes se sontconstitus en absorbant les ETI, contrairement

    lAllemagne qui sest dveloppe sur unebase plus rgionale. Ce processus explique

    pour partie que notre voisin allemand compteactuellement 16 000 ETI contre 4 600 en

    France. Ces ETI (entreprises de 250 5 000salaris et dont le chiffre daffaires est

    infrieur 1,5 Md) reprsentent ce jourprs de 3,9 millions demplois en France

    (2,2 millions de salaris pour les ETI de 500

    2 000 salaris). Elles restent insuffisantes ennombre et en croissance.

    La carte conomique sest transformDATAR revisite la carte de France de ces espaces o lurbain prend une

    essentielle (avec les zones priurnotamment). Si le monde est multip

    la France lest galement : les grandesurbaines captent lessentiel de la croiconomique et dmographique. La riconomique est dsormais majoritair

    produite dans les mtropoles, comtmoigne limplantation des entre

    Un quart des ttes de groupes franaimplantes dans laire urbaine d

    La gouvernance de notre politique industrielleet dinnovation doit tre repense. Ltat doit

    se positionner en stratge, en dfinissant

    les grandes orientations de la politiqueindustrielle, en orchestrant la veilletechnologique, en sassurant dune meilleure

    coopration entre grands groupes et PME/ETI. Il pourrait sappuyer pour ce faire surun Comit France , structure stratgique

    compose de dirigeants dentreprisesde toutes dimensions, des organisations

    syndicales, de parlementaires,des associations dlus locaux...

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    21/85

    40

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    PME / PMI : en avant vers les ETI !

    services (Airbus Toulouse, Michelin Clermont-Ferrand, Schneider Electric Grenoble, etc.),situation qui favorise le dveloppement dcosys-tmes propices linnovation et la croissance.Et, au-del des grands groupes, si nous voulonscrer un Mittelstand en France, il se fera dans lesmtropoles avec des ETI puissantes capables de sepositionner sur un segment de march lchellemondiale et des PME qui irrigueront ce tissu dETI.Pour conclure, au-del de la constitution de la bote outils pour PME et ETI, il faut redonner notrepays le got dentreprendre. linstar des USA oudes BRICS, il nous faut recrer une vritable cultureentrepreneuriale franaise. Au Brsil, 2 jeunessur 3 veulent crer une entreprise ! Donnons

    cette chance dentreprendre aux jeunes Franais.La tche est immense. Elle est politique, culturelleet institutionnelle. Elle peut tre enthousiasmante.Lavenir de notre pays en dpend.

    prises. Un quart des ttes de groupes franais sontmplantes dans laire urbaine de Paris, ce qui este cas dans la plupart des capitales. 750 ttes de

    groupe sont recenses dans laire urbaine de L ille,790 dans celle de Marseille-Aix-en-Provence ouencore 1 460 dans celle de Lyon. La Communauturbaine de Strasbourg qui reprsente 43 % de lapopulation du Bas-Rhin pse 55 % de la valeurajoute. Nous devons prendre acte de ces muta-tions conomiques, et en tirer les consquencespolitiques et juridiques. Ainsi, lINSEE devraitcalculer un PIB par mtropole et par rgion, etplus seulement un PNB national. La mtropole,en interaction avec la rgion, devient le lieu quifavorise le mieux lmergence de lconomie de la

    connaissance et des emplois de demain. Cest danses grandes mtropoles que se trouvent conco-mitamment les ples universitaires, les ples decomptitivit, les grands groupes industriels et de

    sable , faisant merger des agents plutt islconomie de march dont la contribution senvironnementale et socitale est forte et intleur performance globale. Ce mouvement siparfaitement dans un rseau comme Entreprdavenir1lanc en 2009 en France, ou dans gence dun label amricain BCorporation2, plusieurs centaines dentreprises dans le

    Jacques Huybest co-grant de la socit CHK (Entrepreneurs d

    Une autre entreprise est souhaitabet possib

    epuis le XIXesicle et les thseset actes fondateurs de lconomie

    sociale, longtemps dsigne Tierssecteur , on a oppos, pour des rai sonsobjectives, le March la Socit .Lconomie sociale et solidaire sest trouveprogressivement promue mais parfois isoledu champ conomique sous limpulsion du social isme utopique , du mouvementouvrier et du catholicisme social. Le choixde nommer, en 2012 en France, un ministreen charge de ce secteur montre tant limpor-tance prise, et renforce, en cette priode

    de crise, par ce mouvement et cet entrepre-nariat de lconomie sociale, que la marquequasi idologique de notre pays sparer cesecteur de lconomie de march.

    Or, force est de constater, en y regardant de prs,quun mouvement profond et transformateur esten marche dans lconomie capitaliste. Celui de lentreprise davenir ou de lentreprise respon-

    D

    Oublions quelques instants lapp

    juridique et statutaire des entreprisnous aimons bien classer en Frasociales (associations, SCOP, SCIC) et p

    (SAS, SARL). Le statut dfinirait colengagement social et la porte thiquestructure. Pourquoi ne jugerions-nous pentreprises leurs actes, leur managem

    leur gouvernance plutt qu leur staleur suppose appartenance tel ou tel

    conomique ou s

  • 8/13/2019 La Revue socialiste n50 L'Entreprise

    22/85

    42 Le Dossier

    LAREVUESOCIALISTEN 50 - 2ETRIMESTRE2013

    ont adhr. Oublions quelques instants lapparenceuridique et statutaire des entreprises que nous

    aimons bien classer en France en sociales (asso-ciations, SCOP, SCIC) et prives (SAS, SARL). Lestatut dfinirait coup sr lengagement social et laporte thique de la structure. Pourquoi ne juge-rions-nous pas les entreprises leurs actes, leurmanagement et leur gouvernance plutt qu leurstatut ou leur suppose appartenance tel ou telchamp conomique ou social ?Plus de 2,5 millions de PME peuplent le territoireconomique national employant prs de la moitides salaris de notre pays. Sonds en 2011 danse cadre du baromtre CSA-Generali-Les dcideurs

    face aux nouveaux dfis de socit, les dirigeants

    de PME dclarent 83 % devoir sengager sur aumoins 10 domaines cls sur 13 noncs (et prioritai-rement sur le bien-tre au travail, la lutte contre lapollution, la rduction des ingalits, le chmage eta prcarit). Les entrepreneurs intgrent de plus en

    plus leur rle social et socital, et leur responsabilitcologique. En son sein, lconomie de march voitse dvelopper un nouveau type dentreprises dontapproche globale de son rle, de sa place et de ses

    valeurs intgre suprieurement lhumain, lcologieet la socit. Michel Herv, prsident du GroupeHerv, dirigeant particulirement visionnaire parledes cinq temps du capitalisme3. Il dcrit les cinqtapes par lesquelles lconomie occidentale estpasse, depuis le moyen ge, nous conduisant, ence dbut de XXIesicle, un saut qualitatif.Chaque phase vient sajouter et se confondre lesunes aux autres. La plus primaire, celle du